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et spectroscopie optique
Grenoble Sciences
Grenoble Sciences est un centre de conseil, expertise et labellisation de l’enseignement
supérieur français. Il expertise les projets scientifiques des auteurs dans une démarche
à plusieurs niveaux (référés anonymes, comité de lecture interactif) qui permet la
labellisation des meilleurs projets après leur optimisation. Les ouvrages labellisés dans
une collection de Grenoble Sciences correspondent à :
des projets clairement définis sans contrainte de mode ou de programme,
Livres et pap-ebooks
Grenoble Sciences labellise des livres papier (en langue française et en langue anglaise)
mais également des ouvrages utilisant d’autres supports. Dans ce contexte, situons le
concept de pap-ebook. Celui-ci se compose de deux éléments :
un livre papier qui demeure l’objet central,
Michel Moisan
Danielle Kéroack
Luc Stafford
Cet ouvrage a été suivi par Stéphanie Trine. Mise en page et figures : Danielle
Kéroack. L’illustration de couverture est l’œuvre d’Alice Giraud, d’après des
éléments fournis par les auteurs (spectre, orbitales atomiques, niveaux d’énergie) et
une photographie de tube à décharge d’Olivier Levasseur. Les portraits des auteurs
sont l’œuvre de la Faculté des arts et sciences, Université de Montréal.
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Symboles et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Constantes physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385
A1. Énergie totale de l’électron dans l’atome d’hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . 385
A2. Niveaux d’énergie d’une molécule et nombres quantiques . . . . . . . . . . . . 387
A3. Notation des systèmes moléculaires des décharges dans N2 . . . . . . . . . . . 396
A4. Notation en couplage L · S des états d’énergie
des molécules diatomiques homonucléaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399
A5. Séparation minimale de deux raies : critère de Rayleigh . . . . . . . . . . . . 402
A6. Structure fine de l’atome d’hydrogène dans la série de Balmer . . . . . . 404
A7. Piégeage du rayonnement dans un milieu à Tgaz inhomogène . . . . . . . . . 406
A8. Principe de la convolution de deux profils spectraux . . . . . . . . . . . . . . . . . 408
A9. Continuum de recombinaison des hydrogénoïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412
A10. Rayonnement de freinage (Bremsstrahlung) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 414
A11. Transfert radiatif à travers un milieu gazeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 416
A12. Loi de Kirchoff dans un milieu en équilibre thermique . . . . . . . . . . . . . 418
A13. Fluorescence et résonance : reconstitution des niveaux d’un atome . . . 420
A14. Effet Zeeman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423
A15. Postulats de la mécanique quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 425
A16. He I : série de termes singulet et série de termes triplet . . . . . . . . . . . . . . 429
A17. Illustration de la méthode de perturbation stationnaire
pour un état non dégénéré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431
A18. Champ magnétique créé par la charge électrique du noyau
dans le repère de l’électron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432
A19. Lien des coefficients d’Einstein Bij avec ceux de Milne B ij . . . . . . . . 434
A20. Variante du calcul du coefficient d’absorption optique . . . . . . . . . . . . . . . 435
A21. Coefficient d’absorption optique intégré
dans le cas d’une raie élargie par effet Doppler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 436
Postface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 445
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Avant-propos
Présentation du manuel
La structure et la matière de même que le texte de cet ouvrage ont été élaborés durant
les presque trente ans pendant lesquels le cours correspondant a été dispensé, sous
la présente forme, aux étudiants de dernière année du baccalauréat en physique de
l’Université de Montréal. Il en va de même des exercices qui ont été sujets de questions
d’examen, parfois recyclés dans des devoirs.
Ce manuel est divisé en six chapitres. Le chapitre 1 est, d’une part, principalement
descriptif : diagramme d’énergie, spectres de raies, séries spectrales, élargissements de
raie, et, d’autre part, énonciatif : coefficient d’absorption optique, règles de sélection
des transitions. Ce chapitre fournit une vue d’ensemble du contenu qui est développé
et explicité dans les chapitres qui suivent : on pourrait dire que c’est une première
itération des éléments constitutifs du manuel. Le chapitre 2 est consacré au modèle
de Bohr ainsi qu’aux différentes tentatives de le compléter pour faire face à ses
déficiences. Le chapitre 3 fait état des propriétés quantiques de l’atome à un électron
en mettant de côté l’existence de son spin pour effectuer une meilleure comparaison
avec le modèle de Bohr ainsi qu’avec les résultats expérimentaux auxquels ce modèle
répondait. Le chapitre 4 montre, à partir du cas de l’atome d’hélium, la nécessité de
considérer le spin de l’électron pour rendre compte de la multiplicité (singulet, triplet)
de la structure fine de ses raies d’émission. Le chapitre 5 fait état de la difficulté à
décrire un atome à plus de deux électrons puisque l’équation de Schrödinger ne
se prête plus à une résolution analytique ; on y développe principalement le modèle
numérique de Hartree-Fock. Enfin, le chapitre 6 introduit de façon phénoménolo-
gique l’émission spontanée, puis l’action d’un photon incident sur un atome qui peut
l’absorber ou au contraire entraîner l’émission d’un photon de même nature. Pour
expliquer ces propriétés, on y présente successivement le modèle classique d’absorption
et d’émission de Lorentz avant d’aborder le modèle quantique rendant compte
correctement de l’émission stimulée et de l’absorption. Par la suite, on justifie les
règles de sélection définissant les transitions permises et interdites. Enfin, on termine
en examinant l’influence de l’équilibre thermodynamique (et de l’écart à cet équilibre)
sur le rayonnement EM et les intensités d’émission des raies.
En dehors des développements traditionnels, le contenu de cet ouvrage est accompagné
d’un grand nombre de remarques et de notes de bas de page qui donnent un éclairage
particulier ou qui précisent certains points. Quarante-six exercices dont les solutions,
largement détaillées, sont données en fin d’ouvrage, apportent des compléments sou-
vent indispensables. Le lecteur trouvera, sous forme d’annexes, des éclaircissements
aux sujets traités dans le texte principal. À la toute fin se trouve un index alphabétique
où le numéro de page en caractères gras renvoie à la définition du terme, repéré en
caractères italiques dans le texte principal.
4 Physique atomique et spectroscopie optique
La spectroscopie en 1888. . .
"La spectroscopie (de spectre et σκoπειν, examiner) est une branche de la physique,
qui est toute nouvelle, mais dont l’importance a grandi rapidement. L’étude des
spectres a conduit, en effet, à une méthode nouvelle d’analyse qualitative des corps
simples, fondée sur le seul examen de la lumière émanée des corps, et qui a donné
les résultats les plus merveilleux. Dans les laboratoires de chimie, cette méthode
permet de reconnaître la moitié au moins des corps simples, plus facilement, plus
sûrement, que la méthode chimique ordinaire ; elle a conduit à la découverte de
corps nouveaux ; en astronomie, elle fait connaître la composition chimique et même
les mouvements des astres les plus éloignés. Ces applications ont une importance
capitale et justifient pleinement les recherches nombreuses entreprises depuis trente
ans dans cette direction. Cependant, la spectroscopie ne doit pas être limitée toujours
à l’analyse spectrale proprement dite : elle serait maintenue dans un cadre étroit si elle
était toujours restreinte à la recherche qualitative des corps simples ; elle a en réalité
une portée plus grande, un champ d’action plus étendu. Chaque corps composé, en
effet, a son spectre spécial, caractéristique, de même que chaque corps simple ; et le
spectre, qui définit complètement le corps, simple ou composé, doit porter en lui la
trace sinon la cause des autres propriétés distinctives physiques et chimiques. Cette
induction est en accord avec les idées actuellement régnantes qui ramènent à des
mouvements moléculaires un grand nombre de phénomènes chimiques. Le spectre d’un
corps, qui représente l’ensemble des vibrations pendulaires qui l’animent, a donc une
importance toute particulière ; et il est légitime d’espérer que la spectroscopie fournira
un jour des données précieuses sur la constitution intérieure des corps, et aussi sur la
nature de la lumière et de la chaleur et sur leurs relations avec l’électricité."
Henri Deslandres
Extrait des Annales de chimie et de physique (tome XV, 1888) publiées sous la
responsabilité de MM. Chevreuil, Berthelot, Pasteur, Friedel, Becquerel,
Mascart.
Remerciements
Michel Moisan
Danielle Kéroack
Luc Stafford
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Symboles et abréviations
Les vecteurs sont représentés par des lettres en caractère gras, A. Les tenseurs sont
aussi imprimés en gras : un tenseur d’ordre 2 est souligné une fois, A.
√
Norme du vecteur A : A · A = ||A||, également notée A.
Module d’une variable algébrique k : | ± k| = k positif.
Norme de ±kA : |k| ||A||.
Un mot ou une expression spécifique est porté en caractères italiques dans le texte
lorsque sa définition en est donnée ; la page correspondante voit son entrée dans l’index
alphabétique indiquée en caractères gras.
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Constantes physiques
Avant de passer en revue les divers types de spectre, il y a lieu d’indiquer quelques
représentations possibles des diagrammes d’énergie.
1 L’état fondamental de l’atome est celui de la plus faible énergie de l’atome et, de ce fait, son état
le plus stable dans le temps à la différence d’un état excité.
16 Physique atomique et spectroscopie optique
Les atomes se trouvant dans des états excités donnant lieu à des nombres quantiques
de valeurs élevées, typiquement n = 14, 15 . . ., sont dits dans des états de Rydberg 2 .
Suivant que le niveau initial et le niveau final d’une transition sont liés (quantifiés) ou
libres (non quantifiés), nous qualifierons la transition de liée-liée, libre-liée, liée-libre,
libre-libre.
L’énergie d’une transition radiative entre deux niveaux est liée à la fréquence ν, à la
longueur d’onde λ et au nombre d’onde σ du photon, émis ou absorbé, par la relation :
hc
ΔE = hν = ≡ hcσ (1.1)
λ
de sorte que σ = ΔE/hc où σ est en m−1 dans la mesure où ΔE est en joule, la
constante de Planck h = 6,6261 × 10−34 J s, et c = 2,99792458 × 108 m s−1 , la vitesse
de la lumière dans le vide. Noter qu’une transition dont l’énergie est de 1 eV, où
1 eV = 1,60218 × 10−19 J, correspond à σ = 8065,7 cm−1 , l’unité habituelle de σ étant
le cm−1 .
Remarques :
1. Le diagramme d’énergie représente la valeur de l’énergie totale de l’atome, celui-ci
étant cependant considéré dans son repère propre, c’est-à-dire au repos.
Dans le cas de l’atome d’hydrogène, parce qu’il n’y a qu’un seul électron, l’énergie
totale de l’atome est simplement l’énergie totale de l’électron ; l’énergie totale d’un
2 Le "diamètre" des atomes dans des états de Rydberg peut atteindre 10−3 mm, c’est-à-
dire que ceux-ci peuvent "englober" d’autres atomes de niveaux quantiques plus faibles. Par
exemple, le rayon de la première orbite électronique de l’hydrogène (état de plus faible énergie
ou état fondamental de cet atome), dans l’approximation de Bohr, n’est que de 0,05 nm
(0,05 ×10−6 mm).
1− Notions de base et terminologie 17
état lié de l’atome est égale à la moitié de l’énergie potentielle de l’électron dans
cet état (annexe A1).
Dans le cas d’atomes à plusieurs électrons, la variation en énergie du seul électron
qui "bouge" lors d’une transition (souvent appelé électron optique) ne correspond
pas, en général, à la différence d’énergie ΔE de l’atome. Ceci tient au couplage
électrostatique entre l’électron optique et les électrons des sous-couches auxquelles
il appartient dans l’état initial et dans l’état final de la transition. Pour s’en
convaincre, penser à la transition entre les configurations orbitales 2p5 3s et 2p6
(voir section 1.4 pour la notation) : l’énergie totale de 5 électrons appartenant à
la sous-couche 2p n’est pas la même suivant que cette sous-couche contient 5 ou
6 électrons. Autrement dit, la transition ne se décrit de façon exacte qu’à partir
de la fonction d’onde totale de l’atome et non au moyen de la fonction d’onde de
l’électron optique.
2. Le niveau de référence de l’énergie potentielle étant arbitraire, l’une ou l’autre des
représentations d’énergie de la figure 1.1 est acceptable : dans un cas comme dans
l’autre, se rappeler qu’il faut fournir de l’énergie à l’atome quand celui-ci se dirige
vers un état de nombre quantique principal plus élevé.
La figure 1.2 présente le schéma de principe d’un tel appareil. Une optique de transfert
(réalisée avec une ou des lentilles 3 ) fait en sorte que l’émission de la source spectrale S
est focalisée sur la fente d’entrée F1 . Cette dernière se trouve au point focal du
miroir M1 qui renvoie ainsi la lumière incidente sur le réseau R sous forme d’un
faisceau parallèle. Il y a alors diffraction à l’infini sur le réseau. L’orientation angulaire
par rapport à la normale au réseau des rayons ainsi diffractés sous forme d’un faisceau
parallèle dépend de la position angulaire du réseau, position qui détermine la plage
spectrale recueillie par le miroir M2 et conséquemment focalisée sur la fente de
sortie F2 . Un détecteur (par exemple, photomultiplicateur 4 ou photodiode) y recueille
le signal lumineux pour le convertir en courant électrique facilement mesurable 5 . En
faisant tourner le réseau, on balaie en continu la plage spectrale désirée 6 .
Dans le domaine optique infrarouge (voir tableau 1.1), on ne recourt plus aux lon-
gueurs d’onde en nm mais plutôt, très généralement, aux nombres d’onde exprimés
en cm−1 . Pour explorer la région infrarouge comprise entre 4000 et 400 cm−1 , on
utilise volontiers l’interféromètre de Michelson couplé à une analyse informatique
par transformée de Fourier. Alors que le spectromètre à réseau est le plus souvent
employé pour définir les propriétés d’un milieu par son émission lumineuse, dans
l’infra-rouge on procède quasi généralement par absorption sur le milieu à caractériser,
l’intensité lumineuse émise (par les transitions vibrationnelles) étant extrêmement
faible.
3 On peut aussi utiliser une fibre optique pour amener le signal-source sur la fente d’entrée du
spectromètre, mais la focalisation sur celle-ci est plus étendue : on perd en résolution.
4 Le photomultiplicateur (PM) est un dispositif permettant la détection de photons. Sous leur
action, des électrons sont arrachés par effet photoélectrique au matériel (semi-conducteur ou
métal) d’une photocathode, engendrant un faible courant électronique. Ce dispositif comprend
de plus une série de petites électrodes (appelées dynodes) qui, portées à des potentiels élevés
et par le phénomène d’émission électronique secondaire, amplifient le courant initial pour le
rendre plus facilement détectable. Un spectromètre doté d’un tel détecteur est souvent appelé
spectrophotomètre.
5 Au lieu d’être limité à la longueur d’onde d’extension restreinte fixée par la fente de sortie
(réseau immobile), on peut disposer dans le plan focal de sortie du spectromètre un dispositif à
transfert de charge (acronyme anglais CCD) formé de pixels photosensibles disposés sous forme
matricicielle et adressable numériquement. Ce dispositif permet d’enregistrer simultanément une
plage de longueur d’onde plus étendue du spectre.
6 Le domaine optique du spectromètre à réseau s’étend d’environ 50 nm à 900 nm. En dessous de
180 nm, notamment pour réduire les pertes de luminosité sur les miroirs à ces faibles longueurs
d’onde, on fait le plus souvent appel à un réseau concave plutôt que plan, réseau qui assure à
la fois la fonction de diffraction à l’infini et de focalisation de la lumière incidente et diffractée
respectivement sur les fentes d’entrée et de sortie. Les traits des réseaux sont maintenant réalisés
"photographiquement" par holographie laser. Cette technique permet d’accroître le nombre
de "traits" par mm, donc d’offrir un plus grand pouvoir de résolution, tout en réduisant les
effets d’interférence spectrale et de "bruit" dus aux imperfections des réseaux autrefois gravés
mécaniquement.
1− Notions de base et terminologie 19
Spectre de raies
Figure 1.3 – Spectre de raies obtenu à partir d’un spectromètre soit en faisant
tourner le réseau (détecteur sur fente de sortie), soit le réseau étant en position
fixe en utilisant une caméra matricielle disposée dans le plan focal de sortie de
l’appareil.
Série spectrale
Quels que soient les hydrogénoïdes 7 considérés, leur émission donne lieu à une même
allure dans la distribution observée des raies, comme le montre la figure 1.4 : celles-ci
diminuent en intensité tout en se rapprochant les unes des autres avec λ décroissant,
pour se terminer sur une large plage de longueur d’onde appelée continuum de recom-
binaison, formant une série. La régularité de la distribution spatiale des raies de ces
séries, comme celles de l’hydrogène, est telle que l’on peut en représenter la réparti-
tion en longueurs d’onde par des séries mathématiques composées de deux "termes"
(l’un pour le niveau supérieur de la transition, l’autre pour son niveau inférieur),
comme nous le verrons (section 2.2). Cette observation joua un rôle déterminant dans
l’élaboration du modèle de Bohr.
7 Les hydrogénoïdes sont des atomes n’ayant plus qu’un seul électron comme, par exemple, l’hélium
ionisé une fois ou le lithium ionisé deux fois.
20 Physique atomique et spectroscopie optique
Dans le cas de l’hydrogène et des hydrogénoïdes, une telle série vient de ce que le
diagramme d’énergie de ces atomes est formé de niveaux successifs qui se rapprochent
de plus en plus à mesure que le nombre quantique principal augmente, comme l’illustre
la figure 1.5.
Un spectre de raies isolées entre elles, comme celles apparaissant sur les figures 1.3
et 1.4, est le signe distinctif de transitions atomiques alors qu’un domaine spectral
couvert par des raies se succédant de façon ininterrompue et régulière, comme sur la
figure 1.8 plus loin, résulte de transitions entre états moléculaires.
Soit une lampe émettant de façon continue sur un domaine spectral (on dit qu’elle
"émet un continuum", comme la lampe de mercure à haute pression) et éclairant
un milieu contenant des atomes quelconques, comme le montre la figure 1.6 : dans
le domaine des longueurs d’onde correspondant à la différence d’énergie entre deux
niveaux de ces atomes, les photons pourront être absorbés par ces atomes, portant
ces derniers dans un état de plus grande énergie. L’examen de l’intensité de la lampe
recueillie par le spectromètre après passage dans le milieu absorbant montre des
"cavités" à certaines longueurs d’onde. Celles-ci, qui résultent de l’absorption du
rayonnement de la lampe par le gaz qu’elle éclaire, sont appelées raies d’absorption.
Spectre moléculaire
Ces spectres sont caractéristiques des transitions radiatives des molécules pour les-
quelles il existe, en plus des niveaux d’énergie définis par les orbites électroniques, des
niveaux dus aux mouvements de vibration et de rotation de la molécule (annexe A2).
Considérons, à titre d’exemple, le cas de deux niveaux électroniques de la molécule
d’azote qui chacun se divise en niveaux de vibration, ces derniers se subdivisant
encore en niveaux de rotation, comme le montre la figure 1.7, où v et v sont les
nombres quantiques (respectivement niveaux supérieur et inférieur de la transition
1− Notions de base et terminologie 21
8 Par convention, le symbole simple-prime surmonte le nombre quantique du niveau initial d’énergie
de la transition et le double-prime, celui de son niveau final, que la transition s’effectue en émission
ou en absorption. La figure 1.7 est utilisée dans ce qui suit pour illustrer le cas d’une transition
en émission.
22 Physique atomique et spectroscopie optique
régularité, très souvent limité à une extrémité par une raie plus intense appelée tête de
bande, comme le montre la figure 1.8 (voir aussi l’annexe A2) : du fait que ce spectre
remplit, par une succession continue de raies, un intervalle de longueurs d’onde, on le
qualifie de spectre de bande (sous-entendu moléculaire). La figure 1.8 reproduit, pour
la transition B 2 Σ+ 2 +
u (v = 0) → X Σg (v = 0), un tel spectre entre deux états de la
+
molécule N2 . La notation spectroscopique des états moléculaires est présentée dans
les annexes A3 et A4.
9 Ce spectre est désigné système négatif car il se détecte dans une zone (gaine) située du côté de
la cathode de la décharge électrique en courant continu dans un gaz, alors qu’un système positif
s’observe dans la région dite de colonne positive ainsi qualifiée parce qu’adjacente à l’anode (voir
annexe A3). Voir l’annexe A4 pour la notation spectroscopique des états moléculaires.
1− Notions de base et terminologie 23
Si l’on examine des raies atomiques à l’aide d’un appareil disperseur dont on fait
croître progressivement le pouvoir de résolution 10 , il pourra arriver qu’un raie ob-
servée initialement à faible résolution se résolve (se décompose) en plusieurs raies,
laissant apparaître ce qu’on appelle la structure fine. Ainsi, là où l’on obtenait une
raie unique comme sur la figure 1.10a, on enregistre maintenant, par exemple, un
multiplet, comme le montre la figure 1.10b. C’est ce qui se passe avec le triplet du
magnésium (Mg I 518,36, 517,28, 516,73 nm) ou, encore, avec le doublet du mercure
(Hg I 313,156 nm, 313,1833 nm) 11 .
La valeur du pouvoir de résolution permettant de mettre en évidence la structure fine
d’une émission varie beaucoup suivant les cas : ainsi, il faut un pouvoir R 100 fois plus
important pour résoudre le doublet Hg I 313,1 nm que pour le triplet du magnésium
Mg I 517 nm.
Il faut prendre garde de ne pas confondre la structure multiplet d’un spectre d’émission
(absorption) avec la structure multiplet en énergie que possède le niveau supérieur ou
le niveau inférieur (ou les deux) de la transition, tel qu’illustré sur la figure 1.10 où
la raie émise est finalement de structure triplet. À titre d’exemple supplémentaire,
considérons un niveau supérieur et un niveau inférieur qui soient tous deux des
doublets et faisons l’hypothèse que toutes les transitions sont possibles entre le niveau
supérieur et le niveau inférieur : la raie spectrale résultante serait alors un quadruplet.
La structure fine résulte, en général, d’un couplage spin-orbite (de type L · S par
exemple) entre deux ou plusieurs électrons : ce couplage définit des niveaux supplé-
mentaires d’énergie par rapport aux états sans ce couplage. L’atome d’hydrogène,
même avec son seul électron, possède néanmoins une structure fine (dans la pratique,
celle-ci est le plus souvent enfouie dans l’élargissement Doppler 12 ). L’annexe A6
examine celle-ci dans la série de Balmer (attendre d’avoir pris connaissance de la
section 1.4).
Si l’on accroît encore davantage le pouvoir de résolution de l’appareil dispersif, on
verra certaines raies se résoudre en des raies encore plus fines : c’est la structure
hyperfine. Elle est généralement due au moment magnétique nucléaire (spin du noyau,
section 5.5.4).
Le domaine optique est celui qui permet d’utiliser des éléments tels des lentilles et
des miroirs pour modifier la forme ou la direction d’un faisceau électromagnétique.
La nature des matériaux constituant ces éléments d’optique dépend cependant de la
longueur d’onde du rayonnement électromagnétique.
12 L’élargissement Doppler relatif en longueur d’onde (Δλ/λ0 ) étant proportionnel à T /M (voir
section 1.1.3), il est donc très large, même à faible température T du gaz, du fait de la faible
masse M de l’atome d’hydrogène.
1− Notions de base et terminologie 25
Les raies observées expérimentalement, quelles que soient les transitions auxquelles
elles correspondent, ne sont jamais parfaitement monochromatiques en longueur d’on-
de (λ) ou en fréquence (ν) : elles présentent toujours un certain profil spectral, c’est-à-
dire une répartition en intensité autour de λ0 ou ν0 (la longueur d’onde ou la fréquence
centrale, là où se trouve le maximum de la raie).
Deux catégories de mécanismes sont à l’origine de ce phénomène.
Élargissement naturel
C’est un élargissement essentiel car il est toujours présent et il fixe la largeur minimale
d’une raie. Il tient au fait que l’énergie des niveaux de la transition fluctue statisti-
quement (description quantique) et que, par ailleurs, la durée de vie moyenne des
niveaux radiatifs est très courte. Pour quantifier cet élargissement, il suffit, en fait, de
recourir au principe d’incertitude qui régit le temps de mesure Δt d’une énergie E,
soit ΔEΔt ≥ : cette relation fixe le produit minimal des incertitudes sur une telle
mesure. Dans le cas d’une transition radiative, la détermination de l’énergie d’un
13 Ainsi désigné du fait que l’intérieur du spectromètre doit se trouver à pression très réduite et non
à la pression ambiante sinon les émissions à ces faibles longueurs d’onde (faible profondeur de
pénétration dans un milieu) seraient absorbées, les rendant non observables. Cette note complète
la note 6 en bas de page.
26 Physique atomique et spectroscopie optique
Eji = hν , (1.1)
alors, on aura 14
: Eji ± ΔEji = h(ν ± Δν) . (1.3)
En considérant un ensemble suffisamment important d’atomes subissant la même
transition, on montrerait qu’on obtient une distribution statistique en fréquence des
photons émis par seconde (une puissance) donnant lieu à une intensité mesurée Iν (ν)
(section 6.5) ayant la forme d’une courbe de résonance, qualifiée de profil de Lorentz :
C1 I0
Iν (ν − ν0 ) = 2 (1.4)
2(ν − ν0 )
1+
ΔνL
où ΔνL est la largeur de raie à mi-hauteur de son intensité maximale (figure 1.11) :
on vérifie qu’en posant ν − ν0 = ΔνL /2 dans (1.4), on obtient bien une intensité de
valeur moitié de celle du centre de la raie.
Remarques :
Le fait qu’expérimentalement ce profil ait la forme d’une courbe de résonance a
amené à proposer, dans le cadre de la théorie classique d’absorption du rayonnement
EM incident sur un atome (dite de Lorentz), que l’électron oscillait dans ce champ
EM et que son mouvement s’amortissait à la manière d’un système résonnant.
La courbe de résonance, dans ce modèle, représente l’amortissement en fonction
du temps de l’énergie conférée à l’électron au moment de la transition. Nous
reviendrons, en détail, en section 6.3 sur cette formulation de la théorie classique.
Dans le cas d’une transition de nature dipolaire magnétique ou quadripolaire élec-
trique, la largeur caractéristique ΔνL est réduite respectivement de 105 et 108 fois
par rapport à une transition dipolaire électrique (section 6.4).
L’on pourra observer une intensité Iν donnée par (1.4) seulement si l’élargissement
spectral dû à l’appareil dispersif est négligeable, si le milieu contenant les atomes
est optiquement mince (section 1.3) et si l’agitation thermique des atomes est faible,
sujet que nous allons maintenant traiter.
Élargissement Doppler
Nous allons nous intéresser à l’élargissement dû au mouvement thermique des atomes
(émetteurs ou récepteurs).
En supposant que le milieu est optiquement mince (tout photon émis peut sortir
du milieu sans être absorbé, section 1.3) et que l’émission a lieu dans toutes les
directions (sur un angle solide 4π), l’intensité de la raie observée à la fréquence ν a
pour expression :
Iν (ν) = (Nj Aji )hν, (1.10)
où Aji , la probabilité de transition radiative spontanée d’un atome par unité de temps
(section 6.1), est une constante, et Nj est la densité des atomes, du niveau supérieur,
animés de la vitesse vx et émettant à la fréquence ν. Le rapport entre l’intensité de
la raie dans l’intervalle de fréquences ν, ν + dν et sa valeur au centre ν0 s’écrit alors :
dIν dNj Aji hν
= . (1.11)
Iν (ν0 ) Nj (ν0 )Aji hν0
En posant ν ν0 (la largeur spectrale des raies est faible), Nj (ν0 ) N (la population
de l’état j émettant à la fréquence ν0 est très proche de la population totale du niveau)
et dNj = dN dans (1.11), il vient immédiatement de (1.9) :
2
dIν 1 Δν
=√ exp − dν (1.12)
Iν (ν0 ) πΔν̄ Δν̄
Figure 1.12 – Profil spectral dit de Doppler (gaussien) avec ses deux largeurs
caractéristiques possibles.
c’est-à-dire que la partie en grisé de la figure 1.12 représente 68,3 % de l’aire com-
prise sous la courbe. Cependant, étant donné qu’expérimentalement, on mesure plus
facilement une largeur à mi-hauteur ΔνD , dans (1.12) on remplacera Δν̄ par ΔνD
suivant :
1
ΔνD = 2(ln 2) 2 Δν̄ , (1.14)
ce qui, après intégration sur ν de 0 à ν − ν0 de (1.12), donne :
⎧ 2 ⎫
√ ⎨ √
2 ln 2 (ν − ν0 )2 ln 2 ⎬
Iν (ν − ν0 ) = √ C2 exp − , (1.15)
πΔνD ⎩ ΔνD ⎭
Iν (ν0 )
avec la constante d’intégration C2 telle que le terme pré-exponentiel soit égal à Iν (ν0 ).
Alors, on vérifie bien sur (1.15) que Iν (ν0 ± 12 ΔνD ) = 12 Iν (ν0 ), se rappelant que
√
exp −(ln 2) ≡ 0,5. Numériquement, du fait que σ ≡ ν/c et ΔσD = 2 ln 2 Δν̄/c, nous
avons avec (1.8) :
1 1 12
√ vth 1 8kB T ln 2 2 1 8kB ln 2 2 T
ΔσD = 2 ln 2 = σ0 = σ0
c c M c MH MH
12
T
ΔσD = 7,13 × 10−7 σ0 (1.16)
MH
où T est en kelvin et MH en masse relative à celle de l’atome d’hydrogène MH .
30 Physique atomique et spectroscopie optique
dipôle électrique induit. L’ordre 2 fait intervenir les niveaux de nombre quantique
principal k = n.
Le terme du premier ordre n’existe que pour les hydrogénoïdes : son effet est, dans
ce cas, nettement plus important que celui du second ordre ; il est dû au champ élec-
trostatique purement coulombien du noyau qui, par sa symétrie sphérique, engendre
des états dégénérés (en l notamment) 18 . Dans le cas des non-hydrogénoïdes, seule la
modification à l’ordre 2 de l’énergie du système subsiste : du fait qu’elle est plus faible
qu’à l’ordre 1, les effets de polarisation sont beaucoup moins importants.
Remarque : Pour pallier cette difficulté de mesure dans un gaz plasmagène non
hydrogénoïde comme l’argon, on peut ajouter une trace de H2 ou de H2 O pour
observer la raie Hβ (486,1342 nm), et ainsi déterminer la densité électronique de
cette décharge d’argon. Dans bien des cas, une trace d’eau semble moins perturber la
décharge originelle que l’ajout de H2 .
18 L’effet au premier ordre est dit linéaire (quant au champ électrique) et celui du second
ordre quadratique : il semble préférable de distinguer plutôt l’effet d’élargissement dû à un
hydrogénoïde de celui dû à un non-hydrogénoïde.
32 Physique atomique et spectroscopie optique
ne 0,68
ΔλS (Hβ ) = 4,8 nm × . (1.18)
1023 m−3
Remarque : Dans le cas des non-hydrogénoïdes, comme les effets de polarisation sont
moins importants, l’élargissement Stark est généralement insuffisant pour permettre
une mesure précise de ΔλS .
19 Dans le cas simple où le faisceau incident sur une fente est celui d’une onde plane, la fonction
de distribution de l’intensité lumineuse dans la direction perpendiculaire à la fente (axe x, avec
x = 0 au centre de la fente), après passage à travers la fente, est donnée par :
sin2 (πx/d0 )
F (x) =
(πx/d0 )2
où d0 est la distance entre les multiples zéros de cette distribution dont le profil est dit de
diffraction (figure A8.5). Un tel étalement dans le plan focal de sortie sera interprété en termes
de longueur d’onde, la longueur d’onde étant déterminée par la position angulaire du réseau par
rapport à la fente de sortie.
34 Physique atomique et spectroscopie optique
Figure 1.16 – Représentation idéalisée d’un fond continu qui empiète sur des
raies atomiques et masque même certaines d’entre elles.
36 Physique atomique et spectroscopie optique
Le fond continu spectral enregistré expérimentalement peut avoir une double origine,
à savoir :
L’instrumentation de mesure
Par exemple, le courant d’obscurité du photomultiplicateur (courant produit alors
que le photomultiplicateur (PM) n’est pas éclairé) donne lieu à un fond continu :
certains PM ou diodes sont moins "bruités" que d’autres à faible courant, mais ils
possèdent finalement toujours un certain courant d’obscurité. La lumière diffuse
présente sur le réseau, les "fuites" de lumière (mauvaise étanchéité lumineuse du
spectromètre) . . . sont aussi générateurs de fond continu.
Les propriétés physiques de la source de rayonnement
Le plasma, par exemple, émet un continuum dont l’origine peut être :
des transitions entre état libre - état lié (continuum de recombinaison),
des "transitions" entre état libre - état libre (continuum de freinage),
le rayonnement dit du corps noir d’un milieu en équilibre thermodynamique.
La contribution respective de ces trois types de rayonnement dépend :
de la densité des ions, des électrons et des neutres du plasma,
de l’énergie de ces particules relativement aux longueurs d’onde examinées.
Détaillons ces trois principaux mécanismes physiques conduisant à un continuum.
1- Continuum de recombinaison
Considérons des électrons qui ne sont pas liés quantiquement à l’atome : libres, ils sont
dotés d’une énergie cinétique Ec pouvant se représenter par une distribution en énergie
qui varie de façon continue à partir d’une valeur nulle. Ces électrons sont toutefois
soumis au cours de leur évolution au potentiel coulombien de l’atome. Dans le cas
d’atomes hydrogénoïdes ayant perdu leur ultime électron, la situation de l’électron
sous influence est particulièrement simple : celui-ci à la fin de son interaction avec
le noyau peut soit se trouver sur une orbite hyperbolique l’en éloignant, soit être
"capturé" pour entreprendre alors une orbite fermée autour du noyau ; l’électron
passe dans ce dernier cas sur un niveau quantique lié ni après avoir émis un photon.
La fréquence de ce photon correspond à la somme de l’énergie cinétique de l’électron
dans son état libre avec l’énergie potentielle |Eni | perdue par cet électron en passant
du continuum à l’état lié ni , ce qui revient à écrire :
ΔE ≡ Ec + |Eni | = hν (1.20)
ou, encore, d’après (1.30) plus loin :
Ec Rμ Z 2
σrec = + (1.21)
hc n2i
pour un hydrogénoïde de charge nucléaire Z (Rμ est la constante de Rydberg,
section 2.2.3). L’équation (1.21) montre clairement l’existence d’un minimum en
1− Notions de base et terminologie 37
2- Rayonnement de freinage
Figure 1.17 – Diffusion d’un électron par un ion entraînant l’émission (ou
l’absorption) de rayonnement par cet électron.
22 Par définition, le degré d’ionisation d’un plasma αi = ne /(ne + nn ) où ne est la densité des
électrons et nn celle des atomes (molécules) électriquement neutres.
23 On peut obtenir un rayonnement de corps noir en pratiquant, dans une enceinte fermée chauffée
à une température T , un trou d’un diamètre très petit par rapport aux dimensions de l’enceinte.
En effet, pour que le milieu demeure un corps noir parfait, il faut que le prélèvement d’énergie
nécessaire à son observation soit infiniment petit : sinon, le milieu ne serait plus en équilibre
thermodynamique, et il ne s’agirait plus d’un corps noir.
1− Notions de base et terminologie 39
2hc2 1
Bλ (kB T ) = , (1.22)
λ5 hc
exp −1
λkB T
Figure 1.18 – L’intensité d’émission d’un corps noir parfait sert d’enveloppe-
limite englobant tout autre type d’émission à la même température T ; ici, à
titre d’exemple, le rayonnement de freinage.
24 Un exemple d’interaction est celle décrite par la micro-réversibilité (section 6.5) de l’émission-
absorption
A(j) → A(0) + hν ⇔ A(0) + hν → A(j) .
Il faut que la densité de l’état inférieur de la transition soit suffisamment grande pour que la
réabsorption se fasse sur un très petit parcours du photon (sinon celui-ci finirait par sortir du
milieu).
40 Physique atomique et spectroscopie optique
Dans le vide, la relation de dispersion entre ν et λ est donnée par λ0 = c/ν0 où λ0 est
la longueur d’onde au centre de la raie. Dans l’air, λ0 ≡ v /ν0 où v est la vitesse de
la lumière dans le milieu. En introduisant n1 , l’indice de réfraction du milieu 25 , on a
λ0 = c/n1 ν0 = λ0 /n1 où n1 (λ0 ) ≥ 1. Ainsi,
et, la dispersion de l’air même si elle est faible ((n1 − 1) 3 × 10−4 ), entraîne une
différence de 0,1 nm dans l’UV et de 0,2 nm dans le rouge, affectant le 4e chiffre
significatif. Il faut donc en tenir compte.
Par convention, les résultats pour λ ≥ 200 nm sont ramenés aux conditions opératoires
suivantes (dans les Atlas de longueurs d’onde des différents Bureaux des Poids et
Mesures à travers le monde) : 101 350 kPa ( 760 torrs), 20 ◦ C, air sec, concentration
en CO2 ≤ 3 × 10−9 en volume.
Pour λ ≤ 200 nm, l’absorption importante des photons UV dans l’air oblige de toute
manière à effectuer les mesures sous vide.
25 Par définition, n1 ≡ c/v (c, la vitesse de la lumière dans le vide, et v , sa vitesse de phase dans
le milieu).
1− Notions de base et terminologie 41
Problème de la valeur de c
Unités
Dans le visible et l’UV, on utilise, pour λ0 , le nanomètre : 10−9 m, alors que dans
l’IR, c’est le micromètre (micron) : 1 μm = 10−6 m = 1000 nm. Le mètre-étalon est
la référence de cette mesure. Rappelons sa définition et examinons son évolution vers
une plus grande précision.
Historique
1. Défini sous la révolution française par l’Académie des Sciences, le mètre représen-
tera, par principe, 10−7 × quart du méridien terrestre, celui-ci valant approxi-
mativement 40 000 km. Ainsi, cet étalon ne dépendrait pas de particularités liées
à la France et devait, de ce fait, être acceptable par toutes les nations (esprit
d’Universalité des philosophes du xviiie siècle). Voir le texte complet, cité dans la
bibliographie, du Décret pris par l’Assemblée Nationale Constituante (1791).
2. Après une campagne de mesure 27 de l’arc du méridien (passant par Paris) entre
Dunkerque et Barcelone (soit 9◦ 40’ environ) effectuée par Pierre Méchain et
Jean-Baptiste Delambre (1792–1798), le mètre est défini en 1799, à la suite d’une
conférence internationale, comme la longueur d’une règle plate de platine de section
rectangulaire à bouts : le mètre des archives.
3. En 1875, quand le système métrique devint international, on remplaça l’étalon :
20 règles en platine iridié (de 102 cm), de section en X, furent construites sur
lesquelles le mètre était repéré par deux traits fins ( 7 chiffres significatifs). L’une
fut choisie comme prototype international et déposée au Bureau International des
26 Déterminée à partir des mesures de longueur d’onde et de fréquence (par battements optiques)
du rayonnement d’un même laser.
27 Cette mesure a été effectuée par triangulation avec la toise (6 pieds) de l’Académie comme
référence de longueur, celle-ci s’avérant ultérieurement mesurer 1 m 80.
42 Physique atomique et spectroscopie optique
ellipsoïde de révolution (de dimensions ajustées quelque peu arbitraires et variant avec
le méridien choisi), on convient qu’une telle mesure ne convergerait pas objectivement
vers une plus grande précision.
Il s’agit d’évaluer dans quelle mesure les photons émis dans un milieu donné pourront
être observés à l’extérieur de celui-ci. À cette fin, nous allons introduire la notion
d’épaisseur optique.
Considérons un faisceau parallèle de photons, de fréquence comprise entre ν et ν + dν,
d’intensité Iν par unité de surface (vecteur de Poynting) et orienté suivant la
direction x. Soit un ensemble homogène d’atomes (molécules) formant un milieu de
longueur l que le faisceau doit traverser ; soit dx, l’épaisseur d’une tranche infiniment
mince de ce milieu située à la distance x de la face d’entrée (figure 1.19).
Le flux de puissance absorbée dans cette tranche x, x + dx, est proportionnel à Iν (x)
et à dx, de sorte que l’intensité du faisceau diminue sur dx de :
dIν (x) = −kν Iν (x) dx , (1.24)
en supposant la loi habituelle d’absorption dans un milieu matériel. Le coefficient de
proportionnalité kν , appellé coefficient d’absorption optique (unité : m−1 ), représente
les propriétés d’absorbance du milieu en fonction de la fréquence ν des photons.
À titre d’exemple, la valeur de kν (Δν), c’est-à-dire la valeur de kν déterminée à partir
du centre de la raie, dans le cas d’une "raie Doppler" en absorption a pour expression
(annexe A21) :
√ 2
2(ν − ν0 ) ln 2
kν (Δν) = k0 exp − dν , (6.195)
ΔνD
où k0 , le facteur pré-exponentiel, est la valeur de kν au centre de la raie (6.196). L’ob-
servation d’une telle absorption est caractéristique d’un milieu dans lequel l’agitation
thermique est le mécanisme prédominant d’élargissement des raies.
44 Physique atomique et spectroscopie optique
Remarques :
Le fait de considérer un faisceau parallèle de photons incidents n’est ni une ap-
proximation ni un cas particulier : l’absorption et l’émission stimulée (absorption
négative) sont des phénomènes qui ont lieu dans la direction du photon incident
(section 6.2 et section 6.8).
L’intensité du faisceau Iν (l) telle que définie ne comprend pas la contribution des
photons émis, le cas échéant, par le milieu (plasma) de façon spontanée (par oppo-
sition à stimulée). Pour qu’il en soit ainsi lors d’une mesure, il faut que le faisceau
incident, avant d’entrer dans le milieu, soit modulé à une fréquence fST , par exemple
par un secteur tournant (disque comportant des orifices disposés à intervalle régulier
pour laisser passer/bloquer alternativement le faisceau) ; l’intensité recueillie en
x = l est lue par un détecteur synchrone dont la propriété est de n’afficher que le
courant reçu qui corresponde à la modulation du secteur tournant, soustrayant ainsi
la contribution aléatoire de l’émission spontanée (voir montage de la figure 6.11).
Épaisseur optique
Le faisceau de photons incident dans le milieu étudié décroît en intensité par absorp-
tion, mais peut aussi être partiellement réapprovisionné par l’émission stimulée des
atomes excités présents (section 6.2) : l’épaisseur optique est alors plus faible que celle
donnée par τν . Cette épaisseur optique effective a pour expression (section 6.8) :
hν
τν∗ = kν∗ l = 1 − exp − τν (1.27)
kB T
Si τν∗ 1, le milieu est optiquement mince (Iν (l) Iν (0)) : toute la radiation
incidente en x = 0 sur le milieu dans la direction de l’observateur lui est transmise.
Si τν∗ 1, le milieu est optiquement épais (Iν (l) 0). Noter que le milieu peut être
optiquement mince sur un domaine spectral éloigné du centre de la raie d’absorption.
En effet, la valeur de kν (ν) varie fortement en fonction de ν (6.195).
Remarque : La loi de Kirchoff (annexe A12) stipule que l’émissivité d’une surface à
une longueur d’onde donnée, dans une direction donnée et à une température donnée
du corps émetteur est égale au coefficient d’absorption de cette même surface. Il en
découle que le profil kν (Δν) d’une raie d’absorption serait forcément le même que
celui de la raie d’émission correspondante.
Une transition est dite radiative s’il y a émission ou absorption d’un photon, par oppo-
sition, par exemple, à une transition collisionnelle où l’énergie de la transition est prise
ou donnée par la particule entrant en collision avec l’atome subissant la transition. Les
transitions radiatives de nature dipolaire électrique 30 sont dites permises alors que
les transitions dipolaires magnétiques ou quadripolaires électriques sont considérées
comme interdites parce que, dans les faits, la transition dipolaire magnétique et la
transition quadripolaire électrique ont des probabilités de réalisation respectivement
105 et 108 fois plus faibles que celle de la transition dipolaire électrique.
On appelle niveaux métastables 31 ceux pour lesquels la désexcitation radiative dipo-
laire électrique n’est pas possible. Dans la pratique, ceci se produit lorsqu’il n’y a
qu’un seul niveau d’énergie inférieur pour la transition et que cette unique possibilité
de transition est radiativement interdite : ce niveau inférieur est, en fait, le niveau
fondamental de l’atome.
30 La notion de transition dipolaire électrique est apparue dans le modèle classique de Lorentz
décrivant l’émission du rayonnement électromagnétique par des atomes (section 6.3.2). Cette
appellation a été maintenue dans le cadre quantique, bien que les éléments de la matrice de
transition dipolaire électrique, caractérisant la probabilité d’émission d’un atome, n’aient plus
qu’une ressemblance formelle avec un dipôle électrique (section 6.4.2).
31 Le terme niveau métastable est un abus de langage. Ce sont les atomes qui sont dans un état
métastable.
46 Physique atomique et spectroscopie optique
Δl = ±1 ,
ΔJ = 0, ±1
33 Les quatre premières valeurs de l sont représentées par la première lettre des adjectifs suivants, liés
aux caractéristiques des raies et des séries observées : sharp (fine), principal (principale), diffuse,
fundamental (fondamentale). Il s’agit d’une désignation initialement purement empirique.
48 Physique atomique et spectroscopie optique
Noter certains traits irrationnels de cette notation sur l’exemple du néon : le pre-
mier groupe de niveaux excités (configuration 2p5 3s) est représenté par 1s2 , 1s3 ,
1s4 , 1s5 : pourquoi numéroter ces niveaux de 2 à 5 et non de 1 à 4 ? Remarquer de
plus que le premier chiffre de la notation ne correspond à aucun des deux nombres
quantiques principaux de la configuration 2p5 3s des sous-couches incomplètes.
Une transition radiative, par exemple, la transition "rouge" du laser He-Ne, s’écrit
alors : Ne I 632,8 nm (3s2 − 2p4 ).
Figure 1.21 – Diagramme présentant les niveaux d’énergie des deux premières
configurations excitées du néon neutre avec leur notation séquentielle Paschen
et avec celle supposant un couplage L · S. Les longueurs d’onde (nm) des
transitions permises sont indiquées.
n 2S+1 LJ
(j1 , j2 )J
Couplage de Racah ou (j, l). Il vaut surtout pour les gaz rares. Un état se note :
nle [K]J .
Un niveau atomique (moléculaire) excité par absorption d’un photon est dit peuplé par
pompage optique. Celui-ci peut être le fait d’un seul photon ou d’un flux de photons.
Pompage à un photon
L’atome dans l’état initial g, après un certain nombre de "rencontres" avec des photons
de fréquence ν, est finalement amené dans un état supérieur j dont la différence
d’énergie par rapport à g est telle que ΔEjg = hν.
Résonnante
Après avoir été excité dans l’état j par un photon d’énergie hν, l’atome retourne
spontanément dans l’état g initial par émission d’un photon de même énergie hν.
On dit que l’état j est résonnant et que la raie émise est une raie de résonance 36 .
Pour que cette résonance existe, il ne doit pas se trouver, entre les niveaux g et j, de
niveaux liés radiativement à j (ou, s’il y a un lien radiatif, la probabilité d’émission
vers ce niveau intermédiaire doit être très faible comparativement à celle du niveau
résonnant).
Par fluorescence
L’atome dans l’état excité j, plutôt que de redonner un photon de l’énergie hν ayant
servi à le produire, émet de façon spontanée un photon de fréquence ν < ν, vers un
état d’énergie i, intermédiaire entre g et j (voir figure 1.23) : le niveau i a été peuplé
(créé) par fluorescence.
Dans le cas d’une molécule excitée par absorption optique dans un état électronique B
par rapport à l’état initial A, l’émission radiative de B vers A est généralement d’une
fréquence plus faible parce que le système a descendu l’échelle vibrationnelle, parfois
même jusqu’à v = 0, avant d’effectuer la transition électronique vers l’état A, comme
le montre la figure 1.24 : il s’agit donc d’une fluorescence. Le temps pour observer
la fluorescence moléculaire n’est que légèrement plus long que celui de la fluores-
cence atomique (la simple relaxation vibrationnelle, non radiative (collisionnelle) par
exemple, est beaucoup plus courte, de l’ordre de 10−12 s).
Une autre éventualité intéressante est celle où une fois l’état B excité à partir d’un
état A fondamental, la molécule effectue une transition électronique avec changement
de spin total vers un état intermédiaire C, passant par exemple d’un état singulet à un
état triplet, comme le montre la figure 1.24. Dans ces conditions, le retour vers l’état
initial A, un singulet, peut être non radiatif (réalisation d’une réaction chimique) ou
36 Le terme résonance est lié à la théorie classique de Lorentz : on supposait qu’il y avait résonance
de l’électron avec le champ EM, comme nous le verrons en section 6.3.2 !
1− Notions de base et terminologie 53
Excitation de l’atome
Ce mécanisme d’excitation de l’atome a été mis en évidence par Franck et Hertz
(section 2.3). L’énergie cinétique prise à l’électron incident est quantifiée, correspon-
dant strictement à la différence d’énergie entre l’état final et l’état initial de l’atome.
Ionisation de l’atome
Celle-ci peut se réaliser par collision d’un seul électron d’énergie suffisante pour amener
l’atome de l’état fondamental à un état ionisé. Dans ce cas précis, on dit qu’il y a eu
ionisation par impact direct sur le fondamental ou simplement ionisation directe.
L’ionisation d’un atome peut aussi s’effectuer par un processus par étapes lorsque les
collisions électroniques se succèdent et font monter progressivement l’énergie interne
de l’atome en passant par des états d’énergie d’excitation de cet atome, états dits
relais. Un cas fréquent est celui où l’état intermédiaire est de nature métastable,
sa longue durée de vie lui permettant "d’attendre" (sans se désexciter) la collision
électronique suivante qui, par exemple, ionisera l’atome.
Dans ce cas, l’énergie interne des atomes au repos est, respectivement, pour l’hélium
et le néon de 20,6158 eV et 20,6628 eV, soit une différence de 0,05 eV.
1− Notions de base et terminologie 55
Ionisation par interaction entre deux atomes dont l’un est métastable
Un premier cas intéressant est celui de la collision entre atomes (molécules) de même
espèce. À titre d’exemple, considérons une molécule d’azote dans l’état métastable
N2 (a ) entrant en collision avec une autre molécule d’azote, cette fois dans son état
électronique fondamental mais dotée d’un nombre quantique vibrationnel v élevé, soit
N2 (X, v > 24) : il en résulte la formation de l’ion N+ 4 . C’est le cas de la pré-post-
décharge 37 (ou proche post-décharge), qui fait apparaître des particules chargées en
dehors de la zone de champ électrique dans laquelle se créé la décharge de N2 .
Un cas sans doute plus fréquent est celui de l’ionisation Penning. L’atome (molécule)
dans un état métastable entre en collision avec un atome (molécule) dont l’énergie-
seuil d’ionisation est inférieure à l’énergie du métastable, entraînant son ionisation.
C’est le cas, par exemple, de l’ionisation de la molécule N2 par un atome de néon
dans un état métastable.
Dans les solides, l’interaction entre les atomes et leur agencement souvent ordonné
dans l’espace fait en sorte que les électrons ne sont plus limités à des valeurs discrètes
d’énergie comme dans les atomes isolés, mais à des bandes d’énergie. De manière
générale, on distingue deux types de bandes d’énergie permise : la bande de valence
et la bande de conduction. Dans les isolants ou les semi-conducteurs, les électrons
sont confinés dans la bande de valence. Pour atteindre la bande de conduction,
37 La post-décharge décrit l’état du gaz ionisé une fois que la décharge (le champ électrique) qui l’a
créé est interompue (post-décharge temporelle) ou que le gaz ionisé a quitté, par entrainement
gazeux, la région de la décharge (post-décharge en flux). Le temps écoulé après l’exposition à
la décharge détermine s’il s’agit d’une proche post-décharge ou, au contraire, d’une lointaine
post-décharge.
56 Physique atomique et spectroscopie optique
les électrons doivent franchir une bande interdite d’énergie Eg , ce qui nécessite un
processus d’excitation externe (par exemple, par chauffage, par illumination optique
ou encore par l’application d’un champ électrique). En quittant la bande de valence,
l’électron laisse derrière lui un "trou" : l’électron ou le trou, que l’on appelle porteur,
peut alors se déplacer plus ou moins librement respectivement dans la bande de
conduction ou dans la bande de valence. Un électron de la bande de conduction
pourra éventuellement "retomber" dans la bande de valence et se "recombiner" avec
un trou en émettant un photon d’énergie correspondant à la différence en énergie
entre les deux bandes. Si l’excitation de l’électron est produite par pompage optique,
l’émission résultant de la recombinaison électron-trou est appelée photoluminescence.
Plus la bande interdite est large en énergie, plus il est difficile de faire passer un
électron de la bande de valence à la bande de conduction : les matériaux sont dits
isolants si la largeur de la bande interdite est supérieure à 4 eV (5,5 eV pour le diamant
par exemple), sinon on les qualifie de semi-conducteurs (bande interdite de 1,12 eV
pour le silicium, 0,66 eV pour le germanium, 2,26 eV pour le phosphure de gallium).
Les propriétés physiques des semi-conducteurs comme la conductivité électrique, l’ab-
sorption et l’émission optique peuvent être modulées par dopage, c’est-à-dire en
introduisant une petite quantité d’impuretés dans le solide qui produisent soit un
excès d’électrons (dopage de type n), soit un déficit d’électrons (excès de trous)
(dopage de type p). Les jonctions p-n qui sont à la base du fonctionnement de
plusieurs composants électroniques comme les diodes et les transistors, sont réalisées
en juxtaposant des semiconducteurs dopés différemment.
Parce que les énergies des bandes de conduction et de valence ne sont pas les mêmes
de chaque côté de la jonction, il y apparaît un champ électrique qui vide la jonction
de ses porteurs (électron, trou), créant une zone dépourvue et empêchant les élec-
trons et les trous de diffuser d’un semiconducteur à l’autre. Par l’application d’un
champ électrique externe, la différence de potentiel à la jonction peut être abaissée
permettant aux électrons du semi-conducteur dopé n et aux trous du semi-conducteur
dopé p de migrer vers la zone dépourvue et de s’y recombiner en émettant un photon
1− Notions de base et terminologie 57
(figure 1.25). Comme cette émission résulte de la circulation d’un courant associé
au déplacement des électrons et des trous, on la qualifie d’électroluminescence. Ce
principe est à la base du fonctionnement des diodes électroluminescentes (DEL) 38 .
La connaissance du spectre des raies de l’hydrogène, et des niveaux d’énergie qui les
engendrent, est fondamentale à plus d’un titre :
c’est à partir de son observation que s’est construite la théorie de Bohr-Sommer-
feld 39 ,
c’est encore maintenant à partir du spectre de l’hydrogène (et des hydrogénoïdes)
que l’on peut vérifier, analytiquement, le plus complètement, divers aspects de la
théorie quantique,
par sa relative simplicité, le spectre de l’hydrogène atomique est un outil d’assimi-
lation de la mécanique quantique et de la spectroscopie.
38 Isamu Akasaki, Hiroshi Amano et Shuji Nakamura, prix Nobel de physique 2014 pour la DEL
bleue.
39 L’élaboration du modèle de Bohr-Sommerfeld et son analyse critique constituent un "morceau
choisi" pour aborder l’épistémologie de la physique, c’est-à-dire la critique de l’origine logique,
de la valeur et de la portée d’une théorie.
40 À la différence d’un spectromètre, le spectrographe ne comporte pas de fente de sortie, mais
plutôt une plaque photographique dans le plan focal correspondant. C’est dans ce plan focal que
l’on installe maintenant la matrice de pixels photosensibles des caméras numériques.
58 Physique atomique et spectroscopie optique
n2j
λ= B (1.29)
n2j−4
où B est une constante empirique et nj est un entier prenant toutes les valeurs
successives croissantes à partir de 3. L’accord de cette formule empirique (heuristique
conviendrait mieux) avec l’expérience se vérifia à l’intérieur de la précision de la
spectroscopie de l’époque (7 chiffres significatifs). Ce fut sans doute un heureux
moment pour les physiciens du domaine : on venait de mettre le doigt sur les bons
paramètres de l’expérience.
Compte tenu du succès de l’expression (1.29), Rydberg proposa quelque temps plus
tard (1890) d’étendre celle-ci en remplaçant le chiffre 4 dans la relation empirique de
Balmer (1.29) par n2i où ni = 1, 2, 3, 4, 5 (nj > ni ) et nj est un entier positif, soit :
1 1
σ = RH 2 − 2 . (1.30)
ni nj
Le moment d’une force (qui est l’analogue de la force dans le mouvement linéaire) est
par définition :
N ≡r∧F . (2.2)
Ce vecteur traduit la capacité à mettre une masse en mouvement, plus ou moins
rapide, de rotation. La vitesse de rotation croît, en effet, avec la force excercée et la
longueur du bras de levier à partir de l’axe de rotation, comme le suggère la figure 2.1.
dω dω
N = m|r|2 ≡I , (2.6)
dt dt
où I est le moment d’inertie : plus le moment de la force est important, plus la
fréquence de rotation de la vitesse est grande.
Dans cette section, nous allons récapituler les principaux éléments du modèle de
Bohr 44 en nous attachant à sa représentation physique, notamment en ce qui touche
la spectroscopie.
Ce retour en arrière, compte tenu de nos connaissances actuelles en mécanique quan-
tique, nous amènera à jeter un regard critique sur ce modèle, nous montrant ainsi
dans quelle mesure on peut, dans la pratique, en conserver certaines images ou
représentations. Ceci nous permettra, en plus, de voir comment s’élabore une théorie
en physique et, par ailleurs, nous fera constater jusqu’à quel point les prédictions
43 dL d dr dp dp
Noter en effet que : = (r ∧ p) = ∧p +r∧ =r∧ .
dt dt dt dt dt
44 Niels Bohr, prix Nobel de physique en 1922.
64 Physique atomique et spectroscopie optique
les plus exactes vérifiées par l’expérience peuvent ne pas correspondre à la réalité
du phénomène physique. La description de cette réalité est, par ailleurs, tributaire
de nos schèmes de pensée (concepts), et elle n’est pas forcément unique comme le
prouve l’existence de deux représentations mathématiques différentes de la mécanique
quantique, issues d’approches physiques bien distinctes : celle de Schrödinger (basée
sur les ondes de de Broglie) et celle de Heisenberg 45 (algèbre matricielle construite
à partir de la spectroscopie). Schrödinger a montré que ces deux représentations
étaient physiquement équivalentes, et Dirac 46 les a intégrées dans un formalisme
élégant et unifié.
Le modèle de Bohr pour l’atome d’hydrogène prend son départ avec deux postulats
qui sont finalement des énoncés heuristiques. On verra, par comparaison, que les
postulats de la mécanique quantique (chapitre 3) sont d’une nature plus générale,
essentiellement conceptuelle.
L’atome est composé d’un noyau lourd (immobile), comportant Ze charges électriques
positives (Z = numéro atomique), autour duquel tournent Z électrons qui lui sont
liés par la force électrostatique (coulombienne), par essence de nature centrale. Com-
parativement au volume de l’espace dans lequel se meuvent les électrons, le noyau est
un point au centre de ce volume.
Postulat 1
Contrairement à la mécanique classique qui admettrait une infinité d’orbites
circulaires (en plus, éventuellement, d’orbites elliptiques) autour du noyau, les
électrons ne peuvent occuper que certaines orbites circulaires telles que :
|L| ≡ me vR = n (2.10)
où L est le moment cinétique orbital, v est la vitesse de l’électron autour du
noyau, R est le rayon de l’orbite, ≡ h/2π où h est la constante de Planck 49
et n est un entier positif. Si l’on choisit d’exprimer la valeur de |L| en unités ,
n représente effectivement une valeur possible du moment cinétique orbital.
Postulat 2
Contrairement à la mécanique classique qui veut qu’un électron en accélération
(décélération) absorbe (émette) de l’énergie, il n’y a absorption (émission) dans
le cas d’un électron lié 50 à un atome que lorsque l’électron passe d’une orbite
de Bohr à une autre.
49 Le modèle proposé par Bohr (1913) s’appuyait sur à la quantification de l’oscillateur harmonique
introduite par Planck (1901). Cette quantification avait permis de prédire correctement la partie
UV du spectre du corps noir.
50 Le rayonnement de Bremsstrahlung (section 1.1.4) n’est pas touché par ce postulat qui ne
concerne que l’électron en mouvement périodique (lié) autour de l’atome.
66 Physique atomique et spectroscopie optique
Cette transition en énergie se fait par échange d’un quantum d’énergie donné
par la relation :
ΔE ≡ |Ej − Ei | = hν (2.11)
où ν est la fréquence de la radiation émise (cette quantification se veut une
généralisation des travaux de Planck, section 2.4.1). En termes de nombre
d’onde, comme σ = 1/λ = ν/c où c est la vitesse de la lumière dans le vide,
cette dernière relation s’écrit :
|Ej − Ei |
σ= . (2.12)
hc
Ze2
V (r) = − (2.13)
4π 0 r
où le signe moins signifie que l’électron est attiré par le noyau. Comme :
la force coulombienne exercée sur l’électron par le noyau de charge Z (calcul ainsi
étendu aux hydrogénoïdes) autour duquel il est en orbite circulaire de rayon R, a
pour expression :
Ze2
F ≡− êr (2.15)
4π 0 R2
où êr est un vecteur unitaire dirigé radialement du noyau vers l’électron : c’est une
force centrale. En conséquence, L de même que ω sont des constantes quant au temps
(section 2.1).
Le terme d’inertie, dans le cas d’un mouvement de rotation dans une force centrale
(ω(t) = constante), peut donc s’écrire :
dv d
m ≡ m (ω ∧ r) = mω ∧ v (2.16)
dt dt
dv
et parce que v ⊥ ω : m = −mvωêr . (2.17)
dt
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 67
Pour faire apparaître −êr dans (2.17), nous avons noté ω = ωêω et v = vêϕ sachant
que, d’après (2.3), êv = êω ∧ êr où les vecteurs unitaires forment un trièdre direct 51 .
dv v2
Finalement : m ≡ −m êr , (2.18)
dt R
terme improprement appelé "force" centripète (alors que c’est un terme d’inertie).
Ces relations correspondent au cas d’un électron soumis à une force centrale et en
mouvement de rotation dans un plan.
Ze2
De (2.15) et (2.18), on obtient : R = , (2.19)
4π 0 me v 2
Remarques :
Le rayon de la première orbite ainsi obtenu (pour n = 1 et Z = 1) est appelé le
rayon de Bohr et noté a0 : c’est l’orbite de l’électron de l’atome d’hydrogène dans
son état fondamental. Cette grandeur de référence vaut, d’après (2.21) :
2 4π 0
a0 = = 5,29177 × 10−11 m 5,29 × 10−2 nm 0,5 Å . (2.22)
me e 2
Bien que la masse du noyau d’hydrogène soit beaucoup plus grande ( 2000 fois)
que celle de l’électron, elle n’est effectivement pas infinie comme le suppose le
calcul ci-haut où le noyau constituerait le centre de masse du système. Ce n’est
pas le cas car la force électrostatique de l’électron agit suffisamment sur l’ion pour
que ce dernier se déplace quelque peu en direction de l’électron alors que celui-ci
est en mouvement autour du noyau, d’où une orbite légèrement non circulaire
de l’électron. L’orbite électronique est toutefois parfaitement circulaire autour du
centre de masse de l’atome.
51 Pour s’assurer que la multiplication vectorielle de 2 vecteurs de base engendre le troisième vecteur
pour former un trièdre direct (dans un espace à trois dimensions), on respecte la distribution
circulaire de ces vecteurs, soit vωrvω. Ainsi, êω ∧ êv = −êr puisque l’ordre cyclique n’est pas
respecté. À vérifier sur des coordonnées cartésiennes : êx ∧ êy = êz (trièdre direct), de sorte que,
avec xyzxyz, êz ∧ êy = −êx .
68 Physique atomique et spectroscopie optique
Pour réaliser cette correction, il suffit, en pratique, de remplacer me par μ (la masse
réduite) dans la relation exprimant le moment cinétique de l’électron (qui devient
alors le mouvement cinétique total) et, donc, dans la relation (2.21) décrivant le
rayon de l’orbite électronique, qui demeure repéré à partir du noyau et non à partir
du centre de masse (voir exercice 2.2).
Cet effet de centre de masse se voit nettement en comparant la valeur expérimen-
tale de la constante de Rydberg de l’hydrogène avec celle obtenue de l’hélium
hydrogénoïde (He+ ) alors que, dans les deux cas, un seul électron est en jeu (voir
tableau 2.2).
De (2.25) et de (2.12) :
4
Enj − Eni μ(Ze2 )2 1 1 2 e μ 1 1
σ≡ =− − 2 =Z − 2 , (2.26)
hc 32π 2 20 2 hc n2j ni 8 20 h3 c n2i nj
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 69
e 4 μ∗
Rμ = , (2.28)
8 20 h3 c
Remarques :
La notion de terme spectral est d’abord apparue chez les spectroscopistes "anciens"
(Herzberg, par exemple). Elle était liée à la démarche empirique de constitution
en séries des raies spectrales observées. Les raies d’une série se représentent, dans
cette approche, par la combinaison de deux termes, comme nous l’avons vu pour
70 Physique atomique et spectroscopie optique
Balmer (1.30). Chaque terme (exprimé en nombre d’onde σ) est alors proportion-
nel à l’énergie du niveau qu’il représente (par rapport à l’énergie zéro du niveau
d’ionisation). Ainsi, l’expression théorique (2.27) s’était d’abord écrite sous la forme
empirique :
G G
σ= 2− 2 (2.29)
ni nj
où G/n2i constitue un terme.
Le fait de poser, pour la quantification du moment orbital, que L = n plutôt
que simplement L = nh a pu initialement résulter de la comparaison de la valeur
calculée de la constante de Rydberg avec la valeur mesurée. Une explication plus
substantielle est venue par la suite lors de la prise en compte de la quantification
de l’oscillateur linéaire selon Planck (voir (2.52) et (2.53)).
Figure 2.3 – Série de Pickering dans He+ (tirets) et, pour référence, la série
de Balmer classique (trait plein).
Cette série, supposée initialement liée à H, pouvait se représenter par les deux termes :
1 1
σ = RH − 2 (2.30)
22 nj
nj Pickering Balmer
3 656,28 656,02
3,5 541,16
4 485,94 486,13
4,5 456,17
5 433,87 434,05
5,5 419,99
6 410,00 410,17
Ramener (2.31) sous la forme d’une série de Balmer (2.30) avait nécessité de consi-
dérer des nombres demi-entiers, non prévus dans le modèle de Bohr, alors que
l’hypothèse de l’hélium ionisé une fois y trouvait parfaitement sa place.
On sait de ce qui précède que les atomes peuvent être excités par pompage optique,
soit directement (résonance), soit par cascade radiative ("par le haut", cas par exemple
de la fluorescence). L’expérience de Franck et Hertz, que nous allons maintenant
décrire, met en évidence la quantification des niveaux de l’atome par excitation
collisionnelle alors que le deuxième postulat de Bohr ne prévoit une telle excitation
que par absorption d’un photon. Nous examinerons, à cet effet, l’action de collisions
électron-neutre produites par un faisceau d’électrons : celui-ci est relativement mono-
cinétique (contrairement aux électrons dans un plasma) et d’une valeur d’énergie que
l’on sait ajuster et déterminer avec une bonne précision. Cette expérience fut réalisée
en 1914 53 , une année après l’annonce du modèle "quantique" de N. Bohr.
La figure 2.4 décrit le montage expérimental. Une enceinte cylindrique en verre est
remplie de mercure à basse pression (≤ 100 pascals), pression de vapeur déterminée
par la température à laquelle on maintient l’enceinte. Un faisceau d’électrons est
émis par une cathode C chauffée par un filament 54 . Ceux-ci sont ensuite accélérés
par un champ électrique résultant d’une différence de potentiel V appliquée entre
53 James Franck et Gustav Ludwig Hertz, prix Nobel de physique conjoint (1925).
54 Le montage initial de Franck et Hertz ne comportait pas de cathode C mais seulement un
filament F. La présence de la cathode (source d’électrons dite à chauffage indirect) permet de
définir des lignes équipotentielles parallèles à la grille plane A, d’où des pics d’excitation plus fins.
74 Physique atomique et spectroscopie optique
la cathode C et une grille plane A, d’une grande transparence pour les électrons,
qui lui est parallèle. Arrivés en A, les électrons qui peuvent vaincre le léger potentiel
retardateur Vr sont collectés sur la plaque P (la distance entre A et P est suffisamment
faible pour supposer qu’il ne s’y passe pas de collisions : autrement dit, le libre parcours
moyen de l’électron avant collision à la pression considérée est plus grand que cette
distance).
Deux cas de figure sont possibles :
1. lorsque les électrons n’ont subi essentiellement que des collisions élastiques avec
les atomes dans la zone entre cathode et grille, on observe, au sortir de cette zone,
une distribution en énergie des électrons de la forme :
mv 2 eV
f (v, V ) = C1 exp − + , (2.33)
2kB T kB T
relation indiquant que les électrons émis par la cathode le sont avec une distribution
en énergie de Maxwell-Boltzmann (V = 0) et qu’ils acquièrent ensuite une
énergie dirigée de valeur eV dans le champ électrique entre C et A ;
2. cependant, pour un potentiel d’accélération excédant une certaine valeur, il y a
un grand nombre de collisions inélastiques (en plus des collisions élastiques), et
la distribution des vitesses mesurée après la zone d’accélération (entre A et P)
est différente de (2.33) ; de plus, l’excitation résultante des atomes donne lieu à
l’émission d’une raie dont l’énergie des photons correspond à l’énergie électronique
communiquée inélastiquement à l’atome.
Courbes I − V
I(V ) = f (V ) dV (2.34)
−∞
et si maintenant l’on fait varier V par pas de ΔV (positif), le courant croît de I(V )
à I(V + ΔV ) et cette variation de courant dans l’intervalle de potentiel ΔV conduit
à f (V, V + ΔV ) f (V ), soit la relation :
ΔI(V )
= f (V ) . (2.35)
ΔV
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 75
Il faut en revanche souligner que l’électron, quelle que soit son énergie au moment
de la collision inélastique, perd toujours la même valeur d’énergie, soit 4,9 eV
dans le cas présent. De ce fait, le déclenchement de l’excitation à une énergie
plus élevée (5,2 eV dans l’exemple) ne va pas se répercuter sur le pic suivant.
En effet, supposons la vitesse thermique de l’électron nulle (faisceau d’électrons
monocinétiques) et que la collision inélastique a lieu en x où la valeur du potentiel
est Vx : l’électron est doté d’une énergie eVx , et pour une énergie Vs quantifiée
du niveau avec Vx > Vs , son énergie résiduelle est alors Vx − Vs . Dans le parcours
restant entre x et A, il va acquérir une énergie e(VA − Vx ). Dans ces conditions, le
bilan de l’énergie de l’électron arrivant en A s’écrit :
e(Vx − Vs ) + e(VA − Vx ) = e(VA − Vs ) , (2.36)
résultat valable pour une position x quelconque entre x = 0 et x = A : l’énergie à
l’arrivée en A ne dépend pas de la valeur Vx à laquelle l’excitation a eu lieu.
Au pic à 4,9 eV correspond une raie d’émission à λ = 253,7 nm. D’après le postulat de
Bohr, l’énergie mesurée de la transition étant 4,9 (±0,1) × 1,6 × 10−19 J = hν = hc/λ
(h = 6,626 × 10−34 J s), on s’attendait à observer la raie à λ = 254 (±5) nm ! Compte
tenu de l’intervalle d’incertitude sur la mesure, on peut affirmer qu’il y a bien eu
excitation quantique de l’atome à la même valeur que celle obtenue par pompage
optique.
Remarques :
1. Rôle de la pression : si l’on travaille à une pression de vapeur de Hg plus faible
(< 100 Pa), le libre parcours moyen d’un électron avant collision étant plus grand,
par comparaison à 100 Pa, certains des électrons pourront atteindre des énergies
plus élevées avant de subir une première collision inélastique. On verra alors
apparaître des pics de courant pour les énergies suivantes : 9,8 V (4,9 × 2), 11,2
( 4,9 + 6,7), 13,5 (6,7 × 2), 14,7 (4,9 × 3), 16,5 ( 6,7 + 4,9 × 2) . . . où la
78 Physique atomique et spectroscopie optique
valeur 6,7 V (jamais observée seule) correspond, par rapport à 4,9 V, à un niveau
supérieur d’excitation du Hg, comme le montre la figure 2.9.
2. Règles de sélection : on n’observe pas l’excitation par collisions électroniques des
niveaux métastables 6 3 P0 et 6 3 P2 respectivement à 4,67 et 5,46 eV du fondamental
(figure 2.9) : il semble plus difficile d’exciter par collisions un niveau dont la
transition inverse par émission d’un photon est interdite.
3. L’exercice 2.3 reprend l’expérience de Franck et Hertz dans trois autres gaz.
2.3.3. Conclusion
Pour tenter d’amener plus naturellement les postulats de Bohr, on fit appel à toutes
les ressources de la mécanique rationnelle 57 et aux résultats de l’oscillateur harmo-
nique quantique de Planck. Cet ensemble constitue ce qu’on appelle maintenant
l’ancienne théorie des quanta. Ce fut la dernière véritable tentative de modélisation
des phénomènes (mouvement et rayonnement) à l’échelle atomique dans le cadre de
la mécanique classique avant la formulation de la théorie quantique telle que nous
l’entendons maintenant. La démarche suivie, que nous allons maintenant présenter,
est particulièrement intéressante à examiner a posteriori.
56 Planck, conseillé par Boltzmann, résolut le problème du corps noir affecté par la catastrophe
de l’UV en proposant (1900) qu’un oscillateur ne peut prendre que des valeurs discrètes égales
à un nombre entier de "quantum d’énergie" (équation (2.37)). Planck soutenait, tout comme
Bohr, que seuls les phénomènes d’émission et d’absorption de photons ont une nature quantique,
ce que contredit l’excitation collisionnelle par quantum observée par Franck et Hertz.
57 Le formalisme mathématique développé, en premier lieu par Joseph-Louis Lagrange (1788) puis
par William Rowan Hamilton (1833), et qui allait s’appeler la mécanique rationnelle, a conduit
à une généralisation des principes de la mécanique newtonienne à des systèmes dynamiques
plus élaborés que celui du simple point matériel. Deux grandes branches en sont sorties, le
formalisme lagrangien et le formalisme hamiltonien, qui permettent de déduire des relations
valides non seulement en mécanique, mais aussi en électrodynamique classique et quantique et
en thermodynamique.
80 Physique atomique et spectroscopie optique
Énoncé à démontrer
La quantification des orbites circulaires (le premier postulat de Bohr) découle d’une
généralisation logique du postulat de Planck pour les états quantiques de l’oscilla-
teur linéaire en s’appuyant sur la conservation de son énergie totale (potentielle et
cinétique).
Démonstration en 4 points
En divisant par l’énergie totale, l’équation (2.39) prend une forme intéressante :
q2 p2
+ =1 (2.40)
(2E/f ) 2mE
√
puisqu’en posant : a = 2E/f b = 2mE , (2.41)
Cette représentation dans l’espace des phases permet d’aboutir à une autre
forme de la règle de quantification de l’oscillateur linéaire.
L’aire de l’ellipse, donnée par : p dq = πab , (2.42)
3. Énoncé d’un nouveau postulat (plus général que celui de l’oscillateur de Planck)
La relation quantifiant l’intégrale de phase sera dorénavant considérée comme une
condition générale de quantification de tout système conservatif à un degré de li-
berté, q et p représentant les coordonnées généralisées de l’état de ce système et, du
fait de son mouvement elliptique, q étant une coordonnée de position périodique 60 .
4. Application du postulat énoncé à l’électron en orbite circulaire
Pour caractériser une orbite circulaire, pour un état d’énergie donné, il suffit d’une
seule variable, l’angle ϕ, en l’occurrence une coordonnée de position périodique.
Du formalisme d’Hamilton-Jacobi, retenons que :
∂Ec
pj = (2.47)
∂ q̇j
où Ec , rappelons-le, est l’énergie cinétique. Dans le cas présent, la seule valeur de
pj est pϕ et :
∂Ec
pϕ = . (2.48)
∂ ϕ̇
2
1 2 1 dϕ 1
Comme : Ec = mv = m r = mr2 ϕ̇2 (2.49)
2 2 dt 2
(puisque v = ωr ≡ ϕ̇r (2.3) où r est une constante dans une trajectoire circulaire),
il vient de (2.48) :
pϕ = mr2 ϕ̇ = mrv ≡ L . (2.50)
Que pϕ = L ne devrait pas surprendre : pour une masse en rotation, l’impulsion
généralisée du mouvement linéaire est le moment cinétique (section 2.1).
Dans le cas d’une orbite circulaire, le moment cinétique L est une constante du
mouvement car v et R sont constants. On peut arriver à la même conclusion
en constatant que le mouvement de l’électron résulte d’une force centrale, donc
(section 2.1) :
pϕ = L = constante. (2.51)
En recourant au postulat général du paragraphe 3 plus haut, la relation (2.46)
nous permet d’écrire :
pϕ dϕ = nh (2.52)
et, par suite, de (2.51) : pϕ dϕ ≡ L dϕ = 2πL
h
d’où L=n = n (2.53)
2π
pour les orbites permises : c’est bien le premier postulat de Bohr (2.10).
60 Une coordonnée de position x dépendant du temps t est dite périodique de période τ si
x(t + nτ ) = x(t) où n est un entier.
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 83
W = L dt (2.54)
t1
Bohr n’avait considéré que des orbites circulaires : l’analogie avec le problème de
Kepler portait à se demander pourquoi il n’y aurait pas d’orbites elliptiques, éga-
lement quantifiées ; on pensait aussi y trouver là l’explication de la structure fine
observée sur l’hydrogène. Aller dans cette direction signifiait qu’on devait aborder
un système à deux degrés de liberté (et même à trois degrés si l’on considérait
l’orientation spatiale de l’ellipse). L’élaboration des règles quantiques pour un tel
système à plusieurs degrés de liberté fut réalisée indépendamment par Wilson et
Sommerfeld.
84 Physique atomique et spectroscopie optique
Pour procéder comme en section 2.4.1, il nous faut d’abord établir les règles de quan-
tification de l’oscillateur harmonique de Planck à deux dimensions, dans l’espace
des phases. Soit donc un tel oscillateur linéaire de masse m : la projection de son
mouvement sur chacun des axes des coordonnées de position (x, y) correspond à un
mouvement périodique. Les équations du mouvement sont alors :
mais, dans le cas b), l’énergie est dégénérée. En effet, si le nombre quantique total est
n = nx + ny et que nx et ny sont des entiers positifs, ils varient chacun de 1 à n − 1,
alors il y a n − 1 façons de réaliser le nombre n à partir de nx et ny . Comme nous
le verrons, le nombre total n est lié à l’énergie totale de ce système à deux degrés
61 On ne peut pas écrire ν1 = N ν2 où N serait un entier.
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 85
Les variables étant les coordonnées polaires r et ϕ, nous appliquerons les règles de
quantification pour le cas d’un système à deux dimensions.
pϕ ≡ L = constante, (2.59)
puisque ϕ est une coordonnée de position cyclique (ϕ n’apparaît pas dans l’hamilto-
nien), d’où la condition :
L = nϕ . (2.60)
On posera dans ce qui suit nϕ ≡ k que l’on appelle le nombre quantique azimutal ; il
exprime le moment cinétique orbital en unités de .
86 Physique atomique et spectroscopie optique
a n
On note que : = , (2.66)
b k
de sorte que n/k va régir l’excentricité de la trajectoire elliptique (figure 2.12).
L’expression de l’énergie totale de l’électron est, d’après Sommerfeld, la même que
pour l’atome de Bohr :
2
1 μ∗ Ze2
En = − , (2.67)
32 π 2 20 2 n2
sauf que maintenant n = nr + k.
Remarques :
1. Les valeurs entières possibles de k excluent la valeur nulle (entraînant b = 0) :
on aurait alors un mouvement pendulaire (on est toujours dans un contexte de
mécanique classique) passant par le noyau et il y aurait collision avec celui-ci.
Dans ce cadre théorique, on est donc amené à rejeter cette situation, et k prendra
les valeurs k = 1, 2 . . . n, la valeur k = n étant nécessaire pour pouvoir former une
orbite circulaire. Quant au nombre nr , il devra donc assumer les valeurs 0 . . . n − 1,
cette dernière étant sa plus grande valeur puisque n = nr + k.
2. Les états d’énergie (2.67) sont maintenant dégénérés, à la différence du modèle
initial de Bohr. Pour une valeur de n donnée, la dégénérescence est d’ordre n,
comme on peut d’ailleurs le vérifier sur un exemple : n = 3 (figure 2.12) :
⎫
k = 1 b = 3a0 : ellipse la plus aplatie ⎬
3 trajectoires pour
k = 2 b = 6a0
⎭ la valeur n = 3.
k = 3 b = 9a0 : orbite circulaire
Les diverses orbites ont, d’après (2.65), même grand axe.
Le mouvement est dégénéré, rappelons-le, parce qu’il est spatialement périodique,
les trajectoires se répétant : si l’on fait varier ϕ, r va suivre de façon dépendante.
88 Physique atomique et spectroscopie optique
Par ailleurs, comme nous l’avons déjà démontré, en présence d’une force centrale L
est une constante du mouvement et donc :
L = nϕ . (2.69)
De plus, on obtiendrait que : nϕ = nψ + nθ . (2.70)
Lψ
cos η = (2.71)
L
et, en tenant compte des quantifications (2.68) et (2.69) :
nψ
cos η = , (2.72)
nϕ
de sorte que seules certaines orientations spatiales de L sont permises par rapport à B.
65 L’hamiltonien a pour expression :
1 1 1 Ze2
H= p2r + 2 p2θ + 2 2
p2ψ − .
2me r r sin θ 4π 0 r
La variable de position ψ n’y apparaît pas, à la différence de r et θ.
90 Physique atomique et spectroscopie optique
Cependant, comme η peut prendre des valeurs comprises entre 0 et 180◦ , le moment L
pouvant être anti-parallèle à B, il nous faut remplacer nψ par un nombre entier m
qui lui est égal en valeur absolue, mais qui peut prendre les valeurs négatives corres-
pondantes, soit :
m
cos η = avec |m| ≤ nϕ puisque cos η ≤ 1 ! (2.73)
nϕ
Par exemple, pour nϕ = 1, les valeurs possibles de m sont 0, et ±1. Le champ B lève
la dégénérescence : au lieu d’un seul niveau d’énergie, il y en a maintenant trois (à
discuter ultérieurement). Toutefois, en l’absence de champ magnétique, l’énergie de
l’électron ne dépend toujours que du nombre quantique total n = nr + nθ + nψ ,
2 2 ∗
Ze μ
En = − 2 , (2.74)
32π 2 20 2 (nr + nθ + nψ )
de sorte que la dégénérescence est encore plus grande qu’à deux dimensions : non
seulement toutes les ellipses de même grand axe possèdent la même énergie (cas à
2 dimensions), mais leurs différentes orientations spatiales (permises) également.
L’accord avec l’expérience est d’une précision surprenante. Cependant, cette rela-
tion, bien qu’elle soit correcte numériquement, est en grande partie fausse quant à
sa signification physique. En réalité, comme nous le verrons plus loin, la structure
fine résulte bien d’un effet relativiste sur la masse de l’électron, mais aussi de la
prise en compte du spin de l’électron. Dans le cadre du formalisme quantique de
Schrödinger, la contribution de l’effet relativiste ne s’obtient qu’en considérant qu’il
s’agit d’une perturbation à l’hamiltonien : cette contribution de l’effet relativiste à
l’énergie apparaît alors comparable à celle du spin électronique, et l’énergie totale ainsi
calculée est en accord avec les observations. Cependant, cette approche est en défaut
pour le cas l = 0, où seul l’effet relativiste persiste puisqu’il n’y a pas d’interaction
spin-orbite. Toutefois, la représentation quantique de Dirac, par essence de nature
relativiste, permet de prédire la valeur expérimentale. Fait remarquable, il suffit de
remplacer dans (2.76) k par j + 1/2 (où j ∈ |l + s|, l + s − 1 . . . |l − s|) pour retrouver
l’expression découlant du modèle de Dirac !
Il s’agit là de l’une des coïncidences numériques les plus extraordinaires d’une théorie,
dont le sens physique est incorrect, avec des résultats expérimentaux. Cela devrait
nous rendre prudents quant à la signification physique d’une théorie et sa validité.
Toutes les raies prédites par la relation (2.76) ne sont pas observées : certaines
transitions n’ont pas lieu (ou sont d’intensité très faible). Pour tenter d’expliquer ces
résultats, Bohr (1923) énonça un principe de correspondance entre la théorie classique
et la théorie "quantique" pour introduire une règle de sélection des transitions, règle
liée au nombre azimutal k. Ce principe conduit à Δk = ±1.
Ce principe comprend deux volets :
1. Les prédictions de la théorie quantique doivent être telles qu’elles correspondent,
pour tout système physique, aux propriétés de la théorie classique dans le cas où
le nombre quantique décrivant l’état du système devient très grand : on tend alors
vers l’état macroscopique (classique) du système.
2. Une règle de sélection, pour un nombre quantique donné, doit être valable quelle
que soit la valeur (petite ou grande) de ce nombre : ainsi toute règle de sélection
nécessaire pour passer à la limite classique (n → ∞) doit aussi s’appliquer aux
petites valeurs de n (exercice 2.6).
Il est difficile de rompre avec la théorie classique !
92 Physique atomique et spectroscopie optique
En = nhν (2.77)
hν
Ē = . (2.79)
hν
exp −1
kB T
8πν 2 hν
ρν = , (6.140)
c3 hν
exp −1
kB T
Ē ≡ n̄hν = kB T . (2.81)
(nj − ni )ν = ν ,
d’où nj − ni ≡ Δn = +1 dans le cas d’une émission et, Δn = −1, dans le cas d’une
absorption (voir exercice 2.6).
de sorte qu’on ne devrait observer que des singulets dans cette série, ce qui n’est pas
le cas puisqu’on enregistre des doublets.
Balmer : ni = 2 k = 1, 2
(3 → 2), (2 → 1), (1 → 2) : triplet,
nj = 3 k = 1, 2, 3
Pour obtenir les vraies multiplicités, il nous faudra introduire le spin de l’électron
(voir exercice 2.7).
94 Physique atomique et spectroscopie optique
1 1
σ = Rμ 2 − 2 (2.83)
(ni + δ ) (nj + δ )
où δ , δ sont des éléments correctifs (le plus souvent négatifs) d’effet d’écran :
pour cette raison, la quantité ni + δ est appelée nombre quantique effectif.
4. Il prédit assez bien l’effet Zeeman normal (celui où le spin total est nul) : il
apparaît un triplet sous l’influence d’un champ B pas trop intense.
5. Le modèle de Bohr-Sommerfeld permet de prédire assez correctement les spec-
tres de vibration et de rotation des molécules.
6. Complété par une théorie semi-classique du rayonnement, le modèle permet d’ob-
tenir les principales règles de sélection.
quantifient les mouvements apériodiques comme, par exemple, le fait qu’un fais-
ceau d’électrons libres produise par collisions l’excitation du mercure (expérience
de Franck et Hertz).
2. Le modèle est totalement incapable d’expliquer les raies de l’atome d’hélium,
pourtant l’atome le plus simple après celui de l’hydrogène.
Ce spectre est caractérisé par le fait qu’il y a, pour chaque série, deux systèmes
distincts de raies : l’un est lié, nous le verrons, à des états excités de type singulet
et l’autre, à des états excités de type triplet : la bonne explication apparaîtra
immédiatement en introduisant le spin électronique ou la notion d’antisymétrie
des fonctions d’onde (principe d’exclusion de Pauli).
Ce fut la pierre d’achoppement du modèle de Bohr-Sommerfeld. S’ajoutant à
cela, une difficulté générale à prédire le comportement des atomes à plus d’un
électron.
3. Le modèle ne permet pas de calculer l’intensité des raies émises.
4. De façon plus globale, on peut dire que le modèle n’est pas satisfaisant intellectuel-
lement : les postulats, par exemple, n’ont pas un contenu physique clair. En plus,
il est rempli de contradictions internes : ce n’est pas encore un modèle totalement
quantique et c’est encore un peu un modèle classique.
Conclusion
C’est Louis de Broglie qui, dans sa thèse de doctorat (1924) 67 , émit l’idée que
toute matière est dotée d’une onde associée alors que, jusque-là, cette dualité n’avait
été appliquée qu’au photon. Dans le cas du photon, nous savons par Einstein 68 que
l’énergie de ce rayonnement électromagnétique est quantifiée selon :
E = hν (2.84)
et donc que sa longueur d’onde est liée à l’énergie par :
hc
. λ= (2.85)
E
Si maintenant nous considérons le photon comme une particule, la relativité restreinte
prévoit que E est alors donnée par 69 :
E 2 = c2 p2 + (m0 c2 )2 (2.86)
où m0 , la masse au repos, est nulle dans le cas présent. Nous obtenons alors que :
E = cp (2.87)
et, finalement, de (2.85) nous en tirons la longueur d’onde dite de de Broglie :
h
λB = . (2.88)
p
de Broglie postula, ainsi, que la relation (2.88) exprimait la dualité onde-corpuscule
de l’électron aussi bien que celle du photon. L’onde associée à l’électron est en fait un
train-d’ondes ou une onde-pilote suivant la terminologie de de Broglie.
Dans le cas de l’électron, comme son énergie cinétique est donnée par :
p2
E= (2.89)
2m
e
donc que : p = 2me E
h
alors de (2.88) : λB = √ . (2.90)
2me E
Un calcul de la longueur d’onde de de Broglie, λB , pour un électron de 10 eV conduit
à 3,9 ×10−10 m alors que le rayon de l’atome d’hydrogène dans son état fondamental
est a0 = 5,3 × 10−11 m où l’électron possède une énergie d’environ 13,6 eV : λB est
sensiblement du même ordre que a0 .
67 Prince Louis-Victor Pierre Raymond de Broglie, prix Nobel de physique en 1929.
68 Albert Einstein, prix Nobel de physique en 1921 pour l’effer photovoltaïque.
69 La norme du quadrivecteur énergie-impulsion, E 2 /c2 − p2 , est invariante lors d’un changement
de référentiel. Dans le repère de la particule, celle-ci étant au repos (p = 0), cette valeur se limite
à (m0 c)2 .
2− Modèle de Bohr et ses améliorations 97
nh
pR = . (2.91)
2π
En utilisant alors la relation (2.88), le rapport h/p = λB mène à :
70 Clinton Joseph Davisson, prix Nobel de physique en 1937 (conjointement avec George Paget
Thomson).
71 La distance d entre atomes du réseau cristallin est assimilable à la distance entre les traits dans
un réseau de diffraction optique classique. La formule du réseau s’écrit :
k λ = 2d sin θ
où k est l’ordre de diffraction et θ l’angle de diffraction.
98 Physique atomique et spectroscopie optique
Dualité onde-particule :
localisation correspondante de l’onde associée
La notion de dualité onde-particule suggère que l’onde associée devrait être tout aussi
"localisée" que la particule elle-même. À une particule, on associe volontiers une posi-
tion dans l’espace (bien sûr à l’intérieur d’un domaine de position Δx et d’impulsion
Δpx dont l’étendue est fixée par le principe d’incertitude tel que ΔxΔpx ≥ ). Il n’est
pas a priori évident qu’il en soit de même pour l’onde associée. Toutefois, comme
le montre, entre autres, Michel-Yves Bernard (1970), cette onde possède aussi un
caractère local minimal tel que ΔλΔx 1 (puisque p = λ), comme le représente la
figure 2.15
Pour établir le plus directement possible les rapports pouvant exister entre les résultats
du modèle de Bohr et ceux de la "nouvelle" mécanique quantique (celle qui est
actuellement reconnue), nous appliquerons le formalisme de cette dernière à l’atome
à un seul électron en ignorant le rôle du spin électronique 72 . Le chapitre 4 traitera de
l’atome à deux électrons, avec spin.
Se fondant sur le concept d’onde associée aux particules formulé par de Broglie,
Schrödinger proposa une équation d’onde qui rendait compte des propriétés d’une
telle onde associée. Nous allons présenter, sans nous arrêter sur les difficultés mathéma-
tiques, la dérivation des propriétés de l’atome hydrogénoïde à partir de l’équation de
Schrödinger. Nous insisterons sur la signification des nombres quantiques en liaison
avec les propriétés spatiales des fonctions d’onde notant combien naturellement les
nombres quantiques découlent des propriétés mathématiques et physiques imposées
aux fonctions d’onde par les postulats de la mécanique quantique. On renforcera ainsi
le sens physique de cette théorie, notamment en ce qui a trait aux nombres quantiques,
à la représentation spatiale des configurations orbitales et aux niveaux d’énergie. Un
bon sens physique des phénomènes en jeu et de leur représentation 73 est essentiel pour
pratiquer efficacement et correctement la spectroscopie des atomes et des molécules.
72 Ce qui est tout à fait correct au niveau zéro d’approximation de l’hamiltonien (voir aux
chapitres 4 et 5).
73 À ce titre, l’exercice 3.1 compare la notion de constante du mouvement en mécanique classique
et en mécanique quantique.
100 Physique atomique et spectroscopie optique
À la section 3.2 qui suivra, nous verrons que l’atome à un électron extérieur (c’est-à-
dire un atome dont les couches électroniques séparant l’électron extérieur du noyau
sont complètes), bien que son potentiel ne soit pas coulombien, peut néanmoins être
traité dans le cadre du modèle à un électron parce qu’il est soumis à un potentiel
central : ceci nous permettra d’étendre aux alcalins (Li, Na . . . ) les résultats que nous
allons maintenant obtenir pour les hydrogénoïdes.
Dans ce cas, l’équation de Schrödinger, dite stationnaire, se met sous la forme d’une
relation aux valeurs propres :
Pour obtenir la relation (3.3), nous avons supposé Ψ(r, t) séparable, soit :
En portant (3.4) dans (3.1), en tenant compte du fait que V ne dépend pas du temps
et en réduisant r à une seule dimension de coordonnée x pour simplifier le calcul,
nous avons :
2 d2 ψ dφ(t)
− φ(t) 2 + V (x)ψ(x)φ(t) = iψ(x) (3.5)
2me dx dt
d’où, en divisant par ψ(x)φ(t) :
1 2 d2 ψ(x) 1 dφ(t)
− + V (x)ψ(x) = i . (3.6)
ψ(x) 2me dx2 φ(t) dt
2 d2 ψ(x)
− + V (x)ψ(x) = Eψ(x) (3.9)
2me dx2
iEt
et d’autre part à : φ(t) = φ(0) exp − . (3.10)
En portant (3.12) dans (3.11), après avoir divisé l’expression par An R(r) Θ(θ) Φ(ϕ),
il vient :
2 1 d 2 dR 1 d dΘ 1 d2 Φ Ze2
− 2
r + sin θ + 2 2
− − En = 0 .
2μr R dr dr Θ sin θ dθ dθ Φ sin θ dϕ 4π 0 r
(3.13)
Pour isoler la fonction Φ du groupe des trois fonctions dépendant chacune d’une
coordonnée, on multiplie (3.13) par 2μr2 sin2 θ/2 et on fait passer dans le membre
de droite ce qui ne dépend que de la variable ϕ ; on a alors :
sin2 θ d dR sin θ d dΘ
− r2 − sin θ
R dr dr Θ dθ dθ
2μr sin2 θZe2 2En μr2 sin2 θ 1 d2 Φ
− 2
− 2
= . (3.14)
4π 0 Φ dϕ2
On note que la structure de l’équation est de la forme :
Cependant, comme les variables r, θ, ϕ sont indépendantes les unes des autres, le
membre de gauche et le membre de droite ne peuvent qu’être égaux à une même
constante, indépendante de ces trois variables. Posons que cette constante est −m2 où
m est pour l’instant un simple nombre réel dont on précisera la valeur et la signification
physique ultérieurement.
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 103
À partir de (3.14), où l’on a substitué au membre de droite −m2 , on divise par sin2 θ
puis on regroupe les termes dépendant de r dans le membre de gauche et ceux qui
dépendent de θ dans le membre de droite :
1 d dR Ze2 μr 2μr2 1 d dΘ m2
− r2 − − En = sin θ − , (3.16)
R dr dr 2π 0 2 2 sin θ Θ dθ dθ sin2 θ
où l’on constate que l’équation est de la forme :
et, pour les mêmes raisons que précédemment, on pose que chacun de ses membres
est égal à une seule et même constante, qu’il est commode d’écrire, pour la suite, sous
la forme −l(l + 1) où l est un nombre réel pour l’instant.
Pour la fonction Φ
L’équation (3.20) a pour solution, en algèbre complexe :
Φ = Aeimϕ . (3.21)
104 Physique atomique et spectroscopie optique
Pour la fonction Θ
Effectuons le changement de variable b = cos θ, qui fait en sorte que l’équation
différentielle (3.19) se mette sous la forme :
d 2 dΘ m2
(1 − b ) + l(l + 1) − Θ=0 (3.22)
db db 1 − b2
|m| |m| d|m| Pl (b)
dont la solution est : Pl (b) ≡ 1 − b2 2 (3.23)
d(b)|m|
77 Cette propriété n’est pas postulée aussi explicitement dans l’ouvrage de C. Cohen-Tanoudji,
B. Diu et F. Laloë.
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 105
où Ln+l (ρ) est le polynôme de Laguerre d’ordre n + l, ce qui requiert que n soit
(tout comme l) un entier ; la fonction associée est de degré nr ≡ n + l − (2l + 1) où
les valeurs (entières) possibles de nr sont données par nr ≥ 0. Pour faire apparaître
ces fonctions, on effectue d’abord le changement de variable
r = ρ/αn (3.27)
2μZe2
λn = , (3.31)
4π 0 αn 2
1
Ze2 −μ 2
ce qui donne avec (3.30) : λn = (3.32)
4π 0 2En
(l’argument de la racine carrée est bien positif puisque En est négatif). Alors l’équation
(3.28) décrivant la fonction R, après explicitation du terme en dérivée seconde, devient
bien :
d2 R 2 dR 1 λn l(l + 1)
+ + − + − R(ρ) = 0 , (3.33)
dρ2 ρ dρ 4 ρ ρ2
dont la solution est donnée par :
où L2l+1
n+l (ρ) est la fonction associée au polynôme de Laguerre Ln+l (ρ) (3.26) et :
3 12
2Z (n − l − 1)!
Anl = . (3.35)
na0 (1 + me /M ) 2n(n + l)!3
106 Physique atomique et spectroscopie optique
Comme nous l’avons déjà indiqué, la fonction associée, telle que définie par (3.26), est
de degré nr avec :
nr ≡ (n + l) − (2l + 1) = n − l − 1 , (3.36)
de sorte qu’elle est non nulle seulement si nr ≥ 0, ce qui entraîne :
n − l − 1 ≥ 0. (3.37)
μ(Ze2 )2
En = − , (3.39)
32π 2 20 n2 2
ce qui équivaut à reconnaître que l’énergie du système est celle donnée par le modèle
de Bohr (2.25) ! Il est utile de récrire (3.39) qui, en utilisant la constante de Rydberg
de l’hydrogénoïde considéré :
e4 μ
Rμ = (2.28)
8 20 h3 c
Rμ hcZ 2
se met sous la forme : En = . (3.40)
n2
Chaque solution est finalement caractérisée par les nombres nlm dits nombres quan-
tiques :
ψnlm (r, θ, ϕ) = Anlm Rnl (r) Θlm (θ) eimϕ (3.41)
avec Anlm = Anl Nlm ou, de façon équivalente, par :
où les Ylm sont les fonctions dites harmoniques sphériques : cette dernière forme est
particulièrement utile pour représenter les hybridations d’orbitales.
La densité de probabilité, pour un état nlm, est donc :
∗
ψnlm ψnlm = |Anlm |2 Rnl
∗
(r) Rnl (r) Θ∗lm (θ) Θlm (θ) . (3.43)
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 107
Nous avons finalement obtenu trois nombres quantiques (trois parce que l’équation de
Schrödinger est une fonction de trois coordonnées indépendantes) dont les propriétés
sont essentiellement déterminées par le premier postulat qui impose à ψ d’être une
fonction univoque et bornée en chaque point de l’espace.
Le recensement des valeurs prises par les nombres quantiques s’établit ainsi :
de Φ : on a vu que m = 0, ±1, ±2 . . . un entier (positif, nul ou négatif),
de Θ : l ≥ |m| : d’où l = 0, 1, 2 . . . (valeurs nulle
et entières positives),
de R : n−l−1≥0 où n est un entier.
Pour voir le lien qui existe entre ces trois nombres quantiques, quant aux valeurs qu’ils
peuvent prendre, on commence par considérer la relation :
n≥l+1 (3.44)
où l’on sait que la plus petite valeur de l est zéro, donc la plus petite valeur de n est 1.
On a finalement : n = 1, 2 . . . , sans limite supérieure. (3.45)
Pour une valeur donnée de n, on aura n valeurs de l,
l = 0, 1, 2 . . . n − 1 (3.46)
et, pour une valeur donnée de l, on obtiendra (2l + 1) valeurs de m, puisque |m| ≤ l
m = 0, ±1, ±2 . . . ± l . (3.47)
Remarques :
1. Le nombre n va désigner pour les atomes à plusieurs électrons une couche électro-
nique alors que, comme nous le verrons plus loin (section 4.1), chaque valeur de l
identifie une des sous-couches correspondantes.
2. La signification du paramètre αn ((3.27)–(3.30)) est assez claire et elle nous ramène
encore au modèle de Bohr : en comparant le terme en 1/ρ du potentiel dans les
relations (3.28) et (3.33) (en posant λn = n dans (3.38)), on peut écrire que :
2μZe2 2Z me e2 1
αn = = (3.48)
4π 0 2 n n 4π 0 2 (1 + me /M )
où me est la masse habituelle (non relativiste) de l’électron. Finalement :
2Z
αn = (3.49)
na0 (1 + me /M )
où le terme (3.49) est un des éléments du coefficient Anl (3.35) où :
4π 0 2
a0 = , (2.22)
me e 2
est le rayon de la première orbite de Bohr.
Certains paramètres du modèle de Bohr-Sommerfeld, comme nr = n − l − 1,
a0 et En , se retrouvent en mécanique quantique expliquant pourquoi le modèle
de Bohr-Sommerfeld est apparu si valable : certaines des variables définies
par Bohr étaient les bonnes du point de vue de leur valeur, mais non de leur
signification intrinsèque.
ce qui démontre que m est une valeur propre de l’opérateur L̂z : en unités , m
est une valeur de la projection de L sur z. Ce nombre est souvent appelé le nombre
quantique magnétique car, comme nous le verrons plus loin, son influence sur l’énergie
de l’état ψnlm se manifeste en présence d’un champ magnétique.
Remarque : Comme [L̂z , Ĥ] = 0 (lire que L̂z commute avec Ĥ) puisque l’on vient de
montrer par (3.52) que L̂z admet les mêmes fonctions propres que Ĥ (3.9), ceci signifie
que Lz est une constante du mouvement pour un état propre ψnlm . Le fait que L̂x ,
par exemple, ne commute pas avec Ĥ est lié au système de coordonnées choisi : ce
n’est pas une propriété spatiale (voir exercice 3.2).
et, en multipliant de chaque côté par −2 Anlm Rnl (r)Φ(ϕ), nous rappelant l’expression
de ψnlm (3.41), il vient :
2 1 d d 1 d2
− sin θ + ψnlm = 2 l(l + 1)ψnlm . (3.59)
sin θ dθ dθ sin2 θ dϕ2
Le membre de gauche étant l’expression de l’opérateur L̂2 (3.57), nous avons finale-
ment :
L̂2 ψnlm = l(l + 1)2 ψnlm . (3.60)
Le moment cinétique a bien comme norme l(l + 1) et non l, qui ne saurait être
qu’une approximation.
Nous voulons, d’une part, connaître quelles sont les contributions respectives des
∗
fonctions Rnl et Θlm à la densité de probabilité ψnlm ψnlm et, d’autre part, déterminer
quelles sont les précautions à respecter et les "corrections" à apporter quant aux
trajectoires du modèle de Bohr lorsque nous utilisons celles-ci pour "visualiser"
l’atome avec ses électrons.
La densité de probabilité étant ψ ∗ ψ, la probabilité de présence de l’électron dans un
élément de volume centré en r, θ, ϕ est :
ψ ∗ ψ dV = ψ ∗ ψ r2 sin θ dθ dϕ dr =
|Anlm |2 Rnl
∗
(r)Rnl (r) Θ∗lm (θ)Θlm (θ) r2 sin θ dθ dϕ dr . (3.61)
La fonction Rnl (r), qui est une amplitude de probabilité, apparaît sur la figure 3.1.
On constate que :
cette fonction est nulle en r = 0 sauf pour l = 0, ceci quel que soit le nombre
quantique n.
pour un n donné, en excluant les valeurs de r à l’origine et à l’infini,
pour la plus grande valeur de l qui est l = n − 1, la fonction n’a pas de zéro,
pour l = n − 2, la fonction possède un zéro,
pour l = n − 3, la fonction possède deux zéros.
En général, il y a nr = n − l − 1 zéros : le nombre nr (3.36) décrit le degré
polynomial de la fonction associée au polynôme de Laguerre.
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 111
Figure 3.1 – Fonction Rnl (r) : partie radiale de la fonction d’onde de l’atome
d’hydrogène.
∗
Le produit Rnl Rnl , qui est la densité de probabilité, se trouve à redresser les parties
négatives de Rnl (r) et en possède évidemment le même nombre de zéros, comme
on peut le voir sur la figure 3.2 (pointillé). Plus intéressant (du fait de la symétrie
sphérique du système) est le produit r2 Rnl ∗
Rnl qui décrit la densité (relative : non
normalisée à l’unité) de probabilité Π de trouver l’électron dans un domaine limité
par les sphères de rayons r et r + dr pour un état nl. En effet, il suffit de noter que
la relation :
expression qui suppose que la fonction Θ(θ) est normalisée de sorte que l’intégration
de sa densité sur θ de 0 à π donne 2.
112 Physique atomique et spectroscopie optique
∗
Figure 3.2 – Produit Rnl (r)Rnl (r) : partie radiale de la densité de probabilité.
2 ∗
Produit r Rnl (r)Rnl (r) : probabilité de trouver l’électron dans un domaine
délimité par les sphères de rayon r et r + dr. La flèche pointant sur l’axe r
indique la position de l’orbite circulaire tirée du modèle de Bohr.
L’expression (3.63) fait croire, a priori, que la probabilité est très faible pour r 0 : il
faut plutôt effectuer un développement de l’expression (3.63) pour r petit et ensuite en
prendre la limite ; on trouve alors, notamment pour l = 0, une probabilité importante
au voisinage du noyau (ce sujet est repris plus loin, section 5.2.4), comme le montre
la figure 3.2 (trait plein).
Remarque : Comme la sous-couche "nl" peut accueillir (2l + 1) fonctions différentes,
ou plutôt, en incluant le spin, 2(2l + 1) d’entre elles, la probabilité de trouver un
électron "nl" (pour toutes valeurs de m et de spin s) est donc 2(2l + 1) fois plus
grande que celle exprimée par Π, une telle probabilité étant appelée la densité totale
de la probabilité radiale.
Examinons les propriétés remarquables de la densité Π(r, r + dr) définie par (3.63) :
Pour une valeur de n donnée, la plus grande valeur de l (l = n − 1) donne lieu à
une probabilité de présence radiale qui ne présente qu’un seul maximum sur une
coquille sphérique. Noter que cette valeur maximale est atteinte à une position
radiale très voisine de l’orbite de Bohr, indiquée par une flèche sur la figure 3.2.
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 113
Si l’on souhaite continuer à se référer aux orbites de Bohr, on devra entendre qu’il
s’agit des trajectoires les plus probables.
Pour une valeur de l, en général, on constate qu’il y a (n − l) trajectoires circulaires
possibles, qui sont d’autant moins probables que l’on s’approche du noyau ; ces
maxima sont séparés par des valeurs de probabilité nulle. L’électron doit donc
"sauter" d’une trajectoire à l’autre. Ce résultat montre avec force que la notion
d’orbite elliptique de Bohr-Sommerfeld est à rejeter complètement.
Cas l = m = 0
Comme P00 (cos θ) = 1, la densité de probabilité |Θ00 (θ)|2 est constante, indépendante
de θ, comme le montre la figure 3.4 : il n’y a pas d’orientation spatiale privilégiée, tout
au contraire. L’axe de rotation de l’électron change sans cesse d’orientation au point
de donner une densité de présence parfaitement uniforme en θ, d’où une sphère comme
lieu des points de |Θlm (θ)|2 . En d’autres termes, le moment cinétique de l’électron est
statistiquement nul ; cette annulation statistique peut se réaliser à partir de plusieurs
trajectoires radiales moyennes, comme c’est le cas par exemple pour n = 3 et l = 0,
(figure 3.2). La conséquence logique du fait que l = 0 est que la projection du moment
orbital (sur z) ne peut être que nulle en moyenne (car l = 0 instantanément) : m = 0.
La situation correspondant à l = 0 n’a rien à voir avec l’image de Bohr qui voulait
que, dans le cas d’un moment cinétique nul (absence de rotation), l’électron effectuât
un mouvement de balancier l’amenant à passer par le noyau. Nous constatons aussi
que seule une description à 3 dimensions permet de rendre compte correctement de
la probabilité de présence de l’électron dans l’atome.
78 Le rayon vecteur ρ permet de déterminer la probabilité de présence de l’électron dans le plan
perpendiculaire à xOy. Il n’est pas lié au rayon vecteur ρ = αn r !
114 Physique atomique et spectroscopie optique
Cas l = m = 0
Comme la projection du moment cinétique est maximale suivant Oz, l’électron se
trouve de façon la plus probable dans le plan xOy, comme l’indique la figure 3.4. La
probabilité pour que l’électron se trouve sur l’axe z tend alors vers zéro.
Plus la valeur de l est grande (pour m = l), plus la probabilité de présence de l’électron
se concentre dans le plan xOy.
Remarque : Bien noter que la plus grande valeur de L̂z est l et non l(l + 1),
car cela signifierait que dans l’état ψnlm les valeurs moyennes de L̂2x et L̂2y seraient
nulles, donc que les opérateurs L̂x et L̂y auraient une valeur propre bien déterminée ;
ceci n’est pas possible car les opérateurs L̂x , L̂y , L̂z commutent bien avec L̂2 mais ne
commutent pas entre eux. On ne peut donc pas connaître deux composantes distinctes
du moment cinétique : si la composante z est connue, et est donc une constante du
mouvement, les deux autres composantes restent indéterminées. La figure 3.5 illustre
les valeurs propres possibles de L̂z pour un état p et un état d.
Figure 3.6 – Diagramme polaire de la densité de présence Θ∗lm (θ)Θlm (θ) pour
le cas l = 3 et les valeurs |m| possibles correspondantes.
Remarque : Le fait d’isoler dans notre calcul une orientation particulière, par exemple
Oz avec les coordonnées sphériques, n’a rien d’essentiel car bien que l’on définisse
l’orientation de L par rapport à Oz, on ne sait pas quelle est l’orientation de Oz
dans l’espace, sauf si on applique un champ E ou B. Dans ce dernier cas, l’axe ainsi
défini devient partie intégrante du problème, au point, d’ailleurs qu’il y a levée de la
dégénérescence en m.
Avec un autre système de coordonnées, par exemple, x, η = y + iz, ξ = y − iz,
l’opérateur de projection privilégié serait alors L̂x , mais les fonctions propres auraient
une forme autre que celle obtenue sur des coordonnées sphériques (voir exercice 3.2).
Points essentiels en résumé :
1. Il n’y a pas de trajectoires elliptiques moyennes (sauf pour des états très excités
comme ceux de Rydberg) : c’est une image à rejeter, de façon générale, du modèle
de Bohr-Sommerfeld.
2. Pour l = n − 1, il n’y a qu’une seule orbite circulaire moyenne. Pour l < n − 1, il
y a n − l orbites circulaires moyennes permises, de probabilité décroissante pour
ces orbites successives en se rapprochant du noyau.
116 Physique atomique et spectroscopie optique
Il s’agit d’atomes dotés d’un électron situé à une distance moyenne du noyau nette-
ment plus grande que celles des autres électrons, l’ensemble de ces derniers formant un
"nuage" de symétrie sphérique (couches complètes). Les transitions d’énergie les plus
observées de ces atomes ne concernent que des variations de trajectoires de l’électron
extérieur dit de valence. La colonne des atomes alcalins du tableau périodique répond
à cette description.
Le modèle physique est relativement simple et se ramène à celui d’un seul électron
soumis à un potentiel, en première approximation, à symétrie sphérique engendré
par le cœur de l’atome, celui-ci étant formé du noyau et des électrons en couches ou
sous-couches complètes. Ce potentiel n’est généralement pas coulombien mais il est
cependant toujours central.
Pour nous guider dans ce problème, considérons d’abord les deux situations extrêmes
de l’électron périphérique :
son "orbite" est non pénétrante
L’électron optique (l’électron de valence dans le cas présent) est suffisamment loin
du cœur de l’atome pour être isolé de la charge positive du noyau par les Z − 1
électrons des couches complètes qui l’entourent. Ces dernières lui font écran et
l’électron de valence ressent une charge effective +e. Du fait de la symétrie sphérique
et de la grande distance de l’électron de valence au cœur, celui-ci est soumis à un
potentiel (presque) coulombien.
son "orbite" est pénétrante
L’électron optique se touve pendant une partie de sa trajectoire à l’intérieur du
nuage électronique de l’atome. Dans ce cas, suivant sa position exacte, il ressentira
une charge comprise entre Ze et 2e. En vertu du théorème de Gauss, la charge
effective qu’il subit pourra être localisée au centre de la sphère délimitée (en
moyenne) par ces couches complètes, c’est-à-dire là où se trouve le noyau.
3− Propriétés quantiques de l’atome à un électron 117
Pour nous ramener à la forme non perturbée, nous introduisons le nombre quantique
effectif l∗ :
2μe2 c1
l∗ (l∗ + 1) ≡ l(l + 1) − , (3.66)
4π 0 2
ce qui conduit à :
d2 R 2 dR 2μ e2 2 ∗ ∗
+ + En + − l (l + 1) R(r) = 0 . (3.67)
dr2 r dr 2 4π 0 r 2μr2
Le nombre l∗ n’est pas nécessairement un entier. L’équation (3.66) est du second degré
en l∗ et en ne prenant que le signe plus devant la racine (il faut que l∗ tende vers l
pour c1 tendant vers zéro et l ne peut être négatif !), nous tirons (Chpolski, 1978) :
1
1 1 2μe2 c1 2
l∗ = − + (2l + 1)2 − , (3.68)
2 2 π 0 2
! 12 "
∗ 1 1 2μe2 c1
puis : l =− + (2l + 1) 1 − (3.69)
2 2 (2l + 1)2 π 0 2
n∗ ≡ nr + l∗ + 1 = nr + l + 1 + δ = n + δ , (3.71)
Rμ hc Rμ hc
En∗ l = − ≡ − 2 . (3.72)
n∗2 c1 1
n− 1
a0 l + 2
1 1
σ = Rμ − (2.83)
(ni + δ )2 (nj + δ )2
En énonçant les règles quantiques de sélection des transitions (section 1.4), nous
avons pris connaissance de l’importance que la notion de moment cinétique y tient.
La place du moment cinétique orbital de l’électron, de nature classique, dans le
modèle de Bohr-Sommerfeld en est, en fait, le point de départ. Cette notion,
d’une signification évidente à notre échelle (section 2.1), a été redéfinie et généralisée
par la mécanique quantique. Toutefois, à la différence du moment cinétique orbital,
le spin de l’électron, qui est apparu essentiel à la description de l’effet Zeeman
anormal (annexe A14), n’a pas d’équivalent classique : Pauli a montré en 1924 que,
compte tenu des dimensions "classiques" de l’électron (modèle caduc), sa rotation
pour obtenir l’effet recherché nécessiterait une vitesse tangentielle à son équateur qui
serait supérieure à la vitesse de la lumière ! Quantiquement, on traite l’électron plus
ou moins comme un point mathématique et on ne peut pas dire que sa dimension est
connue. On sait cependant qu’il y a un moment magnétique proportionnel au spin
qui s’ajoute au moment magnétique orbital : on peut donc lui associer formellement
un moment cinétique (section 5.5.1). Une telle représentation du moment cinétique
du spin (qualifié d’intrinsèque ou propre) est bien commode, à condition de garder à
l’esprit que c’est une propriété purement quantique. Il existe une définition générale
des différents moments cinétiques quantiques, que nous allons présenter et dont nous
allons établir les propriétés d’après l’exposé qu’en font Condon et Shortley (1953).
Soit une grandeur vectorielle J , dont les composantes suivant les axes cartésiens sont
Jx , Jy , Jz . Soit les opérateurs correspondants Jˆ2 , Jˆx , Jˆy , Jˆz obéissant à la relation :
alors le vecteur J sera interprété comme un moment cinétique. Ces règles corres-
pondent formellement au produit vectoriel défini par J ∧J = iJ où J = (Jx , Jy , Jz ),
les opérateurs suivant les différentes coordonnées ne commutant pas entre eux.
On peut vérifier que le moment cinétique orbital satisfait à ces règles. Il en va de
même des opérateurs de spin de Pauli définis par :
0 1 0 −i 1 0
σ̂x = σ̂y = σ̂z = . (3.79)
2 1 0 2 i 0 2 0 −1
Remarque : On peut montrer que Jˆ2 commute individuellement avec chaque opéra-
teur projection de J 80 , mais ces opérateurs-projection ne commutent généralement
pas entre eux 81 . De plus, l’opérateur Ĵ ne commute pas avec Ĥ car ceci impliquerait
que les trois composantes Jˆx , Jˆy , Jˆz commutent simultanément avec Ĥ, à l’encontre
du principe d’incertitude. Noter que la définition et le calcul des commutateurs dans
un référentiel donné ne fait pas intervenir les fonctions d’ondes. Celles-ci, exprimées
dans le repère choisi, deviennent des fonctions propres liées à ce système, c’est-à-
dire qu’elles s’expriment de façon particulière dans chaque repère considéré (dépen-
dance spécifique des coordonnées du repère). Dans ces conditions, comme le montre
l’exercice 3.2, seul un des trois opérateurs projection du moment cinétique admet ces
fonctions comme fonctions propres.
Énoncé du théorème
Si une fonction d’onde ψαβ est à la fois fonction propre de Jˆ2 et de Jˆz telle que :
alors, nous allons le montrer, nous pouvons construire, en général, une autre fonction
+
d’onde, désignée par ψαβ , telle que :
Jˆ2 ψαβ
+ +
= β 2 ψαβ , (3.82)
Jˆz ψαβ
+ +
= (α + )ψαβ , (3.83)
+ −
sauf si ψαβ = 0. De même, il existe une fonction ψαβ telle que :
Jˆ2 ψαβ
− −
= β 2 ψαβ , (3.84)
mais : Jˆz ψαβ
−
= (α − −
)ψαβ . (3.85)
+ −
Construction des fonctions ψαβ et ψαβ
+ −
Pour obtenir les fonctions ψαβ et ψαβ , nous introduisons les opérateurs :
Nous allons ainsi déterminer le spectre des valeurs propres de Jˆz par rapport à la
valeur propre β 2 de l’opérateur Jˆ2 .
Démonstration du théorème
Mais d’abord, établissons les règles de commutation de Jˆ+ et Jˆ− avec J 2 et Jˆz au
moyen de deux lemmes.
et, en faisant appel aux relations de commutations des opérateurs Jˆx , Jˆy , Jˆz
entre eux ((3.76)–(3.78)),
+
Construisons maintenant la solution du théorême sur ψαβ d’abord. Par hypothèse,
Jˆ+ ψαβ = ψαβ
+
, relation sur laquelle nous opérons avec Jˆz :
Jˆz ψαβ
+
= Jˆz [J + ψαβ ] , (3.87)
et, par le lemme 2 : Jˆz ψαβ
+
= Jˆ+ [Jˆz + ]ψαβ , (3.88)
mais : Jˆz ψαβ = αψαβ , (3.89)
qui constitue la première partie du théorème : si ψαβ est fonction propre de Jˆz avec
+
valeur propre α, alors ψαβ est aussi fonction propre de Jˆz mais avec une valeur propre
α + , c’est-à-dire augmentée d’une unité par rapport à la valeur précédente.
Nous devons vérifier que nous avons bien :
Jˆ2 ψαβ
+ +
= β 2 ψαβ (3.91)
Jˆ2 ψαβ
+
= Jˆ2 (Jˆ+ ψαβ )
= Jˆ+ (Jˆ2 )ψαβ = J + β 2 ψαβ = β 2 ψαβ
+
. (3.92)
Généralisation du théorème
On montrerait, de même manière, que pour une fonction ψαβ telle que :
−
on peut construire une fonction ψαβ , donnée par Jˆ− ψαβ = ψαβ
−
, telle que :
Jˆ2 ψαβ
− −
= β 2 ψαβ
et Jˆz ψαβ
− −
= (α − )ψαβ . (3.93)
+ ++
À partir de ψαβ , on peut contruire une fonction ψαβ en faisant :
Jˆ+ ψαβ
+ ++
= ψαβ ,
Jˆ2 ψαβ
++ ++
= β 2 ψαβ , (3.94)
Jˆz ψαβ
++ ++
= (α + 2)ψαβ . (3.95)
Jˆz ψαβ
++
= Jˆz J + ψαβ
+
= Jˆ+ (Jˆz + )ψαβ
+
= Jˆ+ (α + 2)ψαβ
+ ++
= (α + 2)ψαβ .
+...+
La construction de ce type de fonction peut continuer jusqu’à ce que ψαβ = 0.
ˆ2 ˆ2 ˆ2 ˆ2
En effet, étant donné que J = Jx + Jy + Jz , il y a une valeur limite au nombre
entier n de la valeur propre de projection α + n pour une valeur propre β 2 donnée
de Jˆ2 . Soit A, cette limite supérieure de l’accroissement de la valeur propre par
palier de (on s’attend à ce que A2 < β 2 !) 82 :
(Jˆx − iJˆy )(Jˆx + iJˆy )ψAβ = [Jˆx2 + Jˆy2 + i(Jˆx Jˆy − Jˆy Jˆx )]ψAβ
= [Jˆx2 + Jˆy2 − Jˆz ]ψAβ = 0 ,
(β 2 − A2 − hA)ψAβ = 0 , (3.101)
d’où finalement : β 2 = A2 + A . (3.102)
β 2 = A2 − A . (3.103)
A2 + A = A2 − A ,
(A2 − A2 ) = −(A + A ) ,
(A + A )(A − A ) = −(A + A ) , (3.104)
et : A − A = −
d’où : A = A + , (3.105)
ce qui est absurde, puisque A doit être plus petit que A, montrant que l’on a divisé
par zéro en simplifiant par (A + A ) de chaque côté de (3.104), d’où nous devons
admettre que :
A = −A . (3.106)
pour la même valeur propre de β 2 de Jˆ2 , les valeurs croissant ou décroissant par
unité de avec les mêmes valeurs extrêmes au signe près. Dans ces conditions, A
n’est pas une valeur tout à fait quelconque : il est nécessaire que A soit un multiple
de /2 (à vérifier sur A = 12 , , 32 . . .).
On posera donc A = j où j peut prendre des valeurs entières ou demi-entières,
d’où finalement (3.102) :
En résumé :
Les valeurs propres possibles de l’opérateur Jˆ2 sont j(j + 1) et la projection Jˆz
suivant z de ce moment cinétique ne peut prendre que les valeurs comprises entre
−j et j, valeurs séparées entre elles par pas de où j est un entier ou demi-entier
positif. Pour une valeur de j, il y a (2j +1) valeurs suivant z, correspondant toutes
à un moment cinétique de même norme, j(j + 1) .
Il ressort de cette démonstration :
qu’on ne peut éliminer une valeur donnée de la projection Jz dans la série des
projections : la séparation par pas de ne serait pas respectée ;
des valeurs de j autres qu’entières ou demi-entières conduisent à des nombres
quantiques de projection qui ne sont pas les mêmes à l’extrémité positive et à
l’extrémité négative de leur spectre.
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Chapitre 4
83 Ces séries sont liées à la levée de la dégénérescence en l des niveaux d’énergie des alcalins
(section 3.2), ce qui n’est pas le cas avec les hydrogénoïdes.
84 Certains états sont de faux triplets.
128 Physique atomique et spectroscopie optique
les deux séries de raies ne sont pas complètement fermées l’une par rapport à
l’autre, car on enregistre quelques transitions d’intercombinaison, notamment la
2 3 P1 → 1 1 S0 (He I 59 nm), observée initialement par Lyman et représentée sur la
figure 4.1 85 .
Le modèle quantique que nous allons présenter, bien que ne concernant outre l’hélium
que les atomes à deux électrons (par exemple Li+ , Be++ ), constitue néanmoins un
pas vers la description des atomes à plusieurs électrons.
85 Cette transition triplet-singulet, même si elle est peu probable, s’observe parce que son niveau
supérieur, le 2 3 P1 , situé (avec 2 3 S1 ) tout juste au dessus du fondamental (figure 4.1), est très
peuplé. En effet, l’intensité d’une raie dépend du produit de la probabilité de transition radiative
du niveau supérieur vers le niveau inférieur, Aji , par la densité de population Nj de ce niveau
(section 6.1). Gerhard Herzberg (prix Nobel de chimie 1971) (figure 27 de l’ouvrage cité) ne
représente pas cette transition sur son diagramme d’énergie de l’hélium, indiquant (1926) qu’il
s’agit d’une raie du néon : manifestement, il croyait à la "fermeture" des deux systèmes.
4− Spectroscopie de l’atome à deux électrons 129
Des particules sont indiscernables si en leur accolant une étiquette, on ne peut suivre
leur mouvement dans le temps : c’est le cas des particules quantiques en général car
leur fonction d’onde ayant tendance à s’étaler dans l’espace, on les "perd de vue"
individuellement s’il y en a plus d’une à suivre. À titre d’exemple, considérons deux
électrons et deux états quantiques a et b d’un même système. Si la particule 1 est
initialement "déposée" dans l’état a et la particule 2 dans l’état b, du fait que les
fonctions d’onde des deux particules vont rapidement se recouper (sinon se recou-
vrir), donc se "brouiller", une mesure ultérieure pourra donner la particule 1 dans
l’état a aussi bien que dans l’état b (avec une probabilité égale) : cela s’appelle une
superposition d’états. On aboutit ainsi au principe d’indiscernabilité.
Le principe d’indiscernabilité impose que les deux électrons de l’hélium puissent être
échangés sans que l’hamiltonien du système ne soit modifié, autrement dit :
sinon les électrons seraient discernables. Examinons les conséquences de cette pro-
priété sur la structure des fonctions d’onde.
Soit Ψ(1, 2; t), une solution de l’équation de Schrödinger de seconde espèce, qui
dépend des coordonnées des particules (incluant position, moment cinétique et spin)
et du temps : c’est la fonction d’onde complète. On écrit :
∂Ψ(1, 2; t)
i = Ĥ(1, 2)Ψ(1, 2; t) . (4.2)
∂t
Si les deux électrons occupent les positions inverses, toujours selon Schrödinger, on
a alors :
∂Ψ (2, 1; t)
i = Ĥ(2, 1)Ψ (2, 1; t) , (4.3)
∂t
mais le principe d’indiscernabilité (4.1) fait que l’hamiltonien ne doit pas être modifié,
de sorte que (4.3) peut aussi s’écrire :
∂Ψ (2, 1; t)
i = Ĥ(1, 2)Ψ (2, 1; t) . (4.4)
∂t
Toujours du fait de l’indiscernabilité, les fonctions solutions de (4.2) et (4.4) doivent
être telles que les probabilités de présence correspondantes soient égales entre elles :
|Ψ(1, 2; t)|2 = |Ψ (2, 1; t)|2 . Alors, de la structure des relations (4.2) et (4.4), il ressort
que ces deux solutions ne peuvent différer que par leur phase (une propriété qui se
perd quand on prend la norme de Ψ), et donc :
avec, impérativement, pour qu’un double échange des particules ramène à la fonction
de départ :
ei2α = 1 , (4.6)
d’où : α = 0 ou π . (4.7)
Deux solutions sont alors possibles pour la même valeur propre d’énergie : c’est la
dégénérescence d’échange. On peut donc écrire, soit :
Les particules indiscernables dont le nombre quantique de spin est un entier (les
bosons, par exemple le photon) possèdent une fonction d’onde complète qui est
symétrique.
86 L’intégrale sur toutes les positions du produit de deux fonctions d’onde appartenant à deux
états différents est nulle : c’est la propriété d’orthogonalité (lié au caractère borné en l’infini des
fonctions d’ondes).
132 Physique atomique et spectroscopie optique
ou, pour une notation plus explicite, avec Ψk (i) où i désigne la particule de numéro i
et k, l’état quantique (nlmms ) :
Une situation particulière du cas précédent (section 4.2.2) est celle où la corrélation
entre les spins est faible. Alors, la fonction totale de spin peut s’exprimer comme le
produit des fonctions individuelles de spin de chaque électron. Pour faire apparaître
les états singulets et triplets, il faudra symétriser la fonction complète de spin sous la
forme ϕA ou ϕS (4.21).
L’opérateur projection σ̂z agissant sur la fonction d’onde stationnaire σ du spin
conduit par définition à la valeur propre σ0 selon :
1
σ̂z σ = σ0 σ = ± σ . (4.22)
2
Nous noterons, σ1 , la fonction d’onde de spin de l’électron 1 ayant pour valeur propre
σ0 = +/2, et nous poserons σ1 , la fonction du même électron mais de valeur propre
−/2 ("spin vers le bas"). Voir l’exercice 4.1 pour une extension du formalisme de
Schrödinger à la fonction de spin.
134 Physique atomique et spectroscopie optique
Dans le cas de deux électrons sans interaction, les solutions possibles de ϕ sont :
indiquant qu’il y a quatre solutions (on peut le voir également d’après (4.23) qui
présente quatre solutions indépendantes). Par ailleurs, on a deux valeurs possibles
de spin total, S = 0 et S = 1 ; la seconde valeur correspond à trois projections
possibles de S, ce qui oblige à identifier l’état S = 1 avec la fonction symétrique
qui, seule, peut prendre trois valeurs distinctes. En effet, pour S = 1, la fonction
totale de spin σ1 σ2 correspond à un nombre quantique total de la projection des
spins ms = ms1 + ms2 = 12 + 12 = 1, alors que σ1 σ2 mène à − 12 − 12 = ms = −1 et
σ1 σ2 + σ1 σ2 à 12 + (− 12 ) + (− 12 ) + 12 = ms =0. Pour S = 0, la fonction totale
de spin σ1 σ2 − σ1 σ2 conduit bien à 12 + (− 12 ) − (− 12 ) + 12 = ms = 0, seule valeur
de projection autorisée puisque S = 0. Les trois fonctions symétriques totales de
spin forment donc un état triplet alors que la fonction antisymétrique donne un état
singulet.
Dans les présentes conditions de non-corrélation de spin entre deux électrons, il
est possible de représenter la fonction d’onde totale Ψ, parce que nécessairement
antisymétrique, comme un produit de la fonction totale de position par la fonction
totale de spin exprimée à partir des fonctions individuelles de spin (exercice 4.2).
Remarque : Cas particulier de deux électrons dans la même configuration orbitale ns,
c’est-à-dire dans la même sous-couche s 88 .
Ces électrons possèdent le même groupe de nombres quantiques nlml ; si, en plus, ils
avaient la même valeur de ms (par exemple, σ1 σ2 appartenant à une fonction totale de
spin ϕS ), la fonction complète, parce qu’elle est antisymétrique, serait nulle puisque
deux lignes du déterminant de Slater seraient semblables : ceci nous amène à rejeter
la fonction symétrique de spin pour l’état fondamental de l’hélium (configuration 1s2 ),
état qui doit donc êtun singulet 1 1 S0 car ms1 = 12 , ms2 = − 12 , comme le montre bien
la figure 4.1.
88 Deux ou plusieurs électrons appartiennent à une même sous-couche s’ils ont même valeur de n
et l ; ils sont alors qualifiés d’électrons équivalents (section 5.5.1).
4− Spectroscopie de l’atome à deux électrons 135
Les niveaux singulet et triplet vont apparaître par suite de l’interaction électronique
(de répulsion) entre les deux électrons de l’atome distants de r12 , l’indiscernabilité de
ceux-ci nous obligeant à les "confondre" au cours de ce calcul.
Pour résoudre l’équation (4.10), la présence du terme en 1/r12 d’interaction électro-
statique entre les deux électrons (perte de la simple dépendance en 1/r des hydrogé-
noîdes) nous conduit à utiliser une méthode de perturbation (indépendante du temps).
Dans ce qui suit, le calcul de perturbation implique deux niveaux d’approximation, ce
qui requiert que l’une des deux contributions, ici en énergie, soit beaucoup plus petite
que l’autre. Le calcul fait d’abord intervenir la plus importante contribution, qui mène
à l’approximation de niveau zéro, alors que la seconde entraîne une correction à la
première dite de niveau un. Plus concrètement, nous obtiendrons l’effet de l’énergie
potentielle d’interaction à l’approximation de niveau un. Nous ne pouvons pas affirmer
a priori que cette énergie potentielle d’interaction est petite devant l’énergie potentielle
coulombienne constituant le niveau zéro du calcul, d’autant plus qu’il y a un point
singulier en r12 = 0 : néanmoins, cette méthode, a posteriori, donne des résultats
acceptables par rapport aux valeurs mesurées. La correction résultant de l’interaction
spin-orbite serait de niveau 2, comparativement.
Dans cette approximation, les deux électrons étant sans interaction, ψT peut s’écrire :
solution que nous exprimons pour tenir compte du principe d’indiscernabilité sous
la forme de fonctions d’onde totale de position qui doivent être symétriques ou
antisymétriques :
1
ψT ± = √ [ψ1a ψ2b ± ψ2a ψ1b ] . (4.27)
2
L’énergie totale correspondante est alors :
E0 = Ea + Eb . (4.28)
Pour une même valeur du nombre quantique principal n, les valeurs de Ea et Eb sont
égales. Pour n = 1, cette valeur commune est l’énergie de l’hydrogénoïde Z = 2 dont
la valeur, obtenue de façon analytique, apparaît à la suite de la remarque 1 plus loin.
136 Physique atomique et spectroscopie optique
e2 ∗ 1
W12 = ψ ψT ± dτ1 dτ2 (4.29)
4π 0 T ± r12
où, selon la méthode habituelle, on calcule l’effet de l’opérateur de niveau 1 d’approxi-
mation sur les fonctions d’onde de niveau zéro 89 . Comme cet opérateur est unique-
ment dans l’espace des positions (pas de contribution de l’espace des impulsions), il
n’introduit aucune dérivée sous l’intégrale où nous pouvons donc mettre en évidence
la densité de probabilité :
e2 1
W12 = ψT∗ ± ψT ± dτ1 dτ2 . (4.30)
4π 0 r12
Notant que :
1
ψT∗ ± ψT ± = ∗
[(ψ1a ∗
ψ2b ∗
± ψ2a ∗
ψ1b )(ψ1a ψ2b ± ψ2a ψ1b )] (4.31)
2
1% 2 2 2 2 ∗ ∗ ∗ ∗
&
= (ψ1a ψ2b + ψ2a ψ1b ) ± ψ1a ψ2b ψ2a ψ1b ± ψ2a ψ1b ψ1a ψ2b (4.32)
2
où le signe + (fonction de position symétrique) entraîne que la fonction de spin est
antisymétrique, donc un état singulet. Noter que les deux termes soulignés sont égaux
du fait de l’indiscernabilité des électrons.
Nous distinguerons maintenant deux cas suivant que les deux électrons appartiennent
ou non à la même configuration orbitale (déterminée par les nombres quantiques n, l
et ml : la partie spatiale de Ψ) :
Cas général a = b
R R
!
2 2
1 2 2 e 2 2 e
W12 = ψ1a ψ2b dτ1 dτ2 + ψ2a ψ1b dτ1 dτ2
2 4π 0 r12 4π 0 r12
"
∗ ∗ e2
± 2 (ψ1a ψ2b )(ψ2a ψ1b ) dτ1 dτ2 . (4.33)
4π 0 r12
E
90 L’énergie électrostatique d’une charge q est le travail fourni par une charge q allant d’un point
r = r 1 à r = ∞, soit W = qϕ(r).
138 Physique atomique et spectroscopie optique
Remarques :
1. Calcul analytique des termes R et E
Il est explicité pour l’hélium dans Barchewitz (1971). Dans le cas particulier où
les deux électrons sont dans l’état fondamental, chaque fonction d’onde électro-
nique au niveau zéro d’approximation est celle de l’hydrogène, soit :
32
1 Z
ψ1,0,0 = √ exp(−ρ) (4.35)
π a0
où ρ = Zr/a0 mais cette fois avec Z = 2. Les indices de ψ sont successivement les
nombres quantiques n = 1, l = 0 et ml = 0. Dans ce cas particulier, Barchewitz
montre que l’intégration 91 de R et de E (4.33) donne :
5
R=E= Rμ hcZ , (4.36)
8
de sorte que l’expression (4.34), pour l’état singulet, conduit à :
W12 = 2R (4.37)
et, évidemment, pour l’état triplet :
W12 = 0 !
Pour l’état singulet du niveau fondamental, l’énergie totale comprend la contri-
bution du niveau zéro de l’approximation (3.40) et du niveau un (4.37), ce qui
fait que :
5 5
ET = −2Rμ hcZ 2 + Rμ hcZ = −Rμ hcZ 2Z − . (4.38)
4 4
Cette expression représente l’énergie à fournir pour ioniser complètement l’hélium,
c’est-à-dire lui enlever ses 2 électrons. Se rappeler à cet égard que −Rμ hcZ 2 est
l’énergie de l’état fondamental d’un hydrogénoïde (3.40), de sorte qu’au niveau
zéro d’approximation il faut −2Rμ hcZ 2 pour enlever les deux électrons dans l’état
fondamental de l’hélium. De la relation (4.38), on peut également déterminer,
en première approximation, l’énergie de première et de deuxième ionisation (voir
exercice 4.4).
91 Le calcul de l’intégrale ψ ∗ (r12 )−1 ψ dτ peut se faire analytiquement si on prend comme repère
du second électron la position du premier.
4− Spectroscopie de l’atome à deux électrons 139
État 1 1 S0 2 1 S0 2 3 S1
E (0)
Calcul −4,000 −2,500 −2,500
(Rμ hc)Z
ET
Calcul −2,750 −2,036 −2,124
(Rμ hc)Z
ET
Exper. −2,904 −2,147 −2,175
(Rμ hc)Z
2. L’intégrale E est nulle si les particules sont discernables car, alors, par hypothèse
∗
ψ1a ψ1b 0
dans tout élément de volume : la particule demeure dans un état d’énergie déter-
miné et identifiable, soit a, soit b.
3. C’est au niveau deux de la perturbation que l’on introduit généralement le couplage
spin-orbite.
Notre calcul au niveau un confond en un seul niveau (figure 4.2), sans les distinguer,
les différents sous-niveaux séparés en énergie du fait du couplage spin-orbite. C’est
140 Physique atomique et spectroscopie optique
Si l’un des états de la transition considérée est un singulet (ψ+ ) alors que l’autre
est un triplet (hypothèse d’une transition d’intercombinaison), nous pouvons ex-
pliciter (4.41) sous la forme :
∗
Anmx = (x1 + x2 )ψ+ ψ− dτ1 dτ2 . (4.42)
d’une fonction totale de position et d’une fonction totale de spin : dans le cas
contraire où c’est la fonction complète qui entre dans (4.42), les deux fonctions
étant antisymétriques, la permutation d’électrons ne produit rien de remarquable.
Le fait que la transition d’intercombinaison de mercure soit plus intense que celle
de l’hélium résulte de ce que l’énergie d’interaction spin-orbite individuelle aug-
mente avec le nombre d’électrons dans l’atome ; le couplage des électrons est alors
davantage de type j · j plutôt que L · S et la séparation de Ψ en un produit ψϕ
n’est plus correcte.
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Chapitre 5
Alors que les états d’énergie de l’atome d’hydrogène peuvent se calculer de façon
complètement analytique, pour maintenir cette approche dans le cas de l’atome d’hé-
lium nous avons dû recourir à une méthode de calcul dite de perturbation (chapitre 4).
Pour des atomes à plus de 2 électrons, cependant, une résolution numérique s’impose.
Le calcul de la configuration orbitale des électrons autour du noyau suppose que
la fonction d’onde totale de l’atome puisse s’exprimer comme le produit des fonc-
tions d’onde de chaque électron. À cette approximation de non-corrélation entre les
fonctions d’onde va s’ajouter, nous allons le préciser, le fait de ne pas prendre en
compte les interactions des électrons entre eux et avec leur spin, ce qui sera par
contre nécessaire ultérieurement pour le calcul des états d’énergie correspondants.
Dans ces conditions, les fonctions d’onde orbitales sont caractérisées par les seuls
nombres quantiques n et l (auxquels s’ajoutent les nombres ml et ms lorsqu’on veut
veiller à l’application du principe d’exclusion). En revanche, la détermination des états
d’énergie fera intervenir la somme, sous différentes formes selon le type de couplage
retenu, des moments cinétiques li et de spins si des électrons individuels pour en
arriver finalement au moment cinétique total J , qui fera apparaître la structure fine
du spectre. Les configurations orbitales ainsi obtenues donnent lieu à un regroupement
d’électrons en couches, caractérisées chacune par un même nombre quantique principal
n, et à l’intérieur de celles-ci, de sous-couches définies par une même valeur de moment
cinétique orbital l.
L’hamiltonien de l’équation stationnaire de Schrödinger décrivant l’énergie totale
de l’atome comprend, en plus de l’énergie cinétique de chaque électron, leur énergie
potentielle coulombienne dans le champ du noyau et l’énergie électrostatique répulsive
entre eux. L’hypothèse fondamentale de l’algorithme de résolution numérique retenu
144 Physique atomique et spectroscopie optique
dans ce qui suit consiste à remarquer, comme nous allons le justifier plus loin, que
la plus grande partie de la contribution d’énergie potentielle répulsive présente une
symétrie sphérique. Cette contribution-ci et celle de l’énergie potentielle coulombienne
vont former l’énergie potentielle totale définissant le niveau zéro d’approximation de
l’hamiltonien : les électrons se meuvent alors dans un potentiel moyen à symétrie
sphérique. Bien que l, ml et ms soient rarement, in fine, de bons nombres quantiques,
ils le sont au niveau zéro du calcul qui mène aux configurations orbitales des électrons.
À partir de là, en recourant, par exemple au modèle vectoriel (section 5.4), on peut
aisément identifier, pour tout type de couplage, les états d’énergie d’une configuration
orbitale donnée.
En ce qui concerne le calcul de la configuration orbitale, il convient de soulever les
questions suivantes :
Jusqu’à quel point peut-on déterminer les fonctions d’onde de chacun de ces élec-
trons sachant que l’état de l’atome n’est parfaitement décrit que par une seule
fonction d’onde totale et complète : exprimer cette dernière comme un produit de
fonctions électroniques individuelles de position revient à négliger les corrélations
entre électrons, ce qui ne peut être qu’une approximation, dont il nous faut établir
le degré de validité.
La notion de couches et de sous-couches qui découle des fonctions d’onde électro-
niques individuelles suffit-elle à expliquer la séquence de remplissage en électrons
des éléments du tableau périodique telle que nous la révèle la spectroscopie ato-
mique ? Autrement dit, les configurations orbitales ainsi obtenues en fonction de Z
rendent-elles compte des propriétés physiques et chimiques des éléments ?
Peut-on, avec des atomes à plusieurs électrons, continuer à parler (et dans quelles
conditions) d’orbites au sens de Bohr-Sommerfeld ?
Dans notre présentation, nous traiterons ces diverses questions en nous appuyant sur
les résultats acquis pour les atomes à un et à deux électrons ; c’est ainsi que nous
ferons un usage explicite du principe d’exclusion de Pauli, règle tirée de l’étude de
l’hélium au chapitre précédent.
n=1 l=0 (m = 0) ms = 12 1s H
l=0 (m = 0) ms = ± 12 1s2 He
n=2 l=0 (m = 0) ms = 12 1s2 2s Li
l=0 (m = 0) ms = ± 12 1s2 2s2 Be
n=2 l=1 (m = −1, 0, 1) ms = ± 12 1s2 2s2 2p1 . . . 2p6 B . . . Ne
...............
Cet ordre de remplissage correspond bien aux observations jusqu’à l’argon inclusive-
ment, soit :
1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 .
Une difficulté survient en effet avec l’électron de l’élément suivant, le potassium :
comme n = 3, la sous-couche l = 2 doit être maintenant envisagée si nous suivons
notre présente méthode de remplissage du tableau périodique. Le nouvel électron
devait donc se retrouver en 3d alors qu’il se place plutôt en 4s. Pour obtenir dès lors
le bon ordre de remplissage, il nous faudra compléter le principe de Pauli avec la
condition de minimum d’énergie exigeant que l’électron que l’on ajoute se dispose
dans la configuration assurant que l’atome ainsi formé soit dans un état de minimum
d’énergie par rapport aux diverses autres configurations autorisées par le principe
d’exclusion.
Nous allons maintenant décrire la méthode de résolution numérique dite de Hartree-
Fock. Ceci nécessite, au préalable, un retour sur l’équation de Schrödinger pour
préciser les différentes hypothèses menant aux approximations retenues pour en ob-
tenir la solution.
Chaque électron se meut dans le potentiel attractif du noyau (de charge Ze), plus
ou moins écranté par les (Z − 1) autres électrons, tout en subissant les forces ré-
pulsives électrostatiques de ces autres électrons ; par ailleurs, il est soumis à diverses
autres interactions dont la contribution en énergie va en décroissant : dans le cas du
couplage L · S, la contribution la plus importante après celle des forces répulsives
électrostatiques est due à l’interaction spin-orbite.
93 Pour une couche donnée (n fixé), le nombre total d’électrons pouvant s’y trouver (section 3.1.3)
n−1
est 2(2l + 1) = 2n2 .
l=0
94 Pour considérer que la séquence de remplissage se fait par l croissant, ignorant pour l’instant
les calculs développés plus loin (section 5.2), on peut aussi s’appuyer sur l’expression (2.76) de
Sommerfeld, vérifiée expérimentalement, donnant l’énergie En,k en y posant k = l + 1.
146 Physique atomique et spectroscopie optique
N
p2i
N
Ze2
N i−1
e2
H= − +
i=1
2me i=1 4π 0 ri i=1 j=1 4π 0 rij
N
si · li dVi (ri )
− + . . . (N ≤ Z) (5.1)
i=1
2m2e c2 ri dri
L’équation (5.1) peut se résoudre par voie d’approximations successives sur ses dif-
férents termes (par niveau décroissant de leur contribution en énergie) selon une
technique de perturbation stationnaire. Cette méthode de solution appliquée de façon
usuelle, sans autres formes, à l’équation (5.1) serait cependant inadéquate.
En effet, on ne saurait considérer le niveau zéro de la perturbation comme constitué
par le potentiel coulombien (central) et rajouter, au niveau un, successivement, le
potentiel répulsif de chaque électron avec ses congénères, au fur et à mesure que l’on
"dispose" (par valeurs croissantes de n et l) les électrons autour du noyau : bien
que l’énergie répulsive de chaque électron demeure petite devant l’énergie potentielle
du noyau, le total de cette énergie répulsive est du même ordre que la valeur de
l’énergie résultant de l’action du noyau sur eux (se rappeler la discussion à ce sujet
pour l’hélium, section 4.3). L’avantage de cette méthode incorrecte est évident : elle
permet d’utiliser au niveau un d’approximation, pour chaque électron, la fonction
hydrogénoïde du niveau zéro correspondant aux différents nombres quantiques n et
l de la configuration orbitale étudiée. Une telle approche est non seulement erronée
quant au principe même de la méthode de perturbation, mais elle conduit aussi à des
résultats qui sont contredits par l’expérience. En effet, elle mène à une séquence de
remplissage qui, pour chaque valeur de n, épuise toutes les valeurs permises de l par
valeurs croissantes, ce qui est contraire aux observations (se rappeler le cas du potas-
sium après l’argon, section 5.1). Cette méthode respecte, par ailleurs, implicitement
le principe du minimum d’énergie, ce qui montre bien que les valeurs d’énergie qu’elle
fournit sont erronées puisque les configurations calculées sont fausses.
La particularité du modèle de Hartree-Fock est fondée sur le fait que le terme
répulsif dans (5.1) peut se séparer en deux contributions distinctes :
une énergie potentielle de symétrie sphérique qui représente l’effet moyen des i − 1
autres électrons "intérieurs" sur l’électron i "extérieur" considéré. Ce terme contient
148 Physique atomique et spectroscopie optique
2 2
i
− ∇ ψT + Vj (rj )ψT = ET ψT . (5.2)
2me j=1 j
Les variables de cette équation, soit la fonction totale de position ψT , l’énergie totale
ET et les énergies potentielles Vj sont liées de façon auto-cohérente, c’est-à-dire par
une série d’équations formant un ensemble fermé que l’on parcourt en boucle. Un tel
système d’équations en boucle se prête naturellement à la résolution par une méthode
itérative : on utilise, au départ, de façon très approximative les fonctions d’onde
(0)
hydrogénoïdes pour calculer une première valeur de Vi (r) ; à partir de cette valeur,
on obtient une nouvelle série de fonctions d’onde (sous forme numérique) et on peut
(1)
calculer une nouvelle valeur de cette énergie potentielle, soit Vi (r). Au fur et à
mesure des itérations, les variables prennent des valeurs de plus en plus réalistes. Le
calcul s’arrête quand la valeur de Vi (r) varie d’une itération à la suivante moins que
le critère de précision qui a été fixé. Montrons tout d’abord que nous disposons d’un
système fermé d’équations.
96 Dans ce cas, l’approximation de niveau un est lié à l’intégrale d’échange ou de manière équivalente
au spin total S (par l’intermédiaire de la multiplicité 2S + 1 des niveaux) alors que le niveau
trois correspond au couplage L · S.
5− Atomes à plusieurs électrons 149
π 2π i−1
e
ρi (r) = − ψj∗ (r, θ, ϕ)ψj (r, θ, ϕ) sin θ dθ dϕ r2 dr . (5.3)
4πr2 dr
θ=0 ϕ=0 j=1
∇ · E = ρi / 0 . (5.4)
∇ · E dV = E · dS , (5.5)
Ω S=∂Ω
ρ
Er2 sin θ dθ dϕ = dV . (5.6)
0
S=∂Ω Ω
Dans le cas présent où le noyau est situé au centre de la sphère considérée (charge Ze
limitée en r = 0+ ) et en notant que E, projection de E suivant la normale à la surface
sphérique, ne dépend que de r, l’intensité du champ Ei agissant sur l’électron i en r
L’énergie potentielle moyenne Vi (r) est due aux i − 1 premiers électrons : l’électron i
est "déposé" dans ce potentiel.
1. Fonctions d’onde de départ pour calculer Vi (r)
Nous utilisons à cet effet les fonctions hydrogénoïdes de chaque électron, ce qui
revient à supposer que ceux-ci sont dans le champ attractif purement coulombien
−(Ze2 )(4π 0 r), sans interaction répulsive entre eux (dans ce cas, l’hamiltonien
permet de séparer la fonction d’onde totale en un produit de fonctions électroniques
individuelles). Pour les i − 1 premiers électrons, l’état du système est alors donné
par :
(0) (0) (0) (0)
ψT = ψ1 ψ2 . . . ψj . . . ψi−1 (5.9)
où les fonctions hydrogénoïdes sont spécifiées par les nombres quantiques 99 n et l
de la configuration orbitale considérée, complétés par les nombres ml et ms , le
principe d’exclusion étant respecté.
99 L’application directe du principe d’exclusion simplifie les calculs car elle évite d’avoir à travailler
avec des fonctions ayant une symétrie définie : Fock a montré, en utilisant des fonctions
complètes antisymétriques (par l’intermédiaire du déterminant de Slater), que l’erreur commise
en faisant appel plutôt au principe d’exclusion était faible (Eisberg, 1961).
5− Atomes à plusieurs électrons 151
Quant à l’énergie totale (membre de droite de (5.2)), elle est la somme des valeurs
propres individuelles d’énergie :
i−1
ET = Ej . (5.10)
j=1
L’état fondamental est celui dont la valeur d’énergie totale (5.10) est la plus faible,
en ayant tenu compte du principe d’exclusion de Pauli : on peut ainsi arriver
à déterminer le groupe des i − 1 fonctions propres donnant lieu à ce minimum
d’énergie. Le premier état excité est obtenu en suivant la même démarche et ainsi
de suite pour les autres états d’énergie.
2. Calcul de Vi (r)
Pour ce faire, nous recourons aux équations (5.3) pour déterminer ρi (r) et (5.7)
pour obtenir Ei (r), ce qui par (5.8) mène à Vi (r), qui est la fin du parcours de la
"boucle auto-cohérente" ; l’équation (5.2) est alors prête pour démarrer l’itération
suivante. Lors de la première itération, nous utilisons la fonction ψT de (5.9) et,
pour les itérations suivantes, celle de (5.11) (voir l’étape 3. qui suit).
(s)
3. Calcul itératif des fonctions d’onde ψj (j = 1, 2 . . . i)
Comme il s’agit d’états stationnaires, nous recourons à l’équation de Schrödin-
ger de première espèce. Celle-ci, en ajoutant un électron, à la fois, autour de
l’atome, a pour expression, rappelons-le :
2 2
i
− ∇ ψT + Vj (rj )ψT = ET ψT (5.2)
2me j=1 j
L’état recherché est celui qui, parmi les états autorisés par le principe d’exclusion,
minimise l’énergie totale.
où les fonctions Θlm (θ) et Φm (ϕ) sont les mêmes que celles obtenues pour les
atomes hydrogénoïdes : en effet, l’équation (5.12) se ramène à un hamiltonien à
potentiel central. Comme nous l’avons déjà discuté en section 3.2, le fait que ce
potentiel central ne soit pas coulombien n’empêche pas d’obtenir le même type
de séparation qu’en (5.14), seule la fonction Rnl (r) sera différente : dans ces
conditions, il n’y a plus dégénérescence de l’énergie quant au nombre quantique l.
(s)
Les fonctions Rnl (r), sous forme numérique cette fois, sont donc le véritable objet
du calcul de Hartree-Fock.
4. Test de convergence 100
(s) (s−1)
Si |Ei − Ei |> où représente la précision recherchée, on doit continuer
l’itération :
(s)
en portant les fonctions ψj dans l’équation (5.3), pour obtenir, en passant
(s+1)
par (5.7) et (5.8), une nouvelle valeur du potentiel moyen Vi agissant sur
l’électron i du fait des i − 1 autres électrons,
puis en recourant à (5.12) pour obtenir une nouvelle valeur de la fonction d’onde
(s+1)
de l’électron i, soit ψi , à partir de laquelle on pourra connaître la valeur
(s+1)
propre Ei = i(s + 1)|Ĥ|i(s + 1).
(s) (s−1) (s) (s)
Lorsque |Ei − Ei | < , on arrête le calcul et on imprime Ei , ET et Rnl (r)
pour les électrons correspondants.
5. Si i < Z, faire i + 1 et retourner en 1
Remarque : Le calcul auto-cohérent détermine pour chaque électron l’énergie po-
tentielle moyenne Vi (r), dû aux (i − 1) premiers électrons, qui agit sur l’électron i.
Cependant, on trouve, dans la pratique, que les Vi (r) sont peu différents les uns
des autres (i = 1 . . . Z), de sorte qu’en première approximation, on peut utiliser
une même fonction V (r) pour tous les électrons.
100 Dans une variante de sa méthode, Hartree vérifie la convergence sur les fonctions d’onde elles-
mêmes.
5− Atomes à plusieurs électrons 153
La remarque précédente nous permet donc d’entamer le processus itératif avec une
seule fonction V (r) pour tous les électrons. Ce résultat justifie la possibilité de définir
une charge effective, Z(r), par la relation :
Z(r)e2
V (r) ≡ − , (5.15)
4π 0 r
où V (r) est une fonction décroissant avec r croissant, plus rapidement qu’un poten-
tiel coulombien (dont la variation est en 1/r), puisque Z(r) est aussi une fonction
décroissante en r (voir figure 5.1) : cette plus rapide décroissance du potentiel du
noyau résulte de l’effet d’écran des électrons l’entourant.
Remarque : Dans ce cas, les équations de Schrödinger individuelles (5.12) ont
toutes le même potentiel V (r), mais les fonctions d’onde sont différentes, chacune
correspondant à une orbitale donnée. On veillera à ce que le principe d’exclusion soit
respecté.
La fonction Z(r) est représentée à la figure 5.1 dans le cas de l’atome d’argon dans
la configuration excitée 3p5 4s. Examinons la charge Z(r) que ressent l’électron 4s
suivant la position radiale.
154 Physique atomique et spectroscopie optique
Lorsque cet électron est situé près du noyau (r → 0), la charge ressentie est celle
du noyau dans sa totalité (Z = 18 dans le cas de l’atome d’argon).
Dans le cas où cet électron est très loin du noyau (r → ∞), le nuage électronique
des (Z − 1) autres électrons fait écran à la quasi-totalité de la charge nucléaire, de
sorte qu’il est soumis au potentiel −e2 /(4π 0 r), correspondant à Z = 1.
Pour l’électron i dans une position intermédiaire (0 < r < ∞), la charge effective
ressentie du fait de l’écrantage du potentiel coulombien du noyau par les (i − 1)
autres électrons est approximativement [Z − (i − 1)]e.
Nous avons vu en section 3.1.4 que la probabilité qu’un électron dans un état nlm se
trouve spatialement dans un domaine délimité par les sphères de rayon r, r + dr est :
π 2π
∗
Π(|r|, |r + dr|) ≡ Pnl (r) dr = ψnlm ψnlm r2 sin θ dθ dϕ dr (5.16)
0 0
Après ces rappels sur les diverses probabilités radiales, examinons les résultats du
calcul de Hartree.
5− Atomes à plusieurs électrons 155
Figure 5.2 – Densité de probabilité radiale Pnl (r) telle que calculée par la
méthode de Hartree [5] pour l’atome d’argon dans l’état fondamental : les
sous-couches, y compris les plus extérieures (n = 3), sont toutes remplies.
Figure 5.3 – Densité de probabilité radiale Pnl (r) pour les sous-couches
pleines et densité de probabilité radiale totale P (r) (trait épais) pour l’ion
rubidium telles que calculées par Hartree [6].
156 Physique atomique et spectroscopie optique
où A est une constante. La figure 5.4 montre que l’énergie potentielle moyenne d’un
électron 2s est beaucoup plus négative que celle d’un électron 2p.
L’énergie totale Enl croît (devient moins négative) avec l croissant (n fixe)
En introduisant la charge effective dans l’expression pour l’énergie totale d’un hydro-
génoïde, nous obtenons une première approximation de l’énergie En :
2
μ∗ Z(rn )e2
En − . (5.24)
32π 2 20 2 n2
Pour un n donné, la relation (5.24) indique que l’énergie est d’autant plus négative
du fait de Z(r) qu’on est plus près du noyau. Par ailleurs, nous avons constaté
précédemment, en examinant la séquence de remplissage des premiers éléments du
tableau périodique, que, pour n donné, plus l augmente plus les électrons s’éloignent
du noyau, donc que leur énergie diminue (devient moins négative) avec l. Nous
pourrions cependant en douter en regardant l’ion rubidium (figure 5.3) : comme nous
l’avons fait remarquer déjà, le maximum principal de densité de probabilité de la sous-
couche l = 0 (n = 3) est en effet situé à une plus grande valeur du rayon que celui
de la sous-couche 3d (l = 2). Cela ne suffit cependant pas pour conclure en matière
d’énergie totale car il nous faut encore noter que :
quant à l’énergie potentielle,
la fonction l = 0 (3s), dans le cas du Rb+ , possède son premier mini-maximum
plus près radialement du noyau que le premier mini-maximum de la fonction 3p.
On pourrait en effet montrer que pour r a0 (au voisinage immédiat du noyau) :
2l
r
ψ∗ ψ ∝ , (5.25)
a0
de sorte que : |ψl=0 |2 |ψl=1 |2 |ψl=2 |2 .
Comme c’est dans la région r 0 que l’énergie potentielle V (r) possède sa plus
grande valeur négative, l’électron l = 0 y ayant la plus grande probabilité de
présence, c’est cet électron qui est doté de l’énergie potentielle la plus négative.
Cela est bien illustré sur la figure 5.4.
quant à l’énergie cinétique,
elle est plus grande (positivement !) pour un état l = 0 que pour un état l = 1
parce que l’électron s est soumis à une plus grande attraction du noyau, de sorte
que pour ne pas "tomber" sur ce dernier, il doit "tourner" plus vite.
Cependant, au total, dans le cas présent, l’énergie potentielle l’emporte sur l’énergie
cinétique de sorte que l’énergie totale est effectivement plus négative pour l = 0 que
pour l = 1.
Remarque : Dans le cas du potentiel coulombien des hydrogénoïdes, l’augmentation
en valeur négative du potentiel pour l = 0 comparativement à l = 1 se compense
exactement par l’accroissement positif de l’énergie cinétique de sorte que l’énergie
totale demeure constante, d’où la dégénérescence en l.
160 Physique atomique et spectroscopie optique
101 Dimitri Ivanovitch Mendeleïev (1834-1907). La première version de son Tableau date de 1869.
On peut se demander pourquoi Dimitri Ivanovitch n’a pas reçu le prix Nobel de physique ou de
chimie (tous deux instaurés en 1901) pour cette contribution remarquable.
5− Atomes à plusieurs électrons 161
Principes de remplissage
On peut aussi penser, de façon équivalente, qu’on procède à la formation d’un atome
très lourd, comme l’uranium.
Couche K (n = 1) 102
1er électron : de nos résultats antérieurs (notamment pour l’hydrogène), il est clair
que l’état de minimum d’énergie est en 1s.
2e électron : l’arrivée du deuxième électron modifie légèrement l’état d’énergie du
premier électron. C’est la situation de l’hélium, et ce deuxième électron ne peut
que se placer en 1s également : seul l = 0 est permis pour n = 1 ; cette disposition
est, par ailleurs, autorisée par le principe d’exclusion.
Les éléments de la première couche (Z = 1 et Z = 2) sont donc :
1 H 1s
2 He 1s2 ← La couche, en même temps sous-couche unique,
est complète. Il faut passer à n = 2.
102 Notation dite de Auger (électron donnant lieu au rayonnement-X) utilisée dans le cas d’un
atome à Z grand (par exemple W). L’émission Kα correspond à une transition de la couche L à
la couche K et Kβ de M à K.
5− Atomes à plusieurs électrons 163
5 B 1s2 2s2 2p
6 C 1s2 2s2 2p2
7 N 1s2 2s2 2p3
8 O 1s2 2s2 2p4
Halogène 9 F 1s2 2s2 2p5
Gaz rare 10 Ne 1s2 2s2 2p6 ← sous-couche 2p complète et fin de la couche
Alcalin 37 Rb . . . . . . . . . . . . (Kr) 5s
Al.-ter. 38 Sr . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 ← sous-couche 5s complète
39 Y . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 4d ← retard (systématique)
40 Zr . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 4d2 d’une couche pour l’état d
variation 41 Nb . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s1 4d4 ← (aussi appelé colombium)
42 Mo . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s1 4d5
variation 43 Tc . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 4d5
44 Ru . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s1 4d7
45 Rh . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s1 4d8
46 Pd . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s0 4d10 ← sous-couche 4d complète
47 Ag . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s1 4d10
48 Cd . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 4d10 ← sous-couches 5s et 4d
complètes (2e série
de 4d10 , on passe à 5p au lieu de 4f intercalaire : Z = 39 à 48)
Gaz rare 54 Xe . . . . . . . . . . . . . . . . . 5s2 4d10 5p6 ← sous-couche 5p complète,
fin de la période
70 Yb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6s2 5d0 4f 14
71 Lu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6s2 5d1 4f 14
72 Hf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6s2 5d2 4f 14 sous-couche 5d et
80 Hg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6s2 5d10 4f 14 ← 4f complètes
Gaz rare 86 Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6s2 6p6 5d10 4f 14 ← sous-couche 6p com-
plète : fin de période
sorte la sous-couche (n − 1)d des "influences" extérieures. Ceci se traduit par une
certaine uniformité dans les propriétés physico-chimiques des éléments qui résultent
du remplissage retardé d’une même sous-couche d. Leurs propriétés dépendent en effet
peu du nombre exact d’électrons que contient la sous-couche retardée : par exemple,
ces éléments ont à peu près tous le même potentiel d’ionisation, comme le montre la
figure 5.6.
Remarques :
Le tableau périodique se termine en Z = 92 (en ce qui concerne les éléments que
l’on trouve naturellement, par opposition à ceux produits dans un accélérateur),
non pas pour des raisons de configuration électronique, mais à cause de l’instabilité
des noyaux pour Z > 92.
Si les fonctions d’onde complètes n’étaient pas antisymétriques, tous les électrons
iraient dans la sous-couche 1s : il n’y aurait plus de chimie !
Pour déterminer les états d’énergie correspondant aux configurations orbitales que
nous venons d’établir, il nous faut additionner les divers moments cinétiques du
système (suivant un ordre qui dépend du type de couplage entre ces moments). Pour
conserver un sens physique à ces moments cinétiques résultants, nous allons présenter
un modèle vectoriel décrivant leur addition. Nous avons déjà anticipé sur un tel modèle
lorsque nous avons voulu déterminer les nombres quantiques résultant de la somme
de deux d’entre eux, par exemple, pour en calculer les valeurs de la somme J = L + S
(section 1.4, couplage L · S).
Il s’agit d’une méthode semi-classique de représentation où l’on traite les opérateurs
quantiques de moment cinétique comme s’ils étaient des vecteurs ordinaires, tout en
tenant compte cependant de la quantification de leur norme, ce qui détermine leurs
l’opérateur moment cinétique ĵ est représenté
valeurs permises de projection. Ainsi,
par un vecteur j dont la norme est j(j + 1), où j est le nombre quantique corres-
pondant. Ses projections mj sont définies par la règle générale (section 3.3) qui veut
que la plus grande valeur de la projection soit mj = j et que cette valeur décroisse
d’une unité à la fois pour atteindre finalement mj = −j.
Pour illustrer la relation entre le moment cinétique total J du système avec ceux de ses
constituants j, considérons deux électrons en rotation autour d’une origine commune
comme le montre la figure 5.7a. Si le moment cinétique (en ignorant le spin) du premier
électron est l1 et celui du deuxième électron l2 , alors on peut exprimer la norme du
vecteur résultant L = l1 + l2 comme :
L · L = (l1 + l2 )2 = l21 + l22 + 2l1 · l2 . (5.26)
La figure 5.7b montre que les vecteurs l1 et l2 entrant dans la composition du vecteur-
somme L ne sont pas fixes dans l’espace relativement à ce dernier, donc ne sont pas
des constantes du mouvement. Par contre, leur projection sur l’axe du vecteur-somme
forme la projection totale Lz qui, conjointement avec la norme de L2 , confirment que
L est une constante du mouvement. En effet, les opérateurs correspondants L̂z et
L̂2 commutent avec l’hamiltonien du système au niveau d’approximation considéré
(niveau 2 en tenant compte de l’énergie électrostatique individuelle).
5− Atomes à plusieurs électrons 169
Comme 2l1 · l2 = 2|l1 ||l2 | cos θ dans l’équation (5.26), on peut écrire :
L(L + 1) − l1 (l1 + 1) − l2 (l2 + 1)
cos θ = (5.27)
2 l1 (l1 + 1) l2 (l2 + 1)
L’équation (5.27) indique bien que toutes les orientations des vecteurs ne sont pas
permises puisqu’elles sont limitées par les valeurs que peuvent prendre les nombres
quantiques L, l1 et l2 . Les différentes valeurs de L s’obtiennent de la façon suivante : sa
plus grande valeur est celle survenant lorsque les deux vecteurs l1 et l2 sont parallèles,
soit |l1 + l2 |, et sa plus petite valeur lorsqu’ils sont anti-parallèles, soit |l1 − l2 |, les
valeurs intermédiaires étant chacune séparées d’une unité (section 3.3).
Figure 5.8 – Schéma décrivant l’addition des vecteurs d’un système à deux
électrons conduisant, par couplage L · S, au vecteur-somme, J . Les vecteurs
entrant dans la composition d’un vecteur-somme ne sont alors plus des
constantes du mouvement. Se rappeler, par ailleurs, que ces vecteurs sont
quantifiés : ainsi la norme du vecteur J est égale à la racine carrée de la valeur
ˆ2
moyenne de l’opérateur J dans un état propre correspondant à la valeur
propre J(J + 1), soit J(J + 1).
Comme l’énergie totale de l’atome peut se répartir, en regard des transitions optiques,
en une partie constante (énergie liée aux électrons des sous-couches complètes non
affectées par les transitions considérées) et en une partie variable (liée aux électrons
optiques), il suffira donc de se rapporter aux énergies des électrons optiques individuels
pour caractériser les transitions.
105 Dans cette approximation, rappelons-le, tous les moments cinétiques individuels sont des
constantes du mouvement ; ainsi, par exemple, le moment cinétique l.
172 Physique atomique et spectroscopie optique
106 La fonction d’onde complète est alors exprimée comme le produit de la fonction totale de position
par la fonction totale de spin (section 4.2.2).
5− Atomes à plusieurs électrons 173
Remarques :
L’existence d’un couplage de type L · S signifie que l’addition des moments de
spin individuels formant S puis celle des moments cinétiques orbitaux individuels
conduisant à L représentent des couplages plus forts que le couplage spin-orbite
l · s de chaque électron.
La méthode de perturbation stationnaire (annexe A17) peut être utilisée pour
calculer la contribution en énergie des différents niveaux d’approximation de l’ha-
miltonien.
5.5.1. Le couplage L · S
et, vectoriellement (par analogie avec le cas de la spire), nous avons bien (5.28) :
e
μl = − L.
2me
Remarques :
À ce moment magnétique est associé un champ magnétique dont l’EM classique
nous donne les composantes (Lorrain et Corson, 1979) : pour R r (R est
la distance du centre de la spire au point de mesure du champ et r est le rayon
de la spire) :
μ0 2μl μ0 2μl
Br = cos θ Bθ = sin θ Bϕ = 0 . (5.31)
4π R3 4π R3
On peut donc voir le moment μl comme un terme source à partir duquel on
peut calculer B.
Si l’on introduit le magnéton de Bohr :
e
μB ≡ (5.32)
2me
et le facteur de Landé orbital gl , alors on peut écrire (5.28) sous la forme :
μB
μl = −gl L, (5.33)
La valeur minimale de cette énergie (sa plus grande valeur négative) s’obtient
pour θ = 0, c’est-à-dire quand μ et B sont parallèles : on s’attend, en effet,
à ce que le champ magnétique cherche à faire en sorte que μ lui soit parallèle
(situation de minimum d’énergie). L’énergie ΔE est donc ce qu’il faut fournir
pour donner un angle θ au moment magnétique μ par rapport à B. Noter que le
symbole ΔE ne représente pas ici une valeur différentielle mais une valeur faible
d’énergie (en fait, plus loin, c’est une valeur de niveau trois par rapport au niveau
zéro d’approximation).
où V (r) est l’énergie potentielle découlant de la force exercée par la charge cou-
lombienne du noyau sur l’électron.
107 Le formalisme de Dirac prévoit que gs vaut rigoureusement 2. Par contre, l’électrodynamique
quantique rend compte correctement de la valeur expérimentale.
176 Physique atomique et spectroscopie optique
Remarques :
Règle d’intervalle d’énergie de Landé
La relation (5.40) définit la structure fine de l’atome. Comme nous allons le
montrer, elle introduit un ensemble d’états d’énergie dont la multiplicité cor-
respond aux différentes valeurs de J pour des valeurs fixes (en norme) de L
et S, mais d’orientations spatiales différentes. Montrons-le en établissant la règle
d’intervalle d’énergie de Landé , notant que (5.40) est de la forme :
ce qui montre, tel qu’illustré sur la figure 5.9, que la différence d’énergie entre
deux niveaux consécutifs d’un multiplet est proportionnelle à la plus grande des
deux valeurs de J en jeu.
Une notation stricte devrait réserver l’emploi des vecteurs l et s pour décrire
l’électron individuel, réservant L et S pour des sommes de moment cinétique
orbital et de spin avec J = L + S. Le couplage spin-orbite individuel se
représenterait dans ces conditions par l + s = j.
Cette section repose sur l’hypothèse d’un couplage entre électrons de type L · S, mais
certains résultats sont transposables aux autres types de couplage.
La détermination des niveaux d’énergie de l’atome suivant les niveaux successifs
d’approximation de l’hamiltonien produit, comme nous l’avons montré (figure 5.9), des
résultats suffisamment systématiques et cohérents pour arriver à une représentation
bien sûr qualitative, mais générale, des niveaux d’énergie (désignation et position
relative en énergie). Ces résultats sont acquis sans avoir à effectuer le calcul exact pour
chacune des configurations orbitales des différents atomes (les mêmes considérations
pour le couplage j · j seront présentées en section 5.5.2).
178 Physique atomique et spectroscopie optique
cinétique orbital total L. Le minimum d’énergie (section 5.5) est pour la plus grande
valeur de L (voir note 108 de bas de page).
couplage L · S (niveau trois) : pour un multiplet donné (c’est-à-dire L et S sont
fixés), l’état de plus faible J est celui de plus faible énergie (aucune des sous-couches
incomplètes n’est plus qu’à moitié remplies)108 . Quant à la séparation en énergie
entre deux niveaux consécutifs J et J +1 des multiplets, elle suit la règle de Landé :
elle est proportionnelle à J + 1.
Second exemple : électrons optiques 2p 3p 4d
Il s’agit toujours d’électrons non équivalents. Dans le cas de couplage entre trois
électrons ou plus, on en combine d’abord deux ensemble pour déterminer leurs états
d’énergie correspondants, puis on couple le troisième électron à chacun des niveaux
précédents . . .
Spin total
Pour 2p 3p, cela donne S = 0 ou 1, et on rajoute l’électron 4d :
"
S = 0 + s = 12 → S = 12 deux états "doublets" et
S = 1 + s = 12 → S = 12 , 32 un état "quadruplet".
Couplage L · S
a) pour les doublets (S = 12 ), les termes sont :
2 2 2 2 2
S 21 P 32 , 12 D 52 , 32 F 72 , 52 G 92 , 72
2 3 1 2 5 3 2 7 5
P2,2 D2,2 F2,2
2
D 52 , 32 ,
2p 3p 4d
1
de S = 0 avec s = 2 ↑ ↓ ↑ ( ↑ ↓ ↓ également)
1
de S = 1 avec s = 2 ↑ ↑ ↓
d’où une éventuelle différence quant à l’action d’un champ magnétique appliqué
sur ces électrons.
Les flèches indiquent notre choix pour l’état 3 P2 . Un autre choix est possible
(sauf pour 0 0 que nous devons conserver pour d’autres états).
Les lignes non encore utilisées du tableau 5.2 sont :
MJ ML MS
1 0 1 ←
0 0 0 (2 fois)
0 −1 1 ←
−1 −1 0 ←
Remarque : Il existe des méthodes générales pour déterminer les états permis des
électrons équivalents, méthodes qui s’appuient soit sur la théorie des groupes, soit sur
le fait que la fonction d’onde totale doit être antisymétrique. Le tableau 5.3 présente
les états permis pour les configurations orbitales les plus courantes de tels électrons.
Ce tableau nous montre que pour q électrons équivalents d’une sous-couche pouvant en
contenir r, les états d’énergie possibles sont les mêmes que pour r−q électrons : c’est un
effet remarquable du principe d’exclusion, limitant le nombre d’états qui, autrement,
irait en augmentant avec le nombre d’électrons dans la sous-couche. L’exercice 5.6
procède à la détermination des états permis pour la configuration np3 d’électrons
équivalents.
Exemple : n sp3 d
Pour les électrons équivalents p3 , le tableau 5.3 donne les états 2 P , 2 D et 4 S. On
ajoute ensuite l’électron s non équivalent aux précédents d’où :
#
2 S = 1 → 3 P2,1,0
P + s → S = 12 ± 12
S = 0 → 1 P1
# 3
2 D3,2,1
D + s → S = 12 ± 12 1
D2
#
4 S = 2 → 5 S2
S + s → S = 32 ± 12
S = 1 → 3 S1
184 Physique atomique et spectroscopie optique
Électrons équivalents
Configuration
États correspondants autorisés
électronique
s2 1
S
p2 1
S, 1 D, 3 P
p3 2
P , 2 D, 4 S
p4 1
S, 1 D, 3 P
p5 2
P
p6 1
S
d2 1
S, 1 D, 1 G, 3 P , 3 F
d3 2
P , 2 D(2), 2 F , 2 G, 2 H, 4 P , 4 F
d4 1
S(2), 1 D(2), 1 F , 1 G(2), 1 I, 3 P (2), 3 D, 3 F (2),
3
G, 3 H, 5 D
d5 2
S, 2 P , 2 D(3), 2 F (2), 2 G(2), 2 H, 2 I, 4 P ,
4
D, 4 F , 4 G, 6 S
f2 1
S, 1 D, 1 G, 1 I, 3 P , 3 F , 3 H
f3 2
P , 2 D(2), 2 F (2), 2 G(2), 2 H(2), 2 I, 2 K, 2 L,
4
S, 4 D, 4 F , 4 G, 4 I
Configuration
États correspondants
électronique
1
ss S, 3 S
1
sp P , 3P
1
sd D, 3 D
1
pp S, 1 P , 1 D, 3 S, 3 P , 3 D
1
pd P , 1 D, 1 F , 3 P , 3 D, 3 F
1
dd S, 1 P , 1 D, 1 F , 1 G 3 S, 3 P , 3 D, 3 F , 3 G
2
sss S(2), 4 S
2
ssp P (2), 4 P
2
ssd D(2), 4 D
2
spp S(2), 2 P (2), 2 D(2), 4 S, 4 P , 4 D
2
spd P , 2 D, 2 F , 2 P , 2 D, 2 F , 4 P , 4 D , 4 F
2
ppp S(2), 2 P (6), 2 D(4), 2 F (2), 4 S(1), 4 P (3), 4 D(2),
4
F (1)
2
ppd S(2), 2 P (4), 2 D(6), 2 F (4), 2 G(2), 4 S(1), 4 P (2),
4
D(3), 4 F (2), 4 G(1)
2
pdf S(2), 2 P (4), 2 D(6), 2 F (6), 2 G(6), 2 H(4), 2 I(2),
4
S(1), 4 P (2), 4 D(3), 4 G(3), 4 H(2), 4 I(1)
5− Atomes à plusieurs électrons 185
et, finalement, on complète avec l’électron d : par exemple, pour 3 P2,1,0 +d, S = 1± 12 :
! 4
F 29 , 72 , 52 , 32 4 D 72 , 52 , 32 , 12
3 4
S = 2 , soit L avec L = 1 + 2 → |1 − 2| : 3, 2, 1 4 5 3 1
P2,2,2
S= 1
2 , soit 2 L avec L = 1 + 2 → |1 − 2| : 3, 2, 1 . . .
et ainsi de suite pour les cinq autres états provenant de la configuration sp3 , soit 1 P1 ,
3
D3,2,1 , 1 D2 ,5 S2 , et 3 S1 , auxquels on ajoutera l’électron d.
Couplage L · S
(structure fine)
Le niveau trois d’approximation sépare les niveaux d’énergie du niveau deux, encore
plus faiblement que précédemment, cette fois en 2S + 1 ou 2L + 1 états d’énergie
suivant que L ≥ S (vrai multiplet) ou L < S (faux multiplet) : le nombre de termes J
est, de ce fait, la plus petite des valeurs de 2S + 1 ou de 2L + 1. À titre d’exemple,
pour p3 , nous avons le terme 4 S 23 , où L < S (faux quadruplet), de sorte que 2L+1 = 1
et effectivement il n’y a qu’une seule valeur de J.
186 Physique atomique et spectroscopie optique
Règle de Landé
La séparation en énergie entre deux niveaux consécutifs d’un multiplet est propor-
tionnelle à la plus grande des deux valeurs de J du multiplet (section 5.5.1).
Nous reprenons dans ce qui suit, en les précisant davantage, les règles de sélection
présentées une première fois en section 1.1.3. À titre d’exemple de leur application,
nous considérerons ensuite les transitions entre la première configuration (orbitale)
excitée de Ar I et sont état fondamental.
109 L’examen du diagramme d’énergie du Ne I (figure 1.21) montre que cette règle n’est pas toujours
respectée, par exemple pour la configuration 2p5 3p.
5− Atomes à plusieurs électrons 187
111 L’application de la règle sur les valeurs de MJ permises lors d’une transition présuppose que
la dégénérescence en énergie correspondant au nombre quantique J a été levée, par un champ
électrique ou magnétique.
5− Atomes à plusieurs électrons 189
La figure 5.10 indique la position, telle qu’observée des niveaux d’énergie de la confi-
guration 3p5 4s de l’argon. Nous pouvons noter que les règles de Hund sont satisfaites,
mais non celle de Landé. En effet, la différence d’énergie entre les états 3 P2 et 3 P1
devrait être le double de celle entre les états 3 P1 et 3 P0
Remarques :
1. La raie Hg I 254 nm (6 3 P10 − 6 1 S0 ) 112 est une raie de résonance bien qu’il s’agisse
d’une transition d’intercombinaison (figure 2.9). Cela tient à ce que c’est le cou-
plage de type j − j plutôt que L · S qui s’applique à un atome si lourd.
2. L’existence de la transition d’intercombinaison He I 59 nm (3 P1 − 1 S0 ) pose un
certain problème car les propriétés du couplage L · S devraient s’appliquer (atome
à faible Z), dont la règle ΔS = 0. Cette raie est cependant d’intensité très faible.
Voir l’explication page 128 (note 85 de bas de page) et page 140 (remarque 4).
3. Le degré d’observance des règles de sélection permet parfois de se faire une idée
de la plus ou moins grande efficacité de l’excitation ou de la désexcitation colli-
sionnelle d’un état d’énergie (voir remarque 2, page 78).
5.5.2. Le couplage j − j
Spin-orbite individuel
Le niveau un d’approximation sépare l’état d’énergie obtenu au niveau zéro d’ap-
proximation de l’hamiltonien (pour une configuration donnée d’électrons optiques) en
autant de sous-états d’énergie qu’il y a de groupes différents (j1 , j2 . . . jv ) que l’on
peut former avec les v électrons optiques de la configuration (quand il s’agit d’électrons
équivalents, il faudra tenir compte du principe d’exclusion) : pour v électrons optiques
non équivalents, le nombre maximal d’états différents est 2v .
La plus faible valeur en énergie d’un multiplet normal (même définition qu’en couplage
L · S) correspond à la plus faible valeur de J (sauf exception : par exemple Pb,
figure 5.13).
On obtient finalement 12 niveaux, comme le montre la figure 5.12. On vérifiera que ce
nombre de niveaux d’énergie auquel on aboutit est le même, pour une configuration
donnée, que ce soit en couplage L · S (figure 5.9) ou en couplage j − j, puisqu’à la
fin, c’est J , dans les deux cas, qui est la constante du mouvement.
Remarques :
Le passage du couplage L · S au couplage j − j en fonction de Z croissant se
manifeste de façon particulièrement progressive si l’on considère les éléments du
groupe ayant pour première configuration excitée l’orbitale ps : on passe ainsi de
pur couplage L · S (carbone) à pur j −j (plomb), comme le décrit la figure 5.13. Par
contre, on montrerait que les niveaux d’énergie appartenant à la configuration fon-
damentale np2 de ces mêmes atomes sont bien mieux rendus par un couplage L · S,
même pour l’atome de plomb d’un Z pourtant fort élevé. Cela vient de ce que les
deux électrons p demeurent alors fortement couplés entre eux, indépendamment de
la valeur de Z de leur atome.
De façon générale, il est assez rare que la structure fine puisse être décrite parfaite-
ment par le couplage L · S ou par le couplage j − j, parce que les énergies relatives
des différents types d’interaction ne se répartissent pas toujours suivant les niveaux
d’approximation attendus. Cependant, dans la majorité des cas, le couplage L · S
est adéquat sinon quantitativement, du moins qualitativement.
5− Atomes à plusieurs électrons 193
Un type particulier de couplage apparaît s’il y a plusieurs électrons groupés dans une
sous-couche incomplète (l = 0) "entourée" par un électron optique très "éloigné",
comme c’est le cas des premières configurations excitées des gaz rares (par exemple
3p5 4s, 3p5 4p) : les électrons groupés sont couplés L · S entre eux (Lc , Sc , l’indice c
pour désigner le "cœur" de charges ainsi formé par ces électrons) avec une résultante Jc
qui se couple avec le j de l’électron qui "bouge".
Ce type de couplage a été introduit par Racah pour tenir compte de la situation
particulière des gaz rares du fait que pour l’électron optique extérieur (excité) :
le potentiel répulsif qu’il subit des cinq autres électrons lui apparaît presque de
symétrie sphérique : la sous-couche est en effet quasi complète et, de surcroît, dans
les faits, l’électron optique extérieur se trouve assez loin des électrons optiques p.
Cette symétrie sphérique du potentiel ressenti par l’électron extérieur montre bien
que cet électron ne peut être lié avec les autres électrons de la sous-couche p dans
un couplage L · S.
aussi parce que l’électron s ainsi excité dans les gaz rares manque à la sous-couche
précédente pour la fermer, de sorte qu’à la différence de l’électron des atomes
alcalins, il demeure très lié à son atome d’origine.
Au total, il y a donc couplage de l’électron excité dont le bon nombre quantique
est j, avec les cinq électrons p (couplés L · S entre eux). La configuration orbitale p5
constitue l’ion parent (ou cœur) et elle est caractérisée par l = 1 (cinq électrons
équivalents p se représentent par un électron p, tableau 5.3) d’où lc = 1, sc = 12 et,
donc, jc = 32 ou 12 (noter que l’on utilise maintenant des minuscules pour les nombres
quantiques du cœur puisque l’on peut considérer qu’il n’y a qu’un seul électron p).
Exemples de transition
Nous voulons vérifier, à titre d’exercice en couplage de Racah, que les transitions
suivantes tirées d’un Atlas de longueurs d’onde sont effectivement permises.
Ar I 425,118 nm
5p[ 12 ] → 4s[ 32 ]0 (en émission), avec g = 3 et σ = 14,464 eV pour le niveau 5p[ 12 ] et
g = 5, σ = 11,549 eV pour le 4s[ 32 ]0 .
5− Atomes à plusieurs électrons 195
1. Règle de Laporte. Transition d’un état p vers un état s, d’où Δl = −1 (on peut
aussi se fier à la notation : [ ] → [ ]0 ) : règle forte vérifiée.
2. Règle propre au couplage de Racah : Δjc = 0 car les deux niveaux correspondent
chacun à jc = 32 : pas de prime sur aucun le . De plus, ΔK = 32 − 12 = 1 : règle sur
K vérifiée.
3. Moment cinétique total. La dégénérescence g = 3 (g = 2J + 1 en général) corres-
pond à J = 1 et g = 5 à J = 2, d’où ΔJ = 1 : règle forte vérifiée.
Toutes les règles de sélection étant satisfaites, la transition est permise.
Ar I 427,217 nm
Transition 5p[ 32 ] → 4s[ 32 ]0 avec g = 3 et σ = 14,525 eV pour le niveau 5p[ 32 ] et g = 3,
σ = 11,624 eV pour le 4s[ 32 ]0 .
1. Laporte : oui.
3
2. Δjc = 0 car les deux niveaux correspondent chacun à jc = 2 : pas de prime sur
aucun le . ΔK = 0 : oui
3. ΔJ = 0 avec J = 1 vers J = 1 : oui
Ar I 426,629 nm
Transition 5p[ 32 ] → 4s[ 32 ]0 avec g = 5 et σ = 14,529 eV pour le niveau 5p[ 32 ] et g = 3,
σ = 11,624 eV pour le 4s[ 32 ]0 .
1. Laporte : oui.
3
2. Δjc = 0 car les deux niveaux correspondent chacun à jc = 2 : pas de prime sur
aucun le . ΔK = 0 : oui
3. ΔJ = −1 : oui
La figure 5.14 compare les différentes notations des états du néon : (a) regroupées
selon leur configuration orbitale ; (b) en couplage de Racah ; (c) en couplage L · S ;
(d) selon la notation séquentielle de Paschen.
Sur chacun de ces diagrammes d’énergie se trouvent également représentés les deux
états métastables de l’hélium servant à pomper le niveau supérieur de raies du néon
pouvant fournir une émission laser (laser He-Ne). En notation Paschen, la raie la
plus courante, 632,8 nm, est une transition entre le niveau 3s2 et le niveau 2p4 , le
niveau supérieur étant pompé par l’état métastable 2 1 S (noté en couplage L · S) de
l’hélium (voir figure 5.14d).
196 Physique atomique et spectroscopie optique
La figure 5.15 indique les trois transitions les plus importantes (3,39 μm, 1,15 μm et
0,6328 μm) pour le fonctionnement du laser He-Ne. Le rendement quantique de ce laser
est très faible, inférieur à 10−4 : pour 22 W de consommation, on obtient un faisceau de
0,5 mW. Au contraire, le laser émettant à partir de la molécule HF excitée possède un
rendement qui avoisine les 10% : le niveau inférieur de la transition correspond à l’état
fondamental de la molécule HF, qui se dissocie immédiatement. Ainsi, la réabsorption
des photons "laser" ne peut pas se produire, à la différence de ceux du laser He-Ne. Le
pompage préférentiel du niveau supérieur de la transition laser crée une inversion de
population, puisque la densité N2 du niveau supérieur est plus grande que N1 , celle
du niveau inférieur. Normalement, dans un système en équilibre thermodynamique,
comme nous le verrons à la section 6.5, impérativement N2 < N1 puisque :
N2 E2 − E1
exp − .
N1 kB T
Dans le cas présent, le concept d’équilibre thermodynamique des niveaux ne tient pas
puisque la réaction de transfert collisionnel résonnant n’est pas réversible (microré-
versibilité non satisfaite), entraînant N2 > N1 .
À l’aide d’un spectromètre très résolutif ou d’un interféromètre, par exemple, de type
Fabry-Perot, nous pouvons observer l’existence d’une séparation entre raies environ
2 à 3 ordres de grandeur plus faible en énergie 113 que celle de la structure fine due au
couplage spin-orbite. Pour expliquer cette structure hyperfine, Pauli (1924) suggéra
d’attribuer au noyau, tout comme à l’électron, un moment cinétique intrinsèque, le
spin nucléaire, I. Ce moment, cela va de soi, obéit aux mêmes règles quantiques que
tous les autres moments cinétiques, notamment :
< Iˆ2 >= i(i + 1)2 (5.49)
d’où < Iˆz > / = −i, −i + 1 . . . i où la valeur propre i peut prendre des valeurs
entières ou demi-entières.
Dans le cas du proton unique de l’hydrogène, i = 12 , comme pour le spin de l’électron,
Iz = ± 12 . (5.50)
Compte tenu des énergies en jeu dans les transitions du domaine optique, on considère
très généralement que le noyau est et demeure dans son état fondamental de sorte qu’à
toutes fins pratiques, i est, en spectroscopie optique, une constante pour un noyau
donné.
Le tableau 5.4 montre que les isotopes de masse paire ont un spin nul, sauf D (i = 1),
Li (i = 1) et N (i = 1), alors que pour les masses impaires, ce spin est, sans exception,
un multiple impair de 12 . Il n’y a pas de structure hyperfine associée à un atome de
spin nucléaire nul.
Tableau 5.4 – Valeur du spin nucléaire pour quelques noyaux dans leur état
fondamental [8]. Les isotopes de masse paire ont un spin nul, sauf D (i = 1),
Li (i = 1), N (i = 1), alors que pour les masses impaires, celui-ci est, en
spectroscopie optique, un multiple impair de 1/2.
D 2 1 27 Co 59 7/2
4 0 31 Ga 69, 71 3/2
3 Li 6 1 33 As 75 3/2
4 Be 9 3/2 36 Kr 82, 84 0
6 C 12 0 83 9/2
13 1/2 38 Sr 86, 88 0
7 N 14 1 87 9/2
L’interaction du spin nucléaire I avec le spin total des électrons J couple ces deux
vecteurs pour donner lieu au moment cinétique résultant F . Le modèle vectoriel
continuant de s’appliquer, nous avons :
où K est une constante (pour des vecteurs J et I donnés) qui dépend du champ ma-
gnétique agissant sur le noyau et du moment magnétique nucléaire. Le spin nucléaire
introduit donc une dégénérescence supplémentaire des états d’énergie. Dans le cas où
i ≤ j, il y a (2i + 1) états possibles (multiplicité vraie) et pour i > j, ce sont (2j + 1)
états, ceci de façon analogue à la multiplicité des états en couplage L · S.
Dans le cas où la distribution des charges du noyau n’est pas de symétrie sphérique, par
exemple de forme ellipsoïdale, on peut attribuer au noyau un moment quadripolaire
électrique qui engendre une contribution supplémentaire, comparable en énergie, à la
structure hyperfine due au moment dipolaire magnétique du noyau.
Règles de sélection
La règle (forte) de Laporte demeure mais la règle (forte) sur J doit se lire comme
s’appliquant maintenant au nombre quantique total F , soit :
ΔF = 0, ±1 (sauf F = 0 → F = 0)
ΔMF = 0, ±1
115 Cette "structure hyperfine" s’observe même si le spin nucléaire est nul (cas He) d’où l’utilisation
des guillemets pour ce terme ! Il serait plus juste de parler de séparation spectrale en
énergie résultant de la composition isotopique du milieu atomique puisque le spin nucléaire
n’intervient pas.
Chapitre 6
Interaction rayonnement-matière
transition radiative est, par hypothèse, permise (avec émission, donc, d’un photon de
fréquence ν = (Ej − Ei )/h ou de longueur d’onde λ = hc/(Ej − Ei )). Nous savons
qu’au bout d’un temps t, l’atome sera soit encore dans l’état d’énergie Ej , soit passé
dans l’état Ei : le fait que son énergie ait été ou non modifée est aléatoire car on
ne peut, en effet, rien prédire pour un atome en particulier. Cependant, pour un
ensemble d’atomes suffisamment nombreux dans l’état Ej , on observe qu’il existe un
comportement collectif bien défini : ces atomes se désexcitent en obéissant à une loi
statistique. Une telle transition, non déclenchée par le champ EM des photons, est
dite spontanée.
Pour décrire ce type de transition radiative, nous allons introduire une probabilité
d’émission à partir du niveau j vers le niveau i, notée Aji . Cette probabilité est
indépendante du temps : autrement, la situation ne serait pas aléatoire.
Soit donc un grand nombre Nj d’atomes excités par unité de volume, dans l’état
d’énergie Ej . Durant l’intervalle de temps t, t + dt, un certain nombre d’entre eux
passeront spontanément dans l’état d’énergie Ei : le nombre moyen de ces photons,
dZji , sera proportionnel à la densité de population Nj (t) et à la durée d’observation
dt, et nous écrirons :
dZji (t) = Aji Nj (t) dt , (6.1)
où le coefficient de proportionnalité de cette expression, Aji , est par définition la
probabilité de transition radiative spontanée par seconde : sa valeur est typiquement
de l’ordre de 107 s−1 à 108 s−1 pour une transition dipolaire électrique permise. Il ne
s’agit pas d’une densité de probabilité au sens strict, qui serait normalisée de façon à
prendre des valeurs comprises entre 0 et 1 ; c’est pourquoi Aji est quelquefois appelée,
ce qui est plus juste, fréquence de transition radiative (s’exprimant en s−1 ).
Supposons que nous ayons en t = 0 une densité Nj (0) dans l’état Ej et, qu’à cet
instant, on cesse de créer de tels atomes excités : à quelle vitesse ce niveau va-t-il se
dépeupler radiativement (on suppose que seule la transition j → i intervient et on
exclut les désexcitations collisionnelles) ? Le nombre d’atomes en moins dans l’état j
durant l’intervalle t, t + dt, soit dNj , est évidemment :
où νk représente une fréquence de collision entre les atomes dans l’état j et les espèces
environnantes (électrons, ions, particules neutres). Ainsi, en présence de désexcitation
collisionnelle, comme la densité des espèces environnantes (et par conséquent la fré-
quence νk correspondante) peut être fonction du temps, la densité de population Nj
ne décroît plus nécessairement de manière exponentielle avec le temps.
Sachant que l’énergie d’un photon émis est Ej − Ei = hν, l’énergie rayonnée, par
unité de volume d’atomes émetteurs, dans l’intervalle de fréquence ν, ν + dν, pendant
l’intervalle t, t + dt, s’écrit :
où Nj (t, ν) indique la densité à l’instant t des atomes pouvant émettre dans l’intervalle
ν, ν + dν. De la relation (6.6), nous déduisons que la densité d’énergie par unité de
temps dρν /dt = Wν (t), où Wν (t) est la puissance instantanée émise, dans toutes les
directions, par unité de volume des atomes émetteurs. Considérons plus particuliè-
rement qu’à l’instant t = 0 la densité d’atomes dans l’état supérieur j est Nj (0) et,
qu’à cet instant, nous cessons de créer de tels atomes. En absence de phénomènes
de désexcitation collisionnelle, la puissance émise à la fréquence ν décroît alors en
fonction du temps selon :
dρν
Wν (t) ≡ = Aji Nj (t, ν)hν = Wν (0) exp −(Aji t) . (6.7)
dt
Wν (t) Aji
Ŵν (t) = = Nj (0, ν)hν exp −(Aji t) . (6.8)
4π 4π
204 Physique atomique et spectroscopie optique
Soit Nj (0), la population initiale d’atomes dans l’état excité j. Pour calculer la durée
de vie moyenne τ des atomes dans cet état j, il suffit de noter tout d’abord que :
∞
(Aji Nj (t) dt) ×t = somme du nombre d’atomes dans chaque classe (6.9)
d’"âge" (temps) multiplié par cet âge,
0 Nombre d’atomes
se désactivant
entre t et t + dt
de sorte que τ s’obtient alors en divisant l’expression ci-dessus par le nombre total
d’atomes ayant été désactivés, soit :
∞ ∞
Sous l’influence d’un faisceau de photon incidents (que nous allons décrire comme une
onde EM plane incidente sur l’atome) d’énergie Ej − Ei = hν, l’atome :
s’il est dans l’état initial Ei , peut passer dans l’état Ej par absorption d’un photon
s’il est dans l’état initial Ej , peut passer dans l’état Ei en émettant un photon
de même énergie hν que les photons incidents : c’est une émission stimulée (que
l’on peut voir comme une absorption négative, pour bien marquer qu’il s’agit du
processus inverse de l’absorption).
Ces deux processus sont de nature aléatoire en ce sens que l’absorption ou l’émission
stimulée n’a pas lieu à chaque mise en présence de l’atome avec un photon incident.
Il faut donc définir une probabilité correspondante pour quantifier ces phénomènes.
Cette émission d’un photon hν, déclenchée par un photon incident également d’énergie
hν, se fait dans la direction de propagation de ce dernier et les deux radiations sont
en phase, d’où cohérence spatiale et temporelle des deux photons participants. Ce
mécanisme physique a été introduit par Einstein (1917) qui a montré que, sans lui,
on ne retrouvait pas la loi du rayonnement de Planck à l’équilibre thermodynamique
(voir l’équation (6.131) plus loin).
De façon analogue à (6.15), la probabilité d’émission stimulée par seconde s’écrit :
Bji ρν . (6.16)
On appelle Bji et Bij les coefficients d’Einstein respectivement pour l’émission
stimulée et pour l’absorption. Leurs unités sont : J−1 s−2 m3 .
Une fois l’existence de l’électron mise en évidence (Thomson 118 , 1897), il semblait
évident que la trajectoire de celui-ci serait affectée par la présence d’un champ magné-
tique. Le rôle d’un tel champ sur les propriétés des émissions radiatives, notamment
118 Joseph John Thomson, prix Nobel de physique (1906).
6− Interaction rayonnement-matière 207
l’effet Zeeman 119 , suggérait a priori que le mouvement de l’électron était à l’origine
des émissions de lumière : on croyait, alors, que le champ magnétique ne pouvait agir
que sur la trajectoire des particules chargées, ignorant qu’il modifiait en réalité les
états d’énergie interne de l’atome.
Le rôle éventuel des électrons libres dans l’effet Zeeman fut éliminé en considérant
une vapeur métallique dans une enceinte permettant de la chauffer pour qu’il y ait,
par collisions atomiques (d’origine thermique), excitation (mais non ionisation) des
atomes de cette vapeur dans laquelle il n’y a pas d’électrons libres. L’imposition d’un
champ magnétique statique sur cette enceinte fit apparaître les raies satellites de l’effet
Zeeman (annexe A14). Lorentz119 proposa alors que l’absorption ou l’émission
observée serait le fait d’un des électrons de l’atome, appelé électron rayonnant 120 ,
agissant comme un vibrateur microscopique rattaché au centre positif restant (noyau
de l’atome et tous les autres électrons). L’absorption du rayonnement EM d’une
source spectrale résulte, dans ces conditions, de la mise en mouvement de l’électron
rayonnant.
6.3.1. Absorption
Supposons qu’il y ait Ner électrons rayonnants (ou oscillateurs classiques) par unité
de volume, répartis uniformément, avec une fréquence d’oscillation ν = ω/2π voisine
de la fréquence d’oscillation naturelle ν0 = ω0 /2π (on s’intéresse ainsi à une raie en
particulier). Il leur correspond une densité de courant J (t) :
dx
J (t) ≡ −Ner e êx (6.22)
dt
et, en tirant dx/dt de (6.21), il vient
Ner e2 /(2me ω) ∂E
J ≡ (6.23)
ω0 − ω + iγc /2 ∂t
où J ne dépend pas de la position x mais plutôt du temps et de la pulsation ω
(voir (6.17)).
1 ∂E ∂B
∇∧B = + μ0 J (6.24) ∇∧E =− (6.26)
c2 ∂t ∂t
∇·B = 0 ρ Ner e
(6.25) ∇·E = =− . (6.27)
0 0
∇ ∧ (∇ ∧ E) = ∇(∇ · E) − ∇2 E (6.28)
210 Physique atomique et spectroscopie optique
et nous rappelant que Ner est, tout comme E, indépendant de la position, nous tirons
de (6.27) que :
∇(∇ · E) = 0 (6.29)
de sorte que (6.28) se réduit à :
∇ ∧ (∇ ∧ E) = −∇2 E , (6.30)
ce qui permet d’agir sur (6.26) avec l’opérateur rotationnel ∇∧ pour utiliser la relation
(6.28) et finalement écrire, avec (6.30), que :
∂
−∇2 E = − (∇ ∧ B) . (6.31)
∂t
En portant dans (6.31) la valeur de ∇ ∧ B donnée par (6.24), nous arrivons à :
2 1 ∂ ∂E 2
∇ E= 2 + μ0 c J . (6.32)
c ∂t ∂t
qui est une équation d’onde. Le courant électronique mène donc effectivement à un
champ E qui se propage. Comme la densité Ner de même que le champ E ne dépendent
pas de la position, il s’agit d’une onde plane.
Dans le cas d’une onde plane se propageant dans la direction z (E est suivant x, H
suivant y, le vecteur de Poynting donc suivant z), le champ E a pour expression
complète :
E = êx E0x exp (i(ωt − kz)) . (6.35)
Dans les milieux dissipatifs, le nombre d’onde k possède une partie réelle kr liée
à la propagation de l’onde EM et une partie imaginaire, notée kc associée à son
amortissement spatial. Rappelons que l’indice de réfraction du milieu (partie réelle)
est, par définition, donné par :
c ckr
n1 ≡ =
vp ω
6− Interaction rayonnement-matière 211
En égalant (6.34) et (6.38) et en tenant compte de (6.36) pour calculer ∂ 2 E/∂t2 , nous
obtenons sous forme complexe :
2
2 n1 ikc 1 Ner e2 /(me 0 2ω)
−ω − = 2 1+ (−ω 2 ) , (6.39)
c 2ω c ω0 − ω + iγc /2
expression que nous souhaitons séparer en partie imaginaire et en partie réelle en la
récrivant tout d’abord sous la forme :
2 c2 kc2 2in1 ckc Ner e2 /(2me 0 ω) (ω0 − ω − iγc /2)
n1 − − = 1 + . (6.40)
4ω 2 2ω (ω0 − ω)2 + γc2 /4
Nous en extrayons la partie réelle :
c2 kc2 1 Ner e2 (ω0 − ω)
n21 = 1 + + (6.41)
4ω 2 2ω me 0 (ω0 − ω)2 + (γc /2)2
√
ou, encore, sachant que l’indice du milieu n1 = où est la permittivité (relative)
du milieu (cas d’une onde plane), nous obtenons pour cette dernière l’expression :
2
ckc ωp2 (ω0 − ω)
=1+ + (6.42)
2ω 2ω (ω0 − ω)2 + (γc /2)2
Ner e2
où nous avons posé, ωp2 ≡ , (6.43)
me 0
ωp étant la fréquence plasma des électrons rayonnants.
Quant à la partie imaginaire, elle a pour expression :
Ner e2 1 γc
n1 kc = . (6.44)
me 0 4c (ω0 − ω)2 + (γc /2)2
125 Le coefficient kc décrivant la décroissance spatiale de l’intensité du champ E, est affecté du
facteur 12 de façon à ce que, lorsque nous considérerons l’atténuation spatiale en énergie ou en
puissance de l’onde, celle-ci soit caractérisée par exp(−kc z).
212 Physique atomique et spectroscopie optique
Elle décrit le coefficient d’atténuation spatiale de l’onde. Cette atténuation est d’au-
tant plus grande que la pulsation de la source spectrale est voisine de celle du centre
de la raie et que le coefficient γc est grand 126 . En somme, l’onde s’atténue du fait que
sa puissance se dissipe au cours de sa propagation.
Par définition, le coefficient d’absorption optique par oscillateur classique (ou encore
par électron rayonnant) ac (ν) d’une onde EM incidente de fréquence ν a pour valeur :
kc (ν)
ac (ν) ≡ . (6.45)
Ner
Cette grandeur est d’abord et avant tout une variable de notre calcul ; on pourrait en
ignorer la signification. Cependant, si on consulte, par exemple, Merzbacker (1998),
on constate que ac (ν) peut s’entendre comme une section efficace (microscopique)
d’absorption atomique (classique), c’est-à-dire une surface fictive qui, placée perpen-
diculairement au faisceau incident et traversée par le flux de puissance de ce dernier,
recueillerait une puissance égale à celle absorbée par le vibrateur microscopique. Dans
cet esprit, on écrirait (6.45) plutôt sous la forme ac (ν)Ner = kc (ν).
En calculant l’indice de réfraction optique du milieu n1 = c/vp = kr /ω, pour des
valeurs numériques typiques associées à la propagation d’ondes EM du domaine visible
dans une grande variété de gaz, on trouverait de (6.41) et (6.44) que n1 1 [9].
En posant alors n1 = 1 dans (6.44), avec (ω − ω0 ) = 2π(ν − ν0 ), le coefficient ac (ν) a
pour expression :
1 e2 1 γc /4π
ac (ν) = . (6.46)
4 me 0 c π (ν − ν0 )2 + (γc /4π)2
expression qui multipliée par Ner constitue le coefficient d’absorption intégré classique.
126 Rappelons que dans ce cadre classique, l’amortissement est continu (décroissance exponentielle
de la puissance par (6.36)) et non instantané, comme le propose la mécanique quantique.
6− Interaction rayonnement-matière 213
Quantique : comme nous le verrons plus loin, de (6.191) en généralisant à une tran-
sition i → j :
∞
hν0 hν0
kν (ν) dν = Ni Bij 1 − exp − . (6.49)
c kB T
−∞
Remarques :
Signification du terme force d’oscillateur
Comme généralement Fij < 1 (voir exemples ci-après), il s’ensuit que Ner < Ni :
la force d’oscillateur Fij nous montre ainsi qu’à un atome dans l’état i correspond
une fraction d’un oscillateur classique (ou d’un électron rayonnant).
214 Physique atomique et spectroscopie optique
6.3.2. Émission
μ = er . (6.52)
Comme le moment dipolaire est par définition un vecteur, il est indépendant du choix
de l’origine des coordonnées : il est alors plus commode de placer la charge positive
en O à l’origine des coordonnées (notamment pour décrire l’oscillateur linéaire). En
coordonnées sphériques, on a en général le schéma de la figure 6.2.
6− Interaction rayonnement-matière 215
μ̈ = er̈ (6.53)
μ̈ = −ω 2 μ (6.54)
ω2
d’où, de (6.53) et (6.54), il vient : r̈ = − μ, (6.55)
e
ce qui montre que le moment dipolaire μ est proportionnel à l’accélération r̈ de
l’électron. Ce moment dipolaire est la source des champs E et H observés, comme
nous allons le voir maintenant.
où les crochets [ ] indiquent le temps auquel la grandeur qui la précède est calculée 127 .
Quant au champ magnétique du rayonnement, puisque dans le vide le rapport
12
|E| μ0
= Z0 =
|H| 0
Remarques :
Dans certains cas, une forte décélération impose une correction relativiste à l’in-
tensité du rayonnement en fonction de θ conduisant à (Jackson, 2001) :
S
Srel = 5 . (6.60)
v
1 − cos θ
c
Le diagramme de radiation (rayonnement de freinage) résultant dépend fortement
du rapport v/c, comme permet de le visualiser la figure 6.5 : au fur et à mesure
que v/c croît, son lobe s’incline de plus en plus dans la direction du mouvement de
la particule. Cependant, pour (v/c 1), le lobe se trouve bien à 90◦ de la vitesse
de la particule, comme pour le dipôle oscillant de la figure 6.4.
e2 r̈2 [t − R/c]
Φ(t) = . (6.61)
6π 0 c3
ω 4 μ2 [t − R/c]
Φ= . (6.62)
6π 0 c3
4 π 3 ν 4 μ2 (0)
Φ̄ ≡ W = , (6.63)
3 c3 0
où nous avons posé ω = 2πν, ν étant la fréquence du rayonnement EM.
Exprimons ce même flux total moyen, en fonction de l’amplitude maximale χ0 du
mouvement oscillatoire de l’électron dans le champ EM, en posant μ(0) = eχ(0) :
4 π 3 e2 χ20 ν 4
W = . (6.64)
3 c3 0
Notons que le flux rayonné dans l’espace par oscillateur varie en ν 4 . Nous verrons à
la section suivante que cette dépendance en fréquence d’émission est la même que
celle prédite par le modèle semi-quantique.
Le champ coulombien V (r) = −Ze2 /(4π 0 r) étant indépendant du temps, les états
propres d’énergie sont stationnaires : suivant cette description, l’atome demeurerait
indéfiniment dans un état donné. Que faut-il donc ajouter à notre modèle, et comment,
pour déclencher une transition entre deux états i et j ?
π
4
128 L’intégrant de (6.59) avec S donné par (6.58) conduit à l’intégrale sin3 θ dθ = .
3
0
6− Interaction rayonnement-matière 219
Le modèle semi-quantique qui suit (inspiré entre autres de Chpolski) décrit les
processus d’absorption et d’émission stimulée : c’est l’action des photons incidents
(rayonnement EM) sur l’atome qui provoque la perturbation de l’hamiltonien sta-
tionnaire, déclenchant la transition. Dans le cadre de ce modèle, on détermine les
coefficients d’Einstein Bij et Bji , et non la probabilité d’émission spontanée Aji ; ce
n’est, en effet, que dans le contexte du modèle électrodynamique quantique (champ
EM quantifié) que s’obtient directement les valeurs de Aji .
de sorte que l’électron se trouve maintenant dans un potentiel qui possède une dé-
pendance en t. L’énergie potentielle totale s’écrit en effet 130 :
Ze2
UT (x, t) = − − eE0x x cos ωt . (6.67)
4π 0 r
Le problème étant non stationnaire, il faut faire appel à l’équation de Schrödinger
dépendante du temps :
% & ∂Ψ
Ĥ 0 + Û (x, t) Ψ = − . (6.68)
i ∂t
où le potentiel coulombien fait partie de l’hamiltonien H 0 .
où les coefficients ck (t) sont des nombres complexes. Le carré de leur norme, |ck (t)|2 ,
représente la probabilité, en fonction du temps, de trouver (par une mesure) le système
dans l’état d’énergie Ek : pour nous en assurer, multiplions la relation (6.73) à
gauche par Ψ∗ (t) et intégrons
) sur tout l’espace, en nous rappelant que les Ψk sont
orthonormées. Puisque V Ψ∗ Ψ dτ = 1, nous obtenons bien que :
|ck (t)|2 = 1 . (6.74)
k
Une telle certitude (au sens probabiliste) est d’autant plus conforme au sens physique
que si on faisait une mesure adaptée à la base d’états Ψ0k , une fois la perturbation
terminée (ou non), on trouverait nécessairement le système dans un de ces états Ψ0k .
Pour ce qui est de la plage temporelle de l’interaction, nous pouvons supposer qu’elle a
pour valeur minimale la période du champ EM, déterminée par la variation du facteur
e−iEn t/ = eiωt . Pour une fréquence ν de radiation de 0,5×1015 Hz correspondant à
600 nm, la période est de 2 × 10−15 s. Quant à sa valeur maximale, elle est détermi-
née par la durée de vie de l’état concerné lequel, à défaut de se modifier (émettre
ou absorber) sous l’influence du photon incident, va se désexciter spontanément en
moyenne entre 10−7 et 10−8 s (s’il s’agit d’une transition dipolaire électrique).
Portant la fonction d’onde (6.73) décrivant l’état perturbé dans (6.68), nous obtenons :
∂Ψ0k (t) dck (t) 0
ck (t) Ĥ 0 Ψ0k (t) + Û (x, t)Ψ0k (t) + =− Ψk (t) . (6.75)
i ∂t i dt
k k
En multipliant (6.76) à gauche par Ψ0∗ m , une fonction quelconque du groupe des
fonctions du niveau zéro, et en intégrant sur tout l’espace, on a :
dck (t)
ck (t) Ψ0∗ 0
m Û Ψk dτ = − Ψ0∗ 0
m Ψk dτ , (6.77)
i dt
k k
dcm (t) i
=− ck (t) Ψ0∗ 0
m Û Ψk dτ , (6.78)
dt
k
qui décrit la variation temporelle d’un coefficient cm (t) particulier en fonction de tous
les coefficients ck (t).
En principe, si le nombre de vecteurs de base était fini, il suffirait de remplacer Ψ0∗ m
successivement par tous les vecteurs de base pour arriver à autant d’équations de
type (6.78) qu’il y a d’inconnues : le fait est que le nombre de ces vecteurs est infini
(n → ∞), ce qui interdit de résoudre ce système par simple substitution.
Pour ce qui est des conditions initiales de l’équation différentielle (6.78), on sait que
pour t ≤ 0 (avant perturbation), le système est, par hypothèse, dans un état donné ;
soit s cet état.
Par ailleurs, dans la mesure où le temps considéré pour l’action du champ EM sur
l’atome, par rapport à la durée de vie moyenne du niveau radiatif, est très petit
(t τ ) et que la perturbation appliquée est faible (faible flux de photons), nous
pouvons, comme première itération, considérer que pour t positif mais voisin de
zéro 133 :
ck (t) 1 0 pour k = s et cs (t) 1 , (6.79)
de sorte que (6.78) conduit à :
dcm (t) i
=− Ψ0∗ 0
m Û Ψs dτ . (6.80)
dt
Cette relation résulte d’une première itération pour chacun des coefficients dénotés
(0)
ck (t) avec l’indice m prenant successivement toutes les valeurs k. Dans une deuxième
(0)
itération, on porterait les différentes valeurs de ck (t) obtenues de (6.80) dans la
(1)
somme de l’expression (6.78) déterminant ainsi les valeurs cm (t). On tiendra compte
(0)
des transitions dipolaires interdites (cm (t) = 0) que l’on écartera de l’équation (6.78).
133 Avant de subir la perturbation, le système est par hypothèse dans l’état s. À l’instant t = 0, le
système subit une discontinuité, mais la perturbation ayant une valeur finie (notre hypothèse),
la solution de l’équation de Schrödinger est continue en t = 0, d’où (6.79).
6− Interaction rayonnement-matière 223
(0)
En général, plusieurs des coefficients cm (t) sont non nuls, ce qui nous empêche de dire
que le système est passé dans un état déterminé : il faut alors considérer la probabilité
de trouver le système dans différents états.
(0)
Dans ce qui suit, les valeurs cm (t) obtenues de la première itération constituent,
étonnament, une excellente approximation car elles vont nous conduire aux valeurs
correctes des coefficients d’Einstein.
Em − Es
≡ ωms (6.82)
0∗
de même que : ψm Û ψs0 dτ ≡ Ums , (6.83)
dcm (t) i
= − eiωms t Ums . (6.84)
dt
0∗
Ums ≡ ψm Û ψs0 dτ = −eE0x cos ωt 0∗
ψm xψs0 dτ , (6.85)
0∗
e ψm xψs0 dτ ≡ eXms , (6.86)
Nous savons qu’il faut envisager deux types de transition dans ce modèle :
1. Pour Em > Es , la transition s → m correspond à l’absorption d’un photon et,
de (6.82), ωms > 0.
Dans ce cas, ωms + ω ωms − ω et nous négligeons le premier terme de (6.92)
par rapport au deuxième terme puisque le dénominateur de ce dernier l’amène à
prendre des valeurs très grandes pour ωms ω. À partir de (6.92), le carré de la
norme de cm (t) vaut 134 :
2
E0x (ω)e2 Xms
2
2 (1 − cos[(ωms − ω)t])
|cm (t)|2 = 2
(6.93)
4 (ωms − ω)2
2
E0x (ω)e2 Xms
2
sin2 [(ωms − ω)t/2]
et, finalement : |cm (t)|2 = . (6.94)
2 (ωms − ω)2
2
E0x (ω)e2 Xms
2
sin2 [(ωms + ω)t/2]
|cm (t)|2 = 2
. (6.95)
(ωms + ω)2
4 e2 X02 π 3 ν 4
Φ̄ ≡ W = . (6.64)
3 c3 0
Il y a cependant une différence essentielle : dans (6.94) et (6.95), il s’agit du moment
dipolaire moyen entre deux états quantiques.
2
134 Se rappeler que eiz − 1 ≡ eiz − 1 e−iz − 1 = 1 − e−iz − eiz + 1 = 2 − 2 cos z et, ensuite,
1 − cos z = 2 sin2 (z/2).
226 Physique atomique et spectroscopie optique
3. Autant en absorption qu’en émission stimulée, la probabilité |cm (t)|2 est une
fonction de ω qui passe par un maximum pointu pour ω = ωms 135 : en définitive,
la probabilité de transition s → m n’est significative que lorsque la condition du
Postulat II de Bohr est remplie !
135 Pour l’émission stimulée, se rappeler que ωms < 0 dans (6.95).
6− Interaction rayonnement-matière 227
2 2 2 2ρν
E0x = E0y = E0z = . (6.99)
3
Des équations (6.98) et (6.99), nous pouvons maintenant écrire, en généralisant
aux trois directions x, y et z de l’espace avec les moments dipolaires électroniques
correspondants eXms , eYms et eZms :
∞
1 ρν
|cm (t)|2x dν = (eXms )2 , (6.100)
t 62 0
−∞
∞
1 ρν
|cm (t)|2y dν = (eYms )2 , (6.101)
t 62 0
−∞
∞
1 ρν
|cm (t)|2z dν = (eZms )2 . (6.102)
t 62 0
−∞
Pour les trois axes, comme (eXms )2 + (eYms )2 + (eZms )2 = |er ms |2 , la probabilité
d’absorption totale peut s’écrire :
∞
1 1
|cm (t)|2 dν = |er ms |2 ρν . (6.103)
t 62 0
−∞
228 Physique atomique et spectroscopie optique
1
Bsm = |er ms |2 (6.104)
62 0
où |er ms | est une expression quantique qui, comme nous l’avons déjà souligné, n’a
qu’un rapport lointain avec le concept de moment dipolaire électrique de la théorie
électrodynamique classique du rayonnement.
D’après notre modèle, le flux de puissance émis par atome est donné en multipliant
la probabilité d’émission spontanée d’un atome lors d’une transition m → s avec
Em > Es (6.106) par l’énergie de chaque photon hν :
gs 16π 3 4
Φq ≡ Ams hν = ν |er ms |2 . (6.107)
gm 3 0 c3
4 e2 X02 π 3 ν 4
Φ̄c = . (6.64)
3 c3 0
Il est intéressant de comparer le flux de puissance émise de façon spontanée par l’atome
selon la théorie semi-quantique (6.107) avec celui proposé par le modèle classique de
6− Interaction rayonnement-matière 229
Dans le cas des hydrogénoïdes, parce que les fonctions d’onde sont connues de façon
analytique, nous pouvons retrouver les règles de sélection s’appliquant aux transitions
dipolaires électriques, règles d’abord énoncées à partir de l’expérimentation.
Absence de rayonnement
Vérifions d’abord que le moment dipolaire quantique ne donne pas lieu à un rayon-
nement lorsque les fonctions d’onde appartiennent au même état. Considérons, par
exemple :
|eXnn |x ≡ e ψn∗ xψn dτ , (6.108)
Il n’y a pas de rayonnement. Pour déterminer les autres conditions pour lesquelles il
n’y a pas rayonnement, nous allons exprimer l’élément de matrice de transition dipo-
laire électrique de façon à pouvoir constater immédiatement s’il est nul. Commençons
par remarquer que si f (x, y, z) est une fonction impaire quant aux trois coordonnées
cartésiennes, ceci implique que 136 :
136 L’inversion des coordonnées du repère cartésien par rapport à l’origine (x → −x, y → −y,
z → −z) se traduit en coordonnées sphériques par : r → r, θ → π − θ et ϕ → π + ϕ.
230 Physique atomique et spectroscopie optique
∞ ∞ ∞
et le membre de droite de (6.113) donne une valeur de signe opposé à (6.112) où les
variables x, y, z sont muettes, ce qui signifie que l’intégrale (6.112) ne peut être que
nulle.
On peut ensuite utiliser la propriété exprimée par (6.113) pour montrer, sans calcul,
que |eZnn | = 0. Il suffit en effet de noter que :
∞
puisque ψn∗ et ψn ayant même parité, c’est z qui détermine la parité de l’intégrant,
en l’occurrence impaire, d’où le résultat |eZnn | = 0.
De ce qui précède, il suit que le moment dipolaire étant une fonction impaire des
coordonnées, le moment dipolaire moyen est non nul seulement si les deux fonctions
d’onde représentant l’une l’état initial, l’autre l’état final après transition sont de
parité différente (la parité des fonctions ψ est fixée par le nombre quantique l, comme
nous allons le montrer).
Il s’agit des hydrogénoïdes mais aussi des atomes alcalins. Dans ces cas, on peut déve-
lopper ψnlm sous la forme (6.109) et il nous faut déterminer les règles qui empêchent
l’intégrale donnant les éléments de la matrice de transition dipolaire électrique d’être
nuls. Écrivons les trois composantes du moment dipolaire électrique en coordonnées
sphériques pour une transition k vers j correspondant à des états (n, l, m; n , l , m ).
Pour obtenir les règles sur l et m de façon simple, posons Rnl (r) = 1 et considérons
un électron gravitant toujours à la même distance du noyau en r = 1. Dans ce cas,
l’expression des coordonnées cartésiennes (x, y, z) dans le repère polaire (r, θ, ϕ) se
simplifie pour donner :
x = cos ϕ sin θ , y = sin ϕ sin θ ,
z = cos θ , dτ = sin θ dθ dϕ ,
6− Interaction rayonnement-matière 231
Pour la composante suivant z (6.118), comme m et m sont des entiers, l’intégrale est
non nulle (donnant 2π) seulement si m − m = 0. Noter que dans ce cas l’inversion de
coordonnées, qui se traduit pour ϕ par le changement en ϕ+π, n’affecte effectivement
pas le signe de l’intégrant (6.115) : la parité sous l’intégrale est paire. Quant aux
intégrales sur ϕ pour les composantes x et y du moment dipolaire, elles sont non
nulles, respectivement, si m − m + 1 = 0 ou m − m − 1 = 0 (même remarque que
précédemment pour l’inversion ϕ → ϕ + π).
Au total, donc, le moment dipolaire moyen, quant au nombre quantique m, possède
une composante non nulle seulement si l’on a Δm = 0 ou Δm = ±1. Le nombre m
n’intervient pas dans la parité de l’intégrant.
[ ]Pl−1
m
+ [ ]Pl+1 Pl dt
Plm m m
(6.122)
me
où a0 = a0 1 + .
M
L’inversion de coordonnées n’entraîne ici aucun changement sur r puisque r demeure
r lors de l’inversion. Pour θ qui se transforme en π − θ, de sin(π − θ), on obtient sin θ
et de cos(π − θ), − cos θ. Pour ϕ, on a la règle suivante :
Φm (π + ϕ) = (−1)|m| Φm (ϕ) ,
C’est donc le moment cinétique orbital (nombre quantique l) qui détermine la parité
de la fonction propre (le nombre m n’intervient pas, comme nous l’avons vu en a)).
6− Interaction rayonnement-matière 233
Les oscillations du champ E sont polarisées dans le plan xOy et ces oscillations
projetées respectivement sur x et y diffèrent de π/2 : c’est une polarisation circulaire
(droite pour m = 1), notée σ1 . Pour m = −1, il s’agit d’une polarisation circulaire
gauche (différence entre projection sur x et y de −π/2), notée σ2 .
L’orientation du champ E lié au rayonnement EM du photon émis relativement à la
direction du champ magnétique B appliqué extérieurement détermine la polarisa-
tion des raies. Lorsque le champ E oscille suivant B, la radiation émise est maximale
perpendiculairement à cette direction (Δm = 0) et sa polarisation est rectiligne ou
linéaire. Cette raie, dénotée π, ne s’observe que dans la direction perpendiculaire
234 Physique atomique et spectroscopie optique
Règles de sélection
1. dipolaire magnétique
Règle de Laporte : Δl = 0, ±2, pas de changement de parité.
Règle sur J : elle demeure la même que pour la transition dipolaire électrique,
soit : ΔJ = 0, ±1 (sauf J = 0 → J = 0).
En couplage L · S, nous avons toujours ΔL = 0, ±1 et ΔS = 0.
Le rapport de probabilité de transition dipolaire électrique sur dipolaire magné-
tique est de l’ordre de 105 .
2. quadripolaire électrique
La règle de Laporte demeure la même que pour une transition dipolaire magné-
tique : Δl = 0, ±2.
La règle sur J diffère de celles des transitions dipolaire électrique et dipolaire
magnétique. Sont permises les transitions telles que ΔJ = 0, ±1, ±2 avec la
condition supplémentaire que J + J ≥ 2. Autrement dit, non seulement J = 0
vers J = 0 demeure interdite, mais aussi J = 12 → J = 12 et J = 1 → J = 0.
En couplage L · S, nous avons cette fois ΔL = 0, ±1, ±2, sauf pour L = 0 →
L = 0. Enfin, la règle ΔS = 0 demeure valide. Plus de détails dans Condon et
Shortley (1935) et Marchildon (2000).
Le moment quadripolaire électrique a pour expression :
0∗
Qmn = ψm (ex2 )ψn0 dτ . (6.125)
La présence du terme (6.125) s’est trouvée négligée dans notre modèle au moment
où nous avons posé kr z = 0. Ainsi, dans le cas d’un rayonnement X (très courte
longueur d’onde) incident sur des atomes lourds, le rayonnement quadripolaire
prend de l’importance : l’énergie des photons étant très grande, son intensité est
de 103 à 104 fois plus grande qu’elle ne l’est dans le domaine optique.
Le rapport de la probabilité de transition radiative dipolaire électrique sur celle
de nature quadriploaire électrique est 108 .
Processus radiatifs
Toutes les propriétés d’ensemble du milieu sont connues dès lors qu’on indique sa
pression p et sa température T . Ainsi :
la population de chaque état excité est une constante en fonction du temps :
l’équilibre thermodynamique implique nécessairement un état stationnaire ;
les particules obéissent à une distribution de Maxwell-Boltzmann (1.7) pour
leur vitesse ou leur énergie cinétique ;
la densité d’énergie ρν du rayonnement EM à la fréquence ν est celle d’un corps
noir à la température T (voir relation de Planck (6.140) plus loin) ;
la densité de population de chaque état excité est liée à la population de l’état
fondamental par une distribution de Boltzmann à la température T :
Nj gj Ej − E0
= exp − (6.130)
N0 g0 kB T
N2 B12 ρν
De (6.131), on obtient : = . (6.132)
N1 A21 + B21 ρν
A g
ρν = 21 2 , (6.133)
hν
B12 g1 exp − B21 g2
kB T
Ce lien s’obtient de l’étude de deux cas limites de la relation (6.133), ce qui en même
temps nous mène à l’expression de Planck pour le rayonnement du corps noir :
A21 g2
ρν = . (6.135)
hν
g1 B12 exp −1
kB T
Cette approximation, qui entraîne que λ → ∞, est donc valable dans l’infra-rouge.
Elle correspond à la relation classique du corps noir proposée par Rayleigh-Jeans,
qui a pour expression :
8πν 2
ρν = 3 kB T . (6.137)
c
Nous pouvons, les conditions étant les mêmes, égaler les relations (6.136) et (6.137) :
g2 A21 8πν 2
= 3 , (6.138)
g1 B12 hν c
pour en tirer le lien entre A21 et B12 :
g1 8πhν 3
A21 = B12 . (6.139)
g2 c3
ρν dν = ρλ dλ (6.141)
Remarques :
1. Les relations liant les coefficients d’Einstein B12 et B21 à la probabilité de transi-
tion radiative spontanée A21 , même si elles ont été dérivées dans le cas de l’équilibre
thermodynamique, demeurent vraies quel que soit le champ de radiation ρν (ν).
En fait, ces coefficients ne dépendent que des propriétés de l’atome (molécule)
considéré.
2. Coefficients de Milne B ij et B ji
Certains auteurs préfèrent exprimer les coefficients d’absorption et d’émission
stimulée par unité d’énergie et par angle solide plutôt que par unité de puissance
(annexe A19).
6− Interaction rayonnement-matière 239
3. Si nous négligeons l’émission stimulée (B21 0), comme les coefficients B12 et B21
sont égaux aux dégénérescences près, cela exige de faire tendre ν → ∞ dans (6.133)
pour que la densité ρν conserve une valeur finie. Nous restreignons ainsi le domaine
spectral à celui des photons UV. Dans ces conditions (ν → ∞), la distribution de
la densité d’énergie EM (6.133) a pour expression :
A21 g2 hν
ρν = exp − (6.144)
B12 g1 kB T
8πhν 3 hν
devenant par (6.139) : ρν = exp − , (6.145)
c3 kB T
avec une température qui diminue parce que celui-ci est en expansion. Cette
expansion ne peut qu’être adiabatique puisque notre Univers ne peut échanger
d’énergie avec un autre "milieu". Il s’agit fondamentalement d’un équilibre radiatif
car l’énergie transférée à la matière est faible en comparaison de celle du gaz de
photons ( 400 photons cm−3 ) 139 .
5. Expression liant Fij à Aji
gi 8πhν 3
Sachant que : Aji = Bij , (6.139)
gj c3
gj me c3 0
il vient : Fij = Aji . (6.147)
gi 2πν 2 e2
1 2
1 2 2
ρν =
0 E + μ0 H = 0 E (6.148)
2 2
où nous avons considérer μ0 H2 = 0 E 2 avec E 2 la valeur quadratique moyenne du
champ E de l’onde.
En posant E = |E(ν)|êz exp i(ωt − kr z), nous pouvons aussi exprimer ρν en fonction
de la norme de E plutôt que de sa valeur quadratique moyenne :
1 2
ρν = 0 |E(ν)| (J m−3 ) (6.149)
2
139 Cette découverte (1965) a valu à ses auteurs, Arno Allan Penzias et Robert Woodrow Wilson,
le prix Nobel de physique en 1978.
6− Interaction rayonnement-matière 241
Sν = ρν c . (6.154)
Sν est une puissance incidente moyenne par unité de surface (W m−2 s−1 ) ou flux
de puissance, qui est liée au flux de densité EM transporté à la vitesse c.
Par analogie avec (6.154), nous avons :
2hc2 λ−5
Bλ = . (6.157)
hc
exp −1
λkB T
142 La contribution de la désexcitation radiative est supposée faible par rapport aux processus de
désexcitation collisionnelle.
244 Physique atomique et spectroscopie optique
L’intensité mesurée des raies d’émission varie, entre autres, selon l’angle solide sous-
tendu par le système de détection. Nous prévoyons déjà qu’une partie seulement de
l’intensité totale émise par la source sera observée. Exprimons l’intensité émise par
unité d’angle solide pour nous rapprocher de la définition de la luminance. Pour ce
faire, considérons la puissance émise par unité de volume de la source et par unité
d’angle solide, Ŵji , définie précédemment par (6.8). Au final, pour un système de
mesure donné (spectromètre, optique de transfert, détecteur . . . ), l’intensité Iji des
transitions observées est liée à Ŵji par une constante C1 suivant 143 :
sauf, notamment, si le plasma n’est pas optiquement mince : il faudra alors tenir
compte du coefficient d’absorption optique du milieu pour la transition considérée
ainsi que de l’étendue du milieu traversé par le rayonnement (sections 1.3 et 6.8).
Pour des photons d’énergie hc/λji issus du niveau émetteur j de population Nj vers
le niveau inférieur i de population Ni , Ŵji à l’état stationnaire (6.7) peut s’écrire
comme :
Aji hc
Ŵji = Nj . (6.159)
4π λji
Si la densité de population des états excités est distribuée suivant une loi de Boltz-
mann (c’est le cas, notamment, quand il y a équilibre thermodynamique ou équilibre
thermodynamique local), nous aurons d’après (6.130) :
1 hc gj Ej − E0
Iji = C1 Aji N0 exp − (6.160)
4π λji g0 kB T
où N0 et g0 sont la population et le poids statistique du niveau fondamental de l’atome,
E0 étant l’énergie du niveau fondamental (nous poserons E0 = 0).
On peut expliquer cette déviation à la droite de Boltzmann pour les états 3p5 4p
en avançant qu’il y a insuffisance d’électrons pour assurer la micro-réversibilité des
processus d’excitation et de désexcitation uniquement par collisions, ce qui laisse le
temps à une désexcitation radiative de se produire. La population des niveaux excités
n’est alors plus dictée par la loi de Boltzmann (d’où l’écart observé), mais plutôt
par les équations de conservation de chaque niveau émetteur (bilan de création et de
pertes du niveau), comme nous le verrons à la section 6.7. Par contre, pour les niveaux
égaux ou supérieurs en énergie à ceux du 5p, les probabilités d’émission spontanée
vers les niveaux d’énergie inférieure sont généralement beaucoup plus faibles que ceux
associés aux transitions collisionnelles des états 4p vers les états 4s. Par conséquent,
le temps entre deux collisions successives électron-neutre entraînant l’excitation ou la
désexcitation des niveaux voisins du seuil d’ionisation de l’atome est plus court que
6− Interaction rayonnement-matière 247
De (6.160) et de (6.130), l’intensité d’une raie pour des transitions d’états n vers m
et p vers k, en régime stationnaire, est donnée par :
C1 hc
Inm = Anm Nn , (6.163)
4π λnm
C1 hc
Ipk = Apk Np . (6.164)
4π λpk
Dans cette expression, on distingue les grandeurs mesurées (Inm , Ipk ) des valeurs
publiées pour chacun des deux niveaux considérés (λnm , Anm , gn et En ), la valeur de
Texc se trouvant ainsi déterminée.
Remarques :
1. Noter qu’à partir de deux transitions ayant même niveau supérieur, on peut
déterminer la valeur relative de deux probabilités de transition puisque :
Ink λnm Ank
= . (6.167)
Inm λnk Anm
L’équation (6.167) est valide, que la loi de Boltzmann soit respectée ou non,
puisque la population du niveau émetteur n’intervient pas dans la relation.
2. De manière similaire, on peut aussi définir un taux de branchement (0 < Znk < 1),
soit la probabilité de désexcitation du niveau n vers un niveau spécifique k par
rapport à un ensemble de niveaux m selon la relation :
Ank Ink λnk
Znk = = . (6.168)
Ank + Anm Ink λnk + Inm λnm
m=k m=k
248 Physique atomique et spectroscopie optique
À l’état stationnaire, le nombre d’atomes créés dans l’état j par la réaction (6.170)
durant l’intervalle t, t + dt doit être égal au nombre d’atomes de ce niveau perdus par
les réactions (6.171) et (6.172) durant ce même intervalle de sorte que nous pouvons
écrire :
dNj
= kj (Te )Ne N0 − Aji Nj − Ajp Nj = 0 . (6.173)
dt
p=i
6− Interaction rayonnement-matière 249
Dans l’équation (6.173), le terme de création du niveau excité j par collision est doté
d’un signe positif (création) tandis que ceux liés à la désexcitation du niveau j par
émission de photons (perte) sont précédés d’un signe négatif. De (6.173), nous pouvons
donc déterminer l’expression pour Nj (équation de bilan) :
kj (Te )Ne N0
Nj = , (6.174)
Aji + p=i Ajp
C1 hc A
Iji = ji kj (Te )Ne N0
4π λji Aji + p=i Ajp
C1 hc
= Zji kj (Te )Ne N0 , (6.175)
4π λji
Pour illustrer les bases de cette méthode, écrivons l’intensité de la raie d’une transition
n vers m selon les mêmes hypothèses que celles ayant mené à l’équation (6.175) :
C1 hc
Inm = Znm kn (Te )Ne N0 . (6.176)
4π λnm
En effectuant le rapport de (6.175) sur (6.176), nous obtenons, après réorganisation :
Dans cette expression, on distingue les grandeurs mesurées dans le terme de gauche des
valeurs publiées dans le terme de droite pour chacune des deux transitions considérées.
Si les niveaux émetteurs j et n de l’atome diffèrent, le terme de droite est une fonction
de la température des électrons : la valeur de Te peut donc être déterminée à partir
d’une telle mesure des intensités.
250 Physique atomique et spectroscopie optique
Remarque : Dans certains plasmas, les niveaux excités de l’atome peuvent posséder de
très longue durée de vie (par exemple des niveaux métastables). Dans ces conditions,
ces états (de densité Nm ) subsistent suffisamment longtemps pour servir de relais à
une seconde collision amenant l’atome dans un état d’énergie supérieur. On dit qu’il
y a excitation par étape. L’équation de bilan du niveau radiatif devient alors, toujours
à l’état stationnaire :
dNj
= kj (Te )Ne N0 + kj (Te )Ne Nm − Aji Nj − Ajp Nj = 0 (6.178)
dt
p=i
kj (Te )Ne N0 + kj (Te )Ne Nm
et donc : Nj = (6.179)
Aji + p=i Ajp
6− Interaction rayonnement-matière 251
où kj reprénsente le taux de réaction pour l’excitation par étape à partir du niveau
métastable de population Nm . Dans ce cas, l’intensité des raies (6.169) devient ainsi
fonction également de la population du ou des niveaux métastables de l’atome.
Dans les trois sections précédentes, nous avons abordé le rayonnement EM émis dans
les milieux aussi bien en équilibre qu’hors équilibre thermodynamique. Pour décrire
l’absorption du rayonnement EM dans ces milieux, considérons un faisceau parallèle
de photons, de fréquence comprise entre ν et ν + dν et de flux lumineux Iν 144 (flux
d’énergie par unité de surface et par seconde, autrement dit le vecteur de Poynting),
incident dans la direction x. Soit un ensemble homogène de particules formant un
milieu de longueur l que le faisceau traverse et soit dx, l’épaisseur d’une tranche
infiniment mince de ce milieu, située à la distance x de la face d’entrée, tel qu’illustré
sur la figure 6.10.
Le flux lumineux absorbé dans la tranche dx en x est proportionnel à Iν (x) dx, ce qui
revient à poser la loi habituelle d’absorption dans un milieu matériel, d’où :
dIν (x)
= −kν (ν) . (6.181)
Iν (x) dx
144 Certains ouvrages désignent Iν comme le flux d’énergie par unité de surface, à tort : il s’agit
d’un flux de puissance, par unité de surface.
252 Physique atomique et spectroscopie optique
où Iν0 = Iν (x = 0).
Notons que la définition (6.180) fait appel à un faisceau parallèle de photons incidents :
cela non seulement n’enlève rien à la généralité de la définition, mais c’est bien ainsi
qu’il faut procéder puisque l’absorption et l’émission stimulée sont des phénomènes
qui ont lieu dans la direction du ou des photons incidents (section 6.2).
SA ≡ kν (ν) dν (6.183)
0
qui prend en compte l’absorption sur toute la largeur d’une raie ; dans ce qui suit,
nous faisons l’hypothèse que le coefficient kν est celui d’un milieu homogène. Le but
final est d’en déterminer l’expression quantique.
Considérons un faisceau incident de flux lumineux Iν défini sur l’intervalle spectral
ν, ν + δν. Ce flux traverse une épaisseur x, x + dx, d’un milieu contenant une densité
(constante suivant x : milieu homogène) Nk d’atomes dans l’état k, k étant égal à 1
(niveau inférieur) et 2 (niveau supérieur). Le flux lumineux sur l’intervalle spectral
ν, ν + δν croît ou décroît entre x et x + dx suivant l’importance relative de l’émis-
sion stimulée et de l’absorption due à la valeur Iν en x (nous ignorerons l’émission
spontanée 2 → 1 qui n’intervient pas dans la valeur de kν , par définition).
δN1 (ν)dx .
De (6.15) et de (6.154), le nombre de ces atomes qui vont effectivement absorber les
photons de l’intervalle ν, ν + δν est donné par :
1
[δN1 (ν)dx]B12 ρν (x) ≡ [δN1 (ν)dx]B12 Iν (x)
c
6− Interaction rayonnement-matière 253
de sorte que le flux lumineux absorbé (puissance absorbée) des photons d’énergie hν
est :
1
[δN1 (ν)dx]B12 Iν (x)hν . (6.184)
c
La diminution de l’intensité Iν qui lui correspond sur dx a pour expression symbo-
lique :
−d[Iν (x)δν] (6.185)
où la différentielle dénotée par δ concerne l’intervalle spectral ν, ν+δν et celle identifiée
par d se rapporte à la variation spatiale sur l’intervalle x, x + dx de Iν (x), de sorte
qu’au final nous pouvons écrire :
1
[(δN1 (ν) dx)B12 Iν (x)] hν .
−d[Iν (x)δν] = (6.186)
c
Notons que nous avons retenu hν comme valeur d’énergie sur tout l’intervalle de
fréquence, sans tenir compte de sa variation h(ν + δν), une approximation d’ordre 2
dans le membre de droite de (6.186).
de (6.191), il vient :
∞
g2 N1 c 2 hν0
SA ≡ kν dν = A21 1 − exp − (6.193)
g1 8πν02 kB T
−∞
g2 N1 2 hc
ou encore : SA = λ A21 1 − exp − . (6.194)
g1 8π 0 λ0 kB T
Remarques :
Le coefficient SA , comme le montrent les expressions (6.190), (6.191) ou (6.194), est
indépendant de la forme de la raie, c’est-à-dire de kν (ν) : peu importe, en effet, le
processus physique responsable de la largeur de raie dans la mesure où l’intégration
sur ν du membre de droite de (6.188) inclut toute la population N1 et N2 des deux
niveaux de la transition. En d’autres mots, le nombre de photons alors émis et
absorbés est indépendant de la forme de la raie spectrale du flux lumineux (lampe,
diode) incident sur le milieu.
On peut déterminer la densité de population du niveau inférieur d’une transition
donnée en mesurant l’absorption globale d’un faisceau incident (d’une lampe spec-
trale à travers le milieu, par exemple) : voir section 6.8.3 plus loin.
6− Interaction rayonnement-matière 255
Dans le cas d’un milieu absorbant où la largeur des raies est fixée essentiellement par
l’effet Doppler 146 , le coefficient kν est donné, comme le montre l’annexe A21, par
le produit du coefficient d’absorption au centre de la raie, k0 , par le profil de la raie :
√ 2
2(ν − ν 0 ) ln 2
kν (Δν) = k0 exp − (6.195)
ΔνD
Dans ce qui suit, nous allons montrer comment obtenir k0 en recourant cette fois au
coefficient d’absorption intégré dans son expression indépendante de la forme de la
raie.
En intégrant le coefficient kν de la raie Doppler sur toute sa largeur, il vient
(annexe A21) :
∞ √ 2
2Δν ln 2 k0 π
SA = k0 exp − d(Δν) = ΔνD . (6.198)
ΔνD 2 ln 2
−∞
146 Ceci signifie que les autres types d’élargissement sont négligeables ou que leur contribution a été
retirée par déconvolution du spectre expérimental.
147 À noter que k0 , le coefficient d’absorption au centre de la raie, est lié à la valeur Δν̄ (section 1.3)
alors que la valeur de k0 est apparentée à la largeur à mi-hauteur ΔνD (annexe A21).
256 Physique atomique et spectroscopie optique
1 g2 N1 2
k0 = λ21 A21 (6.202)
4,8π g1 ΔσD
3
2
Remarque : Dans certains milieux, par exemple les plasmas produits à des pressions
voisines ou supérieures à la pression atmosphérique, le profil de raie n’est pas dicté
par l’effet Doppler uniquement mais par une convolution de l’effet Doppler et de
l’élargissement en pression de type lorentzien donnant lieu, au final, à un profil de
Voigt. Les expressions pour le coefficient d’absorption intégré dans ces milieux sont
dérivées par Castaños-Martìnez [12].
Ainsi, la détermination expérimentale de k0 permet de connaître la densité N1 du
niveau inférieur de la transition considérée.
le milieu d’épaisseur L, puisque dIν /Iν = −kν dz. En considérant toute la largeur de
raie d’une transition donnée 148 , l’absorption globale peut alors s’écrire :
L ∞
L’absorption augmente bien avec Bij (aussi avec Aji (6.144) et Fij (6.50)).
Iν0 (ν)e−kν L dν
ν
AL = 1 − . (6.207)
Iν0 (ν) dν
ν
La figure 6.11 présente un exemple de montage expérimental pour des mesures d’ab-
sorption sur une colonne de plasma d’argon à partir d’une lampe spectrale d’argon.
Pour illustrer les possibilités offertes par de telles mesures, supposons que la lampe
spectrale (fournissant le flux incident) présente un profil Doppler de largeur à mi-
hauteur ΔνDS et que le milieu absorbant soit lui-même dominé par l’effet Doppler
avec une largeur à mi-hauteur ΔνD (en général, la température du gaz dans la lampe
spectrale et celle dans le milieu absorbant sont différentes).
148 Ceci signifie que les fentes d’entrée et de sortie du spectromètre servant à la détermination du
coefficient AL doivent être suffisamment ouvertes pour laisser entrer toute la largeur de la raie
et ensuite, à la sortie, détecter la totalité de celle-ci.
258 Physique atomique et spectroscopie optique
∞
ω 2 % 2
&
exp − 1 − exp −k0 L e−ω dω
α
−∞
AL = ∞ . (6.212)
ω 2
exp − dω
α
−∞
6− Interaction rayonnement-matière 259
La figure 6.12 présente une abaque 149 donnant la valeur de kσ 0 L en fonction du
coefficient d’absorption global AL pour différentes valeurs de α 150 . Ainsi, à partir
d’une mesure du coefficient AL , on peut remonter à la valeur kσ0 L (d’après l’expression
(6.212) ou d’après la figure 6.12). Puis connaissant la valeur L du parcours lumineux
dans le milieu, on peut obtenir de kσ 0 et de (6.201) la valeur de N1 , la population du
niveau inférieur de la transition considérée.
La figure 6.13a illustre un montage expérimental pour des mesures de profil de raie par
absorption optique sur un plasma à partir d’une diode laser. La méthode est basée sur
le balayage en fréquence du laser autour de la fréquence centrale de la transition ν0 .
À cette fin, le laser doit être stable et son élargissement en fréquence Δνlaser doit être
beaucoup plus faible que la largeur spectrale de la transition atomique Δν considérée.
Typiquement, Δνlaser < 10 MHz alors que Δν 1 GHz.
EXERCICE 1.1
Étant donnée l’énergie du niveau fondamental des métaux alcalins suivants, exprimée
en cm−1 :
Na(3s) 41 449,5 K(4s) 35 009,8 Cs(6s) 31 406,5
en calculer les potentiels d’ionisation (en eV).
Solution
EXERCICE 1.2
Solution
En nous aidant de la figure 1.2.2, nous pouvons voir que l’intégrale de convolution
(f ∗ g)(x) représente la mesure du rectangle de recouvrement entre les deux fonc-
tions f (t) et g(x − t) pour une valeur de x donnée. Faire varier x de −∞ à ∞,
correspond schématiquement à déplacer le rectangle représentant g(x − t) de la
gauche vers la droite.
Dans ce qui suit, nous étudions le comportement de l’intégrale (1) en fonction des
différentes valeurs de x :
1. Pour x + l < −l
Les deux rectangles ne se recouvrant pas, l’intégrale de convolution est nulle.
2. Pour x + l ≥ −l et x < 0, soit −2l ≤ x < 0
C’est le cas de la figure 1.2.2. Le recouvrement entre les deux fonctions est
d’une largeur égale à (x + l) − (−l) = x + 2l. Les deux fonctions ayant la même
amplitude soit h, l’intégrant de (1) vaut h2 . Le produit de convolution est donc
f ∗ g = h2 (x + 2l).
3. Pour x ≥ 0 et x − l < l, soit 0 ≤ x < 2l
Le recouvrement entre les deux fonctions est de largeur 2l − x et l’intégrant
de (1) vaut h2 , alors le produit de convolution est égal à h2 (2l − x)
4. Finalement, lorsque x − l ≥ l, soit x ≥ 2l
Il n’y a plus recouvremet entre les deux fonctions et le produit de convolution
est nul.
Selon ces résultats, le produit de convolution de deux fentes de même largeur 2l
et de même hauteur h est une fonction triangulaire de base 4l, centrée en 0 et de
hauteur 2h2 l tel que représenté à la figure 1.2.3.
Figure 1.2.4 – Fonctions élémentaires f (x) et g(x) de deux fentes ayant une
hauteur h et h différente où h > h et une largeur l et l différente où l > l .
3. Si x + l ≤ l et x − l ≥ −l donc pour l − l ≤ x ≤ l − l
Les deux fonctions se recouvrent complètement, la largeur du recouvrement
étant maintenant égale à 2l , ce qui donne f ∗ g = 2l hh .
Exercices du chapitre 1 265
spectromètre de manière à ce que l’image de la fente d’entrée sur la fente de sortie soit
de même taille. Pour les spectromètres munis d’un détecteur monocanal (par exemple
un photomultiplicateur), il est cependant d’usage en laboratoire de choisir la même
hauteur et la même largeur pour les fentes d’entrée et de sortie de l’appareil dispersif.
Le profil mesuré par un détecteur à la sortie d’un spectromètre est une convolution du
profil de la raie sur la fente de sortie et de la fonction d’appareil. La largeur des fentes
d’entrée et de sortie devra être choisie suffisamment petite pour que la largeur de la
fonction d’appareil résultante soit étroite (mais pas trop fine pour éviter l’apparition
d’une figure de diffraction, annexe A5). Si les fentes d’entrée et de sortie sont larges,
la forme du profil de raie à la sortie du spectromètre sera déformée au point d’épouser
celle de la fonction d’appareil comme le montre la figure 1.2.6a. Si les fentes sont
étroites, le profil de raie mesuré conservera son caractère d’origine, un profil gaussien
sur l’exemple de la figure 1.2.6b.
EXERCICE 1.3
Considérer une transition entre deux états rovibroniques. Nous appellerons respective-
ment J et J le nombre quantique total de l’état initial et celui de l’état final. En sup-
posant les conditions de l’approximation de Born-Oppenheimer réunies, l’énergie
d’un état du système peut s’écrire simplement comme une somme de termes, de valeurs
décroissantes, où figurent successivement la contribution du nuage électronique, celle
liée à la vibration des noyaux de la molécule et caractérisée par le nombre quantique v,
et celle liée à la rotation des noyaux et déterminée par le nombre quantique K. Dans
le cas où les états électronique et vibrationnel sont supposés fixes, l’effet de rotation
des noyaux est directement reporté sur le nombre quantique total J (annexe A2).
Exercices du chapitre 1 267
Solution
où |ΔER | |ΔEv | |ΔEe |. Dans le cas où les valeurs de Vn0 et v sont fixées,
faire varier le nombre quantique total J revient à parcourir les différentes valeurs
du nombre quantique K. Nous poserons, comme suggéré, J ≡ J (niveau final
inférieur en émission).
Branche P
ΔJ = J − J = −1 d’où J = J + 1 ≡ J + 1, ce qui nous conduit à :
Branche R
La règle de sélection est alors ΔJ = J − J = 1, toujours avec J = J, de sorte
que J = J − 1, ce qui fait que la fréquence ν a pour expression :
ΔEe + ΔEv 1 2
ν= + J (B − B ) + J(B + B ) , (2)
h 2π
qui est bien une parabole encore une fois.
Branche Q
La règle de sélection ΔJ = J − J = 0 conduit à J = J = J. On arrive à :
ΔEe + ΔEv 1 2
ν= + J (B − B ) + J(B − B ) , (3)
h 2π
encore une parabole, mais incomplête comme nous allons le montrer.
La règle de sélection ΔJ = 0 entraînant l’exclusion du nombre quantique J =J=0,
il nous faut éliminer toute la série des nombres J entiers (non négatifs) (section 3.3).
Dans ces conditions, la première valeur de J est 12 et les valeurs suivantes en sont
tous les multiples successifs.
b) En posant J = J + 1 pour la branche P et (attention !) en posant J = −J pour
la branche R, nous vérifions que l’expression suivante est commune à ces deux
branches :
ΔEe + ΔEv 1 2
ν= + J (B − B ) − J (B + B ) . (4)
h 2π
B + B
JB = . (5)
2(B − B )
d2 ν B − B
Puisque : = , (6)
dJ 2 π
il s’agit d’un maximum ou d’un minimum suivant la valeur relative de B et B .
Comme de (5) JB doit être positif pour la branche P, ceci impose que B > B ,
d’où (6) étant positif c’est un minimum en ν : la tête de bande est du côté
"rouge" 151 . Pour la branche R, J étant par hypothèse négatif ceci impose de (5)
que B < B , de sorte qu’il ressort de (6) que c’est un maximum en ν : la tête de
bande est située du côté "bleu".
151 C’est le cas de la raie 391,4 nm du premier système négatif de N2 dont l’accumulation résulte
de la convergence de la branche P (voir figure 1.8).
Exercices du chapitre 1 269
Figure 1.3.1 – Noter que la représentation conventionnelle qui veut que sur
un graphique l’ordonnée y soit fonction de l’abcisse x n’est pas respecté !
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Exercices du chapitre 2
EXERCICE 2.1
dω
N = m|r|2 ?
dt
La valeur de L est-elle affectée par ce choix ?
b) Dans quelles conditions obtient-on que le moment cinétique L s’exprime sous la
forme L = Iω sachant que L = r ∧ p et que I ≡ m|r|2 est le moment d’inertie ?
272 Physique atomique et spectroscopie optique
Solution
Les deux derniers termes de (1) vont s’annuler pour r = 0 (figure 2.1.1b), ce qui
mène bien à :
2 dω dω
N = mr⊥ = mr2 . (2)
dt dt
Le fait de passer de r quelconque (a) à r = r ⊥ ne modifie pas la valeur de L.
En effet, de façon générale, |L| = |r| sin α|p| où α est l’angle entre r et p, ce qui
conduit à |L| = |r ⊥ ||p| où |r ⊥ | = |r| sin α !
b) Par ailleurs, puisque L ≡ mr ∧ v, il vient :
L = mr ∧ (ω ∧ r) (3)
EXERCICE 2.2
Solution
Dans le présent cas à une dimension, l’axe x étant suivant le rayon R de l’électron par
rapport au noyau, et en prenant x = 0 pour la position du CM (figure 2.2.1), de (1) :
−M x + m(R − x)
0= , (2)
m+M
d’où la position de l’électron dans le CM
mR
x= . (3)
m+M
Quant à la distance entre l’électron et le centre de masse, elle a alors pour expression :
MR
R−x= . (4)
m+M
mM 2 R2 ω M m2 R 2 ω
L= +
(m + M )2 (m + M )2
mM (M + m) 2
= R ω
(m + M )2
mM
= R2 ω (6)
m+M
et, finalement, en introduisant la masse réduite μ = mM/(m + M ) :
L = μR2 ω . (7)
274 Physique atomique et spectroscopie optique
dx
FN = M ω (8)
dt
d mR dR
et de (3) : FN = Mω = ωμ . (9)
dt m + M dt
dR μv 2
Fe = −ωμ = −ωμv = − (10)
dt R
où F e est la force agissant sur l’électron. Sachant que cette force a pour expression
dans le repère du laboratoire :
Ze2
F =− , (11)
4π 0 R2
Ze2
de (10), nous arrivons à : R= . (12)
4π 0 μv 2
L ≡ μRv = n . (13)
μZe2
= n (14)
4π 0 μv
n
et de (13) : μv = ,
R
μZe2 R
de sorte qu’avec (14) : = n , (15)
4π 0 n
n2 2 4π 0
soit : R= . (2.21)
Ze2 μ
Pour exprimer R dans le CM plutôt que dans le repère du laboratoire, il suffit, en
somme, de remplacer la masse de l’électron par la masse réduite du système !
Exercices du chapitre 2 275
EXERCICE 2.3
a) Dans une première expérience, la plaque P est polarisée de telle manière à recevoir
les électrons incidents, comme le montre la figure 2.3.1. Le courant électronique
collecté I, exprimé en fonction du potentiel de grille V , croît puis atteint un
maximum (figure 2.3.2) auquel correspond l’émission de photons par le gaz de
la décharge. Soit VM , la valeur de ce maximum.
1. En négligeant l’énergie thermique communiquée aux électrons par le filament
émissif, calculer leur vitesse après accélération dans l’énergie potentielle VM des
gaz du tableau ci-joint.
2. Déterminer la longueur d’onde en nm des émissions correspondantes.
276 Physique atomique et spectroscopie optique
Gaz VM VI
Cs 1,39 3,89
Ar 11,61 15,76
He 20,91 24,58
Solution
EXERCICE 2.4
Solution
Par ailleurs, selon Bohr (section 2.2.3), les orbites sont quantifiées et ont pour rayon :
n2 2 4π 0
R= , (3)
me Ze2
Ze2
d’où de (2) et (1) : v2 = (4)
me 4π 0 R
Ze2 me Ze2
et en y reportant (3) : v2 = (5)
m4π 0 n2 2 4π 0
soit en normalisant à c, la vitesse de la lumière :
v Ze2
= (6)
c 4π 0 cn
Pour la première orbite de Bohr de l’hydrogène, Z = 1 et n = 1, de sorte que :
v e2
= ≡α (7)
c 4π 0 c
où α est la constante de structure fine (section 2.4.3). v/c = 1/137,04 = 7,297 × 10−3
(sans unité !). Le rapport β = v/c 7 × 10−3 , le mouvement sur cette première orbite
de Bohr est peu relativiste.
EXERCICE 2.5
Solution
Les transitions autorisées sont celles pour lesquelles la variation du nombre quan-
tique azimutal est telle que Δk = ±1 (section 2.4.4). Les valeurs de k permises
sont :
# #
n = 4 : k = 1, 2, 3, 4 n = 2 : k = 1, 2
Balmer Hβ Lyman Lα
n = 2 : k = 1, 2 n=1:k=1
Les niveaux sont disposés en énergie selon la figure 2.5.1. Les transitions en émis-
sion permises (Δk = ±1) apparaissant en trait plein, d’où il ressort que la raie Lα
est de structure fine singulet et les raies Hβ de structre fine triplet.
Même s’il n’y a qu’un seul électron, j = l +s peut aussi s’écrire comme J = L+S,
ce qui permet de passer ainsi à la notation L · S habituelle avec n 2S+1 LJ . Alors
(section 5.4), J = L + S . . . |L − S| où L = l et S = 12 .
Balmer Hβ et Lyman Lα
Pour n = 4, les valeurs de l permises sont déterminées par l ≤ n − 1 :
l = 0, J = 12 : 4 2
S 21
l = 1, J = 12 , 32 : 4 2
P 12 , 32
l = 2, J = 32 , 52 : 4 2 3 5
D2,2
l = 3, J = 52 , 72 : 4 2 5 7
F2,2
Attention : les états de même valeur de J correspondent à un même niveau
d’énergie (voir relation (1)).
280 Physique atomique et spectroscopie optique
EXERCICE 2.6
Montrer, en recourant au formalisme de Bohr, que les photons émis lors d’une
transition n → n − 1 (pour n très grand) possèdent une pulsation intermédiaire
entre les pulsations de la radiation au sens classique de l’électron sur le niveau n et
celle de l’électron sur le niveau n − 1, dans le cas de l’atome d’hydrogène (illustration
du principe de correspondance, section 2.4.4).
Exercices du chapitre 2 281
Solution
1 (Ze2 )2 μ 1
En = − (1)
32 π 2 20 2 n2
En − En−1 1 (Ze2 )2 μ 1 1
d’où νB ≡ = − . (2)
h 32 π 2 20 2 h (n − 1)2 n2
Comme n est pas hypothèse très grand, nous allons développer le terme :
−2
1 1 1
≡ 1 − (3)
(n − 1)2 n2 n
fréquence que l’on transforme en pulsation en multipliant (5) de chaque côté par 2π :
2|En | 3
ωB = 1+ + ··· . (6)
n 2n
n2 2 4π 0
R= , (2.21)
μZe2
En résumé :
2|En |
Pulsation classique : ωn = , (9)
n
2|En | 3
ωn−1 = 1+ + ··· , (10)
n n
2|En | 3
pulsation selon Bohr : ωB = 1+ + ··· , (6)
n 2n
ce qui montre bien que : ωn < ωB < ωn−1 . (11)
L’électron sur l’orbite n − 1 doit tourner plus vite que sur l’orbite n car le potentiel
attractif coulombien est plus grand pour lui (dans le cas contraire, il "tomberait" sur
le noyau).
EXERCICE 2.7
Solution
La série de Paschen se définit par le fait que toutes les transitions aboutissent sur le
niveau ni = 3.
a) Dans le modèle de Bohr-Sommerfeld, les différents niveaux sont caractérisés
par le nombre quantique total n (lié au moment cinétique de l’électron !) et par le
nombre azimutal k tel que k = 1, · · · n.
Ainsi, pour la transition nj = 4 vers ni = 3, nous avons pour les valeurs de k :
nj = 4 k = 1, 2, 3, 4
ni = 3 k = 1, 2, 3 .
Seules les transitions pour lesquelles Δk = ±1 sont autorisées dans ce modèle
(section 2.4.4), de sorte que nous sommes conduits aux émissions suivantes :
nj = 4 k = 1 2 2 3 4
↓ ↓ ↓ ↓ ↓
ni = 3 k = 2 1 3 2 3
d’où un spectre de structure quintuplet.
Pour nj = 5 vers ni = 3
nj = 5 k = 1, 2, 3, 4, 5
ni = 3 k = 1, 2, 3
d’où les transitions permises :
nj = 5 k = 1 2 3 2 4 5
↓ ↓ ↓ ↓ ↓
ni = 3 k = 2 1 2 3 3
et nous arrivons de nouveau à un quintuplet. Nous découvrons ainsi une règle
générale : c’est le niveau d’accueil (niveau inférieur) qui détermine la multiplicité
d’une série !
b) Dans le contexte de la mécanique quantique, les états quantiques pour un nombre
quantique principal n donné se répartissent suivant les valeurs du moment cinétique
orbital de l’électron, soit l = 0, 1 . . . n−1 (section 3.1.2). En nous limitant à la règle
de Laporte Δl = ±1, les transitions dipolaires électriques permises et interdites
sont respectivement représentées en trait plein et en tirets sur la figure 2.7.1. Nous
constatons que les raies permises par Laporte forment un quintuplet, comme
le prévoit également le modèle de Bohr-Sommerfeld : rien d’étonnant puisque
formellement k = l + 1 (section 2.4) de sorte que Δk = ±1 aussi bien que Δl = ±1,
ce qui ne peut que donner le même résultat.
c) En couplage L · S, les états d’énergie sont désignés par n 2S+1 LJ . Dans le cas d’un
seul électron, les différentes valeurs de l (s, p, d, f . . .) conduisent directement aux
valeurs de L (S, P, D, F . . .), d’où pour :
nj = 4 l = 0, 1, 2, 3 → S, P, D, F
ni = 3 l = 0, 1, 2 S, P, D .
284 Physique atomique et spectroscopie optique
Par ailleurs, la multiplicité étant définie par 2S + 1, dans le cas d’un seul électron
tous ces états sont des doublets (vrais ou faux !). Pour ce qui est des différentes
valeurs de J provenant de l’addition du moment cinétique orbital et de celui du
spin, sa valeur maximale est Jmax = L+S, et sa valeur minimale est Jmin = |L−S|.
Comme ces deux valeurs extrêmes sont liées par une variation par pas d’une unité
du nombre quantique (section 3.3), il vient donc pour l’atome hydrogène :
2 2
S 12 P 12 , 2 P 32 2
D 32 , 2 D 52 2
F 52 , 2 F 72 .
Les états d’énergie ainsi obtenus sont représentés sur le diagramme d’énergie de
la figure 2.7.2 en se guidant sur la distribution des valeurs du moment orbital l de
l’électron de la figure 2.7.1.
EXERCICE 2.8
Solution
que nous utiliserons dans l’expression (2.26) décrivant les raies des séries hydrogé-
noïdes :
1 1
σ = Rμ − 2 (4)
n2i nj
où nous avons posé Z = 1. Pour la série de Lyman, ni = 1 et pour celle de
Balmer, ni = 2.
2. Il nous faut calculer les masses réduites. En général :
me M
μ= . (5)
me + M
Pour μH :
Pour μD :
Pour μT :
Pour l’hydrogène :
σLα (H) = RH [0,75]
σLβ (H) = RH [ 89 ]
σLγ (H) = RH [ 15
16 ] ,
où RH = 1,09679 × 10−2 nm. Comme σ = 1/λ, il vient :
λLα (H) = 121,567 nm
λLβ (H) = 102,572 nm
λLγ (H) = 97,254 nm
Pour le deutérium :
RD = 1,09709 × 10−2 nm
et : λLα (D) = 121,534 nm
λLβ (D) = 102,544 nm
λLγ (D) = 97,227 nm .
Pour le tritium :
RT = 1,09719 × 10−2 nm
et : λLα (T) = 121,523 nm
λLβ (T) = 102,535 nm
λLγ (T) = 97,218 nm .
4. Pour la série de Balmer (ni = 2, nj = 3, 4, 5)
Pour l’hydrogène :
σLα (H) = RH 14 − 1
9
5
= RH [ 36 ]
3
σLβ (H) = RH [ 16 ]
σLγ (H) = RH [0,21]
et : λLα (H) = 656,463 nm
λLβ (H) = 486,269 nm
λLγ (H) = 434,168 nm .
Pour le deutérium :
λLα (D) = 656,284 nm
λLβ (D) = 486,136 nm
λLγ (D) = 434,050 nm .
Pour le tritium :
λLα (T) = 656,225 nm
λLβ (T) = 486,092 nm
λLγ (T) = 434,011 nm .
La différence en longueur d’onde entre les isotopes affecte le 5e chiffre significatif
dans le cas de la série de Lyman et le 4e chiffre pour celle de Balmer. Le pouvoir
de résolution nécessaire pour distinguer ces différentes séries est assez couramment
disponible en laboratoire ; l’effet Doppler (due à l’agitation thermique des atomes)
constitue la difficulté principale de cette mesure, comme le montre l’exercice 2.9.
Exercices du chapitre 2 289
EXERCICE 2.9
a) Déterminer le décalage en nanomètre, tel que prédit par la série de Balmer, entre
la raie Hα de l’atome d’hydrogène et la raie correspondante Dα de l’atome de
deutérium ;
b) quelle est, dans ces conditions, la température maximale que peut prendre un
mélange d’hydrogène et de deutérium avant que l’effet Doppler ne permette plus
de distinguer l’émission isotopique, en supposant que cette dernière est d’intensité
moitié de celle de Hα ? Justifier votre critère de séparation des raies de façon
graphique.
Solution
et donc RD = RH μD /μH = 109 708,59 cm−1 , de sorte que, pour la transition visée
de l’hydrogène et du deutérium :
5
σH = RH = 15 233,16 cm−1 → λ = 656,462 nm
36
5
σD = RD = 15 237,30 cm−1 → λ = 656,284 nm,
36
soit une différence Δλ = 0,1784 nm. Nous pourrons séparer ces deux raies dans la
mesure où l’effet Doppler n’est pas trop important.
b) Si les deux raies étaient de même amplitude, il suffirait, pour les résoudre, que
les deux maxima soient à Δλ = ΔλD l’un de l’autre où ΔλD est la largeur à mi-
hauteur de la raie, comme l’enseigne la figure 2.9.1 a). Dans le cas où l’amplitude
est la moitié de l’autre, le critère Δλ = ΔλD n’est plus valide (figure 2.9.1b). Il
faut une plus grande séparation en Δλ pour bien séparer les deux raies, comme
l’indique la figure 2.9.1 c : nous prendrons Δλ = 32 ΔλD .
290 Physique atomique et spectroscopie optique
Figure 2.9.1 – (a) Cas de deux raies de même intensité, séparées en longueur
d’onde par Δλ, dans le cas où Δλ = ΔλD , ΔλD étant la largeur Doppler à
mi-hauteur de ces deux raies : la somme de leur intensité permet encore de les
distinguer dans ces conditions (voir aussi la figure A5.2) ; (b) cas où l’une des
raies est d’intensité moitié de l’autre : la séparation Δλ = ΔλD ne permet plus
de bien les distinguer ; (c) cas où, comme en b), l’intensité de l’une des raies
est moitié de l’autre avec, cette fois, une séparation minimale plus grande,
Δλ = 32 ΔλD : il est alors possible de résoudre les deux raies.
La largeur à mi-hauteur d’une raie dominée par l’effet Doppler a pour expression
(section 1.1.3) :
12
−7 T
ΔλD = 7,13 × 10 λ0 (1)
MH
EXERCICE 2.10
On observe, dans une série spectrale, des raies (en émission) dotées d’une structure
fine en doublets, la séparation en énergie de cette structure fine étant la même pour
toutes les raies de la série.
a) Établir un diagramme d’énergie permettant de recréer les transitions menant à une
telle série spectrale : vérifier à partir de quelques transitions, supposées permises,
que l’on retrouve bien les propriétés observées.
b) Représenter de façon schématique le spectre d’émission d’une telle série de façon
à mettre en évidence ses propriétés.
Solution
a) Une série de raies implique un même niveau d’accueil pour toutes les raies. Dans
le cas présent, pour que la structure en doublet apparaisse dans le spectre, il
nous faut donc supposer que le niveau d’accueil possède une telle structure fine en
énergie, dont nous désignerons les deux niveaux par 1 et 1 (figure 2.10.1). Notons
les niveaux d’énergie supérieurs (de séparation en énergie quelconque entre eux)
par ordre numérique croissant. Pour justifier la propriété observée, considérons
des transitions, par provenance, à titre d’exemple, de deux doublets supérieurs en
énergie notés 2–2’ et 3–3’, comme l’indique le schéma. Nous allons montrer que la
séparation en énergie des différents doublets émis dans le spectre ne dépend pas
de la séparation en énergie ΔE2 et ΔE3 des doublets des niveaux supérieurs où,
de surcroît, nous avons pris ΔE2 = ΔE3 .
La structure fine ΔE2 du doublet supérieur n’intervient pas du tout. Il en est ainsi
aussi pour les transitions à partir des niveaux supérieurs 3 et 3 vers 1 et 1 : la
séparation en énergie des raies du spectre de la série ne dépend que de ΔE1 , pas
de ΔE3 .
Le choix de doublets comme niveaux supérieurs est destiné à montrer que ce n’est
pas la structure fine de ceux-ci qui intervient, mais bien celle du niveau d’accueil.
Des niveaux supérieurs singulets ou triplets conduiraient au même résultat dans
la mesure où le niveau d’accueil est un doublet en énergie.
b) Pour mettre en évidence le fait que les doublets de chaque raie de la série ont
une même séparation en énergie, il faut repporter les raies en fonction du nombre
d’onde σ ou de la fréquence radiative ν plutôt que de la longueur d’onde λ, comme
c’est généralement le cas des spectres enregistrés sur un appareil dispersif. En effet,
à une variation d’énergie donnée ΔE correspond un intervalle de fréquence Δν et
un intervalle de nombre d’onde Δσ qui ne dépendent pas de σ ou de ν, puisque
E = hν = hcσ. Au contraire, E = hc/λ entraîne que ΔE = hcΔλ/λ2 !
EXERCICE 2.11
a) À partir des valeurs de section efficace présentées à la figure 2.11.1 pour l’exci-
tation par collision électronique sur l’atome dans son niveau fondamental, soit le
niveau 3 P0 provenant de la configuration orbitale 2s2 2p3 3p de l’atome d’oxygène,
calculer le taux de réaction pour des électrons monoénergétiques de 30 eV.
Solution
Pour une énergie des électrons, EeV , et une énergie-seuil, EsV , exprimées en eV,
comme à la figure 2.11.1, on pose |e|EeV = Ee , de sorte que :
⎡ ∞
EeV
0 ⎢ AEeV exp − EeV dEeV
⎢ TeV
2|e| ⎢ EsV
k = ⎢
me ⎢ ∞
⎢ 1 EeV
⎣ 2
EeV exp − dEeV
TeV
0
∞ ⎤
EsV
AEsV exp − EeV dEeV ⎥
TeV ⎥
⎥
−
EsV ⎥
∞ ⎥
1 E ⎥
EeV exp −
2 eV
dEeV ⎦
TeV
0
En intégrant par parties les deux termes au numérateur, nous avons finalement :
0 2 2TeV EsV
AEsV TeV 1 + exp −
2|e| E TeV
k = √ sV
me π 2 3
T
2 eV
0
8|e|TeV 2TeV EsV
k = AEsV 1 + exp −
πme EsV TeV
EXERCICE 3.1
Solution
dF̂ ∂Ψ∗ ∂ F̂ ∂Ψ
= F̂ Ψdτ + Ψ∗ Ψdτ + Ψ∗ F̂ dτ . (3)
dt ∂t ∂t ∂t
dF̂ i ∂ F̂
=− Ψ∗ (F̂ Ĥ − Ĥ F̂ )Ψdτ + Ψ∗ Ψdτ . (5)
dt ∂t
EXERCICE 3.2
Dans le formalisme quantique, le moment cinétique orbital est caractérisé par les
opérateurs L̂2 et les composantes L̂x , L̂y et L̂z . Ces derniers ne commutent pas entre
Exercices du chapitre 3 299
eux mais, par ailleurs, chacun commute avec L̂2 . Par contre, dès que les fonctions
d’un état donné sont exprimées dans un système de coordonnées particulier, elles ne
sont valables que pour l’un des trois opérateurs de projection de L̂ : ainsi, si l’état est
une fonction propre de L̂2 et L̂z , alors elle ne l’est pas de L̂y et L̂z . Toutefois, pour ce
même état, un changement de repère peut faire en sorte que les fonctions propres dans
le nouveau repère admettent un opérateur de projection différent de celui de l’ancien
repère. Ceci illustre bien le fait que la direction privilégiée définie par la projection qui
admet les fonctions propres de l’état n’a rien d’essentiel, mais est le fait du système
de coordonnées choisi.
a) Calculer le commutateur [L̂2 , L̂x ] où ces opérateurs sont exprimés dans un système
de coordonnées sphériques (r, θ, ϕ) lié à un repère cartésien (x, y, z) par les relations
habituelles (on prendra r = 1 dans ce qui suit puisque cette variable ne va pas
intervenir dans nos considérations). Indiquer le résultat également pour [L̂2 , L̂y ] et
[L̂2 , L̂z ].
b) Soit les fonctions propres hydrogénoïdes de l’état p correspondant au repère de la
question précédente. À une constante près (r = 1), ce sont :
ψ0 = cos θ (1)
±iϕ
ψ± = sin θ e . (2)
Montrer que L̂x ψ ne conduit pas à une équation aux valeurs propres, au contraire
de L̂z ψ. Déterminer la valeur propre de L̂2 ψ.
c) Soit les fonctions :
ξ = x + iy
η = x − iy
z = z.
Vérifier que ce sont en fait les fonctions propres de l’état p dans un système de
coordonnées sphériques définis sur les coordonnées cartésiennes initiales x, y et z.
d) Calculer les opérateurs L̂x , L̂y et L̂z dans le repère (ξ, η, z) de c). Déterminer
ensuite les opérateurs L̂ξ , L̂η et L̂z . Identifier lequel de ces opérateurs admet
comme fonctions propres ξ, η et z.
e) Soit maintenant un nouveau repère cartésien défini par :
ξ = x + iz , (3)
η = x − iz , (4)
y. (5)
En vous aidant de c), déterminer les fonctions propres dans ce nouveau repère et
les exprimer en coordonnées sphériques.
300 Physique atomique et spectroscopie optique
Solution
a) L’opérateur L̂2 et les composantes L̂x , L̂y , L̂z selon les axes cartésiens peuvent
s’exprimer en coordonnées sphériques. Des relations (3.54) à (3.57), nous avons :
# 2
∂ ∂ 1 ∂2
L̂2 = −2 + cot θ + , (6)
∂θ2 ∂θ sin2 θ ∂ϕ2
#
∂ ∂
L̂x = − sin ϕ + cot θ cos ϕ . (7)
i ∂θ ∂ϕ
En rappelant que :
∂2 ∂2f ∂f ∂g ∂2g
2
(f g) = g 2 + 2 +f 2 , (8)
∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ
nous obtenons :
!
2 2 3 ∂3 ∂2 ∂ 2 cos θ ∂
L̂ L̂x − L̂x L̂ = sin ϕ 3 + cot θ cos ϕ 2 + cos ϕ
i ∂θ ∂θ ∂ϕ sin3 θ ∂ϕ
1 2 3
2
2 cos ϕ ∂ ∂2 2 ∂2 cot θ ∂
− 2 + cot θ sin ϕ 2
+ cot θ cos ϕ − 2 cos ϕ ∂ϕ
sin θ ∂θ∂ϕ ∂θ ∂ϕ∂θ sin θ
4 5 6 3
sin ϕ ∂ 3 2 cos ϕ ∂ 2 sin ϕ ∂ cot θ ∂3
+ + − + cos ϕ
sin2 θ ∂ϕ2 ∂θ sin2 θ ∂θ∂ϕ sin2θ ∂θ sin2 θ ∂ϕ3
7 4 8 9
2 3
cot θ ∂ 2 cot θ ∂ ∂ ∂2
− 2 cos ϕ ∂ϕ − 2 sin ϕ 2 − sin ϕ 3 − cot θ sin ϕ 2
sin θ sin θ ∂ϕ ∂θ ∂θ
3 10 1 5
3 2
sin ϕ ∂ sin ϕ ∂ 2 cos θ ∂ ∂3
+ 2 ∂θ − 2 ∂ϕ2 ∂θ + 3 sin ϕ 2 − cot θ cos ϕ 2
sin θ sin θ
sin θ
∂ϕ
∂θ ∂ϕ
8 7 10 2
"
∂2 cot θ ∂3
− cot2 θ cos ϕ − 2 cos ϕ 3 = 0̂ (9)
∂θ∂ϕ sin θ ∂ϕ
6 9
[L̂2 , Ly ] = [L̂2 , Lz ] = 0̂ .
Exercices du chapitre 3 301
Les trois opérateurs "projection de L" commutent avec L̂2 : noter qu’aucune
fonction propre n’intervient dans le calcul.
b) Les fonctions propres hydrogénoïdes dans le repère sphérique, pour l’état np et à
une constante près, ont pour dépendance en θ et ϕ (r = 1) :
(m = 0) : ψ0 = cos θ ,
(m = ±1) : ψ± = sin θ e±iϕ .
Ces fonctions n’admettent pas L̂x ou L̂y comme opérateur propre : en effet,
pour L̂x :
#
∂ ∂
L̂x ψ0 = − sin ϕ + cot θ cos ϕ cos θ
i ∂θ ∂ϕ
= + {sin ϕ sin θ} = −i sin ϕ sin θ
i
= valeur propre (constante) × ψ0
L̂x ψ± = − {sin ϕ cos θ ± cot θ cos ϕ sin θ i} e±iϕ
i
= i[cos θ][sin ϕ ± i cos ϕ]e±iϕ = cos θ e∓iϕ e±iϕ
ce qui montre que ξ, η, z sont bien les trois fonctions propres de l’état p dans ce
repère.
d) Rappelons que l’opérateur L̂2 et les composantes L̂x , L̂y et L̂z ne sont définis au
départ que dans un repère cartésien selon le postulat 3 de la mécanique quantique
(annexe A15). Dans ces conditions, sachant que les composantes du vecteurs
moment cinétique L = r ∧ p s’obtiennent à partir du déterminant suivant :
$ $
$êx êy êz $
$ $
$x y z $$
$
$px py pz $
où : Lx = ypz − zpy
Ly = zpx − xpz
Lz = xpy − ypx ,
alors par application du postulat 3 (pj = (/i) ∂/∂xj ), nous avons, par exemple,
pour Lx :
∂ ∂
Lx = y −z .
i ∂z ∂y
Le lien entre le repère cartésien et le nouveau repère (ξ, η, z), s’établit en consi-
dérant que ξ = x + iy, η = x − iy et z = z, d’où :
ξ+η
x=
2
ξ−η
y= (15)
2i
z =z .
∂ ∂ ∂
d’où : = + . (17)
∂x ∂ξ ∂η
∂ ∂ ∂
De même, nous trouverions : =i − . (18)
∂y ∂ξ ∂η
De même :
∂ ∂ ∂ ∂ ξ+η ∂
L̂y = z −x = −i z + −
i ∂x ∂z ∂ξ ∂η 2 ∂z
∂ ∂
et : L̂z = x −y
i ∂y ∂x
ξ+η ∂ ∂ ξ−η ∂ ∂
= (i) − − +
i 2 ∂ξ ∂η 2i ∂ξ ∂η
∂ ∂
= ξ −η .
∂ξ ∂η
et ils sont bien normés à l’unité : |êξ |2 = êξ · ê∗ξ = 12 (ê2x − i2 ê2y ) = 1 .
Nous pouvons donc déterminer les opérateurs du nouveau système. Ainsi :
1
L̂ξ = L̂ · êξ = (L̂x êx + L̂y êy + L̂z êz ) · √ (êx + iêy )
2
1
= √ (L̂x + iL̂y ) .
2
√
De même, L̂η = (L̂x − iL̂y )/ 2 et L̂z demeure évidemment inchangé.
304 Physique atomique et spectroscopie optique
#
1 ∂ ∂ ξ−η ∂
Alors : L̂ξ = √ −z − −
2 ∂ξ ∂η 2 ∂z
∂ ∂ ξ+η ∂
+i(−i) z + −
∂ξ ∂η 2 ∂z
∂ ∂
L̂ξ = √ 2z −ξ , (19)
2 ∂η ∂z
∂ ∂
L̂η = √ η − 2z (20)
2 ∂z ∂ξ
∂ ∂
L̂z = ξ −η . (21)
∂ξ ∂η
ne redonnent pas après opération la fonction d’onde de départ, donc L̂ξ n’est pas
le bon opérateur pour ces trois fonctions d’onde.
Quant à L̂η , nous avons :
∂ ∂ √
L̂η ξ = √ η − 2z ξ = − 2z , (25)
2 ∂z ∂ξ
∂ ∂
mais : L̂η η = √ η − 2z η=0 (26)
2 ∂z ∂ξ
∂ ∂
et L̂η z = √ η − 2z z=√ η (27)
2 ∂z ∂ξ 2
donc, pour les mêmes raisons, L̂η n’est pas le bon opérateur.
∂ ∂
Il reste L̂z : L̂z ξ = ξ −η ξ = ξ , (28)
∂ξ ∂η
L̂z η = −η , (29)
et : L̂z z = 0 , (30)
EXERCICE 3.3
Considérer les fonctions propres du tableau 3.3.1 pour les atomes hydrogénoïdes où
σ ≡ (Z/a0 )r (Z est la charge du noyau, a0 , le rayon de la première orbite de Bohr
et r, la position radiale à partir du centre de masse).
a) Déterminer la position des maxima de probabilité radiale de présence Π(r) pour
les configurations 2p et 3d.
b) Pour la configuration orbitale 1s de l’hydrogène, déterminer les valeurs spatiales
moyennes 1/r2 et r2 .
Tableau 3.3.1 – Fonctions d’onde pour les premières configurations orbitales
des atomes hydrogénoïdes.
Solution
a) Dans le cas des configurations orbitales 2p et 3d, il n’y a qu’un maximum radial
∗
de présence de Rnl (r)Rnl (r) (section 3.1.4). En effet, le nombre de maxima secon-
daires est égal à n − l et les configurations choisies sont telles que n − l = 1 : il n’y
a qu’un maximum.
La densité de probabilité pour la configuration 2p est la somme des densités suivant
les différents nombres quantiques m :
3
Z cos2 θ sin2 θ sin2 θ
ψ∗ ψ = σ 2 e−σ + + . (1)
a0 16(2π) 64π 64π
La probabilité Π(σ) de trouver l’électron en σ, σ + dσ nécessite l’intégration de (1)
sur θ, ϕ, soit :
3
Z 2 −σ 1
Π(σ) dσ = σ e 4πσ 2 dσ (2)
a0 32π
3
Z 1 4 −σ
= σ e dσ . (3)
a0 8
La position du maximum de densité de probabilité radiale Π(σ) s’obtient en
cherchant la valeur de σ ≡ Zr/a0 pour laquelle dΠ(σ)/dσ = 0. Cette dérivée
se développe pour donner :
(constante) 4σ 3 e−σ + σ 4 (−1)e−σ = 0 (4)
c’est-à-dire σ = 4, en l’occurrence (Z/a0 )r = 4, d’où :
4a0
rmax = . (5)
Z
On peut vérifier ce résultat en considérant la figure 3.2 pour Z = 1 et n = 2 :
r/a0 = 4.
Pour la configuration 3d, on procède de façon similaire : on ne s’intéresse finalement
qu’à la dépendance sur σ de la densité, qui est la même pour les différentes valeurs
du nombre ml de cet état, d’où :
2
Π(σ) dσ ∝ σ exp − σ σ 2 dσ .
4
(6)
3
dΠ(σ)
En annulant la dérivée de (6) : = 0, (7)
dσ
nous obtenons :
2 2 2
(constante) 6σ 5 exp − σ − σ 6 exp − σ =0 (8)
3 3 3
9a0
d’où σ = 18/2 = 9, c’est-à-dire : rmax = . (9)
Z
308 Physique atomique et spectroscopie optique
b) Par définition, pour l’état 1s des hydrogénoïdes (il n’y a pas de dépendance en θ
et ϕ) :
7 8 3
1 1 Z e−2σ
= 4πr2 dr (10)
r2 π a0 r2
8 7
1 2
et pour l’hydrogène (Z = 1) : 2
= 2
r a0
3
1 Z
De même pour r2 : r2 = r2 e−2σ 4πr2 dr (13)
π a0
et en exprimant r en fonction de σ :
3 5 ∞
2 Z a0
r = 4 σ 4 e−2σ dσ (14)
a0 Z
0
∞
EXERCICE 3.4
Solution
Parce que cos2 θ + sin2 θ = 1, la dépendance en θ n’existe plus, celle en ϕ ayant déjà
disparu du fait que la densité de probabilité résulte du produit (e±iϕ )∗ (e±iϕ ).
152 On peut retrouver les valeurs des fonctions Ψ200 , Ψ210 , Ψ21±1 dans l’énoncé de l’exercice 3.3.
310 Physique atomique et spectroscopie optique
EXERCICE 3.5
Tableau 3.5.1
2s 43487,1 2p 28583,5
3s 16281,0 3p 12561,7 3d 12204,0
4s 8475,1 4p 7017,6 4d 6863,7 4f 6856,9
5s 5187,6 5p 4471,6 5d 4392,2 5f 4382,6
Solution
Les termes spectraux du lithium neutre sont, en fait, les niveaux d’énergie de cet
atome exprimés en cm−1 , le zéro de cette échelle correspondant au niveau de première
ionisation (voir figure 1.1) : nous constatons, en effet, que le niveau 2s est celui
possédant la plus grande énergie (en valeur négative).
a) La formule de Rydberg modifiée (par rapport à celle de l’hydrogène (2.83)) permet
de décrire les séries de raies (une série pour chaque valeur de ni ) à partir de deux
termes spectraux (2.29). Nous avons effectué à la section 3.2 le calcul analytique
du niveau d’énergie (n, l) de ces atomes, ce qui nous a conduit à :
Rμ hc
Enl∗ = − 2 . (3.72)
c1 1
n− 1
a0 l + 2
ou, de façon équivalente :
Rμ hc
Enl∗ = En∗ = − . (1)
n∗2
Exercices du chapitre 3 311
hc
En sachant que : E = hν = = hcσ , (2)
λ
de (3.69), il vient, en considérant deux termes :
1
σ = Rμ (3)
n∗2
i − nj
∗2
Les corrections sont les plus faibles pour les orbites d et f , c’est-à-dire pour les plus
grandes valeurs de l considérées : plus l est grand, plus l’état dépend davantage
du nombre quantique principal.
b) Longueur d’onde de quelques transitions
4s → 2s Δσ = 43486,3 − 8475,2, λ = 1/Δσ = 2,856 × 10−5 cm = 285,6 nm.
Transition interdite par la règle de Laporte puisque Δl = 0
(pas de changement de parité)
3p → 2s λ = 323,36 nm.
Permise par Laporte (Δl = +1) (pas de restriction sur n)
3p → 2p λ = 624,15 nm.
Interdite par Laporte (Δl = 0)
3d → 2s λ = 319,66 nm.
Interdite par Laporte (Δl = +2)
312 Physique atomique et spectroscopie optique
EXERCICE 3.6
a) Déterminer les états d’énergie de structure fine (représentés par leur terme spec-
troscopique) apparaissant en couplage L · S correspondant aux valeurs de L et S
suivantes :
1. L = 1, S = 12
2. L = 3, S = 1
7
3. L = 2, S = 2
3
4. L = 5, S = 2
5. L = 3, S = 3
Indiquer si la multiplicité des termes ainsi obtenue est vraie ou fausse.
b) Démontrer formellement, notamment en vous appuyant sur la section 3.3, la règle
donnant la multiplicité des termes en J suivant que L > S ou L < S. Autrement
dit, justifier la méthode utilisée pour déterminer les termes spectraux en a). Vous
pouvez d’ailleurs répondre à la question b) avant de traiter les cas de la question a).
Solution
2. L = 3, S = 1
Valeurs extrêmes de J : 3 + 1 = 4 et |3 − 1| = 2, donc valeurs de J : 4, 3, 2.
Multiplicité : 2S + 1 = 3 (triplet) : vraie multiplicité (S ≤ L).
Comme L = 3 correspond à la lettre F , il vient donc :
3
F2,3,4
7
3. L = 2, S = 2
7 11
Valeurs extrêmes de J : 2 + 2 = 2 , |2 − 72 | = 32 , donc J = 32 , 5 7 9 11
2, 2, 2, 2 .
3
4. L = 5, S = 2
3 13
Valeurs extrêmes de J : 5 + 2 = 2 , |5 − 32 | = 7
2 donc J = 72 , 9 11 13
2, 2 , 2 .
5. L = 3, S = 3
Valeurs extrêmes de J : 3 + 3 = 6, |3 − 3| = 0 donc J = 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Multiplicité : 2S + 1 = 7 (septuplet) : multiplicité vraie (S ≤ L).
À L = 3 correspond la lettre F
7
F0,1,2,3,4,5,6
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Exercices du chapitre 4
EXERCICE 4.1
σ̂z S = σ0 S (1)
où σ0 ne peut prendre que les valeurs ±/2. Cette équation aux valeurs propres
engendrent donc deux fonctions propres, S 12 et S− 12 . Ces deux fonctions sont ortho-
gonales entre elles et individuellement normées ; leur combinaison linéaire engendre
la totalité de l’espace des fonctions S(σz ), soit donc :
S = aS 21 + bS− 12 (2)
où a et b sont les coefficients de cette combinaison linéaire des deux fonctions élémen-
taires.
En procédant par analogie avec les propriétés des fonctions d’onde Ψ :
a) déterminer la valeur moyenne de σz , soit < σz >,
b) déterminer les valeurs de a et b dans l’expression (2),
c) déterminer la probabilité qu’une mesure de σz donne /2,
d) en utilisant la représentation matricielle de Pauli,
a 1 0
S= et σ̂z =
b 2 0 −1
Solution
∗ ∗ ∗ ∗
= (a S 1 + b S− 1 )(aS 1 − bS− 12 )
2 2 2 2
et, du fait que les fonctions S± 12 sont orthonormées :
< σz > = (a∗ a − b∗ b) .
2
)
b) Par analogie, si ΨT = aΨ1 + bΨ2 + cΨ3 · · · , alors a = Ψ∗1 ΨT dτ , d’où :
S ∗1 S = S ∗1 (aS 21 + bS− 12 ) = a
2 2
∗
de même : b = S− 1S .
2
EXERCICE 4.2
Solution
Dans le cas de deux électrons, les fonctions totales de spin possibles peuvent être
mises sous une forme symétrique :
#
σ1 σ2 , σ1 σ2
ϕS ≡ ϕ+ état triplet, (3)
σ1 σ2 + σ1 σ2
ou antisymétrique :
En combinant les fonctions spatiales possibles pour les électrons 1s et 2s, il vient
pour la fonction totale Ψ, nécessairement antisymétrique :
Dans le cas d’une fonction spatiale ψ+ :
1
√ [1s(1)2s(2) + 1s(2)2s(1)] (σ1 σ2 − σ1 σ2 ) (5)
2
où la fonction totale de spin est antisymétrique.
Dans le cas d’une fonction spatiale ψ− :
1
√ [1s(1)2s(2) − 1s(2)2s(1)]σ1 σ2 (Ms = 1) , (6)
2
1
√ [1s(1)2s(2) − 1s(2)2s(1)]σ1 σ2 (Ms = −1) , (7)
2
1
√ [1s(1)2s(2) − 1s(2)2s(1)](σ1 σ2 + σ1 σ2 ) (Ms = 0) . (8)
2
où la fonction totale de spin est symétrique.
b) On peut exprimer les fonctions totales ((5) à (8)) sous la forme d’un déterminant
de Slater ou, lorsque la partie spin est représentée par une somme ou par
une différence de produits de fonctions σi , par une combinaison linéaire de tels
déterminants. Il vient donc en s’appuyant sur la section 4.2.1 (relation (4.19)) :
Pour ψ+ (5), état singulet (parahélium) :
$ $ $ $
1 $ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $$ 1 $$ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $$ → état (n, l, m) occupé
√ $$ − √ .
2 2s(1)σ1 2s(2)σ2 $ 2 $ 2s(1)σ1 2s(2)σ2 $ ↓ numéro de l’électron
(9)
Pour ψ− ((6)–(8)), état triplet (orthohélium) :
$ $
1 $$ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $
$
dans le cas Ms = +1 : √ $ $
2 2s(1)σ1 2s(2)σ2
$ $
1 $ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $
Ms = −1 : √ $$
$
$
2 2s(1)σ1 2s(2)σ2
$ $ $ $
1 $ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $ $
$ + √1 $ 1s(1)σ1 1s(2)σ2 $$
Ms = 0 : √ $$ $ $ .
2 2s(1)σ1 2s(2)σ2
2 2s(1)σ1 2s(2)σ2 $
Exercices du chapitre 4 319
EXERCICE 4.3
Considérer le cas d’un atome à un électron extérieur (par exemple un alcalin). Comme
il est développé à la section 3.2, lorsque la trajectoire de cet électron est non pé-
nétrante, il est soumis à un potentiel coulombien. Par ailleurs, il est possible de
tenir compte de l’existence d’orbites pénétrantes de celui-ci en ajoutant une série
de termes correctifs au potentiel coulombien, termes dont le premier en importance
est en 1/r2 . On fait habituellement l’hypothèse que ce terme supplémentaire est de
niveau d’approximation un par rapport à l’énergie potentielle coulombienne, laquelle
est de niveau zéro dans le cadre d’un calcul de perturbation stationnaire.
a) Supposer que deux fonctions d’onde linéairement indépendantes correspondent au
nombre quantique principal n : on dit qu’au niveau zéro d’approximation le système
est doublement dégénéré. Expliquer pourquoi il en est ainsi.
b) L’hamiltonien Ĥ du problème est constitué par la somme de deux hamiltoniens, Ĥ0
et Ĥ1 , contribuant respectivement au niveau zéro et au niveau un d’approximation
(0) (0) (0)
du calcul. Soit Ψn1 et Ψn2 , les deux fonctions d’onde de l’état d’énergie En de
l’hamiltonien au niveau zéro. La dégénérescence est levée au niveau un du fait que
le potentiel n’est plus parfaitement coulombien, de sorte que l’énergie totale a pour
(0) (0) (0)
expression Eni = Eni + ΔEni (i = 1, 2) avec En1 = En2 mais ΔEn1 = ΔEn2 ,
avec les fonctions d’onde correspondantes Ψn1 et Ψn2 . Déterminer les expressions
de ΔEn1 et ΔEn2 . Bien indiquer ce qui distingue les équations de départ de ce cas
de celui non dégénéré.
Solution
où les Cij sont les coefficients (réels) exprimant la combinaison linéaire des fonc-
tions d’onde au niveau zéro. 153
Pour ce qui est des énergies, par hypothèse de la méthode de perturbation, les
contributions au niveau zéro et au niveau un sont simplement additives, soit :
1. Pour l’état n1 , en explicitant (5), nous rappelant que Ĥ = Ĥ0 + Ĥ1 , il vient :
(0) (0)
(Ĥ0 + Ĥ1 )(C11 Ψn1 + C12 Ψn2 + ΔΨn1 ) =
(0) (0)
(En(0) + ΔEn1 )(C11 Ψn1 + C12 Ψn2 + ΔΨn1 ) , (9)
soit en développant :
niveau 2
(0) (0) (0) (0)
C11 Ĥ0 Ψn1 + C12 Ĥ0 Ψn2 + Ĥ0 ΔΨn1 + C11 Ĥ1 Ψn1 + C12 Ĥ1 Ψn2 + Ĥ1 ΔΨn1 =
(0) (0)
C11 En(0) Ψn1 + C12 En(0) Ψn2 + En(0) ΔΨn1
(0) (0)
+ C11 ΔEn1 Ψn1 + C12 ΔEn1 Ψn2 + ΔEn1 ΔΨn1 . (10)
niveau 2
(0) (0)
Ĥ0 ΔΨn1 + C11 Ĥ1 Ψn1 + C12 Ĥ1 Ψn2 =
(0) (0)
En(0) ΔΨn1 + C11 ΔEn1 Ψn1 + C12 ΔEn1 Ψn2 . (11)
(0)
En multipliant à gauche par le conjugué de Ψn1 et en regroupant chacun des
termes ainsi obtenus entre parenthèses (variante de bra-ket) 154 , puis en faisant
apparaître les valeurs propres et en tenant compte de ce que les opérateurs sont
hermitiques ((Ψx , F̂ Ψy ) = (F̂ Ψx , Ψy )) et les fonctions d’onde orthonormées,
nous obtenons :
(0) (0) (0) (0) (0)
(Ĥ0 Ψn1 , ΔΨn1 ) + C11 (Ψn1 , Ĥ1 Ψn1 ) + C12 (Ψn1 , Ĥ1 Ψn2 ) =
(0) (0) (0)
En(0) (Ψn1 , ΔΨn1 ) + C11 ΔEn1 + C12 ΔEn1 (Ψn1 , Ψn2 ) . (12)
orthonormées = 0
Il reste alors :
(0) (0) (0) (0)
C11 (Ψn1 , Ĥ1 Ψn1 ) + C12 (Ψn1 , Ĥ1 Ψn2 ) = C11 ΔEn1 (13)
(0) (0) C12 (0) (0)
et ΔEn1 = (Ψn1 , Ĥ1 Ψn1 ) + (Ψ , Ĥ1 Ψn2 ) . (14)
C11 n1
Remarques :
(0)
Les états d’énergie de nombre quantique n au niveau un d’approximation, En +
(0)
ΔEn1 , et En + ΔEn2 , se calculent à l’aide des fonctions d’onde de niveau zéro,
en accord avec la méthode de perturbation stationnaire (annexe A17) ;
(0) (0)
L’ajout d’énergie provenant du niveau un dépend des deux fonctions Ψn1 et Ψn2
liées à la double dégénérescence de l’état n au niveau zéro d’approximation.
EXERCICE 4.4
Solution
L’énergie de l’atome d’hélium neutre dans l’état fondamental est celle de son état
singulet (l’état triplet n’est pas autorisé) et elle a pour expression :
5 5
ET = −2Rμ hcZ 2 + Rμ hcZ = −Rμ hcZ 2Z − . (4.38)
4 4
154 (0)
Formellement, par exemple, (Ĥ0 Ψn1 , ΔΨn1 ) représente de façon condensée l’intégrale habituelle
∗(0)
Ĥ0 Ψn1 ΔΨn1 dτ .
322 Physique atomique et spectroscopie optique
Cette relation représente l’énergie à fournir pour ioniser complètement l’hélium, c’est-
à-dire lui enlever ses 2 électrons. Par ailleurs :
Variante
Pour déterminer l’énergie de première ionisation directement à partir de la rela-
tion (4.38), nous pouvons aussi faire l’hypothèse, en première approximation, qu’enle-
ver un des deux électrons à l’atome d’hélium revient à soustraire de la relation (4.38)
l’énergie d’un électron dans le potentiel coulombien (niveau zéro d’approximation) !
Dans ces conditions, il suffit de remplacer le terme Z(2Z−5/4) dans (1) par Z(Z−5/4),
ce qui conduit à 20,4 eV.
Exercices du chapitre 4 323
EXERCICE 4.5
À partir des données ci-jointes sur les transitions radiatives de l’atome d’hélium :
a) établir le diagramme d’énergie (notation L · S et valeur d’énergie en eV) pour les
configurations orbitales 1 ≤ n ≤ 6 de moment cinétique l = 0 et l = 1,
b) montrer et expliquer pourquoi la différence d’énergie entre l’état triplet et l’état
singulet d’une même sous-couche diminue lorsque la valeur du nombre quantique
principal n croît.
Solution
On consulte le tableau 4.5.1 des transitions de l’hélium pour trouver l’énergie des
différents niveaux des configurations 1s ns et 1s np (par rapport au fondamen-
tal 1s2 ), en distinguant états triplets et singulets. Pour les états ns, comme les
transitions radiatives avec le fondamental 1s2 sont interdites (règle de Laporte),
il faut plutôt rechercher des transitions ns ↔ np et noter l’énergie du niveau
inférieur (déterminée par rapport au fondamental). Ainsi, pour connaître l’énergie
du niveau 2s 3 S (premier niveau excité de la figure 4.5.1), on dispose, par exemple,
de la transition 1s 2s → 1s 3p (ligne ombrée du tableau 4.5.1), dont le niveau
inférieur est situé à 19,82 eV du fondamental. Pour déterminer le niveau d’énergie
de l’état 2s 1 S, on considère la transition 1s 2s – 1s 3p, ce qui donne 20,62 eV et
ainsi de suite.
Exercices du chapitre 4 325
Alors on obtient :
1 1
n=2 1s 2s S 20,62 n=3 1s 3s S 22,92
3 3
S 19,82 S 22,72
1 1
1s 2p P 21,22 3p P 23,09
3 3
P 20,96 P 23,01
1 1
n=4 1s 4s S 23,67 n=5 1s 5s S 24,01
3 3
S 23,59 S 23,97
1 1
4p P 23,74 5p P 24,05
3 3
P 23,71 P 24,03
1
n=6 1s 6s S 24,19
3
S 24,17
1
6p P 24,21
3
P 24,20
EXERCICE 5.1
La raie Kα1 du domaine des rayons X est émise quand un électron "tombe" d’un
niveau L dans un "trou" de niveau K. En vous appuyant sur la notion de charge
effective développée dans le modèle de Hartree-Fock, utiliser en la justifiant la re-
lation décrivant l’état d’énergie En de l’atome hydrogénoïde afin d’estimer la longueur
d’onde Kα1 du spectre de rayons X du chrome.
Solution
EXERCICE 5.2
Le lepton-μ est une particule dont la masse vaut 207 fois celle de l’électron mais qui
possède la même charge négative. Cette particule peut être capturée par un atome
lourd et passer, par cascades radiatives, vers les couches les plus intérieures de l’atome.
En vous appuyant sur la notion de charge effective et l’hypothèse judicieuse d’un
atome hydrogénoïde au moment de la transition, estimer l’énergie du photon émis
quand le lepton passe de la couche n = 2 à n = 1 dans le 206 Pb (Z=82). Ce calcul
approximatif ne tiendra pas compte de l’existence d’une structure fine.
Solution
d’où : σ = Rμ (Z 2 )(0,75) .
Conversion de cm−1 à eV
ΔE = hν = hc/λ = hcσ d’où ΔE (eV) = hcσ/e où hc/e = 1,24 × 106 J m C−1 .
Donc pour Z = 81, ΔE 13,9 MeV et pour Z = 82, ΔE 14,2 MeV, un rayonne-
ment de très grande énergie !
EXERCICE 5.3
Solution
155 La forme générale d’un terme spectroscopique en couplage L · S, rappelons-le, est n 2S+1 L
J.
330 Physique atomique et spectroscopie optique
21
Sc . . . 4s2 3d
Un seul électron optique encore, S = 12 , L = 2 d’où 2 D 52 , 32 et la seconde règle de
Hund, la seule sous-couche incomplète n’étant pas plus qu’à moitié remplie, donne
comme niveau fondamental :
3 2 D 32 .
34
Se . . . 4s2 3d10 4p4
4 électrons optiques dans la sous-couche p : ce sont des électrons équivalents. La
consultation du tableau 5.3 des électrons équivalents donne 1 S, 1 D, 3 P (comme
pour p2 ).
La première règle de Hund nous indique que le multiplet de moindre énergie est
celui de la plus grande multiplicité c’est-à-dire le 3 P . Pour ce niveau où S = 1,
L = 1, nous avons J = 2, 1, 0. La sous-couche étant plus qu’à moitié remplie
(multiplet inversé), on aura comme état fondamental :
4 3 P2 .
40
Zr 5s2 4d2
2 électrons optiques seulement, qui sont équivalents. Le tableau 5.3 des électrons
équivalents donne pour d2 : 1 S, 1 D, 1 G, 3 P, 3 F .
La première règle de Hund nous fait retenir les triplets (plus grande multiplicité)
pour y inclure l’état fondamental et elle nous indique aussi que le niveau de plus
faible énergie, dans le multiplet considéré, est celui du plus grand L, soit 3 F .
Comme S = 1, L = 3, J = 4, 3, 2 et, compte tenu de la seconde règle de Hund,
finalement cela nous fait retenir J = 2 (la sous-couche n’est pas plus qu’à moitié
remplie) d’où le terme du niveau fondamental :
4 3 F2 .
41
Nb 5s1 4d4 qu’il convient plutôt d’écrire 4d4 5s1
Les choses se compliquent. Les 4 électrons d4 nous donnent (ils sont équivalents)
les termes suivants :
1
S(2), 1 D(2), 1 F, 1 G(2), 1 I, 3 P (2), 3 D, 3 F (2), 3 G, 3 H, 5 D .
5 6 D 52 .
Exercices du chapitre 5 331
59
Pr 6s2 5d0 4f 3
Trois électrons optiques seulement, équivalents f 3 , donnant pour terme des doublets
et des quadruplets (tableau 5.3) :
2
P, 2 D(2), 2 F (2), 2 G(2), 2 H(2), 2 I, 2 K, 2 L, 4 S, 4 D, 4 F, 4 G, 4 I
On retient les quadruplets et, parmi eux, celui du plus grand L, soit 4 I. Comme
S = 32 , L = 6, J = 15 9 9
2 → 2 , la seconde règle de Hund nous amène à 2 puisque la
sous-couche est moins qu’à moitié remplie, soit :
4 4 I 92 .
73
Ta s2 4f 14 5d3
Seuls les 3 électrons d (équivalents) interviennent. D’après le tableau 5.3, l’état de
plus grande multiplicité (4) et de plus grand L est le 4 F . Comme S = 32 et L = 3,
alors J = 92 → 32 et la sous-couche n’étant pas plus qu’à moitié remplie, il vient
comme état fondamental :
5 4 F 32 .
EXERCICE 5.4
e) Le calcul (que vous n’avez pas à effectuer) de l’expression (1) conduit finalement à :
Z 2 |En |α2 1
ΔESO = pour j = l + 2 (4)
n(2l + 1)(l + 1)
Z 2 |En |α2 1
et à : ΔESO =− pour j = l − 2 . (5)
nl(2l + 1)
Solution
Quant à j, qui est ici une constante du mouvement au niveau 1, comme il est
d’usage dans le cas d’une méthode de perturbation, la valeur moyenne de sa norme
peut se calculer à partir des fonctions propres du niveau précédent (annexe A15),
ici les fontions hydrogénoïdes.
La valeur moyenne de (11) se note quantiquement :
ΔESO =
(constante) R∗ (r)Θ∗ (θ)Φ∗ (ϕ) r−3 (ŝ · ˆl) RΘΦ r2 sin θ dr dθ dϕ , (13)
n θ ϕ
ΔESO = (constante) 2
R (r)r −3 2
r dr Θ∗ Φ∗ (ŝ · ˆl)ΘΦ sin θ dθdϕ (14)
0 0 0
1 Ze2
ΔESO = r−3 ŝ · ˆl . (16)
2 m2e c2 4π 0
j · j = (l + s) ·(l + s) , (17)
334 Physique atomique et spectroscopie optique
EXERCICE 5.5
Solution
a) Dans les deux configurations, il nous faut tenir compte de la présence d’électrons
équivalents.
1. Pour la configuration orbitale 3p2 4s, nous avons :
Pour la partie moment cinétique orbital
2 électrons p dans la même sous-couche conduisant d’après le tableau 5.3 aux
états 1 S, 1 D et 3 P . À ces valeurs de L1 , il faut ajouter l’électron s de la sous-
couche suivante, soit l2 = 0, d’où le moment cinétique total L = L1 + 0.
Nous retrouvons les mêmes états, soit 1 S, 1 D et 3 P .
Pour la partie spin de l’ensemble des états de la configuration
Il faut tenir compte de l’ajout "vectoriel" du spin de l’électron de la sous-couche
s, s2 = 12 , d’où respectivement, les possibilité suivantes : de 1 S, il vient 2 S 12
(multiplicité fausse), de 1 D, on obtient 2 D 32 , 52 (multiplicité vraie) et de 3 P , à
la fois 2 P 12 , 32 (multiplicité vraie) et 4 P 12 , 32 , 52 (multiplicité fausse).
2. Pour la configuration 3p2 4p2
Pour la partie moment cinétique orbital
D’après le tableau 5.3 des électrons équivalents, nous avons pour les deux
configurations en p2 , 1 S, 1 D et 3 P . Il faut additionner ces divers états entre
eux soit :
1
S avec 1 S donne évidemment 1 S0 encore
1
S avec 1 D donne aussi 1 D2
1
S avec 3 P donne 3 P0,1,2 .
336 Physique atomique et spectroscopie optique
3p3 (niveau inférieur) : termes de ces électrons équivalents d’après le tableau 5.3 :
2
P , 2 D, 4 S, d’où finalement 2 P 12 , 32 , 2 D 23 , 5
2
et 4 S 23 .
Les transitions permises quant à ΔJ sont indiqués dans le tableau 5.5.1
2. 3p2 4p2 → 3p4
Deux électrons bougent (c’est peu fréquent !). Avant et après transition lT = 4,
donc pas de changement de parité : la transition est interdite au sens de la règle
de Laporte.
156 Se rappeler que la valeur du moment cinétique total J est indépendante du type de couplage
retenu !
Exercices du chapitre 5 337
Tableau 5.5.1 – Règle de sélection sur J appliquée aux transitions entre les
configurations orbitales 3p2 4s → 3p3 .
EXERCICE 5.6
a) En suivant la méthode qui a mené au tableau 5.2 pour déterminer les états
d’énergie de la sous-couche np2 respectant le principe d’exclusion, établir le tableau
correspondant pour la sous-couche np3 .
b) Y disposer les états d’énergie permis, les multiplets en double exemplaire ne
comptant que pour un seul état.
Solution
Tableau 5.6.1 – Configuration np3 (l1 = 1, l2 = 1, l3 = 1).
ml = ML ,
ms = MS et ML + MS = MJ sont les nombres quantiques de projection
totale correspondants.
EXERCICE 5.7
a) Déterminer la structure fine des états d’énergie de l’atome d’azote neutre dans sa
configuration fondamentale et pour sa première configuration excitée (vous pou-
vez utiliser directement le tableau 5.3). Représenter schématiquement la position
relative en énergie des éléments de la structure fine de ces deux configurations.
Indiquer symboliquement la parité de ces états.
b) Par la suite, indiquer les transitions dipolaires électriques permises entre ces deux
configurations orbitales en reliant leurs niveaux par un trait plein. Utiliser un trait
en pointillé pour indiquer quelques transitions interdites pour chaque type de règles
de sélection. À cette fin, présenter les résultats sous la forme d’un diagramme
d’énergie en regroupant les états d’une même multiplicité ; à l’intérieur d’une
multiplicité donnée, les états de même moment orbital seront alignés verticalement
(à titre d’exemple, voir la figure 4.1 pour l’hélium).
340 Physique atomique et spectroscopie optique
Solution
Configuration fondamentale
(−1)lT où lT = i li . Ne considérant que la seule sous-
La parité est donnée par
couche incomplète, lT = li p3 , on constate que la parité est impaire.
D’après le tableau 5.3 des électrons équivalents, cette configuration donne lieu aux
multiplets suivants : 2 P , 2 D et 4 S.
L’état 2 P signifie que S = 12 et L = 1, de sorte que pour J on aura |L + 12 |
. . . |L − 12 |, c’est-à-dire un doublet véritable : 2 P 12 et 2 P 32 .
1
Pour le 2 D, S = 2 et L = 2, on a aussi un doublet véritable : 2 D 32 et 2 D 52 .
3
Pour le 4 S, S = 2 et L = 0 (c’est-à-dire S ≥ L, donc un faux quadruplet) : 4 S 32 .
b) Les transitions entre les deux configurations orbitales examinées sont toutes per-
mises au sens de la règle de Laporte puisque la configuration fondamentale
est impaire et la première configuration excitée paire (en fait Δl = −1). Par
contre, les transitions entre niveaux d’une même configuration orbitale, disons
d’une multiplicité donnée, sont interdites car Δl = 0, par exemple 1 sur la
figure 5.7.3. De même, entre multiplicités différentes d’une même configuration 2.
EXERCICE 5.8
Solution
plus qu’à moitié remplie, le terme de plus faible énergie est celui de plus faible J,
donc 3 2 P 12 .
La deuxième configuration excitée 4s, idem à 3s, engendre le faux doublet 4 2 S 12 .
La troisième configuration excitée 3d mène à S = 12 , L = 2 d’où le doublet
3 2 D 52 , 32 , l’état 3 2 D 32 étant, suivant la seconde règle de Hund, de moindre
énergie, d’où, qualitativement, le diagramme d’énergie de la figure 5.8.1.
La quatrième configuration excitée 4p est identique à 3p : 4 2 P 12 , 32 avec 4 2 P 12 le
terme d’énergie la plus faible des deux niveaux.
EXERCICE 5.9
Solution
Les transitions entre termes d’une même configuration orbitale sont interdites par
Laporte. La règle sur le nombre quantique total J interdit les transitions entre
les états 2 D 25 et 4 P 52 de la première configuration excitée avec l’état 2 P 12 de la
configuration fondamentale (ΔJ > 1).
Exercices du chapitre 5 347
Les transitions dipolaires électriques entre termes d’une même configuration sont in-
terdites par Laporte. La règle sur le nombre quantique total J interdit, par exemple,
les transitions entre les états de nombre J = 3 de la configuration excitée vers les états
348 Physique atomique et spectroscopie optique
EXERCICE 5.10
Solution
EXERCICE 5.11
Le tableau 5.11.1 présente les raies atomiques de fluorescence enregistrées avec leur
raie de pompage (résonance) correspondante.
a) Justifier la présence des états d’énergie portés sur la figure 5.11.2 et leur position
relative, et vérifier les règles de sélection des émissions indiquées.
b) Justifier l’attribution des longueurs d’onde de fluorescence et de pompage sur le
schéma de la figure 5.11.2. En particulier, montrer que la raie 259,8 nm, compte
tenu de sa valeur, doit avoir l’état 5 2 D 52 plutôt que 5 2 D 32 comme niveau inférieur.
c) Quelle serait la raison faisant en sorte que les raies de résonance à 206,8 et 217,6 nm
sont très faibles alors qu’elles sont intenses au sortir de la lampe spectrale ?
Solution
L’antimoine a pour configuration orbitale dans l’état fondamental (Kr) 4d10 5s2 p3 ,
soit la même configuration externe que l’azote (même colonne du tableau périodique).
Les raies de résonance concernent, nécessairement, les états d’énergie de la première
configuration excitée qu’est la 5s2 p2 6s, suivant en cela l’ordre de progression des
configurations orbitales présentées en section 5.3. Les états d’énergie des niveaux, tels
que notés, sont manifestement le résultat d’un couplage L · S.
a) États d’énergie et positions relatives
Configuration orbitale fondamentale
Toutes les sous-couches sont complètes, sauf la 5p3 . Il s’agit de trois électrons l = 1
équivalents, engendrant d’après le tableau 5.3 les termes :
5 2P 5 2D 5 4S .
Exercices du chapitre 5 351
Enfin, la raie de résonance λ = 231,1 nm, celle des transitions de résonance qui
est de plus grande longueur d’onde, doit partir de l’état de plus faible énergie de
n = 6, soit le niveau 6 4 P 12 . Sa raie de fluorescence associée doit aller sur J = 32
du 2 D car la transition vers 2 D 25 n’est pas permise.
Calcul des énergies inter-niveau. Il nous faut connaître la valeur d’énergie entre
les niveaux 1, 2 et 3 (figure 5.11.2).
Transformons les valeurs de longueurs d’onde en nombres d’onde (σ = 1/λ) et
déterminons la différence ΔE entre niveaux :
EXERCICE 5.12
Solution
3s2 (fondamental)
Multiplicité 2S + 1 où seul S = 0 est permis (dans le cas présent, S = 1
ne respecte pas le principe d’exclusion !). Nous avons donc un singulet avec
L = 0 et J = 0 : 3 1 S0
3s 3p (1re configuration excitée)
Multiplicité : S = 0 et S = 1 étant tous deux possibles, nous avons des
singulets et des triplets.
S = 0, L = 1, J = 1 : 3 1 P1 (4,35 eV)
et pour S = 1, L = 1 J = |1 + 1| . . . |1 − 1|, soit J = 2, 1, 0 : 3 3 P2,1,0 (2,71 eV)
3s 4s (2e configuration excitée)
Pour S = 0, L = 0, J = 0 : 4 1 S0 (5,39 eV)
et pour S = 1, L = 0, J = 1 : 4 3 S1 un faux triplet (S > L) (5,11 eV)
3s 3d (3e configuration excitée)
Pour S = 0, L = 2, J = 2 : 3 1 D2 (5,75 eV)
et pour S = 1, L = 2, J = |2 + 1| ↔ |2 − 1|, soit J = 3, 2, 1 : 3 3 D3,2,1
(5,95 eV)
3s 4p (3e configuration excitée, configuration alternative à considérer)
Pour S = 0, L = 1, J = 1 : 4 1 P1 (6,12 eV)
et pour S = 1, L = 1, J = |1+1| ↔ |1−1|, soit J = 2, 1, 0 : 4 3 P2,1,0 (5,93 eV)
Lorsque celle-ci est très forte, elle compense pour la faiblesse de Aji , d’où une raie,
bien que de faible intensité, observable.
EXERCICE 5.13
Solution
2S+1
Position relative en énergie des états LJ
Selon la première règle de Hund, l’état triplet (spin parallèle) est de plus faible
énergie que l’état singulet. Cette première règle stipule aussi qu’à l’intérieur d’un
multiplet donné, la plus grande valeur de L donne le terme de plus faible énergie.
Exercices du chapitre 5 357
La seconde règle de Hund spécifie que si les sous-couches incomplètes sont moins
qu’à moitié remplies, la valeur de J croît avec l’énergie (multiplet normal) : valeurs
d’énergie selon J non représentées sur le diagramme 5.13.1.
2s2 2p 3p
Deux électrons p non équivalents :
#
S = 0 : 1 S0 , 1 P1 , 1 D2
l1 = 1 l2 = 1 → L = 2, 1, 0
S = 1 : 3 S1 , 3 P2,1,0 , 3 D3,2,1
2s2 2p 3s
Il s’agit de 2 électrons optiques non équivalents dans deux sous-couches moins
qu’à moitié remplies : 2 multiplets sont possibles, suivant que les spins sont anti-
parallèles ou parallèles :
#
singulet S = 0 : 1 P1
l1 = 1 l 2 = 0 → L = 1
triplet S = 1 : 3 P2,1,0
2s2 2p 3d
Deux électrons optiques non équivalents, chacun dans une sous-couche différente,
moins qu’à moitié remplie.
l1 = 1 l2 = 2 → L = 3, 2, 1 S = 0 ⇒ 1 P1 , 1 D2 , 1 F3
S = 1 ⇒ 3 P2,1,0 , 3 D3,2,1 , 3 F4,3,2
Exercices du chapitre 5 359
Position relative singulet-triplet non respectée sur la figure 5.13.1, mais positions
relatives de L conformes dans chaque multiplet.
2s 2p3
Trois électrons équivalents p plus un électron s. Le couplage des 3 électrons équi-
valents p donne lieu (tableau 5.3) aux états 2 P , 2 D, 4 S auxquels on ajoute ensuite
l’électron s ; aucune des sous-couches incomplètes n’est plus qu’à moitié remplie.
2
P + s(l = 0), 2 possibilités de spin total après l’ajout du spin de l’électron s à la
multiplicité de doublet de p3 :
↑↑↓ ↓ S = 0 , ↑↑↓ ↑ S = 1 → 1 P1 , 3
P2,1,0
2
D + s(l = 0), 2 possibilités de spin total :
↑↑↓ ↓ S = 0 , ↑↑↓ ↑ S = 1 → 1 D2 , 3
D3,2,1
4
S + s(l = 0), 2 possibilités de spin total :
↑↑↑ ↑ S = 2 , ↑↑↑ ↓ S = 1 → 5 S2 , 3
S1
Les différentes valeurs d’énergie selon J de l’état 3 P sont trop faibles pour être
représentées sur le diagramme de la figure 5.13.1. Toutefois, l’espacement de Landé
(figure 5.13.7) est vérifiée selon NIST.
c) Niveaux d’énergie en couplage (j, j)
2s2 2p 3s
Les deux électrons optiques sont non équivalents : pour p, deux valeurs de j sont
possibles ( 32 , 12 ) ; pour s, c’est une seule valeur j ( 12 ). En principe, le couple de plus
faible valeur (j1 , j2 ) est le plus bas en énergie.
2s2 2p 3p
Deux électrons optiques non équivalents : les valeurs de j pour p sont ( 32 , 12 ), de
sorte que les termes (j1 , j2 ) possibles sont indiqués sur le diagramme d’énergie de
la figure 5.13.9. Les couples (j1 , j2 ) montent en énergie avec les valeurs de leurs
termes : pour ce qui est des termes spectroscopiques ( 12 , 32 ) et ( 32 , 12 ), a priori de
même énergie, en fait le couple ( 12 , 32 ) est d’énergie supérieure à celui de ( 32 , 12 ) car j2
est lié à un électron 3p. Les valeurs de J s’obtiennent par addition vectorielle (série
de Clebsch-Gordan, section 5.4) : par exemple, ( 32 , 32 ) donne | 32 + 32 | → | 32 − 32 |,
soit 3, 2, 1, 0.
Exercices du chapitre 5 361
Bien noter que la transition permise 2s 2p3 ↔ 2s2 2p 3p a fait bouger deux élec-
trons : un des électrons 2p est devenu s (Δl = −1), alors qu’un autre est passé à
3p (Δl = 0), la règle de Laporte étant donc respectée au total.
EXERCICE 5.14
Solution
En couplage de Racah, les termes spectroscopiques sont identifiés par nle [K]J
avec le si jc = 12 , le nombre quantique total du cœur.
Ici le = d. Comme K = j c + le :
1
pour jc = 2
K = | 12 + 2| . . . | 12 − 2|, soit :
3d [ 32 ] et 3d [ 52
et comme J = K + se , pour K = 32 , J = | 32 + 12 | . . . | 32 − 12 |, d’où 3d [ 32 ]1,2 .
Pour K = 52 , J = | 52 + 12 | . . . | 52 − 12 | d’où 3d [ 52 ]2,3 . Au total :
3d [ 32 ]1,2 et 3d [ 52 ]2,3 .
3
pour jc = 2
K = [ 32 + 2] . . . [ 32 − 2] et avec J = K + se , |K + 12 | . . . |K − 12 | d’où :
3d[ 12 ]0,1 , 3d[ 32 ]1,2 , 3d[ 52 ]2,3 et 3d[ 72 ]3,4 .
Configuration 2p5 4p
En couplage L · S
Multiplets : singulets et triplets
Valeur de L (p5 est équivalent à p, tableau 5.3) d’où p + p, |1 + 1| . . . |1 − 1| et les
états résultants ont pour valeurs de L total : S, P et D. En tenant compte de leur
multiplicité et en déterminant leur valeur de J, nous avons :
1 1
S0 , P1 et 1 D2
3 3
S1 , P0,1,2 et 3 D1,2,3
364 Physique atomique et spectroscopie optique
En couplage de Racah
1
pour jc = 2
3
pour jc = 2
K = | 32 + 1| . . . | 32 − 1|, soit 52 , 32 , 12 .
Alors J = | 52 + 12 | . . . | 52 − 12 |, | 32 + 12 | . . . | 32 − 12 | et | 12 + 12 | . . . | 12 − 12 |.
Il s’ensuit que J vaut 3, 2 puis 2, 1 et finalement 1, 0, d’où :
g g g g
1 3 3 3
P1 3 P0 1 D1 3 F2 5
1 3 3 3
D2 5 P1 3 D2 5 F3 7
1 3 3 3
F3 7 P2 5 D3 7 F4 9
15 9 15 21 → 60 au total,
366 Physique atomique et spectroscopie optique
en couplage de Racah
g g g
3d [ 32 ]1,2 3+5 3d [ 52 ]2,3 5+7 3d[ 12 ]0,1 1+3
3d[ 32 ]1,2 3+5 3d[ 52 ]2,3 5+7 3d[ 72 ]3,4 7+9
16 24 20 → 60 au total.
Peut importe le type de couplage, le nombre d’états dégénérés, parce qu’il procède
du nombre quantique total J, doit être le même (sinon J ne serait pas le nombre
quantique total).
EXERCICE 5.15
b) Déterminer le nombre de niveaux distincts d’énergie (en structure fine) que possède
chacune des configurations suivantes :
Solution
2p5 3s
Couplage d’un électron p avec un électron s : S = 0 ou S = 1 (spin total), L = 1.
Deux cas :
S=0 avec L = 1, J = |L + S| . . . |L − S|, soit J = 1
S=1 avec L = 1, soit J = 2, 1, 0
Total : 4 niveaux
2p5 3p
Couplage de deux électrons p : S = 0 ou S = 1, L = 2, 1, 0.
S=0 L = 2, 1, 0 J = 2, 1, 0
S=1 L=0 J =1
L=1 J = 2, 1, 0
L=2 J = 3, 2, 1
Total : 10 niveaux
2p5 3d
Couplage d’un électron p avec un électron d : S = 0 ou S = 1, L = 3, 2, 1.
S=0 L=3 J =3
L=2 J =2
L=1 J =1
S=1 L=3 J = 4, 3, 2
L=2 J = 3, 2, 1
L=1 J = 2, 1, 0
Total : 12 niveaux
2p5 5s
Comme pour 2p5 3s : 4 niveaux
c) Termes spectroscopiques de 2p5 5d en couplage L · S
La configuration 2p5 3d présentée en b) est composée de 12 niveaux en termes de
valeurs de J, que nous retranscrivons en modifiant simplement le nombre quantique
principal n de la sous-couche en le faisant passer de n = 3 à n = 5, soit les singulets
5 1 P1 , 5 1 D2 , 5 1 F3 et les triplets 5 3 P0,1,2 , 5 3 D1,2,3 , 5 3 F2,3,4 .
D’après les règles de Hund, nous aurons le classement d’énergie suivant par énergie
dćroissante (ou de plus en plus négative) :
1 1 1 3 3 3 3 3 3 3 3
P1 D2 F3 P0 P1 P2 D1 D2 F2 F3 F4
Exercices du chapitre 5 369
2p6
Cette configuration donne lieu à un singulet puisque S = 0, tous les spins étant
appariés dans une sous-couche pleine. Par ailleurs, une sous-couche plus qu’à moitié
remplie est équivalente (principe d’exclusion) à une sous-couche ayant autant
d’électrons d’un même moment cinétique que le nombre d’électrons manquants
par rapport à une sous-couche pleine : dans le cas présent, la sous-couche étant
déjà complètement remplie, avec 6 électrons p, son complément correspond à zéro
électron p, c’est-à-dire à L = 0 d’où 1 S0 → 2 1 S0 .
EXERCICE 5.16
Condidérer les niveaux d’énergie des deux premières configurations orbitales excitées
de l’atome neutre d’argon auxquels sont liées les transitions radiatives (dipolaires
électriques) décrites dans le tableau 5.16.1 :
a) Tracer un diagramme des niveaux d’énergie des deux premières configurations exci-
tées de Ar I et les identifier en recourant à la notation de Paschen (tableau 5.16.1).
b) Traduire en couplage L · S les états notés 1p0 , 1s2 et 1s5 en partant de leur
notation Racah (tableau 5.16.1). Quelle hypothèse a été nécessaire pour réaliser
cette identification biunivoque ?
c) Une telle identification biunivoque est impossible avec les états d’énergie de la
configuration Paschen 2p, pourquoi ?
d) En vous servant uniquement des données des tableaux 5.16.1 et 5.16.2, déterminer
cinq des énergies manquantes (en cm−1 ) dans le tableau 5.16.1 en correspondance
avec leur désignation Paschen. Pour faciliter cette opération, vous aurez identifié
les niveaux d’énergie en notation Paschen (question a) plutôt que Racah.
Solution
a) Sachant que les deux premières configurations excitées de Ne I sont les mêmes
que celles de Ar I, l’examen de la figure 1.21 nous indique comment se disposent
les états d’énergie correspondante de Ar I en notation Paschen (en regard de la
notation en couplage L · S) !
b) Nomenclature correspondante traduite en couplage L · S
L’état désigné 1p0 est manifestement l’état fondamental de la configuration
orbitale non excitée, 3p6 : la couche p est complète, ce qui implique S = 0
et L = 0 d’où en notation L · S : n 2S+1 LJ , 3 1 S0 . C’est l’état à partir duquel
se compte l’énergie dans le présent exercice. Cet état ne peut s’exprimer en
notation Racah car il faut pour cela un électron optique : or la couche la plus
extérieure, 3s2 3p6 , est fermée !
1s5 : 4s[ 32 ]02
Rappelons la notation Racah : n le [K]J sans le prime sur le signifie que jc = 32 ;
n est le nombre quantique principal de la sous-couche la plus externe, ici n = 4 ;
le est le moment cinétique orbital de l’électron externe dont la valeur, dans le
cas de la configuration actuelle 3p5 4s, est nulle. Comme K = jc + le et le = 0,
c’est donc bien K = 32 . Comme L = lc + le = lc , il s’agit d’un état P . Pour que
J = 2 (comme l’indique la notation de Racah) soit possible avec un état P ,
il faut S = 1 d’où, finalement, 3 P2 . C’est l’état de plus faible énergie de la
première configuration excitée car la sous-couche p est plus qu’à moitié remplie
(multiplet inversé).
1s2 : 4s [ 12 ]01
Nous avons donc : jc = 12 , le = 0, d’où K = 12 , avec J = 1, d’où L = lc + le = 1
avec J = 1, ce qui correspond bien à un état 4 1 P1 . L’état de plus faible énergie
de cette configuration, nous l’avons vu, est le 3 P2 . L’état le plus élevé en énergie
de cette configuration à 4 niveaux ne peut être qu’un singulet 1 P1 (première règle
de Hund). Les états intermédiaires 1s3 et 1s4 dans cette notation séquentielle,
décroissant vers le fondamental, correspondent respectivement à 3 P0 et 3 P1 .
Exercices du chapitre 5 371
c) Les règles de Hund n’étant pas respectées pour la configuration 4p (voir figure 5.14
de Ne I), cela nous empêche d’ordonner les états. Il est seulement possible de faire
le chemin inverse, passer d’un état en couplage L · S à un état en couplage Racah.
d) Pour déterminer l’énergie des états Racah du tableau 5.16.1, nous disposons
comme point de départ de l’énergie de l’état 2p1 (4p [ 12 ]0 ) par rapport au fonda-
mental (énergie zéro), soit 108 723 cm−1 . Exprimé en eV, sachant que ΔE = σhc,
nous obtenons ΔE = 1,86 × 10−18 J de sorte que ΔE = 13,48 eV. Cet état 2p1 ne
peut se désexciter radiativement vers le fondamental car la configuration initiale
et la configuration finale sont de même parité (règle de Laporte non respectée).
Par contre, une cascade radiative en deux étapes permet à cet état de se désac-
tiver vers le fondamental. Connaissant le nombre d’onde de l’une des transitions
intermédiaires, nous pouvons déterminer l’énergie de l’autre par soustraction.
1. Transition 2p1 → 1s4 (4p [ 12 ]0 ). Nous pouvons déterminer l’intervalle d’énergie
en convertissant en cm−1 la longueur d’onde en nm
ΔE 1,86 eV .
Comme 1s4 = 93 751 cm−1 , σ(2p10 ) = σ(1s4 )+10 354 = 104 105 cm−1 (12,9 eV).
3. Connaissant maintenant le niveau d’énergie du 2p10 , examinons la transition
2p10 → 1s5 : 912,30 nm d’où σ = 10 961 cm−1
Comme le 2p10 est à 104 105 cm−1 du fondamental, il faut en soustraire cette
valeur de 10 961 cm−1 :
Figure 5.16.1 – Diagramme des niveaux d’énergie (en cm−1 ) des deux
premières configurations excitées de Ar I (NIST) avec la longueur d’onde
des transitions entre niveaux, notamment celles utilisées pour déterminer les
niveaux d’énergie des cas 1 à 5.
Tableau 5.16.3 – Valeurs calculées des états d’énergie (en cm−1 ) en notation
Paschen-Racah des deux premières configurations orbitales excitées de Ar I.
EXERCICE 6.1
La durée de vie moyenne τ d’un ensemble d’atomes excités dans l’état d’énergie Ej
se désexcitant exclusivement par transition radiative spontanée vers des niveaux i est
donnée par la relation :
τ −1 = γj ≡ Aji (6.14)
i
Solution
Dans ces conditions, la durée de vie moyenne du niveau j est, par définition :
∞
t Aji Nj (t)dt
0 i<j
τ= , (4)
Nj (0)
Pour étendre le problème aux phénomènes induits par rayonnement EM, considérons
le taux global de dépopulation du niveau j, qui s’écrit :
dNj (i, p)
= −Nj (Aji + ρνji Bji ) −Nj ρνjp Bjp . (5)
dt i<j
p>j
dépopulation vers le dépopulation
bas par émission vers le haut
spontanée et induite par absorption
Pour poursuivre le calcul de (6) et arriver à l’expression (1), nous utilisons la relation
suivante :
A21 g2
ρν = , (6.135)
hν12
g1 B12 exp −1
kB T
qui, pour des niveaux j et p, se généralise suivant :
Apj gp
ρνjp = . (7)
hνjp
gj Bjp exp −1
kB T
EXERCICE 6.2
La 13e Conférence Générale des Poids et Mesures (1967) a fixé la valeur de la seconde
en prenant comme étalon l’émission à la fréquence de 9 192 631 770 Hz provenant de la
transition entre les deux niveaux hyperfins de l’atome 133 Cs dans son état fondamental
(section 1.2).
a) Déterminer la valeur du nombre quantique total F correspondant au moment
cinétique total F = J + I de ces deux états d’énergie ;
b) Indiquer de quel type de transition radiative il s’agit en recourant aux règles de
sélection pertinentes.
Solution
D’après le tableau 5.4, le spin nucléaire de cet atome est I = 72 . Comme le nombre
quantique électronique total est J = 12 , le nombre quantique total F a donc pour
valeurs extrêmes |J + I| et |J − I|, soit 72 + 12 et 72 − 12 , ces deux valeurs étant
séparées de l’unité, il n’y en pas d’autres, d’où F = 3, 4.
Faisant l’hypothèse que la valeur de F , maintenant le nombre quantique total, suit
la règle sur J pour ce qui est de la position relative des niveaux dans le diagramme
d’énergie (seconde régle de Hund pour une sous-couche moins qu’à moitié remplie),
les deux états seraient donc ceux représentés à la figure 6.2.1.
133
Figure 6.2.1 – Position relative des deux niveaux hyperfins de l’atome Cs.
376 Physique atomique et spectroscopie optique
b) Nature de la transition
Il s’agit d’une transition entre 2 niveaux hyperfins d’un même état électronique
(Δl = 0), de sorte que la transition ne peut être de nature dipolaire électrique.
Les transitions dipolaire magnétique et quadripolaire électrique permises se déter-
minent d’après la règle forte sur J où J, rappelons-le est, par définition, le nombre
quantique total : dans le cas présent, c’est le vecteur F . En effet, J n’est pas un
"bon" nombre quantique (une constante du mouvement) car il est en précession
autour de F . Les règles de sélection sur J doivent donc s’entendre suivant F . Ainsi,
pour une transition dipolaire magnétique la variation ΔF = 4 − 3 = 1 est permise
alors que pour une transition quadripolaire électrique, la variation ΔF = 1 n’est
permise que si F + F ≥ 2, ce qui est vérifié dans le cas présent. Cependant,
la transition quadripolaire électrique est interdite au motif que le passage L = 0
vers L = 0, soit S vers S ici, est interdit. La radiation étalon provient donc d’une
transition dipolaire magnétique. À noter que la durée de vie d’un état émettant
radiativement par une transition dipolaire magnétique est d’environ 105 fois plus
grande que pour un rayonnement de nature dipolaire électrique, réduisant d’autant
l’élargissement de la raie.
Remarque : Pour tous les atomes, ce type de transition est peu sensible au champ
magnétique (utilisé comme piège magnéto-optique (laser) pour "geler" les atomes de
césium (élargissement Doppler nul)).
Ainsi sont réunies les conditions pour disposer d’une raie extrêmement mince, donc
d’une valeur ν0 plus précise.
EXERCICE 6.3
Considérer un milieu comportant des atomes d’une espèce donnée subissant des tran-
sitions d’absorption et d’émission. La largeur des raies de ces transitions est fixée par
un profil de Lorentz dont la dépendance spectrale a pour expression :
C1
I(ν − ν0 ) = 2 (1.4)
2(ν − ν0 )
1+
ΔνL
où C1 est une constante indépendante de la fréquence ν, ν0 est la fréquence au centre
de la raie et ΔνL est sa largeur vraie à mi-hauteur.
a) Déterminer l’expression du coefficient d’absorption optique intégré SA faisant
intervenir B12 et B21 , les coefficients d’Einstein, ainsi que la population N1 du
niveau inférieur et N2 , celle du niveau supérieur de la transition considérée.
b) Déterminer l’expression du coefficient d’absorption optique au centre de la raie, kν0 .
c) L’absorption est-elle plus forte au centre de la raie pour un profil Lorentz ou pour
un profil Doppler pour une même largeur de raie à mi-hauteur ? On négligera la
contribution de l’émission stimulée.
Exercices du chapitre 6 377
Solution
b) Pour répondre à cette question, rappelons comment nous avons obtenu l’expression
de k0 pour un profil gaussien. Nous avons montré en section 1.1.3 que l’intensité
spectrale d’une raie élargie par effet Doppler a pour expression :
⎧ 2 ⎫
√ ⎨ √
2 ln 2 (ν − ν0 )2 ln 2 ⎬
Iν (ν − ν0 ) = √ C2 exp − (1.15)
πΔνD ⎩ ΔνD ⎭
ΔνL
= k0L π. (4)
2
De (6.190) avec (4), nous obtenons :
2hν0 N2 B21
k0L = N1 B12 1 − . (5)
πcΔνL N1 B12
Encore, sachant que g1 B12 = g2 B21 (6.134), et avec l’hypothèse d’une distribution
de niveaux d’énergie de Boltzmann (utilisée en a)), nous arrivons à :
2hν0 hν0
k0L = N1 B12 1 − exp − . (6)
πcΔνL kB T
Nous pouvons aussi y faire apparaître A21 au lieu de B21 avec (6.192), soit :
2 1 g2 N1 c2 A21 hν0
k0L = 1 − exp − . (7)
ΔνL π g1 8πν02 kB T
Exercices du chapitre 6 379
c) Dans le cas où la largeur de raie à mi-hauteur est la même pour un profil Doppler
et un profil de Lorentz, c’est le profil Doppler qui conduit à la plus forte
absorption au centre de la raie. On le voit en faisant le rapport k0L /k0D :
√
k0L 2 π 1
= √ =√ = 0,68 . (8)
k0D π 2 ln 2 π ln 2
Par ailleurs, comme l’intégrale
+∞
SA = kν (ν)dν
−∞
est une constante, il s’ensuit que, pour une même largeur à mi-hauteur, le profil
de Lorentz doit s’étendre plus loin en fréquence que le profil de Doppler.
EXERCICE 6.4
Solution
a) Le coefficient d’absorption au centre de la raie, pour une raie élargie par effet
Doppler et en négligeant la contribution de l’émission induite, a pour expres-
sion (6.200) :
2 ln 2 g2 N1 c2
k0 = A21 , (1)
ΔνD π g1 8π ν02
où ΔνD est la largeur vraie à mi-hauteur, qui dépend de ν0 , la fréquence au centre
de la raie, suivant :
1
2kB T ln 2 2
ΔνD = 2 ν0 . (6.197)
M c2
Pour la raies Ar I 549,59 nm et avec ν0 = c/λ, nous avons :
12
2 × 1,38 × 10−23 × 500 × ln 2 3 × 108
ΔνD = 2
40 × 1,67 × 10−27 (3 × 108 )2 549,59 × 10−9
= 1,38 GHz .
Pour la raie Ar I 696,5 nm, nous trouverions une valeur comparable, soit :
Ar I 696,54 nm
3. Ni = 1016 m−3 , τ0 = 0,13
4. Ni = 1017 m−3 , τ0 = 1,3
Pourquoi avoir effectué le calcul au centre de la raie ? Parce que l’on veut juger de
la déformation de la raie due à l’autoabsorption et que c’est au centre de celle-ci
qu’elle est la plus forte.
b) Le cas 1 correspond à un milieu optiquement mince (τ0 1). On devrait observer
un profil de raie de type Doppler non déformé.
Les cas 2 et 3 commencent, par contre, à présenter une absorption importante
(entre 13 et 36 % pour des photons émis en x = 0 et détectés en x = 20 cm). Le
profil Doppler observé sera sans doute aplati au centre de la raie mais les ailes
seront vraisemblablement peu affectées.
Le cas 4 donne un milieu optiquement épais et les photons émis en x = 0 cm
subiront en moyenne une absorption avant de quitter le plasma. Le profil observé
ne sera plus de type Doppler (voir annexe A7 pour plus de détails).
EXERCICE 6.5
Considérer la première configuration excitée de l’atome d’argon (3p5 4s) et leurs états
d’énergie (figure 6.5.1).
a) Certaines transitions radiatives spontanées sont permises entre les quatre niveaux
d’énergie de cette configuration : indiquer de quelle nature elles sont et les identifier
(règles de sélection fortes seulement).
b) Toujours à l’intérieur de cette première configuration excitée, déterminer les va-
leurs de longueur d’onde et de nombre d’onde de la transition permise de plus forte
énergie et de celle de plus faible énergie. Dans quelle gamme de longueur d’onde
se situent ces radiations : UV, visible, IR, IR lointain, micro-ondes ?
c) Estimer (ordre de grandeur) la durée de vie de ces états radiatifs pour les transi-
tions considérées en a) en regard des valeurs typiques des probabilités de transition
spontanée de nature dipolaire électrique dans l’argon (Aji 2–6 × 106 s−1 ). Pour-
382 Physique atomique et spectroscopie optique
quoi est-il difficile d’observer ce type d’émission dans les plasmas de laboratoire et
non dans la stratosphère ?
d) Pour les deux raies mentionnées en b), supposées élargies par effet Doppler, à
une température du gaz d’argon (homogène) de 500 K, sachant que la population
moyenne des états 3p5 4s est de 1011 cm−3 et en négligeant l’émission induite,
déterminer si le plasma, supposé homogène, est optiquement mince ou épais sur
10 cm de trajet optique dans le milieu gazeux.
Solution
a) Comme ces quatre niveaux sont des états électroniques de même configuration
orbitale, il ne peut y avoir de transition dipolaire électrique entre eux. Cependant,
des transitions dipolaires magnétiques et quadripolaires électriques sont permises
par la règle appropriée de Laporte, soit Δl = 0, ±2, en fait Δl = 0 dans le cas
présent (section 6.4.7).
Pour les transitions dipolaires magnétiques, les règles sur J sont les mêmes que
celles pour les transitions dipolaires électriques, soit ΔJ = 0, ±1 (avec interdiction
de J = 0 → J = 0). En émission, cela donne les transitions suivantes :
1
P1 → 3 P0 3
P0 → 3 P1
1
P1 → 3 P1 3
P0 → 3 P2
1
P1 → 3 P2 3
P1 → 3 P2
Pour les transitions quadripolaires électriques, les règles sur J sont différentes (voir
section 6.4.7) : ΔJ = 0, ±1, ±2 où non seulement la transition J = 0 → J = 0
est interdite, mais il faut aussi que J + J ≥ 2. Sont donc permises et interdites
en émission les transitions suivantes :
1
P1 → 3 P0 3
P0 → 3 P1
1
P1 → 3 P1 3
P0 → 3 P2
1
P1 → 3 P2 3
P1 → 3 P2
Adip.M
ki 20 – 60 s−1 ,
Aquad.E
ki 0,02 – 0,06 s−1 .
La durée de vie moyenne d’un état radiatif étant l’inverse de sa probabilité Aki
(cas d’un seul niveau inférieur),
Dans les plasmas de laboratoire, le temps entre deux collisions, par exemple de
type électron-atome, est beaucoup plus court que la durée de vie radiative du
niveau de la transition considérée, de sorte que la désexcitation de ce niveau se fait
généralement de façon collisionnelle. Typiquement à 0,1 Pa (10−3 torr), le temps
entre deux collisions est de l’ordre de 10−3 s. Dans ces conditions, l’observation
d’une transition quadripolaire électrique ne peut avoir lieu que dans la stratosphère
où la pression résiduelle est infime.
d) Il faut déterminer l’épaisseur optique dans un milieu uniforme, épaisseur donnée
par kν l où l est la longueur du trajet optique considérée et kν le coefficient
d’absorption au centre de la raie (sa plus grande valeur).
Pour une raie élargie principalement par effet Doppler, en négligeant l’émission
stimulée, kν0 a pour expression (6.200) :
2 ln 2 g2 N1 c2
k0 = A21 (1)
ΔνD π g1 8π ν02
12
T
où ΔνD = cΔσD = c 7,13 × 10−7 σ0 . (2)
MH
384 Physique atomique et spectroscopie optique
Pour la raie 4,42 μm, on déduit de (2) en posant σ0 = 1/λ, où λ est en cm, que :
12
10 −7 500 1
ΔνD = (3 × 10 ) 7,13 × 10
40 4,42 × 10−4
= 171,1 MHz
Annexe A1
Énergie totale de l’électron
dans l’atome d’hydrogène
Ze2 1
ET = Ep + Ec ≡ − + me v 2 , (A1.1)
4π 0 r 2
où me est sa masse, v, la norme de sa vitesse v et r sa distance au noyau. On peut
toujours fixer l’énergie potentielle à une constante près, en l’occurrence de sorte que
Ep (r = ∞) = 0 : dans cette représentation, l’énergie potentielle devient de plus en
plus négative au fur et à mesure que l’électron se rapproche du noyau.
Pour dériver une relation entre Ep et Ec , considérons que dans son mouvement de
rotation autour du noyau, l’électron est soumis à une accélération centripète :
dv me v 2
F = me ≡− (A1.2)
dt r
qui, comme son nom l’indique, est dirigée en direction opposée de r, c’est-à-dire vers
le noyau : le terme −me v 2 /r est en réalité une inertie et non une force. Par ailleurs, en
explicitant la force coulombienne exercée par le noyau de l’hydrogénoïde sur l’électron :
Ze2
F ≡ −∇Ep = − , (A1.3)
4π 0 r2
386 Physique atomique et spectroscopie optique
me v 2 Ze2
= , (A1.4)
r 4π 0 r2
me v 2 1 Ze2
nous obtenons que = , (A1.5)
2 2 4π 0 r
Ep
et donc : Ec = − . (A1.6)
2
C’est un cas particulier du théorème du viriel :
Autrement dit, l’énergie cinétique est inférieure à l’énergie potentielle, ce qui est
essentiel pour qu’en l’occurence un état lié se maintienne !
De (A1.1) et (A1.6), il ressort que :
Ep Ep
ET = Ep − = . (A1.7)
2 2
L’énergie totale, dans le cas d’un état lié (Ep = 0), est bien négative, comme le montre
(A1.7). Cette énergie devient de plus en plus négative quand l’électron se rapproche
du noyau : l’électron perd en effet de l’énergie quand il passe, en émettant un photon,
de n = ∞ à un niveau lié de valeur n finie.
Sachant que l’énergie qu’il faut pour ioniser l’atome d’hydrogène est approximative-
ment de 13,6 eV, le nombre d’onde de la transition entre l’état fondamental et son
état ionisé (à énergie cinétique nulle de l’électron libéré) vaut (1.1) :
ΔE 1,60210 × 13,6 J
σ(m−1 ) = × 10−19 ,
hc 1,9863 × 10−25 J s m s−1
10,9694 × 106 m−1 ,
et en cm−1 , σ 109 694 cm−1 (unités plus habituelles).
Annexe A2
Les divers types de niveaux d’énergie
d’une molécule et nombres quantiques
correspondants
Figure A2.1 – La molécule est formée, par hypothèse, de deux atomes séparés
d’une distance r constante.
Considérons le cas simple d’une molécule diatomique dont les deux atomes sont en
rotation autour de leur centre de masse, comme l’illustre la figure A2.1. Posons que
leur distance internucléaire est fixe (hypothèse du rotateur rigide). L’énergie cinétique
totale des deux atomes est alors donnée, classiquement, par :
1 1 1
Ec (rot) = m1 v12 + m2 v22 = (m1 r12 + m2 r22 )ω 2 (A2.1)
2 2 2
où ω est la pulsation de leur rotation (2π fois la fréquence de rotation) autour du
centre de masse. Comme v = ω ∧ r, en choisissant le repère approprié nous pouvons
écrire la norme de v sous la forme v = ωr. Le moment d’inertie total 157 est par
définition :
m1 r12 + m2 r22 ≡ I (A2.2)
et comme la position du centre de masse est définie par m1 r1 = m2 r2 , il vient
(vérification laissée au lecteur) :
I = μr2 (A2.3)
où μ est la masse réduite des deux atomes avec :
r = r1 + r 2 .
157 Rappelons que le moment d’inertie quantifie la résistance d’une masse m à l’accélération angulaire
exercée par le moment de la force N ≡ r ∧ F = Idω/dt, tout comme le terme d’inertie mdv/dt
en mesure la résistance à l’accélération linéaire induite par la force F .
388 Physique atomique et spectroscopie optique
Ainsi, l’énergie cinétique de deux atomes en rotation autour de leur centre de gravité
apparaît comme une masse μ en rotation à distance fixe r autour d’un axe, comme le
montre la figure A2.2. En effet, de (A2.1) et (A2.2) :
1 2 1 (Iω)2
Ec (rot) ≡ Iω = , (A2.4)
2 2 I
nous rappelant que I = μr2 .
Toujours en mécanique classique, le moment cinétique L étant défini par :
Par ailleurs sur le plan quantique, nous pouvons lier |L|2 à l’opérateur L̂2 (où L̂
représente le moment cinétique de rotation) dont les valeurs propres sont données
par :
L̂2 = K(K + 1)2 K = 0, 1, 2 . . . (A2.8)
de sorte que nous obtenons de (A2.7) l’énergie cinétique liée au rotateur rigide sous
la forme :
1 K(K + 1)2
Ec (rot) = . (A2.9)
2 μr2
L’énergie du système (niveau électronique plus niveau de rotation) est alors donnée
par :
2
Un,rot (r) = Vn (r) + K(K + 1) (A2.10)
2μr2
où Vn (r) est l’énergie potentielle effective 158 entre les noyaux pour un état électronique
donné de nombre quantique principal n et en l’absence de vibration de la molécule
(v = 0). Le deuxième terme représente l’énergie cinétique de rotation de la molécule.
158 Celle-ci comprend l’énergie répulsive des noyaux entre eux à laquelle s’ajoute l’énergie attractive
due aux électrons tendant à rapprocher les deux noyaux. Le terme "effectif" renvoie à l’effet
combiné de ces deux forces antagonistes.
Annexe A2 389
Transitions rovibrationnelles
La courbe d’énergie potentielle Un,v,rot (r) (par exemple, figure A2.4) ne se mesure
pas facilement : on procède plutôt à l’ajustement d’une expression théorique à partir
de paramètres expérimentaux, comme l’énergie des transitions, auxquels s’ajoutent
quelques considérations sur le sens physique de cette courbe de potentiel. Ainsi, il
faut que la valeur de l’énergie potentielle (répulsive) augmente quand r diminue et,
par ailleurs, tende vers une constante pour r → ∞. Quand l’énergie d’un niveau
correspond à la valeur minimale de Un (r), elle donne accès à la distance internucléaire,
notée r0 (figure A2.5). De (A2.10) avec (A2.6), on peut aussi en tirer la pulsation ω
pour un v donné.
Une molécule peut se former si le puits de potentiel (partie attractive) est assez
profond et large pour accueillir un ou plusieurs états quantiques liés. Dans le cas
Annexe A2 393
d’une interaction entre atomes neutres de même nature dont l’un est dans l’état
fondamental et l’autre dans un état excité, on dit que cette excitation "saute entre
les deux atomes" (phénomène de résonance entre deux atomes). La partie attractive
(Van der Waals) est alors en 1/r3 au lieu de 1/r6 .
À noter qu’une molécule peut se constituer seulement lors de collisions triples ou
multiples, sinon les atomes ne font que rebondir l’un sur l’autre après s’être rapidement
"embrassés" (de même que des gouttes d’eau ne peuvent commencer à se former que
lors de collisions entre deux molécules d’eau impliquant une autre molécule d’eau).
Transitions électroniques-rovibrationnelles
(états rovibroniques)
ΔΛ = ±1 ou 0
sauf J = 0 → J = 0, J désignant le nombre quantique
ΔJ = 0, ±1
total ; il peut prendre des valeurs entières et demi-entières
Δv sans restriction
⎫
ΔK = +1 branche R ⎪
⎬
= −1 branche P en émission pour v et v donnés
=0 branche Q absente si ⎭ et pour Λ et Λ donnés
⎪
Λ = 0 → Λ = 0
En général, une transition rovibronique s’observe dans le visible ou l’ultraviolet.
Principe de Franck-Condon
Comme le mouvement des électrons est beaucoup plus rapide que celui des atomes,
la transition électronique s’effectue sans que la distance internucléaire des atomes de
la molécule ait pu se modifier : les transitions vibrationnelles qui accompagnent la
transition électronique se font de ce fait de "façon verticale", comme le montre (en
absorption) la figure A2.6.
Dans l’exemple de la figure A2.6, la transition (en absorption) la plus probable est
indiquée par un trait plus épais que les autres. C’est qu’il existe pour chaque niveau
vibrationnel de nombre quantique v une fonction d’onde (liée à l’oscillateur harmo-
nique représentant la vibration) qui permet d’en déterminer la densité de probabilité
de présence en fonction de la distance internucléaire. Pour le niveau inférieur choisi
(v = 0), il n’y a qu’un seul maximum alors que pour les niveaux d’arrivée v , il y a
v + 1 maxima. La transition v = 0 qui part du maximum de densité et qui arrive
sur un des maxima de v = 2 est donc la plus probable.
161 À titre d’exemple, considérons une molécule diatomique : quand les deux atomes se rapprochent,
le champ électrique qui en résulte est dirigé principalement suivant l’axe internucléaire. Le
moment cinétique orbital des électrons de chaque atome est alors en précession autour de l’axe
internucléaire. Dans ces conditions, la projection du moment total Λ = Lz1 + Lz2 est une
constante du mouvement (voir aussi l’annexe A4).
Annexe A2 395
162 Pour B > B , la branche P du spectre électronique-rovibrationnel présente une tête de bande
qui apparaît du côté des grandes longueurs d’onde ("rouge"), comme le montre la figure 1.7.
Pour plus de détails, voir l’exercice 1.3.
396 Physique atomique et spectroscopie optique
Annexe A3
Notation et dénominations propres aux
systèmes moléculaires des décharges dans N2
Rappelons (section 1.1.2) qu’une bande moléculaire est composée de l’ensemble des
transitions réalisées entre deux états vibrationnels fixés (v , v ) mettant en jeu toutes
les valeurs de K et K possibles, c’est-à-dire respectant les règles de sélection. Une
telle bande rovibrationnelle est le plus souvent caractérisée par un regroupement de
raies (en début ou en fin de bande) appelé tête de bande, celle-ci apparaissant lorsque
la direction de progression des valeurs de longueurs d’onde s’inverse en fonction de
l’énergie des niveaux rotationnels. Par ailleurs, un système moléculaire est constitué
d’un ensemble de bandes moléculaires qui résulte du fait de prendre en compte des
transitions entre différentes valeurs de v et v . Dans le domaine optique, de telles
transitions rovibrationnelles se font entre deux états électroniques différents.
La dénomination de système moléculaire négatif ou positif vient, à l’origine, de l’en-
droit d’observation de ces systèmes de N2 dans une décharge en courant continu,
respectivement du côté de la cathode (négatif) ou de celui de l’anode (positif), comme
le montre la figure A3.1.
163 Il faut noter que dans cette représentation conventionnelle de la parabole de Fortrat, λ(σ)
dépend de J et non l’inverse !
Annexe A3 397
Les transitions les plus couramment observées entre ces systèmes sont les suivantes :
Il s’agit d’une transition (en émission) entre l’état électronique (supérieur), désigné de
façon simplifiée par N+ +
2 (B), et l’état électronique (inférieur) N2 (X). Pour v = v = 0,
la tête de bande se trouve à 391,4 nm (figure 1.8).
Il s’agit d’une transition en émission entre l’état électronique N2 (B) et l’état électro-
nique (métastable) N2 (A).
N+
2 (B)
En absence d’électrons d’énergie suffisante pour peupler directement le niveau
N+2 (B), soit à partir du niveau fondamental de l’atome N2 (X) (énergie-seuil de
18,76 eV) ou de l’ion N+ 2 (X) (énergie-seuil de 3,18 eV), le chemin réactionnel le
plus probable menant à N+ 2 (B) comprend trois étapes [14], dont la première est :
N2 (a ) + N2 (a ) → e + N+
2 (X) + N2 (X, v = 0) , (A3.2)
N2 (B)
Un chemin réactionnel possible (par exemple dans la proche post-décharge
de N2 ) est donné par [16] :
où N(4 S) est l’état fondamental de l’atome d’azote. Le niveau N(4 S), niveau
électronique sans état rovibrationnel évidemment, conduit ainsi par la réaction
(A3.7) à une surpopulation du seul niveau v = 11 du N2 (qui va par la suite
relaxer par collisions vers d’autres valeurs vibrationnelles).
Annexe A4
Notation en couplage L · S
des états d’énergie électroniques des
molécules diatomiques homonucléaires
(par exemple : N2 , H2 , O2 )
Les états électroniques des molécules diatomiques constituent le cas le plus simple
à traiter en spectroscopie optique. Ces molécules présentent notamment un axe de
symétrie de révolution qui est l’axe internucléaire (annexe A2). Dans ces conditions,
L étant la somme du moment cinétique orbital électronique des deux atomes, sa pro-
jection suivant l’axe internucléaire, dénotée Λ, est alors une constante du mouvement.
Dans ce qui suit, nous n’allons considérer que les transitions électroniques (pour les
transitions de rotation et de vibration, voir l’annexe A2).
Dans l’hypothèse du couplage L · S, on peut assez généralement exprimer la fonction
d’onde totale (antisymétrique) de la molécule en un produit de la fonction totale de
spin S et de la fonction totale orbitale électronique L (section 4.2).
400 Physique atomique et spectroscopie optique
Comme en atomistique, ne sont pris en compte que les électrons des couches incom-
plètes de chaque atome. Les différentes valeurs de projection de Λ sont données par
Λ = |M | avec M = m1 + m2 , les mi étant les différentes projections suivant l’axe
internucléaire du moment cinétique orbital des électrons.
Par convention :
Λ 0 1 2 3
Σ Π Δ Φ
La multiplicité (le nombre d’états distincts en termes d’énergie) est donnée, comme
en atomistique, par 2S + 1. Ainsi, pour la molécule N2 neutre, les spins pouvant être
parallèles (S = 1) ou anti-parallèles (S = 0), nous avons des états triplets et singulets
(Herzberg, 1950). La projection du vecteur S sur l’axe internucléaire est notée Σ.
Finalement, la somme vectorielle Λ+Σ = Ω suivant l’axe internucléaire forme donc le
bon vecteur quantique total (constante du mouvement), celui autour duquel les autres
vecteurs sont en précession. Les valeurs du nombre quantique Ω sont données par la
série |Λ + Σ| . . . |Λ − Σ|. Dans le cas où Λ = 0, il n’y a pas de champ magnétique
interne résultant du mouvement orbital des électrons d’où Σ n’est pas défini : il s’agit
donc d’un état singulet [17].
165 Ne pas confondre l’état d’énergie Σ (partie du terme spectroscopique) avec le vecteur Σ,
projection de S sur l’axe internucléaire.
Annexe A4 401
166 La densité de charges à mi-distance entre les noyaux est exactement nulle pour un état ungerade.
402 Physique atomique et spectroscopie optique
ΔΛ = 0, ±1, ΔS = 0, ΔΣ = 0, ΔΩ = 0, ±1 .
Comme pour les atomes, ces règles découlent du fait qu’il y a conservation du moment
cinétique pendant une transition et qu’un photon possède un spin égal à 1.
Deux règles de sélection se rapportent aux changements de symétrie. La première
concerne les termes spectroscopiques Σ : les transitions Σ+ ⇒ Σ− et Σ− ⇒ Σ+ sont
les seules permises. La seconde, qui est une autre forme de la règle de Laporte,
extension de la règle pour les atomes aux molécules centrosymétriques (possédant
un centre d’inversion), stipule que les seules transitions permises sont celles qui sont
accompagnées d’un changement de parité. Dans le cas des molécules, cela signifie que
seules les transitions u → g et g → u sont permises (Atkins et de Paula, 2004).
Ainsi, on note immédiatement que la transition A 3 Σ+ 1 +
u → X Σg (figure A4.1) est
permise par la règle de Laporte, mais interdite par la règle inposant un changement
de symétrie à un état Σ (de plus ΔS = 0) : l’état N2 (A) est effectivement métastable
(figure A3.2).
Annexe A5
Séparation minimale en longueur d’onde de
deux raies dans le spectre : critère de Rayleigh
Plus la valeur minimale de Δλ séparable dans un spectre est étroite, plus le spectre
est finement résolu, évidemment ; cependant, la capacité de résolution de l’appareil se
caractérise véritablement non pas par le Δλmin mais par le rapport Δλmin /λ : en effet,
Annexe A5 403
on s’accordera pour dire qu’un appareil capable de résoudre le mm sur une mesure
linéaire de 1 km est plus performant qu’un appareil capable de résoudre un mm sur
un mètre. On exprimera cette propriété en définissant le pouvoir de résolution par :
λ
R= . (A5.1)
Δλ
Il faudra prendre soin de préciser s’il s’agit du pouvoir de résolution de l’appareil tout
entier ou plutôt d’un de ses éléments (par exemple, réseau) ou, encore, du pouvoir
théorique (calculé) ou effectif (observé).
Il est clair qu’on ne peut réduire la valeur de Δλ à volonté. Pour une valeur de λ
donnée, il existe une limite inférieure absolue à la séparation Δλ que l’on peut réaliser
entre deux raies du spectre : deux émissions supposées monochromatiques ne peuvent
pas être résolues si leur figure de diffraction (figure A5.1) se recouvrent (figure A5.2).
On admet très généralement (mais cela est quelque peu arbitraire) que le maximum
de séparation (i.e. le Δλ minimal) est obtenu, pour deux raies de même intensité,
lorsque le maximum de la figure de diffraction de l’une coïncide en longueur d’onde
avec le premier minimum de la figure de diffraction de l’autre (figure A5.3) : cette
situation correspond au critère de Rayleigh. Cette limite est très variable.
Elle dépend évidemment du flux d’énergie de la source, mais aussi du type d’appareil
de mesure (par exemple, spectromètre à réseau, interféromètre), de la qualité des
éléments de cet appareil et, finalement, de la sensibilité du détecteur (section 4.2).
Annexe A6
Structure fine de l’atome d’hydrogène
dans la série de Balmer
2 2
Émission avec la correction de Lamb : les niveaux S 21 et P 12
possèdent des énergies différentes
Selon le formalisme de Schroedinger aussi bien que celui de Dirac, les niveaux
22 S 21 et 22 P 12 ayant même valeur de J ont même énergie alors qu’expérimentalement
ce n’est pas le cas, l’écart en fréquence entre ces deux transitions étant pour l’isotope H
de 1 057,77 ×106 s−1 (dans le domaine des micro-ondes). Ce décalage dit de Lamb a
été, par la suite, d’abord expliqué par Hans Bethe en utilisant l’électrodynamique
quantique : le champ EM doit aussi être quantifié (seconde quantification).
On peut décrire ce phénomène comme une auto-interaction de l’électron dans le champ
EM créé par son accélération ou sa décélération dans le champ coulombien du noyau.
Ainsi, au cours de ces processus, l’électron peut émettre un quantum EM (photon)
et décélérer et, par la suite, réabsorber ce photon et accélérer, comme le montre la fi-
gure A6.2. En fait, la transition électronique n’est pas une opération instantanée, mais
plutôt discontinue (diagrammes de Feynman) : on parle de séquences d’événements
pour la décrire.
406 Physique atomique et spectroscopie optique
Annexe A7
Une conséquence du piégeage du rayonnement
dans un milieu où la température du gaz n’est
pas homogène : l’apparition d’un faux doublet
Considérons une décharge de type arc électrique dans un tube cylindrique dont le
diamètre est plusieurs fois celui du filament de plasma (figure A7.1) : ainsi il y aura
du gaz "froid" autour de l’arc. La largeur de la raie de résonance résulte princi-
palement de l’effet Doppler (température du gaz). Rappelons que ΔσD = 7,13 ×
1
10−7 σ0 (T /MH ) 2 (1.16).
Figure A7.1 – Arc électrique dans un gaz contenu dans une enceinte.
La raie d’émission est donc plus large dans l’arc que dans le gaz froid, comme le
suggère la figure A7.2.
Les photons émis dans l’arc et qui se dirigent vers l’extérieur de l’enceinte vont :
être réabsorbés si leur longueur d’onde les situe à l’intérieur du profil Doppler
d’absorption du gaz froid,
être peu ou pas du tout piégés si leur longueur d’onde est extérieure à l’intervalle
λ0 ± Δλ ,
de sorte que le profil de raie observé à l’extérieur du tube (tirets sur la figure A7.2)
présentera un creux en λ0 donnant l’impression qu’on a affaire à un doublet ! La
figure A7.3 montre l’effet du piégeage de radiation dans un plasma d’aluminium de
forte densité obtenu par ablation laser sur une cible de ce métal.
408 Physique atomique et spectroscopie optique
Annexe A8
Principe de la convolution
de deux profils spectraux
Pour illustrer le principe d’une telle convolution, nous allons considérer, à titre d’exem-
ple, l’élargissement du profil "naturel" d’émission atomique (de type lorentzien) par
celui de l’effet Doppler (de type gaussien). Le profil naturel, fL (Δλ), est lié à l’incer-
titude quantique sur l’énergie des niveaux supérieur et inférieur de la transition étudiée
du fait du temps très court de la transition entre ces deux niveaux (section 1.1.3) ; ce
profil est celui (figure A8.1) que l’on construirait à partir de l’émission recueillie dans
le repère de chacun des atomes émetteurs. Considérons un élément spectral
différentiel d(Δλ), centré en Δλ, de ce profil, tel que le montre la figure A8.2. Si,
maintenant, nous observons ces mêmes photons dans le repère du laboratoire, ils
vont nous apparaître sur une plage de longueurs d’onde beaucoup plus étendue, comme
le suggèrent les figures A8.2a et b. Ceci vient de ce que les atomes qui les émettent
sont en mouvement du fait de leur énergie thermique, étant animés d’une vitesse vx
(nous adoptons, par simplicité, une description à une dimension), ils obéissent à une
distribution en vitesse de Maxwell-Boltzman (figure A8.3).
Annexe A8 409
Figure A8.2 – Les photons de l’intervalle d(Δλ) centré en Δλ, émis dans
le repère de chaque atome (région hachurée), sont étalés en longueur d’onde
dans le repère du laboratoire, du fait de la vitesse vx particulière de chacun
de ces atomes. En (b), l’intervalle d(Δλ) étant situé plus loin du centre de la
raie naturelle qu’en (a) comprend moins de photons.
La surface sous la courbe fL (Δλ)d(Δλ) (zone hachurée des figures A8.2a et b), qui est
proportionnelle au nombre de photons émis dans le repère propre des atomes dans cet
intervalle de longueurs d’onde, va être redistribuée en longueurs d’onde, par suite de
l’effet Doppler, donnant lieu à un étalement caractérisé par une fonction spectrale
gaussienne gD (de largeur à mi-hauteur déterminée par la température du gaz (1.8)) :
l’intensité émise dans le laboratoire, en une longueur d’onde quelconque Δλ∗ (repérée
par rapport à la longueur d’onde Δλ de la raie "naturelle"), dI(Δλ∗ ), est alors donnée
par le produit de la surface élémentaire fL (Δλ)d(Δλ), la surface à partager, par la
fraction de la fonction partage gD (Δλ∗ − Δλ), la fonction gD étant centrée sur Δλ.
410 Physique atomique et spectroscopie optique
I(Δλ∗ ) = f ∗ g = f ⊗ g . (A8.3)
Un exemple de convolution
Nous allons examiner la convolution d’un profil de Lorentz avec celui de Gauss, ce
qui donne un profil de Voigt [12].
La figure A8.3 compare d’abord un profil spectral de Gauss avec celui de Lorentz
ayant une même amplitude et une même aire sous la courbe (même nombre de
photons). La largeur à mi-hauteur du profil de Gauss est manifestement beaucoup
plus grande que celle du profil de Lorentz, et ce profil est moins étendu en longueur
d’onde que celui de Lorentz.
Annexe A8 411
Figure A8.5 – En trait continu, la figure de diffraction d’une onde plane par
une fente rectangulaire . Le lissage en pointillé montre que le profil de Gauss
est une très bonne approximation de la dispersion par diffraction.
412 Physique atomique et spectroscopie optique
La figure A8.5 montre que le profil principal de diffraction résultant du passage d’une
onde plane par une fente rectangulaire (voir note 19 en bas de page 33) peut, avec
une très bonne approximation, se lisser par un profil de Gauss.
Remarque : La largeur d’appareil, par exemple d’un spectromètre à réseau (générale-
ment de forme gaussienne), peut se déterminer approximativement en utilisant comme
source spectrale un laser émettant une raie très fine (laser stabilisé monomode).
Annexe A9
Continuum de recombinaison
des hydrogénoïdes
où ll indique qu’il s’agit d’une transition libre-liée, Iλ,Z est en watt/(Å cm3 stéradian),
A1 = 1,5 × 10−29 , Ne et Ni sont les densités électroniques et ioniques par cm3 , λ,
la longueur d’onde est en Å, kB Te s’exprime en eV, gll (λ, n) est le facteur quantique
de Gaunt pour de telles transitions (gll 1 dans l’UV et dans le visible 168 ; ce
facteur ne varie beaucoup que dans le domaine des micro-ondes). Le nombre n est le
nombre quantique principal des états compris entre nmin et nmax : nmin = ni est le
niveau inférieur d’accueil définissant la série spectrale considérée et nmax est le niveau
supérieur au-delà duquel, dans un système à plusieurs électrons, on a, en pratique,
ionisation (abaissement effectif du potentiel d’ionisation) 169 . Dans ce modèle, on
considère les ions au repos.
L’observation d’un continuum sous la forme de la distribution (A9.1) suppose évi-
demment que le milieu est optiquement mince.
168 Il s’agit d’une correction moyenne sur la distribution de Maxwell-Boltzmann ; ce facteur se
trouve tabulé pour les hydrogénoïdes dans le livre de Griem.
169 L’énergie d’ionisation est, en fait, l’énergie pour enlever un électron à un atome isolé. Dans un
plasma, dès que l’électron est suffisamment éloigné de son ion parent de telle sorte qu’il ne puisse
plus être "distingué" par ce dernier des autres électrons, il est "perdu" ! Cet abaissement du
potentiel est faible, généralement inférieur à 1 eV [19].
Annexe A9 413
Pour appliquer l’expression (A9.1), il faut que la distribution en énergie des électrons
soit très proche d’une maxwellienne. Cela suppose que les collisions électron-électron
sont suffisamment nombreuses. Deux méthodes diagnostiques sont particulièrement
intéressantes.
1. Rapport d’intensité aux longueurs d’onde extrêmes du continuum d’une série
Il faut s’assurer qu’en ces deux régions spectrales limites, il n’y ait pas de raies
d’autres séries. Par exemple, pour le continuum de Balmer (début de ce conti-
nuum à 364,8 nm), nous pouvons considérer le rapport rc :
I(λ = 355 nm)
rc ≡ .
I(λ = 450 nm)
En exprimant ce rapport suivant la relation (A9.1), la dépendance en Ne et Ni
(densité des particules chargées) disparaît, et il n’est donc pas nécessaire de la
connaître. On trouvera la courbe de rc (Te ) dans des ouvrages spécialisés, par
exemple à la section 13.4 de Griem (1964) pour Lyman et Balmer.
2. Mesure de l’intensité du continuum d’une série sur une certaine largeur spectrale
Δλ et son lissage à partir de l’expression (A9.1)
Pour que cette mesure soit significative, il faut que l’intervalle spectral considéré
soit suffisamment grand (et libre de raies) : déterminons son extension. Soit λ1
et λ2 , les longueurs d’onde de chaque extrémité de l’intervalle Δλ : le rapport
d’intensité à ces deux longueurs, d’après (A9.1), est de la forme :
Icont,λ1 λ2 hc 1 1
22 exp − − (A9.2)
Icont,λ2 λ1 k B Te λ 1 λ2
Annexe A10
Rayonnement de freinage (Bremsstrahlung)
Dans le cas d’un plasma à très faible degré d’ionisation (αi < 10−4 , voir la note 22 en
bas de page pour la définition de αi ), le continuum de freinage le plus probable (mais
généralement d’intensité faible) est celui où le centre déflecteur est un atome neutre.
Une telle situation est observée notamment dans les plasmas d’onde de surface à la
pression atmosphérique. La relation (A10.1) exprime l’intensité de cette émission [20] :
2
A ea N e N a 3/2 hc hc
Iλ,Z =
ll
(kB Te ) σea (kB Te ) 1 + 1 +
qm
exp − ,
λ2 2λkB Te λkB Te
(A10.1)
3
où Aea = 2,0 (W m2 J− 2 sr−1 ) et σea qm
est la section efficace pour le transfert de quan-
tité de mouvement lors d’une collision électron-neutre, qui dépend de la température
des électrons, Te exprimé dans cette annexe en kelvin.
Cette expression peut se simplifier dans le cas de longueurs d’onde suffisamment
courtes (λ ≤ 400 nm) telles que hc/λkB Te 1:
2
Aea Ne Na 3/2 qm hc hc
Iλ,Z =
ll
(kB Te ) σea (kB Te ) 1 + exp − (A10.2)
λ2 2λkB Te λkB Te
ou au contraire, dans le cas de longueurs d’onde suffisamment longues (λ ≥ 700 nm)
telles que hc/λkB Te 1:
2Aea Ne Na 3/2 qm
ll
Iλ,Z = (kB Te ) σea . (A10.3)
λ2
Remarques :
qm
Dans (A10.1), la section efficace σea est supposée constante pour une valeur donnée
de kB Te . Elle ne tient donc pas compte d’un minimum de Ramsauer 170 possible,
ce qui impose de considérer des valeurs d’énergie électronique ≥ 1 eV.
Le facteur 2 au dénominateur dans le terme hc/2λkB Te plutôt que l’unité est fondé
sur une remarque de Cabannes et Chapelle [21] qui semble maintenant bien
admise.
Pour vérifier que le degré d’ionisation est suffisamment faible, il suffit de constater
l’absence de raies ioniques dans le spectre.
170 Effet quantique résultant de la diffraction de la fonction d’onde de l’électron incident sur les
électrons périphériques de l’atome cible, phénomène conduisant, pour certaines énergies de celui-
ci, à une interférence destructive après interaction. Dans l’argon, par exemple, celui-ci se produit
autour de 0,2 – 0,3 eV.
Annexe A10 415
Détermination de Te et de Ne
Pour déterminer Ne , il est recommandé d’obtenir d’abord la valeur de Te comme
nous venons de l’indiquer, pour procéder ensuite à l’ajustement de l’intensité me-
surée avec celle calculée (processus intératif) [22–24].
Contribution électron-ion
où Aei = 1,5 × 10−29 et 2 < gll < 12 est le facteur quantique de Gaunt, faiblement
dépendant de λ et Te . Cette contribution au continuum est significative pour des
températures comprises entre 100 et 10 keV.
Annexe A11
Transfert radiatif d’une source spectrale
à travers un milieu gazeux
Iν (x) = C exp (−kν∗ x) + exp (−kν∗ x) kν∗ exp (kν∗ x ) Sν (x )dx ,
0
Iν (l) = I0 exp (−kν∗ l) + kν∗ exp (−kν∗ l) exp (kν∗ x ) Sν (x )dx . (A11.6)
0
Si au point d’observation le milieu est, par ailleurs, optiquement épais (kν∗ l 1),
Sν (x) est alors indépendant de la position, le milieu se comportant essentiellement
comme un corps noir (aucun photon ne quitte ce milieu) porté à la température T .
Dans ces conditions, l’intégrale (A11.6) se réduit finalement à :
Iν (l) = I0 exp (−kν∗ l) + Sν (T ) 1 − exp −kν∗ l (A11.7)
Annexe A12
Loi de Kirchoff dans un milieu
en équilibre thermique
température T ). Dans le cas d’un corps noir, la luminance est indépendante de la direc-
tion du rayonnement (radiation de Lambert, section 6.5), et elle est notée Bλ (λ, T ).
Pour un corps quelconque placé dans le vide à la température T , le seul processus
d’échange d’énergie possible est l’émission et l’absorption. L’équilibre d’énergie ne
pourra être réalisé que pour une longueur d’onde donnée, dans une direction (θ, ϕ)
donnée et dans une même étendue optique 171 .
Introduisons la notion d’émissivité 172 (spectrale en λ et directionnelle en θ et ϕ) :
Lλ (λ, θ, ϕ, T )
Eλ (λ, θ, ϕ, T ) ≡
Bλ (λ, T )
où, rappelons-le, la luminance du corps noir est isotrope. L’émissivité du corps noir
est telle que Eλ (λ) = 1.
L’absorptivité d’un corps quelconque peut s’écrire à partir de la luminance du corps
noir affectée du coefficient d’absorption kλ sous la forme :
d3 Φλ ≡ d2 E(θ, ϕ)Lλ (λ, θ, ϕ, T )dλ = d3 Φλ ≡ d2 E(θ, ϕ)kλ (λ, θ, ϕ, T )Bλ (λ, T )dλ
Eλ = kλ ≤ 1 ,
soit Lλ ≤ Bλ (λ) .
Annexe A13
Comment reconstituer les niveaux d’énergie
d’un atome à partir d’une expérience mettant
en jeu la fluorescence et la résonance :
un exemple pratique
De la même façon, on arrive à la conclusion que la raie 353,0 nm est une raie de
fluorescence pompée par la 276,8 nm, celle-ci étant une raie de résonance. En résumé,
nous avons :
377,6 nm (R) 535,0 nm (F)
276,8 nm (R) 353,0 nm (F).
Il s’agit maintenant de construire le diagramme d’énergie des niveaux donnant lieu à
ces transitions.
La configuration orbitale du thallium dans l’état fondamental selon le tableau
périodique (section 4.3) est . . . 6s2 5d10 6p.
Il y a donc un seul électron actif, de type p (les autres sous-couches sont complètes).
Les états d’énergie correspondants, en couplage L · S, sont (l = 1, s = 12 ) 6 2 P 12 et
6 2 P 32 .
D’après les règles de Hund, que nous verrons ultérieurement (section 5.5.1), l’ordre
des niveaux dans le diagramme d’énergie, dans une configuration donnée, est tel que :
S la plus grande multiplicité est de plus faible énergie
L le plus grand L possède la plus faible énergie
J si aucune des sous-couches incomplètes n’est remplie plus qu’à moitié,
la plus faible valeur de J est située le plus bas en énergie, etc. d’où la
position des deux niveaux de la configuration fondamentale :
6 2 P 32
6 2 P 12
Figure A13.3 – Transitions permises (trait plein) et interdites pour les ni-
veaux de thallium mis en jeu dans l’expérience de résonance et de fluorescence
présentée. Les flèches en trait épais désignent les raies de résonance.
Règle ΔJ = 0, ±1 (J = 0 → J = 0)
(
6 2 D 52 → 6 2 P 12 (ΔJ = −2) interdite en tiret sur la figure A13.3
Annexe A14
Effet Zeeman
L’effet Zeeman résulte de la séparation en énergie des niveaux atomiques sous l’in-
fluence d’un champ magnétique extérieur B. Ce phénomène, prédit en 1895 par
H.A. Lorentz dans le cadre de sa théorie classique des électrons, fut confirmé
expérimentalement l’année suivante par P. Zeeman. Les spectres alors considérés
étaient semblables à ceux de la figure A14.1. Comme le montre cette figure, la raie
présente sans champ magnétique (ν = 0) donne lieu, si le champ B est suffisamment
intense pour que cette raie initiale ne soit pas qu’élargie, à l’émission d’un doublet de
raies (en absence de la raie initiale) si l’observation (ligne de visée) est parallèle à B
ou à un triplet si la visée est perpendiculaire à la direction du champ magnétique.
L’influence de la direction de la ligne de visée suggère que ces raies sont polarisées :
la raie centrale, dénotée π, de forte intensité est obtenue lorsque la ligne de visée est
perpendiculaire à B, alors que l’observation dans la direction parallèle à B donne lieu
à une raie centrale très faible et à deux raies satellites situées à égale distance de la
raie centrale.
Une manipulation couramment employée pour mettre en évidence l’effet Zeeman
normal consiste à examiner la raie rouge (643,8 nm) du cadmium qui correspond à
une transition en émission entre le niveau supérieur 4 1 D2 et le niveau inférieur 4 1 P1 :
deux états singulets puisque S = 0 dans les deux cas.
424 Physique atomique et spectroscopie optique
Le spectre de l’effet Zeeman rapporté en premier (figure A14.1) trouva son explication
dans le cadre du modèle de Bohr-Sommerfeld (section 2.4). D’autres spectres, dus
à l’influence du champ B, furent par la suite décrits expérimentalement, sans que
le modèle de Bohr-Sommerfeld puisse en rendre compte et, de ce fait, considé-
rés comme résultant d’un effet Zeeman anormal. L’explication quantique de l’effet
Zeeman normal est relativement simple : les transitions engendrées par le champ
magnétique ont lieu entre deux états singulets (S = 0) alors que celles de l’effet
Zeeman anormal apparaissent lorsqu’au moins un des deux états de la transition
possède un spin total S = 0, c’est-à-dire en tenant compte de l’existence du spin
électronique.
Annexe A15
Postulats de la mécanique quantique
Postulat no 1
Un état quantique est spécifié par une fonction d’onde dépendant de la position
généralisée qj et du temps t, Ψ(qj , t), fonction dont le carré absolu donne
une probabilité de présence. Cet état peut aussi bien être représenté par la
transformée de Fourier de Ψ(qj , t), menant à Φ(pj , t) où pj est l’impulsion
généralisé associée à qj , et où le carré absolu de cette fonction donne une
probabilité de présence dans l’espace des impulsions. Chacune de ces fonctions
détermine complètement l’état du système quantique et permet de définir la
probabilité que les coordonnées de la particule (ou des particules) au temps t
soient comprises entre qj et qj + dqj , par :
Ψ(qj , t) et Φ(pj , t) sont les amplitudes des probabilités ainsi définies. Nous
poserons dq1 . . . dqN ≡ dN q où N est le nombre de coordonnées de la (ou des)
particule.
Ces fonctions d’onde doivent être bornées, univoques et de carré sommable 173
sur l’espace de l’ensemble des positions.
173 L’intégrale du carré du module de la fonction d’onde (la probabilité de présence) est dite
sommable si elle converge, c’est-à-dire existe et correspond à un nombre fini.
426 Physique atomique et spectroscopie optique
Postulat no 2
Chaque coordonnée est liée à son impulsion associée par la transformée de Fou-
rier (A15.3) et, réciproquement, l’impulsion associée est liée à sa coordonnée
par la transformée de Fourier (A15.4).
⎡ ⎤
N
p q
Φ(pj , t) exp ⎣+i ⎦ dN p ,
N
Ψ(qj , t) = − 2
j j
(A15.3)
j=1
⎡ ⎤
N
pj qj
Φ(pj , t) = −N
2 Ψ(qj , t) exp ⎣−i ⎦ dN q . (A15.4)
j=1
d’où, après intégration par parties suivie de la dérivation cette fois sur l’expo-
nentielle, il vient :
⎡ ⎤
N
pj qj ⎦ N
Φ(pj , t) exp ⎣+i
N
qj Ψ(qj , t) = qj − 2 d p, (A15.6)
j=1
ce qui montre que les deux côtés sont bien égaux. Ces règles de substitution ne
sont valables que dans le cas de coordonnées cartésiennes 174 .
174 Cette convention n’est pas arbitraire. Elle assure automatiquement l’invariance de forme de
l’équation de Schrödinger dans une rotation d’axes (Messiah, 2003).
Annexe A15 427
Postulat no 3
L’espérance mathématique 175 d’une grandeur F (qj , pj ) sera donnée par :
Postulat no 4
La dépendance temporelle de Ψ et Φ s’obtient de :
∂Ψ ∂Φ
Ĥq Ψ = −
Ĥp Φ = − .
i ∂t i ∂t
Voir les ouvrages de Leighton (1959), Messiah (2003) et Cohen-Tanoudji, Diu
et Lanoë (1997) pour plus de détails.
Il semble bien que jusqu’à maintenant, le côté prédictif du formalisme quantique n’ait
pas été vraiment contesté. Par contre, son interprétation fait l’objet d’un débat qui
remonte à la confrontation Einstein-Bohr, mais qui semble avoir récemment trouvé
sa solution, du moins en grande partie.
En opposition à Bohr, qui a l’intuition que la mesure perturbe l’objet quantique,
Einstein (1927) affirme que la mécanique quantique (MQ) est une théorie incomplète
derrière laquelle se cache une réalité plus fondamentale : ce serait un simple bilan
statistique de processus individuels microscopiques et inconnus obéissant aux normes
classiques. Einstein cherche notamment à invalider les relations d’incertitude de
Heisenberg en avançant une expérience "conceptuelle", appelée paradoxe EPR, dans
laquelle deux particules ayant interagi en un même point (donc corrélées ou "intri-
quées") se dirigent, par la suite, dans des directions opposées suivant une trajectoire
antiparallèle. On suppose que l’on détermine, par mesure, la position de la particule 1
au temps t (on ne peut pas connaître sa vitesse à ce même moment suivant le principe
d’incertitude) et on suppose, au contraire, que l’on mesure la vitesse (uniforme) de la
particule 2 au temps t mais pas sa position (principe d’incertitude oblige) ; la mesure
175 L’espérance mathématique est la valeur probable d’une variable aléatoire sur l’ensemble de la
population (statistique probabiliste) alors que la moyenne correspondante découle des valeurs
observées sur un échantillon (statistique descriptive).
176 ∗ (transposée
Les éléments de la matrice représentative de l’opérateur F̂ sont telles que F̂ij = F̂ji
conjuguée).
428 Physique atomique et spectroscopie optique
"Ce que la science peut atteindre, ce ne sont pas les choses elles-mêmes
. . . ce sont seulement les rapports entre les choses ; en dehors de ces rap-
ports, il n’y a pas de réalité connaissable."
Annexe A16
He I : Série de termes singulet
et série de termes triplet pour
une même configuration orbitale d’accueil
La figure A16.1 montre qu’à une même configuration orbitale d’accueil (1s 2p) corres-
pond une série de raies pour l’état singulet et une autre pour l’état triplet. Ces deux
séries n’ont pas la même valeur d’énergie pour leur niveau d’accueil, soit 21,22 eV et
20,96 eV, respectivement pour l’état singulet et l’état triplet.
Les séries spectrales liées aux états d’énergie singulets de He I conduisent toutes à
une structure fine de nature singulet, comme le représente la figure A16.2.
Figure A16.2 – Une transition entre états d’énergie singulets donne lieu à
une structure fine également de nature singulet.
Les séries spectrales liées à l’hélium triplet peuvent, suivant la multiplicité (vraie
ou fausse) des états supérieurs et de l’état d’accueil de la transition, comporter une
structure fine de nature simplement singulet, mais le plus souvent de nature doublet
ou triplet. Examinons successivement les situations possibles.
1. Considérons la série allant de la configuration orbitale 1s 2p à la configuration 1s2 .
Le niveau d’accueil de cette (courte) série est un singulet 1 S0 alors que le niveau
supérieur est composé du triplet 3 P1,2,3 , ce qui donne lieu au diagramme d’énergie
de la figure A16.3
Figure A16.3 – Le spectre est de nature singulet. Bien que toutes les
transitions soient permises au sens de Laporte, deux sur trois sont interdites
(trait interrompu) par les règles de sélection ΔJ = ±1, et ΔJ = 0 excluant les
transitions J = 0 vers J = 0.
Annexe A17
Illustration de la méthode de perturbation
stationnaire pour un état non dégénéré
Soit l’opérateur hamiltonien Ĥ qui peut s’exprimer comme une somme de deux
opérateurs hermitiques :
Ĥ = Ĥ0 + Ĥ1 (A17.1)
où Ĥ0 est l’opérateur non perturbé (niveau zéro d’approximation) et Ĥ1 , la pertur-
bation (niveau un).
Soit l’état n. Nous voulons obtenir les valeurs de son énergie En et de sa fonction
d’onde Ψn telles que :
ĤΨn = En Ψn . (A17.2)
432 Physique atomique et spectroscopie optique
Annexe A18
Champ magnétique créé par la charge
électrique du noyau dans le repère
de l’électron
L’électron est en mouvement orbital autour du noyau qui lui présente un champ
électrostatique Ze/(4π 0 r2 )ê. Cependant, observé dans le repère de l’électron (repère
dans lequel l’électron est au repos), ce champ apparaît comme un champ électro-
magnétique.
Annexe A18 433
Transformation de Lorentz
Annexe A19
Lien des coefficients d’Einstein Bij
avec ceux de Milne B ij
8πhν 3
Aji = Bji (6.139)
c3
les coefficients de Milne nous conduisent à poser (Mitchell et Zemansky) :
8πhν 3 B ji
Aji = c (A19.1)
c3 4π
2hν 3
Aji = 2 B ji , (A19.2)
c
4π
soit : B ij = Bij (A19.3)
c
En unités cgs (hélas, plusieurs physiciens utilisent encore ce système !)
Pour arriver aux expressions dans ces unités, il "suffit" de poser 1/ 0 = 4π et la
relation (6.51) conduit alors à :
m
Fij = hνBij (A19.4)
πe2
Lorsqu’on utilise des valeurs tabulées des coefficients B, il faut s’assurer de leur
définition. Il peut être alors plus prudent de recourir aux valeurs Aji correspondantes
si elles existent.
Annexe A20 435
Annexe A20
Variante du calcul du coefficient
d’absorption optique
de sorte que le bilan net de flux de puissance perdue (gagnée) par le faisceau, sur dx,
sur toute la largeur de raie de la transition pour les atomes des états 1 et 2 s’écrit :
hν
dI = − (N1 B12 − N2 B21 ) Iν (x) dx . (A20.4)
c
Pour établir le lien avec la démonstration de Mitchell et Zemansky, on notera que
la présente valeur dI lui est liée par :
∞
où l’on a supposé que le flux Iν (x) est constant sur l’intervalle de la raie ! En comparant
(A20.4) et (A20.5), on retrouve bien l’expression de l’intégrale dans (6.189).
436 Physique atomique et spectroscopie optique
Annexe A21
Dérivation de l’expression du coefficient
d’absorption optique intégré dans le cas
d’une raie élargie par effet Doppler
Par la relation (6.188) en ne tenant compte que du terme d’absorption 178 , nous
pouvons en déduire que :
kν δν ∝ δNi (vx ) (A21.1)
où la vitesse vx de l’atome donne lieu à une émission sur une largeur spectrale δν
appartenant à l’intervalle ν − ν0 , d’où ici kν ≡ kν (ν − ν0 ) ; cette valeur d’absorption
passe en Ni0 (vx0 = 0) par un maximum k(ν − ν0 = 0) ≡ k0 , de sorte que le rapport
δNi /Ni0 nous conduit à :
δNi kν (ν − ν0 )δν
= . (A21.2)
Ni0 k0
178 Nous supposons que les conditions opératoires sont telles que l’émission stimulée est négligeable :
la lampe spectrale est incohérente et il n’y a pas de miroirs aux extrémités du tube à décharge
que l’on veut caractériser, c’est-à-dire que l’émission stimulée ne sera pas favorisée.
Annexe A21 437
|Δν| vx
= , (A21.4)
ν0 c
Δν̄ vth
alors (1.8) : = (A21.5)
ν0 c
où Δν̄ est la largeur correspondant à l’écart-type σ d’une distribution gaussienne
(section 1.2). Il vient de (A21.2) et de (A21.3) :
2
k0 ν0 Δν c
kν (ν − ν0 )dν = √ exp − dν (A21.6)
Δν̄c π Δν̄ ν0
2
ν − ν0
et aussi : kν (ν − ν0 )dν = k0 exp − dν (A21.7)
Δν̄
k0
en posant : k0 = √ . (A21.8)
Δν̄ π
√
En utilisant, plutôt que Δν̄, la largeur vraie à mi-hauteur ΔνD = 2 ln 2Δν̄ (1.14), il
en découle finalement une forme plus intéressante expérimentalement :
√ 2
2 ln 2 (ν − ν0 )
kν (ν − ν0 )dν = k0 exp − dν (6.195)
ΔνD
En se fondant sur l’attribution des différents prix Nobel, on peut affirmer que la
physique atomique s’est développée principalement durant la première moitié du
xxe siècle, passant d’une rupture progressive avec la description classique, par l’étape
heuristique de Bohr, à la représentation quantique de Schrödinger et Dirac. Mal-
gré ses aspects probabilistes, le modèle quantique demeure essentiellement détermi-
niste et suffisant pour la physique atomique et moléculaire. Bien que sa compréhension
ait progressé depuis les premières expériences d’Alain Aspect à Orsay (1982) sur
l’intrication de deux photons, expériences reprises et régulièrement approfondies par
d’autres chercheurs, on continue de s’interroger sur la signification profonde de ce
phénomène que l’on peut observer, de façon générale, avec deux particules. Cette
recherche d’une explication fait apparaître de nouvelles questions, portant l’interro-
gation encore plus loin plutôt que de l’éclairer de façon convaincante. Par ailleurs, on
s’accorde, dirait-on depuis toujours, pour penser que les théories physiques, malgré les
avancées réalisées, ne sont jamais complètes et qu’il reste encore beaucoup à découvrir.
Ainsi, on ne sait toujours pas prédire la masse, entre autres, de l’électron (que l’on
mesure bien). Par contre, il faut souligner la très haute précision des corrections en
énergie découlant de l’électrodynamique et de la mécanique quantique pour ce qui
est, par exemple, de l’effet Lamb : il y a indubitablement progrès des connaissances,
mais aussi un bel avenir pour les jeunes physiciens !
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Bibliographie
Ouvrages de référence
Références
[1] Space environment (natural and artificial), Process for determining solar irra-
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444 Physique atomique et spectroscopie optique
A Argon
Absorption, 53, 205 charge effective, 153
coefficient d’, 43 configuration excitée, 381
effectif, 44 configuration orbitale, 369
global, 256 densité de probabilité
intégré classique, 212 radiale, 153, 155
optique, 43, 251, 255 diagramme d’énergie, 48, 369
optique intégré, 252, 435, 436 diagramme de Boltzmann, 246
par oscillateur classique, 212 rayonnement de freinage, 415
optique globale, 256 Atlas de longueurs d’onde, 40
probabilité d’, 205 Auto-absorption, 379, 408
raie d’, 20 Auto-cohérent
Absorptivité, 419 calcul, 148
Addition de moments cinétiques, 168 système, 150
Alcalin, 167 Azote
potentiel d’ionisation, 261 chemin cinétique, 397
Aluminium diagramme d’énergie, 401
diagramme de Boltzmann, 245 spectre moléculaire, 22
spectre d’émission, 408 structure fine, 339
Amortissement transition électronique
coefficient d’, 208, 210 rovibrationnelle, 396
Amplitude de probabilité, 110
Anharmonicité
correction d’, 389 B
Antimoine Balmer
diagramme d’énergie, 349 série de, 58, 59, 71, 278, 286,
fluorescence, 349 288, 289, 404
Appareil dispersif, 17 Bande
Approximation spectre de, 22
de Born-Oppenheimer, 393 tête de, 22, 267
de Hartree-Fock, 145 Bilan
électrostatique, 219 équation de, 249
446 Physique atomique et spectroscopie optique
E du rayonnement, 68
Échange potentielle
dégénérescence d’, 130 moyenne, 150
intégrale d’, 137 totale
symétrie d’, 131 d’une molécule diatomique, 391
Effet totale de l’atome, 68
d’écran, 94, 153 Épaisseur optique, 28, 33, 43, 44, 379,
Doppler, 27, 255, 289, 436 381
multiphotonique, 51 critère, 45
Zeeman, 423 effective, 44
anormal, 119 Équation
normal, 88 de bilan, 249
Einstein de Poisson, 149
coefficient d’, 206, 227, 237, de Schrödinger, 130, 145, 151
251, 434 de seconde espèce, 129
Élargissement stationnaire, 101
collisionnel, 30 Équilibre thermodynamique, 235, 245
Doppler, 24, 27, 30, 379 local, 242
en pression, 30 Étalon de longueur d’onde, 40
naturel, 25, 30 Étapes
par réabsorption, 32 ionisation par, 54
Stark, 30 État
Électroluminescence, 57 de Rydberg, 16
Électron fondamental, 160
de valence, 116, 165 quantique de Planck, 80
diffraction, 97 rovibronique, 266, 393
optique, 116 singulet, 430
position radiale d’un, 157 triplet, 430
rayonnant, 207 virtuel, 51
Électrons optiques, 17, 171 États relais, 54
équivalents, 134, 178 Excitation, 54
états d’énergie, 180, 183 collisionnelle, 73
non équivalents, 178 par étape, 250
états d’énergie, 183 température d’, 243
Émission Expérience de Franck et Hertz, 73
raie d’, 20
spontanée, 201
stimulée, 205 F
probabilité d’, 206 Fabry-Perot
Énergie interféromètre, 35
couplage L · S, 185 Facteur
d’ionisation, 166 de Landé, 174
des hydrogénoïdes, 72 orbital, 174
de réorientation de moment nucléaire, 198
du moment magnétique, 175 quantique de Gaunt, 412, 416
Index 449
I Laguerre
Impédance fonction associée de, 104
caractéristique du vide, 215 polynôme de, 105
Incertitude Lamb
principe d’, 25 correction de, 282, 405
Indice Lambert
de réfraction du milieu, 210 radiateur de, 240
Indiscernabilité Landé
principe d’, 129 facteur de, 174
Inertie orbital, 174
moment d’, 63 règle de, 176, 186
Intégrale Laporte
coulombienne, 137 règle de, 46, 187
d’action, 83 Largeur d’appereil, 34
d’échange, 135, 137 Laser He-Ne
de phase, 81 transitions, 197
Interaction Legendre
rayonnement-matière, 201, 218 fonction associée de, 104
spin-orbite, 331 opérateur de, 109
Interféromètre Fabry-Perot, 35 polynôme de, 104
Ionisation, 54, 55 Lennard-Jones
degré d’, 38 potentiel de, 392
directe, 54 Lepton-μ
énergie d’ transition radiative, 328
des hydrogénoïdes, 72 de Rayleigh-Jeans, 92
hydrogène, 386 Lithium
hélium, 321 série de raies, 310
par étape, 51 Loi de Wien, 239
par étapes, 54 Longueur d’onde, 40
Penning, 55 de de Broglie, 96
Isotope Lorentz
structure hyperfine, 200 profil de, 26, 30, 35, 376, 408
transformation de, 433
Luminance spectrale, 39, 240
J Lyman
j−j série de, 59, 278, 286, 287
couplage, 50, 189
structure fine, 190
M
Magnésium
L diagramme d’énergie, 353
L·S Magnéton
couplage, 50, 173, 195 de Bohr, 174
Lagrange nucléaire, 198
fonction de, 83 Masse réduite, 68
Index 451
Matrice Multiphotonique
de transition dipolaire, 223 effet, 51
Maxwell-Boltzmann Multiplet
distribution de, 28 inversé, 186
Mécanique quantique, 96 normal, 186
postulat, 425 Multiplicité, 50
Mécanismes collisionnels, 54
Mercure N
diagramme d’énergie, 78 Néon
doublet du, 23 diagramme d’énergie, 49, 195, 345,
Métastable 362
de l’hélium, 195 notation de Racah, 362
niveau, 45 notation L · S, 362
Méthode Niveau métastable, 45
auto-cohérente, 148 Nombre d’onde, 16
de perturbation, 135, 220, 431 Nombre quantique, 106, 107
Mètre, 40 azimutal, 85
Micro-réversibilité, 39, 235 effectif, 94, 117
propre, 236 principal, 118
Milieu optiquement mince, 28, 379 magnétique, 109
Milne principal, 108
coefficient de, 434 radial, 86, 106
Modèle total, 86
de Bohr, 61, 63, 72 Notation
de Bohr-Sommerfeld, 79, 94 de configuration orbitale, 47
de couplage électronique, 61 de Paschen, 47, 195, 366, 369
de Hartree-Fock, 147 de Racah, 193, 369
vectoriel, 168 néon, 362
Moindre action L·S
principe de, 83 néon, 362
Moment molécule diatomique, 402
cinétique, 61, 120
addition, 168 O
nucléaire, 198 Onde pilote, 96, 97
d’inertie, 63 Opérateur de Legendre, 109
d’une force, 62 Optique de transfert, 18
dipolaire Orbitale
électrique, 214 configuration, 160
magnétique nucléaire, 198 Orbite
magnétique, 173 de Bohr, 87, 97
énergie de réorientation, 175 électronique circulaire, 68
Morse quantifiée, 66
fonction de, 392 rayon d’, 66
452 Physique atomique et spectroscopie optique
Oscillateur Postulat
force d’, 80, 213 de Bohr, 65, 80, 97
harmonique de Planck, 84 de Planck, 80
linéaire, 80, 93 mécanique quantique, 425
Potentiel
coulombien, 100
P d’ionisation
Parabole de Fortrat, 267, 395 d’un alcalin, 261
Particules indiscernables, 129 de contact, 75
Paschen de Lennard-Jones, 392
notation de, 47, 195, 369 moyen
série de, 59, 282 à symétrie sphérique, 148
Pauli calcul auto-cohérent, 149
principe d’exclusion de, 132 retardateur, 75
Penning Pouvoir de résolution, 23, 403
ionisation, 55 Poynting
Perturbation vecteur de, 216, 241, 251
méthode de, 135, 220, 431 Précession de Thomas, 176
Pfund Premier système négatif, 22
série de, 59 Principe
Phosphorescence, 53 d’exclusion, 144, 337
Photoluminescence, 56 couplage L · S, 177
Pickering de Pauli, 132
série de, 71 d’incertitude, 25
Piégeage optique, 53, 406 d’indiscernabilité, 129
Planck de correspondance, 61, 91
états quantiques de, 80 de Franck-Condon, 394
oscillateur harmonique de, 84 de moindre action, 83
postulat de, 80 Probabilité
relation de, 92, 238 amplitude de, 110
Plasma d’absorption, 205
température électronique, 412 d’émission stimulée, 206
Poids statistiques, 236 de transition
Poisson radiative spontanée, 28, 202, 228
équation de, 149 totale, 226
Polarisation densité de, 110
règle de, 233 totale radiale, 112
Polynôme Processus
de Laguerre, 105 collisionnel, 235
de Legendre, 104 radiatif, 236
Pompage optique, 51, 73 Profil
Position de diffraction, 34, 411
fonction totale de, 133 de Gauss, 29, 35, 376, 410
radiale d’un électron, 157 de Lorentz, 26, 30, 35, 376, 408
Post-décharge, 55 de raie, 19, 25
Index 453
S Spin
Schrödinger fonction de, 315
équation de, 130, 145, 151 fonction totale de, 133
de seconde espèce, 129 nucléaire, 198
stationnaire, 101 Spin-orbite
Second système positif, 22 interaction, 331
Section efficace Stark
d’excitation, 76 élargissement, 30
Sélection Structure
règle de, 45 fine, 23, 90, 173
Série, 57 azote, 339
de Balmer, 58, 59, 71, 278, 286, constante de, 90, 277
288, 289, 404 couplage j − j, 190
de Brackett, 59 couplage L · S, 170, 335
de Clebsch-Gordan, 169 hélium, 429
de Lyman, 59, 278, 286, 287 hydrogène, 404
de Paschen, 59, 282 hyperfine, 23, 198
de Pfund, 59 du césium, 375
de Pickering, 71 multiplet, 24
de raies, 69 Symétrie d’échange, 131
lithium, 310 Système
fin de, 58 auto-cohérent, 150
spectrale, 19 International (SI), 40
Singulet moléculaire, 22
état, 430 négatif, 397
Slater positif, 397
déterminant de, 132 premier négatif, 22
Sodium second positif, 22
couplage L · S, 343
diagramme d’énergie, 343 T
Sommerfeld Tableau périodique, 162
correction relativiste de, 90 Taux de branchement, 247
Source Température
fonction, 417 d’excitation, 243, 244
Spectre électronique, 412, 414
d’absorption, 15 Tenseur
d’émission, 15 électromagnétique, 433
de bande, 17, 22 Terme
de l’hydrogène, 57 spectral, 69, 310
de Pickering, 71 spectroscopique, 50, 312
de raies, 17 Tête de bande, 22, 267, 395
moléculaire, 20, 387 Théorème de
rovibronique, 21 Wigner-Eckart, 170
Spectromètre à réseau, 17 Théorème de Gauss, 149
Index 455
Théorie V
de Bohr-Sommerfeld, 57 Valence
des quanta, 79 électron de, 165
Thomas Valeur propre, 120, 297
précession de, 176 van der Waals
Transfert force de, 30, 393
radiatif, 416 Vecteur
résonnant, 54 de Poynting, 216, 241, 251
Transformation de Lorentz, 433 Vibrateur microscopique, 207
Transition, 15 Virtuel
collisionnelle, 45 état, 51
dipolaire, 223 Vitesse thermique, 28
électrique, 27, 45, 223, 369, 381 Voigt
magnétique, 27, 45, 234, 375, 381 profil de, 35
probabilité totale de, 226
quadripolaire électrique, 45, 234, W
381 Wien
radiative, 16, 45 loi de, 239
hélium, 323 Wigner-Eckart
lepton-μ, 328 théorème de, 170
spontanée, 202, 228
rovibrationnelle, 390, 393 Z
azote, 396 Zeeman
Triplet effet, 423
état, 430 anormal, 119
normal, 88