Bulletin du diocèse de Rabat - N°160 - juin 2021

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Charles de Foucauld,
un témoin pour notre temps

Visages de laïcs Échos des RÉGIONS VIE AU MAROC

Échos des régions Liminaire

Sommaire
Ensemble n°160 - Juin 2021 Ensemble n°160 - Juin 2021

Vie du diocèse ................................................. 04 - 08

Échos des régions ................................. 09 - 14

Yves Grosjean
Responsable de rédaction « Ensembe »
Dossier ....................................................................... 15 - 21

Vie au Maroc .....................................................
Église universelle .................................. 25 - 27
Nouvelles du diocèse .....................
Art et culture......................................
Archevêché de Rabat - B.P. 413 RP - 10 001 Rabat
Tél. : +212 537 706 282
www.dioceserabat.org
communication@dioceserabat.org
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Conception et mise en page : FILIGRANE
Graphiste : Choumicha Chahim
Photos de couverture : @ P.RAZZO/CIRIC
Titre : Bulletin du diocèse de Rabat - N°160 - Juin 2021
I
l y avait beaucoup d’articles à mettre dans ce numéro. Il a fallu
22 - 24 faire des choix. En particulier en ce qui concerne la rubrique
échos des régions, nous avons décidé d’ouvrir une rubrique
dédiée aux articles des correspondants locaux sur le site internet
du diocèse, ce qui permettra un accès plus facile que sur la page
Facebook où ils se retrouvaient noyés au milieu d’autres informa-
tions.
28 Nous avons besoin de votre avis sur votre revue diocésaine. Un
sondage vous est proposé sur internet en dernière page. Merci d’y
29 répondre en nombre. Il y a aussi possibilité de nous contacter par
courriel.
Nous avons mis plus de temps à sortir ce numéro, certains articles
pourront paraître tardifs par rapport au calendrier, veuillez nous
en excuser.
Bonne lecture !
Le jeu concours de ce numéro se trouve à la fin du sondage qui vous
est proposé dans ce numéro. Il faut donc répondre d’abord au son-
dage, pour accéder à la question du jeu. Mais comme le sondage est
anonyme vous devez répondre par mail.
NB : Dans la réponse il faut marquer

Une équipe au service de la communication

✓✓ Nom et prénom
Père Yves Grosjean (responsable de rédaction)
Ben-Zevy Moussoukoula Dreid (adjoint) ✓✓ Paroisse
Kamal A Feriali ✓✓ Numéro de téléphone
René Gossa
✓✓ Réponse à la question du sondage
Cendra Gbado
Georges Pascal Milimono
Loïc Jaegert-Huber
Petite Sœur Anne-Yvette Braud
Gagnants du n°159
Et un(e) correspondant(e) local(e) dans
chaque paroisse (Liste des correspondants
Languie Victorine - Kamba Paul Steeven -
disponible en scannant le QR-Code) Ismaël Isaac Ilboudo - Kitembo Hermine Williams -
Nkulambe Nsono Lorena - Allou Raymond -
Achevé d’imprimer : Argana N’tchohou Diane - Aboude Jean-William
Dépôt légal : 2021MO2397
ISSN : 2737-8341 ISBN : 978-9920-559-02-7
Les réponses devront être envoyées avant le 10 juin

2Merci aux correspondants locaux d’avoir accepté cette communication@dioceserabat.org

mission de communication et de lien au service du diocèse.
 Échos des régions
Ensemble n°160 - Juin 2021

L’Église qui est au Maroc

À 93 ans, notre cher P. Michel Rondot nous a quitté.

C’était le seul prêtre incardiné à notre diocèse et avec résidence
au Maroc. Tous les autres prêtres ou bien sont religieux appartenant
à leurs congrégations respectives ou bien sont « fidei donum »
(ce qui signifie « don de la foi ») c’est-à-dire
des prêtres appartenant à d’autres diocèses et prêtés au nôtre.

L
e Père Michel était aussi le prêtre avec le plus long parcours au Maroc. Lui et beau-
coup d’autres qui nous ont précédés ont créé et vécu une tradition de vie chrétienne
adaptée au Maroc, une spiritualité spécifique pour notre situation, un style de vie
évangélique… Avec son départ, tout cela risque de disparaître ou au moins de s’affaiblir.
À nous la responsabilité de nous approprier cette tradition que j’appelle « franciscaine-
foucauldienne », puisque les spiritualités qui viennent de François d’Assise et de Charles
de Foucauld l’ont marqué en profondeur. Que voulons-nous dire en parlant d’une telle
spiritualité ? Je ne suis pas théologien, mais j’ose me lancer dans une description ni exhaus-
tive ni exacte : j’espère que d’autres vont l’améliorer !!!
Voici quelques traits de la spiritualité de notre Église qui est au Maroc et qui veut être du
Maroc :
›› Une spiritualité de la communion et de la fraternité, de l’accueil et de l’hospitalité, de
la rencontre et du dialogue.
›› Un style de vie où la pauvreté et la simplicité, la minorité (être « mineur », plus petit que
les autres) et l’humilité sont de rigueur.
›› Une théologie de l’Incarnation et de la Visitation qui nous mène à nous enfouir dans la
pâte du lieu où nous vivons, à nous inculturer (langue, géographie, culture…), à nous
insérer dans la vie des gens que nous côtoyons… et à sortir de nous-mêmes pour aller
vers l’autre, à la rencontre de l’Autre (avec majuscule !), présent en tout autre, peu
importe qu’il soit chrétien ou musulman, croyant ou non croyant.
›› Une évangélisation qui se fait à travers le témoignage et le travail en faveur des grandes
causes de l’humanité, ayant comme but la transformation de la réalité selon les critères
de l’Évangile.
›› Une vision du monde et de l’histoire où le but n’est pas l’Église, mais le Règne de Dieu,
l’Église étant la servante du Seigneur et de son Royaume.
Pour décrire quelque chose qui est « spirituel » les mots manquent ; et quand nous les
utilisons nous nous trompons et ils sont toujours inexacts et incomplets… mais il faut
s’exprimer, il faut essayer pour pouvoir partager ce qui a été au cœur de la vie de ceux
qui nous ont précédés et qui doit continuer vivre en chacun de nous.
Que le Père Michel Rondot, avec les Pères Poissonnier, Peyriguère, Joël et tant d’autres
prêtres, religieux, religieuses et laïcs déjà trépassés, nous aident à marcher ensemble sur
ce chemin.
En scannant le QR code vous pouvez accéder au texte de l’homélie
donnée par le Père Daniel Nourissat à l’occasion des obsèques
du Père Michel Rondot. Cette célébration a été filmée, vous pouvez
la trouver dans les vidéos de la page Facebook du diocèse.

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 Vie du diocèse
Ensemble n°160 - Juin 2021

Vie du diocèse
❚❚ RÉCOLLECTION INTERDIOCÉSAINE DU TEMPS
DE CARÊME 2021 A L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

C
omme à l’accoutumée, l’Aecam interdiocésaine Peu importe qui ils soient : vieux, jeunes, parents, amis,
est rythmée par les récollections du temps de blessés, personnes migrantes ou pas… Car nous sommes
carême. Cette année, exceptionnellement à cause issus d’une même famille humaine malgré nos différences.
de la pandémie de Covid, tous les jeunes ont eu droit Puisque nous sommes tous frères, notre amour ne devrait
à une récollection virtuelle en date du samedi 13 mars donc avoir aucune barrière. Il doit être un amour sans
2021. Nous vous laissons découvrir le contenu de ladite frontières comme nous avons pu le voir dans la parabole
récollection par deux témoignages de nos aecamistes. du bon samaritain. Alors étant étudiants chrétiens, éprou-
Le samedi 13 mars j’ai eu à participer à la récollection ver de l’amour pour notre prochain ou être un bon sama-
diocésaine organisée par l’AECAM interdiocésaine sous ritain : c’est prendre du temps pour lui, en l’écoutant,
le thème de Fratelli tutti. Covid oblige, elle s’est déroulée c’est passer du temps avec lui, c’est vivre avec lui, c’est lui
en ligne et permettant ainsi à toutes les AECAM du Maroc montrer l’intérêt qu’on a pour lui, le rendre actif en l’inté-
de suivre les différentes interventions des animateurs. grant dans nos communautés, en lui faisant une place.
Comme tout bon chrétien, la prière précède tout début Car c’est en le faisant qu’il pourra agir et nous apporter
d’une activité. Cette récollection avait différentes parties ce qu’il sait. Pour finir notre mission est de rendre actifs
mais les principales étaient : les interventions des anima- nos semblables peu importe leurs différences, au-delà de
teurs et les ateliers organisés au niveau local. Et comme ce qui peut les éteindre ; ceux qui ont perdu le goût de la
enseignement tiré de cette activité, une chose revenait tou- vie notamment les migrants qui sont parfois regardés avec
jours : vivre la fraternité humaine qui nous cause souvent un œil « d’embêtants », les marginalisés et les laissés-pour-
du tort lorsque nous nous basons sur nos différences, nos compte. Ils sont également nos prochains, nous devons
origines et autres et nous oublions de mettre la volonté de les aimer.
faire le premier pas ; considérer l’autre tel qu’il est. Si nous Keren Manzenge Sarah,
arrivons à disponibiliser un peu de notre temps à notre Massabi Ginelle-Chélyse
prochain, nous pouvons arriver à sauver une vie. Le peu et Ashuza Lurhatwa Joakim
d’expériences que nous considé-
rons peut signifier beaucoup aux
yeux de notre prochain lorsque
nous la partageons.
À la question de savoir qui est
mon prochain ? Lors de la récol-
lection du temps de carême de
l’AECAM qui avait pour thème
Fratelli Tutti. Nous ressortons
de la plus édifiés. Nous pouvons
dorénavant voir plus loin que
le bout de notre nez, de notre
entourage, loin de nos diffé-
rences ethniques, de nos cercles
d’amis. Nous comprenons et
retenons que nous sommes
appelés à être charitables envers
tous ceux que nous croisons et
croiserons sur notre chemin,
qu’ils soient connus ou pas.
C’est ceux-là notre prochain.

4

❚❚ Témoignage du week-end des catéchistes
L
e week-end des catéchistes pour enfants s’est tenu
du 20 au 21 mars dernier à Notre Dame de la
Paix à Rabat. Plusieurs thèmes ont été abordés
en l’occurrence : la doctrine sociale de l’église, la vie de
Saint Joseph, celle de Saint Charles de Foucauld, une
méthode de catéchèse à base d’un exercice de médita-
tion ignacienne ; celle d’ailleurs que j’ai particulièrement
aimée car celle-ci crée une relation intime avec Dieu.
S’il m’était demandé qu’est-ce qui m’a le plus touché,
je répondrais, c’est la série de question-réponse du
dimanche matin où Monseigneur Christobàl a expli-
qué davantage sur la mission première du catéchiste,
qui n’est pas forcément de faire apprendre par cœur la
catéchèse aux enfants, même s’il existe des notions à
connaître à priori. Le plus important est d’emmener les
enfants à entrer en relation avec Dieu. C’est en cela que
la méthode de méditation de Saint Ignace fut sollicitée.
Celle-ci doit d’abord être expérimentée par le catéchiste,
pour être expérimentée par les enfants.
L’autre thème aussi marquant pour moi, fut le person-
nage Saint Joseph. Bien qu’on parle très peu de lui dans
la bible, mais les passages rapportant sa vie retiennent
de lui deux traits fondamentaux de sa vie :
Tout d’abord Saint Joseph est caractérisé par sa justice.
Il serait hâtif de se référer à la justice au sens juridique,
même si Saint Joseph respectait la loi, mais cette justice
Vie du diocèse
Ensemble n°160 - Juin 2021
va encore plus loin que la loi. La justice de Saint Joseph
a accepté la volonté de Dieu malgré son brillant projet de
fonder une famille avec Marie. Cela a été pour moi, une
sorte de Creuset pour notre foi chrétienne. J’ai aussi vu
à travers cette justice de Saint Joseph, la nécessité d’un
discernement de la volonté de Dieu dans notre vie.
La paternité de Saint Joseph a également retenu mon
attention et peut-être considéré comme modèle. Bien
Vrai que Saint Joseph ne fut, biologiquement le Père de
Jésus, cela ne manqua non plus qu’il fut le Père de Jésus.
Saint Joseph n’a refusé d’accueillir Jésus, comme son
propre fils, car il a offert à Jésus l’amour, l’éducation et
a pourvu à tous les besoins de Jésus qui peuvent être les
marques de sa paternité envers Jésus.
C’est en cela que je peux dire que la vie de Saint Joseph
est pour moi un modèle de vie à proposer aux parents
car beaucoup d’enfant dans le monde n’ont pas ou non
plus une paternité effective du fait de la démission ou
des multiples occupations.
S’il fallait comparer les week-ends de catéchistes, je
dirais qu’il y a un grand progrès, car nous n’avons plus
reparlé des différents problèmes liés à la catéchèse (nous
les connaissons déjà), mais nous avons plus eu des pro-
positions à ces problèmes.
Témoignage de Moïse Lakdanbe
Catéchiste des enfants à El Jadida
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 Vie du diocèse
Ensemble n°160 - Juin 2021
❚❚ WEEk-END DES VOCATIONS
Du 13 au 14 février 2021 s’est tenue la rencontre diocésaine
des vocations à Notre Dame de la paix de Rabat.
C
e premier rassemblement des jeunes de l’année
avait pour thème central le « Seigneur parle ! »
Réunissant 17 participants venant de diverses
villes du Maroc à savoir : Casablanca, Settat, Rabat,
Tanger, Meknès Mohammedia et Agadir, L’objet de ce
Week-end fut pour nous jeunes participants d’apprendre
à mieux connaître le Christ, à comprendre ceux à quoi
nous sommes appelés à faire pour le Seigneur à travers
cette question de Saint François d’Assise : « Seigneur, que
veux-tu que je fasse pour toi ? ». Une question à laquelle
nous sommes appelés à poser au seigneur toute fois qu’il
nous fait la grâce du don de la vie. Notons que cette
rencontre a été ouverte par l’intervention du cardinal
Cristobal à travers une exhortation à être aux services
des autres. Aussi, il a porté à notre égard des paroles
d’encouragement pour cette attitude de discernement
permanente dans le but de faire la volonté de Dieu. Pour
nous aspirants qui nous interrogeons sur ce que Dieu
attend de nous, cela fut très enrichissant.
6
Dieu parle et appelle.
À l’instar de l’appel de Samuel, nous sommes aussi appe-
lés par le Christ exemple de vie concrète pour nous. Qui
parle d’appel, parle de réponse.
Sommes-nous assez attentifs au Seigneur qui nous parle ?
Comment discerner ? Sur quoi m’appuyer pour entendre
Jésus m’appeler à le suivre ?
Pour répondre à ces problèmes, le père Marc dans son
intervention nous propose 3 pistes comportant chacune
divers points à suivre. À savoir : une attitude à adopter,
la médiation et le désir. Ce week-end vocationnel, s’est
achevé le dimanche 14 février avec la messe présidée
par le Cardinal Cristobal et une photo de famille sur
l’esplanade de Notre Dame de la Paix de Rabat. Un sin-
cère merci à la coordinatrice sœur Marie Christine et à
toute l’équipe des vocations pour la bonne organisation.
Serge Yoboua
Participant
 Vie du diocèse
Ensemble n°160 - Juin 2021

Attitude
➻➻Contempler Dieu dans la création ;
➻➻Aimer les gens (son prochain) sans le juger. Car
on ne peut prétendre aimer Dieu qu’on ne voit pas
et haïr son frère…
➻➻Avoir la foi en ce que Dieu peut tout pour nous ;
➻➻Avoir un caractère ouvert et fraternel ;
➻➻Être un être d’écoute (Cf. l’encyclique du pape
François fratelli tuti) ;
➻➻Être du côté de la gratuité.
Médiation
➻➻Dieu nous parle par la création la rencontre et
les témoignages de vie quotidienne des saints et
des personnes des exemples de nos jours. par la
souffrance des plus démunis ;
➻➻Dieu nous parle par sa parole (l’Évangile) ;
➻➻Dieu nous parle par des accompagnements.
Désir
➻➻Le désir qui germe en nous et ne nous laisse pas
tranquille ;
➻➻La prière ;
➻➻Le désir de servir l’Église et l’humanité.

❚❚ Visages de laïcs
Dans les deux derniers numéros d’Ensemble, vous avez découvert 5 visages de prêtres. Cette fois, dans cette rubrique
« Visages de… » consacrée à une meilleure connaissance des agents pastoraux du diocèse, nous découvrons trois couples
qui ont décidé de donner du temps pour la mission dans le diocèse de Rabat. Les trois textes qui suivent ne sont qu’une
introduction aux vidéos, leur visionnage est indispensable pour comprendre ce que chacun vit.
Attention danger ! Si vous êtes vous-même retraité, disponible, ou en passe de l’être cela risque de vous donner des idées.

professionnelle : partir en mission au Maroc. Anne a

vécu enfant en Algérie, Jean-Fred est né au Maroc et y a
vécu 10 ans, et récemment ils ont eu par 3 fois l’occasion
Anne et Jean-Fred de Saint-Seine de sillonner le Maroc avec leurs enfants à l’occasion des
congés. La lecture des œuvres d’Isabelle Eberhardt, et

I
ls habitaient Nantes (France) depuis 20 ans et ont
une grande famille. Anne a été secrétaire médi-
cale, récemment elle travaillait dans une maison de
retraite. Jean-Fred a été directeur financier d’une grosse
entreprise de travaux publics. Ils étaient très actifs
dans leur paroisse, entre autres avec l’organisation de
Parcours Alpha (rencontres hebdomadaires d’évangéli-
sation). C’est au cours d’un pèlerinage avec leur paroisse
qu’ils ont mûri un projet pour le temps de leur retraite
de Charles de Foucauld ont éclairé ce choix, qui pour
Jean-Fred a été ressenti comme un appel.
Ils se sont installés à Rabat. Anne est au service des
migrants à Caritas, elle visite aussi les personnes âgées
à la maison de retraite. Jean-Fred met ses compétences
au service de l’économat diocésain pour la mise en
place d’un système numérisé pour la comptabilité des
paroisses. En couple ils assurent l’accueil une fois par
semaine à la cathédrale.

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 Vie du diocèse
Ensemble n°160 - Juin 2021
Bénédicte et Yves Lantonnois
C
e couple de Belges s’est formé il y a 35 ans. Lui
docteur en chimie, a travaillé comme directeur
pour un groupe industriel marocain, aujourd’hui
retraité. Elle infirmière en soins palliatifs est en congé
Thérèse de Daniel Le Scoarnec
E
ux aussi retraités, tous les deux veufs, ils ont
choisi de se marier récemment. Camping-caristes
aimant parcourir le Maroc, ils ont découvert avec
surprise la présence de l’Église catholique dans ce pays
musulman. C’était à Ouarzazate, à travers la commu-
8
sans solde. Ils ont souhaité vivre un engagement de ser-
vice en lien avec l’Église, au Maroc, qu’Yves connaissait à
travers son expérience professionnelle. Après avoir visité
différents lieux possibles, le Père Cristobal leur a pro-
posé de servir comme professeurs bénévoles au centre
Saint Antoine de Meknès qui en manquait cruellement.
Eux aussi témoignent de la richesse de cette expérience
au cœur de la médina, et des rencontres qu’ils vivent
intensément avec le peuple marocain dont ils recon-
naissent le grand sens de l’accueil.
nauté des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie
qui y ont vécu jusqu’en 2020. À chacun de leurs voyages
ils venaient avec un camping-car plein de choses à dis-
tribuer. Jusqu’au jour où ils ont appris avec tristesse le
départ des sœurs. Ne supportant pas l’idée que cette
église ferme, ils ont décidé de se proposer pour vivre
là et ainsi continuer à assurer une présence chrétienne
dans cette ville touristique. Ils témoignent avec leur
grand cœur que c’est possible et tellement enrichissant.
Bienvenue à Ouarzazate, mais surtout ne manquez pas
leur témoignage en vidéo.
église de Ouarzazate

Échos des régions
Région EST
❚❚ Carême 2021
Paroisse Saint François d’Assise de Fès
E
n ce début d’année 2021, nous sommes heureux
et nous nous réjouissons de nous retrouver en
frères et sœurs sur notre paroisse pour y bien
vivre ce temps de carême 2021 de fraternité et de soli-
darité, même si la Covid-19 continue toujours à nous
dicter sa loi.
••N’ayez pas peur
Le carême est un temps de préparation de quarante jours
à la fête de Pâques, cœur de la foi chrétienne, avec la
résurrection du Christ. Ces quarante jours nous per-
mettent de revoir avec le Christ au désert les quarante
années de la marche des Hébreux vers la terre promise.
C’est la même expérience d’intimité avec Dieu que sou-
haite revoir toute la communiante des croyants, baptisés
ou candidats au baptême de l’église catholique de Fès,
alors qu’elle se met en route vers Pâques.
••Vivre le carême,...
Vivre le carême ! Il nous conduit à la joie de Pâques :
➻➻Vivre le jeûne, la prière et le partage à la lumière de
Fratelli Tutti, car nous sommes invités à la Fraternité.
➻➻La solidarité, visite aux migrants, pour les soutenir
dans la prière, en leur apportant aussi des vivres.
Échos des régions
Ensemble n°160 - Juin 2021
➻➻Des récollections et des enseignements sur notre
paroisse pour rester toujours dans la dynamique du
carême.
Face aux restrictions sanitaires qu’impose cette année la
pandémie, le carême peut apparaître comme une ascèse
de plus, pourtant les quarante jours qui nous séparent
de Pâques peuvent permettre de donner du sens aux
derniers mois difficiles faits de privations et d’efforts :
« Avec le pape François, nous convertir et marcher vers
la résurrection ».
••Temps de prière et de partage.
➻➻Semaine 1 : convertir notre regard.
➻➻Semaine 2 : écouter les cris des pauvres et de notre
sœur la terre.
➻➻Semaine 3 : interroger notre rapport au temps.
➻➻Semaine 4 : goûter la sobriété.
➻➻Semaine 5 : élargir le cercle de nos partages.
➻➻Semaine 6 : contempler Dieu à l’ouvre dans le monde.
Pâques, promesse d’une issue heureuse pour toutes les
épreuves de ce monde, promesse d’une vie renouvelée
pour quiconque voudra l’accueillir et entrer dans son jeu.
Très bonne fête de Pâques à toutes et à tous.
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Échos des régions
Ensemble n°160 - Juin 2021
Région RABAT
❚❚ Récollection de la chorale
Paroisse de Kénitra
L
a matinée du dimanche 14 mars, après une belle
messe, à partir de 11h45 s’est tenue dans la cha-
pelle de l’église Christ Roi de Kénitra, la récol-
lection de la chorale. Pour cette journée, « La chorale et
l’assemblée », était le thème préparé par le père Oscar,
Chancelier du Diocèse, et proposé par la coordination
diocésaine des Chorales à la réflexion de toutes les cho-
rales du diocèse. En ce qui concerne Kénitra, c’est le père
Curé Alex, qui, avec beaucoup d’amour et de simplicité
a accepté diriger et décortiquer avec nous les idées du
père Oscar.
Le père Oscar a rendu son propos simple en l’articulant
autour de deux points : C’est quoi une chorale litur-
gique et quel est son rôle dans une assemblée liturgique ?
Du premier point, nous retenons qu’une chorale est un
groupe d’amateurs bénévoles dont l’art musical doit
devenir prière. Elle diffère ainsi d’un chœur qui lui, est
un groupe de choristes professionnels, qui cherchent à
émerveiller, à épater, à émouvoir un public par l’exécu-
tion de chants hautement techniques. Le père Alex, a
bien su éclaircir ces deux mots en nous faisant visionner
deux vidéos, l’une d’un chœur et l’autre d’une chorale.
Pour ce qui est du deuxième point, du rôle de la chorale
dans l’assemblée, quatre idées résument fort bien cela.
La chorale est au fait au service de l’assemblée, dans
l’assemblée, avec elle et pour elle. Le Cardinal Cristobal
a une belle manière de résumer ce rôle : vous n’êtes pas
des choristes, a-t-il l’habitude de dire ; vous êtes des
chrétiens qui aident les autres fidèles à chanter et à prier.
Pour résumer le tout, notre attention a été attirée sur
l’essentiel de notre service dans l’église, il ne s’agit pas
10
de faire des concerts, de la figuration ou du folklore
durant les messes mais plutôt d’avoir de la profondeur,
de vivre et d’amener les autres à vivre les chants que nous
exécutons, lesquels chants doivent être simples et choisis
en fonction du rite et du temps liturgique.
« Si le chant n’a pas la valeur du silence qu’il a rompu,
qu’on me restitue le silence », c’est l’une des trois belles
phrases du célèbre Joseph Samson que le père Oscar
choisit pour terminer son propos. Le père Alex sachant
bien saisir les occasions, pour notre grand bien, en pro-
fita pour nous entretenir sur le silence et l’écoute. Nous
retenons que le silence est indispensable pour notre
pleine humanisation.
En fait, dans notre monde aujourd’hui où tout va vite
avec beaucoup de bruit, il nous faut reconnaître le silence
pour nous ouvrir à la vie profonde et le désirer pour
les valeurs, le sens de la plénitude qu’il cache afin de
devenir des hommes et femmes meilleurs. Le silence de
l’admiration, d’amour et du cœur sont les trois aspects
de silence que le père Alex nous a vivement incité à
cultiver et à vire.
Avec beaucoup de sincérité qui se lisait sur son visage, le
père curé nous a redit sa joie de nous avoir comme frères
et sœurs à la paroisse, mieux encore comme choristes et
l’amour qu’il nous porte. Tout naturellement, cela nous
encourage dans notre marche chrétienne et dans notre
amour pour le chant. C’est ainsi que la quinzaine de
choristes que nous étions et le père se séparent autour de
13h pour profiter, chacun à sa manière, de ce bel après-
midi de fin d’hiver délicatement ensoleillé.
Yanal, Kénitra
 Échos des régions
Ensemble n°160 - Juin 2021

❚❚ UN CARÊME PARTICULIER À SETTAT

L
a marche vers Pâques a commencé sur notre
Paroisse Saint Augustin de Settat, comme dans
plusieurs autres, par le Mercredi des Cendres. Ce
coup d’envoi, lancé lors de la célébration eucharistique,
vint nous rappeler à tous que nous avions une fois de
plus l’occasion de nous rapprocher de Dieu.
Que serait-ce la Pâques si le carême n’était pas vécu ?
Et la Résurrection aurait-elle du sens si la Passion et la
Mort du Christ n’existaient pas ?.
Cette célébration vint aussi nous rappeler que cette
cendre que nous recevions était signe de notre huma-
nité imparfaite et pécheresse, un appel à nous « couvrir
de cendres » en signe de pénitence.
Le Chemin de Croix qui suivit fut un moment de recueil-
lement et de partage. Puis arriva le 1er Dimanche de
Carême où nous avons eu la joie de célébrer l’eucharis-
après un mois de suspension. Le Christ nous a fait indu-
tie mais aussi la tristesse de se dire un « au revoir » plein
bitablement une belle grâce en nous offrant cette possibi-
d’incertitudes. En effet, un problème de local a conduit à
lité de vivre la Semaine Sainte en communauté. En dépit
la suspension des célébrations eucharistiques et de toute
des événements navrants survenus durant le temps de
autre activité pour une durée indéterminée. Il a donc
Carême, c’est avec recueillement que notre communauté
fallu que les paroissiens fassent preuve de beaucoup de
entre dans le Tridium Pascal afin de célébrer triomphale-
détermination et d’autonomie sans ce cadre que repré-
ment la Résurrection du Christ à Pâques. Comme Saint
sentent les Offices de l’Église. Ce fut donc pour toute la
Paul l’a dit : « Vaine serait notre foi si le Christ n’était
communauté un jeûne de messe, hélas ! Mais, c’est avec
pas ressuscité ».
une grande joie que nous avons pu reprendre nos célé-
brations le 28 mars dernier, le Dimanche des Rameaux, La cellule communication

Nouvelle maison-Église de Settat

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Échos des régions
Ensemble n°160 - Juin 2021

Région Sud

❚❚ Le temps de carême :
au regard des Gadiris

P
endant le temps de Carême, comme
chaque année, et comme l’église
nous invite à nous oublier en menant
une vie de partage, d’aumône et de jeûne,
la communauté ecclésiale d’Agadir a pris
une résolution qui consistait à consom-
mer moins que d’habitude afin de donner
aux personnes les plus nécessiteuses. Ces
dons que nous nous procurons sont sous
plusieurs formes : ça peut être des provi-
sions alimentaires, des vêtements, d’autres
produits de première nécessité, de l’argent
liquide. Dans ce sens, avec le soutien du
curé de la paroisse, Père Gilbert, et de
l’aumônier des étudiants, Père Slawomir,
une collecte de dons a été organisée par
le bureau de l’AECAM, afin d’inviter tous
les étudiants et autres paroissiens à avoir
un regard de compassion envers les plus
En outre, pendant cette période, afin d’approfondir
défavorisés. Nous avons pu réunir plus de 450 Kilos de
notre foi sur « comment préparer la résurrection de notre
dons dont 47 Kilos proviennent de l’AECAM et le reste
Seigneur ? », une récollection à l’échelle nationale sur
sont le résultat de personnes généreuses. Ces dons ont
le temps de carême s’est tenue le 13 mars, via la pla-
ensuite été distribués envers nos différents bénéficiaires.
teforme Zoom, sous la tutelle de l’assistante pastorale
Par ailleurs, le carême ne signifie pas seulement faire Karen Manzenge et du Père Daniel Nourissat. Toute une
l’aumône : le vrai carême, c’est celui qui nous pousse journée fructueuse, riche en connaissances, marquée par
à faire des efforts pour changer de vie. Au travers du la fraternité, où nous avons lié l’utile à l’agréable, cette
sacrement de réconciliation, de la célébration péniten- journée d’amitié sociale, nous espérons qu’elle nous aura
tielle, nous avons eu l’occasion de nous approcher de ce aidés à aller plus vers l’autre dans la continuité de notre
Seigneur, tout couverts de nos péchés, Lui qui dans son parcours.
immense bonté n’a cessé de nous pardonner et nous a
La communauté d’Agadir a passé ce temps de conver-
accueillis dans ses bras d’amour.
sion, à venir en aide aux pauvres, à apprendre à écouter
Aussi, nous avons pu faire le silence intérieur afin en faisant silence, à laisser toutes les mauvaises habitudes
d’écouter le Seigneur nous parler et de Le contempler qui nous éloignaient du Seigneur, et le plus important,
à travers l’adoration du Saint-Sacrement qui se tenait c’est que chacun de nous a pu se rapprocher un peu plus
tous les jeudis. Et nous avons pu réaliser la souffrance de notre Dieu ; maintenant nous sommes tous prêts,
de notre Dieu, en portant notre croix à l’image de Jésus, ardents d’attendre sa résurrection (dimanche de Pâques)
et en passant les quatorze stations du chemin de croix et de continuer de cheminer à ses côtés. Ce dimanche
tous les vendredis à 12h. 4 avril, ne sera pas seulement le jour où nous ressuscite-
Cette semaine, nous avons pu être tous en union de rons des morts avec Jésus, mais ce sera le jour où nous
prière pour faire le chapelet à la divine miséricorde. passerons des ténèbres à la lumière, où tous nos efforts
Et nous avons célébré la fête des Rameaux ce Dimanche vont se confirmer à partir de ce jour dans notre vie quo-
dans la plus grande des joies. tidienne au travers de notre façon d’être et de faire.
Paulh Bouka

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 Voyage théologique
Ensemble n°160 - Juin 2021

❚❚ Célébrons Pâques1 avec pleine connaissance

de cet événement !
La Pâques est une fête chrétienne. Elle rappelle le salut acquis par le Christ, à travers sa mort et sa résurrection. À
l’origine elle fut une fête païenne ; les juifs se l’a appropriée lors de leur sortie d’Égypte. La Passion du Christ ayant eu
lieu lors de la Pâque juive, elle est devenue la libération du genre humaine du péché et de la mort. La Pâques chrétienne
implique un changement de vie de la part de celui qui a cru.

Origine de la Pâque

A
près le Carême, ce temps offert par l’Église à ses
fils et filles pour renouveler leur foi, leur espé-
rance et leur charité en Dieu et en son fils, Jésus
Christ ; l’Église et ses fidèles célèbrent la Pâques.
Cet événement est une fête mobile, célébré l’un des
dimanches compris entre le 22 mars et le 25 avril selon
années.
La Pâques : pour les chrétiens, elle est la commémoration
de la résurrection de Jésus Christ. Au départ, cette fête
était une célébration des païens : une fête de nomades
(Exode 5.1), avec le Christ, la Pâques est devenue un
événement de foi et de grâce, mais après avoir incarné
une tradition juive de l’ère préchrétienne, l’événement
de la sortie d’Égypte (Exode 13). Avec l’entrée en terre
promise, ce peuple de bergers deviendra un peuple de
cultivateurs et la fête des pains sans levain, ou des pre-
mières gerbes récoltées, se confondra avec la vieille fête
nomade de l’agneau sacrifié (Lévitique 23.5 ; Nombres
28.16).
Par conséquent, la Pâques chrétienne commémore la
dernière Cène, la Passion et la résurrection du Christ.
La théologie catholique de la fête de Pâques professe :
« le Christ, notre Pâque a été immolé » (I Corinthiens, 5,
7) ; « C’est lui l’Agneau véritable qui a enlevé les péchés
du monde, qui en mourant a détruit la mort, et en res-
suscitant a restauré la vie. »
Bref, la Pâques traduit la résurrection du Christ et la
grâce qui en découle. Méliton de Sardes, auteur et apo-
logète chrétien dans ses homélies de Pâques, affirme
que c’est « la mort et la résurrection du Christ qui nous
arracha de l’esclavage pour la liberté, des ténèbres pour
la lumière, de la mort pour la vie, de la tyrannie pour
une royauté éternelle, lui qui fit de nous un sacerdoce
nouveau et un peuple élu, éternel. C’est lui qui est la
Pâques de notre salut ». Telle est la foi des chrétiens : le
Christ est venu prendre notre condition mortelle, afin
de nous donner sa divinité. Ce mystère s’est réalisé avec
sa Passion, sa Mort et sa Résurrection.

La Pâques chrétienne Rappelle de l’amour permanent de Dieu

E L
n passant de ce monde à son Père au temps de la
Pâque juive, Jésus donna à cette fête sa dimen-
sion totale et définitive (Jean 13.1 ; 19.36 ;
1Corinthiens 5.7 ; 1Pierre 1.18). Il l’a investi de sa sym-
bolique qui est : la libération du genre humaine du péché
et de la mort. Tel est le sens de la mort à la résurrection
du Christ. C’est cette dernière signification de la Pâques
qui nous intéresse dans ce partage.
En effet, le mot « Pâque » est dérivé de l’hébreu biblique
pesah et signifie « passer devant, épargner ». La Pâques
est, en ce sens, le passage de Jésus de la mort à la vie, des
ténèbres à la lumière. Et par ricochet le passage à la vie
de tout ce qui ont cru en lui.
a Pâques est un événement de grâce marqué dans
les églises par la couleur blanche ou dorée, sym-
bole de joie et de lumière : une disposition qui
doit accompagner tout chrétien durant son existence.
La fête de Pâques n’est pas le rappelle d’un souvenir, elle
enseigne, qu’aujourd’hui, encore Dieu est le libérateur.
En conséquence, en célébrant la Pâques chaque année,
l’Église fait revivre symboliquement l’histoire du salut
réalisé en Jésus Christ, une manière d’aider les chrétiens
à entrer dans le mystère de l’amour de Dieu, manifesté
en son Fils, afin de le remettre au centre de leur vie et
d’en témoigner autour de nous. C’est aussi une manière
de rappeler les baptisés leurs engagements baptismaux.

Le pluriel de Pâques ne fait pas référence à une pluralité de dates. La langue française distingue en effet la Pâque juive de la fête chrétienne de Pâques :
- La Pâque commémore la sortie d’Égypte et la liberté retrouvée des enfants d’Israël.
- La Pâques (avec S) commémore la dernière Cène instituant l’eucharistie, la Passion du Christ et sa Résurrection.

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Voyage théologique
Ensemble n°160 - Juin 2021
Les implications de la Pâques dans la vie du
chrétien et du monde
S
i la Pâques est l’accomplissement des promesses
faites par Dieu à son peuple depuis la chute des pre-
miers parents : Adam et Eve, alors en Jésus Christ,
l’humanité est renouvelée, l’être humain retrouve son
innocence, il renaît à une vie nouvelle. Saint Pierre le dit
si bien dans sa Première Lettre : « Autrefois vous n’étiez
pas un peuple, mais maintenant vous êtes le peuple de
Dieu ; vous n’aviez pas obtenu miséricorde, mais main-
tenant vous avez obtenu miséricorde (…) Ayez une belle
conduite parmi les gens des nations » (1P2, 10.12). Cela
étant, pour le chrétien plus rien ne doit être comme
avant ; les mentalités et les comportements doivent
changer. En ce sens, les chrétiens, de par leur baptême,
devenus témoins de la résurrection : amour d’un Dieu
qui se donne par amour, sont appelés à « prendre posi-
tion » par rapport à cet événement de grâce en annonçant
la Bonne Nouvelle et en le témoignant de par leur vie.
C’est là, une manière d’être présents dans l’espace public
pour que les gens voient vos belles actions et sachent par
eux-mêmes que Jésus est vivant.
Ce témoignage de vie est le couronnement de l’accueil et
de l’annonce de cette Bonne Nouvelle, qu’ils ont reçu à
leur baptême. Cela exige d’eux une certaine disposition :
l’attitude de la première communauté chrétienne en
est un exemple : les croyants étaient fidèles à l’ensei-
14
gnement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la
fraction du pain, aux prières (Actes 2, 42). Leur façon
de vivre comme des frères et sœurs témoigne du fait
que Jésus est vivant ; C’est ce que souligne l’expression
« communion fraternelle ».
De plus, nous vivons dans une société qui accuse, qui
dénonce et qui condamne. Nous oublions que si le Christ
a livré son Corps et versé son Sang, c’est aussi pour ceux
et celles que nous avons tendance à mépriser. Toutes ces
violences sont un affront à celui qui a donné sa vie pour
eux. Avec la résurrection du Christ, « L’amour a vaincu
la haine, la vie a vaincu la mort, la lumière a chassé les
ténèbres ! », alors témoigner du Christ Ressuscité, c’est
accepter de transformer nos habitudes égoïstes et chan-
ger notre regard sur le monde.
Le Pape Paul VI, dans l’une de ses audiences invitait les
chrétiens à « faire leurs pâques », c’est-à-dire à rectifier le
cours de leur vie en se référant à son orientation suprême
qui est d’aller vers Dieu à travers l’attention à l’autre,
l’amour et le pardon mutuels, parce que le Christ ressus-
cité abolit toutes les divisions et renforce les aspirations
les plus profondes des peuples à la dignité, à l’union
fraternelle et à la vérité.
Enfin, ayant cru en la Résurrection du Christ, le chrétien
doit rayonner de la joie et de la simplicité du cœur, parce
que le Christ Dieu l’a fait passer de la mort à la vie, de la
terre au ciel, même au milieu des épreuves difficiles et
douloureuses, qui d’ailleurs font partie de vie, le chrétien
doit garder cette dimension pascale. En tout, le Christ
est vainqueur !
Pour finir, reprenons cette belle description du chrétien
faite par Saint Pierre « vous êtes une descendance choisie,
un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné
au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui
qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière »
(1 Pierre 2,9). Ceci dit, chers chrétiens, vivez dans la joie,
en action de grâce, sans toutefois oublier vos promesses
baptismales. Dieu nous aime, chrétiens et vous gens du
monde entier, vivez dans cette espérance !
Abbé Pierrot Yendoubé Mindiguilabe
 Charles de Foucauld,
un témoin pour notre temps
À travers les événements, la recherche de foi, Charles de Foucauld
a posé dans sa vie des questionnements significatifs. Ils ont provoqué chez lui,
physiquement et spirituellement, des déplacements qui l’ont mené au Maroc,
en Syrie, en Terre sainte puis en Algérie les 15 dernières années de sa vie, particulièrement
dans le Sahara comme une simple présence aimante au milieu des Touaregs.
Il a été un « amoureux de l’humanité ». Au cœur de cet amour il s’est posé la question
de la rencontre avec Dieu et de la manière de faire connaître Jésus aux autres
à travers une vie de bonté et de fraternité qu’il a voulue universelle.
À la demande de notre évêque, Mgr Cristobal, un Comité de coordination
s’est constitué afin de proposer pour le diocèse quelques événements
et rencontres autour de la canonisation, faisant mieux connaître
cette figure spirituelle qui reste vivante pour notre temps et aidante
pour que notre Église devienne une Église enracinée en terre marocaine.
Vous trouverez des informations sur le site internet du diocèse.
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 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021

Charles de Foucauld et ma présence au

Maroc
Petite Sœur Elli Miriam de Jésus, Casablanca.
Extrait d’un texte publié dans la revue « En Dialogue »
n°14 – Octobre-Décembre 2020. Lettre du Service
National pour les relations avec les musulmans
Conférence des Évêques de France

C’est grâce à Charles de Foucauld que j’ai choisi, il y

a plus de trente ans, de quitter l’Allemagne pour vivre
dans la communauté des « Petites sœurs de Jésus »
au Maroc. Mon désir était de vivre comme lui, parmi
les musulmans, une vie contemplative incarnée, une
vie d’amitié et de prière, où la vie quotidienne serait le
lieu de rencontre avec Dieu et où les gestes les plus
simples auraient un goût d’éternité et de fraternité,
un goût du Royaume de Dieu…
Charles de Foucauld n’a passé qu’une année au
Maroc. Mais ce qu’il a vécu l’a profondément mar-
qué… Ce voyage (de juin 1883 à mars 1884) était un
projet personnel très ambitieux qui, pour moi, n’avait
pas un but religieux ou politique, mais qui était motivé
par le désir de réussir quelque chose que personne
n’avait pu faire avant lui. Je suis frappée par sa capa-
cité d’observation, sa compétence en différentes
matières et l’endurance dont il a fait preuve pendant
cette année au Maroc.
Il ne faut pas oublier que Charles de Foucauld est
venu au Maroc comme incroyant. Dans sa jeunesse,
il avait perdu toute foi : « J’avais été élevé chrétien-
nement, mais dès l’âge de quinze ou seize ans toute
foi avait disparu en moi, les lectures dont j’étais avide
avaient fait cette œuvre ; je ne me rangeais à aucune
doctrine philosophique, n’en trouvant aucune assez
solidement fondée, je restai dans le doute complet,
éloigné surtout de la foi catholique dont plusieurs
dogmes, à mon sens, choquaient profondément la
raison ». (1)
La population qu’il rencontre au Maroc était en
grande majorité musulmane… À cause du danger que
représentait ce voyage, il avait choisi de se dégui-
ser en juif et de se faire accompagner par le rabbin
Mardochée, un voyageur très expérimenté, natif du
Sud du Maroc (…). Lui qui venait d’un milieu aisé, a fait
l’expérience dure de la pauvreté et du mépris social.
La rencontre avec des croyants -juifs, mais surtout
musulmans- a provoqué en lui une recherche et l’a
aidé à retrouver sa propre foi. Le témoignage de foi,
non de chrétiens, mais d’autres croyants, va changer
sa vie. Plus tard il écrira à un ami : « L’islam a produit
en moi un profond bouleversement… La vue de cette
foi, la vue de ces âmes vivant dans la continuelle pré-
sence de Dieu, m’a fait entrevoir quelque chose de
plus grand et de plus vrai que les occupations mon-
daines. Je me suis mis à étudier l’islam, puis la Bible,
et la grâce de Dieu agissant, la foi de mon enfance
s’est trouvée affermie et renouvelée… » (3).
Mais plus encore que la vue de cette foi autre, c’est
l’expérience d’être accueilli et protégé, à plusieurs
reprises, par des musulmans qui deviennent des
amis qui vont le transformer. Il vit des relations qui
deviennent des relations d’amitié, surtout dans le
Sud marocain, dans la zaouïa de Tisint, où il va res-
ter longtemps avec le chef de la zaouïa, le Hadj Bou
Rhim : « (…) Je descendis chez le Hadj Bou Rhim, qui,
lors de mon premier passage, m’avait fait promettre
d’accepter au retour son hospitalité. Des circons-
tances inattendues devaient m’amener à avoir cet
homme pendant près de quatre mois comme com-
pagnon de chaque jour. Je ne puis dire combien j’eus

1  : Lettre à Henri Duveyrier, 21 février 1892, citée par Antoine Chatelard, Charles de Foucauld, le Chemin vers Tamanrasset, Khartala, 2002, p.309
2  : Petite sœur Annie de Jésus, Charles de Foucauld, Nouvelle Cité, 2001, p.29
16 3  : Lettre à Henri de Castries, 8 juillet 1901, citée par Petite sœur Annie de Jésus, ibid, p.29
 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021

à me louer de lui, ni quelle reconnaissance je lui dois : l’amour de Dieu, découvrir la présence de Dieu dans
il fut pour moi l’ami le plus sûr, le plus désintéressé, le toute vie -la mienne et celle des autres- et trans-
plus dévoué ; en deux occasions, il risque sa vie pour mettre son amour par ma manière d’être (…) Dieu est
protéger la mienne… » (4) plus grand que toutes les images que, moi dans ma
Cette vie partagée pendant plusieurs mois a per- foi chrétienne et les autres dans leur foi musulmane,
mis à ces deux hommes, l’un profondément croyant, nous avons de Lui.
l’autre incroyant, de créer des liens d’amitié forts Au début de ma rencontre avec ces « autres », je
dont Charles de Foucauld se souviendra toujours. Il m’accrochais bien sûr à ce qui me rejoignait dans
est étonnant de voir que, dans la préface de son livre ma foi, à ce que nous avions en commun. Ce n’est
à caractère scientifique, Reconnaissance au Maroc, que, peu à peu, que j’ai essayé de m’ouvrir aussi à
il ne cache pas ses sentiments : « Parmi les souve- ce qui n’est pas conciliable et qui sera toujours une
nirs (…) il en est un d’une douceur infinie, un devant grande différence entre nous et je dirai même qui est
lequel tous les autres s’effacent. C’est le souvenir des une souffrance. Alors, comme frère Charles, je suis
hommes en qui j’ai trouvé bienveillance, amitié, sym- toujours « en chemin » dans mes convictions. Dans
pathie, de ceux qui m’ont encouragé, protégé, aidé… une attitude d’ouverture où je crois à la sincérité et
Hadj Bou Rhim, Bel Qasem, el Hamouzi, qui m’avez, à l’authenticité de l’expérience de l’autre, j’ai le désir
au risque de vos jours, protégé dans le danger, vous de cheminer vers une nouvelle hospitalité à vivre
à qui je dois la vie, vous dont le souvenir lointain me (…)C’est un processus qui demande de la réflexion
remplit d’émotion et de tristesse, où êtes-vous à cette et une grande connaissance de l’autre, mais qui est
heure ? Vivez-vous encore ? Vous reverrai-je jamais ? surtout le travail de l’Esprit et le fruit de la prière…
Comment vous exprimer ma reconnaissance et mon
regret de ne pouvoir vous la prouver ? » (5)
Toute sa vie, il garde l’ardent désir de faire connaître
par sa vie que Dieu est Amour et que tous les humains
sont frères et sœurs et qu’ils sont faits pour vivre la
fraternité.
Il a été marqué au Maroc par l’expérience de l’accueil,
de la dépendance, de la rencontre et de l’amitié avec
des croyants.
Ce sont de semblables expériences que je vis ici
au Maroc, pays où plus de 99% des habitants sont
musulmans et où juifs, chrétiens et autres croyants
sont une petite minorité. Vivre au Maroc parmi des
croyants musulmans me donne une chance unique
(…) Rencontrer les musulmans qui ont un autre che-
min vers Dieu, une autre façon d’être en relation avec
Dieu, m’a permis d’approfondir ma propre foi (…) Je
me suis laissée faire par Dieu et par les Marocains et
Marocaines que j’ai rencontrés. Ce sont eux qui m’ont
accueillie, interpellée, stimulée, façonnée, transfor-
mée et aimée. Ici, je suis dans « la maison de l’autre »
(…) Ma position est celle de me laisser accueillir et
d’apprendre… Ma mission est identique à celle de
Charles de Foucauld : me convertir constamment à

4  : Vicomte Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, L’Harmattan, 1998, p.139

5  : Vicomte Charles de Foucauld, ibid, Préface p.V
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 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021
C’était un homme qui a tout quitté pour
avoir ce qu’il n’avait pas !
Texte donné à Strasbourg par Claude Rault
évêque-émérite de Laghouat-Ghardaïa, (Sahara
-Algérie) le 17 septembre 2016 en l’année du cente-
naire de la mort de Charles de Foucauld.
Comment résumer en quelques mots la vie tellement
donnée qui fut celle de Charles de Foucauld ?
Un jour, à Tamanrasset, en visite au Bordj qu’il y avait
construit, j’interrogeais Rania une jeune musulmane
qui accueillait les visiteurs, et je lui demandais com-
ment en une phrase elle pourrait résumer la vie et le
message de Charles de Foucauld. Hésitante devant
une telle question, elle nous a dit : « C’était un homme
qui avait tout et qui a tout quitté pour avoir ce qu’il
n’avait pas » !
Elle avait saisi l’essentiel de cette recherche assoiffée
de Dieu dans la vie du Frère Charles.
« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour
avoir ce qu’il n’avait pas ».
Il a découvert au fil de ses voyages des hommes qui
ont la foi, des musulmans qui mettent leur confiance
en Dieu, qui prient, pour qui la vie a un sens…
18
Peu à peu ce qu’il n’a pas commencé à l’attirer. Et il se
retrouve à genoux dans le confessionnal d’une église
de Paris, aux pieds d’un prêtre, l’abbé Huvelin, qui ne
le lâchera pas.
Il pense avoir ce qu’il n’avait pas, mais cela ne sera
qu’au terme d’une longue recherche. Et il commence
une interminable randonnée spirituelle, d’abord dans
le pays de Jésus. Il reste à Nazareth, fait un essai de
vie monastique, trouve que le plus pauvre des monas-
tères est trop riche pour lui. Il cherche encore, change
de monastère, est relevé de ses vœux, fait des études
de théologie, est ordonné prêtre. Il croit avoir trouvé…
« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour
avoir ce qu’il n’avait pas ».
Il lui manque de rejoindre les plus lointains, les plus
pauvres et les plus isolés ; il part en 1901 à Béni
Abbès, est à la fois moine, aumônier des militaires,
défenseur acharné de la cause des esclaves. Mais ce
n’est pas assez. Il lui faut aller plus loin encore. Il fait
presque le vœu de ne pas sortir de sa clôture. Mais il
apprend qu’une femme touarègue a sauvé des fran-
çais en les accueillant chez elle au Hoggar.
Et il part pour d’autres horizons. Il n’avait pas encore
obtenu ce qu’il n’avait pas ! Le voici au Hoggar, en
1905, à Tamanrasset, seul au milieu d’un petit village
touareg. Il s’incarne et se met à l’étude de la langue…
il veut devenir l’un d’eux. Sa vie se passe entre la soli-
tude et la rencontre des pauvres, des plus aisés, et
des militaires venus le trouver. Il prie, travaille dur,
parfois plus de 12 heures par jour.
Il veut la dernière place. Mais son conseiller spirituel
un peu dépassé le lui avait dit : « Jésus a tellement
pris la dernière place que personne ne saurait la
lui ravir ». Ayant tout donné de ses vivres lors d’une
 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021

famine, il attend la mort.

Nous sommes en 1908. Et
ce sont ses amis pauvres qui
vont lui redonner la vie en lui
donnant le lait des chèvres
destiné aux enfants… Un
grand tournant dans sa vie !
Il n’aura donc pas la der-
nière place ! Sa vie change.
Il s’aperçoit sans doute qu’il
faut aussi laisser aux autres
la joie de donner. En tout cas
ce sont ces pauvres, plus
pauvres que lui qui lui ont
redonné la vie !
« Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour « Un homme qui avait tout et qui a tout quitté pour
avoir ce qu’il n’avait pas ». avoir ce qu’il n’avait pas ».
Il va peu à peu lâcher prise enfin ! Et connaître la joie Et ce qu’il n’avait pas lui a enfin été donné : la décou-
de l’abandon. Être lui-même, travailler, prier, vivre au verte du visage de Jésus, ce Bien Aimé Seigneur et
milieu de ce peuple, accueillir… Et surtout se préparer Frère qu’Il n’a cessé de chercher pour enfin être avec
à suivre le chemin de son Bien Aimé Frère et Seigneur lui. Laissons-nous attirer nous aussi par ce Dieu qui
Jésus. Le voici donc parvenu au but, prêt à avoir ce donne sens à notre vie. Il nous renvoie sans cesse vers
qu’il n’avait pas. les autres, les plus lointains, les plus abandonnés pour
Cela va lui être donné le soir du 1er décembre 1916. y retrouver le visage caché de Jésus, notre Bien-Aimé
Il est tué devant son Bordj qui ne l’a pas protégé, Frère et Seigneur. Ce Visage, nous le rencontrons certes
sans doute trahi par l’un de ses proches, comme son au moment de l’Eucharistie, mais il nous attend chez
Maître… Grain jeté en terre qui meurt pour porter les plus lointains, les plus délaissés les plus pauvres de
du fruit. nos frères et de nos sœurs en humanité.

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 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021
Témoignage du Père
Rolando Ruiz Duran,
communauté des
Missionnaires
Xaviériens de Tanger
Témoignage du Père
Jean-Pierre Flachaire,
prieur des Cisterciens
de Midelt
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Nous venons d’arriver au Maroc pour une nouvelle fondation dans le diocèse
de Tanger, ouvrir une communauté où les principales destinataires ce sont
nos frères et sœurs marocains.
Notre famille missionnaire a comme slogan « Faire du Monde une famille
de frères », d’une certaine manière nous nous sentons dans le cheminement
du frère universel au milieu de musulmans et c’est exprimer ainsi dans nos
Constitutions « Du fait de notre charisme spécifique, nous sommes envoyés
aux populations et aux groupes humains non-chrétiens, en dehors de notre
milieu, culture et Église d’origine. Fidèles aux préférences du Christ, nous
nous adressons, en particulier, parmi les non-chrétiens, aux destinataires
privilégiés du Règne : les pauvres, les faibles, les marginaux de la société, les
victimes de l’oppression et de l’injustice ».
La présence du Père Charles de Foucauld dans ma vie monastique peut se
découper, en trois étapes :
1. Le Frère Albéric, moine trappiste à N.D des Neiges, était un moine de mon
Ordre monastique. Plus que cela, son monastère et le mien - N.D.de l’Atlas
- étaient issus de la même filiation de l’Abbaye d’Aiguebelle.
2. L’ermite, frère Charles de Jésus : Il y a dans chaque moine vivant en
communauté un petit ermite qui sommeille. La figure de frère Charles au
désert m’a toujours fasciné et attiré à la fois. J’ai toujours rêvé et je rêve
encore du même idéal de vie.
3. Le Bienheureux Charles de Foucauld m’interpelle sur quelques points
essentiels de sa spiritualité :
L’Eucharistie et l’Adoration du St Sacrement :
La présence de Jésus pour être notre Pain quotidien et un Compagnon
de tous les instants sur le chemin de retour vers le Père.
Le Mystère de Nazareth :
vivre comme Jésus, Marie et Joseph, une vie sans éclat, faite des gestes
ordinaires de la vie quotidienne ; mais, consciemment vécu sous le regard
aimant du Père.
Le Mystère de la Visitation :
Savoir que Jésus nous habite depuis notre baptême et Le porter aux
autres, pour que, à travers nous, Il puisse encore se faire connaître, quand
et comme Il voudra.
 Dossier
Ensemble n°160 - Juin 2021

Paroles de Charles de Foucauld

L’amour est inséparable de l’imitation. Quiconque aime veut imiter : c’est le secret de ma vie. J’ai
perdu mon cœur pour ce Jésus de Nazareth crucifié il y a 1900 ans et je passe ma vie à chercher
à l’imiter autant que le peut ma faiblesse.
(Béni Abbès, lettre à Gabriel Tourdes, mars 1902)

Si tu veux être marin, tu dois aimer les longs voyages… tu dois donc avoir le goût bien vif pour la
prière qui en un instant conduit si loin, si haut ! Les voyages de notre âme vers le bon Dieu sont
plus lointains que tous ceux de l’Océan, et tandis que les découvertes des marins sont limitées…,
les découvertes de l’âme qui par l’oraison s’élève vers Dieu sont sans limites, car Dieu est infini…
Il y a plus de mystère dans le petit Tabernacle que dans le fond des mers et la surface des terres,
et il y a plus de beauté que dans la création entière…
(Beni Abbès, à son neveu et filleul Charles de Blic, 15 novembre 1903)

Dieu a voulu qu’il en fût ainsi pour donner à cette charité envers le prochain dont il fait le 2e devoir
‘semblable au premier’ une véritable similitude avec ce premier de l’amour de Dieu… Il n’y a pas,
je crois, de Parole de l’Évangile, qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé
davantage ma vie que celle-ci : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, c’est à moi que vous
le faites ». Si l’on songe que ces paroles sont celles de la bouche qui a dit : « Ceci est mon corps…
ceci est mon sang », avec quelle force on est porté à rechercher et à aimer JÉSUS dans « ces
petits », ces pécheurs, ces pauvres…
(Tamanrasset, lettre à Louis Massignon, 1er août 1916)

Les laïcs doivent être apôtres envers tous ceux qu’ils peuvent atteindre : leurs proches et leurs
amis d’abord, mais non eux seuls ; la charité n’a rien d’étroit, elle embrasse tous ceux qu’embrasse
le Cœur de Jésus. Par quel moyen ?… avec tous ceux avec qui ils sont en rapport, sans exception,
par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur
toujours attrayantes et si chrétiennes ; avec certains sans leurs dire un mot de Dieu ni de la reli-
gion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, étant un tendre frère et
priant ; avec d’autres en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent porter…
(Assekrem, lettre à Joseph Hours, 3 mai 1912)

J’ai demandé et obtenu de rester afin de continuer l’œuvre d’apprivoisement, de fraternité. Vous
savez que c’est une œuvre qui m’est chère entre toutes ; j’apprends le tamashek, je donne aux
Touaregs des remèdes, de petits cadeaux, de petites aumônes, je tâche de leur montrer que je
les aime, que nous les aimons, que nous sommes tous frères en Dieu.
(Iksem, lettre à Regnault, 14 juin 1904)

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résumée de Charles de Foucauld

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 VIE AU MAROC
Ensemble n°160 - Juin 2021
VIE AU MAROC
❚❚ Le ramadan : quelles différences avec le carême ?
A
lors que nous sommes en pleine saison pascale, nos frères musulmans au Maroc et ailleurs observent le jeûne
du ramadan. Parfois ce dernier est improprement interprété par les jeunes de notre diocèse comme étant le
“ carême ” des musulmans. Le carême et le ramadan sont tous les deux des saisons de jeûne et de pénitence,
mais les différences sont importantes quant aux buts, pratiques, et significations juridiques et sociales de ces deux
temps sacrés. Que faut-il savoir ?
Fondements théologiques différents
Le carême s’inscrit dans une théologie de participation à
la passion du Christ, Dieu qui s’est fait l’un de nous pour
expérimenter nos joies, peines, privations et tentations,
jusqu’à mourir sur la croix et redonner sens à nos vies
par sa Résurrection.
Les pratiques de carême varient considérablement entre
dénominations chrétiennes. Elles ont évolué à travers
l’histoire de l’Église et sont inspirées par la méditation
des mystères de la vie de Jésus. Jésus n’a pas ordonné
de carême.
Par contre, le ramadan est une ordonnance directe de
Dieu aux musulmans pour qu’ils observent un jeûne
comme le faisaient les fidèles juifs et chrétiens que le
prophète Mohammed côtoyait à son époque en Arabie
(Coran 2 : 183). À cette fin, le prophète a désigné le 9ème
mois du calendrier lunaire arabe, le ramadan, qui serait
aussi le mois où les premières révélations coraniques lui
ont été faites.
Disciplines différentes et valeurs en commun
Les pratiques sont aussi très différentes. La tradition
chrétienne propose une discipline de jeûne très souple
qui peut être rendue plus ou moins austère selon la capa-
cité, la piété, et l’état de vie du fidèle, et qui ne touche
pas forcément qu’aux aliments. Par contre, le jeûne du
ramadan est strict. Il s’agit pour tout adulte de s’abstenir
de tous aliments, boissons et rapports conjugaux pen-
dant les 29 ou 30 journées du mois, de l’aube jusqu’au
coucher du soleil. Des exceptions sont faites en cas de
maladie, de voyage, ou de période menstruelle chez la
femme. En dépit des grandes différences entre le rama-
dan et le carême, certaines valeurs sont partagées. Nos
frères musulmans nous rejoignent dans le rapport crucial
qui doit exister entre le jeûne, la prière et la charité.
Le jeûne du ramadan est un challenge de mortification
pour se détacher des plaisirs sensuels. Il s’agit d’un véri-
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table jihad spirituel en principe. Les faits sociologiques
en revanche sont plus compliqués. Pendant les nuits
du ramadan, on assiste souvent à une augmentation de
consommation de certaines denrées alimentaires dont le
flux et les prix changent pendant le mois sacré.
Nuits festives et nuits priantes du ramadan
Les habitudes gastronomiques transformées par le mois
du jeûne au Maroc s’associent aussi à une vie sociale
nocturne plus active avec l’ouverture des parcs de jeux et
le lancement d’événements artistiques en plein air le soir.
Ceci dit, les plus pieux observent aussi une discipline
nocturne de prière collective au niveau des mosquées qui
se remplissent à pleine capacité surtout pendant la 26ème
nuit du Ramadan. Cette nuit symbolise le moment des
premières révélations coraniques au prophète Mohamed
et l’occasion la plus favorable de l’année pour recevoir le
remise des péchés. Pendant la période de confinement en
2020, la fermeture des lieux de culte et le couvre-feu ont
exceptionnellement supprimé toutes ces manifestations
ramadanesques nocturnes, comme ils l’ont fait pour nos
célébrations pascales publiques.
Ce que dit la loi
Sur le plan juridique, le carême dans les pays à majorité
chrétienne demeure une affaire strictement personnelle
qui est largement invisible en public. En fait, Jésus a
averti contre le jeûne ostentatoire (Matthieu 6:16).
En revanche, dans beaucoup de pays à majorité musul-
mane, y compris le Maroc, l’abstinence publique est
imposée par la loi. En théorie, cette imposition ne
concerne que les musulmans, mais dans la pratique, le
jeûne public s’impose à tout le monde par respect des
sensibilités de la majorité musulmane. Ce fait suscite
de temps à autre des débats autour des libertés indivi-
duelles.
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Ensemble n°160 - Juin 2021

Origines de l’amalgame Un dernier mot

D’où vient donc l’amalgame entre le carême et le
ramadan chez beaucoup de jeunes de notre diocèse ?
Beaucoup de nos paroissiens proviennent de pays sub-
sahariens où les chrétiens côtoient une grande popula-
tion de concitoyens musulmans qui sont leurs voisins
au quotidien. Dans ces pays-là, le ramadan est sociale-
ment interprété comme étant l’équivalent du carême.
En outre, les pratiques musulmanes de stricte abstinence
alimentaire sont transposées à la discipline du carême
chez les chrétiens vivant dans ces communautés mixtes.
Des curés de notre diocèse me disent que les jeunes
veulent parfois savoir à quel moment de la journée il
faut “ rompre ” le jeûne du carême, à l’instar du jeûne
du ramadan. Certains se demandent même si le fait de
s’hydrater ou d’avaler sa salive pendant les jours d’abs-
tinence risque “ d’invalider ” son carême. La formation
catéchétique de nos jeunes au Maroc aide souvent à cor-
riger cet amalgame en se focalisant sur le sens propre-
ment chrétien du jeûne.
Que devons-nous à nos frères musulmans au Maroc pen-
dant leur mois sacré de jeûne ? D’abord, il est opportun
de les féliciter et de leur souhaiter toutes les bénédictions
relatives à un jeûne bien fait non seulement en matière
d’abstinence alimentaire, mais surtout en matière de
croissance spirituelle durable et d’amour du prochain.
Il est aussi important de saisir l’occasion du mois du
ramadan pour partager la perspective chrétienne sur le
jeûne avec nos amis musulmans. Les grands temps de
l’année liturgique chrétienne, comme les hautes saisons
du calendrier musulman, sont tous des moments pro-
pices pour connaître l’autre et pour se faire connaître.
Joyeuses Pâques. Ramadan Karim.
Kamal Antoine Feriali,
universitaire, et membre de l’équipe
diocésaine de communication

Témoignage
J e m’appelle J. je suis à la retraite de l’enseignement depuis plusieurs années, j’ai
voulu continuer de donner du temps pour la formation de jeunes, en lien avec une
association. En ce moment j’enseigne l’arabe dialectal à des migrants en formation
pour l’hôtellerie. J’aime la relation, j’encourage, j’essaie de créer des relations de confiance,
je sais que c’est important pour eux, pour qu’ils soient moins rejetés, plus autonomes, et
qu’ils puissent trouver un travail. Pour moi chacun est important, je ne mets pas d’étiquette.
J’ai le grand désir de donner ce que j’ai reçu. Ils m’appellent maman ça me touche beau-
coup, mon travail me donne beaucoup de joie. Un jour un responsable m’a dit : « ne déborde
pas de ton travail, ne t’occupe pas de leurs soucis », je ne peux pas, j’ai en face de moi des
personnes avec leur histoire.
Ma passion c’est l’enseignement, je lis beaucoup, je continue de me former, j’ai toujours
à apprendre. Je choisis de rester en contacts des jeunes en difficulté, ceux des quartiers
populaires, moi-même je suis issue de quartier populaire.
Souvent je sens les jeunes perdus, je ne peux pas passer à côté, sans leur adresser la parole,
je les mets en garde contre la drogue, je leur parle de leur avenir.
J’ai beaucoup travaillé dans les associations avec les femmes, je me suis fait aider par
des médecins et des psychologues, pour leur parler de l’éducation des enfants, pour aussi
qu’elles puissent prendre en main leur vie de femme. Très souvent la source des problèmes
c’est l’ignorance. Je rencontre souvent des personnes qui me disent, « ce que tu nous as
enseigné m’aide beaucoup ».
Je veux m’engager au maximum pour former à l’ouverture, à la compréhension. Ce que j’ai
reçu m’a ouvert l’esprit et le cœur très large.

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Ensemble n°160 - Juin 2021

Témoignage
J e travaille actuellement comme ouvrière dans la décoration de poteries dans une
coopérative. Nous avons 6 patrons qui étaient ouvriers, jusqu’à ce que le gérant parte
faire son affaire ailleurs avec les ouvriers qu’il avait choisis et acceptaient de le suivre.
Se retrouvant tout à coup sans travail ils ont décidé de mettre leurs économies ensemble
pour reprendre l’affaire à leur compte. J’aime l’ambiance familiale de la coopérative où les
patrons travaillent avec nous.
J’ai appris le travail sur place, en travaillant, avec l’aide des anciens et des patrons : ils ne
retiennent pas leur savoir-faire pour eux-mêmes. Au début, j’ai commencé par remplir (colo-
rier) les dessins faits par un autre, tout en bleu de Fès (ou plutôt en mauve car le bleu de Fès
est fait avec du cobalt qui est mauve avant l’émaillage et la cuisson à plus de 1000°C) puis
j’ai rempli en couleurs : j’ai dû apprendre à assortir les couleurs en essayant de varier les
assortiments ! Et maintenant j’apprends à dessiner : le patron après qui je travaille prépare
le dessin en faisant des traits au crayon de papier (le carbone disparaît à la cuisson) à la
règle, au compas et à main levée. De plus en plus, je peux faire le dessin juste à partir de ces
traits de crayon, parfois j’ai encore besoin qu’il commence le dessin lui-même.
J’aime ce partage de vie, avec les collègues. Pendant le travail parfois nous restons silen-
cieux, parfois nous rigolons ensemble et parfois nous partageons plus sérieusement sur
l’actualité ou des événements de nos vies. Avec une collègue, Fatima, et parfois d’autres
aussi, nous sortons pendant la pause (1h) après avoir déjeuné rapidement. Cela fait du bien
de se dégourdir les jambes quand on travaille assis toute la journée ! Et puis la nature est
magnifique (surtout en ce moment avec la pluie qu’il y a eu et l’arrivée du printemps !) et
tellement proche de la coopérative : ce serait bête de ne pas en profiter !
J’aime aussi parce que c’est un travail calme qui a quelque chose de méditatif. En plus
c’est très gratifiant car ce qui sort de la coopérative est très beau ! Cela me change de la
confection (finitions, traçage, emballage…) dans laquelle j’ai travaillé plusieurs années à
Casablanca puis à Fès, avec le bruit des machines et le stress : vite, toujours plus vite ! Pas
évident dans ces conditions de faire attention à l’autre, d’échanger… Là, je me rendais bien
compte (si par hasard j’avais des illusions) que je ne suis pas meilleure que les autres et
que j’ai moi aussi besoin des autres…

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 Église universelle
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Église universelle

❚❚ Diocèse d’Oran :
Témoignage du P. Thierry Becker qui y a servi pendant 62 ans,
il est passé en Dieu le 27/1/2021 :
« J’ai juste 3 mots à dire : émerveillement, certitude, reconnaissance. Mon
émerveillement devant la confiance qui m’a été faite tout au long de ma vie
au-delà des faux pas et des équivoques ; devant les services qu’il m’a été donné
d’accomplir dans l’église d’Oran et d’Algérie ; devant les dons reçus qui m’ont
préparé à cela. Ma certitude que l’engagement pris, il y a 60 ans, de me mettre
au service du diocèse d’Oran est le bon engagement. On peut risquer sa vie à
25 ans sur une intuition apparemment folle - c’était en pleine guerre d’Algérie
- quand elle s’accompagne de joie et de paix. Ma reconnaissance et mon merci
pour l’accueil, l’affection et l’amitié reçu dans l’Église et dans le pays.
»
Tiré du Lien d’Oran (19 juin 2019)

Témoignage de Chanelle, étudiante, dans Echo du diocèse de

Constantine et Hippone :
« Je m’appelle Chanelle. Je suis camerounaise et ancienne étudiante à Batna.
Arrivée en 2017, mon installation fut des plus chaleureuses car j’ai été accueil-
lie par les anciennes qui m’ont aidée dans mes différentes démarches. Les
premiers jours en Algérie ne sont pas toujours faciles : il y a la nostalgie
de la famille, le stress de cette nouvelle société et de cette nouvelle vie qui
commence, mais d’après mon expérience c’est en allant vers les autres, en
participant aux différentes activités proposées par les amis et l’Église qu’on
arrive vraiment à se sentir bien et à s’intégrer. Comme dit un chant que j’aime
beaucoup : « Étrangers et voyageurs sur la terre, nous marchons ; Dieu nous
conduit. Il y a des soleils et il y a des nuits ; nous marchons où Dieu nous
conduit. » Pour dire que, en tant que chrétien, nous sommes et serons tou-
jours amenés à être des missionnaires de Dieu partout nous irons. Il sait tout
ce qu’Il fait alors, il faut toujours se dire qu’il y a une raison à toute chose.
Personnellement j’ai vite trouvé mes marques en m’investissant à la paroisse.
Je rencontrais du monde, j’échangeais avec les autres et ça me permettait de
me sentir moins seule. Je ne pourrais parler de mon séjour en Algérie sans
parler de mes multiples voyages ; voyager dans différentes villes faisait partie
de mes activités préférées pendant les vacances. Il est toujours préférable de se
distraire avec de nouveaux paysages : vous pouvez aller à Annaba en visitant
la basilique, ou à Oran en visitant Santa Cruz, sans oublier Batna avec les
magnifiques ruines de Timgad. Peu importe où vous partez en Algérie, vous
voyez toujours des lieux différents et des mentalités différentes. Alors profitez
bien de cette expérience, apprenez des gens que vous rencontrez et avec qui
vous échangez et c’est vraiment comme cela que vous pourrez vous créer un
chez vous.
»
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Église universelle
Ensemble n°160 - Juin 2021

❚❚ François, pèlerin de la fraternité

En septembre 1219, François, le pauvre d’Assise se rendait, en pleine guerre des Croisades,
désarmé, les mains nues, à la rencontre du Sultan Al-Malik Al Kamil, pour aider à faire
la paix. Huit cents ans plus tard, François, le Pape de Rome, s’est rendu en Irak dans un
pays meurtri par des années de guerre, de terrorisme, de division, pour faire grandir la
fraternité entre tous. Il est venu avec sa foi dans le Prince de la Paix, foi dans l’Espérance
de la victoire de la bonté sur le mal, foi dans l’Amour fraternel pour tous.

D
eux mots ont été répétés souvent au cours de ennemis ». « Celui qui a le courage de regarder les étoiles,
son voyage : « Tous frères ». Dès son arrivée celui qui croit en Dieu, n’a pas d’ennemis à combattre ».
dans son premier discours devant les autorités, Le seul ennemi, confiera-t-il, est « l’inimitié », le poison
il disait : « Je viens comme un pénitent qui demande qui durcit le cœur. « De ce lieu source de foi, de la terre
pardon au Ciel et aux frères pour de nombreuses des- de notre père Abraham, nous affirmons, dit le Pape,
tructions et cruautés. Je viens comme pèlerin de paix, au que Dieu est miséricordieux et que l’offense la plus
nom du Christ, Prince de la paix ». Il s’est situé comme blasphématoire est de profaner son nom en haïssant le
un frère humain parmi des frères et cette attitude il la frère. » « Une raison puissante, a-t-il ajouté pour rejeter
gardera durant tout son voyage. les nuages de la haine ».
C’est ainsi qu’il est allé à la rencontre de l’une des Il n’y a aucun relativisme de la part du Saint-Père. Il sait,
plus grandes autorités chiites au monde, l’ayatollah pour le vivre personnellement et pour en vivre, ce qu’af-
Al-Sistani. Ils se sont regardés, rencontrés comme firme le Concile Vatican II, que « par sa Résurrection,
des frères. Nous avons appris, à cette occasion, le Christ s’est en quelque sorte unis à tout homme ».
la part importante que l’ayatollah a prise dans Aller à la rencontre de l’autre c’est aller à la ren-
les négociations entre les diverses parties contre du Christ, toujours déjà là, incognito ou
en conflits en Irak. Il prône une unité non, mais bien présent. François n’a en rien
citoyenne pour tous les irakiens. À oublié sa mission en prenant de longs temps
son retour dans l’avion, le Saint- à conforter et confirmer ses frères et
Père a parlé de lui comme Je viens comme sœurs chrétiens et en premier ceux
d’« une personne sage et pèlerin de paix, de l’Église chaldéenne. Il a écouté
prudente ». Il ajoutera l’immense souffrance de ses
« Cela m’a fait du bien à au nom du Christ, frères et sœurs chrétiens persécutés,
l’âme ». Voilà ce que ne craint
Prince de la paix encore marqués par les stigmates de la
pas de dire un Pape à la suite d’une violence. Il a prié au milieu d’un quartier
rencontre avec un frère de religion dévasté de Mossoul. Dans cette ville, une sta-
musulmane chiite. « La sagesse de Dieu, tue de Marie avait été décapitée et les bras coupés
dira-t-il, a été semé partout dans le monde ». par les hommes de celui qui se voyait le nouveau
Cette conviction a conduit encore le Pape Khalife pour la terre entière et qui avait installé là son
François à lancer à nouveau un appel pressant à la quartier général. Cette statue a été restaurée et le Pape
fraternité entre les religions, à « espérer contre toute l’a bénie lors de la messe célébrée à Erbil. Elle retour-
espérance ». À Ur, dans la Maison d’Abraham se trou- nera à sa place, signe de la présence de notre Mère au
vaient réunis autour du Pape François les représentants milieu et avec ses enfants. Quand ses enfants souffrent,
des religions chrétiennes et musulmane, ainsi que ceux un glaive continue de traverser le cœur de Marie. Selon
de nombreuses minorités religieuses irakiennes, Yézidis, le journal La Croix, au moment de quitter Mossoul,
Kakaïs, Mandéens, Zoroastriens et autres minorités. Ils le Pape a fait arrêter le cortège pour une brève étape,
ont écouté l’homme en blanc livrer le chemin de la fra- afin de saluer deux enfants dans une maison en ruine.
ternité entre tous : « Celui du renoncement à avoir des François n’oublie personne.

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« Dieu veut accomplir des prodiges précisément à tra-
vers nos faiblesses », dira François à ses frères chrétiens
à Qaraqosh, ville martyre. « Une chose, confiera le Pape,
qu’a dite Madame Doha m’a bouleversé : elle a dit que le
pardon est nécessaire de la part de ceux qui ont survécu
aux attaques terroristes. Pardon : c’est une parole clé. »
C’est là, à ces rescapés des jours les plus tragiques de la
guerre, à ces chrétiens tentés de quitter le pays à leur
tour, et pourtant si attachés depuis plus de 2000 ans à
leur terre, que le pape a lancé : « Le moment est venu
de reconstruire et de recommencer ». Malgré la fragilité
de la situation politique, la reconstruction est déjà com-
mencée. À Erbil, lors de l’Eucharistie qui clôturait son
voyage, laissant éclater sa joie de voir une Église belle et
vivante, le Pape a insisté sur le témoignage des chrétiens.
Mettant encore en garde contre le prosélytisme, il a redit
combien « le témoignage de l’Évangile a le pouvoir de
changer la vie ». « L’Église en Irak, par la grâce de Dieu,
a fait et est en train de faire beaucoup pour proclamer
cette merveilleuse sagesse de la croix, répandant la misé-
ricorde et le pardon du Christ ».
Église universelle
Ensemble n°160 - Juin 2021
Visite du pape François en Irak
Parce que toutes les confessions chrétiennes ont versé
leur sang sur le même sol, il a appelé à l’unité : « Nos mar-
tyrs resplendissent ensemble, étoiles dans le même ciel !
De là-haut ils nous demandent de marcher ensemble,
sans hésiter, vers la plénitude de l’unité. »
Le Saint-Père a pris sa part pour aider à écrire une page
d’Évangile, un chapitre des Actes des Apôtres. Au cours
de son voyage, il a rencontré des sages et des saints. « La
sagesse de Dieu a été semée dans le monde entier », dira-
t-il, dans l’avion du retour, avant d’ajouter : « Les saints
ne sont pas seulement ceux qui sont sur les autels » mais
sont « les saints de tous les jours, de la porte d’à côté,
des saints hommes et saintes femmes qui vivent leur foi
quelle qu’elle soit avec cohérence, la fraternité et les
valeurs humaines avec cohérence ».
Merci au Pape François de faire ainsi parvenir à notre
petite Église d’Algérie, le témoignage de nos grands
frères et sœurs d’Irak.
+ Père Paul
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NOUVELLE DU DIOCÈSE
Ensemble n°160 - Juin 2021

NOUVELLE DU DIOCÈSE
AGENDA DE L’ÉVÊQUE ET DU DIOCÈSE
MAI

29 Conseil Diocésain de la Vie Consacrée

30 Sainte Trinité. Solennité. Confirmations à Meknès-Fès
31 Visitation de la Vierge Marie

JUIN

01-04 Retraite des prêtres

06 Saint Sacrement – Fête Dieu. Solennité. Confirmations à Casa.
11 Sacré Cœur de Jésus. Solennité
Journée de prière pour la sanctification des prêtres
12 Cœur Immaculé de Marie
12-13 WE des Catéchistes du Catéchuménat.
20 Confirmations à Mohammedia
24 Nativité de Saint Jean-Baptiste. Solennité.
27 Messe (avancée) pour le Pape (Saint Pierre-Saint Paul)

JUILLET
04 Visite à Errachidia
07-16 Séminaire d’Islamologie à Al Mowafaqa
8 Réunion de la CERNA par Zoom
30 Fête du Trône

AOÛT

04-13 Université d’été « Ouvertures » (Présentiel à Ifrane)

15 Assomption de la Vierge Marie. Solennité. Essaouira.
17-24 Université d’été « Fondations » (Présentiel dans chaque paroisse)
27 Sainte Monique. Fête.
28 Saint Augustin. Solennité

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 Art et culture
Ensemble n°160 - Juin 2021

Art et culture

À la découverte d’un livre

« Couscous amer »
C’est un voyage sans complaisance à travers un Maroc méconnu, ce
Maghreb de l’éternel couchant, tiraillé aujourd’hui entre tradition et
modernité et qui, en dépit des aléas de l’histoire et des dures réalités
de la vie actuelle, a su garder son âme. « Couscous amer » est aussi
l’histoire d’une jeune femme victime d’un amour impossible et dont
le destin tragique illustre l’éternel combat du vice et de la vertu, de
l’innocence et de la perversité.

Pour lire un extrait ou commander

le livre, scannez le QR-Code

À la découverte d’un film

« Coronavirus, la fin d’un monde »

La particularité de l’évangile selon saint Marc est qu’il nous propose
un cheminement qui nous aide à découvrir la nature divine du Christ.
Dans ce parcours c’est au moment de sa crucifixion qu’un centurion
romain atteste de cette nature. Plusieurs interprétations faites de ce
passage voudraient que chacun de nous s’identifie à ce centurion qui
reconnais Jésus comme Fils de Dieu.
Si la bible ne nous dit pas qui est ce centurion ni si par la suite il
est devenu chrétien ou pas, ce film nous propose d’approfondir la
connaissance de cet homme. Une vision tout à fait particulière et
neuve de la résurrection du Christ qui bien que n’étant pas biblique
nous permet de découvrir l’atmosphère qui a pu régner avant la mort
du Christ et après sa résurrection à Jérusalem.

Découvrez ce film sur Netflix

en scannant le QR Code

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 JEUX ET BLAGUE
Ensemble n°160 - Juin 2021

Sondage sur l’évolution Sudoku

de la revue
Répondez au sondage sur
l’évolution de la revue en
scannant le QR code ou
en utilisant cette adresse :
urlz.fr/flFd

Blague Solution

Un cardinal rentre de Rome en avion. Quelque temps

après le décollage une hôtesse lui propose un whisky.
- À quelle altitude sommes-nous ?
- 3 000 mètres.
- Merci, un verre alors s’il vous plaît.
Peut de temps après il rappelle l’hôtesse et lui
demande :
- À quelle altitude sommes-nous à présent ?
- 5 000 mètres.
- Un autre verre s’il vous plaît.
Après avoir fini son deuxième verre l’hôtesse qui vient
récupérer le verre lui demande s’il voulait un autre
verre et s’en presse de lui préciser l’altitude : 9 000
mètres. Le cardinal de répondre :
- Alors non merci… trop près du chef.

Solution de la grille de mots croisés du numéro 159

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Denier Dîme

Vous aussi
FAITES
GRANDIR
L’ÉGLISE 2021
DONNEZ AU DENIER
 Prière d’abandon de Charles de Foucauld
à partir de sa méditation de la prière de Jésus à son Père sur la croix en Luc 23,46 :
« Père, entre tes mains je remets mon esprit ».
(Trappe d’Akbès, Syrie, 1896)

Mon Père,
Je m’abandonne à toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
de me remettre entre tes mains,
sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.