BASSISTE

BASSISTE

N°101 I Décembre 2022 - Janvier 2023

MAGAZINE.COM

PÉDAGO
4 TUTOS POUR
BOOSTER VOTRE JEU

V M A N REGGAE • TECHNIQUE
GROOVE SWING
s qu e DISCO-FUNK
m a
o m b e le
t

INTERVIEWS
MICHEL ALIBO
SIXUN
PETER MULDERS
BRUTUS
MICHAEL LEAGUE
SNARKY PUPPY
DOMINIC JOHN DAVIS
JACK WHITE

p p in g
ShodeNoël
L 11760 - 101 - F: 6,90 € - RD
BEL 8,40€d - CH 13,40CHF - CAN 14,50$CAD
Décembre 2022 - Janvier 2023 / 6,90 d

SE FAIRE PLAISIR À MOINS DE 600 €

La rédaction n’est pas responsable des textes,
photographies, dessins publiés, qui engagent
la responsabilité seule de leurs auteurs. Les
documents ne sont pas rendus et leur envoi
implique l’accord de leurs auteurs pour leur
libre publication. Les indications de marques, de
prix et les adresses qui figurent dans les pages
ÉDITO
rédactionnelles de ce numéro sont données à titre
d’informations, sans aucun but publicitaire.
Bassiste Magazine se réserve le droit de refuser
toute publicité sans avoir à s’en justifier. Tous droits
de reproduction réservés pour tous pays.
Encore un peu de mystère ?

E
Directrice de la Publication : Olivia Rivasseau
Rédacteurs en Chef : Régis Savigny, Sébastien n 2022, les informations transitent avec une telle célérité que le mystère et le
Benoits, Ludovic Egraz fantasme ne permettent plus aux légendes de se forger, ni au public de rêver.
Maquettiste : Antoine Ladoué
Il fut une époque où les exploits et frasques des dieux de la musique, leurs vies
Ont collaboré à ce numéro : Adrien Kah, Régis
Savigny, Sébastien Benoits, Ludovic Egraz, Lisa
exaltantes et tumultueuses, nous étaient distillées au compte-gouttes par les
Vincent,Gabriel Honoré, Léo Jarzabek plumes des écrivains et rock critics. Les fans buvaient leur prose comme du petit lait et
Transcriptions musicales : Bruno Tauzin, Bruno attendaient de pied ferme la suite de leurs écrits. Évidemment, si Google et les réseaux
Ramos, Gérald Mystille , Sébastien Tibackx, Fabrice sociaux avaient existé en 1971, il aurait suffi de quelques clics pour être au fait du quotidien
Donnard, Ludovic Egraz
de John Paul Jones ou de John Entwistle, ce qui aurait probablement tout démystifié.
Couverture : © Anthony Scanga
Photos pages intérieures : © DR, sauf mention
Le rock n’est pas sorti tout à fait indemne de ce changement majeur du traitement de
contraire l’information, mais il est passé lui aussi dans une nouvelle ère. Seuls quelques réfractaires
Bassiste Magazine est un bimestriel semblent bien décidés à conserver le peu d’aura qu’il leur reste, à l’image de Slipknot, gang
(6 numéros/an) édité par B.G.O - 6 rue d’Estiennes de metalleux masqués originaire de l’Iowa dont les apparitions savamment orchestrées
d’Orves - 92120 Montrouge
continuent de susciter autant d’effroi que d’admiration. Bassiste Magazine a eu le privilège
Contacts :
Direction - direction@bassistemagazine.com
de s’entretenir avec Alessandro « Vman » Venturella, bassiste en poste depuis bientôt
Rédaction - redaction@bassistemagazine.com 10 ans, qui a accepté de revenir en exclu sur les dessous de son intégration (peu commune)
Publicité : Thomas Millo - thomas@editionsbgo.com dans l’une des plus grandes institutions du metal moderne. On est très heureux de lui
Service abonnements / commandes : accorder notre une et de passer la centaine avec lui et les autres invités on ne peut plus
abonnements@bassistemagazine.com
éclectiques de ce numéro : Michel Alibo (Sixun), Michael League (Snarky Puppy), Peter
SARL au capital de 60.000 euros
Mulders (Brutus), mais aussi Shob et Dominic John Davis (Jack White).
RCS PARIS : 483761631
© Décembre 2022 - Janvier 2023 - N°101
Côté matos, on vous invite à déguster le Shopping de Noël avec notre sélection de produits
Commission paritaire n°0423K87537 à moins de 600 euros pour se faire plaisir sans avoir à hypothéquer son appartement
Imprimerie : Mordacq (Aire-sur-la-Lys) (sans oublier que l’abonnement à un magazine fait aussi toujours plaisir…). Quant au rayon
Distribution France, Suisse, Canada : MLP pédago, vous trouverez toutes les astuces nécessaires pour booster votre technique et
Distribution Belgique : Tondeur Diffusion
votre vocabulaire grâce aux bons conseils de nos gentils professeurs.
Gestion de la diffusion revendeurs France :
Amandine Fest, Abomarque (amandine@abomarque.fr)
Bonne lecture et excellentes fêtes de fin d’année à toutes et tous !
Dépôt légal à parution.

La Rédaction

Retrouvez votre magazine en ligne :

www.bassistemagazine.com
@bassistemagazine
Papier Intérieur : redaction@bassistemagazine.com
Perlen Value PEFC 100 %
Origine papier : Suisse - Perlen Pour trouver le mag près de chez vous,
Taux de fibres recyclées : 55%
PToT de 0,006 kg/tonne consultez la liste des points de vente sur notre site web.
Soutenez la presse musicale spécialisée en faisant un don :
okpal.com/editionsbgo

BASSISTE 03
 DÉCEMBRE 2022 -
JANVIER 2023 SOMMAIRE N° 101

BASS TALK
10 / LÉO CHAZALLET - Artisan Bassiste
12 / ALESSANDRO « VMAN » VENTURELLA
(Slipknot) - An Englishman in hell
20 / MICHEL ALIBO (Sixun) - Back in Bacs
26 / MICHAEL LEAGUE (Snarky Puppy)
Paradoxe
36 / PETER MULDERS (Brutus) - Bass addict
44 / SHOB - Funkaholic
48 / DOMINIC JOHN DAVIS (Jack White)
We’re going to be friends

ET NOS RUBRIQUES
05 / Bass Infos
08 / Faits Divers
32 / Bass Bazar 12

ABONNEMENT
42 / Recevez Bassiste Magazine directement
dans votre boîte à lettres !

SHOPPING DE NOËL
54 / Tout pour se faire plaisir 20 26
à moins de 600 €

ing
ShoppNoël
ANCIENS NUMÉROS
66 / Complétez votre collection !
de

PÉDAGO
67 / Retrouvez les cours de nos profs et notre Tout pour se faire plaisir
sélection de grooves en partitions (+ vidéos) 36 54 à moins de 600 €

04 BASSISTE
BASS INFOS FRANK BELLO d’Anthrax
dévoile son premier EP solo
Après avoir publié son autobiographie en 2021, le bassiste du groupe
de thrash metal Anthrax, Frank Bello, se lance dans une création en
solo avec Then I’m Gone. Il s’agit d’un EP de trois titres où il joue tous les instruments
sauf la batterie, accompagné de trois extraits de sa biographie lus et mis en musique.
C’est aussi un grand écart avec le style d’Anthrax, explorant plutôt des territoires rock
alternatif et post-grunge avec des élans punk. Gaiement nommée, l’autobiographie
de Frank Bello Fathers, Brothers, And Sons: Surviving Anguish, Abandonment, And
Anthrax, comporte des moments bien plus sombres que la vie de star. En effet, avant
de connaître le succès et de jouer sur les plus grandes scènes du monde avec Anthrax,
dont il est membre depuis 1984, Frank Bello a connu une enfance difficile marquée
par l’abandon de son père, puis il devait être frappé par une tragédie en 1996 avec
l’assassinat de son frère à New York. Devenu père d’un jeune garçon, le bassiste a donc
écrit pour partager ses réflexions sur la paternité, entre autres. À découvrir...

JOE LESTER intronisé bassiste FLEA nomme THUNDERCAT

de Steel Panther « meilleur bassiste de la
Alors que son sixième album, On The Prowl, est attendu pour février
prochain, le groupe de glam metal californien Steel Panther, spécialiste
planète »
de la parodie, a terminé un long processus de recrutement. Son bassiste Flea, qui a longtemps été
de longue date Lexxi Foxx (de son vrai nom Travis Haley) a en effet quitté le virtuose de la basse le
le groupe en juillet 2021, séparation d’un commun accord selon les plus apprécié, a désigné
membres, pour former Hollywood Gods n’ Monsters, annoncé comme « le son successeur dans la
groupe le plus fracassant du monde ». Après avoir lancé des auditions en génération suivante. Sur
ligne, Steel Panther a rencontré 32 candidats et en a retenu dix, parmi Instagram, Flea a posté les
lesquels il a finalement sélectionné Joe « Spyder » Lester, qui ne lui est pas stories du concert donné
inconnu puisqu’il jouait déjà en tournée en remplacement de Lexxi Foxx. en faveur de son école de
Auparavant, il avait rempli les fonctions de tour manager, guitar tech et musique, the Silverlake
photographe pour le groupe, qui a salué son nouveau membre permanent Conservatory of Music, et
avec son humour caractéristique, en citant le livre adapté en film The il y présente Thundercat
Notebook : « Alors ça ne sera pas facile, ce sera même très dur. Il va falloir comme son ami et comme
faire des efforts chaque jour, mais nous sommes prêts à les faire parce que le meilleur joueur de la planète. Il ajoute que la collaboration de Thundercat
nous te voulons. Nous te voulons entièrement, chaque jour, toi et nous, avec le duo jazz Domi & JD Beck lors de cette soirée était l’un des meilleurs
pour toujours. » sets qu’il ait jamais vus, s’ajoutant aux moments d’anthologie cités dans
ses mémoires en 2019. Thundercat a joué cette année en ouverture de la
tournée de Red Hot Chili Peppers, pendant laquelle Flea a déjà fait part de
son admiration pour le bassiste qui s’est fait connaître au sein de Suicidal
Tendencies, puis a ensuite collaboré avec Flying Lotus et Kendrick Lamar.

BASSISTE 05
BILL LANPHIER nous a quittés
Le bassiste californien Bill Lanphier est décédé à l’âge de 73 ans. En 1985, ses talents de bassiste et claviériste lui
avaient valu de participer à la tournée The Virgin Tour de Madonna, où elle se produisait pour la première fois dans
de très grandes salles. Il avait également collaboré avec Michael Bolton, l’orchestre symphonique de Chicago, Art
Garfunkel et de nombreux artistes de premier plan. Il n’était pas seulement connu comme musicien puisqu’il était
aussi photographe, écrivain et pilote automobile, où il avait pour surnom WGBO, « Wild Bill Get Off ». Amené par
sa passion des sports mécaniques à Pont-de-Vaux, dans l’Ain, il y revenait chaque année et y avait sympathisé avec
quelques Bressans qui regrettent aujourd’hui leur ami américain.

Un documentaire sur DARRYL JONES

Un nouveau documentaire intitulé Darryl Jones: In The Blood est consacré à la vie et la carrière du musicien afro-américain,
évoquant notamment son enfance dans le sud de Chicago et les problèmes politiques et de discrimination auxquels il a fait
face. L’œuvre retrace également ses débuts, collaborant entre autres avec Herbie Hancock, Sting, Peter Gabriel et Madonna.
Puis, en 1993, il rejoint les Rolling Stones comme bassiste live en remplacement de Bill Wyman. S’il n’est pas évident de
succéder à un membre fondateur d’un groupe, Darryl a réussi le pari haut la main. « J’espère ne pas paraître arrogant, mais je ne
me suis jamais vraiment senti comme un débutant avec ces gars. Lorsque j’ai joué avec eux pour la première fois, ça m’a paru
naturel et je me suis dit que s’il en allait de même pour eux, j’aurais certainement de leurs nouvelles. Et c’est ce qui s’est passé. »
Le documentaire laisse ensuite la parole à ses collègues Mick Jagger, Ronnie Wood, Charlie Watts, ainsi que Keith Richards,
qui affirmait qu’il était l’un des meilleurs bassistes du monde. Le réalisateur Eric Hamburg ajoute : « Darryl ne rentre pas dans les clichés de la rock star. Il
n’a pas un ego énorme, il est très humble. [...] J’espère que le film inspirera les jeunes gens à apprendre un instrument, à jouer et à écrire de la musique. »

GLEN MATLOCK
sur le prochain
album de Blondie
Glen Matlock, qui était le bassiste et
compositeur des Sex Pistols avant l’arrivée
de Sid Vicious (il a réintégré la formation
en 1996), est invité à tenir la basse en
studio en vue du prochain album de
Blondie, autre icône des années 1970
à avoir connu une reformation. En avril,
Pour JOHN PAUL JONES, PAUL Glen a déjà remplacé en tournée le
bassiste du groupe, Leigh Foxx, alors que celui-ci souffrait d’un mal de
MCCARTNEY est le bassiste dos. La collaboration ayant donné toute satisfaction, il continue donc son

parfait remplacement durant la convalescence. Dans l’attente du successeur de

l’album Pollinator (sorti en 2017), qui est annoncé pour le printemps, les
Parmi les bassistes de légende, John Paul Jones a de nombreux atouts fans peuvent se replonger dans la première partie de carrière de Blondie
à faire valoir : d’abord musicien de session, il a collaboré avec Donovan, grâce à un coffret récemment sorti, Against The Odds 1974-1982, dont les
The Rolling Stones, Lulu, Dusty Springfield et Cat Stevens, entre autres, albums ont été remastérisés à partir des bandes originales.
avant de rencontrer Jimmy Page en 1968. Led Zeppelin a connu le succès
planétaire que l’on sait, devenant le groupe le plus important de la fin des
70’s. Pourtant, une autre qualité attire l’attention sur John Paul Jones : sa
modestie. Interrogé en 1970 sur ses bassistes préférés, après avoir cité
Ray Brown, Charles Mingus et les musiciens de la Motown : « Tous les
bassistes actuels utilisent encore des phrases de la Motown, même s’ils ne
le reconnaissent pas. » Puis, il évoque ceux de sa génération et considère
Jack Bruce de Cream « très bon » même s’il n’est pas fan de ce son. Quant à
Paul McCartney, il ne trouve rien à lui reprocher : « Je pense qu’il est parfait.
Il a toujours été bon. Tout ce qu’il a fait a toujours été bien. Même s’il n’en
faisait pas trop, c’était toujours juste. Il a tellement progressé depuis les
débuts des Beatles. » Et que dire des 50 années qui suivirent... Le sentiment
semble d’ailleurs mutuel puisqu’en 1978, McCartney invita Jones à se
joindre à son supergroupe Rockestra.

06 BASSISTE
Lignes de basse blues évolutives
de BRUNO TAUZIN
Bruno Tauzin publie sa 71e méthode aux éditions Play-Music, avec pour objectif de vous apprendre à créer des
lignes de basse évolutives dans le style blues. Après un rappel des bases théoriques, il propose six grilles d’accords
inspirées de standards, en les faisant évoluer graduellement. Les grooves, simples au départ, sont enrichis pour
aller vers des lignes plus étoffées, créatives et variées. Tous les enregistrements audios et vidéos de support
peuvent être téléchargés. Les vidéos (MP4) présentent les lignes de basse telles qu’elles doivent être jouées, à
vitesse normale puis au ralenti. Les enregistrements audios (MP3) proposent les playbacks correspondants à deux
vitesses, vous pourrez y jouer les grooves proposés ou y développer vos propres idées, avec plus de 4 heures de
musique enregistrée.
Livre, audio et vidéo sont en vente au prix de 18,95 € (des versions digitales sont également disponibles) sur
www.play-music.com/fr

ELWOOD FRANCIS joue la surenchère

Après le décès de Dusty Hill en juillet dernier, Elwood Francis a repris le poste de bassiste au sein de
ZZ Top, alors qu’il était le guitar tech du groupe de longue date. Si les Texans sont habitués aux instruments
extravagants, des guitares moumoutes ou sous toutes les formes, ils se sont surpassés lors d’un concert le
5 novembre dernier au Mark C. Smith Concert Hall en Alabama. Elwood Francis est entré en scène avec une
basse jaune monstrueuse de 17 cordes. L’instrument, qui semble peser son poids, arbore un logo Fender sur
sa tête. S’il est visiblement compliqué de faire usage de toutes ces cordes, ce colosse
aura en tout cas fait son petit effet ! Pour les curieux, une vidéo de fan sur YouTube
montre la bête en action sur le morceau « Got Me Under Pressure ».
FAITS DIVERS
EN BOUCLE À LA RÉDAC’

Brutus Sixun Magma Shob The Mars Volta

Unison life Unixsity Kãrtëhl Voraces The Mars Volta
Basse : Peter Mulders Basse : Michel Alibo Basse : Jimmy Top Basse : Shob Basse : Eva Gardner

CITATIONS CULTES
« Je ne peux pas passer
deux semaines sans toucher
l’instrument : sinon j’ai un
peu l’impression de perdre
« Nick O’Malley
ma raison d’être. J’ai besoin
était censé être
de pratiquer tous les jours
mon remplaçant
pour me rappeler pourquoi
temporaire dans
je suis là et comment j’en
Arctic Monkeys.
suis arrivé là. »
Puis, les gars m’ont
Joe Dart
annoncé que je ne reviendrais pas. Mon âme était anéantie. Les trois années
(Vulfpeck)
suivantes ont été très sombres. J’ai bien failli ne plus être là si vous voyez ce que
je veux dire. Je me souviens les avoir vus jouer en tête d’affiche à Glastonbury
en 2007 à la télévision et j’étais assis à la maison, tout seul, en pleurs.Vous
imaginez ce que ça fait ? »
Andy Nicholson
(ex-Arctic Monkeys)
« Je suis régulièrement
assommé de questions sur mes
pédales, mes amplis, etc. Mais
je reste un ardent défenseur
« Je reste de l’idée que 80 % de ton son
intimement vient des doigts (…) Je suis
convaincu que le extrêmement flatté de savoir que
signal est mieux mon son accroche autant les
restitué via un câble. bassistes, mais je pense qu’en
Je vois beaucoup de cherchant à m’imiter, certains en
jeunes musiciens qui oublient leur propre son, alors
jouent en "sans fil" et que celui-ci doit également valoir
je pense que nous, les vétérans, devons faire en sorte de rester les maîtres le détour ! »
du son. Donc laissons-les croire que c’est super de jouer en HF ! S’ils Christopher Wolstenholme
savaient à quel point la basse sonne mieux dans un ampli avec un jack, ça (Muse)
leur retournerait le cerveau ! (rires) »
Justin Chancellor
(Tool)

08 BASSISTE
 DAMIANO SIGNORELLI &
WHO YANN LE TALLEC
A R E YO U   ?
QUI ?
Damiano Signorelli : Bassiste d’origine
italienne, passionné de musique et de
culture underground. J’ai commencé
la basse dès mon arrivée en France
en 2008, après plusieurs années de
guitare. J’ai toujours été influencé par le
mouvement grunge des années 1990, le
metal progressif, le math rock, le stoner
et le rock psychédélique : The Mars Volta,
Tool, King Gizzard & The Lizard Wizard, All
Them Witches, Them Crooked Vultures,
Gojira, Soundgarden, Kyuss, Meshuggah,
Converge, Sleep, Led Zeppelin…   Actuellement, Vantre occupe la plupart de
Yann Le Tallec : J’ai commencé la basse
vers 14 ans, après avoir étudié pendant
6 ans au conservatoire classique de ma
ville. Adolescent, j’écoutais tous types de
rock, de la pop, du jazz funk, mais j’ai été
particulièrement marqué par le punk et le
hardcore. Mes influences : Paul McCartney,
John Coltrane, Paul Jackson, Brian Wilson,
Tom Morello, Dave Grohl, Mike Burkett,
Klaus Schulze.
QUOI ?
Damiano : Lors d’un confinement en
2020, j’ai créé en compagnie de deux bons
amis mon unique projet actuel : Vantre,
un groupe instrumental à deux basses
et batterie. Depuis, on ose l’impossible
en mélangeant une rythmique articulée
par des grooves évolutifs, des mesures
asymétriques et des plages dissonantes :
c’est l’éclate !  d’être à l’aise dans les aigus. J’utilise des
Yann : J’ai composé la musique de
documentaires, de pièces de théâtre
et joué dans divers groupes de rock.
mon temps de musicien. Damiano et Côme
(Huveline, batterie) assurent une rythmique
implacable, ce qui me laisse la possibilité
d’expérimenter des textures sonores avec
ma basse, de jouer avec les dissonances et
d’envoyer de gros riffs bien efficaces !
QUAND ?
Damiano : L’aventure démarre avec une
trilogie : Treehopper, une séquence de 3 EP
de 3 titres chacun. Le premier volume est
disponible en streaming depuis le 18 avril
2022, le deuxième depuis le 14 octobre
et la sortie du troisième sera annoncée
dans les prochains mois. Une live session
réalisée par Carla Costanza (@giniusa_)
de l’intégralité de Treehopper (Vol.2) est
disponible sur YouTube. Nous sommes en
train de préparer l’année 2023 et espérons
pouvoir annoncer bientôt plein de belles
dates en France et ailleurs, à suivre !
QUEL MATOS ?
Damiano : Je joue sur une Fender Precision
Bass Japan ‘57 Reissue (MIJ par FugiGen)
de 1993 complètement d’origine : un
instrument précis et solide qui me permet
de m’accorder en A-D-A-D, un accordage
trouvé par hasard dont je n’arrive plus à
me défaire. Je monte des Ernie Ball Power
Slinky (135 - 105 - 85 - 70). 
Mon pedalboard est composé de : Tech 21
Sansamp Programmable, Electro-Harmonix
Micro POG, Boss SYB-5, TC Electronic
Helix, Boss TU-3 et le minuscule Darkglass
Intelligent Footswitch qui me permet de
contrôler la distorsion de ma tête Darkglass
Microtubes 500 (v.2). 
Yann : Je joue sur une Fender Jazz Bass
Deluxe FMT de 2001 : c’est un instrument
polyvalent et qui me permet notamment
cordes de la marque DR tirant 45-105.
Je possède aussi une Fender Mustang
signature Justin Meldal-Johnsen, avec des
cordes d’origine : elle est incroyable. En
ce qui concerne les effets , c’est un peu
un secret ! Je peux te dire que j’apprécie
particulièrement la marque Chase Bliss
Audio, notamment la Tonal Recall. Sur
scène, j’utilise ma tête d’ampli Orange
Terror-Bass et un Ashdown 410, c’est
efficace à souhait.
OÙ ?
Instagram : @vantre_music
Facebook : @vantremusic
Streaming : https://url.bio/vantremusic
BASSISTE 09
 Est-ce que tu pourrais présenter ton
parcours à nos lecteurs ?
J’ai grandi à Nîmes où j’ai commencé par le
piano classique à 3 ans, puis la basse à 13 ans.
J'ai la chance d’avoir un père saxophoniste et un
parrain bassiste qui m'ont toujours bien conseillé
dans mon apprentissage. Ma formation classique
m’a permis de savoir lire la musique, donc j’ai vite
pu faire mes premiers pas sur scène et en studio.
Après le bac, je me suis inscrit en médecine, mais
la musique était plus forte. À la place, je suis allé
au conservatoire de Montpellier où j’ai obtenu
mon DEM jazz.

Tu penses que c’est la lecture qui t’a mis

le pied à l’étrier aussi vite dans le monde
professionnel ?
La lecture te fait gagner énormément de temps.
Lire à vue te permet d’être « dedans » sans même
écouter le morceau ; toutes les informations
harmoniques, rythmiques et mélodiques
sont là instantanément. Si j’ai été également
présent dans le monde de la variété, c’est que
je m’applique à travailler rigoureusement la
fonction primaire d’un bassiste, la « science » de
l’accompagnement : structure, son, tessiture,
fréquences, placement et tempo. Des éléments
essentiels dans une grosse production, où il y a
très peu de place pour l’improvisation.

Quelques expériences intéressantes à

nous raconter ?
Sur le plateau d’un programme télé comme
Les Enfants de la Musique, on enregistrait deux
émissions par session, donc il fallait préparer
et relever environ 80 morceaux (le double si
on compte les modifications de setlist). Parfois
les invités avaient un empêchement au dernier
moment et donc un autre artiste arrivait.

LÉO CHAZALLET
On se retrouvait à devoir relever en urgence
des morceaux, juste cinq minutes avant de
commencer une émission, puis il fallait les jouer

Artisan Bassiste
en une prise sur le plateau sans répétition. Dans
ces moments de rush, c’est là qu’on doit pouvoir
compter sur nos compétences et être capable de
prendre du plaisir sans se soucier de la pression
du moment.

Deux ans ont passé depuis son portrait dans le numéro 89 de Bassiste Magazine et Léo On a aussi pu te voir récemment dans
Chazallet, 26 ans, n’a fait que confirmer son potentiel, que ce soit en tant que sideman des registres très différents, que ce soit
de stars de la chanson (Natasha St-Pier, Imagination, Joyce Jonathan…) ou en tant que le jazz manouche, les musiques kabyles,
soliste de dernière minute avec le Multiquarium Big Band et son tribute Remembering Jaco. brésiliennes, cubaines : comment est-ce
Léo nous accueille avec un grand sourire, en visio depuis Nîmes, pour faire le point sur sa que tu abordes tous ces styles ?
trajectoire pas comme les autres et ses projets ambitieux et variés. On est tout ouïe ! Pour travailler un style, je m’en imprègne
totalement, au-delà de la basse. J’écoute
Par Léo Jarzabek attentivement le rythme, l’harmonie, la mélodie,
Photos © Lhia Farfalla le placement par rapport au temps, les claves. Je
me documente beaucoup aussi, je vais écouter

10 BASSISTE
des enregistrements originaux, j’étudie la culture
et l’histoire de cette musique. Finalement, je peux
me rapprocher de l’essence même du style et
jouer comme si j’avais un passeport de chaque
pays. Récemment j’ai eu la chance de tenir la
basse pour la légende de la musique kabyle
Takfarinas à Montréal, avec Maamoun Dehane à
la batterie : c’était une expérience magique.

Le jazz tient une place particulièrement

importante dans ton cœur : peux-tu nous
parler de ton lien avec cette musique ?
Mon parrain m’a offert le premier album de
Jaco Pastorius quand j’étais ado et mon père
Silver Rain de Marcus Miller. Ces albums
m'ont beaucoup influencé au départ et
figurent toujours dans mes références. Puis,
j’ai remonté l’histoire du jazz jusqu’à la racine,
je me suis arrêté sur John Coltrane et je me
suis senti vraiment proche de cette quête de
spiritualité dans l’art. Si je suis aussi rigoureux
sur le plan technique, c’est pour être libéré de
toute contrainte dans mon expression. C’est
cette musique qui m’anime tous les jours : j’y
consacre tout mon travail et mes recherches.
Là, je commence à pouvoir me détacher
d’une musique alimentaire pour me consacrer
entièrement à une musique plus élémentaire…
À ce propos, je serai en tournée avec Laurent
Coulondre – Meva Festa Octet cette année,
je monte également un trio électrique assez
fou avec Arthur Dubois (batteries, effets) et « Si je suis aussi rigoureux sur le plan technique,
Laurent Coulondre (piano, keys) et je travaille
actuellement sur mon premier album en quartet. c’est pour être libéré de toute contrainte dans
Tu as 26 ans maintenant, c’est à peu près
mon expression. »
l’âge de Jaco quand il sortait son premier
album. Comment décrirais-tu ta musique 10 ans de travail approfondi qui ont abouti à cet
et quand est-ce qu’on pourra l’écouter ? alignement de planètes. Juste avant de monter MATOS
C’est un condensé de mes expériences, de mes sur scène avec le Multiquarium, j’ai reçu un appel Basses : Fender Jazz Bass American Deluxe
désirs et de tout ce que j’ai absorbé, depuis les de Biréli. Il m’a dit qu’il avait vu ma transcription 2010 (ma #1, black touche érable), Fender
Jazz Bass American Deluxe 2013 (le
standards jusqu’au free jazz. Si tout se passe du solo d’Herbie Hancock sur « Used to Be a
« négatif » de ma #1, défrettée, olympic white
bien, l’album sera là d’ici à la fin de l’année Cha-Cha » la semaine précédente et qu’il était
touche palissandre), Fender Jazz Bass 1972
prochaine. Parmi mes influences, je peux citer certain que ça allait bien se passer… Les retours (entièrement d’origine, très rare custom
Lennie Tristano, Messiaen et puis Bach, Michael ont été super positifs, ce concert a été un vrai color Black over Firemist Gold, touche
Brecker et bien sûr Jaco… tournant pour moi. palissandre), Fender Coronado Bass II 1967,
Fender Precision Bass 1961, Fender Precision
À propos de Jaco, tu as remplacé au pied Une dernière petite question : où est-ce Bass 1972, Fender Precision Bass 1976,
levé Biréli Lagrène avec le Multiquarium que tu te verrais dans 5 ans ? Jacobacci JB280 1979 (typique Jacobacci,
Big Band, pour le tribute Remembering Idéalement, je tournerais principalement avec corps et manche acajou, touche palissandre
Jaco cette année… ma propre formation et je continuerais bien sûr de Rio, active/passive, inverseur de phase),
Biréli était bloqué en Allemagne à cause des d’accompagner un maximum d’artistes dans Jacobacci Custom Fretless, Squier Jazz Bass
Classic Vibe 60’s (1st Gen)
transports. Ils ont donc dû trouver un remplaçant le jazz mais pas seulement, la world music et
Cordes : Optima Strings 24k Gold Unique,
au dernier moment, mais je jouais avec Chimène la pop m'intéresseront toujours. Peut-être que
Optima Chrome Flatwounds
Badi ce soir-là. J’ai donc passé la matinée au je partirais vivre un temps au Canada, Brésil Ampli : Rheingold, baffles BA12 (12 pouces
téléphone pour finalement trouver mon propre ou USA, ce n’est pas exclu. Mais surtout, peu + 6), BA20 (2x10) et BA10 (1x10), préamp
remplaçant. Heureusement, je connaissais le importe où, être heureux dans ma vie familiale et BP-2 et une tête B100 (full tube 100 W)
répertoire de Jaco à la note près. C’est près de musicale. •

BASSISTE 11
 ALESSAN DRO
"VMAN"
VENTURELLA
An Engl i s h man i n hell

Slipknot est l'une des plus grandes institutions de metal actuelles, c'est un fait. Personne n'a vu arriver ce gang
de neuf musiciens venus du fin fond de l'Iowa, affublés d'horribles masques dignes d'un film de série B... Leur
objectif ? Défoncer les codes du metal à grands coups de batte de baseball ! Le succès est au rendez-vous dès
le début des années 2000 avec un premier album violent, une identité visuelle forte et des shows taillés pour
les plus gros festivals du globe. Le groupe rafle tout sur son passage, y compris un Grammy Award en 2006 et
pas moins de dix nominations dans diverses catégories. Mais l'hydre à neuf têtes sera aussi frappée par la perte
tragique d'un de ses membres fondateurs : en 2010, le bassiste Paul Gray est retrouvé mort dans sa chambre
d'hôtel après avoir absorbé un mauvais cocktail de pilules. Il avait 38 ans... Principal compositeur au sein de
Slipknot, Paul était considéré comme un pilier du groupe et c’est à Alessandro « VMan » Venturella que revint la
lourde tâche de le remplacer en 2014. Cet Anglais d'origine italienne, bien connu dans le milieu pour ses talents de « guitar tech », acceptera
la mission avec honneur et gagnera au fil des années ses galons jusqu'à devenir un membre à part entière de la formation. Trois albums plus
tard, le voici toujours en poste et la sortie de The End, So Far, septième opus studio de Slipknot, est pour nous l'occasion rêvée de rencontrer
le bassiste masqué derrière lequel se cache un charmant gentleman particulièrement disponible et généreux !

Par Adrien Kah

Tu étais un « guitar tech » très demandé avant

de rejoindre Slipknot, comment as-tu atterri dans le
monde des roadies ?
J'ai commencé la musique quand j'étais gamin avec le piano et la guitare classique. Ensuite,
ça a été le parcours type d'un ado qui monte des projets avec des gars de son quartier. Je me
suis retrouvé dans un groupe qui a eu sa petite notoriété avec les tournées, les enregistrements
d'albums, etc. Je m'intéressais déjà beaucoup au matos à cette époque, j'avais pour habitude de
faire mes propres « rigs » de A à Z : je fabriquais et réglais moi-même mes guitares, je montais des
pedalboards pour d'autres... Et d'après mon entourage, j'étais très doué, voire au-dessus du lot. Au fur et
à mesure, je me suis constitué un réseau avec des gens du métier qui cherchaient des techniciens pour les
accompagner en tournée. J'ai naturellement basculé dans ce milieu en proposant mes services à différents
groupes. C'était pour moi une évolution logique mais qui répondait aussi à un pragmatisme économique : je
gagnais plus d'argent qu'en étant musicien...
Passer de technicien à musicien dans un
groupe aussi énorme que Slipknot, ça doit
être quelque chose !
Oui et non. J'avais l'habitude de côtoyer
les mecs de Slipknot. En 2008, je les avais
accompagnés sur une tournée qu'ils faisaient
en compagnie de Coheed and Cambria. J'étais
déjà familiarisé avec l'aura colossale autour du
groupe : les jauges de public impressionnantes,
l'aspect pyrotechnique des shows... Je n'ai pas
spécialement trouvé ça dingue de me retrouver
là. Pour moi, le côté fou de cette histoire, c’est
qu’au moment où l'opportunité de jouer dans
Slipknot s'est présentée, j'étais totalement
déconnecté de la musique, je ne jouais plus.
J'ai un profil de guitariste qui a l'habitude de
débouler sur le manche et je suis devenu un
bassiste live, c'est ça qui m'a vraiment fait
bizarre. Jouer de la basse assis sur son
canapé à la maison est une chose, jouer
avec un masque en courant partout sur une
immense scène qui crache des flammes en
est une autre (rires) !
Tu es Anglais et tu as rejoint un groupe
qui, rappelons-le, vient d'un bled paumé de
l'Iowa et sur lequel personne n'aurait misé
un kopeck à ses débuts. As-tu ressenti le
choc des cultures ?
J'étais déjà familier avec la manière de bosser à
l'américaine, je vivais aux « States » au moment
où j'ai auditionné. Ce qui m'a vraiment frappé
en arrivant dans Slipknot, c'est le nombre
impressionnant de personnes qui gravitent
autour du groupe (rires) ! Certes, il y a déjà
neuf musiciens avec des personnalités très
fortes, mais il faut en plus ajouter tous ceux
qui fourmillent à leurs côtés pour que le show
fonctionne : c'est carrément l'usine ! Dans
l'équipe technique, il y a beaucoup d'Anglais,
des gens que je connaissais déjà, cela m'a
aidé à m'acclimater. Après, j'ai moi aussi mes
particularités, je suis Anglais né d'un père
italien. Ma façon de parler, mes expressions
ou mon humour peuvent être mal interprétés.
Disons qu'il y a eu un petit temps d'adaptation
des deux côtés.
Tu as eu la lourde tâche de succéder au
regretté Paul Gray, principal compositeur
« Au moment où l'opportunité de jouer dans Slipknot s'est
présentée, j'étais totalement déconnecté de la musique, je
ne jouais plus. »
14 BASSISTE
du groupe à l'époque. As-tu ressenti de la
pression ?
Prendre le poste de bassiste dans un tel
groupe, compte tenu de son succès et de
l'empreinte de Paul, est quelque chose de
difficile. Lors de nos premières discussions,
« Clown » (alias Shawn Crahan, percussions,
ndlr) m'a rassuré en disant : « Paul était
guitariste tout comme toi, vous avez les mêmes
goûts musicaux, je pense que tu feras très bien
le job ! » Maintenant que je suis bien intégré
et que je participe davantage à l'écriture des
morceaux, j'ai toujours cette petite voix dans
un coin de ma tête qui me dit : « Tu n'as pas le
droit à l'erreur ! » et ça me met un léger coup
de pression ! Je cherche juste à faire de mon
mieux pour le groupe et pour moi-même. Si je
ne m'étais pas senti capable de reprendre le
flambeau, je ne l'aurais pas fait.
Comment as-tu dégoté l'audition et quels
morceaux t'a-t-on demandé de jouer ?
Après avoir fait le deuil de Paul, le groupe
s'est remis sur les rails et a commencé à lui
chercher un successeur. Je me rappelle avoir
reçu un coup de fil de Jim (James Root, guitare,
ndlr) qui m'a demandé : « Hey ! Tu connais
des bassistes ? » et de lui avoir dit : « Je peux
le faire si ça vous branche ! » Il a marqué un
petit temps de réflexion puis m'a répondu :
« Ok, apprends quatre titres, les morceaux
que tu veux, rejoins-nous à L.A. et l’on verra ce
que ça donne... » J’ai pensé que si je voulais
mettre tout le monde d’accord, il fallait que je
choisisse les morceaux les plus techniques et
les plus rapides à jouer. Je ne me rappelle plus
exactement lesquels mais je voulais placer
la barre haut ! Jay (Weinberg, batteur qui a
succédé à Joey Jordison, ndlr) venait tout juste
d'arriver. J'étais très curieux de voir si l'alchimie
basse-batterie allait être immédiate ou non.
Il est vrai que Jay Weinberg et toi êtes
arrivés quasi en même temps dans le
groupe. Est-ce que cela a facilité les choses
de ne pas être le seul « petit nouveau » ?
C'était bizarre au début car tout était nouveau
pour moi, notamment la façon de travailler
de Slipknot. Habituellement, quand j'arrivais
dans un studio de répétition, je savais ce que
j'avais à faire... Dans Slipknot, le processus
est très collectif et jouer du metal avec neuf
personnes, ce n'est pas simple. Les débuts ont
été un peu balbutiants et la progression fut
graduelle, mais après avoir pris mes marques
et cerné la personnalité de Jay, les choses sont
allées d'elles-mêmes. Désormais, sans même
le regarder, je sais comment il va jouer, les
moments où il va pousser devant, ceux où il va
jouer derrière...
Tu as commencé par jouer un répertoire
déjà existant et bien achalandé. Avais-tu
de la liberté pour rejouer ces parties de
basse ?
J'ai conservé environ 85-90 % de ce que Paul
jouait. J'ai surtout réadapté des façons de
jouer certains riffs au médiator en remplaçant
du jeu en aller-retour par de l'aller simple ou
inversement. J'ai aussi modifié quelques
démanchés pour aller vers l'économie de
mouvement. L'idée était de me faciliter la
tâche dans le jeu pour garder de l'énergie tout
un concert et surtout conserver un jeu agressif
à la main droite. Dans ce style de musique,
il ne faut pas trop dévier des guitares, mais
au fur et à mesure j'ai commencé à prendre
quelques libertés et j'ai ajouté des petites
touches personnelles sur certaines parties
déjà existantes. Je me fiais aux expressions sur
le visage de Jim pour savoir si cela plaisait ou
non (rires) !
Ton arrivée ainsi que celle de Jay ont
donné lieu à de nombreuses rumeurs sur
internet, la première étant que vous n'étiez
que des musiciens de session et non des
membres officiels du groupe. Est-ce exact ?
Il y a eu une petite zone d'ombre sur la question
lorsque nous sommes arrivés. En même temps,
personne ne savait qui nous étions Jay et moi,
quelles étaient nos personnalités au sein d'un
groupe... Si tu t'arrêtes juste au fait que le
musicien a réussi son audition et qu'au bout
d'un an de tournée tu t'aperçois que le type
est cinglé ou qu'il a des problèmes personnels
qui se répercutent sur son travail, c'est foutu.
Il a fallu que l'on apprenne à se connaître dans
tous les contextes de la vie d'un groupe. Nous
sommes donc passés par une petite phase
d'intégration et le fait que je puisse désormais
proposer des chansons ou des parties de basse
valide mon intégration définitive dans Slipknot.
Autre rumeur : à cette période, tous les
membres du groupe avaient tombé le
masque depuis quelques années mais
vos identités à Jay et toi devaient rester
secrètes jusqu'à votre intégration officielle
« Jouer de la basse assis sur son canapé à la maison est une
chose, jouer avec un masque en courant partout sur une
immense scène qui crache des flammes en est une autre ! »
dans le groupe... Mais l'un de tes tatouages
a permis aux fans de te démasquer ! « Prendre le poste de bassiste dans un tel groupe, compte
Oui (rires) ! C’est ce tatouage (Alessandro nous
montre sa main gauche, ndlr). Je ne sais pas
tenu de son succès et de l'empreinte de Paul, est quelque
trop d'où l’info a fuité, mais dans le milieu de
la technique tout le monde savait qui j'étais.
chose de difficile […] Quelque part, si je ne m'étais pas
J'imagine que quelqu'un a fini par lâcher : senti capable de reprendre le flambeau, je ne l'aurais
« Je crois que j'ai déjà vu ce tatouage quelque
part... » en voyant une photo de moi sur scène, pas fait. »
et les réactions sont devenues virales : j'ai reçu
des tonnes de SMS et, deux heures plus tard,
une vidéo révélant mon identité était en ligne !

Il y a aussi des zones d'ombre sur la

période où Donnie Steele, le tout premier
bassiste de Slipknot, est brièvement
revenu dans le groupe après la mort
de Paul. Il jouait depuis les backstages
pendant qu'un mannequin à l'effigie de
Paul avec une basse se trouvait sur scène.
Il paraît que vous avez tous les deux joué
sur l'album .5: The Gray Chapter. Quelle est
ta contribution à ce disque ?
J'ai enregistré dix chansons de cet album en
studio mais rien n'a été gardé. Au moment du
mixage, on s'est rendu compte que les parties
de basse n'allaient pas. Jim voulait que la basse
colle aux guitares et j'avais tendance à faire
rebondir, voire à faire groover certaines lignes...
Ça ne lui convenait pas. Comme le groupe ne
joue pas au métronome, j'ai eu beaucoup de
mal à me caler sur le jeu de batterie de Jay. Au
final, plutôt que de faire perdre du temps et
de l'argent à tout le monde, j'ai filé ma basse à
Jim en lui disant : « Vas-y, tu feras le job mieux
que moi. » Aujourd'hui, après avoir compris
comment fonctionne le groupe, si je devais
réenregistrer cet album, je pense que les
choses se passeraient différemment.

À ton arrivée, as-tu ressenti de la jalousie

de la part d'autres techniciens ou
musiciens qui rêvaient d'être à ta place ?
J'ai beaucoup d'amis dans le milieu, des
musiciens, des techniciens... Certains ont de
bonnes places, d'autres de moins bonnes,
c'est le jeu. J'essaie de ne pas me préoccuper
de ce genre de choses, d'autant plus que,
d'une manière générale, les gens que j'avais
l'habitude de côtoyer ont continué à me
traiter avec respect. Je ne pense pas avoir
particulièrement pris le melon non plus, donc
j'ose espérer que je reste apprécié de mon
entourage (rires) !

Les fans de Slipknot sont aussi du genre

plutôt exigeants, quel fut leur accueil ?
C'est marrant que l'on parle de ça. Quand j'étais

16 BASSISTE
 "
LE MATOS DE "VMAN
Les basses Status Graphite
Alessandro Venturella fait partie des rares bassistes de metal à jouer sur des basses Status Graphite dont la particularité majeure réside dans leurs
manches équipés de truss rods en carbone, censés garantir une stabilité à toute épreuve ! Alessandro se rappelle :
« Quand je suis arrivé dans le groupe, je n'avais pas encore d'endorsement avec une marque de basse. Étant donné que je bricolais pas mal, j'ai commencé
par jouer des basses que j'avais assemblées moi-même avec des pièces qui traînaient chez moi. Je prenais des corps Warmoth (marque spécialisée dans
les pièces détachées pour guitares, nldr) en forme de Precision Bass, je vissais un manche dessus, j'ajoutais des micros, etc. Mais je me suis rendu compte
que mes basses manquaient d'un truc, ce punch dans les médiums que je recherchais désespérément... Ça ne fonctionnait pas pour jouer du metal. Mon
bon ami James Leach, qui joue dans le groupe SikTh, m'a conseillé d'aller voir du côté de Status. Je me rappelle lui avoir dit : « Ce n'est pas Mark King, le
bassiste de Level 42, qui joue sur ça ? » et lui de me rétorquer : « Leurs basses sont faites en carbone, tu vas adorer ! » J'ai contacté la marque, ils m'ont
envoyé une basse pour que je puisse l'essayer sur quelques concerts. À la première balance, tout le monde s'est retourné en s'exclamant : « Woah, qu’est-ce
que c'est que ce son ? » J'ai simplement répondu : « Oh, bah c'est une nouvelle basse que j'ai reçue » et les gars m'ont rétorqué : « Change rien, garde-la ! »
(rires). Par la suite, lorsque je prenais une autre basse, le son du groupe n'était plus du tout le même, donc j'ai dû aller m'en acheter une paire et me voilà
maintenant à collectionner les basses Status (rires) ! Le son se marie à merveille avec la grosse caisse de Jay, chacune d'entre elles est équipée d'un potard
stéréo qui me permet d'ajuster mes fréquences médiums et ça fait toute la différence ! »

LES EFFETS LES AMPLIS

« Tous mes effets sont entreposés dans un rack que mon bass tech se
charge d'actionner pour moi depuis les coulisses. Le compresseur Cali76
est constamment sur On. Le signal de ma basse passe par un RJM Effect
Gizmo, c'est un looper qui me permet de combiner différents effets, à
savoir : un Stone Deaf Fig Fumb qui est une pédale de fuzz paramétrique,
une Fuzz Human Gear Animato et un Eventide H9000. Ce dernier est un
multi-effets avec des chorus, delay, reverb et un envelope filter que j'utilise
occasionnellement pour reproduire les couleurs du nouvel album. Tous mes
effets tournent en parallèle du signal originel de la basse, ce qui me permet
de conserver du bas dans le son. »
Côté amplification, VMan n'est pas en reste, et pour rivaliser avec le mur
de guitares de Mick Thomson et James Root, il vaut mieux être bien armé !
Une tête Mesa Boogie 400+ et une tête pour guitare Diezel Herbert.
Chaque tête d'ampli a son modèle de secours en cas de panne, et la basse
passe également par une DI à lampes JT Amps. Le tout est complété par
des baffles Mesa Boogie 8x10", de quoi faire trembler le sol !

BASSISTE 17
plus jeune, j'écoutais beaucoup Metallica. À
la mort de Cliff Burton, Jason Newsted lui a
succédé et cet événement a divisé les fans :
certains l'ont tout de suite apprécié, d'autres
ne l'ont jamais accepté. J'ai un peu l'impression
d'avoir vécu la même chose. Je voyais passer
sur les réseaux sociaux des commentaires
du style : « Qu'il aille se faire foutre ! », mais
qu'est-ce que je peux y faire ? Dans le meilleur
des mondes, Paul serait toujours parmi nous
à faire son truc. Moi, je suis là désormais et
j'essaie de faire de mon mieux à la place qui
m'a été proposée. Maintenant que je suis plus
investi dans le groupe, je vois davantage de
positivité autour de moi et c'est plus agréable...
Mais ne pas être accepté par certains fans n'a
jamais été un problème pour moi.
Dans Slipknot, il y a neuf musiciens aux
personnalités bien ancrées. Comment se
passe l'écriture d'un album ?
C'est surtout à partir de l'album We Are
Not Your Kind (2019) que j'ai pu participer
activement aux compositions. Clown
m'envoyait de petites démos avec des patterns
de batterie ou de percussions, en me disant :
« Tu peux faire quelque chose avec ça ? » Ça
m'allait bien car je suis à l'aise avec les logiciels
de composition, je faisais des propositions
en enregistrant des guitares, des lignes de
basse, en éditant éventuellement les parties
« Le fait que je puisse désormais proposer des chansons ou
des parties de basse valide mon intégration définitive
dans Slipknot. »
18 BASSISTE
de batterie. Je lui envoyais mes idées qui
faisaient le tour du groupe et l'on me faisait un
retour. En studio, j'ai commencé à participer
à des séances d'écriture plus collectives où
l'on se réunissait tous : Jay jouait un rythme
à la batterie, on se greffait dessus avec Mick
(Thomson, guitare, ndlr) et Jim... Pour The End,
So Far, j'ai pu proposer des maquettes plus
abouties. J'ai pas mal étudié le jeu de Joey
Jordison pour programmer des batteries dans
un esprit un peu similaire. Puis j'ajoutais des
éléments, à la basse principalement, car je suis
avant tout bassiste dans le groupe et je veux
que les guitaristes puissent proposer leurs
propres idées. Une fois que j'avais un morceau
complet, je l'envoyais à Clown et, si le morceau
lui plaisait, il me répondait : « Viens dans l'Iowa,
on va travailler sur tout ça. » On a fait ça une
paire de fois jusqu'à avoir une dizaine de titres
maquettés qui ont ensuite été transmis à Corey
(Taylor, chant, ndlr). Corey a posé des voix,
proposé des mélodies qui nécessitaient parfois
de réajuster certains arrangements, ce que l'on
a fait car on essaie de valoriser le chant avant
tout. On a aussi décidé de sortir un peu des
accordages habituels présents sur les albums
précédents où les morceaux alternaient entre
du Drop B (accordage en Si / Fa dièse / Si / Mi,
ndlr) ou du Drop A (accordage en La / Mi / La /
Ré). On a ensuite répété les morceaux tous
ensemble pour voir s'ils conservaient le même
feeling que sur les démos, puis on a enregistré
piste par piste : batterie, basse, guitares,
machines, voix, etc.
Le morceau d'ouverture « Adderall » est
très surprenant ! On dirait presque un
morceau de Stone Sour (groupe rock dans
lequel chante aussi Corey Taylor, ndlr).
On nous a déjà fait la remarque, mais pour
être honnête avec toi, je n'ai jamais écouté
de ma vie un album de Stone Sour (rires) !
Corey chante à sa façon, mais l'approche de
ce morceau est en effet différente par rapport
à ce que Slipknot a pu proposer par le passé.
Par rapport à la maquette initiale, la ligne de
chant n'a pas beaucoup évolué, c'est surtout au
moment où j'ai ajouté la ligne de basse que la
couleur du morceau a complètement changé.
Je trouve que c'est la première fois sur
un album de Slipknot que l'on entend
aussi bien la basse et de manière aussi
polyvalente.
Oh, merci ! Cela vient sûrement du fait que
pour une fois, nous avons enregistré la basse
avant les guitares. Habituellement, la basse
était le truc qui arrivait en dernier et, à chaque
fois que j'essayais de sortir du cadre, j'entrais
en collision avec la guitare car j'avais moins
d'espace. Je remercie d'ailleurs Joe Barresi
(producteur de l'album, ndlr) car c'est lui qui a
insisté pour que l'on enregistre la basse juste
après la batterie. Tout cela a changé mon
approche et j'ai pu proposer des lignes qui ne
font pas que coller aux guitares ! J'ai vraiment
l'impression d'avoir pu exprimer tout mon
potentiel de bassiste sur cet album.
Techniquement, comment avez-vous
enregistré les basses de cet album ?
Mon son vient principalement d'une tête
Mesa/Boogie 400+ branchée dans un baffle
8x10'', mais on a passé beaucoup de temps
à trouver le bon baffle. Joe trouvait que les
miens étaient rincés et ne sonnaient pas si
bien. Il voulait qu'on essaie des baffles plus
vintage. On a fini par dégoter deux autres
baffles Mesa/Boogie : un 8x10'' et un 4x12''.
On a branché ma tête Diezel Herbert (tête
d'ampli pour guitare électrique, ndlr) dans le
4x12''. J'ai aussi utilisé une DI JT Amps conçue
par John Tokarski en collaboration avec Justin
Chancellor (bassiste de Tool, ndlr) et Joe
Barresi. Je crois que Robert Trujillo en utilise
une également... C'est un boîtier de direct à
lampes dont le son est super clair et précis
et qui marche très bien avec les micros actifs
de mes basses. On a aussi utilisé le fameux
compresseur Cali76 d'Origin Effects.
« À la mort de Cliff Burton, Jason Newsted lui a succédé dans Metallica et cet événement a
divisé les fans : certains l'ont tout de suite apprécié, d'autres ne l'ont jamais accepté. J'ai
un peu l'impression d'avoir vécu la même chose… »
On ne peut pas faire l'impasse sur les combinaisons de prisonniers dans lesquelles tu plusieurs tour bus où nous ne sommes que
masques dans Slipknot ! As-tu vite été à es en nage dès le premier morceau ! deux par véhicule, certains voyagent même
l'aise avec le fait d'en porter un sur scène ? avec leur famille, on a de l'espace. Si nous
C'était un problème au début : débarquer Est-ce que mettre le masque te donne étions tous dans le même bus, on se foutrait
sur scène avec un masque en plus de n'avoir l'impression d'entrer dans la peau d’un sur la gueule au bout d'une semaine (rires) !
jamais utilisé de ear monitors avant ça, personnage ?
j'avais presque l'impression de mettre un Je ne dirais pas cela, mais jouer cette musique En tant qu'ancien technicien, est-ce que le
casque de Formule 1 ! Je me suis senti un très agressive demande déjà de s'impliquer naturel ressurgit parfois ?
peu claustrophobe au début mais j'ai fini par physiquement. Ensuite, le mix que je demande J'ai un bass tech qui s'occupe de moi, c'est mon
m'y habituer. On change aussi nos masques dans mes ears est tout sauf agréable : il n'y a meilleur ami depuis près de vingt ans. Nous
à chaque nouvel album et celui que je porte que ma basse et la batterie ! J'entends un peu discutons des choses que nous souhaitons
actuellement épouse mieux la forme de mon les guitares et la voix à travers la façade et cela améliorer dans mon arsenal mais j'essaie de
visage, il y a moins de mousse à l’intérieur, il suffit à me mettre dans un état d'esprit un peu ne pas trop interférer dans son travail. J'arrive
est donc moins irritant. On passe au minimum malsain... Ça aide pour jouer. parfois deux ou trois jours avant le début d'une
deux heures sur scène à chaque concert donc il tournée pour revoir les soudures de certains
faut être le plus à l’aise possible. Les plasticiens Est-ce que tu t'entends avec tout le monde câblages, histoire de l'alléger un peu parce qu'il
qui travaillent sur ces masques essaient d'en dans le groupe ? Ça ne doit pas toujours a beaucoup de choses à gérer, mais nous avons
améliorer l'ergonomie d'année en année. Je être facile de composer avec huit autres une relation très saine, très complice... On a
n'ai pas subi ce qu'ont enduré les autres à leurs musiciens... dû se prendre la tête une fois en tout et pour
débuts, qui jouaient avec des masques achetés Ça fonctionne parce que l'on se donne de tout. •
dans des boutiques de déguisements et des l'air les uns aux autres. Nous voyageons dans

BASSISTE 19
Michel Alibo
Back in Bacs
Après une décennie de discrétion, Sixun, groupe emblématique du jazz fusion à la française formé dans les
années 1980, sort son nouvel album Unixsity. Michel Alibo, qui y tient la basse depuis le début, a plongé dans
le monde professionnel avant même d’avoir soufflé ses 17 bougies. Imprégné de musiques caribéennes et
américaines, il découvre lors de tournées en Afrique une nouvelle conception mélodique et rythmique de
la basse. Il joue par la suite avec Mario Canonge, Salif Keïta, Karim Ziad, Nguyên Lê, Manu Dibango, Eddy
Louiss et bien d’autres, faisant au passage les premières parties de Miles Davis et de Sting… Dans Sixun, il
forme avec le batteur Paco Séry une section rythmique inventive et reconnaissable, rejointe plus tard par
Stéphane Edouard aux percussions. À la veille d’un départ pour le Brésil afin d’accompagner le pianiste
franco-congolais Ray Lema, Michel Alibo évoque les coulisses du dernier opus de Sixun ainsi que sa
richesse multiculturelle toujours renouvelée.

Par Lisa Vincent 

Tu es d’origine martiniquaise : est-ce de
là que viennent tes premières influences
musicales ?
Bien sûr, les premières musiques que j’ai
écoutées, ce sont celles de chez moi et de
la Caraïbe en général, de la musique latine
à haïtienne. Ma mère mettait souvent la
radio sur la station Fip et j’aimais plein de
styles. J’étais imprégné mais je n’avais pas
encore une approche musicale pendant mon
enfance.
Tu as appris la basse en autodidacte à
14 ans, en empruntant cet instrument à
ton frère. Comment s’est passé le début
de ton apprentissage ?
Pendant l’adolescence, je me dirigeais
plutôt vers une carrière dans le sport ou le
dessin mais, à 14 ans, j’ai raté l’examen des
Beaux-Arts. Mon frère avait une basse et,
lorsque j’allais lui rendre visite, je me suis mis
à toucher l’instrument. J’apprenais la basse
depuis deux ans lorsqu’un groupe africain
m’a invité à l’accompagner en tournée. Cela
a été une révélation : je me suis retrouvé
propulsé dans un univers qui me convenait
parfaitement. À mon retour, je me suis
complètement investi dans la musique. J’ai
eu de la chance, alors que j’avais 16 ans
et étais autodidacte, d’être sur le terrain
entouré de musiciens motivés, comme le
batteur Patrick Francfort (Gibson Brothers)
ou certains futurs membres de Kassav’. Je
n’ai pas eu à tâtonner et par nature j’étais
quelqu’un qui fonçait. J’apprenais bien plus
vite que dans un cursus scolaire.
Tu as pu étudier la musique de différentes
régions d’Afrique : d’abord lors de ta
tournée au Cameroun, puis avec Salif
Keïta...
Ma première tournée était avec un artiste
« Dans un groupe, il y a des egos et nous ne sommes pas
toujours d’accord. C’est même la signature de Sixun : [...] nous
additionnons nos divergences. »
camerounais, puis je suis entré dans le
groupe de Manu Dibango à 19 ans. Je suis
très influencé par la musique africaine,
où la basse a un rôle prépondérant, très
mélodique, et cela m’a apporté une
connaissance rythmique intéressante.
Je suis aussi resté présent sur la scène
caribéenne : il y avait vraiment un pont à
ce moment-là entre les Antilles et l’Afrique.
Simultanément, je découvrais beaucoup
d’artistes et de musiques américaines comme
Kool & the Gang, Earth, Wind and Fire, Jaco
Pastorius, Stanley Clarke, des bassistes
que je considérais un peu comme des
professeurs à distance. Je mélangeais toutes
ces musiques, j’essayais d’être novateur.
On pouvait expérimenter avec des artistes
comme Salif, qui arrivait avec une couleur et
qui avait de très bons arrangeurs. J’ai visité
toute l’Afrique, je trouvais à me nourrir de
ses cultures et ses racines fondatrices : par
exemple au Maghreb, je me suis intéressé au
guembri et au gnaoua.
Quelle place a le jazz dans la musique des
Caraïbes ?
Une place importante : dans mes souvenirs,
dès le début des années 1980, de grands
artistes de jazz internationaux étaient invités
par des scènes nationales, comme le Centre
Martiniquais d’Action Culturelle ou l’Artchipel
et le Centre des Arts en Guadeloupe. Le jazz
caribéen a sa propre identité. Nous nous
sommes nourris de musiciens comme Fal
Frett, le pianiste Marius Cultier, des groupes
d’Amérique du Sud et de Cuba comme
Irakere. Pour ma part, j’ai été inspiré par
des artistes qui mélangeaient la musique
traditionnelle et le jazz. Nous sommes
proches de La Nouvelle-Orléans, de tous ces
phénomènes d’immigration et de cultures
issues de la créolité. De nombreux artistes,
comme Alain Jean-Marie, font un jazz
caribéen avec une vraie signature, imprégné
des traditions, de la biguine, de la mazurka et
du bèlè, entre autres.
Tu t’es vite créé une identité sonore à
base de mélanges des genres... Tu as par
exemple fait cohabiter le slap avec tes
influences caribéennes et africaines.
Au départ, en tant qu’Antillais fortement
influencé par sa culture, j’avais déjà
une identité. Par la suite, j’ai intégré les
musiques que j’appréciais. Je n’étais pas
dans la démonstration, je ne cherchais pas
à imiter un modèle mais à jouer les choses
comme je les entendais ou avais envie de les
entendre. Après, je suis un peu sportif et sans
rechercher les exploits, il y avait une sorte
de compétition amicale entre les bassistes
émergents à l’époque. Chacun essayait de
se démarquer mais cela restait bon enfant,
attention (rires)  ! L’essentiel, c’est de trouver
sa propre signature.
Quand on te regarde sur scène, on est
impressionné par ta décontraction alors
que ton jeu est assez technique.
C’est ma personnalité, à la fois discret et
fonceur. Je n’ai pas cherché à travailler le
côté décontracté. Surtout, ce n’est pas la
technique qui l’emporte dans mon jeu, je
me laisse toujours porter par l’inspiration du
moment. Dans les groupes où la musique de
danse primait, je jouais et je participais aux

BASSISTE 21
chorégraphies sur scène, j’aimais bien faire Avec Sixun, les sorties d’albums se sont demi de 1984 à 1998. Puis, nous sommes
le show (rires) . Du coup, à un moment, tu te espacées au fil du temps et le dernier date passés chez Polygram qui a été racheté
sépares du côté cérébral de l’instrument sur d’il y a plus de dix ans. Comment s’est par Universal, notre boîte de production a
lequel tu t’es d’abord concentré, tu apprends passée votre réunion pour le nouvel opus ? déménagé... En parallèle, les membres du
à faire d’autres choses en même temps. Il est Sixun a été très prolifique au début, avec groupe avaient leur carrière personnelle :
possible que ça apporte de la décontraction. des albums à peu près tous les ans et Paco Séry tournait avec Joe Zawinul, Louis
Winsberg a déménagé dans le Sud et était
occupé avec son projet Jaleo, je bougeais
« Je suis un peu sportif et sans rechercher les exploits, il y avait moi aussi avec plein de formations... Le

une sorte de compétition amicale entre les bassistes émergents à groupe jouait moins pour diverses raisons et
Sixun s’est un peu endormi mais on ne s’est
l’époque. » pas séparés ou fâchés. On a laissé le temps
passer : on continuait à se voir, on allait
manger ensemble... Puis la Covid a éteint
tous nos projets en cours, et puisqu’on ne
pouvait ni tourner, ni jouer, autant consacrer
ce temps à répéter ensemble. Ce qui est
incroyable, c’est qu’on s’est reconnectés
aussitôt. Au départ, ce n’était pas dans le
but de faire un album, mais rapidement, on a
voulu apporter du frais avec un nouvel opus.

On retrouve bien votre alchimie et votre

son sur cet album.
Nous n’avions pas joué ensemble depuis
dix ans et pourtant le son est revenu tout
de suite. Pour moi, c’est comme un destin,
des musiciens avec qui tu t’entends. C’est
aussi parce que les membres sont les
mêmes depuis 1984 ! Dans un groupe, il y
a des egos et nous ne sommes pas toujours
d’accord. C’est même la signature de Sixun :
quand nous composons, il y a six personnes,
donc six avis différents. Quand l’un de nous
arrive avec une composition, chacun se
l’approprie et en donne sa version dans le
respect de l’autre, mais le morceau ne ressort
généralement pas comme il est arrivé (rires)  !
Nous additionnons nos divergences. Dès la
première pochette, où l’on voit un bébé blanc
face à un bébé noir, on voulait montrer qu’on
ne se ressemble pas mais qu’on s’assemble.
Ça a toujours été la vision du groupe : ce style
nommé jazz métissé ou musique du monde,
c’est l’acceptation de ce que propose l’autre.
C’est une mosaïque, une cuisine où tu mets
des ingrédients en te demandant ce que ça
va donner, mais la sauce prend toujours.
Le résultat nous étonne souvent. Je suis
vraiment fier de cette longévité.

En effet, bien que chacun ait une identité

reconnaissable, vous vous laissez de
l’espace et vous ne tombez pas dans le
démonstratif ou la compétition.
Non, on est trop vieux pour ça (rires) . Nous
cherchons à créer de belles mélodies, cela
reste technique mais moins que par le passé ;

22 BASSISTE
 Alain Debiossat (saxophones, flûte), Stéphane Edouard (percussions), Michel, Paco Séry (batterie), Jean-Pierre Como (claviers, piano) & Louis Winsberg (guitare).

« Avec Paco (Séry), quand on jouait ensemble, les gens croyaient qu’on avait répété la rythmique
auparavant alors que ça se faisait tout seul. Il y a une osmose. »
pour l’instant, nous avons plutôt cherché à
nous reconnecter. Nous avons un répertoire
tellement énorme ! Nous allons d’ailleurs
rééditer nos 13 albums, j’ai tout réécouté
récemment et je me suis dit :  « Wow ! »
J’avais mal au crâne (rires) . Nous avons été
très créatifs, mais il y a aussi des mélodies
faciles à retenir. C’est surtout un groupe à
voir jouer sur scène mais c’est avec ce travail
mélodique et musical que nous retenons
l’attention dans un premier temps.
Peux-tu nous expliquer le processus de
création pour Unixsity ?
Auparavant, nous répétions dans un local
pendant un mois ou deux jusqu’à être
satisfaits des compositions ; nous passions
beaucoup de temps ensemble. Avec les
contraintes de distanciation, nous avons
profité de la technologie actuelle ; chacun
composait dans son mini-studio, puis
envoyait ses idées et les autres préparaient
leurs parties. Les compositions des uns et des
autres se sont transformées, chacun ayant
apporté sa pierre à l’édifice. Ensuite, en une
répétition, nous réussissions à construire
la partie mélodique, apporter des idées
rythmiques et l’habillage. Rapidement, nous
avons pu passer en studio.
Quelle place a l’impro en studio ?
Par le passé, ça nous est souvent arrivé de
rentrer en studio sans avoir de morceau,
comme pour Nouvelle Vague (1998).
Sur Unixsity , le but était d’apporter des
compositions et de la matière, mais de
laisser encore de la place à l’improvisation.
Il faut aussi se préoccuper du formatage,
il est impossible aujourd’hui de placer des
morceaux de 10 minutes dans un album,
alors l’improvisation passe surtout par les
solos. En revanche, sur scène, elle aura
beaucoup plus de place.
Sur le dernier morceau, « The Seven Keys »,
tu fais un super solo. Te sens-tu à l’aise
dans la place de bassiste leader ?
Bonne question ! Je me sens plus à l’aise en
tant que rythmicien et dans le groove parce
que je suis né dans cette culture, mais mon
jeu se prête beaucoup à un rôle de soliste et
je m’en rapproche désormais. Je me lance

BASSISTE 23
 « Je me lance dans la contrebasse, c’est tout nouveau pour moi, j’en suis tombé amoureux
pendant la Covid. »
dans la contrebasse, c’est tout nouveau
pour moi, j’en suis tombé amoureux pendant
la Covid. Dans l’album de Sixun, je l’utilise
sur deux morceaux. Les jeunes musiciens
que je fréquente me réclament davantage
comme contrebassiste, donc je commence à
expérimenter. Pour le moment, je suis dans
une perspective de création où la basse a un
vrai rôle, une place prépondérante au sein
d’un groupe plus qu’en solo. Je mets mon
instrument en avant à ma manière et je suis
en perpétuel apprentissage.
Comment se passe la collaboration avec
votre dernier percussionniste, Stéphane
Edouard ?
Stéphane Edouard a rejoint le projet Sixun il
24 BASSISTE
y a plus de quinze ans, et depuis, c’est lui et
pas un autre. Il a son identité tamoule mais il
est complètement polyvalent. Je m’entends
très bien avec lui, nous participons à nos
projets respectifs. Son album solo auquel
j’ai contribué est très riche, avec pléthore
d’invités : il l’a appelé Pondicergy Airlines
étant donné qu’il est de Cergy-Pontoise
(rires) . J’adore son langage et sa créativité.
De plus, il est très mélodique dans son
rôle de percussionniste. C’est important
pour moi, le bassiste, entre la batterie et
les percussions, de construire une formule
rythmique imparable, identifiable, afin de
trouver ma place dans l’échafaudage quand
nous composons un morceau. Dans cette
musique qu’on pourrait qualifier de musique
du monde, un jazz très coloré, très vivant, je
le place parmi les meilleurs.
Tu as rencontré Paco Séry au début des
années 1980 : est-ce que ça a été une sorte
de coup de foudre musical ?
On peut dire ça : un coup de foudre, une
entente parfaite. On évoque souvent la
section rythmique d’un groupe comme Aston
Barrett et son frère Carlton pour Bob Marley,
ou Étienne Mbappé et Mokhtar Samba pour
Ultramarine. J’ai rencontré Paco lors de
sessions de studio et je le croisais souvent
dans des clubs où on allait jammer comme
le Caf’ Conc’ à Châtelet. Quand on jouait
ensemble, les gens croyaient qu’on avait
répété la rythmique auparavant alors que
ça se faisait tout seul. Il y a une osmose, c’est un batteur avec
qui je m’entends musicalement comme humainement. Pour
la musique de Sixun, il prend en compte mes idées et il nous
surprend sans cesse. Paco, c’est l’autodidacte qui sait tout faire.
Il a sa culture ivoirienne, il connaît parfaitement les rythmes
traditionnels, mais il peut aussi jouer du jazz dans sa forme la
plus pure et plein d’autres styles. Pour Sixun, c’est une aubaine,
ça nous a permis d’avoir notre signature rythmique tout de suite.

Qu’en est-il de ton matériel ? Joues-tu toujours sur Jazz

Bass ?
Oui, la Jazz Bass Fender est mon instrument favori en quatre
cordes. L’une des miennes est réputée : j’ai voulu la faire
peindre en rouge, mais il y a eu une erreur dans le mélange
de peinture et on dirait une barbe à papa avec des cordes. Je
suis le seul mec qui joue une Fender rose bonbon (rires) . Pour
les cinq-cordes, j’ai été endorsé par la marque Fodera, qui m’a
fait une cinq-cordes signature, l’Alibass. Pour le moment,
seuls deux modèles sont sortis à cause de la Covid. Sur deux
morceaux de l’album, dont « The Seven Keys », je joue une
cinq-cordes sur laquelle j’ai bossé avec un luthier savoyard très
doué, Matthieu Combe. J’aimerais bien continuer à travailler sur
du matos français par la suite. Et comme je me lance vraiment
dans la contrebasse, je suis en train de loucher sur les modèles
allemands Rubner. En termes d’effets, j’ai un peu réduit mon
arsenal : un pédalier Boss, des pédales de volume, etc. Je me
tourne vers un son plus naturel. J’avais un ampli classique avec
une gamelle de 10 et une de 12, mais je n’ai pas encore trouvé
celui qui me convient réellement. J’ai testé des marques comme
Epifani, que j’aimais bien, mais je cherche toujours le match
parfait.

Quelles sont tes autres actualités ?

J’ai des projets où je joue à la fois à la basse et la contrebasse,
comme l’album avec le musicien montpellierain Jimmy Felvia,
plusieurs autres avec le batteur Arnaud Dolmen, dont un trio
acoustique avec Georges Granville, ou encore le projet solo du
pianiste Thierry Vaton. Je joue aussi avec le mini-collectif Raise.
Nous avons sorti un album où je suis sur ma petite Fodera,
mais c’était pendant la Covid donc il n’a pas beaucoup été joué
sur scène. J’envisage aussi un projet personnel acoustique,
j’attends d’avoir ma contrebasse et de m’être perfectionné. Pour
l’instant, la marmite est sur le feu (rires) . Et bien sûr, nous avons
prévu de tourner avec Sixun. Nous avons récemment signé avec
BMG, les choses seront bien organisées. Avec ce groupe, c’est
sur scène que nous sommes le plus à l’aise. Avec tout ce qu’il
s’est passé, il peut être difficile pour les artistes de sortir des
albums bien représentés. Heureusement, il y a la scène et on
essaie de rester très actifs ! •

MATOS
Basses : Jazz Bass Fender, Fodera Alibass cinq-cordes,
cinq-cordes Matthieu Combe
Ampli : En recherche, par le passé Ashdown, TC Electronic, Epifani,
Ampeg, baffles 10" et 12"
Effets : Pédalier Boss, pédale de volume, Moog Music MF-101
Lowpass Filter Moogerfooger, Electro-Harmonix POG, DigiTech
Whammy
 L E AG U E
M I C H AEL A D OXE
PAR

Snarky Puppy, inclassable formation américaine de jazz fusion, revient

sur le devant de la scène avec un nouvel opus : Empire Central. Cet album
sonne comme un retour aux sources, le collectif ayant enregistré « live » au
cours d'une session à laquelle le public était convié. Il en résulte un répertoire
généreux avec pas loin de 16 titres qui font la part belle aux pistes instrumentales
de haute volée, le tout servi sur un plateau par une équipe de « killers ». Le collectif est
toujours drivé par son charismatique leader Michael League, bassiste visionnaire, doté
d'un sens inné pour la composition, qui cumule les casquettes de musicien et de producteur
sans jamais perdre de vue l'aspect « business » du métier. Mais il est toujours étonnant de
constater à quel point ce dernier se met en retrait au sein de son propre projet ! Certes, ses qualités de bassiste ne sont plus à
démontrer et ce n'est pas un hasard si votre magazine l'a consacré parmi les musiciens les plus influents (voir notre dossier dans le
n° 100)... Mais la sobriété technique de League contraste fortement avec l'empreinte gigantesque qu'est en train de laisser son groupe.
Nous avons joint l'hyperactif Michael, exilé en Espagne depuis plusieurs années maintenant, qui nous a expliqué avec enthousiasme sa
vision de la musique, de la production et surtout de la quatre-cordes !

Par Adrien Kah

Photos © Brian Friedman
Empire Central est sorti fin septembre,
Snarky Puppy tourne intensément depuis
l'été dernier. J'imagine que vous en avez
profité pour tester de nouveaux morceaux
auprès du public avant la sortie de
l'album ?
Je dirais même que nous avons joué environ
90-95 % du nouvel album. On s'était fixé une
règle avant le début de la tournée : ne jouer que
des nouveaux titres jusqu'à sentir le moment
où le public commence à s'ennuyer et, si cela
arrive, embrayer sur des morceaux un peu plus
vieux. Ce moment n'est jamais arrivé ! On a joué
la quasi-intégralité d'Empire Central et, en guise
de rappel, on propose des morceaux que le
public connaît un peu plus.
Ce qui est particulier avec Snarky
Puppy, c'est que, même lorsque les gens
ne connaissent pas le groupe ou les
morceaux, vous avez le truc pour tenir le
public en haleine !
Je pense que l'aspect captivant auquel tu
fais allusion tient davantage à la qualité
des compositions qu'à la façon dont nous
interagissons avec le public. Les membres de
ce groupe se considèrent comme des serviteurs
de la musique, des ambassadeurs ayant un
message à délivrer. Jamais je ne me dis, avant
de monter sur scène, qu'il faut que l'on accroche
le public avec un « show », des phrases
« catchy »... Je veux que la musique soit l'unique
portail pour embarquer les gens. Lorsque nous
composons pour Snarky Puppy, nous nous
demandons comment rendre notre musique
intéressante à chaque seconde. Une fois que tu
as la réponse à cette question, ça devient facile,
tu n'as plus qu'à jouer la chanson ! Le plus dur
est déjà fait.
Avec Empire Central, vous revenez à vos
premières amours : enregistrer live en
présence d'un public !
J'ai toujours pensé qu'avoir un public dans
la pièce change la manière dont tu joues, y
compris lorsque tu enregistres un album : tu
es tout de suite plus généreux derrière ton
instrument. Je souhaitais revenir à ce format
qui nous a rendus populaires. C'est un contexte
que l'on sait gérer mais nous ne l'avions pas fait
depuis au moins six ans, je dirais. Revenir à cet
« Je veux que la musique soit l'unique portail pour embarquer
les gens. »
28 BASSISTE
exercice maintenant que le groupe a beaucoup
mûri prend une tout autre tournure.
Dans ces conditions, est-ce que les titres
ont été enregistrés « one shot » ?
Nous avions huit soirées pour enregistrer
Empire Central. Chaque chanson a été
enregistrée quatre ou cinq fois et j'ai pioché
dans les soirs qui me plaisaient le plus. J'étais
seul maître à bord pour faire ces choix. Pour
le titre « Trinity », par exemple, j'ai choisi la
version du deuxième soir que j'ai incorporée
telle quelle dans la tracklist, sans revenir dessus
avec de l'édition ou de l'overdubbing (ajout
de sons supplémentaires en post-production,
ndlr). Certaines premières versions étaient
les meilleures à cause de la fraîcheur des
musiciens, d'autres versions avaient besoin
d'être jouées un peu plus jusqu'à ce que l'on ait
la bonne.
Tu es considéré comme un musicien
hyperactif. Lorsque tu écris de la musique,
comment décides-tu de ce qui entre dans
la case « Snarky Puppy » ou dans la case
« Michael League » ?
(Michael prend un moment pour réfléchir, ndlr)
Lorsque tu composes ou que tu as une idée en
tête, en général, tu commences déjà à envisager
les possibilités d'exploiter cette idée dans tel ou
tel contexte, mais moi je ne me pose pas trop la
question. Je me contente d'écrire de la musique
parce que c'est ma raison d'être. Puis, au fur et
à mesure du processus, je commence à réaliser
quelle sera la place de cette chanson. J’écris
parfois des trucs trop éloignés de ce qu'est
Snarky Puppy, je me dis que ça ira plutôt dans
Bokanté, mon autre groupe, ou dans mon projet
solo, ou peut-être même que je le proposerai
à un chanteur. Mais il y a aussi des chansons
que tu termines d'écrire et dont tu ne sais pas
quoi faire... Quand j'ai composé « Belmont »,
je pensais que ce morceau irait pour un autre plusieurs fois. C'est donc toi qui vas
artiste car, au départ, il ne sonnait pas comme produire son nouvel album ! Comment les
un titre de Snarky Puppy. Au final, j'ai préféré le choses se sont-elles goupillées ?
garder pour Empire Central. Le morceau « Bet » J'ai reçu un coup de fil de Miho Nishimoto qui
était initialement prévu pour la bassiste Kinga représente Kinga auprès de son label, Warner
Glyk, dont je produirai le prochain album, mais Music. Elle m'a simplement dit : « On cherche
j'ai aussi décidé de le conserver pour nous. quelqu'un pour produire le nouvel album de
Kinga, ton nom est tombé dans les pistes
Je vais rebondir tout de suite sur le sujet potentielles, est-ce que ça te branche ? » Je n'ai
Kinga Glyk. Nous l'avons déjà interviewée pas accepté tout de suite la proposition. J'ai
voulu d'abord discuter avec Kinga car, parfois,
tu aimes beaucoup un(e) artiste et son univers
mais lorsque tu commences à collaborer, tu te
rends compte malheureusement que ça ne va
pas coller entre vous. Cerner la personnalité de
l'artiste que je vais produire est primordial pour

moi, je veux être sûr que l'on soit sur la même
longueur d'ondes.
J'imagine qu'entre bassistes, le courant
est bien passé ?
L'avenir nous le dira (rires) ! En réalité, je n'ai
jamais réalisé d'album pour un(e) bassiste,
ça va être une première pour moi, donc le
challenge est plutôt excitant. J’ai eu une longue
discussion avec Kinga et j'ai été impressionné
par sa maturité (Kinga n'a que 25 ans, ndlr)
et son humilité. C'est une bassiste qui a soif
d'apprendre et qui n'a aucun problème d'ego.
Ce sont toutes ces raisons qui m'ont convaincu
d'accepter de réaliser cet album.
« J'ai toujours pensé qu'avoir un public dans la pièce
change la manière dont tu joues : tu es tout de suite plus
généreux. »
Revenons à Empire Central. Tu considères
cet album comme le plus collaboratif de
l'histoire de Snarky Puppy. Tu as accepté
de concéder un peu de terrain en ce qui
concerne la composition ?
Empire Central est un nouveau chapitre
pour le groupe, teinté d'un petit retour aux
sources. Nous sommes entrés dans une phase
davantage collaborative où je suis un peu
plus en retrait. Je n'ai composé que quatre
morceaux alors qu'il y a tout de même 16 titres
sur l'album ! C'est la première fois que nous en
mettons autant sur un disque. Douze personnes
n'étaient pas de trop pour composer !
C'est ce qui m'amène à évoquer le
paradoxe « Michael League » : tu es
considéré comme le leader de ce
gigantesque groupe, tu en es le principal
compositeur, tu fais à l'heure actuelle
partie des bassistes les plus influents, et
pourtant tu ne te mets jamais vraiment en
avant au sein de ton propre projet !
Je pense avoir une vraie mentalité de bassiste.
Évidemment, un type comme Marcus Miller
aussi, mais ça ne fait pas partie de ma
personnalité de me mettre en avant. Je n'ai pas
l'âme d'un soliste, même s'il m'arrive de prendre
des tours de chorus. Ce que j'aime le plus dans
le fait d'être bassiste, c'est de rester en retrait
et de groover. C'est le rôle que je me suis créé
BASSISTE 29
pour Snarky Puppy mais c'est aussi le rôle que
j'endosse dans d'autres projets musicaux. Être
le leader d'un projet, c'est quelque chose de
complètement différent et, durant des années,
cela a été difficile pour moi de faire la part
des choses. Tu dois scinder ton cerveau en
deux : d'un côté, tu dois penser aux setlists
des concerts, au public, parler au micro,
driver le groupe et, d'un autre côté, tu dois
juste jouer de la basse, le plus simplement
possible, tout en restant dans l'ombre... C'est
extrêmement difficile car, en pensant comme
un leader, le risque est de jouer comme un
leader, c'est-à-dire plus fort, en mettant plus de
notes. C'est un exercice qui m'a demandé un
gros travail et aujourd'hui je suis beaucoup plus
serein à ce niveau.
Tu es installé en Espagne, à quelques
kilomètres de Barcelone, depuis plusieurs
années maintenant. La culture musicale y
« Parfois, tu aimes beaucoup un(e) artiste et son univers mais lorsque tu commences à collaborer,
tu te rends compte malheureusement que ça ne va pas coller entre vous. »
est très différente de celle des États-Unis.
En quoi cela t'inspire-t-il ?
Le titre « Belmont » est directement influencé
par le flamenco. J'ai juste changé la métrique
et modifié un peu le rythme mais tout cela
est très inspiré de l'alegría (forme festive du
flamenco, ndlr). Je pense qu'il est impossible
d'être immergé dans une autre culture sans
s'en imprégner, même si tu ne cherches
pas à composer dans un style particulier,
l'univers dans lequel tu baignes va forcément
ressurgir à un moment. Et par ailleurs, j'écoute
énormément de musique espagnole (rires) !
Entre toutes tes activités, est-ce que tu
arrives à dégager du temps pour travailler
la basse ? Ou ne serait-ce que jouer pour
le plaisir...
Je ne bosse plus vraiment la basse, c'est un
instrument sur lequel j'ai passé tellement de
temps tout au long de ma vie que, désormais
je préfère me consacrer à autre chose. Je
passe pas mal de temps sur les percussions,
j'apprends aussi à jouer de l’oud (instrument
turc, ndlr) et du gembri, un instrument marocain
proche de la basse.
J'imagine que tu as enregistré cet album
avec ta fidèle Fender Precision de 1959 ?
J'ai joué uniquement sur cette basse et j'ai fait
quelques prises avec un Minimoog Model D
également. La Fender Precision est toujours ma
première option. Elle est parfaite dans la plupart
des cas et peut même se révéler dans certains
contextes. J'adore ma Höfner, mes F Bass, mais
en studio, elles vont s'avérer pertinentes tous
les cinq morceaux alors qu'une P Bass n'est
jamais un mauvais choix. J'aime l’instrument
en général, je suis sensible aux sonorités des
différents modèles : les Gibson, les Jazz Bass...
Mais lorsque j'entends le mot « basse », le
premier truc qui me vient à l'esprit, c'est une

« Ça ne fait pas partie de ma personnalité de me mettre en avant. Je n'ai pas l'âme d'un soliste,
même s'il m'arrive de prendre des tours de chorus. Ce que j'aime le plus dans le fait d'être
bassiste, c'est de rester en retrait et de groover. »
Fender Precision. Et puis tous mes bassistes
préférés jouent sur ce modèle !
Tu n'es pas un bassiste réputé pour jouer
du slap mais il me semble entendre des
notes slappées sur « Trinity », le dernier
morceau de l'album.
Je dirais que c'est une piètre tentative de
ma part car je ne suis pas un slappeur fou
(rires) ! C'est d'ailleurs la première fois de ma
vie que j'enregistre une partie de slap sur un
album. « Trinity » a été composé par Mark
Lettieri (guitare) et c'est lui qui m'a fait cette
suggestion : « Mec ! Ce serait vraiment super
si tu jouais cette partie en slap ! » Je lui ai
répondu : « Tu es le compositeur, c'est toi qui
décides. Je vais essayer. » Au final, le rendu
n'est pas si mal parce que la basse électrique se
mêle aux synthés et que ça sert le morceau.
Est-ce que ton ampli signature Casa conçu
par Markbass a servi sur cet album ?
Je m'en suis servi à faible volume durant
l'enregistrement, juste pour le feeling d'avoir un
ampli à côté de moi, mais comme nous avons
enregistré live, il fallait aussi faire attention à
ne pas polluer les autres prises de son. Lors du
mixage de l'album, j'ai « réampé » mes parties
de basse depuis mon studio avec ce même
ampli et j'ai parfois utilisé un Ampeg B-15, selon
les morceaux.
D'ailleurs, ce modèle se détache
énormément des autres amplis de la
marque par son look et ses sonorités.
Quel a été le cahier des charges pour sa
conception ?
Je tenais à avoir un ampli qui sonne « old
school » et qui soit très léger. Markbass a la
réputation de fabriquer des amplis super légers
mais au son très moderne. Le challenge était
donc de combiner ces deux contraintes car c'est
le poids des lampes et des transformateurs qui
amène le grain vintage. Nous avons décidé que
l'ampli n'aurait pas de lampes et Markbass a
réussi à recréer un son vintage très prononcé.
Le Casa peut vraiment encaisser des subs très
bas ainsi que les effets de mes pédales sans
décrocher. Il propose aussi des sonorités plus
Le groupe Snarky Puppy
modernes et peut même s’adapter à un style de
jeu plus extrême.
On va devoir se quitter, Michael, quelle est
la suite des opérations pour toi ?
Snarky Puppy va continuer à tourner pour
défendre Empire Central. J'ai aussi pas mal de
boulot qui m'attend au studio. J'espère que mes
projets vont continuer à prendre de l'ampleur,
que Snarky Puppy va continuer à grossir et à
fédérer toujours plus de musiciens en son sein.
Je veux rester créatif, continuer à progresser en
tant que musicien et producteur, j'ai la chance
de pouvoir faire ce que j'aime tous les jours, et
ça, ce n'est pas donné à tout le monde ! •
MATOS
Basses : Fender Precision '59, Höfner 500/1
de 1967, F Bass 5-cordes frettées et fretless
Synthé basse : Minimoog Model D
Effets : EarthQuaker Devices Hoof Fuzz,
EarthQuaker Devices Bit Commander, delay
MXR Carbon Copy
Ampli : Tête Markbass Casa signature +
baffles Markbass Casa signature, Ampeg B-15
BASSISTE 31
BASS BAZAR SIXUN
UNIXSITY
Dreyfus Jazz
Un pour six, six pour un. Cela fait près de
quarante ans que nos six mousquetaires font
briller leur fusion sur le monde. Comment ne
pas se réjouir, donc, en apprenant le retour
de Sixun avec l’EP 6 titres Unixsity. Cette
fine équipe signe des compositions de haute
volée, en commençant par le groove tout en
décalages et modulations harmoniques de
« Minor Steps ». C’est la basse slappée qui
ouvre le bal, en semblant faire un clin d’œil
à « 4.000 Newport », premier titre de Nuit
Blanche, le premier album du groupe. Du
Sixun classique donc, mais pas que. La très
aérienne « Faith », écrite par Michel Alibo, est
portée par sa contrebasse hautement émotive. Dans « Very Sixun Trip », il nous donne un très beau et court solo où
il varie les phrasés avec grâce. La légende dit qu’il a réussi à faire s’envoler le papillon de sa Fodera… Tout au long
des 34 minutes de l’EP, l’entente entre les musiciens est tout bonnement télépathique et on se demande comment
c’est possible. Comment peut-on offrir tant de richesse musicale en restant aussi mélodique ? Dans la deuxième
moitié de l’opus, les vocalises et percussions vocales se font de plus en plus présentes. Notamment sur la perle
caribéenne « Drac », qui monte crescendo avec en point d’orgue un solo de clavier « Zawinulien ». « The Seven
Keys » et sa funk colorée d’influences indiennes vient clôturer ce retour en fanfare de Sixun, qui vient cimenter sa
place de trésor national du groove. À écouter immédiatement.
Léo Jarzabek

Une voiture sur un toit d’immeuble qui laisse des traces de pneus (en forme de cœur ?), le tout dans un décor froid,
impersonnel de ville américaine. La pochette de The Car, signée par le batteur Matt Helders, donne la couleur.
ARCTIC
La Burns Nu-Sonic 1962 de Nick O’Malley, elle, donne le ton, avec un beau slide qui vient ouvrir l’album. « Don’t MONKEYS
get emotional, that ain’t like you », ces premiers mots doux-amers dignes de Scott Walker suivent, le tout sur fond
de mellotron et de cordes entêtantes. Ça groove tout en finesse et en retenue, ce qui est confirmé par un « I Ain’t THE CAR
Quite Where I Think I Am » ressuscitant le Bowie soul de Station To Station. La narration imagée et complexe
d’Alex Turner nous conduit à travers de nombreux décors : îles paradisiaques, « villages peuplés d’espions Domino Records
fraîchement retraités », « plateaux télés italiens où l’on chante en espagnol ». Fiction, réalité ou simulation, telle
est la question. Sur « Body Paint », on retrouve un peu le groupe sexy de l’époque AM (2013), qui avait conquis
le monde en nous racontant ses nuits californiennes sur fond de riffs lourds à la Black Sabbath. Mais que ceux
qui espèrent une marche arrière vers l’autoroute du rock’n’roll passent leur chemin. Pour ce septième album,
les quatre Anglais vont de l’avant en
empruntant des chemins de traverse :
du R’n’B indé à la Frank Ocean de
« Sculptures Of Anything Goes » aux
confessions intimes teintées d’humour
de « Big Ideas », où le chanteur
s’excuse de ne pas nous donner ce
que l’on veut. Alors que la plupart de
leurs collègues rockers des années
2000 sont en panne d’inspiration, les
singes arctiques tracent leur chemin,
pour le plus grand plaisir de leurs fans,
qui d’ados timides sont probablement
devenus musiciens ou profs d’anglais.
Léo Jarzabek

32 BASSISTE
 SHOB
VORACES
Autoproduit

Décidément rien ne semble arrêter Geoffrey « Shob » Neau !

Si l’on devait résumer ce bassiste d’un seul mot ce serait
la constance. Après nous avoir pondu de très bons albums
encensés par la rédaction (Karma Obscur en 2017, Solide en 2019) et un EP (Cosmic Panic,
au printemps 2022) qui teasait allègrement l’arrivée d’un nouvel opus studio, voici enfin le
précieux sésame : Voraces. Si les sonorités de Solide flirtaient avec l’afro beat, Voraces nous
emmène sur un terrain plus rock. D’entrée de jeu, on se prend la baffe technique avec une
basse saturée et des riffs accrocheurs ! Le groove n’est pas remisé au placard pour autant,
l’album fleure bon les saveurs latines et des guests vocaux viennent apporter du relief à une
musique principalement instrumentale. La basse est omniprésente ! Shob nous montre toute la
palette de sa technique : solos, slap aller-retour au pouce, des effets choisis avec soin colorent
les lignes de basse du Bordelais. Cela devient agaçant, il n’y a pas grand-chose à redire sur le jeu du garçon ! Vous l’aurez compris, on aime la démarche
artistique de Shob, à l’instar des tutos qu’il propose fréquemment dans la section pédago de Bassiste Magazine. Moderne et créatif, Shob est sans
conteste l’un des bassistes français les plus pertinents de ces dernières années.
Adrien Kah

BRUTUS
UNISON LIFE
Sargent House / Hassle Records

Pour n’importe quel groupe, la sortie d’un troisième

album est un peu le carrefour de tous les dangers.
Soit il va vers de la prise de risques, soit il enfonce
un peu plus le clou en nous servant une recette qui
a fait ses preuves... Quoi qu’en penseront leurs fans,
Unison Life pourrait bien être l’album charnière
de Brutus. Le trio belge a placé le curseur sur
l’exploration de nouvelles sonorités tout en calmant
un peu la fougue punk des premières années. Le
surprenant single « What Have We Done » montre clairement la direction artistique prise par le combo. Finalement
ce qui nous rattache un peu à l’ADN de Brutus, ce sont principalement les mélodies des guitares qui restent toujours
aussi planantes. Les fréquences graves gardent le rôle de ciment entre Stefanie Mannaerts (batterie / chant) et Stijn
Vanhoegaerden (guitare), mais il y a ce petit plus aux synthés basse qui ouvre davantage le spectre sonore du trio.
On aura beau dire, il n’y a rien de tel que le son d’une Precision jouée au médiator pour mettre en valeur des lignes
de basses distordues et à ce jeu, Peter Mulders excelle admirablement. Mais notre collectionneur de Big Muff s’est
aussi amusé à explorer les infra-basses avec son synthé Moog et le résultat est loin d’être ridicule... Tout comme
lorsqu’il empoigne la guitare baryton pour venir grossir le mur du son du groupe. À la formule classique de « l’album
de la maturité », on préférera dire que Brutus a trouvé sa zone de confort : pile à mi-chemin le punk et le post-rock.
Gabriel Honoré

BASSISTE 33
MAGMA Voilà plus de 50 ans que Magma enchaîne les albums et tournées.
Emmenée par Christian Vander, indéboulonnable batteur et bête de
KÃRTËHL travail, la formation a toujours compté en son sein pas moins d’une
dizaine de musiciens et a subi de multiples mutations depuis sa création.
Seventh Records / Bertus Fort de sa récompense aux Victoires du Jazz (catégorie « Meilleur
groupe » de l’année 2020) le combo de jazz-rock progressif a su miser
sur sa qualité la plus précieuse : le collectif. Les compositions ont été
amenées par tous les membres du groupe, grâce à un line up renouvelé
et on est également gratifiés de deux bonus tracks datant de 1978
sorties tout droit des archives de Vander. L’approche musicale de ce
Kãrtëhl est instinctive et spontanée : tout donne l’impression de s’écrire
sur le moment. Le kobaïen, dialecte imaginé par Christian Vander, pour
mettre en paroles les chansons, est évidemment à l’honneur grâce au
pupitre de choristes dirigés d’une main de maître par Stella Vander. La
basse est tenue par un musicien dont le nom ne nous est pas inconnu...
On est en effet surpris de découvrir Jimmy Top prendre la suite de son
père Jannick, qui avait officié dans Magma par le passé. Bon sang ne
saurait mentir, avec sa cinq-cordes en main, le jeune Jimmy impressionne par son jeu véloce, un toucher lyrique
et sa complicité avec Vander. Les morceaux sont intenses, techniques, lumineux. Loin d’être à la portée du premier venu, Kãrtëhl fera le bonheur des
mélomanes adeptes de musique improvisée un peu barrée, les néophytes passeront leur chemin.
Gabriel Honoré

JUKKA HAAVISTO La première chose qui nous frappe, c’est le mixage impeccable de Reflections, premier opus solo
du Finlandais Jukka Haavisto. Chaque nappe de clavier nous enveloppe et le son de sa Maruszczyk
fretless est extrêmement bien défini. On reconnaît bien le grain Aguilar avec ses médiums
REFLECTIONS caractéristiques. D’entrée de jeu, on sait que l’on n’est pas là pour rigoler : ça fusionne à grands
coups de mises en place rythmiques, dignes d’un Tribal Tech. « Dancing in the Woods » nous
Eclipse Music fait tomber bien volontiers dans le piège sophistiqué de ses polyrythmes, pour mieux monter en
intensité jusqu’au climax du solo de guitare. Les harmoniques délicates de « Three Reflections »,
rappellent l’œuvre d’un autre grand bassiste aux origines finlandaises (on vous laisse deviner
lequel). Monsieur Haavisto, qui commence à se faire un nom dans nos contrées, est bien connu
de la scène jazz-fusion nordique. Nous n’avons donc affaire ici, ni à une œuvre de jeunesse, ni à un
album de solos de basse, mais à une vision artistique
cohérente et longuement mûrie. Chaque instrument
du quartet (claviers, guitare, basse, batterie) donne la
réplique aux autres avec brio. On trouvera même dans
« Noora » une ballade sensible digne du Hiromi Trio
Project, avec son piano intime qui mène la danse. Le
titre « Opus Nr.11 », avec sa batterie toute en sextolets
quasi trap, donne une couleur résolument moderne et
groovy. « Morning Dew » (« La rosée du matin ») vient
clore l’album avec son solo contemplatif et mélodique,
qui nous évoque les paysages du grand nord. Un bien
beau voyage !
Léo Jarzabek

34 BASSISTE
 THE MARS VOLTA
THE MARS VOLTA
Clouds Hill

Au début des années 2000, le monde s’est pris de plein

fouet un ouragan de chaos post-hardcore et d’ambition
musicale débridée : The Mars Volta. Dix ans après Noctourniquet, le chanteur Cedric Bixler-Zavala
et le multi-instrumentiste Omar Rodríguez-López ont (enfin) ressuscité leur groupe phare, pour un album baptisé du nom du groupe. Et la surprise est de
taille, dès « Blacklight Shine », avec son rythme chaloupé en 12/8 et un texte alternant entre espagnol et anglais. On est loin de l’occultisme et des excès
divers du passé ; les émotions sont ici mises à nu. Il faut dire que la vie n’a pas épargné nos deux compères : deuils, sectes, agressions sur leurs proches…
La lumière caribéenne et les mélodies pop semblent être là pour chasser tout ce spleen. Épaulés par une section rythmique infaillible, composée de la
bassiste originale Eva Gardner, armée de ses fidèles Fender Precision et du batteur Willy Rodriguez Quiñones. Leur groove sinueux nous emmène en
terra incognita : de la cumbia-rock « Qué Dios Te Maldiga Mí Corazón » jusqu’aux ballades quasi brit-pop, comme « Vigil ». Une bien belle performance.
Petite pensée aussi pour Juan Alderete, le bassiste historique qui se remet d’un grave accident de la route. Pour conclure, même si on regrettera un
tantinet la folie et l’imprévisibilité des débuts, cela ne nous empêche pas d’être heureux de retrouver un groupe plus sage dans la forme, mais toujours
aussi intègre dans son art.
Léo Jarzabek

RED HOT CHILI

PEPPERS
RETURN OF THE DREAM
CANTEEN
Warner Records
Les Red Hot nous avaient laissés un peu sur
notre faim avec Unlimited Love, mais on était
loin de se douter qu’ils en avaient encore sous la pédale, tout du moins pour
cette année 2022… Return Of the Dream Canteen sort donc quelques mois après
un précédent effort contrasté, mais la totalité des chansons de ces deux opus
sont issues de la même et unique session studio. Tout dans l’emballage de cette
nouvelle friandise nous met en confiance : une pochette psychédélique qui va de
pair avec un bon single (« Tippa My Tongue ») et Rick Rubin à la production. Une
fois la pastille en bouche, on s’aperçoit que les titres sont de bonne facture et
surtout, que John Frusciante (guitare) a repris des couleurs. Flea prouve encore
son indispensable présence avec des lignes de basse en guise d’édifice solide
pour l’album entier. Jamais en panne d’inspiration, sa 4 cordes grogne comme
on aime et se fait admirablement mélodique pour rendre hommage au regretté
guitariste de Van Halen (« Eddie »). Les grooves funky alternent allègrement avec
les refrains grunge et on apprécie les quelques moments de respiration qui frôlent
le minimalisme (« My Cigarette »). Les Californiens nous offrent encore une fois un
album très généreux (17 titres, comme sur Unlimited Love) qui souffre peut-être
de quelques longueurs. Les détracteurs diront qu’il aurait été plus pertinent de
sortir un condensé de cette grosse session studio, d’autres salueront la créativité
hors norme du quartet... À vous de choisir votre camp, ici en tout cas, on apprécie
davantage ce second chapitre.
Gabriel Honoré

BASSISTE 35
 t e r M u l d e r s
P e S A D D I C T
BAS
La Belgique a toujours su étonner en proposant des formations rock de qualité. Nous avions déjà Ghinzu,
Puggy, ou encore Triggerfinger, des groupes dont la réputation n'est plus à faire ; il va falloir désormais
composer avec Brutus. Originaire de Louvain, ce power trio s'est déjà imposé sur la plupart des scènes
européennes grâce à son savant mélange de rock, de punk et de post-hardcore. Avec Unison Life, son
troisième album studio, Brutus franchit un nouveau cap, de quoi attiser l'enthousiasme du bassiste de la
bande, Peter Mulders. Nous nous sommes entretenus avec cet architecte de fréquences graves derrière
lequel se cache un véritable geek de matos collectionnant basses, amplis et pédales en tout genre !

Par Adrien Kah

profondeur et cela me permettait aussi d'être chanson... Je laisse ça à Stijn et Stefanie.

Unison Life est votre troisième album. libre au niveau des mains pour jouer de la Ça peut paraître bizarre, mais je préfère me
C'est souvent à ce moment-là que l'on basse ou de la guitare. concentrer davantage sur la structure d'une
attend un groupe au tournant... chanson, ses arrangements et comment vont
La plupart du temps c'est le cas en effet, mais Les membres de Brutus ont tous un se superposer les sons de nos instruments
on ne s’est pas préoccupés de ça. Nous avons background et des influences très respectifs.
composé cet album sans chercher à vouloir différentes. Comment apportes-tu ta
surprendre les gens. Je considère juste touche personnelle à votre musique ? Cette envie de sonner fort se vérifie
Unison Life comme une nouvelle étape dans J'essaie de sonner le plus fort possible tout en lorsque l'on voit tes trois gros amplis sur
l'histoire de trois personnes qui font de la jouant le moins de notes possible. Mon rôle scène. Peux-tu nous en dire plus sur ta
musique ensemble. Nous n'avons pas cherché consiste à poser une base solide pour que configuration ?
à nous mettre une quelconque pression ou Stijn (Vanhoegaerden, guitare) puisse jouer Dès les premiers concerts de Brutus, je
à vouloir absolument ajouter des sonorités ses mélodies et que Stefanie (Mannaerts, jouais sur deux amplis. Il y a d'abord eu un
bizarres juste pour prétendre que l'on s’est batterie-chant) puisse chanter. Je joue vieil Ampeg SVT vintage, très fragile et peu
renouvelés. Lorsque l'on compose avec beaucoup en power chords (en jouant la adapté aux tournées, que j'ai vite remplacé
Brutus, nous sommes très autocentrés (rires) tonique et la quinte de l’accord, ndlr) je trouve par un SVT-VR, plus costaud. Il se branche
et ça nous rend hermétiques à la pression que cela apporte un son plus large et j'ai dans un baffle Ampeg 8x10". À côté, j'ai aussi
extérieure. l'impression d'avoir davantage de présence. une tête Orange AD200 MK3 avec le baffle
Dans le processus de composition, je joue 4x10" qui va bien. Ces deux amplis tournent
Néanmoins, comme tout groupe qui se un peu le rôle du « tube de colle » : je ne me simultanément durant tout le concert. Avec
respecte, vous aviez envie d'élever le préoccupe pas particulièrement de l'harmonie un seul de ces amplis, tu peux déjà sonner
niveau ? ou du choix des notes, de la tonalité d'une très fort, mais si tu arrives à accorder les
Évidemment. On veut toujours écrire de
meilleures chansons que les précédentes et
cela demande beaucoup d'abnégation. Pour
« Essayer de nouveaux effets, ça peut aider pour l’inspiration,
nous, le déclic est arrivé lors de l'écriture mais ça n’écrira pas la chanson à ta place, donc autant ne pas
de « What Have We Done ». Au début nous
n'avions que deux notes, puis nous avons se ruiner… »
trouvé cette intro avec une mélodie vocale et
les arpèges de guitare... Nous avons réussi
à en dégager quelque chose d'intense et
une fois le morceau composé, c'est là que
nous avons réalisé que le feeling de ce titre
était différent de ce que l'on avait pu faire
auparavant... Avec ce sentiment d'avoir élevé
la barre un peu plus haut... Nous avions
déjà eu cette impression avec le morceau
« War » sur notre album précédent (Nest,
2019). Composer ce genre de titre te sert un
peu de baromètre pour savoir quelle sera la
direction d'un nouvel album. D'un point de
vue technique « What Have We Done » est
aussi un morceau qui m'a permis de m'essayer
à la basse synthé avec le Moog Minitaur et
son contrôleur au pied, chose complètement
nouvelle pour moi. J'aurais pu jouer la même
partie avec une basse électrique, mais on a
trouvé que le son du Minitaur avait plus de

BASSISTE 37
grains et les fréquences des deux amplis, le
son devient énorme et le spectre s’élargit
également ! Je collectionne, par ailleurs, les
amplis Peavey des années 1970 et 1980 :
je dois en avoir genre une trentaine chez
moi ! J'aime bien leur son et, sur le marché
de l’occasion, ils ne coûtent pas cher et
personne n'en veut (rires)  ! Je m'en sers
même pour faire la déco de mon salon : je
pose mes plantes sur certains d'entre eux
(rires). Lorsque l'on a commencé à intégrer le
Moog Minitaur à nos concerts, s'est posée la
question de savoir comment le faire sonner.
Comme c'est un clavier, on aurait pu se
contenter de le brancher dans un boîtier de
direct (une DI, ndlr), mais on ne l'aurait pas
entendu sur scène... Et comme nous sommes
un groupe rock qui cherche vraiment à sonner
« live », cela ne nous convenait pas. Du coup,
j'ai ajouté sur scène un troisième ampli de la
marque Earth. Il s'agit en fait d'une copie d'un
Peavey 400 qui se faisait dans les années
1970 et c'est cet ampli dont je me sers pour le
Moog Minitaur.
J'ai entendu dire que vous aviez beaucoup
chiné sur le marché de l'occasion pour
vous dégoter du matos avant d'enregistrer.
Quelles sont tes trouvailles ?
Le Moog Minitaur fait partie des trouvailles.
Nous étions en train de scroller sur des sites
de petites annonces jusqu'à ce que l'on tombe
sur ce truc et que les autres me sortent :
« Peter, tu vas pouvoir jouer de la basse avec
tes pieds ! » On a acheté quelques amplis
aussi, mais en studio j'ai principalement
utilisé ceux qui me servent en live et j'ai fait
quelques prises avec un Marshall JCM 800.
C'est toujours fun de chiner du matos sur le
net, on fait parfois de bonnes découvertes.
Je n'ai rien contre les nouvelles pédales qui
arrivent sur le marché : elles sont très bien,
mais je trouve que ça sonne trop « neuf »...
Je préfère le grain du matos vintage, même
celui de pédales qui n'ont pas une bonne cote
mais qui à mon sens ont plus de charme...
Et j'ai encore moins envie que l'on me dise :
« Oh regarde, il s'est acheté une pédale toute
neuve juste pour ce nouveau morceau... »
Essayer de nouveaux effets, ça peut aider
pour l’inspiration, mais ça n’écrira pas la
chanson à ta place, donc autant ne pas se
ruiner...
Pour continuer sur le matos, quelles basses
utilises-tu ?
Je joue principalement sur des Fender
Precision. J'aime le son brut de cet
instrument. J'ai beau essayer d'autres basses
de manufacture plus récente, c'est joli, tu
« Je ne suis pas un bassiste de metal ! »
en sors de belles notes... Mais malgré tout,
je ne peux m'empêcher de retourner vers
ma P-bass. C'est très drôle parce que je vois
parfois passer sur YouTube ou sur les réseaux
sociaux des commentaires de nerds du style :
« Ce gars essaie de jouer du metal avec une
P-bass... », alors que je ne suis pas un bassiste
de metal (rires) ! Je suis également un grand
fan des basses Gibson : je possède plusieurs
vieilles Grabber et Ripper de différentes
époques.
Les distorsions que tu utilises sur l'album
sont mortelles et le mixage met bien en
valeur ton son ! Quelles pédales as-tu
utilisées ?
Je branche un Diamond Bass Compressor
en début de chaînage. Je trouve qu'un
bon compresseur fait tout sonner de façon
bien meilleure notamment les « slides »
dont j'abuse pas mal. Ensuite vient la
Damnation Audio MBD2 : il s'agit d'une
pédale de distorsion dotée d'un préamp. C'est
principalement cette pédale qui apporte de
la couleur à mon son de basse. En live, ces
deux modèles sont constamment activés,
puis j'utilise d'autres pédales avec parcimonie
comme des Fuzz, souvent la Russian Big Muff
ou d'autres éditions de la Big Muff que je
collectionne.
 « Sans Stefanie, nous n'aurions jamais développé notre créativité de la sorte et le groupe n'en
serait probablement pas à ce niveau ! »
Les vieilles Big Muff, notamment les
Russian, sont de plus en plus difficiles à
trouver. En possèdes-tu beaucoup ?
J'en ai beaucoup trop (rires) ! J'adore cette
pédale (Peter bouge la caméra de son
téléphone pour nous montrer une étagère
remplie de pédales Big Muff, ndlr). Je possède
toutes les versions de cet effet de la V.1 à
la V.9, les blanches, les grises, les vertes...
Mais pour les tournées, je vais opter pour une
version plus récente et qui prend moins de
place sur le pedalboard. Ces pédales-là sont
trop précieuses !
Sur scène, on peut aussi te voir jouer une
Fender Bass VI, un instrument qui est
souvent assimilé à une guitare baryton...
Ce n'est pas une Fender, c'est un modèle
moins cher, une Squier qui doit coûter
250 euros à tout casser... Je ne considère
pas vraiment cet instrument comme une
guitare baryton qui en principe s'accorde
différemment d'une guitare normale.
J'accorde la mienne en Ré standard (Ré/Sol/
Do/Fa/La/Ré, ndlr) et j'arrive ainsi à avoir
la tessiture d'une basse avec une guitare.
C'est un instrument qui était très populaire
en studio dans les années 1960, car il
était fréquemment utilisé pour doubler la
contrebasse dont l'attaque ne ressortait pas
toujours dans les mixes de l'époque. Cette
guitare n'est pas facile à jouer : les réglages
d'usine sont merdiques et c'est un instrument
difficile à régler soi-même, il te faut un bon
luthier. C'est aussi une des guitares que l'on
a achetées d'occasion au moment où l'on
chinait du matos sur le net. Elle a servi pour
l'écriture de « What Have We Done ».
Je ne savais pas que derrière le bassiste de
Brutus se dissimulait un véritable geek de
matos ! Vous êtes tous comme ça dans le
groupe ?
Je crois que je suis le pire (rires) ! Mais Stijn
n'est pas mal dans son genre ! Stefanie est
complètement à l’opposé : elle ne joue que
sur un kit de batterie, avec un seul set de
cymbales et ne veut rien d'autre ! Le seul
truc qui a évolué dans son arsenal depuis les
débuts de Brutus, ce sont les chimes qu'elle
a récemment ajoutées. Je trouve d'ailleurs
qu'avoir trop de geeks dans un groupe peut le
mettre en péril. Si Stijn ou moi ramenons une
nouvelle pédale pour l'essayer, Stefanie joue
le rôle de juge : en cinq minutes, elle peut te
dire si ça lui plaît ou non, si on va l'incorporer
à une nouvelle chanson ou pas... Elle est
parfois sans filtre quand elle donne son avis et
ça nous calme rapidement ! Mais tout ça reste
assez démocratique : je n'imposerai jamais
une pédale que Stijn et Stefanie n'aiment
pas, et nous fonctionnons de cette manière
BASSISTE 39
 « J'essaie de sonner le plus fort possible tout en jouant le moins de notes possible. »
sur beaucoup de choses : les paroles, les
arrangements des morceaux...
C'est d'ailleurs Stefanie qui vous a permis
de sortir du lot avec son profil de batteuse/
chanteuse, car à vos débuts, vous n'arriviez
pas à trouver de chanteur !
Il faut parfois faire avec ce que l'on a et au
début de Brutus, nous avions peu d'options
satisfaisantes sous le coude. Avec le recul,
huit ans plus tard, je me rends compte que
cette contrainte nous a forcés à travailler
d'une certaine manière et nous a permis de
nous forger une identité. Au départ, Stefanie
n'était pas aussi à l'aise qu'aujourd'hui au
niveau de l'indépendance batterie-chant,
ce qui a forcément orienté notre façon de
composer. Si nous avions continué à chercher
un chanteur, on aurait fini par prendre un
copain qui gère le chant saturé, mais on
aurait été catalogués comme n'importe quel
groupe rock qui joue des trucs « heavy ». Sans
Stefanie, nous n'aurions jamais développé
notre créativité de la sorte et le groupe n'en
serait probablement pas à ce niveau ! •

MATOS
Basses : Squier Precision 1992, Fender
Precision, Gibson Grabber, Gibson Ripper,
Peavey T-40, Squier Bass VI
Synthé Basse : Moog Minitaur + Foot
controller
Amplis : tête Ampeg SVT, Ampeg SVT-VR +
baffle Ampeg 8x10'', tête Orange AD 200
MK3 + baffle Orange OCB 410, combo Earth
Sound Research (copie du Peavey 400)
Effets : Compresseur Diamond Bass,
Distorsion Damnation Audio MBD2,
différentes séries de Big Muff Gibson Grabber Big Muff

40 BASSISTE
 JC "Jissman" RAUFASTE plays EADG - Shop yours at www.eadg.clothing - photography Jeff LUDOVICUS

WWW.EADG.CLOTHING
D

S
E
S

I N
I G

C E
N E D

2 0
F

BASSISTS
1
O

4
R
NOUVELLE OFFRE
D’ABONNEMENT !
NE MANQUEZ PAS NOTRE PROCHAIN NUMÉRO !

1 AN = 6 NUMÉROS

Recevez
un chèque cadeau
d’un montant de
50 €
et sélectionnez le
T-shirt EADG®
de votre choix !*
Plein de modèles disponibles
De nombreux coloris
Un coton 100 % bio encore plus résistant
Plus de modèles femmes et enfants

Rendez-vous sur le site

www.eadg.clothing
*Chèque cadeau à usage unique, valable 6 mois, frais de port à votre charge - peuvent varier en fonction du pays
 (Prix public : 121,99 €)

1 logiciel AMPLITUBE 5 SE
La nouvelle version du plus célèbre logiciel de simulation d’amplis !
La cinquième version d’AmpliTube offre de nombreuses améliorations et nouvelles fonctionnalités pour vous aider à créer la piste de basse (ou de guitare) parfaite pour vos
productions. Avec 77 modèles d’équipement essentiels, vous aurez accès à une gamme incroyablement flexible de sons. Profitez de préréglages impressionnants et prêts
à l’emploi, d’enregistreurs multipistes intégrés, d’un SpeedTrainer pour vous entraîner. En bref : ce pack tout-en-un propose des simulations d’ampli, microphones, racks et
pédales d’effet de haute qualité, qui vous procureront des années de plaisir. Un must pour réaliser facilement vos enregistrements pro à la maison !

RIKI LE PLECTRIER
Recevez une carte cadeau d’un
montant de et sélectionnez 10 €
le médiator de votre choix !*
Artisan français, concepteur de médiators haute résistance en titane, bois, nacre,
plastique, laiton et autres, Riki le Plectrier a su s’imposer comme une référence dans le
milieu fermé des créateurs de plectres.

39 €
*Les frais de port sont à la charge de l’abonné.
Ils peuvent varier en fonction du pays.

au lieu de
223,39 €
Coupon à renvoyer avec votre règlement par chèque à
EXCLU WEB !
En vous abonnant au magazine « papier » sur notre site internet,
BGO - Bassiste Magazine - Service abonnements recevez en cadeau un abonnement d’un an
6, rue d’Estienne d’Orves - 92120 Montrouge - FRANCE au magazine digital (valeur : 14,90 €)
Rendez-vous sur WWW.BASSISTEMAGAZINE.COM

OUI, je m’abonne à Bassiste Magazine et je joins un chèque de 39 € à l’ordre de BGO :

# 101

MES COORDONNÉES
Nom............................................................................... Prénom...............................................................................

Adresse......................................................................... ............................................................................................

..................................................................................................................................................................................

Code postal................................... Ville....................................................................................................................

E-mail*................................................................................................Tél...................................................................

* Vous recevrez vos cadeaux dans les 2 semaines suivant l’expédition de votre premier numéro.
Pour être abonné dès le prochain numéro, merci de nous envoyer votre bulletin avant le 20 janvier.
F u n k a h o l i c
Ceux qui ont eu leurs premières crises d’acné à l’époque du neo metal n’ont pas pu oublier le groupe Eths
dans lequel officiait Geoffrey Neau, bassiste plus connu sous le pseudonyme de Shob. Ce « grooveur de
fond », amoureux du funk, des beats qui claquent et des harmos jazzy, a depuis bien roulé sa bosse au travers
de multiples collaborations (Roger Biwandu, Patrick Rondat ou encore Morgan Berthet, le féroce batteur de
Myrath et Kadinja), croisant sur sa route les meilleurs musiciens du circuit, de Scott Henderson à Dennis
Chambers en passant par Oz Noy et Jeff Berlin. Pour autant, Shob avance également pour son propre compte,
avec le groupe de funk intergalactique The Kilometers, mais également en solo, puisqu’il vient tout juste de
nous livrer son quatrième album Voraces, une collection de douze morceaux riches, aux influences laissant
transparaître son amour pour le groove et les bonnes grosses « tournasses », comme il le dit lui-même.
Accompagné de sa basse signature Tribe, Shob a causé dans le dictaphone de Bassiste Magazine. Allez, on rec !

Par Ludovic Egraz

Photos © Nicolas Girardi
La basse est omniprésente dans Voraces
mais on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un
album de virtuose…
Non, effectivement. Il y a un gros solo de basse
sur « La Trace », un morceau un peu afro et
assez speed. C’est un chorus que j’ai écrit, je
me suis pris le chou à le jouer d’une traite et,
pour le coup, il est assez costaud. Tu sais, c’est
un truc de musiciens. En studio, on ne joue pas
forcément les morceaux en « one shot », surtout
dans un cas comme celui-ci où on a travaillé en
piste par piste. En revanche, quand on trouve
un plan qui déchire, on a envie de réussir à le
passer sans devoir bricoler, et un solo, pour moi,
c’est un peu comme une sorte de plan géant.
Pour rebondir sur ton commentaire, Voraces
est un peu comme mes albums précédents
Pragmatism, Solide et Karma Obscur... Il s’agit
essentiellement de morceaux et de grooves
parce que j’ai toujours considéré que la basse
assurait un rôle de soutien et de pivot entre les
différents instruments. Certaines de mes lignes
peuvent être assez denses mais je n’ai jamais
vu la basse comme un instrument soliste. Si on
s’interroge sur le rôle essentiel de la basse, sur
le « pourquoi » elle est censée exister, on prend
l’habitude de ne pas trop jouer de solos. C’est
ma façon de voir le truc, et même en live, je ne
prends pas énormément de solos. À vrai dire,
à chaque fois que je dois le faire, c’est un peu
la corvée, parce que ça me fait sortir de cette
fonction rythmique que j’aime tant.
Je te disais ça aussi parce que, dans ce
genre de fusion et de jazz funk, la basse
s’est clairement émancipée…
Oui, bien sûr, déjà avec Jaco, dont les lignes
de basse ressemblaient presque à des solos,
mais « dans le bas ». Ce n’était pas vraiment de
la grosse « tournasse » et on peut sentir que le
garçon avait furieusement envie de s’exprimer.
C’est quand même très chargé mais c’est cool
aussi. Bon, impossible d’imiter le patron. Dès
qu’on touche à ce style « à la Jaco », c’est grillé à
des kilomètres. Après, Voraces est-il un album de
bassiste ? Ce serait intéressant de le faire écouter
à des quidams à l’aveugle et de leur demander
qui est, selon eux, le musicien qui a composé les
morceaux.
Peut-être trouveraient-ils la réponse de par
la nature du mix qui met tout de même ta
basse bien en avant…
Oui, c’est une petite directive que j’ai glissée à
David Thiers, l’ingénieur qui a mixé l’album. Je
ne voulais pas forcément que ma basse explose
dans le mix, mais qu’elle ne soit pas non plus
planquée derrière les guitares, ce qui aurait été
contre-productif.
Quelle est ta façon de mener un tel
chantier d’album ? Tu t’enfermes chez toi ?
Je compose et je fais mes préprods entièrement
seul à la maison, dans mon studio, et quand
j’arrive à une quinzaine de morceaux, j’écrème
pour conserver les dix ou onze meilleurs. C’est
à ce moment-là que je déclare officiellement
l’ouverture des sessions d’enregistrement en
appelant les gars qui vont partager le projet
avec moi, sachant qu’il y a généralement
Morgan Berthet à la batterie, et c’est d’ailleurs
par là qu’on commence. Une fois que tous les
drums sont dans la boîte, j’envoie les différentes
sessions aux guests qui interviennent en tant que
solistes. Sur Voraces, il n’y a que les batteries et
les solos qui sont joués par d’autres musiciens,
tout le reste c’est moi. Je programme les parties
de clavier, parce que j’aime utiliser des sons bien
particuliers qui ne sont pas évidents à reproduire,
et puis les guitares rythmiques sont aussi jouées
par mes soins.
Parle-nous un peu du line-up…
Il y a des guitaristes de haut vol, dont Christophe
« J’ai toujours considéré que la basse assurait un rôle de soutien
et de pivot entre les différents instruments. »
Maroye, avec qui je bosse au CIAM de Bordeaux
(Centre d'informations et d'activités musicales),
c’est un mec super cool et il joue sur « Head
in a Keg ». Mon pote Johary Rakotondramasy
(Atrisma), un super musicien bordelais qui
enseigne au CFPM, joue sur « La Trace », « In the
Basement » et « Sandale Scandale ». Un autre
guitariste bordelais un peu plus jazzy, Jean-Loup
Siaut, joue sur « Fetish » et sur « Gravity ». À part
Morgan, il y a Olivier Léani qui joue de la batterie
sur « The Calling » et Simon Renault sur « Head
in a Keg » et « Trou ». Ensuite, on retrouve Tony
Lavaud pour quelques interventions de claviers
et Célia Marissal et Nirina Rakotomavo au chant,
respectivement sur « The Calling » et « Fetish ».
Une belle réunion de talents !
En termes de compos, on a l’impression
que tu ne t’interdis pas grand-chose. Bien
que très fusion, ta musique se teinte de
metal, d’electro, sans parler de références
assumées au monde du gaming…
On me le fait souvent remarquer. J’ai dû trop
jouer aux jeux vidéo à une époque (rires). Après,
j’ai envie de dire tant mieux. Si certains éditeurs
tombent sur l’album et ont envie d’utiliser mes
titres pour des jeux, je suis complètement open.
Surtout qu’a priori, tes morceaux ne
risquent pas de finir en rotation lourde sur
les radios…
Mais détrompe-toi ! Ma musique passe sur O2
radio, une station locale qui n’arrose pas que la
Gironde mais tout le pays (rires). Pour revenir à
l’ouverture de mes compos, c’est certainement
révélateur de tout ce que j’écoute, à savoir
énormément de jazz funk, ou tout du moins, tout
ce qui est à base de jazz et qui groove. En ce
moment, je suis vraiment dans tous ces Ricains
comme Nate Smith, Chris Dave, des groupes

BASSISTE 45

« Quand je peaufine les rythmiques de mes titres, je recherche
un maximum d’interactions entre les instruments. »
comme Lettuce ou Vulfpeck. C’est ultra-funky,
souvent instrumental, avec parfois du chant
hip-hop. Je pourrais aussi citer Anderson .Paak
qui est monstrueux. J’adore Weather Report,
surtout quand ils se barrent en afro beat, et puis
mes albums de Rage Against The Machine et de
Faith No More ne sont jamais très loin. Un bon
gros riff, ça fait toujours la farce.
Dans ta relation musicale avec Morgan,
lui laisses-tu carte blanche ou bien lui
soumets-tu des programmations précises ?
Les parties de batterie sont quand même
vachement écrites. Je n’écris pas forcément
les breaks sauf s’il s’agit de mises en place
communes, et quand bien même, je ne suis
pas trop regardant quant à l’orchestration
des breaks, il peut mettre des toms à la place
de la snare, je m’en fous, mais par contre les
placements doivent être rigoureux. Les grooves
en eux-mêmes sont bien détaillés, parce qu’il y
a toujours une réflexion derrière. Je ne suis pas
du genre à lancer un beat « random » et à jouer
par-dessus. Quand je peaufine les rythmiques
de mes titres, je recherche un maximum
d’interactions entre les instruments, entre la
grosse caisse et la basse, d’une part, mais
également entre la batterie et les guitares, ce qui
explique aussi que je préfère jouer moi-même
46 BASSISTE
les cocottes, parce qu’il y a plein de nuances de
placement, des trucs qui sont joués très au fond
du temps. Je pense que Morgan préfère cette
façon de travailler parce qu’on gagne du temps.
Si je commençais à lui dire : « C’est free, tu fais
ce que tu veux », ce serait la porte ouverte à
toutes les fenêtres, on rentrerait dans une phase
de création en temps réel en studio avec tous
les débats ésotériques que cela comporte. Avec
l’heure qui tourne et la fatigue, ce n’est jamais
évident. Là, on a tout plié en deux jours et demi.
Après, sur les parties linéaires, il peut se faire
plaisir.
Vous jouez les rythmiques ensemble en
studio ?
Non, même pas. Je lui donne une version du
morceau sans batterie avec un click, il se met ça
dans le casque et il enregistre ses parties tout
seul. Par contre, je suis avec lui parce que je suis
un peu psycho et aussi parce que je connais
les parties « a priori » par cœur, alors je peux le
recadrer. Pour les basses, on a procédé un peu
bizarrement, parce que l’ingé David Thiers est
installé sur Périgueux, alors je faisais mes prises
chez moi avec ma petite SSL et je lui envoyais
les DI qu’il a « reampées » dans des plug-ins
qu’il aime bien et qui sonnent, comme les suites
Archetype de chez Neural DSP. Je lui donne
quelques directives parce qu’il est plutôt habitué
à bosser dans le metal, notamment avec Gorod.
Tu n’as jamais besoin d’un feedback sur
ton boulot quand tu trackes tes basses
tout seul ?
Non, pas vraiment, mais c’est possible que je
change de méthode pour le prochain disque
parce qu’en travaillant tout seul en home
studio, on prend presque trop le temps et on se
laisse facilement happer dans une spirale de
perfectionnisme qui peut être sans fin. En plus, je
suis du genre à psychoter de mal faire mes prises
DI, techniquement parlant, avec les crêtes et tout
ça. C’est assez chiant. Je préfère quand même
jouer à côté de David qui a en plus du super
matos. De cette façon, il y a un temps imparti
aux prises et il n’y a pas de surenchère, comme
enregistrer six ou huit pistes de guitares sur un
morceau (rires).
C’est intéressant, d’ailleurs, le fait de jouer
ce genre de musique en piste à piste, alors
qu’on a tendance à croire que le groove
naît d’une performance commune dans
la même pièce. Visiblement, ce n’est pas
vrai…
Écoute, j’espère (rires). En tout cas, je le prends
comme un compliment. Je suis vraiment satisfait,
et si je trouvais le groove « armoire », je peux te
dire que le disque ne sortirait pas. Cependant,
j’aime bien jouer en groupe en studio mais c’est
quelque chose que je pourrais faire par exemple
pour un EP, parce que cette manière de bosser
implique beaucoup de préparation et de coûts.
L’année dernière, avec mon groupe de funk The
Kilometers, on est restés trois semaines au studio
Cryogène de Bordeaux et on a tout enregistré
live avec la possibilité de faire des re-re, c’était
génial, mais pour ma propre musique, j’aime le
confort de travailler à mon rythme. D’ailleurs,
c’est marrant, parce que pas mal de gens qui ont
écouté Voraces pensent qu’il a été enregistré en
live, comme quoi…
C’est la magie du studio…
Oui, et puis on est au click. La limite du truc,
ce sont les phases d’improvisation. Quand on
joue ensemble, il se passe des choses qui sont
impossibles à reproduire autrement. Je ne
vais pas te parler de physique quantique, mais
bon, quand on joue dans une pièce, il y a des
particules qui entrent en interaction, appelons
ça des synchronicités… Tu joues un fill à la basse
et le batteur que tu connais bien va envoyer
exactement le même fill au même moment. Ce
sont de petits moments de grâce et c’est souvent
après ça que tu te vautres lamentablement
tellement tu es subjugué par ce qui vient
d’arriver (rires). Cette dimension interactive
entre musiciens, on la retrouve quand on joue le
répertoire sur scène.

D’ailleurs, as-tu prévu de tourner pour

Voraces ?
Moi, si je pouvais faire 300 concerts en 2023,
je serais super content. Cela va dépendre de
mon gros tourneur allemand Maximum Booking
(qui bosse super bien) et aussi d’une potentielle
demande. Grâce à lui, on a fait plein de trucs
cool, des tournées jusqu’en Suède et dans une
bonne partie de l’Europe, puis la pandémie
a cassé le rythme. Pour lui, cela a été assez
catastrophique. Il s’est retrouvé à devoir déplacer
des pans de grosses tournées sans compter
toutes les restrictions qui allaient avec, et il est
descendu très bas. Actuellement, il essaie de
sortir la tête de l’eau, ce qui est le cas de plein
d’acteurs de notre métier. Donc il est probable
que mon petit projet « off the road » doive
attendre un peu, mais je reste confiant et j’ai hâte
de partir sur la route.

Outre ta carrière d’artiste solo, en quoi

consiste ton activité de musicien ?
Disons que la basse, c’est déjà une niche en soi,
alors la basse dans le jazz fusion, je ne t’en parle
même pas (rires). Mon tourneur me l’avait dit :
« C’est invendable, ton truc, mais je te prends
dans mon catalogue parce que je kiffe. » Il y
a quand même des gens qui suivent ce que
je fais et qui attendent mes albums, donc je
suis content. Je vis en donnant des concerts
puisque je suis intermittent depuis une quinzaine « Aujourd’hui, j’ai le luxe de ne plus
d’années, et puis aussi des cours que je donne
au CIAM, bien que ces derniers n’aient jamais jamais faire de gigs où je n’ai pas
été ma principale source de revenus. Ça met
du beurre dans les épinards. Mais aujourd’hui, envie d’aller. »
j’ai le luxe de ne plus jamais faire de gigs où je
n’ai pas envie d’aller. Je gravite autour d’un cercle
de jazzeux qui m’appellent et ce ne sont que des
concerts de qualité avec beaucoup de répertoires Il n’y a pas beaucoup de chaînes YouTube pour rendre ça fun en racontant des conneries.
différents. Après, bien sûr, ce serait un kiff de dédiées à la basse. Avec ton côté On faisait des saisons de 50 dates dans des
faire bouillir la marmite avec mon projet. « entertainer », tu n’as jamais eu envie de campings. Ce sont des contextes dans lesquels
te lancer ? il faut faire attention à ne pas se cochonner
Un mot sur ton matos… Oui, YouTube, pourquoi pas ? Mais j’ai l’amour du métier. C’est ce qui m’a donné cette
J’ai mon petit panel de basses Shob signature de l’impression que les YouTubeurs de la musique fibre grand-guignolesque. •
chez Tribe, une marque suisse qui propose des ne sont pas des gens qui jouent. Quand tu fais
instruments sur mesure que l’on peut créer avec ce métier à fond, c’est impossible d’avoir le
un configurateur. J’ai un super deal avec eux et je temps de faire des vidéos, ou alors il faudrait
suis très heureux que mon modèle se vende. Ce avoir envie de tout lâcher pour rester travailler
MATOS
sont vraiment de chouettes instruments, et si ce tranquillement à la maison. Quant au côté Basse : Tribe Shob Signature
n’était pas le cas, je n’enregistrerais pas avec. « entertainment », je l’ai développé il y a des Cordes : Dunlop
Je travaille aussi avec Algam pour les amplis années, quand on faisait des scènes avec des Effets : MXR
Aguilar et les effets et cordes Dunlop/MXR. projets relativement déprimants genre Club Med Amplification : Aguilar
et autres. C’était obligatoire de donner le change

BASSISTE 47
 D O M I N I C
D A V I S
JOHN to be friends
We’re going
Originaire de Détroit, le jeune Dominic John Davis change d’école primaire et fait une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière.
Il se lie d’amitié avec un certain John Anthony Gillis, plus tard connu sous le nom de Jack White, et les deux jouent et écrivent leurs
premières chansons ensemble. Leurs chemins se sépareront un temps : Jack lance The White Stripes avec sa femme Meg, et Dominic
devient bibliothécaire musical avant de se lancer dans une carrière de bassiste et contrebassiste pro. D’abord dans un orchestre de cordes,
Steppin’ In It, il étoffe son CV par la suite, du blues au jazz, en passant par le rock, l’americana et même le hip-hop. Il collabore entre autres
avec Wanda Jackson, Tom Jones, Beck, Beyoncé, Adele, Q-Tip, Pearl Jam, Willie Nelson, Taj Mahal ou encore Ry Cooder. Enfin, il retrouve
son ami d’enfance après que ce dernier a arrêté les White Stripes. Depuis, les deux comparses collaborent très régulièrement : Dominic joue
sur les albums solo de Jack White, dont Lazaretto, et l’accompagne en tournée. Cette année, il a participé aux deux albums du guitariste,
Fear of the Dawn et Entering Heaven Alive. S’ils diffèrent en termes de styles et de compositions, ils ont le mérite de mettre les fréquences
graves à l’honneur. Dominic John Davis a pris le temps de discuter avec Bassiste Magazine de ces deux opus et de son travail de producteur
en parallèle.

Par Lisa Vincent
Photos © David James Swanson
Tu as grandi à Détroit : quelles étaient tes
influences dans ton enfance et comment en
es-tu venu à la basse et à la contrebasse ?
Pour une raison que j’ignore, il y avait une
guitare qui traînait chez moi lorsque j’étais
petit, une acoustique Kay sur laquelle je
m’amusais. Une chose en amenant une
autre, ma mère m’a acheté une guitare
électrique bon marché lorsque j’avais 9
ou 10 ans. Mais elle se désaccordait sans
cesse à cause de la tige de vibrato. Un ami
qui avait une basse m’a conseillé de me
mettre à la quatre-cordes, car il n’avait pas
de problème d’accordage. C’est ce que j’ai
fait et, depuis ce jour, je me suis vraiment
considéré comme un bassiste. Beaucoup
de musiciens sont d’abord claviéristes
ou guitaristes et jouent de la basse par
obligation, mais personnellement, j’ai
vraiment été attiré par l’instrument. J’ai joué
de la basse électrique pendant quelques
années, puis je suis entré dans une école
d’art où il y avait un orchestre de jazz. C’est
là que je me suis mis à la contrebasse.
Depuis, les deux instruments sont assez
interchangeables pour moi : je peux faire un
gig sur l’un ou l’autre, peu importe le style.
Mais j’aime bien utiliser la contrebasse
en sortant un peu des sentiers battus. Je
me sens chanceux, car j’ai été inspiré tout
jeune par la Motown, dont Détroit est le
berceau. En réalité, j’ai d’abord découvert le
label Stax et le bassiste Duck Dunn ; j’ai un
peu fait le chemin à l’envers... Par ailleurs,
on entendait de super bassistes dans mon
adolescence, de Ron Carter qui jouait sur
un album de A Tribe Called Quest, à MCA
des Beastie Boys qui faisait des choses très
inventives. Je vivais entouré de références
anciennes et nouvelles.
Tu as rencontré Jack White pendant ta
scolarité. Quelles ont été tes premières
impressions ?
Nous nous sommes rencontrés vers l’âge
de 9 ans, mais nos parents se connaissaient
déjà. Je venais de changer d’école pour
entrer dans celle où Jack allait. Là, j’ai
appris qu’il jouait de la guitare... Il avait tant
de frères et sœurs plus âgés (Jack White
est le cadet d’une famille de 10 enfants,
ndlr) que sa maison était remplie d’un tas
de choses : des équipements de foot, de
hockey et de nombreux instruments de
musique. On s’est mis à traîner chez lui pour
jouer et apprendre ensemble, vu qu’on avait
du matériel sur place, des micros, etc. Tout
jeunes, nous avons installé un système de
sonorisation dans son grenier et nous avons
commencé à nous enregistrer.
Et comment vous êtes-vous retrouvés plus
tard à travailler ensemble ?
Nous étions restés en contact tout ce
temps, mais Jack était concentré sur les
White Stripes pendant un bon moment et
ne faisait pas vraiment appel à d’autres
musiciens. En 2005, il m’a appelé pour
enregistrer un morceau avec lui à Nashville.
C’était un projet avec Bob Dylan pour un
hommage à Hank Williams. Par la suite, j’ai
joué sur son premier album solo et j’ai été
impliqué sur quasiment toutes les tournées
et les albums solo depuis cette époque.
Les deux derniers albums de Jack White,
Fear of the Dawn et Entering Heaven Alive,
laissent beaucoup de place à la basse. Jack
joue de la fretless sur plusieurs morceaux
et a en partie composé dessus. Comment
s’est déroulée leur réalisation ?
Il avait beaucoup travaillé en amont pendant
le confinement et j’avais entendu quelques
maquettes qui sont apparues plus tard sur
« Beaucoup de musiciens sont d’abord claviéristes ou guitaristes
et jouent de la basse par obligation, mais personnellement,
j’ai vraiment été attiré par l’instrument. »
les deux albums, où la basse était assez
mise en avant. Lorsqu’il y a eu suffisamment
de morceaux dans les tiroirs, nous nous
sommes vus pour jouer « A Tip From You To
Me » et « Please God, Don’t Tell Anyone »,
notamment. Nous ne savions pas encore à
quoi cela allait ressembler, mais nous avons
enregistré quelques démos. Jack travaille
très vite, donc le premier jour nous avions
déjà joué quatre ou cinq titres.
Bien qu’ils aient été composés dans
le même temps, ces deux albums sont
finalement très différents. Fear of the
Dawn est un prog rock avant-gardiste
aux riffs saturés et Entering Heaven Alive
un voyage folk introspectif avec des
grooves pleins de soul. Mais c’est un peu
ta spécialité, de jouer des styles presque
opposés ?
C’est vrai que je suis un peu caméléon.
Jack et moi avons grandi en jouant du
punk rock, puis nous avons découvert le
hip-hop. Lorsque je suis entré à la fac, je
me suis intéressé à la folk, au bluegrass
et à la old-time music. Je peux m’adapter
dans ces genres et être pareillement
satisfait, d’autant qu’on peut y retrouver des
connexions. Jack est aussi comme ça : nous
adorions Iggy Pop, mais il aimait aussi Bob
Dylan et Stan Rogers, tout le mouvement
folk revival.
On remarque toutes ces influences sur
« I’ve Got You Surrounded » qui est à la fois
jazzy, funk et rock’n’roll, et juste après tu
passes à la contrebasse sur « Queen of The
Bees ».
Oui, « Queen of the Bees » était particulière.
Généralement, nous enregistrons avec

BASSISTE 49
un setup live : Jack a un petit studio et
d’habitude nous sommes tous dedans et
il y a de la repisse dans son micro pour
batterie. Mais ce morceau est composé de
plein de petits bouts, comme un patchwork.
Alors nous sommes partis de la démo et j’ai
dû enregistrer la contrebasse seule. C’est
arrivé plusieurs fois sur cet album, Jack a
même joué toutes les parties sur certaines
chansons. C’était la première fois que
nous entendions la batterie seule, puisque
normalement le micro captait les guitares
et autres.
Pour les tournées, tu ne connais pas
vraiment la setlist en amont : il y a pas mal
d’improvisation et il faut être en phase les
uns avec les autres. Jack a d’ailleurs dit
dans une interview que c’était l’une de tes
qualités.
Oh wow, c’est intéressant (sourire) . Oui,
j’ai les oreilles grandes ouvertes. Je me
souviens que lorsqu’il terminait Blunderbuss
(2012), Jack m’a appelé car il montait un
groupe pour partir en tournée et il voulait
« Quand Jack White entre en scène, il commence à jouer et il faut tout de suite arriver
à suivre. Mais c’est chouette, ça nous tient en haleine ! »
50 BASSISTE
que je vienne répéter. Il m’expliquait
qu’avec les White Stripes, il pouvait
faire tout ce qu’il voulait en live : c’était
simple puisqu’il n’était qu’avec Meg
et qu’ils jouaient des chansons qu’ils
connaissaient tous les deux, donc ils
pouvaient se lâcher. Il me demandait si
je pensais que c’était possible de faire la
même chose avec un groupe. Je me disais
qu’avec assez d’entraînement, c’était
certainement faisable. Et c’est ce qui se
passe aujourd’hui : il entre en scène, il
commence à jouer et il faut tout de suite
arriver à suivre. Mais c’est chouette, ça nous
tient en haleine ! Parfois, il entame au piano
une chanson qu’il joue à la guitare sur le
disque, ou dans une autre tonalité, alors il y
a toujours un court instant de : « OK, quelle
est la chanson qu’on est en train de jouer ? »
Et même : « Est-ce que je connais cette
chanson ? » (rires) Mais je me sens assez à
l’aise dans cet exercice.
Comment abordes-tu les reprises des
morceaux des White Stripes sur scène,
étant donné qu’il n’y a pas de basse à
l’origine ?
Il y a deux approches. Sur pas mal de titres,
je crée ma propre ligne de basse, mais pour
un morceau comme « The Hardest Button
to Button », je deviens le pouce de Jack :
je joue les graves et on se cale ensemble.
Parfois, pour reproduire le son de Jack,
j’utilise un médiator et j’attaque la corde
vers le haut en la mutant un peu. Mais il
reste certaines chansons où je ne sais pas
vraiment pourquoi je joue, comme « You
Don’t Know What Love Is (You Just Do As
You’re Told) » (rires). J’essaie juste de me
caler sur la grosse caisse et de me mettre
en retrait pour laisser la voie libre ! Même
pour « Icky Thump » : cette chanson est
déjà tellement parfaite sans la basse, alors
je prends presque le rôle d’une deuxième
guitare. Surtout, il faut laisser beaucoup
d’espace. Par exemple, sur cette tournée,
nous aimions bien jouer « Ball and Biscuit ».
Mais parfois, nous arrivons dans un moment
d’euphorie où nous sommes inspirés et
nous commençons à nous enflammer, donc
« Tout jeunes, avec Jack White nous avons installé un système de sonorisation dans son grenier et
nous avons commencé à nous enregistrer. »
la guitare n’est plus planante au-dessus de est dans l’intérêt du morceau : il fait des
nous. On en a discuté et on s’est dit qu’il choses incroyables sans chercher à prouver
était mieux pour la chanson de faire au plus quoi que ce soit ni à se mettre en avant.
simple et direct possible, tout en ayant du Il joue de manière économe et directe, et
feeling et en ne se frustrant pas non plus ! cela se reflète dans son setup (avec les
fûts penchés vers l’avant, ndlr)  : il se limite
Tu sembles avoir une belle alchimie avec le presque lui-même en ne se laissant pas
batteur Daru Jones : qu’apprécies-tu dans l’accès le plus simple au set de batterie.
son jeu ?
Daru vient aussi du Michigan. Il jouait Sur quel type de matériel aimes-tu jouer ?
avec le rappeur Black Milk et il était déjà J’adore ma vieille Kay, j’aime les
reconnu au niveau national. J’étais fan de contrebasses en contreplaqué, mais je ne
son travail avant même que l’on commence l’emporte pas en tournée. Nous sommes
à jouer ensemble ! Il connaît parfaitement entourés de nombreuses personnes et je
les chansons, mais ne les jouera pas deux risque de ne pas la revoir avant un moment
fois de la même manière. Chaque détail si je la leur confie, alors que j’ai aussi
des sessions de mon côté. J’utilise donc
une contrebasse chinoise Palatino bon
marché pour la route. Obtenir un bon son
de contrebasse sur scène est difficile. J’ai
l’impression que plus l’instrument sonne
bien en acoustique, plus il est compliqué
de l’amplifier, car dès qu’on augmente le
volume, cela fait du feedback. Comme le
son de la Palatino est déjà un peu éteint
de base, je bouche les ouïes et j’utilise un
micro Fishman Full Circle et ça marche
vraiment très bien. J’ai un préampli Avalon
à lampes, avec un compresseur et un
EQ, qui me permet de constater quand
arrive le feedback et de jouer avec les
réglages. Généralement, ça commence
BASSISTE 51
à crier quelque part dans les 200 Hz, beaucoup le processus de création d’un pourrait penser qu’il y a des secrets de
entre le Si, le Do et le Do dièse. Sur cette disque. fabrication mais en réalité il n’y a pas de
dernière tournée, j’ai utilisé un tout nouvel formule magique, de machine, de réglage
instrument : la Upton Suitcase Bass. Qu’as-tu appris auprès des artistes avec ou de bande particulière... Le principal
C’est une petite valise qui contient une qui tu as travaillé et qui s’autoproduisent, est d’obtenir un beau son live et de
contrebasse en pièces détachées, que l’on comme Jack White ou Buddy Miller ? l’immortaliser. Il faut modeler en amont les
monte en vissant le tout. Et ça sonne très J’étais un énorme fan de Buddy Miller. On sonorités, ne pas travailler trop vite en se
bien, je l’aime beaucoup. Les micros sont
des Wilson. Par ailleurs, j’aime les cordes en
boyau, leur son un peu usé. Je trouve que « C’est vrai que je suis un peu caméléon. Jack et moi avons
ça aide avec le feedback. J’ai des Pirastro
Oliv : on peut aussi les utiliser avec l’archet
grandi en jouant du punk rock, puis nous avons découvert le
et elles ont presque un toucher acier. Pour
les basses électriques, ma principale en live
hip-hop. »
est une Jazz Bass de 1971 que je passe au
travers d’un Ampeg SVT.

Et tu utilises beaucoup d’effets ?

Oui, j’ai un énorme pedalboard. J’ai un vieux
POG et un Micro Synth Electro-Harmonix, un
Octave MXR... Je possède aussi la version
basse de la Third Man Bumble Buzz, la Sub
Buzz par Union Tube & Transistor. C’est
donc principalement une combinaison
d’octaver et de fuzz. J’ai récemment ajouté
une JHS Colour Box que j’aime beaucoup,
une émulation de Neve. Dans « Seven
Nation Army », j’ai ma Sub Buzz et l’Octave
à fond et quand je repasse en clair, le son
dry sans effets semble un peu faiblard, alors
j’utilise la Colour Box pour lui donner un peu
de corps.

Tu portes aussi une casquette de

producteur. Qu’est-ce qui t’a amené à ce
rôle ?
Un membre du groupe aujourd’hui décédé,
Ikey Owens, notre claviériste, me disait tout
le temps : « Mais tu es déjà un producteur ! »
Et il est vrai que je produisais certains
groupes dans lesquels je jouais. Notre
position de musicien n’est pas facile, car
quand tu voyages beaucoup, ton emploi
du temps n’est pas stable. L’avantage de
la production, c’est que le projet démarre
et s’arrête avec toi. Donc Ikey me poussait
un peu pour m’aider pendant les temps
où l’on ne tournait pas, je pense. Et je
crois que la production me réussit plutôt
bien ! On touche à tout, de coordonner les
plannings à gérer avec les studios... Avant
d’être musicien pro, j’étais bibliothécaire
musical, alors l’organisation, ça me connaît
(rires) . Après la tournée de 2018 avec Jack
et pendant la pandémie, jusque l’année
dernière, je me suis concentré sur la
production pour différents projets. J’aime

52 BASSISTE
disant qu’on réglera tout en post-production. Généralement, si
ça sonne bien dans la pièce, ça sonne bien sur l’enregistrement.
Je crois que c’est ce que je retiens de ces collaborations : il n’y
a pas de solution de facilité. En tant que producteur, j’essaie de
bien communiquer tout en restant un peu en retrait pour laisser
des libertés. Je ne cherche pas à imposer un point de vue.
J’essaie d’avoir une vision d’ensemble, de me focaliser sur des
éléments qui peuvent vite être négligés comme d’établir une
connexion entre l’auditeur et la chanson.

Tu as emménagé à Nashville il y a dix ans. L’industrie musicale

y est florissante et il y a énormément d’artistes qui partent s’y
installer...
Lors des répétitions pour la tournée de Blunderbuss , je suis
resté à Nashville environ deux mois et régulièrement, je
devais revenir pour travailler sur des disques. Alors ça faisait
sens d’emménager ici. Ma femme Rachael Davis est aussi
musicienne, dans le trio appelé les Sweet Water Warblers.
L’une des attractions majeures ici, c’est que faire de la musique
son métier est totalement normalisé. La plupart des artistes
ont des enfants à emmener à l’école, alors il est un peu plus
habituel de faire des horaires de bureau : on arrive vers 9 h,
à 10 h on commence l’enregistrement et on a cinq ou six
chansons bouclées pour 17 h. C’est une machine bien huilée.
Et évidemment, il y a aussi beaucoup d’industries dans le coin,
des managers, des agents, etc. J’ai eu de la chance, car peu
après mon installation, Fats Kaplin, qui a joué de la guitare steel
pour Jack et Buddy Miller, m’a aidé à trouver un boulot. J’ai
joué pour la série télé Nashville d’ABC : cela représentait deux
ou trois sessions par semaine et j’ai rencontré énormément
de gens du milieu. Nous avons fait presque tous les studios de
Nashville.

Pour finir, quels sont tes projets à venir ?

Il y a un nouvel album des Hooten Hallers qui vient juste de
sortir et que j’ai produit, Back In Business Again . Je travaille
régulièrement avec Greensky Bluegrass également : ils ont sorti
un opus récemment, Stress Dreams , et il y a un album live en
préparation. Je pense aussi à Tania Elizabeth, la joueuse de
fiddle des Avett Brothers, qui est une amie de longue date :
nous avons fait un album qui devrait bientôt sortir. •

« En production, il faut modeler en amont

les sonorités, ne pas travailler trop vite en se
disant qu’on réglera tout en post-prod. »

MATOS
Basses et contrebasses : Contrebasse Kay, Palatino Billy Bass,
Upton Suitcase Travel Bass, Fender Jazz Bass 1971
Ampli : Préampli Avalon, tête Ampeg SVT-4 Pro et baffles Ampeg
Effets : POG Electro-Harmonix, Micro Synth Electro-Harmonix,
MXR Bass Octave Deluxe, Sub Buzz Union Tube & Transistor, JHS
Colour Box
 h o p p in g
S de Noël
Tout pour se faire plaisir à moins de 600 €
La période de Noël, c’est l’occasion pour certains de commencer la basse, pour d’autres
de s’équiper ou de se faire offrir un petit plus pour compléter son matériel. Nous avons
volontairement placé une barre symbolique de 600 € à ne pas dépasser.
Plutôt que vous proposer un guide exhaustif, nous avons préféré sélectionner un instrument dans
chaque catégorie qui nous semblait offrir le plus au meilleur prix. Il s’agit également de donner
des idées et aussi de sortir un peu des sentiers battus en vous proposant surtout des outsiders
dans chaque catégorie. De fait, que vous soyez débutant, confirmé, ou que vous ayez acheté ce
magazine pour trouver un cadeau pour un ami musicien, voici de quoi mettre des choses sous le
sapin sans vous ruiner. Sachez enfin que si nous faisons le choix de présenter le prix catalogue du
constructeur, les prix en magasin sont souvent bien moins élevés.
Par Régis Savigny

B a s s e s On a tendance à résumer la basse à une seule catégorie

d’instruments : une 4-cordes solidbody à électronique passive. Voici
de quoi faire mentir cette image d’Épinal avec des 5 et 6-cordes, des
instruments headless et des acoustiques ou électro-acoustiques…

KALA U-BASS JOURNEYMAN

Pour commencer, voici un instrument surprenant. Apparues vers 2008 en faisant revivre un principe
rencontré dans les années 1980 chez Guild / Dearmond avec l’Ashbory Bass : les cordes en matière
synthétique. On oublie le silicone, certes très efficace mais pénible à entretenir (talc obligatoire),
pour une matière plus stable et directement jouable. La basse est minuscule, plus petite qu’une
guitare, et on se trouve bien plus proche du ukulélé que d’une basse. En revanche, question son,
c’est impressionnant puisqu’on croirait entendre une contrebasse. Un simple capteur piézo sert
à motoriser l’engin qui, en revanche, ne donne pas un son acoustique très probant. La jouabilité
est maximale si ce n’est qu’il faut soigner l’intonation, puisque les frettes qu’on voit sur le
manche ne sont que des lignes peintes et que l’instrument est fretless. Cela permet des effets
de jeu très libres, glissandi et tutti quanti. D’ailleurs, on peut également obtenir des effets
inédits de basse synthé en tapant les notes directement sur la touche. Cette dernière est
en noyer, le reste de l’instrument étant en acajou. Le look est hors du commun mais discret,
s’intégrant parfaitement à un groupe acoustique là où les Ashbory des 80’s tranchaient
avec leur look funky et donnaient une fausse image de leur sonorité réelle. Attention aux
effets qui passent plutôt moins bien que sur une électrique sauf peut-être les octavers,
chorus, delays et reverbs qui sont à la fête. Finalement, seuls les drives et compresseurs
semblent lui résister. Un véritable instrument qui fera mouche dans nombre de
situations que ce soit sur scène et en studio. Le prix est une bénédiction tant le rendu
est tout sauf cheap.

CONSTRUCTEUR : WWW.KALABRAND.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.HTD.FR

 
Prix conseillé

349 €
54 BASSISTE
  
Prix conseillé

419 €
SQUIER CLASSIC VIBE 60’S MUSTANG
La série Classic Vibe reste une référence du marché malgré un changement dans la politique de la
maison mère. Retrouver la qualité et l’esprit des instruments japonais du début des années 1980
quand Fender USA avait cessé la production, voilà le but de cette série. La Mustang ici présentée ne
faisait pas partie du catalogue à l’époque, mais y trouve tout naturellement sa place. Conçue avec
l’idée d’équiper les jeunes musiciens, la Mustang a séduit bien au-delà de son public. Son diapason
court (on dit short scale) rend la tension des cordes singulière et soit on garde un tirant standard mais
on a des cordes souples, soit on prend un tirant supérieur pour garder la tension équivalente à un
diapason standard mais les cordes seront plus épaisses, c’est au choix. Exit l’aulne, le palissandre :
ici, le corps est en nyatoh et la touche en laurier, et seul le manche conserve un érable de bon aloi.
On retrouve ce qui a fait le succès de ce modèle dont le fameux micro splitté qui offre une sonorité
de simple bobinage tout en profitant d’une suppression des bruits par opposition de phase. Du coup,
le son est franc et direct comme sur une Precision, mais avec un petit truc craquant dans l’attaque
qui rend cette basse irrésistible. Petite astuce : vous passez les cordes en filées plat, vous mettez un
tout petit peu de drive à l’ampli et surtout vous attaquez au médiator… Retour dans le temps
garanti !
Une valeur sûre qui offre deux options de finition, toutes deux très vintage dans
l’esprit. Le prix en fait un cadeau pour tous, débutants aux petites mains,
guitaristes, bassistes pros qui veulent un son plus funky pour les sessions…

CONSTRUCTEUR / DISTRIBUTEUR : WWW.FENDER.COM

illé 
Prix conse

469 €
EPIPHONE ORIGINAL BASS VIOLA
C’est le monde à l’envers ! Ceci est un des rares exemples de fabricants d’origine américaine
copiant un design européen. La première Viola Bass était une Höfner qu’un obscur Paul McCartney
a fait sortir de l’ombre en l’adoptant au sein des Beatles, et pour cause, puisqu’il s’agissait de la
seule basse qu’il pouvait retourner et jouer en gaucher sans que cela ne rompe l’équilibre visuel.
La version Epiphone qui existe depuis un paquet de temps est un peu moins fruste d’un point de
vue sonore que l’originale, pas évidente à dompter. Ici, on a un peu plus de sustain et surtout les
micros sont très bons pour un instrument de ce prix. Le manche est également un short scale
d’un peu plus de 30 pouces et le look global, s’il s’approche de la Höfner, est assez
cossu.
Jouée en filées rond, on dispose d’un son plutôt rondouillard avec un petit côté
nasal dû à la caisse creuse et au chevalet type jazz. On peut attaquer un gros
stack à lampes pour accompagner des ballades folk ou rock sans souci. Bien
évidemment, c’est quand on passe le tout en cordes filées plat qu’on se rapproche
dangereusement des sonorités typiques de la pop anglaise des années 1960.
Plaisante à jouer et visuellement très réussie, cette Bass Viola est une réussite
totale qui combine l’exploit de rendre hommage à l’originale tout en injectant
un petit côté Gibson (la maison mère d’Epiphone pour ceux qui ne le savent
pas encore) à l’ensemble. Un de nos modèles préférés chez ce constructeur
qui plaira tout autant aux débutants qui savent ce qu’ils veulent (attention, on
se limite en choisissant ce modèle comme premier instrument) qu’aux pros qui
ont besoin de cette sonorité inimitable dans leur arsenal.

CONSTRUCTEUR / DISTRIBUTEUR : WWW.EPIPHONE.COM

BASSISTE 55
 SIRE MARCUS MILLER D5
Prix conseillé
  On vous avait bien dit qu’on chercherait plutôt des outsiders et

559 €
la Sire Marcus Miller l’est doublement. D’une part, ce n’est pas la
marque qui a produit le design que nous vous présentons ici, d’autre
part, ledit design n’est pas le plus populaire chez cette marque, ce qui
fait deux raisons pour nous y intéresser. Nous connaissons la marque Sire
qui, avec la signature de Marcus Miller propose des instruments très sérieux
à des prix planchers. Nombre de musiciens sérieux, pour ne pas dire pro, ont
ainsi acheté une de ces basses soit pour faire un instrument de secours, soit pour
tester un modèle alternatif, et ont fini par les garder.
La Precision façon 1951 est un instrument un peu différent de ce à quoi on pense
quand on parle Precision. On ne dispose pas du micro en deux parties, mais d’un simple
bobinage au look plus direct. D’ailleurs, la Sire D5 reprend ces lignes frustes en adaptant
un peu les choses ça et là pour ne pas verser dans la copie servile. On retrouve les bois
qui fonctionnent bien sur ce modèle : aulne pour le corps, érable torréfié pour le manche.
L’électronique est bien évidemment purement passive et offre les contrôles nécessaires
pour driver le micro maison.
L’authenticité des sonorités délivrées par cette D5 en font un instrument totalement
recommandable quel que soit le style de musique qu’on joue. Certes, les jazzeux
manqueront un poil de mordant, oui les metalleux vont râler parce qu’on prend aussi bien les
saturations que la ronflette, mais pour le reste c’est du tout bon. Un sillet en os finit de nous
convaincre que chez Sire, on met les petits plats dans les grands pour offrir à tout le monde un
accès au gros son. Sans doute notre modèle préféré de la marque.

CONSTRUCTEUR : WWW.SIRE-USA.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.IMS-DISTRIBUTION.FR

 
Prix conseillé

EKO VPJ280V 225,50 €

Une basse à moins de 300 € reste un exercice difficile à réaliser quand on souhaite certes
rogner sur le cahier des charges pour ne pas grever le prix, mais tout de même maintenir
une qualité suffisante. La marque Eko, connue pour ses instruments cheap des années 1960
à 1970 notamment, reprend du service avec une VPJ280V très séduisante ne serait-ce
que par son look vraiment soigné. Le gabarit et les proportions générales nous rappellent
le modèle Precision de chez qui vous savez et la configuration micro est un mélange de ce
modèle et du modèle Jazz. Le tout est passif et dirigé par deux volumes et une tonalité.
Aulne pour le corps, roupana pour la touche (on évite ainsi le palissandre), érable pour le
manche, c’est une équation plutôt efficace en général. On aime la finition générale qui
est plutôt classe dans ce sunburst très classique. On nage en plein esprit sixties, bien que
la configuration micro soit plus contemporaine. L’instrument est facile à jouer et
demande tout de même un peu de poigne, ce qui est normal et fait partie du
charme de ces instruments. La sonorité P est très bien équilibrée, même si on a
quelques aigus en trop qu’on aura tôt fait de calmer avec la tonalité. Le micro
Jazz fonctionne bien également : on usera aussi de la tonalité pour garder du
corps, ce qui influe un peu sur le niveau de sortie. La combinaison des deux
ne fonctionne pas aussi bien que sur une Jazz Bass, pour la simple raison
que sur toutes les PJ de n’importe quelle marque c’est le cas également,
mais ce n’est pas pour cela que ce n’est pas exploitable ni inintéressant,
juste moins percutant et plein. Le prix est vraiment bas, mais
l’ensemble reste très cohérent. Une bonne basse pour débuter ou
en tant que second instrument.

CONSTRUCTEUR : WWW.EKOGUITARS.IT
DISTRIBUTEUR : WWW.ALGAM-WEBSTORE.FR

56 BASSISTE
STEINBERGER SPIRIT ORIGINAL XT-2
À une époque où les basses headless reviennent en force, on peut avoir intérêt à se tourner
vers le constructeur qui a initié le principe. Si aujourd’hui on se sert de ce design pour vendre des
instruments très chers, Steinberger a depuis des années choisi de produire une ligne d’instruments
abordables sous la marque Spirit. On bénéficie donc du fait que, pendant des années, ces instruments
n’étaient pas très désirables, ce qui maintient encore les prix dans une zone abordable.
On retrouve la ligne des premières Steinberger en fibre de carbone, mais ici avec un corps et un manche en érable.
Le profil du manche, en revanche, prend ses distances puisque sur la XT-2, c’est plus fin, dans un esprit Jazz Bass.
Pour le reste, si le dessin est minimaliste, on garde le diapason d’une basse standard. Les deux micros sont des
doubles bobinages passifs contrôlés par deux volumes et une tonalité.
Pas de mécaniques en haut du manche, il faut chercher du côté du cordier / chevalet qui incorpore un système de
mécaniques coaxiales qui offre un ratio confortable de 40:1. Par contre, seules des cordes à double boule pourront
être utilisées. La stabilité et la précision de l’accord sont vraiment impressionnantes, surtout, l’attaque est très
nerveuse, puisqu’on n’a pas de longueur superflue de corde derrière le sillet. Un instrument plutôt typé rock, mais
qui ne rechigne pas à explorer d’autres territoires. Le poids plume, la longueur réduite, la compacité permettent
vraiment d’emporter cette basse partout et pour ceux qui n’aiment pas jouer avec une sangle, une cale située sous
l’instrument se déplie pour offrir un appui sur la cuisse.

CONSTRUCTEUR : WWW.STEINBERGER.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.GIBSON.COM

 
Prix conseillé

420 € Environ

IBANEZ SR306EB
Mieux que 4-cordes, mieux que 5-cordes, voici une 6-cordes ! Bien évidemment, le concept n’est pas nouveau, mais ce qui l’est
c’est la possibilité de trouver des instruments jouables et bien conçus pour un prix presque dérisoire. Pas évident en effet de tenir
la tension des deux cordes supplémentaires de Si grave et Do aigu. Ibanez a opté pour un manche en sandwich érable / noyer
qui permet de rigidifier l’ensemble sans trop de bricolage avec un double truss rod. L’électronique est active avec deux doubles
bobinages drivés par un volume et une balance micro, un sélecteur permettant de jouer sur le câblage de chaque micro et une
égalisation à trois bandes. Le parti pris est résolument moderne, ce qui semble logique puisque les joueurs de six-cordes sont bien
souvent associés à des styles un peu pêchus, si on excepte Anthony Jackson et consorts bien évidemment.
La finition enfonce le clou, mais l’ensemble ne fait pas bon marché malgré le prix très abordable de cette basse. Les économies ont
été faites sur les bois puisqu’on a du nyatoh pour le corps et du jatoba pour la touche, toutefois, dans un contexte où on cherche à
la fois de la définition et une sonorité un peu sèche qui s’accorde bien avec de la saturation, cela ne pose pas de problème et peut
même se révéler être un atout.
La jouabilité est excellente et on veillera à entretenir régulièrement la touche et effectuer les réglages de base (ou les faire faire si
vous ne vous sentez pas) pour profiter au maximum de cette petite bombe (rassurez-vous, ces conseils sont valables pour tous les
instruments, en particulier les six-cordes).

CONSTRUCTEUR : WWW.IBANEZ.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.HOSHINOEUROPE.COM

 
Prix conseillé

499 €
BASSISTE 57
 OVATION CELEBRITY ELITE PLUS CEB44X
Encore un design classique qui pourtant a fait l’effet d’une bombe lors de son apparition. Si cet
instrument reprend plus ou moins une forme traditionnelle de basse acoustique, sa conception est
tout autre. La caisse de l’instrument est bombée et fabriquée en Lyrachord, un matériau composite
issu de la recherche aéronautique. Ce dernier point n’est pas vraiment un argument marketing : il
se trouve juste que le concepteur des guitares Ovation travaillait dans l’aviation et s’est un jour
demandé ce que pourraient donner des instruments fabriqués avec des matériaux utilisés dans son
secteur. Les basses ne sont pas apparues de suite, mais le principe est le même. Si la caisse est
synthétique, la table, elle, est en érable hautement figuré, le manche est en nato et la touche en
ovangkol. L’électronique est articulée autour d’un capteur piézo que pilote un préampli OP4BT de la
marque. La sonorité acoustique est anecdotique, comme bien souvent sur les basses acoustiques,
sauf à y consacrer un budget largement au-dessus de notre limite de 600 €. En revanche, branchée,
l’Ovation Celebrity fait mouche. Le son est précis et chaud, dans la limite de ce que permet un piézo,
certes, mais c’est vraiment pertinent dans un contexte electro quand on ajoute une guitare
par-dessus et une batterie ou un cajón à côté. La jouabilité est excellente et il faudra juste songer
à conserver le même tirant ou aller faire un tour chez le luthier pour prévenir toute déformation
structurelle, toujours possible avec le temps et qui pourrait détériorer le confort. C’est vrai
pour tous les instruments, mais plus encore avec une basse acoustique. Une valeur sûre du
marché qui reste très abordable.  
Prix conseillé

571 €
CONSTRUCTEUR : WWW.OVATIONGUITARS.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.GEWAGUITARS.COM

 
Prix conseillé

590 €
YAMAHA BB235
Une bonne 5-cordes peut aussi faire partie d’un arsenal de base. Toutefois, il n’est pas toujours nécessaire
de sortir tout ce qu’il y a dans le PEL pour s’offrir de quoi travailler sereinement. Yamaha a bien compris
cela et propose depuis très longtemps des basses 5 cordes dans son offre d’entrée de gamme. Nous avons
choisi la BB235 qui reprend des codes visuels datant d’il y a quarante ans en les modernisant quelque
peu, notamment via des couleurs assez tendance.
Les bases de la lutherie sont très solides, puisque le corps est en aulne, le manche en érable et la
touche en palissandre : c’est donc du classique. L’électronique est constituée d’une paire de micros
P et J, câblés sur une électronique passive représentée par deux volumes et une tonalité. Rien de
spectaculaire, mais quand la lutherie est bonne, on peut faire beaucoup de choses avec ces deux
micros. Le diapason est de 34 pouces ce qui assure une tension suffisante, mais il faudra veiller à ne
pas utiliser de cordes beaucoup moins épaisses que la .130 du jeu monté en usine pour la corde
de Si grave. En situation de jeu, on trouve très vite ses marques et question polyvalence,
on peut dire que la BB235 se pose là. Ceux qui ne jurent que par l’actif pourront toujours
placer un petit préampli en sortie avant le reste du pedalboard pour aller titiller graves
et aigus, mais en ce qui concerne la musique de tous les jours, cet instrument assure le
boulot dans 95 % des cas. On adore.

CONSTRUCTEUR / DISTRIBUTEUR : WWW.YAMAHA.FR

58 BASSISTE
  
Prix conseillé

SCHECTER 610 €
OMEN-4 BLACK
Une bonne basse active à 4 cordes,
c’est souvent ce que recherchent
les débutants ou les amateurs de
sensations fortes. Il est vrai que c’est
presque un standard du marché et
qu’il n’est pas nécessaire de commencer
par un instrument passif, surtout quand
on a une appétence marquée pour
les musiques velues. Cette Schecter
Omen est en finition noir brillant,
ce qui est un détail qui peut avoir
son importance quand on recherche
le look ultime. Le corps est en
tilleul : ça ronronnera moins que de
l’acajou, mais l’électronique sera là
pour assurer les graves si besoin. Le
manche est en érable et la touche
en palissandre : c’est un peu plus
classique et c’est tant mieux sur ces
postes stratégiques. L’électronique
est plutôt standard sur ce genre
de basses : on trouve deux
pavés contrôlés par une
électronique active. De
quoi envoyer du gros son
et couper au travers de la
saturation sans avoir besoin
de mettre des tonnes de gain.
On ne parle pas du confort de
jeu qui est optimal, avec un
accès aux dernières cases
facilité par le dessin de la
caisse plutôt moderne
dans l’esprit, à l’image
du profil de manche.
Le sillet de tête est en
Tusq, ce qui assure une
bonne tenue de l’accord,
en combinaison avec les
mécaniques à bain d’huile.
En situation, cette basse assure
le taf sans coup férir et permet de
se sculpter un son moderne et agressif si on le souhaite.
L’égalisation deux bandes oblige à se contenter des
médiums de base, mais on peut tricher en simulant une
bosse ou un creux en utilisant les potards grave et aigu.
Pour les amateurs de sons plus roots, on peut s’en sortir
en coupant un peu le haut et légèrement le bas, et cela
fonctionne plutôt bien. Rien à redire, à ce tarif en plus,
qui dépasse un peu notre limite mais qui sera sans doute
plus bas que 600 € en magasin.

CONSTRUCTEUR : WWW.SCHECTERGUITARS.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.HTD.FR
 A m p l i s Sous la barre des 600 €, on ne trouvera pas de stack à lampes hurlant avec un baffle
8x10", mais pour autant, il y a largement de quoi faire, entre les amplis pour travailler à
la maison et les petites bombes bien compactes qu’on peut emmener partout avec soi
sans se ruiner le dos. Ici aussi, une belle sélection d’outsiders qui ont plus à proposer
que la concurrence dans cette gamme de prix.

MARKBASS
CMD JB PLAYERS SCHOOL 151
Cet ampli est conçu en collaboration avec Jeff Berlin qui, en plus de ses
activités de musicien de session, est également enseignant et avait besoin
d’équiper son école californienne d’amplis complets et abordables.
Le JB Players School 151 est un ampli compact construit autour d’un
haut-parleur de 15 pouces et d’un module d’amplification Little Mark
de 150 watts sous 8 ohms et 250 sous 4 ohms. C’est suffisant pour le
travail solo, les répétitions avec un batteur et les petits gigs quand on
n’a pas besoin de coller l’assistance au mur (sauf à le reprendre dans la
sono, évidemment). On retrouve les codes Markbass et au final, l’économie
est faite sur le poids de l’ensemble, un peu plus lourd que la gamme pro
du fabricant, même si on reste en dessous des 16 kg. Le son est typique
Markbass avec le médium caractéristique de la marque. On peut sculpter le
son à loisir grâce aux quatre bandes de l’égaliseur et des filtres typiques des
préamplis de la marque, qui permettent de passer d’un son vintage à quelque chose
de plus moderne, en tournant un bouton. On retrouve la connectique complète, dont une sortie
DI pour la sono, une boucle d’effets et même une sortie HP supplémentaire qui permet de profiter de
 
toute la puissance de cet ampli. Un compromis très bien pensé, qui permet à chacun de travailler en Prix conseillé

699 €
confiance et surtout d’évoluer si besoin est. Le prix public est bien plus élevé que celui pratiqué en
magasin si cela peut vous rassurer.

CONSTRUCTEUR : WWW.MARKBASS.IT / DISTRIBUTEUR : WWW.MOGARMUSIC.FR Environ

AMPEG ROCKET BASS 112

La série Rocket Bass propose de retrouver le look classique des combos Ampeg
dans des versions compactes, transportables et adaptées au travail au quotidien.
Le modèle RB-112, déjà présent dans notre guide de l’année dernière, est
particulièrement adapté aux débutants, mais aussi aux musiciens chevronnés
ayant besoin d’un ampli dans le salon ou dans le studio de répétition sans avoir
à sortir la grosse artillerie. D’ailleurs, le choix a été fait d’équiper ce modèle d’un
HP de 12 pouces, ce qui fait qu’on a vraiment une sensation de compacité que
même le plus étudié des 15 pouces ne peut qu’espérer approcher. La puissance
est raisonnable (100 watts), ce qui veut dire que le poids également, puisqu’on
n’a pas trop à surdimensionner alimentation et transformateurs. Le panneau de
contrôle offre tout ce qu’il est nécessaire d’avoir sur un ampli basse et même
plus. Ampeg oblige, on dispose d’un circuit nous offrant une saturation qui
rappelle bien la couleur de celle qu’on peut avoir sur les gros stacks à lampes
de la marque et qui ont marqué l’histoire du rock, sous le nom de Super Grit.
La partie droite du panneau est dévolue aux contrôles classiques de gain et
d’égalisation avec les boosts habituels de graves et d’aigus de la marque, qu’on
n’utilisera en général pas, sauf à rechercher un effet ou pour compenser un
instrument un peu limite. On trouve aussi une entrée auxiliaire et une sortie casque, ce qui en fait un
ampli idéal pour le travail ou la salle de cours. Ceux qui veulent emmener ce petit combo sur scène ne seront pas gênés par
ses 11 kg et pourront également envoyer un signal symétrique à l’ingénieur du son via la sortie DI sur XLR. Son look imparable
et le prix très bien étudié en font le bon investissement pour débuter sans être trop limité par la suite quand on veut jouer en
groupe. La gamme propose cependant des modèles bien plus puissants ou à l’inverse moins chers, en fonction des besoins et
budgets de chacun.
 
Prix conseillé
CONSTRUCTEUR : WWW.AMPEG.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.YAMAHA.FR
519 €
60 BASSISTE
ASHDOWN
ORIGINAL C112-300
Nous nous sommes permis une autre petite entorse à notre barre
symbolique des 600 € pour un ampli dont le prix public est un
poil supérieur. Toutefois, au vu des services qu’il peut rendre au
quotidien, il aurait été dommage de l’écarter pour si peu.
L’ampli se présente sous la forme d’un combo très compact
disposant d’un pan incliné offrant la possibilité de le placer
en direction des oreilles du musicien, ce qui permet de jouer
moins fort tout en s’entendant mieux. Il faut bien évidemment
composer avec cette allure un peu hors norme, mais avouons
que c’est bien pratique. La puissance annoncée commence à
être très confortable puisqu’on est ici à 300 watts sous 4 ohms.
La sortie se fait sur un HP de 12 pouces (aux dimensions très à
la mode, idéalement placé entre un 15 pouces trop encombrant
quand on cherche la compacité et un 10 pouces un peu léger en
graves quand on cherche la puissance) et un tweeter. La façade
avant comporte tous les contrôles et une majorité des entrées /
sorties, y compris le connecteur XLR pour la sortie DI. On dispose d’une
boucle d’effets également et on peut contrôler le niveau d’entrée via le
traditionnel vu-mètre qui signe les produits Ashdown depuis le début. Une
égalisation cinq bandes permet de vraiment s’attarder sur le son et corriger ou
 
colorer le signal si besoin est. Prix conseillé

625 €
En situation, ça envoie vraiment, même s’il va de soi qu’au sein d’un groupe un peu
bruyant, on ne va pas être des plus confort quand ça va vraiment envoyer, sauf à sortir sur
un baffle externe. Toutefois, dans l’immense majorité des cas, ça fera le job. Un ampli pro,
abordable et ultra-compact. Miam !

CONSTRUCTEUR : WWW.ASHDOWNMUSIC.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.FILLINGDISTRIBUTION.COM

 
Prix conseillé

179 €
WARWICK GNOME I
La technologie ayant évolué à vitesse grand V ces dernières
années, il n’est plus surprenant du tout de disposer d’une puissance
phénoménale dans un mouchoir de poche. Le Gnome i est de ces amplis incroyables
développant 200 watts sous 4 ohms (130 watts sous 8 ohms). Il offre tout ce qu’on est en droit
d’attendre d’un ampli sérieux, une égalisation efficace notamment, ainsi qu’une sortie DI pour alimenter la sono. Sa
taille permet d’envisager de laisser deux baffles, un à la maison et un autre en répétition et de ne se déplacer qu’avec
le Gnome i, qui peut se glisser dans l’étui de l’instrument puisqu’il pèse moins de 1 kg.
Là où Warwick a bien pensé la chose, c’est qu’on dispose aussi d’une sortie casque qui déconnecte la sortie baffle et
qu’on peut également utiliser l’appareil comme interface USB pour s’enregistrer directement et bénéficier des effets de
votre logiciel DAW (ou STAN si vous parlez français).
La sensibilité de l’entrée permet d’utiliser tout type d’instrument, actif ou passif, voire de gérer directement un piézo
passif, ce qui n’est pas si courant dans cette gamme de prix.
Difficile de faire plus compact en tout cas et cet ampli / interface offre vraiment une solution pratique de travail qui ne
trouvera sa limite que quand on aura besoin de beaucoup de dynamique à fort volume, ce qui est logique au vu de la
taille des éléments électroniques gérant l’alimentation et la puissance en sortie. Pour le reste, c’est un sans faute.

CONSTRUCTEUR : WWW.WARWICK.DE
DISTRIBUTEUR : WWW.HTD.FR

BASSISTE 61
 EBS REIDMAR 502
On s’est tout de même fendu d’une
tête à vocation semi pro / pro, avec
cette EBS Reidmar 502 qui propose
sans broncher 500 watts sous 2 ohms.
Pour arriver à atteindre cette impédance,
point n’est besoin d’acheter un baffle 2 ohms, même si c’est la solution la plus pratique : il suffit de brancher deux baffles
4 ohms sur les sorties prévues à cet effet. C’est d’autant plus appréciable quand on a déjà ses baffles et qu’on veut juste
changer de tête.
On dispose d’une égalisation quatre bandes avec médiums semi-paramétriques, un gain et un volume général, ce qui permet
d’envisager de faire saturer l’ampli. On trouve également un réglage de compression rendant possible l’utilisation du Reidmar
502 sans pédales extérieures.
La sortie XLR DI fait partie des prérequis pour tout amplificateur sérieux de nos jours, elle est donc bien présente. On trouve
aussi un switch character qui permet d’enclencher un boost des graves et aigus, afin d’obtenir un son plus creusé dans les
médiums.
À l’usage, à condition de le marier à des baffles qui encaissent bien, c’est assez redoutable et on peut tenir une grande scène
sans souci aucun. Il faut dire qu’on est un poil au-dessus des gammes proposées jusqu’à présent dans ce guide d’achat, mais
il en faut pour tout le monde. Avec les baffles, le budget dépassera largement les 600 euros, mais au pied du sapin, cette tête
sera du plus bel effet, d’autant qu’elle est vraiment compacte.
 
Prix conseillé

548 €
CONSTRUCTEUR : WWW.EBSSWEDEN.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.ALGAM-WEBSTORE.FR

VOX ADIO AIR BASS

Voici un hybride entre une enceinte Bluetooth et un ampli. Autant le dire tout de suite, il sera impossible d’envisager
de jouer cet ampli avec un batteur, ce n’est ici pas le propos. En revanche, pour ce qui est du travail quotidien sur
l’instrument c’est un combo idéal. Capable de restituer un mix stéréo sur 2x25 watts, le Vox Adio Air Bass offre
également une section dédiée à la préamplification d’une basse, via des modélisations d’amplis : 11 en accès direct, et
des effets (19 en tout). On ajoute à cela l’interface Bluetooth pour diffuser le son de son téléphone ou son ordinateur, un
accordeur intégré et plusieurs mémoires pour stocker vos programmes favoris et cela donne une idée de la vocation fun
de cet ampli. On peut également se servir de l’Adio Air Bass comme interface audio USB et il permet aussi d’amplifier
une source externe via un banal mini-jack. Le son est très agréable, bien qu’un peu compressé par le volume réduit de
l’enceinte, qui s’en sort relativement bien. Le mélange de l’audio externe et du son de l’instrument se fait correctement,
mais il faudra faire attention à ne pas être trop gourmand en volume. Dans le pire des cas, la prise casque sera là pour
offrir des sensations fortes, mais en silence pour l’extérieur.
Une solution domestique et nomade dans l’air du temps qui, malgré des limitations liées à sa nature, rend de grands
services aux musiciens de tous niveaux.

CONSTRUCTEUR : WWW.VOXAMPS.CO.UK / DISTRIBUTEUR : WWW.ALGAM-WEBSTORE.FR

lé 
onseil

299 €
Prix c

62 BASSISTE
 Fx
De plus en plus indispensables aux
sons de basse modernes, les effets
Prix conseillé

449 €
 

sont une bonne manière de se faire

un petit cadeau pour les fêtes, même
si certains appareils peuvent exploser
le budget, surtout si on tape dans
le numérique haut de gamme ou le
boutique. Voici une sélection tout à
fait subjective de pédales qu’on aime
et qui font du bien à l’instrument.

ZOOM B6
Ce processeur, en plus de proposer les sempiternelles modélisations d’amplis et d’effets, dispose d’une modélisation de boîtier
de DI, ce qui est bien souvent un maillon essentiel de la chaîne audio, en ce qui concerne notre instrument. L’avantage de disposer
d’un processeur dédié à la basse et non d’un appareil généraliste qui offre des presets pour basse, c’est que l’architecture entière
de l’appareil est optimisée. Non seulement c’est très utile pour le musicien ayant besoin de nombreuses sonorités, mais en plus,
c’est ultra-pédagogique quand on veut tester tel ou tel effet, puisqu’il n’y a qu’à l’appeler sans avoir besoin de racheter une pédale.
Une philosophie qui ne plaît pas à tout le monde, mais il faut avouer que ça fonctionne vraiment bien.

CONSTRUCTEUR : WWW.ZOOMCORP.COM / DISTRIBUTEUR : WWW.MOGARMUSIC.FR

ASHDOWN ENGINEERING
GEEZER BUTLER PEDAL OF DOOM
On n’a pas lésiné sur le clinquant avec ce modèle signature Geezer
Butler. Bien qu’il soit plutôt noir comme le veut la tradition, ce
préampli / overdrive en jette avec ses vu-mètres d’entrée et de sortie.
Jouant sur l’égalisation (5 bandes) pour moduler la saturation, cette
pédale offre un contrôle assez inédit sur le son et permet d’avoir deux
couleurs distinctes. Une des nouveautés les plus impressionnantes de
ces derniers mois en la matière, pour ceux qui aiment le gros son sans
 
pour autant tout noyer sous des tonnes de gain. Prix conseillé

CONSTRUCTEUR : WWW.ASHDOWNMUSIC.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.FILLINGDISTRIBUTION.COM 379 €
BOSS SY-1
Boss n’est pas le premier fabricant à avoir tenté la guitare synthé au format
pédale, mais comme la marque est étroitement liée à Roland qui, pour le coup,
a ouvert la voie, c’est tout comme. La SY-1 est le plus petit module de synthèse
pour basse et guitare au catalogue Boss. Pour autant, la technologie est mature
et le tracking est impeccable, bien plus probant que des légendes comme feu
l’Akai Headrush, par exemple. Capable de polyphonie comme de tenir une note
grâce à une fonction Hold, le SY-1 se paie le luxe d’offrir une boucle d’effets pour
traiter le son de synthé, avec un chorus ou une reverb entre autres. Un vrai plaisir
que de jouer des lignes funky sur cette pédale. Attention, si les programmes pour
basse sont faciles à appréhender, il faudra un peu d’imagination et de doigté pour
ne pas se faire dépasser par les arpégiateurs.

CONSTRUCTEUR / DISTRIBUTEUR : WWW.BOSS.INFO Prix conseillé

 

230 € Environ
 BEHRINGER BOD400
Le tour de force de Behringer est de réussir à produire des effets très proches des
modèles originaux avec une constance dans les valeurs des composants telle qu’on est à
peu près certain de ne jamais tomber sur un exemplaire mal calibré. De fait, les versions
précédentes de cette pédale avaient fait mouche à tel point que la BOD100 commence
à avoir une belle cote en occasion. La BOD400 fonctionne tout aussi bien en proposant
une égalisation deux bandes en plus des contrôles habituels de drive et de volume. Une
balance entre son saturé et signal d’origine complète le tout. Si ce n’était le boîtier en
plastique un peu limite pour une utilisation poussée, on la conseillerait même aux pros.
Et encore, avec un switcher externe, j’en connais qui n’hésitent pas une seconde. Un
achat recommandable à tout musicien désireux de colorer le son de son ampli.
 
Prix conseillé

30 €
CONSTRUCTEUR / DISTRIBUTEUR : WWW.BEHRINGER.COM

  Environ
Prix conseillé

MOOER MICRO DRUMMER 109 €

Alors oui, cette pédale est très moche et pas si récente, on vous l’accorde bien
volontiers. Toutefois, elle pourrait permettre à nombre d’entre vous de devenir
bien meilleurs musiciens encore. Son format microscopique la rend intégrable
dans à peu près n’importe quel rig et permet aux bassistes de pratiquer
non pas avec un métronome, mais directement un pattern de batterie, que
ce soit pour la technique ou pour composer. Elle propose plusieurs motifs
et variations, on peut gérer le tempo via un bouton tap et surtout, on peut
compenser les aigus pour que cela sonne en direct dans un ampli basse.
L’avantage du format pédale, c’est qu’on peut l’avoir prêt en permanence pour
travailler, sans devoir sortir une application sur le téléphone ou une enceinte
Bluetooth. Décidément, un des meilleurs achats de ce guide.

CONSTRUCTEUR : WWW.MOOERAUDIO.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.LAZONEDUMUSICIEN.COM
MXR M82 BASS ENVELOPE FILTER
On n’explique pas le fait que les pédales MXR, après avoir été sévèrement boudées
par les musiciens, reviennent en force, que ce soit en neuf ou sur le marché de
l’occasion. Ce peut être du fait d’une excellente politique marketing, notamment par
l’ajout d’une ligne custom shop et l’association avec CAE, ou le fait qu’elles ont un
look intemporel, proche des pédales boutique qui emploient souvent le même type de
boîtier. Il faut aussi avouer que ce sont de superbes outils qui sonnent parfaitement.
Voici pour preuve ce filtre dynamique M82 qu’on trouve sur nombre de pédaliers pro,
qui offre un côté funky à toute basse normalement constituée. Les potards inspirent
confiance et la sonorité est splendide, bénéficiant de réglages intuitifs et surtout d’un
potard de blend permettant de récupérer du son non traité. En plus elle est pailletée. Un
must. nseillé 
Prix co
CONSTRUCTEUR : WWW.JIMDUNLOP.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.ALGAM-WEBSTORE.FR 179 € Environ
PROVIDENCE BRICK DRIVE
Moins connue des bassistes que de leurs confrères et consœurs guitaristes, la marque
Providence met un point d’honneur à offrir un rapport signal / bruit optimum et à soigner tant
le design du circuit que la qualité et la régularité des composants entrant dans la fabrication
de leurs produits. Le Brick Drive est un préampli d’une facture irréprochable, offrant un contrôle
total sur le son de l’instrument, via notamment un buffer, une égalisation ultra-efficace, une
boucle d’effets et un drive dosable en intensité et en mix. On peut choisir de faire fonctionner
le bypass en mute pour s’accorder en silence ou changer d’instrument. La sonorité est pleine et
superbe (merci au voltage interne à 21 V). Une référence trop peu connue, qui pourrait bien vous
changer la vie.
 
Prix conseillé

299 €
CONSTRUCTEUR : WWW.PROVIDENCE-LTD.COM
DISTRIBUTEUR : WWW.FILLINGDISTRIBUTION.COM
 D i v e r s
BRUNO TAUZIN 25 COMPTINES À LA BASSE
Pourquoi ne pas attaquer la basse par la face comptines ? Parfait pour partager avec
ses enfants ou les mettre eux-mêmes à la basse. Les 25 comptines sont présentées en
partitions avec le backing track associé. Une manière fun de travailler l’instrument.
CONTACT : WWW.BASSEBRUNO.COM  
Prix conseillé

17,95 € À partir de

PAUL MCCARTNEY THE 7’’ SINGLES BOX

(Pantheon / Universal)
Si vous préférez laisser les autres jouer, voici le coffret d’un bassiste qui a décidé
de prendre son indépendance et parfois jouer tous les instruments lui-même.
Retrouvez 80 singles en vinyle, avec les pochettes originales, le tout accompagné de
raretés et inédits, ainsi que d’un livret de 148 pages et des notes d’enregistrement de
McCartney. Rare et pas donné. Pour les passionnés...
 
Prix conseillé

735 €
SITE MARCHAND : WWW.SHOP-PAULMCCARTNEY.FR

ANTHONY BOILE JEAN-JACQUES BURNEL,

STRANGLER IN THE LIGHT
Le bassiste, compositeur et chanteur des Stranglers, Jean-Jacques Burnel, se raconte dans
ce livre, résultant d’une année d’entretiens. Une somme de réflexions et traits d’humour
passionnante de bout en bout qui éclaire le parcours d’un musicien étrangement méconnu
en France et qui mérite pourtant qu’on lui accorde la place qu’il mérite au panthéon du rock.
420 pages, cahier de 40 photos.
 
ÉDITIONS LE MOT ET LE RESTE : WWW.LEMOTETLERESTE.COM Prix conseillé

28 € Environ

FRED PALLEM & LE SACRE DU TYMPAN X

Fred Pallem est un bassiste certes, mais avant tout un musicien de goût qui a pour credo
de remettre la musique au centre du jeu. De fait, toute sortie avec le Sacre du Tympan
est un petit événement qui se savoure. Ici encore, on retrouve le savoir-faire de cet
orfèvre de la composition et de l’arrangement qui n’hésite pas à brasser des influences
savantes et d’autres franchement plus pop, voire sous-pop, ce dont il ne s’est jamais
caché.

PARMI LES POINTS DE VENTE : WWW.FNAC.COM  

Prix conseillé
  Prix conseillé

ENVIRON 15 € ENVIRON 25 €
Pour le CD Pour le viny
le
BASSISTE 65
 ANCIENS NUMÉROS
Complétez votre collection !
Remplissez le formulaire suivant ou rendez-vous directement sur notre site :
BASSISTEMAGAZINE.COM

90 91 92 93 94 95
É D IT IO
C O LL E C N
TOR

96 97 98 99 100

Prix du numéro : 6,70 € (jusqu’au n°97), 6,90 € (à partir du n°98) / N°100 : 7,90 €
Frais de port : 1,50 € / numéro (tarif France métropolitaine)
Pour toute commande depuis l’étranger et pays d’Outre-Mer (nécessitant un recalcul des frais de port),
merci d’effectuer votre commande en ligne.

MES COORDONNÉES Coupon à renvoyer avec

Nom* ........................................................................... Prénom* ...........................................................................
votre règlement par chèque
(à l’ordre de BGO) à :
Adresse* .................................................................................................................................................................
BGO - Bassiste Magazine
Code postal................................................................. Ville.................................................................................... Service Anciens Numéros
6 rue d’Estienne d’Orves
E-mail* ...................................................................................................................................................................... 92120 Montrouge - France
Tél........................................................................................................
ciens
Nos an t aussi
Numéro os son
(6,70€ l’unité) numér ibles en
dispon I G I TA L E !
Quantité ON D
VE SI
R
Frais de port
(1,50€ / numéro) .................. €

TOTAL .................. €

Le paiement en ligne est également possible sur : BASSISTEMAGAZINE.COM

SOMMAIRE
DES PARTITIONS
EN VIDÉO :
68 BRUNO TAUZIN
Étude d’un groove reggae

69 BRUNO RAMOS
Disco-Funk

74 BASSLICKS (GÉRALD MYSTILLE)

Funk & Rock

76 SÉBASTIEN TIBACKX
Groove-Swing

80 FABRICE DONNARD
Techniques de main droite

BASSISTE 67
 VIDÉO

BRUNO TAUZIN

ÉTUDE D'UN GROOVE REGGAE

Hello très chers lecteurs et lectrices de Bassiste Magazine.

Dans ce nouveau numéro, je vous propose une ligne de
basse reggae inspirée du morceau « Don't Give Up »
(Barrington Levy). Ce groove vous permettra de travailler
la technique du palm-mute, ainsi que la precision de votre
placement rythmique. Amusez-vous bien !

Si ce tuto vous a plu, je

vous vous suggère de vous
procurer ma méthode 25
lignes de basse reggae & ska,
qui est disponible sur mon
site : www.bassebruno.com

Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

68 BASSISTE
VIDÉO

BRUNO RAMOS

DISCO-FUNK

Salut à tous, lectrices et lecteurs de Bassiste Magazine ! Pour ce nouveau tuto, je vous propose de faire un détour par la case
« disco-funk », un style qui a bien la hype en ce moment et qui est exploré par toute une ribambelle d’artistes, de Clara Luciani
à Julien Doré, en passant par Izïa, Benjamin Biolay ou encore Juliette Armanet. Dans la première partie de l’étude que je vous ai
préparée, vous trouverez des tourneries assez typiques du genre. Dans la seconde partie, je me suis laissé aller à quelques fills
à base de pentatonique mineure façon Joe Dart (Vulfpeck, Fearless Flyers), que vous pourrez évidemment utiliser dans d’autres
contextes. Attention à être précis dans les syncopes (placement sur la 4e double-croche notamment) pour le groove. Question son, un son typé
vintage façon P-Bass et un petit compresseur des familles, et vous serez bien !

BASSISTE 69
 Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

70 BASSISTE
Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

BASSISTE 71
72 BASSISTE
 VIDÉO
BASSLICKS
(GÉRALD MYSTILLE)

FUNK & ROCK

Salut les bassistes,

Je suis content de vous retrouver dans ce numéro de Bassiste Magazine.
Je vous propose dans ce cours deux lignes de basse : la première est une ligne de basse funk, niveau intermédiaire / avancé au
tempo de 92 BPM ; la seconde est une ligne de basse rock, niveau débutant / intermédiaire au tempo de 100 BPM. Les deux
lignes sont en Sol mineur. Pensez à travailler et répéter lentement dans un premier temps et surtout, à vous faire plaisir en jouant.
On y va, c'est parti !

LIGNE DE BASSE FUNK

Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

74 BASSISTE
LIGNE DE BASSE ROCK

Tu as apprécié ce cours ? Tu veux apprendre et progresser à la basse ? Il te suffit de te rendre sur le site www.jouerdelabasse.fr

Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

BASSISTE 75
 VIDÉO
SÉBASTIEN TIBACKX

GROOVE-SWING

Salut à toutes et à tous ! Dans cette composition, j’essaie

d’exploiter l’instrument dans sa globalité, afin de sous-entendre
l’afterbeat avec le clap de la main droite, la mélodie, la ligne de
basse et le charleston (débit de double-croches en ghost notes).
La difficulté de ce morceau réside dans le placement trinaire de
la pulsation. Il faut avant tout veiller à ressentir celle-ci avant de
commencer à placer les notes. Pour ceux que cela intéresse, ce morceau fait partie du
mon album qui sortira courant de l’année prochaine. Stay tuned !

Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

76 BASSISTE
Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

BASSISTE 77
 VIDÉO FABRICE DONNARD

TECHNIQUES DE MAIN DROITE

Salut lectrices et lecteurs de Bassiste Magazine. Pour mon retour dans le cahier
pédagogique du magazine, je vous propose de revenir à certains fondamentaux
du jeu qu'il est important de maîtriser pour être solide. Pour l'instant, nous allons
réviser différentes techniques main-droite : jeu aux doigts, palm-muting, jeu au
médiator, slap... Il y a de quoi s'amuser. La prochaine fois, nous nous attarderons
sur la main-gauche. Go !

MAIN DROITE 1

80 BASSISTE
MAIN DROITE 2

Ces partitions ont été éditées avec Guitar Pro 7.5.

BASSISTE 81
 DÉCOUVREZ

en version digitale !

Téléchargez également nos anciens numéros ! *

Des milliers d’interviews,

partitions, bancs d’essais,
dossiers pédago en archives…

Rendez-vous sur BASSISTEMAGAZINE.COM

* compatibles iOS/Android - MAC/PC