N°198

MAI 2019

MENSUEL - BELGIQUE 9,50 € - SUISSE 13,50 FS - CANADA 14,00 $ - LUX. 10,00 €

P.04 LE SAMPLER
P.06 COURRIER DES LECTEURS
LES PETITS GARS
AUX ALLUMETTES

Graphisme : V. Girth
P.08 LE PURGATOIRE :
TYGERS OF PAN TANG « Il semblerait qu’au moins deux musiciens de Rammstein viennent
sur Paris faire de la promo au début du mois d’avril. Je n’ai pas
P.10 I LIKE TO MOVIE, MOVIE : MIKKEY DEE plus d’infos pour l’instant ! ». Ça, c’est l’attaché de presse français
du groupe en mars dernier. « Chouette ! se dit-on alors, on va
P.12 TELEX : L’ACTU MÉTALLIQUE pouvoir bosser ! » Hélas, quelques jours plus tard, le 5 avril, on ne parle plus tout à fait
le même langage : « Finalement, Rammstein ne fera pas de promo. Une unique interview
P.16 DE + EN + NET sera accordée à Rolling Stone Allemagne qui la diffusera ensuite à ses éditions
internationales ». Ah, heu, bon… Vous êtes sûrs ? Oui ? Vraiment ? Bon, ben, chiotte
P.19 TOUTE PREMIERE FOIS : STEVE STEVENS alors. Parce que, l’air de rien, nous avions beaucoup de questions à leur poser à ces
deux musiciens. Aux quatre autres aussi d’ailleurs. Parce que, rappelez-nous quand est
P.21 DIX COMMANDEMENTS : GRAND MAGUS sorti le dernier album studio du groupe. 2009 ! Oui, oui, bonne réponse. Dix ans. Pas
P.22 CALENDRIER DES FESTIVALS d’interviews donc, à ce qu’il paraît encore à la date du 20 avril, alors que je tape ces
lignes. Ça évoluera peut-être dans les mois à venir. Peut-être pas… C’est l’un des plus
LES INTERVIEWS : grands défauts de Rammstein, mais aussi l’une de ses principales qualités : son
caractère imprévisible. Jamais là où on l’attend. Ç’est parfois amusant, souvent même,
P.24 RAMMSTEIN agaçant à l’occasion. Surtout quand, comme les gens de cette rédaction, vous avez
soutenu le groupe dès ses débuts, alors qu’il était encore inconnu dans l’Hexagone,
P.32 DESTRAGE puis, plus tard, chahuté par une large frange du public metal. Surtout quand, fin
1997 (il y a 22 ans, vous comptez bien !), vous lui avez accordé sa première couv
P.34 SIDILARSEN française, le taxant au passage de « révélation de l’année 1997 » quitte à recevoir des
sacs de courrier hargneux de ces mêmes gens qui, les 28 et 29 juin prochains,
P.36 MYRATH courront comme un seul homme pour voir le groupe à La Défense Arena. Il y a
quelques jours, je retombais sur un vieux compte-rendu de concert signé Bibi
P.40 STEP IN FLUID retraçant le show du groupe au Transbordeur de Lyon le 19 mai 1998 et souriais en
lisant ces lignes : « Le groupe a l’air de faire la gueule. Peut-être quelqu’un a-t-il eu le
P.42 DIAMOND HEAD malheur de lui annoncer qu’il n’y avait que 400 locations dans cette salle pouvant
P.44 SUIVEZ LE GUIDE ! accueillir plus de 1000 personnes ». Elle était loin La Défense Arena en ce temps-là, mais
nous, nous étions là. Comme nous sommes encore là en 2019. Bref, comme nous
SCORPIONS avons toujours été là pour Rammstein, dans les bons moments comme dans les plus
délicats. Alors, recevoir hier une invitation pour découvrir le nouvel album éponyme
P.46 PORT NOIR des Allemands au Silencio le 25 avril (un jour après la fin du bouclage de ce numéro…
quand ça veut pas, ça veut pas !) en se voyant préciser que « les critiques d’albums ne
P.48 WHITESNAKE seront pas autorisées avant le 13 mai », ça nous fait doucement marrer. Cela ne nous
P.51 ROYAL REPUBLIC
empêche nullement de continuer à aimer ce groupe qui a, récemment encore, suscité
l’indignation avec son nouveau clip, « Deutschland » (voir notre dossier en ces pages).
P.52 WAYLANDER Les Six Teutons ont toujours aimé provoquer, rien de bien nouveau à l’Ouest comme
à l’Est. Par contre, l’incendie de Notre Dame, comme promo après dix ans d’absence,
P.54 LORDS OF CHAOS c’est clair que ça fait le buzz, mais c’est un peu « too much », non ?

P.58 POSSESSED Bonne lecture et rendez-vous en juin !

PHILIPPE LAGEAT
P.60 LISTENING SESSION
PS : Rejoignez-nous sur notre page Facebook (www.facebook.com/rockhardfr) ! Vous y
SABATON trouverez toutes les news sur votre mag préféré, ainsi que des concours pour rafler des CDs,
des bouquins, des abonnements, des places de concerts, et bien d’autres choses encore. Vous
P.62 DEATH ANGEL êtes déjà plus de 58.000 ! Merci !!!

P.66 INTER ARMA

39, rue Santos Dumont - 75015 Paris
P.68 AMON AMARTH Tél : 01.40.28.43.41 - Fax : 01.40.43.02.98
P.62 GIGS YOUR ASS ! Directeur de la publication : Marc Villalonga (marc@rockhard.fr)
Rédacteur en chef : Philippe Lageat (phil@rockhard.fr)
Neal Morse + Angelus Rédacteur en chef adjoint : Morgan Rivalin (morgan@rockhard.fr)
Rédaction : Charlélie Arnaud, Stéphane Auzilleau, Benji, François Blanc, Emmanuel Hennequin,
Apatrida + Avantasia Julien Monsenego, Guillaume Fleury - Photographes : Marc Villalonga, Nidhal Marzouk
Directrice artistique : Vanessa Girth (vanessa.rhmag@gmail.com)
P.74 KRONIKS CDs Publicité « musique » : Vanessa Girth (vanessa.rhmag@gmail.com)
Courrier & dates de concerts : redaction@rockhard.fr
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& DVDS Commande anciens numéros (anciensnumeros@rockhard.fr) : Rock Hard 39, rue Santos Dumont
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P.92 LE BOOK QUI TUE Commission paritaire : 0921 K 81345 - N° ISSN : 1630 - 8204
Ce numéro contient un CD qui ne peut être vendu.
P.93 MUSEE DE CIRE La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, dessins et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs
auteurs. Les documents reçus ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Les indications
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avant la parution en kiosques et, ponctuellement, de rafler des places de concerts), envoyez nous un
mail à : newsletter@rockhard.fr
P.98 ABO CONCERTS • Vous ne savez pas où trouver Rock Hard près de chez vous ? Jetez un œil sur :
www.trouverlapresse.com qui vous indiquera l’adresse des revendeurs les plus proches.
 Sur chaque sampler figure un morceau extrait de la démo d’un groupe francophone non signé.
Espérons que ce petit « coup de pouce » attire l’attention des labels et autres maisons de disques
et débouche sur des signatures. Jeunes combos, n’hésitez donc pas à nous envoyer vos démos
(CDs uniquement) agrémentées d’une bio complète et d’une photo à l’adresse suivante :
Rock Hard/Strass - Démos Sampler - 39, rue Santos Dumont - 75015 Paris. Bonne chance !
1 - DEADLAND RITUAL
« Down In Flames »
Deadland Ritual conjugue les talents de Geezer Butler
(Black Sabbath), Matt Sorum (ex-GN’R), Steve Stevens
(Billy Idol) et Franky Perez (Apocalyptica). Plutôt pas
mal, non ? Des premiers concerts sont prévus le 18/06
au Trianon, à Paris, et au Hellfest. Interview dans le
prochain numéro de Rock Hard !
2 - D-A-D
« Burning Star »
L’attente commence à être méchamment longue pour
les fans de D-A-D qui guettent le successeur de
DIC.NII.LAN.DAFT.ERD.ARK (2011). Qu’ils se rassurent :
le groupe danois brise le silence avec « Burning Star »,
un tout nouveau morceau annonciateur d’un douzième
opus prévu dans les prochains mois.
3 - BARONESS
« Seasons »
De loin, sa pochette ressemble à celle du Reek Of
Putrefaction (1988) de Carcass. Et de près... on dirait le
dernier t-shirt Rock Hard ! Il s’agit de Gold & Grey,
nouvel album des Américains de Baroness que le
chanteur/guitariste/illustrateur John Baizley qualifie de
« kaléidoscopique ». Sortie le 14/06.
4 - MYRATH
« No Holding Back »
Nous vous avions fait découvrir « Dance », nouveau titre
des Tunisiens de Myrath, il y a plusieurs mois. Il est
temps de lever le voile sur « No Holding Back », cocktail
toujours aussi envoûtant de metal et de mélodies
orientales extrait de Shehili, nouvel opus qui vient de
sortir de terre. Ou plutôt, du désert...
5 - ULTRA VOMIT
« Un Chien Géant » (Live)
Pas la peine de nous téléphoner pour dire qu’il est écrit
« Utlra » Vomit sur le CD, DVD ou Blu-ray
L’Olymputaindepia que vous aurez acheté le 31/05 et
que vous voulez échanger : C’EST FAIT EXPRES ! Les
rigolos d’Ultra Vomit essaient même de nous faire croire
qu’ils ont joué à l’Olympia... Pfff, et puis quoi encore !
6 - SOTO
« BeLie »
Vivement le quatrième album de Soto, pour que Jeff
Scott Soto l’intitule... SOTO IV ! (rires) Pour l’heure,
place à Origami, troisième disque de l’ancien chanteur
d’Yngwie Malmsteen et actuel frontman de Sons Of
Apollo, publié sous le nom de Soto. Son arrivée dans
les bacs est prévue le 24/05.
7 - SIDILARSEN
« Money Game »
Déjà plus de 20 ans que les Ariégeois de Sidilarsen
propulsent leur metal électro/indus sur les planches de
France et de Navarre. Malgré un titre pas « folichon-
folichon », On Va Tous Crever remet une pièce dans le
jukebox pour prolonger la danse. Pas une minute à
perdre : entrez dans la transe !
8 - ALBEZ DUZ
« Rites Of Hidden Souls » (Edit)
Qu’il est loin le temps où il n’était encore qu’un
musicien en herbst… Le 10/05, Eugene Herbst, le
leader incontesté d’Albez Duz, et ses camarades
sortiront une quatrième offrande aux dieux du
doom/gothique dont le titre, Enigmatic Rites, laisse
entrevoir une dimension toujours aussi occulte.
4 sera en kiosq
9 - BLACK LABEL SOCIETY
« Spoke In The Wheel » (Acoustique/Edit)
On peut avoir des bras gros comme des cuisses et être une
personne sensible. Avec cette relecture acoustique encore plus
douce de « Spoke In The Wheel », titre bonus de Sonic Brew
- 20th Anniversary Blend (sortie le 17/05), Zakk Wylde ferait
presque passer Elton John pour un fondu de metal extrême !
10 - FLESHGOD APOCALYPSE
« Sugar »
En italien, Veleno signifie « poison ». Il convient donc
d’aborder le nouveau Fleshgod Apocalypse avec
précaution. Commencez par un peu de « Sugar », histoire
de voir si vous êtes compatible avec le death metal
orchestral de la formation transalpine. Dose complète
disponible le 24/05 dans les officines.
11 - JACK SLAMER
« Biggest Mane »
Fondé il y a 12 ans de l’autre côté du lac Léman, Jack
Slamer naît de la passion de cinq amis d’enfance pour une
musique bien plus vieille qu’eux : le (hard) rock 70’s. Sorti
en 2017, l’album éponyme du groupe suisse a fini par taper
dans l’oeil de Nuclear Blast, convaincu du potentiel de ces
« Léman brothers ».
12 - DESTRAGE
« The Chosen One »
L’autre groupe italien du mois se nomme Destrage,
formation milanaise née en 2002 dont la recette favorite,
une sorte d’escalope, le voit tartiner une couche de
metalcore sur une bonne grosse épaisseur de musique
progressive. Ou l’inverse. La dégustation de The Chosen
One débutera le 24/05.
13 - MANEGARM
« Hervors Arv »
Les Suédois de Manegarm viennent de sortir un
Fornaldarsagor que nous ne vous ferons pas l’affront de
traduire. Au programme, un black/folk pagan metal teinté
de chœurs héroïques, bande-son idéale d’une saga toujours
aussi épique. Promo : pour 12 digipaks achetés, un flacon
de Drakkar Noir est offert !
DÉCOUVERTE DU MOIS :
14 - BLOWMIND
« Painbody »
Comme le dit si bien notre très estimé collègue Charlélie Arnaud, le hard rock
aux relents alternatifs façonné par Blowmind va « droit au but ». Né en 2009
dans les environs de Paris, le quatuor qui revendique son goût pour Incubus,
Clutch, Baroness et autres Kyuss vient de sortir Rebirth. Pour plus d’infos,
tapez « 3615 BLOWMIND » ou rendez-vous sur le lien ci-après.
Extrait de l’album Rebirth
Web : www.blowmind-music.fr
Mail : blowmindbooking@hotmail.fr
éro de
Le prochain num
du 9 juin 2019
ue aux alentours

Hell’«o» la team !
Il y a deux jours, j’ai reçu le numéro 197
que Back Office, que je remercie au passage,
m’a gentiment renvoyé. Eh oui, je suis abonné,
mais ce mois-ci, ça a dysfonctionné. Putain
de Poste (je suis facteur !). Alors, passée la
frustration de le savoir en kiosque et
toujours pas dans les mains (ça agace un
tantinet !), well, je me jette sur l’objet et
plus particulièrement sur le guide du
Hellfest 2019. Et là, deux choses attirent
mon attention : Tout d’abord, et par ordre
d’apparition et non pas d’importance, je
tombe sur une photo pleine page (!) de
Manowar... avec son EX-guitariste, depuis
viré (sans compter ce qui a motivé tout ça !),
ce qui rend la photo TRES inappropriée
(normalement, ce sont les managements
qui fournissent les photos ou me trompe-
je ?!?!). Et la seconde, c’est cette photo
pour le moins étrange où l’on voit Chuck
Billy avec (arrêtez-moi si je me trompe
again !) les musiciens de Sepultura ??!??! Si
vous avez deux petites secondes pour me
dire ce qu’il en est, surtout pour
Testament… Et puis, une dernière chose :
l’année dernière, j’étais en rogne après le
Hellfest concernant les chaises de camping
DEVANT les main-stages (ailleurs, pas de
soucis, mais pas là !), et le moins que l’on
puisse dire, c’est que, cette année, Ben &
Co ont pris une décision pour le moins
radicale : plus de chaises de camping dans
le festival !
En tout cas, merci beaucoup pour tout et
continuez le super boulot que vous réalisez
chaque mois !
See you at Hellfest !
Hervé
Salut Hervé,
Laisse nous te dire, tout d’abord, que tu as
une sacrée vue, ce qui, pour un facteur est
évidemment un plus. Pour ce qui est de la
photo de Manowar dans le guide 2019 du
Hellfest, tu te poses toutefois beaucoup
de questions pour rien. 1/ Le Hellfest fait
avec les photos que les managements
Faites couiner vos souris en nous e-mailant directement vos messages à :
ou/et labels lui envoient et fait donc avec
ce qu’il a. 2/ Jusqu’à preuve du contraire,
Karl Logan n’a pas été viré de Manowar. 3/
« Sans compter ce qui a motivé tout ça »,
dis-tu encore. Laisse-nous te rappeler que
Karl Logan n’a pas encore été jugé et qu’il
bénéficie donc, pour l’instant, de la
fameuse présomption d’innocence. Evitons
donc de crier avant d’avoir mal. 4/
Concernant la photo de Chuck Billy, c’est
effectivement une erreur, puisqu’il s’agit
d’un montage illustrant une news notifiant
que le chanteur de Testament avait audi-
tionné pour Sepultura en 1996. Bien vu,
l’ami ! Enfin, en ce qui concerne le « pro-
blème des chaises de camping », nous en
avions discuté avec Ben Barbaud à l’issue
du Hellfest 2018 (Cf. notre hors-série de
l’an passé) et voici ce qu’il nous avait alors
confié : « Les mecs qui viennent avec des
chaises de camping sont un fléau, j’en suis
conscient, mais c’est compliqué de faire la
part des choses : certains, qui ont mal au
dos, peuvent avoir besoin de ces chaises,
mais est-ce le cas du type qui, avec ses
potes, dresse une ligne de sept chaises
devant l’une des scènes principales pendant
quatre heures, empêchant les gens de
passer ? Sur 60.000 personnes, il y en a
toujours qui ne savent pas vivre en commu-
nauté. Et le metal ne déroge pas à la règle.
Heureusement, ceux-là sont une minorité,
mais nous allons nous pencher sur le
problème… ». Il semblerait, à en croire ce
qui est indiqué dans le guide 2019, qu’il ait
effectivement tranché.
Salut Rock Hard,
Je suis un lecteur assidu depuis de longue
date. Je ne suis pas abonné, je préfère
acheter mon mag en kiosque tous les mois.
Bref, j’ai un peu le syndrome Jacky Pic dans
Camping :
« Ça fait 17 ans que vous venez au
même endroit, pourquoi vous n’achetez
pas ? »
« Ben, si un jour je veux aller ailleurs…»
Je ne vous écris pas pour vous parler d’un
redaction@rockhard.fr
des chefs d’œuvre du cinéma français, mais
plutôt de mon groupe favori depuis un
long moment maintenant : In Flames. Je
vous trouve un peu dur ces derniers temps
avec leurs albums. Sur le fond, je suis
d’accord avec vous, je préfère leur période
Jester Race, Whoracle, Clayman, voire les
albums suivants. Mais de là à les noter si
sévèrement ces dernières années, je trouve
que vous abusez un peu. Il faut savoir
accepter qu’In Flames ne soit plus le
groupe de death mélodique d’antan et
que la volonté d’Anders et Bjorn soit de
changer de style et, d’une certaine façon,
d’évoluer. Pour moi, Siren Charms est l’album
le plus faible de la dernière trilogie.
Comme quoi, les goûts et les couleurs… Je
vous avais déjà trouvé sévères avec la
notation de Battles (entendons-nous bien,
ce n’est pas un chef d’œuvre, mais quand
même…), et voilà que vous récidivez avec I,
The Mask.
Perso, je trouve qu’il y a vraiment de bons
morceaux sur ces deux albums, et je me
suis surpris à en aimer certains après avoir
vu le groupe sur scène. En effet, je trouve
qu’In Flames arrive à sublimer des chansons
banales sur album en y ajoutant du peps en
concert. Exemple : « Save Me », ou encore
« Before I Fall ». Faire la critique d’un
album n’est pas chose aisée, je le conçois.
On n’a pas tous la même sensibilité lors de
son écoute. Mais la sévérité de vos notes
sur les deux derniers albums d’In Flames
m’a poussé à vous écrire. Sinon, continuez
comme çà, ne changez rien et je continuerai
à acheter votre mag chaque mois.
« Pourquoi m’abonner ? Et si un jour je
veux acheter autre chose ? ». Sacré Jacky
Pic…
Bisous.
Yves77
Yves,
In Flames compte au moins deux « grands
grands » fans au sein de notre rédaction :
Morgan Rivalin et Guillaume Fleury. Ce
sont donc eux qui ont chroniqué et noté les
trois derniers albums du groupe, accordant
la note de 7,5 à Siren Charms et celle de
6,5 à Battles et I, The Mask. Rappelons, à
toutes fins utiles, que 6,5 sur 10, ça fait 13
sur 20. Une note pas si minable que ça, à
bien y réfléchir. Mais, comme on dit, « qui
aime bien châtie bien ». Tu le reconnais toi-
même, In Flames, en cherchant à évoluer,
a changé de style. Il n’est donc pas si
étonnant que certains fans de la première
heure – c’est le cas de nos deux amis – s’y
retrouvent moins qu’auparavant. « Lorsqu’In
Flames, groupe monumental, pionnier d’un
genre et pourvoyeur de tubes, délivre un
disque de douze morceaux dont seuls
quatre ou cinq sont corrects et aucun
réellement marquant, le constat est forcé-
ment dur » écrivait récemment Guillaume à
propos de I, The Mask, justifiant ainsi sa
note. Maintenant, Jacky, on a bien sûr le
droit de ne pas être d’accord avec lui.
« Pourquoi mettre 9 à un album qui en vaut
6,5 ? Et si, un jour, In Flames retrouvait le
niveau atmosphérique qui était encore le
sien au début des années 2000 ? ».
Cher Magazine préféré,
Je lis chaque mois, depuis le début, votre
excellent mag’. Pour moi, l’un des meilleurs
de la presse musicale. En tant que fan de
Judas Priest, une idée m’est venue en lisant
la biographie de KK Downing. Pourquoi
pas consacrer la rubrique « Purgatoire » à
Point Of Entry, album atypique dans la
discographie du Grand Judas et coincé
entre plusieurs chefs-d’œuvre multiplatines ?
Je suis sûr que notre ami Robert à la voix
d’or aurait des choses à dire à ce sujet.
Axel
Cher Axel,
C’est une idée à creuser. Benji te promet
d’y réfléchir. Par ailleurs, ami lecteur, si tu
as, comme Axel, un candidat à nous
soumettre pour cette rubrique visiblement
appréciée, n’hésite pas. Nous étudierons
toute « proposition de travail ». D’avance,
merci !
 Ponctuellement, nous revenons sur un
album « décrié », un peu à part dans la
discographie d’un groupe. Un « mal
aimé », en quelque sorte. Par certains
critiques, certains fans, et, parfois,
par ses géniteurs eux-mêmes. Un album
qui, pourtant, vaut le détour et mérite
qu’on le réhabilite sans plus attendre.
L’autopsie d’un « échec » qui n’en est
pas vraiment un, l’idée étant de faire
parler les musiciens « à froid »,
plusieurs années après la sortie de ce
disque, afin de mieux comprendre ce
qui, à l’époque, n’a pas collé. Pourquoi
les étoiles n’étaient pas alignées. Ce
mois-ci, Benji revient sur The Cage de
Tygers Of Pan Tang paru en 1982.
Lorsqu’en novembre 1981 sort Crazy Nights, le
troisième album de Tygers Of Pan Tang, le torchon
brûle déjà entre John Sykes, guitariste arrivé durant
l’été 1980, et le reste du gang de Whitley
Bay, petite ville côtière des environs de
Newcastle. Si Chris Tsangarides, le
producteur de Wild Cat (1980) et du
splendide Spellbound (1981), est encore
pressenti pour s’occuper de la mise en son
de Crazy Nights, c’est finalement Dennis
MacKay (qui dispose déjà d’un certain crédit
après avoir bossé avec Judas Priest, Tommy
Bolin et Pat Travers) qui hérite du job. Mais
ce dernier, pressé par le temps, « torche » le
boulot, à en dégoûter Sykes qui quitte le
gang dans le courant du mois d’avril 1982.
Le groupe a tout juste eu le temps de graver
avec lui un dernier single, une reprise
nerveuse de « Love Potion N°9 », vieux tube
de The Searchers composé par le duo Leiber
& Stoller (auteur de nombreux hits chantés
par Elvis Presley), qui va plutôt bien
fonctionner dans les charts anglais. Sykes
ayant annoncé son départ quelques jours
avant une tournée française prévue de
longue date (huit concerts dans l’Hexagone
entre le 28 avril et le 07 mai 1982), il est
remplacé à la hâte par Fred Purser, qui a
précédemment joué avec Penetration,
formation punk du nord de l’Angleterre.
MCA, la maison de disques des Tygers,
déçue par les ventes de Crazy Nights, pousse alors le
quintet à adoucir sensiblement sa musique et à lui
donner un côté résolument mélodique afin de
s’imposer dans les hit-parades. Du coup, les trois
membres originaux du combo, Robb Weir (guitare),
Richard « Rocky » Laws (basse) et Brian Dick (batterie)
sont purement et simplement écartés du processus de
création, et doivent se contenter de regarder Jon
Deverill (chant) et le nouveau venu Purser (guitariste,
mais aussi claviériste) prendre partiellement les rênes
de la composition. Partiellement, car le label insiste
également pour que des compositeurs extérieurs
écrivent ou coécrivent des titres avec les deux lascars
et soumettent au passage une nouvelle reprise. Enfin,
MCA impose le producteur Peter Collins derrière la
console, ce dernier n’ayant, à ce stade, travaillé
qu’avec des groupes de pop (ceci quelques années
avant de devenir le producteur de Gary Moore, Rush,
Queensrÿche, Bon Jovi ou encore Alice Cooper), afin
qu’il dote les Tigres d’un son qui n’effrayera pas les
radios… Bref, une véritable tornade s’abat sur le
groupe qui, jusqu’à présent, avait toujours bien
fonctionné « en autarcie ». Quelques années plus tard,
Robb Weir confirme cet état de fait :
8
Robb Weir : Tout ceci a été orchestré par MCA.
Ils ambitionnaient que nous puissions aussi bien nous
vendre aux USA, qui était évidemment un énorme
marché sur lequel nous n’avions pas encore réussi à
percer. Ils nous ont demandé de sortir un album plus
soft, conformément à ce qui marchait à l’époque.
Ce n’était pas notre idée… De plus, Fred Purser,
malgré son passé dans Penetration, était un musicien
doté d’une vraie formation classique. Il disposait
d’une véritable éducation musicale et d’un bagage
technique important. Alors, forcément, sa façon de
composer était différente de la nôtre.
Steve Thompson, ancien producteur « maison » pour
le label Neat Records (et qui a produit le premier 45
Tours du groupe en 1979 !) reconverti en compositeur
pour les poulains du label MCA, est donc appelé à la
rescousse : il signe deux titres et cosigne « Letter From
L.A. » avec Jon Deverill. Quant à John Parr, artiste
anglais à succès, il leur offre « Danger In Paradise »
(même si certaines sources prétendent qu’il s’agit
en fait d’une composition de John Sykes laissée à la
disposition du groupe après son départ…). Quant à la
reprise, le label « ruse » en soumettant « Rendezvous »,
un titre du groupe américain RPM également paru en
1982, mais passé totalement inaperçu.
Comme on s’en doute, la première écoute de The
Cage a de quoi décontenancer tous les fans du hard
sans fard à la limite du punk distillé sur Wild Cat et
du heavy metal puissant mais classieux de Spellbound
et Crazy Nights. D’entrée, les sons de batterie
synthétiques introduisant « Rendezvous » n’augurent
rien de bon, mais heureusement, de bons riffs et un
refrain très commercial mais réussi rendent ce
morceau immédiatement accrocheur. Toujours sur
cette première face, « Lonely At The Top » et « Paris
By Air » (qui fut édité en single picture-disc), toujours
dans une veine über mélodique, s’avèrent tout à fait
convaincants. Et puis, ce Deverill, quel chanteur ! La
deuxième face débute par le controversé « Making
Tracks », morceau au refrain et au rythme faisant
penser aux hits de Gary Glitter : pas mauvais, mais
encore une fois, surprenant de la part de nos félins !
« Love Potion N°9 », introduit par le court
instrumental « The Cage », s’avère une vraie bonne
reprise (elle se fraye toujours un chemin dans les
setlists actuelles du groupe dont seul Robb Weir fait
encore partie). « You Always See What You Want To
See » s’avère le titre le plus hard de l’album et, doté
d’une production moins léchée, aurait tout à fait eu
sa place sur l’un des deux prédécesseurs de The
Cage. Quant à la ballade « The Actor », peut-être
un peu trop « surjouée », elle vaut surtout pour la
performance vocale de Deverill. Il est d’ailleurs
ironique de penser que Jon deviendra bien plus tard
un acteur/chanteur dans des comédies musicales
présentées à Londres… Le sommet de l’album
demeure probablement « Danger In Paradise »,
superbe titre au refrain irrésistible dont on peut
légitimement s’étonner qu’il n’ait pas été choisi
comme l’un des 45 Tours destinés à booster l’album.
Et si The Night Flight Orchestra reprenait ce morceau
un jour ? Que ce serait bon ! Reste les plus « discutables »
« Letter From L.A. » qui, malgré les parties de talk-box
de Weir, ne convainc pas vraiment avec ses chœurs
trop mielleux, et la power ballad « Tides », tout
simplement ratée.
L’accueil des fans qui suivent le groupe depuis ses
débuts est bien évidemment peu enthousiaste,
une grande partie d’entre eux se sentant trahie
par ce changement de direction et de son assez
marqué. Mais en parallèle, et comme l’espérait
MCA, cet apport de mélodie et une production
plus moderne font qu’un autre public s’intéresse
à présent au groupe. De ce fait, The Cage est
un succès commercial, et une nouvelle tournée
en tête d’affiche au Royaume uni voit le combo
se produire dans de belles salles, toutes
copieusement garnies. Preuve de la bonne
santé de nos Tygers, ils sont invités à se
produire, en août 1982, au festival de Reading,
véritable institution anglaise, juste avant la
tête d’affiche Iron Maiden. Enfin, les musiciens
réalisent un rêve en allant jouer pour la
première fois au Japon. Mais l’embellie est
de courte durée, puisque MCA, persuadé que
cette voie est celle du succès assuré, pousse
le groupe à aller encore plus loin dans
l’adoucissement de sa musique et ne lui laisse
pas le choix : le cinquième album sera composé
de reprises et de titres écrits pour le groupe,
comme le confie bien plus tard son guitariste.
Robb Weir : Nous avions déjà de nombreux
morceaux écrits pour ce cinquième album
que nous pensions appeler Square One, mais
MCA n’en voulait pas. Nous avons refusé de nous
plier à leurs exigences et de nous contenter de
reprises ou de morceaux écrits par des compositeurs
extérieurs. Brian et moi avons alors quitté le groupe,
qui s’est séparé durant quelques années avant de
revenir avec un line-up totalement différent. The Cage
est un album qui a vraiment divisé les fans : certains
l’adorent, d’autres le détestent, mais au final, en 1982,
il s’est agi de notre meilleure vente, alors… Y
Track-listing de l’album original :
1/ Rendezvous – 2/ Lonely At The Top – 3/ Letter From
L.A. – 4/ Paris By Air – 5/ Tides – 6/ Making Tracks –
7/ The Cage – 8/ Love Potion N°9 – 9/ You Always See
What You Want To See – 10/ Danger In Paradise –
11/ The Actor
Producteur :
Peter Collins
Line-up d’époque :
Jon Deverill (chant) – Robb Weir (guitare) – Fred Purser
(guitare/claviers) – Richard « Rocky » Laws (basse) – Brian
Dick (batterie)
 Propos recueillis par Morgan Rivalin
Interview réalisée le 12 avril 2019 à Paris
A l'occasion de l'inauguration de son repaire
parisien, un bar rock nommé Alabama
qu’il a ouvert avec des amis du côté de
République, à deux pas de l'Alhambra,
Mikkey Dee, le batteur de Scorpions –
et ex-Motörhead, of course –, a lâché ses
baguettes pour parler ciné. Car après tout,
« he likes to movie, movie »…
Rock Hard : Quels sont tes cinq films
préférés ?
Mikkey Dee : Le Parrain (1972) de
Francis Ford Coppola. J’aime
également les deuxième et troisième
volets, mais le premier est la
rencontre d’un scénario parfait avec
une réalisation et un jeu d’acteurs
qui le sont tout autant. C’est
l’équivalent cinématographique
d’un « Jumpin’ Jack Flash » (Rolling Stones) : la
perfection, une œuvre à laquelle je ne changerais
rien même si on m’en donnait la possibilité.
Alien, le Huitième Passager (1979) de
Ridley Scott. Je suis un grand fan de
science-fiction et le premier Alien est
un classique du genre. Il possède
également une touche « horrifique »
qui n’est pas pour me déplaire ! Pour
l’époque, les effets spéciaux étaient
vraiment très réussis. Ce film a lancé
la carrière de Sigourney Weaver, mais
la star du film reste quand même la
bestiole qui fait irruption à bord du Nostromo.
Aliens, le retour (1986) de James
Cameron. Bon, je vous rassure, je
vais m’arrêter là : je ne citerai pas le
troisième volet réalisé par David
Fincher (Alien 3/1992) que j’ai
beaucoup moins apprécié. Mais le
deuxième Alien est une réussite.
Cameron a réussi à y mettre sa patte
et c’est un film indéniablement
intense et efficace. Je le regarde
encore de temps en temps. C’est bon signe !
Rencontres du Troisième
Type (1977) de Steven Spielberg.
Je l’ai vu à sa sortie, à l’âge de 14
ans. C’est un film qui m’a marqué.
En fait, c’est sans doute le
long-métrage qui m’a refilé le virus
de la science-fiction. Bien sûr,
j’ai suivi tout ce qu’a fait Spielberg
par la suite. J’adore également la
bande originale du film, composée
par l’incontournable John Williams.
Scarface (1983) de Brian de Palma. Vous en avez peut-
être déjà entendu parler ? (rires) Ce n’est pas un choix
original, mais bon, ce n’est
pas un hasard si ce film est
devenu un classique. J’aime
les acteurs qui ont « une
gueule » et Scarface en est
rempli. L’ascension
irrépressible de Tony
Montana, incarné par Al
Pacino, a tellement fasciné
et a eu une telle influence...
Et ça continue sans doute
aujourd’hui !
10
Ta Bande Originale de film
préférée ?
Ce n’est pas original, mais je vais
choisir la B.O. de La Guerre des
Etoiles (1977) et celle de
L’Empire Contre-Attaque (1980).
J’aime que des thèmes musicaux
récurrents soient associés à des personnages de la
saga, et « La Marche Impériale », associée à Dark
Vador, sonne particulièrement metal ! (sourire)
John Williams est génial. J’aurais également pu citer
la bande originale du Parrain... (Ndlr : composée
par Nino Rota, connu pour ses collaborations
avec Federico Fellini)
Ton réalisateur préféré ?
Question difficile... J’opte pour
Steven Spielberg. Il est né pour
faire ce métier, pour partager des
histoires universelles, nous
émouvoir, nous surprendre.
Son parcours est unique et sa
S. Spielberg
filmographie est sans doute la
plus éclectique tout en étant
bourrée de classiques. Ready Player One (2018) a
montré qu’il a encore des choses à dire dans le
domaine de la science-fiction qu’il avait un peu trop
délaissé à mon goût.
Ton affiche de film préférée ?
Sans doute, comme beaucoup
de gens de ma génération, la
première affiche à laquelle je
pense est celle des Dents de
la Mer (1975). Ce requin doit
mesurer trente mètres, au
bas mot ! (rires) J’avais 12
ans à l’époque où elle s’est
retrouvée placardée
partout. Ça donnait
immédiatement envie de se
rendre dans la salle de cinéma la plus proche. Elle est
l’incarnation de l’affiche réussie.
Ton acteur préféré ?
Oh, que c’est difficile... Je ne sais pas
vraiment qui choisir entre Tom Hanks,
Denzel Washington, Al Pacino, Robert
De Niro, Gene Hackman, Matt
Damon, Christopher Walken... (Il
hésite longuement) Allez, je choisis
T. Hanks
Tom Hanks, principalement parce qu’il
n’a jamais tourné de navet. Ah si, c’est vrai : il y a
eu Vous Avez Un Message (1998) ! (rires) Mais quand
on a porté des films comme Forrest Gump (1994),
Philadelphia (1993) ou encore Il Faut Sauver Le Soldat
Ryan (1998), on a le droit de commettre un faux-pas.
Ton actrice préférée ?
Michelle Pfeiffer. Le propre d’une grande actrice est la
facilité qu’elle a à interpréter des personnages
diamétralement opposés. C’est
le cas de Michelle Pfeiffer qui
est capable de passer d’un rôle
d’institutrice à celui de femme
d’un baron de la pègre, tout en
restant parfaitement crédible.
Elle est particulièrement
excellente dans Scarface.
Mais j’aurais également pu
citer Julia Roberts, une autre
« valeur sûre » ! M. Pfeiffer
Ta série préférée ?
Celle qui m’a donné le virus est
24 Heures Chrono (2001-2010).
Le découpage d’une journée de 24
heures en 24 épisodes était un coup
de génie. Bien sûr, on ne voyait jamais
Jack Bauer manger un morceau ou
aller aux chiottes, mais objectivement,
il avait beaucoup de choses à gérer ! (rires) J’aurais
également pu citer Breaking Bad (2008-2013), House
Of Cards (2013-2018), Homeland (diffusé depuis 2011)
ou encore Sons Of Anarchy (2008-2014). Je suis accro
aux séries, le meilleur passe-temps quand, comme moi,
on voyage énormément.
Ton film d’animation préféré ?
Ce n’est pas un film, mais ma
série d’animation préférée, la
meilleure jamais diffusée : Les
Griffin (Ndlr : diffusée depuis
1999, et plus connue sous son
nom original de Family Guy). Il
n’y a rien de plus drôle que ça !
Sur mon téléphone, quand un
numéro inconnu m’appelle, j’ai
la tronche de Peter Griffin qui
s’affiche. Ça me motive à décrocher ! (rires)
Le dernier film que tu as vu ?
The Silence (2019), un film d’horreur
qui vient de sortir sur Netflix. J’ai
beaucoup aimé. La jeune actrice qui
campe le premier rôle féminin (Ndlr :
Kiernan Shipka) est vraiment très
douée. Elle joue une sourde en
proie à une secte et à des bêtes aux
airs de chauves-souris sorties d’on
ne sait où qui éradiquent toute
forme de vie. De sacrées saletés ! (rires)
Ton documentaire préféré ?
Je suis un fondu de documentaires
Discovery. J’aime tout ce qui parle
d’espace et d’aéronautique, mais
j’aime aussi les documentaires
environnementaux. En ce moment,
je regarde Notre Planète (2019),
encore et toujours sur Netflix. C’est
un superbe docu animalier réalisé par les créateurs de
Planète Terre (2006) qui avait fait sensation sur la BBC.
Très franchement, je pense n’avoir jamais vu d’images
aussi belles. On passe son temps à s’émerveiller
devant la beauté de ces animaux en se demandant
comment les réalisateurs ont réussi à capter des
images pareilles.
Ton méchant de cinéma préféré ?
Le Colonel William Tavington,
interprété par Jason Isaacs dans
The Patriot : Le Chemin de la
liberté (2000). Je ne sais pas si le
comportement de cet officier
britannique lors de la guerre
d’indépendance des Etats-Unis est
fidèlement reproduit (Ndlr : ce
personnage s’inspire plus ou moins
librement de la vie de Banastre Tarleton, un militaire
qui a existé et qui était affectueusement surnommé
« Le Boucher » !), mais dans le film, il tue tout ce qui
bouge, femmes et enfants compris. Une vraie ordure,
comme on aime tant les détester sur grand écran ! Y
 Le Monde… du Metal
18ème ANNÉE - N°198 100% INDÉPENDANT PHOTOS : M.VILLALONGA

LE CHIFFRE PAUL RAYMOND LIGHTS OUT...

8,1
C’est le nombre de millions de vues
Le 13 avril 2019, Paul Raymond, le
claviériste/guitariste/choriste histo-
routes. En 1971, il s’en est allé
rejoindre les rockers blues de Savoy
Ses capacités de claviériste, de guita-
riste rythmique (gaucher !), de choriste
rique d’UFO, nous a quittés, victime Brown, groupe au line-up fluctuant, et de compositeur ont apporté à UFO
cumulées par le clip de « Deutschland », d’une crise cardiaque. Il avait 73 ans. ce qui va lui a permis d’affuter encore une ouverture musicale nouvelle et
le nouveau single de Rammstein, sur Ce décès brutal est un surplus d’expérience
la plateforme YouTube en seulement intervenu huit jours sur laquelle le gang
une journée de diffusion. Au moment après la dernière date anglais a pu compter sur
du bouclage de ce magazine, le clip de la longue tournée scène comme en studio.
avait allégrement franchi la barre des anglaise que UFO a Avec la légende anglaise,
36 millions de visionnages, dépassant
débutée le 07 mars à il a enregistré deux
Bristol et achevée par classiques absolus, Lights
de nombreuses (anciennes) vidéos du
un show au Forum de Out (1977) et Obsession
groupe allemand diffusées sur sa chaîne
Londres le 05 avril. (1978), ainsi que le
YouTube officielle depuis pourtant Cette série de concerts légendaire album live
pas moins de trois ans. Pas mal ! Ou s’inscrivait dans le Strangers In The Night
plutôt, « nicht schlecht ! ». cadre de la tournée (1979), avant de quitter le
d’adieu du groupe inti- groupe une première fois
tulée Last Orders - 50th après No Place To Run
Anniversary Tour. A (1980) pour retrouver
LA PHRASE DU MOIS l’heure où nous mettons Michael Schenker, son
• « Je n’ai jamais rencontré sous presse, nous igno- ancien comparse, au sein
d’héroïnomane capable de rons si UFO souhaite de MSG. Avec ce dernier,
retrouver sa propre bite. néanmoins poursuivre il a mis en boîte l’album
Alors, un stylo... ». cette tournée qui devait MSG (1981), ainsi qu’un
(Tweet de Dee Snider, chanteur le mener dans le reste autre live culte : One
de Twisted Sister, répondant à de l’Europe et aux USA Night At Budokan (1982).
un fan au sujet de The Heroin d’ici la fin de l’année. Puis Paul a une nouvelle
Diaries, journal de bord publié Si Paul devait une grande fois pris la poudre d’es-

© Guillaume Fleury
en 2007 par Nikki Sixx que le partie de sa popularité à campette pour rejoindre
bassiste de Mötley Crüe prétend ses années passées avec un autre transfuge
avoir assidûment alimenté jour UFO, sa carrière s’est d’UFO, le bassiste Pete
après jour lorsqu’il était accro à étendue sur une période Way (qui venait de quitter
l’héroïne) bien plus longue, et son le groupe pour former
CV force le respect, Waysted), avec qui il a
l’homme ayant croisé publié le sous-estimé
la route de bien des Vices (1983). Ont suivi de
musiciens qui ont un nombreux allers/retours
jour connu leur heure au sein d’UFO de 1984 à
de gloire. Il a débuté 86, de 1993 à 98, puis de
avec le groupe de pop 2003 à cet ultime gig
Plastic Penny, en com- londonien de 2019. Des
pagnie duquel il a gravé années sanctionnées par
© Benji

plusieurs singles et pas moins de neuf albums

deux albums entre 1967
et 69. Puis il a rejoint
Chicken Shack, formation blues
menée par Stan Webb au sein de
laquelle il est resté deux années, le
temps d’enregistrer deux albums et
de faire le plein d’expérience sur les
ses armes sur pas moins de six
albums. Lorsqu’en 1976, UFO lui a
proposé de remplacer Danny
Peyronel (ex-Heavy Metal Kids),
Paul était donc loin d’être un débutant.
studio, ainsi que six opus
du Paul Raymond Project
entre 1989 et 2018. Une carrière bien
remplie, donc, pour ce musicien
complet, raffiné et talentueux, aussi
discret que fort sympathique. R.I.P
Paul.

NOUVELLES DU FRONT
6 C’est officiel : le guitariste
Betov, membre fondateur
d’ADX, a quitté le groupe
pour « raisons personnelles ».
Il est désormais remplacé
par Julien Rousseau qui a
été intronisé sur scène le
20 avril dernier, à l’occasion
du Chaulnes Metal Festival. ADX sans Betov,
ça fait tout drôle quand même… 6 C’est le
31 mai prochain que sortira Your Place In The
Sun, nouvel album solo de la chanteuse Janet
Gardner qui a quitté Vixen en
janvier dernier. 6 Le Grand
Voyage, le nouvel album de
Klone, sortira le 20 septembre
prochain chez K-Scope, le label
anglais d’Anathema et de
Porcupine Tree. 6 Easter Is
Cancelled (Pâques est annulé !)
est le drôle de titre du nouvel
opus studio que publiera The
Darkness le 04 octobre. 6
Après cinq années de service,
Gil Sharone quitte le groupe
de Marilyn Manson. Le batteur
aura désormais plus de temps
à consacrer à Stolen Babies, Team Sleep, ou
encore à l’écriture de
bandes originales de films.
6 La prochaine déflagration
de Body Count, attendue
dans le courant de l’année
et enregistrée en ce
moment-même, aura pour
nom Carnivore. Tout un
programme ! 6 Accept vient de publier un
nouveau single dont le titre ô combien
classieux est « Life’s A Bitch ». Il s’agit du
premier enregistrement du combo allemand
réalisé en compagnie de son nouveau bassiste,
Martin Motnik, remplaçant du membre
fondateur Peter Baltes parti
en novembre 2018. 6 Selon
le chanteur/guitariste Eric
Bloom, Blue Öyster Cult
projetterait enfin de donner
un successeur à Curse Of
The Hidden Mirror, son der-
nier album studio en date
paru en… 2001. On croise les doigts ! 6 C’est
officiel : après une pause en 2019, le
Dowload Festival France sera de retour les
29, 30 et 31 mai 2020, toujours sur la Base
Aérienne 217 du Plessis-Pâté. 6 C’est à
l’automne que Danzig Sings Elvis devrait voir
le jour. Il s’agira, vous l’avez compris, d’un

12
BD

KISS KEEP ME COMICS !…

…
Afin de célébrer la première étape française de la
tournée d’adieu des Américains de Kiss – qui se tiendra
le samedi 22 juin au Hellfest – Vestron, maison d’édition
spécialisée dans les franchises de cinéma (Alien,
Terminator, Evil Dead…) publiera, le 23 mai prochain,
deux comics qui font figurer les quatre musiciens aux
costumes emblématiques aux côtés de héros de la
littérature pulp. Tandis que Kiss Vampirella, écrit par
Christopher Sebela et mis en images par Annapoalla
Martello dépeint la rencontre entre Kiss et la sexy
Vampirella (héroïne créée en 1969 par Frank
Frazetta) dans un Los Angeles menacé par un
complot diabolique visant à anéantir le rock, Army Of
Darkness, scénarisé par Chad Bowers et Chris Sims
et dessiné par Ruairi Coleman, nous envoie dans
l’univers d’Evil Dead II, où nous retrouvons le
célèbre Ashley J. « Ash » Williams en prise avec une
horde de morts-vivants menés par une sorcière aux
pouvoirs démesurés ! Le mythe Kiss a déjà été
maintes fois exploité par la bande-dessinée américaine
(depuis 1977 et le douzième numéro de Howard The
Duck, édité par Marvel), mais ces deux nouveaux
titres raviront néanmoins les fans grâce à de nombreux
clins d’œil au répertoire du groupe. 128 pages couleurs,
16,95€.
EVÉNEMENT

MACHINE HEAD RETOUR DE

MADER & KONTOS ! MAIS...…
DR

…
Le 25 mars, les fans de Machine Head ont dû se pincer pour y croire. Le
groupe californien a en effet annoncé le retour du batteur Chris Kontos et du
guitariste Logan Mader, respectivement partis en 1995 et en 1998. Doit-on
comprendre qu’ils viennent purement et simplement remplacer Dave
McClain et Phil Demmel qui ont mis les voiles l’an dernier ? Pour l’instant,
non. Mader et Kontos vont en effet
tourner avec Machine Head en
octobre à l’occasion des 25 ans de
Burn My Eyes (1994), premier
album du gang qui, par ailleurs,
devrait ressortir cette année dans
une version réenregistrée. Ces
(très) gros shows « An evening
with » seront semblables à ceux
donnés par le groupe ces dernières
DR

années. Dotés de deux parties

distinctes, ils verront Machine
Head jouer Burn My Eyes en entier, avec Robb Flynn, Logan Mader, Chris
Kontos et Jared MacEachern, bassiste du combo depuis 2013, mais aussi
interpréter un set best of comprenant des titres récents qui, lui, sera dégoupillé
par Flynn, MacEachern et… deux nouveaux musiciens qui seront recrutés
d’ici là. Voilà qui est un peu étrange, d’autant que Robb Flynn a déclaré qu’il
n’écartait pas la possibilité d’enregistrer de nouveaux titres avec Mader et
Kontos... A suivre, donc, et à ne surtout pas manquer sur scène les 29 et 30
octobre au Trianon de Paris !

album de reprises de Presley par Glenn Danzig.
Si, si ! 6 Rise est le titre
du deuxième album du
supergroup Hollywood
Vampires notamment
composé d’Alice Cooper,
de Joe Perry et de l’acteur
Johnny Depp. Sortie pré-
vue le 21 juin prochain. 6
En juin et juillet, Corrosion Of Conformity
tournera en Europe afin de célébrer les 25
ans du superbe album Deliverance paru en
1994. Deux haltes sont prévues en France, le
29 juin à Bourlon (Rock In Bourlon) et le 1er
juillet au Glaz’Art de Paris. 6 Rage est de
retour chez SPV. Patience :
le 25ème album du célèbre
combo allemand ne sortira
pas avant le mois de janvier.
6 C’est Fiend, groupe basé
à Paris notamment compo-
sé de Heitham Al-Sayed
(Senser, Entronaut) et de
Michel Bassin (ex-Treponem
Pal), qui assurera la première
partie de la tournée euro-
péenne de Tool cet été. 6
Iron Maiden pourrait-il être en
train d’enregistrer un nouvel
album à Paris ? La présence
 LA PLAYLIST DES PROS
TREY DALTON (INTER ARMA)
1. THANTIFAXATH – Sacred White Noise
2. YAUTJA – Songs Of Descent
3. KATE BUSH – Hounds Of Love
4. PETER GABRIEL – So
5. RADIOHEAD – Amnesiac
MATTEO DI GIOIA
(DESTRAGE)
1. SCARVE – Irradiant
2. ALL THEM WITCHES – Sleeping Through The War
3. KVELERTAK – Nattesferd
4. JUSTICE – Woman Worldwide
5. BECK – Morning Phase
MARK OSEGUEDA
(DEATH ANGEL)
1. LED ZEPPELIN – II
2. BLACK SABBATH – Sabotage
3. SCORPIONS – Fly To The Rainbow
4. QUEEN – Sheer Heart Attack
5. THE BEATLES – White Album
ROB CAVESTANY
(DEATH ANGEL)
1. LED ZEPPELIN – Physical Graffiti
2. BLACK SABBATH – Sabbath Bloody Sabbath
3. OZZY OSBOURNE – Diary Of A Madman
4. SCORPIONS – In Trance
5. ELTON JOHN – Goodbye Yellow Brick Road
HARUN DEMIRASLAN
(STEP IN FLUID)
1. SNARKY PUPPY – We Like It Here
2. SNARKY PUPPY – Immigrance
3. VULFPECK – The Beautiful Game
4. GOGO PINGUIN – A Humdrum Star
5. FATOUMATA DIAWARA – Fenfo
BENJAMIN « VIBER » BURY
(SIDILARSEN)
1. BLACK BOMB Ä – Black Bomb Ä
2. RISE OF THE NORTHSTAR – The Legacy Of Shi
ROCK HARD IL Y A 10 ANS...
Une fois n’est pas coutume, c’est à l’occasion
de la sortie d’un jeu vidéo – en l’occurrence
Guitare Hero : Metallica – que nous nous
entretenons, dans les entrailles de Bercy,
avec les Two Horsemen que sont Robert
Trujillo et Kirk Hammett. Nous en profitons
également pour publier un banc d’essai du
jeu après avoir passé des heures à imiter
Hetfield et Ulrich devant un écran plat installé
dans nos bureaux, mettant en péril le bon
déroulement du bouclage de ce numéro 88
qui n’a dû de sortir à temps qu’à l’abnégation
de certains d’entre nous (vous n’aurez pas de
noms, mais sachez que le nerd Morgan
Rivalin n’est pas de ceux-là…). Par ailleurs,
Charlie Benante, le batteur d’Anthrax, nous
raconte l’intronisation de Metallica au
Rock’n’Roll Hall Of Fame qui s’est tenue à
Cleveland le 4 avril 2009 et à laquelle il a
assisté aux premières loges. D’autres groupes
répondent également à nos questions :
Hardcore Superstar, OSI, Old Man’s Child,
The Gathering, The Legion, Journey (qui
s’apprête à donner son premier concert français
depuis trente ans !), Sarke, Cheer-Accident,
Criminal, Devin Townsend Project, Primal
Fear, Reverend Bizarre, Theory Of A
Deadman, Heaven And Hell, The Parlor
Mob, Stratovarius, The Sword, Emperor,
Testament, mais aussi Iron Maiden (un spécial
Flight 666 réalisé au Brésil qui nous voit
interroger les réalisateurs Scot McFadyen et
Sam Dunn, ainsi que les six membres du
INTERNET
groupe). « Nous ne faisons pas de télé-réalité,
pas vraiment le genre de la maison. Sharon
Osbourne et nous n’avons définitivement pas
les mêmes valeurs ! » nous confie alors un
Bruce Dickinson revanchard qui a le plus
grand mal – on le comprend – à oublier que
la femme d’Ozzy lui a jeté des œufs sur
scène, le 20 août 2005, à Devore. Devin
Townsend, lui, ne parle pas omelette, mais
(par Philippe Lageat)
pipi-caca : « Pourquoi se choper des maux
de crâne inutiles en explorant la philosophie
quand il est établi que personne n’est en
mesure d’expliquer le sens de l’univers ?
Mieux vaut encore prendre tes excréments en
photo si c’est ça qui te plaît vraiment ! ».
Hans Rutten, le batteur de The Gathering
désormais mené par la chanteuse Silje
Wergeland, nous donne une leçon d’inélé-
gance : « Anneke était très importante pour
les paroles et les mélodies vocales, mais elle
n’a pas contribué à plus de 5 % de la
musique ». Peut-être, mais elle, elle tourne et
elle enchaine les disques ! Enfin, Rock Hard
est brandi le 11 mars 2009 à la tribune de
l’Assemblée Nationale par Patrick Roy,
député-maire de Denain. Si, si, on vous jure !
Top Albums de la Rédaction RH88 :
• 1349 – Revelations Of The Black Flame
(E. Hennequin)
• BUKOWSKI – Amazing Grace (P. Lageat)
• CHURCH OF MISERY – Houses Of The
Unholy (B. Bages)
• DEVIN TOWNSEND PROJECT – Ki
(P. Lageat)
• EPICA – The Classical Conspiracy (M. Rivalin)
• THE GATHERING – The West Pole
(L. Reymond)
• HEAVEN AND HELL – The Devil You
Know (Benji)
• OSI – Blood (Djul)
• SHAKRA – Everest (S. Biard)

LES INSOLITES DU WEB

3. GOJIRA – Magma
4. THE PRODIGY – No Tourists
5. RAMMSTEIN – Deutschland (single)
DAVID « DIDOU » CANCEL
(SIDILARSEN)
1. BODY COUNT – Bloodlust
2. STRAPPING YOUNG LAD – City
3. ALAIN BASHUNG – En Amont
4. THE PRODIGY – No Tourists
5. MONO – Walking Cloud And Deep Red Sky...
JEFF BECERRA (POSSESSED)
1. KING DIAMOND – Songs For The Dead Live
2. KRISIUN – Scourge Of The Enthroned
3. OZZY OSBOURNE – Tribute To Randy Rhoads
4. IRON MAIDEN – Killers
5. BLACK SABBATH – Master Of Reality
STEVE STEVENS (DEADLAND
RITUAL, BILLY IDOL)
1. JINJER – Micro (EP)
2. COMPILATION – Chicago/The Blues/Today!
3. STONE SOUR – Hydrograd
4. MEGADETH – Dystopia
5. HALESTORM – Vicious
TOMMY JOHANSSON
(SABATON)
1. ROCKY IV – B.O.F
2. MÖTLEY CRÜE – Dr. Feelgood
3. GARY MOORE – Wild Frontier
4. ANGRA – Rebirth
5. AVANTASIA – The Metal Opera I
JOAKIM BRODEN (SABATON)
1. JUDAS PRIEST – Painkiller
2. U.D.O. – Faceless World
3. RAINBOW – Rising
4. BLACK SABBATH – Headless Cross
5. OZZY OSBOURNE – The Ultimate Sin
Envoyez-nous vos liens à l’adresse insolites@rockhard.fr !
• Nous en parlons dans « Le Monde du Metal » : Machine Head, c’est-à-dire Robb
Flynn et Jared MacEachern, fêtera en octobre les 25 ans de Burn My Eyes en en
jouant l’intégralité avec Logan Mader et Chris Kontos. Cette vidéo de 50 minutes
montre notamment un Kontos dont l’enthousiasme fait plaisir à voir !
http://bit.ly/mhburn
• Les fans d’Yngwie Malmsteen le savent : le
guitariste aime achever ses concerts en explosant
une guitare, à la manière de Jimi Hendrix. Afin d’illustrer son expertise indus-
trielle dans le domaine du métal et de l’acier, l’entreprise suédoise Sandvik s’est
donné pour challenge de créer une guitare incassable…http://bit.ly/malmsand
• Entouré par les milliers de vinyles de la
Médiathèque de Paris, notre ami humoriste/
comédien Thomas VDB, fondu de musique qui
officia au magazine Rock Sound, raconte à l’émission Vinyle sa passion pour
Queen, Weezer et autres The Cult, ou encore comment un hardos lui fit enfin
découvrir la fin de « Under Pressure ».
http://bit.ly/vdbvinyle
• Si vous avez la chance d’aller à New York, un
détour par l’expo Play It Loud du Metropolitan Museum Of Art s’impose (fin le 1er
octobre). Vous y admirerez une tonne de guitares de légende et des « monuments »
improbables, à l’image de l’incroyable Moog
sorti d’un film de science-fiction du regretté
Keith Emerson. http://bit.ly/playmet
• Cette vidéo immortalise le tout premier
concert de Rage Against The Machine, et décortiquer les réactions des spectateurs
est aussi intéressant que d’observer ce qu’il se passe sur scène. Regardez ce
danseur fou à chemisette : il débarque forcément du futur et sait qu’il assiste à un
moment historique ! http://bit.ly/ratm1991

de Steve Harris au concert parisien de The
Raven Age, groupe dans lequel joue son
fils George, celle de Nicko McBrain à l’inau-
guration du bar Alabama de son pote Mikkey
Dee (Scorpions), et quelques
indices (effacés depuis)
laissés sur les réseaux
sociaux ont lancé la
rumeur… A suivre ! 6 Les
Frenchies d’Alcest franchis-
sent un palier en rejoignant
l’écurie Nuclear Blast. Leur
nouvel opus est en cours
d’enregistrement aux Drudenhaus Studios
de Nantes. 6 C’est avec pas moins de
deux nouveaux membres que
Manowar se produira au
Hellfest en juin : E.V. Martel,
guitariste brésilien qui officie
dans un tribute-band à
Manowar du nom de Kings Of
Steel, et Anders Johansson,
batteur suédois connu pour
avoir joué avec Yngwie
Malmsteen, HammerFall ou encore Stratovarius.
6 Roy Mayorga va-t-il succéder au regretté
Vinnie Paul dans les rangs de
Hellyeah ? Puisque le retour
imminent de Slipknot va
mettre Stone Sour en pause
pendant un bout de temps, la
rumeur est crédible. Wait and
see, comme on dit. 6 La série
noire continue pour Ozzy
Osbourne. Après sa pneumonie contractée
en début d’année, c’est une mauvaise chute
qui est venue raviver des blessures survenues
en 2003 lors d’un accident de quad tristement
célèbre. Par conséquent, le Prince Of Darkness
a annoncé le report de tous
ses concerts prévus en
2019 à l’année prochaine.
Souhaitons-lui un prompt rétablissement ! 6
Vingt contributeurs épaulés par six photo-
graphes vous attendent sur la nouvelle version
web d’Obsküre (www.obskuremag.net). Ce
site modernisé mené de main de maître
par notre collègue Emmanuel Hennequin
s'intéresse aux musiques dark au sens large
(metal inclus), mais avec une dimension
culturelle plus ouverte (cinéma, arts, littéra-
ture, etc.). Chaudement recommandé ! 6

14
 L’OEIL DE VERRE
Mark Lanegan, Paris, le 17 juin 2004
Mark est, à mon humble avis, le meilleur
chanteur rock en activité. Que ce soit
avec les Screaming Trees, les Queens Of
The Stone Age ou en solo, sa voix
ténébreuse, sombre, enivrante et hantée
reflète parfaitement son personnage.
L’homme déteste les photos, c’est peu de
le dire. En concert, il chante quasiment
dans le noir, les yeux clos. Le fait que je
shoote ce cliché à travers une vitre l’a
sans doute aidé à mettre une barrière
entre l’objectif et lui.

Tous les mois, une photo « plein pot » extraite des archives de Marc Villalonga et commentée par le photographe himself…
 La rubrique qui décape les esgourdes au chalumeau, par Charlélie Arnaud.
Vous êtes très nombreux à nous soutenir via Facebook et, bien évidemment, nous vous en sommes
éminemment reconnaissants. En revanche, c'est une pure question de bon sens, merci d'éviter de publier
de pleines pages du magazine sur les réseaux sociaux lorsque celui-ci est toujours disponible à la vente
en kiosques. Il vous est toujours possible de flouter votre chronique ou d'en extraire une phrase « choc »
plutôt que de la scanner intégralement. D'avance, mille mercis ! Support the underground ! • Vous aimez le thrash qui fleure bon la fin des
Retrouvez les groupes UG de ce mois et des précédents sur notre compilation Deezer à cette adresse : années 80 ? EUGENIC DEATH est fait pour vous !
http://bit.ly/plusenplusnet Under The Knife (même le titre sonne d’époque)
est un pur recueil de compositions qui rappellent
effectuer la moindre sortie de route. Le sonne presque death technique, et celle aux bons souvenirs d’Heathen, Atrophy, Vio-Lence,
bougre s’en acquitte pourtant haut la de « The Unspeakable » qu’on jurerait voire Annihilator sur certains passages plus
main avec des lignes mélodiques hyper issue d’un album d’Anathema, le delta est mélodiques et bavards en soli. Le chant menaçant
bien pensées (Yann Lignier de Klone a de belle taille. Une chose est sûre, en et rauque de Keith Davis n’a rien à envier à celui
de Chuck Billy (Testament), et derrière cet organe
trouvé son dauphin), qu’il panache régu- revanche : les 42 minutes de The Ends
très viril s’enchaînent des cavalcades rythmiques
lièrement avec des gueulantes beaucoup ne comptent pas la moindre seconde d’une précision et d’une vélocité absolument
plus agressives (écoutez donc « The superflue. Tout ici concourt à installer des réjouissantes (Cf. l’irrésistible « The Citizen
Watcher » et « Return To Nowhere », ambiances délétères ou lénifiantes, dans Patrol »). Sans vouloir être méchant, la niaque
notamment). Musicalement, ses cinq un souci constant d’efficacité et de qualité. n’est pas la même chez les groupes qui ont faim
compagnons sont au diapason (sans jeu Pour un premier full length, l’aboutisse- que chez ceux qui ont déjà mangé... (n’est-ce pas
de mots) et possèdent eux aussi ce côté ment est total et l’on voit difficilement Anthrax ?). Précipitez-vous sur cette petite bombe !
« couteau suisse » épatant. Tant et si bien comment le sextette « sang et or » aurait https://heavenandhellrecords.bandcamp.com/
qu’il est extrêmement difficile de rattacher pu rendre une copie plus soignée. Du album/under-the-knife
Monsters à une chapelle en particulier : grand art !
entre l’intro de « Final Outburst », qui www.facebook.com/Monsterslament

MONSTERS
Lens
Metal moderne alternatif
Décidément, la scène française n’est pas
près de nous laisser sur notre faim. The
Ends, premier album de Monsters après
un EP en 2014, est un véritable creuset de
créativité à lui seul. L’adjectif « versatile »
semble avoir été inventé pour qualifier
cette musique parfois brutale, parfois
atmosphérique, mais jamais exempte de
raffinement. Au chant, la performance de
Nono Bodz laisse pas mal d’apprentis
vocalistes sur le carreau... Difficile en effet
de coller à une musique aussi riche sans
Le chant de Ion (également bassiste), sou-
vent profond et écorché, sait aussi se faire
intriguant et suivre les ambiances diaphanes
des guitares de la paire Static/Golem XIV.
A l’instar des Anglais de Voices et
d’Akercocke, Mord’A’Stigmata a dû beau-
coup écouter la scène post punk anglaise
du début des années 80 (Killing Joke en
tête) pour en nourrir à ce point son black
metal. L’évolution de l’album est par
ailleurs assez étonnante : partant sur des
bases typiquement black, elle chemine
jusqu’aux confins de la new wave pour
aller finalement se frotter au death metal,
tout en se permettant même un détour
par l’électro (« Into Soil »). Une démarche
hétéroclite qui, dans l’idée, rappelle
également le Feel Sorry For The Fanatic
de Morgoth que nous évoquions dans la
rubrique « Purgatoire » de notre numéro
197 – même si, bien évidemment, nous
avons ici affaire à un metal bien plus
extrême. Dreams Of Quiet Places est au
final un disque fascinant au très fort pouvoir
addictif qui, souhaitons-le, permettra au
combo polonais de gagner ses lettres de
noblesse ailleurs que dans sa propre
contrée (où il jouit déjà d’une réputation
bien installée).
https://mordastigmata.bandcamp.com
/album/dreams-of-quiet-places
• JOHN MAKAY est un duo picard guitare/batterie
qui s’est fait au fil des années un petit nom sur la
scène math rock, notamment en tournant dans
toute l’Europe et même aux Amériques. CROM,
son nouvel album, dépasse son prédécesseur de
deux têtes au bas mot. Plus construit, mieux
produit, et de ce fait moins hermétique, il bénéficie
de l’apport de claviers qui génèrent un petit
supplément de mélodie au sein d’un ensemble
toujours principalement rythmique (« Bombardier
Transportationz »). A chaque titre débute une
nouvelle aventure : la course folle de « Ten Days
Away », la samba glauque de « Johnaldinho », etc.
Une rencontre complètement improbable entre
l’atmosphère de Primus, la folie rythmique
d’Atheist et le son de King Crimson.
https://www.facebook.com/johnmakaymusic

MORD’A’STIGMATA
Bochnia (Pologne)
• Depuis l’album Merchant Of War dont nous
vous avions parlé en 2013, DEADLY WHISPERS a
Avant-garde black/death metal fait du chemin et a même croisé celui du label
japonais Jackhammer Music qui sort aujourd’hui
Grandeur, beauté, désolation, chaos.
Brutal Therapy, le second essai du combo de
Voilà en quatre mots les impressions qui Tarbes. La recette n’a pas drastiquement changé :
se dégagent de Dreams Of Quiet Places, nous sommes toujours ici en présence d’un thrash
le nouvel album des Polonais de Mord’A’ death ultra efficace et particulièrement bien produit.
Stigmata. Un voyage sonore à travers des A titre d’exemple, des morceaux comme « Stay
terres contrastées qui forment un sacré True To Yourself » et le surpuissant « Hate » ne
camaïeu de gris. Et pourtant, bien que feraient absolument pas tâche dans le répertoire
tout soit mis en œuvre pour ce faire, ce d’un No Return. L’artwork superbe de Ted
n’est pas la sensation de malaise qui Implanted (que ne renierait pas le grand Ed
prédomine ici, mais bien celle de beauté. Repka) parachève le boulot sérieux effectué sur
cet album. A soutenir sans arrière-pensée !
www.facebook.com/deadlywhispersmusic

16

Propos recueillis par Morgan Rivalin
Photo : Marc Villalonga
Interview réalisée le 09 avril 2019 à Paris
C’est avec Deadland Ritual,
groupe constitué de Geezer
Butler (Black Sabbath), Matt
Sorum (ex-Guns N' Roses),
Franky Perez (Apocalyptica)
et Steve Stevens (Billy Idol)
que nous retrouverons ce
dernier le 18 juin au Trianon
de Paris et, quelques jours plus
tard, au Hellfest. Le guitariste
s’est très gentiment prêté à
notre questionnaire mensuel.
Qu’il en soit remercié !
Interview centrée sur Deadland
Ritual le mois prochain !
Rock Hard : Ton premier héros musical ?
Steve Stevens : Phil Ochs, un chanteur
engagé qui était une figure de ma ville,
Rockaway Beach, dans le Queens. Il a
notamment côtoyé Bob Dylan. Je recommande
à tout le monde de regarder le documentaire
Phil Ochs : There But For Fortune (2011) qui
lui est consacré. Quand j’avais sept ou huit
ans, sa sœur était ma prof de guitare, mais
aussi la chef de mon camp scout ! Enfin,
jusqu’à ce que des parents réalisent qu’elle
nous faisait chanter des chansons anti-guerre
du Vietnam... (rires) Je me suis donc fait virer
des scouts, ce dont j’ai été et suis encore
très fier !
Ton premier album rock ?
The Yes Album (1971), de Yes. Après Phil
Ochs, Steve Howe a été mon deuxième
héros musical. Jazz, country, flamenco :
c’est un guitariste qui peut absolument tout
jouer et, parfois, dans le cadre d’une seule
chanson. C’est sûrement grâce à lui qu’on
retrouve de la guitare douze-cordes dans
« Eyes Without A Face » (Ndlr : morceau de
Billy Idol publié sur Rebel Yell/1983).
Ton premier instrument ?
Une guitare acoustique que mon père s’était
achetée, mais puisqu’il faisait trois heures
de route par jour, il rentrait lessivé et n’avait
plus la force d’apprendre. Progressivement,
la guitare a donc passé de plus en plus de
temps dans ma chambre ! (sourire)
Le premier concert auquel tu as assisté ?
J’ai passé une partie de la nuit sur le trottoir
pour être sûr d’avoir un billet ! C’était Emerson
Lake And Palmer en 1973, au Madison
Square Garden. C’était énorme, tellement
musical et avant-gardiste dans l’utilisation
des lumières et des projections ! Les 20.000
stone kids de la salle ont bien trippé ! Trois
mois plus tard, je voyais Yes, toujours au
Madison. J’avais chopé le virus !
Ton premier groupe ?
Avec des gamins plus âgés que moi, nous
faisions des reprises des Stones et des
Allman Brothers. C’était très « garage »...
Et d’ailleurs, nous jouions dans un garage !
(rires) Mais l’essentiel était ailleurs. C’est
génial d’apprendre à communiquer avec
les membres de ton groupe au travers de
la musique. C’est pourquoi j’ai toujours
préféré faire partie d’un groupe, d’une
« bande ».
Ta première cuite ?
Je ne buvais pas quand j’étais jeune. A 17
ans, j’ai lâché l’école pour rejoindre un
groupe de reprises. Comme Twisted Sister,
nous allions dans les trois états du coin :
New York, New Jersey et Connecticut.
Nous jouions trois jours par semaine, à
raison de pas moins de trois sets donnés
par soir, et nous étions très sérieux. La
picole est venue plus tard. Sur la tournée
Rebel Yell (1983), nous jouions dans de
très grandes salles. Tu sors de scène et,
pour prolonger l’euphorie, tu bois, tu
goûtes à d’autres substances... Tout ça
pour ne pas connaître la gueule de bois que
tu finis quand même par prendre en pleine
poire dès la tournée achevée !
Ta première tournée ?
C’était sur le premier album de Billy Idol
(Billy Idol/1982). Nous venions certes de
sortir « White Wedding », mais nous
jouions encore dans de petites salles et
nous nous déplacions dans un simple van.
Je nous revois encore en train de nous les
geler dans notre van en panne au fin fond
du Canada... L’important est de ne pas
perdre la foi.
Ton premier Disque de Platine ?
C’était pour Rebel Yell (1983), lors d’un
concert mythique pour nous, donné devant
16.000 personnes à domicile, au Nassau
Coliseum. Une soirée exceptionnelle ! J’ai
donné ce Disque de Platine à ma mère. Elle
a passé des années à entendre ma guitare
faire un raffut du tonnerre dans la cave :
elle l’a bien mérité !!! (rires)
La première fois que tu t’es senti idiot
sur scène ?
Je me souviens surtout d’un concert à
Seattle, en 1987. Grâce à l’organisateur,
j’avais prévu d’aller voir la tombe de Jimi
Hendrix après le show. Mais voilà, pendant
le concert, un connard a lancé un couteau
dans ma direction... Je me suis mis à pisser
le sang sans comprendre ce qui était en
train de m’arriver. J’ai continué à jouer,
mais j’ai vite fini à l’hosto et je n’ai pas eu
le temps d’aller voir la tombe d’Hendrix.
C’est surtout ça qui m’a ennuyé ! (rires)
Ta première groupie ?
La première ?! Mec, c’était les 80’s : il y en
avait tellement partout, tout le temps... Je
ne me souviens pas de la première, mais
je me souviens particulièrement d’avoir
rencontré « Sweet » Connie, la groupie à
laquelle Grand Funk Railroad a rendu
hommage dans « We’re An American
Band ». J’ai été vraiment très honoré et
enchanté de la rencontrer ! Y
19
 Propos recueillis : Benji
Photo : DR
Entretien téléphonique réalisé le 06 mars 2019
Chaque mois, un musicien évoque
les dix albums qui ont changé sa
vie, ses « Dix Commandements ».
Alors que l’excellent nouvel album de
Grand Magus, Wolf God, vient tout
juste de voir le jour, le chanteur/
guitariste JB revient pour nous sur
les disques qui l’ont le plus influencé.
Une sélection très « metal », à l’image
de cet artiste qui revendique fièrement
son appartenance au genre.
1. DEEP PURPLE – Stormbringer (1974)
C’est le premier disque de hard
rock que je me souviens avoir
écouté. Mon frère aîné avait
acheté cet album, et je me rappelle,
du haut de mes six ans, avoir
été intrigué, puis fasciné par le
titre « Stormbringer ». J’aime
l’intégralité de cet album, même
si certains considèrent qu’il s’agit d’un Deep
Purple « soft ». Il y a pourtant un paquet de
morceaux fabuleux sur ce disque, à l’instar de
son titre éponyme que nous avons d’ailleurs
repris avec Grand Magus, ainsi que des parties
vocales de folie signées David Coverdale et
Glenn Hughes.
2. BLACK SABBATH – Paranoid (1970)
Le premier album que j’ai acheté
avec mon propre argent ! Je
devais avoir aux alentours de
douze ans. Je suis rentré chez
moi avec ce disque sous le bras,
j’ai écouté « Iron Man », et je
n’ai pas réussi à dormir pendant
plusieurs nuits ! (rires) Je trouvais
ça tellement effrayant, mais dans le même
temps, j’adorais cette ambiance. Même après
toutes ces années, ça reste une œuvre de
référence pour moi.
3. MOTÖRHEAD – Bomber (1979)
Mon album favori enregistré par
le trio Lemmy/Phil Taylor/Fast
Eddie Clarke. Il a sûrement le
désavantage d’être sorti entre
Overkill (1979) et Ace Of Spades
(1980), que beaucoup considèrent
comme les classiques de cette
époque, mais je reste super fan
de Bomber. Je suis dingue du titre « Bomber »,
mais aussi de « Stone Dead Forever »,
« Poison » et plein d’autres. J’aime beaucoup le
son de ce disque. Durant au moins un an, mes
potes et moi avons passé des après-midis à
écouter cet album !
4. RAINBOW – Ritchie Blackmore’s
Rainbow (1975)
Qu’en dire de plus que tout le monde
ne sache déjà ? Les morceaux
sont dantesques, à commencer par
« Man On The Silver Mountain »
et « Catch The Rainbow », le
chant y est magnifique… C’est
avec cet album, comme beaucoup,
que j’ai découvert Ronnie James Dio. Je suis un
grand fan de Rainbow avec le batteur Cozy
Powell, mais néanmoins, je trouve que Gary
Driscoll, qui joue sur ce premier album du groupe, est
lui aussi très bon.
5. BLACK SABBATH – Heaven And Hell
(1980)
J’aime les deux grandes périodes de Black
Sabbath, celle avec Ozzy Osbourne, mais
aussi celle avec Ronnie James Dio.
Bizarrement, mon morceau préféré de
Black Sabbath avec Ronnie reste
« Voodoo », qu’on retrouve sur Mob Rules
(1981). Mais Heaven And Hell est dans son ensemble
un album plus consistant, avec au moins quatre
classiques absolus que je ne me lasse pas d’écouter.
6. AC/DC – Back In Black (1980)
Il m’est difficile de choisir un seul album
d’AC/DC, mais je dois avouer que Back In
Black est celui que j’ai le plus écouté.
« Hells Bells » demeure mon titre préféré
de tout leur catalogue. Bien sûr, j’adore
aussi toute la période avec Bon Scott, en
particulier l’album High Voltage (1976),
avec lequel j’ai découvert AC/DC. Je suis aussi très
fan de ce dernier, même si, quand on le compare à
Back In Black, on a presque l’impression de ne pas
avoir affaire au même groupe.
7. ACCEPT – Restless And Wild (1982)
Il s’agit du premier album d’Accept que j’ai
écouté. Comme beaucoup à l’époque, j’ai
été subjugué par « Fast As A Shark » et
son incroyable partie de double grosse
caisse. En le replaçant dans le contexte de
l’époque, il s’agissait d’un des disques les
plus extrêmes du moment ! Non seulement
par sa musique, mais aussi grâce au chant d’Udo
Dirkschneider, absolument incroyable et d’une grande
agressivité.
8. JUDAS PRIEST – Defenders Of The
Faith (1984)
Il s’agit de mon album préféré de Judas
Priest, même si, à la même époque, j’écoutais
Screaming For Vengeance (1982) et British
Steel (1980) tous les jours de ma vie. Mais
Defenders Of The Faith est tellement metal !
J’aime à dire que si l’on devait envoyer un
exemple de ce qu’est le heavy metal aux habitants des
autres planètes du système solaire, ce serait définiti-
vement cet album.
9. MANOWAR – Hail To England (1984)
J’écoutais déjà beaucoup de hard rock,
mais lorsque j’ai posé mes oreilles sur cet
album, j’ai trouvé que cela sonnait aussi
très extrême, d’une façon différente.
L’ambiance y est majestueuse, grandiose,
notamment sur des titres comme « Blood Of
My Enemies », « Hail To England » et
« Bridge Of Death ». Le tempo en 6/8, comme on peut
l’entendre sur « Blood Of My Enemies », m’a beaucoup
marqué, et bien plus tard, j’ai moi aussi utilisé ce type
de rythmique avec Grand Magus.
10. BATHORY – Hammerheart (1990)
Je connaissais déjà les premiers opus de
Bathory, qui étaient bien plus hargneux.
Mais avec le changement de direction initié
par Quorthon sur Blood Fire Death (1988), et
plus encore sur Hammerheart, je suis devenu
un fan absolu. C’est si épique ! Ces albums
ont vraiment stimulé mon imagination.
21
 La liste des principaux festivals metal du
printemps et de l’été amoureusement
dressée, comme tous les ans, par l’ami
Benji. A vos sacs à dos !
METAL CULTURES/GUERET (France), du 08 au 11.05.19
BUKOWSKI, IMMOLATION, SKALD, LOFOFORA,
NOSTROMO, MONKEY3, RISE OF THE NORTHSTAR,
ROSA CRUX, CRISIX…
PUNK IN DRUBLIC/ANGOULEME (France), le 08.05.19
ANTI-FLAG, BAD RELIGION, LAGWAGON, LESS THAN
JAKE, NOFX, THE DEAD KRAZUKIES, THE
LILLINGTONS, THE REAL MCKENZIES…
COURTS OF CHAOS/PLOZEVET (France),
les 17 et 18.05.19
AGENT STEEL, JAG PANZER, TOKYO BLADE,
AVULSED, NEKROMANTHEON, RAVENSIRE,
NECROWRETCH, KÖRGULL, AMULET, ANGEL SWORD,
CADAVERIC FUMES, TENSION, MORTAL SCEPTER,
SILVER MACHINE, ELECTRIC SHOCK, ENOKHIAN…
OUTCH!/LA NICHE DOMMARIEN (France),
les 24 et 25.05.19
BLACK BOMB A, BRUJERIA, 20 MINUTES DE CHAOS,
AGGRESSION, GERANIÜM, HORDUR, LENG TCH'E,
SANGRE, VENOMOUS CONCEPT, RECTAL SMEGMA,
DEATHRITE…
BULLY ON ROCKS/BULLY LES MINES (France),
le 25.05.19
TYGERS OF PAN TANG, HARDBONE, DIRTY DOGZ, THE
BURNING CROWS…
LA VOIX DU ROCK/COUHE (France),
les 31.05 et 01.06.19 :
NOT SCIENTISTS, LITTLE TRIGGERS, LUDWING VON
88, NO ONE IS INNOCENT, TAGADA JONES, UNCUT,
ULTRA VOMIT, LEMON FURIA, LA RUDA, LA BRIGADE
DU KIF, LES RAMONEURS DE MENHIRS, LES WAMPAS,
CACHEMIRE…
METALFEST/PLZEN (République Tchèque),
du 31.05 au 02.06.19 :
AMON AMARTH, ALMANAC, ARCH ENEMY, BEAST IN
BLACK, CIVIL WAR, DEATH ANGEL, DEE SNIDER,
HAMMERFALL, KISSIN' DYNAMITE, KORPIKLAANI,
POWERWOLF, SEPTICFLESH, STRATOVARIUS, THE 69
EYES…
LIONS METAL/MONTAGNY (France), le 01.06.19
VADER, ARKONA, BENIGHTED, DESTINITY,
LONEWOLF, ULTRA VIOLENCE, VOICE OF RUIN, BUY
JUPITER, MONOLYTH…
FORTAROCK/NIJMEGEN (Hollande), les 01 et 02.06.19
AMON AMARTH, BEHEMOTH, AMORPHIS, ANIMALS
AS LEADERS, BLOODBATH, CHILDREN OF BODOM,
DECAPITATED, ENSLAVED, GLORYHAMMER,
HAMMERFALL, KADAVAR, KATATONIA, MYRKUR, NE
OBLIVISCARIS, SYMPHONY X, UNCLE ACID AND THE
DEADBEATS…
SWEDEN ROCK/SOLVESBORG (Suède),
du 05 au 08.06.19
SKID ROW, JOE LYNN TURNER, DEATH ANGEL,
DEMON, KRISIUN, DEF LEPPARD, SLAYER, AMON
AMARTH, ARCH ENEMY, KROKUS, BLACKBERRY
SMOKE, POWERWOLF, DEADLAND RITUAL, KISS, ZZ
TOP, DISTURBED, DREAM THEATER, AXEL RUDI PELL,
AT THE GATES, CANDLEMASS, MAGNUM,
GORGOROTH, BATUSHKA, ULI JON ROTH, THE NIGHT
FLIGHT ORCHESTRA, ROYAL REPUBLIC, JAG PANZER,
WITCHFYNDE, RITCHIE BLACKMORE'S RAINBOW,
STYX, BEHEMOTH, HAMMERFALL, SAXON, DEMONS &
WIZARDS, UFO, DANKO JONES, HANK VON HELL,
ANNIHILATOR, ELECTRIC BOYS, BEAST IN BLACK,
GREEN JELLŸ, MYRATH, JARED JAMES NICHOLS, PETE
WAY BAND…
AVEC ROCK HARD
ROCK HARD/GELSENKIRCHEN (Allemagne),
du 07 au 09.06.19 :
ANTHRAX, GAMMA RAY, WATAIN, CANNIBAL CORPSE,
POSSESSED, MAGNUM, SKID ROW, SYMPHONY X,
CARNIVORE A.D., FIFTH ANGEL, THE OBSESSED,
LONG DISTANCE CALLING, HEIR APPARENT, TYGERS
OF PAN TANG, VISIGOTH, THE VINTAGE CARAVAN,
VULTURE, TYLER LEADS…
GREENFIELD/INTERLAKEN (Suisse), du 13 au 15.06.19
DIE TOTEN HOSEN, SABATON, SLIPKNOT,
AMARANTHE, AMON AMARTH, AT THE GATES,
22
BEHEMOTH, DROPKICK MURPHYS, ELUVEITIE, FRANK
TURNER, GRAVEYARD, HALESTORM, KVELERTAK,
LAMB OF GOD, MILLENCOLIN, PAPA ROACH,
TESSERACT, WITHIN TEMPTATION…
DOWNLOAD/DONINGTON (UK), du 14 au 16.06.19
DEF LEPPARD, SLIPKNOT, TOOL, ALCEST, AMON
AMARTH, ANTHRAX, AT THE GATES, BAD WOLVES,
BEHEMOTH, BLACKBERRY SMOKE, CARCASS, CLUTCH,
DEADLAND RITUAL, DELAIN, DREAM THEATER,
GODSMACK, GRAVEYARD, HALESTORM, JINJER,
KVELERTAK, LAMB OF GOD, LAST IN LINE, MUNICIPAL
WASTE, OPETH, ROB ZOMBIE, SKID ROW, SLASH,
SLAYER, STONE TEMPLE PILOTS, TESLA, THE
PICTUREBOOKS, THE SMASHING PUMPKINS, TRIVIUM,
WHITESNAKE…
ROCK THE COAST/MALAGA (Espagne),
les 14 et 15.06.19
RITCHIE BLACKMORE’S RAINBOW, SCORPIONS, UFO,
TARJA, CARCASS, WINTERSUN, U.D.O., GRAVEYARD,
ABORTED, ANGEL WITCH, OPETH, THE DARKNESS,
MAGNUM, MICHAEL MONROE, MAYHEM, DARK
TRANQUILITY, CONCEPTION, ANGELUS APATRIDA,
JINJER, TRIBULATION, HYPNOSE…
COPENHELL/COPENHAGUE (Danemark),
du 19 au 22.06.19 :
SCORPIONS, SLIPKNOT, TOOL, AMON AMARTH,
CANDLEBOX, CLUTCH, DEMONS & WIZARDS, DIMMU
BORGIR, ELUVEITIE, GLENN HUGHES, HALESTORM,
IMMOLATION, KATATONIA, KVELERTAK, LAMB OF
GOD, LIVING COLOUR, MANTICORA, MUNICIPAL
WASTE, ORANGE GOBLIN, PRETTY MAIDS, REFUSED,
ROB ZOMBIE, SKINDRED, SLASH, STONE TEMPLE
PILOTS, TERROR, UNLEASHED…
KNOTFEST/CLISSON (France), le 20.06.19
SLIPKNOT, AMARANTHE, AMON AMARTH,
BEHEMOTH, MINISTRY, PAPA ROACH, POWERWOLF,
ROB ZOMBIE, SABATON, SICK OF IT ALL…
HELLFEST/CLISSON (France), du 21 au 23.06.19
LAST TEMPTATION, GLORYHAMMER, SONATA
ARCTICA, GODSMACK, DEMONS AND WIZARDS,
DREAM THEATER, DROPKICK MURPHYS, MANOWAR,
KLONE, BLACKRAIN, LOFOFORA, NO ONE IS
INNOCENT, DAGOBA, ULTRA VOMIT, MASS HYSTERIA,
GOJIRA, KHAOS-DEI, AORLHAC, UADA, TROLLFEST,
DIAMOND HEAD, IMPALED NAZARENE, VENOM INC.,
HELLHAMMER, KING DIAMOND, FREITOT, SUBLIME
CADAVERIC DECOMPOSITION, CULT LEADER,
DAUGHTERS, POWER TRIP, PESTILENCE, KVELERTAK,
POSSESSED, CARCASS, STINKY, THE RUM JACKS, THE
DWARVES, NO FUN AT ALL, THE INTERRUPTERS, ME
FIRST AND THE GIMME GIMMES, HANK VON HELL,
DESCENDENTS, SUM 41, THE NECROMANCERS,
VALLEY OF THE SUN, RADIO MOSCOW, CONAN, MY
SLEEPING KARMA, ALL THEM WITCHES, GRAVEYARD,
UNCLE ACID AND THE DEADBEATS, FU MANCHU,
KORITNI, FM, RICHIE KOTZEN, EISBRECHER,
DEADLAND RITUAL, WHITESNAKE, DEF LEPPARD,
KISS, LIKE A STORM, SKINDRED, WHITECHAPEL, THE
FEVER 333, BÖHSE ONKELZ, EAGLES OF DEATH
METAL, WITHIN TEMPTATION, ZZ TOP, ARCHITECTS,
SHAARGHOT, WOLFHEART, DOOL, PUNISH YOURSELF,
CARACH ANGREN, COMBICHRIST,
MYRKUR:FOLKESANGE, CRADLE OF FILTH, THE
SISTERS OF MERCY, DAWN OF DISEASE, CYPECORE,
TREPALIUM, ALLEGAEON, ARCHSPIRE, MOONSPELL,
CANDLEMASS, DARK TRANQUILLITY, BLOODBATH,
BANANE METALIK, THE CREEPSHOW, BATMOBILE,
THE LIVING END, MAD SIN, SHAM69, LES WAMPAS,
THE ADICTS, LE BAL DES ENRAGÉS, COILGUNS,
FIEND, WILL HAVEN, MANTAR, SUMAC, CAVE IN, THE
OCEAN, ENVY, CULT OF LUNA, ALIEN WEAPONRY,
NOVA TWINS, TESLA, BLACKBERRY SMOKE, CLUTCH,
STONE TEMPLE PILOTS, LYNYRD SKYNYRD, SLASH,
TOOL, INSANITY ALERT, MUNICIPAL WASTE, DEATH
ANGEL, TRIVIUM, TESTAMENT, ANTHRAX, LAMB OF
GOD, SLAYER, HYRGAL, BLISS OF FLESH, CEMICAN,
LUCIFER'S CHILD, WIEGEDOOD, SKALD, EMPEROR,
CARPATHIAN FOREST, TORMENTOR, EMBRYONIC
CELLS, PSYCROPTIC, REVOCATION, DEVOURMENT,
VOMITORY, IMMOLATION, VLTIMAS, CANNIBAL
CORPSE, DEICIDE, THE AMSTERDAM RED LIGHT
DISTRICT, BRUTUS, EMPLOYED TO SERVE, MORNING
AGAIN, CANCER BATS, NASTY, BEARTOOTH, REFUSED,
ENTER SHIKARI, DDENT, GOLD, MESSA, YOB,
ÅRABROT, ACID KING, THE OBSESSED, THE YOUNG
GODS, PHIL H ANSELMO & THE ILLEGALS…
ROCK THE RING/HINWILL (Suisse), du 20 au
22.06.19
DEF LEPPARD, WHITESNAKE, TESLA, FM,
INGLORIOUS, KROKUS, GOTTHARD, SAXON,
MAXXWELL, LYNYRD SKYNYRD, MIDNIGHT OIL,
JARED JAMES NICHOLS…
BEHEMOTH,
BILLYBIO, CANNIBAL CORPSE,
GRASPOP METAL MEETING/DESSEL (Belgique),
CROWBAR, FLOGGING MOLLY, JINJER, KADAVAR,
du 21 au 23.06.19
LAMB OF GOD, MUNICIPAL WASTE, NAPALM DEATH,
KISS, SLIPKNOT, WITHIN TEMPTATION, ABORTED,
ORANGE GOBLIN, PERTURBATOR, SICK OF IT ALL,
AGNOSTIC FRONT, AMON AMARTH, ANTHRAX,
TERROR, TURNSTILE, ZEAL & ARDOR…
ARCHITECTS, ATREYU, BAD WOLVES, BEARTOOTH,
BEAST IN BLACK, BEHEMOTH, BLACK PEAKS, BLEED
TONS OF ROCK/OSLO (Norvège), du 27 au 29.06.19
FROM WITHIN, BORKNAGAR, BORN FROM PAIN,
KISS, DEF LEPPARD, VOLBEAT, IN FLAMES, DROPKICK
CANDLEBOX, CANDLEMASS, CARCASS, CARPENTER
MURPHYS, BEHEMOTH, GLUECIFER, TESTAMENT,
BRUT, CELLAR DARLING, CHILDREN OF BODOM,
MAYHEM, POWERWOLF, CARCASS, VLTIMAS…
CLUTCH, COMBICHRIST, CONCEALED REALITY,
CRADLE OF FILTH, CRISIX,CROWBAR, CULT OF LUNA,
RESURRECTION/VIVIERO (Espagne), du 03 au 06.07.19
DEADLAND RITUAL, DEATH ANGEL, DEATHSTARS, DEF
SLIPKNOT, SLAYER, PARKWAY DRIVE, KING DIAMOND,
LEPPARD, DELAIN, DEMONS & WIZARDS, DISCHARGE,
WITHIN TEMPTATION, LAMB OF GOD, GOJIRA, ARCH
DISTURBED, EAGLES OF DEATH METAL, EISBRECHER,
ENEMY, TRIVIUM, TESTAMENT, MILLENCOLIN, CRADLE
ELUVEITIE, EQUILIBRIUM, FEVER 333, FLESHGOD
OF FILTH, KVELERTAK, CONVERGE, THE ADICTS,
APOCALYPSE, FM, GLENN HUGHES, GLORYHAMMER,
IGNITE, AVATAR, TERROR, MUNICIPAL WASTE, BRANT
GODSMACK, GOJIRA, GRAND MAGUS, HALESTORM,
BJORK, RADIO MOSCOW, CRISIX, NASTY…
HAMMERFALL, HATEBREED, HAWKWIND,
HEMELBESTORMER, IMMOLATION, IN FLAMES,
ROCK HARZ/BALLENSTEDT (Allemagne),
INGLORIOUS, INSOMNIUM, KING DIAMOND, KROKUS,
du 03 au 06.07.19
KVELERTAK, LAMB OF GOD, LEGION OF THE
AMON AMARTH, ANVIL, CHILDREN OF BODOM,
DAMNED, LIKE A STORM, LIVING COLOUR,
CRADLE OF FILTH, DIMMU BORGIR, DRAGONFORCE,
LOVEBITES, LYNYRD SKYNYRD, MINISTRY, MUNICIPAL
EPICA, GRAND MAGUS, GRAVE, HARDLINE,
WASTE, MYSTICUM, NASHVILLE PUSSY, NASTY, NE
HYPOCRISY, KORPIKLAANI, LEGION OF THE DAMNED,
OBLIVISCARIS, NO FUN AT ALL, OFF THE CROSS,
LORDI, NERVOSA, OVERKILL, SOILWORK, THE NIGHT
ORANGE GOBLIN, PHIL ANSELMO, PHIL CAMPBELL &
FLIGHT ORCHESTRA, U.D.O., VADER…
THE BASTARD SONS, POSSESSED, POWER TRIP,
RAVEN, REFUSED, ROB ZOMBIE, SABATON, SICK OF IT
ROCKFEST/BARCELONE (Espagne), du 04 au 07.07.19
ALL, SKALMOLD, SLASH, SLAYER, SONATA ARCTICA,
W.A.S.P., DEMONS & WIZARDS, KING DIAMOND,
STARSET, STATE CHAMPS, STONE TEMPLE PILOTS,
PRIMAL FEAR, RAVEN, U.D.O., ZZ TOP, BÖHSE
TAKING BACK SUNDAY, TERROR, TESTAMENT, THE
ONKELZ, CANDLEMASS, ENTOMBED A.D., GAMMA
AMITY AFFLICTION, THE HU, THREE DAYS GRACE, TO
RAY, KING KING, MICHAEL SCHENKER FEST, NAPALM
THE RATS AND WOLVES, TRIVIUM, UFO, UNCLE ACID
DEATH, OBÚS, POWERWOLF, RAGE W/BARCELONA
AND THE DEADBEATS, WHILE SHE SLEEPS,
ROCK ORCHESTRA, THUNDER, TURILLI/LIONE
WHITECHAPEL, WHITESNAKE, WIEGEDOOD…
RHAPSODY, SAXON, ANGELUS APATRIDA, ARCH
ENEMY, AVATAR, CRADLE OF FILTH, GUN, KROKUS,
LOS BARONES, SACRED REICH, VENOM, DEF
AZKENA/VITORIA (Espagne), les 21 et 22.06.19
LEPPARD, CANNIBAL CORPSE, CHILDREN OF BODOM,
STRAY CATS, THE B-52S, DEADLAND RITUAL,
DEE SNIDER, DREAM THEATER, EUROPE, FM,
BLACKBERRY SMOKE, GLASSJAW, INGLORIOUS, THE
HAMMERFALL, HELIX, MICHAEL MONROE, SEBASTIAN
CULT, TESLA, MELVINS, PHILIP H. ANSELMO & THE
BACH, SONATA ARCTICA, TESTAMENT, THERION...
ILLEGALS, CORROSION OF CONFORMITY, MEAT
PUPPETS…
VOA/LISBONNE (Portugal), les 04 et 05.07.19
SLIPKNOT, SLAYER, LAMB OF GOD, ARCH ENEMY,
MYSTIC/CRACOVIE (Pologne), les 25 et 26.06.19
GOJIRA, TRIVIUM, MOONSPELL, WHILE SHE SLEEPS…
OMNIUM GATHERUM, JINJER, VLTIMAS, SOULFLY,
TESTAMENT, POSSESSED, POWERWOLF, AMON
PLANE’R/COLOMBIER SAUGNIEU (France),
AMARTH, BATUSHKA, IN FLAMES, SLIPKNOT, LOST
les 05 et 06.07.19
SOCIETY, GRAND MAGNUS, HATEBREED, MUNICIPAL
KORPIKLAANI, SKINDRED, JINJER, BENIGHTED, R.A.B,
WASTE, CARCASS, TRIVIUM, CROWBAR, EMPEROR,
FOSS, SOULFLY, RISE OF THE NORTHSTAR, FINNTROLL,
WITHIN TEMPTATION, KING DIAMOND, SABATON…
DARK TRANQUILLITY, AQME…
SONIC PARK/BOLOGNE (Italie), le 27.06.19
IEPER HARDCORE/IEPER (Belgique), du 06 au 07.07.19
SLIPKNOT, AMON AMARTH, TESTAMENT, TRIVIUM,
AMENRA, MADBALL, GUILT TRIP, BITTER END, LENGTH
LACUNA COIL, ELUVEITIE…
OF TIME, HANGMAN'S CHAIR, HARM'S WAY, POISON
IDEA, TRAIL OF LIES, TURNSTILE, WIEGEDOOD,
TRONDHEIM ROCKS/TRONDHEIM (Norvège),
WISDOM IN CHAINS…
du 27 au 29.06.19
KISS, DEF LEPPARD, IGGY POP, IN FLAMES, WITHIN
BANG YOUR HEAD/BALINGEN (Allemagne),
TEMPTATION, GLUECIFER, HALESTORM, THE
du 11 au 13.07.19
HELLACOPTERS, TURNONEGRO, BACKYARD BABIES…
MICHAEL SCHENKER FEST, AVANTASIA, STEEL
PANTHER, SKID ROW, BEAST IN BLACK, SOULFLY,
DOKK’EM OPEN AIR/DOKKUM (Hollande),
ARMORED SAINT, EXHORDER, EVERGREY, VENOM
les 27 et 28.06.19
INC., TRIBULATION, AUDREY HORNE, CANDLEMASS,
KING DIAMOND, CRADLE OF FILTH, DEMONS &
CIRITH UNGOL, DARK TRANQUILLITY, DUST BOLT,
WIZARDS, CANNIBAL CORPSE, CARAH ANGREN,
FLOTSAM & JETSAM, HARDCORE SUPERSTAR, KEEP
MAYAN, PESTILENCE, DARKANE, ENFORCER,
OF KALESSIN, KROKUS, METAL CHURCH, OMNIUM
WOLFHEART, EVIL INVADERS, INSANITY ALERT…
GATHERUM, RAM, ROSS THE BOSS, THE NIGHT
FLIGHT ORCHESTRA…
TUSKA/HELSINKI (Finlande), du 28 au 30.06.19
SLAYER, AMORPHIS, ANTHRAX, DELAIN, DIMMU
MASTERS OF ROCK/VIZOVICE (République Tchèque),
BORGIR, THE HELLACOPTERS, OPETH, BEHEMOTH,
du 11 au 14.07.19
LOUDNESS, HALESTORM, JINJER, KVELERTAK, SICK
AVANTASIA, DREAM THEATER, WITHIN TEMPTATION,
OF IT ALL, FRANK CARTER…
URIAH HEEP, BRAINSTORM, CHILDREN OF BODOM,
TARJA, DARK TRANQUILLITY, DELAIN, ELUVETIE,
DOWNLOAD/MADRID (Espagne), du 28 au 30.06.19
EQUILIBRIUM, EVERGREY, FIREWIND, GAMMA RAY,
SCORPIONS, SLIPKNOT, TOOL, AMON AMARTH,
HARDLINE, LEGION OF THE DAMNED, MAYAN,
CHILDREN OF BODOM, COMEBACK KID, GRAVEYARD,
PRIMAL FEAR, RAGE AND LINGUA MORTIS
LEPROUS, PAPA ROACH, PERTURBATOR, RED FANG,
ORCHESTRA, SATYRICON, SOULFLY, STEEL PANTHER…
RIVAL SONS, SABATON, SOUFLY, STONE TEMPLE
PILOTS, SUM 41, TURBONEGRO, TURNSTILE,
GUITARE EN SCENE/SAINT JULIEN EN GENEVOIS
WATAIN…
(France), du 11 au 14.07.19
DREAM THEATER, MICHAEL SCHENKER FEST,
FULL FORCE/FERROPOLIS (Allemagne),
MIDNIGHT OIL, NEAL BLACK & FRED CHAPELLIER,
du 28 au 30.06.19
JOHN BUTLER TRIO, KING KING, MARK KNOPFLER,
ARCH ENEMY, LIMP BIZKIT, PARKWAY DRIVE, ALCEST,
ALBERT LEE…
AMORPHIS, ANIMALS AS LEADERS, AT THE GATES,

AVANTGARDE METAL DAY/DOUR (Belgique),
le 13.07.19
NEUROSIS, ELECTRIC WIZARD, YOB, THE BODY &
FULL OF HELL, WIEGEDOOD, BIRDS IN A ROW,
VONNIS…
DYNAMO/EINDHOVEN (Hollande), les 19 et 20.07.19
ARCH ENEMY, AIRBOURNE, CARCASS, METAL
CHURCH, SOULFLY, PHILIP H. ANSELMO & THE
ILLEGALS, ARMORED SAINT, GRAND MAGUS, AVATAR,
TRIBULATION, JUNGLE ROT…
METAL DAYS/TOLMIN (Slovénie), du 21 au 27.07.19
ANIMALS AS LEADERS, ARCH ENEMY, ARCHITECTS,
DECAPITATED, DEMONS & WIZARDS, DIMMU BORGIR,
DREAM THEATER, FINNTROLL, GAAHLS WYRD,
HELSTAR, HYPOCRISY, KORPIKLAANI, KVELERTAK,
LUCIFER, NEUROSIS, PHILIP H.ANSELMO & THE
ILLEGALS, RISE OF THE NORTHSTAR, SOILWORK,
SVART CROWN, TARJA, THE VINTAGE CARAVAN,
TIAMAT, TRIBULATION…
HEADBANGERS OPEN AIR/BRANDE HORNERKIRCHEN
(Allemagne), du 25 au 27.07.19
EXCITER, QUEENSRYCHE, HEIR APPARENT,
SANCTUARY, BLAZE BAYLEY, SLADE, HEAVYPETTIN,
HELSTAR, TAD MOROSE…
STEELHOUSE/EBBW VALE (UK), du 26 au 28.07.19
THIN LIZZY, THUNDER, URIAH HEEP, LIVING COLOUR,
THE TEMPERANCE MOVEMENT, GUN, CROBOT,
DANKO JONES, TAX THE HEAT, AMORETTES…
XTREME FEST/ALBI (France), du 01 au 04.08.19
SVINKELS, DISCHARGE, LUDWIG VON 88, DEEZ NUTS,
BERRI TXARRAK, CANCER BATS, NO FUN AT ALL, THE
TOY DOLLS, SICK OF IT ALL, IGNITE, THE CASUALTIES,
NEGATIV APPROACH, NO TURNING BACK, MADBALL,
LIONHEART, BIRDS IN ROW…
WACKEN/WACKEN (Allemagne), du 01 au 03.08.19
AIRBOURNE, ANGELUS APATRIDA, ANTHRAX, AVATAR,
BLACK STONE CHERRY, BODY COUNT FEAT. ICE-T,
BULLET FOR MY VALENTINE, CRADLE OF FILTH,
CRISIX, CROBOT, D-A-D, DARK FUNERAL, DELAIN,
DEMONS & WIZARDS, ECLIPSE, EVERGREY, GAMA
BOMB, GIRLSCHOOL, GRAVE, HAMMERFALL,
HELLHAMMER, JINJER, KROKUS, LIFE OF AGONY,
MESHUGGAH, MONSTER MAGNET, MYRATH,
NASHVILLE PUSSY, NIGHT IN GALES, OPETH,
PARKWAY DRIVE, POWERWOLF, PRIMORDIAL, PRONG,
PROPHETS OF RAGE, QUEENSRŸCHE, RAGE, ROSE
TATTOO, SABATON, SEPTICFLESH, SKEW SISKIN,
SKYCLAD, SLAYER, SWEET, TESTAMENT, THE ADICTS,
THE CROWN, THE DAMNED, THE NEW ROSES, THE
NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, THE QUIREBOYS, THE
SISTERS OF MERCY, THE VINTAGE CARAVAN,
TRIBULATION, UFO, URIAH HEEP, VENOM INC.,
VLTIMAS, WITHIN TEMPTATION…
SKOGROJET/REJMYRE (Suède), les 02 et 03.08.19
AVANTASIA, ACCEPT, AIRBOURNE, URIAH HEEP,
VENOM, BACKYARD BABIES, MUSTASCH,
AMARANTHE, GLENN HUGHES, GAMMA RAY, PRIMAL
FEAR, DEMON, HELIX…
SYLAK/SAINT MAURICE DE GOURDANS (France),
du 02 au 04.08.19
MESHUGGAH, TESTAMENT, APOCALYPTICA,
MADBALL, ELUVEITIE, BLACK FLAG, HYPOCRISY, SICK
OF IT ALL, SOILWORK, NOSTROMO, DANKO JONES,
SLAPSHOT, EYEHATEGOD, IHSAHN, MONKEY3,
SEVERE TORTURE, INSANITY ALERT, IN OTHER
CLIMES, MUDWEISER, IRON BASTARDS, HATE,
PASTORS OF MUPPETS…
POETFEST/SAINT-SAUVEUR EN PUISAYE (France),
les 02 et 03.08.19 :
TREPALIUM, ATLANTIS CHRONICLES, WORST, RISK IT,
WOLFPACK, STONE FROM THE SKY, LORDS OF THE
VOID, KRISIUN, JUNGLE ROT, DEEZ NUTS, SUBLIME
CADAVERIC DECOMPOSITION, VITAMIN X, INSANITY
ALERT, DO OR DIE, ALAVLA…
LEYENDAS DEL ROCK/VILLENA (Espagne),
du 07 au 10.08.19
THIN LIZZY, AIRBOURNE, APOCALYPTICA,
HAMMERFALL, DEE SNIDER, CRADLE OF FILTH,
AVATAR, DEICIDE, LACUNA COIL, ELUVEITIE, DELAIN,
METAL CHURCH, CRISIX, CANDLEMASS, FLOTSAM &
JETSAM, UNLEASHED, BRAINSTORM, PESTILENCE…
BRUTAL ASSAULT/JAROMER (République Tchèque),
du 07 au 10.08.19
ABORTED, AGNOSTIC FRONT, ANAAL NATHRAKH,
ANATHEMA, ANTAEUS, ANTHRAX, CARCASS,
CARPENTER BRUT, COVEN, DECAPITATED, DEICIDE,
DEMOLITION HAMMER, DESTRUCTION, ELECTRIC
WIZARD, EMPEROR, ENSIFERUM, EYEHATEGOD,
GODFLESH, GOROD, HYPOCRISY, IMMOLATION,
IRON REAGAN, JINJER, JUNGLE ROT, KRISIUN,
MESHUGGAH, METAL CHURCH, MONSTER MAGNET,
MYRKUR, NAPALM DEATH, THE OBSESSED, PARKWAY
DRIVE, PRIMORDIAL, PRONG, ROTTING CHRIST,
SACRED REICH, SICK OF IT ALL, SKELETAL REMAINS,
SLAPSHOT, SODOM, SOILWORK, TAAKE, TANKARD,
TESTAMENT, THERION, VOIVOD, WALLS OF
JERICHO…
BLOODSTOCK/DERBY (UK), du 08 au 11.08.19
SABATON, PARKWAY DRIVE, SCORPIONS, ANTHRAX,
DIMMU BORGIR, CHILDREN OF BODOM,
POWERWOLF, SOILWORK, CRADLE OF FILTH, THY ART
IS MURDER, TESSERACT, METAL CHURCH, SOULFLY,
DEATH ANGEL, DEE SNIDER, QUEENSRYCHE,
ELUVEITIE, SWALLOW THE SUN, ROSS THE BOSS,
GRAND MAGUS, ROTTING CHRIST, ABORTED,
SKELETAL REMAINS, HYPOCRISY…
VAGOS METAL FEST/VAGOS (Portugal),
du 08 au 11.08.19
STRATOVARIUS, SIX FEET UNDER, CANDLEMASS,
ALESTORM, WATAIN, PRIMAL FEAR, DEATH ANGEL,
NAPALM DEATH, JINJER, IRON REAGAN, ABORTED,
TÝR, NECROPHOBIC, DAGOBA…
PARTY SAN/SCHLOTHEIM (Allemagne),
du 08 au 10.08.19
ARKONA, BELPHEGOR, BLOODBATH, DEICIDE,
DESTRUCTION, HELLHAMMER, HYPOCRISY,
INCANTATION, JUNGLE ROT, KRISIUN, LEGION OF
THE DAMNED, NAGLFAR, ROTTING CHRIST, SATAN,
SOILWORK, SOLSTAFIR, SOLSTICE, SUICIDAL ANGELS,
TESTAMENT, THE CROWN, VOMITORY…
INTO THE GRAVE/LEEUWARDEN (Hollande),
du 09 au 11.08.19
POWERWOLF, OPETH, DEATH ANGEL, MESHUGGAH,
ANTHRAX, TESTAMENT, QUEENSRYCHE, SICK OF IT
ALL, HYPOCRISY, DOG EAT DOG, NO TURNING BACK,
SWORN ENEMY, BATTLE BEAST, GOD DETHRONED,
TESSERACT, SACRED REICH, PRONG, JINJER, CROBOT,
LACUNA COIL, KLONE…
ALCATRAZ/COURTRAI (Belgique), du 09 au 11.08.19
SAXON, AVANTASIA, THIN LIZZY, POWERWOLF,
OPETH, MESHUGGAH, AMENRA, AVATAR,
SOULFLY, CROSSFAITH, URIAH HEEP, MAYHEM,
QUEENSRŸCHE, ROSE TATTOO, METAL CHURCH,
ROTTING CHRIST, VIO-LENCE, SACRED REICH,
HYPOCRISY, SODOM, PRONG, SANCTUARY, DEICIDE,
DECAPITATED, TESSERACT, MYRKUR, NAPALM DEATH,
THY ART IS MURDER, OF MICE & MEN, ANVIL,
FIREWIND, SOILWORK, FIFTH ANGEL, FLOTSAM
AND JETSAM, VOIVOD, DEMOLITION HAMMER,
UNLEASHED, CROBOT, CRYSTAL LAKE, ALIEN
WEAPONRY, NERVOSA, BURY TOMORROW, HELSTAR,
WAYWARD SONS, CARNATION, HELL CITY, OFF
THE CROSS, ALKERDEEL, AN EVENING WITH
KNIVES, BLACK MIRRORS, COWBOYS AND ALIENS,
DESERTED FEAR, FIRE DOWN BELOW, GLOWSUN,
HEMELBESTORMER, MAUDLIN, MIAVA, PSYCHONAUT,
SPEEDÖZER, TANGLED HORNS, THE SPIRIT,
WOLVENNEST…
SUMMER BREEZE/DINKELBÜHL (Allemagne),
du 14 au 17.08.19
PARKWAY DRIVE, BULLET FOR MY VALENTINE,
AVANTASIA, IN FLAMES, KING DIAMOND, EMPEROR,
DIMMU BORGIR, AIRBOURNE, MESHUGGAH,
HAMMERFALL, TESTAMENT, BRAINSTORM, DEATH
ANGEL, DEICIDE, GRAND MAGUS, NAPALM DEATH,
QUEENSRŸCHE, RISE OF THE NORTH STAR, ZEAL &
ARDOR, UNLEASHED, ELUVEITIE, SUBWAY TO SALLY,
HYPOCRISY, CRADLE OF FILTH, SOILWORK,
EQUILIBRIUM, DRAGONFORCE, KVELERTAK…
MOTOCULTOR/SAINT NOLFF (France),
du 15 au 18.08.19
EXCALIBUR - THE CELTIC ROCK OPERA, NOFX,
HATEBREED, AVATAR, ELUVEITIE, AT THE GATES,
BLOODBATH, WATAIN, ALAN STIVELL, NAPALM
DEATH, MARDUK, HYPOCRISY, DEATH ANGEL,
CARPENTER BRUT, MAGMA, HENRI DES & ZE
GRANDS GAMINS, SACRED REICH, KADAVAR,
ANGE, PRIMORDIAL, CORVUS CORAX, IHSAHN,
ABORTED, SOILWORK, EYEHATEGOD, VOIVOD,
DECAPITATED, FREAK KITCHEN, THE NIGHT FLIGHT
ORCHESTRA, UFOMAMMUT, ANAAL NATHRAKH,
IRON REAGAN, TRIBULATION, LES RAMONEURS DE
MENHIRS, GAAHLS WYRD, MUSTASCH, DOPETHRONE,
KRISIUN, CANCER BATS, MIDNIGHT, GRONIBARD,
GET THE SHOT, THE VINTAGE CARAVAN, HARAKIRI
FOR THE SKY, WAKING THE CADAVER, MARS RED
SKY, HATE, VAMPILLIA, BEHEADED, AU-DESSUS,
STILLE VOLK, WOLVENNEST,THE LAZYS,
EXTERMINATION DISMEMBERMENT, UNDEAD
PROPHECIES, SHADYON, NYTT LAND, OAKS
CROWN, THIRD MERIDIAN…
GOLDEN AGE OF ROCK/LIEGE (Belgique),
du 23 au 25.08.19
CHANNEL ZERO, ANGEL, DEE SNIDER, FOGHAT,
TYGERS OF PAN TANG , VULCAIN, BACK:N:BLACK,
ALAIN PIRE EXPERIENCE, LEAF HOUND, ROBBIE
VALENTINE PLAYS QUEEN, ATOMIC ROOSTER, DOC
HOLLIDAY, ULI JON ROTH, MOXY, HERNIE DISCO,
IRISH COFFEE, PAT MAC MANUS, RUDY LENNERS &
FRIENDS, HEAVY PETTIN, 220 VOLT, EAGLES ROAD…
METAL MEAN/MEAN (Belgique), le 17.08.19
BLOODBATH, TORMENTOR, PRIMORDIAL, ASPHYX,
VOMITORY, INCANTATION, MIDNIGHT, ZURIAAKE,
AU-DESSUS…
STONEDEAF/NEWARK (UK), le 24.08.19
GLENN HUGHES, INGLORIOUS, WAYWARD SONS, GEOFF
TATE, DIAMOND HEAD, THE AMORETTES, MASSIVE…
RIVERSIDE/AARBURG (Suisse), du 30.08 au 01.09.19
ALICE COOPER, EVANESCENCE, KROKUS, DEE SNIDER,
URIAH HEEP, BLACK STONE CHERRY, THE NEW ROSES…
RAISMESFEST/RAISMES (France), les 14 et 15.09.19
GLENN HUGHES, PHIL CAMPBELL & THE BASTARD
SONS, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, H-E-A-T,
ELECTRIC BOYS, ZODIAC, DEWOLFF, LEPROUS, BRIAN
DOWNEY’S ALIVE AND DANGEROUS, AARON
BUCHANAN & THE CULT CLASSICS, TOKYO BLADE,
LAURA COX BAND, MASSIVE, MOLYBARON, 58 SHOTS…
PYRENEAN WARRIORS OPEN AIR/TOREILLES (France),
le 14.09.19
ARIA, WITCH HAZEL, BLASPHÈME, OMEN, METALIAN,
CHEVALIER, SACRAL RAGE, MINDLESS SINNER…
SOUTHTROOPERS/LES PENNES MIRABEAU (France),
le 21.09.19 :
PRAYING MANTIS, MYTHRA, THE WIZARDS, MIDNIGHT
FORCE, SIGN OF THE JACKAL, STONEWITCH,
ELECTRIC SHOCK…
DOOM VS STONER/SHEFFIELD (UK), les 28 et 29.09.19
ORANGE GOBLIN, FIREBALL MINISTRY, MONOLORD,
BLACK MOTH, BLACK RAINBOWS, CHURCH OF THE
COSMIC SKULL, DEAD WITCHES, MASTER CHARGER,
OAK, POSEIDON, SPACE WITCH, TEN TON SLUG, THE
RED WIDOWS, WITCH TRIPPER…
RISING FEST/LONGVIC (France), les 04 et 05.10.19
BLAZE BAYLEY, BULLET, CRYSTAL VIPER, ABSOLVA,
VICTORIUS, TITANL, ULTRA-VIOLENCE, THRASHBACK,
NANOWAR OF STEEL, DOG'N'STYLE, SATAN'S FALL,
SACRIFIZER, MÉS, CITADELLE, BORN AGAIN…
BRITISH STEEL SATURDAY NIGHT/FISMES (France),
le 05.10.19
AIR FORCE, THUNDERSTICK, ABSOLVA, SPARTAN
WARRIOR, SISTER ROSE, MALLEUS, GANG…
READY FOR PROG/TOULOUSE (France), les 11 et
12.10.19
THRESHOLD, ELDRITCH, MANIGANCE, MOBIUS, PAIN
OF SALVATION, SPECIAL PROVIDENCE, ADIMIRON,
SHATTERED SKIES…
FULL METAL HOLIDAY/MAJORQUE (Espagne),
du 14 au 21.10.19
POWERWOLF, IN EXTREMO, EQUILIBRIUM, CALIBAN,
CALWFINGER, KISSIN’ DYNAMITE, DESERTED FEAR,
MESSIAH, TWILIGHT FORCE, SERENITY, BULLET,
SAVAGE MESSIAH, EVIL INVADERS…
FESTIVAL DE VOUZIERS/VOUZIERS (France),
le 26.10.19
SATAN, FREEDOM CALL, MANIGANCE, TITAN,
TENTATION, EXISTANCE…
 Un sujet de Philippe Lageat - Photos : Olaf Heine & Jes Larsen
Avec le clip de « Deutschland », son nouveau single, Rammstein s’est, une fois encore, attiré les foudres des bien-
pensants ne voyant en lui qu’un agitateur patenté cherchant uniquement à créer le buzz et à gagner un maximum
de pépettes. S’il est fort à parier que Rammstein, le nouvel opus éponyme des Allemands attendu pour le 17 mai,
se fera à coup sûr le plaisir de rouvrir certaines plaies (le morceaux « Sex », à tout hasard…), faut-il pour autant
réduire le groupe à un professionnel de la provocation ? Tentative de réponse dans ce « Petit guide illustré ».

l’état. Quoi qu’il en soit, l’histoire de tempes rasées à blanc) des musiciens sur la
Art. I Rammstein commence par une provocation pochette du premier album, Herzeleid (1995)
plus ou moins assumée. Provocation – nous y reviendrons – contribue bien sûr à
Adopter un nom que le public d’ailleurs réitérée dans le morceau éponyme projeter, de Rammstein, l’image d’un groupe
n’oubliera pas « Rammstein », l’une des premières du
combo allemand, qui laisse peu de place à
martial, à minima, voire, les amalgames
étant ce qu’ils sont, carrément néo-fasciste.
En 1994, avant même d’avoir publié la la confusion : Une bien encombrante étiquette de laquelle
première note de musique, Till Lindemann la formation aura par la suite bien du mal à
(chant), Richard Z. Kruspe (guitare), Paul « Rammstein / Un homme en flammes / se défaire, ainsi que nous le confie le
Landers (guitare), Oliver « Ollie » Riedel Rammstein / Odeur de chair brûlée flottant guitariste Richard en novembre 1997 :
(basse), Christian « Flake » Lorenz (claviers) dans l’air / Rammstein / Un enfant meurt / « En Allemagne, un groupe de metal doit
et Christoph « Doom » Schneider (batterie) se Rammstein / Le soleil brille (…) Rammstein / répondre à certains clichés : des cheveux longs,
creusent la cervelle afin de dénicher un nom Un océan de flammes / Rammstein / Du sang des textes en anglais, etc. Nous avons les
de groupe difficile à oublier. N’imaginant coagule sur l’asphalte / Rammstein / Les mères cheveux courts, nous chantons en allemand
pas alors se produire un jour hors hurlent (…) / Rammstein / Un charnier » avec une prononciation particulière, notre
d’Allemagne, les six musiciens cherchent rigidité carrée sur scène, tout ça a fait que nous
avant tout à marquer de façon indélébile les Ainsi que Landers le confie dans une avons été assimilés à des néo-nazis. Ce n’était
esprits de leurs compatriotes. Et pour y interview : « Nous adorons flirter avec le pas une question de paroles, mais d’apparence.
parvenir, quoi de mieux qu’un nom faisant mauvais goût ». Ce à quoi Flake ajoute : En Allemagne, 90% des journalistes (…), ainsi
référence à un tragique événement ayant « Créer la controverse est amusant. C’est un peu qu’une partie du public, ne veulent pas rentrer
secoué le pays tout entier ? Six ans plus tôt, comme voler le fruit défendu ! ». Rammstein dans le trip Rammstein, préférant analyser à
le 28 août 1988, un meeting aérien qui s’est va désormais en faire son credo. tort et à travers. Et la seule chose à laquelle
tenu sur la base américaine de Ramstein cette réflexion stérile conduit, c’est la
(avec un « m »), en Allemagne, a connu un calomnie ». C’est qu’à force de jouer avec
dénouement effroyable, trois avions de la le feu, on finit par se brûler…
Frecce Tricolori, patrouille acrobatique
italienne, se percutant en vol lors d’une
figure spectaculaire (« Le Cœur Percé ») et Art. II
s’écrasant sur la foule. Le bilan, 70 morts
et 364 blessés graves, demeure l’un des Ajouter a la confusion en
plus lourds en matière de meeting aérien.
chantant en allemand Art. III
L’Allemagne est d’autant plus sous le choc
que les Américains mettront une éternité à Si l’on peut tout à fait comprendre la Habiller ses albums de visuels
indemniser les familles des victimes. Il n’en
faut pas plus à Paul, Flake et Christoph
volonté de Till (et d’autres membres du
groupe, à commencer par Flake) de chanter sujets a polemique
pour décider de nommer leur groupe dans sa langue maternelle, l’allemand, il est Comme ses compatriotes de Scorpions
« Rammstein-Flugschau » (Ndt : Meeting aérien toutefois difficile de nier que ce dernier, avant lui (on se souvient, par exemple,
de Rammstein) qui, rapidement, est raccourci dès le départ, a forcé son accent guttural, des pochettes de Virgin Killer, In Trance
en « Rammstein ». Si les musiciens s’amusant plus souvent qu’à son tour à et Lovedrive), Rammstein a souvent –
affirment alors à qui veut bien les entendre « rouler les r » comme un certain dictateur et consciemment – cherché à créer la
que le double « m » a été ajouté afin d’éviter de (très) mauvaise mémoire. Ceci, ajouté polémique avec les artworks de ses albums.
les amalgames, d’autres prétendent aux premières prestations scéniques des Nous évoquions Herzeleid à l’instant. Sa
aujourd’hui encore que cette lettre a été Allemands durant lesquelles Till agite un pochette originale montre les six musiciens
doublée par erreur, le groupe ayant ensuite lance-flammes au-dessus des spectateurs le torse nu, les muscles huilés et le cheveu
décidé de conserver cette orthographe en et aux coupes militaires (cheveux courts, court (crâne carrément rasé pour le bassiste
Oliver Riedel et décoloration blond platine
. Rammstein: Paris (live – 2017) pour Richard Z. Kruspe). Pas de quoi
GENRE SITE INTERNET . Rammstein (17.05.2019)
. Tanz metal fouetter un chat, me direz-vous, et
www.rammstein.de
ARTICLES RH pourtant… En optant pour ce visuel décalé
LE GROUPE au regard de leur musique sur-heavy et en
ALBUMS RH N°2, 5, 35, 36, 39, 48, 91, 92, 94,
. Till Lindemann (chant) 117, 176 & 198
. Herzeleid (1995) enfonçant le clou dans leur premier clip,
. Richard Z. Kruspe (guitare) . Sehnsucht (1997) « Du Riechst So Gut » (dans la version 1995
. Live Aus Berlin (live – 1999)
. Paul Landers (guitare) . Mutter (2001) de cette vidéo, les musiciens apparaissent
. . Lichtspielhaus (DVD – 2003) tels qu’ils sont sur la pochette de leur
Oliver « Ollie » Riedel (basse) . Reise, Reise (2004)
. Christian « Flake » Lorenz . Rosenrot (2005) premier album aux côtés d’un doberman),
(claviers) . Völkerball (live – 2006) les Allemands savent pertinemment qu’ils
. Liebe Ist Für Alle Da (2009)
. Christoph « Doom » Schneider . vont choquer et l’assument pleinement,
Made In Germany (compilation – 2011)
(batterie) . Rammstein In Amerika (live – 2015) comme le confirme Richard Z. Kruspe en
mai 1997, alors que nous l’interrogeons à ce

24
De g. à d. : (haut) Oliver « Ollie » Riedel,
Paul
Landers, Christoph « Doom » Schneider
(bas) Richard Z. Kruspe, Christian « Flake
» Lorenz
& Till Lindemann

25
26
sujet : « Cette pochette est une provocation pour
le milieu du metal car elle est très pop (…)
L’esthétique gay ? Oui, nous nous en sommes
rendu compte et l’avons assumé ! ». Oscillant
effectivement entre esthétique homo et clin
d’œil (probablement volontaire, même s’il
est impossible de l’affirmer) à la Kraft Durch
Freunde (Ndt : Strength Through Joy, en
anglais), une organisation visant à promouvoir
le national-socialisme en mettant en avant
une sorte de jeunesse allemande « idéale »,
ils prêtent bien volontiers le flanc à la
critique. Certains membres de cette rédaction
se souviennent encore des innombrables
messages d’insultes que leur valut alors le
fait de dire le plus grand bien de ces « pédés
nazis » que ce simple visuel avait suffi à
mettre au ban avant même que la plupart de
leurs détracteurs aient daigné posé la moindre
oreille sur la musique elle-même… Aux Etats-
Unis, la pochette d’Herzeleid est carrément
censurée pour laisser place à un visuel bien
plus anecdotique ne montrant que les visages
des musiciens…
Avec le visuel de Sehnsucht (1997),
Rammstein fait écho au Blackout (1982)
de Scorpions, l’artiste viennois Gottfried
Helnwein ayant charcuté le visage des
musiciens à l’aide d’instruments chirurgicaux
peu ragoutants et transformé Till Lindemann,
fourchettes plantées dans les yeux, en Rudolf
Schenker de la nouvelle génération. L’artwork
de Mutter (2001), sur lequel apparaît le visage
d’un fœtus, peut être appréhendé de deux
manières : s’agit-il d’un bébé nageant dans
du liquide amniotique ou… d’un enfant mort
plongé dans un bocal de formol ? Réponse
sans équivoque de Richard en avril 2001 :
« Il s’agit bien d’un fœtus mort. C’est l’œuvre
d’un photographe qui, pendant cinq ans, a
traversé le monde pour faire des prises de vue
d’organismes morts, mais conservés. Nous avons
découvert son livre, absolument fascinant, et
avons décidé d’utiliser le même principe pour
l’intérieur du livret où nous apparaissons
photographiés dans du liquide, comme si nous
étions morts et conservés ».
La boîte noire de Reise Reise (2004) n’est,
quant à elle, pas si choquante en soi… sauf
quand on découvre qu’une piste cachée
précède, sur certains pressages uniquement,
le titre « Reise Reise ». Et pas n’importe
laquelle puisqu’il s’agit de l’enregistrement
des dernières secondes de la tragique
conversation des pilotes du Vol 123 de la
Japan Airlines avant que ce dernier ne
s’écrase, faisant 524 morts (Ndlr : le 12 août
1985). A glacer le sang ! Décidément, les
crashs aériens, Rammstein aime… « Flirter »
disait Landers. Il arrive, comme c’est
clairement le cas ici, que Rammstein ne se
contente pas de « flirter », se vautrant, fier
comme Artaban, dans le mauvais goût comme
un porc dans la fange. C’est d’ailleurs cette
propension à dépasser les limites (dans tous
les sens du terme) qui met le groupe dans le
collimateur de la censure de son propre
pays. En 2009, l’album Liebe Ist Für Alle Da,
sur la pochette duquel Till s’apprête à
découper une femme nue avec une feuille de
boucher sous le regard des autres musiciens
(pour illustrer l’idée selon laquelle chacun a
droit à un « morceau d’amour »), est retiré des
magasins, les autorités allemandes arguant
que cet artwork fait l’apologie du sadisme et
du masochisme. Les paroles pour le moins
explicites des chansons « Pussy » et « Ich
Tu Dir Weh » (voir chapitre suivant) et le fait
qu’on trouve, dans le digipak du disque,
une photo de Kruspe fessant une femme
masquée mettent encore de l’huile sur le feu.
Résultat, l’album est interdit aux mineurs
et conséquemment retiré des magasins.
Peu après, le batteur Christoph, de passage au
Zénith de Nantes, nous avoue être surpris par
cette décision : « Nous n’avons rien fait cette
fois-ci que nous n’avions déjà fait avant sur nos
précédents albums. Alors, pourquoi sommes-nous
censurés cette fois-ci ? Ok, nous parlons de
sadomasochisme dans le morceau « Ich Tu Dir
Weh », mais nous l’avons déjà fait il y a quinze
ans, sur notre premier album. Il n’y a rien de
nouveau ici, et rien de bien extraordinaire. Quant
à la photo du livret qui montre Richard donner la
fessée à une fille et qui nous a aussi valu cette
censure, je ne trouve pas ça violent. C’est
amusant et arty, point. Pourquoi vouloir à tout
prix prendre ça au pied de la lettre et avec tant
de sérieux ? Je crois que certaines instances, en
Allemagne, veulent envoyer un signal fort en
direction des groupes de rock et de pop qu’elles
jugent trop extrêmes. En ce sens, nous faisons
figure de boucs émissaires ! ». Hé oui, Monsieur
Schneider : Rammstein, quasi anonyme en
1995, est, quatorze ans plus tard et le succès
aidant, attendu au tournant par les censeurs
de tous bords. Et c’est ce qui fait toute la
différence…
Art. IV
Aborder dans ses textes les
sujets les plus tabous
Evidemment, Rammstein ne faisant jamais
les choses à moitié, ses textes sont (la plupart
du temps) à son image : provocateurs,
impudiques et choquants. « J’ai toujours été
attiré par les aspects de la vie les plus brûlants,
les plus inhabituels et les plus scabreux. A
commencer par l’amour et le sexe. Des sujets
comme le fétichisme, ce que certains appellent
« déviances sexuelles », les différentes préférences
sexuelles, le sadomasochisme » aime à confier le
chanteur Till Lindemann qui, effectivement,
base l’essentiel de ses paroles sur ces deux
thématiques. Du sexe, donc, mais du sexe
extrême. De l’amour, oui, mais de l’amour
détraqué. Le thème de l’inceste, par exemple,
revient régulièrement dans l’œuvre de
Rammstein, ainsi qu’en attestent des
morceaux comme « Spiel Mit Mir »,
« Laichzeit » (qui aborde également la
zoophilie) et plus encore le puissant « Tier »
qui ne tourne pas autour du pot : « Que fait un
homme / qui ne sait pas différencier l’être humain
de l’animal (…) / Il ira vers sa fille / Elle est
belle et jeune / Et alors, comme un chien, il
s’accouplera / Avec la chair de sa chair et le
sang de son sang ».
La nécrophilie est également de mise dans
« Heirate Mich », l’histoire d’un homme qui a
perdu sa femme il y a un an et que le chagrin
a rendu fou au point qu’il creuse la terre de
ses mains pour retrouver le corps de son
amour : « Chaque nuit, je viens creuser / pour
voir ce qui demeure encore / du visage qui
me souriait (…) Avec mes mains, je creuse
profondément / Pour trouver ce qui me manque
tant (…) Alors, de toi, je prends ce qui reste /
La nuit est chaude et nous sommes nus / Maudit,
le coq salue le jour / Je lui ai tranché la tête ».
Autre thème récurrent, celui du
sadomasochisme, comme mentionné plus haut
et notamment dans « Bestrafe Mich ». C’est
avec le décrié « Ich Tu Dir Weh » que Till et le
groupe franchissent le Rubicon, les termes
employés dans ce morceau épinglé par les
autorités allemandes étant vraisemblablement
les plus brutaux de sa discographie qui n’en
manque pourtant pas. A tel point qu’on se
croirait carrément plongés dans American
Psycho (1991), l’éprouvant best-seller de
l’écrivain Brett Easton Ellis : « Avec toi, j’ai
le choix du supplice / Barbelé dans les voies
urinaires (…) Morsures, coups de pied, piqûres,
tenailles, scies émoussées / Dis-moi ce que tu
veux, je ne dirai pas non / Et je t’introduirai des
rongeurs ». Ouch !
Vous en voulez encore ? Attardons-nous alors
sur le cannibalisme que Lindemann évoque
dans « Mein Teil », faisant référence à une
histoire aussi vraie qu’épouvantable : celle
d’Arwin Meiwes, un informaticien allemand
qui, en 2001, a passé une petite annonce sur
le net pour trouver un homme… voulant être
mangé. Un certain Bernd Jürgen Armando
Brandes ayant répondu favorablement,
Meiwes lui a sectionné le pénis (qu’ils ont
tous deux mangé !) avant de le tuer et de
conserver certains de ses morceaux dans son
congélateur. Miam ! Voilà un sujet parfait
pour Till qui s’amuse à jouer sur le double
sens du mot « teil », qui signifie « part » et
« membre » : « Cherche jeune homme bien bâti
entre 18 et 30 ans / Pour l’abattage (…)
Aujourd’hui, je rencontre un homme / Qui
voudrait bien me dévorer / Les parties tendres,
mais aussi les dures, figurent au menu (…) Car
tu es ce que tu manges / Et vous savez de quoi il
s’agit / C’est ma part (comprendre « mon
membre ») ».
L’acte sexuel débridé est évidemment au
centre des débats, Lindemann chantant par
exemple, dans « Rein Raus » : « Je suis le
cavalier / Tu es le cheval (…) La chevauchée a
été courte / Je suis désolé / Je descends, je n’ai
pas le temps / Je dois maintenant m’en aller vers
d’autres chevaux / Qui veulent aussi se faire
monter ». La femme est souvent considérée
comme simple « objet » sexuel, ce qu’illustre
bien le décalé « Te Quiero Puta ». Mais nous y
reviendrons. N’oublions pas « Pussy » et son
inoubliable refrain – pour une fois chanté en
anglais – qu’on ne se donnera pas la peine de
traduire : « You’ve got a pussy / I’ve got a dick
ah / So what’s the problem ? / Let’s do it
quick ! ».
Till semble également très inspiré par
l’homosexualité, ce qu’illustre un « Mann
Gegen Mann » qui voit le chanteur hurler
« pédéééééé ! » comme un forcené : « Dans ma
chaîne ne manque aucun maillon / Mais quand
pointe l’envie d’un derrière / Mon sexe me traite
de traître / Je suis le cauchemar de tous les
pères ». « J’ai écrit cette chanson après avoir passé
une soirée en boîte, à Berlin, avec des amis
homosexuels, explique le chanteur. Pour eux,
l’amour est bien plus simple. Un regard leur suffit
à savoir qu’ils s’aiment, et ils passent la nuit
ensemble. Il n’y a pas toutes ces manières et ces
27
 chichis qu’il y a entre l’homme et la femme ». / Elle ferme les yeux / Ne résiste pas / « plus belle ville du monde », mais aussi taxée
Avec « Bück Dich », l’un des morceaux L’amour est là pour tous / Même pour moi ! ». de « putain ».
les plus controversés du groupe, notamment Ajoutons enfin à ça le pied-de-nez anti- Nous avons à peu près fait le tour des sujets
en concert (voir plus bas), Lindemann se impérialiste adressé aux USA dans qui fâchent. N’oublions toutefois pas, pour
transforme de nouveau en maître donneur « Amerika » : « Nous vivons tous en Amérique conclure cet article, les premières phrases
d’ordres et friand de sodomie : « Baisse-toi / / L’Amérique est merveilleuse (…) Laissez- de « Weisses Fleisch » (« Vous, dans la cour
Le visage ne m’intéresse pas (…) Je t’ordonne vous un peu contrôler / Je vous montre ce qui d’école / Je suis prêt à tuer / Et personne ici ne
de te baisser / Détourne ton visage de moi ! ». est bien (…) La musique vient de la Maison sait à quel point je me sens seul ») qu’Eric
Il fallait s’y attendre, la pédophilie est aussi Blanche / Et devant Paris se dresse Mickey Harris, l’un des deux auteurs de la tuerie de
à l’ordre du jour, Rammstein dénonçant, Mouse ». D’autant plus goûtu que ce pamphlet Columbine (Ndlr : le 20 avril 1999, les élèves
dans « Hallelujah » et sans prendre de à charge est ironiquement mis en parallèle, Eric Harris et Dylan Klebold tuèrent onze
gants, les abus sexuels de l’église : « Il aime sur le même album (Reise Reise), avec étudiants et deux profs et firent 24 blessés dans
bien les enfants de chœur (…) Le jeune garçon « Moskau », qualifiée de
doit rester à ses côtés / Le pêché
fait son nid dans l’entrejambe (…)
/ Il inclut le jeune garçon dans sa
prière / Alléluia / Il est le véritable
Christ / Alléluia / Et sait ce que
signifie l’amour de son prochain /
Alléluia / Retourne-toi lentement !
/ Retourne-toi ! ». C’est en effet
dans la rubrique glauque des
« faits divers » que le chanteur
pioche l’essentiel de sa matière,
à commencer par « l’affaire
Fritzl » : la sordide et triste
histoire d’une Autrichienne que
son père a séquestrée dans le
sous-sol insonorisé de sa maison
pendant 24 ans (!), lui faisant
sept enfants dans l’intervalle.
Une horreur qui, pour Till, a des
airs de pain béni, ainsi qu’en
témoigne « Wiener Blut » : « Oui,
le paradis se trouve sous la maison
(…) Ici-bas, personne ne peut nous
déranger (…) Et si parfois tu te sens
seule / Je plante en toi une petite
sœur (…) Sous la maison, un nid
d’amour ». Alors que cet
épouvantable cas
d’inceste fut découvert
en avril 2008, il est leur lycée lors d’une fusillade), qualifia
troublant d’observer que, dans son journal intime de « chanson /
quatre ans plus tôt, sur parfaite / pour / moi ». Cela valut
l’album Reise Reise, Till évidemment à Rammstein (dont Harris
racontait une histoire était grand fan), mais aussi à d’autres
étonnamment proche artistes comme Marilyn Manson, de servir
dans « Stein Um Stein » : de boucs émissaires à des médias et des
« Je vais te construire une politiques cherchant à pointer du doigt un
maisonnette / Qui n’a ni coupable. Et rapidement. L’affaire était
fenêtre, ni porte / Il fera suffisamment grave pour que le groupe,
sombre à l’intérieur / contrairement à ses habitudes, se fende
Aucune lumière n’y d’un communiqué officiel : « Les membres
pénétrera (…) Pierre par de Rammstein adressent leurs condoléances
pierre / Je vais t’emmurer / et leur compassion à tous ceux qui ont été
Je resterai toujours près de touchés par les récents évènements tragiques
toi (…) / Et personne ne survenus à Denver. Ils tiennent à affirmer
t’entendra hurler ». clairement qu’il n’y a rien dans leurs textes
L’hermafrodisme (si, si !) ou dans leurs opinions politiques qui ait pu
est aussi évoqué dans un influencer un tel comportement. Qui plus
« Zwitter » à la chute est, les membres de Rammstein ont des
teintée d’humour enfants qu’ils s’efforcent d’éduquer
(« Lorsque les autres filles sainement et avec des valeurs non-
cherchaient / Je pouvais déjà violentes ».
me féconder moi-même / Pourquoi, alors, choisir soigneusement
Aussi ne suis-je pas affecté / des thématiques aussi sensibles que
Quand quelqu’un me dit celles à l’instant évoquées ? Dans le
« fuck you ! »), Lindemann seul et unique but de choquer ? Nous
n’hésite pas non plus à se tentons de répondre plus loin à cette
glisser dans la peau d’un interrogation.
violeur dans « Liebe Ist Für
Alle Da » : « Nous sommes
seuls / Je la tiens fermement /
Et personne ne la voit pleurer

28

Art. V
Creer le buzz avec des
clips chocs
Pochettes d’albums et textes ne suffisent
pas à Rammstein, qui cherche également à
provoquer via ses clips. Toujours soucieux
d’apporter le plus grand soin à ses vidéos
promotionnelles, le groupe ne crée toutefois
la polémique qu’en 1998, lorsque sort le clip
de « Stripped », une reprise de Depeche Mode.
Il faut dire que les réalisateurs Phillip Stölzl
et Sven Budelmann se sont pour l’essentiel
servi d’extraits du film Olympia (Ndlr : titre
français : Les Dieux Du Stade) de Leni
Riefenstahl documentant les Jeux Olympiques
de Berlin en 1936 ! Les images sont
techniquement superbes et Richard nous
confie en janvier 2001 : « Nous avons utilisé
ces images pour leur esthétique, par pour des
raisons politiques ». Certes, mais la cinéaste
Riefenstahl était tout de même à la botte du
IIIème Reich – ce que le groupe n’ignore
évidemment pas – et a largement contribué
à assurer la propagande d’Hitler et la
propagation de ses nauséabondes idées
suprémacistes. Alors, bien sûr, les médias se
déchaînent… Ce qui, pour autant, ne refroidit
aucunement les ardeurs du groupe qui,
régulièrement par la suite, propose des
vidéos trimballant leur lot d’images chocs.
Citons, parmi bien d’autres exemples,
« Sonne » (la Blanche Neige de Walt Disney y
maltraite les Sept Nains et fait une overdose
après avoir sniffé de la poudre… d’or), « Mein
Teil » (on y voit Till dévorer un ange qui lui
fait une fellation, puis Christoph sortir du
métro en tenant en laisse ses cinq comparses
marchant à quatre pattes !) ou encore « Mann
Gegen Mann » (les musiciens jouant nus
tandis que s’entremêlent des corps d’hommes
en sueur). Le cas « Pussy » va bien plus loin.
Nos gaillards, filmés par Jonas Akerlund, y
interprètent des acteurs de films pornos. Dans
la version non censurée du clip (que les fans
n’ont pu découvrir, le 16 septembre 2009, que
sur le site porno Visit-X !!!), on peut les voir se
livrer à des jeux sexuels avec de charmantes
créatures et jouir sur le final du titre ! Gros
seins, masturbation, bondage, fellations et
même pénis en érection sont de la partie !
Bien sûr, en vrais maître de la provocation
qu’ils sont, les musiciens laissent croire qu’ils
n’ont pas été doublés lors des scènes les plus
chaudes, ce qui est bien entendu faux. Mais
le « mal » est fait puisque ce génial coup de
marketing permet à Rammstein de décrocher
son premier single n°1 en Allemagne.
La provoc’ au service du business… En
septembre 2009, Richard nous raconte :
« Nous avons fait parvenir ce morceau à Jonas
en pensant qu’il y avait 50% de chances qu’il
le déteste, et trois heures plus tard, il nous
répondait par mail : « Faisons une révolution :
tournons un porno !!! ». C’était exactement ce
que nous attendions de lui ! Il me semble que
c’est une première pour un groupe ». Deux mois
plus tard, Christoph Schneider résume bien le
mode de fonctionnement du groupe : « Nous,
nous n’avons pas changé, pas évolué d’un iota.
Nous sommes toujours capables de développer
cette énergie stupide afin de provoquer, et j’aime
ça car certains attendent de nous que nous
mûrissions avec l’âge, que nous devenions plus
« adultes ». Et voilà que nous tournons un clip
porno. Nous sommes toujours ces gamins qui,
il y a vingt ans, débordaient d’un enthousiasme
tout juvénile : « Ça, ça va faire du pétard.
Alors, qu’attendons-nous ? » ».
Dix ans plus tard, rien n’a changé, en effet,
ainsi que le prouve le nouveau clip
« Deutschland » qui regorge d’images faites
pour choquer (les musiciens, déguisés en
moines, engloutissant une choucroute sur une
femme noire symbolisant la Germanie, par
exemple), et dont le teaser de 35 secondes
montrant quatre des musiciens prisonniers
d’un camp de concentration sur le point d’être
pendus a déchaîné les passions. Surtout en
Allemagne. Comme le disait un certain David
Lee Roth : « Il n’y a pas de mauvaise publicité.
Il n’y a que de la publicité ». Et de ce point de
vue-là, Rammstein sait désormais comme
personne amorcer au mieux le lancement
de ses albums par des effets d’annonce
spectaculaires. Peu importe les dommages
collatéraux, Rammstein ne se fixe aucune
limite, y compris lorsqu’il raille l’alunissage
de Neil Amstrong en 1969 (« Amerika ») ou
dénonce la religion et ses « dérapages »
(« Rosenrot »).
Art. VI
Proposer des shows chauds
Sujets tabous, chant guttural, musique
martiale, images chocs, voilà, par le menu,
ce que Rammstein développe sur scène. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle, par-delà sa
musique (et aussi bons ses disques soient-ils),
il s’est taillé l’une des plus belles réputations
scéniques du rock et fait se déplacer les
foules. Ses concerts, il est vrai, sont toujours
spectaculaires. L’usage quasi permanent du
feu, bien sûr, mais aussi le recours à une
scénographie théâtrale, voire choquante.
Cuistot ensanglanté faisant mine de de se
cisailler l’entrejambe (« Mein Teil »), scènes
bondage et musiciens tenus en laisse, douche
de braises (« Ich Tu Dir Weh »), pénis géant
crachant de la mousse sur les premiers rangs
(« Pussy »), Till éjaculant sur le postérieur de
Flake (« Bück Dich », une scène qui a
d’ailleurs été censurée aux USA sur la VHS
Live Aus Berlin et a valu à Till et Flake de
passer une nuit en prison à Worcester en juin
1999 !), etc., les shows chauds de Rammstein
ne sont pas à recommander au public le plus
jeune, c’est un fait. Les effets les plus simples
étant souvent les meilleurs, inutile de dire que
c’est la vision apocalyptique de Till en 1997,
lance-flammes coincé entre les cuisses,
crachant des langues de feu monstrueuses
par-dessus les têtes des spectateurs (on se
demande encore comment cela était autorisé :
un Lindemann qui glisse et c’eut été la fête à
la saucisse dans le public !), qui a à jamais
marqué les esprits des convertis de la
première heure. Philippe Noiret, Romy
Schneider, Le Vieux Fusil, la Seconde Guerre
Mondiale… Rammstein, qui se produisait
alors dans des clubs, était vraiment effrayant
et marquait le public, simples curieux y
compris, au fer rouge. On se souvient encore
de ces deux pré-ados sortant, des étoiles
plein les yeux, du concert de l’Elysée
Montmartre en novembre 1997 : « Tu as vu,
c’est encore meilleur que Korn ! ». Rammstein,
c’est certain, a forgé sa réputation avec son
tanz metal irrésistible, mais davantage encore
avec ses shows d’enfer toujours teintés de
provocation… et d’humour.
Art. VII
Mettre les points sur les
« I » quand il le faut
Nous l’avons vu précédemment avec le triste
exemple de Columbine, Rammstein, parfois
(rarement), sort de son mutisme pour
remettre les pendules à l’heure. Il faut alors
que sa tendance à la provocation et son
second (voire troisième) degré soient
assimilés à une volonté manifeste de nuire,
ce qui n’est bien évidemment jamais le cas.
Il arrive alors que le groupe courbe
légèrement l’échine. Cela arrive quand on le
taxe plus souvent qu’à son tour de « néo-
nazi », probablement le plus grand malentendu
auquel les Allemands ont eu à faire face, Till
nous confiant, en octobre 1997 : « La presse
allemande cherche à colporter l’idée que nous
sommes des néo-nazis. Ces crétins de journalistes
écrivent que nous sommes d’extrême droite. A
l’heure actuelle, c’est mon plus gros problème ».
Les six musiciens, en 2001, sur l’album
Mutter, ont donc accepté de mettre
ponctuellement de côté leur apolitisme
revendiqué pour s’afficher clairement de
gauche dans la chanson « Links 2 3 4 », ainsi
que Richard nous l’expliquait à l’époque :
« Nous avons voulu montrer avec ce titre que nous
sommes à gauche, « links » signifiant « gauche ».
Dans la chanson, le texte dit « mon cœur est à
gauche ». C’est aussi un gimmick militaire :
« Gauche, 2, 3, 4 ! Gauche, 2, 3, 4 ! », mais
nous voulions vraiment montrer avec ce titre que
nous ne sommes pas d’extrême droite comme
certains veulent le faire croire, mais bien à
gauche. Faire de la musique heavy ne signifie pas
forcément que nous avons des opinions politiques
à droite de la droite, fascistes. Nous avons
également voulu montrer que le monde n’est pas
noir ou blanc, mais plus nuancé : avoir les
cheveux courts ne signifie pas forcément que tu es
un skinhead ou un fasciste (…) Je comprends que
certains puissent avoir peur de ça, mais ceux qui
s’intéressent vraiment à la musique de Rammstein
ont la possibilité de lire la traduction de nos
textes, que ce soit en anglais ou en français,
dans les livrets de nos albums ou sur Internet.
Ils verront alors que nos paroles n’ont rien à
voir avec le fascisme ou l’extrême droite. Nous
sommes à gauche et très ouverts. Les Sex Pistols,
par exemple, ont également fait un morceau dans
lequel on entendait des bruits de bottes (Ndlr :
« Holidays In The Sun »), et personne ne les a
jamais taxés de fascistes. De plus, nos textes sont
très simples et la voix est mise en avant dans
Rammstein. Il n’y a donc aucune raison que nos
paroles soient comprises de travers ». Voilà une
mise au point qui s’imposait et a le mérite
d’être claire. On notera qu’à certaines
29
 occasions plus rares encore le groupe a fait
marche arrière de lui-même, allant jusqu’à
s’autocensurer en incluant, dans le coffret
Made In Germany 1995-2011 paru en 2001,
une version du clip « Pussy » bien moins
« hot » que l’originale. Les exemples de
« marches arrière » comme celle-ci sont
pour autant rarissimes.
Art. VIII
Aller plus loin que la simple
provocation
Rammstein cultive l’art de la provocation
comme l’ont fait de nombreux musiciens
avant lui, à commencer par Alice Cooper,
Marilyn Manson, Wasp, GG Allin, Gwar,
Kiss, Ozzy Osbourne, Plasmatics, les Sex
Pistols, les Stooges, Nirvana, et bien
d’autres. Le Shock Rock dans toute sa
splendeur ! Comme le disait Flake alors que
le groupe allemand faisait ses premiers
pas : « En créant la controverse, nous attirons
l’attention des gens. C’est un premier pas
important, essentiel. A toi, ensuite, une fois
que tu as accroché ces personnes, de les séduire
avec ton show et, mieux encore, avec ta
musique. Rien ne nous fait plus plaisir que de
séduire musicalement un curieux avant tout
venu voir les bêtes curieuses ». Les
Rammstein, en effet, s’amusent depuis
toujours, tels des garnements, à traumatiser
l’establishment par ses provocations, mais
pour qui veut bien se donner la peine de
creuser un peu plus profondément, ce n’est
là qu’une façade, le baobab qui cache la
forêt. Ce désir viscéral de secouer le
cocotier s’explique partiellement par le
fait que nos gaillards soient originaires
d’ex-RDA et aient, très jeunes, connu les
rigueurs de la censure étatique. Après la
chute du Mur de Berlin (Ndlr : le 9 novembre
1989), quoi de plus normal pour six gamins
qui avaient alors entre 20 et 26 ans que de
se lâcher enfin totalement. Comme le dira
plus tard Flake : « Tout ce qui nous était
interdit jusqu’ici devenait soudain possible !
Et ça, il n’a pas fallu nous le dire deux fois ! ».
En plus de l’origine du groupe qui peut
expliquer sa propension à la controverse,
il faut souligner que ses chansons ont bien
souvent deux, voire trois, niveaux de
lecture, et qu’il peut être réducteur de les
taxer de simples provocations gratuites.
« Pussy » en est probablement le meilleur
exemple : c’est qu’il peut être tentant de
ne retenir de ce morceau que son refrain ô
combien mémorable (« Tu as une chatte /
J’ai une queue / Alors, quel est le problème ? /
Tirons vite un coup ! ») et de le réduire à ça :
une chanson sur le sexe facile. Tout faux.
Celui qui prend le temps d’approfondir le
texte de Lindemann s’aperçoit en effet qu’il
s’agit en réalité d’un morceau dénonçant les
touristes sexuels allemands se rendant à
l’étranger pour assouvir leurs fantasmes :
« Mercedes-Benz et autoroute / Partir tout seul
à l’étranger / (…) Je veux seulement m’amuser,
pas tomber amoureux / (…) Blitzkrieg avec
mon fusil de chair / Schnaps dans la tête, gente
30
demoiselle / Je glisse ma saucisse dans ta
choucroute (…) / Oh, ne vois-tu pas que je
ne parviens pas à tirer mon coup en
Allemagne ? ». Vu sous cet angle, ce titre
prend une toute autre dimension. C’est le
cas de très nombreuses autres chansons du
groupe, qui insiste d’ailleurs pour que les
paroles de ses morceaux soient publiées
dans les livrets de ses disques. Prenons
l’exemple du récent « Deutschland » par qui
la controverse est arrivée, de nombreux
médias et autres associations se plaignant
que Rammstein utilise l’Holocauste à des
fins promotionnelles : là encore, on ne peut
retenir de ce clip que les images filmées
dans le camp de concentration (et réduire
Rammstein à ça) ou analyser l’ensemble de
cette vidéo dans laquelle le groupe clame
son amour pour son pays tout en en
dénonçant les heures les plus sombres de ce
dernier, et donc, logiquement, l’Holocauste.
Qui prend le temps (encore une fois, il ne
faut jamais se fier à sa réaction première
avec Rammstein et prendre le temps de
disséquer) observera qu’un panneau
« photographies interdites » figure, dans
ce clip, à côté du gibet, l’idée étant de
critiquer ouvertement ce refus récurrent de
l’Allemagne d’évoquer son passé le moins
glorieux. Comme si tout cela n’avait jamais
existé. Regardez n’importe quel
documentaire sur le procès d’Auschwitz
s’étant tenu à Francfort en 1959 (Arte en
a diffusé un excellent en début d’année),
par exemple, et vous comprendrez qu’à
l’époque, moins de quinze ans après les
atrocités commises, tout le monde ou
presque en Allemagne semblait avoir oublié
la guerre et ses atrocités, certains
bourreaux se promenant en liberté aux
côtés de leurs victimes. Richard, en 1997
déjà, ne disait pas autre chose : « Les
Allemands ont un problème d’identité et de
gestion du passé. C’est pourquoi ils sont
obsédés par un nazisme imaginaire chez
Rammstein. Lorsqu’ils sont en manque de
questions, les journalistes allemands
demandent parfois : « Pourquoi parlez-vous
d’inceste ou de toutes ces déviances
sexuelles ? ». Mais ils s’en fichent et
n’approfondissent pas. Ils préfèrent se donner
bonne conscience en condamnant une soi-disant
idéologie nazie dont nous n’avons que faire.
Ils se foutent de la pédophilie, mais sont très
fiers de faire croire qu’ils mènent un combat
politique. Ridicule ! Depuis trente ans, les
Allemands, pour se protéger et oublier leurs
quinze années de national-socialisme, ont
fixé des limites à ne pas dépasser.
Malheureusement, ces limites musèlent la
créativité. Et lorsque certains, comme nous,
sortent du lot, on leur tape dessus. Mais pour
nous, la façon la plus honnête de nous
exprimer, c’est d’avoir élaboré ce concept ».
Quant au « but promotionnel » tant décrié,
les médias allemands et internationaux se
sont-ils acharnés sur Steven Spielberg
lorsque, dans La Liste de Schindler (1993),
il a filmé l’acteur Ralph Fiennes en
tortionnaire nazi s’amusant à descendre au
hasard des prisonniers des camps au fusil à
lunette ? Qui peut décider qui a le droit ou
pas de revenir sur les atrocités alors
commises ? D’autant que, dans le clip de
« Deutschland », les nazis sont finalement
exécutés en lieu en place des prisonniers…
Qui, enfin, s’armera d’un dictionnaire
Allemand/Français ou cherchera sur le Net
réalisera ô combien certains (beaucoup)
textes de Till sont empreints, en dépit
parfois du sujet scabreux qu’ils abordent,
d’une poésie à fleur de peau qui, là encore,
apporte une lumière différente sur ce qu’on
peut être uniquement tenté de juger comme
de la provocation (« Heirate Mich »,
« Rosenrot », « Seemann », « Herzeleid »,
« Dalaï Lama », « Alter Mann », etc.). Le
chanteur, en octobre 1997, ne nous disait
pas le contraire : « Nos chansons sont viriles,
je veux bien le reconnaître, mais mes paroles
concernent des problèmes féminins ! Les
problèmes que j’ai avec les femmes… Et elles
se reconnaissent dans ces paroles. Rammstein
fait de la musique pour tout le monde. C’est
normal, nous parlons d’amour ! (…) Nous
voulons juste explorer tous les aspects de
l’amour. Lorsque je parle de sadomasochisme,
je parle d’amour. L’amour est partout, même
dans un viol. Lorsqu’un type viole une femme,
il le fait par manque d’amour (Ndlr : à ce
propos, ceux qui auront lu le texte complet
de « Liebe Für Alle Da » – que nous
évoquions plus tôt – aurons compris que le
« violeur » a les yeux fermés et imagine
donc la scène… sans pour autant la vivre.
Ce qui fait, une fois encore, toute la
différence). Rammstein est obsédé par
l’amour ». Rammstein, pour conclure, a
certes érigé la provocation en table de loi
afin d’attirer à lui tous les regards, tentant
parallèlement de capitaliser sur cela et de
transformer, tel un alchimiste surdoué, la
polémique en or fin. Mais s’il faut lui
reconnaître un sacré talent pour ça, il ne
faut pas oublier – car c’est primordial –
que le combo allemand saupoudre toujours
ses frasques d’un second degré bienvenu
car, comme nous le confiait Oliver Riedel
en avril 2001 : « Pour survivre dans un
environnement aussi glauque, il nous a bien
fallu développer un peu d’humour ! ». Et si,
finalement, Rammstein, tout aussi
provocateur et provoquant qu’il soit, se
contentait d’observer ce qui se trame autour
de lui et ne nous renvoyait à la figure
qu’une bonne dose d’humanité ? Dans ce
qu’elle a de plus fou, certes, mais
d’humanité tout de même ? Rammstein,
simple miroir de notre âme la plus noire ?
Vous avez quatre heures !
Ils sont restés bouche bée,
Hyper choqués,
Et vraiment perplexes.
Que s’était-il donc passé ?
Un peu abasourdis,
Ils n’ont à l’évidence
Rien compris
Ce sera censuré !
Ça n’a aucun sens
Dommage pour la musique…
C’est tellement obscène,
Ce sera interdit !
(Extrait de « Los » – album Reise, Reise –
2004)
31
 Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 1er avril 2019
Dingue comme certaines choses vieillissent vite ! Il y a quinze ans, le metalcore était incontournable. Le style générait
alors cinquante nouveaux groupes par mois, mais l'histoire n'en retiendra au final qu'un sur cent, et encore... Destrage,
né à Milan (Italie) en plein essor de la vague (2002), a su rebondir et tenir sa musique toujours en phase avec les canons
du moment. Aujourd'hui, il fait figure d'exception, tant dans son créneau musical qu'au sein de la scène de son pays.
Après cinq albums, dont le flambant neuf The Chosen One, il était temps de parler (avec les mains, bien sûr) au leader
de la formation, le guitariste Matteo Di Gioia.
Rock Hard : Urban Being, votre Voilà une réponse bien originale, qui Non, nous avons bien sûr toujours de Etes-vous autodidactes ou sortez-
premier album, est sorti il y a dix doit à peu près être valable pour nombreuses influences externes. vous d’écoles de musique ?
ans. Comment décrirais-tu l’évolution chaque groupe ! (rires) Simplement, en prenant de l’âge et en Je suis principalement autodidacte, Ralph
de la musique de Destrage durant grandissant en tant que musiciens, ces (Salati/guitare) étant au contraire issu
cette décennie ? Votre niveau technique est hallucinant influences se font plus vastes et plus d’un parcours totalement académique :
Matteo Di Gioia : Lorsque nous avons et est mis au service d’une écriture variées. Par exemple, aujourd’hui, je aujourd’hui, il est d’ailleurs professeur
commencé, nous nous connaissions hyper fouillée. Pour autant, avez- ne pourrais plus citer un guitariste en de guitare. Il est bien plus érudit que
assez peu. Aujourd’hui, nous savons vous toujours des influences ou particulier dont le jeu a des répercus- moi et m’a enseigné beaucoup de choses,
parfaitement quoi attendre les uns des refusez-vous tout apport de sources sions sur le mien. J’ai trouvé mon style, notamment des exercices qui m’ont
autres, et nous avons parfaitement extérieures, comme le font certains ma façon de jouer, et je ne me focalise permis de ne pas perdre de temps à
ciblé ce que nous souhaitions faire. musiciens ? plus sur un guitariste en particulier. assimiler certaines techniques. C’est

32

De g. à d. : Gabriel Pignata, Matteo Di Gioia,
Federico Paulovitch, Paolo Colavolpe,
Ralph Salati
amusant car nous en avons parlé
ensemble il y a peu, tirant la conclu-
sion que nous nous étions mutuellement
beaucoup enrichis musicalement l’un
l’autre. Il m’a considérablement appris
sur la technique de l’instrument, et je
pense lui avoir apporté autre chose...
Une façon de penser moins rigide
justement, ou la possibilité de se
détacher de certains schémas. Nous
GENRE
. Metalcore progressif
LE GROUPE
. Paolo Colavolpe (chant)
. Urban Being (2009)
. Matteo Di Gioia (guitare) . The King Is Fat'n'Old (2010)
. Are You Kidding Me ? No. (2014)
. Ralph Salati (guitare) . A Means To No End (2016)
. .
Gabriel Pignata (basse)
. Federico Paulovich (batterie)
sommes donc parfaitement complé-
mentaires. Je suis tout de même passé
par quelques professeurs au cours de
mon apprentissage afin de maîtriser
certaines choses en particulier. Quand
j’ai débuté la guitare, je suis allé voir
un bluesman pour apprendre à faire
des bends ! (rires) (Ndlr : un « tiré » en
français, technique consistant à tirer
une ou plusieurs cordes pour faire
varier la hauteur de la note). A un
moment, je me suis aussi passionné
pour le jazz manouche, dont j’ai essayé
d’apprendre les bases grâce à une
méthode sur DVD (rires). Je l’ai vite
balancée, c’est juste impossible ! On ne
peut pas apprendre ça, c’est une
musique qui se ressent, qui se vit, elle
est dans les gènes. A moins de partir
faire un road trip pendant deux ans
avec des gitans, tu peux toujours te
brosser pour apprendre à jouer comme
eux, surtout avec un DVD. Quel con j’ai
été ! (rires)
Vos clips sont toujours hyper chiadés,
inventifs et esthétiques, parfois
même hilarants. On sent que ce media
est l’une de vos vitrines favorites...
Ah, là tu touches un point sensible,
merci beaucoup, je suis heureux de
savoir que tu aimes nos vidéos ! C’est
pour moi un élément capital de promo-
tion, mais aussi – voire surtout – le
vecteur idéal pour rentrer dans l’univers
Je ne vais pas prétendre que vous allez très bientôt
entendre parler d'une nouvelle génération de metal
italien, car il ne se passe pas grand-chose en ce
moment (Matteo Di Gioia)
d’un groupe. Je suis personnellement
en charge de cet aspect de la carrière
de Destrage, alors ça me tient évidem-
ment beaucoup à cœur. Je n’ai pas
beaucoup de mérite à gérer cela
puisque, la journée, je travaille dans le
milieu de la publicité et du film de
mode. Ce n’est qu’à la nuit tombée que
je me transforme en guitariste (rires).
Je prends un pied monstre à m’occuper
de cet aspect des choses. Certains de
mes collègues de travail participent
également à l’aventure en m’aidant
sur les tournages. Nous gambergeons
beaucoup en amont lorsque nous nous
attaquons à un nouveau clip, nous
faisons des séances de brainstorming
avec tout le groupe avant de partir sur
l’idée retenue. Nous prenons tout cela
très au sérieux : par exemple, avant de
tourner la vidéo de « My Green
Neighbour » (Ndlr : à voir absolument !),
nous nous sommes entraînés au jogging
tous les matins durant plusieurs semaines
dans un parc !
Vue depuis la France, qui est pour-
tant limitrophe, la scène metal
italienne est plutôt discrète. Qu’en
SITE INTERNET ARTICLE RH
www.facebook.com/Destrage RH N°198
ALBUMS
The Chosen One (2019)
est-il réellement pour toi qui vis dans
le pays ?
Tu dis « discrète » ? Je dirais même
« silencieuse », malheureusement... Je
ne vais pas prétendre que de grandes
choses se trament dans l’ombre et que
vous allez très bientôt entendre parler
d’une nouvelle génération de metal
italien car je pense sincèrement qu’il
ne se passe pas grand-chose en ce
moment. Je pourrais bien sûr te citer
quelques bons groupes, mais qui
relèvent strictement de la scène
undergroud. En dehors de cela, il y a
évidemment Fleshgod Apocalypse
qui a l’air de marcher plutôt bien à
l’étranger, Lacuna Coil, bien sûr...
Mais l’un dans l’autre, il faut reconnaî-
tre que c’est très calme.
Votre musique est à la fois très
violente et très progressive. Avez-
vous eu des difficultés à trouver votre
public ?
Je pense que trouver son public n’est
jamais simple. Et pour tout dire, nous
avons très rapidement abandonné cette
idée pour n’en faire qu’à notre tête, en
mode « qui m’aime me suive ! ». Je pense
que si tu cherches en permanence à
coller aux attentes des gens, tu vas
te prendre un coup de poing dans
l’estomac, puis un autre, et encore un
autre... Il y aura toujours quelqu’un qui
voudra que tu sois plus heavy, ou plus
prog, ou plus n’importe quoi. Nous
avons lâché l’affaire. En revanche,
nous respectons énormément notre
public et mettons un point d’honneur à
ne sortir que des chansons que nous
estimons être les meilleures possibles.
Jamais nous n’allons bâcler un titre ou
sortir quelque chose « juste pour voir si
ça va plaire ». Preuve en est que lors de
l’écriture d’un album, nous effaçons
une quantité industrielle de matériel
que nous ne jugeons pas être au niveau
par rapport à nos propres standards de
qualité qui sont assez élevés. Après,
bien sûr, ça te plaît ou ça ne te plaît
pas, chacun a son goût, mais on ne
pourra jamais nous prendre en flagrant
délit de faire cela par-dessus la jambe.
C’est la chose la plus honnête, humble
et respectueuse que nous puissions
faire pour les gens qui nous suivent.
A quoi ressemble le public dans un
concert de Destrage ?
Tout d’abord – c’est quelque chose qui
m’éclate à chaque date – les trois
premiers rangs sont systématiquement
constitués d’ados, toujours différents,
je ne vois jamais les mêmes. Au niveau
de l’âge, je dirais entre 16 et 20 ans,
grand maximum. J’adore ça, ça bouge,
ça met de la vie ! Ensuite, un peu plus
loin, tout est mélangé : il y a des gens
qui nous ressemblent, d’autres qui
ressemblent à de vrais métalleux et
d’autres qui ressemblent à des gens
qui n’ont absolument rien à foutre là !
(rires) Cette dernière catégorie me plaît
beaucoup aussi car ce sont parfois des
personnes qui se retrouvent là par
hasard, pour accompagner quelqu’un,
par exemple. C’est toujours intéressant
de discuter avec elles ensuite et de
savoir pourquoi elles sont restées, et ce
qui leur a plu – même si la plupart ne
sait pas vraiment l’expliquer de façon
claire.
N’avez-vous pas trop de ce public de
musiciens issus de la « police des
fausses notes », qui vient juste pour
disséquer la technique ?
Oh si, un peu, bien sûr, il y en a partout
et ça a toujours existé. Si c’est leur
façon de prendre leur pied à un concert,
grand bien leur fasse ! Vous voulez voir
un batteur qui tue ? Régalez-vous, le
nôtre est une brute ! (rires) Après tout,
pour eux, c’est comme aller au cirque
voir quel acrobate saute le plus haut.
Mais il est sûr que, pour nous, il est
plus agréable de voir dans le public des
gens sauter avec le sourire et s’éclater
plutôt que de voir des personnes prendre
des notes !
A travers certaines de tes réponses,
j’ai compris que vous aviez des jobs
« réguliers » en parallèle du groupe :
parvenez-vous à tourner beaucoup ?
Pas en ce moment car nous sommes en
pleine période de promo : l’album sort
le 24 mai, nous faisons donc des inter-
views et bossons sur les clips, etc.
D’ailleurs, je commence à sentir le
besoin de reprendre ma guitare parce
que ça fait un petit moment que je n’y
ai plus touché, ça me manque ! Mais
pour nos précédents albums, nous
avons pas mal bougé, oui : nous avons
joué partout en Europe, ainsi qu’aux
Etats-Unis et au Japon. J’espère
d’ailleurs pouvoir y retourner, mais je
ne sais pas du tout quand ça se fera.
Ceci dit, je ne suis pas le mieux placé
pour te donner ce genre d’infos car ce
n’est pas mon rôle au sein de l’équipe :
généralement, on me dit où nous allons,
on me montre où je dois m’asseoir, et
on m’y emmène ! (rires) Nous nous
occupons tous d’un aspect particulier
de « l’organisation Destrage ».
Si tu devais tirer un bilan rapide de
ces dix années, serait-il positif ou
penses-tu qu’il y avait moyen de
mieux faire ?
Il y a toujours moyen de faire mieux,
mais je suis plutôt satisfait de la façon
dont nous avons mené notre barque
jusqu’à présent. Nous n’avons jamais
commis de grosse bourde comme sortir
avec la femme d’un patron de major
qui, du coup, aurait décidé de briser notre
carrière, hahaha ! Notre progression a
été assez linéaire, en fait. Nous avons
peut-être raté quelques opportunités,
mais nous ne le savons pas, alors nous
ne sommes pas déçus. En termes de
popularité, évidemment, tu peux tou-
jours faire « plus » ou « mieux ».
Artistiquement, en revanche, nous
avons réussi à ne pas nous répéter et à
proposer des choses de qualité, ce qui
me rend assez fier, je dois dire... Y
33
 Propos recueillis par Morgan Rivalin - Interview réalisée le 09 avril 2019 à Paris
« Born To Lose », comme disait Lemmy. C'est également le message véhiculé par On Va Tous Crever, titre du nouveau
Sidilarsen, ce groupe né en 1997 bien connu des habitants de Toulouse. Avec ses gros concerts du Hellfest 2017 et du
Download Paris 2018, mais aussi à l’écoute de son nouvel album, il est clair que le quintet a plus que jamais la patate.
Bio, bien sûr. Il était donc logique de (re)prendre contact avec le duo « Viber & Didou », de passage à Paris.
Rock Hard : Peu de groupes réussissent Il y a eu une sorte d’introspection liée au bout d’un moment, ça ne suffit Benjamin « Viber » Bury : L’identité
à tenir pendant plus de vingt ans. Il à nos vies personnelles, la quarantaine, plus. Tu finis donc par te demander si Sidilarsen a toujours été multiple
n’y a jamais eu de coup de mou ? etc. Parfois, quand on regarde dans tu as envie de continuer, et nous avons et je pense que c’est une bonne
Benjamin « Viber » Bury : Si, mais le rétroviseur, on est nous-mêmes réalisé que c’est ce que nous voulions. chose, dans le sens où nous ne nous
nous avons réussi à nous relever. étonnés. Vingt ans ! « Pourquoi conti- Nous aimons toujours faire de la sommes pas cantonnés à un truc qui
Ce n’était pas uniquement musical, nuons-nous ? ». « Pourquoi sommes- musique ensemble et nous trouvons aurait pu nous rendre passés de
d’autres facteurs entraient en ligne nous toujours autant des ados ? ». que nous créons « mieux » que jamais. mode. Nous n’avons jamais eu ce
de compte... Jouer ensemble nous procure du problème...
David « Didou » Cancel : Après le Avez-vous la réponse ? bonheur. Nous sommes largement plus David « Didou » Cancel : Parce que
concert donné chez nous, au Bikini, Benjamin « Viber » Bury : Disons que heureux en faisant ça qu’autre chose. nous n’avons jamais été à la mode !
qui célébrait nos vingt ans et qui était nous avons créé ce groupe avec des David « Didou » Cancel : Et nous (rires) A mesure que les années
enregistré pour le live In Bikini Dura amis pour faire la teuf, et sur le pensons que nous avons encore des passent, tu te rends compte que c’est
Sidi (2018), nous avons fait un bilan. papier, c’est génial. C’est le rêve ! Mais choses à dire ! plutôt une chance.

34
 de l’électro, du metal, etc. A la base,
ce sont des groupes comme Metallica,
Suicidal Tendencies ou encore Nine
Inch Nails qui nous ont donné envie
de monter Sidi. Des groupes avec des
guitares. Mais nous avons tout de
suite été très ouverts, et ça a parfois
pu compliquer notre parcours. Parfois,
le public et les médias ont eu du
mal à suivre. C’était difficile de savoir
où nous placer car nous étions diffici-
lement « classables » !
Benjamin « Viber » Bury : Avec le
recul, j’ai l’impression que nous nous
sommes comportés comme si nous
avions déjà une très grande notoriété
et que, forts de ça, nous pouvions
explorer et tenter plein de choses.
Parfois, nous avons perdu des gens
au passage et nous en avons trouvé
d’autres, mais il a fallu nous suivre !
Ce qui n’a pas toujours été évident.
David « Didou » Cancel : Aujourd’hui,
il n’y a aucune stratégie de notre part,
mais nos envies sont plus claires. Le
public se retrouve là-dedans. Et puis,
le fait d’avoir traversé deux décennies
joue pour nous. Ça apporte une certaine
reconnaissance.
Tout à coup, des médias généralistes
vous ouvrent leurs portes, disent ou
écrivent « Sidilarsen, vingt ans
Le Hellfest nous a apporté une sorte de reconnaissance,
comme si nous avions décroché un Oscar !
(David « Didou » Cancel)
de carrière. On ne vous présente
plus » alors qu’au cours des vingt
dernières années, ils ne vous ont
jamais présentés...
(Rires) C’est exactement ça !
Musicalement, aviez-vous envie de
durcir le ton ?
Benjamin « Viber » Bury : Oui. Un
nouveau bassiste, Sylvain (Sarrobert),
est arrivé dans le groupe. Il a apporté
sa pierre à l’édifice. Nous voulions
quelque chose de plus « dur », sans
doute parce que c’est ce qui colle le
mieux avec l’actualité. Tout a vrai-
ment débuté sur scène où les versions
De g. à d. : David « Didou » Cancel, Benjamin de nos anciens morceaux étaient plus
« Benben » Lartigue, Samuel « Turbo » Cancel », puissantes que jamais. Pour se faire
Sylvain Sarrobert & Benjamin « Viber » Bury. plaisir, il faut savoir se réinventer.
David « Didou » Cancel : C’était une
évidence, une chose complètement
Votre ouverture d’esprit musicale a-t- naturelle. Et le fait de ne pas avoir
elle pu être point faible ? tergiversé nous a permis de passer plus
Oui, clairement. Tous les deux, à la de temps à approfondir la production
base, nous venons du théâtre. Il y a du disque.
eu chez nous une part de naïveté qui
nous a fait croire que nous pouvions L’album s’appelle On Va Tous
faire ce que nous voulions : du rock, Crever. On a connu des titres plus
. In Bikini Dura Sidi (live - 2018)
GENRE SITE INTERNET . On Va Tous Crever (2019)
. Metal indus
www.sidilarsen.fr
LE GROUPE ARTICLES RH
ALBUMS
. David « Didou » Cancel RH N°21 & 198
(chant) . Energie Nourricière (EP - 1998)
. Verticalité (EP - 1999)
. Benjamin « Viber » Bury . Emotion Numérique (EP - 2000)
(guitare, chant) . Biotop (2003)
. Eau (2005)
. Benjamin « Benben » . dénoncer l’état dans lequel se trouve
Réactivation Numérique
Lartigue (guitare) (remixes - 2006)
. Sylvain Sarrobert (basse) . Une Nuit Pour Sept Jours (2008)
. Machine Rouge (2011)
. Samuel « Turbo » Cancel . Chatterbox (2014)
(batterie, machines) . Dancefloor Bastards (2016)
positifs, mais en même temps, dans
le fond, vous n’avez pas tort...
Oui, nous sommes difficilement atta-
quables là-dessus !
Benjamin « Viber » Bury : C’est un
constat sombre qui colle bien avec
cette dimension plus dure, mais c’est
aussi une façon de rappeler qu’il faut
profiter de la vie. « Vivons pleinement
le moment » tous ensemble, créons des
liens : ça a toujours été notre message,
ne pas vivre comme si nous étions
immortels ou comme si les ressources
de notre planète étaient illimitées. Ça
a inspiré des morceaux comme « Start
Up Nation », un titre qui met le doigt
sur le paradoxe vivant dans lequel
certains politiques nous incitent à vivre.
Il y a encore dix ans, on nous incitait
à acheter du diesel car c’était soi-
disant meilleur pour l’environnement.
Aujourd’hui, on montre du doigt ceux
qui roulent au diesel, des usines
ferment et les gens sont au chômage.
Ça ne sert à rien de culpabiliser des
gens qui n’ont pas d’autres possibilités
à leur disposition. Mais voilà, « en
même temps », on nous dit : « Allez-y,
créez, polluez ! ». Il y a de quoi en
perdre son latin. Comme le chantait
R.E.M., « I’m losing my religion » ! En plus,
ça fait « République En Marche »...
(rires) Putain, quand j’ai réalisé ça, ça
m’a dégoûté ! « Ils m’ont gâché mon
groupe ! » (rires)
Comment qualifieriez-vous votre
rapport actuel à la politique ?
David « Didou » Cancel : Sidilarsen a
toujours été engagé et s’y est toujours
beaucoup intéressé, même si, comme
beaucoup de gens, nous avons aussi
été bien dégoûtés. Après la dernière
présidentielle, nous avons pris une
bonne indigestion et sommes passés
par une phase de déni. Comme beau-
coup d’autres, nous avons baissé
les bras. Nous avons laissé Macron
s’installer, juste parce que nous en
avions marre. Je ne me suis pas encore
très intéressé aux élections européennes
qui arrivent, mais je pense que ça va
me rattraper. Je pense que l’Europe
est un sujet primordial, comme celui
de la transition écologique.
Benjamin « Viber » Bury : Tous les
candidats en parlent, mais ils ne font
qu’en parler. Il est temps de passer
aux actes.
David « Didou » Cancel : Ça avance
beaucoup trop lentement, c’est sûr,
mais c’est dans nos actes de consom-
mation que nous pouvons changer des
choses. Nous avons tous la possibilité
d’agir, en votant, bien sûr, mais aussi
au travers des choix que nous faisons
en tant que consommateurs. On ne
peut pas dire « je veux acheter ce que je
veux quand je veux » et en même temps
la planète. Il faut réfléchir à ce qu’on
consomme. Il est plus facile de choisir
ce qu’on consomme quand on a des
moyens, mais même quand ce n’est
pas le cas, il est tout de même possible
d’agir.
Vous avez donné un (très) gros
concert au Hellfest, le 16 juin 2017.
Comment l’avez-vous vécu ?
Franchement ? Ça a été géant ! Nous
ne savions pas ce que donnerait un
Hellfest à onze heures du mat’. Nous
avons été très touchés et surpris de
voir autant de monde répondre présent
et nous renvoyer autant d’énergie.
Encore aujourd’hui, on nous en parle
tout le temps. Ça a marqué l’histoire
de notre groupe. Nos aficionados nous
demandaient depuis des années :
« Mais quand est-ce qu’on vous verra
enfin au Hellfest ?! ». Nous répondions
tout le temps la même chose : « Quand
nous y serons programmés ! ». Ça a été
assez dur d’y entrer, mais ça a fini
par se faire, tardivement, mais natu-
rellement. Le Hellfest nous a apporté
une sorte de reconnaissance, comme
si nous avions décroché un Oscar !
(rires)
Benjamin « Viber » Bury : Sur scène,
nous avions vraiment l’impression
d’être au bon endroit au bon moment.
Il faisait beau, le public avait la
pêche et tout ce que nous déclenchions
faisait mouche. C’était vraiment du
« très gros ». Ça rejoint des rêves de
gamin, quand tu es dans ta chambre
et que tu t’imagines à la place de
Metallica ou des Guns N’ Roses
devant une marée humaine, avec du
très gros son. Nous avons vraiment eu
l’impression de vivre ça. Ça a été
beaucoup d’émotion. Et puis, beaucoup
de gens nous ont vu, ça nous a bien
fait rayonner et ça n’a eu que des
conséquences positives pour le
groupe. Ils ont vu que Sidilarsen
tenait la route, que nos shows sont
efficaces et, visiblement, tout le
monde a passé un bon moment.
David « Didou » Cancel : En 2003,
dans le Larzac, nous avions joué
devant beaucoup de monde, mais
nous n’avions pas encore assez de
maturité pour pouvoir l’apprécier.
C’était l’époque José Bové, Manu
Chao & Co. En tant que seul groupe
metal de la programmation, nous étions
une sorte d’ovni sur ce plateau…
Le fameux plateau du Larzac !
Voilà ! (rires) Nous avons eu peu
d’autres occasions de jouer devant
énormément de monde et le Hellfest a
carrément explosé tous les compteurs
de notre carrière. Qu’est-ce que notre
musique produit sur une foule de
25.000 personnes ? Nous ne le
savions pas. En fait, c’est le même
résultat qu’en club, et ça nous a
surpris. C’était naturel, évident,
immédiat, y compris pour ceux qui
étaient là par hasard et qui sont tout
de suite entrés dans le trip. Il est très
rare que les planètes soient aussi
bien alignées, alors nous l’avons
savouré. Y
35

Si vous avez lu notre chronique du mois dernier, vous savez déjà tout le bien que nous pensons de Shehili, le cinquième opus des
Tunisiens de Myrath. En attendant de revoir les nouveaux maîtres du metal progressif oriental sur les planches françaises (en
fin d’année, si tout va bien), nous avons passé au grill de nos questions le chaleureux chanteur Zaher Zorgati, grand adepte de
métaphores culinaires.
Rock Hard : Quels ont été les
moments les plus forts de « l’après
Legacy », votre précédent album
paru en 2016 ?
Zaher Zorgati : De façon générale, il
a été très satisfaisant de constater que
le groupe avait gagné en popularité.
Au Japon, nous avons effectué une
mini-tournée avec Orphaned Land en
co-tête d’affiche, alors qu’il n’y a encore
pas si longtemps, nous assurions sa
première partie en Europe ! J’ai
beaucoup apprécié nos tournées en
compagnie d’Epica et de Symphony
X, mais mon meilleur souvenir reste
probablement le concert que nous
avons donné lors de l’édition 2018
du Festival de Carthage. Il avait lieu
dans un amphithéâtre, devant 7.000
personnes. Je n’en revenais pas !
Dans la foule, on trouvait aussi bien
des gamins que des personnes âgées,
des fans de metal que des femmes
voilées. Dingue ! Pour moi, cette date
représente un véritable aboutissement.
Et en termes de scénographie et
d’affluence, il s’agit du plus gros
concert de metal à avoir pris place
sur le sol tunisien. Même Epica et
Dark Tranquillity n’ont pas réussi à
rassembler autant de monde lors de
leurs passages respectifs à Tunis ! Il
nous a fallu combiner les ressources
de trois entreprises de location de
matériel scénique pour obtenir les
écrans LED que nous désirions, et le
résultat était magnifique. Cette
prestation a été immortalisée et fera
l’objet d’un DVD qui devrait sortir
peu de temps après Shehili.
Trois ans séparent Legacy de
Shehili. Les fans espéraient une
sortie plus rapide…
Le temps est probablement l’un des
ingrédients les plus importants de la
musique de Myrath. Nous avons besoin
de prendre du recul sur les idées que
GENRE ALBUMS
. Metal progressif oriental . sont merdiques et sont rapidement
Hope (2007)
. Desert Call (2010)
LE GROUPE . Tales Of The Sands (2011)
. Zaher Zorgati (chant) . Legacy (2016)
. Shehili (2019)
. Malek Ben Arbia (guitare)
. Elyes Bouchoucha (claviers) ARTICLES RH
. Anis Jouini (basse) RH N°115, 163 & 198
. Morgan Berthet (batterie)
SITE INTERNET
36 www.myrath.com
36
Propos recueillis par François Blanc - Photos Nidhal Marzouk - Interview réalisée le 13 mars 2019 à Paris
Zaher Zorgati
nous proposons, de considérer chaque
détail. Certaines de nos ébauches
abandonnées, quelques-unes sont
géniales, mais la plupart sont tout
simplement « à améliorer ». En
général, nous rassemblons toutes
nos idées et c’est Kévin (Codfert,
Adagio), qui est en quelque sorte le
sixième membre du groupe, qui nous
sert de juge, de « thermomètre ». Il
nous dit ce qu’il estime bon ou pas,
ce qui mérite d’être approfondi et ce
qui risque d’être « mal perçu » par
l’oreille occidentale. Voilà quinze ans
que nous lui faisons confiance, et
cela s’est toujours avéré payant. Je
reconnais cependant que nous avons
pris beaucoup de temps pour Shehili.
Notre maison de disques sait que
notre méthode de travail porte ses
fruits, mais nous exhorte néanmoins
à nous remettre rapidement au travail :
« S’il vous plaît, faites la même chose
que d’habitude… Mais plus vite ! »
(rires)
« Dance » et « No Holding Back »,
les deux premiers singles de votre
nouvel album, ont quelque peu
décontenancé les amateurs de la face
la plus progressive de Myrath…
Oui, j’en ai parfaitement conscience,
et en toute sincérité, je partage leur
avis. J’ai d’ailleurs déclaré à Kévin et
à notre maison de disques : « Putain,
pourquoi mettre en avant ces deux-là ?
Nous disposons d’autres morceaux qui
déchirent… » Mais ils ont estimé, à
raison, que ces chansons étaient
capables de séduire un public plus
large, par-delà les sphères du metal
et du progressif. Et effectivement, ils
avaient raison. Nos chansons sont
même diffusées par certaines radios
allemandes ! Je tiens cependant à
rassurer les fans : l’album contient
quelques titres bien plus progressifs.
Il faut l’écouter dans son intégralité !
Tu n’es donc pas satisfait de ces
morceaux ?
Si, je les adore, mais ce sont des
titres « commerciaux ». Attention, il
faut bien considérer ce qui se cache
derrière ce mot : à Bercy Village, par
exemple, on peut aussi bien manger à
McDonalds qu’à Five Guys. Les deux
sont commerciaux, c’est vrai, mais le
premier n’a pas d’âme alors que le
second te sert un « vrai » burger
qui a sacrément bon goût ! C’est la
même chose avec Myrath ; certaines
chansons sont peut-être commerciales,
mais le groupe n’a pas pour autant
perdu son jus, sa saveur, sa consis-
tance. A l’époque de Legacy, nous
savions déjà que ce disque ne pourrait
pas plaire à tout le monde car il
marquait un changement de cap.
Purement progressive à nos débuts,
notre musique est devenue bien plus
accessible avec le temps. Pourtant,
et même si cela paraît cliché, je peux
Elyes Bouchoucha
 Bouchnak est un peu le Frank
Sinatra du monde arabe. C’est une
authentique superstar, très respectée
au Moyen-Orient. Le fait qu’il réponde
à mon invitation et vienne enregistrer
ses parties à nos côtés m’a fait extrê-
mement plaisir. Il intervient sur le
titre « Mersal », mot qui signifie
« parchemin » en tunisien. Le texte
est assez abstrait et parle de guerre
existentielle, de conflit intérieur, mais
de façon poétique et métaphorique.
Les thèmes des paroles sont particu-
lièrement variés sur Shehili.
Contrairement à ce que ses mélodies
pourraient laisser penser, « Dance »
a été inspiré par un sujet d’actualité
très difficile…
menaces et s’est fait tatouer les mots
« dance or die » sur le cou. « Dance »
ne s’adresse pas seulement à lui,
mais à chaque être humain qui
continue à danser malgré les obsta-
cles qui se présentent à lui. Bien
évidemment, la danse est une méta-
phore. Je ne pense pas que tu obtiennes
grand-chose si tu danses devant ton
patron ! (rires) « Dance », c’est notre
façon de dire « fight » (« combat »).
C’est le courage face à l’oppression.
J’espère vraiment qu’Ahmad Joudeh
écoutera un jour notre chanson.
Ainsi, il verra à quel point son histoire
et son courage ont été source d’inspi-
ration. C’est un modèle pour beaucoup
de monde car son témoignage revêt
une portée universelle. De nombreux

Je n’ai rien contre l’islam,

mais je déteste le fanatisme
(Zaher Zorgati)
Ce morceau a été inspiré par la vie du
danseur de ballet syrien Ahmad
Joudeh. L’Etat Islamique gouverne sa
cité et d’anciens amis à lui, récemment
convertis, sont allés le dénoncer en
disant qu’il dansait, qu’il était homo-
sexuel… Ahmad a reçu un ultimatum
sans équivoque : s’il n’abandonnait
pas la danse pour se rapprocher de
l’Islam, il se ferait tuer. Il a pourtant
continué à danser, à lutter malgré les
médias ont relayé son combat, y compris
The Guardian au Royaume-Uni.
Que signifie le mot « Shehili » et
pourquoi l’avoir choisi comme titre
d’album ?
Le shehili, qu’on nomme aussi
« sirocco », est un vent chaud venu du
désert. Cela fait écho au style de
metal de Myrath, unique représentant
du « blazing desert metal » (Ndlr : metal

Malek Ben Arbia

t’assurer que nous ne calculons rien
et mettons tout notre cœur dans
notre travail. Le plus important,
c’est de se montrer honnête, d’être
respectueux envers soi-même, sa
musique et ses fans. Je comprends
que certains de ces derniers soient
rebutés par la dimension pop de nos
deux singles, mais ces chansons, en
dépit de leur simplicité, ont été
conçues avec amour. C’est un peu
comme quand tu cuisines pour ceux
que tu aimes. Une simple salade peut
être délicieuse si le produit est bon et
que la vinaigrette qui l’accompagne
est savoureuse. « No Holding Back »,
c’est de la salade bio servie avec une
vinaigrette qui déchire ! (rires)
Pourquoi avoir choisi de reprendre
« Lili Twil », standard de la
musique maghrébine des années
70 ?
C’était une idée de Mehdi et Romain,
du label Verycords. Ils adoraient
cette chanson et étaient sûrs que
nous pourrions nous l’approprier.
Personnellement, j’avais des doutes :
j’ai tellement entendu ce morceau,
incontournable au Maghreb, que je
m’en suis totalement lassé. C’est un
peu comme si l’on proposait à un
groupe français de reprendre du
Charles Aznavour ou du Jacques
Brel. Mais Mehdi a insisté, ajoutant
38
que ce morceau était très touchant et
vraiment magnifique pour l’oreille
occidentale. Il était si sûr de lui
que j’ai décidé de suivre son avis.
Cela fait très longtemps que nous
travaillons ensemble et il fait partie
de la « famille Myrath ». Crois-moi,
je ne dis pas ça seulement dans le
cadre de l’interview ; nous avons une
relation de confiance, et ils croient
en nous comme nous croyons en eux.
Une fois encore, Mehdi avait raison.
A force de travailler sur « Lili Twil »,
j’ai réussi à me l’approprier et je suis
très à l’aise avec notre version. Un
vrai « tube à l’américaine » !
L’un des invités les plus prestigieux
de l’album est le chanteur Lofti
Bouchnak, considéré comme l’un
des plus grands ténors du Moyen-
Orient. Comment cette collaboration
s’est-elle mise en place ?
Voilà des années que je rêvais de
travailler avec Lotfi. Dans la mesure
où il s’était déjà lancé dans une
sorte « d’expérience sonore » avec
un groupe de rock psychédélique
français, nous savions qu’il n’était
pas fermé à l’idée de chanter sur de
la musique saturée. Nous l’avons
donc contacté par le biais de son fils
Hamza, qui s’est chargé de lui faire
découvrir Myrath. Et il a aimé ce
qu’il a entendu ! Tu sais, Lotfi
Anis Jouini
désertique éclatant). C’est notre maison
de disques qui a trouvé cette formule
correspondant parfaitement au style
que nous pratiquons et cherchons à
imposer.
Dans la mesure où il s’agit de notre
premier entretien pour Rock Hard,
j’aimerais revenir sur ton parcours
personnel. Comment as-tu découvert
ton don pour le chant ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai
toujours aimé chanter. Je chantais
déjà dans la baignoire lorsque j’avais
quatre ans ! (rires) J’ai grandi dans
une famille de musiciens. Mon père
était acteur de théâtre et mon
grand-père metteur en scène. Il y
avait toujours des répétitions à la
maison, et j’entendais mon père rire,
répéter ses répliques… Et chanter
beaucoup ! Souvent, la famille se
rassemblait avec des luths et des
darboukas, et nous entonnions des
airs anciens issus du répertoire
égyptien ou de la musique juive
tunisienne, qui est absolument
magnifique. Autrement dit, j’ai ça
dans le sang ! Enfant, j’écoutais
Prince, Michael Jackson, Michael
Bolton, Ryan Adams… Et à treize ans,
comme tout le monde, j’ai découvert
Nirvana et Metallica, bientôt suivis
par Pantera, Black Sabbath, Death,
Cradle Of Filth, et des dizaines
d’autres. Là, je suis rentré dans un
tout autre « délire » ! (rires) J’étais à
fond dans tous les styles de metal !
J’ai toujours été ouvert à toutes
sortes de musiques, de la techno au
classique en passant par la musique
japonaise. En termes de chant,
j’admirais tout autant Ronnie James
Dio que David Bowie, Freddie
Mercury que Bruce Dickinson. Ce n’est
que plus tard, à l’âge de 24 ans, que
je suis mis au progressif : Genesis,
Dream Theater, Deep Purple, et
Symphony X, bien sûr, qui a beaucoup
influencé Myrath à ses débuts.
Lorsque nous avons tourné avec eux,
j’ai eu l’occasion de dire à Russell
Allen que je le considérais comme
l’un des meilleurs chanteurs de
metal de l’Histoire !
Chose étonnante, en 2007, tu as
participé à l’édition libanaise de la
Star Academy ! Quel bilan tires-tu
de cette expérience ?
Franchement ? C’était fun ! Si l’oc-
casion se présentait, j’y retournerais
volontiers. A l’époque, c’est un
pote qui m’avait motivé à passer les
castings avec lui. Les jurys m’ont
sélectionné, et on m’a téléphoné pour
me dire qu’on allait m’envoyer un
billet d’avion pour me rendre au
Liban. Comme je venais d’intégrer
Myrath, j’ai demandé son avis à
Kévin. Il m’a dit que ça ne pouvait
pas faire de tort au groupe et qu’au
contraire, cela nous aiderait à diffuser
son nom au Moyen-Orient et à faire
parler de lui. Je pensais me faire jeter
au bout de deux semaines, d’autant
qu’un Tunisien avait déjà remporté
l’édition précédente, mais finalement,
j’y suis resté deux mois ! J’ai fait des
rencontres et ai eu l’occasion de me
faire une idée de ce qu’est vraiment
le monde du show business… Et les
Myrath s’efforce de donner un bon
exemple à la jeunesse tunisienne :
oui, il est possible de construire
quelque chose, de sortir du pays,
d’aller au bout de ses rêves
(Zaher Zorgati)
magouilles qui vont avec ! Dites-
vous bien que la télé réalité porte
très mal son nom. On va vous montrer
des pleurs, des beaux sentiments,
mais rien n’est vrai. Ce n’est que
de la comédie ! Personnellement, je
n’ai pas pris cela trop au sérieux, et
c’est pour ça que j’en garde de bons
souvenirs.
Avant de rejoindre Myrath, il
t’arrivait de chanter en voix saturée.
Aurons-nous un jour l’occasion
d’entendre ton « growl » sur l’un de
vos morceaux ?
L’édition japonaise de l’album comporte
une reprise, chantée en japonais, de
« Monster In A Closet ». A la fin, on
peut m’entendre lâcher quelques cris !
Je me suis vraiment éclaté à enregistrer
cette version, que je préfère même à
l’originale. Je ne suis pas sûr de refaire
du chant extrême sur un album de
Morgan Berthet
Myrath, mais je ne veux pas me
mettre de barrières. Nous considérons
le groupe comme un laboratoire
d’expériences. Ce n’est pas nous qui
choisissons notre style, c’est lui qui
nous choisit. Alors, sait-on jamais ?
Question évidente, mais incontour-
nable : qu’est-ce que ça fait d’être
un groupe de metal dans un pays
comme la Tunisie en 2019 ?
Lorsque nous avons commencé
notre carrière, c’était bien. Mais
depuis la révolution, le rap et le hip
hop se sont imposés, au point de ne
plus laisser de place aux autres
musiques. C’est vraiment dommage !
Il y a de bonnes choses dans tous les
styles, et je suis content de voir qu’il
y a de la créativité en Tunisie, mais
c’est chiant de constater que, côté
metal, il ne se passe presque rien.
D’autant qu’avec la montée du parti
islamique (Ndlr : l’Ennahda, grand
vainqueur des élections municipales de
2018), le metal est de plus en plus
mal vu et diabolisé. Ça me gave
vraiment… Je n’ai rien contre l’islam
– ni contre le christianisme, d’ailleurs
– mais je déteste le fanatisme. A son
modeste niveau, Myrath essaie de
lutter contre la fanatisation du
monde arabe. J’aimerais beaucoup
pouvoir donner des concerts en Irak,
en Iran ou en Syrie afin de casser
cette image diabolisée du metal, si
prégnante dans ces pays. Les extré-
mistes tentent de nous éloigner au
maximum de l’Occident afin que nous
nous rapprochions d’eux et revenions
à ce qu’ils considèrent comme étant
« la source » - l’islam fondamental. Et
encore, nous avons la chance, en
Tunisie, de disposer d’une presse
libre et d’une liberté d’expression, ce
qui n’est pas le cas en Iran, par
exemple. Myrath s’efforce aussi de
donner un bon exemple à la jeunesse
tunisienne : oui, il est possible de
construire quelque chose, de sortir
du pays, d’aller au bout de ses rêves.
« Ne jamais cesser de croire », voilà
notre message.
Désormais, quels sont vos projets ?
Cet été, nous allons jouer au Sweden
Rock et au Wacken, et effectuer
quelques dates au Japon. Si tout
va bien, nous ferons une tournée
européenne en octobre ou novembre,
avec un groupe émergeant dont je
tairai le nom pour le moment. Nous
assurerons sa première partie, sauf
en France où notre notoriété est
plus importante et où nous jouerons
en co-tête d’affiche. J’ai hâte de
reprendre la route ; j’en ai marre de
rester là à boire du thé ! (rires)
L’enregistrement d’un album est
toujours une étape cruciale, mais
j’adore le live. C’est là, sur scène, que
j’ai l’impression de parvenir le mieux
à m’exprimer, à me révéler tel que je
suis réellement. Les gens aiment le
côté humain et spontané qui se
dégage de nos concerts car ils sentent
que nous sommes totalement passionnés
par ce que nous faisons. C’est un peu
comme si tu allais voir tes potes et
qu’ils jouaient pour toi, que vous
passiez un bon moment ensemble, « à
la cool ». Rien à voir avec un trip de
rockstar ! Je déteste les artistes
qui ont la grosse tête. Lorsque j’ai
commencé dans la musique, je me
suis promis de ne jamais ressembler
à ces connards. Sur les planches,
nous sommes vrais et honnêtes. En
dehors aussi, d’ailleurs… Enfin,
j’espère ! (rires) Y
39
 Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 9 avril 2019
Harun Demiraslan est un sacré bonhomme. Les plus metalleux d'entre vous le connaissent essentiellement pour son rôle
de guitariste au sein de Trepalium, mais en vérité, il a plus d'un tour dans son sac. Dès le début des années 10, il fonde Step
In Fluid afin d'y assouvir pleinement sa passion pour le groove. Un all-star band à la française (puisqu'on y trouve également
des membres de Klone et Carpenter Brut) qui revient huit ans après son premier essai avec un nouvel album dont le titre
parle de lui-même : Back In Business. Sortez vos gourmettes, les enfants, ça va distribuer du beurre sur le dancefloor !
Rock Hard : Comment – et surtout ces derniers, j’ai écrit certains riffs inévitable. Je suis un compositeur alors comme une forme d’injustice
pourquoi – as-tu eu l’idée de monter qui ne collaient pas avec l’identité du gourmand, j’adore travailler sur envers la musique instrumentale :
Step In Fluid ? groupe, un peu soul metal. Trepalium plusieurs projets en même temps. Je après tout, on n’est pas toujours
Harun Demiraslan : J’ai toujours swingue et j’avais tout un tas de traînais beaucoup avec Flo (Florent obligé d’écouter de la musique
écouté toutes sortes de musiques : le tournes qui groovaient plutôt de façon Marcadet/batterie) à l’époque, et nous calibrée pour un chanteur qui s’arroge
jazz, la funk, le metal, le progressif, binaire, comme on en trouve dans la avons commencé à répéter tous les le rôle de frontman. Un guitariste, un
mais aussi la pop et le hip hop ont funk. L’idée de les utiliser dans le deux. Les autres membres sont venus bassiste, un claviériste ou un batteur
toujours fait partie de mon environ- cadre d’un nouveau projet m’est alors se greffer au fur et à mesure. peuvent aussi tenir le premier plan.
nement musical. Lorsque j’ai monté apparue. Cela tombait très bien car si Nous sommes musiciens, nous pouvons
Trepalium, il était évident que le je n’avais dû me restreindre à ne Etait-il évident dès le début que Step nous aussi nous exprimer aux avant-
metal n’était pas mon unique centre composer que dans un style unique, In Fluid resterait instrumental ? postes. C’est justement ce que je
d’intérêt. Du coup, composant pour à terme, la frustration aurait été Oui, assez rapidement. Je ressentais retrouvais dans la culture jazz et

40

De g. à d. : Florent Marcadet, Gérald Villain,
Aldrick Guadagnino, Harun Demiraslan,
Stéphane Dupé
funk, notamment dans le jazz où
toute la partie instrumentale est
particulièrement développée. J’ai
donc eu envie de partir là-dessus,
quitte à demander à un ami ou l’autre
de faire un featuring au chant, si
besoin. Il y a d’ailleurs quelques
interventions de Yann Lignier (Klone)
sur notre premier album, mais elles
GENRE
. Jazz funk metal instrumental
LE GROUPE
. me lâchait plus, et à peine avions-
Harun Demiraslan
(guitare, programmation)
. Aldrick Guadagnino (guitare)
. Stéphane Dupé (basse)
. ARTICLE RH
Gérald Villain (claviers,
programmation)
restent assez discrètes et ce sont
surtout des vocalises, des bruitages...
Sur Back In Business, il a été question
d’inviter des chanteurs africains,
ainsi que des gens issus de la mouvance
hip hop électro anglaise, et puis, ça
ne s’est pas fait. Au final, ce n’est pas
plus mal : nous restons ainsi « droit
dans nos baskets » et en phase totale
avec le style que nous avions défini à
l’origine.
Comment expliques-tu les huit
années qui se sont écoulées entre
One Step Beyond et Back In
Business ?
Je savais au fond de moi que j’avais
envie d’enrichir la formule du premier
album, notamment en y ajoutant des
claviers, mais je voulais laisser mûrir
l’idée. A cela se sont ajoutés les
plannings de Trepalium, Klone et
Carpenter Brut, le fait que je sois un
jeune papa, que je déménage... Bref,
la vie, quoi ! Lorsque j’ai commencé à
maquetter de nouveaux titres, l’évidence
d’intégrer un clavier est devenue
flagrante. Je me suis donc naturellement
tourné vers Gérald Villain qui avait
déjà enregistré des sessions pour
Trepalium et qui a été ravi de rejoindre
notre formation, mais peaufiner la
formule à cinq nous a aussi demandé
du temps.
Il y a tellement de dimensions dans ce groupe
que, finalement, chacun peut y trouver un point
d'accroche (Harun Demiraslan)
En quelques mois, tu sors l’album
de Step In Fluid, mais aussi, très
bientôt, le nouvel EP de Trepalium...
2019 va être chargée.
Oui, le hasard des timings... Lorsque
Kéké (Ndlr : ex-chanteur de Trepalium)
a décidé de quitter le groupe, j’ai été
en quelque sorte condamné au mutisme
de ce côté. Une bonne partie de l’album
de Step In Fluid était déjà écrite,
mais il fallait le finaliser. Le disque
aurait d’ailleurs dû sortir il y a environ
un an et demi, voire deux ans, mais
Florent tenait à réenregistrer des
parties de batterie. Or, il s’est blessé
à l’épaule et il a fallu lui laisser un
temps de convalescence, ce qui est
bien normal. Il tourne beaucoup avec
Carpenter Brut qui est son groupe
principal et il ne pouvait pas mettre
cela en péril. J’ai donc recommencé à
composer pour Trepalium qui, entre
temps, a trouvé son nouveau chanteur
(Ndlr : Renato Di Folco, de Flayed), et
au final, tout s’est enfin décanté cette
année. Je suis tout de même très
satisfait que Back In Business ait été
repoussé car, entre temps, nous
avons beaucoup bossé sur les arran-
. Florent Marcadet (batterie)
SITE INTERNET
www.facebook.com/stepinfluid
ALBUMS
. One Step Beyond (2011)
. Back In Business (2019)
RH N°198
gements et l’album a énormément
gagné en densité ; c’est donc un mal
pour un bien.
En plus de tout cela, tu as trouvé le
moyen de sortir l’EP d’un troisième
projet aux sonorités ethniques !
Bah oui, parce que je me faisais chier,
quoi ! (rires) J’avais une compo de trop
pour le Step In Fluid, qui ne cadrait
pas avec le reste de l’album. J’ai donc
eu l’idée, à partir de ce morceau, de
composer quelques titres dans cet
esprit et de sortir ce projet électro
chanté en malien...
Penses-tu qu’à travers un combo
comme Step In Fluid il soit possible
d’amener un public rock, voire
metal, vers le jazz/funk rock ? Ou
l’espères-tu ?
Je n’espère rien du tout, mais oui,
bien sûr que c’est possible. Et cela
fonctionne dans les deux sens. Tu
peux amener des métalleux à s’ouvrir
à des musiques plus groovy et des
gens issus du jazz rock à écouter des
choses un peu plus hard, sans même
qu’ils s’en rendent compte. Il y a
tellement de dimensions dans ce
groupe que, finalement, chacun peut
y trouver un point d’accroche. J’aime
bien l’idée de pouvoir dire à un pur
métalleux : « Ça te plaît ? Oui ? Bah t’es
en train d’écouter du r’n’b mon pote ! »
(rires) J’aime par-dessus tout cette idée
de transmission ou, plus exactement,
de partage de goûts musicaux. Et en
même temps, ce n’est pas quelque
chose que « j’espère » car je comprends
tout à fait qu’un pur fan d’AC/DC ou
de Deicide n’adhère pas au délire. Il
n’est pas non plus question de forcer
qui que ce soit à aimer autre chose à
tout prix !
« Sex à Pile », « Sex In An
Elevator »... On voit tout de suite ce
qui t’inspire lorsqu’il s’agit de trouver
des titres à tes morceaux ! (rires)
Plus sérieusement, est-ce un casse-
tête d’intituler un instrumental ?
Ce n’est pas tant le sujet qui m’importe
plutôt que les images que la musique
m’évoque. Pour « Sex In An
Elevator », par exemple, il y a à la fois
un côté musique d’ascenseur et un
côté West Coast G-Funk un peu
branleur... Ça a tout de suite suscité
cette image en moi, et quand la flûte
débarque, ça fait carrément vieux film
de boules des années 70 (rires). Idem
pour « Booty Shake », par exemple :
j’ai eu l’idée des lignes de claviers
africaines en allant chez Gérald
maquetter le morceau. Pendant vingt
minutes, j’avais ce truc en tête qui ne
nous terminé de l’enregistrer que je
remuais mon cul à tout-va dans la
pièce (rires). « Streets Of San
Francisco » parle de lui-même, avec
son côté prononcé de générique de
série. Et puis, une fois que tu as
trouvé ton titre, si la compo n’est pas
finie, il n’y a plus qu’à surjouer un
peu et à mettre les pieds dans le plat
pour que ça colle encore un peu
mieux à l’appellation du morceau. Ça
devient presque un jeu.
Vous avez fait très peu de dates
pour la promotion de One Step
Beyond. Avez-vous l’intention d’en
faire davantage avec ce nouvel
opus ?
Oui, quelques dates sont déjà fixées,
principalement dans notre région
pour le moment (Ndlr : Poitou-
Charentes, maintenant intégrée à la
Nouvelle Aquitaine)... L’idéal serait
que nous puissions faire entre 20 et
30 dates, mais je préfère par supersti-
tion ne pas trop m’avancer là-dessus.
Entre les disponibilités de chacun et
la difficulté de trouver des dates
lorsque tu as été inactif durant huit
ou neuf ans, il y a pas mal de choses
qui peuvent entrer en ligne de
compte. De plus, il y a des intermit-
tents dans le groupe, Florent habite
maintenant à Caen... Nous ne pouvons
pas nous trouver des plans à 200 balles
à droite ou à gauche et jouer pour
jouer. Pour certains d’entre nous, il
s’agit d’un métier, alors cela complique
les choses en limitant notre champ
d’action.
Les festivals de jazz sont nombreux
et souvent bien subventionnés...
Cela pourrait-être une option sup-
plémentaire.
Nous y pensons, bien sûr, mais c’est
un milieu qui n’est pas forcément
familier au tourneur avec lequel nous
travaillons habituellement. Néanmoins,
cela fait partie des options que nous
envisageons de démarcher. Les mois
qui viennent devraient voir tout cela
s’éclaircir.
Alors, le prochain album ? Pour
2027 ?
Pas forcément. Mais bon, tu sais comment
ça se passe... J’ai envie de te dire que
je me remettrais bien à l’écriture d’un
troisième album dès cette année, mais
je vais être très occupé avec Trepalium,
Klone va également avoir fort à faire,
Carpenter Brut va continuer de tour-
ner... En tenant compte de tous ces
paramètres, je me dis qu’il est inutile
que je me presse pour me retrouver
tout seul comme un con avec mes
titres sur les bras (rires). Je pense
sincèrement que les meilleurs albums
sont ceux qui prennent du temps. Pas
en termes d’écriture, mais au niveau
de la production et des arrangements.
Après, il n’est pas impossible que ça
me prenne comme une envie de pisser
et que je me retrouve sous peu avec
un paquet de morceaux, ou bien que
Gérald et moi co-écrivions quelque
chose... Tout est possible. En l’état,
j’ai bon espoir que nous puissions
proposer quelque chose de nouveau
dans un délai de deux ou trois ans. Y
41
 GENRE
. Heavy Metal
LE GROUPE
. Rasmus « Ras » Bom Andersen (chant)
. Brian Tatler (guitare)
. .
Andy Abberley (guitare)
. Dean Ashton (basse)
. Karl Wilcox (batterie)
De g. à d. : Rasmus « Ras » Bom Andersen,
Brian Tatler, Karl Wilcox, Andy Abberley & SITE INTERNET
Dean Ashton www.diamondheadofficial.com
42
ALBUMS
. Lightning To The Nations (1980)
. Borrowed Time (1982)
. Canterbury (1983)
. Death And Progress (1993)
. Evil Live (live - 1994)
. All Will Be Revealed (2005)
What's In Your Head ? (2007)
. Live At The BBC (live - 2010)
. Diamond Head (2016)
. The Coffin Train (2019)
ARTICLES RH
RH N°111, 166 & 198

En 2015, l’arrivée de Rasmus « Ras » Bom Andersen, excellent chanteur d’origine danoise établi depuis plusieurs années
à Londres, a sans nul doute revitalisé un Diamond Head en perte de vitesse. L’album sobrement intitulé Diamond Head
sorti en 2016 a remis le quintet anglais sur de très bons rails, et The Coffin Train, son nouvel opus, ne fait que confirmer
ce retour en grâce. Brian Tatler, le gardien de la flamme et guitariste originel de ce groupe ô combien influent de la New
Wave Of British Heavy Metal, fait le point sur ces dernières années chargées et nous présente ce sinistre train…
Rock Hard : Avec le recul, comment
a été accueilli l’album Diamond
Head sorti en 2016 ?
Brian Tatler : Magnifiquement bien !
J’ai vraiment été bouleversé par les
réactions du public et de la presse
vis-à-vis de ce disque. Tous ceux qui
suivent Diamond Head depuis longtemps
ont semblé aimer cet album. Cela faisait
neuf ans que nous n’avions pas sorti
de disque, et je n’avais pas de grandes
attentes, même si, bien sûr, j’espérais
que les gens l’aimeraient. Mais les
chroniques que j’ai lues et les commen-
taires qu’on m’a faits à l’occasion de
concerts ou d’interviews m’ont donné
beaucoup de confiance au moment de
m’atteler à l’écriture de The Coffin
Train.
Au moment de la sortie de Diamond
Head, Eddie Moohan, votre bassiste
de 1991 à 1994, puis de 2002 à
mi-2016, vous a quittés. Pour quelles
raisons ?
Il en a simplement eu marre de tour-
ner. Je peux le comprendre car être
sur la route est usant et souvent très
éloigné du côté « glamour » que cer-
tains imaginent sûrement. C’était
juste la fin du voyage pour lui. Cette
séparation s’est faite sans animosité
de part et d’autre. Heureusement,
Eddie nous a prévenus en amont, à
une période où nous ne devions assu-
rer aucun concert pendant près de
deux mois, ce qui nous a permis de
dégoter l’excellent Dean Ashton
sans excès de précipitation. Dean est
lui aussi originaire des Midlands. Il a
donné son premier concert avec
Diamond Head dans un club londo-
nien et, le lendemain, il jouait avec
nous au Bloodstock Festival, sûrement
le meilleur festival de metal en
Angleterre. Une sacrée pression sur
ses épaules, mais il a assuré !
Vous avez énormément tourné entre
mi-2016 et la fin 2018 pour promou-
voir Diamond Head, quadrillant
l’Europe et jouant aux USA à plusieurs
reprises, ainsi qu’au Canada où vous
vous produisiez pour la première fois.
As-tu des souvenirs plus marquants
que les autres à partager ?
La tournée canadienne m’a marqué
car nous avons joué dans pas moins
de quinze villes, dont certaines dont
je n’avais jamais entendu parler !
Souvent, les grosses tournées passent
par Montréal, Toronto et Vancouver,
mais s’aventurent rarement au-delà.
En Europe, je retiens nos dates polo-
naises, qui ont été particulièrement
réussies, ainsi que nos prestations en
festivals, notamment dans le Sud de
la France, au Southtroopers Festival.
Quant aux USA, j’ai beaucoup aimé le
Psycho Festival au Hard Rock Hotel de
Las Vegas, où nous avons joué aux
côtés de King Diamond et Gojira,
ainsi qu’un gros festival en plein air,
le Rocklahoma 2018. Nous devions
nous y produire l’année précédente,
mais une tempête nous avait alors
poussés à annuler notre concert.
Il semble que les sessions d’enregis-
trements de The Coffin Train ont
été bouclées fin janvier 2018.
Comment se fait-il que ce nouvel
album ne sorte qu’en mai 2019 ?
C’est une combinaison de plusieurs
choses. Il a d’abord fallu mixer le
disque, et c’est Ras (chant) qui s’y est
attelé. Comme nous avions pas mal de
concerts à assurer entre temps, le
mixage n’a été achevé qu’en septembre.
A l’époque, nous étions managés par
Thrashville, une compagnie fondée par
Dave Mustaine, son fils Justis et
Danny Nozell. Dave a commencé à
démarcher quelques labels pour sortir
ce disque, mais quelque temps après,
Thrashville a finalement décidé de ne
plus nous manager. C’est lors de
dates avec Saxon que nous avons fait
la connaissance de Siren Artist
Management, qui s’occupe de Saxon
J’ai toujours été un fan de prog’
car j’ai grandi en écoutant
Genesis, Pink Floyd, Yes…
(Brian Tatler)
(Ndlr : mais aussi de Black Star Riders,
Europe, Uriah Heep…) et qui nous a
pris sous son aile. C’est grâce à eux
que nous avons signé ce contrat avec
Silver Lining Records, sur lequel sort
The Coffin Train. Bref, un certain manque
de temps pour finaliser l’album et ces
péripéties de business font que le disque
ne sort qu’aujourd’hui. Mais je me dis
qu’il valait mieux prendre notre temps
et faire les choses correctement plutôt
que de nous précipiter et de regretter
nos décisions par la suite.
L’album s’intitule The Coffin Train
(Ndt : Le Train Cercueil). C’est
assez sinistre ! Quelle est ton inter-
prétation de ce titre ?
Un titre sinistre ! (rires) Ok, ça me va !
C’est une idée de Ras. Cela vient d’un
rêve qu’il a fait d’un train renfermant
des tas de cercueils. Aucune logique,
aucune explication, aucun autre
souvenir… Mais ça l’a marqué, et
nous avons tous pensé que ça ferait
non seulement un bon titre d’album,
mais aussi une base de travail pour
une chouette pochette basée sur cette
idée. En fait, cela fait déjà une bonne
année que ce titre a été retenu et que
la pochette a été créée en conséquence.
C’est une oeuvre de Travis Smith
(Amorphis, Anathema, Iced Earth,
Opeth, Devin Townsend…). Je pense
vraiment qu’il s’agit de notre meilleure
pochette depuis Borrowed Time en 1982.
Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 27 mars 2019
Tu nous avouais, à la sortie de
Diamond Head, avoir utilisé
quelques idées assez anciennes
pour ce disque. Est-ce que les dix
titres de The Coffin Train sont
récents ou as-tu aussi recyclé du
vieux matériel ?
Une partie d’entre eux est assez
ancienne, encore une fois. Le riff de
« The Messenger », par exemple, date
de plusieurs années : j’avais les
structures pour les couplets et le pont,
mais pas d’idée pour le refrain… Ça
m’est souvent arrivé d’envoyer à Ras
ce type de « morceaux » dénués de
refrains. Ensuite, s’il aimait ces
premières ébauches, nous bossions pour
les peaufiner et les finaliser. Une idée
ancienne couplée à quelque chose de
tout nouveau… Ce schéma s’est répété
à plusieurs reprises, mais certains
titres comme « Belly Of The Beast »
sont néanmoins totalement neufs.
The Coffin Train nous semble plus
direct que Diamond Head, plus
agressif. Néanmoins, les ambiances
s’avèrent assez variées. Par exemple,
« Shades Of Black » est particulière-
ment sombre, comme le suggère son
titre…
Oui, c’est vrai. Le sujet l’est tout autant.
Il s’agit d’un morceau écrit en hommage
à Chris Cornell. Ras était un grand
fan de ce dernier. Le jour où nous
devions nous produire au Rocklahoma
Festival, le 27 mai 2017, Soundgarden
était lui aussi annoncé à l’affiche.
Hélas, Chris s’est ôté la vie le 18
mai… Nous étions dévastés, mais Ras
a été le plus touché car il était dingue
de ce mec et de sa voix. Il s’agit sûrement
de sa plus grande influence, juste
après Freddie Mercury (Queen). Alors,
il a tenu à écrire ce texte en son
hommage. Je lui laisse carte blanche
car il est très doué dans ce domaine.
Moi, je suis un musicien avant tout :
les textes, ce n’est pas mon fort, même
si je m’inspire parfois des paroles de
Ras pour faire évoluer la musique.
« The Coffin Train », ainsi que
« Serrated Love », sont des titres
assez longs dans lesquels vous
développez plusieurs ambiances.
A tel point qu’on peut parler de
« côté progressif du groupe… Tu
acquiesces ?
Tout à fait. J’ai toujours été un fan de
prog’ car j’ai grandi en écoutant
Genesis, Pink Floyd, Yes… Lorsque
Diamond Head a débuté, nous n’avions
pas le bagage technique pour pouvoir
jouer des morceaux complexes à la
Genesis, alors nos premiers morceaux
étaient très directs. Mais j’ai toujours
gardé cette ambition dans un coin
de ma tête : pouvoir proposer un peu
plus que de « simples » titres au riff
efficace et pouvoir y ajouter des
choses inhabituelles. Ces morceaux
moins évidents viennent de mon
amour pour le prog’. Lorsque j’ai
pris confiance en moi et en mon jeu
au fil des années, je me suis lancé
en incorporant dans les compos des
choses un peu plus fouillées. « To The
Devil His Due » et « Knight Of The
Swords », sur Canterbury (1983),
flirtaient déjà avec ces ambiances.
Après, nous restons un groupe de
metal : je n’ai pas envie d’écrire
des morceaux trop « intelligents » qui
risqueraient de rebuter un certain
nombre de gens et j’adore notre côté
direct. Mais j’aime aussi l’idée de
pouvoir ponctuellement proposer des
choses différentes.
Durant les deux premières parties
de carrière de Diamond Head (de
1976 à 1985, puis de 1991 à
1994), tu étais l’unique guitariste
du groupe. Mais depuis 2000, tu es
accompagné d’un second guitariste.
Andy Abberley est à tes côtés
depuis 2006. Quel est son impact
sur l’évolution des morceaux que tu
composes ?
Je dirais qu’Andy est surtout un
élément important de nos concerts.
Avec le temps, je me suis aperçu
qu’en évoluant à quatre sur scène,
j’avais plus de pression : tout reposait
sur moi, certains passages manquaient
de puissance et, au final, je me sentais
plus à l’aise avec un deuxième
guitariste. Nous nous soutenons l’un
l’autre, et le son est plus ample. Mais
lorsque j’écris un titre, Andy n’inter-
vient pour ainsi dire pas du tout sur
son évolution. Je ne saurais te dire si
c’est parce qu’il me respecte trop
qu’il n’ose rien proposer… (petit rire)
Nous sommes assez différents au
niveau du style, alors peut-être
pense-t-il que ses idées ne se marie-
raient pas avec les miennes. Ceci dit,
une partie de « The Phoenix », sur ce
nouvel album, provient de lui.
Vous serez au Hellfest cet été :
impatients ?
Très ! Cela fait bien longtemps que je
veux y jouer car j’en ai entendu parler
à de nombreuses occasions, en des
termes élogieux. Mais pour diverses
raisons, nous n’avions encore jamais
réussi à y être invités. C’est désormais
chose faite ! Nous avons eu la chance
de nous produire dans plusieurs
festivals de grande envergure –
Sonisphere, Bloodstock, Metal Days,
etc. – mais jamais au Hellfest, alors
j’en suis très heureux ! Y
43

Chaque mois, l’un de nos journalistes, également le début d’une longue et fructueuse
pétri de bonnes intentions mais flanqué collaboration avec le producteur Dieter Dierks, la
d’une incroyable mauvaise foi, extrait la première d’une série conséquente de pochettes
substantifique moelle de la carrière d’un controversées, l’arrivée du batteur belge Rudy Lenners
en lieu et place de Jürgen Rosenthal et l’apparition du
groupe afin de proposer un « guide
logo classique. Plus important encore, les velléités
d’achat » qui n’est, bien évidemment, progressives et psychédéliques des années passées
que le reflet de ses goûts douteux. Dans sont ici remisées au placard et laissent place à un hard
ce numéro, c’est Scorpions qui est passé rock racé fait des influences hendrixiennes d’Uli Jon
au crible par Philippe Lageat. Roth et des lumineuses mélodies du tandem Rudolf
Schenker/Klaus Meine. Le résultat ? Un album plein et
cohérent au sein duquel cohabitent pièces oniriques
(« Evening Wind », l’intro d’un « In Trance » par ailleurs
LES INCONTOURNABLES heavy, « Life’s Like A River », « Sun In My Hand ») et
titres plus directs allant droit au but (« Top Of The Bill »,
« Robot Man »), « Living And Dying » résumant à lui
IN TRANCE seul cette dichotomie entre douceur et rage que
(RCA Victor, 1975) Scorpions élève, dès 1975, au rang d’art et qui
Après Lonesome Crow deviendra rapidement l’une de ses principales
(1972), un premier jet aux caractéristiques. Naissance d’un mythe.
allures de fourre-tout sur
lequel le jeune combo
allemand se cherche BLACKOUT
encore, et un Fly To The (Harvest, 1982)
Rainbow (1974) plus abouti On le sentait venir. Lovedrive (1979) et Animal
mais inégal, In Trance Magnetism (80) ont servi de rampes de lancement à ce
permet à Scorpions de se Blackout impeccable de bout en bout. Moins lyrique
forger un son, une patte. depuis l’arrivée de Matthias Jabs, Scorpions est devenu
De nombreux observateurs considèrent donc cet album un animal plus mordant, plus agressif aussi, qui va droit
comme le véritable acte de naissance du groupe, ce qui au but. Ce huitième opus studio, qui sort en 1982, est
est d’autant plus compréhensible qu’il marque l’acmé de ce triptyque, la quintessence hard rock des
44
Teutons, ainsi qu’en
attestent son morceau-
titre, classique instantané
qui déboîte à 200 à l’heure
avec son riff aux allures de
coupe-coupe et son « final
Castafiore ». Impossible de
deviner, en découvrant
cette suite d’hymnes
irrésistibles (« Can’t Live
Without You », « No One Like You »,
« You Give Me All I Need » !!!), que
Klaus Meine, durant sa conception, a
failli raccrocher les gants, la faute à
des polypes récalcitrants. Ici, le
chanteur est en effet plus puissant
que jamais, mais toujours « über
mélodique ». Parallèlement aux tubes
de hard susmentionnés, les Allemands
cherchent à séduire le public, friand
de vitesse, d’une New Wave Of
British Heavy Metal qui vit ses
derniers instants en lançant deux
roquettes, « Now! » et « Dynamite »,
défonçant tout sur leur passage. Les
Allemands varient aussi les plaisirs en
se faisant plus lourds sur « China
White », en lorgnant avec la FM sur
« Arizona » et en caressant leurs fans
dans le sens du poil avec « When The
Smoke Is Going Down », une nouvelle
power ballad de qualité supérieure.
L’efficacité allemande en neuf tomes.
Plus qu’un indispensable, cette pierre
angulaire propulse le groupe au
sommet des charts !
LOVE AT FIRST STING
(Harvest, 1984)
On prend les mêmes et on
recommence. Fort du succès
interplanétaire de Blackout, Scorpions
DR
et le producteur Dieter Dierks battent
le fer tant qu’il est chaud
et publient Love At First
Sting en 1984. Ce dernier,
qui marche droit dans les
pas de son prédécesseur,
n’est autre qu’un Blackout
bis. Ici, « Can’t Live
Without You », « No One
Like You », « You Give Me
All I Need » ont pour nom
« Bad Boys Running Wild »,
« Rock You Like A Hurricane » et « Big City Nights » :
trois hits plus gros encore sur lesquels tout hardos de
l’époque n’a de cesse de headbanguer dans sa chambre
à s’en démettre les cervicales. N’oublions pas l’enlevé
« Coming Home », frère jumeau de « Dynamite » doté
d’une première partie électro acoustique de toute
beauté, le convainquant « I’m Leaving You » avec son
refrain quasi reggae, le tonitruant « The Same Thrill »,
la sucrerie « As Soon As The Good Times Roll »,
« Crossfire » et son tambour militaire et… et… et
« Still Loving You », évidemment ! Ça aussi, c’était gros
comme un camion : Scorpions s’étant fait le chantre de
la power ballad bien troussée (« Always Somewhere »,
« When The Some Is Going Down », « Holiday », etc.,
etc.), il fallait bien qu’il finisse un jour par décrocher
la timbale. C’est chose faite avec ce « SLY » qui va
s’écouler à plus d’un million d’exemplaires en France et
permettre à Scorpions de conquérir définitivement le
monde, faisant du groupe teuton l’un des plus gros
vendeurs hard rock de 1984. Plus rien ne sera jamais
comme avant…

EGALEMENT RECOMMANDÉS
TAKEN BY FORCE
(RCA Victor, 1977)
Après le must In Trance et
un Virgin Killer (1976) un
peu deçà en dépit de
quelques réussites
(« Pictured Life », « Polar
Nights »), Taken By Force
clôt « l’ère Uli Jon Roth »
en beauté. S’il est en effet
le dernier Scorpions sur
lequel apparaît le guitariste
(et le premier avec le nouveau batteur Herman Rarebell »),
il n’en demeure pas moins un manifeste éclatant des
multiples qualités des Allemands qui ont le don de ne
jamais lasser. Car on trouve de tout ici, à commencer par
un hymne de stade à reprendre en chœur (« Steamrock
Fever »), une bizarrerie chaloupée (« Your Light ») et du
hard rock musclé (« I’ve Got To Be Free », « He’s A Woman
– She’s A Man » écrit par Rarebell). Mais la substantifique
moelle de ce Taken By Force réside probablement en ses
pièces ambiancées : « The Riot Of Your Time » avec ses
bruitages incongrus et ses incursions électro-acoustiques,
l’orientalisant « The Sails Of Charon » (sur lequel la
Stratocaster d’Uli hurle à la lune), et plus encore le ciselé
« We’ll Burn The Sky » (un hommage à Jimi Hendrix qu’on
croirait signé Roth, grand fan du prodige, alors qu’on
le doit à Schenker) et « Born To Touch Your Feelings »,
du tandem Meine/Schenker qui sort grand vainqueur
de cette galette précipitant, ce faisant, le départ d’Uli.
Un nouveau Scorpions s’apprête à voir le jour.
LOVEDRIVE
(Harvest, 1979)
Avec Lovedrive, Scorpions
prouve qu’il y a une vie
après « l’ère Uli Jon Roth ».
Et de quelle manière ! Cet
album, qui voit le guitariste
Matthias Jabs entrer en
studio avec le groupe pour
la première fois, bénéficie
également de la présence
royale de Michael Schenker
qui vient de quitter UFO. Le frère de Rudolf éclabousse
ce disque de sa classe en cosignant deux titres avec son
aîné (« Holiday », « Coast To Coast ») et en décochant
de somptueux soli sur « Another Piece Of Meat », « Coast
To Coast », « Holiday », « Loving You Sunday Morning »
et « Lovedrive » (il prétend figurer également sur « Always
Somewhere »). On observe aussi que le batteur Herman
Rarebell s’affirme comme compositeur (« Another Piece
Of Meat ») et plus encore parolier (« Loving You Sunday
Morning », « Is There Anybody There? »). Le résultat de
ce brainstorming à six est ce Lovedrive généralement
adulé des fans pour sa grande diversité, les Allemands
variant les plaisirs en se frottant à du hard rock direct
(« Another Piece Of Meat », « Lovedrive », « Can’t Get
Enough »), ce que beaucoup considèrent comme leurs
plus belles ballades (« Holiday », « Always Somewhere »),
un instrumental hypnotique (« Coast To Coast ») et même
une expérimentation reggae convaincante (« Is There
Anybody There? »). En cela, Lovedrive définit le son 80’s
qui mènera bientôt Scorpions au firmament. Et cette
pochette !
DÉCONSEILLÉ
EYE II EYE
(Eastwest, 1999)
Suite au monstrueux succès de « Still Loving You » en
1984 et plus encore de « Send Me An Angel » et
« Wind Of Change » en
1990, Scorpions tente de
rééditer l’exploit en
délaissant de plus en plus
son visage hard rock au
profit d’un rock sans saveur
calibré pour les radios US.
Pure Instinct (1996), par
exemple, renferme plus de
ballades que de titres couillus, ce qui en dit long sur les
motivations des Allemands qui se mettent fissa leur
fanbase à dos. Le fond du fond est atteint en 1999,
alors que le batteur James Kottak vient d’arriver, avec
un Eye II Eye (aïe, aïe, aïe !) lorgnant sans vergogne vers
la pop la plus niaise (« Mysterious »), « To Be Number
One » sonnant même comme du Prince… de bas étage.
La faute au groupe, bien sûr, car il laisse faire, mais
aussi au producteur autrichien Peter Wolf (Frank Zappa,
Survivor, Lou Gramm) qui cosigne ici pas moins de cinq
titres. Il suffit de poser une oreille (surtout pas deux !)
sur l’abominable « Du Bist So Schmutzig », digne de la
pire fête à la saucisse et qui bouffe à tous les râteliers
(y compris celui du rap), pour comprendre où est le
malaise. Heureusement, Unbreakable, en 2004, remettra
le combo germanique sur les bons rails. Ouf, ils ont eu
chaud !
LE LIVE
TOKYO TAPES
(RCA Records, 1978)
Avec Made In Japan, un
album live enregistré à
Osaka et Tokyo en août
1972, Deep Purple a
ouvert une brèche dans
laquelle de nombreux
groupes vont s’engouffrer
dans les années 70 et 80.
Parmi ceux-ci, Cheap Trick
avec son mythique At
Budokan, capté à Tokyo les 28 et 30 avril 1978, et le
légendaire Tokyo Tapes de Scorpions mis en boîte dans
la même ville quelques jours plus tôt (les 24 et 27 avril)
à la Nakano Sun Plaza. Cet enregistrement est
considéré à juste titre comme l’un des meilleurs live de
tous les temps. Scorpions est alors au sommet de son
art, même si le guitariste Uli Jon Roth donne ici ses
derniers concerts avec le groupe. Emotionnel, ce
double disque l’est donc assurément et l’interprétation,
tour à tour sauvage (« All Night Long », « Speedy’s
Coming », « Top Of The Bill », « Robot Man ») ou à fleur
de peau (« We’ll Burn The Sky », « Backstage Queen »,
« In Trance », l’antédiluvien « In Search Of The Peace
Of Mind »), ne souffre aucune imperfection. L’autre
avantage de ce classique est qu’il s’affirme comme un
parfait résumé de « l’ère Roth » puisqu’il pioche dans
tous les albums studio parus jusqu’ici (de Lonesome
Crow/1972 à Taken By Force/77), au point qu’il se suffit
(presque) à lui-même pour toute personne n’ayant pas
les opus précités et désireuse de rattraper son retard.
IN-DIS-PEN-SA-BLE !
LA COMPILATION
BOX OF SCORPIONS
(Mercury, 2004)
Le choix s’impose de lui-même en dépit du fait que
d’innombrables compilations aient été consacrées à
Scorpions au fil des ans, à commencer par celles ne
s’attachant qu’aux ballades pour draguer la fameuse
« ménagère de moins de 50 ans ». Ce n’est pas le cas
ici, Box Of Scorpions réunissant, sur trois CDs, pas
moins de 51 (!) titres publiés en 1972 et 2002 (de
Lonesome Crow à la compilation Bad For Good : The
Very Best Of Scorpions).
Les classiques sont au
rendez-vous, y compris
quelques titres live issus de
Tokyo Tapes (1978), World
Wide Live (1985) et du philharmonique Moment Of
Glory (2000), mais aussi de nombreux extraits d’albums
non retenus pour cette sélection, notamment les très
réussis Savage Amusement (1988) et Crazy World
(1990). Mais si ce florilège se détache du lot, c’est avant
tout parce qu’il est le seul à réunir des chansons
initialement parues chez RCA et Mercury.
LE COFFRET
REMASTERS 2015
(BMG, 2015)
Si l’on excepte l’amusant –
mais très rare – coffret
promo « To Be N°1 » paru
en 1999 en pleine « affaire
Monica Levinsky » (une
boîte à cigare contenant
des photos, un CD 5 Titres,
une VHS et… un cigare !),
Scorpions n’a, à ce jour et
c’est étonnant ô combien,
jamais publié de coffret à la hauteur de sa carrière.
Nous recommanderons donc, aux fans comme aux
novices, les huit albums remasterisés sortis en 2015,
de Taken By Force (1977) à Savage Amusement (1988).
Bien sûr, d’autres disques intéressants manquent à
l’appel (à commencer par In Trance, Virgin Killer et
Crazy World), mais le menu est néanmoins alléchant,
ces rééditions étant gavées de bonus divers et variés
(nombreux inédits studio et live, démos, documentaires
voyant les musiciens revenir sur la genèse de ces
albums, DVDs live, clips, apparitions télé, etc.). Une
impressionnante montagne de documents !
LE DVD
LIVE AT WACKEN OPEN AIR 2006 – A NIGHT TO
REMEMBER, A JOURNEY THROUGH TIME
(Sony/BMG, 2007)
Nous aurions bien volontiers
jeté notre dévolu sur un concert
complet filmé entre 1975 et
1984. Hélas, excepté un World
Wide Live (1985) intéressant
mais entrecoupé de séquences
backstage et quelques shows
tronqués proposés avec les
remasters de 2015 (Japon 1979,
Dortmund 1983, New York
1984), la vidéographie de
Scorpions retraçant cet âge d’or
est très pauvre. Faute de grives, nous avons donc
retenu ce Live At Wacken Open Air 2006, les Allemands
ayant alors profité de leur statut de tête d’affiche de la
première journée du légendaire festival pour présenter
un show spécial. Plusieurs ex-membres (les guitaristes
Uli Jon Roth et Michael Schenker, mais aussi le batteur
Herman « Ze German » Rarebell) ont en effet
ponctuellement rejoint les Scorps sur scène au fil de ce
show marathon de 22 titres couvrant l’essentiel de leur
discographie. C’est vrai, quatre morceaux joués ce soir-
là manquent à l’appel (« Dark Lady », « He’s A Woman,
She’s A Man », « In Search Of The Peace Of Mind » et
« Dynamite »), ce qui est regrettable, mais reste tout de
même 18 titres parmi lesquels la plupart des classiques
et des raretés live comme « Pictured Life », « We’ll Burn
The Sky », « Speedy’s Coming » et « In Trance » valant
le détour à elles seules. Un bon compromis que ce
concert historique. Y
45
 GENRE SITE INTERNET
. Rock alternatif /progressif www.portnoir.com
LE GROUPE
ALBUMS
. Andreas Hollstrand
. Puls (2013)
(guitare, claviers) . Any Way The Wind Carries (2016)
. Love Andersson (chant, basse) . The New Routine (2019)
. Andreas Wiberg (batterie)
ARTICLE RH
RH N°198

De g. à d. : Andreas Hollstrand, Love Andersson & Andreas Wiberg

46

Port Noir n’est pas qu’un lieu historique de Genève situé au bord du Lac Léman. C’est aussi un excellent groupe de « new
prog » suédois que beaucoup ont découvert en ouverture de la tournée européenne de Pain Of Salvation, il y a deux ans.
Pour son troisième album, le trio change drastiquement de direction artistique, sortant du carcan « rock progressif
indépendant et mélancolique » pour embrasser une musique bien plus originale et risquée, empruntant autant au R’n’b
qu’à l’électro ou encore à Muse. The New Routine est son nom et c’est sans doute le disque de prog le plus sexy de la
décennie. Certains diraient même le seul, et ils n’auraient pas tort ! Le guitariste, claviériste, choriste et homme à tout
faire Andreas Hollstrand joue aussi les standardistes téléphoniques et nous appelle pour faire le point sur ce tournant de
carrière pour le moins abrupt ! Il assure même le service après-vente par e-mail : employé du mois, on vous dit !
Rock Hard : Qu’est-ce qui vous a
poussés à un changement aussi
significatif de direction musicale
sur ce nouvel album, qui risque d’en
déboussoler plus d’un, à commencer
par votre public le plus « progressif » ?
Andreas Hollstrand : Pour nous, ce
changement n’est pas aussi important
que la manière dont certains fans le
perçoivent de l’extérieur. Nous avons
toujours écrit sur la base de ce que nous
ressentions, c’est juste « la musique de
Port Noir ». Après, force est de recon-
naître que nous voulons évoluer en
permanence. Et c’est paradoxal, mais
la fait qu’on nous range dans le genre
« progressif », que nous n’avons
jamais revendiqué, nous a poussés à
vouloir nous en écarter. Nous sommes
un groupe alternatif, de metal ou de
rock, et cette fois, nous avons voulu
baisser la distorsion et la référence
au metal pour tenter une approche
plus pop et mélodique qui a toujours
été présente et qu’il était temps de
remettre au cœur de notre musique.
Comme nous, penses-tu que votre
tournée de 2017 en compagnie de
Pain Of Salvation vous a fait passer
un cap, qui s’entend sur ce nouveau
disque ?
Oui, absolument, et l’un des objectifs
lorsque nous nous sommes attelés à
atteindre avec The New Routine était
justement de restituer au mieux cette
dimension live et la puissance de
notre son, chose que nous n’avions
pas réussi à faire jusqu’à présent, ne
parvenant jamais pleinement à resti-
tuer cette énergie en studio. L’un des
meilleurs exemples de cette ambition,
c’est le son de la basse de Love
(Andersson, également chanteur) qui
apporte vraiment à notre musique une
sensation brute proche de ce que fait
Port Noir en concert. Love ne jouait
pas de cet instrument auparavant,
et nous n’avions d’ailleurs pas de
bassiste attitré au sein du groupe, de
sorte que ce rôle me revenait généra-
lement en studio. Désormais, la basse
est assignée à Love et je crois qu’il
n’avait qu’une envie, celle de se faire
entendre ! Et cela vaut pour tout le
groupe : cette fois-ci, nous voulions
vraiment pouvoir mettre une grosse
section rythmique en avant et nous
faire plaisir de cette manière, ce qui,
là aussi, nous a un peu plus éloignés
du rock progressif, souvent plus
timoré en la matière. Sur ce point,
Love a été très influencé par le
groupe Death From Above 1979, et en
particulier son premier album, You’re
A Woman, I’m A Machine (2004). Les
fondations de ce disque toutes entières
reposent sur la basse et, par
moments, c’est également le cas sur
The New Routine…
Sur des titres comme « Blow », qui
traite des accros à la cocaïne, et
« Champagne », vous décrivez certaines
personnes à la vie aussi mondaine
que vaine… C’est du vécu ?
En partie, oui. C’est Love qui se
charge des paroles, alors il m’est
difficile de répondre à sa place, mais
j’en sais assez pour te dire que ce
sont des choses qu’il a pu voir de loin,
en effet : des expériences que nous
avons vécues ou dont notre entourage
a été témoin. Bien sûr, nous faisons
en sorte de rester vagues et d’éviter
la moindre allusion permettant de
mettre un nom sur ces textes, mais
nous pouvons au moins aborder le sujet
de manière générale et permettre à
chacun de se faire son interprétation.
« Champagne » est basé sur le
« scandale Harvey Weinstein », tout
ce qui se passe en coulisses, l’exploi-
tation des rêves des gens, des actrices
en l’occurrence, et le sexisme omni-
Un sticker « Explicit Lyrics » figure
sur notre disque et j’en suis très
fier : les sujets assez graves et
quelques noms d’oiseaux nous ont
permis de décrocher ce Graal !
(Andreas Hollstrand)
présent dans notre société. Sur
« Blow », nous parlons bien entendu
de ceux qui se perdent en chemin,
une « ligne » après l’autre. Je ne
souhaite pas en dire plus, si ce n’est
qu’un sticker « Explicit Lyrics » figure
sur notre disque et que j’en suis très
fier ! (rires) Les sujets assez graves et
quelques noms d’oiseaux nous ont
permis de décrocher ce Graal ! C’est
devenu rare à notre époque, et cela
me ramène à mon adolescence et aux
années 90, où cet autocollant était
presque nécessaire pour me faire
acheter un disque ! Mais soyons
très clairs : nous ne sommes pas un
groupe « politique » pour autant, ne
nous méprenons pas !
Parle-nous de cette pochette assez
marquante qui accompagne le disque…
Nous sommes des amateurs de
photographies, et nous avons toujours
voulu quelque chose d’organique pour
accompagner nos albums : rien qui
soit peint ou réalisé sur ordinateur…
Cette fois, nous voulions quelque
chose de très « propre » et de très
« froid ». Andreas (Wiberg/batterie) a
donc photographié de près un papier
froissé en noir et blanc. C’était exac-
tement ce que nous voulions : quelque
Propos recueillis par Djul - Entretien téléphonique réalisé le 10 avril 2019
chose d’abstrait et de moderne à la
fois… Et cela contraste très bien
avec le sticker dont nous parlions à
l’instant !
Tu es conscient que vous avez pris
de gros risques avec cette orienta-
tion musicale, dans le fait, par
exemple, que vous sonnez presque
« sexy » par instants et que vous fai-
tes des références très claires au
R’n’B ?
Tu es le deuxième journaliste français
à utiliser l’adjectif « sexy » au sujet
du disque : je pense que c’est une
déformation nationale ! (rires) J’ai du
mal à te dire d’où cela vient, mais sans
doute justement du R’n’B, j’imagine.
Dans les mélodies, instrumentales et
vocales, il doit y avoir un sous-jacent
sexy, un groove qui n’est pas vraiment
commun dans le rock, et encore
moins dans le progressif… Il y a
vraiment beaucoup de références du
genre, actives dans années 90 et
2000, qui nous interpellent et chez
lesquelles nous n’avons pas honte de
piocher. Cela va faire tomber certains
de leurs chaises, mais je citerais
Michael Jackson, Justin Timberlake
ou, plus proches de nous, The
Weeknd, ou même Kanye West qui a
sorti quelques chouettes idées de
production… J’adore le punk et le
hardcore, mais je n’ai aucun problème
à dire que ce que ces autres artistes
proposent est cool à mes yeux et à
mes oreilles !
Etant en charge des guitares comme des
claviers, et ce nouvel album sonnant
parfois de façon très synthétique,
as-tu plutôt utilisé le second instru-
ment comme point de départ ?
Absolument ! J’ai beaucoup eu recours
à des claviers analogiques, de vieux
synthés, pour développer une nouvelle
atmosphère dans notre son. Je me
suis en particulier appuyé sur un
mini-Moog et aussi quelques logiciels
en plus de nos instruments analogues.
L’autre « contrainte », c’est que nous
voulions proposer un disque que nous
puissions restituer en concert dans
notre format de trio, sans qu’un
quatrième membre n’ait à nous
rejoindre sur les planches. Cela peut
expliquer que nous ayons moins travaillé
sur des couches sonores comme par le
passé et que nous nous soyons
concentrés sur une musique plus
brute, plus directe aussi, et sur
laquelle la rythmique a pris une
importance nouvelle. Il n’y aura donc
pas de bandes préenregistrées en
concert, tout sera joué avec nos six
mains… Enfin, peut-être aurai-je
également recours à mes pieds,
comme Geddy Lee de Rush…
Ha, tu vois, tu lances quand même
une référence prog pour te rattraper
de Kanye West ! (rires)
Ah, désolé, ça m’a échappé ! Enlève-
moi ça tout de suite ! (rires) Blague à
part, j’ai vraiment hâte de tourner, ce
qui devrait arriver cet automne, afin
que le public constate à quel point
nous avons rebâti le groupe pour
cette configuration scénique.
Votre approche qui mêle « riffs » de
claviers analogiques et guitares, et
la voix parfois très en retrait de
Love, m’ont évoqué un groupe peu
connu : Zoot Woman, un trio emmené
par Stuart Price, qui a travaillé
pour Madonna à la fin des 90’s et au
début des années 2000…
En effet, cela ne me dit rien, mais je
note la référence et je te dirai par e-mail
ce que j’en pense ! (Ndlr : deux heures
après cette interview, nous recevons l’e-mail
suivant de la part d’Andreas : « Après
trois morceaux, je suis conquis ! C’est
exactement le mix de genres que
j’apprécie, et je comprends complète-
ment les liens que tu dresses entre
nos deux groupes : le son de basse « in
your face » mélangé à des claviers
pop ! Ce que nous faisons est sans
doute plus sombre et heavy, mais
quitte à écouter quelque chose le soir,
je préfère me mettre Zoot Woman que
notre disque ! Merci du tuyau ! »)
Terminons sur une dernière référence :
sur « Old Fashioned », avez-vous
consciemment emprunté une partie
du « Sabotage » des Beastie Boys ?
Oui, là-dessus, tu m’as eu, et je ne vais
pas nier la référence ! (rires) Comme
je le disais, nous sommes des enfants
des années 90 et ce groupe revêt donc
une importante toute particulière pour
nous, à l’image d’un Rage Against The
Machine, par exemple, et plus géné-
ralement de tout ce mouvement alter-
natif qui a mixé le rock et le rap au cours
de cette décennie. La montée en puis-
sance de « Sabotage » est irrésistible,
et en composant « Old Fashioned »,
nous nous sommes mis à la jouer tout
naturellement pour mener au refrain,
et puis, c’est resté ! Alors, parlons d’un
hommage, plutôt que de plagiat ! Y
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 Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 15 mars 2019
Un entretien avec David Coverdale, c’est l’assurance de passer un bon moment avec un infatigable raconteur d’histoires que seule
une coupure brutale de ligne téléphonique, comme ce fut le cas ce soir-là, peut arriver à faire taire… Heureusement, le célèbre vocaliste
a largement eu le temps de revenir sur le magnifique coffret qu’il consacre actuellement à l’un des albums charnières de sa carrière,
Slide It In (1984), tout en nous présentant son tout nouvel opus, Flesh & Blood. Un disque absolument superbe qu’il nous tarde
de découvrir sur scène aux côtés de classiques immortels, notamment au Hellfest.

Rock Hard : Avant de parler de Flesh Ce coffret, très complet, est en tout Slide It In a été mon premier disque j’en étais presque à regretter d’avoir
& Blood, revenons sur le coffret cas un bel hommage à ces trois à sortir aux USA sur Geffen. Ils signé chez eux à ce moment précis,
Slide It In paru tout récemment. Ce camarades disparus… voulaient que je travaille sur ce mais je leur ai dit : « Ok, j’ai un tout
disque est très particulier dans ta Absolument. L’objet leur est dédié, disque avec Eddie Kramer, le produc- nouveau guitariste et mon bassiste
carrière. C’est l’album qui a fait que comme on peut le lire dans les notes teur de Jimi Hendrix. Or, Hendrix est d’origine vient de revenir, alors je suis
la carrière de Whitesnake a vraiment du livre figurant dans le coffret. Leur ma muse ! (rires) Je l’adore ! Mais ça d’accord pour que Keith remixe ce
commencé à décoller aux USA. Son apport fut immense. Je dois dire que n’a pas fonctionné avec Eddie… Cozy disque, mais je veux que ces deux-là
enregistrement a été une véritable la contribution de Jon Lord à ma vie (Powell/batterie) voulait carrément le réenregistrent certaines parties à Los
aventure, et au final, il est sorti d’adulte a été incroyablement impor- frapper, pour te dire à quel point ça Angeles avant qu’il ne soit remixé ! » Ils
dans deux versions différentes ! tante. C’est… (pause) Cela m’est difficile ne le faisait pas ! (rires) J’ai besoin de ont accepté, alors John, Neil et moi
Quels souvenirs gardes-tu de cette d’en parler, je serais sûrement plus à faire les choses comme je le ressens, sommes allés à Los Angeles à cet
période du groupe ? l’aise si je devais l’écrire. Idem avec et non comme quelqu’un pense que je effet. Je me souviens néanmoins que
David Coverdale : Oh, il existe même Ritchie Blackmore. Il faut se souvenir le devrais. J’ai donc appelé Martin lorsque Geffen nous a envoyé une
à présent trois versions de ce disque, que lorsque j’ai rejoint Deep Purple, Birch, avec qui j’avais bossé sur tous version cassette de ce remix à Cozy et
puisque Chris Collier en a remixé la je n’avais que 21 ans ! Et voilà que, les albums de Deep Purple auxquels moi, nous l’avons écouté, nous sommes
version US pour les besoins de ce tout d’un coup, j’écrivais des chansons j’avais pris part et sur plusieurs regardés incrédules, puis Cozy s’est
coffret. Ce qui me revient en tête avec Ritchie et Jon. Je n’aurais pu disques de Whitesnake. Et ce dernier emparé de la cassette, l’a balancée de
lorsque je repense à cet album, et qui rêver de meilleurs professeurs. Le a accepté de relever le challenge. toutes ses forces contre le mur, puis
m’a littéralement sauté au visage l’a écrabouillée avec le talon de sa
lorsque j’ai écouté toutes les chutes botte ! (rires) Nous détestions ce que
de studio que nous avons intégré sur Il est tragique de penser que nous venions d’entendre. Pas la
les disques bonus du coffret, ce sont meilleure façon de célébrer un nouveau
ces rires, ces blagues… Mais surtout la moitié du groupe qui a gravé contrat… Un peu plus tard, alors que
à quel point il est tragique de penser Cozy et moi roulions dans Los
que la moitié du groupe qui a gravé Slide It In n’est plus de ce monde Angeles à bord d’une voiture de
l’album original n’est plus de ce location équipée de baffles de super
monde : Mel Galley (guitare), Cozy (David Coverdale) qualité, l’une de ces radios rock
Powell (batterie) et Jon Lord (claviers). américaines a diffusé « Love Ain’t No
Ce fut magnifique de les réentendre souvenir de Jon n’est évidemment pas Nous nous sommes alors enfermés Stranger » et « Slow An’ Easy ». Et
jouer sur Slide It In, mais cela a aussi uniquement lié à Slide It In, mais à aux Musicland Studios de Munich. putain, ça sonnait fantastiquement
ravivé des souvenirs douloureux qui toutes ces années passées avec Deep Régulièrement, nous envoyions par bien ! Cozy et moi nous sommes alors
me rappellent à quel point ces personnes Purple, puis avec Whitesnake, qu’il a courrier express notre travail à regardés et avons dit : « Ah, c’est
ont été importantes dans ma vie. Les rapidement rejoint. C’est avec son Geffen, à Los Angeles, mais ses sûrement ce qu’ils voulaient ! » (rires)
gens eux-mêmes, pas uniquement les arrivée et celle de Ian Paice (batterie) arrogants responsables ne daignaient C’est là que je me suis dit : « Tu peux
musiciens. Ils me manquent terriblement que j’ai le sentiment que Whitesnake pas donner signe de vie. Martin et encore apprendre quelques trucs à un
mais, grâce à la musique, ils restent a vraiment débuté, publiant Ready moi étions très proches à cette vieux serpent ! » Depuis, je suis toujours
vivants dans mon cœur et mon âme. An’ Willing (1980). époque et nous savions que le résultat resté ouvert à la nouvelle technologie,
C’est ce que je retiens en priorité. Après, final ne satisfaisait pas Geffen qui et c’est pour cela que je travaille avec
il s’agissait aussi d’une période troublée Pour en finir avec Slide It In, la voudrait le remixer. J’ai promis à de jeunes gars (notamment pour tout
pour diverses raisons, notamment la différence de son entre la version Martin que, quoi qu’il arrive, l’album ce qui a trait à internet) qui m’aident
fin de ma relation avec le management européenne, avec Micky Moody à la sortirait tel quel en Europe et au à maintenir le nom d’un groupe de
qui me suivait depuis mon départ de guitare et Colin Hodgkinson à la Japon où nous étions encore signés classic rock dans cette ère moderne
Deep Purple en 1976. Il m’a fallu basse, et le remix américain sur sur EMI. Peu de temps après, Geffen où énormément de gens téléchargent
négocier avec lui et mettre beaucoup lequel figurent John Sykes et Neil m’a fait savoir qu’il voulait que ce ou écoutent de la musique en ligne
d’argent sur la table pour que je Murray (qui ont réenregistré certaines soit Keith Olsen qui s’occupe du plutôt que d’acheter des CDs ou des
retrouve les droits sur tout ce qui parties de guitare et de basse) est remix pour le marché américain. Il vinyles. Même si je nous considère
touche Whitesnake. Le premier album assez nette. Quelles sont selon toi avait eu pas mal de succès en bossant comme très chanceux d’avoir des
que j’ai pu réaliser en ayant un les forces et faiblesses de chacune avec Fleetwood Mac, Foreigner et fans passionnés tout autour du monde
contrôle absolu a été Whitesnake (1987). de ces versions ? Sammy Hagar. Ça me faisait chier, et qui continuent d’acheter nos albums
« physiques ».
. Whitesnake (1987)
GENRE SITE INTERNET . ARTICLES RH
Slip Of The Tongue (1989) En 2015, à la sortie de The Purple
. Hard Rock . Restless Heart (1997)
whitesnake.com RH N°51, 61, 66, 76, 77, 108, 154, 180
. Starkers In Tokyo (live – 1997) & 198 Album, tu nous confiais avoir de
LE GROUPE . Live... In The Shadow Of The Blues
ALBUMS gros doutes quant au fait de sortir
. (live – 2006)
David Coverdale (chant) . . Good To Be Bad (2008) un nouvel album studio. Mais en
Trouble (1978)
. Joel Hoekstra (guitare) . Lovehunter (1979) . Forevermore (2011) 2017, à l’occasion de la sortie d’un
. Ready An' Willing (1980) . Made In Britain/The World Record
. Reb Beach (guitare) . Live… In The Heart Of The City (live – 2013) coffret consacré à Whitesnake, tu
. (live – 1980) . The Purple Album (covers – 2015) nous as dit avoir déjà beaucoup
Michele Luppi (claviers) . Come An' Get It (1981) . Flesh & Blood (2019)
. Tommy Aldridge (batterie) . Saints And Sinners (1982) d’idées de nouveaux morceaux.
. . Slide It in (1984) Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis
Michael Devin (basse)
de manière aussi radicale ?

48
David Coverdale

Ce groupe est vraiment constitué de frangins. Il s’en
dégage une énergie que tu ne peux pas acheter, ce qui
m’inspire et me motive (David Coverdale)
C’est une très bonne question. Et à
vrai dire, je ne suis pas très sûr de la
réponse (pause). En 2016, après le
Purple Tour, ma femme et moi avons
décidé qu’il était devenu impératif
que je me fasse opérer des genoux.
Sans quoi, je serais certainement
dans une chaise roulante aujourd’hui.
Alors, nous avons envisagé l’année
2017 comme la bonne période pour
cette opération et ma rééducation.
Mais fin 2016, mon label m’a appelé
pour me dire qu’il y semblait y avoir
une forte demande pour un nouvel
album de Whitesnake. A cette même
période, Joel (Hoekstra/guitare) bossait
dans mon home-studio sur ce projet de
réenregistrement de classiques de
Whitesnake avec un quatuor à cordes
et un orchestre. C’était l’une des
choses sur lesquelles je pensais
avancer tranquillement durant ma
rééducation. Mais c’est durant ces
sessions que la première chanson qui
allait figurer sur Flesh & Blood a été
écrite. Il s’agit du morceau acoustique
« After All ». Alors, j’ai fait part à ma
maison de disques de mon opération à
venir, que j’ai tenu à ce qu’elle garde
secrète, mais aussi de mon hésitation
quant à un nouvel album car j’avoue
que je ne savais pas trop à quoi
m’attendre après cette intervention
chirurgicale. Mais j’ai dit à Joel :
« Gardons de côté ce titre acoustique, et
voyons si nous sommes capables d’écrire
d’autres morceaux ensemble ! » Puis
nous avons eu ces « conversations
musicales », Joel avec sa guitare, moi
avec la mienne, un petit ordinateur
pour organiser tout cela… Et il est
vite apparu que je pouvais écrire avec
lui. Peu de temps après, Reb Beach
(guitare) nous a rejoints et nous avons
50
idées quand Doug faisait encore
partie de Whitesnake ?
Tout simplement parce que ce n’était
pas nécessaire. Good To Be Bad (2008)
et Forevermore (2011) sont de vrais
albums de Whitesnake, que Doug et
moi avons écrits. Je n’avais pas besoin
de bosser avec quelqu’un d’autre, je
n’y pensais même pas. Mais je suis
très content qu’aujourd’hui, Reb
puisse continuer à écrire avec mon
ami Kip Winger dans le cadre de
Winger sans que cela interfère avec
Whitesnake. Reb et moi sommes
devenus encore plus proches lorsque
nous avons bossé sur The Purple Album.
Il avait vraiment bien étudié l’œuvre
de Deep Purple et j’ai été heureux de
l’introniser coproducteur de ce
disque, d’autant que, musicalement,
il avait en quelque sorte pris les rênes
du groupe suite au départ de Doug.
Joel et Reb ont écrit des chansons
avec toi, mais ont-ils aussi composé
ensemble ?
Pas vraiment, mais l’entente entre
eux parfaite. C’est la première fois
que je n’ai pas eu à arbitrer mes deux
guitaristes. Par exemple, Joel et moi
De g. à d. : Joel Hoekstra, Michael Devin, David Coverdale, Reb Beach, Tommy Aldridge & Michele Luppi
avons composé un titre ensemble,
mais c’est Reb qui a fait le solo… à la
demande de Joel. Et l’inverse est
également survenu. C’est une nouveauté
pour moi, je n’avais encore jamais vu
ça en quarante putains d’années ! Ce
groupe est vraiment constitué de
frangins : nous nous appelons tous les
jours, et tout le monde est vraiment
vécu la même expérience. Reb est le Nous connaissions les talents de excité à l’idée de reprendre la route.
musicien avec lequel j’ai travaillé le compositeur de Reb avec Winger et Il se dégage une énergie que tu ne
plus longtemps durant ma carrière, même Dokken. Pourquoi n’avait-il peux pas acheter, ce qui m’inspire et
mais jamais nous n’avions composé pas spontanément proposé ses me motive. Y
ensemble car le duo que je formais
avec Doug Aldrich en était capable.
Notre association était incroyable,
et malgré le fait que Reb fasse déjà
partie du groupe, je n’imaginais
même pas aller « voir ailleurs » pour
composer. Cette fois-ci, Reb et moi
avons jammé ensemble : ce mec adore
les gros riffs et m’a proposé des
choses vraiment cool, notamment le
premier single, « Shut Up And Kiss
Me ». Quant au deuxième single,
« Trouble Is Your Middle Name », il a
été écrit avec Joel. C’est à partir de ce
moment-là que je me suis dit que
nous allions forcément avancer
dans le bon sens tous les trois et
que j’ai confié à mon label qu’un
nouvel album était envisageable.
Donc, en 2017, alors que j’étais sous
traitement médicamenteux suite à
mon opération, nous avons écrit 18
nouveaux titres, conçu les coffrets
1987 et Unzipped (2018), le livre
sur le Purple Tour et le DVD de cette
tournée. Sûrement l’année la plus
chargée de ma carrière : il faudrait
vraiment que j’apprenne à dire
« non » ! (rires) Heureusement, je
me suis très bien remis de cette
opération, même si, bien sûr, je dois
faire des étirements au quotidien
pour pouvoir continuer à donner
des concerts avec un groupe de rock.
Je ne prends rien pour acquis et je
m’entraîne dur pour être en forme
pour notre tournée mondiale qui
débute aux USA en avril 2019 et qui
viendra vous rendre visite en Europe
en juin et juillet.
Joel Hoekstra
 De g. à d. : Per Andreasson, Adam Grahn, Jonas Almén & Hannes Irengard
Propos recueillis par Morgan Rivalin - Interview réalisée le 08 avril 2019 à Paris
Difficile de rester sérieux en compagnie des joyeux drilles de Royal Republic, groupe qui, pour « couronner » le tout, devise
autour du verre de l’amitié. Nous avons tout de même réussi à apprendre deux-trois choses au sujet de Club Majesty, nouvel
opus de cette formation rock suédoise 100% éclectique qui se trace une voie… royale, bien sûr.
Rock Hard : Il est rare de voir un nous donne justement très envie de le divertissant qui a reçu un très bel Adam Grahn : Et dansez dessus !
groupe effectuer la promo de son faire ! (rires) accueil. Vous avez multiplié les (rires)
album en allant de ville en ville dans Per Andreasson : Notre GPS doit traits d’humour et avez joué un
son tour-bus, comme s’il était en tournée. déconner, il nous emmène constamment extrait du « Battery » de Metallica Vous souvenez-vous de votre première
Au moins vous n’êtes pas dépaysés ! sur des routes que nous ne sommes doté d’un son impressionnant, rencontre ?
Adam Grahn : Oui, et ça a un côté pas censés emprunter ! Le résultat se surtout sorti de guitares demi- Per Andreasson : Oui. C’était à
pratique : on peut se prendre une nomme Club Majesty, qui porte ce nom caisses ! Comment faites-vous ? l’université. Tout à coup, j’ai vu un
murge et tomber dans nos couchettes parce qu’il en ressort clairement un Adam Grahn : Ce n’est pas vraiment gros con aux cheveux longs qui criait
sans avoir à retrouver le chemin d’un côté plus dansant. une question de matos, ça se passe comme un bœuf en se roulant par
foutu hôtel ! (rires) Adam Grahn : Ceci étant dit, je n’ai surtout au niveau de la main droite et terre... Je me souviens m’être dit :
rien contre les formations qui restent du médiator. Il faut s’imaginer qu’on « J’espère de tout cœur ne jamais avoir
Quel fut le mot d’ordre au moment fidèles à une « recette ». Il est est James Hetfield. Ça aide ! à vivre dans un tour-bus avec ce gars-
d’aborder ce nouvel album, Club d’ailleurs possible que notre prochain Per Andreasson : Je précise au passage là ! ». (rires) Et puis, j’ai appris à le
Majesty ? album sonne exactement comme Club qu’une partie de nos « vannes scéniques » connaître, et aujourd’hui, il n’y a
« Aucune limite ! ». Nos influences ne Majesty. Rien n’est exclu. vient tout droit du film Down By Law personne d’autre avec qui j’aimerais
changeront jamais, mais le succès (1986) que je recommande (Ndlr : avec vivre dans le tour-bus à part lui...
de Weekend Man (2016) nous a permis Est-il vrai que Royal Republic a John Lurie, Tom Waits ou encore Adam Grahn : Oh, que c’est gentil !!!
de prendre davantage confiance en failli s’appeler Club Majesty ? Roberto Benigni). Je pense notamment Moi aussi, je me souviens de ce que
nous. Ça nous aide à proposer une Oui, ça faisait partie des trois noms de au « You scream ! Ice cream ! » qui j’ai pensé quand je t’ai rencontré :
musique plus personnelle. Nous ne nous groupe que nous avions en tête en nous fait toujours autant rire ! « Sa copine est vraiment pas mal du
demandons pas si nous franchissons 2007. Il y avait Royal Republic, Club tout !!! ». (rires)
la ligne jaune du rock, de la pop, etc. Majesty et King Average. Royal Republic est plus que jamais
Ça nous plaît ? Alors, nous fonçons ! Per Andreasson : A l’époque, nous un groupe euphorisant à l’aspect Je ne peux pas terminer cet entre-
Certains groupes de rock hésiteraient n’avons pas opté pour Club Majesty « léger ». Le côté fun de votre tien sans vous féliciter pour vos
sans doute à se lancer dans un refrain parce que, justement, ça nous semblait musique fait-il partie de l’ADN du tenues du jour : vous avez bien fait
aussi « pop 80’s » que celui de « Anna trop « poppy ». Ironique, non ? (sourire) groupe ? d’ajouter ces colliers de perles à vos
Leigh ». Tant mieux pour nous ! Adam Grahn : Je le pense. Mais costumes...
Quand on nous dit qu’il est interdit de L’an dernier, au Download Festival attention : autant nous revendiquons Merci ! Nous adorons ces colliers.
la jouer disco ou de mettre du saxo, ça français, vous avez livré un concert pleinement ce côté « euphorique », Bizarrement, sur cette tournée
autant nous ne nous voyons pas du promo, quelques journalistes fémini-
GENRE SITE INTERNET ARTICLE RH tout comme une formation comico- nes ont trouvé à y redire. « Mais
. Rock/disco alternatif (entre
www.royalrepublic.net RH N°198 parodique. Nous aimons faire les pourquoi portez-vous ça ? Les colliers
autres) idiots dans nos clips et sortir quelques de perles sont faits pour les femmes ! ».
LE GROUPE ALBUMS blagues sur scène, mais nous voulons C’est une remarque carrément
. . We Are The Royal (2010) surtout divertir le public. De l’enter- sexiste !
Adam Grahn (chant, guitare) . Save The Nation (2012) tainment pur et simple qui t’aide à Adam Grahn : Totalement d’accord
. Hannes Irengard (guitare) . Royal Republic And The
Nosebreakers (compilation oublier tes problèmes. avec toi ! C’est la raison pour laquelle,
. Jonas Almén (basse) acoustique – 2014) Per Andreasson : Notre devise est : à la dernière journaliste qui m’a sorti
. . Weekend Man (2016) « Réglez définitivement vos soucis en
Per Andreasson (batterie) . Club Majesty (2019) ça, j’ai rétorqué : « Tais-toi et retourne
cachant la poussière sous le tapis ! ». dans ta cuisine ! » (rires) Y

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 Propos recueillis par Guillaume Fleury - Entretien téléphonique réalisé le 25 mars 2019
Il aura fallu pas moins de sept ans aux Irlandais de Waylander pour donner une suite à Kindred Spirits (2012). Habitué
aux vagues et aux remous, son leader de chanteur Ard Chieftain O’Hagan, dernier membre d’origine à bord, tient la barre
contre vents et marées et s’avoue très soulagé du très bon accueil que reçoit l’excellent Eriu’s Wheel, premier concept-
album de la formation. C’est que ça valait la peine d’attendre !
Rock Hard : La conception de Eriu’s fois écrit durant la période de l’année As-tu besoin d’être dans un certain mais il existe, oui. Il y a toujours des
Wheel a duré presque sept ans. Le correspondant à la musique concernée. état d’esprit pour écrire tes textes ? groupes de druides, et il reste aisé, si
concept de ce disque est de relater Prenons l’exemple de l’équinoxe de C’est en vérité une chose aisée pour tu t’intéresses au sujet, de trouver des
chaque grande période des quatre printemps : à la date précise, nous moi. Je pratique les rituels païens et informations. Je me suis moi-même
saisons qui parcourent une année, avons essayé de passer la journée sur célèbre toutes les fêtes de l’année. Ma initié au parcours druidique en 1996,
dans la tradition celte. Avez-vous le morceau correspondant afin que connaissance et ma passion du sujet mais je ne fais plus partie de ce genre
composé chaque morceau durant la l’ensemble colle au mieux, mais nous sont donc vastes, ce qui rend les choses de groupe aujourd’hui. Je poursuis mes
saison correspondant à son thème ? avons finalement terminé ce titre... plutôt faciles ! recherches et dégage seul mes propres
Ard Chieftain O’Hagan : (Rires) C’était l’année suivante ! C’est donc un interprétations...
mon idée au départ ! J’ai pensé que ce mélange de deux procédés, même s’il De manière générale, y-a-t-il un intérêt
serait une bonne chose, mais ça n’a aurait été intéressant de se forcer prononcé pour la culture païenne en Te souviens-tu d’où t’est venue cette
finalement pas fonctionné de cette uniquement à écrire durant la période Irlande ? passion ?
manière. Nous avons néanmoins plusieurs concernée ! Je ne dirais pas qu’il est très important, Je suis né dans une petite ville située

52
 inspiration dès l’âge de six ans. La
mythologie celtique et l’Histoire
m’obsédaient, jusqu’à devenir une part
de ma vie ! (rires)
Vos compatriotes de Primordial ont
plusieurs fois été au cœur de contro-
verses politiques liées à leur approche
de thèmes historiques et païens.
Avez-vous rencontré le même genre
de problèmes ?
Pas vraiment ! J’ai reçu quelques
critiques, que j’ai du mal à comprendre.
A vrai dire, cela me perturbe : je ne
comprends pas comment des gens
peuvent s’offusquer de nos textes. Il
n’y a rien ici de faux ou de mal.
Heureusement pour nous, nous n’avons
jamais rencontré de réels problèmes,
mais je sais que le terme « fasciste » est
utilisé très facilement de nos jours. Je
pense qu’Internet a créé toute une
génération de gens… stupides ! (rires)
C’est problématique, mais j’essaie de
ne pas y penser trop souvent pour ne
pas me faire trop de mouron ! (rires)
Le folk metal voit-il encore naître de
nouveaux groupes en Irlande ?
Non, pas vraiment ! Ce n’est pas le
style le plus populaire par ici. Les gens
du reste de l’Europe ou des Etats-Unis
ne comprennent pas pourquoi l’Irlande
ne donne pas naissance à davantage de
formations folk metal, mais il faut garder
La culture celtique reste encore assez vivace
chez vous (…) les gens ont besoin de savoir d’où
ils viennent pour savoir où ils veulent aller !
(Ard Chieftain O’Hagan)
à l’esprit que la musique folk est assez
ringarde pour nos compatriotes. C’est
une chose qu’écoutaient nos parents et
grands-parents, et ça n’a jamais été
connoté « rebelle ». C’est donc un style
difficilement accepté, chose à laquelle
nous sommes par ailleurs habitués. Le
succès de Primordial ou Cruachan a
permis davantage de tolérance à l’égard
du genre, mais l’intérêt général pour cette
musique reste assez peu prononcé…
La façon dont les groupes metal
irlandais font sonner leur folk est
De g. à d. : Saul McMichael, Lee McCartney, différente de celle des autres forma-
Steve Reynolds, Dave Briggs, Ardchieftain tions européennes du même genre. Il
O'Hagan et Tor Dennison est facile de deviner que Waylander
est originaire d’Irlande…
Oui ! Je pense que notre style est vraiment
près d’un site ancien nommé Emain unique, dans la manière de véhiculer
Macha, l’un des centres spirituels certaines émotions et sensations. C’est
d’Irlande. Une fois les Chrétiens arrivés juste là, en nous ! Je suppose que ça nous
en Irlande, ils ont construit l’une de vient vraiment naturellement, de par
leurs premières églises dans ma ville nos origines. Il existe bien sûr certains
d’origine. Quand j’étais jeune, on m’a groupes celtiques non irlandais qui
raconté les légendes des anciens sonnent de manière un peu similaire à la
héros d’Emain Macha et les histoires nôtre – je pense notamment à certaines
rattachées à ce lieu. Cela a nourri mon formations suisses ou françaises –
GENRE . Steve Reynolds (basse) . Kindred Spirits (2012)
. Eriu’s Wheel (2019)
. Black folk metal . Lee Mccartney (batterie)
ARTICLES RH
LE GROUPE SITE INTERNET
. RH N°123 & 198
Ard Chieftain O’Hagan www.waylanderband.com
(chant)
. Saul McMichael (guitare) ALBUMS
. Tor Dennison (guitare) . Reawakaning Pride Once Lost (1998)
. The Light, The Dark And The
. Dave Briggs (bodhrán, Endless Knot (2001)
mandoline, flûtes) . Honour Amongst Chaos (2008)
mais malgré ces similitudes, le rendu
final reste différent dans le fond, et tu
peux le sentir. L’atmosphère n’est pas
la même. J’apprécie néanmoins ces
autres groupes, que j’ai pour la plupart
découverts en faisant du tape-trading...
Waylander s’est produit plusieurs
fois en France, notamment lors du
Cernunnos Pagan Fest (Paris).
L’intérêt pour les groupes folk est
assez prononcé par ici…
C’est un très bon festival à l’affiche
duquel nous espérons nous produire de
nouveau bientôt. Nous travaillons
justement en ce sens actuellement.
L’atmosphère y est vraiment unique et
je ne connais aucun autre festival comme
celui-là. Nous espérons néanmoins visiter
d’autres endroits que Paris lorsque nous
reviendrons en France. Je préfère ne pas
te dire ce que je pense de cette ville !
(rires) Mais il est vrai que lorsque nous
avons sorti notre première démo, au
début des années 90, la France était le
plus grand pays en ce qui concerne le
metal païen. Le style y était déjà bien
implanté et j’ai moi-même plusieurs
démos de groupes français de l’époque.
La culture celtique reste encore assez
vivace chez vous, ce qui m’avait un peu
surpris à l’époque. Mais les gens ont
besoin de savoir d’où ils viennent pour
savoir où ils veulent aller ! C’est selon
moi une démarche positive...
Je te sens assez nostalgique des
débuts du groupe…
Oui, je suppose ! Cette époque me
manque un peu. Découvrir des groupes
des quatre coins de l’Europe sans la
facilité du téléchargement, en se fiant
uniquement aux descriptions et au
bouche à oreille... Tu tombais parfois
sur des choses nazes, mais au moins
avais-tu essayé ! Et puis, l’entraide
était davantage prononcée à l’époque,
il était plus facile d’organiser des
concerts. La scène est aujourd’hui si
saturée… J’en parlais encore récem-
ment avec Alan (Ndlr : Nemtheanga,
chanteur de Primordial) : il me disait
être obligé de caler une tournée un an
à l’avance, tant il y a de groupes qui
se produisent un peu partout ! J’ai
moi-même commencé à planifier des
concerts pour Waylander au mois de
novembre dernier, et il semble que
nous ne serons pas en mesure de
vraiment tourner avant… le printemps
prochain !
Sans compter que la manière de
découvrir la musique a elle-même
beaucoup changé !
Oui ! Les gens n’écoutent plus d’albums
en entier, mais des morceaux de-ci de-
là… Avec Internet, tu n’as plus besoin
de dépenser d’argent et de te faire des
listes d’achats. Néanmoins, à l’époque
où nous étions contraints par nos
finances, nous prenions vraiment le
temps de creuser chacun des disques
que nous nous offrions. Mais cela
n’arrivera plus… Et c’est triste, ce
manque de « cœur » ! Je suis un gros
fan de Kreator, et en 1992, l’album
Renewal était si différent qu’au départ,
je l’ai vraiment détesté. Mais après
trois ou quatre mois, à raison de deux
ou trois écoutes par semaine, j’ai enfin
réussi à oublier qu’il s’agissait de
Kreator et à apprécier la musique
gravée sur cet album pour ce qu’elle
était. Mais, de nos jours, parce qu’ils
n’achètent plus les disques, les gens ne
donnent plus de seconde chance à un
artiste ! (rires)
Tu accordais peut-être également
plus d’attention au travail visuel...
Oui ! D’ailleurs, j’ai de nouveau une
platine vinyle depuis dix ans environ.
Ressortir mes vinyles, regarder les
pochettes, l’intérieur, tout le packaging,
c’est juste incroyable ! Bon, il était tout
de même difficile pour moi d’en prendre
soin lorsque j’étais plus jeune. Des
ados bourrés à côté d’un objet aussi
fragile qu’un vinyle, ce n’est pas toujours
une bonne chose ! (rires) Mais nous
avons besoin d’une machine à remonter
le temps pour ramener tout le monde
dans les années 90 !
Le bon côté des choses est qu’il
est aujourd’hui plus facile d’enre-
gistrer…
Mais n’est-ce pas trop facile ? (rires)
Il est vrai que ça coûtait très cher à
l’époque. Surtout qu’il fallait souvent
payer plusieurs semaines d’avance.
Mais cela te poussait à répéter dur et
à repousser tes limites. Il y a évidem-
ment du pour et du contre pour chaque
période...
En parlant de visuel, la pochette de
ce nouvel album est très réussie !
C’est différent ! Je n’étais pas totalement
sûr de nous au départ, mais j’ai fini par
me faire à l’idée. Nous étions curieux
de la réaction du public, mais celle-ci
nous surprend, dans le bon sens du
terme ! (rires)
Que signifie le terme « Eriu » ?
« Irlande », tout simplement ! C’est du
vieil irlandais. Eriu’s Wheel est la roue
des saisons en Irlande.
Parles-tu le vieil irlandais ?
Pas couramment, mais j’ai quelques
connaissances et je peux tenir une
conversation basique. J’étais plutôt
doué dans ce domaine à l’école, mais le
problème est qu’il faut pratiquer régu-
lièrement pour ne pas oublier, et pratiquer
le vieil irlandais est une chose difficile
ici, à moins de vivre dans une région où
les gens le parlent encore, comme
Galway, Cork ou Kerry. Si tu ne vis pas
par là, c’est plus compliqué, à moins
d’avoir quelques parents qui pratiquent
la langue. J’ai appris mes premiers
mots de vieil irlandais lorsque j’avais
dix ou onze ans, ce qui est plutôt triste
car nous parlons là de l’héritage de nos
ancêtres… avant que notre pays ne
soit envahi. Mais je vais éviter de partir
sur ce terrain ! (rires) Y
53

Rock Hard : Lords Of Chaos est
un film que beaucoup ont, sur le
principe, détesté avant même sa
sortie, ce dernier se faisant
dézinguer à la moindre nouvelle
annonce. Pourtant, les réactions
sont aujourd’hui globalement
positives, même si l’on sent que
ce sujet déchaîne toujours autant
les passions plus de 25 ans
après...
Jonas Akerlund : Je m’attendais à
ce genre de réactions mitigées dès
le départ. C’est une histoire très
controversée et sensible pour
beaucoup de gens. Je suis très
content de constater que beaucoup
ont pris le temps de visionner le
film et l’ont apprécié pour ce qu’il
est. Et je suis bien sûr ravi que tant
de personnes l’aient jugé réussi.
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Propos recueillis par Guillaume Fleury - Entretien téléphonique réalisé le 29 mars 2019
Batteur au sein de Bathory entre 1983 et 1984, puis réalisateur de clips pour
des artistes aussi variés que Candlemass, Metallica, Rammstein, Madonna ou
Lady Gaga, et de longs métrages ayant tous pour thème commun la violence
(Spun en 2002, Les Cavaliers De L’Apocalypse en 2009 et Small Apartments
en 2011), Jonas Akerlund achève, avec Lords Of Chaos, un projet qui lui tenait
à cœur depuis une bonne dizaine d’années : mettre en image la descente progressive
aux enfers de la scène black metal d’Oslo (Norvège) entre 1984 et 1993. Une histoire
parsemée de suicides, meurtres et incendies d’églises, et aujourd’hui encore drapée
d’un épais voile de mystère. Sous le feu des critiques des fans les plus hardcore
du black metal scandinave et de certains acteurs de cette scène, qui lui tirent
dessus à boulets rouges depuis les premières annonces liées au film, Akerlund
est encore aujourd’hui – on le sent à la lecture de cet entretien – sur la défensive
lorsqu’il s’agit de s’adresser à un journaliste de la presse spécialisée metal.
Comme s’il semblait vouloir se justifier d’être aujourd’hui devenu un réalisateur
considéré comme « mainstream ». Loin de ce genre de jugements, nous avons pu
nous entretenir avec un homme sympathique et dont la passion palpable pour le
sujet traité ne saurait être mise en doute.
C’est une histoire qui touche impliqués étaient de grands fans facile à prendre. Mais il est vrai
en profondeur beaucoup de de Bathory. Les images du procès que j’ai pris part à tout cela, en
gens et en agace nombre de Varg Vikernes (Ndlr : Burzum, trouvant le nom du groupe, en
d’autres. Elle tient même à bassiste de Mayhem entre dessinant son logo, en contribuant
cœur à des fans qui n’ont pas 1992 et 1993 et meurtrier à forger notre son et notre look,
connu les faits à l’époque, d’Euronymous, fondateur et toutes ces choses que Mayhem a
voire qui n’étaient pas nés ! guitariste du groupe de 1984 à lui aussi faites quelques années
Mais ces gens sont émotion- 1993) vêtu d’un t-shirt Bathory après nous…
nellement attachés à cette ont fait le tour du monde…
histoire pour de profondes Tout d’abord, je dois préciser que En 1988, tu as réalisé le clip
raisons... je ne pense pas que le temps que du morceau « Bewitched » de
j’ai passé au sein de Bathory m’ait Candlemass, clip dans lequel
Comment as-tu toi-même vraiment rendu plus légitime figurait alors le futur chanteur
accueilli toute cette histoire qu’un autre pour réaliser ce film. de Mayhem, Per Yngve Ohlin,
à l’époque, sachant que tu Bien évidemment, je suis très fier plus connu sous le patronyme
faisais partie de cette scène d’avoir pris part à ce groupe, même Dead. Te souviens-tu de lui à
extrême scandinave ? si je reste extrêmement humble l’époque ?
(Hésitant) Je n’étais déjà plus par rapport à cela et ne cherche à Oui, j’ai quelques souvenirs, mais
vraiment là. Très tôt, j’ai quitté aucun moment à en tirer crédit car pas tant liés que ça au clip. Je le
la scène musicale pour m’orien- c’était Quorthon la réelle force connaissais surtout car il était
ter vers le cinéma. Mais j’ai créatrice et le talent musical de alors vocaliste de Morbid, groupe
toujours écouté du metal et ce projet. A l’époque, j’étais déjà qui s’est formé à peu près au même
je me souviens bien sûr par- davantage porté sur l’aspect visuel moment que Bathory. Notre diffé-
faitement de ces évènements, des choses car je venais de décou- rence d’âge n’était pas si importante
de ce que je lisais dans les vrir le monde du cinéma, ce qui fut (Ndlr : ils avaient trois ans d’écart),
journaux et de la manière dont une révélation incroyable pour mais pour des adolescents, ça
j’ai suivi toute l’affaire, comme moi. Il s’est par la suite avéré que constituait néanmoins une vraie
beaucoup d’autres personnes... j’étais bien meilleur monteur de barrière. Nous gravitions cependant
films que batteur. De ce fait, la dans la même petite scène metal
Tout cela a dû être particulier décision d’arrêter la musique pour de Stockholm...
pour toi car tous les musiciens me mettre à réaliser des films fut
As-tu eu l’occasion de voir
Mayhem live à cette époque ?
Non, je ne les ai vus que par la
suite, après tous les évènements…
Tu n’as donc jamais rencontré les
membres du groupe durant cette
période ?
Non, résidant en Suède, je n’étais
pas très proche de la scène norvé-
gienne. Et puis, au moment où
Mayhem a commencé à être
actif, à la fin des années 80, je
m’étais déjà éloigné du metal pour
commencer à réaliser mes propres
films...
Scène du film : Jack Kilmer, le fils de Val, et Rory Culkin, le frère de Macaulay, en Dead et Euronymous
Jonas Akerlund
 Il est écrit un peu partout que tu
n’as pas décroché les droits pour la
musique de Mayhem. Pourtant, la
musique du groupe figure bel et
bien dans le film...
Bien sûr que j’ai les droits sur la
musique ! C’est une rumeur… Je
n’aurais jamais réalisé ce film si
je n’avais pas eu la garantie de
récupérer les droits sur la musique
de Mayhem. Je les ai obtenus des
années avant de commencer à écrire
le script. Je savais dès le départ que
j’allais être en mesure de faire figurer
du Mayhem dans le film…
En revanche, tu n’as pas décroché
ceux de Burzum…
Non. Je ne les ai jamais demandés...
Du coup, d’où vient la musique
qu’on peut discerner lorsque
Jonas Akerlund
Je n’aurais jamais réalisé ce film si je n’avais pas
eu la garantie de récupérer les droits sur la
musique de Mayhem (Jonas Akerlund)
Euronymous découvre, au casque,
la démo de Burzum ?
C’est un truc que nous avons fait
avec mon équipe d’ingénieurs du
son. C’est simplement un mec qui
crie, en gros. Cela suffisait puisque
tu ne peux pas entendre distincte-
ment ce qui est diffusé dans les
écouteurs ! (rires)
Tu n’as pas essayé d’entrer en
contact avec Varg ? Peut-être parce
que tu n’apprécies pas sa person-
nalité ?
Non, je ne le connais pas et ne sais
rien de sa personnalité. C’est juste
qu’il a été très clair dès le début :
nous lui avons envoyé le script très
tôt, mais il n’a rien souhaité faire
avec nous car il n’aimait pas l’idée.
A partir de là, il n’y avait aucune
raison que nous revenions vers lui.
Nous savions qu’il refuserait de
nous aider et qu’il n’aimerait pas le
56
film. Nous n’avons donc même pas
essayé...
En revanche, tu as pris conseil
auprès de plusieurs anciens
membres et proches de ceux
aujourd’hui décédés...
Oui ! J’ai très souvent été en contact
avec Hellhammer, Necrobutcher et
Attila Csihar (Ndlr : respectivement
batteur, bassiste et chanteur de Mayhem).
Le frère de Pelle (Ndt : le surnom
de Dead) m’a aussi été d’une aide
précieuse, tout comme les parents
d’Euronymous. Ils ont tous lu le
script et savaient précisément ce que
nous allions faire. Mais j’ai par
ailleurs dû être clair dès le départ : il
s’agit d’un film, de MON film. Il me
fallait prendre une certaine distance
avec eux tout en respectant le fait
que c’était leur histoire. La manière
de communiquer avec eux durant la
production fut un équilibre à trouver,
mais ils étaient tous au courant du
projet, en ont lu le script, et se sont
impliqués dès le premier jour...
Sais-tu s’ils ont apprécié le film ?
Il faudrait le leur demander directe-
ment, mais je n’ai pour le moment
reçu que des réactions positives,
même si je sais que les parents
d’Euronymous ne l’ont pas vu...
Ils ne veulent pas le voir ?
Je n’en ai aucune idée. Probablement
pas… Ils ont été très clairs : ils se sont
totalement éloignés de cet univers, il
y a longtemps. Et je pense que nous
n’avons pas à en savoir plus...
En revanche, le fait que Varg
Vikernes n’ait pas aimé le film et
l’ait clairement fait savoir n’a pas
dû grandement te surprendre…
Non ! C’était très prévisible. J’ai toujours
su qu’il ne l’aimerait pas !
Tu l’as dit, ce film est ta vision
personnelle de toute cette histoire.
Tu as d’ailleurs pris soin d’indiquer,
dès le générique de début, que le film
était écrit sur la base « de vérités...
et de mensonges ». Comment as-tu
choisi les éléments qui relevaient,
selon toi, de la vérité et méritaient
d’être racontés ? Il existe de nom-
breuses versions différentes pour
nombre d’évènements. Si je prends,
par exemple, la scène du suicide
de Dead, il existe au moins trois
hypothèses à ce sujet...
Pour moi, il s’agit d’un mélange de
plusieurs choses que je sais de source
sûre, des faits, et d’autres dont je ne
suis pas certain. Certaines choses
sont totalement avérées : les églises
brûlées, le fait que trois personnes
soient mortes. Beaucoup de choses se
savent. Mais le plus gros challenge a
été de parler des émotions qui allaient
de pair avec ces évènements. Ces
gamins avaient-ils vraiment des
émotions ? Sentaient-ils réellement
tout ce qu’ils faisaient ? Etaient-ils
assez humains pour penser comme
des humains ? Cette question de
l’attachement émotionnel a été la
plus grosse interrogation et la raison
principale pour laquelle j’ai souhaité
réaliser ce film. Qui se soucie réelle-
ment de savoir si Euronymous a reçu
23 ou 40 coups de couteau ? Ce n’est
pas si important et je ne m’y suis
pas franchement intéressé. Ce qui a
représenté un vrai challenge, en
revanche, c’est de savoir comment
ces mecs réagissaient face à ces
évènements, comment ils se sentaient
lorsqu’ils les accomplissaient. Mais
une chose était très claire pour moi :
il y a de nombreuses vérités différen-
tes. Tout le monde déclare des choses
différentes, et mêmes ceux qui
délivrent leurs versions des faits
depuis des années en ont changé
plusieurs fois en cours de route… Le
point de vue selon la perspective est
différent et, de plus, varie au fil du
temps...
Certains dépeignent Euronymous
comme un homme égocentrique et
malveillant, tandis que d’autres, à
l’inverse, jurent qu’il était très
sensible et que son image extrême
était fabriquée de toutes pièces. Il
est très difficile de démêler le vrai
du faux pour quelqu’un qui ne l’a
pas connu...
Oui ! Cependant, j’ai beaucoup de
difficulté à croire qu’il n’était touché
par aucun des évènements survenus.
Je sais de source sûre qu’il a été très
affecté par la mort de Pelle car ils
étaient tous deux très proches. Je
sais également d’autres choses…
Par exemple, tout le monde affirme
qu’il n’avait pas de petite amie, mais
je sais qu’il en avait une. Je lui ai
même parlé ! Je sais que beaucoup de
choses que les gens pensent savoir
ne sont pas vraies. Mais tout cela ne
compte pas vraiment pour moi car il
ne s’agit pas là d’un documentaire.
Ce n’est pas à moi de dire ce qui est
vrai ou pas, je me contente de raconter
une histoire de mon propre point de
vue...
Ce n’est certes pas un documentaire,
mais l’effort fourni pour recréer
au mieux les décors est impression-
nant…
(Me coupant) Oui, mais ça, c’est la
partie facile ! Il existe tant de photos
qu’il n’a pas été bien compliqué de
retrouver la bonne guitare, le bon
poster, les bonnes chaussures, patches
et t-shirts ! Nous avions tant de
documents à notre disposition...
Est-il néanmoins avéré, comme on
le voit dans le film, que Helvete, le
magasin de disques d’Euronymous,
vendait des albums mainstream
comme ceux de Scorpions ? Il a
toujours été rapporté que le
musicien ne tolérait que la
musique extrême underground au
sein de sa boutique…
Je ne sais pas s’il vendait du Scorpions,
mais tu peux voir, sur certaines
photos, que se trouvait tout de même
là un ensemble de choses très variées.
Mais il est vrai que la principale raison
d’être du Helvete était clairement
de garder un œil sur la musique
underground. Euronymous profitait
également pour cela de ses nombreux
contacts autour du monde. Il vendait
ainsi des choses qu’il était très
difficile de trouver ailleurs…
Une autre chose amenée par ce
film est le fait que ces gamins
n’étaient pas vraiment – comme
beaucoup le croient pourtant
depuis le début – versés dans le
satanisme et l’occultisme…
Je pense en effet que tout cela n’est
lié qu’à l’imaginaire, à un aspect
purement créatif rattaché à ce qu’ils
faisaient musicalement. J’ai lu qu’ils
étaient guidés par certaines idées
politiques et religieuses,
mais beaucoup des pensées
politiques de ces mecs se
sont développées avec le
temps, et je ne pense pas
qu’ils avaient déjà des idées
si tranchées à un si jeune
âge. Je sais qu’ils jouaient
avec les symboles, écrivaient
des textes emprunts de noir-
ceur, mais tu peux également
voir qu’ils mélangeaient
images de Staline ou d’Odin
et casques nazis… Il y avait
là un achalandage très confus
de différents messages, et je
ne pense pas que, pour eux,
à l’époque, cela signifiait
grand-chose dans le fond. Et
je ne pense pas que le fait de
brûler des églises ait repré-
senté un acte orienté contre
la religion, en quelque sens
que ce soit. Je pense que cela
a été fabriqué par la suite...
Tu ne prends en effet pas
les revendications de Varg
Vikernes très au sérieux,
lui qui est présenté comme
très maladroit, voire carré-
ment idiot...
Ils l’étaient tous ! Ils étaient
jeunes et faisaient des choses
stupides. C’est là tout le
film ! Des enfants qui font
n’importe quoi… Varg n’est
pas le seul concerné, ils le
sont tous...
Les scènes de meurtre sont
très réalistes. C’est une
chose qui ancre dans le réel
des évènements aujourd’hui
considérés par beaucoup
comme abstraits. La « légen-
de » créée par toute cette
histoire a parfois pu faire
minimiser des faits qui
sont pourtant très graves...
Oui. J’ai essayé de proposer
un film aussi proche que
possible de la réalité. Les
scènes de meurtres font
partie intégrante de l’histoire
car ces derniers ont chacun
marqué une étape de cette
escalade dans la violence. Il
était donc important de les
faire figurer dans le film,
comme tout ce que j’ai choisi
de montrer. Il ne fallait pas
compromettre ces séquences,
et je sais qu’elles sont diffi-
ciles à regarder, mais il s’agit
d’une histoire très triste et
brutale. Et il a toujours été
dans mon intention de le
montrer. Ces moments ayant
de plus été largement docu-
mentés, il n’a pas été néces-
saire d’effectuer beaucoup de
recherches pour les mettre
en scène…
Beaucoup de jeunes fans de
metal semblent aujourd’hui
captivés par cette histoire et ont
prolongé la vision du film par des
recherches. Il semble qu’avec ce film,
tu aies ravivé cette fascination
pour le black metal scandinave...
Je pense même que cela dépasse le
cadre des fans de metal. C’est une
histoire tragique que nous devrions
tous connaître, et je pense qu’elle
mérite d’être racontée. Mais tous
les documentaires et livres qui en
parlent prennent systématiquement
le même angle : ils dépeignent des
monstres démoniaques, là où j’ai
voulu, à travers mon film,
présenter une vision davan-
tage humanisée, faire sentir
le réel, parler de vrais gens.
Je pense d’ailleurs que le
film est un peu différent de
tout ce qui a déjà été filmé,
écrit ou mis en ligne sur le
sujet auparavant...
C’est aussi probablement
la raison pour laquelle
les fans les plus « true »
n’ont pas du tout aimé ton
film...
C’est vrai… Je ne sais pas
trop quoi dire… Ce qui est
important pour moi, c’est
que beaucoup de gens
l’aient aimé pour ce qu’il
est. Mais je comprends
que ce sujet agace certaines
personnes, qui craignent
que le black metal ne soit
récupéré à des fins commer-
ciales. Mais c’est une chose
Je sais que beaucoup de
choses que les gens pensent
savoir ne sont pas vraies
(Jonas Akerlund)
qui, de mon point de vue,
est déjà arrivée il y a des
années. Et ce film n’a, au
fond, rien à voir avec cela.
Un « true black metalleux »
n’a vraiment pas à s’in-
quiéter pour cela car s’il
pense que ce film va rendre
le genre commercial, cela
est déjà arrivé il y a des
années à travers les médias
sociaux, les films, livres,
t-shirts, merchandising et
tournées des groupes…
Kim Kardashian s’affichait
déjà avec un t-shirt Mayhem
il y a six ans environ, et
cela n’a rien à voir avec le
film...
Au regard du sujet traité,
très sombre, as-tu été
contraint à certains rema-
niements de script afin de
trouver des producteurs ?
Non, pas vraiment ! Tu sais,
c’est un très petit film
indépendant, qui n’a néces-
sité que 18 jours de tournage,
pour un petit budget. J’ai
justement procédé ainsi car
je voulais préserver mon
intégrité et mener ce projet
comme bon me semblait.
Je pense que je suis ainsi
parvenu à rester très proche
de la façon dont je voulais
présenter les choses au
départ…
Le rendu reste impression-
nant pour un film à petit budget,
surtout les scènes d’incendies
d’églises...
Ce sont des maquettes. Une fois
transposées à l’écran, elles ont tou-
jours l’air plus spectaculaires que ce
qu’elles sont réellement ! (rires)
Une rumeur selon laquelle tu aurais
acheté ta propre église circule sur
Internet. Est-ce vrai ?
Non ! De nombreuses rumeurs sont
nées autour de ce film. C’est là une
part de l’univers black metal. Il y a
toujours des rumeurs dans ce monde,
c’est comme ça…
Ce qui, en revanche, est vrai, c’est
que tu as embauché le propre fils
d’Attila Csihar pour interpréter
son père...
Oui, ça c’est vrai ! Je connais Attila
et j’ai rencontré son fils par son
intermédiaire. Ils se ressemblent
comme deux gouttes d’eau !
As-tu personnellement choisi tous
les acteurs ?
Oui, bien sûr !
Certains d’entre eux étaient-ils
déjà familiers avec cet univers ou
leur a-t-il fallu réaliser un travail
de documentation ?
Ils ont tous effectué beaucoup de
recherches afin de comprendre leurs
personnages et de connaître les
faits. Tous les acteurs de ce film sont
très jeunes et découvraient cette
histoire. Ils ont donc dû lire de
nombreuses choses et ce fut un long
processus pour eux...
Quels sont tes projets à présent ?
J’ai réalisé un film pour Netflix,
intitulé Polar, juste après Lords Of
Chaos. En ce moment, je reviens au
tournage de clips et de publicités,
mais suis d’ores et déjà prêt à réaliser
un nouveau long métrage, même si
rien n’est encore confirmé à ce jour.
J’ambitionne de lancer ce projet cet
été…
J’imagine que tu vas de nouveau
collaborer avec Rammstein à l’oc-
casion de la sortie de son nouvel
album ?
Bien sûr ! Je travaille avec Rammstein
pour chacune de ses sorties. Nous
bossons sur un clip en ce moment-
même ! Y
Les précédents volets de cette série :
• Vol. 1 – AC/DC / The Film : Let
There Be Rock (RH N°63)
• Vol. 2 – The Story Of Anvil (RH N°95)
• Vol. 3 – Lemmy (RH N°104)
• Vol. 4 – God Bless Ozzy Osbourne
(RH N°116)
• Vol. 5 – Kiss Meets The Phantom
Of The Park (RH N°125)
• Vol. 6 – Mission To Lars
(RH N°136)
• Vol. 7 – Super Duper Alice Cooper
(RH N°144)
• Vol. 8 – Rammstein Paris
(RH N°176)
• Vol. 9 – Mötley Crüe – The Dirt
(RH N°196)
57
 Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 15 avril 2019
Possessed est un cas à part. En s'autoproclamant « premier groupe de death metal de l'histoire », il aura suffi à la
formation de publier un album (le séminal Seven Churches, paru en 1985) pour devenir culte ad vitam aeternam. La
sortie de Revelations Of Oblivion est un petit événement en soi, puisque le groupe n'avait pas publié de nouveau matériel
depuis 32 ans ! Jeff Becerra (chant), cloué dans un fauteuil roulant depuis 1989 suite à une agression au cours de
laquelle il a été atteint par deux balles, nous a parlé du retour aux affaires de son gang.
Rock Hard : Il nous aura fallu attendre dans la drogue. Je ne tenais plus à qu’à la fin de l’année 2006 que je me moment était venu de proposer du
32 années pour avoir de nouveaux la vie et je me suis abîmé à petit suis senti physiquement et émotion- nouveau matériel. C’est d’ailleurs lui
titres à se mettre sous la dent. Ce fut feu. Je pense qu’inconsciemment nellement prêt à sauter le pas et à qui a en bonne partie écrit ce nouveau
long ! j’avais vraiment le désir d’en finir. réactiver la machine. Ensuite, le disque.
Jeff Becerra : J’en suis bien conscient. Faire le chemin inverse et reprendre groupe a connu plusieurs changements
A ma décharge, je dois bien avouer goût à la vie a été un processus de de line-up et je voulais attendre J’imagine que tu dois être soulagé
qu’après l’agression qui m’a coûté longue haleine. C’est le soutien des d’être sûr d’être entouré des bonnes d’avoir de nouveaux titres à inter-
mes jambes, j’ai attaqué une longue fans du groupe qui m’a permis de personnes avant de ressortir un préter sur scène. Mine de rien,
traversée du désert. J’étais complè- garder le cap. J’ai reçu des centaines album. Ce n’est finalement qu’avec depuis tout ce temps, vous avez
tement détruit, et j’ai aggravé mon de mails me suppliant de m’accrocher l’arrivée de Claudeous (Creamer/gui- tourné en permanence avec une
cas en me réfugiant dans la boisson et et de remonter Possessed. Ce n’est tare) en 2016 que j’ai senti que le bon matière se résumant à deux albums

58

De g. à d. : Emilio Marquez, Robert Cardenas,
Jeff Becerra, Claudeous Creamer, Daniel Gonzalez
et d’un EP... Tu as dû sentir une
forme de routine s’installer ?
Oui, un petit peu, je dois le reconnaître.
D’ailleurs, pour ne rien te cacher,
sortir un disque n’était même pas la
finalité de ces nouveaux morceaux :
nous souhaitions juste avoir de
nouvelles chansons à jouer en live. Ce
n’est que lorsque nous avons écouté
les démos de ces nouveaux titres que
GENRE SITE INTERNET
. Death metal
http://possessedofficial.com
LE GROUPE
ALBUMS
. Jeff Becerra (chant) . Seven Churches (1985)
. Daniel Gonzalez (guitare) . Beyond The Gates (1986)
. The Eyes Of Horror (EP – 1987)
. Claudeous Creamer (guitare) . Agony In Paradise (live – 2004)
. . Revelations Of Oblivion (2019)
Robert Cardenas (basse)
. Emilio Marquez (batterie)
nous nous sommes dit qu’il serait
dommage de ne pas les graver sur
disque. A partir du moment où l’info a
commencé à circuler, de nombreux
labels nous ont fait du gringue. Nous
avons vraiment eu l’embarras du
choix, mais avons décidé de signer
avec Nuclear Blast que je considère
comme le meilleur label en activité.
Je suppose qu’il en va de même
pour les producteurs... Il devait y
avoir du monde sur le pont pour vous
offrir ses services. Comment avez-
vous arrêté votre choix sur Peter
Tägtgren ?
Sachant que le label nous avait
donné carte blanche pour travailler
avec la personne de notre choix, j’ai
réécouté un paquet d’albums en
essayant d’imaginer quel son serait
le plus adapté à Possessed. J’ai
également demandé conseil à différents
amis et le nom de Peter revenait sans
cesse. Il est assurément l’un des dix
meilleurs producteurs de death metal
au monde, et j’aime le côté organique
de ses productions. Nous ne nous
connaissions pas, mais nous avons
bien accroché, tant humainement
que professionnellement. Il nous a
d’ailleurs prouvé sa motivation
puisqu’il avait temporairement cessé
son activité de producteur et il a
J'ai eu une éducation catholique. A vrai dire,
je souhaitais même devenir prêtre lorsque j'étais
enfant (Jeff Becerra)
accepté de sortir de sa retraite pour
nous. Difficile d’imaginer plus belle
preuve de confiance !
Possessed est tellement culte que
revenir avec un nouvel album doit
induire un minimum de pression.
N’appréhendes-tu pas les réactions
des fans et des médias ?
Non, pas vraiment. Je ne voulais
surtout pas sortir une photocopie de
Seven Churches, ça n’aurait pas eu de
sens, mais d’un autre côté nous avons
notre propre style qui fait que lorsque
tu entends Possessed, tu sais immé-
diatement de qui il s’agit, comme
c’est le cas de Motörhead, Mercyful
Fate ou de ces groupes que tu
reconnais dès les premières notes.
Les nombreuses années passées à
tourner nous ont considérablement
renforcés en tant que groupe et je
peux dire haut et fort que le line-up
actuel est vraiment le meilleur que
Possessed ait connu. J’avais donc une
totale confiance dans le fait que ce
nouvel album respecte nos fans et
notre héritage. Je pense sincèrement
que chaque leader de groupe aspire
exactement à ce que je vis en ce
ARTICLE RH
RH N°198
moment : être certain d’avoir la meilleure
formation qui soit.
Tout le monde n’a pas la chance
d’avoir participé à un album considéré
comme la pierre angulaire d’un style
tout entier...
J’évite de trop y penser ou de ressasser
ce genre d’idée, sinon je n’avancerais
pas... Je me vois davantage comme un
artisan animé par un besoin viscéral
de créer. Je me sens extrêmement
chanceux d’avoir cette vie.
On assiste, depuis quelques années,
à un grand retour de sonorités tou-
jours plus old-school. Vous êtes donc
parfaitement en phase et « dans l’air
du temps ». N’as-tu pas l’impression
que certains nouveaux groupes vous
doivent beaucoup ?
Sans contestation possible, Possessed
a été le premier groupe à jouer du
death metal. A partir de là, tout est
dit. Mais je ne vois pas cela comme du
vol ou comme de la spoliation. Disons
qu’il y a deux sortes de musiciens :
ceux qui créent et ceux qui empruntent.
Mais il faut de tout pour faire vivre la
scène, c’est pareil dans tous les styles
de musiques.
Vous avez aussi été l’un des tout
premiers groupes de death metal à
jouer avec tous les codes du satanisme.
Est-ce une forme de décorum pour toi
ou as-tu de réelles convictions ?
Les religions me fascinent, mais je ne
les aime pas. Elles sont faites pour
aliéner l’homme, toutes autant qu’elles
sont. On te dit quoi croire, quoi penser,
comment te comporter, ce que tu as le
droit de faire ou pas... Et je mets le
satanisme dans le lot puisque, comme
toute forme de religion, il est régi par
des personnes qui ne souhaitent qu’une
chose : pouvoir te contrôler comme un
marionnettiste. J’ai eu une éducation
catholique. A vrai dire, je souhaitais
même devenir prêtre lorsque j’étais
enfant… C’est à l’adolescence que
j’ai compris que tout cela n’était que
du vent et que je me suis mis à flirter
avec tout ce qui est occulte, peut-être
un peu trop d’ailleurs. Aujourd’hui, je
n’ai plus réellement de croyance.
Comme tout le monde, j’espère juste
qu’il existe une vérité universelle,
mais c’est quelque chose de très
abstrait et je ne pense pas qu’on
puisse apposer sur cette vérité le nom
de « Dieu ».
Es-tu toujours en contact avec certains
des groupes qui ont commencé en
même temps que vous ?
Kirk Hammett est resté un très bon
ami, même s’il est évidemment très
occupé et que nous ne nous voyons
pas souvent. Il a toujours fait en sorte
d’aider Possessed. C’est quelqu’un
qui a su rester simple, quand bien
même il joue aujourd’hui dans l’un
des plus gros groupes de la planète.
D’ailleurs, on peut penser ce qu’on veut
de Metallica, mais ils ont tout de même
déverrouillé la porte qui a permis à toute
la scène extrême d’exister, d’avoir une
reconnaissance. Je croise aussi Gary
Holt (Slayer, Exodus) de temps à autre,
mais je vois bien plus souvent sa
femme qui est une amie de longue
date. J’ai aussi de bonnes relations
avec Max et Gloria Cavalera, avec les
gars d’Obituary, de Morbid Angel...
C’est un microcosme, quand tu y penses
bien. Le monde du metal extrême est
tout petit. Et je trouve ça hallucinant
de voir que tout ce monde est encore
en activité 35 ans plus tard, les
Testament et autres Death Angel... Nous
étions tout de même une génération
solide ! Durant toutes mes années
de jeunesse, je n’ai eu de cesse de
répéter que je mourrais à cinquante
ans. Pour moi, à cinquante ans, on
était un vieux, on était bon pour la
casse. Mais aujourd’hui que je les ai,
je ne vois plus les choses de la même
manière (rires). Je me rends compte
que je suis toujours créatif, que j’ai
toujours des projets... Je pense même
être bien plus heureux et épanoui
aujourd’hui que lorsque j’étais plus
jeune. La musique a donné un sens à
ma vie. Et j’espère encore avoir
quelques belles années devant moi
pour en profiter.
Quels sont les titres du nouvel album
que tu as particulièrement hâte de
jouer sur scène ?
Oh, tous ! (rires) « Damned » doit faire
partie de mes favoris, il a un feeling
très punk, je l’adore. Mais en fait, je
me rends compte que nous avons réussi
à éviter le piège qui guette insidieuse-
ment chaque groupe : le remplissage.
Mine de rien, il n’est pas évident de ne
pas se répéter et de sortir une collection
de chansons de qualité égale. C’est
d’ailleurs pour cela que nous avons écrit
bien plus de titres que ce que nous avons
enregistré, afin de pouvoir ne conserver
que du matériel de premier choix.
En tout cas, il est plutôt réjouissant
de constater que tu es tout sauf blasé
et que tu parles du metal avec la même
passion que si tu avais commencé à
en jouer hier.
C’est clair ! D’ailleurs, je dois t’avouer
que même en ce qui concerne mes
goûts musicaux, je n’écoute quasiment
rien d’autre que du metal. De temps
en temps, j’écoute un peu de Johnny
Cash ou de Steve Miller, mais c’est
assez rare. Le style est si riche et
diversifié qu’une vie entière ne suffi-
rait pas à en faire le tour ! Je peux
passer des heures à parler avec les
mecs du groupe pour décider qui
d’Ozzy Osbourne ou de Ronnie James
Dio est le meilleur chanteur, ou de
Paul Di’Anno et de Bruce Dickinson.
Alors, justement, ton choix ?
Ozzy et Di’Anno ! Mais j’adore également
les deux autres ! Y
59
 Reportage réalisé par François Blanc les 12 et 13 avril 2019 à Verdun
SIX PIEDS SOUS TERRE
vidéo ajoutent une dimension supplé-
Photos : Timo Isoaho mentaire à cet étrange lieu de mémoire,
agrémenté d’un petit musée en fin de
Afin de célébrer dignement l’avènement de The Great War, neuvième Avant de prendre connaissance de l’œuvre parcours. Une fois rentrés à l’hôtel, nous
opus de Sabaton attendu pour le 19 juillet prochain, le label allemand en question (chaque auditeur se verra achevons notre écoute de l’album (Cf.
prêter un iPad sur lequel défilent les encadré) et avons le plaisir de voir la
Nuclear Blast et les Français de Replica Promotion ont eu
paroles, ainsi qu’un casque de haute nouvelle recrue Tommy Johansson (qui a
l’excellente idée d’inviter quarante journalistes à rallier Verdun, qualité), les journalistes francophones rejoint Sabaton juste après la sortie de
théâtre d’une des batailles les plus importantes de la Première emboîtent le pas aux Sabaton et partent The Last Stand et que Joakim qualifie
Guerre Mondiale et cadre de « Fields Of Verdun », premier extrait à la découverte de la Citadelle avec humilité de « meilleur chanteur et
révélé de ce nouvel album. Rencontre avec le quintet, allocutions Souterraine de Verdun. Construit entre meilleur claviériste » du groupe) mettre à
d’historiens chevronnés et visites de monuments chargées en 1886 et 1893, ce réseau de galeries se profit le beau piano blanc de l’hôtel et
émotion ont été au programme d’une session d’écoute que nous visite confortablement assis à l’intérieur interpréter à sa façon quelques hymnes
ne sommes pas près d’oublier. de petites nacelles autoguidées et offre du combo (« Primo Victoria » en tête). A
son tour, l’Américain Indy
Le 7 février dernier, Joakim Brodén Neidell impressionne par
(chant) et Pär Sundström (basse) ont ses reprises de Disney et
concrétisé l’un de leurs plus grands son interprétation intense
rêves en lançant officiellement, sur du « Anarchy In The U.K. »
YouTube, leur propre canal historique des Sex Pistols qu’il
intitulé Sabaton History Channel. A chante à la perfection.
leurs côtés, on retrouve les historiens Rien d’étonnant lorsqu’on
Indy Neidell et Spartacus Olsson qui sait que le bougre a rem-
se sont récemment distingués en porté un Grammy Award
réalisant un documentaire interactif pour sa participation à
d’un genre nouveau, dans lequel ils l’album Blood Panic de
analysent avec force détails chaque Moneybrother en 2003 !
semaine du premier conflit mondial Les « Poilus de la Marne » en compagnie du groupe Joakim Brodén, Tommy Johansson dans les nacelles
(The Great War, découpé en cinq
saisons et comportant plus de deux NOUVELLES
© François Blanc

cents épisodes, est toujours visible

sur YouTube). A terme, grâce à leur
aide, Sabaton aspire à proposer une
DU FRONT
vidéo didactique pour chacune des Le lendemain, samedi 13
chansons de sa riche discographie ! avril, nous partons avec
Un projet démesuré, à l’image de Tommy, Chris (Rörland/
l’ambition des Suédois qui aspirent à guitare) et Hannes (Van
franchir un cap avec ce nouvel Dahl/batterie) visiter le
album. mémorial de Verdun,
tandis que Pär et Joakim

MOBILISATION C.Rirland, S.Olsson, I. Neidell & Hannes Van Dahl Tommy Johansson
finissent leurs interviews.
Scénographié de façon

GENERALE Escortés par quelques membres de

Une fois arrivés à Verdun après un long
trajet en bus qui nous évoque les voyages
scolaires d’antan (impression renforcée
par la distribution de pique-niques et la
répartition des invités en quatre groupes),
nous gagnons les Jardins du Mess,
superbe hôtel situé en bord de Meuse où
les Scandinaves résident depuis trois
jours. La formation, qui a déjà pris le
temps de visiter quelques sites embléma-
tiques, a même fait la une du quotidien
l’Est Républicain le jeudi 11 avril !
l’association Le Poilu de la Marne
aux costumes saisissants de réalisme,
les cinq musiciens souhaitent la bien-
venue aux journalistes (pas tous issus
de la presse metal, quelques magazines
spécialisés en histoire militaire ayant
également dépêché leurs rédacteurs)
et présentent brièvement leur nouveau
rejeton, dont les sessions d’enregis-
trement ont commencé le jour du
centenaire de l’armistice, soit le 11
novembre 2018. A la manière de Hannes Van Dahl
Heroes (2014) ou The Last Stand
(2016), The Great War n’est pas un
concept-album et s’apparente plutôt à
une compilation de morceaux liés par le notamment durant la grande bataille de
même thème.
une vision plutôt concrète des conditions
de vie des hommes qui s’y sont abrités,
1916. Documents sonores et reconstitutions
La nécropole nationale de Douaumont
© François Blanc
très intelligente, le musée
présente la Grande Guerre de façon
vivante et originale, et subjugue par la
densité de son propos. Difficile de ne
pas être troublé en lisant que les trois-
quarts de l’Armée Française sont venus
combattre à Verdun, pivot du dispositif
militaire hexagonal, que le village de
Fleury-Devant-Douaumont, pris et
repris à seize reprises, a été entièrement
détruit, et que « sur les hauteurs de
Verdun, environ 163.000 soldats français
et 143.000 allemands sont tombés ».
« C’est le premier conflit où les gens
disparaissent purement et simplement »,
nous explique Loïc Becker, grand amateur
de Sabaton et rédacteur en chef du
bimestriel Batailles Et Blindés. « Des
deux côtés, les populations sont très

60

choquées. Beaucoup de morts n’auront
pas de sépulture ». En nous découvrant
en grande conversation avec Jens Peters,
confrère de Rock Hard Allemagne, un
Suédois nous dira : « Peut-être que
vos arrières grands-parents se tiraient
dessus, ici-même… Et vous voilà amis,
réunis par votre goût pour la musique ! »
Les musiciens eux-mêmes sont très
marqués par ce qu’ils voient. « Je ne
saurais pas vraiment expliquer pourquoi »,
nous avoue Chris, « mais la Première
Guerre Mondiale dégage une aura parti-
culièrement glaçante. La découverte de
l’Ossuaire de Douaumont nous a fran-
chement choqués. Aucun de nous n’a
prononcé le moindre mot à ce moment-
là… ».
vivante ». Avec respect, il
ajoute ensuite que « Verdun
est l’épicentre d’un gigan-
tesque cataclysme » et
précise que « des milliers de
personnes dorment sous
nos pieds. Ce mémorial est
un lieu sacré qui rappelle
l’absolue nécessité de ne
plus jamais faire la guerre.
Des soldats ont donné leur
vie pour vous offrir une vie
meilleure ».
Inauguré en 1932, l’Ossuaire de
Douaumont est un curieux bâtiment,
devant lequel s’étend la célèbre nécropole
sols où sont entreposés les restes
de plus de 130.000 victimes qui
n’ont jamais pu être identifiées.
Au rez-de-chaussée, on nous
projette un court-métrage poi-
gnant qui rappelle l’absurdité
d’un conflit démesuré pour
conquérir une portion de territoire
finalement très mince…
Dernier point de rendez-vous, les
superbes ruines de la collégiale
d’Ornes, sur lesquelles il neige
légèrement (!) au moment de
notre arrivée. L’occasion de
prendre de superbes photogra-
phies du groupe au complet,
mais aussi des historiens et de
leur équipe technique (qui officient
sous le nom de TimeGhost TV) et
des sept membres de l’association
Le Poilu de la Marne qui tiennent
leur rôle avec fierté et dignité.
LE VERRE
DE L’AMITIE
Spécial et remarquable à plus
d’un titre, ce week-end enrichissant
s’achève dans une salle affrétée par
l’hôtel Orchidée où dînent ensemble
AU NORD, RIEN DE NOUVEAU ?
S’il n’est pas du genre à se réinventer à chaque
sortie, Sabaton a toujours su doter chacun de ses
disques d’une identité particulière. Plus rapide
que son prédécesseur, The Great War contient
donc quelques surprises, à commencer par « In
Flanders Fields », conclusion entièrement a
cappella (sur laquelle Joakim ne chante pas), qui
reprend au mot près le poème du Canadien John
McCrae, et « The Attack Of The Dead Men »,
pièce inquiétante relevée d’effets électroniques
inhabituels. Notons aussi l’introduction débridée à
l’orgue hammond du formidable et rapide « The
Red Baron » et la puissance épique de « The End
Of The War To End All Wars » qui, après une
introduction minimaliste au violon, donne dans la
débauche absolue de claviers et de chœurs. Par
ailleurs, une écoute suffit pour se délecter de « Seven
Pillars Of Wisdom », petit frère de « White
Death », et de « Great War », qui s’interroge sur
l’utilité de la guerre et dont le caractère grandiose
rappelle immédiatement l’excellent « Carolus Rex ».
A noter qu’un single inédit, « Bismarck », illustré
par un clip au budget dépassant le million d’euros,
précédera la sortie de l’album, dont l’édition
spéciale contiendra notamment une version
orchestrale du disque, réarrangé pour l’occasion
et bénéficiant de la présence de Floor Jansen
(Nightwish). L’été sera brûlant !
(Interview du groupe dans notre numéro 200)
très à l’aise dans l’exercice, nous gratifient
de présentations pompeuses et hilarantes
qui rendent le concours plus divertissant
encore. C’est à un journaliste allemand
que revient l’honneur d’affronter le
monstre nordique qui, après un match
pour le moins serré, remporte la victoire.
Autant dire qu’après les émotions vives
ressenties ces dernières heures, ce tournoi
arrive à point nommé pour permettre à
tout le monde de s’amuser (d’autant que
la salle entière se prend de passion pour
cette joute improvisée, chaque table
encourageant bruyamment ses champions
dans une joyeuse cacophonie). Une note
finale festive en somme, parfaite pour
conclure ce beau week-end lorrain.
Burp !!! Y

Avant de pénétrer dans le Fort de

Douaumont, nous sommes accueillis
par Spartacus, qui témoigne de son
implication et de celle d’Indy, qui vise à
ajouter « plus de profondeur et de
contexte à l’excellente démarche de
Sabaton, qui s’efforce de rendre l’histoire
Le groupe devant le monument aux morts de Verdun
nationale où reposent plus de 16.000
soldats français. A la base de l’édifice,
des fenêtres laissent entrevoir des sous-
musiciens, historiens, promoteurs et
journalistes. C’est là que Chris et Hannes,
de nature fort espiègle, nous dévoilent
un talent de Tommy que nous ignorions
encore. Solidement bâti, le jeune Suédois
est capable d’avaler une pinte de bière
d’un seul trait en moins de quatre
secondes. Une démonstration ayant été
exigée et la performance chronométrée,
voici que se lance progressivement une
compétition pour le moins étonnante : THE GREAT WAR :
chaque table doit désigner son ou ses
champions et, sous l’œil vigilant d’un jury LE TRACK-LISTING
improvisé mais très impliqué, les candidats
doivent affronter leurs pairs dans un 01. The Future Of Warfare (3:26)
concours de « vitesse de descente de 02. Seven Pillars Of Wisdom (3:02)
bière ». Les vainqueurs de l’épreuve 03. 82nd All The Way (3:31)
affrontent ensuite leurs confrères des 04. The Attack Of The Dead Men (3:55)
autres tables jusqu’à ce qu’émerge le 05. Devil Dogs (3:17)
buveur ultime, capable de rencontrer 06. The Red Baron (3:22)
Tommy en finale. 07. The Great War (4:28)
08. A Ghost In The Trenches (3:25)
Galvanisés au plus haut point par le jeu – 09. Fields Of Verdun (3:17)
qui est immédiatement nommé le 10. The End Of The War To End All
« Tommy’s Challenge » – Indy et Spartacus, Wars (4:45)
11. In Flanders Fields (1:56)

61
 Propos recueillis par Benji - Photos Marc Villalonga - Entretien téléphonique réalisé le 02 avril 2019
Death Angel fait partie de ces rares formations dont les albums ne nous ont jamais déçus. Humanicide poursuit avec la même
maestria une série débutée en 1987 avec le référentiel The Ultra-Violence. Toujours prêts à s’essayer à des ambiances un poil
différentes de son thrash d’école, Death Angel continue de surprendre tout en giflant virilement, mais dans la bonne humeur ! Le
guitariste Rob Cavestany et le chanteur Mark Osegueda, le duo de joyeux drilles de la meute, nous disent tout sur ce nouvel opus.
Rock Hard : The Evil Divide (2016) Initialement, lorsque nous avons
a été particulièrement bien reçu, tant enregistré Relentless Retribution,
par vos fans que par les critiques. nous ne pensions pas forcément
Même si ça fait fort longtemps que développer cette idée. Mais quand
vous faites ce métier, avez-vous nous nous sommes attelés à The Dream
ressenti une pression particulière Calls For Blood, nous y avons vu des
au moment de vous atteler à similitudes avec son prédécesseur,
Humanicide ? au point que nous avons pris pour
Rob Cavestany : Nous avons toujours habitude de surnommer ces deux
la pression car nous essayons systé- disques « les demi sœurs malfaisantes ».
matiquement de nous dépasser, de C’est vraiment à ce moment-là que
donner le meilleur de nous-mêmes. nous avons pensé en faire une trilogie.
Maintenant, je dois dire que plus les Nous avons laissé cette idée de côté
années passent, plus je me mets la le temps de faire The Evil Divide,
pression tout seul. A nos débuts, je mais il était temps d’y revenir afin de
ne pensais pas à ce genre de chose. compléter cette série.
En fait, je ne pensais à rien ! (rires)
Nous étions si jeunes… Mais en Il semble que quelques invités
grandissant, j’ai commencé à prendre interviennent sur Humanicide. De
certaines choses plus au sérieux, et qui s’agit-il ?
je fais en sorte que nos fans soient Alexi Laiho, le guitariste de Children
heureux de la musique que nous Of Bodom, avec qui je partage les soli
avons à leur proposer. C’est une sur « Ghost Of Me ». Il a enregistré
saine pression ! ses parties dans un studio en
Australie (Ndlr : où Alexi réside à
Humanicide est le quatrième présent). Jason Suecof, comme sur
album enregistré avec la même tous les albums qu’il a produits pour
formation, dans les mêmes studios nous, fait un solo à mes côtés. Ici,
et avec le même producteur. Même sur « Revelation Song ». Enfin, une
si, d’évidence, votre collaboration pianiste ukrainienne nommée Vika
avec Jason Suecof fonctionne Yermolyeva joue la partie de piano
parfaitement, n’avez-vous pas eu finale du titre « Immortal Behated »
envie de changer d’air et d’essayer (Ndlr : ayant une formation classique,
une nouvelle formule sur ce nouvel Vika s’est ensuite faite connaître sur
album ? Internet en reprenant des titres rock ou
Non, pas vraiment. En effet, notre metal au piano).
entente avec Jason est géniale. Ça
s’est merveilleusement bien passé Rob, as-tu une routine lorsque tu
sur les trois précédents albums, et ça écris de nouvelles musiques ?
a encore été le cas avec Humanicide. T’enfermes-tu chez toi de 10h00 à
Il n’y avait aucune raison de briser 17h00 pour trouver l’inspiration
cette parfaite entente. De plus, nous ou cette dernière vient-elle n’importe
tenions à terminer « la trilogie des quand, et notamment lorsque vous
êtes sur la route ?
loups » avec la même équipe, celle Franchement, il est assez rare que
GENRE ALBUMS
. Thrash metal qui l’avait initiée avec Relentless je trouve des idées sur la route, à
. The Ultra-Violence (1987) l’exception d’un riff par-ci ou d’une
. Frolic Through The Park (1988)
Retribution (2010) et The Dream
LE GROUPE . Act III (1990) Calls For Blood (2013), avant mélodie par-là. En général, je n’arrive
. Mark Osegueda (chant) . Fall From Grace (live – 1990) qu’elle ne s’interrompe un instant pas à me concentrer suffisamment en
. The Art Of Dying (2004)
. Rob Cavestany (guitare) . Killing Season (2008) avec The Evil Divide (2016) et ne tournée pour mener à son terme la
. . Relentless Retribution (2010) s’achève par Humanicide. composition d’un titre. J’essaie, mais
Ted Aguilar (guitare) . The Dream Calls For Blood (2013)
. . The Evil Divide (2016) je préfère passer du bon temps avec
Damien Sisson (basse) .
. Humanicide (2019) Aviez-vous, dès le départ, envi- les fans et les autres membres du
Will Caroll (batterie) groupe que de rester cloitré au fond
sagé cette « trilogie » comme une
ARTICLES RH
SITE INTERNET sorte de concept courant sur du bus toute la journée ! (rires) En
RH N°22, 32, 75, 102, 136, 165 trois albums ou est-ce venu au principe, je suis bien plus efficace
www.deathangel.us & 198
fur et à mesure ? lorsque je suis chez moi et que je

62
De g. à d. : Damien Sisson, Will Caroll,
DR

Mark Osegueda, Ted Aguilar & Rob Cavestany

 peux bosser dans mon petit studio
pendant huit à dix heures. C’est
alors que je réécoute les bribes de
morceaux que j’ai compilées sur la
route et que je décide si ça vaut le
coup que je continue de bosser sur
ces idées ou pas. Parfois, je peux
passer des heures, voire des jours,
dans le studio sans avancer et, en
quelques heures, finaliser un ou deux
titres.
Ted Aguilar est le deuxième guita-
riste du groupe depuis votre
reformation en 2001. Il a depuis
participé à vos six albums studio et
DR
Plus les années passent, plus je me mets la pression
tout seul. A nos débuts, je ne pensais pas à ce
genre de chose. En fait, je ne pensais à rien !
(Rob Cavestany)
a assuré un nombre incalculable de
tournées. Pourtant, il n’est toujours
pas crédité sur le moindre titre !
Comment se fait-il qu’il n’ait jamais
rien composé pour Death Angel ?
Figure-toi qu’il a écrit la musique de
« Alive And Screaming » sur
Humanicide ! Mais il est vrai que
j’écris beaucoup de choses et que,
d’autre part, nous voulions nous
assurer de conserver la signature
sonore de Death Angel après ces
années de séparation puis les
changements de musiciens survenus
au sein du groupe. Or, la façon la plus
sûre d’y arriver est certainement que
je m’occupe de la composition car
j’étais déjà le principal compositeur
auparavant. Je suis sûr que Ted
pensait aussi de cette façon, mais
petit à petit, il m’a soumis des idées,
64
que je dois avouer ne pas avoir
souvent utilisées dans le sens où
j’écris des chansons entières et qu’il
est compliqué d’y glisser des idées
extérieures à postériori. Pour autant,
je ne suis pas contre le fait qu’il me
propose un titre complet ou quasi
achevé et que nous avancions
ensemble sur celui-ci afin de voir si
ça fonctionne. C’est exactement ce
qui s’est passé pour « Alive And
Screaming ».
La pochette de l’album représente
une sorte de ville en ruines après
une apocalypse, seules ces créatures
mi-loups/mi-boucs semblant avoir
survécu. Le refrain de « Humanicide »
dit « tout espoir a disparu ». Voilà
une représentation bien sombre
de notre futur. Que signifie
Humanicide ?
Mark Osegueda : Depuis de nombreuses
années, il semble que la race humaine
abatte un boulot incroyablement
efficace pour ruiner cette planète.
Si les gens de pouvoir ne s’en rendent
pas compte à temps et qu’ils conti-
nuent d’agir en ce sens, j’ai peur
pour la race humaine. J’essaie de
rester optimiste malgré tout, j’ai
confiance en ces personnes qui ont
une voix dans la musique, l’art ou
autre, et qui peuvent s’exprimer et
combattre ça. Même si, de l’autre
bord, certains se foutent bien des
générations futures…
L’intro de « Humanicide » est très
metal « classique » dans l’esprit et
nous fait penser à « The Hellion »
de Judas Priest…
Rob Cavestany : C’était exactement
mon intention lorsque je l’ai écrite :
qu’elle sonne à la façon de cette intro
de Judas Priest. Je suis content que
tu l’aies remarqué. J’adore ce type
d’intro heavy metal classique, avec ce
côté triomphant, une sorte de mélange
entre Judas Priest et Iron Maiden…
Comme « The Ides Of March » qui
précède « Wrathchild » sur Killers
(1981)…
Exactement. « The Hellion » et « The
Ides Of March » sont deux de mes
intros préférées du metal. Death Angel
avait besoin d’un truc s’inscrivant
dans cette veine.
« Divine Defector » est l’un des
titres les plus violents que vous
ayez jamais écrits. Certains riffs
ont même une saveur black metal…
Je valide à 100%. C’est encore une
autre manière d’échapper un peu à
nos critères habituels pour aller de
l’avant. Dans ce cas, en effet, nous
poussons encore un peu plus dans
une direction extrême. C’est proba-
blement le plus loin où nous puissions
aller dans le cadre de notre groupe,
qui reste avant tout une formation
thrash ou même de metal au sens
large du terme, mais certainement
pas de black metal. Cependant, au
fur et à mesure des années, nous avons
côtoyé, sur des festivals, beaucoup
de formations black metal. Et à
force, certains éléments intéressants
de ce genre de groupes ont intégré
mon esprit. Ça a fait son chemin pour
en arriver à « Divine Defector ». Il
faut aussi préciser que lorsque j’ai
composé ce morceau, j’étais super
énervé ! (rires) Je ne sais plus pour
quelle raison, mais vraiment, j’avais
la rage. Lorsque je suis arrivé au
terme de ce titre, je me suis dit que
ça représentait parfaitement l’état
d’esprit dans lequel j’étais.
Le riff d’ouverture de « I Came For
Blood » a un feeling Motörhead,
plus rock’n’roll intense que thrash
ou metal. Le ressens-tu de la même
manière ?
Absolument. Mec, j’aime bien la
façon dont tu entends notre musique,
tu as encore mis dans le mille. Mais
ce n’est pas une nouveauté pour
nous, nous avons toujours plus ou
moins eu cette saveur « street
punk/rock’n’roll », et ce, depuis notre
premier album. Certains passages de
« Thrashers » sur The Ultra-Violence
(1987) me font penser au même truc.
Depuis nos débuts, nous aimons et
jouons aussi du rock’n’roll que nous
incluons dans le spectre de notre
metal. « I Came For Blood » est du
même tonneau que « Thrashers »,
« Thicker Than Blood » sur The Art Of
Dying (2004) et « This Hate » sur
Relentless Retribution.
« Immortal Behated » développe
une ambiance assez spéciale et
s’achève sur un final de piano assez
sombre… Que peux-tu nous dire à
propos de ce titre assez atypique
dans l’univers de Death Angel ?
Cela faisait un moment que je pensais
incorporer un passage de piano dans
l’un de nos morceaux. Je n’imaginais
pas un titre entièrement acoustique
dans lequel il aurait été facile de le
placer, j’ai longtemps hésité. Après
avoir composé l’intégralité de l’album,
j’ai tout réécouté pour voir si l’un
des morceaux se prêterait au jeu, et
il m’est apparu que « Immortal
Behated » était parfait. La musique
et la façon à la fois très mélodique et
sombre dont Mark chante ce morceau
se mariaient tout à fait à ce final
particulier.
Le mid tempo « Revelation Song »,
avec ses parties très mélodiques,
tant niveau musique que voix, est
clairement l’un de nos titres préférés
sur Humanicide.
C’est aussi l’un de mes préférés, je
suis bien content qu’il te plaise ! Et
en effet, c’est un morceau assez
différent de nos standards habituels.
Il s’inscrit davantage dans une veine
heavy rock, un genre que Mark
chante super bien. J’adore mettre en
avant mon chanteur ! (Ndlr : Mark, à
côté, est mort de rire). On sait qu’il
peut hurler comme un damné, mais
aussi moduler de façon plus tradi-
tionnelle, et il est important que
chacune de ses facettes soient utilisée.
J’aime aussi le fait que les paroles

Depuis de nombreuses années,
il semble que la race humaine
abatte un boulot incroyablement
efficace pour ruiner cette planète
(Mark Osegueda)
aient un côté plus positif que la
majeure partie du reste de l’album.
Ce titre amène un peu de lumière
dans la pénombre.
« The Pack » (Ndt : La Meute) est
l’un de vos nouveaux titres. Depuis
des années, c’est aussi le nom de
votre fan-club. Pourquoi avoir enfin
décidé d’intituler ainsi l’un de vos
morceaux ?
C’est simplement un hommage à
notre fan-club et à ses membres les
plus acharnés, que nous adorons,
bien évidemment ! Cela représente à
la fois nos fans et le groupe, comme
une seule et unique entité. Et puis,
cela fait écho aux loups qui apparais-
sent de nouveau sur la pochette. Ce
titre fait aussi partie des chansons
« lumineuses » de l’album car il
prône l’unité et l’espoir pour un
futur meilleur. C’est en quelque
première fois. Partager notre énergie
avec ces metalheads qui nous découvrent
sur scène est une expérience unique
dont il faut profiter à fond.
Pour la cinquième année consécutive,
vous avez donné deux concerts de
Noël au Slim’s, un club de San
Francisco. Qu’est-ce que vous
appréciez particulièrement dans le
fait de célébrer la fin de l’année
avec vos fans « locaux » ?
Mark Osegueda : C’est en quelque
sorte notre façon de remercier cette
scène dont nous sommes issus, et qui
représente beaucoup pour le style dans
lequel nous évoluons, mais aussi nos
fans du cru, qui nous ont tant apporté
et qui sont la fondation de ce que
nous sommes aujourd’hui. Nous faisons
toujours en sorte de proposer des
morceaux que nous n’avons pas joués
depuis longtemps, quelques reprises…
Cela reste des concerts de metal,
bien sûr, mais l’ambiance, compte
tenu de notre attachement à ce
public et de la période de l’année, est
toujours très festive, joyeuse. Du
coup, les fans se sont passés le mot,
et maintenant, il y a des gens qui font
le déplacement de très loin pour
assister à ces concerts !
Vous serez de retour en France
cet été, au Hellfest en juin et au
sorte notre version moderne de « Kill
As One ».
Parlons à présent de votre activité
scénique. Vous avez une nouvelle
fois tourné très intensivement pour
promouvoir The Evil Divide, ce qui
vous a permis de jouer dans
quelques lieux où vous ne vous
étiez encore jamais produits : Hong
Kong, Nouvelle Zélande, etc. Est-ce
que la découverte de nouveaux
pays, de nouveaux publics, est la
vraie récompense lorsqu’on est sur
la route durant des mois, loin de
siens ?
Evidemment. Cela fait partie des
plaisirs d’être sur la route : explorer
de nouveaux pays ou de nouvelles
villes, se connecter avec ses fans sur
place… C’est toujours excitant de
découvrir la réaction de ces gens qui,
pour la plupart, nous voient pour la
Motocultor en août. A Clisson,
vous vous produirez le même jour
que Slayer qui donnera-là son
dernier show français… Qu’est-ce
que vous évoque la « retraite » de
Slayer, vous qui avez joué avec ces
derniers dès vos premiers jours,
en 1984 ?
Je suis triste car je suis un fan
absolu. Comme tu l’as souligné, nous
avons donné certains de nos premiers
concerts avec Slayer. Je me souviens
notamment avoir ouvert pour eux le
jour de mes seize ans au Stone de
San Francisco ! (Ndlr : le 09.02.1985)
Puis nous les avons accompagnés
lors de certaines dates de la tournée
Hell Awaits, une fois au Ritz de New
York, puis, sur la tournée Reign In
Blood (Ndlr : le 06.12.1086, également
avec Overkill). Encore récemment, en
2016, nous avons tourné avec eux
aux USA avec Anthrax. Cela reste
l’un de mes meilleurs souvenirs sur
la route. C’est un groupe spectaculaire,
sa production actuelle est géniale,
c’est très professionnel et vraiment
inspirant. Cela m’attriste, mais en
même temps, je suis heureux qu’ils
s’en aillent en étant au top de leur
forme car ils sont incroyables sur
cette tournée. Je ne saurais dire à
quel point ils nous ont inspirés
depuis nos débuts. Ils vont nous
manquer ! Y
65
 GENRE
. Sludge/extreme metal
LE GROUPE
. Mike Paparo (chant)
. Trey Dalton (guitare)
. Steven Russell (guitare)
. Andrew Lacour (basse)
. T.J. Childers (batterie)
De g. à d. : Steven Russell, Mike Paparo, T.J. Childers & Trey Dalton
66
SITE INTERNET
www.facebook.com/INTERARMA/
ALBUMS
. Sundown (2010)
. Sky Burial (2013)
. Paradise Gallows (2016)
. Sulphur English (2019)
ARTICLES RH
RH N°167 & 198

Avec Sulphur English, son quatrième album studio, la formation américaine réalise un prodigieux crossover sludge metal
extrême/psychédélisme noir. Percussive, brutale et aérienne, sa musique gagne encore des galons et sa puissance
d’évocation saisit toujours plus. L’occasion de revenir avec le guitariste Trey Dalton sur un processus déserté depuis peu
par le bassiste Joe Kerkes, remplacé par Andrew Lacour après l’enregistrement.
Rock Hard : Ces arbres en flammes
sur la pochette de l’album, quel
message envoient-ils ?
Trey Dalton : C’est d’abord une belle
image qui nous a fascinés. Elle repré-
sente la violence du monde : la colère
qui déferle et s’exprime partout. Le
disque est à l’image de cela.
Sulphur English est une œuvre
détaillée, complexe. A-t-il été difficile
d’en venir à bout ?
Pas spécialement. Elle nous a demandé
un peu de temps, mais le processus
s’est déroulé sans heurts. C’est un
travail qui apparaît plus libre dans
ses formes et plus ouvert que ce que
nous avons fait par le passé. Les
structures ont pas mal évolué et bougé
dans le temps ; et personnellement,
je suis très heureux de la tournure
finale.
Le côté « free form » que tu soulèves
se ressent très fort dans certains
morceaux, à l’instar de « Blood On
The Lupines » : une composition
hantée et ambiancée. Quelle impor-
tance a l’intuition dans ce que fait
aujourd’hui Inter Arma ?
Une place capitale ! Ce n’est pas
forcément quelque chose d’important
pour tout groupe, mais chez Inter
Arma, l’idée de ressentir ce que
l’autre ressent et d’y répondre
marque au fer rouge ce que nous
faisons. Par exemple, ce que T.J.
(Ndlr : batterie/ex-Windhand entre autres)
fait ou supprime dans un phrasé de
percussion trouve toujours une profonde
résonance dans ce qui est joué à la
guitare. A mon sens, cette dimension
organique dans notre mode opératoire
touche aujourd’hui sa dimension
suprême. Pour Sulphur English, les
riffs ont évolué librement. D’une
certaine manière, nous les avons
laissé faire leur propre affaire : ils
nous guidaient et nous les suivions,
quelle que soit la direction. Mais nous
restions attentifs au fait que tout
s’imbrique bien, que les idées s’enchaî-
nent avec fluidité. Sulphur English est
tout sauf un collage de riffs dispersés
que nous aurions assemblés comme
un puzzle. Sa sculpture, au contraire,
a été progressive, naturelle.
Travailler comme vous le faites
implique de garder une trace de ce
qui est fait, dont la forme peut être
complexe, pour avancer ensuite
par-dessus. En pratique, comment
faites-vous ? Enregistrez-vous vos
répétitions ?
Oui, parfois. Nous l’avons fait pour
Sulphur English et, avec le recul, je
me rends compte que nous avons
accumulé pas mal d’idées qui pouvaient
nous sembler bonnes au départ, mais
qui ne survivaient pas lors des deux
semaines d’écoute suivantes. Du coup,
nous avons mis pas mal de choses de
côté, alors que ça ne nous était pas
arrivé tant que ça par le passé… Sans
Propos recueillis par Emmanuel Hennequin - Interview réalisée via Skype le 16 mars 2019
doute y en avait-il besoin ! Peut-être
visions-nous cette fois quelque chose
de plus spécifique : nous avions besoin
de nous renouveler, de commettre des
erreurs et d’avancer par-dessus (sourire).
Très tôt, nous avons eu une image
mentale de ce que serait ce disque, du
moins au niveau du son. Laisser
ensuite les choses avancer par elles-
mêmes est une manière de gagner en
perspective, et je pense que ça a servi
notre musique. Du coup, nous avons
réalisé bien plus de démos pour
Sulphur English que pour les albums
précédents.
Toute cette matière abandonnée en
cours de route, c’est pour toujours ?
Elle est enterrée ?
Hum, ça dépendra. Il y a certaines
choses que je ne crois abandonnées
que temporairement : des idées que
nous avons tout de suite aimées pour
ce qu’elles étaient, leurs mélodies par
exemple, mais qui ne s’intégraient
pas naturellement au reste. Il est
probable que nous les revisitions et
triions des choses afin de leur donner
vie plus tard.
Ce plaisir de se retrouver, de
créer ensemble le flux d’énergie,
voilà ce qui nous réunit
(Trey Dalton)
Il y en aura toujours pour dire que
vos albums renferment des concepts
cachés. Vous, vous l’avez toujours
nié…
Et comment ! Cet album lui non plus
ne contient aucun concept spécifique
et suit en cela ses prédécesseurs.
L’empirisme est une seconde nature
chez nous. L’un d’entre nous vient
avec une idée : ça peut être une
progression d’accords, une partie
composée, etc. Nous prenons en
charge cette base pour ce qu’elle est,
ensemble. Là démarre une réflexion,
un partage : « Change cette note, tu vas
voir / ce rythme, bouge cet élément, etc. ».
Et les choses prennent tournure… ou
pas ! (sourire) A quelques exceptions
près, tout ce que nous faisons tourne
autour de ce principe. Les concepts
sont loin de tout ça.
Il y a des moments très cryptiques
dans ce nouvel album, comme
« Howling Lands ». Cette boucle
percussive est obsédante, étourdis-
sante. Révèle-t-elle une situation où,
sur ce titre en tout cas, votre batteur
T.J. serait-il le guide du groupe du
début jusqu’à la fin du travail ?
T.J., pour le dire prosaïquement, est
la personne la plus proche du statut
de leader chez nous. Pendant des
années, que ce soit dans le jazz ou les
big bands, le batteur était moteur,
c’est lui qui disait de pousser dans
telle ou telle direction… Aujourd’hui,
T.J. occupe cette place dans Inter
Arma et « Howling Lands » en est un
parfait exemple. T.J. est à l’origine de
la dynamique qui imprime ce morceau,
il avait cette vision et je suis person-
nellement fier que nous soyons parvenus
à la concrétiser de façon si ferme.
D’autres moments sont très aériens,
méditatifs, comme « Stillness ».
L’intuition, toujours ?
« Stillness » est le fruit d’une obsession
à partir de rien, un riff. Comme
« Blood On The Lupines ». Dans un
sens, oui, c’est l’intuition qui parle, le
fruit de jams. Les choses arrivent
parce qu’elles le doivent, et c’est sans
doute ce qui leur donne cette authen-
ticité. Mais « Stillness » a cette
particularité de nous porter ailleurs.
Ce terrain musical est très particulier,
quasiment étranger à certains chez
nous, comme Mike (Paparo/chant). Ça
a été un moment important pour lui
de pouvoir se dire : « Un espace s’ouvre,
c’est une aventure, je peux peut-être le
faire ». Ça a été comme un moment de
découverte, avec le sentiment qu’il y
a tout à inventer… Plus généralement,
c’est cette progression dans les choses,
cette expérimentation et cette expé-
rience acquise qui créent une tension
entre la « marque de fabrique » qu’un
groupe cherchera éventuellement à
protéger et la variation qui s’impose
d’elle-même par le simple fait de
l’évolution. Et c’est cette tension
entre l’expérience et l’acquis qui fait
qu’un groupe ne sonne jamais vraiment
comme avant, que sa musique vit.
Une chimie de groupe ne se décrète
pas, et vous avez récemment intégré
un nouveau bassiste, Andrew Lacour.
Comment les choses se déroulent-
elles avec lui ?
Joe, notre précédent bassiste, a enre-
gistré Sulphur English avec nous.
Andrew n’est arrivé qu’après et la
proposition que nous lui avons faite a
été la plus simple qui soit. En sub-
stance : « Tu peux soit jouer les mêmes
parties que celles de Joe ou celles que tu
considères comme meilleures. Tu as une
idée, tu penses que ça pourra sonner
mieux ? Fais-le. Si nous te disons « d’ac-
cord », alors garde cette partie et joue
la ! ». Il faut dire que nombre de nos
morceaux présentent un espace qui
permet l’initiative. Pas simplement
sur ce disque, mais aussi sur Paradise
Gallows, ou avant lui Sky Burial
(2013). Par exemple sur les guitares
lead, je gère un peu autrement en
concert aujourd’hui par rapport aux
prises studio, tout simplement parce
que, le temps aidant, je me suis appro-
prié ces compositions. Tu améliores
ton jeu et il y a forcément des idées
qui te viennent après les phases
d’enregistrement. T.J. peut sentir les
grooves différemment, Steven les riffs,
Mike lui-même a changé des choses
au fur et à mesure de ses progrès au
chant… Nous n’essayons pas de rester
en permanence fidèles à ce que les
enregistrements ont fixé si nous
pensons que faire les choses autrement
peut bonifier les compositions. Ces
dernières sont des créatures qui
respirent, vivent, évoluent. Elles sont
tout, sauf des choses figées.
Pourquoi Joe est-il parti ?
C’est quelqu’un de très pris et qui a
pas mal de désirs à assouvir en
dehors de la musique. De notre côté,
nous souhaitions répéter au moins
trois fois par semaine et il n’était
plus possible pour lui de continuer
sur ce rythme. Nos périodes de liberté
communes ne coïncidaient plus beau-
coup, c’est une situation malheureuse
et finalement assez commune : ça ne
pouvait plus fonctionner pour le
groupe et l’initiative du départ est
venue de lui. Je le crois heureux de la
sorte, et je lui souhaite vraiment que
ça continue.
Quel groupe êtes-vous aujourd’hui
par rapport à celui de Paradise
Gallows (2016) ?
Je ne crois pas que nous soyons si
différents du groupe de l’époque.
Nous avons certes un peu grandi et
nos priorités personnelles ont un peu
changé elles aussi… Mais en tant que
groupe, que ce soit dans les formes
musicales que nous visons ou notre
manière de travailler, je nous crois
stables. Nous espérons toujours tou-
cher cette intensité en concert et,
basiquement, je dirais que nous
restons très rock dans l’esprit. Ce
plaisir de se retrouver, de créer
ensemble le flux d’énergie, voilà ce
qui nous réunit.
Tu parlais au début de la violence
du monde, et nous la ressentons à
travers notre propre environne-
ment. Dans quelle Amérique vis-tu
aujourd’hui ? Comment la ressens-
tu ?
Depuis l’élection de Trump, cette
Amérique est… déroutante. Un certain
nombre d’opinions restées dans le
silence ont pris de l’espace et se font
désormais entendre. Cette « libération
de la parole » est diversement vécue.
Le monde dans lequel je vis me
semble plus sauvage qu’avant, pour
tout dire. Pas au sens du Wild Wild
West, hein ! Les flingues ne sont pas
de retour entre conservateurs et
gens de gauche ; mais il y a une
ambiance de non-consensus qui est là
et persiste. Y
67
 Propos recueillis par François Blanc - Interview réalisée le 12 mars 2019 à Paris
Plus les albums défilent et plus Amon Amarth s’éloigne du death mélodique qui a fait sa renommée pour se rapprocher du heavy
metal avec lequel ses musiciens ont grandi. Si le quintet suédois continue à puiser l’inspiration dans les batailles et les hauts faits
de la mythologie scandinave – comme le prouve Berserker, onzième opus qui vient tout juste de paraître – sa musique, au risque
de déstabiliser les puristes, gagne en variété ce qu’elle perd en « mordant ». Le guitariste Olavi Mikkanen et le bassiste Ted
Lundström, deux des membres fondateurs du combo, sont venus nous expliquer le pourquoi du comment.

Rock Hard : L’an dernier, Amon m’ont laissé de fortes impressions, Olavi Mikkonen : Tout le crédit revient avons bien failli jeter l’éponge… Et
Amarth a publié son deuxième DVD mais pour des raisons tout à fait à Alex Milas et au producteur Phil puis, il y a eu ce concert au Wacken
live, The Pursuit Of Vikings: 25 différentes. Wallis, qui se sont tapés tout le boulot. qui nous a regonflés à bloc ! La vie
Years In The Eye Of The Storm. Nous nous sommes seulement est comme ça, avec ses hauts et ses
Les deux prestations qu’il contient Le plat de résistance du DVD est contentés de leur filer de vieux bas. Nous avons connu toutes sortes
ont été filmées en Allemagne lors de assurément le documentaire qui documents et de raconter notre de petites victoires, de « première
l’édition 2017 du SummerBreeze. l’accompagne et qui revient en histoire, et eux ont tout assemblé et fois » marquantes. Je n’étais jamais
Pourquoi avoir choisi d’immortaliser détail sur votre carrière. Qu’avez- sont parvenus à réaliser un long- monté dans un avion avant qu’Amon
ces concerts en particulier ? vous ressenti en replongeant dans métrage cohérent. C’est une véritable Amarth ne donne son premier
Olavi Mikkonen : Avant même que nous ces souvenirs ? prouesse ! Bien sûr, il est impossible concert hors de Suède ! Je me rappelle
ne décidions d’offrir un successeur à Pour commencer, je tiens à souligner de résumer un quart de siècle en un aussi notre premier tour-bus : passer
Wrath Of The Norsemen – qui remonte que j’ai trouvé cet exercice très film d’une centaine de minutes, d’un van où on s’entasse les uns sur
tout de même à 2006 – nous savions intéressant et rafraîchissant car mais ils ont réussi à construire une les autres et où l’on doit dormir
que nous allions donner deux différent de tout ce que nous faisons histoire très intéressante, qu’on peut assis dans son sac de couchage à un
concerts très différents en l’espace d’habitude. Lorsque le réalisateur apprécier même si l’on ne connaît véritable bus avec un chauffeur
de deux jours dans le cadre du Alexander Milas nous a demandé pas le groupe et sa musique. C’est professionnel et une belle couchette
SummerBreeze. L’occasion était trop de fouiller dans nos archives, nous vraiment cool ! à soi… Wow ! Ce sont ces petites
belle pour passer à côté ! étapes qui m’ont le plus marqué. Et
Ted Lundström : Le premier show même si j’ai changé, ma passion
était pensé comme un hommage à notre La dernière chose dont j’ai envie, n’a pas bougé : voyager autour du
ami Michael Trengert, tragiquement monde, découvrir sans cesse de
décédé en 2013. Il fut le patron de c’est de démarrer une « guerre » nouvelles choses, rencontrer des
Metal Blade et notre manager pendant gens de toutes les origines, jouer de
de nombreuses années avant de par médias interposés… Je déteste la musique tous les jours… C’est la
bosser pour le SummerBreeze. Il a joué meilleure vie possible !
un grand rôle dans le développement quand les groupes font ça
de la carrière d’Amon Amarth et Berserker est le premier album
nous a appris énormément de choses. (Olavi Mikkonen) qu’enregistre avec vous le batteur
C’était vraiment le sixième membre Jocke Wallgren (ex-Valkyrja, ex-
du groupe ! Nous avons donc décidé avons retrouvé beaucoup de documents Vous avez maintenant passé plus October Tide). Voici maintenant
de bâtir une setlist spéciale renfer- et de photos que nous avions oubliés. de la moitié de votre vie au sein trois ans qu’il a rejoint le groupe…
mant tous ses morceaux préférés. En mettant en commun les résultats d’Amon Amarth ! Olavi Mikkonen : Ces trois années
Personnellement, je me souviens de nos recherches, beaucoup d’anec- Oui, et il m’arrive encore de me ont été excellentes. Jocke est arrivé
davantage de ce que j’ai ressenti ce dotes nous sont revenues en tête. Il pincer le bras pour m’assurer que je juste après l’enregistrement de
soir-là que du concert en lui-même nous est arrivé tant de choses en 25 ne rêve pas ! Gamin, mon souhait le Jomsviking (2016). Nous savions que
tant j’étais ému. Le lendemain, nous ans ! Même si nous n’avons pas connu plus cher était de jouer de la guitare l’investissement de Tobias Gustafsson
avons livré un set plus classique sur que de bons moments, j’ai beaucoup dans un groupe. Trente ans plus tard, (Vomitory) s’arrêterait au studio et
la grande scène du festival, avec une apprécié de remonter l’allée aux je me lève le matin et je réalise que qu’il ne tournerait pas avec nous.
grosse production et beaucoup de souvenirs et de me pencher ainsi sur c’est mon boulot, que c’est ce que je Jocke est un batteur incroyable –
pyrotechnie. Quand tu sais que ta notre histoire. Une fois le documentaire fais tous les jours… C’est dingue ! Je est-il seulement nécessaire de le
prestation est filmée, l’adrénaline est achevé, nous avons assisté à l’une de suis heureux que nous ne soyons pas mentionner ? – doublé d’un mec très
encore plus forte car, même si tu es à ses projections dans un cinéma. devenus riches et célèbres alors que cool. Passer du temps avec lui est
fond dans ce que tu fais, tu as toujours C’était très bizarre de me voir à l’écran, nous étions encore adolescents. Nous très agréable, que ce soit sur le plan
en tête qu’il ne faut surtout pas te raconter des souvenirs dans une avons connu une progression lente personnel ou en ce qui concerne le
planter. Il faut que tout soit parfait ! autre langue que le suédois. Cela mais solide et régulière, ce qui nous boulot. Lui et moi sommes sur la
En fin de compte, ces deux concerts avait un côté surréaliste ! a permis de garder les pieds sur même longueur d’ondes en matière
terre. Chaque album nous a fait de rythmiques. Je n’avais encore
GENRE franchir une étape. Nous ne sommes jamais eu l’occasion de collaborer
ALBUMS ARTICLES RH
. Death metal mélodique que des mecs ordinaires, mais qui avec un batteur aussi facile à vivre !
. Once Sent From The Golden Hall RH N°17, 32, 36, 59, 80, 107, 108,
(1998) 131, 133, 163 & 198 ont la chance d’exercer un véritable Il est très ouvert aux suggestions
LE GROUPE . The Avenger (1999) « boulot-passion ». Et ça, ce n’est et ne se laisse jamais rebuter par la
. Johan Hegg (chant) . The Crusher (2000)
. Versus The World (2002) pas rien ! difficulté. Grâce à lui, ces sessions
. Olavi Mikkonen (guitare) . Fate Of Norns (2004) Ted Lundström : Lorsqu’on m’a d’enregistrement ont été les plus
. Wrath Of The Norsemen (live – 2006)
. Johan Söderberg (guitare) . With Oden On Our Side (2006) interviewé pour le documentaire, paisibles que nous ayons connues.
. Ted Lundström (basse) . Twilight Of The Thunder God j’ai eu l’impression de renouer Ted Lundström : Les choses auraient
(2008) avec ce que je ressentais lorsque été différentes si nous l’avions recruté
. Jocke Wallgren (batterie) . Surtur Rising (2011)
. Deceiver Of The Gods (2013) certaines choses précises nous juste avant d’entrer en studio. Là, ça
SITE INTERNET . Jomsviking (2016) sont arrivées. Au moment de la aurait représenté un risque. Mais
. The Pursuit Of Vikings: 25 Years In
www.amonamarth.com The Eye Of The Storm (live – 2018) sortie de Versus The World (2002), grâce à tout ce temps passé sur les
. Berserker (2019) nous étions fatigués de tout et routes, nous nous connaissons très

68
De g. à d. : Jocke Wallgren, Olavi Mikkonen,
Johan Hegg, Ted Lundström & Johan Söderberg
 bien et avons une très bonne alchimie.
Jocke étant très professionnel, il n’y
a effectivement eu aucun problème.
Etre blond n’est donc pas un critère
de sélection pour intégrer Amon
Amarth ?
Plus nous vieillissons, plus nous privilégions la mélodie à la vitesse.
C’est une évolution naturelle (Ted Lundström)
J’ai beaucoup de mal à imaginer
Jocke blond, mais je retiens l’idée
pour une future blague. Merci pour
la suggestion ! (rires) Nous l’avons
déjà pas mal charrié au sujet de sa
couleur de cheveux… Parfois, nous
le surnommons Martin Lopez (ex-
Opeth), en référence à notre ancien
batteur qui était également latino-
américain. Remarque, c’est plutôt
une bonne référence !
Olavi Mikkonen : Teindre Jocke en
blond ? Pas question ! (rires) C’est un
fier Chilien et c’est très bien comme
ça !
Son prédécesseur, Fredrik Andersson,
duquel vous vous êtes séparés en
mars 2015, a publié l’an dernier un
statut Facebook dans lequel il
expliquait s’être fait « pousser
dehors ». Pouvez-vous nous donner
votre version des faits ?
(Hésitant) A vrai dire, les choses se
70
sont détériorées de façon progressive.
Lorsque nous nous sommes séparés,
nous avons clairement décidé de
garder nos différends pour nous car
nous n’avions pas du tout envie de
médiatiser cette séparation. C’est un
peu comme lorsqu’un couple divorce :
pourquoi ajouter une pression exté-
rieure à une situation déjà pénible ?
Ce genre de chose doit rester privé,
d’autant que nous ne voulions pas
que les fans se sentent obligés de
choisir un camp. Quand je lis ce que
Fredrik poste sur internet, j’ai envie
de lui dire : « Putain mais c’est du
passé, remets-toi ! ». Il sous-entend
que nous nous faisons de l’argent sur
son dos, ce qui est totalement faux ;
au contraire, il continue à toucher sa
part sur les ventes des albums sur
lesquels il a joué. La seule chose
qu’il ne touche plus sont les crédits
qui reviennent aux compositeurs.
Mais c’est parfaitement normal
puisque même lorsqu’il faisait partie
d’Amon Amarth, il n’écrivait rien !
Au départ, nous avions convenu d’un
arrangement un peu particulier qui
consistait à diviser tous nos revenus
en cinq. Mais, bien évidemment,
cela ne s’applique pas aux anciens
membres… Lorsqu’il est parti, nous
nous sommes montrés magnanimes
et lui avons proposé de continuer à
lui verser sa part. Lui a refusé et
nous a réclamé une somme plus
importante. Le problème, c’est que
nous n’avions rien d’autre à lui
donner ! Il croyait peut-être que nous
avions des millions qui dormaient sur
un compte caché… Frustré, il s’est
alloué les services d’un avocat, ce
qui nous a forcés à faire la même
chose. Nos avocats discutent depuis
plus d’un an… (soupir) Grâce à nous,
il a conservé son salaire pendant trois
ans, mais une fois que cette manne
providentielle a cessé de tomber, il a
recommencé à s’énerver et à traîner
notre nom dans la boue. Bref, je ne
veux pas en parler davantage. En
fait, je t’en ai déjà trop dit ! (rires)
Tout ce que je souhaite désormais,
c’est que Fredrik passe à autre
chose et que nous puissions laisser
ça derrière nous. La dernière chose
dont j’ai envie, c’est de démarrer une
« guerre » par médias interposés… Je
déteste quand les groupes font ça,
c’est vraiment ridicule. Si Fredrik
veut me parler, il sait où j’habite et a
mon numéro de téléphone. Il peut
venir me voir quand il veut ! Je n’ai
plus eu le moindre contact direct
avec lui depuis son départ, et je
trouve regrettable qu’il ait décidé de
rendre certaines choses publiques.
Enfin, c’est comme ça et on n’y peut
rien.
Ted Lundström : Je tiens à dire que
nous ne l’avons jamais viré. Son
départ a été la conséquence d’un
malaise qui s’était installé depuis
longtemps et qui allait en s’ampli-
fiant… Nous avons tout fait pour
nous montrer justes et respectueux
dans cette affaire. Il n’y a pas eu de
duperie ou de coups bas. Je pense
qu’il regrette certaines décisions
qu’il a prises en 2015, ce qui
explique le ton amer de ses dernières
publications.
Au moins, vous savez que vous avez
fait le bon choix en ce qui concerne
son successeur…
Olavi Mikkonen : Oh oui ! L’ambiance
au sein du groupe n’a jamais été
aussi bonne. Jocke nous a apporté
une nouvelle énergie. Il est plus
jeune que nous et généralement
plus excité et enthousiaste. Et cette
bonne humeur est souvent contagieuse !
Ted Lundström : Il arrive à tout le
monde d’avoir des jours avec et des
jours sans, c’est normal. Mais depuis
que Jocke est là, le groupe est plus
serein, plus souriant. Quand on passe
200 à 300 jours ensemble par an, il
faut s’assurer d’être entouré par des
bonnes personnes et que le travail
reste un plaisir. Sinon, à quoi bon ?
Depuis quelques années, chaque
nouvel opus d’Amon Amarth est
plus mélodique que le précédent.
Berserker prouve que vous êtes de
plus en plus inspirés par le heavy
metal traditionnel avec lequel vous
avez grandi…
Olavi Mikkonen : A vrai dire, même
si je découvre constamment de
nouveaux groupes, mes influences
sont les mêmes qu’il y a vingt ans :
Iron Maiden, Slayer, Deicide. Mais
avec le temps, nous nous sommes
éloignés de Deicide pour nous
rapprocher d’Iron Maiden ! (rires) Je
ne sais pas exactement à quoi ça
tient. Peut-être cela fait-il partie
d’un cycle de vie ? Ou peut-être
qu’à l’époque, nous ne savions pas
comment jouer ce genre de riffs
heavy, qui ne sont pas si faciles que
ça à construire. Jouer vite requiert de
la technique et de la précision, mais
écrire de vrais bons riffs nécessite à
mon avis un savoir-faire que nous
n’avions pas à nos débuts.
Ted Lundström : A mon avis, c’est
une évolution naturelle. Plus nous
vieillissons, plus nous privilégions la
mélodie à la vitesse. Cela fait déjà
longtemps que nous sommes engagés
sur cette voie. Les choses se font
progressivement, étape par étape.
Comme tu l’as dit, nous revenons
presque malgré nous à notre premier
amour, le heavy metal. Cela s’entend
dans notre son de guitares, nos
mélodies… Au début des années 90,
nous étions surtout influencés par le
death et le black metal. Et puis, avec
le temps, le côté heavy a pris une
place plus importante dans nos
morceaux.
Il y a quelques éléments nouveaux
et surprenants sur ce disque : des
guitares acoustiques, les orches-
trations sur « Into The Dark », le
piano final sur « Valkyria »…
Olavi Mikkonen : Avant de commencer
à écrire Berserker, Johan Söderberg
(guitare) et moi sommes tombés
d’accord : il fallait créer le plus de
dynamiques possibles. Prends « Shield
Wall », par exemple : ce morceau
démarre de façon très puissante, le
break fait intervenir des guitares
claires, et on termine sur plus de
lourdeur. Et je suis ravi d’avoir sur
l’album un morceau comme « Into
The Dark », qui s’ouvre et se termine
avec l’orchestre. Je trouve ces
variations d’intensité vraiment
géniales !
Ted Lundström : Jamais nous n’aurions
Nous faisons ce que nous voulons
sans nous soucier de qui que ce
soit (Olavi Mikkonen)
tenté des choses pareilles sur nos
deux premiers disques. A l’époque,
nous étions bien plus « true » !
« Jamais de guitare acoustique, de claviers
ou de chant féminin !!! » (rires) Mais en
vieillissant, ces règles te semblent
stupides. Pourquoi se limiter ? Si tu
as une idée qui sonne super bien à la
guitare acoustique, pourquoi ne pas
l’inclure ? Nous ne faisons pas ça
pour vendre plus d’albums. Nous
faisons les choses en fonction de
notre ressenti. Si tu fais une chose en
laquelle tu ne crois pas, alors ça ne
sera pas bon et les fans n’y croiront
pas non plus.
N’avez-vous pas peur de déconte-
nancer ou de décevoir vos fans ?
Olavi Mikkonen : Non. Nous ne
pensons pas les choses en ces
termes et n’avons jamais eu peur.
Nous faisons ce que nous voulons
sans nous soucier de qui que ce soit.
Nous n’avons jamais été un groupe
de death metal « à la Cannibal
Corpse », mais nous ne serons jamais
un groupe suffisamment mélodique
pour passer à la radio non plus ! De
mon point de vue, nous proposons un
heavy metal vraiment burné, avec
une voix extrême.
Les démos du nouvel album ont été
enregistrées chez Peter Tägtgren
(Hypocrisy, Pain). Pourquoi ne pas
avoir réalisé le reste de l’album
avec lui ?
Après avoir préparé Jomsviking dans
un chalet au nord de la Suède, nous
avions envie de nous retrouver dans
un véritable studio. Peter est un gars
sympa, dont nous avons toujours
apprécié la compagnie ainsi que les
conseils, souvent avisés. Son expé-
rience est très précieuse ! Et puis,
c’était marrant de nous retrouver
chez lui, 18 ans après notre précédent
passage (Ndlr : Tägtgren avait mixé
The Crusher en 2001). Nous avons
évoqué de vieux souvenirs…
Ted Lundström : Chaque producteur
a son style, « son » son spécifique.
C’est particulièrement vrai en ce qui
concerne Peter, dont les productions
sont instantanément reconnaissables.
Or, ce n’est pas exactement le style
que nous recherchions. C’était idéal
pour bosser sur les démos, mais
nous avions envie de tester autre
chose.
Olavi Mikkonen : Après avoir enre-
gistré deux albums chez Andy Sneap
en plein hiver anglais, avec la putain
de pluie et le ciel perpétuellement
gris, nous nous sommes dit que nous
avions besoin de soleil ! (rires) Nous
adorons le boulot d’Andy, mais nous
avions envie d’aller en Thaïlande ou
aux Caraïbes… Ou à Los Angeles, où
le temps est beau ! Nous avons donc
dit à notre maison de disques et à
notre management : « Si vous connaissez
des producteurs qui veulent vraiment
travailler avec Amon Amarth, dites-
leur de venir vers nous ! ». Or, il s’est
trouvé que plusieurs d’entre eux
étaient basés à Los Angeles. Nous
sommes donc allés à leur rencontre,
avons passé du temps avec eux et
visité plusieurs studios avant de
prendre notre décision. Nous avons
choisi Jay car il proposait des
méthodes d’enregistrement différentes
de ce que nous connaissions déjà et
que nous avons été sincèrement
impressionnés par son travail sur
notre dernier DVD, qu’il a entièrement
mixé.
Que signifie vraiment le terme
« Berserker » et pourquoi avoir
choisi de nommer votre album
ainsi ?
Ted Lundström : Généralement
représenté vêtu d’une peau d’ours, le
berserker est le guerrier ultime, le
plus féroce et dangereux des vikings.
Il n’a peur de rien, ne ressent aucune
douleur et se lance dans la bataille
sans craindre d’y perdre la vie.
Evidemment, ce personnage colle
parfaitement avec le côté puissant et
agressif d’Amon Amarth ! L’histoire
du « berserker sur le pont de
Stamford », qui a inspiré notre
chanson du même nom et le titre du
disque, est vraiment cool. Elle s’est
déroulée lors de l’une des dernières
offensives des vikings en Angleterre.
Le berserker était sur un pont et faisait
face à toute l’armée anglaise, qui ne
pouvait l’attaquer de front. Les soldats
s’approchaient par petits groupes,
mais lui était si fort qu’il les décimait
! Pour en venir à bout, les Anglais
n’ont eu d’autre choix que de passer
par la rivière afin de se placer sous le
pont et de le poignarder par-dessous.
Olavi Mikkonen: Et ce qui est éton-
nant, c’est que cette bataille n’a pas
été retranscrite par les vikings ! Elle
ne fait pas partie de nos mythes. Ce
sont les Anglais qui l’ont perpétrée.
Ils ont été suffisamment impressionnés
par le courage et la vaillance de leur
ennemi pour éprouver le besoin de
consigner son histoire. C’est franche-
ment cool et cela en dit long sur sa
puissance !
Pour finir, quand nous reverrons-
vous en France ?
Ted Lundström : Bien sûr, nous
nous produirons au KnotFest, sur la
scène du Hellfest, en juin prochain.
Nous avons deux autres concerts
en salle prévus cet été en France,
mais les dates n’ont pas encore été
annoncées. Et dès cet hiver, nous
reviendrons dans le cadre de notre
tournée européenne. Notre nouveau
décor de scène ne sera pas encore
prêt en juin, mais les fans pourront le
découvrir à l’occasion de cette tournée
qui s’annonce franchement cool. Y
71
 ANGELUS APATRIDA – TRANZAT – HELL IN TOWN
LE 27 MARS 2019 A BORDEAUX (VOID)
Il est bon de pouvoir se raccrocher à des choses immuables.
Cela faisait une bonne année que nous n’avions plus mis
les pieds au Void, club underground (dans tous les sens du
terme, puisque situé en sous-sol !) du centre de Bordeaux.
Eh bien, pas de panique : la scène est toujours éclairée
par TROIS spots. Pourquoi vouloir changer ce qui semble
ne poser aucun souci à la centaine de furieux qui va mettre
le feu au pit ? Nous ratons hélas une bonne partie du set
de Hell In Town, formation locale revenue à la vie en 2018
avec l’album Bones après quelques années de transition.
L’ombre de Pantera plane sur les musiciens qui évoluent
dans la pénombre, le corps partiellement couvert de
peinture fluo. Effet visuel réussi !
Les Brestois de Tranzat accompagnent Angelus Apatrida
sur ces huit dates françaises qui s’inscrivent dans le cadre
des Motocultor Night Fever, tournée faisant la promotion
du festival breton à travers l’Hexagone. Le quartet joue
sur les extrêmes, proposant une musique complexe et
torturée, quelque part entre Devin Townsend et Opeth,
et s’accordant des grosses notes d’humour qui font
mouche entre chaque morceau. Sympathique découverte !
Depuis leurs débuts en 2006, les quatre guerriers d’Angelus
Apatrida n’ont jamais rechigné à arpenter les routes euro-
péennes comme des morts de faim. Cet acharnement,
couplé à un savoir-faire et un talent indéniables, a rapidement
porté ses fruits puisque le combo a, dès 2010, signé avec
Century Media, devenant en quelques années le chef
de fil du thrash espagnol. Avec désormais six albums et
d’innombrables tournées dans sa besace, la machine est
parfaitement huilée, comme les gaillards nous le prouvent
lors de ce show incendiaire. « Sharpen The Guillotine »,
extrait de leur dernier album, Cabaret De La Guillotine
THE NEAL MORSE BAND LE 25 MARS 2019 A PARIS (ALHAMBRA)
La dernière fois que nous avions vu Mike Portnoy à l’Alhambra,
c’était avec Flying Colors, le 14 octobre 2014, et nous en
gardons un souvenir ému, ce combo, dans lequel officie
également Neal Morse, ayant littéralement dynamité le
public présent par sa classe et son énergie. Cette fois-ci,
c’est avec le Neal Morse Band, en format « une soirée
avec » (sans première partie, donc), que le batteur à la
barbe bleue retrouve cette salle, quasiment sold-out pour
l’occasion. A 20h00 pétantes, les musiciens débarquent sur
scène et attaquent « Overture ». On comprend alors immé-
72
(2018), met immédiatement en évi- Angelus Apatrida
dence les qualités du gang d’Alba-
cSharpen The Guillotine
cete : un batteur impitoyable, Victor
cOne Of Us
Valera, des guitares véloces et le cImmortal
chant agressif mais toujours mélo- cVomitive
dique de Guillermo Izquierdo rendent cOf Men And Tyrants
en effet ce premier morceau totalement cThe Hum
jouissif. Comme souvent dans cette cViolent Dawn
minuscule salle, la « fosse » est prise cDownfall Of The Nation
de frénésie dès les premiers accords cEnd Man
du show, ce qui fait sourire un Guil- cSerpents On Parade
lermo néanmoins légèrement inquiet cGive ‘Em War
lorsque des agités du bocal glissent cYou Are Next
sur des flaques de bière et s’étalent
sur les retours de scène ! Mais les Espagnols en ont vu
d’autre et enchaînent pied au plancher avec quelques
bombes thrash comme « Immortal », « One Of Us » et
« Violent Dawn ». Les Anges Apatrides savent aussi
changer de tempi afin que le pogo laisse place au head-
banging sauvage sur les plus heavy metal « The Hum » et
« Downfall Of The Nation », une chanson « anti fasciste »
comme le signale Guillermo. Idéologie tout à fait raccord
avec le tee-shirt de Napalm Death Nazi Punks Fuck Off
qu’il porte ce soir-là. Le final atomique est constitué de
deux cartouches issues de Hidden Evolution (2015), « End
Man » et « Serpents On Parade », du plus ancien « Give
‘Em War », titre éponyme de l’album de 2007, et de
l’attendu « You Are Next », sorte d’hymne définitif d’un
groupe dont nous apprécions autant les aptitudes que la
bonne humeur contagieuse.
BENJI
Photo : Benji
Neal Morse Band une leçon de musique qui nous est donnée.
Sur « Welcome To The World », Neal enfile
Set 1 des lunettes steampunk afin de mieux
cOverture camper le personnage principal de ce
cThe Dream Isn’t Over concept-album. « Dark Melody » est tout
cWelcome To The World simplement énorme, de même que le très
cA Momentary Change heavy « I Got To Run », majoritairement
cDark Melody
chanté par Eric Gillette. Après « To The
cI Got To Run
River », Neal prend le temps de remercier le
cTo The River
cThe Great Adventure
public pour son accueil, ajoutant que, depuis
cVenture In Black ses débuts avec Spock’s Beard, il n’a pas
cHey Ho Let’s Go souvenir d’un mauvais concert à Paris. Ça
cBeyond The Borders tombe bien, nous non plus… Après une petite
Set 2 heure correspondant au premier volume de
cOverture 2 l’album, le groupe quitte la scène le temps
cLong Ago d’un entracte de quinze minutes, avant un
cThe Dream Continues retour en fanfare. Après le très festif « Vanity
cFighting With Destiny Fair » interprété à quatre voix (et avant un
cVanity Fair « Welcome To The World 2 » dont Mike
cWelcome To The Portnoy assure avec joie le chant en lead),
World 2 c’est au tour du batteur de rappeler que
cThe Element Of Fear jouer à Paris est toujours un moment fort
cChild Of Wonder pour lui. La fin du set est impériale, à la grâce
cThe Great Despair notamment d’un « Freedom Calling » à vous
cFreedom Calling
décrocher la mâchoire. Après ces deux heures
cA Love That Never Dies
de concert, le public réserve une longue
Rappel :
cMedley Neal Morse :
standing ovation au groupe qui revient asséner
The Land Of Beginning un medley d’extraits issus des principaux
Again / Reunion / The albums de Neal Morse. Grosse gifle là encore,
Temple Of The Living car ce line-up transcende réellement ce qu’il
diatement que le quintette va envoyer l’intégralité God / The Conflict / touche, même si Neal est en difficulté sur le
de son dernier (double) album, The Great Adventure. Leviathan / It’s For You passage en voix de tête de « The Land Of
Si Neal semble avoir un léger voile sur la voix, il est / Momentum New Beginning ». Le duel guitare/claviers sur
totalement habité, et le reste du groupe motivé à cThe Call « Momentum » est un grand moment, Neal
bloc, sourire aux lèvres, propose un rock progressif cBroken Sky / Long Day finissant le set à genoux devant son instru-
tonique et exécuté de manière virevoltante. A la (reprise) ment. Ces deux heures trente de concert sont
guitare, Eric Gillette impressionne tout de suite par passées à une vitesse folle et nous ont procuré
son toucher et sa fluidité, tandis que Mike Portnoy est égal un incroyable plaisir. Quel groupe !
à lui-même, groovy à souhait et haranguant le public depuis STEPHANE AUZILLEAU
son kit. Comme il y a deux ans au Divan du Monde, c’est Photo : Nidhal Marzouk
AVANTASIA – MIKE ROCK
LE 10 AVRIL 2019 A PARIS (OLYMPIA)

Avantasia
cGhost In The Moon
cStarlight
cBook Of Shallows
cThe Raven Child
cLucifer
cAlchemy
cInvincible
cReach Out For The Light
cMoonglow
cManiac (Michael Sembello)
cDying For An Angel
cLavender
cThe Story Ain’t Over
cThe Scarecrow
cPromised Land
cTwisted Mind
cAvantasia
cLet The Storm Descend
Upon You
cMaster Of The Pendulum
cShelter From The Rain
cMystery Of A Blood Red
Rose
cLost In Space
Rappel :
cFarewell
cSign Of The Cross/
The Seven Angels

Lors de son premier passage parisien – au Trianon, voici
un peu plus de trois ans –, Avantasia avait laissé le public
sur une forte impression. Il faut dire que le chanteur et
compositeur Tobias Sammet (Edguy) sait se donner les
moyens de ses ambitions, les représentations de son
formidable metal opéra étant assurées par pas moins de
quatorze musiciens, dont trois choristes et (au moins) six
chanteurs de renom ! En guise de « première partie » –
l’Olympia aménage toujours des moments de pause lors
des soirées qu’il héberge afin de permettre aux visiteurs
de consommer durant l’entracte – nous subissons la
performance parfaitement inutile d’un certain Mike Rock,
DJ qui se contente de balancer des tubes de heavy et de
power metal tout en headbanguant sans retenue. Une
bonne partie des spectateurs fait donc le jeu de la salle et
se retranche au bar en attendant l’arrivée des rois de la
soirée. L’enchaînement improbable du « You Shook Me All
Night Long » d’AC/DC et de « L’Hymne A La Joie » de
Beethoven annonce le démarrage du set d’un Avantasia
qui évolue dans un décor soigné et évocateur, quoique
moins remarquable que celui du Ghostlights Tour de 2016.
Bien dans le ton de l’univers Tim Burtonien de Moonglow,
huitième recueil paru en février dernier, la scène, disposée
en arc de cercle et qui comporte deux niveaux (chaque
chanteur arrive par le fond et commence à donner de la
voix depuis la plus haute marche du petit escalier), se
trouve ornée de grilles aux formes étranges, d’arbres
biscornus décorés de lanternes, et d’un bel écran géant
sur lequel apparaissent des images et de légères animations.
Non dépourvu d’une certaine théâtralité, le spectacle
débute avec l’arrivée de Tobias, qui entonne avec douceur
les premières notes de « Ghosts In The Moon » avant de
nous gratifier d’une de ces puissantes montées dont il a
le secret. Ce titre aux allures de pièce épique « à la Meat
Loaf » donne l’occasion de constater que le concert est
parfaitement mis en son et en lumières, le chant ne prenant
jamais trop le pas sur la musique. Côté instrumental, l’ami
Tobi a reconstitué le casting exact de la tournée 2006, et
loin de nous l’idée de nous plaindre ! Outre son fidèle
comparse d’Edguy Felix Bohnke à la batterie (véritable
machine de guerre qui assure les trois heures du show sans
jamais faiblir), on retrouve le bassiste André Neygenfind,
le producteur de renom Sascha Paeth et l’ex-At Vance
Oliver Hartmann aux guitares (qui remplace même Michael
Kiske d’Helloween sur la savoureuse speederie « Reach
Out For The Light ») et le célèbre arrangeur Miro Rodenberg
aux claviers. « Avantasia est de retour et j’ai le sentiment
qu’on va bien s’amuser ! » s’exclame Tobias, très en voix
et toujours aussi bavard. « Je me produis à Paris depuis
1998 et le public français ne m’a jamais laissé tomber ! »
On partage volontiers son enthousiasme, le public se
montrant très réactif et concerné dès le début du set, qui
privilégie pourtant du matériel très récent. Après avoir fait
intervenir Ronnie Atkins (Pretty Maids) sur le deuxième
couplet de « Starlight », Tobias invite la jeune et talentueuse
Américaine Adrienne Cowan à interagir avec le chanteur
danois sur « Book Of Shallows », où les deux vocalistes se
partagent les parties furieuses initialement dévolues à
Mille Petrozza (Kreator). Belle révélation que cette
jeune fille de 24 ans, qui tourne avec le groupe pour la
première fois et se montre aussi à l’aise en voix claire
(« Moonglow ») qu’en chant extrême ! Au rang des moments
forts, il convient de citer les interventions rageuses de
Jorn Lande (ex-Ark, ex-Masterplan) sur « The Raven Child »
et l’incontournable « The Scarecrow », favori des fans, et
celle du véritable invité de marque de ce périple européen,
l’incontournable Geoff Tate (ex-Queensrÿche), que Tobias
présente de façon éminemment laudative et qui reprend
à son compte certaines parties de Kiske avec une aisance
digne de tous les éloges. C’est également un grand plaisir
de retrouver des visages familiers, Eric Martin (Mr. Big) et
Bob Catley (Magnum) en tête, ce dernier ayant récemment
fêté ses 71 printemps ! Dispensable et décalée en version
studio, la version de « Maniac » chantée par le sémillant
Eric Martin fonctionne très bien sur scène, de même que
le puissant « Twisted Mind » que Geoff Tate introduit avec
enthousiasme et dont le refrain est copieusement repris
par l’assistance. Si les douze minutes de « Let The Storm
Descend Upon You » sont un peu difficiles à avaler après
deux heures trente de show, les extraits du premier Metal
Opera passent comme une lettre à la poste, « Sign Of
The Cross » voyant tous les chanteurs réunis sur scène
pour un final éclatant aux allures de comédie musicale. Ne
manquait vraiment que l’inoubliable Kiske pour que la fête
soit parfaite !
FRANÇOIS BLANC
Photo : Nidhal Marzouk

73
 PLAYLISTS
CHARLELIE ARNAUD
1. ABBATH – Outstrider (advance CD)
2. GAAHLS WYRD – GastiR (Ghosts Invited)
3. MORD'A'STIGMATA – Dreams Of Quiet
Places
4. PRESS GANG METROPOL – Point Blank
5. STEP IN FLUID – Back In Business
STEPHANE AUZILLEAU
1. ARCH/MATHEOS – Winter Ethereal
2. SOTO – Origami
3. DEVIN TOWNSEND – Empathy
4. GRAND MAGUS – Wolf God
5. ARK – Burn The Sun
BENJI
1. WHITESNAKE – Flesh & Blood
2. DEATH ANGEL – Humanicide
3. DIAMOND HEAD – The Coffin Train
4. POSSESSED – Revelations Of Oblivion
5. MÖTLEY CRÜE – The Dirt (B.O.F)
FRANCOIS BLANC
1. SABATON – The Great War (advance CD)
2. IDLE HANDS – Mana
3. CROWN OF AUTUMN – Byzantine Horizons
4. AMON AMARTH – Berserker
5. MAR DE GRISES – Draining The Waterheart
DJUL
2. PORT NOIR – The New Routine
2. PALEHØRSE – Palehørse
3. MARATON – Meta
4. BANCO DEL MUTUO SUCCORSO –
Transiberiana
5. GONG – The Universe Also Collapses
GUILLAUME FLEURY
1. KAMPFAR – Ofidians Manifest
2. VADER – Thy Messenger
3. TANITH – In Another Time
4. LIONE TURILLI RHAPSODY – Zero Gravity
(advance CD)
5. RAMMSTEIN – Liebe Ist Für Alle Da
VANESSA GIRTH
1. BARONESS – Gold & Grey (advance CD)
2. DEATH ANGEL – Humanicide
3. PALEHØRSE – Palehørse
4. GRAND MAGUS – Wolf God
5. RAMMSTEIN – Mutter
EMMANUEL HENNEQUIN
1. GAAHLS WYRD – GastiR - Ghosts Invited
2. OCTOBER TIDE – In Splendor Below
3. S.U.P – Dissymmetry
4. LATITUDES – Part Island
5. ULCERATE – Shrines Of Paralysis
PHILIPPE LAGEAT
1. PALEHØRSE – Palehørse
2. BARONESS – Gold & Grey (advance CD)
3. ROSE TATTOO – Transmissions On Air 1981
4. DEATH ANGEL – Humanicide
5. DIAMOND HEAD – The Coffin
MORGAN RIVALIN
1. ROYAL REPUBLIC – Club Majesty
2. SIDILARSEN – On Va Tous Crever
3. MYRATH – Shehili
4. STEP IN FLUID – Back In Business
5. DEATH ANGEL – Humanicide
74
AMON AMARTH
Berserker
(MetalBlade/Sony)
Heavy/death metal mélodique
Sortie : déjà disponible
Les premiers symptômes remontent à une
douzaine d’années, mais il semble que,
récemment, le processus se soit accéléré.
Certes, Amon Amarth s’est toujours plu à
doter ses morceaux de petites mélodies
entêtantes, mais nous ne pensions pas
pour autant que le quintet suédois aban-
donnerait la lutte et se laisserait contami-
ner par le heavy metal qui a bercé la jeu-
nesse de ses compositeurs. Pourtant, sur
Berserker, cette influence envahit tout,
recouvre tout ! L’infection se niche dans les
soli, avec guitares jumelles et harmonies à
la tierce (« Raven’s Flight », plus Iron
Maiden que nature !), les breaks (les
chœurs discrets de « Iron Side »), les
découpages rythmiques (« Crack The Sky »
qui s’ouvre sur un petit clin d’œil au clas-
sique « In Pursuit Of Vikings »)… La pro-
duction, signée Jay Ruston (Anthrax,
Avatar, Steel Panther), claire et organique,
est d’une grande lisibilité mais prive le
groupe d’une partie de sa puissance
épique et ronflante. Qu’il semble loin, le
temps où la formation submergeait ses
auditeurs et les plongeait en pleine tor-
nade dès ses premières notes !
Aujourd’hui, Amon Amarth a recours aux
claviers (l’introduction totalement orches-
trale de « Into the Dark », pas désagréable
en soi, mais peu appropriée sur un album
estampillé death mélodique, la ligne de
piano finale de « Valkyria »), succombe aux
douces sonorités de la guitare acoustique
(« Fafner’s Gold ») et parvient même à tirer
de son charismatique grogneur Johan
Hegg quelques chœurs, narrations et
modestes tentatives de chant clair (« Iron
Side »). Bien sûr, tout n’est pas à jeter sur
ce disque, Amon Amarth n’ayant pas
changé au point de ne plus nous gratifier
ponctuellement de quelques bonnes ryth-
miques vengeresses (« Wings Of Eagles »,
« Fafner’s Gold »), mais cette volonté –
compréhensible après vingt-cinq ans de
carrière – de mettre en avant la mélodie à
tout prix se fait au détriment du respect de
l’identité profonde du groupe, cette signa-
ture « riffique » et ce son particulier qui le
rendaient instantanément marquant et
reconnaissable. Si on découvrait le combo
avec ce disque, le chant extrême pourrait
même paraître hors de propos (la ligne du
refrain de « Crack The Sky » a carrément un
côté pop) ! Bref, malgré le soin apporté à
l’ensemble, une inspiration qui refuse de se
laisser abattre sans combattre (les belles
lignes mélancoliques de « When Once
1 - 3 = naze / 4 - 6 = moyen / 7 - 8 = bon / 9 - 10 = génial !
MON ALBUM DU MOIS par STEPHANE AUZILLEAU
ARCH/MATHEOS
Winter Ethereal
(Metal Blade/Sony)
Metal progressif
Sortie : 10.05.2019
Huit ans après Sympathetic Resonance,
Jim Matheos, guitariste et leader de Fates
Warning, et John Arch, chanteur originel
de ce même groupe (avec lequel il a enre-
gistré trois albums avant que Ray Alder ne
reprenne le flambeau en 1988), remettent
le couvert avec Winter Ethereal. Si son
prédécesseur (enregistré avec Bobby
Jarzombek et Joey Vera, soit la section
rythmique de… Fates Warning) était une
copie carbone d’un album de leur groupe
de cœur, ce nouvel opus est plus travaillé,
plus percutant aussi, tout en s’inscrivant
totalement dans l’esprit de Fates Warning.
On peut même dire qu’on se prend une
grosse claque à son écoute car il parvient
à nous présenter une lecture moderne
d’un metal progressif traditionnel. A cet
égard, « Wrath Of The Universe » est un
morceau hallucinant : les différentes
couches de guitare lacèrent les oreilles, un
peu à la manière d’un Jon Schaffer (Iced
Earth), tandis que John Arch délivre une
performance vocale de très haute volée,
Again We Can Set Our Sails ») et des quali-
tés évidentes, Berserker opte pour une
orientation qui ressemble malheureuse-
ment trop à un amollissement pour
convaincre. D’où un ressenti général
mitigé… Et une note finale sévère.
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . .6,5
BANCO DEL MUTUO SUCCORSO
Transiberiana
(Inside Out/Sony Music)
Rock progressif
Sortie : déjà disponible
On ne va pas faire semblant : nous ne
connaissons que très, très mal le passé de
ce groupe. Après tout, après 22 années
d’absence discographique et un line-up qui
n’a plus grand-chose à voir avec celui de
ses débuts en 1969 (sauf le claviériste
Vittorio Nocenzi), c’est de toute façon avec
un œil neuf et sans aucun priori qu’on peut
juger le Banco Del Mutuo Succorso de
Transiberiana. N’attendez simplement pas
de nous des comparaisons avec cet impo-
sant passé. Le groupe lui-même s’est d’ail-
leurs trouvé dans l’obligation de faire table
rase de celui-ci suite au décès de son chan-
teur historique, Francesco Di Giacomo, en
2014, dans un accident de voiture.
Empruntant l’idée à Queen avec Adam
parvenant à conserver une incroyable
puissance dans un registre très aigu. Le
résultat colle au mur, pas moins ! Plus de
huit minutes de pur bonheur ! Le duo, qui
a réalisé ce disque en quasiment deux ans
et sans pression, s’est entouré d’une équipe
plus étoffée que sur son premier opus. En
effet, outre Bobby et Joey qui reprennent
du service, une autre section rythmique de
Fates Warning (Mark Zonder derrière les
fûts et Joe DiBiase à la basse) a été sollicitée,
complétée par les monstrueux Steve
DiGeorgio (Death) et Sean Malone (Cynic)
à la basse, et Thomas Lang (Stork) à la
batterie. Et ça défouraille sévère ! La pro-
duction est la meilleure que Jim Matheos
n’ait jamais offerte, d’une sublime clarté
mais jamais au détriment de la puissance
(« Tethered »). Les morceaux sont assez
différents les uns des autres, tout en formant
un ensemble cohérent. L’inventivité ryth-
mique est de mise (« Solitary Man »), et si
on n’y prend garde, un petit filet de bave
peut se former au coin des lèvres à force
de rester la bouche ouverte, béat d’admi-
ration à l’écoute de ces parties de
basse/batterie au groove phénoménal. On
sort cependant épuisés, rincés, de cette
heure passée en si bonne compagnie, tant
l’intensité du chant de John Arch est exi-
geante pour les oreilles ; mais c’est pour la
bonne cause car cela confère une force
incroyable au propos. Seuls « Tethered »
et le maidenien « Kindred Spirits » ména-
gent quelques espaces plus calmes. Alors
oui, Winter Ethereal est un album typé,
intense, qui ne pourra pas plaire à toute le
monde ; mais il a une sacrée classe. Les
fans de Fates Warning et des premiers
Queensrÿche vont être scotchés par cette
version remasterisée du genre. Les autres
doivent au moins poser une oreille sur
cette merveille, en commençant par
« Wrath Of The Universe ».
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . .8,5
Lambert, le groupe a ainsi recruté un chan-
teur (un peu) plus jeune et gagnant d’un
télé-crochet (le X-Factor italien), en la per-
sonne de Tony D’Alessio qui a également
évolué dans le monde metal. Sa voix
emphatique et profonde, souvent décla-
mée dans sa langue natale, fonctionne par-
faitement dans ce contexte purement pro-
gressif. Il joue avec la musicalité de l’ita-
lien, souvent avec succès sur le très rythmé
« Lo Sciamano », et l’ensemble évoque for-
cément d’autres formations transalpines
de cette école des années 70, comme PFM
et Le Orme, ou d’autres plus proches de
nous, genre Deus Ex Machina (excellent « Il
Grande Bianco », très structuré). Le côté
romantique, parfois presque naïf ou sur-
anné, et qui rapproche ce mouvement du
Canterburry, est bien présent, notamment
sur « Campi Di Fragole » où guitare acous-
tique, piano et basse ne font qu’un, mais
aussi sur le morceau-titre, quasi- a capella
au départ et délicieusement nostalgique.
Quant au reste des grands classiques du
prog, on n’est pas surpris par les liens éta-
blis avec Genesis sur « L’imprevisto » ou
encore le solo de guitare à la Steve
Hackett de « La Dicesa Dal Treno ». Idem
pour « L’Assalto Del Lupi » et ses claviers
franchement vintage, suivis d’une kyrielle
de parties de piano et de moog qui évo-
quent forcément Emerson Lake & Palmer
et montrent combien la patte de Nocenzi
est présente. Bref, voilà un disque de pro-
gressif coloré et expressif, fidèle aux
canons du genre, mais doté d’une produc-
tion et d’un chant plus contemporains. Un
retour pour les fans, une découverte pour
nous, et qui nous enthousiasme plus que le
comeback de PFM avec son Emotional
Tattoos paru en 2017, également sur Inside
Out et partiellement chanté en anglais.
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
MON ALBUM DU MOIS par BENJI
DEATH ANGEL
Humanicide
(Nuclear Blast/PIAS)
Thrash metal
Sortie : 31.05.2019
Pourquoi Death Angel semble-t-il éternel-
lement condamné à faire office de pre-
mière partie de luxe, de groupe qu’on
place en début de journée en festival ou à
tourner en tête d’affiche dans des lieux
modestes et parfois indignes de son
rang ? Paie-t-il encore son absence durant
le break qu’il a effectué durant une dizaine
d’années entre 1991 et 2001 ? Difficile à
dire, car s’il y a une formation thrash qui
ne nous a jamais déçus, que ce soit en live
ou sur album, c’est bien Death Angel. Sans
se plaindre de leur sort (enviable pour cer-
tains, mais frustrant au bout de tant d’an-
nées de carrière), et avec une motivation
sans faille, les p’tits gars de la Bay Area
poursuivent leur chemin avec l’excellence
qu’on leur connaît. Humanicide, qui fait
suite au remarquable The Evil Divide, ne
souffre pas de la comparaison avec son
prédécesseur et s’avère une réussite écla-
tante de plus. Loin de se montrer linéaire,
Death Angel aiment varier les plaisirs,
même si le thrash pur et dur reste son
principal point de convergence. Et il y a de
quoi faire en la matière : « Humanicide »,
CROWN OF AUTUMN
Byzantine Horizons
(My Kingdom Music/Season Of Mist)
Dark metal mélodique
Sortie : déjà disponible
Profondément enfoui dans les tréfonds de
la scène underground italienne, The
Treasures Arcane (1997), petite perle de
dark metal mélodique rehaussée de sub-
tiles influences médiévales, est demeurée
sans suite pendant quatorze longues
années. Ce n’est qu’en 2011 et une fois le
chanteur Gianluigi Girardi (préposé aux
voix claires) recruté que le guitariste et
compositeur Emanuele Rastelli, toujours
accompagné de l’excellent batteur Mattia
Stancioiu (Screaming Shadows, ex-
Labÿrinth), parvint à remonter son projet.
Imparfait mais très attachant, Splendours
From The Dark, s’il ne renouait pas avec le
cachet unique de l’œuvre originale, eut le
mérite de relancer la carrière d’une forma-
tion prometteuse que beaucoup croyaient
reléguée dans les limbes de l’oubli.
Pourtant, une fois encore, il fallut s’armer
de patience avant de pouvoir déguster
Byzantine Horizons, annoncé de longue
introduit par un plan mélodique faisant
penser à une sorte de « The Hellion »
(Judas Priest) version 2019, « Agressor »
au refrain furieusement 80’s, « Alive And
Screaming », premier titre coécrit par Rob
Cavestany (le principal compositeur) et
Ted Aguilar (deuxième guitariste du
groupe jusque-là muet en termes d’écri-
ture) et « Of Rats And Men » donnent lar-
gement de quoi satisfaire l’appétit des
amateurs de rythmes échevelés. Dans le
même esprit, « Ghost Of Me », sur lequel
Alexi Laiho de Children Of Bodom se fend
d’une joute guitariste épique avec
Cavestany, fait très mal. Plus méchant
encore, « Divine Defector » lorgne même
légèrement du côté du black metal avec
des passages franchement agressifs. Avec
« I Came For Blood », c’est le pendant
hard rock’n’roll à la Motörhead du groupe
qui perce, avec ce riff dont Fast Eddie
Clarke ou Phil Campbell aurait pu accoucher.
Mention spéciale à Will Carroll, le batteur
du quintet, qui livre une prestation explo-
sive, non seulement sur ce titre$ mais sur
l’ensemble de l’album. Mais Death Angel
fait aussi très fort sur deux mid-tempi aux
ambiances très différentes. « Immortal
Behated », sombre et marqué par un
superbe solo ainsi qu’un long et glauque
final instrumental au piano, est contrasté
par le lumineux et très clean « Revelation
Song », sur lequel Mark Osegueda, lui aussi
irréprochable tout du long d’Humanicide,
prouve que, loin de se cantonner à un
chant hurlé, il peut aussi se montrer tota-
lement à son aise sur des phases plus
mélodiques et typées metal traditionnel.
Sacré vocaliste ! Quant à l’ode aux fans
qu’est « The Pack », malgré un refrain aux
chœurs de hooligans un peu simpliste, elle
fait le job. Bref, voici une nouvelle fois un
album de haute volée offert par les
Californiens qu’on attend de pied ferme au
Hellfest et au Motocultor, et nous l’espérons
au plus vite en tête d’affiche.
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8,5
date mais dont la conception s’est littéra-
lement éternisée. De trio, la formation est
devenue quatuor, la chanteuse Milena
Saracino ayant officiellement intégré ses
rangs voici un an. Et même si la production
de cette nouvelle offrande, quoique claire
et professionnelle, manque d’ampleur et
de caractère, on constate dès la première
écoute que l’inspiration du groupe est
demeurée intacte. C’est donc un véritable
plaisir que de se perdre dans les méandres
de ce dark metal accessible mais raffiné,
alternant parties atmosphériques (le
superbe « Lo Sposo Dell’Orizzonte »,
entièrement chanté en italien) et riffs sou-
tenus d’inspiration heavy ou thrash
(« Lorica », qui alterne avec un naturel salu-
taire chant extrême et chant féminin).
L'ALBUM DE LA HONTE par CHARLELIE ARNAUD
DEFECATION
Killing With Kindness
(Metal Bastards Enterprises)
Tas de merde
Sortie : malheureusement déjà disponible
Mitch Harris, que nous connaissons sur-
tout pour être le très sympathique guita-
riste de Napalm Death, a en son temps
ficelé son petit projet culte de grindcore :
Defecation. Plutôt bien branlé, il faut en
convenir. Son premier album, Purity
Dilution (1989), reste encore dans les
mémoires, en partie grâce aux parties de
batterie fantastiques de Mick Harris, lui
aussi membre de Napalm Death à
l’époque. Le second, Intention Surpassed
(2003), plus punk dans l’âme (et surtout
rythmé par une batterie programmée), n’a
pas convaincu les foules, mais chacun son
goût, la merde a le sien. Un album moins
bien, ça arrive, rien de grave. Ce qui est
plus grave, en revanche, c’est ce Killing
With Kindness qui nous arrive en 2019
avec sa pochette pas belle (honteusement
pompée sur le Sargent D. de Charlie
Benante (S.O.D.)). Qu’essaie-t-on de nous
Servie par la polyvalence rythmique de son
batteur, dont le jeu ne dépareillerait pas
dans une formation d’obédience progres-
sive, la formation propose des mélodies
envoûtantes, de beaux refrains (« A Mosaic
Within », qui donne à chaque chanteur un
espace d’expression) et démontre une
belle maîtrise des arrangements (la finesse
des nombreuses harmonies vocales,
notamment sur le conclusif « Our
Withering Will »). Si le combo pouvait
bénéficier des moyens de ses ambitions (le
chant gagnerait parfois à être mieux inté-
gré à la musique), nul doute qu’il pourrait
rallier sous son égide un nombre très
importants de fidèles… En attendant, il
convient d’apprécier Byzantine Horizons
pour ce qu’il est : un bel album qui gagne
à être découvert et exploré avec soin. Tout
simplement !
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . .7,5
THE DAMNED THINGS
High Crimes
(Nuclear Blast/PIAS)
Rock/metal alternatif/emo
Sortie : déjà disponible
The Damned Things, késako ? Il s’agit d’un
supergroup né il y a déjà dix ans de cela,
suite à la rencontre amicale entre deux gui-
taristes : Scott Ian d’Anthrax et Joe
Trohman de Fall Out Boy. Bien malin celui
qui pouvait prédire ce que donnerait
concrètement une collaboration entre le
vendre ? J’ai faux ou c’est de la merde ?
Non, attendez, je goûte... Non, pas de doute,
c’en est bien. Des riffs poussifs joués avec
une guitare et un ampli tous deux taïwanais,
une boîte à rythmes immonde toujours en
décalage par rapport à la guitare et, pour
couronner le tout, un chanteur qui n’a
jamais growlé de sa vie et qui s’aide d’un
logiciel pour avoir une voix qui fait peur.
Bravo, c’est du joli, Mitch ! Sauf que Mitch
Harris n’y est absolument pour rien. Metal
Bastards Enterprises (qui porte son nom à
ravir) a sorti cet album d’un groupe monté
de toutes pièces en volant tout simple-
ment le logo et la biographie d’un groupe
existant et « au repos » depuis seize ans…
Tout ça pour faire le buzz. Mitch Harris n’a
aucun rapport avec ce disque de « son »
groupe. Il s’en est défaussé sur sa page
Facebook en présentant ses excuses aux
gens qui avaient acheté cette bouse et qui
pensent qu’il puisse en être responsable.
Ce disque est toujours disponible à la
vente en bacs et sur les catalogues en
ligne des plus grosses boîtes de VPC. Il a
été retiré des plateformes type Spotify et
Deezer. Cette chronique n’a d’autre but
que de vous permettre de l’identifier et
de le proscrire, surtout pas de lui faire de
la publicité. Nous regrettons avec des
envies de vomir cette supercherie dégueu-
lasse qui poussera certainement quelques
dizaines de personnes mal informées à
prendre Mitch Harris pour un artiste fini
(ce qu’il n’est assurément pas), Et surtout,
cela nous conforte un peu plus, si besoin
était, à faire nôtre ce fameux slogan de
Slipknot : « PEOPLE = SHIT ». D’ailleurs je
vais enregistrer de ce pas tout le prochain
Slipknot avec un banjo à disto et un double
tambourin. Bougez pas, je reviens.
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .0
fondateur d’un des pionniers du thrash et
un groupe pop punk/emo fondé vingt ans
plus tard, d’autant qu’un chanteur venu du
metalcore en la personne de Keith Buckley
(Everytime I Die) n’a pas tardé à rejoindre
l’aventure. Et effectivement, pas facile de
définir la musique jouée par ce combo qui
a un pied à New York et l’autre dans
l’Illinois, et dont la principale motivation
semble être de se faire plaisir, voire de se
payer des barres de rires. En 2010 et
2011, dans la foulée de la sortie
d’Ironiclast (2010), The Damned Things a
donné quelques dizaines de concerts,
dont un au Hellfest 2011, afin d’assurer le
service après-vente et, surtout, de s’amu-
ser sur les routes. Mais en 2012 : rideau…
jusqu’à la date du 26 avril 2019, jour de la
sortie de High Crimes. Neuf ans après le
premier album, décrire la musique de The
Damned Things est toujours aussi ardu.
Sans doute est-ce parce que le quintet
voit avant tout dans ce supergroup un
exutoire permettant de tenter des choses
diverses et variées, parfois très différentes
de ce que ses musiciens jouent avec leurs
groupes principaux. Très loin d’Anthrax,
The Damned Things lorgne plutôt du côté
de Foo Fighters ou QOTSA, tout en mâti-
nant ses compos d’une dose de post hard-
core ou encore de sonorités emo que ne
renierait pas Matchbook Romance, voire…
Fall Out Boy. Les cinq compères passent
toutefois leur temps à brouiller les pistes,
tricotant comme dans un championnat
Phildar et peaufinant des effets de sur-
prise pour ne pas simplement enquiller les
refrains accrocheurs (« Cells », entre
autres). Refrains accrocheurs qu’on trouve
tout au long de High Crimes, sous les gui-
tares enchevêtrées et malgré les
secousses provoquées par les change-
ments de rythmes et d’ambiances que les
musiciens ont sans doute pris beaucoup
de plaisir à accumuler. Insaisissable du
début à la fin, Keith Buckley est sans
doute le premier responsable du côté
imprévisible du disque, lui qui, sur les cou-
plets, évoque tour à tour Jello Biafra ou
encore… Marilyn Manson. Il y a de quoi en
perdre son latin, surtout quand l’ombre du
Révérend plane au-dessus de jolies gui-
tares harmonisées à la Thin Lizzy (« Keep
Crawling »). Les 38 minutes de ce
deuxième opus nous réservent de bons
moments indéniablement rafraîchissants,
mais High Crimes aurait vraiment gagné à
se focaliser sur l’affirmation d’une « patte »
The Damned Things dont on a bien du mal
à délimiter l’empreinte. Reste la satisfac-
tion d’écouter un groupe composé de
(très) bons musiciens qui se font plaisir.
Toujours ça de pris… pour eux.
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . .6,5
DESTRAGE
The Chosen One
(Metal Blade/Sony Music)
Metalcore progressif
Sortie : 24.05.2019
Destrage a toujours été un groupe un peu
compliqué. Compliqué à suivre dans ses
structures, compliqué à suivre dans ses
riffs... L’anti-Danko Jones, en gros (même
si les deux ont en commun un sens de l’hu-
mour très aiguisé). The Chosen One ouvre
ENFIN une porte sur cet univers abscons et
permet de profiter de ce que les cinq ita-
liens essayaient de nous faire comprendre
depuis toujours. Et finalement, ce n’est pas
si complexe : il suffit de se laisser porter
par la chanson. Ça commence toujours à
peu près de la même façon, avec ce côté
djent/core un peu agaçant, ces voix
criardes, ces guitares qui jouent beaucoup
trop de notes. Mais ensuite, pour la pre-
mière fois de son existence, le combo
transalpin passe au-dessus de tout cela et
propose de véritables chansons. Paolo
Colavolpe (chant) se place comme le prin-
cipal artisan de cette évolution en pour-
voyant des lignes mélodiques et des
refrains superbes (« Hey Stranger ! », « The
Gifted One », etc.). Et Dieu sait que le bou-
gre est salement doué, jusqu’à se donner
parfois de faux airs de Devin
Townsend (« Headache And Crumbs »). La
paire de guitaristes Di Gioia/Salati, pen-
dant ce temps, tisse des réseaux entiers de
riffs méchamment groovy et saccadés en
diable, joués avec une telle maestria que
certaines rythmiques feraient le bonheur
de bien d’autres groupes en tant que soli !
Jetons enfin un voile pudique sur la section
rythmique qui mettrait minable plus d’un
groupe de jazz. Bref, le jugement est sans
appel : on en reprend vite, deux fois, et
avec beaucoup de sauce. Là où les précé-
dents essais du groupe laissaient un goût
de trop plein, The Chosen One laisse un
goût de trop peu et donne une méchante
envie d’appuyer sur le bouton « Play
Again » après chaque écoute. Alors,
certes, la scène italienne est déserte (voir
notre interview de Matteo Di Gioio en ces
pages), mais avec trois ou quatre groupes
de ce niveau, nul doute qu’elle reprendrait
vite de belles couleurs. Destrage : artigiani
della qualità.
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .8
DIAMOND HEAD
The Coffin Train
(Silver Lining Music/Warner)
Heavy metal
Sortie : 24.05.2019
L’histoire de Diamond Head, c’est celle de
la persévérance d’un homme, Brian Tatler,
qui porte ce groupe à bout de bras depuis
1976. Avec, certes, des périodes d’inacti-
vité et quelques hauts, mais surtout beau-
coup de bas, qui font que seuls les plus
tenaces et volontaires sont capables de
poursuivre leur route avec une telle envie
et une telle motivation malgré toutes ces
années souvent synonymes de « galères ».
Tatler fait définitivement partie de ces
combattants dont la passion l’emporte sur
l’adversité, et nous ne pouvons que nous
montrer heureux de ce juste retour des
choses depuis 2014 et l’intégration de
Rasmus « Ras » Bom Andersen au poste de
NOTRE ALBUM DU MOIS
par CHARLELIE ARNAUD & EMMANUEL HENNEQUIN
GAAHLS WYRD
GastiR - Ghosts Invited
(Season Of Mist)
Metal ésotérique
Sortie : 31.05.2019
Le parcours de Gaahl, figure du trve nor-
wegian black metal, n’est que passions et
noirs entrelacs : projets multiples et
marquants pour la scène BM (Trelldom,
Gaahlskagg), formes musicales sombres et
mutantes, sommets, disputes, violence
dans le rapport social comme artistique :
qui ne se souvient pas du grand schisme
autour du nom Gorgoroth, opposant le
bassiste King Ov Hell et Gaahl au fonda-
teur Infernus ? L’histoire de vie de notre
homme, au civil Kristian Eivind Espedal,
est celle d’un activisme au service de
formes musicales dures et parfois ambiva-
lentes. Ses participations en tant qu’invité
comptent aussi (Wardruna). Dans ses
choix, Gaahl est du genre radical : il fait ce
qu’il veut et n’aime pas s’en laisser comp-
ter, ce qui vaut jusque dans sa vie person-
nelle. Aujourd’hui, le phénomène poursuit
sa route. La fin du projet God Seed,
démarré en 2009 et qui l’a associé à l’au-
tre ex-Gorgoroth King (depuis peu ex-
Abbath), a été le début de Gaahls Wyrd :
un projet qui offre une occasion supplé-
mentaire de saisir à quel point Espedal
sait s’entourer. La première mouture du
groupe a clairement pris appui sur le
passé récent. Sa formation s’est faite
autour de Gaahl et de deux musiciens de
God Seed : Ole Walaunet (Grimfist) et
Stian « Sir » Kårstad (Trelldom, Djerv), plus
Frode Kilvik (Krakow, Aeternus) et Bård
Kolstad (Leprous, Borknagar). Un premier
EP live, Nov. 15, est sorti en 2017, Gaahls
Wyrd s’étant réapproprié le passé sur
scène en revisitant l’ancien répertoire de
Gaahl. Pour autant, il ne s’agit pas d’un
groupe tribute. Avec GastiR - Ghosts
chanteur. Le talentueux Danois installé à
Londres a véritablement donné un second
souffle à une formation qui végétait depuis
quelques années. Depuis, le quintet n’a
jamais autant tourné à travers le monde et,
surtout, a édité l’excellent Diamond Head
en 2016, album qui lui a permis de remet-
tre le pied à l’étrier. The Coffin Train
confirme en tous points ce retour en
grande forme des Anglais, se montrant lar-
gement à la hauteur de son prédécesseur,
et même plus. Définitivement heavy metal,
un genre dont Tatler affirme avec fierté
son appartenance, ce disque fera le bon-
heur des headbangers férus de tradition
Invited, le projet s’offre son premier format
long… et c’est, pour tout dire, quelque
chose d’assez phénoménal. La musique,
plus qu’une échappatoire, est une « mani-
festation du soi », telle que vécue et expri-
mée par le frontman en 2019. Et c’est un
line-up modifié depuis deux ans qui officie
aujourd’hui : un Sir en moins et un Kevin
« Spektre » Kvåle en plus (membre
d’Horizon Ablaze qui remplace Kolstad).
Stylistiquement impressionnant, le premier
album de Gaahls Wyrd concentre un
propos physique et plein d’atmosphère.
Inutile de vouloir ranger la chose dans un
sous-genre unique, radicalité ne rime pas
forcément avec œillères. Le feeling, sur
GastiR - Ghosts Invited, tangue entre
black metal et thrash/heavy (« The Speech
And The Self »). Même si le dire ainsi, pour
être tout à fait honnêtes, nous semble le
réduire. Gaahl n’entend pas répondre à
un cahier des charges. Son expression
vocale, étoffée avec les années, s’adapte
aujourd’hui aux courants. Les adeptes de
BM stricto sensu retrouveront bien
quelques petits (« Through And Past And
Past »), mais la vraie force de ce premier
album est dans sa morsure transgenre et
sa force d’esprit. La production, hallucina-
toire, est signée Iver Sandøy aux
Solslottet Studios (Sahg, Enslaved,
Wardruna). Les fantômes (ghosts) évoqués
par le disque correspondent, dixit Gaahl, à
« des personnes, une mémoire, des
influences. » Et puis, il y a ce son qui trame
quelque chose : les mélodies, gorgées
d’un feeling occulte, vous envahissent.
Indéniablement, cette musique recherche
l’élévation. Potion chamanique aux ingré-
dients secrets, collection de volumes sans
genre précis, GastiR - Ghosts Invited laisse
une trace en profondeur. Les trames
d’origine ont été posées par la paire
Kilvik/Walaunet, et l’album impose une
signature authentique. « Tu ne peux pas
forcer l’honnêteté », a dit Gaahl récem-
ment. Alors les apparats offrent toujours
un décorum, et l’approche graphique et
photographique qui sert le disque est
d’une beauté et d’un mystère qui interpel-
lent – mais le décorum fait tout sauf
cacher la misère et traduit quelque chose
de profond : un soin, une vision portée,
une combinaison de choses et d’énergies,
de l’esprit. Quelque chose de bien moins
cadenassé que God Seed, de plus inquié-
tant et pénétrant. L’esprit : ce rare subs-
trat qui fait que des disques sont parfois
considérés, à terme, comme grands.
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .8,5
métallique. Avec les speedés « Belly Of
The Beast » et « Death By Design », mais
aussi les mid tempi « The Messenger » et
« The Phoenix », Brian vous permet de
faire le plein de riffs et de soli à la fois
pêchus et de grande classe. Le très lourd «
Shades Of Black » voit Ras moduler plus
que jamais et prouver qu’il possède une
voix tous terrains : un challenge qu’il s’est
sûrement imposé sachant que les paroles
de ce titre sont dédiées au regretté Chris
Cornell, dont Ras était un grand fan. Le
thème de l’agressif et orchestral « The
Sleeper » s’inspire quant à lui du film Dune.
Amateur de rock et hard rock progressif,
Tatler se fait plaisir en proposant des struc-
tures assez complexes et développées
durant plus de six minutes sur « The Coffin
Train » (quel solo !) et « Serrated Love »,
aux atmosphères très changeantes qui
vous embarquent dans un beau voyage
musical. Enfin, le fort mélodique « Until We
Burn » conclut avec mélancolie ce disque à
l’écoute duquel on ne s’ennuie jamais.
Pour l’anecdote, il est amusant de consta-
ter que la pochette de l’album, raccord
avec son titre, est illustrée par un train peu
rassurant : il se trouve que le nom du
groupe provient du premier album solo du
guitariste de Roxy Music Phil Manzarena
sorti en 1975 et intitulé Diamond Head,
dont la pochette représente un train lancé
à vive allure au milieu des rocheuses amé-
ricaines… La boucle est bouclée ! The
Coffin Train : un opus à deux doigts de par-
tager le titre d’Album du Mois avec ceux
de Death Angel et Whitesnake. Belle
réussite !
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
FLESHGOD APOCALYPSE
Veleno
(Nuclear Blast/PIAS)
Death metal symphonique
Sortie : 24.05.2019
Ceux qui ont assisté à son show au Hellfest
2016 ont conscience du souci majeur d’une
formation comme Fleshgod Apocalypse. La
bouillie infâme qui s’échappait alors de la
Temple résumait bien le défi à relever par
les Transalpins pour porter enfin leur
expression au plus proche des cieux : gérer
plus habilement ces couches d’instruments
et d’orchestrations toutes plus riches les
unes que les autres pour tendre vers un
agencement plus harmonieux de leurs
nombreuses idées mélodiques. Ce n’est
hélas pas ce Veleno qui viendra changer la
donne, à notre plus grande déception.
Toujours aussi dense, si ce n’est plus que
sur King (2016) qui avait pourtant le mérite
de redresser légèrement la barre, le pro-
pos des Italiens est ici bardé de tonnes de
couches d’instruments et d’orchestra-
tions… Vue la masse encore présente ici,
nous redoutons le pire pour les prochains
concerts. Bien sûr, de belles envolées
mélodiques sont toujours à noter, et le
chant clair hurlé est un vrai plus, mais la
rythmique assommante, portée par une
débauche de technique qui semble davan-
tage en vouloir mettre plein la vue qu’au-
tre chose, frappe totalement à vide au
bout d’un (court) moment. « Carnivorous
Lamb » n’est presque qu’un mur de son
bardé d’effets. Seuls « Sugar » (au beau
final mélodique), « Monnalisa » (qui
apporte un peu de variation dans les ryth-
miques) et le réussi « Worship And
Forget » (l’un des trop rares morceaux qui
jouit véritablement de l’apport néoclas-
sique de ses orchestrations) bénéficient
d’une certaine accroche, même si le
mixage ne sert pas au mieux l’ambiance.
Fleshgod Apocalypse retombe une fois de
plus dans ses travers, à trop vouloir en
faire, et finit par nous estourbir complète-
ment en négligeant de soigner davantage
son ambitieux travail. Seule la ballade
« The Day We’ll Be Gone » permet d’appor-
ter un tantinet d’air au milieu de cette
débauche de violence caractérisée, pas
suffisamment mise au service d’une atmo-
sphère. Un état de fait d’autant plus
regrettable que lorsque le groupe pose un
peu son jeu, comme sur ce titre, il s’en sort
plutôt bien ! Malheureusement, cet album
trop linéaire finit par taper sur le système
et ne présente de belles choses que par
intermittences, renforçant la frustration,
car il est évident qu’un certain talent est
bel et bien là comme en témoigne un
« Absinthe » qui ne décolle qu’au bout de
quatre minutes alors que notre attention
s’est déjà étiolée depuis un moment. Ainsi,
pris séparément et avec recul, les mor-
ceaux sont plutôt fouillés et aboutis, mais
sur la longueur d’un album, Fleshgod
Apocalypse joue rapidement les alchi-
mistes, réussissant à insuffler à des compo-
sitions pourtant ultra agressives et bardées
de couches d’instruments la puissance de
la bande-son d’ambiance d’un magasin de
déco… le cerveau de l’auditeur s’étant
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rapidement déconnecté pour reléguer
l’ensemble à une musique de fond. Il est
tout de même dommage qu’après cinq
albums, Fleshgod Apocalypse ne soit tou-
jours pas capable de davantage maîtriser
ses qualités pour franchir un cap...
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . . . .7
MANEGARM
Fornaldarsagor
(Napalm Records/Season Of Mist)
Viking/pagan metal
Sortie : déjà disponible
En toute franchise, et même si cela peut
sembler sévère, le trio suédois Manegarm
n’a jamais eu l’étoffe d’un leader ou d’un
premier de la classe, ce petit truc en plus
qui peut faire la différence et hisser un
MON ALBUM DU MOIS par FRANÇOIS BLANC
IDLE HANDS
Mana
(Eisenwald/Season Of Mist)
Heavy metal/rock gothique
Sortie : 10.05.2019
C’est lors du récent passage des Suédois
de Tribulation à Paris (Ndlr : le 26 février
dernier) que nous avons fortuitement
découvert Idle Hands, modeste quatuor
formé voici seulement deux ans et dont
Mana est le premier album. Si la presta-
tion du combo américain ne nous avait pas
marqués outre-mesure, son singulier
mélange entre New Wave Of British Heavy
Metal et rock gothique nous avait, en
revanche, immédiatement interpellés. Car
sans prétendre qu’il s’agit là d’un cocktail
révolutionnaire, force est de constater
qu’il est rarissime, surtout à notre époque
où le metal gothique est tombé en désué-
tude, d’entendre un disque où l’influence
d’Angel Witch, Saxon et Iron Maiden
s’avère aussi prégnante que celle de The
Mission, Sisters Of Mercy, Fields Of The
Nephilim, Depeche Mode ou encore The
Cure ! Avec un naturel déconcertant, la
groupe au rang de formation de référence.
En revanche, il fait partie de ces élèves
besogneux et appliqués qui, à grâce à
leurs efforts constants et à leurs années
d’expérience, sont capables de réaliser de
très bonnes choses, prouvant ainsi à ceux
qui ont choisi de leur faire confiance qu’ils
ont eu raison de croire en eux. C’est, à vrai
dire, exactement ce qui se passe avec
Fornaldarsagor (à vos souhaits !), neuvième
opus qui, à défaut de revendiquer une
quelconque originalité, s’avère parfaite-
ment bien produit et exécuté, mais
témoigne aussi d’un savoir-faire judicieuse-
ment dosé et appliqué. C’est un plaisir de
retrouver ce viking metal classique dans le
fond comme dans la forme, ce mélange de
heavy et de black metal saupoudré de voix
extrêmes, de chant clair éraillé et de
chœurs, quelques violons et guitares
claires venant de temps à autre ajouter une
respiration bienvenue (l’introduction de
« Ett Sistä Farväl » et son beau chant fémi-
nin). Si certains titres jouent la carte d’une
certaine agressivité (le riff d’ouverture de
« Sveablotet », qui ouvre l’album sur les
chapeaux de roue), d’autres proposent des
promenades calmes et solennelles
(« Dödskvädet ») ou donnent dans l’épique
(« Tvenne Drömar », qui n’aurait pas dépa-
reillé sur le formidable premier opus de
Faanefjell). En huit titres pour 45 minutes
de musique (format idéal pour éviter toute
lassitude), les Suédois proposent ainsi un
tour d’horizon de leur univers et offrent à
formation menée par le chanteur/guita-
riste Gabe Franco (qui a fait ses armes en
tant que bassiste de Spellcaster, chantre
du speed metal) alterne ou superpose
guitares claires aux résonnances pro-
fondes (l’excellent et accrocheur « A
Single Solemn Rose »), lignes de basse
entraînantes et soli harmonisés façon
metal traditionnel avec un véritable sens
de la mélodie conférant à chaque titre
une indéniable valeur ajoutée. Le chant
particulier de Franco, très à l’aise dans
son registre, se maintient dans une tona-
lité généralement médium et possède un
véritable caractère qui ne plaira pas à
tous, mais compte assurément beaucoup
dans l’identité du groupe. Surprenantes
de prime abord, ses nombreuses impréca-
tions, sortes de cris brefs façon Tom G.
Warrior (Celtic Frost), semblent parfois
décalées avec l’ambiance de l’album
(surtout lorsqu’il imite le hurlement d’un
loup-garou !), mais contribuent finalement
à instaurer un univers étrange et nocturne
particulier et savoureux. Interprété avec
une passion communicative, inspiré (les
soli sont particulièrement soignés), ponc-
tué de quelques modestes références à
un metal plus extrême (la soudaine
accélération et les rares cris saturés du
puissant « Cosmic Overdrive »), Mana
s’avère une très bonne surprise, d’autant
plus appréciable qu’elle nage à contre-
courant des tendances actuelles. Un petit
havre de fraîcheur, sans prétention et ne
parvenant pas toujours à éviter l’écueil
de la monotonie (la formule a beau être
originale et bien troussée, il peut être
lassant de la voir appliquée sur un album
entier), mais qui mérite assurément d’être
découvert.
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .8
tous les fans de viking metal pas trop
regardants sur l’originalité de quoi se sus-
tenter plus qu’agréablement en attendant
la saison des festivals. Cela n’apporte
absolument rien au schmilblick, mais ce
n’est déjà pas si mal !
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .7
MARATON
Meta
(Indie Recordings/Season of Mist)
Metal progressif
Sortie : déjà disponible
Etrange coïncidence : le label Indie
Recordings, pas forcément réputé pour
évoluer dans le prog et encore moins le
rock-pop, nous sort le même mois deux
albums tombant dans ce bac, le tout
venant de formations nordiques dont c’est
le premier album ! La chronique du disque
éponyme de Palehørse aurait donc pu
commencer exactement de la même
manière que celle de ce Meta de Maraton,
sauf qu’alphabétiquement, elle arrive un
peu plus tard dans nos pages ! Meta, donc,
est le premier album des Norvégiens, qui
ont pourtant débuté en 2014, mais ont
connu plusieurs remaniements de person-
nel qui ont retardé sa croissance, sans
compter que son compositeur, Simen
Ruud, n’est pas (officiellement en tout cas)
membre du groupe ! Il y avait sans doute
moyen de faire plus simple… La bonne
nouvelle, c’est que cette formule compli-
quée produit pourtant une musique lim-
pide et accessible. Maraton n’hésite pas à
citer A-ha, Muse et The Mars Volta en
exemple, avec un cahier des charges clair :
mixer prog et pop et s’assurer que cela
pulse. Mission accomplie en large et en tra-
vers ici, comme illustré sur « Blood Music »,
qui mixe tout cela, et aussi un peu du sens
de la rythmique asymétrique de Vola
(qu’on retrouve sur « Mosaic »). Le sens de
la mélodie est bien entendu servi par
Frederik Bergersen Klemp au chant, sou-
vent haut perché et articulé à la manière de
Matt Bellamy de Muse : « Change Of Skin »
est accrocheur en diable et réconfortera
certainement les déçus des dernières livrai-
sons des Anglais. Idem sur le plus calme
« The Manifest Content », de loin le plus
accessible du lot et qui flirte avec la sensi-
bilité d’un Mew. La basse de Vegard
Liverod sert souvent d’épine dorsale aux
morceaux et gronde en mode djent (le poursuivre devient gageure. Fredrik et
furieux « Altered State » ou le final de Mattias Norrman ont fait partie de
« Prime »), offrant un contraste intéressant Katatonia : le Katatonia de la première
et constant dans la musique du groupe. Le époque, celui que nombre de ses disciples
côté très bicéphale, pour ne pas dire schi- considèrent comme le line-up ayant posé
zophrène, de Maraton est incarné jusque « le principal ». October Tide a initialement
dans les paroles de « Body Double », sur bénéficié des services du chanteur de
lequel les lignes de chant hyper accessibles Katatonia, Jonas Renkse, et voilà ce qui a
se fondent à une trame rythmique complè- créé le fameux culte et engendré un follo-
tement tordue et pas avare en double wing. Mais le sens des priorités a parlé, et
grosse caisse. Meta atteint son apogée en
fin de parcours sur le splendide « Spectral
Friends », opportunément retenu comme
single du disque et parfait résumé des qua-
lités mélodiques et dynamiques des
Norvégiens, en y ajoutant un pont et un
refrain à gorges déployés qui ferait pâlir
de jalousie les Van Hertzen Brothers, pour-
tant pas manchots quand il s’agit d’écrire
ce genre de titres. Le Maraton semble
donc bien lancé, et il ne reste plus qu’à
espérer qu’il saura tenir la distance, en s’af-
franchissant par exemple un poil de ses
références pour accélérer encore la
cadence de sa carrière.
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
après deux albums (1997, 1999), Jonas est
OCTOBER TIDE revenu à ses principales amours, incluant
In Splendor Below Bloodbath. Fred Norrman, lui, a fini par
(Agonia Records) quitter Katatonia et a refondé ce projet
Doom death sombre et spleenesque, suivi à court terme
Sortie : 17.05.2019 par son frère. Les quatre albums sortis par
Etre et avoir été : si l’on reste sur l’idée le projet suédois depuis 2010 (premier de
qu’une espèce de culte a auréolé ce qu’on la série en mode renaissance : A Thin Shell)
a fait par le passé, paralysie est possible et ont été accueillis diversement, mais In
 MON ALBUM DU MOIS par GUILLAUME FLEURY
KAMPFAR
Ofidians Manifest
(Indie Recordings/Season Of Mist)
Pagan black metal
Sortie : déjà disponible
25 ans que Kampfar mène son drakkar
sans jamais changer de cap malgré le
brouillard, alignant les albums de grande
qualité et instillant à chacun d’entre eux
une atmosphère particulière qui rend l’en-
semble de son œuvre à la fois intéres-
sante, cohérente et unique en termes de
personnalité. Le succès n’étant malheureu-
sement pas seulement fondé sur le talent
et la persévérance, les Norvégiens jouis-
sent d’un statut « culte » enviable, mais
n’ont jamais réussi à franchir le palier
supérieur, à la manière d’un Satyricon ou
d’un Enslaved. Si le groupe, exsangue, a
bien failli raccrocher les gants après la sor-
tie de Profan en 2015 (qui a néanmoins
décroché un Grammy norvégien dans la
catégorie « metal » devant Enslaved,
Leprous et Tsjuder), les musiciens se sont
accordés une année de réflexion afin,
espéraient-ils, d’y voir plus clair. Bien leur
en a pris ! Ofidians Manifest, huitième
effort de la bande, se pose comme un
nouveau chapitre de la part d’artistes par-
venus à se régénérer (tels des hydres ?).
Dolk (chant) et Ole Hartvigsen (guitare)
délivrent ici des compositions absolument
Splendor Below, indéniablement, présente
des qualités d’unité et de style plus fortes
que ses trois prédécesseurs. Le départ du
guitariste Emil Alstermark en 2016 a fait
reprendre la six-cordes à Mattias. Les deux
frères ont fait plus que la paire à partir de
là, et In Splendor Below confirme ce qu’on
sentait, à un moindre niveau, sur le précé-
dent opus, Winged Waltz : une force d’ins-
piration et un groupe qui a progressé en
style. Aujourd’hui, c’est plus chimique.
Bien plus. Le cru 2019 vous fera visiter les
ténèbres, mais ne laisse pas planer l’ombre
d’un doute : le jeu est uni et un espace a
été conquis, maîtrisé. Le chant plein de
conviction d’Alexander Högbom
(Demonical) creuse des sillons gutturaux
dans ces masses saturées, hautement émo-
tionnelles. Leur noire élégance frappe
(« Stars Starve Me »). Ça ne sonne d’ail-
leurs pas à la manière d’un vieux Katatonia
(à part dans la tenue de quelques leads,
typés) : October Tide a créé ses codes, un
glaçage inédit, et dégage ses propres
ambiances. Elles resplendissent sur les
tempi lents (« Our Famine »). Le groupe,
sur le fond, retient les choses et contient
l’énergie : il fait sentir qu’il a de la réserve,
ce qui donne une saveur singulière aux
mélodies et provoque l’appétit (« Guide
renversantes de profondeur et dévelop-
pant une atmosphère guerrière jouissive,
« Ophidian » se posant d’emblée comme
une immense mandale dans la gueule avec
son refrain scandé en chant clair hurlé du
plus bel effet. Jamais, peut-être, Kampfar
n’aura aussi bien porté son nom (de la
même manière qu’un « Odin »,
« Kampfar » était un cri de guerre chez les
Vikings) que sur cet album, tant l’expres-
sion claire de son vocaliste y est magis-
trale. Coup de foudre immédiat ! Le thème
général de l’album, consacré à Méduse,
l’une des trois gorgones de la mythologie
grecque, semblait taillé sur mesure pour la
voix versatile et expressive de l’invitée
Agnete Kjølsrud (Djerv – qui n’a plus rien
sorti depuis son premier album éponyme
pourtant plutôt réussi et a également déjà
donné de la voix au sein de Dimmu Borgir)
qui fait merveille ici, rehaussant cette nou-
velle preuve du soin accordé à l’écriture,
tant la progression de ce titre s’avère
remarquable, de même qu’un « Natt »
(Ndt : Nuit/ Satyricon a d’ailleurs composé
un titre du même nom pour son album
éponyme) irrésistible, avec sa montée pro-
gressive en intensité subtilement menée.
C’est que tout cela transpire la passion et
la sincérité par tous les pores. Loin de filer
droit, le voyage est parsemé de belles
variations, à l’image d’un « Eremitt » sem-
blant reprendre une mélodie tradition-
nelle issue du folklore norvégien et doté
d’une rythmique groovy extrêmement
efficace, ou d’un « Skamløs! » furibard
dans la plus pure tradition nordique et
transpercé d’un remarquable solo de gui-
tare. Et cela, avant un « Det Sorte » quasi
définitif qui semble résumer tout le talent
de la bande en huit minutes. Kampfar est
un groupe culte, un incontournable du
metal extrême, et mérite bien plus que le
respect poli qui lui est généralement
adressé car son œuvre est en tous points
admirable. Pourvu que les Norvégiens
poursuivent sur cette lancée !
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . .8,5
My Pulse » et le final « Envy Of The
Moon »). Si vous espériez des guitares qui
resplendissent, de la vibration et des
tripes, alors sachez que la table est mise.
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .7,5
POSSESSED
Revelations Of Oblivion
(Nuclear Blast/PIAS)
Death metal
Sortie : 10.05.2019
Le voici donc, ce disque qu’on n’osait plus
espérer après 23 ans d’attente passés à se
remettre en boucle un très bon (et cultis-
sime) album, un autre un peu moins bon, et
un EP correct. Autant dire que s’attaquer à
cette chronique revient à s’exposer au lyn-
chage, quelle qu’en soit la teneur. Il y a des
choses auxquelles on ne touche pas, ou
alors avec des gants. Allez hop, dont acte,
je les enfile. Dans le numéro 198 de Rock
Hard que vous tenez probablement entre
vos mains si vous êtes en train de lire ceci,
Jeff Becerra (chanteur de Possessed) nous
explique que son groupe est immédiate-
ment identifiable, à l’instar de Motörhead
ou Mercyful Fate. Voilà une assertion pour
le moins embarrassante... Bien sûr, elle est
tout à fait valable si l’on parle des débuts
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du groupe, notamment cette référence
qu’est Seven Churches, un disque méchant
à souhait, mais surtout terriblement chao-
tique. Personne n’avait jamais sonné, ne
sonne, et ne sonnera plus jamais comme
cela, c’est une évidence. Quid de
Possessed en 2019 ? Méchant, le groupe
l’est toujours, pour sûr. Mais pour le chaos,
il va falloir s’adresser à quelqu’un d’autre.
Nous avons ici un très bon groupe de
thrash/death rigoureusement produit par
Peter Tägtgren qui a vraiment chiadé son
boulot. Nous avons surtout un groupe qui
sonne à s’y méprendre comme le
Pestilence de Consuming Impulse. Ultra
efficace et terriblement propre sur lui.
Revelations Of Oblivion est-il un disque de
NOTRE ALBUM DU MOIS
par DJUL & PHILIPPE LAGEAT
PALEHØRSE
Palehørse
(Indie Recordings/Season of Mist)
Metal progressif
Sortie : déjà disponible
Initialement connu sous le nom
d’Amendfoil, le groupe norvégien a fait
peau neuve en se nommant Palehørse, se
refaisant une virginité qui nous permet de
dire que cet album éponyme est son pre-
mier. Ce ne serait toutefois pas exact car
le second bâtit clairement sur les ruines du
premier et des deux albums qu’il laisse à la
postérité. Pourquoi un tel choix ? Cela
reste un mystère, si ce n’est que Palehørse
propose peut-être une approche un peu
plus « alternative » que metal, et qu’il se
réduit désormais à un trio. Parmi les déno-
minateurs communs, on trouve le chan-
teur/guitariste Lassi Mäki-Kala qui, à lui
seul, permet de tracer l’ADN de ce champ
musical. Eructant à la manière de qu’on
peut entendre chez Mastodon et toute la
clique sludge, mais sachant aussi caresser
comme Darroh Sudderth des regrettés
qualité ? Oui, mille fois oui. Des titres tels
que « No More Room In Hell » et le prodi-
gieux « Damned » peuvent être considérés
comme des pépites du genre. Revelations
Of Oblivion sonne-t-il comme ce que nous
attendions de Possessed ? C’est bien
moins sûr. Le facteur « hasard » qui rendait
la musique du groupe si personnelle a dû
se faire la malle avec Larry LaLonde (pre-
mier guitariste et à l’époque principal com-
positeur du groupe, parti ensuite foutre le
bordel sur la scène alternative avec Les
Claypool en fondant le non moins culte
Primus). Ceci explique cela. Donc, voilà :
dans l’absolu, en blind-test, ce disque est
une réussite totale. Dès qu’on divulgue le
nom du groupe, malheureusement, le
charme est rompu. Le client en a pas voulu,
mais il a dit : « C’est propre ». Trop policé,
trop « 2019 » pour être du bon Possessed.
Mais assurément du même niveau de qua-
lité que le meilleur album de n’importe qui.
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . . .7
ROSE TATTOO
Transmissions - On Air 1981
(Repertoire Records/Import UK)
Rock hard
Sortie : déjà disponible
Ces dernières années, le label Cleopatra a
publié plusieurs enregistrements live histo-
riques des Tatts, ce dont nous nous
sommes bien sûr fait l’écho dans nos
Fair To Midland, il saurait vous vendre le
groupe à lui seul dès lors que ces réfé-
rences vous parlent. Musicalement, les
morceaux sont à l’avenant : imprévisibles,
le plus souvent en mode « mur du son », à
l’image de « Dead Wrong », ou comment
imaginer l’inimaginable, à savoir Motörhead
reprenant du Yes ! Le morceau-titre
emprunte un peu à la frénésie d’un
Queens Of The Stone Age, en y ajoutant
de la folie instrumentale et des vocaux
grandiloquents. Et puisque nous parlions
de Mastodon, difficile de ne pas y penser
lors des montagnes russes de « Darken
Waters » et leur grondant refrain qu’on
croirait dégueulé par Brent Hinds, ou
celles d’un « Less Than A Ghost », galvani-
santes. Techniquement, ça tricote sévère,
à l’image de cet unisson instrumental
échevelé sur « The Passenger », mais tou-
jours au service de la dynamique du mor-
ceau. Et que dire ce « Catharsis » (introduit
par le petit acoustique « Catalyst » qui
débute sa mélodie en douceur), véritable
ode à l’épilepsie sous contrôle et qui, là-
encore, nous fait dire que Fair To Midland
a trouvé un successeur. La sauvagerie
punk, qui sied tant à un Frank Carter par
exemple, n’est pas loin non plus
(« Odious »), servie par un son énorme,
abrasif et précis comme peut l’être celui
d’un Biffy Clyro qui aurait retrouvé son
mordant. Et même quand le trio met un
peu le frein à main, sur le final
« Quicksand », il s’en sert presque pour
rendre encore plus écrasante sa formule à
coups de riffs gigantesques. Véritable
petite bombe à fragmentation, ce
Palehørse explose à chaque titre comme à
chaque écoute !
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8,5
colonnes : en 2017, nous avions en effet
droit à l’excellent Live In Brunswick enre-
gistré au Bombay Bicycle Club en 1982, et,
l’an passé, au coffret Scarred For Live
1980-1982 renfermant cinq concerts (!)
captés durant cette période. Aujourd’hui,
Repertoire Records prend le relais en
sortant, à la surprise générale, ce
Transmissions - On Air 1981 qui porte bien
son nom puisqu’il renferme des passages
radio et télé des Australiens réalisés en
1981. Le premier set, composé de quatre
titres (dont le lancinant « The Butcher And
Fast Eddy » et une version de 8’20 du sau-
tillant « Nice Boys »), est une session cap-
tée par la sacrosainte BBC (toujours un
MON ALBUM DU MOIS par MORGAN RIVALIN
ROYAL REPUBLIC
Club Majesty
(Arising Empire/PIAS)
Rock/disco alternatif (entre autres)
Sortie : 31.05.2019
« You rock harder ?/We shine brighter ! ».
Cet extrait de « You Can’t Fight The
Disco » résume bien l’état d’esprit des
membres de Royal Republic. Les quatre
Suédois qui ont sérieusement piqué la
curiosité de votre serviteur lors de leur
prestation au dernier Download Festival
France, set bourré de bonne humeur lors
duquel ils ont notamment adressé de
beaux hommages à Metallica, ne cher-
chent pas à rivaliser avec la « course à l’ar-
mement » en vigueur chez de nombreux
groupes obnubilés par la noirceur et la
recherche du (très) gros son. Une époque
« sombre » engendre forcément des
disques plus heavy ? Club Majesty, qui
sort chez Nuclear Blast sous l’étiquette
Arising Empire, répond « que nenni » et
prend le contrepied. A force de faire des
pas de côté, arrive ce qui devait arriver.
Les Suédois ajoutent des colliers de perles
à leurs habits de lumière, font péter la
gage de qualité), en conditions live mais
MON AUTRE ALBUM par DJUL
sans public, le 22 avril 1981 (et diffusé par grinçantes. Le chant de Love Andersson
la radio anglaise le 15 mai) aux Maida Vale étonne, parfois très en retrait et lascif,
Studios de Londres. Bien entendu pour le parfois vindicatif et recourant à un phrasé
Friday Rock Show, la légendaire émission emprunté au hip hop (« Low Lights » et
de Tommy Vance, le Francis Zégut british. « Young Bloods » qui font par ailleurs très
Le résultat est d’autant plus jouissif qu’il bon usage des chœurs). A tel point que
bénéficie d’un son impeccable et met en des références comme les Beastie Boys (à
scène le line-up composé d’Angry qui ils empruntent un peu de « Sabotage »
Anderson (chant), Pete Wells (guitare), comme le reconnaît bien volontiers le gui-
Mick Cocks (guitare), Geordie Leach tariste Andreas Wiberg dans l’interview
(basse) et Dallas « Digger » Royall (batte- de ce mois) ou Rage Against The Machine
rie), probablement celui que la plupart des viennent parfois à l’esprit (le puissant
fans considèrent comme le meilleur qu’ait « 13 » et le plus cosy « Define Us »). Mais
eu le groupe. Ce qui n’est pas faux. Suivent avec cette patine « synthétique » et
quatre morceaux supplémentaires joués, le contemporaine en plus, Port Noir s’offre
26 novembre 1981, dans le cadre de un terrain de jeu vierge et excitant. On
l’émission allemande Musikladen de la PORT NOIR pense aussi à Muse dans cet art que le
chaîne Radio Bremen, à Brème donc, The New Routine combo a de sonner « sexy » et clinquant,
devant un public assis et totalement apa- (Inside Out/Sony Music) comme en attestent « Blow » et
thique. Musicalement, pourtant, ces enre- Rock indépendant et progressif « Champagne », tous deux faits de gui-
gistrements ne souffrent aucunement de Sortie : 10.05.2019 tares qui crissent sur fond de batterie mar-
ce manque d’ambiance, nos cinq pistoleros Leur date parisienne en ouverture de Pain tiale et de claviers spatiaux, ainsi que le
se donnant à fond, totalement dans leur Of Salvation en avril 2017 au Divan du plus furieux « Drive ». Ajoutons une der-
trip. Enfin, nos petits cœurs de rockers bat- Monde aurait dû nous mettre la puce à nière référence qui ne devrait parler à
tent plus fort encore pour le dernier gig l’oreille. Lors de ce concert, les Suédois de aucun lecteur de Rock Hard (nous prenons
présenté, quatre extraits du concert donné Port Noir nous avaient en effet fait forte le pari), Zoot Woman, groupe d’électro-
à l’Hippodrome de Pantin le 28 avril 1981. impression avec une dynamique sonore pop des années 90 qui réinventait le son
Quatre morceaux (« Rock’n’Roll Outlaw », sans commune mesure avec l’album Any des années 80 à l’époque où il était litté-
« Remedy », « Astra Wally » et « Nice Way The Wind Carries paru l’année précé- ralement honni. Mais le trio sonne surtout
Boys ») sur les quatorze joués ce soir-là, dente. Cet écart pouvait laisser penser désormais comme lui-même, et ce change-
c’est peu, mais c’est déjà beaucoup. C’est que le groupe avait une belle marge de ment est aussi salutaire que couillu car il le
d’autant plus appréciable que le CD (qui, si progression, mais pas forcément qu’en fait sortir d’un confort et d’une « seconde
plus, il était sur le point de transformer lit- division » dans lesquels il aurait pu se com-
téralement son approche pour The New plaire. Au-delà de la forme originale, le
fond est franchement mémorable : onze
Routine. Il ne faut pourtant que quelques
secondes du premier titre et premier sin- titres courts et efficaces, chacun taillés
gle « Old Fashioned » pour s’en convain- pour rentrer dans le crâne dès la première
boule à facettes, tandis que Royal cre : basse grondante, groove de batterie écoute. S’il doit s’agir de la « nouvelle rou-
Republic se mue en king of the dancefloor. implacable et claviers analogiques prenant tine » de Port Noir, alors nous voulons
Citons une nouvelle fois « You Can’ Fight parfois le pas sur les guitares… nous bien la suivre jusqu’à plus soif, et pour dire
The Disco », efficace en diable, le funky sommes à mille lieux du rock progressif vrai, elle nous accompagne déjà depuis les
« Under Cover » ou encore (entre autres) inspiré de A Perfect Circle ou Karnivool deux derniers mois, depuis le jour où nous
« Blunt Force Trauma », un morceau dont dans lequel le groupe officiait auparavant. avons reçu ce disque imparable. L’une des
le titre sonne ultra metal, mais qui ressem- Place nette est faite pour un son très frais réinventions de carrière les plus novatrices
ble bien davantage à du James Brown et unique au sein duquel la pop a pleine- et courageuses de ces dernières années,
qu’au dernier méfait des frères Cavalera. ment son rôle à jouer, même si le discours assurément.
« Boomerang » est l’archétype de la mélo- et les tonalités sont souvent sombres ou DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8,5
die agaçante qui vous colle aux basques
comme le sparadrap du capitaine
vous avez bien compté, compte douze qu’elles ne gâtent pas les dents et net-
Haddock. Même le guère palpitant « Like
titres) est accompagné d’un DVD renfer- toient les oreilles. Vivement la suite !
A Lover » marque des points grâce à la
prestation vocale d’Adam Grahn, chan-
mant des images des deux dernières pres- PHILIPPE LAGEAT . . . . . . . . . . . . . . .8,5
tations. Celle de Brème est savoureuse car
teur/guitariste qui fait parfois penser à
Michael Poulsen (Volbeat), mais en (beau-
les spectateurs – assis, on le répète (mais
c’est totalement inhumain, comment font- SIDILARSEN
coup) plus barré. Hé oui, sur Club Majesty,
l’imparable le dispute constamment à l’im-
ils ?) – semblent totalement désabusés et On Va Tous Crever
se prennent visiblement un choc culturel en (Verycords/Warner Music)
probable. D’où peut bien venir cette idée
pleine face. Amazing ! Il faut voir leurs Metal electro/indus
de chanson centrée sur un « pompier dan-
mines décomposées lorsqu’à l’issue du Sortie : déjà disponible
seur » (« Fireman And Dancer »), dopée
tuant « Suicide City », Angry Anderson, On ne présente plus Sidilarsen, groupe qui
par un saxo endiablé ? Quelle private joke
comme il a l’habitude de le faire à affiche déjà plus de vingt ans de carrière.
a pu donner naissance au morceau-gag
l’époque, s’étrangle jusqu’à l’évanouisse- Mais faisons-le quand même : Sidilarsen
« Bulldog » ? Précision d’importance : s’il
ment avec le fil de son micro, le bougre est une formation des environs de
est évident que le quatuor s’amuse beau-
quittant la scène traîné par des roadies ! Toulouse née en 1997 qui a sept albums
coup, ce plaisir n’est jamais solitaire. Il est
On en redemande, encore et encore !
au service de mélodies de grande qualité,
Quant au show parisien, il s’agit bien
et même de tubes en puissance. « Flower
entendu d’images filmées pour Chorus, la
Power Madness » mérite d’être écouté
géniale émission musicale d’Antoine de
non seulement par les rockers et autres
Caunes (de septembre 1978 à juin 1981)
métalleux les plus ouverts d’esprit, mais
qui passait le dimanche sur Antenne 2 (on
par « n’importe qui ». Même constat à pro-
ne disait pas France 2 en ce temps-là, ça
pos de « Anna-Leigh », morceau relégué à
vous en bouche un coin, pas vrai ?), juste
la fin de l’album, comme si le combo ne
après la messe. Vraiment très chouette car
l’assumait qu’à moitié, mais dont le refrain
ces morceaux de Rose Tattoo ne figuraient
mi-Michael Jackson/mi-Toto 80’s pourrait
hélas pas au menu du coffret de trois DVDs
bien cartonner sur les ondes. Tout ça pour
consacré à cette émission paru en 2010.
dire que Club Majesty n’a rien de metal,
Voilà donc cette omission réparée, pour le
mais que l’impeccablement coiffé Adam
meilleur… et le meilleur. Des sucreries
Grahn et ses amis ont de nombreuses rai-
comme ça, on en veut bien toutes les
sons d’avoir la banane !
semaines. Tous les jours même, parce
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
87
 studio à son actif. Jamais les derniers pour
expérimenter, les musiciens férus de metal
electro/indus ficelé pour mettre le feu aux
dancefloors ont, par exemple, enregistré
un morceau en partie chanté en occitan en
compagnie des Fabulous Trobadors (« La
Parole »). Ça, c’était Eau, sorti en 2005.
Avance rapide jusqu’à 2019 où l’on
retrouve un Sidilarsen qui « durcit le ton ».
Ce sont les musiciens qui le disent eux-
mêmes, sur un « We Come To Get It » aux
relents hardcore et aux chœurs virils, durs
« comme le béton ». D’emblée on pense à
Rammstein (« A Vif »), l’arsenal de riffs
« maousse costaud » assemblé sur On Va
Tous Crever rivalisant sans sourciller avec
l’armurerie du groupe allemand. En écoute
sur le sampler, « Money Game » est un bon
exemple d’efficacité pure, au même titre
que ce « Zéro Un Zéro » doté d’un riff hyp-
notique. Ironie de la chose : c’est drapé de
machines en tout genre que le groupe
déplore « l’avenir synthétique qui se des-
sine, écrasé par la machine » et nous
exhorte à « déconnecter ». Le glyphosate
et les particules (« Interdit De Se Taire »),
les tueries de masse (« God’s Got Guns »)
ou encore la « Start Up Nation » chère au
cœur des adeptes du « en même temps »
sont d’autres thèmes abordés par ce On Va
Tous Crever plus sombre, mais tout de
même traversé de rais de lumière bienve-
nus. Le « black bloc » que forme « Start Up
Nation », titre doté d’un pont qui nous
évoque Alain Bashung, est ainsi rehaussé
d’un refrain lumineux très réussi tandis que
le plus dansant « On Va Tous Crever » vient
perpétuer une tradition toute « sidilarse-
nienne ». Le Mass Hysteria des débuts ou
encore Black Bomb Ä, groupe qui, comme
Sidi, emmené par Didou (chant) et Viber
(chant, guitare), joue sur l’alternance et la
complémentarité de ses deux vocalistes,
viennent de temps en temps à l’esprit,
mais la formation creuse surtout son pro-
pre sillon. Perfectionner l’accent anglais
n’est visiblement pas au cœur de ses
préoccupations, mais tant que Sidilarsen
nous surprendra comme il le fait sur la fin
de cet album, en nous proposant des
textes plus poétiques et en élargissant son
son à la manière d’un Devin Townsend
(« L’Ardeur Du Vivant », point final ô com-
bien intense), nous ne nous ferons pas
prier pour entrer dans la transe.
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
JACK SLAMER
Jack Slamer
(Nuclear Blast/PIAS)
Hard rock 70’s de 2019
Sortie : déjà disponible
« Ah, c’est le nouvel album de Wolfmother ? »
Voilà ce que vous aurez toutes les chances
d’entendre quand vous passerez ce disque
de Jack Slamer. Comme le groupe austra-
lien, le combo suisse dont il est question ici
est né durant la mauvaise décennie. Ces
enfants de Winterthur auraient à coup sûr
préféré fonder leur groupe dans les années
septente (Traduction : « années 70 ») plutôt
qu’en 2007. Heureusement, il reste les
fripes, les magasins vintage et Le Bon Coin
pour dénicher pantalon pattes d’eph, che-
mises à fleurs et autres santiags d’un autre
temps dans lesquelles on a autant trans-
piré qu’un bout de gruyère oublié au soleil.
C’est en tout cas une belle histoire que
celle de ces cinq amis d’enfance qui firent
88
leurs classes : local de répètes, shows locaux,
première démo (2009), toujours plus de
shows, un premier album 100 % autoproduit
(Noise From The Neighbourhood/2012),
coup de pouce d’une radio suisse (SRF3),
shows nationaux en clubs et en festivals,
un deuxième album (Jack Slamer/2016),
etc. etc. Jusqu’au mois de mars 2019 et la
MON ALBUM DU MOIS par STEPHANE AUZILLEAU
WHITESNAKE
Flesh & Blood
(Frontiers/Harmonia Mundi)
Heavy rock
Sortie : 10.05.2019
Mine de rien, cela faisait déjà huit ans que
Whitesnake n’avait pas proposé quelque
chose de fondamentalement nouveau. En
effet, Forevermore, son dernier album stu-
dio constitué de compositions originales,
date déjà de 2011. Certes, entre temps,
nous avons eu droit à plusieurs live, DVDs
et coffrets, ainsi qu’à The Purple Album
(2015), une série de relectures des clas-
siques de Deep Purple, groupe au sein
duquel David Coverdale, la voix et l’âme
de Whitesnake, a chanté en son temps.
Mais la perte du compagnon de composi-
tion attitré de Coverdale, le guitariste
Doug Aldrich qui a quitté le groupe en
2014, a visiblement semé le doute dans
l’esprit du vocaliste qui a longtemps
hésité avant de se remettre dans le bain et
d’envisager un nouvel album studio. S’il a
certes perdu en Aldrich un fameux six-cor-
diste et un fort bon compositeur, David y
a, pour le coup, gagné deux nouveaux
acolytes dans le domaine. En premier lieu,
le guitariste Reb Beach, arrivé en même
temps qu’Aldrich en 2002 mais bridé par
l’alchimie régnant alors entre David et
Doug (alors qu’on sait l’homme tout à fait
performant en la matière comme il l’a
prouvé à maintes reprises avec Winger ou
même Dokken). L’autre bretteur n’est
autre que Joel Hoekstra, qui a déjà édité
quatre albums solo et participé à l’écriture
de plusieurs titres de Nightranger, dont il
a fait partie entre 2008 et 2014. Il possède
aussi de sérieux atouts en la matière. Avec
cette équipe reconstituée, l’assise ryth-
mique de Tommy Aldridge (batterie) et
Michael Devin (basse), ainsi que le discret
claviériste Michele Luppi, ce Whitesnake
version 2019 a fière allure, ainsi que le
prouve ce Flesh & Blood d’excellente fac-
ture. Refusant de faire machine arrière et
de se replonger dans le hard bluesy qui a
fait sa renommée entre 1978 et 1982
(Saints And Sinners étant souvent consi-
déré comme le dernier album « accepta-
ble » par les puristes), Coverdale poursuit
sa route avec le heavy rock qui a fait de lui
signature d’un contrat mondial chez
Nuclear Blast, label qui, dans la foulée,
réédite le deuxième album du combo en le
dotant d’une nouvelle pochette bien plus
raccord avec les accoutrements des cinq
compères. Si Wolfmother vient instantané-
ment à l’esprit, c’est avant tout parce que
le chant de Florian Ganz évoque clairement
une superstar avec 1987 et qu’il n’a jamais
vraiment abandonné depuis. Flesh &
Blood se montre néanmoins très varié,
proposant des ambiances fort différentes
et même quelques clins d’œil au passé.
Comment ne pas penser aux perfor-
mances de Micky Moody en découvrant
cette slide guitar sur le solaire « Good To
See You Again » qui ouvre l’album de
façon magistrale ? Et la mélodie de
« Always & Forever », qui a une saveur
« Guilty Of Love » durant les couplets et
dont les guitares rappellent les joutes du
duo de gratteux originel Micky
Moody/Bernie Marsden, ou même celles
de Brian Robertson/Scott Gorham du
temps de la splendeur de Thin Lizzy ? A
côté de ces subtils rappels à l’Histoire,
« Shut Up & Kiss Me », big rock qui n’au-
rait pas fait tâche sur 1987 ou Slip Of The
Tongue, côtoie des passages franchement
metal, comme « Hey You (You Make Me
Rock) » et « Trouble Is Your Middle
Name », avec des soli de folie qui prou-
vent que l’association Beach/Hoekstra
fonctionne du feu de dieu. Autres mor-
ceaux tout aussi massifs mais aux atmo-
sphères contrastées, « Get Up » et son
rythme boogie débridé sur lequel Tommy
Aldridge arrache tout et l’épique « Sands
Of Time », dans la lignée d’un « Still Of
The Night » ou « Judgement Day » avec
ses riffs à tendances orientales, se posent
aussi comme deux grandes réussites à
mettre à l’actif de cet album décidément
très plaisant. Le sombre « Gonna Be
Alright » et « Flesh & Blood », sur lequel
Coverdale s’époumone avec une sacrée
conviction, s’inscrivent aussi dans une
moyenne très haut dessus du panier, tout
comme la power ballad « Heart Of Stone »
et l’acoustique « After All », composition
simple et épurée que le feeling de David
éclabousse. Reste « When I Think Of You
(Color Me Blue) », autre ballade un peu
trop générique, et « Well I Never », titre
heavy peut-être un peu moins accrocheur
que les autres morceaux du même acabit
proposés sur Flesh & Blood. Mais cet
album est incontestablement une vraie
réussite qui, s’il doit s’agir du dernier
disque studio de Whitesnake (ce qui reste
à prouver), n’aura vraiment pas à rougir de
la comparaison avec ses illustres ainés et
ne constitue en aucun cas « le disque de
trop », comme les nombreux détracteurs
du Cov’ en rêvaient sûrement. Ces derniers
ne manqueront pas d’égratigner le légendaire
vocaliste sur ses performances live qui, ne
nous voilons pas la face, ne sont plus aussi
ébouriffantes que celles d’antan, mais
nous parlons ici d’un album, et en tant que
tel, Flesh & Blood est un quasi sans-faute.
Ah si, tout de même… On a bien compris,
depuis 1987, le concept des pochettes
basées sur le même thème/logo, mais il
serait peut-être temps de passer à autre
chose, non ? A part ça, rien à redire !
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8,5
celui d’Andrew Stockdale. Il suffit d’écou-
ter « The Biggest Mane » sur le sampler de
ce mois pour que la ressemblance saute
immédiatement aux oreilles. Ça, c’est la
forme, mais sur le fond, le frontman de
Jack Slamer nous semble également sur la
même longueur d’ondes que son idole aus-
tralienne. En l’écoutant moduler sur le pla-
nant « Secret Land », on se dit que Florian
Ganz doit être le genre de chanteur qui, au
hasard, aime parler de shamans et de loups
(« The Shaman And The Wolves »). Groupe
suisse oblige, le quintet se révèle instanta-
nément être une machine bien huilée, un
mécanisme de précision qu’on ne s’étonne
pas de trouver chez des descendants
d’horlogers. Une impression que vient ren-
forcer le son très pur de cet album épo-
nyme en partie enregistré chez le produc-
teur Tommy Vetterli, musicien de Coroner
qui a également mis en son Gotthard ou
encore Eluveitie. Tout ça n’empêche pas
Jack Slamer d’insuffler à sa musique une
bonne dose de groove, du genre à vous
faire remuer de l’arrière-train (« Turn Down
The Light ») en donnant l’envie irrépressi-
ble d’empoigner un tambourin. Le feeling
et les ambiances enfumées (« The Truth Is
Not A Headline ») sont de la partie et le
savoir-faire est indéniable, mais il manque
tout de même un petit quelque chose…
Peut-être s’agit-il seulement d’un supplé-
ment de « matière » afin d’épaissir le son
de ce quintet, 70’s jusqu’au bout des
dreads de son chanteur, mais qui gagnerait
à s’octroyer les services d’un claviériste/
organiste attitré. Puisque Jack Slamer a
déjà près de trois ans, il est possible que ce
soit déjà dans les tuyaux, au même titre
que la prochaine progéniture des amis de
Winterthur. Y’a pas le feu au lac, mais
bon… A suivre, donc.
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . . .7
SOTO
Origami
(Inside Out/Sony)
Hard rock
Sortie : 24.05.2019
Jeff Scott Soto (JSS pour les intimes) est un
grand chanteur, immense même, et depuis
ses débuts avec Yngwie Malmsteen, il y a
quasiment 35 ans, on peut dire qu’il nous a
toujours épaté vocalement, sans malheu-
reusement atteindre (et ce, même en tour-
nant avec Journey en 2006.2007) le statut
de superstar du chant auquel il pouvait
prétendre. Cela n’est pas arrivé et n’arri-
vera donc sans doute plus maintenant.
Mais cela ne l’empêche nullement de conti-
nuer à faire son métier avec conviction, au
sein de différents groupes, dont le dernier
en date, Sons Of Apollo (avec les fines
gâchettes que sont Ron Thal, Billy
Sheehan, Derek Sherinian et Mike Portnoy)
est plutôt prometteur, ou en solo. C’est
donc sous son propre nom qu’il nous pré-
sente Origami. Les choses démarrent
excellemment bien avec un « Hypermania »
ultra dynamique, au groove du tonnerre –
façon rouleau compresseur – et à l’instru-
mentation riche. Voilà ce qui s’appelle se
faire cueillir ! Et « Origami » qui déboule
ensuite ne relâche pas la pression, dans un
registre plus heavy, avec des riffs de gui-
tare et une énergie qui rappelle Sons Of
Apollo, de même qu’un « Be Lie » devant
beaucoup à Queensrÿche ». Les dix mor-
ceaux qui composent cet album sont tous
très réussis et groovent à mort. On a par-
fois l’impression que Marcel Jacob (R.I.P),
l’immense bassiste avec lequel il opérait au
sein de Talisman, a parrainé cet album. Les
cuivres sur « Afterglow » sonnent totale-
ment juste, et le mid tempo « Give In To
Me » qui achève cette galette est un petit
bijou qui met en lumière jusqu’au bout le
talent vocal de Jeff, mais aussi celui du gui-
tariste qui l’accompagne ici, à savoir Jorge
Salàn, un Espagnol de 37 ans au CV déjà
bien chargé : en plus de ses nombreux
albums solo, une flopée de disques avec le
groupe de metal progressif Avalanch et
son travail avec JSS , Jorge a œuvré aux
côtés de Joe Lynn Turner et, récemment,
de Dee Snider. Si vous aimez le classic
rock, le groove et les belles voix, ce disque
est fait pour vous et il vous est impossible
de passer à côté.
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . .7,5
STEP IN FLUID
Back In Business
(Klonosphere/Season Of Mist)
Jazz funk metal instrumental
Sortie : 17.05.2019
Si Rock Hard n’avait pas une solide paire
de joyeuses bien pendue là où je pense,
Step In Fluid n’aurait pas sa place dans ce
magazine. Mais nous sommes qui nous
sommes, avec cet énorme paquet qui a fait
notre réputation bien au-delà de la fron-
tière entre la Creuse et la Corrèze. Step In
Fluid n’est pas « complètement metal ».
Paye ton scandale. J’aime secouer ma tête,
mais j’aime aussi me mouvoir en petits
bonds joyeux. Et comme pas mal de gens
à la surface de cette planète, le jazz rock
ne me laisse pas insensible. Alors, quand
trois patrons de la scène metal française –
Harun Demiraslan (Trepalium), Aldrick
Guadagnino (Klone) et Florent Marcadet
(Hacride, Carpenter Brut), excusez du peu !
– s’y collent, forcément, ça défrise même le
crépu. Tout ici n’est que groove, remuage
de cul, et petits regards en coin. Nous ne
parlons pas de jazz chiant, et encore moins
de musique élitiste. Nous parlons d’un sale
mélange de funk gras et de riffs couillus
qui font inévitablement taper du pied,
constellé de soli stellaires de ce salopard
de gratteux qu’est Demiraslan (« Streets
Of San Francisco »). Nous ne parlons pas
non plus de musique pour musiciens, bien
loin de là. Nous parlons de musique faite
par des amoureux de la musique POUR les
amoureux de la musique, tout simplement.
Cinq mecs qui se la donnent à fond pour
leur plaisir et le tien. Entre grooves hypno-
tiques et accalmies sensuelles, Step In
Fluid réunit les contraires avec une aisance
confondante. Le funk robotique de « The
Funk Bot Dance » avec son gros riff metal
bien gras est à lui seul un résumé de la
tambouille. Ça tortille du cul certes, mais
du cul de biker. Lorsqu’arrive la finesse
(« The Stranger »), en revanche, on ne va
pas se rasseoir pour autant : on reste les
yeux fermés à apprécier ce rythme lancinant
et ces mélodies aux parfums ethniques
(Gérald Villain aux claviers fait un boulot
de dingue), ainsi que la frappe sèche et
toujours millimétrée d’un Marcadet en
grande forme. Et si « From A Friend »
calme le jeu (avec le toujours magique
Matthieu Metzger de Klone au saxo), ce
n’est que pour mieux nous caler un « Sex A
Pile » ultra joyeux dans la gueule. En 2011,
One Step Beyond nous avait déjà bien
secoués. Son grand frère ne démérite pas
et met une fois encore un peu de soleil
dans ce monde musical qu’on aimerait
moins terne et surtout moins codifié.
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .8
SUNN O)))
Life Metal
(Southern Lord)
Drone doom
Sortie : déjà disponible
C’est leur constance qui déconcerte. Ce
sens de l’infinité, ces vrombissements
abyssaux qui vous font rejoindre le cos-
mos. Testez-les en concert, c’est une expé-
rience auditive et physique (gaffe au décol-
lement de la plèvre). Esthétiquement, Life
Metal est emblématique du style et pré-
cède un autre album que le binôme améri-
cain décrit comme « plus méditatif ». Au
regard de la force introspective de ce pre-
mier volume 2019, on se demande bien ce
que ça réserve… Peut-être un disque plus
fin dans ses textures, moins spatial ?
L’heure n’est pas à la conjecture : Sunn O)))
sort rien moins que deux enregistrements
cette année, et ce n’est que plus tard que
se révèlera le second, Pyroclasts. Quatre
années se sont écoulées depuis Kannon,
 cinq depuis les collaborations de Sunn O)))
avec Ulver et le regretté Scott Walker
(Terrestrials et Soused), et dix (!) depuis le
chef d’œuvre Monoliths & Dimensions
(2009), mais rien n’y fait : Sunn O))) donne
à chaque fois le sentiment d’approfondir
les champs, de creuser encore et encore.
« Aurora », en troisième position sur le
disque, est simplement fabuleux. Dans
l’ensemble, c’est aussi monolithique et
pesant que ce que pouvaient espérer les
adeptes… mais cette fois, c’est enregistré
avec Steve Albini (Big Black, Shellac, PJ
chanteur/chanteuse, comme aux grandes
heures du genre. Ce qui permet à Tanith
de retenir l’attention, dans cette masse de
formations nostalgiques de l’époque des
moustaches et des pantalons pattes d’eph,
est bel et bien à trouver dans l’écriture,
tant l’ensemble s’avère ici fichtrement bien
troussé, qu’il s’agisse des cavalcades de
guitares jumelles ou des envolées vocales.
Il est néanmoins dommage de voir le
groupe vouloir à ce point sonner vintage
que sa production en est réellement
cheap. Qui dit années 70 ne dit pas forcé-
ment son faiblard (inutile de faire la liste
des albums qui ont sacrément bien passé
l’épreuve du temps, celle-ci prendrait tout
l’espace de cette chronique, voire plus). Il
est ainsi dommage que de beaux soli de
guitare soient quasiment annihilés par une
mise en son aussi plate et dénuée de relief.
L’efficacité des morceaux perd ainsi en
impact, alors qu’il est tout de même aisé,
le traitement de la section rythmique ne
souffre pour le coup aucun reproche tant il
rend justice aux instruments concernés.
Parmi tous ces morceaux néanmoins de
très belle facture, sortent vraiment du lot
l’excellent « Wing Of The Owl (Galantia
Pt.3) », un « Cassini’s Deadly Plunge »
extrêmement accrocheur et transpercé
d’un très bon solo de gratte nerveux et
qu’on jurerait pour le coup tout droit sorti
des années Nixon. Deux titres qui justifient
à eux seuls l’écoute de cet album pour tout
amateur de hard rock de tradition qui se
respecte. Thanis remplit toutes les cases
du cahier des charges « revival » (jusqu’aux
atours médiévaux de « Dyonisus »), et cela
peut agacer, dans cet océan de formations
vintage qui n’en finit plus de grandir, mais
il serait néanmoins dommage de ne pas lui
accorder au moins une petite chance car,
en dépit de quelques emprunts mélo-
diques un peu trop évidents par moments,
il parvient à instaurer une atmosphère sin-
cèrement attachante.
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . .7,5
veau la guitare de Spider s’énerver ainsi
dans ses envolées solistes ! « Litany »,
reprise du morceau du même nom sur l’al-
bum...du même nom (2000), est elle-aussi
une pure réussite, tant la mise en son du
Hertz Studio de Białystok (Pologne), au
sein duquel le groupe a passé une semaine
pour mettre en boîte cet EP, lui confère
une seconde jeunesse. Il est presque dom-
mage que la bande n’ait pas eu à nouveau
recours à ce même studio pour le And
Then There Was Only Pain (titre de travail)
à venir car Vader n’a probablement jamais
aussi bien sonné de sa carrière. Mais la
grosse baffe, c’est bel et bien ce
« Emptiness » succulent de lourdeur avec
ses envolées solistes hallucinées et inspi-

Harvey, Pixies, Zeni Geva, Veruca Salt,
Neurosis, The Jesus Lizard… vous en vou-
lez d’autres ?) aux studios Electrical Audio
de Chicago, après une préproduction
posée – excusez du peu – chez Dave Grohl
dans ses 606 Studios californiens. Un pro-
cessus jusqu’au-boutiste (what else ?) pour,
au final, quatre structures longues comme
le bras… et l’ultime est la pire : « Novæ »,
25 minutes (!) de flip absolu en compagnie
de Hildur Guðnadóttir (Múm, Pan Sonic).
Une chose épique ! SunnO))) est allé au
bout : un enregistrement et une produc-
tion en mode « tout analogique », des
basses et guitares ajoutées impérieuse-
ment aux masses par Tim Midyett, et, pour
finir, une pochette à faire pâlir avec cette
peinture de Samantha Keely Smith : vous
le sentez, ça commence à faire quelques
arguments. Sunn O))) vient de sortir l’un de
ses disques les plus physiques et spatiaux,
et vous allez voyager dans le noir. Inutile
de prendre une boussole, les repères ont
disparu. Ce sont les limbes et Sunn O)))
braque la torche sur vous, pointant le
doigt vers le ciel.
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . . . .8
TANITH
In Another Time
(Metal Blade/Sony Music)
Heavy metal
Sortie : 24.05.2019
Encore une formation de jeunes qui fantas-
ment une époque qu’ils n’ont pas connue,
vous direz-vous en voyant la pochette et
en écoutant les premières mesures de cet
In Another Time « plus revival tu meurs ».
Eh bien, vous vous tromperiez, comme
votre serviteur s’est planté en découvrant
ce groupe : car celui-ci est en effet mené
par un certain Russ Tippins, guitariste de
Satan depuis 1979, un musicien qui sait
donc de quoi il parle quand il s’agit d’évo-
quer l’âge d’or d’un Blue Öyster Cult ou un
Wishbone Ash… puisqu’il les a vécues.
Composé d’Américains et d’Anglais, Tanith
pratique un heavy rock de tradition, sans le
moindre ajout de colorant moderne,
recourant même à un binôme
en 2019, d’aboutir à quelque chose de
plus satisfaisant (même en utilisant du
matériel vieux de presque cinquante ans
comme l’a fait le groupe), sans trahir le son
old-school et authentique (demandez donc
aux Suédois de Graveyard ce qu’ils en pen-
sent !). Si conserver des prises de chant
très brutes et flirtant souvent avec la jus-
tesse est un bon point pour donner la sen-
sation d’écouter un live dépourvu d’arti-
fices, il en va ainsi différemment des gui-
tares et du mixage général, qui auraient
bénéficié d’un peu plus de puissance là où
LE BOOK QUI TUE
Chaque mois, un musicien vous recommande
son livre de chevet. Puisse cette rubrique
vous donner envie, amis lecteurs, de vous
plonger (ou vous replonger) dans un bon
bouquin au son d’un chouette disque. Un
plaisir rare. Dans ce numéro, c’est Ludovic
Loez, le chanteur et guitariste de S.U.P et
Supuration, qui s’y colle.
1974 (d’Arnaud Codeville)
Je dois d’abord avouer que je ne suis pas
autant féru de lecture que mon frère Fabrice
(Ndlr : autre membre historique du projet,
toujours un peu dans les parages comme
vous allez le voir). Sur le fond, nous avons
tous deux été davantage influencés par le
cinéma de science-fiction que par la littéra-
ture d’horreur ou d’épouvante. Mais sur les
conseils de mon frère, je me suis un jour
attardé sur le deuxième bouquin d’Arnaud
Codeville : 1974. Ce qui me fait ressentir
une singularité dans ce roman d’horreur par rapport à d’autres
VADER
Thy Messenger
(Nuclear Blast/PIAS)
Death metal
Sortie : 31.05.2019
Vous le savez, si vous lisez régulièrement
Rock Hard, nous ne sommes pas particuliè-
rement friands des chroniques d’EPs, pré- rées et son riff ultra groovy. Une véritable
férant nous concentrer sur des disques petite tuerie sur laquelle s’aligne le non
longue durée plus aboutis. Mais le fait est moins recommandable « Despair », glaviot
ici indéniable : tout fan de Vader ne saurait qui s’avère un poil trop court. Enfin, même
passer à côté d’une livraison aussi jouissive la reprise de Judas Priest, « Steeler », se
que ce Thy Messenger destiné à nous faire pose comme incontournable tant elle est
patienter avant la sortie du treizième (!) réussie, et met en valeur l’organe vocal si
album studio des Polonais (prévu pour la particulier de Peter, cette voix sans
fin de l’année 2019 et auquel le groupe laquelle le groupe n’aurait pas cette saveur
met actuellement la touche finale), surtout incomparable. Vader pète la forme et sem-
trois ans après un The Empire loin d’être ble renouer avec la grandeur de l’excellent
raté, mais tout de même un brin mono- Tibi Et Igni (2014), pour notre plus grand
tone. Ainsi, « Grand Deceiver » remet plaisir, signant un format court à ne zapper
immédiatement les choses à plat avec son sous aucun prétexte pour tout fan du
gros riff mélodique et son atmosphère groupe ou, plus généralement, de death
davantage fouillée (deux choses qui man- metal joué avec les tripes !
quaient un peu au dernier album en date). GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . . . .8
Et puis, quel bonheur d’entendre à nou-
écrits, c’est le cadre de l’histoire : cette dernière, en
effet, se déroule carrément à deux pas de là où nous
vivons, les membres du groupe et moi-même. Après
le premier roman de Codeville, La Tour de Sélénite,
1974 prend forcément pour nous une tonalité particu-
lière car familière. L’action se déroule dans un petit
village où les pompiers mettent le feu à une maison
sous le regard soulagé des habitants. Il se dit que
cette demeure est possédée par un démon.
S’ensuivent des évènements paranormaux qui, parfois,
nous ramènent sur le terrain exploré par des films
comme Le Cercle, L’Exorciste ou même Ouija. Il
faut remarquer l’écriture cinématographique du
roman qui est presque un authentique scénario de
film d’horreur truffé de rebondissements ! Et l’on
plonge dans cet univers glauque, gore, angoissant,
souvent flippant. Cette intrigue policière aurait pu
être davantage soutenue s’il avait été mis en avant,
en son sein, un personnage principal plus attachant.
Mais le résultat final est à la hauteur de scénarii qui
dépassent largement la qualité d’histoire de certaines
grosses productions de films américains… et j’en ai
vus pas mal ! Pour moi, 1974 mériterait d’être adapté
en film et j’attends de me procurer au plus vite
Parasite, le dernier roman de Codeville.

92

Ces dernières années, le vinyle revient en force,
ce qui n’est pas pour nous déplaire. Chaque mois,
dorénavant, nous vous proposons donc une sélection des
plus chouettes nouveautés. C’est parti, mon kiki !
Pour ce numéro 198, je vous invite à une
déferlante Nuclear Blast, le label allemand
proposant à lui seul pas moins de vingt (!)
nouveautés. Enfin, « nouveautés », pas
toujours, certains des vinyles qui suivent
n’étant « que » des rééditions. C’est
notamment le cas des Keeper Of The
Seven Keys – The Legacy (2005) et
Gambling With The Devil (2007)
d’Helloween que les fans des Allemands
peuvent désormais se procurer en double
LP avec pochette ouvrante et insert
textes. Ils apprécieront d’autant plus ces
pressages qu’ils sont proposés en vinyle
transparent et contiennent, cerise sur la
citrouille, des bonus d’origines diverses
(Japon, USA, Europe). Du côté de Blind
Guardian, les rééditions continuent de se
succéder à un rythme d’enfer. Le live
Tokyo Tales (1993) et la compilation The
Forgotten Tales (1996) sont proposés en
double LP gatefold (180 grammes, s’il
vous plaît !) : le premier en cire noire,
orange (500 copies) ou rouge (700), et le
second en vinyle noir, bleu (500 exem-
plaires), jaune (500) ou gris (700). Ce
dernier renferme sept titres bonus,
parmi lesquels des raretés nipponnes et
plusieurs reprises (Judas Priest, Iron
Butterfly, Dio, etc.). Live (2003), quant à
lui, n’a pas droit à une pochette
ouvrante, mais comprend trois LPs, un
insert, et se vend en noir, argent (500
copies) ou or (500). Dans le même ordre
d’idée, la discographie de Meshuggah a
elle aussi droit à un lifting en règle, à
Une rubrique de Philippe Lageat
commencer par les incontournables
Nothing (2002), Catch ThirtyThree (2005),
obZen (2008) et Koloss (2012). Ces
quatre doubles albums prisonniers d’une
pochette ouvrante bénéficient tous d’un
remastering ad hoc, de pressages de
couleurs diverses et variées (blanc, vert,
marbré orange/noir, argent, transparent…)
limités à 300 exemplaires, mais aussi – en
cela réside la surprise du chef – de
pochettes totalement revues et corrigées
qui en font de magnifiques collectors.
C’est aussi le cas de l’EP I (2004), simple
LP dans une pochette simple, mais
trouvable en vinyle noir, vert (300 copies)
et splatter transparent/noir/or (300). Enfin,
applaudissons à deux doigts le picture-
disc découpé du regretté Dio… en forme
de « cornes du diable » (what else ?) ! Les
fans du lutin y trouveront une version
live de « The Last In Line » extraite de
l’album Evil Or Divine (2005) captée à
New York en 2002. Cet étonnant objet a
été tiré à 5.000 exemplaires et contient,
en face B, le morceau « Push ». Cocasse !
Du côté des nouveautés, l’offre est
encore plus pléthorique. Children Of
Bodom, par exemple, voit son récent
Hexed décliné en trois versions, chacune
d’entre elle étant rangée dans une
pochette gatefold : LP noir, LP splatter
blanc/noir (500 copies) et picture-disc.
Vinyle simple dans pochette ouvrante,
c’est aussi le lot du Road Back To Ruin de
Pristine et du Zenith d’Enforcer. Ces
deux-là sont disponibles en vinyle noir,
mais aussi en cire bleue (pour le premier)
ou argentée (le second) limitée à 300
copies. Eluveitie et son Ategnatos, tout
comme The Spell de Cellar Darling, ont
droit à leur double LP, leur pochette
gatefold, un insert avec textes, mais,
curieusement, pas à un tirage coloré. Les
amateurs se contenteront donc du noir,
heureusement de circonstance ! Parlons
également de l’impeccable Wolf God de
Grand Magus, LP simple avec pochette
ouvrante, disponible en plusieurs coloris :
noir, bleu (300 exemplaires) ou jaune
(300). Le groupe japonais Anthem célèbre
ses retrouvailles avec l’Europe en
publiant l’intéressant Nucleus, double
vinyle agrémenté, dans sa pochette
gatefold, d’un insert de quatre pages
avec textes. Un pressage limité comprend
un disque noir et l’autre rouge (300).
Accept fait plus original encore en
révélant le nouveau titre « Life’s A
Bitch » en face A d’un 45 Tours limité à
600 exemplaires (300 pressages rouges,
300 transparents) appelés à devenir
rapidement des collectors de choix.
Enfin, notre jury, avec la bienveillance qui
le caractérise, accorde une mention
spéciale à In Flames. Avec I, The Mask,
les Suédois dégainent en effet un double
LP (oui, mais encore ?), un insert avec
textes (oui, mais encore ??), des vinyles
de couleur noire ou bleue, cette dernière
étant limitée à 300 exemplaires (oui,
mais encore ???), et… et une pochette
qui, lorsqu’on l’ouvre, révèle un chouette
pop-up du ravissant petit monstre qui
leur sert de mascotte. De quoi ficher une
peur bleue à… un enfant de quatre ans !
Toujours ça de pris, me direz-vous… Y
93
 Partenaire favori des plus grands tourneurs français !

& L.A Factory & L.A Factory

By Caramba By Caramba

ALCATRAZ FESTIVAL GOLDEN AGE ROCK

avec Saxon + Avantasia + Thin Lizzy
MARILLION with friends from ELECTRIC WIZARD + Powerwolf + Opeth + Avatar etc. FESTIVAL avec Dee Snider
the orchestra 31/05/2019 - Paris, Elysée Montmartre (Voir affiche compète p.2) + Foghat + Channel Zero + Moxy +
09/12/2019 - Paris, Salle Pleyel 09-10-11/08 - Courtrai, Belgique Angel + Uli Jon Roth + Tygers Of Pan
10/12/2019 - Lyon, Radiant-Bellevue
AD PATRES Tang + Vulcain etc.
25/05 - Renne, Mondo Bizarro 23-24-25/08 - Liège, Belgique
BULLY ON ROCKS avec TYGERS
08/06 - Paris, Klub OF PAN TANG + HARDBONE + THE
& BURNING CROWS + DIRT DOGZ HANGMAN'S CHAIR
AIRBOURNE 25/05- Bully Les Mines (62), Espace Mitterrand 15/05 - Dunkerque, 4 Ecluses
24/08 - Charleville-Mézières, Festival cabaret Vert
SYMPHONY X 17/10 - Strasbourg, Laiterie (complet !)
16/05 - Strasbourg, Laiterie
07/06 - Paris, Machine du Moulin Rouge CARACH ANGREN + WOLFHEART 17/05 - Paris, Petit Bain
20/10 - Paris, Cigale + THY ANTICHRIST + NEVALRA 18/05 - Lyon, Ninkasi Kao
28/10 - Nîmes, Paloma 11/06 - Paris, Maroquinerie 25/05 - Quimper, Novomax
12/06 - Toulouse, Rex 15/06 - Paris, Trabendo
ALICE COOPER
+ BLACK STONE CHERRY BILLY CORGAN HEILUNG
03/09 - Marseille, Dôme 24/06 - Paris, Trianon 20/11 - Paris, Elysée Montmartre
05/09 - Bordeaux, Arkea Arena
20/09 - Boulogne-Billancourt, Seine Musicale CORROSION OF CONFORMITY I AM MORBID + VITAL REMAINS
29/06 - Bourlon (62), Rock In Bourlon Fest + ATROCITY + SADIST
ALICE IN CHAINS
KING’S X + BLACK REBEL MOTORCYCLE
01/07 - Paris, Glaz’Art 08/05 - Marseille, Jas Rod
08/09 - Lyon, Ninkasi Kao Gerland
CLUB CRO-MAGS + RED DEATH JAG PANZER + AGENT STEEL +
28/05 - Paris, Olympia 30/09 - Paris, Gibus TOKYO BLADE + AVULSED, etc.
17/05 - Plozévet (29), Festival Courts Of Chaos
AMON AMARTH CROWBAR
03/06 - Strasbourg, Laiterie 22/06 - Rouen, 106 JINJER
23/06 - Nancy, Hublot 06/12 - Paris, Maroquinerie
ANNIHILATOR 07/12 - Annemasse, Château Rouge
27/10 - Paris, Petit Bain DISTURBED 08/12 - Toulouse, Rex
09/05 - Paris, Elysée Montmartre 13/12 - Toulon, Oméga Live
HALESTORM + IN THIS AQME (Tournée d'adieu)
05/10 - Paris, Trianon ELUVEITIE
MOMENT + NEW YEAR'S DAY LIMP BIZKIT
13/11 - Paris, Salle Pleyel + LACUNA COIL 06/07 - Paris, Olympia
ARCH ENEMY + INFECTED RAIN
01/07 - Bordeaux, Rocher de Palmer
DEVIN TOWNSEND 02/07 - Biarritz, Atabal
26/11 - Bordeaux, Rocher de Palmer MACHINE HEAD
15/11 - Paris, Salle Pleyel 29/11 - Toulouse, Bikini (Burn My Eyes 25th Anniversary Tour)
08/07 - Marseille, Espace Julien 30/11 - Rennes, Etage 23/10 - Lyon, Radiant
09/07 - Toulouse, Bikini 01/12 - Paris, Elysée Montmartre 29/10 - Paris, Trianon
BAD RELIGION EPICA "TOURNEE 10 ANS DE MARDUK + VALKYRJA
07/05 - Paris, Trianon DESIGN YOUR UNIVERSE" 07/05 - Colmar, Grillen
06/10 - Paris, Elysée Montmartre 10/05 - Nilvange, Gueulard Plus
BETWEEN THE BURIED AND ME
(« A SPECIAL EVENING WITH » / 2 SETS) FOREST IN BLOOD MASS HYSTERIA
06/10 - Toulouse, Ready For Prog 01/06 - Louviers, Normandy Metal Fest III 06/12 - Paris, Zénith
07/10 - Nantes, Ferrailleur
08/10 - Vauréal, Forum FREITOT + W.I.L.D. MINISTRY
+ SYCOMORE 18/06 - Strasbourg, Laiterie
BILLYBIO 25/05 - Amiens, Lune des Pirates
01/06 - Lyon, Warm Audio
DOUR AVANTGARDE 02/06 - Bordeaux, BT59 GOV’T MULE
MISANTHROPE
17/05 - Dijon, Tanneries
METAL DAY avec Neurosis 03/06 - Toulouse, Rex
14/06 - Strasbourg, Laiterie
04/06 - Paris, Cigale 18/05 - Troyes, Chapelle Argence
+ Electric Wizard + Yob + Vonnis 19/05 - Lons-Le-Saunier, Bœuf Sur Le Toit
15/06 - Lille, Aeronef GRETA VAN FLEET 12/09 - Lyon, Rock’n’Eat
(Voir affiche compète p.77) 15/06 - Reims, Dropkick
13/07 - Dour 13/11 - Paris, Zénith 13/09 - Chambéry, Brin de Zinc

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& & MUZIVOX
SAMAEL
+ HANGMAN’S CHAIR
15/05 - Dunkerque, 4 Ecluses
16/05 - Strasbourg, Laiterie
17/05 - Paris, Petit Bain
18/05 - Lyon, Ninkasi Kao
RISE OF THE NORTHSTAR
18/05 - Paris, Trianon
CANNIBAL CORPSE
24/06 - Lyon, Ninkasi Kao + ACOD
06/07 - Limoges, Ccm John Lennon
+ NAPALM DEATH
DEVILDRIVER
28/09 - Mulhouse, Noumatrouff
29/09 - Metz, Gueulard
30/09 - Paris, Petit Bain
01/10 - Toulouse, Metronum
SACRED REICH
20/11 - Lyon, Ninkasi Kao
24/11 - Limoges, CC John Lennon
26/11 - Savigny-Le-Temple, Empreinte
STATIC X + WEDNESDAY 13
+ DOPE + SOIL
06/10 - Magny Le Hongre, File 7
MOLYBARON
01/06 - St Hilaire Les Places (87),
Rock Metal Camp
06/07 - Chatou (78), Kave Fest
21/07 - Tolmin (Slovénie), Metal Days
24/08 - Cercoux (17), Festival 666
14/09 - Raismes, Raismesfest
MONSTER TRUCK
10/05 - Savigny-le-Temple, Empreinte
11/05 - Vauréal, Forum
MONSTROSITY + THE DEVIL
+ DEHUMANISE
25/05 - Paris, Glazart
26/05 - Nantes, Scène Michelet
02/06 - Lyon, Rock N'Eat
MOONSPELL + ROTTING CHRIST
28/10 - Nancy, Autre Canal
31/10 - Rennes, Etage
01/11 - Paris, Machine
02/11 - Toulouse, Metronum
09/11 - Bourg En Bresse, Tannerie
NEUROSIS + YOB
17/07 - Biarritz, Atabal
18/07 - Paris, Bataclan
PAGAN NORDMANNI FEST avec
BELENOS + AKTARUM + VARANG
NORD + INFINITYUM + AEGIR
09/11 - Rouen, Bifröst
PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD
SONS
24/09 - Nantes, Ferrailleur
25/09 - Bordeaux, Rockschool Barbey
27/09 - Paris, Café de la Danse
PRONG (“25 Years Of Cleansing”)
17/08 - Colmar, Grillen
IAN PAICE +
LES BINKS’ PRIESTHOOD
07/06 - Leffrinckoucke, Poudrière
09/11 - Freyming Merlebach, Le Gouvy
KORITNI + THE TREATMENT
15/06 - Vauréal, Forum
LAURA COX
08/06 - Puilacher, Festival Coop Live
09/06 - Toulouse, Usine à Musique
14/06 - La Roche sur Yon, Showtime Festival
15/06 - Coulevon, Musicoul Festival
13/07 - Guérande, Festival Zic O Remparts
14/07 - Villeneuve sur Lot, Festival Rock’n’Roll
Circus
19/07 - Sausses, Festival En Sausse
20/07 - Sonthonnax Le Montagne, Rock Heyr
Festival
14/09 - Raismes, Raismesfest
26/10 - Strasbourg, La Laiterie
THE AMORETTES + KILLIT
29/09 - Montalivet, Showbike Aquitaine
WISHBONE ASH
28/06 - Carpentras, Auzon Le Blues Festival
CHRIS SLADE TIMELINE
29/06 - Rebrechien, Rock In Rebrech
05/07 - Tours, American Tours Festival
23/08 - Cercoux, 666 Festival
GLENN HUGHES Plays
Classic Deep Purple Live :
25/07 - Nuit de la Guitare Patrimonio (Corse)
14/09 - Raismes, Raismesfest
KING’s X
07/09 - Lyon, Ninkasi Kao
NEW MODEL ARMY
9/10 - Paris, Maroquinerie
2/11 - Strasbourg, Laiterie
PROPHETS OF RAGE
08/08 - Paris, Olympia
PUNK IN DRUBLIC FESTIVAL avec
NOFX + BAD RELIGION + LAGWA-
GON + ANTIFLAG + LESS THAN
JAKE + THE REAL McKENZIES, etc.
08/05 - Angoulème, Nef
QUEENSRŸCHE + FIREWIND
+ MIRRORPLAIN
04/08 - Paris, Petit Bain
THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA
+ H.E.A.T. + ZODIAC + ELECTRIC
BOYS + TOKYO BLADE, LEPROUS
etc.
14+15/09 - Raismes, Château de la Princesse
d’Arenberg
ABONNEMENT
Si vous vous abonnez et que vous êtes inté-
ressé par une place de concert, outre les
shows proposés en page 98, vous pouvez
choisir n’importe quelle date indiquée dans
un cadre doré en le précisant clairement
sur votre coupon.
& VERYSHOW
MOTOCULTOR
FESTIVAL avec Excalibur + No
FX + Hatebreed + Avatar + Eluveitie
+ At The Gates + Watain + Marduk
+ Napalm Death + Death Angel etc. THE DARKNESS
(Voir affiche compète p.17) 25/01 - Strasbourg, Laiterie
15-16-17-18/08 - Saint Nolff 26/01 - Paris, Cigale
27/01 - Bordeaux, Krakatoa
03/02 - Lyon, Ninkasi Kao
RAMMSTEIN
28/06 - Paris, Défense Arena (complet !)
29/06 - Paris, Défense Arena (complet !) THEM DIRTY ROSES
27/09 - Paris, Etoiles
RED FANG
27/06 - Lyon, CCO Villeurbanne TRIVIUM + WHILE SHE SLEEPS
28/06 - Toulouse, Metronum 01/07 - Strasbourg, Laiterie
RIVAL SONS TYGERS OF PAN TANG
03/07 - Nîmes, Arènes 25/05 - Bully-Les-Mines, Bully On Rocks
05/07 - Belfort, Eurockéennes
06/07 - Tours, American Tours Festival ULTRA VOMIT + NO ONE IS
INNOCENT + TAGADA JONES
07/07 - Arras, Mainsquare Festival
09/11 - Paris, Olympia 02/11 - Paris, Zénith
10/11 - Bordeaux, Rocher de Palmer
WHISKEY MYERS + WARTOAD
ROB TOGNONI 18/05 - Paris, Maroquinerie
24/05 - Lille, Splendid
25/05 - Orléans, Blue Devils Y&T
25/10 - Vauréal, Forum
THE SHEEPDOGS
12/06 - Paris, Point Ephémère ROB ZOMBIE
19/06 - Paris, Bataclan
SHINING (SWE)
16/05 - Paris, Nouveau Casino ZZ TOP (« 50 Years with ZZ Top »)
17/05 - Nantes, Ferrailleur 21/06 - Boulogne-Billancourt, Seine Musicale
20/05 - Toulouse, Connexion Live 08/07 - Nancy, Zénith
23/05 - Marseille, Jas Rod
SKINDRED
18/12 - Paris, Maroquinerie
SILVERTRAIN
+ CARBONE
17/06 - St Jean d’Angely, Eden
06/07 - Salles-sur-l'Hers, Festival Rock Ambert 4
SKUNK ANANSIE
17/07 - Paris, Cigale
SLIPKNOT + AVATAR
01/07 - Nîmes, Arènes RAISMESFEST
SYMPHONY X avec GLENN HUGHES, PHIL CAMPBELL
07/05 - Lyon, Ninkasi Kao & THE BASTARD SONS, THE NIGHT
07/06 - Paris, Machine du Moulin Rouge FLIGHT ORCHESTRA, LEPROUS etc.
(Voir affiche compète p.81)
TAMBOURS DU BRONX 14-15/09 - Raismes, Chateau de la Princesse
23/11 - Paris, Trabendo
 N°11 - 7,00 € avec CD N°12 - 6,50 € sans CD N°15 - 7,00 € avec CD N°16 - 7,00 € avec CD N°17 - 7,00 € avec CD N°18 - 7,00 € avec CD N°19 - 7,00 € avec CD N°20 - 7,00 € avec CD N°23 - 7,00 € avec CD

SANS CD

N°24 - 7,00 € avec CD N°26 - 7,00 € avec CD N°27 - 7,00 € avec CD N°28 - 7,00 € avec CD N°30 - 7,00 € avec CD N°31 - 7,00 € avec CD N°32 - 7,00 € avec CD N°35 - 7,00 € avec CD N°37 - 7,00 € avec CD

N°43 - 7,00 € avec CD N°45 - 7,00 € avec CD N°46 - 7,00 € avec CD N°49 - 7,00 € avec CD N°50 - 6,50 € sans CD N°51 - 7,00 € avec CD N°54 - 6,50 € sans CD N°56 - 7,00 € avec CD N°57 - 7,00 € avec CD

SANS CD

SANS CD

N°59 - 7,00 € avec CD N°61 - 7,00 € avec CD N°63 - 7,00 € avec CD N°67 - 7,00 € avec CD N°68 - 7,00 € avec CD N°69 - 7,00 € avec CD N°70 - 6,50 € sans CD N°71 - 6,50 € sans CD N°72 - 7,00 € avec CD

SANS CD SANS CD

N°73 - 7,00 € avec CD N°74 - 7,00 € avec CD N°75 - 7,00 € avec CD N°76 - 7,00 € avec CD N°78 - 7,00 € avec CD N°79 - 7,00 € avec CD N°80 - 7,00 € avec CD N°82 - 7,00 € avec CD N°83 - 7,00 € avec CD

N°84 - 6,50 € sans CD N°88 - 7,00 € avec CD N°89 - 7,00 € avec CD N°90 - 7,00 € avec CD N°91 - 7,00 € avec CD N°93 - 7,00 € avec CD N°94 - 7,00 € avec CD N°96 - 6,50 € sans CD N°97 - 7,00 € avec CD

SANS CD SANS CD

N°98 - 7,00 € avec CD N°101 - 7,00 € avec CD N°105 - 7,00 € avec CD N°107 - 7,00 € avec CD N°108 - 7,00 € avec CD N°111 - 8,50 € avec CD N°112 - 7,00 € avec CD N°115 - 7,00 € avec CD N°116 - 7,00 € avec CD

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N°183 - 7,50 € avec CD N°184 - 7,50 € avec CD N°185 - 7,50 € avec CD N°186 - 7,50 € avec CD N°187 - 7,50 € avec CD N°188 - 7,50 € avec CD N°189 - 7,50 € avec CD N°190 - 7,50 € avec CD N°191 - 7,50 € avec CD

N°192 - 7,50 € avec CD N°193 - 7,50 € avec CD N°194 - 7,50 € avec CD N°195 - 7,50 € avec CD N°196 - 7,50 € avec CD HS AC/DC - 7,50 € HS METALTHEQUE 2 - 9,00 €

HS IRON MAIDEN - 9,40 € HS AC/DC Les Archives HS AC/DC Les Archives HS HELLFEST 2009 - 6,50 € HS HELLFEST 2010 - 6,50 € HS HELLFEST 2015 - 6,50 € HS HELLFEST 2016 - 7,50 € HS HELLFEST 2017 - 8,00 € HS HELLFEST 2018 - 8,00 €
Vol.1 - 8,40 € Vol.2 - 8,00 €
 OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 2 ANS
ABONNEMENT 1 an OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 1 AN GRASPOP PASS 3 JOURS
21-22-23 juin / Dessel (Belgique)
= 71,50 €
11 numéros + 11 CDs RAISMES FEST 22 N° Rock Hard (valeur : 143 €)
+ Pass Graspop 3 jours (valeur : 210 €)
1 concert au choix PASS 2 JOURS = 353 €
280 €
14-15 septembre / Raismes
ABONNEMENT 2 ans 11 N° Rock Hard (valeur : 71,50 €)
310 € pour l’Europe, hors France)

= 138 € + Pass RaismesFest 2 jours (valeur : 72 €)

22 numéros + 22 CDs = 143,50 €
100 € OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 1 AN
2 concerts au choix 130 € pour l’Europe, hors France)
MOTOCULTOR PASS 4 JOURS
15-16-17-18 aout / Saint Nolff
DOUR 11 N° Rock Hard (valeur : 71,50 €)
Avantgarde Metal Day + Pass Motocultor 4 jours (valeur : 130 €)
avec Neurosis
+ Electric Wizard
= 201,50 €
150 €
175 € pour l’Europe, hors France)
+ Yob + Wiegedood

OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 1 AN

+ The Body & Full Of
Hell + Vonnis etc.

GOLDEN AGE ROCK

13/07 - Dour, festival

PASS 3 JOURS
23-24-25 aout / Liège (Belgique)
11 N° Rock Hard (valeur : 71,50 €)
+ Pass Golden Age Rock 3 jours (valeur : 130 €)
Toutes ces offres sont valables dans la limite des stocks disponibles

IAN PAICE + = 201,50 €

150 €
LES BINKS’ PRIESTHOOD 175 € pour l’Europe, hors France)

07/06 - Leffrinckoucke, Poudrière

Offert par MUSIVOX
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ALCATRAZ
ELECTRIC PASS 4 JOURS
THE DARKNESS 9-10-11 aout / Courtrai (Belgique)
WIZARD 25/01 - Strasbourg, Laiterie
26/01 - Paris, Cigale
22 N° Rock Hard (valeur : 143 €)
31/05 - Paris, + Pass Alcatraz 4 jours (valeur : 150,50 €)
27/01 - Bordeaux, Krakatoa
HALESTORM Elysée Montmartre

13/11 - Paris, Salle Pleyel Offert par L.A Factory

By Caramba
03/02 - Lyon, Ninkasi Kao

Offert par VERYSHOW

= 293,50 €
205 €
275 € pour l’Europe, hors France)
Offert par BASE

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