BASSISTE

BASSISTE

N°87 www.bassistemagazine.com
bassistemagazine.com

H A N C E L L O R
INTERVIEW EXCLUSIVE

C
JUSTIDNE LA DÉCENNIE ENFIN LÀ !
L’ALBUM
ET AUSSI BASSE STORY

BRYAN BELLER (ARISTOCRATS) MARSHALL SUPER BASS

MARK HOPPUS (BLINK-182) PÉDAGOGIE
3’:HIKOTF=WU[[UW:?a@k@i@r@a";

TYLA CAMPBELL (PHIL CAMPBELL & THE BASTARD SONS) 20 PAGES DE

NOVEMBRE / DECEMBRE 2019 - 6,60€ BEL.: 6,80€
M 04952 - 87 - F: 6,60 E - RD

OLUGBENGA ADELEKAN (METRONOMY) PARTITIONS

STEVE TREGUIER (KADINJA) TESTS

SONNY T. (THE NEW POWER GENERATION) FENDER, LINE 6,

LES MAÎTRES DE LA BASSE

BRUCE THOMAS
SIRE, SOURCE AUDIO,
(ELVIS COSTELLO) DARKGLASS, SANSAMP, PEAVEY
NOUVEAUX JEUX

LA PURETE DU SON, LA PRECISION DU JEU

Deux siècles d’histoire et toujours un jeu d’avance !

Les nouveaux jeux FOCUS pour guitare et guitare basse offrent
une qualité de jeu inattendue, un univers sonore enrichi plus
brillant, claquant et précis, avec une excellente dynamique.
La légende au bout des doigts
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 SOMMAIRE
N° 87

SO
BASSISTE MAGAZINE SUR LE NET :
NOVEMBRE / DECEMBRE 2019 Le site :
www.bassistemagazine.com
La Page Facebook :

C
ÉDITO

’est le dernier numéro de l’année 2019 et pour www.facebook.com/bassistemagazine

passer le cap en beauté, voici un numéro E-mail :
des plus festifs dans lequel on retrouve tout redaction@bassistemagazine.com
d’abord Justin Chancellor, le bassiste de Tool,
groupe qui n’avait pas sorti d’album depuis treize ans.
Cette longue attente est récompensée par la sortie
de Fear Inoculum, un opus de sept longs morceaux BASSE INFOS………………………………………………………………………… 04
qui montre que Tool n’a rien perdu de sa créativité
incomparable avec une basse plus au centre des FAITS DIVERS………………………………………………………………………… 08
débats que jamais. Dans ce même numéro, nous
avons eu le plaisir d’échanger avec l’extraordinaire
Bryan Beller qui revient deux fois sous les feux de
la rampe, en solo avec un superbe double album et
en groupe avec The Aristocrats. Sonny Thompson BASS TALK
a bien connu Prince, un ami d’enfance à qui il a
appris beaucoup de choses en musique. Il perpétue JUSTIN CHANCELLOR (TOOL)………………………………………… 10
actuellement cet héritage avec New Power Generation.
Tyla Campbell a de qui tenir, son père Phil, n’étant BRYAN BELLER (THE ARISTOCATS)………………………………… 16
autre que le guitariste de Mötorhead. Tyla a choisi
la basse et toute la famille (avec ses frères Todd et MARK HOPPUS (BLINK 182)…………………………………………… 20
Dane) se retrouve au sein de Phil Campbell and The
Bastard Sons. Une belle histoire ! Mark Hoppus le
responsable des fréquences graves de Blink 182
TYLA CAMPBELL (PHIL CAMPBELL AND
nous a accordé un entretien lors de sa récente visite
à Paris ainsi que Olugbenga Adelekan le bassiste du THE BASTARD SONS)…………………………………………………………… 24
groupe anglais electro/nu disco Metronomy. Les
Français ne sont pas en reste avec Steve Tréguier OLUGBENGA ADELEKAN (METRONOMY)……………………… 26
de Kadinja, qui nous fait découvrir ses disques de
chevet. Voilà donc de quoi patienter en attendant SONNY T. (THE NEW POWER GENERATION)…………………… 30
Noël et aussi, en cette période de cadeaux, de quoi
affiner la liste de matériel que vous allez établir STEVE TREGUIER (KADINJA)…………………………………………… 36
en vous aidant des bancs d’essai grandeur nature,
de basses, d’amplis et d’effets que vous trouverez
dans ces mêmes pages. Bien sûr, nous avons tout
prévu pour entretenir et améliorer vos compétences
instrumentales, avec un cahier pédagogique bien ET NOS RUBRIQUES
relevé associé aux vidéos de notre chaîne YouTube.
Bonne lecture, bonne musique et joyeuses fêtes LES MAITRES DE LA BASSE : BRUCE THOMAS…………… 34
de fin d’année.
www.bassistemagazine.com. BASS STORY : MARSHALL………………………………………………… 40
La rédaction
BASS BAZAR………………………………………………………………………… 52
Bassiste Magazine se réserve le droit de refuser toute publicité
sans avoir à s’en justifier. La rédaction n’est pas responsable ABONNEMENT……………………………………………………………………… 54
des textes, photographies, dessins publiés, qui engagent la
responsabilité seule de leurs auteurs. Les documents ne sont
pas rendus et leur envoi implique l’accord de leurs auteurs
pour leur libre publication. Les indications de marques, de
prix et les adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles
PARTITIONS……………………………………………………………………… 55
de ce numéro sont données à titre d’information, sans aucun
but publicitaire. Tous droits de reproduction réservés pour
tous pays. – Directeur de la Publication : Dominique Suisse
- Directeur de la Photo, du Marketing et de la Publicité : Alain À L’ESSAI
Versini - Directeur Artistique : Christophe Tessier - Ont collaboré
à ce numéro : Paolo Coccina, Ludovic Egraz, Tony Grieco, SIRE V 10 5 CORDES…………………………………………………………… 42
Sebastien Benoits, Regis Savigny, Romain Crispini, Jack
Debeauregard, Adrien Kah, Didier Saint-Grawal - Transcription FENDER VINTERA………………………………………………………………… 44
musicale : Romain Buisson - Photo couverture: Travis Shinn
- Photos internes : P10 : Travis Shinn, P16: Jon Luini, Manu
Haeussler, Drew Stawin, Arthur Rosato, P20 : Manu Wino,
LINE 6 STOMP……………………………………………………………………… 46
Columbia, P24 : Barzuk, P26 : Daniel Azevedo P30 : DR: Daniel
Azevedo, P36 : Céline Bardon Toutes autres photos: Christophe TECH 21 SANSAMP GEDDY LEE SIGNATURE…………………… 48
Tessier et Alain Versini - Droits Réservés – Bassiste Magazine
est un bimestriel (6 numéros/an) édité par B.G.O. 15, rue PEAVEY MAX 250……………………………………………………………… 49
l’Eglise 75015 PARIS Mail : a.bassiste@free.fr - SARL au capital
de 60.000 euros RCS PARIS : 483761631 © Novembre / DARKGLASS MICROTUBES X ULTRA……………………………… 50
Décembre 2019 - N°87 Commission Paritaire : CPPAP
0221K87537. Imprimerie Mordacq (Air sur la lys). Distribution : SOURCE AUDIO C4…………………………………………………………… 51
Presstalis. Dépôt légal à parution.

STING
MAL-EN-POINT
Lors de sa récente tournée
française, les fans de Sting ont
eu la désagréable suprise de le
voir apparaître sur scène sans sa
basse, le bras dans une écharpe :
« Laissez-moi expliquer ça », s’est-
il adressé à la foule, en dévoilant
son bras gauche immobilisé. «
J’ai eu un accident avec mon
épaule. Malheureusement, je ne
peux pas jouer ce soir… Mais je
peux chanter. The show must
go on ! »
La chanteuse et guitariste Kim
Shattuck, ex-guitariste de The
Muffs et ex-bassiste de The Pixies
est décédée à l’âge de 56 ans.
Elle luttait depuis deux ans contre
la sclérose en plaques. Kim avait
fait un passage dans les Pixies en
2013, après le départ de Kim Deal,
et avant l’arrivée de Paz Lenchantin.
04
VMAN LE BASSISTE DE SLIPKNOT
Rare en interview, Alessandro “VMan” Venturella s’est récemment exprimé
sur la manière dont il a intégré Slipknot. A l’époque, il travaillait en tant que
guitar tech pour Mastodon : « Jim Root (guitariste de Slipknot, ndlr) et moi
étions amis. Un jour il m’a téléphoné pour me demander si je connaissais
des bassistes. Quand j’ai su pourquoi, j’ai levé la main tout de suite. Il m’a
fait remarquer : « Mais tu ne joues pas de basse » et j’ai dit que je pouvais
faire tout ce qu’il voulait. ».
Venturella a rejoint Slipknot suite au
décès de Paul Gray en 2010 d’une
overdose : « Mon rôle était de prendre
la place d’un grand homme et de lui
rendre justice. Mon approche n’est
pas la même que celle de Paul.
Chaque musicien est différent. Cela
dit, après avoir écouté ses lignes,
j’ai honnêtement regardé la basse
sous un autre angle et j’ai compris
comment soutenir le son d’un groupe.
Si vous retirez la basse du mix, tout
tombe à plat, et si vous mettez trop
de basses, ça ne fonctionne pas non
plus. » A qui le dis-tu !
Frédéric Leclercq a quitté DragonForce pour rejoindre
les rangs de Kreator. Le bassiste a donné son premier
concert avec le groupe de thrash metal allemand à
Santiago, au Chili, le 5 octobre dernier. « Fuck yes
! Un premier show incroyable ! C’est ici qu’est ma
place ! » a t-il tweeté juste après.
OYSTERHEAD SE REFORME
Oysterhead, super groupe créé en 2000 par Stewart Copeland (batteur de
The Police), Les Claypool (bassiste de Primus), et Trey Anastasio (guitariste
de Phish), donnera plusieurs concerts en 2020 ! Le trio a d’ores et déjà
annoncé deux dates les 14 et 15 février au 1STBANK Center de Broomfield,
au nord-ouest de Denver. Si vous ne connaissez pas ce groupe déjanté,
on vous conseille vivement de jeter une oreille à l’album The Grand
Pecking Order.
 COFFRET « PINK FLOYD - THE LATER YEARS » LYNYRD
SKYNYRD
Pink Floyd continue de puiser dans son riche catalogue pour nous pondre un

DISPARITION DU
énième coffret qui, il faut le reconnaître, comporte de sérieux atouts. Avec
ses 16 disques (5xCDs, 6xBlu-Rays, 5xDVDs), The Later Years se concentre
sur les titres de l’ère post-Roger Waters (à partir de 1987), soit les albums A PREMIER BASSISTE
Momentary Lapse of Reason (avec Tony Levin à la basse), The Division Bell et Larry Junstrom, premier bassiste du
The Endless River, sans oublier deux albums live : Delicate Sound of Thunder groupe Lynyrd Skynyrd, est décédé
et Pulse, sur lesquels Guy Pratt tient la basse. David Gilmour, le producteur Bob à l’âge de 70 ans. Celui qui se
Ezrin et l’ingénieur du son Andy Jackson figurent aussi dans les crédits en tant que bassistes. faisait appeler « The big man, on
Outre ses multiples remixes en 5.1, reproductions de programmes de tournées, recueil de paroles, livre de photos the big bass » avait formé le groupe
et nombreux goodies, cette anthologie comprend plus de 13 heures de matériel audio et vidéo inédit, dont les en 1964 avec ses camarades de
concerts de Venise en 1989 et celui de Knebworth en 1990. Dans les bacs le 29 novembre. classe Ronnie Van Zant, Gary
Rossington, Allen Collins et Bob

ROBERTO MONTANTI EXPERIENCE

Burns et l’avait quitté en 1971,
Après la sortie de juste avant l’enregistrement de leur
son nouvel album premier album, Pronounced Leh-
Il faut à tout prix visionner le clip « Le Guerrier Pacifique » récemment mis en Arvoles (voir B.M. nerd Skin-nerd. Six ans plus tard,
ligne par le bassiste Roberto Montanti, également compositeur et directeur N°85), Avishai il avait rejoint le groupe de Donnie
artistique du projet. Bâti comme une histoire, se déroulant sur plusieurs Cohen se produira Van Zant (frère cadet de Ronnie
tableaux (préambule / prologue / épilogue), le clip montre la magnifique un peu partout Van Zant), baptisé 38 Special. Larry
chanteuse Cinzia Bertoletti soutenue par les seules basses de Montanti, qui en France à Junstrom a joué sur douze albums
montre là une exceptionnelle expressivité, passant sans effort d’un jeu aux commencer par studio de 38 Special, depuis ses
doigts au slap, au tapping, au jeu en accords sans oublier les passages à la Châteauvallon le 5 novembre 2019, débuts en 1977 jusqu’à Drivetrain
fretless. Pour varier les timbres et donc les climats, Roberto a utilisé toutes Saint-Michel-sur-Orge le 6, Villejuif en 2004, avant qu’une blessure
sortes d’instruments : Fender Jazz Bass 67, Fender Jazz Bass fretless, Sire le 14, Villenave d’Ornon Le Cube à la main ne l’oblige à stopper sa
Marcus Miller, Sicilia Bass, Guild Pilot Picolo avec micros EMG ainsi que la (Bordeaux) le 16 et à La Cigale de carrière en 2014.
pédale TC Electronic Hall Of Fame 2. Fruit d’un long travail acharné, le clip Paris le 17. R.I.P.
est bluffant et ouvre des perspectives qui semblent infinies pour la basse
dans un contexte chanson. Lien de la vidéo : https://youtu.be/h3hrizWjx-o

RAGE TOUR
AU ZENITH
Suite au succès des tournées des
trois groupes depuis plusieurs
années, Ultra Vomit (basse Matthieu
« Le fardadet » Bausson), No One Is
Innocent (Bertrand Dessoliers) et
Tagada Jones (Waner) ont décidé
de s’associer pour un événement
unique au Zénith de Paris le
2 Novembre prochain ! Un excellent
plateau 100% Français qui parvient
à faire complet dans l’enceinte du
Zénith de Paris !

05
 GABY VEGH
THE ROCK NIGHTS & ELEFANT TALK
La soirée The Rock Nights, consacrée aux tribute bands se tiendra le 22
novembre à La Cigale de Paris. Entre le tribute Rolling Stones et le tribute
AC/DC, il y aura celui consacré à Led Zeppelin dans lequel officie Gaby
Vegh avec ses basses Laurent Huchard (voir B.M. N°85). D’autre part, le
bassiste de Gnô nous apprend que le premier morceau « Pachydermik »
du projet Elefant Talk (un duo explosif avec Vegh à la basse huit cordes et
au chant et le batteur Sébastien Necca) vient de sortir. Le son de la basse
est gigantesque ! On peut le visionner ici : https://youtu.be/r5EaIvc0nxc

La Gare aux Musiques organise

un masterclass basse avec
David Jacob (Trust), le samedi
9 novembre à Louviers (27) en
Normandie (à une heure de Paris).
Réservation obligatoire au
02 32 25 78 00

FENDER PHIL LYNOTT PRECISION

Le constructeur américian rend hommage à l’immense bassiste chanteur avec ce modèle réalisé
par le Custom Shop à seulement cent unités pour le monde entier. La Fender Phil Lynott Precision marque le
cinquantième anniversaire de la formation de Thin Lizzy, le groupe que Lynott (qui aurait eu 70 ans cette année)
a conduit durant de nombreuses années avec entre autres sa Fender Precision, commettant les inoubliables « The Boys Are Back
In Town », « Jailbreak » ou « Whiskey in The Jar ». Sur le corps généralement noir de ses basses, Lynott posait des plaques polies
qui réfléchissaient la lumière des projecteurs et qu’il pouvait diriger vers des personnes du public qu’il jugeait intéressantes, le plus
souvent des filles…
Le maître luthier John Cruz a voulu respecter cette tradition que la Fender Phil Lynott Precision réplique à l’identique. Dans le même
esprit on retrouve dans le flight case Anvil fourni avec l’instrument et marqué du logo Thin Lizzy, les accessoires souvent associés
au bassiste, à savoir des lunettes d’aviateur, une sangle cloutée et une bande de poignet.
Pour le reste, Cruz a procédé comme il se doit, à savoir sélectionner deux pièces de frêne pour constituer le corps, recouvrir ce
dernier de laque et y ajouter cette fameuse plaque réfléchissante. Le manche en érable est surmonté d’une touche palissandre
vingt cases délimitées par vingt frettes jumbo. Pour le
reste, on note un chevalet massif Badass II, des grosses
mécaniques vintage type années 1970, un
sillet en os et un repose pouce en biais
au-dessus de la corde grave. Le micro unique
un est double bobinage splitté P78 bobiné à
la main par le Custom Shop.
L’instrument qui porte la griffe John Cruz
derrière la tête est livré avec un certificat
d’authenticité. Seul point noir dans ce
tableau idylique : le prix de cet objet rare
avoisine les 13 500 euros ! Aïe !!!

06 www.bassistemagazine.com
Faits divers
EN BOUCLE À LA RÉDAC’
Blink-182
Nine
Basse : Mark Hoppus
L’APPLICATION
MOBILE DE Tool
BASSISTE
Fear Inoculum
Basse : Justine Chancellor
MAGAZINE
pour votre mag au
format numérique !
CITATIONS CULTES
« Ma première basse
était une Rickenbacker.
J’attaquais la corde de
MI tellement fort qu’elle
sortait du sillet. J’étais
obligé de la bloquer avec
un lacet. Ensuite, j’ai eu
cette Fender Precision,
mais elle a été pas mal
bricolée au fil du temps ;
le manche a été changé,
l’électronique modifiée, à
tel point que lorsque je suis
reparti sur la route en 1999,
je suis allé voir Fender qui
m’en a fait deux copies par
sécurité, mais qui m’a fait
gentiment remarquer après
l’avoir examinée, que ce
n’était plus vraiment une
Precision. »
Roger Waters
08 www.bassistemagazine.com
CE MOIS-CI
Russian Circles Korn
Blood Year The Nothing
Basse : Brian Cook Basse : Reginald “Fieldy” Arvizu
Avishai Cohen Kadinja
Arvoles DNA
Contrebasse : Avishai Cohen Basse : Steve Tréguier
« Ne nous confonds pas avec « Parfois, je me sens un peu
les guitaristes. Chez eux on peut frustré de ne jouer que des
trouver ce genre de batailles croches. Mais en fin de compte,
sanglantes. Mettez Yngwie on voit bien que c’est ce qui
Malmsteen, Joe Satriani et fonctionne. Ces années de
Steve Vai ensemble sur scène jeu avec Larry m’ont fait
et vous déclenchez une guerre comprendre sa conception
d’égo. Les bassistes sont bien du rythme. Nos deux approches
au-delà des considérations de se sont mélangées pour n’en
concurrence et autres jeux former plus qu’une. Quand le
d’adolescents. » signal de son pied de grosse
Stanley Clarke caisse et celui de ma basse
coïncident parfaitement, c’est
une sensation unique ! »
Adam Clayton (U2)
« Une bonne technique permet de s’en sortir dans de nombreuses
situations musicales. Il fut un temps, j’étais contre l’éducation
musicale, mais quand j’ai commencé à me frotter au jazz, j’ai
compris qu’il était indispensable de connaître le manche et les
différents modes. La musique c’est un langage, et il faut en connaître
la grammaire. »
Eva Gardner (Pink, Moby, The Mars Volta)
 WHO
ARE YOU ?
QUI ?
Je m’appelle Vince et je joue avec MANU, (ex-chanteuse
de Dolly). A la maison, il y avait toujours de la musique,
beaucoup de soul, du jazz, etc. J’ai pris des cours
de piano puis de guitare pendant quelques années.
À 15 ans, mon voisin batteur me propose de jouer
avec lui des morceaux de Motörhead. Deux jours
après, j’arrive avec une imitation de Precision et
c’est parti pour « Killed by Death ». Pas évident de
comprendre le jeu de Lemmy... J’ai appris à jouer
de la basse en jouant par-dessus deux albums :
Crache ton venin de Téléphone et Back in Black
d’AC/DC. À partir de là, j’ai joué dans un nombre
incalculable de formations (rock, punk, funk…)
Mes bassistes préférés : John Entwistle, Geezer
VINCENT DUDIGNAC
Butler, James Jamerson, Robbie Shakespeare, et
Paul Simonon pour le son, la musicalité, la créativité,
l’attitude. Plus largement : John Barry, Tom Waits,
Björk, Trent Reznor et Mike Patton sont des artistes
toujours en bonne place sur ma table de chevet.
QUOI ?
Mes expériences m’ont amené à privilégier l’esprit de
groupe, l’échange et l’alchimie entre les musiciens,
plutôt que la technique pure et la démonstration.
Je reste toujours très attentif à deux choses : la
symbiose avec la batterie, et l’attaque de la corde,
que cela soit aux doigts ou au médiator, qui va
donner la couleur globale du son. Je joue de la basse
en visant le groove, le corps et le cœur plus que
l’intellect. Il y a deux ans, mon pote Nirox, batteur
de MANU, me propose de rejoindre le groupe pour
commencer à travailler sur le prochain album, entre
pop et psyché, vintage et moderne... Une super
expérience d’échanges et de plaisir, qui nous a permis
de nous rencontrer musicalement et humainement.
En parallèle, je vais finir quelques titres enregistrés
à la maison, dans un esprit low-fi acoustique, et les
regrouper dans ce qui pourrait devenir un album solo.
J’avance aussi sur plusieurs collaborations : chanson
française, musique de film et des choses très
expérimentales.
QUAND ?
L’album de MANU, L’horizon, est sorti le 13 septembre
dernier. J’en suis très fier car j’ai pu arranger et
composer pas mal de choses. J’ai aussi enregistré
plusieurs instruments différents (clavier, guitare,
percus, thérémine, batterie...). Nous avons donné
deux concerts en octobre pour présenter l’album :
un à la Maroquinerie à Paris, et l’autre au Stereolux
à Nantes, ville d’origine de Manu et de son ancien
groupe Dolly. Deux dates géniales à tout point de
vue. On repart sur la route dès février, notamment
en plateau commun avec Cachemire et Toybloïd.
Puis il y aura les dates de l’été, les festivals...
QUEL MATOS ?
Après avoir tâtonné quelques années, je me suis
rapproché du couple sacré Fender/Ampeg. Pour le
live je joue une Fender Precision Special de 1980,
l’un des premiers modèles de basses actives. Elle a
un très gros son. Le grave est énorme, ce qui en fait
un instrument très polyvalent, jouable au médiator
comme aux doigts, parfait pour tous les styles, du
dub à la new-wave. J’ai aussi une Jazz Bass pour
enregistrer, et une basse acoustique pour le jardin.
Côté ampli, j’ai une tête Ampeg SVT 2 qui sort
dans un cabinet Ampeg 4x10’’ : un grain génial,
c’est d’un confort absolu. Niveau effets, j’ai juste
une Big Muff, et un écho/delay pour mettre un
peu de bazar à certains moments : Less is more !
OÙ ?
Facebook @vincent.dudignac
Web manu-friends.com
09
BASS TALK

JUSTIN
CHANCELLOR
RETOUR EN
GRÂCE
Par Adrien Kah

L
e dernier album de Tool 10 000 Days remonte
à l’année 2006... C’était jusqu’à, il y a peu de
temps, le dernier opus enregistré en studio
par le combo californien. Il faut admettre
que la disponibilité de Maynard James Keenan a
beaucoup joué sur les avancements du groupe, tant
celui-ci est accaparé par divers projets musicaux
d’envergure internationale (A Perfect Circle, Puscifer).
Cela n’a pas pour autant entamé le moral des troupes
qui ont continué à travailler dans l’ombre pour nous
pondre treize années plus tard, l’album que les fans
n’espéraient plus : Fear Inoculum. Tool fait comme
à son habitude dans la démesure artistique : les
morceaux se veulent longs, les plages instrumentales
très intenses et les métriques barrées sont toujours
présentes, au service d’un rock progressif qui alterne
entre ambiances aériennes et déflagrations sonores !
À la basse Justin Chancellor, véritable sculpteur de
graves, tire une nouvelle fois son épingle du jeu
avec des parties de basse très riches et variées.
Ce coloriste sait indubitablement façonner le son
avec nombre de nuances tout en conservant du
mordant quand les circonstances l’exigent. Son LE CÔTÉ TRIO DU GROUPE ME LAISSE BEAUCOUP DE
coup de médiator et sa science du riff font partie PLACE POUR EXPÉRIMENTER DES CHOSES ET APPORTER
DE LA COULEUR À NOTRE MUSIQUE ”
intégrante de l’ADN de Tool.

Hello Justin, Tool sort enfin un nouvel

album après treize années d’attente !
N’aviez-vous pas peur que les fans aient
déserté ?
Il y a toujours un risque il est vrai, mais même si
aucun album n’est sorti depuis un moment nous
essayions de maintenir le lien avec la fan base
via les concerts. Chaque année nous faisons
toujours une série de dates aux Etats-Unis même
s’il n’y a pas d’album à défendre. Nous avons été
peu présents en Europe ces derniers temps, donc
je peux comprendre qu’il y ait cette impression
que le groupe est en pause... Mais chez nous,
Tool se produit sur bon nombre de festivals
chaque année, et évidemment nous rassurions
les fans sur le fait que nous travaillions sur ce
nouvel album. Le groupe ne s’est pas réellement
inquiété de ce « gap » de 13 ans. Nous étions
très concentrés sur ce que l’on voulait à savoir
proposer quelque chose de pertinent sur le plan
musical et pour parvenir à cela il faut s’affranchir
de toute la pression extérieure autour de toi !
Malgré tout, cela ne représentait-il pas
aussi un danger pour la cohésion du
groupe ?
Tu ne peux pas forcer quelque chose d’aussi
abstrait que l’inspiration. Jusqu’à présent tout
nous a souri tout au long de notre carrière. Dès
le début nous savions que le secret de notre
longévité serait de ne pas se plier aux attentes
des gens mais de rester fidèle à nous-mêmes.
Évidemment par moments l’idée que le groupe
puisse s’effondrer ou que l’album sorte dans
l’indifférence totale, t’effleure l’esprit... mais j’ai
essayé de ne pas trop y penser. Et puis nous avons
aussi eu des retours de gens qui comprenaient
cette envie de prendre notre temps et cela nous a
confortés dans notre position.
Ce qui est étonnant c’est qu’avec la
sortie de ce nouvel album, Tool a rejoint
bon nombre de plateformes d’écoute en
streaming, chose qui n’était pas le cas
auparavant.
Tout d’abord je trouve que notre musique sonne
mieux sur un support analogique que numérique.
Pendant longtemps, nous avons trouvé
frustrant de travailler des heures en studio, à se
concentrer sur chaque détail dans le mixage,
le mastering, pour au final sortir un album qui
est illico compressé en mp3 dont on sait que la
qualité audio est discutable : c’est un peu comme
balancer au caniveau un vin arrivé à maturité
(rires) ! Nous sommes donc longtemps restés en
dehors de ce mode de diffusion. D’autre part,
les morceaux de Tool sont des pièces parfois
complexes qui s’écoutent dans la globalité d’un
album, et non de manière isolée ou au milieu
d’une playlist avec d’autres artistes. On sait que
la musique se consomme beaucoup de cette
manière aujourd’hui... Mais la raison principale
reste la qualité sonore sur le streaming... Puis on
a tout de même concédé que nous n’avions pas
le choix. Nous avons prouvé que nous pouvions
toujours vendre des disques et beaucoup de
copies physiques de Fear Inoculum se sont
écoulées à sa sortie. Après, il faut se rendre
à l’évidence que la nouvelle génération est
sur Itunes, Spotify et consorts... Si tu veux les
toucher il faut aller les chercher.
Comment s’est déroulé l’écriture de Fear
Inoculum ?
Cet album s’est écrit un peu comme les
précédents : chacun a apporté des idées,
des riffs, des mélodies. L’idée reste de ne pas
arriver avec une composition trop développée
de manière à ce que chacun puisse se greffer
dessus. Pour Adam (Jones – guitare) et moi ce
seront des riffs, pour Danny (Carey – batterie) ce
seront des idées rythmiques et comme il pianote
également, il peut proposer des mélodies aux
claviers. Nous entretenons ensemble une relation
de travail très démocratique et très créative. Ce
n’est jamais arrivé que l’un d’entre nous propose
un morceau terminé pour dire « je t’ai composé
ta partie, joue ceci ou cela », Tool ne fonctionne
pas de cette manière. Je peux me pointer avec
juste un riff, les gars l’écoutent et tout de suite ils
proposent quelque chose derrière, une chose à
laquelle je n’aurais pas pensé, et c’est ainsi que la

11

magie opère. L’idée est vraiment de partager des
idées tous les quatre et essayer d’élever tout ça à
un autre niveau.
Et toute cette tambouille créative s’est-elle
passée en studio devant un ordinateur ou
dans une salle de répétition ?
Tool est un groupe qui joue. Cela peut paraître
difficile à croire mais ces dernières années nous
avons passé quatre jours par semaine à répéter
dans notre local à Hollywood. Cela pouvait durer
quatre à cinq heures par session. Nous avons
jammé, expérimenté jusqu’à être satisfaits. Je
dirais que 95% de la musique de Fear Inoculum
était déjà composée et arrangée au moment
où nous avons franchi la porte du studio. Figer
tout cela sur un disque n’est que la cerise sur le
gâteau !
L’écriture de ce disque s’est-elle réellement
étalée sur ces treize dernières années ?
Eh bien, pour être tout à fait honnête, c’est
difficile à dire car composer au sein de Tool se
fait d’une manière collégiale. Et vu que tout le
monde compose au sein du groupe, donc je
ne pourrais pas répondre au nom des autres
membres si certaines de leurs idées datent
d’aussi longtemps (rires) !
Il doit bien y avoir un morceau plus vieux
que les autres quand même !
(Justin marque un temps de réflexion et ricane
dans sa barbe) Je dirais que « Descending » est
le titre le plus vieux. Nous jouions déjà quelques
parties de ce titre sur certains concerts, l’intro
12
JE SUIS UN PEU DE LA VEILLE ÉCOLE ET
LA DÉMATÉRIALISATION DU MATOS NE
ME PARLE PAS BEAUCOUP ”
notamment. Mais nous ne savions pas encore
où nous allions avec ce titre. Je dirais que la
première partie du morceau remonte à des
lustres alors que la dernière partie est quelque
chose de plus récent. C’est un titre complexe où
l’on peut ressentir toute l’intensité d’un périple
avec les difficultés que cela implique.
En parlant de ce titre, le final instrumental
y est très intense avec une basse
omniprésente, malgré le solo de guitare !
Oui j’aime beaucoup ce titre ! Il a d’ailleurs été
enregistré avec deux basses différentes. Sur la
première partie du titre je cherchais vraiment
à sublimer chaque passage, je voulais que le
son de la basse soit parfait ! J’ai passé en revue
toutes mes basses et j’ai opté pour une nouvelle
Music Man Stingray, un cadeau de la firme
Ernie Ball. Pour la petite histoire, j’ai participé
à la création de la nouvelle série Music Man
Stingray Special, en donnant mon avis sur les
caractéristiques à améliorer sur le nouveau
modèle, etc. Bref, la Music Man a vraiment
un grain intéressant qui collait idéalement au
début du morceau. Pour la partie instrumentale
que l’on entend à la fin du morceau j’ai repris
ma basse Wal combinée à une pédale de Fuzz
vintage : la Colorsound. La Wal reste un élément
indissociable de ma signature sonore au sein de
**MATOS **
Basses : Wal 4 cordes, Music Man
Stingray, Fender Precision 1963,
Hamer 12 cordes
Cordes : Ernie Ball
Amplification : tête Gallien-Krueger
2001 RB + Baffles Mesa Boogie 4x12’’
et 8x10’’, boîtier de Direct Demeter DI,
boîtier de Direct Radial JD7
Effets : Fuzz Colorsound, SansAmp
2, Boss Delay DD-3, Boss CE-2 Bass
Chorus, Boss BF-2 Flanger, Digitech
Whammy, Guyatone BR-2 Auto Wah,
Foxx Wah
Tool. C’est d’ailleurs la basse que l’on entend sur
pratiquement tout l’album.
As-tu essayé d’autres basses durant
l’enregistrement ?
La Wal a fait le job pour la plupart des titres. J’ai
essayé d’apporter un peu de variété à mon son
mais à chaque fois que j’essayais autre chose
je revenais à la Wal (rires) ! Néanmoins sur le
titre « Culling Voices » j’ai enregistré avec une
vieille Fender Precision de 1963 dotée d’une
finition Lake Placid Blue du plus bel effet visuel.
C’est une de mes basses préférées parmi toutes
celles que j’ai dans mon arsenal. Je m’en sers
beaucoup sur d’autres projets, quand j’enregistre
des basses pour d’autres personnes. Tu n’as
pas besoin d’artifice quand tu branches une
basse comme celle-ci, elle a un grain naturel qui
fonctionne dans beaucoup de contextes !
Le Delay est également omniprésent sur
beaucoup de parties de basse : certaines
jouées en accords, sur des riffs avec des
cordes à vide. Quels effets as-tu utilisés ?
Il y a beaucoup de parties planantes sur ce
disque et j’ai peut-être un peu trop abusé du
Delay (rires) ! Mais pour moi c’est un effet qui
apporte énormément au son d’un groupe,
surtout lorsque les instrumentistes ne sont
13
que trois, comme c’est le cas chez nous. Le
Delay me permet d’apporter de la nuance aux
morceaux, dès que je l’enclenche l’ambiance
change complètement, ce qui est pratique pour
alterner entre des passages planants et des
moments plus rugueux. J’ai utilisé la Boss DD-3
que je possède depuis très longtemps et j’ai
également utilisé une pédale de Delay de chez
Providence, la Chrono Delay. Cette pédale est
intéressante car elle est dotée d’un petit écran
qui permet de la paramétrer avec beaucoup de
précision. Adam en possède une également
si on veut jouer des parties qui se complètent
et être super « tight » c’est possible ! Je m’en
suis notamment servi sur le titre « Pneuma »
et lorsque Danny a enregistré la batterie sur
ce titre il a souhaité le faire sans métronome. Il
voulait que le morceau soit le plus naturel et le
plus vivant possible, avec cette possibilité d’être
par moments, au fond du temps ou de presser
un peu le tempo. Évidemment quand tu arrives
derrière et que tu dois enregistrer tes parties de
basse cela relève un peu du challenge ! Nous
avons fait un mapping de tout le morceau, avec
les changements de dynamique et de tempo et
à l’aide de cette pédale j’ai pu ajuster le Delay
sur chaque nuance du jeu de Danny. C’est une
expérience intéressante car nous avons pu
capturer le feeling de la batterie et la basse a pu
se superposer à tout cela.
As-tu utilisé d’autres effets ?
La côté trio du groupe me laisse beaucoup de
place pour expérimenter des choses et apporter
de la couleur à notre musique. S’il y avait un
deuxième guitariste je pense que j’en ferais un
peu moins... J’ai un pedalboard conséquent, que
je compare souvent à un clavier tellement il y a
de possibilités. J’ai utilisé un Flanger, un Chorus,
et le Delay de chez Boss pour les textures.
J’ai également une Digitech Whammy qui me
permet de presque d’imiter le son d’une guitare
ou d’ajouter des harmonies... Une SansAmp 2
pour la distorsion, une Guyatone Auto Wah qui
fonctionne comme un envelope filter... Sans
compter celles que j’ai pu dénicher en studio :
Joe Barresi (producteur) dispose d’une énorme
collection de pédales. Durant l’enregistrement si
telle partie exigeait par exemple un effet Chorus,
nous passions en revue toutes les pédales de
Chorus que nous avions à portée de main afin de
déterminer quel grain pouvait réellement mettre
TU NE PEUX PAS FORCER
QUELQUE CHOSE D’AUSSI
ABSTRAIT QUE L’INSPIRATION ”
14
en valeur telle ou telle ligne de basse. Nous Quels sont alors tes amplis de
avons pas mal « geeké » sur le matos pour ne rien prédilection ?
laisser au hasard (rires) ! Je joue sur deux amplis : une combinaison
de têtes Gallien-Krueger et de baffles Mesa
Aujourd’hui de plus en plus de guitaristes Boogie. Les têtes sont des Gallien-Krueger 2001
mais aussi de bassistes se passent RB connectées dans deux baffles de tailles
d’amplis, que ce soit en studio ou en live. différentes. Je splitte mon signal pour aller
L’arrivée massive des simulations d’ampli dans un baffle 4x12’’ qui me sert à restituer les
et autres systèmes de profilage plus légers sons « crades » et saturés et l’autre partie plus
et très versatiles séduisent beaucoup « clean » de mon signal de basse est restitué
de musiciens. Quel est ton avis sur la par un baffle 8x10’’. Ce dernier me permet de
question ? conserver du bas dans le son.
Pour moi avoir un ampli c’est important. Je
trouve que l’on peut développer énormément Nous devons déjà nous quitter Justin. La
d’interaction entre la basse et l’amplificateur. dernière venue de Tool en France remonte
Sur scène la consistance du son n’est pas la à la dernière édition du Hellfest cet été.
même si tu te branches en direct via un boîtier Quand peut-on espérer vous revoir parmi
ou n’importe quelle autre interface. Je me sers nous ?
évidemment d’une DI pour avoir de la clarté dans Nous étions en effet programmés en clôture de
le son, mais je continue d’utiliser un ampli sur ce festival vers une heure du matin. Cet horaire
scène. J’en ai même deux ! Je suis un peu de n’était pas vraiment évident car le public, qui
la vieille école et la dématérialisation du matos venait de se taper les trois jours du festival,
ne me parle pas beaucoup. J’ai essayé pour la commençait à fatiguer... La partie était loin d’être
toute première fois un sytème sans fil pour ma gagnée mais c’était merveilleux, les gens sont
basse la semaine dernière (rires) ! Il m’a fallu restés jusqu’au bout et je garde de cette soirée
des années pour franchir le cap car j’ai toujours un souvenir chaleureux tant au niveau du public
trouvé que la restitution du signal n’était pas la que du climat ! Il n’y a pas de dates programmées
même par rapport à un jack. Je sais que cela en Europe pour le moment, mais j’espère que
peut être frustrant de jouer, de bouger sur scène nous aurons quand même la chance de revenir
et de se prendre les pieds dans les câbles, et jouer chez vous en 2020.•
honnêtement avec ces nouveaux
systèmes je ne pourrais pas te
dire quelle est la différence avec
un bon vieux jack... Mais je reste
intimement convaincu que le
signal est mieux restitué via un
câble. Je vois beaucoup de jeunes
musiciens qui jouent tous en
« sans fil » et je pense que nous,
les vétérans, devons rester les
maîtres du son : il faut continuer
à leur faire croire que c’est super
de jouer en HF (Haute Fréquence
– ndlr). S’ils savaient à quel point
la basse sonne tellement mieux
dans un ampli avec un jack ça leur
retournerait le cerveau (rires) !!
C’est pour ça que je continue de
jouer sur un ampli et branché
via un jack, même si parfois j’ai
l’impression de partir seul en
croisade !
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BASS TALK

BRYAN
BELLER
UN ARISTOCRATE DE
LA BASSE EN SOLO

** MATOS **
Basses : Mike Lull 5 cordes BBMF5, Mike Lull Custom Modern 5, Mike Lull Custom P/J 5, Mike Lull Custom T-Bass, Spector NS-5XL 5-string, Spector Alex
Webster Signature Euro 5LX(AW), Spector Forte 5 (Wide), Fender Precision, Ibanez SRX505 modifiée avec électronique Carey Nordstrand Music Man.
Ampli : système Gallien-Krueger avec une tête Fusion 550, ampli 2001RB et enceintes RBH410 et Neo 4x12’’
Effets : Electro-Harmonix MicroSynth, pédale de volume Boss FV-50, Boss Octaver OC-2, CE-2B Bass Chorus, DD-3 Digital Delay, Xotic Effects Bass BB
Preamp, EP Booster, Digitech X-Series Bass Driver, Darkglass Vintage Microtubes, Dunlop Crybaby Bass Wah, Aphex Bass Exciter, Retro-Sonic Stereo
Chorus…
Sur toutes ses basses, Bryan Beller monte des cordes D’Addario Prism Pro Steel.
Double actualité pour le bouillonnant bassiste
Bryan Beller qui frappe très fort en cette année
2019 avec l’aboutissement de deux gros projets :
d’un côté You Know What...?, le nouvel et
quatrième album du trio The Aristocrats tout
juste arrivé dans les bacs, assorti d’une méga
tournée aux U.S.A et en Europe, et de l’autre, un
projet encore plus personnel qui se concrétise
enfin après une longue attente : la sortie de
Scenes From The Flood, un double album concept
de musique progressive moderne de 88 minutes
avec 18 morceaux tous composés (à l’exception
d’un seul titre), arrangés et exécutés par Bryan
Beller avec une pléiade d’invités prestigieux
à la guitare, à la batterie ou aux claviers et,
bien entendu, une basse aux premières loges.
Il nous fallait à tout prix en savoir plus et nous
sommes donc allés interroger le passionné
et passionnant bassiste en pleine tournée
américaine sur cette nouvelle brillante page
dans un parcours déjà remarquable.
Par Paolo Coccina
Salut Bryan, on va commencer par ton nouvel
album solo Scenes From The Flood. Comment
as-tu composé toute cette musique ? Je
rappelle que c’est un double album qui se
présente aussi sur quatre faces en édition
vinyle (voir Bassiste Magazine N°86).
Tout cela est apparu dans ma tête : c’est
la meilleure façon dont je peux décrire le
phénomène. Dès 2013, j’ai commencé à
entendre les mélodies qui sont devenues ensuite
« Volunteer State » et « The Storm ». Ensuite tout
m’est venu plus rapidement. Je me suis mis à
chanter des mélodies dans l’application Voice
Memo de mon iPhone. Vers 2015, j’ai su que
ce ne serait pas un simple album mais plutôt un
double et vers 2016, j’avais pratiquement toute
la musique dans ma tête avant même d’avoir
maquetté un simple titre. C’était dingue, je
pouvais me chanter tout l’album dans ma tête !
J’avais d’ailleurs pris l’habitude de plaisanter et
de dire que si je pouvais ouvrir ma bouche et
que le son d’un disque en sorte, tout aurait été
beaucoup plus facile (rires) ! Evidemment, ça ne
marche pas comme ça et j’ai donc passé neuf
mois en 2017 à maquetter 18 chansons. Ensuite,
j’ai enregistré et mixé jusqu’à la sortie officielle
en cet été 2019.
Il y a beaucoup d’invités dans tous les
compartiments de jeu sur Scenes From The
« JE NE PENSE PAS EN TANT QUE MUSICIEN MAIS
PLUTÔT EN TANT QUE COMPOSITEUR TENTANT DE FAIRE
CE QU’IL FAUT POUR LA CHANSON.»
Flood. Quand tu composais un titre avais-tu
une idée de qui allait venir jouer sur tel tel ou
tel titre ? Je pense entre autres à « Volunteer
State » qui semble le choix parfait pour Joe
Satriani.
Assez bizaremment, je ne savais pas que j’allais
demander à Joe Satriani de venir jouer sur
« Volunteer State » jusqu’à ce que la maquette
du titre soit finalisée. J’étais plutôt soucieux de
combiner mélodie et contre-mélodie. Mais une
fois que j’ai entendu le résultat final, j’ai réalisé
que j’avais écrit un titre avec une ambiance
très Satriani-esque, même s’il était dans ma
démarche personnelle, beaucoup plus arrangé
que ce que fait habituellement Joe.
Pour les autres morceaux, c’était variable. Je
savais que c’était Gene Hoglan qui devait jouer
de la batterie sur « The Storm » et « Steiner In
Ellipses » et Joe Travers sur « As Advertised »,
« Volunteer State » et quelques autres. Mais il y
avait d’autres chansons où je savais que j’avais
besoin d’un grand violoniste et d’un joueur de sitar
sans avoir aucune idée de qui cela pouvait être.
Pourquoi un double album ?
Parce que c’est le projet qui m’y a conduit. Je
sais que cela n’a aucun sens commercialement
parlant, surtout de nos jours. J’aurais sans doute
pu avoir plus de ventes si je l’avais scindé en
deux enregistrements distincts « Part 1 » et « Part
2 », mais cela aurait été malhonnête vis-à-vis de
la musique. C’est un seul projet global ; oui, c’est
long mais les doubles albums existent pour une
raison, et valide selon moi. Il suffit de considérer
des chefs-d’œuvre comme The Wall de Pink
Floyd ou Tales From Topographic Oceans de
Yes : il faut avoir quelque chose à dire et disposer
de suffisamment d’espace pour l’exprimer
pendant cette longue durée selon une certaine
chronologie. J’espère y avoir réussi.
C’était important pour toi d’avoir une édition
vinyle ?
Oui, très important, parce que le projet est conçu
pour les quatre faces d’un double album vinyle.
Même sur le livret du CD, c’est divisé en quatre
parties, en fait quatre chapitres qui constituent
le récit complet. J’avais besoin de créer une
manifestation physique de cela, pour que mon
album existe dans le même format que celui des
doubles albums préférés de mon enfance.
Tu as aussi particulièrement soigné l’aspect
graphique ?
Encore une fois, c’était très important pour moi.
Je crois que les meilleurs albums provoquent
tout un monde d’émotions multi-sensorielles et
le graphisme en est une composante essentielle ;
c’est elle qui m’a souvent incité à entrer dans
certains univers. Pink Floyd en est un bel exemple :
que ce soit avec l’iconique pochette de Dark Side
Of The Moon, l’homme qui brûle de Wish You
Were Here, le côté industriel sinistre de Animals
ou encore avec l’animation d’horreur de The Wall,
tu le ressens à chaque fois que tu entres dans
un monde à part. Je me suis efforcé de créer un
17
BASS TALK
environnement spécial en dédiant une œuvre
artistique à chaque morceau en rapport avec
l’histoire et susceptible de toucher l’auditeur. Il y a
donc les pochettes recto et verso de l’album ainsi
que 18 œuvres artistiques dans le livret.
Vingt-six musiciens participent à l’album.
Pourquoi une telle profusion ?
Je voulais vraiment changer les timbres, les
styles et les vibrations pour conserver une
fraîcheur et une excitation durant les 88 minutes
de l’œuvre. C’est un long parcours et avec quatre
ou cinq musiciens, cela aurait été difficile de
garder la fraîcheur en permanence. Mais il y
aussi une autre raison qui est qu’il y a tellement
de musiciens avec qui je voulais travailler depuis
mon précédent album solo qui remonte tout
de même à 2007. Beaucoup de choses se sont
produites depuis et je ressentais le besoin de
voies différentes pour exprimer la profondeur
et l’étendue de ce large panorama. Par chance,
je connais quelques personnes extrêmement
talentueuses qui m’ont aidé à mener tout cela à
bien et je leurs en suis très reconnaissant.
Avec autant de participants impliqués,
comment avez-vous enregistré ?
Pour les batteries, nous sommes allés
dans plusieurs très bons studios comme
United (anciennement Ocean Way)
et NRG à Los Angeles, et The Crypt
à Londres. J’étais présent à chaque
session de batterie. Pour les guitares
ça s’est fait un peu partout, certains
en personne comme Mike Keneally,
Jamie Kime, Rick Musallam et d’autres à
distance. A un certain moment ma boîte
de réception était devenue surréaliste
avec des pistes de John Petrucci, Joe
Satriani ou Guthrie Govan allant et
venant, sans parler d’un joueur de sitar
indien Rishabh Seen ou de guitaristes
australiens comme Mike Dawes, Jake
Howsam Lowe ou Darran Charles.
J’ai enregistré avec Janet Feder en
personne à Denver et là j’étais aux
claviers ; nous tentions de capturer un
passage très délicat et intimiste sur la
chanson « The Flood ».
Presque toutes les pistes de claviers et
de basse sont issues des maquettes
originales. Nous avons aussi gardé une
bonne part des guitares rythmiques que
j’avais jouées, une bonne surprise pour
moi, mais l’intention était là et le son avait
un charme unique. L’intention fait tout
parfois. Même les solos que j’ai joués
sur « Bunkistan » et « As Advertised »
ont été conservés. Ca a probablement
18
« LE PROJET EST CONÇU POUR LES QUATRE FACES
D’UN DOUBLE ALBUM VINYLE. »
été rendu plus facile du fait que je ne pensais pas
une seconde que j’étais en train d’enregistrer pour
de bon ! Je ne suis pas vraiment guitariste alors il
me faut du temps pour maîtriser l’instrument. Je
me sens plus à l’aise avec les claviers et la basse,
mais même là, lorsque j’enregistre, je ne pense
pas en tant que musicien mais plutôt en tant que
compositeur tentant de faire ce qu’il faut pour la
chanson. Les vocaux ont été éprouvants ; j’ai fait
les mots parlés de « Everything And Nothing »
tard dans la soirée alors que « Army of The Black
Rectangles » a été finalisé à la maison. A chaque
fois, je n’ai pas fait plus de deux prises pour garder
un côté brut. Le vrai challenge ça a été « Angles &
Exits » ; je n’avais jamais essayé quelque chose de
semblable auparavant : chanter une vraie ballade !
Je me suis donné deux jours complets en studio
pour ne faire que cela. En fin de compte, ce fut à la
fois éprouvant et gratifiant.
Quelles basses as-tu utilisées ?
C’était juste après le vol (je rappelle que je me
suis fait voler une bonne partie de mes basses
à la fin de l’année 2016). Pour les démos, j’ai
donc utilisé ce que j’avais à cette époque et
qui, finalement a fonctionné à merveille, à
savoir une cinq cordes Mike Lull P/J 5 et une
autre cinq cordes Precision avec un micro J au
son très moelleux pour « Volunteer State » et
« Bunkistan ». Par la suite, j’ai pris une Spector
Forte 5 cordes, idéale pour le son slap brillant
de « Everything And Nothing » et une autre
Spector Alex Webster Signature Euro 5LX pour
les morceaux rock plus denses « The Storm » et
« World Class » ainsi que pour la ballade « Sweet
Water ». J’ai aussi trouvé une vieille cinq cordes
Ibanez Korean Import SRX505 dans un magasin
d’occasion. J’aimais l’idée de l’essayer pour
obtenir des sons basse fidélité en l’attaquant
au médiator et ça a très bien fonctionné pour
« Always Worth It » et « As Advertised ». J’avais
donc ce qu’il me fallait pour travailler mais cela
ne me préoccupait pas plus que cela : encore une
fois, j’étais en mode compositeur, me saisissant
du premier instrument qui me semblait
convenir à la situation.
Comment les as-tu enregistrées ?
Crois-le ou non, mais les basses de
l’album ont été enregistrées dans mon
modeste home studio en direct. Comme
je le disais précédemment, je pensais
être en train de faire des démos et non
un album. J’ai utilisé une MBox Mini
dans ProTools et bien sûr pas mal d’effets
comme le TC Electronic Flashback Delay
sur « Everything And Nothing », et le SWR
Mo’ BassSynth sur « A Quickening ». Il
y a quelques plug-ins de saturation sur
« Steiner In Ellipses », mais ça a changé
tellement de fois tout au long du mixage
que je ne me rappelle même plus lesquels
on a choisi finalement. Pour la seconde
moitié de l’album, je me suis trouvé
une Apollo Twin et j’ai enregistré mes
basses en utilisant les excellents plug-
ins de compression Neve 1073 and
UA1176. Je me suis aussi servi d’une
saturation Darkglass Alpha Omega sur
« As Advertised ». Mais bon je répète,
tout était en direct ! Je n’ai pas utilisé un
seul vrai ampli ou une enceinte sur tout
l’album, pas pour la basse en tout cas.
Quelle a été l’influence de Forrester
Savell sur le son final ?
Enorme ! Forrester et moi avons travaillé
neuf mois sur le mixage de l’album.
Neuf mois tu te rends compte ! Je suis
très pointilleux, voire maniaque quand
il s’agit de mixer, et il en a été ainsi
pour chaque mouvement de chacun
des 18 morceaux. Forrester a une
oreille fabuleuse ! Si tu écoutes Sound
Awake, l’album de Karnivool (2009), tu
peux entendre ce qui m’a frappé dès
la première fois où je l’ai entendu. Ses
mixages sont fantastiques dans le sens
où il est capable de créer un son très
large avec un très grand nombre de
pistes tout en gardant un feeling très
naturel. Et pour la basse il a un super
pouvoir ! Je ne sais pas comment il
fait mais toutes les basses qu’il mixe
sonnent de façon terrible. Sans lui, cet
album n’aurait pas vu le jour.
Vas-tu tourner avec un groupe pour
défendre ton album et quel en serait la
composition ?
Je veux évidemment tourner avec cette musique
mais je veux le faire correctement : ça devra
être un vrai show avec une vraie production,
des visuels et des lumières. Et puis, il y aura le
challenge de reproduire en live des musiques
conçues avec des couches multiples de guitares
et des claviers et des traitements sonores. Ca
implique de jouer avec des séquences, ce à
quoi je ne suis pas opposé. Je ne suis pas un
puriste et un tas de groupes procèdent comme
ça de nos jours. Sinon, je pense qu’il faudra un
minimum de six musiciens avec plusieurs multi-
instrumentistes pour que cela fonctionne. Ceci
dit, ce n’est pas pour tout de suite : j’ai encore
beaucoup de dates à venir avec les Aristocrats ;
je vais profiter d’un petit break entre deux
séquences de tournées pour réaliser la sortie de
Scenes From The Flood et puis on verra bien ce
qu’il se passe.
Justement parlons de You Know What...?
le nouvel album des Aristocrats. Comme à
chaque fois, chacun de vous a écrit et produit
trois titres. Comment as-tu créé les tiens ?
Exactement de la même façon qu’à chaque fois
avec The Aristocrats. Je me suis assis dans une
pièce et j’ai maquetté instrument par instrument.
Honnêtement, après les arrangements denses
et intenses de mon album solo, c’était une pure
liberté d’écrire à nouveau pour un trio. J’aime
programmer des batteries, la basse ça va (rires)
et il reste donc le challenge des parties de
guitare ; il faut écrire quelque chose que Guthrie
peut s’accaparer et transformer en un truc très
spécial et surtout le plus important, qui peut
fonctionner en live en trio et que nous aurons
plaisir à jouer sur scène.
L’album ouvre avec « D Grade Fuck Movie
Jam ». C’était vraiment une jam ?
Ha, ha ! C’est censé sonner comme une jam à
l’état brut et la section avec le solo de guitare
donne vraiment cette impression, mais la chanson
est apppelée ainsi parce qu’un journaliste musical
qui ne nous aimait pas beaucoup avait baptisé
notre musique D Grade Fuck Movie Jams. Il
essayait de paraître intelligent en nous cassant. Ce
qu’il ne savait pas, c’est qu’il nous avait donné un
grand titre de chanson.
L’ambiance de cet album est différente de Tres
Caballeros, moins southwestern ?
Chaque album a sa propre saveur, et ce n’est
pas toujours prémédité. Nous apportons chacun
nos trois compositions et en les réunissant, nous
avons une idée de la couleur de l’album. Je pense
que c’est une bonne chose que le résultat soit à
chaque fois différent et surtout que cela se fasse
de la façon la plus naturelle qui soit.
Comment avez-vous enregistré ?
Nous entrons toujours en studio ensemble pour
enregistrer les basiques en conditions live. On
ne veut pas faire un album « dropbox ». C’est
important pour nous d’être dans la même pièce
et d’enregistrer en tant que groupe, même si
l’on sait qu’on a ensuite la possibilité d’ajouter
des parties spécifiques ou de corriger certaines
choses. Un album reste gravé pour toujours et
il faut qu’on donne le meilleur de nous-mêmes
en préservant cette magie qui opère lorsque l’on
joue tous ensemble côte à côte.
Pour la basse, j’ai utilisé quatre pistes pour la
plupart des morceaux. Je ne me rappelle pas des
marques des DI qu’ils ont aux Studios Brotheryn
à Ojai (Californie), mais j’avais une DI à lampes,
une autre à transistors, une DI post-effects et
enfin un gros système Gallien-Krueger repris
par micro avec un préampli MB Fusion, une tête
2001RB et deux enceintes 410RBH. Ils avaient
de très bons compresseurs et le son dans les
casques Sennheiser 650HD était vraiment top.
Et sur scène ?
C’est pratiquement le même système mais en
plus gros, à savoir deux têtes 2001RB, chacune
d’elles connectée à deux enceintes 410RBH.
Ca m’arrive de prendre des CX410 qui sont plus
petites, qui encaissent moins, mais suffisantes
pour certains clubs. Pour les grosses scènes avec
Satriani ou Dethklok il n’y a pas d’alternative à la
puissance des 410RBH.
Donc tu tournes toujours avec Joe Satriani ?
Oui et j’adore cela. C’est une situation formidable
pour beaucoup de raisons. La musique de Joe
est à la fois enracinée et profonde. Sous des
apparences de simplicité, elle est marquée par
une approche très sophistiquée et un grand
sens de la mélodie, ce que j’ai appris à apprécier
de plus en plus au fil du temps. Et puis Joe est
une belle personne avec qui il est vraiment très
agréable de jouer et de voyager. Actuellement,
il tourne avec l’Experience Hendrix tour, mais je
pense, et j’espère avoir l’opportunité de repartir
sur la route avec lui dans le futur. •
Merci Bryan, nous savons que The Aristocrats
viennent prochainement en Europe.
Après une première tranche de tournée en Europe
du 10 novembre (Budapest) au 14 décembre
(Canaries), Bryan Beller sera de retour sur notre
continent avec The Aristocrats du 16 janvier 2020
(Luxembourg) au 22 février (Rome) avec quatre
dates en France : 27 janvier Paris (L’Alhambra),
29 Lyon (Transbordeur), 31 Marseille (Cherrydon),
2 février Toulouse (Le Connexion).
19
BASS TALK

MARK HOPPUS
IF 9 WAS 8
Les Californiens de Blink-182 contre-attaquent avec Nine, un nouvel album super
bien gaulé et drivé par les lignes de basse puissantes et efficaces de Mark Hoppus.
Le bassiste chanteur le plus cool du punk rock s’est confié à Bassiste Mag.

Par Ludovic Egraz

L
e trio gagnant du punk rock à roulettes a dessous de ce nouvel… opus !
toujours la patate, malgré un tournant pop
pleinement assumé sur ce huitième album Est-ce plus difficile qu’avant pour vous
humoristiquement intitulé Nine. Les fléchettes punk de pondre un album aussi bien ficelé que
rock de Blink-182 atteignent toujours le centre de la Nine ?
cible, et l’arrivée récente de l’excellent Matt Skiba Je ne le ressens pas de cette façon. C’est
(chant et guitare) au sein de la tribu californienne a vraiment dur de pondre de bonnes chansons album, énormément de chansons sont passées
apporté un second souffle à la carrière de ce groupe à chaque fois. Le plus difficile, c’est de ne pas à la trappe, parce qu’elles nous semblaient un
aussi puissant que mélodique, qui a fait vibrer les refaire quelque chose que nous avons déjà peu trop « familières ». Notre niveau d’exigence
skate parks dans les années 90. Le pilier de Blink, composé avant, que ce soit au niveau de la augmente aussi avec le temps.
c’est Mark Hoppus, le solide punk rockeur qui vrombit musique ou des textes. D’une certaine façon, oui,
dans les fréquences graves, et qui forme avec le c’est un peu plus ardu, dans le sens ou pour cet Nine est le second disque que vous faites
batteur Travis Barker
l’une des sections
rythmiques les plus
efficaces du genre.
Bassiste Magazine
est allé retrouver
Mark dans un
palace près des
Champs-Élysées.
Il nous a révélé les

20
avec Matt Skiba (guitare et chant). Votre
processus de composition a-t-il évolué avec
son arrivée ?
C’est forcément différent, mais pas uniquement
parce que Matt est dans le groupe. Avant, on
louait un local de répétition, on y travaillait le
temps qu’il fallait pour écrire nos chansons, et
puis on allait les enregistrer en studio. Désormais,
nous avons tous de bons home-studios, alors
c’est plus facile de composer chacun à la maison,
et grâce à Internet, nous pouvons communiquer
très facilement et échanger des idées. C’est
de cette façon que nous travaillons depuis
l’album éponyme Blink-182. Ensuite, nous nous
retrouvons pour enregistrer de la même façon
qu’avant.

Vous enregistrez vos rythmiques en live,

Travis et toi ?
Non, parce que Travis préfère enregistrer les
batteries définitives en tout dernier. Si tu écoutes
attentivement nos morceaux, il joue énormément
de choses en fonction des parties vocales.
Éventuellement, il m’arrive aussi de réenregistrer
certaines basses, parce que Travis peut changer
pas mal de choses.
Es-tu toujours aussi passionné par la
musique après quasiment 30 ans de
carrière ?
Oh oui ! La musique reste ma passion numéro
un. J’ai des phases durant lesquelles je n’ai
pas envie d’écouter quoi que ce soit, et puis
c’est plus fort que moi, je me remets à fouiner
pour dénicher de nouveaux groupes. J’ai
constamment besoin de musique fraîche à me
mettre entre les oreilles, et je reste un très gros
consommateur de son. Je ne suis pas comme
ces musiciens qui passé la quarantaine écoutent
sempiternellement les vieux albums qui ont
marqué leur jeunesse. C’est vital pour moi de
découvrir de nouveaux artistes produisant
une musique originale. Quand j’aime, cela
me semble souvent évident : « Mais oui, mais
c’est bien sûr ». C’est ce qui me donne des
idées fraîches et l’envie de me dépasser pour
composer dans Blink.
S’agit-il uniquement de rock ?
Principalement, oui, mais pas que. En matière
de musique, je n’ai aucune limite. Là depuis ce
matin, j’écoute le nouvel album d’un groupe du
New Jersey qui s’appelle Dive. C’est vraiment
trop génial et inspirant !
Quel est le groupe qui a le plus compté
pour toi ?
Le groupe le plus important de ma vie c’est
Cure. Dans Blink, nous sommes tous de
très grands fans de Cure. Robert Smith a
« JE NE SUIS PAS COMME CES MUSICIENS QUI PASSÉ LA
QUARANTAINE ÉCOUTENT SEMPITERNELLEMENT LES VIEUX
ALBUMS QUI ONT MARQUÉ LEUR JEUNESSE. »
été en quelque sorte mon mentor et mon
prof de composition. Il s’agit à la fois d’un
grand mélodiste et d’un grand parolier.
Harmoniquement, il est également très fort.
La sonorité de sa guitare a marqué l’histoire
du rock. Je trouve qu’il est même sous-estimé
en tant que guitariste. J’écoute toujours leurs
albums.
Tu te souviens de l’étincelle qui t’a donné
envie de devenir bassiste ?
Carrément ! J’étais devant la télé, et j’ai vu
la vidéo de « Just Like Heaven » de Cure. En
quelques secondes, j’ai basculé dans un autre
monde, et je me suis dit : « Je veux jouer de la
basse et monter un groupe de rock ». Ce n’est
pas tant le look et l’attitude de l’instrument
qui m’ont plu, mais plutôt son rôle. J’ai
instinctivement ressenti que la basse est
l’ingrédient magique qui fait qu’une chanson
fonctionne. Une bonne ligne de basse apporte
cette articulation essentielle entre la guitare et
la batterie, et c’est aussi elle qui peut rendre une
bonne mélodie encore plus efficace.
Tu as pris des cours de basse ?
Non jamais, et c’est pour cette raison que sur le
plan technique, je suis totalement à la ramasse
(rires). J’ai appris à jouer tout seul en essayant
de repiquer les lignes de basse de Simon Gallup
(The Cure) et de Jay Dee Bentley (Bad Religion).
J’adorais aussi les Descendents, qui ont eu de
très bons bassistes. Les Cure et le punk rock ont
été mes deux écoles. J’habitais dans le désert

21
californien, pas très loin de Kyuss et toute cette
clique, et j’ai monté un petit groupe. On donnait
des concerts dans les garages, ce genre de
choses. C’est comme ça que tout a commencé.
Pourrais-tu me citer deux bassistes qui,
selon toi, sortent du lot ?
Je dirais Les Claypool, qui est un virtuose
carrément intouchable et Tony Lombardo des
Descendents, qui a un jeu hyper efficace et un
super son.
Essaies-tu de progresser en tant que
bassiste ?
J’essaie sans cesse de m’améliorer, mais je ne
serai jamais véloce. J’ai trop de défauts dans
mon jeu. J’ai eu une chance incroyable dans ma
vie de musicien : celle de rencontrer Travis et de
jouer avec lui. C’est un mec pointu, exigeant, et
très cultivé musicalement. Il m’a clairement aidé
à atteindre un autre niveau en termes
de son et de mise en place. Il a aussi
ce talent incroyable pour apporter des
grooves auxquels on ne s’attend jamais,
parce qu’il touche à de nombreux styles : « Et si
on essayait un rythme salsa sur ce morceau » ?
Travis nous a rendus plus forts.
As-tu parfois des difficultés à jouer et
chanter en même temps ?
Très rarement, mais cela peut arriver. J’ai ce
don naturel de pouvoir dissocier ma voix et
mes mains. Si je rencontre une difficulté, je
répète à la maison jusqu’à ce que j’y arrive.
C’est quand même mon boulot, merde (rires).
Avec quel set-up as-tu enregistré Nine ?
C’était complètement différent des autres fois.
J’avais décidé de profiler tous mes amplis basse
avec un Kemper avant d’enregistrer California,
mais cette fois, j’ai préféré opter pour une
méthode plus simple. J’attaquais la
console via une DI, et je traitais
cette piste soit avec des
pédales d’effet, soit
en la passant dans
des plug-ins. Par
exemple, les
sons saturés
ont été
forgés avec
Decapitator,
un plug
de chez
Soundtoys.
Toute la collection
Soundtoys défonce.
Cette boîte est en
train de redéfinir pas
22
mal de standards en matière de production, et
leurs softs font désormais partie de l’arsenal de
tous les producteurs de la planète.
Tu as tout connu en matière de production,
des bandes analogiques à Pro Tools. Es-tu
nostalgique ?
Non, c’est beaucoup mieux aujourd’hui, parce
que tout le monde peut enregistrer un album de
bonne qualité à la maison sans devoir débourser
des dizaines de milliers d’euros, et ça sonne.
Après, personnellement, je ne me plaignais pas
des bandes à l’époque, c’était très bien, mais
un peu contraignant. Le problème fondamental
reste le même : une chanson de merde reste une
chanson de merde, qu’elle soit enregistrée avec
un laptop ou dans un studio coûteux comme
Abbey Road. Le digital est simplement
plus cool en matière
de flexibilité. Il faut
juste prendre
soin de ne pas trop aseptiser les choses.
Que penses-tu des groupes comme Rival
Sons qui reviennent à la bande ?
Je trouve ça super ! Je trouve que c’est
courageux, parce que travailler avec des bandes
réclame pas mal d’efforts et de discipline. Je me
souviens des mic-macs que nous faisions pour
éditer les bandes avec une lame de rasoir et du
scotch. C’était un peu une sinécure. Après, oui,
ça sonnait super bien.
Tu te souviens de la dernière fois que vous
avez utilisé des bandes ?
Ouais bien sûr ! C’était sur « Feeling This » le
morceau qui ouvre l’album éponyme. Nous avons
transféré l’intro de batterie de Travis sur deux
magnétos à bande, et l’effet de flanger a été
obtenu en déphasant les deux magnétophones.
C’était vraiment fun et créatif de faire ça.
Utilises-tu des basses vintage en studio ?
Non, uniquement des basses actuelles. Je
rêvais depuis longtemps d’une basse constituée
d’un corps de basse Jaguar, d’un manche de
Precision et de micros Seymour Duncan P-Bass
Quarter Pound. Juste avant l’enregistrement
de California, en 2016, ma femme et mon bass
tech m’ont fait une surprise : ils ont demandé à
Fender de fabriquer cette basse pour moi, et ils
l’ont faite peindre par Greg Simkins, un artiste
que j’aime beaucoup et qui est un ami. J’étais
fou de joie. Au départ, cette basse devait rester
à la maison, mais comme elle sonne mieux que
toutes mes autres basses, je joue constamment
avec. Elle a fait toutes les sessions de California
plus la tournée qui a suivi, et elle était ma basse
principale durant les sessions de Nine. J’ai
également utilisé quelques basses qui traînaient
dans les studios où nous avons travaillé.
Tu as gardé toutes tes
anciennes basses ?
Non, absolument
pas. J’ai encore
les Music Man
que j’utilisais
avant Enema
of the State,
et j’ai encore
quelques
vieilles
basses
vintage que
je ne joue
jamais.
Je voulais
absolument
une Precision

blonde de 1972, l’année de ma naissance.
Finalement, j’ai réussi à en dégoter une qui est
sortie de l’usine le 15 mars 1972, soit le jour de
mon anniversaire. C’est cool, pas vrai ? Bon, elle
ne sonne pas si bien que ça. J’ai aussi une basse
Esquire de 69. Pour moi, un instrument, c’est un
outil, un assemblage de bois et de métal qui me
sert à bosser, pas un objet de collection.
Tu enregistres toujours en jouant au
médiator ?
Toujours, oui. J’utilise des médiators Dunlop
Tortex 0,60mm et mes cordes sont des Ernie
Ball Super Slinky, le package rose (.045 / 100).
J’attaque les cordes très fort, à tel point qu’en
studio, il faut que je me maîtrise à cause de la
justesse.
As-tu des hobbies en dehors de la musique
et du groupe ?
Non, pas vraiment. Je vis en Angleterre, et
comme j’ai un peu de terrain, je me suis mis à
l’apiculture. J’adore ça. Autrement je m’intéresse
à l’art, au cinéma et je lis énormément.
Est-ce difficile d’assumer ton statut de
punk rockeur millionnaire ?
Non, pas du tout. C’est vrai que j’ai plutôt bien
réussi dans la musique, mais dans ma tête, je suis
toujours le môme passionné de skate et de punk
rock que j’étais dans les années 80. •
LE TOP 5 ALBUMS DE MARK
1 ] DESCENDENTS
I Don’t Want to Grow Up (1985)
C’est le premier album de punk rock
que j’ai aimé. Tous les autres groupes étaient en
colère et parlaient de politique dans leurs chansons.
Avec ce disque, j’ai découvert un groupe de punk
rock qui sonnait un peu comme les Beach Boys.
Ça parlait de sexe, de bouffe... Grosse révélation !
2 ] THE CURE
Disintegration (1989)
J’ai acheté ce disque le jour de sa sortie.
C’est exactement la musique dont je rêvais. C’est à
la fois luxuriant et sombre. Ce disque a fortement
contribué à forger le musicien que je suis devenu.
3 ] BAD RELIGION
Suffer (1988)
Voilà le premier disque de punk rock
qui a éveillé ma conscience politique. Les textes de
Greg Graffin sont d’un très haut niveau, et chaque
compo est une tuerie.
4 ] NED’S ATOMIC DUSTBIN
God Fodder (1991)
C’est un groupe anglais qui composé
quelques hits, du moins dans le monde alternatif. Ils
avaient deux bassistes, Alex et Matt. L’un jouait de
façon conventionnelle, et l’autre envoyait des riffs
sur les deux cordes aiguës. Très inspirant !
5 ] NINE INCH NAILS
Pretty Hate Machine (1989)
C’est le premier CD que je me suis payé.
Cette musique industrielle à base de programmation
et de bidouilles électroniques, mais qui utilisait en
même temps des instruments organiques, ça a été
une vraie révolution. Trent est vraiment un savant fou.
« JE SUIS TOUJOURS LE
MÔME PASSIONNÉ DE
SKATE DE PUNK ROCK
QUE J’ÉTAIS DANS LES
ANNÉES 80. »
23
BASS TALK
TYLA
CAMPBELL
Par Jack Beauregard
Hi Tyla. Comment est né le groupe Phil
Campbell & The Bastard Sons ?
Depuis mes quinze ans je jouais avec mes deux
frères Todd à la guitare et Dane à la batterie. Au
Pays de Galles, à Pontypridd, où nous habitons,
nous étions connus localement. On répétait
beaucoup et on passait dans les pubs locaux.
Mon père Phil se joignait à nous, surtout après
24
BIG BASS…
la mort de Lemmy (le 28 décembre 2015). La
disparition de Lemmy l’avait affecté, il jouait avec
Motörhead depuis 1984. Le batteur Mikkey Dee
n’avait aucun plan pour continuer Motörhead
sans Lemmy, alors mon père a enregistré un
album solo avec Chris Fehn de Slipknot. Mais
il continuait à jouer avec nous sous le nom de
Phil Campbell’s All Starr Sons. On avait trouvé le
chanteur gallois qu’il nous fallait avec Neal Starr
qui était avec Attack ! Attack !…
Phil Campbell a été pendant 32 ans le guitariste
de Lemmy Kilmister dans Motörhead. Aujourd’hui
il sort un second album solo – Old lions Still
Roar- et tourne en famille avec Phil Campbell
& His Bastard Sons, composés de ses trois fils,
Todd, Dane et Tyla à la basse, avec le chanteur
Neil Starr. Tyla a reçu Bassiste lors du show
parisien du groupe au Café de la Danse pour
une interview qui explique la suite de la légende
Motörhead.
D’où est venu le changement de nom ?
On en a tous parlé ensemble; le premier nom de
Motörhead était Bastard alors c’est devenu tout
naturellement Phil Campbell & The Bastard Sons.
Tu sais, mon père est Motörhead à 100%, il ne se
passe pas un jour sans qu’il pense à Lemmy…
Vous avez d’abord enregistré un E.P. en 2016 ?
Nous commencions à tourner avec d’autres
groupes, Saxon, Hawkwind (nb. l’un des
premiers groupes de Lemmy) et nous étions tous
impatients de sortir un disque, sans attendre le
bon vouloir d’un label. Alors, on avait ce show en
Suisse, à Solothurn et il a été enregistré live dans
de bonnes conditions. Dès sa sortie, des gens
nous ont aidé à enregistrer notre premier album,
The Age Of Absurdity.
Qui a produit ce nouvel album ?
Le producteur est Romesh Dodangoda. Il est
aussi musicien et joue avec nous des claviers et
les percussions.
Comment avez vous écrit les morceaux ?
D’après des idées de départ et ensuite on se met
tous en groupe pour travailler les arrangements.
J’ai trouvé les lignes de basse de « Freak Show »
et des arrangements sur « Gypsy Kiss » et
« Ringleader ». D’autres fois c’est mon père qui
suggère la ligne de basse, ou Neal Starr qui a une
idée d’arrangement.
Il y a sur The Age Of Absurdity, une reprise de
« Silver Machine » que Lemmy chantait avec
Hawkwind. Comment l’avez vous enregistrée ?
Dave Brock, le guitariste de Hawkwind est venu
en studio pour l’enregistrer avec nous. Il était

présent pendant cette tournée de 2016 et il
nous avait dit que nous pouvions compter sur lui.
Alors nous l’avons appelé et il est venu jouer de
la guitare et de la basse. C’est très proche de la
version légendaire de Lemmy avec Hawkwind.
Nous avons sorti cette chanson pour le Record
Store Day 2018 et elle est en bonus sur certaines
éditions de The Age Of Absurdity.
Quelles basses avez-vous utilisées ?
En studio, une Lag Explorer Bass avec des
micros Seymour Duncan. Mon père est un ami
personnel de Seymour Duncan et il a un stock
de plusieurs centaines de micros custom guitare
et basse. Sur scène, j’ai aussi des ESP et LTD. Je
porte ma basse très bas et je joue généralement
avec un médiator extra-heavy. C’est parce que
j’utilise des cordes de très fort
calibre. De véritables câbles
d’appontage sur porte-avion. Je
monte du 1.20 en Mi, 1.05 en
La, 0.8O en Ré et 0.60 en Sol.
Ce sont des jeux pour 5-cordes
et je jette la 5ème corde. J’ai
aussi une basse que je monte
en 1.05/0.45 pour jouer avec
les doigts de la main droite sur
des chansons comme « Skin and
Bones »
Quels amplis ?
Black Star avec des cabs
Marshall 4x12, mais aussi
Ampeg et Bogner. J’ai des
pédales Dunlop Slash Octave
Fuzz, Smart Gate, Disto et Big
Muff.
Sur scène, quel est votre
placement préféré ?
J’aime être sur la droite de Phil et
un tout petit peu en avant de la
batterie de Dane. Je ne sors pas
trop de ce périmètre.
Quand avez-vous commencé la guitare ?
Chez nous c’est une affaire de famille ! J’ai
commencé à jouer en acoustique vers l’âge
de dix ans. J’écoutais les disques de ma mère,
Bruce Springsteen était cool pour apprendre
les accords. Mais en même temps, il y avait
mon père qui répétait dans la carrière derrière
notre ferme de Pontypridd. Il montait ses stacks
Marshall dans l’arc de cercle de la carrière,
juste devant une falaise de granit ! Le son était
fabuleux et se répercutait sur le granit. C’est
comme cela qu’il travaillait son jeu en duo avec
Würzel. Pour moi qui entendait ce son, c’était
comme une vibration extraterrestre, mais c’était
difficile de faire la corrélation avec ce qui se
passait quand je branchais une guitare électrique
dans le salon sur un petit ampli…
Quand avez-vous commencé à passer
à la basse ?
D’une manière totalement inattendue. Je suis
tombé sur Can’t Buy a Thrill, le disque de Steely
Dan et le son de la basse m’a totalement retourné.
Je me suis procuré leurs autres albums aussi
vite que possible. Mon père a vu ce que je faisais
et il m’a dit « je connais quelqu’un qui peut te
conseiller ». Pino Palladino habitait près de chez
nous dans la région de Pontypridd et il m’a donné
des conseils sur comment jouer les riffs de Can’t
Buy a Thrill, puis des leçons sur le style de jeu des
autres bassistes que je découvrais à partir de là…
Quels autres bassistes écoutiez-vous ?
Mon autre favori était Glenn Hugues, son jeu
au médiator me passionnait et ce qui m’attirait
est qu’il était funky sans l’être. Il citait souvent
les bassistes de funk, mais il n’y avait rien de
cela dans son jeu, il sonnait hard-rock et metal,
c’est tout. J’ai compris son truc plus tard, Pino
Palladino me l’a expliqué, il faut jouer les riffs
R&B avec un timing différent, plus linéaire, et
cela devient du metal.
Actuellement qu’écoutez-vous ?
J’aime les groupes familiaux du Sud des USA,
il y a ce lien qui traverse la musique et rend les
choses parfaites. J’écoute Black Stone Cherry et
Counting Crows. C’est surtout la liberté qu’ils ont
de jouer country, rock ou blues, sans distinction
d’étiquette musicale. C’est ce que nous essayons
de faire avec les Bastards Sons, mais suivant
notre propre personnalité musicale. J’écoute
aussi le metal de Clutch et le hard-country de
Blackberry Smoke.
Vous avez tourné aux USA avec Guns’N’Roses.
Comment était-ce ? Avez-vous une anecdote ?
D’abord, ils ont été fantastiques avec nous,
pas du tout comme des superstars, ils nous
ont reçus comme des cousins perdus de vue
depuis longtemps. Au départ, il y a eu un e-mail
nous demandant de faire leur première partie à
l’Olympic Stadium, devant 80 000 personnes.
Wow ! Mon père nous a quand même prévenus
de ne pas nous emballer. La première partie est
généralement ignorée et il est difficile de vraiment
donner un bon show. Mais sur place, il s’est révélé
que les 80 000 spectateurs étaient là depuis le
début de l’après-midi. Lorsque l’on est monté sur
scène le soir, ils ont littéralement explosé et nous
avons fait un super-show. Les Gunners nous ont
félicités et accueillis à la sortie de scène…
Quels sont vos projets actuels ?
Une tournée avec le nouvel album. Mon père a
déjà terminé son prochain disque solo qui sort
ce mois-ci, Old Lions Still Roar, avec des invités,
nous par exemple et aussi Rob Halford de Judas
Priest, Alice Cooper et Dee Snider de Twisted
Sister.•
25
BASS TALK

OLUGBENGA BREXIT POP !

ADELEKAN

** Matos **
Basses : Squier Precision Bass, Fender
Precision Bass, Custom 77 Lust For Life
Effets : Moogerfooger Moog MF-10,
Electro-Harmonix Micro Synth
Amplification : Avalon U5, tête Ampeg
SVT-2 Pro

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À l’heure où les parlementaires britanniques en sont toujours à s’arracher les cheveux pour se
sortir de ce maelstrom politique qu’est le Brexit, il fait bon savoir que le berceau de la Pop n’en est
pas pour autant paralysé côté musique. Metronomy, fleuron Pop Electro du Royaume-Uni, nous
dévoile Metronomy Forever, un opus au titre certes prétentieux diront certains mais pas pour
autant pompeux ou arrogant. Le groupe qui s’est mû en quintette, avec l’arrivée d’un nouveau
musicien, confirme son statut de valeur sûre qu’il s’était déjà octroyé à l’époque ou The English
Riviera (2011) et ses tubes intemporels (« The Look », « The Bay ») avaient fait l’unanimité. Dans
les Starting blocks, à l’aube de démarrer une nouvelle tournée mondiale (Europe, Etats-Unis,
mais aussi Japon et Brésil), nous avons pu intercepter le responsable des fréquences graves
au sein du combo : Olugbenga Adelekan. Anglais, d’origine nigériane, ce bassiste discret au
groove solide avait rejoint la bande de Joseph Mount fin 2011, bien après la création du groupe.
Le voici toujours en place des années plus tard, prêt à défendre ce nouveau disque.
Par Adrien Kah

« NOTRE INGÉ-SON A FINI PAR ME CONVAINCRE D’UTILISER UNIQUEMENT

UN AVALON U5 EN BOÎTIER DE DIRECT COUPLÉ AVEC LA TÊTE D’AMPLI. JE
DOIS ADMETTRE QUE CETTE COMBINAISON EST DIABLEMENT EFFICACE »

Salut Olugbenga, la dernière fois où l’on avait
croisé ta route c’était en 2012, tu venais
d’intégrer Metronomy. Comment vont les
affaires depuis cette époque ?
Eh bien tout va pour le mieux, ces dernières
années ont été superbes ! Le groupe a continué
sur sa lancée avec des albums qui ont bien
marché et beaucoup de concerts. Même les
années où il n’y avait pas d’album à promouvoir
ils nous arrivaient de faire entre 50 et 60 dates !
Cela va bientôt faire une dizaine d’années que
l’on joue ensemble, nous avons développé une
cohésion sur scène qui flirte avec la télépathie
(rires) ! La principale nouveauté chez Metronomy
est que nous avons intégré un cinquième
membre au sein du groupe : Michael Lovett,
un super musicien qui joue des claviers et de
la guitare. Son arrivée nous permet désormais
de disposer de plus d’options dans les
arrangements que ce soit en studio ou pour les
live, et à moi de me concentrer davantage sur la
basse, car auparavant il m’arrivait souvent en live
de « switcher » vers les claviers pour conserver
certaines textures sonores des albums.
pas complètement non plus, juste au-dessus
de certaines parties de claviers. Concernant les
titres plus récents, nous sommes partis dans
une direction plus Indie Rock où je m’évertue à
jouer des lignes de basse plus classiques et à
me concentrer davantage sur la cohésion basse-
batterie.
As-tu senti le besoin de faire évoluer ton son
également ?
Oui, j’ai rajouté quelques pédales d’effets à
mon set. J’ai découvert le Moog MF-101 de
Moogerfooger en regardant des vidéos de
Thundercat sur YouTube, il utilise beaucoup
cette pédale qui délivre un son bien groovy,
un peu à la Bootsy Collins. Ça me parle bien.
Thundercat s’en sert d’une manière intéressante :
la pédale n’est pas placée au sol mais surélevée
à portée de main et il la règle d’un titre à
l’autre selon ses besoins. J’ai aussi ajouté à
mon rig la Micro Synth d’Electro-Harmonix
qui est une sacrée usine à gaz ! Les sons de
cette pédale sont vraiment superbes mais son
principal inconvénient est que l’on ne peut pas
mémoriser de settings. Tu dois changer tous
tes sons manuellement et les réglages sont
très sensibles... J’ai donc décidé de faire deux
réglages faciles à mémoriser et vu que je ne m’en
sers que sur deux titres en live, ça me simplifie
la vie.
Sur ce nouvel album on distingue clairement
les moments où tu joues avec des filets plats
ou des filets ronds. De combien de basses
t’es-tu servi durant l’enregistrement ?
Alors pour la petite info, je n’ai pas joué toutes
les basses que tu entends sur le disque. Nous
nous sommes partagés le boulot avec Joseph
(Mount / chant, guitare, claviers – ndlr) qui reste
le cerveau et principal compositeur au sein de
Metronomy. Joseph a fait quelques prises avec
une vieille Squier Precision bon marché mais

L’arrivée de ce cinquième membre t’a-t-elle

poussé à trouver de nouveaux repères en tant
que bassiste ?
Cela dépend des titres. Il est vrai que certains
morceaux de nos débuts contiennent beaucoup
de synthés qui vont chercher dans le grave, ce
qui me pousse à jouer des parties de basse soit
plus mélodiques ou alors avec plus d’attaque.
J’essaie également, selon les titres, de me
placer dans un registre presque medium mais

27
BASS TALK
qui sonne très bien avec des filets plats. Il m’est
arrivé de faire plusieurs tournées avec cette
basse, tu peux aussi la voir sur bon nombre de
clips de Metronomy. De mon côté j’ai utilisé aussi
une Fender Precision et je me suis dégoté deux
basses Custom 77, les modèles « Lust For Life »,
qui sont montées avec des filets ronds.

Custom 77 est une marque française basée à

Lyon. C’est rare de voir des musiciens anglais
jouer sur ce genre de basses ! Comment as-tu
découvert la marque ?
Nous étions en tournée en France dans je ne
sais plus quel festival et j’y ai croisé un guitariste,
dont j’ai aussi oublié le nom (rires) qui jouait
une Custom 77. Nous avions discuté un peu et
il m’a suggéré d’aller faire un tour sur leur site.
J’ai ensuite eu l’occasion d’en essayer une dans
un Showroom à Paris. Le son m’a plu, j’ai pris
contact avec eux par mail et ils m’ont envoyé
deux basses qui m’accompagneront sur cette
nouvelle tournée.
T’ont-ils fait une proposition officielle
d’endorsement ?
Non... disons que je les ai obtenues pour un
bon prix et que je suis très content d’en faire la
promotion autour de moi quand l’occasion se
présente, mais nous n’avons rien contractualisé.
As tu fais des ajustements aussi au niveau de
l’amplification ?
Cette tournée sera la première où je ne
trimbalerai pas d’ampli sur scène. Ces dernières
années j’ai longtemps joué sur une tête Ampeg
SVT-2 Pro et un baffle de la même marque. Puis
notre ingé-son a fini par me convaincre d’utiliser
uniquement un Avalon U5 en boîtier de direct
couplé avec la tête d’ampli. Je dois admettre que
cette combinaison est diablement efficace : le
son reste gros, bien défini et puis ça permet de
se débarrasser du dernier truc qui faisait du bruit
sur scène (rires) ! Le plaisir de jouer sur un ampli
est désormais réservé au studio ou la maison où
j’ai également un combo Ampeg. Je reste malgré
tout fidèle à cette marque dont le grain m’a
toujours séduit.
Comment décrirais-tu le nouvel opus de
Metronomy ?
Il s’est passé pas mal de temps entre Metronomy
Forever et notre précédent album Summer 08.
Joseph, qui a toujours composé et produit nos
albums, s’est rapidement remis à composer
de nouveaux titres, je crois même qu’il avait
déjà commencé à le faire durant notre dernière
tournée. Il a fini par soumettre une douzaine de
titres à notre label qui a bien aimé ses nouvelles
compos mais lui ont demandé d’aller plus loin
« NOUS SOMMES PARTIS DANS UNE DIRECTION PLUS INDIE ROCK OÙ JE
M’ÉVERTUE À JOUER DES LIGNES DE BASSE PLUS CLASSIQUES »
dans l’écriture et Joe s’est remis au boulot. Je
dirais que ce nouvel album est très pop avec des
titres, comme « Wedding Bells », qui contiennent
beaucoup de mélodies. D’autres sont plus
classiques. Il y a aussi une influence indirecte de
Weezer et de The Cars, qui sont des groupes que
l’on a beaucoup écouté durant notre jeunesse,
et je pense que Joe a essayé de capturer un peu
cette essence Indie Rock : un morceau comme
« Insecurity » le démontre plutôt bien. L’autre
particularité c’est qu’auparavant Metronomy, avait
pour habitude d’alterner les titres instrumentaux
et ceux chantés... Puis récemment, Joe a décidé
de mettre plus en avant le chant et de délaisser les
ambiances instrumentales. C’est un petit retour
aux sources : je dirais que Metronomy Forever se
rapproche assez de l’album Nights Out (sorti en
2008 – ndlr).
Je sais que tu as des projets musicaux en
dehors de Metronomy. Lesquels ?
J’ai en effet un side project dénommé Eku
Fantasy au sein duquel je collabore avec un
producteur sud-africain : Jumping Back Slash.
Avec Jumping nous bossons à distance mais
il m’arrive d’aller jusqu’en Afrique du Sud pour
des sessions studio plus poussées. C’est un
projet totalement électro au sein duquel la voix
est le seul instrument organique... Tout le reste
est composé via des machines et des plug in.
La basse reste mon instrument préféré, c’est
le premier vers lequel je me tourne toujours
pour composer ou pour jouer avec du monde...
Avec Eku Fantasy je chante, j’écris les textes, je
compose l’essentiel de la musique : c’est un sas
de décompression artistique où je crée quelque
chose de complètement différent et qui me fait
du bien !
En ce moment les débats houleux autour du
Brexit font couler beaucoup d’encre. Cette
crise politique a-t-elle une incidence directe
ou indirecte sur le « music business » en
Angleterre ?
Nous sommes en train de quitter l’espace
Européen, donc oui, cette crise a une incidence,
notamment en termes de logistique pour les
tournées... Pour un groupe comme Metronomy
qui est implanté dans le paysage international
depuis de nombreuses années, l’impact est
minimisé. Nous ne sommes pas le plus grand
groupe du monde, mais notre notoriété étant
solidement établie en Europe, nous booker
va impliquer des formalités administratives
supplémentaires et un surcout que les
programmateurs sont prêts à prendre en charge.
Pour les groupes qui émergent de chez nous
les choses risquent d’être beaucoup plus
compliquées, les gens vont moins se mouiller,
et ça c’est dommage. J’espère aussi que le
problème ne va pas se poser dans l’autre sens
et que l’instauration de règles douanières plus
rigides ne va pas décourager des artistes et des
groupes à venir jouer chez nous... Mais il est
encore tôt pour se prononcer sur la tournure que
vont prendre les événements.•

28
B road

Depuis son apparition

en 1977, la basse
YAMAHA BB (Broad
Bass) est devenue
L’instrument fétiche
de nombreux bassistes
(Nathan East, Tony
Kanal, Billy Sheehan,
Glenn Hughes, Robbie
Takac, Peter Hook, ou
encore Jack Gibson) et
sa sonorité inimitable
a contribué au succès
des groove de certains
des plus grands
groupes mondiaux.
La série BB s’appuie sur
des caractéristiques
inédites et une
conception robuste.
Cette série iconique
n’a pas fini de vous
surprendre.

#YAMAHABB
BASS TALK

SONNY
THOMPSON ** MATOS **
Basses : Warwick Dolphin et Vampyre
cinq cordes, Fender Jazz Bass
Ampli : système Markbass ou Hughes

NEW POWER GENERATION

& Kettner.
Effets : Line 6 POD XT Pro
C’est le nom de la formation (NPG) qui accompagnait le regretté Prince dès le début des années
1990. La plupart de ses membres représentatifs parcourent actuellement la planète, perpétuant
l’héritage du Love Symbol avec en son centre le bassiste Sonny Thompson, sans doute le
mieux placé pour nous parler de son ami d’enfance à qui il avait appris à jouer de la guitare, de
la basse et voire même à utiliser au mieux sa voix. Sonny nous dit tout.
Par Paolo Coccina
Salut Sonny, reprenons depuis le début et
dis-nous quel a été ton parcours musical ?
En fait, j’ai commencé par jouer de la batterie,
puis j’ai tâté un peu de piano et ensuite je suis
devenu guitariste. Ce n’est qu’après tout cela que
je suis passé à la basse.
Il n’a échappé à personne que tu es
gaucher et que tu tiens la basse de façon
inversée, à savoir avec la corde grave
en bas et la corde de Sol aigu en haut.
Comment en es-tu arrivé là ?
C’est vrai que dès que je suis passé à la guitare,
j’ai commencé sur un instrument de droitier
que j’ai retourné et j’ai appris de cette manière.
Il faut dire que l’on ne trouvait pas tellement
d’instruments pour gaucher à l’époque. Ce n’est
que bien plus tard en voyant Jimi Hendrix que
j’ai compris que l’on pouvait inverser l’ordre des
cordes pour garder les graves en haut. Mais
j’avais appris comme ça et évidemment j’ai
conservé cette disposition en passant à la basse.
L’intérêt de ce système est que je peux prendre
n’importe quelle basse standard qui me tombe
sous la main et m’en servir immédiatement.
Comment as-tu appris ?
De façon complètement autodidacte en écoutant
de la musique. J’ai le privilège d’avoir l’oreille
absolue et je pouvais donc vite reproduire ce
que j’entendais. J’ai bien sûr dû m’adapter :
pour le slap par exemple, je dois frapper les
cordes graves, en bas, avec le pouce et tirer les
cordes aiguës, en haut, avec les doigts. Mais le
mouvement est vite devenu naturel pour moi. J’ai
des goûts musicaux très diversifiés et je me suis
donc confronté à beaucoup de styles différents.
Mon premier groupe était un trio, j’étais à la
guitare et on reprenait du Grand Funk Railroad
et toutes sortes de musiques très énergiques,
Parliament, Funkadelic, Sly & the Family Stone …
Tu te souviens de ta première basse
électrique ?
Whaou ! C’était une Teisco (rires) ! Une basse
très bon marché mais qui faisait bien le job. Je la
branchais dans un ampli Silvertone. Ma première
vraie basse c’était une Fender Jazz Bass, blanche
“ NOUS NE SOMMES
PAS UN TRIBUTE
BAND ! ”
comme la Stratocaster de Jimi. Avant d’aller
l’acheter, je me suis assuré auprès de mon
entourage qu’avec cette Jazz Bass, on n’était pas
obligé de ne jouer que du jazz (rires).
Quel a été le premier grand tournant
professionnel ?
Heu (hésitation)… Je pense
que le plus grand tournant
a été ce que j’ai fait avec
Prince, même si j’ai eu la
chance de jouer brièvement
avec des musiciens fabuleux
comme James Brown.
Justement, comment et
quand as-tu rencontré
Prince ?
On avait environ une
douzaine d’années ; dans
les premiers temps, on
avait chacun nos groupes
respectifs : Prince avait
Grand Central avec André
Cymone et moi the Family.
On a tous grandi ensemble
et j’ai montré beaucoup de
choses à Prince surtout au
niveau de la guitare ; un peu
aussi au niveau de la basse et
même de la voix. On passait
des heures à faire de la
musique dans mon sous-sol.
C’est moi qui l’ai encouragé à
utiliser sa voix de tête et son
falsetto. L’un de nos premiers
enregistrements ensemble
a été « Got to be Something
Here » des Lewis Brothers.
Ironie du sort : Prince jouait de la guitare
rythmique alors que moi je tenais la basse et
je chantais en lead. C’était en 1979, douze ans
avant Diamonds and Pearls, le premier album de
Prince avec le New Power Generation.
Quels sont tes morceaux
préférés parmi tous ceux
de ta collaboration avec
Prince ?
Oh man, il y en a tellement !
Entre autres, j’aime beaucoup la
basse de « She’s Always in My
Hair » ou encore celle de « Let’s
Work » et aussi l’arrangement de
« Diamonds and Pearls ». Et puis
il y a l’album Exodus (1995) qui
tient une place à part dans mon
cœur sans doute parce que j’y
ai assuré une bonne partie des
chants leads.
Mais c’est difficile de citer un ou
deux morceaux en particulier
vu l’abondance du répertoire.
Prince était tellement prolifique !
A part cette fameuse Fender
Jazz Bass blanche, tu
utilisais d’autres basses à
l’époque ?
J’ai eu aussi une Alembic et puis
il y eu cette basse que lui avait
construite ce luthier allemand
Auerswald. Prince voulait
que je la joue sur scène (on la
voit sur les clips de « NPG » et
« Cream », NDR) : il faut dire
qu’elle a un look très particulier
avec cet arc qui relie le corps
31
 “ JE PENSE QUE LE PLUS
GRAND TOURNANT A
ÉTÉ CE QUE J’AI FAIT
AVEC PRINCE ”
à la tête. Ensuite, je suis passé à la cinq cordes,
notamment avec Warwick dont je suis devenu
un endorsé. J’aime beaucoup ces basses dont je
trouve la définition exemplaire où que tu joues
sur le manche. Celles que je joue le plus sont des
Dolphin et des Vampyre.
A l’époque, j’amplifiais tout cela avec des gros
systèmes Ampeg. De nos jours, j’utilise plutôt
des systèmes Markbass ou Hughes & Kettner.
J’avais aussi un gros rack avec plein d’effets en
tous genres, distorsions, envelope filter, tremolo,
wha wha, whammy… Maintenant je suis plutôt
adepte du numérique et de la simulation et je
retrouve tout cela avec les produits Line 6 mais
dans un format beaucoup plus pratique.
Parlons du présent et du New Power
Generation actuel. Quel en est l’objectif ?
Garder cette musique vivante ! Nous ne sommes
pas un tribute band ! Tous à des degrés divers,
nous avons participé à la création de cette
musique et nous l’avons jouée avec Prince. Nous
sommes légitimes pour perpétuer cet héritage.
Depuis tout ce temps passé à jouer
ensemble, je suppose que la connexion
avec Michael Bland est plus que forte ?
Michael est un batteur phénoménal ! C’est un
vrai génie qui sait exactement ce qu’il faut jouer
32
et à quel moment, comment occuper l’espace
avec un sens du tempo exceptionnel et qui peut
improviser si la situation le demande.
D’ailleurs vous avez été tous deux
réquisitionnés sur The Optimist, l’album
solo (paru en 2018) de Cory Wong, le
guitariste de Vulfpeck. Pourquoi vous
a-t-il choisis ?
Je ne sais pas. Cory est un ami et il m’a appelé
un jour, tout excité ; il avait composé des titres
et il voulait entrer rapidement en studio pour
les enregistrer avec Michael et moi en section
rythmique. Tout s’est fait de manière très
spontanée ; Cory est vraiment un guitariste
fabuleux. Il y avait aussi Ricky Peterson (David
Sanborn, George Benson) à l’orgue et aussi The
Hornheads, la section de cuivres de Prince. Je
pense qu’il voulait cette couleur funk qui est
la nôtre tout en sachant qu’on pouvait aussi y
apporter un certain côté progressif, sortir des
sentiers battus.
Tu as aussi beaucoup collaboré avec le
Français Michel Portal.
Michel est en effet venu à plusieurs reprises
à Minneapolis pour enregistrer. La première
fois c’était en 2001, pour l’album Minneapolis
justement. Il y avait Tony Hymas aux claviers,
Vernon Reid à la guitare et Michael et moi.
C’était très intéressant à mi-chemin entre le
jazz, le funk, le jazz-rock, avec une grande part
laissée à l’improvisation. Michel Portal est un
musicien extraordinaire ! Il est ensuite revenu
en 2006 pour l’album Birdwatcher. Là encore,
il y avait Michael, Tony Hymas, mais aussi
Jef Lee Johnson, Airto Moreira et le Français
François Moutin à la contrebasse. A la suite de
l’enregistrement, on est venu faire quelques
dates en France.
Au rayon artistes français, j’ai aussi joué avec
France Gall (album live Concert public Olympia /
Concert acoustique M6 paru en 1997, ainsi que
l’album studio France avec David Sancious et
Kamil Rustam paru en 1996).
D’autres projets en parallèle ?
Depuis une vingtaine d’années je collabore
étroitement avec la grande chanteuse italienne
Giorgia, je suis même un peu devenu son
directeur musical. Elle est fantastique ! Il y a un
nouvel album en prévision et il est fort possible
qu’on parte ensuite en tournée. On reviendra
peut-être en France.
Merci Sonny, à bientôt.
Le New Power Generation se produira le 1er
décembre 2019 à la Cigale de Paris (75018)•
BASSI
STEMAGAZ
INE
LES MAÎTRES DE LA BASSE

Bruce THOMAS
NOTE(S) À NOTES(S)….
Ce bassiste iconoclaste, very british, est à ranger d’emblée parmi les mélodistes. Disons l’école McCartney, version speedée… Il est connu pour
donner du punch à n’importe quel titre en produisant trois ou quatre notes à la croche et propulser l’harmonie comme un avion supersonique.
L’ami Elvis Costello, grand énervé devant l’éternel, ne s’y trompa pas et employa ce bassiste durant une bonne décennie… Ouvrons le dossier.

Par Tony Grieco
GLORY DAYS
Bien que son heure de gloire soit associée à son travail
auprès d’Elvis Costello, Bruce Thomas n’est pas venu
de nulle part, un beau jour de pluie londonienne... Il
naît loin de la capitale anglaise à Stockton-on-Tees,
le 14 août 1948. C’est dans cette bourgade qu’il
commence à se produire dans les pubs, avec un
groupe nommé The Roadrunners. Ce gang recèle
un certain Paul Rodgers, futur Free, qui lui confie la
basse pour s’autoproclamer lead singer. Rebaptisés
The Wildflowers, les protagonistes abandonnent leurs
jobs respectifs pour se rendre à Londres. Devant le
peu de succès remporté, le groupe se sépare. Mais
les dés sont jetés, Bruce Thomas persiste dans la
musique et obtient un job auprès du chanteur Al
Stewart. Nous sommes début 1970 et la nouvelle
décennie s’annonce fructueuse. Il est vite remarqué
pour son jeu inventif et virevoltant et sa réputation
en ville ne cesse de grandir. Lorsque le punk déboule
la donne change mais Bruce qui s’est doté d’un style
unique va résister à la vague. Elvis Costello (Declan
MacManus) vient de décrocher un contrat avec le
label Stiff Records et l’urgence est de constituer un
groupe pour pouvoir tourner.
ACCORDS ET DÉSACCORDS
Costello qui veut dévorer la terre entière, met sur

34

pied un gang formé de solides gaillards. Le quatuor
se compose donc d’Elvis, un genre de « boss » à
l’anglaise, du batteur Pete Thomas (aucun lien de
parenté avec Bruce), du clavier Steve Nieve et donc,
de Bruce Thomas à la basse. Signalons qu’hormis
Steve Nieve, aucun des deux autres ne participe
à l’enregistrement du premier album de Costello,
My Aim Is True (1977). Dès lors, le groupe passe
son temps sur la route et, par moments, se pose
en studio pour enregistrer l’album suivant.
Dans le paysage général, Costello sort vite
du lot et, fort de ses Attractions, se retrouve
à nouveau en studio pour l’album This Year’s
Model (mars 1978). Cette fois-ci, les « boys »
sont de la partie. Le son, capté par Nick
Lowe à la production, est façonné par ces
quatre mousquetaires sous l’intraitable direc-
tion d’Elvis. L’album donne libre cours au lyrisme
échevelé du jeune homme en colère et la basse
produite par Bruce Thomas est un élément pré-
pondérant de ce son pétaradant. Bien plus tard
l’album sera classé à la 98éme place parmi les
500 meilleurs albums de tous les temps par le
magazine Rolling Stone. Bruce propulse à fond
les manettes des titres comme « Pump
it Up », ou « Radio Radio » auxquels il
donne de l’épaisseur et du funk. Sur
scène, le groupe usine à fond et pro-
pose des shows remplis d’énergie.
Mais, malgré le succès, l’entente entre
Bruce et Elvis n’est pas au beau fixe.
Bizarrement, les deux hommes ne se
sont jamais vraiment entendus. Pour-
tant Bruce Thomas reste membre du
groupe jusqu’à l’album Blood And Cho-
colate, paru en 1986, soit dix albums
en collaboration. Bruce Thomas écrira plus tard un
livre décrivant les rapports qu’il entretenait avec son
« dirigeant » avec quelques mots pas très tendres.
Costello répliquera en disant que son (ancien) bas-
siste allait jusqu’à saboter certains titres sur scène…
Même si le producteur Mitchell Froom propose et
obtient la réintégration de Bruce Thomas au sein
des Attractions, le temps de l’enregistrement de
l’album Brutal Youth, en 1994, la brouille entre les
deux hommes semble définitive, alors que ces
deux fortes personnalités auront quand même
gravé ensemble quelques chefs-d’œuvre…
TOUT EST DANS LE JEU…
Malgré tout, si l’irascible Elvis Costello a continué
a collaborer avec Bruce Thomas pendant tout ce
temps, c’est que quelque part, le « jeu » en valait
la chandelle. Alors arrêtons-nous un instant sur ce
fameux jeu… Bruce joue fort et très « devant », il pos-
sède une main droite particulièrement déliée qui lui
permet de jongler allègrement sur les quatre cordes
sans jamais accrocher ou déraper. Sa main gauche
n’est pas en reste et se propulse d’un bout à l’autre
du manche à la vitesse de la lumière. D’autres ont
essayé avant, mais lui y est arrivé. Il a pour maître
sans doute Jack Bruce, pour le côté un peu
« bavard », mais ses notes, lâchées par
grappes, forment des harmonies complexes,
comportant presque autant de tiroirs que
les textes de Costello qui, comme sa voix,
montent et descendent sans arrêt… En
cela, les deux hommes se complétaient.
L’album Punch The Clock (1983) donne
une excellente idée de cette façon très
libérée d’approcher l’instrument, même
s’il sonne un peu daté années
80, le titre « Everyday I Write
The Book » dit tout de ce poten-
tiel explosif. Enfin, lorsque le
patron le limoge, Thomas va
poursuivre son petit bonhomme
de chemin en bossant avec Billy
Bragg, Tasmin Archer et même
Suzanne Vega. Il mène aussi
en parallèle une petite carrière
d’écrivain car il aime bien racon-
ter ses frasques. Malgré tout,
Elvis et Bruce se retrouvèrent
côte à côte en 2003 pour
entrer au Rock and Roll Hall
of Fame, mais sans brancher
les guitares…•
LE COIN MATOS
Bruce semblait adorer une vieille Fender
Precision Bass de 1961, d’un rouge vif
qui lui fut hélas volée en 1996. Il l’avait
un peu modifiée selon ses propres cri-
tères. Dans les années 80, il expérimente
quelques bizarreries dont plusieurs basses
Danelectro. Il se tourne ensuite vers des
copies de sa Fender, mais sans en retrou-
ver les caractéristiques… Il est approché
un jour par Barry Moorhouse, directeur
du label Bass Centre, et les deux hommes
planchent sur un modèle signature. Ils
reprennent le look de la fameuse Fender
de1961 en la modernisant un peu, avec
notamment l’ajout d’un manche plus
confortable. Et bien sûr, la basse est de
toute beauté…
35
BASS TALK

STEVE TRÉGUIER
10 ALBUMS QUI ONT CHANGÉ MA VIE
Steve Tréguier semble lancé sur de bons rails ! En effet ce dernier est responsable des fréquences
à faire de la musique et je me suis senti attiré par
graves au sein de deux formations Metal, à savoir Kadinja et The Dali Thundering Concept, deux
groupes qui font bien plus que de s’imposer en France tout comme à l’étranger. Vous l’avez cet univers un peu « Dark ». Marilyn Manson était à
probablement aussi vu passer parmi les nouveaux intervenants pédagogiques de Bassiste l’époque un personnage controversé et je subissais
Magazine où il vous décortique des plans dans un style « Groove / Metal » avec une approche un peu cette barrière psychologique des parents
très moderne, et pour couronner le tout ce jeune musicien vient de décrocher un endorsement (rires). On n’avait pas accès à la musique, à YouTube,
avec la marque Vola Guitar qui lui fournit actuellement les basses cinq cordes avec lesquelles de la même manière qu’aujourd’hui, donc découvrir
il fait trembler les murs partout il se produit. Actuellement en pleine promotion du nouvel des artistes de cette trempe n’était possible que
album de Kadindja, DNA : Dedication. Nostalgia. Addiction, un opus qui se veut être un album via la télévision et c’est un peu ce qu’il manque
de reprises hommage aux groupes phares de Néo Metal du début des années 2000, nous en aujourd’hui... Je trouve ça dommage !
avons profité pour joindre le bassiste qui est revenu sur les disques qui ont jalonné son parcours
musical. Voici donc une discographie non exhaustive, Steve ayant tout simplement appliqué
le principe du « Il y’en a un peu plus, je vous le mets quand même ! » 2 ) A NEW ERA OF CORRUPTION
Par Adrien Kah WHITECHAPEL (2010)
Cet album me renvoie à la période où j’ai vraiment

1 ) THE GOLDEN AGE OF GROTESQUE Je suis tombé par

MARILYN MANSON (2003)
C’est un peu l’album qui m’a fait « sombrer » dans
le Metal (rires) ! J’étais jeune et à l’époque MTV
diffusait encore pas mal de clips de Rock et de Metal...
hasard sur le clip de
commencé à jouer du Metal. Au collège j’étais plus
branché Rock... J’écoutais quand même du Metal
« mOBSCENE » qui mais disons des choses assez « mainstream » comme
a créé l’accroche. KoRn ou Slipknot... Cet album de Whitechapel était
C’est une période probablement le truc le plus violent que je pouvais
où je commençais écouter à cette époque, et je l’écoutais tous les

36
 soirs ! Indirectement
je pense que ce disque
m’a influencé : Je n’ai
pas appris la basse sur
ce genre de musique
mais quand je joue j’ai
tendance à rentrer
dans l’instrument, à
attaquer fort... Je pense que c’est plus en ce sens
que le groupe a influencé mon jeu. Des formations
de cette trempe jouent d’enfer, c’est d’une précision
chirurgicale tout en gardant une patate incroyable !
3 ) KING OF
EVERYTHING
JINJER (2016)
Jinjer est un quatuor
Metal assez technique
voire « Math »
originaire d’Ukraine avec la particularité d’avoir une
chanteuse qui alterne « scream » et chant clair. Il
s’agit de la plus grosse claque Metal que j’ai pu
prendre sur l’année 2016 ! C’est Martin, le batteur
de mon groupe The Dali Thundering Concept, qui
m’avait envoyé une vidéo pour m’en parler. La vidéo
ne m’avait pas plus marqué que ça... Puis quelques
jours après, je me suis dit que j’allais quand même
écouter un album en entier. Je me suis pris une taule
monumentale et ça m’a réconcilié avec le chant
féminin dans le Metal ! C’est un groupe solide qui
a maintenant explosé : On les voit tourner partout
avec une bonne partie des concerts « Sold Out »,
j’encourage les lecteurs à aller les découvrir !
4 ) OPUS
EPONYMOUS
GHOST (2010)
Il s’agit de l’album avec
lequel j’ai découvert ce
groupe phénomène.
D’une façon générale j’ai toujours été attiré par les
groupes qui ont un concept. Ghost ne va pas chercher
dans le côté technique de la musique mais ils ont
une identité visuelle et sonore très forte que j’aime
beaucoup. Je les avais découverts pour la première fois
en live à l’Olympia en première partie des groupes In
Flames et Trivium. Personne ne connaissait vraiment
ce groupe ni ne savait à quoi s’attendre surtout avec
des têtes d’affiche qui ont un registre disons plus
« standard ». Les mecs ont débarqué déguisés en
prêtres avec des chants grégoriens, je me rappelle
que la moitié de la salle s’est vidée à ce moment-là...
Je suis resté et je me suis encore
mangé une grosse claque : l’univers
est ultra « Dark » mais il y a tout de
même de la mélodie flamboyante.
Quand tu écoutes l’album tu peux
remarquer que ce n’est pas parfait,
les parties instrumentales ne sont pas
toutes bien jouées, idem au niveau
du chant qui n’est pas toujours super carré... Mais il
se passe un truc original. Maintenant le groupe n’a
plus rien à prouver, tu les vois jouer dans des stades
aux côtés de Metallica, c’est devenu gigantesque !
5 ) ALICE & JUNE
INDOCHINE
(2005)
Cet album peut faire
un peu Ovni dans cette
sélection (rires) mais
il m’a vraiment marqué. Indochine c’est le genre
de groupe dont on est super fan ou dont on se
moque, mais ils ont quand même pondu quelques
trucs très stylés et assez méconnus, notamment ce
double album. J’ai été très surpris par ce rock, très
bien produit où les textes sont, je trouve, très bien
avec d’excellentes références littéraires ! On est
loin de « Bob Morane et la vallée infernale ». Je l’ai
écouté très longtemps, et je pense honnêtement
qu’il vaut le détour.
6 ) BREAKER
FOR TODAY (2010)
For Today est un groupe de Metalcore
qui s’est malheureusement beaucoup
fait cracher dessus avec son concept de
« Christian Core ». Je les ai vus plusieurs
fois en concert et je trouvais ça d’une part, cool
musicalement et d’autre part, courageux d’assumer
son concept religieux jusqu’au bout. C’est aussi avec
ce genre d’album que l’on commençait à abuser
dans la surproduction : tout était très produit, il fallait
que tout sonne le plus énorme possible (rires) ! Il
a fait partie des albums qui ont beaucoup tourné
sur ma platine. Quelque part cet album me faisait
rire tellement certains titres sont surmixés, avec
du « bass boost » à foison mais en même temps
j’adorais ça ! Aujourd’hui je trouve que ça a un peu
mal vieilli mais ça s’écoute encore très bien !
7 ) RANDOM
ACCESS
MEMORIES
DAFT PUNK
(2013)
Je connaissais les grands hits de Daft Punk, mais il
s’agit véritablement du premier album du duo que
j’ai écouté en entier et qui m’a marqué en termes
37

d’approche musicale. « Get Lucky » est le morceau
qui a eu le plus grand retentissement, et tu peux
d’ailleurs choper la partie de basse isolée en cherchant
sur le Net, mais le reste de l’album est composé des
pépites intéressantes en termes de compositions,
d’écriture, etc. Ça a été une grande redécouverte
de Daft Punk pour moi, également dans son côté
business. Je fais également de la production et du
management d’artistes à côté et à mon avis Daft
Punk est le summum de la communication et du
marketing, j’ai un total respect pour ces gars-là !
8 ) SPECIAL
EDITION
HATEBREED
(2009)
C’est un genre de Best
Of du groupe. Ce disque symbolise ma grosse période
Hardcore ce mélange de musique de voyous et de
Metal : en gros des mecs qui enclenchaient de la
grosse disto et qui portaient des Nike Air Max (rires) !
J’ai beaucoup écouté ce groupe et d’autres du genre
qui me donnaient la pêche !
9 ) THE DEVIL
KNOWS MY NAME
JOHN 5 (2007)
Pour la petite histoire,
je ne suis pas bassiste
depuis tant de temps que ça. Cela doit faire 4 ans
que je pratique réellement cet instrument et j’ai
beaucoup appris sur le tas en calibrant mon jeu
pour les groupes dont je fais partie. J’ai commencé
par la guitare et j’ai tout de suite été fasciné par ce
guitariste qui a non seulement un niveau de dingue
mais également une identité très forte avec tout un
concept autour de lui. Je l’ai découvert à l’époque
où il accompagnait Marilyn Manson puis je me suis
38
vraiment un outsider pour l’époque !
12 ) SAVAGES
THE DALI
THUNDERING
PROJECT (2018)
« Changé ma vie » ici pas
tant qu’en tant qu’auditeur, puisqu’il s’agit d’un
album d’un de mes projets musicaux qui a vraiment
une signification particulière pour moi. Il s’agit du
plus gros projet sur lequel j’ai bossé en musique... !
Pas tellement en termes de rayonnement car il
s’agit d’une musique de « niche » et l’on sait que
ça ne passera jamais sur NRJ... Mais en termes de
intéressé à sa carrière solo qui est vraiment riche. recherche artistique et d’investissement, le travail fut
Le mec est à mi-chemin entre le Metal et la Country colossal. Cet album se décompose en trois chapitres
dans son délire, mais c’est finement amené. qui mélangent réalité et fiction avec pour thématique
la « collapsologie » (l’étude autour d’un éventuel
10 ) THEMATA
effondrement du système économique et industriel
actuel et du modèle qui pourrait lui succéder – ndlr).
KARNIVOOL On a fait un boulot de dingue en lisant beaucoup de
(2005) bouquins, en allant voir des conférences, etc. Toute
la réflexion autour de l’album s’est étalée sur trois
Pendant plusieurs ans, avec des réunions toutes les semaines ! On
années je suis complè- s’est pris la tête sur le moindre détail : les références
tement passé à côté de littéraires, l’écriture des clips. Cet album touche un
ce groupe. Je voyais circuler le nom, j’avais écouté sujet de société grave dont on est tous repartis
deux ou trois morceaux sans plus... Mon ex copine les changés, je me devais d’y faire référence !•
écoutait beaucoup et il y avait un genre battle entre
ses groupes et les miens (en particulier Monuments),
bref je n’étais pas vraiment fan... Puis j’ai vu passer
une date de concert qui réunissait ces deux groupes
sur la même affiche et je me suis dit que c’était
une bonne occasion d’aller découvrir Karnivool en
live. Je nous ai pris des places et j’y suis allé avec
un petit a priori sur le groupe... Je me suis encore
pris une grosse claque musicale ! Je suis sorti du
concert abasourdi et depuis cette soirée je dois
écouter au moins une ou deux fois par semaine un
album de Karnivool !
11 ) CHUCK
SUM 41 (2004)
C’est vraiment mon
album préféré de ce
groupe. Je ne suis pas
un grand fan de Punk
Rock mais quand tu as un pied dans le Metal et que
tu écoutes ce disque tu te rends vraiment compte
de toutes les influences que le groupe a digérées
pour pondre cet opus. Il n’y a pas un morceau à
jeter, je trouve même les ballades terribles, les lignes
et harmonies de chant sont vraiment super bien
arrangées, etc. Curieusement c’est l’album qui, je
crois, a le moins bien marché, mais ce disque reste
 PÉDAGO KADINJA (ENTRE DJENT ET NEO METAL) KASPAR JALILY LEÇON SPÉCIALE FUNK SATURAX
LES EFFETS DE SLIDE SANS BOTTLENECK LÉO NATALE (DJENT / PROG) THOMAS FRATTI
(JAZZ FUSION) SEB GARSIA (SHRED) JEAN FONTANILLE (IMPROVISATION ET INTERVALLES)
XTREME

95
VINTAGE

ET AUSSI ESQUIRE 1954

OPETH TELECASTER 1952
KADINJA SONIC FACTORY
BLINK-182 HIRED GUN OR
LAURA COX FIRED GUN ?
NITA STRAUSS
THE TOY DOLLS
MATOS

DAGUET GUITARS,
FRIEDMAN, SUPRO,
SCHECTER, JHS, XOTIC,
LEGATOR, PETTYJOHN,
SABELYA EFFECTS,VIGIER
INTERVIEW

Michael Schenker
WOLFGANG AMADEUS SCHENKER
3’:HIKLOD=YU[XU^:?k@a@j@p@a";
M 01434 - 95 - F: 6,30 E - RD
NOVEMBRE/DECEMBRE 2019 - 6,30€ BEL.: 6,50€

GUITARES DE LÉGENDE

L’EXPO PLAY IT LOUD

DE NEW YORK COMME
SI VOUS Y ÉTIEZ !
BASS STORY
Super Bass

LE PREMIER STACK
Si les guitaristes peuvent difficilement faire l’impasse sur le son Marshall, on ne peut pas dire que les bassistes, de nos jours, sont
très friands de la marque anglaise, et pourtant, c’est en partie grâce à ces amplis que le rock’n’roll a pu prendre la dimension qu’on
lui connaît et ensuite, via un retour vers les Etats-Unis, inspirer des fabricants tels que feu Acoustic ou l’indéboulonnable Ampeg. C’est
l’occasion pour nous de nous pencher sur un modèle emblématique, le Super Bass, qui symbolise à lui seul les excès du Rock’n’Roll.

Par Régis Savigny

Une tête Super Bass MkII

LA GENÈSE D’UNE LÉGENDE. DÉJÀ UN AMPLI BASSE

Nous sommes en 1962, en Grande-Bretagne. Le Fender Bassman était l’ampli le plus populaire Jim Marshall
Jim Marshall, né en 1923 et promis à une grande de l’époque, notamment auprès des rockeurs
carrière de batteur, est sur le point de changer qui aimaient sa sonorité rauque et râpeuse. numéro de série. Basés sur le circuit américain,
l’histoire du rock et de la musique populaire. Cependant tous s’accordaient à penser, les six premiers prototypes vont voir le jour en
Depuis presque dix ans il est un des professeurs Townshend et Richie Blackmore en tête, que ces septembre 1962, deux mois après l’ouverture
de batterie les plus réputés de Londres (un de amplis américains sonnaient encore trop clair, et du magasin. C’est en entendant un de ces six
ses élèves n’est autre que Mitch Mitchell qui manquaient un peu de basses. C’est sur la base prototypes que Pete Townshend aurait déclaré
finira dans le groupe d’un certain Jimi Hendrix). de ce modèle que Marshall et Bran, rejoints par le « Voilà, c’est cela le son Marshall ». Ces amplis,
Il a pris l’habitude d’acheter des batteries pour jeune Dudley Craven vont produire les premiers désormais connus comme étant les « Mark I »
les revendre à ses élèves. A la tête d’un petit amplis siglés par la marque. Cependant, si le alors qu’à l’époque aucun nom ne leur avait été
pécule, il décide d’ouvrir un premier magasin premier logo Marshall était bien présent sur donné, ont été souvent décrits par Jim Marshall
afin d’officialiser son affaire et profiter de sa la façade dite « offset » (asymétrique), aucun comme les premiers JTM45 (JTM pour Jim et
réputation. C’est Max Abrams, son ancien nom de modèle et, la plupart du temps, aucun Terry (son fils) Marshall et 45 pour la puissance
professeur qui assurera l’inauguration, le 7
juillet 1962. Les batteurs londoniens défilent
dans la boutique, bien souvent accompagnés
de leurs collègues guitaristes et bassistes. C’est
un certain Pete Townshend qui conseillera à Jim
Marshall de vendre ou d’importer également
des amplificateurs pour guitare. Non seulement
il écoutera le conseil mais s’impliquera dans
la conception d’enceintes, notamment pour
les bassistes, souvent dépassés par les autres
instruments. Ken Bran, technicien, sera le
premier à convaincre Marshall de faire plus que
distribuer les amplis des autres : fabriquer ses
propres amplis.
Super Bass

40

Entwistle
supposée délivrée par l’ampli, 45 Watts, mais
plus raisonnablement 30 à 35 watts. Le son
particulier de ces amplis est dû principalement,
dans un premier temps, à l’utilisation de deux
haut-parleurs de 12’’ au lieu des 4x10’’ dans le
Fender.
La présentation des prototypes au public
sera un tel succès que 33 commandes seront
enregistrées dès le premier jour d’exposition
et l’engouement ne cessera pas au point qu’en
1964, après avoir ouvert un deuxième magasin,
Jim Marshall se verra dans l’obligation d’ouvrir sa
première usine à Hayes. A la fin de l’été 1964 ce
sont seize employés qui construisent la version
II du JTM 45 au rythme de vingt amplis par
semaine.
LA NAISSANCE DU SUPER BASS
John Entwistle et Pete Townsend s’étant fait
voler leur matériel, ils demandent à Jim Marshall
de leur construire des amplis plus puissants en
remplacement. Ce dernier leur dit qu’il faudra
doubler la taille des enceintes. C’est comme
cela que seront construits les fameux baffles
8x12’’ absolument intransportables et bientôt
remplacés par deux baffles 4x12’’ superposés.
La tête 1959 Super Lead fera son apparition
suivie de la version 1992 dite Super Bass. Les
deux amplis sont fabriqués autour des mêmes
schémas, celui du Super Bass étant modifié pour
Lemmy
obtenir plus de volume et moins de distorsion.
Les deux têtes fonctionnant sur des basses
identiques d’Ecc83 en préamplification et KT66
en puissance. Jusqu’en 1969 le Super Bass
disposera d’un panneau frontal en plexiglass,
ce qui pourra prêter à confusion avec le Super
Lead et le modèle 50 watts 1987 tous les deux
appelés « Plexi » de ce fait. Les puristes réservent
l’appellation Plexi au seul modèle 1959, typique
du son de nombreux guitaristes. Les bassistes
se rueront dans un premier temps sur le stack
Super Bass, permettant de tenir la dragée haute
aux guitaristes, souvent obligés de passer au
Super Lead pour tenir la distance. Cela dit, le
son typique du Super Lead reste Marshall dans
l’esprit, et n’est pas, en particulier à fort volume,
très généreux en basses.
Les choses n’iront pas en s’améliorant sur ce
point avec le passage aux lampes EL34 en
remplacement des KT66 en 1969. Quasiment
en même temps c’est un panneau de contrôle en
aluminium anodisé/brossé qui remplace la face
plate en Plexiglass. Cependant dans le langage
courant les modèles en question et les JMP,
les MkII qui suivront se verront encore donner
l’appellation de Plexi.
Le Super Bass sera fabriqué de 1966
à 1981 avant d’être remplacé par une
version « basse » du JCM 800. Cependant
assez rapidement et jusqu’à la fin, les
bassistes vont se détourner du stack
Marshall au profit de marques américaines
plus aptes à délivrer du bas à fort niveau,
Ampeg en tête. Les guitaristes, eux, vont
prendre à leur compte les modèles Super
Bass et, de Malcolm Young à Gary Moore,
nombreux sont les exemples d’utilisation
guitaristiques du Super Bass. Pourtant,
sans ce dernier, point de Jack Bruce ni
d’Entwistle et encore moins de Lemmy
qui, au sein de Motorhead, va définir
La tête Murder one de Lemmy.
tif
l’archétype du son Rock/Metal à la basse. Un
son gavé de bas medium et d’harmoniques,
capable de remuer un stade tout en vrillant les
tympans les moins préparés à un tel déluge.
Toutefois, à bas volume on se rend compte que
les Super Bass sont très équilibrés, bien plus que
ce que la réputation de ces derniers à tendance
à laisser croire. Bien évidemment les modèles
équipés de KT66 sont plus aptes à donner dans la
rondeur, l’EL34 étant typiquement plus riche en
harmoniques et plus prompte à tordre.
UN MARCHÉ DE L’OCCASION
DIFFICILE
Les stacks d’époque sont rares à trouver et
généralement assez chers. D’une part parce que
ce sont toujours d’excellents amplis et que les
modèles qui ont suivi ont été légèrement bridés
par Marshall pour éviter les retours en SAV
(abaissement de la tension de fonctionnement
des lampes notamment) d’autre part parce que
les guitaristes se sont engouffrés dans le marché
dès que les bassistes ont commencé à migrer
vers les marques US et ont construit une solide
réputation à ces amplis mal aimés, un peu comme
le Fender Bassman en son temps, récupéré par
les six-cordeux. Une tête en bon état se négocie
1500€ minimum et cela peut monter assez vite si
les enceintes d’origine sont présentes ainsi qu’en
fonction de l’année de production (un exemplaire
MkII de 1980 se vend moins cher qu’un Super
Bass de 1967). Si vous êtes tenté sachez que
cela reste un investissement assez sûr mais
pas polyvalent du tout et que Marshall a depuis
produit un stack moins typé mais très intéressant,
le VBA400, qui se négocie à des prix assez
raisonnables sur le marché de l’occasion. Le son
est finalement plus américain qu’anglais du fait
des huit lampes 6550 dans l’étage de puissance,
mais ça mérite quand même un détour. •
41
À
,
L’ESSAI Nouvelle série signée Sire en partenariat

MÉ
avec Marcus Miller, Jazzbass active au

SU
look élégant qui vient concurrencer les

RÉ
basses haut de gamme du marché.

Sire Marcus Miller V10

5 cordes
Par Antonin Rubatat

O
n connait Marcus Miller pour
son martelage intempestif de sa
Fender Jazz Bass de 77, modifiée
par Roger Sadowsky. Quand celui-
ci quitte Fender pour poser son
nom sur une série de basses, on lui fait confiance
pour que celles-ci soient à la hauteur de nos
attentes. Les basses Sire, la marque de Sir Marcus,
ont depuis plusieurs années conquis et ravi les
musiciens amateurs, qui veulent de la qualité
sans avoir à faire chauffer la CB, mais aussi les
pros qui y trouvent leur compte et emportent ces
instruments sur la route, ils subiront les aléas des
tournées à la place de leur vieille Jazz Bass chérie.
En ce bel automne que 2019 nous réserve, nous
découvrons la Sire V10, aux couleurs de saison,
qui ose monter sur le ring des (très) grandes.

CATÉGORIE PRO
Pour la somme de 1489€ la 5 cordes, la clientèle
visée n’est plus celle des débutants fans du
slappeur, mais bien des pros en quête d’une
basse de compétition prête à affronter tous les
dangers. Mais attention, dans cette gamme de
prix et dans la catégorie Jazz Bass, Sire se place
entre les Fender mexicaines Deluxe (environ
1000€) et américaines Elite (environ 2000€),
mais vient surtout concurrencer la marque
Sandberg, dont le début de gamme se situe
aux alentours de 1400€. Chez de nombreux
bassistes Sandberg est devenue une référence
en matière de Jazz Bass active depuis la flambée
des Fender American Elite. Les Sadowsky et
leur nouvelle série à moins de 2000€ ne sont
pas très loin également. Le combat va sûrement
être serré. On met les gants ! maple » (érable rôti). On retrouve ce procédé de d’humidité. Qui n’a jamais rêvé d’un manche qui
traitement de l’érable sur des modèles très haut ne bouge pas ?
UPPERCUT de gamme, notamment chez Ernie Ball, qui donne La prise en main se fait sans aucun souci, on est
un aspect plus foncé et beaucoup plus classieux à comme à la maison, avec quelques améliorations
Rien que sur le look, la V10 nous met une première cette essence de bois dont on peut avoir tendance de luxe... Les bords du manche sont arrondis
droite et nous jette dans les cordes... Le corps à se lasser à force de le voir partout. L’érable rôti pour accroître le confort de jeu, et son profil en C
en frêne est orné d’une table en érable flammé serait apparemment plus léger et plus dur, moins asymétrique (plus large au niveau des cordes graves,
sublime. Le manche et la touche sont en « roasted enclin à subir les différences de températures et plus fin pour les aiguës) donne une bonne sensation

42

de manche typé PB dans les graves, mais plus de
fluidité pour les parties virtuoses. La transition se
fait très naturellement, je ne l’ai pas senti au premier
abord. L’accastillage semble de bonne facture, on
retrouve un chevalet massif classique et un sillet en
os, des mécaniques ouvertes, le tout fait par Sire. Les
micros sont également faits maison avec un set de
Marcus Premium J Revolution, et le préampli Marcus
Heritage 3. Je reprochais la présence de ce dernier
sur les modèles plus bas en gamme, il n’est, à mon
sens, pas justifié de dépenser une certaine somme
pour équiper une basse à 400€ d’un préampli, il serait
bien plus judicieux d’investir cette somme dans
la qualité d’assemblage et la lutherie. Mais sur
la V10, qui doit concurrencer les allemandes
et américaines sous stéroïdes, ce dernier est
indispensable ! Il est alimenté en 18v pour
un maximum de headroom (l’amplitude que
l’on va avoir sur les fréquences du préampli
pour obtenir un son riche et plein), et on
retrouve comme sur tous les autres modèles
de la marque un double potard avec Volume
et Tonalité, un mélangeur de micros, un potard
d’aigus, un double potard pour contrôler le volume
des mediums et la fréquence de ceux-ci, un
potard de basse et un switch actif/passif.
Ce sont certainement des aprioris sans
fondement, mais à ce prix-là on aimerait
en savoir un peu plus sur la fabrication
du chevalet, des micros et du préampli.
On est habitué à avoir de la « marque »
sur un instrument de cette gamme. Mais
tant que la musique est bonne...
VAINQUEUR PAR KO
En mode passif, la basse grogne déjà grâce à la
touche érable. On retrouve le grain typiquement
Jazz Bass avec tout de même plus de caractère
que les concurrentes. La Sandberg que je
possédais sonnait plus douce et les Fender Elite
que je connais sont un peu plus aseptisées. La
basse sonne agressive et aime qu’on lui rentre
dans le lard. Le Si grave est très bien équilibré
par rapport aux autres cordes, et la définition,
même au-delà de la 5e case, là où la plupart
commencent à faire défaut, est parfaite. Mais
c’est en jouant avec le préamp qu’on entre dans
d’autres sphères... Le potard de basse permet
de gonfler la puissance de la 5éme corde et les
aigus peuvent calmer les ardeurs de l’érable pour
les fans de sonorités plus douces. On est sur
une Jazz Bass, donc tous les styles de musique
peuvent être passés en revue sans sourciller.
Je suis un piètre slappeur mais je vous laisse
imaginer que celle-ci excelle dans ce domaine,
que ce soit le slap rugueux à la Larry Graham en
mode passif, ou alors chirurgical typé Marcus en
actif avec les bas mediums creusés, les basses
gonflées et les aiguës qui chantent. Je n’ose
même pas attraper une Fender American Elite
qui affiche 1000€ de plus au compteur, ou une
Sadowsky NYC au quadruple du prix, tellement
la Sire fait oublier sa fabrication asiatique de par
la qualité des matériaux et de l’assemblage. Un
grand bravo à Marcus Miller et à toute l’équipe
de Sire de rendre la qualité du haut de gamme
accessible au plus grand nombre.•
DISTRIBUTION
www.sire-usa.com
1489 €
43
À
,
L’ESSAI Nouvelle série de reissue vintage made

MÉ
in Mexico. Une lutherie de bonne qualité

SU
pour un prix largement en dessous des

RÉ
productions américaines.

Fender Vintera 70’s

Jazz Bass
Par Antonin Rubatat

D
ans son usine mexicaine Fender
fait des miracles, quitte à éclipser
la production américaine devenue
de plus en plus onéreuse alors
que la différence de qualité ne
justifie plus vraiment, aux yeux des bassistes
passionnés, un écart de prix aussi important. La
série Player nous avait laissé un très bon souvenir.
Souvenir tellement bon qu’une Precision Bass
jaune a fini chez moi. Voyons voir ce que cette
Jazz Bass a dans le coffre !

AGE D’OR
Les années 70 marquent l’apogée de la Jazz
Bass, notamment grâce à Jaco Pastorius, mais
aussi John Paul Jones de Led Zeppelin et un
bon nombre de bassistes de funk. Fender fait
évoluer sa célèbre création des années 60 pour
lui apporter quelques changements significatifs.
L’accès au trussrod se fait au niveau de la tête de
manière beaucoup plus pratique avec la douille qui
dépasse du manche. Les blocs inlays remplacent
les points sur la touche et un binding blanc orne le
manche pour un look plus prononcé. Mais ce qui
va définir l’identité des Jazz Bass 70’s va être le
placement du micro aigu, légèrement plus proche
du chevalet que sur une Jazz Bass de type 60’s.
Configuration appréciée de quelques bassistes
célèbres, Marcus Miller et Geddy Lee pour ne
citer qu’eux, mais aussi dans la production locale
nous avons Linley Marthe, incroyable grooveur
mauricien qui ne jure que par sa Jazz Bass des
années 70 avec une touche érable.
Il est temps d’inspecter cette Vintera pour la
comparer à ses aînées.
on aurait préféré un vernis nitrocellulosique pour d’entre nous, apporte un bon confort de jeu même
Pour commencer nous avons un corps en aulne, respecter l’aspect vintage. Ce dernier étant plus fin, il dans les graves. Comme d’habitude chez Fender le
un manche en érable (classique) et une touche vieillit mieux et donne rapidement à l’instrument un manche est équipé de 20 frettes, ce nombre paraît
en Pao Ferro. Il est encore compliqué d’utiliser du aspect naturellement relic. Le vernis brillant uréthane assez petit aujourd’hui face aux basses 6 cordes
palissandre pour des raisons de restrictions, le est certes plus solide, mais les impacts laisseront avec parfois plus de 24 frettes. Mais même en étant
Pao Ferro s’en rapproche en étant tout de même des craquellements et des crevasses moins sexy que un féru de jeu mélodique, vous pourrez développer
moins moelleux et plus sec au niveau du son. son concurrent. L’instrument est doté d’un manche vos soli et accords sur cette basse sans aucun souci.
La finition Natural Aged est très belle, même si assez épais avec un profil en C, ce qui, pour la plupart Less is more !

44

VIOLENT AND FUNKY
Une fois branchée, on met tout à fond et on reconnaît
le grain des Fender typées 70’s. La position du micro
chevalet donne un son plus creusé dans les mediums
quand les deux micros sont actifs, avec un côté sec
et puissant qui sonne merveilleusement bien au
médiator, très appréciable pour les amateurs de
rock, voire de metal ! Martin Mendez du groupe
de death metal Opeth a utilisé pendant des années
une Fender Marcus Miller (typé 70’s donc) en live
comme en studio. Le micro manche seul sonne
gras. En baissant la tonalité on calme légèrement
ses ardeurs mais il fera l’affaire si vous souhaitez
vous rapprocher d’un son typé Precision. Le micro
aigu quant à lui, de par sa proximité avec le chevalet
sonne très medium/aigu, le niveau de sortie est
plutôt élevé pour une basse passive. Le son de
basse fusion « coin coin » des années 70/80 est
maintenant à votre portée, Patitucci, Jeff Berlin,
Jaco, Jonas Hellborg... Si vous êtes fan de ces noms
vous ne serez pas déçu... Mais personnellement, la
Jazz Bass je l’aime tout à fond, et cette configuration
offre un aspect plus chantant qui conviendra au
jeu en accords et mélodique.
Mais ce pourquoi on apprécie particulièrement
les Jazz Bass 70, c’est bel et bien le slap.
Branchée dans un ampli Markbass Marcus
Miller signature, tout à plat à l’EQ et tout à
fond sur la basse, on reconnaît la patte du
maître. Les mediums sont naturellement
creusés, les basses plus profondes que sur
la plupart des Jazz Bass et les aigus chantants
en font une bête de funk.
FAIRE DU NEUF AVEC DU PAS SI
VIEUX ?
L’accastillage au fil du temps n’a pas beaucoup
évolué chez Fender. Il est basique mais
fonctionnel, et remplit parfaitement ses fonctions,
ses mécaniques sont fiables et suffisamment
légères pour que votre instrument ne pique pas
du nez et son chevalet suffisamment lourd pour
favoriser le sustain. L’assemblage me semble
qualitatif mais le réglage d’usine est pour ma
part un peu haut (même pour moi qui aime
les actions de type arbalète) mais on pourra
baisser les cordes sans souci. Comme souvent
pour les Fender fabriquées au Mexique ce qui
fait le plus défaut ce sont les micros. Ceux qui
équipent la configuration de type 70 ont été
spécialement conçus pour ces modèles, mais
malgré leur puissance ils manquent un peu de
caractère. N’hésitez pas à les upgrader pour
retrouver un son encore plus authentique. Sur
mon modèle Precision Player, j’ai fait le choix de
le changer pour un DiMarzio, et la différence est
flagrante : la lutherie exprime pleinement son
potentiel avec un micro qui a plus de dynamique.
En revanche, une petite question me taraude...
Fender avait auparavant une Fender Mex Classic
70 Jazz Bass qui ressemble comme deux gouttes
d’eau à la Vintera, excepté un écart de prix
supérieur de 200€ pour la Vintera. Certes cette
dernière est disponible en trois coloris (sunburst,
natural aged et inca silver), et uniquement en
sunburst pour la Classic 70, mais cela suffit-il à
justifier la différence de prix ? Affaire à suivre !
Merci au magasin parisien Bass Maniac où
les Fender Vintera Jazz Bass 70, mais aussi
Jazz Bass 60, Precision 50 et Mustang 60 sont
disponibles. •
DISTRIBUTION
www.fender.com
1099 €
45
À
,
L’ESSAI Pédale de multieffets avec simulations

MÉ
d’amplis et de baffles. Couteau suisse du

SU
musicien amateur comme professionnel

RÉ
Line6 HX Stomp
Par Antonin Rubatat

L
e numérique commence à se faire
une bonne réputation, même chez
les puristes, et pourtant ce n’était pas
gagné d’avance... Line 6, pionner dans
le domaine, créateur des mythiques
DL4 (delay et looper utilisé par tous les musiciens
des années 90 et 2000), et Pod (le fameux haricot
contenant des centaines d’effets et simulations
d’ampli), qui ont changé le monde de la musique
à jamais, a vite été rattrapé et dépassé par les
concurrents Fractal et Kemper qui ont gagné
d’abord le cœur des métalleux, pour ensuite
conquérir le reste des guitaristes et bassistes.
Mais la marque californienne avec le HX Stomp
a encore bien de tours dans son sac...

MINI HELIX
Le HX Stomp est donc la version mini du Helix
Floor, pédalier tout en un. On a dans les mains
une boîte de 800 g, 17,8cm par 12,6cm, avec à
l’intérieur plus de 300 effets et de nombreuses
simulations d’ampli et de baffles. Toutes la série
des mythiques DL4, FM4, MD4, DM4 etc. est au
rendez-vous. On reste rêveur... La prise en main est
relativement simple, les entrées et sorties jacks
sont stéréo, idem pour la boucle d’effet, une sortie
et une entrée MIDI, un port USB pour contrôler
la bête depuis un ordi et une sortie casque pour
travailler tranquillement à l’hôtel ou chez soi.
Sur le dessus, trois switchs, un petit écran LCD
et quelques potards... On navigue facilement entre
les différents presets d’usine, mais pour éditer ses
propres sons, il sera plus confortable de passer par un
ordinateur où l’interface est très intuitive. On choisit
ses différents effets et simulations d’ampli pour se
créer un rig virtuel. Il est possible de créer des chemins
A et B pour avoir des effets en parallèles, et ainsi
mélanger par exemple un son clean compressé avec
une fuzz, voir même de dispatcher les fréquences de
votre instrument. Par exemple envoyer tout ce qu’il
y a en dessous de 500hz dans une boucle et le reste
au-dessus dans une autre. Cette technique est très
pratique pour obtenir des sons de basse agressifs
et précis avec des distorsions de guitare, ou pour
appliquer par exemple une reverb uniquement sur
des fréquences aiguës.
NAVIGATION
Le souci qui va se poser quand on a uniquement
trois switchs aux pieds, ça va être la navigation entre
les différents effets et presets. Line 6 a été plutôt
inventif à ce niveau. quatre types de navigations
sont possibles :
- le mode pédales :
Les switchs 1 et 2 correspondent à deux effets de
votre choix, le switch 3 fait office de tap tempo et
d’accordeur. Vous avez la possibilité d’avoir des effets
qui restent enclenchés. Par exemple, le switch 1
correspond à un octaver, le 2 à un drive, et vous avez
un compresseur et une simulation d’ampli actifs. Un
mini pedalboard sous les pieds ! Il faut cependant
se baisser pour changer les presets.

46
- le mode défilement :
Les switchs 1 et 2 servent à passer d’un preset à un
autre, le switch 3 est toujours relégué au tap tempo
et à l’accordeur. On passe ainsi d’un pedalboard à
un autre sans avoir la possibilité d’activer ou de
désactiver des pédales en particulier. Ce mode sera
très pratique si vous jouez un show millimétré avec
une set list fixe.
- le mode preset :
Chacun des switchs correspond à un pedalboard
différent, on navigue entre les trios de pedalboards
en appuyant sur deux switchs en même temps. On
peut facilement accéder à des sons très variés mais
on sacrifie l’accordeur et le tap tempo.
- le mode snapshot :
Mon préféré avec le mode pédales. Chaque footswitch
correspond à un snapshot. Un snapshot est tout
simplement une combinaison de votre pédalboard.
Par exemple, vous avez créé un preset avec un octaver,
un drive, un filtre, un chorus et un compresseur, le
snapshot 1 peut-être octaver+comp, le 2 comp+drive
et le 3 filtre+octaver. On navigue facilement entre
les pedalboards en appuyant sur deux switchs
simultanément. Pour les musiciens qui veulent
remplacer une configuration avec beaucoup de
pédales par le Stomp, c’est le meilleur moyen de
naviguer à travers les sons.
A noter qu’il est possible de rajouter deux footswitchs
externes supplémentaires que l’on peut assigner au
défilement du mode Stomp ou du mode Snapshot
par exemple. Une pédale d’expression est également
assignable à n’importe quel paramètre sur tous les
effets.
EN SITUATION
My 2 cents sur le sujet, ou bien si vous préférez :
mon grain de sel sur le sujet. Je suis très attaché
à la qualité de mon son, c’est ce qui m’importe le
plus avec le timing en tant que bassiste. Je suis
également fan d’effets et je peux passer des heures
à construire des pedalboards. Et si vous êtes comme
moi, alors il faudra passer un certain temps sur la
bécane pour trouver des sons qui vont vous plaire, et
certaines pédales comme les octavers et les drives
sont difficilement remplaçables. Le bon vieux OC2
n’est pas encore prêt à finir sur Reverb.com. MAIS
la perte de « qualité » (disons d’authenticité)
sonore, est très minime (il est indéniable que
vous seul vous rendrez compte de la différence)
par rapport au gain de facilité qu’offre le Stomp.
Avoir tout son matos, pedalboard compris qui
rentre dans sa housse de basse, pour les grands
voyageurs ça n’a pas de prix.
Alors, que ce soit pour les pros qui en ont marre
de leur chiropracteur et des frais de bagages
supplémentaires, ou les amateurs qui pour 500€
auront un rig tout en un, le Stomp saura ravir un
bon nombre de bassistes/guitaristes.
Le seul risque est de se perdre dans la quantité
phénoménale des possibilités qu’offre le Stomp,
il sera judicieux de connaître précisément ses
besoins avant de se lancer dans la configuration
de sons.•
DISTRIBUTION
www.line6.com
500 €
47
À
,
L’ESSAI
Tech21
Par Paco Fernandes
S
ouvent, un produit portant la
signature d’un artiste célèbre
ne s’adresse qu’aux fans de ce
dernier, mais Geddy Lee est une telle
référence en matière de basse rock
qu’on peut imaginer que bon nombre
de bassistes pourraient s’intéresser à
ce préampli compact.
Il y a deux ans, la firme présidée par
Andrew Barta avait déjà sorti un
préampli GED-2112 au format rack
19” portant la Signature de l’ineffable
bassiste du trio canadien, mais cette
fois, c’est sous la forme d’une pédale
compacte que réapparaît le SansAmp
Geddy Lee Signature. Outre son format
compact, et son tarif relativement
accessible, la pédale offre l’avantage
de pouvoir fonctionner sur pile 9 v ou sur
alim externe optionnelle, tout en conservant
les mêmes caractéristiques sonores qui font le
son légendaire de Geddy Lee.
MÉLANGE EXPLOSIF !
Comme beaucoup de bassistes de rock, le secret
du son de Geddy Lee réside dans un savant
équilibre entre son clair et saturation, utilisés en
parallèle pour produire un grain caractéristique.
Alors, ce petit préampli au format pédale propose
donc deux canaux qui fonctionnent en parallèle
et que l’on peut doser savamment à son goût.
La connectique est simple : une entrée et
un sortie audio mono au format Jack et une
prise pour l’alim externe. On trouve ensuite six
potentiomètres : Les deux premiers contrôlent
le niveau de sortie général et le mix entre son
clair et son saturé. Les trois suivants forment
une égalisation à 3 bandes (Low, Mid, High) et
le dernier permet d’ajuster le taux de saturation.
Enfin, un mini-switch Tight permet d’obtenir un
grain plus serré avec une réponse plus rapide,
qui favorise le jeu véloce. On peut utiliser le
XYZ directement dans une console ou bien se
brancher de manière plus traditionnelle dans un
ampli basse. Sur un pedalboard plus complet,
48
M
SU
RÉ
SansAmp
Geddy Lee XYZ
on le placera logiquement là où l’on mettrait un
overdrive.
ADDICTED TO THAT RUSH !!
Dans la mise en route, on sent que la pédale est
extraordinairement réactive au niveau du signal
qui sort de l’instrument, aux inflexions de jeu ou
à l’influence des effets qui peuvent être placés en
amont (compresseur, wah, etc.). Le but premier étant
de se rapprocher du son légendaire de Geddy Lee,
on ajuste d’abord la pédale tel que le manuel nous
Un préampli complet au format pédale,
É
pour retrouver presque instantanément
le son du légendaire bassiste de Rush,
Geddy Lee, mais aussi un overdrive bien
plus versatile qu’il n’y paraît.
l’indique et là, ça devient flagrant, on retrouve
bien ce son si particulier, avec cet équilibre unique
entre gros graves puissants et mediums très
présents grâce à cette pointe de saturation qui
fera rugir n’importe quel ampli à lampes. Rien
qu’en jouant avec le potard de mix, on peut
trouver des variations sonores qui s’adaptent
à n’importe quel répertoire rock. L’égalisation
3 bandes est redoutablement efficace et permet
d’adapter la pédale à n’importe quel instrument,
tandis que le réglage de Drive offre suffisamment de
gain pour obtenir des sonorités plus modernes à la
Tool ou à la Primus, par exemple… Même les fans de
Jack Bruce ou de Billy Sheehan pourraient y trouver
leur compte. En dosant habilement les sons clairs
et saturés, on peut obtenir des sons extrêmement
puissants pour groover rock, en conservant assez
de clarté pour bien faire passer les fréquences
graves et rester parfaitement couplé à la batterie,
tout en disposant de cette pointe de saturation qui
va faire littéralement gicler dans le mix le moindre
trait lead. L’ensemble du système basse/pédales/
ampli semble revitalisé, les notes et les effets sortent
sans effort, et on a presque l’impression de mieux
jouer. N’est-ce pas là ce qu’on peut attendre d’un
nouveau matériel ?•
DISTRIBUTION
tech21nyc.com
249 €
À
,
L’ESSAI
Peavey
Max 250
Par Paco Fernandes
M
algré ses récents déboires aux USA, où
la firme a dû fermer plusieurs usines et
délocaliser sa production en Extrême-
Orient, Peavey continue de produire des amplis
performants à un prix raisonnable comme ce
Max 250.
Jadis, les amplis pour basse étaient des monstres
de puissance aux dimensions impressionnantes
et au poids conséquent, mais il fallait bien cela
pour se faire entendre sur les scènes des années
70… Depuis, même si certains amplis colossaux
sont restés mythiques et très prisés par les
stars qui écument les grandes scènes, force
est de reconnaître que la plupart des bassistes
se tournent aujourd’hui vers des formats plus
facilement transportables, sans pour autant
accepter la moindre concession sonore.
POIDS PLUME ?
Avec sa bonne vingtaine de kilos, le Peavey Max
250 fait figure de petit joueur dans le monde de
l’amplification basse destinée à la scène, mais ce
serait oublier qu’il ne fait là que suivre la tendance
actuelle qui consiste à produire des amplis de
plus en plus compacts, capables néanmoins
de délivrer suffisamment de puissance pour
affronter les rigueurs du live. Avec son cabinet
très étudié, son HP de 15” incliné à 30° vers le haut
pour mieux se faire entendre, ses 250 watts de
puissance, sa technologie exclusive TransTube™,
le Peavey Max 250 a un aspect sérieux qui
séduira l’amateur éclairé et le pro itinérant. Le
panneau de contrôle situé sur le dessus du combo
comprend deux entrées, une pour les instruments
à électronique passive, l’autre pour ceux dotés
d’une électronique active, puis
des classiques réglages de Gain,
Bass, Middle, Treble et Volume
auxquels s’ajoutent six mini-
switches : Overdrive permet
de produire des saturations
typiquement bassistiques,
Contour booste les graves et les
aigus pour un rendu creusé, Mid-
Shift travaille les mediums avec
Un combo compact, polyvalent et
MÉ
puissant, 250 watts avec un HP de
SU
15 pouces.
RÉ
précision en faisant
travailler le potard de
Middle à 250 Hz au
lieu de 600 Hz, tandis
que Bright booste les
aigus de +10dB. Le
switch Kosmos-C
est un générateur
de subharmoniques
comparable à un
o c t a v e r, v e n a n t
subtilement renforcer
les fréquences graves.
Le sixième switch
Tune/Mute ne sert
qu’à mettre en
service l’accordeur
chromatique intégré
avec écran LCD, tout
en coupant le signal en sortie de HP pour un Ça encaisse le Si grave d’une 5 ou 6 cordes sans
accordage silencieux. À l’arrière du baffle, on trouve problème. Pour le funk ou le slap, en enclenchant le
une boucle d’effet mono, une sortie DI au format switch Bright, ça le fait quand même, bien que l’ajout
XLR avec un switch de ground-lift pour éviter toute d’un baffle supplémentaire en 2x10” améliorerait
boucle de masse, une entrée Aux-In et une sortie encore le rendu. Sur scène, la sortie DI se montre
casque, toutes deux au format mini-jack et, enfin, une particulièrement silencieuse et le ground-lift peut
prise pour baffle externe au format SpeakOn et une éliminer le moindre bruit résiduel. L’overdrive se
prise jack pour un footswitch optionnel qui permet mélange facilement au son naturel de l’ampli et cela
d’enclencher l’overdrive et/ou de “muter” l’ampli… évite de disparaître dans le mix dès qu’on utilise un
peu de saturation. Les métalleux apprécieront. La
BIG ROCK fonction Kosmos-C Ajoute encore plus de punch,
c’est très appréciable pour certains grooves. Le grain
Indéniablement, le Peavey Max 250 est taillé pour reste suffisamment défini en toutes circonstances, et
le rock, même s’il reste parfaitement utilisable même un jazzman pourrait en tirer parti. Plus qu’un
dans nombre d’autres styles musicaux. Son HP ampli de star, le Peavey Max 250 est l’ampli idéal
de 15” favorise les graves bien costauds et le jeu pour le bassiste tout-terrain qui écume les clubs et
tout en puissance, aux doigts comme au médiator. joue dans divers styles ou diverses formations, à
la fois solide, fiable et performant, le tout pour un
tarif vraiment accessible.•
DISTRIBUTION
www.peavey.com
449 €
49
À
,
L’ESSAI Un préampli pour basse très complet,

MÉ
avec deux canaux, un EQ graphique,

SU
une simulation de HP.

RÉ
Darkglass Microtubes X
Ultra
Par Paco Fernandes

L
a marque finlandaise surfe sur le
succès de sa pédale Microtubes X7
en présentant cette fois une version
Ultra qui permet aux bassistes de ciseler
leur son avec encore plus de précision. Si
la X7 a déjà fait fureur chez les bassistes, il
y a fort à parier que cette nouvelle version
Ultra va également faire des ravages. On y
retrouve en fait toutes les caractéristiques
qui ont fait la réussite de la pédale originale
plus quelques fonctions qui en font un outil
incroyablement précis et original.
NEC PLUS ULTRA
Pour un préampli au format pédale, la
connectique est plutôt fournie : Outre
l’entrée et la sortie audio au format jack, la
prise pour l’indispensable alim externe 9 v DC
non fournie (pas de pile, non plus), on trouve sur
l’arrière du boîtier une entrée Aux In et une sortie
casque au format mini-jack. Sur le côté droit, on
trouve une prise USB (pour se brancher sur son
PC/Mac et travailler avec le logiciel d’édition
téléchargeable sur le website de la marque)
avec un mini-switch de ground-Lift qui opère
sur la sortie DI XLR située à gauche de la pédale,
accompagnée aussi d’un autre mini-switch qui
enclenche la simulation de HP, ce qui permet
d’utiliser la pédale sans ampli, en se raccordant
directement à une console. Les contrôles sont
tous rassemblés sur le dessus de la pédale, avec
un premier footswitch pour le true-bypass et
un second pour enclencher la distorsion. Puis
viennent quatre potentiomètres : Low Comp
permet d’ajuster le taux de compression appliqué
aux fréquences graves, Low Level règle leur
volume tandis que High Level en fait autant
pour les fréquences aiguës. High Drive
gère le taux de saturation appliqué à ces
mêmes fréquences aiguës. Au-dessous, un
mini-potard High Pass ajuste la fréquence
de travail de la saturation sur les fréquences
aiguës, allant de 100Hz, pour une saturation
grasse ou fuzzy à 1kHz pour une définition
son instrument. En fait, la
pédale ne fait qu’améliorer
encore davantage le rendu
d’un bon instrument, le
rendant plus précis et plus
réactif, facilitant le jeu et
procurant des sonorités
véritablement gratifiantes,
toujours précises et
parfaitement définies, quel
que soit le style musical
pratiqué. La conjonction
des réglages Low et High
Pass et de l’égaliseur
graphique permettent de
trouver facilement le parfait
équilibre des fréquences, en
son clair comme en saturation (son gros point fort),
subharmoniques jusqu’à 500Hz pour préserver la tant en sortie directe que branchée sur un ampli.
clarté des mediums. À tout cela, s’ajoute au centre Cela permet aussi de toujours disposer d’un son plus
un égaliseur graphique 6 bandes (80Hz, 250Hz, qu’honorable, sur scène ou en studio, quelles que
500Hz, 1,5kHz, 3KkHz), plus un volume, soit 7 soient la configuration choisie ou les circonstances
curseurs rétroéclairés travaillant chacun sur une dans lesquelles on est amené à se produire. Une fois
plage de +/- 12 dB qu’on l’a essayée, il devient difficile de s’en passer.•
HEART OF GLASS
Sous son austère boîtier anthracite, la Darkglass
Microtubes X Ultra s’avère extraordinairement
puissante et la profusion de ses réglages ne rend pas
son fonctionnement moins intuitif pour autant. Après
quelques manipulations, il s’avère assez facile de se
forger un son qui correspondra à ses
besoins, en respectant le
caractère de
DISTRIBUTION
www.darkglass.com

419 €
ultra précise. De l’autre côté, un mini-potard
identique Low Pass agit sur les fréquences
graves en travaillant de 50Hz pour obtenir des

50
À
,
L’ESSAI
Source Audio
C4 Synth
Par Paco Fernandes
L
e rôle de la basse dans la musique
moderne ne cesse d’évoluer et
l’apport de nouveaux sons contribue
grandement à cette évolution. Les
es styles de
musiques modernes ont rendu l’utilisation
de pédales synthés presque indispensables
pour nombre de bassistes et ces pédales font
désormais partie de leur arsenal habituel.
SYNTH ERA
Nombre de fabricants de pédales s’y
sont déjà attelés avec plus ou moins
de succès, mais Source Audio a une
approche légèrement différente. Partant
d’un synthétiseur modulaire analogique, les
ingénieurs de Source Audio ont conçu
une pédale qui reprend les principales
caractéristiques sonores de ce genre
d’appareils dans une interface accessible
aux bassistes, simple à manipuler tout en étant
capable d’offrir une infinité de possibilités
sonores, au travers de multiples filtres
d’enveloppe, oscillateurs, modulations
diverses, distorsion, tremolo, pitch shift,
harmoniser intelligent, le tout sur quatre
voies parallèles. La pédale offre 6 presets
d’usine qui donnent déjà un large éventail
de ses possibilités et qui pourront déjà suffire
à beaucoup de musiciens (128 presets sont
accessibles via MIDI/USB). Si l’on veut aller
plus loin dans l’expérimentation sonore, on peut
télécharger le logiciel d’édition Neuro Editor et
accéder alors à toute la gamme des sons du
C4, à savoir 3 types d’oscillateurs, 11 filtres
d’enveloppe, 25 effets de filtre, 14 formes de
LFO et deux séquenceurs programmables, pour
forger ses propres sonorités. Excusez du peu…
ROBOT TALK
La pédale ne semble pourtant pas très compliquée
à utiliser. Il suffit de brancher l’alim externe 9v
DC fournie pour la mettre en route. On dispose
d’entrées et de sorties audio stéréo au format
jack sur les côtés du boîtier métallique. Quatre
potentiomètres trônent au-dessus d’un solide
MÉ
SU
RÉ
footswitch et d’une led verte/rouge. Les deux
premiers ont une double fonction, à laquelle on
peut accéder en poussant le petit bouton Alt sur
le dessus du boîtier. Ainsi, Input/Sens sert d’abord
à ajuster le niveau d’entrée du signal, puis à régler
la sensibilité de l’effet à ce niveau de signal, sa
réactivité, si on peut dire. Mix/Vol permet d’abord
d’équilibrer le niveau du signal traité par l’effet avec
Une pédale de synthé modulaire et
analogique adapté à la basse et à
la guitare.
celui du signal non traité, avant de déterminer
le niveau de sortie général. Lorsque la Led de
mise en service est de couleur verte, vous avez
accès aux trois presets de la première banque
et vous pouvez alors choisir l’un deux au
moyen du petit switch trois positions situé
au centre de la pédale. Si vous appuyez alors
sur le bouton Alt, la led passe au rouge et
vous avez alors accès aux trois autres presets
de la seconde banque. Les potentiomètres
Control 1 et 2 jouent alors un rôle différent
selon le preset choisi. Rassurez-vous, c’est
plus simple à utiliser qu’à décrire…
SPEED TRACKING
Rien que ces six presets sont déjà époustouflants.
Par rapport à ses concurrentes la Source Audio
C4 Synth Pedal a le mérite de disposer d’une
latence quasi nulle, avec un tracking hyper rapide
qui permet de jouer vite sans que l’appareil ne vous
lâche en route. Les réglages sont finalement assez
intuitifs et on arrive aisement à se forger des sons
facilement utilisables dans de nombreux contextes.
Les possibilités sont infinies et on peut sonner comme
un bon vieux synthé vintage ou comme un vaisseau
spatial. Les filtres d’enveloppe sont également assez
bluffants et l’utilisation du séquenceur est une pure
tuerie. Le champ d’activité de cette pédale en fait
un instrument créatif à part entière et seule votre
imagination peut en dessiner les limites.•
DISTRIBUTION
www.guitars-addicts.fr
266 €
51
BASSE BAZAR
CD
MIËT
STUMBLING, CLIMBING,
NESTING
Kshantu / Ici D’ailleurs
Miët est un phénomène ! Cette jeune
femme, Suzy LeVoid pour l’état civil, a choisi
la basse comme instrument d’expression
principal, au point d’avoir monté un one-
woman band, Miët, projet avec lequel elle parcourt les routes en solo. Elle
a évidemment recours à une pléiade d’effets en tous genres, de loopers
et de séquences, mais c’est bien avec une basse qu’elle se produit seule
en scène. Après avoir sorti un EP cinq titres, Cryptids, en 2016, voici donc
un premier album avec neuf textes et compositions signés par la bassiste
chanteuse qui a également pris en charge les programmations de batterie.
Malgré cette orchestration excessivement minimaliste, Miët, grâce à
de fréquentes ruptures de rythme, à des enchaînements de climats
radicalement différents, réussit à créer un mouvement ininterrompu,
propice à une narration dynamique sur les thèmes de l’ascension, de la
chute, de la marche, du rêve… La voix participe également de cette diversité
se faisant souvent douce en début de chanson, très mélodique (« Nesting »)
voire simplement parlée (« Hibernation », « I Walk, Uninterrupted ») pour
se transformer au cours du morceau en chant hurlé ou en cri furieux.
On ne peut que saluer la performance et attendre avec impatience les
prochaines scènes pour apprécier le phénomène en live. Miët se produira le
2 novembre à Saint Nazaire (44) et le 15 à La Roche Sur Yon (85).
PC
KINGA GLYK
FEELINGS
Warner
On se souvient tous de cette bassiste polonaise
d’une vingtaine d’années, qui avait créé la
sensation en 2017 avec son troisième album
Dream. A peine plus âgée, la voici qui récidive
avec ce Feelings dont elle a composé la majorité des titres. Bien sûr, la
basse est particulièrement à l’honneur et cela dès le premier morceau
« Let’s Play Some Funky Groove », un titre plutôt explicite. Kinga, ici en
trio avec le batteur Calvin Rodgers et le claviériste Pawel Tomaszewski se
lance en chorus tout comme sur le morceau suivant beaucoup plus fusion
« Lennie’s Pennies » composé par Lennie Tristano. Retour au funk, voire au
disco moderne, avec « Joy Joy » qui marque l’apparition de Brett Williams
aux claviers, que l’on a pu voir en d’autres occasions avec Marcus Miller.
Sur la ballade « Intro To What is Life », Kinga exploite le jeu en accords
à la basse dont elle est familière et met la saturation sur « Mercy » qui
voit réapparaître Brett Williams et ses claviers. La bassiste rend ensuite
hommage au regretté Victor Bailey avec une version virtuose de « Low
Blow ». A noter encore la participation du claviériste Bobby Sparks II sur
« Classic » et du Québécois Anomalie sur le très funky « 5 Cookies » avec à
chaque fois solo de basse à la clé. Bref si vous aimez la basse dans toutes
52
ses dimensions, cet album est pour vous. Kinga sera le 23 janvier 2020 au
New Morning de Paris et le 24 à Metz (Chapelle des Trinitaires).
PC
SLIPKNOT
WE ARE NOT YOUR KIND
Roadrunner Records
Le gang de Des Moines nous a habitués à
prendre le temps entre chaque album studio et
ce sixième opus ne fera pas exception à la règle.
Moins agressif que ses prédécesseurs, plus conceptuel, We Are Not Your
Kind tranche clairement avec ce que l’on connaît de Slipknot. Les ingrédients
classiques tels que la voix puissante de Corey Taylor (en chant clair ou en
scream), les riffs chirurgicaux et les signatures rythmiques « batterie +
percussions » sont toujours au rendez-vous, mais l’album renferme en outre
une atmosphère insaisissable... Parmi les morceaux Heavy aux refrains
efficaces, à la limite de la Pop (« Nero Forte », « Unsainted ») se cachent des
titres aux ambiances pesantes où la basse tire habilement son épingle du
jeu. Alessandro Venturella, qui avait déjà eu, à son arrivée, la lourde tâche
de prendre la suite du regretté Paul Gray, distille une basse profonde dans
le bas mais néanmoins claquante qui fait corps avec la batterie (« Birth
Of The Cruel »). Celle-ci sait servir le propos de Taylor sur des titres où les
guitares s’embrasent moins (« Spiders »)... Mais dans l’ensemble, on a
parfois le sentiment de rester un peu sur sa faim... Difficile de rendre une
copie franche après écoute de cet album qui fait réellement rupture avec le
patrimoine génétique de l’hydre à neuf têtes...
AK
BAB EL WEST
HOUDOUD
Big Banana Music – Inouïe Distribution
Le quintette de World Music a posé ses valises
du côté des Côtes d’Armor pour enregistrer son
deuxième album qui se révèle être une nouvelle
incitation au voyage... ne serait-ce que par son titre Houdoud que l’on
pourrait traduire en français par « Frontières » (le pluriel a son importance).
Les sonorités kabyles sont toujours aussi présentes dans la musique de Bab
El West (« Al Kihl ») mais les cinq acolytes démontrent ici avec brio que
des frontières sont parfois faites pour être franchies. Les incursions dans
différents styles se font tout au long de l’album : le Rock, les musiques
tziganes, voire la folk irlandaise avec des « guests » de choix comme les
Shiels, trio venu apporter une touche celtique via la mandoline et le bodhran.
Les musiciens de Bab El West osent casser les dynamiques (« Adrar –
Welcome Of The Sun ») et savent également faire monter la pression jusqu’à
la transe (« Talkzdouft »). L’album est par ailleurs sublimé par un mixage
de qualité qui fait la part belle aux fréquences graves. Clément Vallin ici
bassiste, contrebassiste, choriste et pour couronner le tout à la réalisation
du disque, nous sert des lignes ponctuées de fills discrets au service d’une
musique colorée et enivrante. Neuf titres composés avec le souci de ne pas
tomber dans la monotonie. Le groupe présentera son nouveau disque en
live le 29 novembre prochain au Studio de L’ermitage (Paris, XXème).
AK
KXM
CIRCLE OF DOLLS
Frontiers Music
KXM c’est le super groupe formé par dUg
Pinnick, le bassiste chanteur gaucher bien
connu pour être le leader du trio texan King’s X
depuis plusieurs décennies, le guitariste George
Lynch et le batteur Ray Luzier de Korn. D’ailleurs KXM, c’est K pour Korn,
X pour King’s X et M pour Lynch Mob. On avait assisté à la naissance du
groupe en 2014, avec un album éponyme, suivi de la sortie de Scatterbrain
en 2017. On peut dire que le trio est maintenant bien installé dans le
paysage musical et la sortie de ce Circle of Dolls devrait enfoncer le clou
car on y retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de la musique de
KXM à commencer par les grosses basses de Pinnick, des Schecter Model-T
et Diamond Series, accordées très grave (en Ré voire en Do, comme entre
autres sur l’intro de « Mind Swamp ») avec un son énorme. Les guitares
virtuoses de Lynch et les batteries énergiques de Luzier viennent contribuer
à cette puissante épaisseur sonore entourant la voix intense du bassiste
qui peut parfois prendre d’étonnants accents soul comme sur le lumineux
« Lightning » ou l’aérien « Times Flies ». Avec une cohésion de plus en plus
patente entre les trois musiciens, une musique de plus en plus structurée
qui ne va jamais à l’encontre d’une spontanéité totale, KXM montre ici qu’il
n’est pas qu’un projet parallèle mais qu’il est devenu un vrai groupe fait pour
durer.
PC
TRUST
FILS DE LUTTE
Verycords
Trust nous revient avec un nouvel album,
le onzième, tout chaud tout beau. Les deux
têtes pensantes du groupe, Bernie Bonvoisin
et Norbert Krief (Nono !), entre conflits et osmose, ont voulu frapper un
grand coup et remuer le cocotier. Quarante ans après sa naissance, leur
hymne « Antisocial » résonne encore et n’a hélas pas vraiment perdu de
son actualité. C’est dans cette veine qu’a été conçu ce Fils de lutte au titre
explicite. Les deux complices ont fait appel à Mike Fraser pour la production
(AC/DC). On ne plaisante donc pas avec le son, le plein de kérosène a été
fait… La voix du sieur Bernie semble être comme le bon vin, le vieillissement
l’anoblit, et la guitare de Nono dépote toujours autant. Voici l’état des lieux,
l’autre guitare est assurée par Ismalia Diop (qui fut d’abord bassiste) et la
batterie par Christian Dupuy. La basse est confiée à notre ami David Jacob
qui fait le job ici, de belle manière. La prod est au top, et vous entendrez
le moindre vrombissement de ce noble instrument comme si le mec jouait
chez vous… Quelques titres sont marqués du son Trust et feront sans doute
les beaux jours de Oui FM ou quelques autres fréquences dédiées aux
stridences du (bon) rock. C’est le cas pour ce « J’ai cessé de compter » au riff
dévastateur ou encore « Les murs finiront par tomber » sur lequel le groupe
semble soudé comme jamais. La cerise sur le gâteau serait cette petite
ballade finale, « Delenda » sur laquelle la basse ronronne comme un gros
chat prêt à sortir ses griffes…
TG
LAURENCE JONES BAND
LAURENCE JONES BAND
Sony
Le blues subsiste encore en Albion et c’est
sans doute une bonne nouvelle. Ce fougueux
guitariste, Laurence Jones, sort du brouillard
anglais pour nous arroser de cette musique qui semblait être sortie des
radars de cette pourtant respectable contrée… Précisons que le type en
question tourna avec Johnny Winter alors qu’il n’était âgé que de 17 ans,
ça forme… Mais nous sommes bien aujourd’hui et son gang et lui sortent ce
CD qui vient remettre les pendules à l’heure, celle du bon blues. Beaucoup
d’eau à coulé sous les ponts depuis Clapton ou Peter Green et donc, pas
question pour Laurence Jones de copier ou de singer ces maîtres du genre.
Le challenge est de trouver son identité tout en restant fidèle à cet idiome,
et c’est ici chose faite. La gratte est bien sûr au centre mais secondée par
de bons serviteurs dévoués, dont ce bassiste Greg Smith dont l’obsession
est d’être toujours bien au fond du temps. Outre quelques compos taillées
sur mesure, Jones s’offre le luxe de relire un classique des Beatles, « Day
Tripper », en changeant le célèbre riff, et donc la ligne de basse, pour en
faire un brûlot rhythm’n’blues, et là, on ne peut que s’incliner…
TG
KADINJA
DNA : DEDICATION.
NOSTALGIA.ADDICTION
Arising Empire
Après avoir réalisé trois albums studio qui
ont permis à Kadinja de s’imposer comme
un groupe d’envergure dans le milieu
Djent en France comme à l’étranger,
voici que Steve Tréguier et les siens nous reviennent avec un répertoire de
reprises... En effet, le groupe a décidé avec cet album de rendre hommage
aux groupes du néo metal qui ont marqué le début des années 2000.
Chaque groupe phare de cet âge d’or est présent dans la tracklist et ne vous
fiez pas à l’idée réductrice de la « cover » : cet album est d’une intelligence
rare. Kadinja n’hésite pas à faire voler en éclats le matériau de départ (« My
Own Summer » - Deftones), à triturer certaines harmonies (« Points Of
Authority » - Linkin Park), à casser les métriques pour se réapproprier les
chansons. La technique est bien évidemment de rigueur et à chaque titre
on se mange une claque tout en prenant plaisir à redécouvrir les morceaux
que l’on dégustait adolescent. Ajoutez à cela une production très soignée
qui ne laisse rien au hasard et l’on frôle le sans faute. Si Limp Bizkit, KoRn
ou System Of A Down font encore partie de votre discographie, cet album
de Kadinja est un « must have » pour apprécier des « classics » sous une
nouvelle fraîcheur. Bravo !
AK
ADRIAN BYRON BURNS
ET CAETERA…
Rebel Music
Le guitariste chanteur Adrian Byron
Burns est loin d’être un débutant : il a
côtoyé entre beaucoup d’autres, B.B.
King, Robert Cray, Luther Allison et
s’est même vu crédité sur deux albums
de Bill Wyman & The Rhythm Kings. Pour ce nouvel album Et caetera…
Burns s’est bien entouré, travaillant en étroite collaboration avec le bassiste
Fred Schneider, dont on a parlé ici à plusieurs reprises, notamment pour
sa conséquente œuvre solo. Fred, qui assume ici la fonction de directeur
musical, a écrit les arrangements, assuré l’enregistrement, le mixage, la
production et cosigné cinq titres. Autrement dit, une contribution capitale
à la réussite de ce projet, d’autant que sa basse, en osmose avec la batterie
d’Eric Lebailly est on ne peut plus efficace, valorisant comme il se doit les
chansons et la voix habitée d’Adrian, avec de superbes couleurs sonores
et une définition exemplaire et cela quel que soit le style visité. Car la
musique proposée ici, que Burns définit lui-même comme du néo-américain
contemporain (tout un programme), bien servie par une utilisation
pertinente des cuivres, couvre un large spectre stylistique, à commencer
par le blues tout naturellement mais aussi la soul, le rock, le funk ou le
reggae comme sur « Finally…When You Fall » où Fred joue de la contrebasse
à l’archet. Résultat : un album authentique à très forte identité qu’il faut
découvrir.
PC
53
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SOMMAIRE
DES PARTITIONS
EN VIDÉO :
JULES BROSSET S’ÉCHAUFFER LES DOIGTS
FABRICE DONNARD LES GHOST NOTES
BRUNO RAMOS À LA MANIÈRE DE VULFPECK
ANTONIN RUBATAT À LA MANIÈRE DE POST MALONE

EN COMPLÉMENT :
JUSTIN CHANCELLOR PNEUMA (TOOL)
FINNEAS O’CONNELL BAD GUY & ALL THE GOOD GIRLS
GO TO HELL (BILLIE EILISH)

OLUGBENGA ADELEKAN THE LOOK (METRONOMY)

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 BRUNO RAMOS
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ÉTUDE DE STYLE FUNK À LA JOE DART (VULFPECK)

Joe Dart est le bassiste de Vulfpeck, groupe de funk américain qui tire ses influences principales des groupes historiques de funk et soul des 60’s et 70’s.
Il a pour modèles Flea, Verdine White (EW&F), Francis Rocco Prestia (Tower of power), Pino Palladino et Bernard Edwards (Chic)… Il développe un jeu
funk à l’attaque très caractéristique et une affection pour les placements et les fills sur les débits de doubles croches.
Joe Dart joue principalement sur une Fender Jazz Bass ou plus récemment sur son modèle signature de chez Music Man. La compression est aussi
un élément déterminant de son son, on l’entend très bien sur «Lost My Treble Long Ago» par exemple, elle fait ressortir les attaques ainsi que chaque
ghost note. J’ai compilé pour vous une série de deux grooves et deux fills que vous trouverez sur des titres du groupe Vulfpeck.

60 www.bassistemagazine.com
 La structure se définit comme suit : A B C A B’ D, chaque section étant décrite ci-dessous :

La -structure
La section Acomme
se définit est un suitgroove assez
: A B C A B’ simple
D, chaque constitué
section étant décriteuniquement
ci-dessous : de la fondamentale et une
- Lanote d’approche.
section A est un groove assez simple constitué uniquement de la fondamentale et une note d’approche.
- La section B est un groove plus étoffé qui suit la grille d’accords. B’ suit la même grille et le même motif avec une variation de la 5ème à la 6ème
- La section B est un groove plus étoffé qui suit la grille d’accords. B’ suit la même grille et le
mesure.
- C même
et D sont motif
deux fillsavec unemesures
de quatre variation
chacun.de la 5ème mesure à la 6ème.
- C et D sont 2 fills de 4 mesures chacun.
Chaque partie est disséquée une à une dans la vidéo et vous avez également un playback à disposition pour vous exercer.

Chaque partie est disséquée une à une dans la vidéo et vous avez également un playback à
disposition pour vous exercer.

Bruno Ramos 61

 VIDEO

ANTONIN RUBATAT
Antonin Rubatat
A LA MANIÈRE DE POST MALONE Music by Antonin Rubatat
Standard tuning
= 146
Post Malone Allergic
1 2 3 4

el.bs.
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5 6 7 8

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7 5

9 10 11 12

3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 5 3
3 5

13 14 15 16

5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5

17 18 19 20

8 8 8 8 8 8 8 8 10 10 10 10 10 10 10 10 7 7 7 7 7 7 7 7 12 12 12 12 12 12 12 12

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4 X 4 5 X 5 4 8 X 8 8 X 8 5

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8 X 8 8 X 8 8 5 X 5 5 X 5

37 38 39 40

10
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4 X 4 5 X 5 4 8 X 8 8 X 8

41

10

= 120
Post Malone Circles
42 43

10 10 12 10 10 9 9 9 12 10 10

44 45

8 8 8 8 8 8 8 8 10 10

= 90
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4
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48 49

5 5 5 5 7 9

50 51

4
7 7 7 7 7

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7 2/3
5 5 5 5 7

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 JUSTIN CHANCELLOR (TOOL)
PNEUMA (2019)
Accordage Drop D (DADG)

64 www.bassistemagazine.com
65
 FINNEAS O’CONNELL (BILLIE EILISH)
BAD GUY (2019)
Accordage -1 ton (DGCF)

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67
68 www.bassistemagazine.com
FINNEAS O’CONNELL (BILLIE EILISH)
ALL THE GOOD GIRLS GO TO HELL (2019)
Accordage -1 ton (DGCF)

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70 www.bassistemagazine.com
71
 OLUGBENGA ADELEKAN (METRONOMY)
THE LOOK (2011)

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