BASSISTE

BASSISTE

N°91 I Avril - Mai 2021 MAGAZINE.COM

EXCLU !

MCCARTNEY
LES COULISSES DE
SON NOUVEL ALBUM

INTERVIEWS
BRYAN BELLER
FOO FIGHTERS
ADELINE
TESTS
LINE 6
SCHECTER
MARKBASS
ROCKSTAND
SIRE MARCUS MILLER

Nathan East, David Pastorius, Tony Franklin, Michael Manring, Lee Sklar...

FOR THE LOVE OF BASS

Alberto Rigoni réunit 10 légendes de la basse
L 11760 - 91 - F: 6,70 € - RD
AVRIL / MAI 2021 - 6,70 € BEL.: 7,20 €

PÉDAGO
16 PAGES DE PARTITIONS
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 ÉDITO
S’occuper et occuper
La rédaction n’est pas responsable des textes,
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implique l’accord de leurs auteurs pour leur
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rédactionnelles de ce numéro sont données à titre
d’informations, sans aucun but publicitaire.
Bassiste Magazine se réserve le droit de refuser
toute publicité sans avoir à s’en justifier. Tous droits
de reproduction réservés pour tous pays.
Directrice de la Publication : Olivia Rivasseau
Rédacteurs en Chef : Régis Savigny, Sébastien
Benoits, Ludovic Egraz
Maquettiste : Antoine Ladoué
Ont collaboré à ce numéro : Adrien Kah, Ludovic
Egraz, Régis Savigny, Sébastien Benoits, Emmanuel
Bongrand, Lisa Vincent, Jack Beauregard, Didier
Saint-Grawal, Rajiv Courcy
Transcriptions musicales : François C. Delacoudre,
Franck Hermanny, Fabrice Donnard, Bruno Ramos
Crédits photos : Couverture : Chad Jenkins,
Martin Huch, Lyle Lovett, P Lissart, Manuela Lange,
EbingerPhotography, DR I P11 : Sergio Armanelli
P12-P16 : Danny Clinch, Manu Wino I P18-P28 :
Chad Jenkins, Martin Huch, Lyle Lovett, P Lissart,
Manuela Lange, EbingerPhotography, DR I P30-
P34 : Shervin Lainez, Sergei Bahmetenko, Dennis
Manuel P36-P42 : MPL Communications Ltd - MJ
Kim I P44-P47 : Manu Wino, Jon R. Luini I P50-P63 :
Régis Savigny I P66-P82 : Christian Viala, DR, Henri
Deroche
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© Avril - Mai 2021 - N°91
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Distribution : MLP
Distribution Belgique : Tondeur Diffusion
Gestion de la diffusion revendeurs France :
Amandine Fest, Abomarque
(amandine@abomarque.fr)
Dépôt légal à parution.
L
es musiciens, en ce début d’année 2021 s’occupent ou, à l’instar des professionnels
du spectacle, occupent les lieux de création et de représentation que sont les
théâtres, pour demander leur réouverture et la fin de l’hypocrisie. L’hypocrisie
consistant à laisser les gens s’entasser dans le métro ou les supermarchés
et leur interdire l’accès aux spectacles, aux cours de musique et finalement à tout
ce qui ne ressemble pas à une activité productive, alors même que la musique et la
culture en générale contribuent à une part significative du PIB du pays. Il faut avouer
que tant que cela ne sera pas argumenté et expliqué, les mesures infantilisantes et
à sens unique ne passeront pas.
Vous êtes, chers lecteurs, nombreux à avoir fait l’effort d’aller acheter votre magazine
lors de sa ressortie, alors même que les kiosques ont du mal à garder leur clientèle,
obligée de courir au supermarché avant 18 h. Nous vous en remercions et remercions
les gérants de ces magasins qui traversent, comme vous, comme nous, cette période
décidément trop longue.
Ce n’est pas une raison pour déprimer et certains trouvent toujours le moyen de faire
d’une mauvaise passe un prétexte de création. Paul McCartney est de ceux-là et il
sort un troisième album purement solo. Dans un autre style, Alberto Rigoni joue la
carte du collectif et propose un album délirant, dont il nous a longuement parlé et,
cerise sur le gâteau, certains de ses prestigieux invités ont répondu à nos questions.
Nate Mendel, des Foo Fighters, nous a également évoqué la genèse du dernier opus
du groupe légendaire et de sa conception du rôle de bassiste, lui qui est un grand
fan de McCartney devant l’éternel..
Nous avons fait une sélection d’instruments et d’accessoires à même de vous donner
envie de rendre visite à votre revendeur favori plutôt que surfer tout seul sur le net.
Et, comme si cela ne suffisait pas, nos pédagogues vous ont concocté de quoi vous
occuper les doigts avec une série de morceaux et exercices à travailler seul ou avec
votre batteur favori, en attendant d’aller exulter sur scène.
D’ici-là, si vous souhaitez soutenir votre magazine préféré, le meilleur moyen reste
de vous abonner et de profiter de notre offre renouvelée.
La Rédaction.
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse, la disparition de notre amie
et collègue Tany Debons, qui a longtemps épaulé notre ancien patron Alain
Versini (fondateur des Editions BGO et créateur de Bassiste Magazine, Guitare
Xtreme Magazine, Batterie Magazine et Guitare Sèche, Le Mag) en tant que
chef adjointe de la publicité. Nous adressons nos sincères condoléances à tous
ses proches et nous lui dédions ce numéro 91 de Bassiste Mag.

Papier Intérieur :
Papier Couché ATB Silk - 80 g/m².
Origine papier : Autriche - Bruck an
der Mur - 1.283km
Taux de fibres recyclées : 17% ;
Eutrophisation : PToT de 0,007kg/
Retrouvez votre magazine en ligne :
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03  BASSISTE
 AVRIL / MAI 2021 SOMMAIRE N°91

05/ BASS INFOS

10/ FAITS DIVERS

BASS TALK
12/ Nate Mendel (Foo Fighters)
Le rock sous perfusion
18/ Alberto Rigoni & Friends
For the Love of Bass
30/ Adeline
Frenchwoman in New York
36/ Paul McCartney
L’histoire sans fin

18
ABONNEMENT
48/ Recevez Bassiste Magazine directement
dans votre boîte à lettres !

À L’ESSAI
50/ Sire Marcus Miller P7
54/ Markbass Mark Vintage Pre
56/ Line 6 POD GO
59/ Rockstand Modular Multiple Stand 30 36
60/ Schecter Corsair Bass
63/ Music Nomad Gauge Set

ET NOS RUBRIQUES
44/ Music Quiz - Bryan Beller
64/ Bass Bazar

50 60
66/ PÉDAGO

BASSISTE  04
BASS INFOS
MARCUS MILLER ENTRE EN SEINE
Notre maître à tous, Marcus Miller, donnera un concert unique à la Seine
Musicale de Boulogne-Billancourt le 28 octobre. Son dernier passage dans
la capitale remonte à 2016, à l’Olympia. Ce sera peut-être l’occasion pour
le multi-instrumentiste de présenter en live de nouveaux titres, son dernier
album studio, Laid Black, datant de 2018. Il se produira également le 25
octobre au Radiant de Caluire, près de Lyon. Espérons qu’il n’y ait pas de
report !
Côté matériel, dans la lignée de sa collaboration fructueuse avec la marque
Sire, il prête son nom à la nouvelle série de basses inspirée de la P-Bass 51
de Fender. La Marcus Miller D5 sortira en juin prochain, à un tarif abordable,
à partir de 499 €.

BOOTSY COLLINS : GUEST DE LUXE

Bruno Mars, dont le dernier album remonte à 2016, et le chanteur et batteur
californien Anderson .Paak, s’associent pour un nouveau projet. Baptisé
Silk Sonic, sur la suggestion de Bootsy Collins, le duo invite le célèbre
bassiste de James Brown et Parliament-Funkadelic à se joindre à son
premier album : An Evening With Silk Sonic. La pochette laisse imaginer
une approche rétro et funky qui devrait ravir les nostalgiques de l’univers
P-Funk. Un premier titre langoureux a été dévoilé le 5 mars, « Leave The
Door Open », ainsi qu’une intro sur laquelle on entend la voix inimitable de
Bootsy Collins. On a hâte d’en entendre davantage !

TREMBLEMENT DE TERRE CHEZ ICED EARTH

Le chanteur Stu Block et le bassiste Luke Appleton ont officiellement quitté Iced Earth. Cette décision est survenue
un mois après l’arrestation du guitariste Jon Schaffer pour sa participation à l’émeute du Capitole le 6 janvier. Il fait
actuellement face à six accusations fédérales. Luke, qui a rejoint le groupe en 2012 et a joué sur les albums Plagues
Of Babylon et Incorruptible, a annoncé : « En réponse aux récents événements et aux circonstances actuelles,
j’ai informé le manager de Iced Earth et Jon que je démissionne de mon poste de bassiste avec effet immédiat.
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont apporté leur soutien et leur amour pendant cette période difficile. »
Bonne continuation !

05  BASSISTE
ALAN CARTWRIGHT,
SEAN KENNEDY,
DOUGLAS C. GRIGSBY III
LE MONDE DE LA BASSE EN DEUIL
En ce début d’année 2021, notre communauté déplore déjà plusieurs pertes
d’artistes talentueux. Le 17 février, Douglas C. Grigsby III décédait des suites
d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 57 ans. Après des débuts au sein de
l’orchestre de Patti LaBelle, il s’était imposé comme une figure des studios de
Philadelphie dans les années 80, puis dans le reste du pays, enregistrant avec
Michael Jackson, Rick James ou Taj Mahal… Mais c’est avec Teena Marie qu’il avait
noué la relation créative la plus profonde. Pendant 20 ans, il a participé à tous ses
albums, à la fois comme accompagnateur, coproducteur et coauteur occasionnel.
Le 23 février, Sean Kennedy, ancien bassiste du groupe de metalcore australien
I Killed The Prom Queen et membre de Deez Nuts, mourait prématurément à
35 ans. L’ancien chanteur de son premier groupe, Michael Crafter, lui a rendu
hommage sur Instagram, se souvenant des jours passés ensemble sur la route et de
leur amitié indéfectible.
Tout récemment, l’ancien bassiste de Procol Harum, Alan Cartwright, qui souffrait
d’un cancer de l’estomac, nous a quittés le 4 mars à 75 ans. Entre 1971 et 1976,
il a joué sur quatre albums du groupe, dont le mythique Live With The Edmonton
Symphony Orchestra sorti en 1972. Après son départ, le multi-instrumentiste Chris
Copping, jusqu’alors organiste au sein du groupe, a repris la basse. Son acolyte, le
chanteur et pianiste Gary Brooker, se remémore les années de collaboration avec
Alan comme les plus mémorables et positives de Procol Harum.
 NOFX : LE RETOUR
Le groupe de punk rock californien NOFX vient de sortir son quatorzième
album en quarante ans de carrière, via Fat Wreck Chords, le label du bassiste

DES NOUVELLES DE GENE SIMMONS

et chanteur Fat Mike. Originellement pensé comme un double album,
Single Album se présente finalement comme un opus de 12 titres. Il a été
écrit bien avant la crise sanitaire, alors que Fat Mike traversait une période
dépressive. Il le décrit donc comme « un album sombre », mais se trouve
désormais dans un meilleur état d’esprit après une cure de désintoxication.
La sobriété retrouvée, il a passé ses journées de confinement à écrire et dit
avoir déjà une quarantaine de nouvelles chansons prêtes pour le prochain
album. En attendant, vous pouvez écouter « The Big Drag » de Single Album
pour ses paroles poignantes et ses lignes de basses créatives ou encore le
titre « Linewleum », une version revisitée de « Linoleum » en featuring avec
Avenged Sevenfold. Il était temps pour NOFX de faire sa propre cover de
l’une de ses chansons les plus reprises !
Lien de la vidéo : https://youtu.be/_Y3yDBklhDI
Gene Simmons n’est pas optimiste : « Le rock est mort, parce que si on
regarde de 1958 à 1988, ce qui fait trente ans, on a eu Elvis, The Beatles,
les Stones, Pink Floyd, etc. Et du côté du heavy, il y a eu Metallica, Maiden,
si tu veux mettre Kiss dedans, pas de problèmes. […] Mais depuis 1988
jusqu’à aujourd’hui, qui sont les nouveaux Beatles ? » La faute, selon lui, aux
plateformes de streaming et au téléchargement illégal de la musique. Cela
n’empêche pas le bassiste de Kiss de sortir une nouvelle série de basses
(et de guitares) en collaboration avec Gibson, G², dont on a découvert
récemment le premier modèle, la G² Thunderbird Bass, lors d’un concert à
Dubaï. Si l’on ne sait pour le moment pas grand-chose de cette collection,
Gene affirme qu’elles seront toutes « fabriquées à la main avec un son hors
catégorie et un design digne d’œuvres d’art à collectionner ».

LINE 6 VOIT PLUS GRAND

Dans la série Helix, je demande le grand frère. Line 6 sort le nouveau
HX Stomp XL, une version plus complète du mini-pédalier HX Stomp.
S’il conserve le même moteur, l’interface est allongée et passe de 3 à 8
footswitchs tactiles capacitifs. Toutefois, il reste facile à transporter : de quoi
satisfaire les utilisateurs désirant davantage de contrôle, notamment pour la
scène. Évidemment, le tarif augmente aussi, de 568 € pour le petit modèle
à environ 739 € pour le XL.

07  BASSISTE

RICKENBACKER NOUS GÂTE
Pour fêter ses 90 ans, la marque fondée en 1931 par Adolph Rickenbacker
dévoile deux nouveaux modèles en édition limitée, dont les dates de
sortie ne sont pas encore connues. Non, vous ne louchez pas, la guitare
a bien l’aspect d’une basse et réciproquement. En effet, la guitare 480XC
reprend le design iconique de la basse 4000, tandis que la basse 4005XC
mélange des éléments des guitares de la série 300 avec l’électronique et
l’accastillage d’une basse hollow body 4005. Familières, mais étonnantes
donc. Peu d’informations ont encore été divulguées, mais nous savons
que cette belle quatre cordes est dotée d’un corps et d’un manche trois
pièces en érable et d’une touche en ébène. Elle possède un diapason de
30.5 pouces et des micros vintage Rickenbacker, ainsi que le binding
typique de la marque. Disponible en finition Amber Fireglo ou Jetglo, elle
ne sera pas accessible à toutes les bourses, estimée pour le moment à plus
de 4 000 euros. Mais elle mérite le coup d’œil !
BASSISTE  08
TERRITOIRE INEXPLORÉ POUR
DAVE HOLLAND
La légende du jazz Dave Holland s’associe au guitariste Kevin Eubanks et au
batteur Obed Calvaire sur un album à paraître le 28 mai, Another Land, en
partenariat avec le label Edition Records. Le trio se partage la composition
d’un double LP funky, rock et puissant. À découvrir.
RATM DIT NON AU DRIVE-IN
Alors que les concerts en drive-in (chacun dans sa voiture) sont une
alternative de plus en plus prisée des groupes en cette période de
restrictions, tout comme les performances en streaming, ils ne font pas
l’unanimité. Tim Commerford, le bassiste de Rage Against The Machine,
ne peut envisager un concert avec contraintes et distances : « Vous allez
aux concerts de Rage pour voir le public autant que pour voir le groupe. […]
Nous ne ferons jamais partie de ces vendus qui jouent en drive-in, ou dans
un endroit qui peut accueillir cent mille personnes et où il n’y a en a que
dix mille. C’est de la connerie. Rage ne fera jamais ça. Ce n’est pas un bon
concert si le public ne s’éclate pas aussi. Il faut que ce soit une expérience
partagée. » Vivement la fin de l’épidémie !
BRUNO TAUZIN PUBLIE DEUX
NOUVELLES MÉTHODES
Le prolifique pédagogue Bruno Tauzin sort deux
nouvelles méthodes de basse aux éditions Play-
Music. La première, Les 100 Meilleurs Riffs
de Basse - Volume 2, regroupe, comme son
nom l’indique une belle série de grooves
incontournables. Celle-ci couvre une large
palette de styles du hard rock au reggae, en passant par le funk.
Bruno Tauzin accompagne l’apprenti avec une partition agrémentée d’une
explication, ainsi qu’un CD MP3 pour faciliter la mise en place. « Good
Vibrations », « La Grange », « Psycho Killer », « Ain’t No Sunshine » et bien
d’autres classiques sont mis à la portée du plus grand nombre. Et pour les
papas et mamans bassistes qui souhaiteraient initier leur
progéniture au doux vrombissement de leur instrument
préféré (ou pour ceux qui ont gardé une âme d’enfant),
Bruno Tauzin sort également 25 Comptines à la Basse.
Adaptés aux débutants, les morceaux comportent
une partie solfège et tablatures de la mélodie et de
l’accompagnement, ainsi que les paroles et un CD.
Retrouvez sur le site de Bruno Tauzin ces deux
méthodes et beaucoup d’autres, mais aussi des masterclasses et
des cours : www.bassebruno.com
FAITS DIVERS
EN BOUCLE À LA REDAC’ CE MOIS-C
I

Tower of Power Paul McCartney Adeline Foo Fighters Gojira

Step Up McCartney III Intérimes Medicine at Midnight Fortitude
Basse : Francis Rocco Prestia Basse : Paul McCartney Basse : Adeline Basse : Nate Mendel Basse : Jean-Michel Labadie

CITATIONS CULTES
« Pourquoi ai-je quitté Toto ? Mon fils est
« Je suis déçu que mon travail avec
né en janvier 82 et en février, j’ai reçu un
Bob n’ait pas été reconnu à sa juste coup de téléphone me disant que nous
valeur. J’ai essayé d’obtenir gain de nous apprêtions à partir en tournée
cause devant la Haute Cour de Justice pendant neuf mois. Je ne me voyais pas
de Grande-Bretagne, mais en vain. manquer les premières années de sa
C’est rageant de ne pas pouvoir récolter vie. Ce fut la décision la plus difficile que
les fruits de son travail. Ces albums je n’ai jamais eu à prendre. Mais le plus
sont devenus des monuments du important, c’est que l’on se souvienne
reggae grâce à nous. » de moi comme d’un bon mari et d’un
Aston Barrett bon père, pas comme d’une rockstar
(Bob Marley and the Wailers) égocentrique. »
David Hungate (Toto)

« Tenir la basse, c’est une grande

« De nos jours, on s’envoie des responsabilité. J’ai l’impression de
prises par Internet et tu peux conduire le reste de la musique. Tu
faire un album sans ne jamais peux prendre un morceau et l’amener
rencontrer personne. Je suis dans deux directions différentes, plus
heureux de ne pas être un jeune qu’avec n’importe quel autre instrument.
musicien qui débute sa carrière Tu dois prendre les bonnes décisions
aujourd’hui. » en étant simplement conscient de ce
Chuck Rainey paramètre, tout en continuant à driver
(Aretha Franklin, Steely Dan) l’ensemble. »
Gail Ann Dorsey
(L. Kravitz, D. Bowie)

BASSISTE  10
 WHO
  ?
A RE Y O U
QUI ?
Je m’appelle Alix, j’ai 30 ans et je viens de Porto-
Vecchio, en Corse. J’ai découvert la basse à travers
les vinyles et CD de mon père, et grâce à Keanu
Reeves qui en jouait alors que j’étais fan de Matrix.
J’ai commencé en autodidacte à 14 ans, en repiquant
divers groupes (Red Hot, Marilyn Manson, Queen,
Prince, David Bowie, Bob Marley…), puis mon père
a commencé à m’acheter Bassiste Magazine. Il ne
me manque que les trois premiers numéros ! Mes
influences principales sont : Victor Wooten, Pino
Palladino, Stuart Zender, Marcus Miller, Jaco Pastorius,
Flea... Après mon bac, j’ai intégré le conservatoire
d’Avignon où j’ai obtenu mon DEM de musiques
actuelles avec mention très bien, en 2013. J’y ai aussi
commencé la contrebasse. Ensuite, j’ai continué
mes études au CEFEDEM de Lyon en 2016, où
j’ai obtenu mon Diplôme d’État de professeur de
musiques actuelles en 2019. Mes influences se
sont étoffées avec Hiatus Kaiyote, Erykah Badu,
Robert Glasper, Christian Scott, Snarky Puppy…
QUOI ?
Je suis beaucoup apparue en live dans le projet
ALIX GUGLIELMI
electro Eat My Butterfly (EMB) de la batteuse Dilo,
où je joue de la basse 5 cordes accordée en ténor
(Mi La Ré Sol Do). J’y joue aussi de la flûte bansouri,
je chante, harmonise et je joue du sati (percussion
réunionnaise). J’ai également rencontré au CEFEDEM
mes amis de Divergence (metal instrumental). Étant
fan de jeux vidéo, j’ai adoré le concept d’avoir des
sonorités directement inspirées des consoles de
rétro gaming, en 8-bits. Je ramène au style metal
mes influences groovy et jazzy. Je joue beaucoup
en accords, je double les riffs de guitare et je joue
tout aux doigts. Divergence est le projet qui me
réclame le plus de technique. Je pense de plus
en plus à monter un projet solo, où je jouerais de
la basse avec mes pédales (loop, freeze, reverb,
delay, fuzz…) et où je chanterais mes textes. J’espère
arriver à concrétiser cela un jour.
QUAND ?
Avec Divergence, nous sortons un EP le 2 avril et une
session vidéo live tournée en studio suivra courant
mai. Je travaille aussi sur des morceaux d’EMB qui
sortiront bientôt ! Malheureusement, à cause du
contexte, je n’ai pas de concert de programmé…
QUEL MATOS ?
- Basse 4 cordes fretless (ma première basse, pas
de marque).
- 5 cordes Warwick Corvette Standard en frêne,
polyvalente et légère. C’est celle que j’ai jouée le
plus. Elle est passive, mais envoie comme une active !
- Yamaha TRB6, active, signature John Patitucci.
Son préampli offre beaucoup de possibilités. Le seul
hic est qu’elle est lourde, mais a un son énorme et
une grande facilité de jeu.
- Au niveau des cordes, j’utilise les Elixir Nanoweb,
avec tirant extra-light.
- Contrebasse Thomann bois massif : super son
et facile à jouer après un passage chez le luthier.
- Tête d’ampli Big Bang MarkBass.
- Effets : octaver Boss OC-2 (ma préférée !), la reverb
Meteore de Caroline qui a vraiment son grain, la
Freeze d’Electro Harmonix qui me permet de poser
une harmonie et de jouer par-dessus une ligne ou
un solo, ainsi que la fuzz Deluxe Big Muff d’Electro
Harmonix, et la Manta Bass Filter de Source Audio.
Je me sers aussi du DigiTech DigiDelay qui est très
simple d’utilisation.
OÙ ?
Facebook : @alixguglielmi
Instagram : @alixguglielmi
YouTube : Divergence Metalband
11  BASSISTE
BASS TALK

NATE
MENDEL
LE ROCK SOUS PERFUSION
Voilà plus de 25 ans que les Foo Fighters continuent de marquer de leur empreinte la
planète rock. Créés en 1994 sur les cendres de Nirvana (après la tragique disparition de
Kurt Cobain) et emmenés par le charismatique Dave Grohl, dont le talent n’a d’égal que la
générosité, les Foo ont pondu des hits en pagaille : « Best of You », « Everlong », « Learn
to Fly », « All My Life », « The Pretender », « The Sky Is a Neighborhood » et j’en passe !
Le groupe a longtemps évolué sous la forme d’un quatuor pour devenir aujourd’hui un
sextet aux allures de bulldozer. On y retrouve Taylor Hawkins derrière les fûts, Chris
Shiflett et Pat Smear (qui avait également officié au sein de Nirvana) aux guitares,
Rami Jaffee aux claviers, et bien évidemment Nate Mendel à la basse. Ce dernier est,
à l’instar de Grohl, le vieux membre du groupe. De nature discrète, Nate préfère faire
parler la poudre à travers son instrument et ses lignes de basses solides qui regorgent
de mélodies et de fills à l’efficacité incomparable ! À l’occasion de la sortie du dixième
album des Foo Fighters, Medicine At Midnight, Bassiste Magazine a eu l’opportunité de
s’entretenir avec le bassiste qui s’est livré avec une joie non dissimulée aux plaisirs de
l’interview.

Par Adrien Kah

Photos © Danny Clinch, Manu Wino

Les Foo Fighters ont soufflé leurs 25
bougies. Tu fais partie des membres
présents depuis les débuts du groupe.
Quel regard portes-tu sur votre
carrière ?
Je suis extrêmement fier du chemin que
l’on a parcouru. 25 ans, c’est un bon âge :
tu termines la fac, tu trouves ton premier
emploi et les choses sérieuses commencent,
alors j’espère que l’on ne va pas se vautrer
(rires) ! Plus sérieusement, ce groupe, c’est
l’accomplissement d’une vie entière et nous
sommes allés plus loin que je ne l’aurais jamais
imaginé... Les Foo Fighters ont vu le jour à
la suite de circonstances tragiques. Dave et
moi n’étions pas vraiment familiarisés avec le
concept de longévité dans la musique à cette
époque. Se dire qu’après toutes ces années
nous sommes encore là est un sentiment très
spécial.
Il faut aussi dire qu’il existe un véritable
esprit de famille au sein du groupe.
Ceci explique peut-être en partie votre
longévité...
Exactement ! L’authenticité fait notre force. Peu
de personnes savent que 95 % du temps que
l’on passe ensemble ne tourne pas autour de
la musique. Nous aimons beaucoup partager
ces moments. Au fil des années, que ce soit sur
le plan individuel ou en tant que groupe, nous
avons traversé différentes phases : les joies, les
désillusions, les échecs, la vie, la mort... Nous nous
sommes toujours soutenus les uns les autres à
travers chaque coup dur. Les liens quasi fraternels MATOS
que nous avons tissés sont incomparables, ce qui Basses : Fender Precision 1971, Fender
rend la chose étrange d’ailleurs... Car, j’adore ces Precision Nate Mendel Signature
mecs, mais il est fort probable qu’en temps normal Amplis : tête Ampeg SVT Classic, Baffle
nous n’aurions pas été aussi proches. Nous venons Ampeg 8x10’’ 4x10’’ et 2x12’’
tous d’horizons variés et nos personnalités sont Effets : Fuzz JHS Four Wheeler
toutes très différentes. Notre parcours musical

BASSISTE  12

« Ce groupe, c’est l’accomplissement d’une vie entière et nous
sommes allés plus loin que je ne l’aurais jamais imaginé… »
s’est vu supplanté par une fabuleuse aventure
humaine qui a forgé cette authenticité. C’est aussi
quelque chose d’incomparable !
En général, l’album que l’on vient de
réaliser est celui que l’on aime le plus, mais
si l’on devait faire abstraction de Medicine
At Midnight, quels sont tes albums
préférés dans votre discographie ?
Pendant longtemps, mon album préféré a
été There Is Nothing Left To Lose (1999). J’ai
beaucoup aimé les conditions dans lesquelles
nous avons enregistré ce disque. Aujourd’hui, nous
sommes six dans le groupe, mais à l’époque nous
n’étions que trois : Dave, Taylor et moi. Nous nous
étions installés dans la maison de Dave en Virginie
pour enregistrer. Pour se vider la tête, on jouait au
basket ball devant le garage, on faisait des virées
en voiture, des barbecues aussi... Nous étions
également tous les trois célibataires, c’était une
période vraiment très particulière pour nous qui
a donné naissance à de magnifiques chansons. Il
y a pour moi une vibe très relax qui se dégage de
ce disque et qui cristallise vraiment l’état d’esprit
dans lequel nous étions à l’époque. Aujourd’hui, je
te dirais que mon album préféré est Wasting Light
(2011), mais j’ai mis du temps à réaliser cela. Je
suis vraiment fier de toutes les parties de basse
que j’ai pu proposer sur cet opus. Les morceaux ne
sont pas des hits du calibre de « Best Of You » ou
« Times Like These ». Des titres comme « Rope »,
BASSISTE  14
le premier single que nous avions sorti à l’époque,
n’a pas eu le même impact que ses prédécesseurs
et pourtant la moitié de l’album fait actuellement
partie de notre set-list en concert !
Ce qui frappe dans ta manière de jouer,
c’est cette sobriété mêlée à un sursaut
mélodique, qui arrive très souvent au
moment où l’on s’y attend le moins.
Quels sont les bassistes qui t’ont le plus
influencé ?
Paul McCartney est ma principale source
d’inspiration. Il a toujours abordé la basse d’une
façon peu orthodoxe et très novatrice. Avec
des instruments comme la basse ou la batterie,
le principe est souvent d’aller à l’essentiel,
notamment dans le rock : « La guitare joue ceci,
cela... alors la basse va tendre vers la même
chose. » Mais Paul a toujours réussi à sortir du
cadre de manière étonnante. C’est ce que j’essaie
de faire dans nos chansons : rester en soutien des
guitares, mais trouver de l’espace sur des passages
précis, pour pouvoir distiller un peu de mélodie à
travers les fréquences graves !
Parlons un peu de Medicine At Midnight.
Avez-vous changé quelque chose à votre
façon de composer pour cet album ?
Les choses ont été très différentes sur cet album.
Habituellement, nous nous enfermons tous dans
la même pièce pour jouer et rejouer les morceaux
jusqu’à satisfaction totale, puis nous allons
enregistrer. Là, nous avons démarré directement
en studio et peaufiné les arrangements sur des
chansons concoctées par Dave et Taylor. C’était
un peu comme un assemblage de Legos... Je ne
dirais pas que c’est ma façon préférée de faire un
disque. Je suis plus rassuré quand j’ai pu jouer
et rejouer un titre avec les gars dans une salle de
répétition : le feeling est meilleur et surtout j’ai
une vision plus claire de la manière de reproduire
cette énergie lors du processus d’enregistrement.
Bosser comme nous l’avons fait pour Medicine
At Midnight fonctionne malgré tout, car les
compositions sont plus pop et plus légères dans
l’ensemble, mais ce n’est pas ce que je préfère…
Vous avez rempilé avec Greg Kurstin
qui avait déjà oeuvré à la production de
Concrete And Gold (2017). Qu’est-ce qui
vous plaît dans son travail ?
Depuis le temps, nous avons tous acquis une
solide expérience dans la production musicale,
mais c’est intéressant de conserver une oreille et
un regard extérieurs sur notre musique. Greg nous
connaît bien et nous aide surtout à raccrocher les
wagons entre les choses que l’on sait faire et celles
que l’on ne maîtrise pas. Par exemple, sur Concrete
And Gold, il nous avait surtout aidé à mettre
davantage en valeur les harmonies vocales, choses
sur lesquelles nous n’avions pas pour habitude
de nous éterniser. Avec Medicine At Midnight, il a
apporté toute sa science pour nous aider à prendre
une direction un peu plus « groovy ». Nous voulions
que ce disque donne un peu plus l’envie de se lever
et de danser que nos précédents albums.
En parlant de groove, le titre éponyme
Medicine At Midnight se dégage un peu du
lot, avec cette ligne de basse que l’on n’a
pas l’habitude d’entendre venant de toi !
En lien avec ma réponse précédente, je dirais
que ce titre résume parfaitement l’idée générale
que l’on souhaite faire passer à travers cet album.
En studio, nous cherchions une manière de faire
groover la ligne de basse de ce morceau. Dave
avait en tête l’album Let’s Dance de David Bowie,
il voulait que j’essaie de jouer dans un style un peu
« sautillant ». J’ai donc posé le médiator, chose
que je ne fais jamais dans les Foo Fighters, et j’ai
joué le morceau aux doigts. Le son moelleux fait
plus sens avec les sonorités funky de la chanson.
Il y a aussi ce titre « Love Dies Young »
où la basse est très présente avec ce son
saturé, très mordant... T’es-tu servi d’une
pédale en particulier ?
En fait, je ne suis plus vraiment très sûr de savoir
quel effet j’ai utilisé ou pas... En studio, tu te
retrouves souvent à expérimenter plusieurs
combinaisons d’effets, à brancher et débrancher
des pédales à tout va (rires), tu tentes des choses
jusqu’à ce que tu obtiennes le grain recherché…
Il me semble que j’ai utilisé une pédale qui
s’appelle la Four Wheeler et pourquoi juste
maintenant, j’oublie le nom de la compagnie
qui la fabrique... ? Impossible de m’en rappeler
(il s’agit en fait d’une Fuzz produite par JHS
Pedals, ndlr).
Quelles ont été tes armes de prédilection
pour poser les parties de basse de cet
album ?
C’est en réalité un peu décevant de ce côté
(rires). J’ai essayé plusieurs basses durant
l’enregistrement, puisque j’avais débarqué au
studio avec une douzaine d’instruments.
Je m’étais dit que pour une fois, j’allais innover
et m’orienter vers d’autres sonorités, utiliser
une basse demi caisse ou quelque chose de
plus rentre dedans... Pour chaque titre, on faisait
d’abord une courte prise avec chaque basse ;
je jouais juste sur quelques mesures, histoire de
voir comment le son de la basse s’intégrait au
reste. Et à chaque fois, on finissait toujours par
dire : « Et si l’on faisait le job avec ce qui marche
réellement ? » Et évidemment, ce qui marche c’est
une Fender Precision (rires) ! Donc, c’est encore
une fois ce que vous entendez sur ce nouvel
album.
« C’est ce que j’essaie de faire : rester en soutien des guitares,
mais trouver de l’espace pour pouvoir distiller un peu
de mélodie à travers les fréquences graves ! »
Tu as un modèle signature chez Fender, qui
se vend plutôt bien ! Envisagez-vous des
« upgrades » ou une V.2 de cette basse ?
Peut-être, en effet, que d’un point de vue
marketing, il serait intéressant de proposer
quelque chose de nouveau, car la basse est sur
le marché depuis quelque temps maintenant...
Mais je suis personnellement très satisfait du
modèle tel quel. C’est cette basse que je veux
jouer par dessous tout ! Ses courbes et son poids
m’offrent le confort de jeu que je souhaite. Le
manche est un parfait compromis entre celui
d’une Precision et celui d’une Jazz Bass : le
premier est trop large, le second trop fin...
L’entre deux que Fender m’a proposé est juste
parfait pour mes mains ! À la base, je ne suis
pas fan des instruments reliqués artificiellement
en usine. Je trouve que les finitions appliquées
sur les guitares sont trop vives pour un instrument
qui est censé avoir vécu et que le relicage est
parfois poussé un peu trop à l’extrême... Mais
curieusement, je n’ai pas ce sentiment sur
mon modèle signature : Fender a su appliquer
avec parcimonie cet effet « Road Worn » et je
préfère ça !
Quels amplis as-tu utilisés pour enregistrer
cet album ?
Principalement une tête Ampeg SVT Classic et
un vieux Vox au son très vintage. Par habitude, on
branchait toujours la tête Ampeg dans un baffle
FENDER PRECISION
NATE MENDEL SIGNATURE
Ce modèle est inspiré de la Fender
Precision de 1971 qui a accompagné
Nate Mendel durant toute sa carrière,
une basse dont Nate avait fait
l’acquisition à la fin des années 80 pour
à peine 200 dollars ! Fender a su recréer
ce modèle, presque à l’identique, en y
apportant quelques améliorations. Le
manche en érable au profil en C est
surmonté d’une touche en palissandre.
Il présente une largeur au sillet de
41,02 mm, ainsi qu’un radius de 184 mm
ce qui en fait un manche d’une largeur
moins importante qu’une Fender
Precision Standard. La basse est équipée
d’un micro Seymour Duncan SPB-3
Quarter Pound, un micro avec un niveau
de sortie puissant, au son claquant mais
néanmoins chaleureux. À souligner
la présence d’un chevalet Fender
HiMass (qui fait ici office de substitut au
mythique chevalet Leo Quan Badass II,
devenu quasi introuvable sur le marché)
pour plus de sustain (capacité de
l’instrument à maintenir le son des notes
sur la durée). La basse est dotée d’une
finition Candy Apple Red, avec un léger
relicage dit Light Worn, par opposition
avec le reste de la série Road Worn de
chez Fender, où le relicage artificiel des
instruments est poussé un peu plus à
l’extrême. Fabriquée au Mexique et livrée
dans un gigbag Deluxe, son prix avoisine
les 1000 €. Avis aux amateurs !
15  BASSISTE
 FOO FIGHTERS, « BACK AND FORTH » :
LE DOCU CULTE !
Réalisé par James Moll, ce documentaire disponible en DVD et sur les
plateformes de VOD retrace le parcours de Dave Grohl et de ses comparses,
depuis leurs débuts au milieu des années 90 jusqu’à la sortie de leur septième
album, Wasting Light, en 2011. Le film contient des tonnes d’archives,
d’images en live ou en studio, et regorge d’anecdotes croustillantes autour
du groupe. James Moll réussit le tour de force de condenser 16 années
de rock n’ roll à travers les témoignages passionnants des membres
actuels et passés. Si vous souhaitez vous (re)plonger dans l’épopée des
Foo Fighters, ce film est un must have du genre !

Ampeg 8x10’’ ou 4x10’’ et là, j’ai plutôt opté pour
du 2x12’’.
Par le passé, on t’a souvent vu sur scène
avec des amplis Ashdown. Tu étais même
endorsé... Ce partenariat est-il toujours
d’actualité ?
(Nate marque une pause, ndlr) Hmm, disons que
c’est flou (rires) ! Nous ne sommes plus en contact
régulier, donc je ne saurais pas réellement te
répondre sur ce qu’il en est... Je pense que sur la
prochaine tournée, je jouerais sur un Ampeg SVT,
le bon vieux classique !
En ce moment, il est impossible d’organiser
des tournées. Les temps sont durs pour
les musiciens, mais aussi pour les salles
« Dave avait en tête l’album Let’s Dance de David Bowie, il
de spectacle. Les Foo Fighters se sont
d’ailleurs impliqués dans une campagne
pour soutenir les salles américaines avec
le « Save Our Stages Fest » («  Sauvons nos
scènes »). Peux-tu nous en dire plus sur le
sujet ?
Exact. Nous avons fait une série de concerts dont
les revenus sont allés directement aux salles de
spectacle en difficulté, du fait de la crise sanitaire
que nous connaissons tous. Ce que nous vivons
actuellement est extrêmement dur et il a suffi
de moins d’une année pour que ce virus mette à
genou le monde de la musique, à tous les
niveaux... Et le pire dans tout ça, c’est que l’on
ne sait pas pour combien de temps cela va
encore durer... Si l’on avait une date de reprise,
on pourrait au moins essayer de s’organiser en
conséquence. L’heure étant à la solidarité plus
qu’à l’individualisme, nous nous sommes sentis
concernés par les problèmes que traversent
les salles. Nous avons donc participé à ce petit
festival en compagnie d’autres groupes et artistes
américains. La plupart de ces lieux nous ont donné
notre chance quand nous étions plus jeunes. Jouer
dans ces salles, c’est également toute ma vie : j’ai
grandi en ne faisant que ça. Cela fait du bien de
pouvoir renvoyer l’ascenseur de temps en temps !
À côté des Foo Fighters, as-tu le temps de
te consacrer à d’autres projets ?
J’avais eu, fût un temps, un autre groupe : Sunny
Day Real Estate. C’était le projet dans lequel je
jouais avant d’intégrer les Foo Fighters. Quand
les Foo ont décollé, je continuais à jouer avec
cette autre formation entre deux tournées, puis
ça s’est essoufflé... C’était un super groupe
dans lequel je m’éclatais bien, on s’était même

voulait que j’essaie de jouer dans un style un peu "sautillant". reformé le temps d’une tournée aux États-Unis
il y a de ça une douzaine d’année, mais le projet
J’ai donc posé le médiator et joué le morceau aux doigts. » s’est définitivement arrêté depuis... J’ai, par
la suite, sorti un album de chansons avec des
compositions personnelles. J’ai appelé ce projet
musical Lieutenant. Sur un premier album, sorti
il y a maintenant cinq ans, j’ai posé ma voix et
joué tous les instruments sauf la batterie. Je suis
actuellement en train de préparer son successeur.
Je termine les maquettes, mais je ne sais pas trop
à quel moment tout ça va sortir... Pour le premier
album, le timing n’était pas très bon : je l’avais
sorti un peu avant que ne sorte un album des
Foo Fighters et j’avais à peine eu le temps de faire
une petite tournée aux States avant de redécoller
avec les Foo Fighters... Mais j’espère pouvoir
renouveler cette expérience. J’ai pu me produire
dans un contexte plus intimiste et devant une
audience moins large, et j’ai adoré ça ! Qui sait,
peut-être qu’une fois les conditions réunies je
pourrais m’exporter outre-Atlantique ?

BASSISTE  16
BASS TALK

ALBERTO RIGONI
FOR THE LOVE OF BASS :
UN ALL-STAR À L’ITALIENNE
En cette période covidée, Alberto Rigoni
n’a pas chômé. Le bassiste virtuose
italien a dispatché une douzaine
d’ébauches de compos auprès de ses
bassistes favoris (que des monstres
qui squattent le top du game), afin de
confectionner un album entièrement
avec de la basse et rien d’autre. L’objet
s’intitule For the Love of Bass et il
s’agit sans conteste de l’évènement
bassistique de la saison. Go !
L
a scène italienne regorge de super bons musiciens, que ce soit en jazz, en rock ou en metal. Ce pays, dans l’histoire de la musique, nous a donné quelques-
uns des plus grands virtuoses et le bassiste Alberto Rigoni appartient définitivement à cette lignée. Venu tardivement à la basse sous l’impulsion des
furieux de Dream Theater, ce musicien au tempérament bien trempé évolue au cœur de la scène progressive avec ses groupes BADASS et Twinspirit,
mais également par le truchement d’une dizaine d’albums solos auxquels a collaboré la crème des musiciens du genre : de Gavin Harrison (Porcupine
Tree) à Marco Minnemann (Steven Wilson, The Aristocrats), en passant par Kevin Moore (ex-Dream Theater) ou encore Göran Edman (chanteur du guitariste
Yngwie Malmsteen au début des années 90). Alberto baigne aussi dans le néo-classique, comme en témoigne son implication dans le Vivaldi Metal Project, qu’il
a initié avec Mistheria (claviériste de Bruce Dickinson en solo). Aujourd’hui, le sieur Rigoni met les petits plats dans les grands avec un album instrumental façonné
uniquement avec des basses et pas n’importe lesquelles, puisque le maestro s’est entouré de quelques-uns des plus grands bassistes de la planète pour coucher
une collection de douze duos. Jugez plutôt : Nathan East, Lee Sklar, Doug Wimbish, Michael Manring, David Pastorius (le
neveu de Jaco), Tony Franklin, l’Allemand Lars Lehmann, la star montante indienne de la basse Mohini Dey, Cody Wright
(jeune monstre qui a croisé le fer avec Victor Wooten, les Wooten Brothers et qui s’est fait remarquer au sein du Derek Trucks
Band) et Adam Nitti (Scott Henderson, The Dave Weckl Band). L’album est une véritable déclaration d’amour à l’instrument
et s’intitule tout simplement For the Love of Bass. Très ambiant et cinématique, l’œuvre présente une vision protéiforme de
l’instrument, avec du groove, des mouvements climatiques (souvent façonnés avec des effets) et bien sûr des plages de solos
intenses et pyrotechniques. Bassiste Magazine s’est entretenu avec « the architect » de ce projet un peu dingue, véritable
célébration de la clé de Fa et des fréquences graves. Andiamo !

Par Emmanuel Bongrand

Photos © Chad Jenkins, Martin Huch, Lyle Lovett, P Lissart, Manuela Lange, EbingerPhotography, DR

Alberto, peux-tu commencer par nous

parler de tes « origines » musicales ?
Pour être honnête, je suis ce que l’on appelle un
musicien tardif. J’avais étudié le piano lorsque
j’étais très jeune, trop jeune peut-être. Je n’étais
pas à l’aise avec cet instrument et j’avais lâché
l’affaire. Cependant, à la maison, j’avais des
parents très mélomanes. Mon père, grand
amateur de musique classique, écoutait beaucoup
de disques et du côté de ma mère, j’ai été exposé
à toute la bonne pop des années 80, je pense à
Duran Duran, Yes, Tears For Fears ou encore Talk
Talk. Elle aimait aussi le rock. Sans que je m’en
rende compte, ces deux cultures se sont glissées
sous ma peau.
Comment s’est passée ta rencontre avec
l’instrument ?
L’année de mes quinze ans, je me suis fait un
ami qui jouait de la batterie. Il écoutait pas
mal de dance music, mais également du rock
progressif et un peu de metal. Il avait cet EP
de Dream Theater, A Change of Seasons, et
quand il m’a fait écouter le titre éponyme de
trente-trois minutes, cela a été un immense
choc. Le morceau évolue au travers de multiples
ambiances et changements de tempos. Cette
musique m’a tellement touché que j’ai eu envie
d’apprendre à la jouer. Dans un premier temps,
j’ai pris quelques cours de batterie, mais j’ai vite
compris que cet instrument n’était pas fait pour
moi. Par contre, en essayant de décortiquer une
autre chanson du groupe, « Learning to Live » (sur
Images and Words, ndlr), je suis resté scotché
sur le couplet. La guitare ne joue pas et la section
basse / batterie est vraiment à découvert. Le son
« J’aimais le funk, le metal, le prog
et la musique atmosphérique, et j’ai commencé
à mélanger tous ces ingrédients. »
de John Myung est bien gras. Je me suis acheté
une basse quatre cordes très cheap et j’ai trouvé
un prof qui me faisait bosser exclusivement les
plans de John Myung. Je ne voulais même pas
entendre parler de théorie. Mon but était de jouer
les pièces les plus complexes de Dream Theater.
Je me suis senti chez moi avec cet instrument.
Je suis devenu complètement accroc et au bout
de six mois, je maîtrisais déjà quelques grosses
pièces du groupe. Avec mon pote batteur, nous
avons commencé à jouer tous les deux et il
m’a énormément appris au niveau de l’assise
rythmique. De fil en aiguille, nous avons monté
notre propre groupe de metal progressif. On jouait
du Dream Theater bien sûr, mais aussi du Rush,
du Symphony X et du Fates Warning. Nous avons
commencé à tourner.
À quel moment ta carrière pro a-t-elle
commencé à se concrétiser ?
Je tournais avec ce groupe de potes et puis
ma route a croisé celle de Daniele Liverani,
un compositeur et multi-instrumentiste très
connu en Italie. C’est un guitariste et claviériste
vraiment hallucinant. Il m’a vu jouer en concert
et il m’a proposé de rejoindre son groupe de
cover, qui était très orienté metal et shred. On
reprenait beaucoup de Van Halen et de Racer X.
Le guitariste avait douze ans et il jouait les plans
de Steve Vai à la perfection. Un vrai groupe de
virtuoses plutôt intimidants. Nous avons tourné
pendant un an et puis nous nous sommes
transformés en un vrai groupe de compos
(toujours dans une veine prog) appelé Twinspirits.
Nous avons sorti trois albums distribués
mondialement.
Et ta propre carrière d’artiste solo,
comment a-t-elle débuté ?
Je me suis mis à composer ma propre musique
suite à une rupture qui m’a plongé dans une
grosse dépression. C’était en 2005. Cela m’a
permis d’approfondir ma connaissance de la
basse tout en me soignant et en découvrant un
nouveau moyen d’expression. J’aimais le funk, le
metal, le prog et la musique atmosphérique, et
j’ai commencé à mélanger tous ces ingrédients.
De fil en aiguille, j’ai envisagé de sortir un
premier album en 2008, qui s’appelle Something
Different. Ce disque m’a permis de me faire un
nom dans le monde de la musique instrumentale
et j’en ai aujourd’hui dix à mon actif.
Considères-tu For the Love of Bass comme
un album solo à part entière ou comme un
projet à part dans ta discographie ?
C’est un album particulier avec beaucoup
d’invités, mais il s’agit de mon dixième album solo,

19  BASSISTE

« J’aime l’idée de faire cohabiter sur un même projet
des légendes et de nouveaux talents. »
dans le sens où ce sont mes compositions, même
si l’apport créatif des bassistes qui m’entourent
est loin d’être négligeable.
Il se démarque aussi de tout ce que tu
as fait, dans le sens où il n’y a que de la
basse…
Si tu te penches sur mes albums, tu te rendras
compte que je suis un musicien plutôt éclectique.
J’explore à chaque fois quelque chose de
différent, en passant d’un registre vraiment rock
à de la pop electro ou du funk. Je me fie toujours
à mon instinct et je ne fais jamais de compromis.
Je commence à enregistrer mes idées et je me
laisse guider par le feeling. Par exemple, Prog
Injection (2019) est un album construit autour de
la batterie et des claviers. La basse y tient un rôle
différent avec beaucoup de sons saturés, comme
s’il s’agissait d’une guitare. L’avant-dernier, Odd
Times, est plus rock et conventionnel, avec Marco
Minnemann à la batterie et Alexandra Zerner
à la guitare et aux claviers. J’explore à chaque
fois quelque chose de nouveau et cette fois, j’ai
eu envie d’utiliser uniquement de la basse, mais
je ne me sentais pas de le faire tout seul. J’ai
pensé qu’avec la contribution d’autres bassistes
BASSISTE  20
« J’explore à chaque
fois quelque chose de
différent et cette fois,
j’ai eu envie d’utiliser
uniquement de la basse,
mais je ne me sentais pas
de le faire tout seul. »
apportant d’autres sensibilités et d’autres styles
de jeux, l’expérience serait plus intéressante.
On peut dire qu’il s’agit de duos de basses,
de conversations entre chacun de tes
invités et toi…
Oui, c’est exactement cela. Parfois j’assure les
fondations du morceau et le groove tandis que
l’autre bassiste exécute les thèmes ou part en
solo, et à d’autres moments, les rôles s’inversent.
Ce sont des conversations à deux basses, c’est
bien ça.
Il y a deux reprises très réussies : le
« Mad World » de Tears For Fears et puis
« Misirlou » de Dick Dale. Tu n’avais pas
assez de compos originales ?
Si, j’aurais pu placer d’autres compos, mais je dois
dire que pour la première fois de ma carrière, j’ai
eu envie de m’essayer à cet exercice. Ce sont deux
chansons qui me font vibrer et je pensais pouvoir
leur apporter une autre lumière, en profitant du
potentiel expressif de la basse solo, surtout avec
des bêtes comme Leland Sklar et Lars Lehmann.
En revanche, toutes les autres musiques sont de
moi.
Certaines personnes ont dû te prendre
pour un doux-dingue…
Je suis certainement un peu fou et j’en suis
conscient. Je ne vais probablement pas décrocher
de hit avec cet album, mais c’est là que mon
inspiration m’a amené et je ne transige jamais
avec cette pureté. C’est un projet de niche,
comme tout ce que j’entreprends, et il s’adresse
à un public de connaisseurs qui ne juge pas la
musique avec des a priori. J’ai une communauté
assez forte qui aime ce que je fais, ce qui est
une chance. La musique de cet album est très
climatique et évoque des scènes et des images.
Elle peut intéresser des éditeurs et des agences
de pub pour des synchros. Ma musique a toujours
eu ce potentiel. D’ailleurs, mon titre « Quirky Girl »,
tiré de mon album Lady & THE BASS a été utilisé
durant deux ans pour la pub d’un grand magasin
en Italie. Une agence de pub est tombée sur ce
titre, très electro-pop, sur une playlist iTunes.
Comment as-tu choisi tes invités ?
Était-ce des gens avec lesquels tu rêvais
de travailler ?
Oui, j’avais vraiment envie de travailler avec eux,
et certains, comme Nathan East, Tony Franklin
et Lee Sklar, font carrément partie de mes idoles.
Pour être tout à fait franc, je ne m’attendais pas à
ce qu’ils acceptent l’invitation et pourtant, ils l’ont
fait, ce qui est merveilleux. Après, il y a des amis
que je connais depuis longtemps, comme Doug
Wimbish, Adam Nitti ou Michael Manring. Il y a
également des artistes moins connus, bien qu’ils
commencent à jouir d’une sacrée réputation,
comme Coby Wright, Mohini Day ou David
Pastorius. J’aime l’idée de faire cohabiter sur un
même projet des légendes et de nouveaux talents.
Avais-tu en tête la personnalité des invités
lorsque tu as composé les morceaux ?
Oui, absolument, ou tout du moins, lorsque
j’enregistrais mes démos, je me disais : « Tiens ! Le
jeu de Tony Franklin collerait super bien à l’esprit
de ce riff. » Ensuite, je développais le morceau en
ayant son jeu et sa sensibilité musicale à l’esprit et
cela donne « Drops of Memory », qui est vraiment
dans sa zone de confort. Parfois, je composais
carrément le titre sur mesure. Hélas, il y a d’autres
bassistes avec lesquels j’aurais aimé collaborer,
mais certains artistes préfèrent s’impliquer à fond
dans leur propre musique et ne pas se disperser,
ce que je peux comprendre. Moi, j’aime le partage.
« Alone in the Dark », le titre avec Doug
Wimbish est impressionnant. Il tisse toute
une atmosphère avec l’utilisation d’effets…
Cette approche sonique particulière, c’est
vraiment le domaine de Doug et je savais à quoi
 « Certains moments ont été
émotionnellement très forts,
comme lorsque Michael
Manring m’a renvoyé la
session de « Dreamers »
et que je l’ai écoutée pour
la première fois. »
m’attendre, puisqu’il avait déjà enregistré le titre
« Dr Who » avec moi sur l’album BASSORAMA.
C’est pour cela que j’ai fait appel à lui pour cet
album et « Alone in the Dark » a vraiment été
façonné pour lui. Il a un jeu réellement fascinant
et à chaque fois, il est capable d’apporter quelque
chose de nouveau et de différent. Ce genre
d’atmosphère très new age colle parfaitement à
son approche expérimentale de la basse.

For the Love of Bass est un vaste chantier.

Gères-tu la production jusqu’au mixage et
au mastering ?
Non, je l’ai fait pour certains de mes albums
précédents, mais pour celui-ci, j’ai préféré m’en
tenir à mon rôle de « maître d’œuvre » et de
musicien. Déjà artistiquement, c’est mieux
de pouvoir compter sur une oreille fraîche et
extérieure, afin de rendre l’album plus homogène.
Et puis, il y a une deadline à tenir et compte tenu
de toutes mes activités, cela aurait été compliqué
de m’y atteler seul. Je travaille avec un ingénieur
chevronné qui est aussi compositeur de musiques
de film. Il est très pointu. Il s’appelle Federico
Solazzo.
chose de personnel. Éventuellement, je leur
As-tu demandé à Federico d’ajouter des lâchais quelques indications pour renforcer le LE MATOS D’ALBERTO RIGONI
traitements particuliers sur les sons des groove ici et là, ou bien pour leur préciser des Basses : 
bassistes ? emplacements pour les solos à proprement - Fender Precision 1965
La plupart du temps, nous essayons de rester parler. En dehors de cela, ils ont eu carte blanche - Schecter Diamond J-5
très sobres. Il y a des reverbs et des delays pour et je dois dire que je n’ai pas été déçu. Je n’ai eu - Schecter Stiletto Stealth (5 cordes)
travailler les reliefs, de la compression bien sûr, que de bonnes surprises et certains moments - Cort GB74Gig
et parfois on ajoute un peu de grain avec des ont été émotionnellement très forts, comme - Ibanez SR1346B (6 cordes)
distorsions, mais en ayant à cœur de préserver lorsque Michael Manring m’a renvoyé la session - MusicMan StingRay5
les sons originaux. de « Dreamers » et que je l’ai écoutée pour la 30th anniversary (5 cordes)
première fois. Il joue avec beaucoup d’intensité,
En écoutant la plupart des titres, on se comme il le fait toujours. Dans certains cas, il Effets et périphériques :
demande jusqu’où tu as vraiment été y a eu des allers-retours pour des réajustements, - Pédales Darkglass Electronics,
dans l’écriture. Il y a quasiment du mais très peu et au final, c’est le mélange de EarthQuaker Devices et
contrepoint entre les deux basses à nos personnalités qui rend For the Love of Bass Electro-Harmonix
certains moments… si excitant. - Plug-ins Waves Audio
La réalité, c’est que je n’ai rien écrit du tout, - Empirical Labs Distressor
parce qu’avec des musiciens de ce calibre, - Interface audio RME
l’idée est vraiment de les laisser créer quelque

21  BASSISTE
 L’implication des différentes stars de la basse présentes sur
For the Love of Bass ne s’arrête pas à leurs participations musicales.
Pour ces artistes, la signification de cet album est beaucoup plus
profonde et certains sont même prêts à retrousser leurs manches
pour se prêter au jeu de la promo et pour soutenir Alberto,
afin de défendre ce projet unique qui leur tient vraiment à cœur.

Pas facile d’embrasser une carrière de
bassiste pro lorsque l’on a un tonton qui
se nomme Jaco Pastorius. Pourtant, David
fonce dans le tas et fracasse les objectifs
avec un jeu plutôt groovy et orienté slap,
mélangeant funk, punk et metal. David
est depuis quelques années le bassiste
du Pat Travers Band et compose sa propre
musique avec son groupe Local 518. Il a
également apporté sa contribution à l’album
Jaco Pastorius Big Band Word of Mouth
Revisited, aux côtés de quelques-uns des
plus grands bassistes actuellement vivants.
Nous avons pu le contacter via Zoom.
DAVID PASTORIUS
David, comment as-tu fait la connaissance
d’Alberto Rigoni ?
Alberto et moi, nous sommes ce qu’on appelle des
« Facebook friends ». Le monde de la basse est une
petite communauté et on finit par tous se connaître.
C’est un passionné comme moi, alors nous avons
pas mal échangé, et au bout d’un moment, il
m’a invité à jouer sur son disque. Entre temps, je
m’étais branché sur sa musique. C’est un super bon
bassiste et compositeur, alors je savais où je mettais
les pieds.
Comment as-tu travaillé sur « In the
Loop » ?
Déjà, j’ai trouvé le morceau très bon et j’ai
immédiatement été inspiré. Le jeu d’Alberto y est
assez soutenu, alors j’ai essayé de ne pas surjouer et
de bien imbriquer mon jeu dans le sien. Je suis très
content du résultat final et j’ai hâte d’entendre les
autres morceaux de l’album.
La basse est une histoire de famille chez
les Pastorius. Jaco a-t-il quelque chose à
voir avec ta vocation ?
Non, absolument pas. J’ai rencontré Jaco deux
fois vers l’âge de huit ans et à cette époque, je ne
savais même pas ce qu’était une basse. Pour moi,
c’est venu au collège, le jour où mon copain Sam
Griffith m’a fait écouter « Higher Ground » par les
Chili Peppers. Il a sorti sa basse et a commencé à
jouer la ligne de Flea en slap. Je lui ai demandé :
« Putain ! Mais c’est quoi ce truc ? » Il m’a répondu :
« C’est une basse, mec ». Je suis devenu accroc
instantanément.
Tes premières influences ?
Flea bien sûr, mais également Robert Trujillo,
Steve Harris d’Iron Maiden, et puis Louis Johnson,
Stu Hamm, Billy Gould de Faith No More, tous
ces mecs-là. Quand j’ai commencé à jouer,
j’ai découvert que mon voisin d’en face était
bassiste. J’allais le voir et il me prêtait des vidéos
pédagogiques, notamment celles de Stu Hamm
et de Louis Johnson. Je les ai saignées. J’ai tout
appris avec ces vidéos et à l’oreille. Le fait de jouer
avec des batteurs m’a fait énormément progresser
aussi. Jaco est devenu une influence sur le tard.
Je ne connais pas toute son œuvre, mais j’ai bossé
quelques-uns de ses solos. Je suis fier d’être son
neveu et j’espère me montrer digne de lui.
Avec quel matos as-tu enregistré « In the
Loop » ?
J’ai utilisé l’une de mes basses Marleaux et un ampli
Phil Jones. En tournée, je joue sur Sandberg et
Ampeg.
Un mot sur ton actualité ?
Je joue depuis quelques années avec le groupe du
guitariste canadien Pat Travers, ce qui est vraiment
cool. Nous avons un nouvel album qui sort et je suis
super excité, parce nous y avons enregistré l’une de
mes compos. Autrement, je travaille toujours autour
de mon album solo Radio Gold, qui est très hip-hop
et prog dans l’esprit, et dès que cela sera possible,
je continuerais de tourner et d’enregistrer avec mon
groupe Local 518, qui pratique une sorte de fusion
instrumentale à base de pop, de jazz et de metal.

BASSISTE  22
 NATHAN EAST
Le boss final des bassistes de session, c’est lui, Nathan East, l’homme aux 2000 sessions que vous entendez forcément à chaque fois que
vous écoutez la radio. Le Californien a posé des lignes en or massif sur les tubes de Lionel Richie, Donna Summer, Joe Cocker, Whitney
Houston, Phil Collins, Elton John ou encore les Daft Punk. Le bassiste de 65 ans a accepté de causer dans le micro de Bassiste Magazine.

Nathan, beaucoup de gens envisagent
la basse comme un instrument
d’accompagnement et non comme un
instrument lead. Quelle est ton opinion sur
le sujet ?
Il y a une image que j’aime beaucoup à ce sujet : la
basse fournit généralement une assise harmonique
à un morceau. Elle joue exactement le même rôle
que les fondations d’une maison. Mais il arrive
parfois que la basse soit elle-même la maison
(sourire).
Te souviens-tu de ton premier contact avec
la basse ?
Oh oui, bien sûr ! C’est en écoutant James
Jamerson sur les disques du label Motown et Paul
McCartney avec les Beatles, que j’ai pris conscience
du rôle fondateur de la basse dans la musique et
que j’ai ressenti une envie irrésistible de jouer de
cet instrument.
Il est rare de tomber sur un album
uniquement façonné avec de la basse.
Comment as-tu réagi lorsqu’Alberto t’a
proposé cette collaboration ?
Je me suis dit qu’Alberto était sans doute un peu
fou de tenter cette aventure (rires). Mais il s’agit
d’un merveilleux projet. C’est incroyable qu’il ait
réussi à le mener jusqu’à son terme et je me sens
honoré d’en faire partie. Quand Alberto m’a envoyé
la session de « Masked Soul », titre sur lequel joue
également Michael Manring, j’ai compris que
c’était du lourd. J’ai essayé de capter l’essence de
cette musique et d’y apporter quelque chose de
stimulant.
Émotionnellement parlant, la musique
instrumentale a-t-elle le pouvoir
d’emmener l’auditeur plus loin que le
format chanson ?
Oui, je pense que c’est toujours le cas. Dans
une chanson, l’imaginaire a comme une barrière
induite par le sens des mots. Avec la musique pure,
il n’y a plus de débat, c’est illimité, et chacun peut
imaginer tout ce qu’il veut.
Quelle est la différence entre un grand
virtuose et un grand musicien ?
Pour moi, la question ne se pose pas en ces termes.
La musique n’est que le reflet du vécu du musicien
qui la joue. C’est de ce dernier que doit émaner
l’équilibre entre sa technique et sa personnalité.
Nous faisons tous nos choix musicaux, mais ensuite,
c’est notre instinct qui doit prendre le dessus.
Quel matos as-tu utilisé sur « Masked
Soul » ?
C’est super simple ! J’ai utilisé ma basse cinq cordes
Yamaha BBNE2 pour les parties de soutien et pour
les grooves. En revanche, pour les parties leads, j’ai
préféré ma six cordes John Myung, qui est plus en
adéquation avec le projet d’Alberto. J’ai branché les
basses dans ma DI Radial HDI d’une part et dans
une petite tête TC Electronic d’autre part. J’utilise
des cordes Dunlop et des câbles Wire World.
Tes projets pour le futur ?
Je suis en train de réaliser un album avec mon fils
Noah, qui est un merveilleux pianiste.

23  BASSISTE
 quelque chose de spécial, surtout dans le cadre d’un
duo. Il se trouve que j’ai adoré « Drops of Memory ».
Cela a été très facile. J’ai fait tourner le morceau
une première fois d’un bout à l’autre et quand j’ai
réécouté la prise, il y avait déjà tout ce qu’il fallait.
J’ai fait quelques edits, rejoué quelques segments
ici et là, et l’affaire était dans le sac.

Émotionnellement parlant, la musique

instrumentale a-t-elle selon toi le pouvoir
d’emmener l’auditeur plus loin que le
format chanson ?
Je pense que n’importe quelle musique peut nous
transporter vers une dimension supérieure. C’est
l’émotion et l’inspiration qui touchent les gens.
Il m’arrive de tomber sur une pièce instrumentale
brillamment exécutée sur le plan technique, mais
assez pauvre émotionnellement parlant. Dans
ce cas, je préfère écouter quelque chose de plus
simple, mais qui me touchera et m’inspirera
davantage.

Quelle est la différence entre un grand

virtuose et un grand musicien ?
Je pense qu’un bon musicien raisonne à la fois
comme un instrumentiste et un compositeur.
C’est de cette façon que j’ai fonctionné en créant

TONY FRANKLIN mes parties sur « Drops of Memory ». J’ai essayé

d’apporter des choses à la musique pour élever
le morceau. Ça, c’est la fonction du musicien. Le
Parmi les bassistes cruciaux que l’Angleterre nous a donnés, il y a Tony Franklin, maître du virtuose, lui, est un instrumentiste techniquement
rock et de la fretless, qui a prêté son talent à des artistes aussi divers que Jimmy Page (au brillant qui est à même de pouvoir tout jouer. Ce
sein du groupe The Firm), David Gilmour, Kate Bush, John Sykes (dans Blue Murder), David n’est pas tout à fait mon cas.
Coverdale ou encore Kenny Wayne Shepherd. Il nous a raconté son expérience avec For the
Love of Bass. Quel matos as-tu utilisé sur « Drops of
Memory » ?
Tony, beaucoup de gens envisagent dire que j’ai poussé dans une famille de musiciens J’ai enregistré dans Pro-Tools en branchant ma
la basse comme un instrument (je voyais mes parents se produire avec leur groupe basse directement dans mon interface Focusrite.
d’accompagnement et non comme un depuis ma plus tendre enfance) et que je savais J’ai juste ajouté un peu de compression à ce signal
instrument lead. Quelle est ton opinion sur déjà lire la musique, mais je suis tombé raide dingue très pur, en utilisant un bon plug-in. Sur une autre
le sujet ? de cet instrument. La fretless, qui m’a permis piste, j’ai appliqué une simulation d’ampli. Le son
La basse, comme tous les instruments, peut d’atteindre un tout autre niveau d’expressivité, est final que j’ai envoyé à Alberto est un mélange idoine
s’émanciper en solo et faire de belles choses, et on venue plus tard. de ces deux sources.
le constate (un peu trop) ces derniers temps avec
YouTube et Instagram. C’est intéressant les plans Il est rare de tomber sur un album tel Un mot sur tes projets futurs ?
flashy, mais on dirait que plus personne ne veut que For the Love of Bass, uniquement Je suis toujours très occupé avec les sessions
jouer de simples grooves à la basse. Moi j’aime les façonné avec de la basse. Comment as- d’enregistrement et aussi par mon activité de
bonne grosses lignes de basses qui font corps avec tu réagi lorsqu’Alberto t’a proposé cette songwriter. Je compose pour des éditeurs qui
la batterie. C’est très puissant. collaboration ? placent mes chansons. Autrement, je suis en train
Ce n’est pas la première fois qu’Alberto me sollicite. d’écrire une biographie. Je veux que ce soit un livre
Te souviens-tu de ton premier contact avec Jusque-là, j’avais toujours refusé poliment de honnête et inspirant, pas juste un récit rock’n’roll.
la basse ? travailler avec lui, mais le garçon est persistant Je participe également au futur film Rock Camp :
Comment l’oublier ? Ma mère m’a mis une basse (rires). Mes refus n’avaient rien de personnel, mais The Movie. Il est aussi question que je sois partie
entre les mains quand j’avais onze ans. Cela quand je décide de m’impliquer dans quelque prenante de l’émission de télé qu’ils vont créer
m’a tout de suite semblé comme une évidence. chose, je veux être certain d’avoir le temps de bien autour du film. Enfin, mon nouvel album solo
Seulement trois jours plus tard, je montais sur scène le faire. Il faut aussi que l’on me propose le bon instrumental est quasiment finalisé.
pour assurer un gig en tant que bassiste. Je dois morceau, celui auquel je vais pouvoir apporter

BASSISTE  24
 la caméra, qui correspond à celle que l’on entend
sur l’album.

Quel matos as-tu utilisé ?

J’ai utilisé une Zon Hyperbass. Elle est équipée
de mécaniques D-Tuners, qui me permettent
de changer l’accordage de la basse en cours de
morceau. Une autre de mes Zon possède un
chevalet custom offrant également la possibilité
de changer le tuning, mais pas celle-ci. C’est un
instrument extraordinaire. Je joue aussi parfois
avec un chevalet quadraphonique, afin de pouvoir
changer électroniquement l’accordage de chaque
corde.

Beaucoup de gens envisages la basse

comme un instrument d’accompagnement
et non comme un instrument lead. Quelle
est ton opinion sur le sujet ?

MICHAEL MANRING Pour moi, c’est comme la guitare. Il y a Hendrix,

Al Di Meola, Andrea Segovia ou Robert Johnson…
Pourquoi devoir choisir ? La basse est un
merveilleux véhicule pour voyager au travers du
Certains bassistes utilisent leurs instruments comme des pinceaux, afin d’élaborer temps et des émotions.
de véritables fresques musicales, à l’instar du coloriste Michael Manring, musicien et
illustrateur sonore qui a façonné son univers très loin du mainstream, repoussant sans Quel matos as-tu utilisé sur For the Love of
cesse les limites de l’instrument et de la puissance expressive. Basé à San Francisco, Bass ?
Michael partage son temps entre les sessions, la composition et le travail acharné sur son Je me suis branché dans le Mark Vintage Pre de
instrument. Il nous a accordé une interview en direct de son studio. chez Markbass qui fait super bien le job et dans le
système Ergo, également de Markbass, qui est un
Michael, comment as-tu rencontré Alberto j’étais sous contrat avec BMG, et on m’a proposé ampli modulaire très pratique inspiré des sonos.
Rigoni ? de passer une audition pour le groupe. J’ai refusé Nous travaillons sur une version signature.
De façon très naturelle. J’aime beaucoup l’Italie et (rires). J’aurais bien aimé gagner plus d’argent,
j’ai l’habitude d’y jouer au moins deux fois par an. mais je ne peux pas jouer « Satisfaction » et Quels sont tes projets ?
Alberto est venu à l’un de mes concerts. Nous avons « Jumpin’ Jack Flash » jusqu’à la fin de ma vie. Je travaille dans mon studio tous les jours. Je
discuté à l’issue de ce dernier et j’ai pensé que ce suis engagé pour enregistrer des basses sur une
gars dégageait une très bonne énergie. Nous avons Alberto t’a envoyé des démos ? multitude de projets, qu’il s’agisse de musique
sympathisé et il m’a invité à jouer sur l’album Crush Il m’a envoyé les sessions de deux morceaux, oui. d’avant-garde ou expérimentale, de musique new
de son projet Bassists Alliance en 2016. C’était une Ce n’est pas difficile parce que je connais bien son age, d’albums de guitaristes instrumentaux ou de
super expérience. Il m’a sollicité à nouveau pour ce univers et sa sensibilité. Il n’a pas besoin de me metal très technique. Peut-être pas du death, mais
projet, mais je n’étais pas certain d’avoir le temps d’y donner beaucoup d’indications. Dès qu’il s’installe du prog metal moderne qui induit une certaine
participer. Heureusement, une grosse production dans le groove, je sais que je peux développer virtuosité.
dans laquelle je jouais s’est terminée plus tôt que quelque chose et dans le cas contraire, j’assure les
prévu, alors j’ai pu trouver le temps d’apporter ma bases tout en respectant son esthétique. C’est vrai que tu avais ce groupe avec Alex
contribution à « Dreamers », un très beau morceau, Skolnick de Testament et Tim Alexander de
et également à « Masked Soul » avec Nathan East. Tu écris ou bien tu improvises ? Primus, Attention Deficit…
Je fais les deux. J’aime vraiment commencer par Oui, nos deux albums sont plutôt agressifs et
As-tu pensé qu’Alberto était un peu dingue enregistrer une première piste tout en découvrant heavy, et beaucoup de gens ne me connaissent
d’ériger un tel projet avec uniquement de le morceau. Il se passe toujours des choses qu’au travers de ces derniers, alors que ma propre
la basse solo ? intéressantes. Je recommence éventuellement musique est très différente. J’ai même joué du punk
Non, au contraire. C’est tout ce que j’aime. Cela m’a une seconde fois. Ensuite, je rentre dans le détail et avec un groupe de Seattle (rires).
rappelé l’album en trio que j’avais enregistré avec j’avance phrase par phrase. Sur ce genre de projet,
Yves Carbonne et Dominique Di Piazza. J’essaie de il faut aussi que je me filme et cette notion modifie
me tenir éloigné des projets trop conventionnels pas mal ma façon de bosser. Déjà, je ne peux plus
et trop calibrés. Mes amis bassistes rêvent tous enregistrer en caleçon (rires). Plus sérieusement,
d’accompagner tel ou tel grand artiste, mais pas cela m’oblige à apprendre le morceau une fois qu’il
moi. Lorsque Bill Wyman a quitté les Rolling Stones, est construit et à faire une prise en one shot devant

25  BASSISTE
De l’autre côté de la Ruhr, l’art de la basse
doit beaucoup à Lars Lehmann, session
man et pédagogue reconnu dans le monde LARS
LEHMANN
entier, et qui fût jadis journaliste musical
(rédacteur en chef de Bass Professor
Magazine). Lars a accompagné de
nombreuses pointures de la scène metal, de
Marty Friedman à Uli Jon Roth, en passant
par Vinnie Moore et Gus G. Il nous a parlé de
son expérience avec Alberto Rigoni.

Lars, te souviens-tu de ta première

rencontre avec la basse ?
J’étais chez un ami de mon père dont le grenier était
aménagé en salle de musique. Il y avait du backline
partout : des claviers, des flight cases, des amplis,
toutes sortes d’instruments. Je me souviens avoir
été fasciné par la barre de vibrato d’une guitare. J’ai
voulu apprendre la guitare, mais j’ai vite compris
que la basse serait un meilleur passeport pour
intégrer rapidement de bons groupes. Je suis vite
devenu amoureux du son de la basse électrique,
ainsi que de ses différentes techniques. Je joue
depuis 30 ans et ça me fait toujours rêver.

Un album instrumental de basse solo

comme celui d’Alberto, ça ne court pas les
rues…
Non, mais tu sais, Alberto est un mec génial et
ce qui me fascine, c’est son goût pour l’aventure
musicale. Dès qu’il m’a parlé de For the Love
of Bass, j’ai voulu en être. Alberto est un super
musicien et un grand bassiste. Si j’avais ne
serait-ce que 50 % de l’énergie qu’il déploie dans
ses différents projets, je serais content.
Dans ce disque, Alberto démontre que
la basse est bien plus qu’un instrument
d’accompagnement…
On peut faire un nombre incroyable de choses
avec une basse. Prend les anciens comme Jaco,
Larry Graham, Stanley Clarke, Louis Johnson,
John Entwistle, Jack Bruce ou même Flea. Ils ont
tous exploité les ressources de l’instrument d’une
façon différente et pertinente. Aujourd’hui, il y a
une nouvelle génération avec Hadrien Féraud,
Federico Malaman et tous les gars du gospel,
et on constate que les limites de l’instrument
pourront toujours être repoussées.
C’était un challenge de jouer cette version
slapée de « Misirlou » ?
Oui, quand même. J’ai beau avoir de la technique,
il m’a fallu un peu de temps pour pouvoir envoyer
ces phrases rapides au tempo à la main droite.
Mieux vaut être en forme. Lorsque qu’Alberto
m’a envoyé la démo, il m’a dit : « Nous allons
mettre au monde une version de cette mélodie
complètement dingue, à la basse solo et en slap.
Tu es le seul que je connaisse à pouvoir le faire. »
J’ai pris du plaisir à relever le défi.
Penses-tu que la musique instrumentale
soit plus puissante émotionnellement
parlant ?
Non, pas du tout. Il m’arrive fréquemment de
fondre en larme en écoutant les paroles d’une
belle chanson. Qu’il s’agisse de notes ou de
mots, la beauté de l’art peut trouver son chemin
pour résonner en nous et nous faire découvrir
des endroits et des émotions que nous ne
soupçonnions même pas.
La virtuosité, ça t’intéresse ?
Man, je suis un kid des 80’s. J’ai grandi en
écoutant Billy Sheehan, Stu Hamm, Mark King,
Jonas Hellborg, sans parler des guitaristes de
shred comme Steve Vai, Paul Gilbert ou Yngwie
Malmsteen. Bien sûr que j’aime quand ça envoie,
mais évidemment, il y a un aspect un peu trop
« sportif » dans tout ça. Aujourd’hui, je vois les
choses différemment. La technique m’ennuie
vite, surtout si elle n’est pas associée à un bon
groove, une belle mélodie ou une grille d’accords
stimulante. Écoutez mon nouveau single
« Westcoast Love » sur YouTube. C’est de la basse
solo, je me sers du tapping et des harmoniques,
mais comme des outils afin de transporter des
émotions.
Quel matos as-tu utilisé sur « Killers » et
« Misirlou » ?
Vous entendez ma fidèle Music Man Stingray
de 1979 branchée dans un ampli à lampes
Goliath qui est fabriqué par la société
luxembourgeoise WR. J’ai simplement ajouté un
peu de compression et d’égalisation avec des
plug-ins dans mon Pro-Tools. Je me sers de câbles
Rheingold de fabrication allemande. C’est tout !
Quels sont tes projets ?
J’essaie de ne pas trop stresser à cause de la
pandémie et de rester à l’abri avec ma famille. J’ai
la chance de donner beaucoup de cours sur le net
et d’être sollicité pour des sessions à distance que
je peux assurer dans mon home studio, surtout
pour des productions allemandes ou américaines.
Si tout va bien, je devrais aussi bientôt devenir
professeur à la Royal Academy Of Music de
Copenhague au Danemark.

BASSISTE  26
Ne perdez pas de vue ce virtuose qui est
en train de devenir un musicien de premier
ordre, que ce soit en tant que bassiste ou
guitariste. Depuis quelques années, Cody
assure le rôle de bassiste dans l’orchestre
de Jonathan Scales (pointure du steel
drum), avec lequel il a déjà enregistré deux
albums. Cette expérience lui a permis de
rencontrer certains de ses héros, dont
Victor Wooten, et de jouer sur scène avec
les Wooten Brothers ou encore avec le
Derek Trucks Band. Il nous a accordé une
interview.

Un mot sur tes débuts à la basse ?

Il y avait un groupe local quand j’étais en terminale.
J’avais envie de les rejoindre, parce que je jouais
de la guitare depuis longtemps. Finalement, ils
cherchaient un bassiste, alors je suis passé à la
basse, un peu frustré. Et tout compte fait, j’ai fini par
trouver ma voix avec cet instrument et à réellement
l’embrasser. Si vous ne trouvez pas de job en tant
que guitariste, essayez la basse, c’est cool !

As-tu pensé qu’Alberto était un peu dingue

d’ériger un tel projet avec uniquement de
la basse solo ?
Non, parce qu’il y a pas mal d’albums de basse
solo. Bien sûr, il faut être vraiment branché dans la
scène instrumentale pour s’en rendre compte. Cela
étant dit, l’approche d’Alberto est vraiment unique
et ambitieuse. J’ai ressenti beaucoup d’excitation
en explorant les possibilités de sa musique

CODY WRIGHT
plutôt expérimentale, en travaillant avec lui sur
« Paranoïa ». C’est toujours intéressant d’essayer de
se fondre dans l’univers d’un autre musicien tout en
restant soi-même.

La plupart des gens envisagent la basse
comme un instrument de soutien et non
comme un instrument lead. Comment te
situes-tu ?
Moi, j’ai toujours été attiré par l’aspect soliste de
la basse, notamment en me plongeant dans la
musique des 70’s, qu’il s’agisse de contrebassistes
comme Eberhard Weber ou bien les bassistes
électriques « émancipés » que nous aimons tous.
Avec For the Love of Bass, Alberto élargit encore
davantage la portée de ce concept en mélangeant
des bassistes virtuoses aux forts tempéraments sur
des compos originales.
Alors justement, comment as-tu développé
tes parties sur « Paranoïa » ?
Pour contraster avec ce qu’a joué Alberto, j’ai
décidé d’opter pour un son plus saturé qu’à
l’accoutumée. Nos deux basses se mélangent
mieux, parce qu’Alberto possède un son et une
attaque bien particulière. Je voulais aussi un son qui
me ressemble pour pouvoir groover tout en étant
lyrique.
La musique instrumentale, c’est ce que tu
préfères ?
Je sais que beaucoup de gens voient ce genre
d’albums comme de la musique d’ascenseur, aussi
bonne et intéressante soit-elle. Moi, c’est tout
l’inverse ! J’ai toujours eu une attirance pour
le répertoire instrumental, peu importe le style.
Ça me remue davantage.
Quelle est la différence entre un grand
virtuose et un grand musicien ?
C’est une question intéressante. Il y a une grande
différence entre avoir un bon son, une bonne
technique et une bonne compréhension de
l’harmonie, et avoir une expérience de la vie qui fait
que l’on parvient à utiliser ces outils indispensables
pour jouer de façon intense et émotionnelle. On
peut toujours faire de l’art avec une technique
rudimentaire, mais l’inverse n’est pas toujours vrai.
Quel matériel as-tu utilisé sur le disque
d’Alberto ?
J’ai utilisé ma basse Zon Sonus Special, une quatre
cordes qui déboîte, un compresseur Hyper Luminal
de chez Darkglass Electronics, une DI Cloud, des
câbles Tsunami et des médiators Dunlop.
Quels sont tes projets ?
J’attends le bon moment pour sortir mon premier
album solo, sur lequel je bosse depuis cinq ans. La
Covid a chamboulé mes plans, mais ça va venir. Je
profite de cette période pour bosser mon jeu aux
doigts, en utilisant des P-Bass et des Jazz Bass, en
plus de mes Zon. Je pratique la natation pour péter
la forme quand les concerts reprendront.

27  BASSISTE
1. « DROPS OF MEMORIES »
(FEAT. TONY FRANKLIN)
Durant le premier confinement, beaucoup
de souvenirs du passé et de « l’ancien monde »
me sont revenus à l’esprit. Il y a de la
mélancolie dans ce titre, mais également
beaucoup d’ondes positives.
2. « IN THE LOOP »
(FEAT. DAVID PASTORIUS)
Encore une chanson inspirée par le
confinement. C’est comme dans le film
Un jour sans fin, chaque jour semblait être
identique au précédent, comme si nous
vivions dans une boucle.
3. « DREAMERS »
(FEAT. MICHAEL MANRING)
Il n’y a pas de vie sans rêve. Pour moi,
c’est vraiment l’essence de la vie et c’est cela
que je voulais exprimer dans cette pièce à la
fois douce et mélancolique, qui est sublimée
par Michael.
4. « ALONE IN THE DARK »
(FEAT. DOUG WIMBISH)
Parfois, j’aime bien sortir la nuit et marcher
pour me vider la tête. C’est un titre très
ambiant et new age, et cette couleur ressort
principalement grâce à Doug et à ses effets
magiques.
BASSISTE  28
5. « PARANOÏA »
(FEAT. CODY WRIGHT)
LE TRACK BY TRACK
D’ALBERTO
Le titre parle de lui-même, tout comme
l’atmosphère de la musique.
6. « THE MAZE »
(FEAT. MOHINI DEY)
Les parties sont vraiment très compliquées, à tel
point qu’en le créant, ce morceau m’est apparu
comme étant une sorte de labyrinthe.
7. « MASKED SOUL »
(FEAT. NATHAN EAST & MICHAEL MANRING)
Il s’agit de mon morceau favori sur l’album.
Le climat est très intimiste et mélodique, mais
en même temps, il y a un je ne sais quoi de
dérangeant, surtout dans la partie centrale.
8. « SOCIAL DISTORTION »
(FEAT. ADAM NITTI)
Lorsque les mesures sanitaires se sont
assouplies, nous pensions retrouver une vie
à peu près normale, mais j’ai ressenti que les
relations entre les gens n’étaient plus tout à fait
les mêmes, comme distordues.
9. « MAD WORLD »
BASS COVER (FEAT. LELAND SKLAR)
J’ai toujours beaucoup aimé cette chanson de
Tears For Fears et cela faisait longtemps que je
voulais en faire une version « bass only ».
Avec Leland, on s’accorde au poil et ça
fonctionne super bien.
10. « KILLERS »
(FEAT. LARS LEHMANN)
C’est le morceau le plus dingue de l’album. Je
voulais façonner une atmosphère musicale qui
évoque une scène de crime, d’où le titre. Lars
est bien rentré dans le délire et on s’y croirait.
11. « MISIRLOU »
BASS COVER (FEAT. LARS LEHMANN)
« Misirlou » est un hit de la musique
instrumentale et il se prête particulièrement
bien à la virtuosité. Lars a fait un boulot
fantastique pour le rendre aussi intense que la
version de Dick Dale, mais à la basse.
12. « LOST »
(FEAT. ADAM NITTI)
Parfois je me sens complètement paumé,
quelque part entre l’espace et le temps.
J’ai imaginé ce morceau dans l’un de ces
moments-là.
BASS TALK
MATOS
Basses : Sadowsky Jazz Bass 4 cordes,
Fender American Professional II Jazz Bass,
Fender Precision Bass 4 cordes, Moollon
P-Classic
Ampli : Aguilar DB 810 avec tête DB 751
Effets : Aguilar Filter Twin Dual Envelope
Filter, MXR Carbon Copy Analog Delay
 ADELINE
FRENCHWOMAN IN NEW YORK
Installée à New York depuis plus de seize ans, Adeline n’en a pas perdu son français. D’abord chanteuse et bassiste pour le groupe de
nu-disco Escort, le temps de quelques tournées internationales et de deux opus, elle se lance en solo en 2018 avec un premier album
éponyme. Elle commence alors à développer son style, mélange de funk, soul et R&B, alliant des sonorités vintage et modernes. De ces
expérimentations naîtra finalement l’EP Intérimes, qu’elle produit entièrement avec son partenaire Morgan Wiley. Adeline célèbre cette
nouvelle année en dévoilant « Whisper My Name », le premier morceau d’un prochain EP prometteur.

Par Lisa Vincent

Photos © Shervin Lainez, Sergei Bahmetenko, Dennis Manuel

La basse n’a pas été ton premier Dirais-tu que commencer par la guitare a même quand j’accompagne d’autres artistes à la
instrument : comment y es-tu venue ? influencé ton jeu à la basse ? basse, je me retrouve souvent à faire les chœurs,
J’ai commencé à chanter quand j’étais très jeune, Je ne pense pas, parce que vraiment, je n’ai alors j’ai bien adapté mon jeu au chant.
à 4 ans, puis vers 15 ou 16 ans, je me suis mise jamais atteint un niveau même décent à la
à la guitare. C’était surtout pour m’accompagner, guitare (rires). Mais ça m’a aidée à comprendre Quels sont tes premiers souvenirs
pour pouvoir écrire des chansons. Un de mes l’instrument et à ne pas me sentir complètement musicaux ? Ton père vient de Martinique,
deux grands frères en jouait depuis qu’on était perdue au début. En revanche, je pense que le qu’est-ce que vous écoutiez en famille ?
tout petits, il m’a montré quelques bases. C’est fait de chanter a eu davantage d’influence, car C’est vrai que la culture martiniquaise est très
d’ailleurs à lui que j’ai demandé de m’emmener
acheter ma première guitare. Ensuite, je me
suis installée à New York et au bout de deux ans
environ, j’ai formé un trio avec deux gars qui
rappaient et chantaient, un peu dans le style des
Fugees. Alors qu’on devait donner un concert,
le bassiste qu’on avait engagé pour l’occasion a
dû annuler la veille. Et les gars m’ont dit : « Bon,
Adeline, tu joues de la guitare, tu n’as qu’à
essayer la basse. » Donc Akil (membre de The
Crowd, premier groupe d’Adeline, ndlr) me met
une basse entre les mains et ma vie a changé ce
jour-là. Je suis tombée complètement amoureuse
de l’instrument. J’ai commencé par ce genre
d’accident qui est au final une bonne surprise.

Comment s’est passé ton apprentissage :

en autodidacte ?
Oui, plus ou moins. J’ai commencé en apprenant
à jouer des chansons à l’oreille. Surtout, je
remercie tous les bassistes talentueux avec
qui j’avais déjà joué à New York en tant que
chanteuse, ils ont tous été super sympas : j’ai été
voir un peu tout le monde et j’ai appris un peu
de chacun. J’ai eu notamment un mentor, Fred
Cash, qui m’a énormément appris.

31  BASSISTE
 « Je me souviens qu’un jour, à la fac, je me suis dit : je perds mon temps, parce que je suis ici
pour un plan B, mais ça ne sert à rien, puisque je n’ai envie de faire que de la musique. »
musicale. Mon père écoutait beaucoup de
reggae, du zouk, ma mère aussi, d’ailleurs, était
fan de Bob Marley. Mais c’est surtout avec
mes trois frères et sœurs que je partage ces
souvenirs : on faisait des concerts à la maison, on
créait des spectacles, on écoutait de la musique,
on chantait en harmonie tous les quatre.
Et aujourd’hui, qui citerais-tu comme
influences musicales ?
En premier, Prince. Et puis Chaka Khan, c’est
vraiment ma chanteuse préférée. Elle a toujours
des basses incroyables sur ses morceaux, que
ce soit avec Rufus, son premier groupe, ou sur
ses projets solos. Je la mets au top car pour moi
c’est l’apothéose : quand je l’écoute, je m’éclate
au niveau du chant et de la basse. Sinon, Curtis
Mayfield est aussi une grande influence ; son
bassiste Lucky Scott, qui est décédé, était mon
bassiste préféré. Il a d’ailleurs été le mentor
de mon mentor et ça a été une grande chance
pour moi. Je pourrai aussi citer Earth, Wind &
Fire, Bootsy Collins... Il y en a tellement. Et plus
récemment, D’Angelo, j’adore aussi.
Est-ce que tu as rencontré des difficultés
professionnelles ou des barrières
artistiques en France qui t’ont poussée à
partir ?
Non, pas vraiment. C’était plus spirituel, pour
grandir en tant que personne, en tant que
musicienne. Après mon bac, j’ai fait une demi-
année de fac et je donnais beaucoup de concerts
en tant que choriste. Et je me souviens qu’un
jour, à la fac, je me suis dit : je perds mon temps,
parce que je suis ici pour un plan B, mais ça ne
sert à rien, puisque je n’ai envie de faire que de
la musique. J’avais rencontré juste auparavant
un ami new-yorkais qui m’avait beaucoup
encouragée, alors j’ai pris mes bagages et
je suis partie. Au départ, c’était pour deux
semaines et finalement je ne suis jamais revenue.
Je suis surtout allée là-bas pour me découvrir
musicalement, pour évoluer. Je ne voulais pas
copier ce que faisaient les Américains. Je voulais
vraiment comprendre et aller à la source et en
même temps trouver ma propre voie, mon
propre style.
Tu as fais partie de plusieurs formations,
dont Escort. En live, vous étiez jusqu’à une
BASSISTE  32
quinzaine de musiciens. Comment gères-tu
avec autant de monde autour de toi ?
Escort a commencé avant que j’en fasse partie
et ils avaient déjà écrit la plupart des titres du
premier album lorsque j’ai rejoint le groupe. Je
pense qu’au début, ça a bien aidé à faire le buzz
d’avoir trois cuivres, trois violons, c’était génial,
mais en réalité, dans le studio, on n’était que trois
ou quatre. Quand on a commencé à tourner, on
s’est rendu compte que ce n’était pas vraiment
faisable. Alors, j’ai dit : « Bon, les gars, il faudrait
qu’on arrête » et on a fini à quatre (rires). Cela n’a
pas vraiment été un choix personnel, je préfère
jouer avec les mêmes personnes et avoir un
groupe très proche, mais ça reste une expérience
enrichissante.
Comment as-tu rencontré tes musiciens,
notamment Morgan Wiley avec qui tu
travailles beaucoup ?
J’ai rencontré Morgan à l’époque où il faisait
partie de Midnight Magic. C’était un peu le
cousin d’Escort dans le genre nu-disco de
New York. Morgan en était producteur et
claviériste, et on côtoyait les mêmes musiciens
de cette grande famille soul, disco et funk. On
a commencé à jouer ensemble en parallèle
dans le groupe de mon ami JKriv, un DJ et un
bassiste incroyable, également membre d’Escort.
Jim (Orso, ndlr), pour sa part, était le batteur
d’Escort. Quant à Jaleel (Bunton, ndlr), Morgan
le connaissait alors qu’il était guitariste pour le
groupe TV on the Radio et lorsqu’on a monté
mon projet solo, il a pensé à lui et ça a tout de
suite collé.
Sur ton premier album éponyme, on
remarque une vraie continuité entre
les chansons : il est conçu comme un
ensemble cohérent. Comment s’est passée
sa création ?
J’avais déjà des morceaux et je souhaitais
depuis longtemps réaliser mon album avec
des chansons qui s’écoulent les unes dans
les autres. La conception a été parfois un peu
compliquée : il a fallu créer des transitions, mais
le processus était intéressant et un peu similaire
à l’élaboration d’une setlist pour un concert.
Il y avait une certaine continuité par rapport à
ma collaboration avec Escort. Je n’avais pas
encore trouvé mon son ou ma personnalité
en tant qu’artiste solo, donc je pense
qu’inconsciemment, j’ai voulu prendre mon point
fort à l’époque, mon expérience de la scène, et le
transposer sur l’enregistrement.
Peux-tu me parler du matériel que tu
utilises ?
Pour les enregistrements, j’utilise à 90 % la
P-Bass avec des cordes filées plat, pour leur
tonalité un peu plus old school et la sensation
plus charnelle. Mais pour les concerts j’aime
bien la Jazz Bass, parce que l’attaque est plus
agressive. Par contre, j’aime moins les filées
plat sur scène, car c’est un peu plus difficile
de glisser, de faire des effets, et que ce n’est
pas vraiment le son que je recherche pour
les concerts. Au niveau des pédales, j’utilise
un Envelope Filter pour obtenir le son Bootsy
Collins, P-Funk. J’adore les pédales, mais sur
scène j’essaie de me limiter : je chante, je joue,
je danse et il m’est arrivé de me perdre ou de
rester bloquée avec un effet, c’est toute une
chorégraphie ! J’ai quand même souvent un
delay sous le pied. Pour les amplis j’aime Aguilar,
pour les basses, en ce moment j’ai la nouvelle
Fender American Professional II qui est vraiment
géniale et j’aime beaucoup Sadowsky, et ma
basse rose Moollon, une marque coréenne.
Il peut être compliqué de jouer de la basse
et de chanter en même temps, est-ce que
tu as une technique ?
Il faut s’entraîner deux fois plus longtemps que
pour apprendre un morceau à la basse, mais j’ai
développé un petit truc pour les lignes de basse
compliquées avec un rythme très différent du
chant : je joue la ligne de basse tout en énonçant
1, 2, 3, 4 à voix haute, j’arrive ainsi à visualiser les
temps, puis à les remplacer par les paroles. Ça
m’a beaucoup aidée. On ne se rend pas compte
de la complexité de l’exercice, on a davantage
l’habitude de taper du pied. Il faut aussi ralentir le
plus possible pour bien s’entraîner.
En plein confinement, tu as sorti ton EP
Intérimes. Comment se sont déroulés
l’écriture et l’enregistrement des
chansons ?
Quelques chansons ont été écrites avant le
confinement et nous avons fini l’EP pendant.
Morgan et moi étions au studio tous les jours
dans notre petite bulle. Avoir plus de temps pour
les morceaux, ne pas être en tournée et pouvoir
 « En m’installant aux USA, je
voulais aller à la source et en
même temps trouver ma propre
voie, mon propre style. »

33  BASSISTE
« Être black et immigrant aux
États-Unis, ça a été vraiment
compliqué depuis 2016. »
se concentrer sur la création, c’était un plus
malgré tout. Mais le plus difficile était au niveau
du mixage. Nous avons un ingénieur génial : il
a trouvé un programme qui permettait d’être
synchronisés et nous pouvions voir son écran,
mais c’est vrai que ne pas être présents tous
ensemble, ça nous a obligés à des compromis.
C’était compliqué, mais heureusement je ne
pense pas que l’EP en ait souffert.
Tu as repris « Planet Caravan » : j’avoue
que c’était une surprise de retrouver Black
Sabbath. Pourquoi ce choix ?
J’étais en tournée avec mon groupe et nous
parlions de nos influences et musiques préférées
dans le bus. Morgan et moi avons des goûts
similaires. Nous avons grandi en écoutant les
mêmes artistes et c’est certainement la raison
pour laquelle ça marche aussi bien musicalement
entre nous. De leur côté, Jaleel et Jim ont eu une
phase metal et rock que Morgan et moi n’avons
jamais connue. Ils riaient de notre ignorance.
BASSISTE  34
J’avoue que c’est un peu honteux, mais je ne
connaissais pas bien Black Sabbath. Je ne
m’étais jamais vraiment penchée dessus. Alors
c’était le quart d’heure apprentissage du metal
et en entendant Black Sabbath, j’ai fait : « Oh,
wow ! » Comme à l’époque nous voulions faire
une reprise, j’ai eu l’idée de tenter ce morceau.
De tous nos essais, c’est cette reprise qui a le
mieux marché pour nous.
Tu es également productrice de tes
albums, comment ça se passe ?
Je travaille essentiellement au studio en
tandem avec Morgan. Comme c’est un pianiste
incroyable, il s’occupe de l’harmonie et des
synthés, et moi je suis à la basse et à la mélodie.
Généralement, on commence par le groove :
on programme la batterie et le rythme, ensuite
je jamme et je trouve un peu le groove et la
ligne de basse, puis on développe, il pose les
synthés et je fais un freestyle d’une mélodie. Ou
alors Morgan commence au piano et je pose la
mélodie par-dessus, puis on monte le squelette.
Les mélodies sont toujours improvisées, on garde
les meilleures parties et on construit la chanson
à partir de là.
Tu es une artiste engagée en faveur du
mouvement Black Lives Matter, des
communautés LGBTQ+ ou encore du vote
pour Joe Biden. Pourquoi fais-tu le choix
d’utiliser ta voix au service de causes qui
te tiennent à cœur ?
C’est ma personnalité d’exprimer ce que je crois
juste. Mais je ne pense pas pour autant que les
artistes doivent partager toutes leurs opinions.
Pour moi, il y a une différence entre une cause
juste et une opinion personnelle, que je garde
pour moi. Mais il y a des choses que je ne peux
pas ignorer et être black et immigrant aux États-
Unis, ça a été vraiment compliqué depuis 2016.
Ce qu’il s’est passé l’année dernière avec Black
Lives Matter notamment, fait que je ne peux pas
rester silencieuse : c’est un mélange de rage que
l’on a besoin d’exprimer et de désespoir qu’on
ne peut pas garder en nous. Il y a aussi une part
de responsabilité en tant que personne publique
de se faire entendre pour combattre l’injustice.
Ce n’est même plus de la politique : je ne me
serais jamais vue, de manière publique, faire
la promotion d’un candidat à la présidentielle,
mais là, ce n’était pas tant pour Joe Biden, c’était
contre Trump. Ce n’est plus une question de
subjectivité ni d’opinion, c’est une question de
« wrong or right ».
Tu vas bientôt sortir un nouvel EP, dont on
a déjà pu entendre un morceau, « Whisper
My Name ». Que peux-tu nous en dire ?
Il est un peu dans la continuité d’Intérimes.
Dans le premier album, je sortais d’Escort et
du nu-disco en me dirigeant vers la soul et le
funk. Puis, avec Intérimes, j’ai affirmé mon style.
Désormais, je suis moins dans le questionnement
par rapport à mon son : je suis dedans et je
m’éclate à jouer ce qui me plaît.
D’autres projets sur lesquels tu travailles ?
Oui, en parallèle de la création de mon prochain
EP ou album, je développe, avec Morgan, la
production pour d’autres artistes. Nous avons
créé le duo Nightshade et produit par exemple
le morceau « Mango » avec Kamauu. Nous
collaborons aussi avec des artistes dont je
ne suis pas la chanteuse. J’adore ce rôle qui
ressemble un peu à celui du bassiste sur scène :
je crée de la musique pour que quelqu’un s’éclate
dessus et pour faire vraiment briller la voix d’un
autre artiste.
BASS TALK
 PAUL
McCARTNEY
L’HISTOIRE SANS FIN

Après McCartney en 70 et McCartney II en 80, le plus célèbre des bassistes signe et produit un troisième
album éponyme, assurant lui-même toutes les casquettes d’instrumentiste. L’œuvre d’un seul homme
en plein confinement pandémique, reclus dans son studio du Sussex, avec sa fille Mary McCartney,
assumant 40 ans plus tard, le rôle de sa mère Linda, comme photographe de la pochette : un dé annonçant
le 3, avec cet optimisme naturel qui déclare « It’s Still Alright to Be Nice ».

Par Jack Beauregard

Photos © MPL Communications Ltd - MJ Kim

Quatre décennies se sont écoulées depuis
McCartney II. Avez-vous pensé pendant
tout ce temps à planifier McCartney III ?
Non, absolument pas. J’ai enregistré
McCartney en 1970, juste après les Beatles,
parce que je n’avais rien d’autre à faire et
seul car je n’avais plus de groupe.
McCartney II en 1980 marquait la fin de
Wings et je l’ai enregistré dans mon home
studio avec mes nouveaux synthétiseurs,
alors que McCartney III est beaucoup plus
acoustique…
Alors, quelle serait votre excuse pour
McCartney III ?
Avec le recul, le déclic est la pandémie et
le confinement de l’été 2020. À l’origine, je
n’avais aucune intention de réaliser un album
solo. Je suis entré en studio au début du
confinement pour enregistrer quelques pièces
de musique pour la bande-son d’un court-
métrage d’animation. J’ai fini ce travail et l’ai
envoyé au réalisateur. Puis je me suis dit :
« Oh, j’aime bien cela, c’est une manière
plutôt plaisante de traverser la période de
confinement. » J’ai commencé par finir des
chansons retrouvées dans mes tiroirs, puis
j’en ai créé de nouvelles.
Pouvez-vous nous présenter quelques
chansons…
Il y a « Lavatory Lil » : un rock avec des
sous-entendus, à la manière de « Polythene
Pam » ou « Lovely Rita Meter Maid »
des Beatles. Dans mes chansons, j’aime
mentionner les gens comme les chauffeurs
de bus ou les coiffeurs, alors pourquoi pas
une dame-pipi ? « Long Tailed Winter Bird »
est tirée d’une maquette de séances avec
George Martin. « Deep Deep Feeling » est
ma version du spleen claustrophobique
de la pandémie. Combien de temps
va-t-elle durer ? Cela va-t-il s’arrêter ?
La vie redeviendra-t-elle normale ? Etc.
Comment se sont passées les séances ?
Chaque jour, je trouvais toujours quelque
chose de nouveau et c’était vraiment plaisant
au regard de l’environnement du confinement.
Le soir, je rentrais à la maison où je vivais
avec la famille de ma fille Mary. Elle me
demandait ce que j’avais fait de ma journée
et je lui jouais les chansons enregistrées.
J’ai réalisé que j’avais vraiment beaucoup
de chance : passer mes journées à jouer en
studio, puis avoir du temps à consacrer à
quatre de mes petits-enfants pour jouer avec
eux. Je fais très attention à la distanciation,
mais le pouvoir de la musique aide vraiment
beaucoup.
« Je joue tous les jours
quoiqu’il arrive. »

37  BASSISTE
 De quelle manière la musique prenait-elle
forme ?
Les bases de l’album sont ma basse, ma
batterie et la guitare acoustique. Le premier
titre « Long Tailed Winter Bird » est un picking
acoustique instrumental de plus de deux
minutes avant que les vocaux ne commencent.
Le dernier titre reprend le riff acoustique de
« Long Tailed » avant de devenir « When Winter
Comes », enregistré par George Martin . Quelle
est l’histoire ? Le premier « Long Tailed »
instrumental vient de mon attirance pour
les chansons d’oiseaux jouées en picking,
« Blackbird » ou « Bluebird », et j’ai décidé
de laisser ma guitare acoustique s’exprimer.
C’est une merveilleuse Gibson modèle Everly
Brothers que j’ai redécouverte parmi mes
instruments. Elle est la base du son de l’album.
Ensuite, « When Winter Comes » est un inédit
des séances de Flaming Pie (1997). George
Martin avait produit la chanson « Calico
Skies ». Comme il restait un peu de temps,
j’ai enregistré seul cette chanson que j’avais.
C’était « When Winter Comes », juste moi et
ma guitare acoustique.
Il était question de la sortir comme bonus dans
la réédition de Flaming Pie, mais je venais juste
de lire ce livre sur Elvis, Last Train To Memphis,
qui mentionnait une chanson d’Elvis que vous
n’avez probablement jamais entendue parce
qu’elle a été enterrée sur la face B d’un album
de compilation. (Sir Paul se réfère ici à la
version 64 d’Elvis de « Memphis, Tennessee »
mise de côté par le Col. Parker parce que trop
rock, sortie plus tard en face B de l’album
Elvis For Everyone, ndlr). Alors j’ai dit non, je
garde « When Winter Comes » pour une vraie
sortie. Nous avons fini McCartney III avec cette
chanson, car c’était la raison pour laquelle
j’étais en studio. Mon ami réalisateur Geoff
Dunbar voulait faire un film d’animation basé
sur cette chanson. C’est de là que viennent les
premiers et derniers titres de l’album…
À quel moment avez-vous réalisé que vous
étiez en train d’enregistrer McCartney III ?
Vers la fin des séances, quand j’ai ajouté la
basse et la batterie. J’ai revu piste par piste
tout ce que j’avais mis en boîte, sans trop
savoir que faire de toutes ces chansons. Puis
une idée s’est allumée comme un néon :
« Attends une seconde, c’est un album de
McCartney en solo ! » Ce qui expliquait tout
ce que j’avais fait sans le savoir. J’aurais voulu
que cela dure toujours. Mais en y réfléchissant,
je me suis dit qu’il fallait peut-être couper
certaines choses. Avant cela, j’ai réécouté
l’intégralité et je me suis dit : « Tu sais quoi ?
BASSISTE  38
J’adore ce disque tel qu’il est, je ne vais pas le
retoucher. »
Où avez-vous enregistré l’album ?
Dans mon studio du Sussex, qui n’est pas un
simple home studio. J’ai tout ce qu’il faut et
un ingénieur du son pour s’en occuper et se
charger de la maintenance. Je l’utilise souvent
pour des maquettes qui sont la plupart du
temps du définitif.
Quelle basse branchez-vous en studio ?
Ma Höfner 500/1. J’adore cette basse, c’est
une autre partie de moi-même. Elle est sur
mon blason qui est répertorié dans le Livre
Royal des Armoiries. (Sir Paul est Membre du
British Empire et aussi membre du cercle très
exclusif des Compagnons de la Reine, ndlr).
Mais au-delà de tout cela, j’aime profondément
cette basse, qui a une histoire. C’est ma Höfner
originale. Enfin, presque. La première était un
modèle 500, acheté à Hambourg fin 61. Même
forme de violon, mais les deux micros étaient
placés très proches l’un de l’autre, sous le
manche, ce qui donnait un son très grave et
difficile à corriger sur l’ampli Vox 50W Bass
que j’utilisais sur scène. Puis Höfner a sorti
le modèle 500/1 et c’est celle que je joue
aujourd’hui, exactement la même, maintes fois
révisée. La première basse, la 500, est apparue
pour la dernière fois pendant les séances de
Let It Be. Je l’ai toujours. Puis j’ai mis la 500/1
de côté pendant plusieurs années avec Wings.
Je jouais sur tous les modèles : Jazz Bass,
Rickenbacker 4000 S, Wal. L’histoire s’est
poursuivie quand j’ai commencé à rejouer des
titres des Beatles. Je suis allé dans le hangar
où est stocké mon matériel (ce que je devrais
faire plus souvent) et j’ai retrouvé ma 500/1
avec la liste des titres du dernier concert
scotchée au dos. J’ai eu l’impression de
retrouver l’amour de ma vie ! Légère, maniable,
son impeccable. Depuis, je ne m’en sépare
plus, même les copies réalisées par Höfner
pour les tournées n’ont pas le même feeling…
Comment l’amplifiez-vous ?
En studio avec un Vox Bass AC-100, parfois un
Ashdown et aussi en direct dans la console.
Sur scène j’ai des Vox, mélangé à des Ashdown
ou Mesa/Boogie avec le bias réglé pour couvrir
toutes les fréquences du spectre sonore. Mon
propre Mur du Son…
Vous avez d’autres basses rares parmi vos
trésors ?
J’ai la contrebasse Kay originale de Bill Black,
le contrebassiste d’Elvis. J’en suis le gardien
 « J’ai retrouvé ma 500/1 avec la liste des titres du dernier concert scotchée au dos.
J’ai eu l’impression de retrouver l’amour de ma vie ! Légère, maniable, son impeccable.
Depuis je ne m’en sépare plus, même les copies réalisées par Höfner pour les tournées
n’ont pas le même feeling… »
plus que le propriétaire. Je suis très attaché à Quelles guitares avez-vous jouées ? Une Gibson Super 400 Custom, faite
Elvis, Scotty & Bill, le premier trio de rockabilly La découverte de ces séances a été la Gibson spécialement parce que sur un modèle droitier,
et rock’n’roll. Ils n’avaient pas de batteur au Everly Brothers acoustique qui était dans je me retrouve avec l’échancrure au-dessus
début, comme John, George et moi. mes réserves d’instruments. Je suis retombé et l’accès aux notes aiguës est obturé par
amoureux de cette guitare, avec ce son à l’éclisse. C’est la même chose avec ma Les
En tant que bassiste, quelles sont vos la fois profond et distinct, parfait aussi bien Paul Gold Top Custom et aussi avec ma Fender
influences ? pour le picking que pour les accords joués au Telecaster, cela me change de l’époque où je
Stanley Clarke, Brian Wilson, James Jamerson médiator. En électrique je n’avais amené que 5 devais changer le sillet pour monter les cordes
pour leurs lignes de basse extraordinaires. guitares pour ces séances. D’abord la Gibson correctement. Les amplis que je préfère en
« Got To Get You Into My Life », c’est ma vision Everly Brothers acoustique qui est enregistrée studio pour mes guitares sont les Ashdown et
du jeu de James Jamerson. Rythmiquement, telle quelle, juste deux ou trois micros posés un Fender pour brancher ma Telecaster. Sur
le bassiste de James Brown sur « Papa’s Got a stratégiquement. Pour les électriques une scène, je branche mes guitares dans un Fender
Brand New Bag » et sa manière de jouer sur le Gibson ES-335 Dot que j’ai depuis longtemps DeLuxe, mais je ne tourne pas pour l’instant.
« off beat » m’a beaucoup marqué. et quelques trésors en modèle gaucher.

39  BASSISTE
Vous dites être retombé amoureux de la
Gibson Everly Brothers. Vous êtes toujours
proches d’un instrument ou d’un autre ?
Je le pense. Moi et ma 500/1 sommes « Maintenant je peux
inséparables. Le secret est de prendre le
temps. Cet après-midi, je n’aurai pas grand- rajouter des tas d’accords
chose à faire après cette interview et ma
guitare est là, elle me regarde et demande
altérés et les suivre à la
« pourquoi suis-je ici ? » Prendre le temps est basse, je suis bon pour
essentiel. Je crois que si j’étais coincé pour un
projet et devais écrire une chanson par jour, ce genre de jeu. »
j’y arriverais. J’ai été élevé comme ça. Je joue
tous les jours quoiqu’il arrive. Un de mes amis
disait « Guitars are best » et c’est vrai. On peut
forger une amitié avec une pièce de bois et de
métal. J’ai toujours eu la chance d’avoir une
guitare quand j’étais enfant et si le monde était
contre moi, je pouvais aller dans mon coin
avec ma guitare et améliorer les choses. C’est
la magie de la musique, parce que cela vient
de nulle part. Cela me frappe parfois et sans
raison je me dis « c’est super, parce que j’ai
vraiment appris toutes ces lignes de basse et
je peux les transformer en suites d’accords. »
Je me souviens encore d’une époque (il y a
longtemps), où je trouvais difficile de passer
de Mi en La et Si, et ne me parle même pas du
Si7ème ! J’y pensais l’autre jour, maintenant je
peux rajouter des tas d’accords altérés et les
suivre à la basse, je suis bon pour ce genre de
jeu.

Un point important, qui va peut-être

échapper à certains lecteurs, est votre jeu
de batterie. D’où vient-il ?
J’ai une Ludwig, comme Ringo. C’est bizarre
mais dès le début des Beatles, j’ai toujours
joué de la batterie. Au début, en 57 et 58,
nous n’avions pas de batteur attitré. Pendant
les répétitions c’est moi qui m’en occupais,
s’il y avait un kit disponible. Petit à petit,
pièce par pièce, j’ai réuni mon propre kit qui
servait lorsque le batteur prévu ce soir-là ne
venait pas. Quand nous sommes devenus
un quartette, c’était plus difficile, j’étais le
seul à pouvoir tenir la basse. Heureusement
nous avons trouvé Ringo à Hambourg pour
remplacer Pete Best.

Quelles sont vos relations avec Ringo ?

Depuis notre réunion en 95 pour les titres
inédits de l’Anthologie, j’ai joué sur plusieurs
titres des disques de Ringo. Une bonne
surprise a été de découvrir qu’il pratiquait la
méditation transcendantale. Plus tard, nous
avons joué ensemble sur scène pendant
un show au bénéfice de la David Lynch
Foundation qui donne des cours de méditation

BASSISTE  40
41  BASSISTE
pour les gamins d’écoles new yorkaises où
la vie est particulièrement dure. Ils viennent
armés, mais ils assistent aux cours. C’est une
graine qui est semée et qui grandira tôt ou
tard. Ce soir-là, nous avions interprété « I Saw
Her Standing There », « With A Little Help From
My Friends », « Boys », des chansons que l’on
peut jouer les yeux fermés. Nous sommes très
proches aujourd’hui, comme nous l’étions au
début. Ringo et moi étions toujours ensemble
pendant nos premières petites tournées. On
partageait la même chambre alors que John et
George étaient de leur côté.
En 1970 votre premier album solo,
McCartney avait pour thème le foyer, la
famille et l’amour. Quels sont les thèmes
de McCartney III ?
Ce sont les mêmes, plus ou moins. La liberté
et l’amour. Ce qui est différent, c’est la
situation. Pour McCartney, je n’avais plus de
groupe, c’était une période très compliquée
pour moi. C’était difficile de me relever,
mais j’ai beaucoup appris avec mon père
qui était musicien et avait un groupe de
jazz. Il nous a enseigné à mon frère Mike et
moi comment nous lever, nous brosser les
dents et commencer à travailler. L’idéal étant
d’avoir toujours une chanson en route à
commencer ou à terminer. C’est ce que j’ai fait
sur mon premier album solo. Il y a des titres
qui dataient des Beatles comme « Junk » ou
« Teddy Boy », et d’autres comme « The Lovely
Linda », « Another Day ». McCartney III est
comparable ; il y a des feelings différents, mais
rien d’artificiel comme « voilà comment je me
sens à ce moment ». Les thèmes sont toujours
l’amour et l’optimisme. « Seize The Day », c’est
moi. C’est la vérité. Le dénominateur commun
entre mes trois albums solo est que j’avais
soudain beaucoup de temps libre, la séparation
des Beatles en 70, puis des Wings en 80.
Dès que j’ai du temps libre je passe en mode
« écrire et enregistrer ». Là, c’est la pandémie
qui a tout arrêté. Nous étions supposés tourner
en Europe en 2020, mais le virus en Italie
a fermé les aéroports. Graduellement tous
les autres shows sont tombés à l’eau, même
Glastonbury qui devait être le sommet de la
tournée. « Ok. Que vais-je faire ? ». D’où mon
plan B habituel, écrire et enregistrer…
Il vous est impossible de rester assis et de
vous ennuyer ?
J’aime agir, j’aime l’idée de me dire « hey, je
peux faire ça. » Mais ce n’est pas non plus
systématique. Il y a quelques années, je suis
tombé malade au Japon. Quand je suis rentré,
BASSISTE  42
« On peut forger une amitié avec une pièce
de bois et de métal. »
les docteurs m’ont dit que je devais rester au quelque chose de nouveau, mais ce n’est
lit pendant six semaines. Tous mes amis m’ont pas le plus important. Ce qui compte pour
dit « ça va vite devenir insupportable pour toi », moi, c’est d’aller en studio et créer. Cela peut
mais en fait j’ai aimé ça. J’ai lu tous les livres, être nouveau ou ancien. Et sur ce disque, j’ai
tous les scripts proposés et regardé toutes les deux guitares que je n’avais jamais beaucoup
émissions de télé que j’avais manquées. Ça m’a jouées. L’ES-335 Dot et cette fantastique
surpris moi-même d’aimer ça, même si j’espère vintage Gibson Everly Brothers : comment se
ne pas avoir à recommencer. fait-il que je ne m’en sois pas rendu compte
avant ? Mais j’aime vraiment ce que je fais,
Votre dernier album était Egypt Station en cela ressort parfois comme un cliché, du style :
2018. Comment les comparez-vous ? j’ai beaucoup de chance. Quand j’étais enfant,
Egypt Station était un travail d’équipe en studio tout ce que je voulais faire était brancher une
avec le producteur Greg Kurstin, ce qui est guitare dans mon ampli El Pico de 10 watts et
différent. Mais mon vrai dernier album est un monter le volume pour ce feeling unique. C’est
live, Amoeba Gig, sorti en 2019. C’est un « one toujours là, en moi. Alors ce n’est pas tant une
off » qui a fonctionné. Nous étions en tournée question de chercher de la nouveauté, j’ai juste
pour l’album Memory Almost Full et nous besoin de quelque chose qui m’empêche de
avons été enregistrés pendant un gig secret retourner à la vie sauvage et dangereuse de la
dans le magasin Amoeba Music à Hollywood. rue. N’oublie pas : « it’s alright to be nice »…
Et Bam ! Ça a fonctionné, le son était bon et le
répertoire réunissait les Beatles et Wings. Mon
meilleur disque live. McCartney III est différent,
c’est moi en solo...
Il y a une théorie selon laquelle ce serait
votre ultime album ?
Tout ce que je fais est supposé être le
dernier. Quand j’ai eu 50 ans, on a dit « C’est
sa dernière tournée ». Ce sont les rumeurs
habituelles, mais c’est ok. Quand on a sorti
Abbey Road, j’étais mort, alors tout ce qui vient
ensuite est un bonus…
Avez-vous vu ce film, Yesterday, qui
présente un monde parallèle où les Beatles
ont été oubliés et un chanteur trouve le
succès en reprenant leurs titres ?
Nancy (Shevelle, la troisième épouse de Paul,
ndlr) et moi sommes allés le voir en secret,
sans rien dire à personne. C’est un véritable
clip de promo pour moi, j’étais ravi.
Êtes-vous toujours à la recherche
d’innovations, à l’image des premiers
vidéo-clips de « Paperback Writer » et
« Rain », ou de vos incursions dans la
musique classique et expérimentale sous
le nom de The Fireman ?
Il y a bien des aspects de ma vie qui me
surprennent. Les gens me demandent si je
suis fatigué de tourner, si je déteste cela.
Non. Je suppose que je cherche toujours
MUSIC QUIZ

BRYAN BELLER
L’année 2019 avait été particulièrement créative pour Bryan Beller : le bassiste de The Aristocrats avait à peine sorti You Know What...?,
quatrième opus du trio, qu’il accouchait de Scenes From The Flood, un double album concept de musique progressive qu’il a composé,
arrangé et exécuté, accompagné de musiciens prestigieux. Mais la Covid a eu raison de la tournée 2020 de son groupe. Bryan Beller se lance
alors dans le fait-maison : il produit son premier clip vidéo conceptuel pour les chansons « A Quickening » et « Steiner In Ellipses », et il
réalise des sessions d’enregistrement depuis son home studio qui promettent de nouvelles sorties passionnantes en 2021. Nous espérons
désormais le revoir tenir la basse au côté de Joe Satriani lors de la tournée Shapeshifting prévue en mai et juin 2021 pour la France. En
attendant, Bryan Beller s’est attelé à notre quiz musical et il s’en est sorti avec brio !

Par Lisa Vincent

Photos © Manu Wino, Jon R. Luini

BASSISTE  44
01 ¦ « Heart of the Sunrise »
Yes
Album : Fragile (1971)
Yes a été un groupe important
pour moi dans ma jeunesse.
Je les ai découverts à la radio
et je suis allé acheter chez
un disquaire Fragile, dont
ce morceau est extrait. On
entend qu’ils ont écrit du rock avec une approche
liée à la musique classique. Plusieurs membres
ont fait des études en conservatoire et ont été
exposés à l’harmonie traditionnelle. Chris Squire
pouvait faire gronder sa Rickenbacker et lui donner
ce son agressif en jouant au médiator, mais il avait
aussi beaucoup de soul dans son jeu, presque
R’n’B, avec les longues lignes mélodiques que
l’on peut entendre dans « Heart of the Sunrise ».
Et parfois, il creusait, comme dans le refrain
de « Roundabout », où on dirait presque qu’il
joue une ligne de basse à la Motown. J’aime ces
éléments qu’il a apportés à un groupe britannique
de progressif traditionnel.
02 ¦ « Money »
Pink Floyd
Album : The Dark Side of the Moon (1971)
Bien sûr, Pink Floyd est le
plus grand groupe de rock
progressif. Ils ont vendu
des centaines de millions
d’albums. Mais peu de gens
parlent de Roger Waters en
tant que bassiste, car il était, comme il dirait, « la
viande et les patates », c’est-à-dire basique. Il jouait
simplement le groove sur sa Fender P-Bass, parfois
avec un médiator, parfois avec les doigts. Roger
n’oubliait pas que le rôle principal du bassiste
est de soutenir la chanson. Lui et Nick Mason
avaient une connexion unique et étaient une
section rythmique au groove assez old school
et élémentaire. Ils n’en faisaient pas trop et
c’est aussi la raison pour laquelle j’aime autant
Pink Floyd, car certes, ils font des compositions
sophistiquées, mais ils n’étaient pas concentrés
sur la technique à proprement parler. C’est au
niveau du son que ça se joue.
« Tout ce que vous avez besoin de savoir du rock moderne
d’un point de vue de la batterie et de la basse se trouve dans
les albums de Led Zep. »
03 ¦ « Fly By Night »
Rush
Album : Fly By Night (1971)
C’est Rush à ses débuts,
mais je suis plus familier
avec leur musique à partir
de 2112. Moving Pictures qui
est sorti quand j’avais 10 ans.
La première chanson que j’ai
apprise à la basse est « Red Barchetta », qui n’est
pas facile. J’avais une bonne oreille, mais cela ne
voulait pas dire que mes doigts pouvaient suivre.
Avec la mort de Neil Peart, je suis revenu à leur
musique et ce qui m’impressionne chez Geddy,
c’est à quel point il a été influencé par Chris
Squire au niveau du son, ce genre d’overdrive
que l’on entend bien sur Exit... Stage Left. J’ai
aussi remarqué le détail qu’il mettait dans ses
chansons. En réécoutant « The Trees », qui a
déjà à première vue une ligne de basse bien
remplie, on se rend compte de tous les petits
accents, les attaques que tu peux facilement
louper. C’est fou qu’il ait réussi à apporter autant
d’éléments dans une chanson sans que cela ne
devienne étouffant.
04 ¦ « Sorceress »
Return to Forever
Album : Romantic Warrior (1976)
J’adore Stanley Clarke, mais
il a un jeu inhabituel, avec
ses mains gigantesques et
son Alembic Short Scale. Je
ne suis pas particulièrement
attiré par ce son. J’ai plus été
influencé par le Chick Corea Elektric Band, avec
John Patitucci à la basse. Leurs deux premiers
albums étaient très électroniques et virtuoses.
Puis le troisième, Eye of the Beholder, sorti en
1988, avait une ambiance acoustique et il me
parlait beaucoup plus. Je suis tombé amoureux
du jeu de Patitucci, qui, bien qu’il soit un joueur
de jazz, a aussi joué dans des gigs de R’n’B et
de soul. J’adore le groove et les influences
bluesy qu’il a apportés au groupe. Son solo dans
« Trance Dance » est incroyable. Par la suite, j’ai
aussi apprécié son jeu à la contrebasse dans
le Chick Corea Akoustic Band, et ses albums
solos, en particulier Sketchbook, dont j’ai repris
« Backwoods » sur mon premier album solo.
05 ¦ « Teen Town »
Weather Report
Album : Heavy Weather (1977)
Ah, je me doutais bien
que l’on aurait du Jaco
Pastorius ! Certains veulent
apprendre ses morceaux les
plus sophistiqués. Quand
j’étais à l’école de musique,
je pouvais jouer « Teen Town » assez bien, mais
je préférais largement jouer « The Chicken » et
particulièrement la version de Invitation. C’est une
chanson incroyablement funky. Cet album et Word
of Mouth sont mes préférés. Les arrangements
orchestraux, le monde des big bands, j’ai toujours
adoré ça. Certains morceaux n’ont même rien
à voir avec le jeu de basse. « Three Views of
a Secret » en est un bel exemple. Et sur Jaco
Pastorius, je suis plutôt du genre « Come On,
Come Over », plus accessible, que « Portrait of
Tracy », magnifique, mais je préfère l’écouter que
la jouer. En tout cas, personne ne peut sonner
comme Jaco, même s’il y a un peu de Jaco chez
tous les bassistes.
06 ¦ « Fool in the Rain »
Led Zeppelin
Album : In Through The Out Door (1979)
Cette chanson est sur le
dernier album studio de Led
Zep, où John Paul Jones a
davantage d’influence que sur
les précédents. Il m’a plus
inspiré que tous les bassistes
que nous avons mentionnés. Son jeu était sobre,
mais il savait sortir du lot. L’une des premières
chansons que j’ai apprises était « The Song
Remains The Same », où il fait du pedalling sur
le Ré, avant de passer d’un Ré Majeur à mineur et
d’aller dans les aigus pour un break très mélodique.
Je pense aussi au couplet de « Ramble On »,
« The Lemon Song » et ses ghost notes… Led
Zeppelin II est mon préféré au niveau du son
de John Paul Jones, si épais, rond et funky. Et
évidemment, c’est un sacré avantage d’avoir
John Bonham dans ton groupe. Je ne pratique
jamais avec un métronome, je m’entraîne en
écoutant John Bonham. Avec John Paul Jones,
ils forment vraiment l’archétype de la section
rythmique rock. Tout ce que vous avez besoin
de savoir du rock moderne d’un point de vue
de la batterie et de la basse se trouve dans les
albums de Led Zep.
45  BASSISTE
 07 ¦ « In-A-Gadda-Stravinsky »
Frank Zappa
« Personne ne peut sonner Album : Guitar (1988)

comme Jaco, même s’il y a Frank Zappa est le genre

d’artiste dont tu peux
un peu de Jaco chez tous les posséder 20 albums et n’être
qu’un fan occasionnel, vu
bassistes. » qu’il en a sorti 60 ou 70.
Comme Miles Davis, il avait
une vision artistique forte. Il a joué avec beaucoup
de jeunes musiciens avant qu’ils ne deviennent
célèbres.
Ici, c’est Scott Thunes qui tient la basse. Il
est génial. Il a une approche très punk d’une
musique complexe. Souvent les bassistes qui
ont une technique avancée gravitent autour du
jazz, parce que c’est le seul genre où la basse
peut prendre beaucoup d’espace. Scott Thunes
a une formation classique et comprend très bien
l’harmonie traditionnelle, mais il joue sur une
vieille P-Bass abîmée qu’il attaque énergiquement
avec un médiator. Il est très grand, a une forte
présence scénique et un son très agressif. Je
connais Scott, car il a joué avec Dweezil Zappa
avant que je n’entre dans le groupe dans les
années 90. Il m’a appris à réharmoniser une
chanson rock en utilisant la substitution, en
ajoutant une contre-mélodie… Il a un style unique.

08 ¦ « Mellowship Slinky in B
Major »
Red Hot Chili Peppers
Album : Blood Sugar Sex Magik (1991)

Tu as choisi ma chanson
préférée de Red Hot Chili
Peppers ! C’est avec Flea que
j’ai appris le slap, pouce vers
le bas. Je l’utilise rarement,
comme une ponctuation
dans mes morceaux. Dans ce groupe, la basse
est souvent l’instrument mélodique. La guitare
accompagne de manière funky, ce qui laisse
beaucoup de liberté à Flea. Il sait écrire une
ligne de basse qui raconte une histoire, il y
apporte beaucoup de réflexion. J’adore le riff
bien lourd du début de ce morceau. On peut
les entendre ralentir exprès : ils se retiennent
tellement qu’on dirait qu’ils vont s’arrêter et d’un
coup, ils relancent le rythme. Puis, il y a une
ligne de basse funky où il remonte les quatre
cordes l’une après l’autre. Pour beaucoup de
groupes, les premiers disques sont ceux où ils
se cherchent, affinent leurs compositions, et
finalement ils arrivent à l’album qu’ils essaient
de faire depuis le début. Pour les Red Hot, c’est
Blood Sugar Sex Magik.

BASSISTE  46
09 ¦ « Freedom »
Rage Against the Machine
Album : Rage Against the Machine (1992)

Justement, je viens de
dire que cela peut prendre
quelque temps pour obtenir
l’album parfait. Cela se vérifie
chez Rush, Led Zeppelin,
Yes, Pink Floyd… Mais Rage
Against the Machine est l’exception qui confirme la
règle, car leur premier album est déjà très abouti.
« Freedom » est une déclaration politique forte,
l’album entier est une protestation gigantesque.
Je trouve tous leurs disques géniaux ; ils réitèrent
ce qu’ils ont réussi dès le premier opus. Tim
Commerford est l’une de mes plus grandes
influences rock. Dans Evil Empire, le son de basse
est impressionnant, sur « Bulls on Parade » et
surtout « Tire Me », que j’ai joué en boucle avec
une pédale d’overdrive en ajustant mon doigté
pour essayer de l’imiter le plus fidèlement possible.
Il joue aux doigts, alors il faut trouver un moyen
de reproduire ces attaques, cette agressivité qui
lui est si particulière.

10 ¦ « Nothing Is Everything  »
Death
Album : Individual Thought Patterns (1993)

C’est l’album de Death sorti

en 1993, avec Gene Hoglan
et Steve DiGiorgio. Quand je
travaillais pour Bass Player
Magazine, nous avions fait un
long article sur les bassistes
qui poussaient la technique
dans le metal et Steve en faisait partie. Je les ai
rencontrés bien plus tard, quand j’ai été dans le
groupe Dethklok avec Gene, mais à l’époque, je
n’étais pas encore un gros fan de death metal.
J’ai grandi en écoutant du thrash, le « Big Four »
Metallica, Slayer, Anthrax et Megadeth. Puis, en
1989, je suis allé au Berklee College of Music,
j’ai écouté moins de metal, plus de fusion, et
si je voulais du hard rock, j’allais vers Alice in
Chains ou Soundgarden. En 1995, Destroy Erase
Improve de Meshuggah et le premier album de
Strapping Young Lad avec Devin Townsend m’ont
fait revenir au metal. J’ai donc manqué les débuts
de Death. Je ne suis pas un expert, mais Steve
est exceptionnel. Il fait des choses inhabituelles
dans le metal, joue sur six cordes, sur fretless…

« Souvent les bassistes qui ont une technique avancée gravitent autour du jazz,
parce que c’est le seul genre où la basse peut prendre beaucoup d’espace. »

47  BASSISTE
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À L’ESSAI
Sire
La basse pour tout et pour tous
Par Didier Saint-Grawal
S
ire n’en finit pas de tailler des shorts
à la concurrence depuis la sortie de
la gamme Marcus Miller. Il faut dire
qu’en général, les ingrédients sont
plutôt bons et que, par-dessus tout,
un soin tout particulier est apporté à l’électronique.
Si on ajoute à cela que les instruments sont plutôt
beaux et font appel à des codes esthétiques
éprouvés et à la mode, on ne peut que comprendre
l’engouement du public pour ces basses asiatiques
bien fichues et abordables. Nous avions déjà
exploré la gamme des V (plutôt Jazz Bass) et
voici que débarque la nouvelle génération. Qu’à
cela ne tienne nous allons tester la P7, la plus
huppée du lot.
POLYVALENCE AFFICHÉE
Pas de doute, la Marcus Miller P7 est en frêne des
marais, aucune teinte pour cacher les veines du bois,
ça déplaira autant que ça enchantera, mais il faut
avouer que depuis quelques temps, c’est revenu à
la mode. Le corps est bien évidemment plus massif
que sur la V7, inspiration oblige, et le profil général
est légèrement plus trapu, bien que le diapason ne
change pas, c’est juste une question de proportions. Le
manche est en érable, ainsi que la touche rapportée,
ce qui confirme une orientation tout à fait seventies
qui ne sera pas pour nous déplaire, et ce d’autant
plus que l’instrument n’est pas une copie servile.
Soulignons au passage que la marque nous a épargné
BASSISTE  50
SU
RÉ
Marcus Miller P7
la skunk stripe peinte pour faire comme si, ce qu’on
a déjà pu croiser sur des instruments moins sérieux.
Le hardware est fait maison, comme les micros et
le reste, en limitant la sous-traitance (ou en tout cas,
en ne faisant pas appel à des fabricants de pièces
établis, mais en commandant en masse à des usines
spécialisées) pour ne pas faire exploser les coûts,
ce qui permet de maintenir la P7 dans des eaux
relativement abordables pour ce qui se veut être un
haut de gamme (en dehors de la P10). Nous remarquons
d’emblée la configuration micros choisie qui s’avère
être un mix entre PB et JB, combinaison relativement
commune et en tout cas, bien plus polyvalente qu’avec
un simple PB. Le choix de la polyvalence semble signer
une volonté de proposer un instrument capable de
s’adapter à toutes les situations et surtout de naviguer
rapidement d’un style à l’autre en gardant le meilleur
des deux mondes.
Les contrôles de l’électronique sont nombreux et
affirment le côté multiple de la P7, puisqu’elle peut
fonctionner en actif ou en passif, soit par choix, soit
par nécessité (le fameux moment où on se rend
compte qu’on a soit une Big Muff cachée dans la
basse, soit une pile en fin de vie, et malheureusement,
c’est toujours la seconde option). On dispose donc
d’un volume général et d’une tonalité passive sur un
double potentiomètre concentrique, d’une balance
micros et d’une égalisation trois bandes avec mediums
semi-paramétriques. Le passage d’active à passive
se fait via un mini switch. La pile est accessible via
Basse de type PB, corps en frêne
MÉ
des marais, manche et touche érable,
électronique propriétaire, micros JB et
PB, EQ trois bandes dont medium semi-
paramétrique, modes actif et passif
une trape au dos de l’instrument, comme on pouvait
s’y attendre.
Pas grand-chose à redire sur le corps très bien
assemblé et fini, au niveau des bonnes réalisations
et conforme à ce qu’on attend de la marque. Le
manche est presque irréprochable, si ce n’étaient
ces petites traces d’outils à peine masquées par le
vernis au niveau de la jonction tête / manche. Rien
de grave, car ce n’est qu’esthétique, et puis ça permet
de remarquer le sillet en os, ce qui change des sillets
en plastique qu’on peut croiser parfois.
Les parties métalliques sont plutôt engageantes, que
ce soit le chevalet assez massif ou les mécaniques,
tout à fait dans le style de la basse, sans fioritures et
avec un fonctionnement plutôt rassurant.
LE MEILLEUR DES DEUX MONDES
Le test non branché fait apparaître une tendance à la
nervosité des attaques, ce qui n’a rien d’étonnant au
vu de la configuration des bois, l’érable ayant tendance
à rendre les attaques brillantes (si on le compare
au palissandre). Le confort de jeu est optimal, dans
les limites de ce que le design permet, notamment
en matière d’accès aux aigus. Pour autant, les
20 cases sont parfaitement accessibles. Le radius
de 9,5’’ est plutôt vintage dans l’esprit, sans non
plus verser dans l’excès.
Branchée, la Sire Marcus Miller P7 se révèle très
convaincante, notamment du fait de son parfait silence
de fonctionnement. En effet, les préamplis vraiment
51  BASSISTE

silencieux sur des instruments de ce prix ne sont pas
encore systématiques et il faut reconnaître que sur
ce point, les Sire sont particulièrement choyées par
leur constructeur. Les trois bandes d’égalisation sont
très efficaces et surtout n’ajoutent aucun souffle
quand elles sont utilisées en ajout (évidemment
en soustraction ça ne souffle pas non plus). On
ne note pas de trop grosse différence de couleur
quand on bascule en passif même si évidemment,
dans le cas où l’égalisation est fortement sollicitée,
on entendra plus facilement le passage d’un mode
à l’autre. C’est plutôt rassurant et ça permet deux
choses : premièrement, envisager de bénéficier de
la baisse d’impédance induite par l’électronique
passive pour l’utiliser comme buffer sans colorer
le son de la basse, et deuxièmement, ne pas trop
perdre de volume sonore et de définition si on doit
BASSISTE  52
basculer en passif pour une raison ou pour une autre.
Les deux micros sonnent très bien, si ce n’est qu’ils ne
débordent pas de personnalité. Il aurait été surprenant
qu’à ce prix, on ait des micros de compétition, donc
rien de décevant, d’autant que le grain général est
plutôt bon.
Le micro precision sonne bien dans le style rock ou
en allant chercher un côté plus sub en coupant les
aigus (plus facilement avec la tonalité qu’avec le trois
bandes). Médiator ou doigts, on retrouve tout ce
qu’il est possible de faire avec ce genre de micro.
Peut-être que ça manquera un peu de panache au
médiator, mais il faut avouer que la touche érable est
un plus non négligeable, qui permet de conserver
une attaque franche quelle que soit la position des
potards d’égalisation. Le micro jazz est bien également,
tout en manquant un peu de mordant. Il permettra
néanmoins de joliment s’exprimer en solo, façon
Jaco, mais il faudra lui rentrer un peu dedans ou
ajouter quelques mediums supplémentaires. C’est
là que l’électronique est vraiment magique, car on
retrouve très vite ce qu’on cherche quand on constate
un petit manque.
Utilisés conjointement, les deux micros offrent une
sonorité bien pleine, beaucoup plus « moderne » (en ce
sens que ce n’est pas nouveau, mais que ça convient
mieux aux styles un peu sophistiqués). La possibilité
de se fondre dans un groupe pop ou de groover en
fond de scène, avec ce qu’il faut de snap et de pression
dans le bas medium, est toujours bonne à prendre
même si on n’achète en général pas un instrument
pour ce son-là. D’ailleurs, on se retrouve bien souvent
à jouer plus sur cette sonorité que sur toute autre.
À la fois très bien fabriquée, agréable à jouer et très
efficace au quotidien, cette basse séduira à la fois
les débutants qui trouveront là un instrument apte à
les emmener très loin, les musiciens plus confirmés
qui seront ravis de trouver un instrument pour jouer
sur scène et remplacer leur première basse, et les
pros qui auront là l’instrument parfait à emmener
partout où les conditions sont risquées pour leur
basse haut de gamme, ou en instrument de secours.
Les quelques défauts évoqués ne ternissent en rien
un excellent bilan. Top affaire.
CONSTRUCTEUR
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IMPORTATEUR
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699 €
53  BASSISTE
 Préampli analogique hybride, une lampe

À L’ESSAI

MÉ
12 ax7 pour le circuit drive, EQ 4 bandes,

SU
sortie DI XLR sur transformateur, sortie

RÉ
numérique sur connecteur RCA ou optique,
mélange des deux circuits, deux types de
drive, boost +6 dB

Markbass Mark Vintage

Pre
L' italien est un gros son
Par Régis Savigny

BASSISTE  54
M
arkbass a rapidement fait son trou
dans le marché, pile au moment
où le besoin d’appareils légers
et puissants se faisait sentir.
Avec des produits réussis
et populaires comme la Little Mark 800 ou la
Little Mark Tube, il est aujourd’hui difficile de
faire abstraction de la marque italienne. Comme
l’évolution logique est d’aller vers la diversification
et comme les musiciens sont de plus en plus
sollicités pour travailler de chez eux, pourquoi ne
pas proposer un boîtier capable de préamplifier le
son de sa basse avant de l’envoyer dans une carte
son ou dans une console ? C’est précisément le
but du Mark Vintage Pre que nous avons soumis
à la question.

TOUTES OPTIONS
Le Mark Vintage Pre se présente sous la forme
d’une pédale assez compacte en regard de tout
ce qu’elle semble contenir. La finition, mélange
de métal brut et de sérigraphie, est typique de la
marque avec ce boîtier non peint, juste émaillé
de lettres et logos jaunes et noirs. On remarque
la fenêtre dédiée à la lampe, éclairée avec des
LED rouges (ce qui ne manque pas de nous
faire soupirer, mais il se trouve que lesdites
LED servent à autre chose qu’au décorum, à
savoir nous indiquer sur quel mode de drive
nous sommes), ainsi que les larges boutons de
potards de gain et master. Le tout donne un
aspect semi-industriel pas désagréable.
Le principe du Mark Vintage Pre est, déjà et
avant tout, de préamplifier correctement votre
basse, avant d’attaquer la sono, un ampli de
puissance, une console de studio ou directement
une carte son. De fait, une unité complète de
préamplification / égalisation est présente.
Le gain et le master servent donc à gérer les
niveaux d’entrée et de sortie. L’égalisation quatre
bandes sert à ce que vous savez et un switch trois
positions permet de disposer de trois presets
correspondant aux réglages les plus courants. La
position flat est inopérante et offre une courbe
de réponse plate. La position scooped propose
un son creusé (le genre qu’on va utiliser en slap
façon 80’s). La troisième, baptisée Old, se contente
de remonter légèrement les aigus pour donner
un son que Markbass qualifie de « vintage »
et que personnellement, nous qualifierons de
« moins grave ».
Le drive se contrôle via un potentiomètre dédié
qui déterminera la puissance du signal qui entrera
dans le circuit de saturation. Un potentiomètre
de Blend (mélange) règlera l’équilibre entre le
symétrique, parfait pour balancer un signal propre
à l’ingé son. Derniers raffinements : la boucle
d’effets, l’entrée auxiliaire et la prise casque,
pour bosser tranquillement sur des backing
tracks ou directement sur vos disques (mp3,
streams…) favoris. Enfin, une sortie numérique est
disponible avec deux formats (Rca ou optique) et
un choix de fréquence d’échantillonnage allant
jusqu’à 96 kHz.
Les switchs servent à enclencher le préamp ou
le drive, à choisir entre les deux types de drive
(creusé ou gonflé dans les mediums) et à lancer
un boost de 6 dB. On regrettera l’absence d’une
sortie accordeur, qui aurait pourtant été logique
dans un contexte pro ou semi-pro, notamment
sur scène.
UN SON À TOUTE ÉPREUVE
Le son de base du Mark Vintage Pre est sans
surprises, c’est du Markbass, droit, très légèrement
accentué dans les mediums. Les différents potards
d’égalisation sont très efficaces, même si on
perçoit mieux leur intérêt quand on joue sur
une basse passive.
Les presets d’égalisation sont certes un poil
caricaturaux, mais bien utiles quand il faut
aller vite.
Le son du circuit transistor est bon et finalement
très polyvalent, malgré l’appellation vintage qui
pourrait induire en erreur.
Les deux circuits de la 12 ax7 sont pleinement
utilisés pour produire un overdrive plutôt présent,
sont assez différents, il faut juste se faire à la
manipulation un peu contre-intuitive du switch
de sélection des modes, surtout sur scène. En
jouant sur les réglages et le mélange des deux
sonorités, on a trouvé nombre de combinaisons
assez sexy qui engagent à jouer plutôt qu’à
trifouiller trop longtemps les potentiomètres.
La qualité de la DI est exemplaire : on récupère
un signal très clean et la conversion A/N de
qualité, si l’horloge de votre carte est stable,
sinon bonjour les surprises. Il est à noter que
nous n’avons testé que la connexion Spdif via
RCA, mais nous ne doutons pas que la sortie
optique soit également très bonne.
Le drive est très sauvage et on peut vraiment
pousser le son façon Cliff Burton ou alors juste
l’utiliser pour colorer le son à la marge et donner
un peu de mordant.
Un préampli très complet, pas toujours évident
à manipuler, mais capable de délivrer des sons
d’excellente facture et qui sonne en direct sur
n’importe quel système.
CONSTRUCTEUR
www.markbass.it
DISTRIBUTEUR
www.mogarmusic.fr

399 €
son clair et le son saturé. On dispose d’une qu’il faudra sans doute prendre le temps de
boucle d’effets et d’une sortie au niveau ligne maîtriser au début, surtout si on force sur le potard
sur jack standard. Une prise XLR fournit un signal de Gain. Les deux modes de fonctionnement

55  BASSISTE
 Multi-effets à modélisation, boucle

À L’ESSAI

MÉ
d’effets, sortie stéréo symétrique,

SU
sortie dédiée pour ampli (pre FX), pédale

RÉ
d’expression intégrée, entrée pour
pédales de contrôle additionnelles.

Line 6 Pod Go

L'alternative
Par Rajiv Courcy

BASSISTE  56
C
ela fait longtemps qu’on n’a pas
vu sortir, chez Line 6, un produit
spécifique pour bassiste en matière
de modélisation ou d’effets, et pour
cause. Line 6 a décidé d’intégrer les
modélisations spécifiques pour notre instrument
directement dans les machines dédiées aux
guitaristes, qui s’avèrent donc ne PAS être dédiées
aux seuls six cordistes. Du coup, on regarde
autrement les rayons des magasins, hein ?
Nous avons pris en stage le petit POD GO dans
notre studio, pour voir ce qu’il avait dans le ventre
(et nous apprenons que la version Wireless équipée
d’un système G10 vient tout juste de sortir : ce
test sera donc valable, hors partie sans fil).
PETIT FRÈRE ? GRAND FRÈRE ?
COUSIN ?
On peut se demander à juste titre où se place le
POD GO dans la gamme Line 6 au milieu des HX
Stomp, Helix, Helix Lt et autres HX FX. Si toute
la gamme HX est clairement dévolue au marché
professionnel, la gamme POD avait pour habitude
d’être plus grand public. Il se trouve justement
que le POD GO, s’il est placé assez bas question
prix (sans être non plus donné), n’est pas pour
autant cantonné au marché amateur. D’une part,
sa connectique est très complète et entre les
sorties symétriques, la sortie dédiée à l’ampli
en méthode 4 câbles (ne vous inquiétez pas, ça
va bien se passer), la boucle d’effet, les entrées
pour contrôleur externe, on a de quoi faire. Les
sorties principales au format jack peuvent être
transformées en sorties XLR pour peu qu’on y
connecte des adaptateurs jack TRS d’un côté
et XLR de l’autre.
La liste des modélisations intégrées au POD GO
est identique à celle qu’on trouve sur les HELIX.
Il n’y a donc pas vraiment de différence logicielle
entre les appareils.
La différence principale se situera au niveau de
l’étage d’entrée, un poil plus pro sur les Helix et
consorts que sur le POD GO. Les basses qui sortent
en basse impédance (actives quoi) devraient
par conséquent mieux s’en sortir, même si la
différence reste marginale.
La façade de contrôle comporte un large écran non
tactile, 4 encodeurs rotatifs sous ce dernier afin
d’accéder à de multiples paramètres, une pédale
d’expression, 8 switchs entourés d’un anneau
lumineux et quelques boutons supplémentaires.
Il faudra donc naviguer entre divers menus pour
accéder à toutes les fonctions. On sait que certains
d’entre vous sont sensibles à ce paramètre, même
si, pour le jeu, tout se fait au pied, rassurez-vous.
Le POD GO peut être utilisé en tant qu’interface
audio USB pour ceux qui ne souhaiteraient pas
investir dans une carte son supplémentaire et
néanmoins s’adonner au joies de la MAO.
En tout cas, l’appareil semble solide et les parties
métalliques donnent l’impression d’être faites
pour durer.
INTERFACE LUDIQUE
L’interface utilisateur est plutôt ludique et assez
bien fichue. Selon le mode dans lequel on se
trouve, l’écran affiche soit la liste des presets
disponibles, 4 par banque, soit les fonctions
dévolues aux 6 switchs non assignés aux
fonctions de Tap Tempo / Accordeur et de
changement de mode. Cela peut se configurer
comme un pedalboard, avec donc 6 pédales,
soit de manière plus complexe avec plusieurs
fonctions assignées sur un seul switch (par
exemple on peut enclencher un effet et en
déclencher un autre avec le même interrupteur).
La boucle permet d’insérer sa pédale favorite,
un Mu Tron, une Big Muff, que sais-je encore,
de l’intégrer directement dans le trajet du signal
et la déclencher à loisir.
En mode édition, l’afficheur indiquera le routing,
l’état de l’effet ou de l’ampli en cours d’édition,
ainsi que divers paramètres globaux. Il est très
lisible qu’on soit debout, en position de jeu ou
accroupi pour effectuer les réglages. Si vous le
préférez, un logiciel d’édition est disponible et
vous permet d’accéder à tous les paramètres
et même plus, du POD GO directement sur
votre ordinateur. Il est également possible, via
cette application de charger des IR tierces pour
notamment simuler des baffles qui ne seraient
pas inclus dans l’appareil.
ORGIE D’EFFETS
Venons-en à la liste des modélisations
susceptibles de nous intéresser. Nous
disposons d’une quinzaines de préamplis /
amplis spécifiques, comme l’indispensable
Ampeg SVT, le B15 Fliptop, grand classique
des sessions, l’Acoustic 360 cher à Jaco ou
57  BASSISTE
John Paul Jones, les têtes Mesa, un modèle
Gallien, un préamp Pearce, un autre plutôt typé
studio, une tête Aguilar et la fameuse Sunn
Coliseum 300. Il y a donc de quoi faire et les
baffles assortis sont disponibles dans la section
suivante. Notez qu’il est possible d’utiliser des
modèles pour guitare, comme le Bassman ou
une bonne vieille tête Marshall, à l’instar de
notre bon vieux Lemmy. Les effets ne sont pas
en reste avec par exemple une émulation de
Mu-Tron, une de Big Muff, la fameuse Darkglass
Microtubes B7K, un SansAmp, l’EBS Bass Comp
et toute une panoplie d’effets très utiles quand
on joue de la 4 cordes. Il y a de bonnes chances
que vous laissiez les reverbs et autres delays
de côté, mais sachez qu’ils sont très bons et
parfois spectaculaires.
UN SON DE BONNE FACTURE
Si se constituer un preset en partant de zéro n’est
pas des plus aisés, on profitera des nombreux
BASSISTE  58
presets mis à notre disposition pour se faire l’autre, ce qui n’est en général pas conseillé.
une idée du potentiel du POD GO. Le son est Au final, le POD GO est un appareil qui sonne bien
plutôt plaisant même s’il faut avouer qu’entendre pour peu qu’on sache l’apprivoiser, qui rend de
une basse au casque est une expérience en soi, nombreux services et qui, de par son approche
habitués que nous sommes à notre ampli. Les ludique permet à tout un chacun de se familiariser
simulations sont réalistes et, à quelques exceptions avec des effets qu’on n’aurait probablement pas
près (un 360 un poil caricatural), procurent de achetés sinon. Le seul risque est de se mettre
bonnes sensations, surtout via des enceintes de à la guitare pour essayer toutes les simulations
studio poussées assez fort (c’est encore mieux s’il disponibles, mais ça ne doit pas être si terrible.
y a un caisson basse). Comme souvent, il faudra
faire attention aux presets un peu spectaculaires
et trop compressés ou drivés. Les sensations les CONSTRUCTEUR
www.line6.com
plus réalistes se trouvent en jouant un peu plus
fort et en calmant le gain dans les simulations.
On apprécie le fait d’avoir un grand nombre de
presets, même s’il est probable qu’une seule
IMPORTATEUR
banque de 4 suffira dans la majeure partie des
situations. Il conviendra alors de bien préparer ses
fr.yamaha.com
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pedalboards virtuels pour profiter au maximum
des nombreux effets disponibles, sans devoir
basculer en permanence d’un programme à
 Stand modulaire pour basses

À L’ESSAI

MÉ
électriques et acoustiques, compatibles

SU
avec guitares ou instruments de forme V

RÉ
Rockstand Modular Multiple
Stand 2A3E

Des instruments bien ranges

'
Par Régis Savigny

O
n peine toujours à poser ses
instruments quelque part, surtout
quand on en a plusieurs ce qui
est souvent le cas de nous autres
bassistes, souvent également un
peu guitaristes, ou contraints d’utiliser 4 cordes,
5 cordes, voire plus, basse acoustique, fretless…
Les stands multiples sont en général une bonne
solution pour éviter les accidents. Voici la solution
Rockstand à base de modules d’espacement pour
que chaque instrument reste bien à sa place.

CONCEPTION MODULAIRE
Le rack de base est un cadre assez robuste qui se
plie à plat et permet un transport aisé, dans le cas
conseillé d’une utilisation sur scène ou en studio (qui
ne disposerait pas de stands). L’espacement entre les
instruments est assuré par des modules en matière
synthétique aux dimensions standards, soit simple
pour y caler un instrument électrique, soit double moment de la pose ou de la prise d’un instrument).
pour un instrument acoustique ou électrique archtop. La solution est solide, plutôt pro dans l’esprit. On ne FABRICANT
www.warwick.de
Les modules pour électrique peuvent être inversés, dans peut que regretter que ce ne puisse être une solution
le cas où vous feriez partie des heureux possesseurs de stockage à long terme pour les instruments finis
d’une basse en V, attention toujours bienvenue, car on en vernis nitro-cellulosique qui risquent d’être
ne sait jamais trop comment les poser. Les modules endommagés par le revêtement des points de contact. IMPORTATEUR
peuvent être agencés comme on le souhaite et
éventuellement être remplacés par d’autres, sachant
Pas de souci dans le cadre d’un concert, puisque la
basse ne restera que quelques heures maximum sur le
www.htd.fr

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que dans le pire des cas, un module acoustique peut stand. Nous attendons avec impatience le constructeur
accueillir deux instruments électriques, sans que leur qui proposera des modules avec revêtement en coton,
espacement puisse être maîtrisé (attention donc au matière neutre pour ces vernis fragiles.

59  BASSISTE

À L’ESSAI
Schecter
La surprise du chef
Par Régis Savigny
I
l y a encore quelques années, on avait
peu le choix. JB ou PB et on avait fait le
tour de la question. Même les basses
pour le metal étaient dérivées de ces
formes et hors du manche vissé, peu
de salut. Voir une marque comme Schecter,
qui donne plutôt dans la basse vénère pour
musicien chevelu, décider de faire un peu autre
chose est finalement assez rafraîchissant et la
sortie de la Corsair Bass nous a donné envie
d’aller faire un tour au large, histoire de voir
si elle avait vraiment le pied marin.
On a sorti l’ampli à lampes et le costard à
paillettes, des fois qu’on doive se la jouer
vraiment rétro. On n’est jamais trop prudent.
PAS VRAIMENT RÉTRO
Bien sûr, quand on la sort du carton (une housse
n’aurait pas été du luxe), on se dit d’emblée
plusieurs choses : d’une part, on va se payer
une bonne tranche de sensations vintage, avec
des cordes bien hautes, un son un peu plonk
plonk et pas trop de sustain ; d’autre part, on
va morfler question poids. Eh bien figurez-vous
que tous ces stéréotypes sont faux, archi faux.
Un petit coup d’œil à la fiche technique
commence à nous renseigner sur les prétentions
de la Corsair. D’un côté, on a une construction
certes hollow body avec un corps en érable et des
ouïes, façon Gibson EB2, mais d’un autre côté,
BASSISTE  60
Basse hollow body, électronique active
MÉ
EMG, manche collé en multipli érable,
SU
touche ébène, EQ deux bandes, un
RÉ
volume, une balance.
Corsair Bass
on a tout de même un manche en multipli d’érable
renforcé par des inserts en carbone. On commence
déjà à se demander dans quel traquenard on est
tombé. La touche ébène et le chevalet / cordier en
deux pièces façon Tune-O-Matic nous rassurent
sur le côté old school, mais le sigle EMG sur les
micros signe clairement une électronique active. Les
mécaniques certes ajourées mais plus compactes,
n’ont, elles, pas choisi leur camp. Parmi les petits
raffinements, notons également un sillet en Tusq,
matière synthétique assez proche de l’os. Cette
basse semble être l’archétype même de l’instrument
moderne déguisé en reissue vintage pour nous
tromper et venir égorger dans nos bras nos fils et
nos compagnes.
Et effectivement les contrôles, s’ils sont disposés
comme sur une bonne vieille Gibson ne sont pas
une paire de volumes et une paire de tonalités. En
fait, il s’agit d’un master volume, d’un potard de
mélange des deux micros et d’une égalisation deux
bandes, graves et aigus. La pile 9 V est accessible
par une trape plastique (pas ultra élégante, mais
bon) située juste au dos de la basse.
La finition Gold est vraiment bien réalisée et surtout
soulignée par de très beaux filets, pas nécessairement
ostentatoires bien qu’omniprésents sur l’instrument.
Disons qu’à un gold hardware près, on tombait dans
un goût comment dire… différent. Finalement ici,
c’est très équilibré et les formes se répondent bien,
jusqu’à la tête qui aurait pu être étrange, mais qui
finalement est très agréable et finit bien la ligne de
la Corsair. La fabrication indonésienne est vraiment
bonne et la basse est plutôt légère, malgré ce à
quoi on pouvait s’attendre, avec un manche collé
et un corps somme toute bien plus grand qu’une
solid body de base (oui, mais il est partiellement
creux me direz-vous)...

MILLE MILLIARDS DE SABORDS

Le jeu en acoustique annonce clairement la couleur.
Ce ne sera pas une tannée ni un délire de nostalgique
du vintage façon « si c’est facile à jouer, c’est pas une
basse ». En effet le réglage d’usine, particulièrement
bien fait, nous facilite grandement la tâche et la basse
sonne déjà très bien, sans frise, tout en gardant les
cordes à une distance raisonnable du manche. La
position de jeu ne demande pas d’ajustement et,
comme on est sur un diapason 34 pouces, hormis
le petit décalage sur la gauche dû à la forme de
l’instrument, ça se joue comme n’importe quelle
basse. Le fait de disposer de deux micros permet
de varier les positions et de passer d’un son large
à un son plus pincé et dynamique.

61  BASSISTE
C’est branchée que la Corsair dévoile tout son
potentiel. Le son, avec tout au milieu, est bigrement
fort et ultra défini. On sent qu’on va passer un bon
moment. Le niveau de sortie est vraiment costaud
et on veillera à faire attention à l’équilibre avec
d’autres instruments sur un même set.
Toutes les fréquences sont présentes et bien
équilibrées. En tout cas, ça sonne d’emblée très
moderne en ce sens qu’on a ce petit côté creusé
qui flatte l’oreille et chatouille le bas ventre. Les
micros utilisés de manière individuelle récupèrent
chacun un peu de medium et sonnent comme
on s’y attend de la part de pavés. Le micro grave
est bien rond avec une attaque très charnue ; le
micro aigu, plus pincé, se révèle très bon quand
on commence à faire chauffer les lampes afin
de le salir un peu.
Bien entendu, tous les styles ne sont pas accessibles
avec cette basse, mais seulement ceux qui
réclament un son hyper fin ou super claquant.
De la même manière, le slap n’est pas évident, en
tout cas le mélange slap / pop, car l’architecture
de la basse ne permet pas vraiment d’utiliser une
position conventionnelle pour cette technique.
En revanche, le sustain est réellement énorme
et on peut aisément travailler la longueur de son
et maintenir très longtemps les fondamentales.
BASSISTE  62
C’est parfait pour les ballades, précisément les
morceaux les plus compliqués à gérer en studio,
notamment où on a besoin de maintenir de la
consistance tout le long de la mesure, quand
l’arrangeur a écrit des rondes et qu’on veut les
entendre. L’avantage ici c’est que ça sonne long
et rond sans devoir enclencher le compresseur. En
jouant avec l’égalisation, il est possible également
d’affiner le rendu pour récupérer par exemple un
peu de brillance ou aller chercher le côté sub des
vieilles Gibson.
Cette basse est vraiment une excellente surprise,
car elle brille par sa polyvalence là où on s’attendait
à un instrument juste typé. Pour le coup, elle ne
déborde pas de caractère, mais s’avère excessivement
maléable et surtout, elle propose un son direct, franc
et massif. Son prix incite plutôt à la modération,
d’autant qu’elle n’est pas fabriquée aux États-Unis,
mais c’est vraiment justifié en regard des prestations
offertes, ce qui n’est pas toujours le cas pour les
basses à manche collé. Une bonne affaire donc.
CONSTRUCTEUR
www.schecterguitars.com
IMPORTATEUR
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 Jeu de règles et cales pour

À L’ESSAI

MÉ
diagnostiquer un manche. Compatible

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avec tous instruments à cordes pincées.

RÉ
Music Nomad Precision Setup
Gauge Set

Bien mesurer pour bien regler

'
Par Didier Saint Grawal

L
e réglage d’une basse n’est pas une
chose qui s’improvise et certains
symptômes, comme la frise ou les
notes mortes, peuvent avoir plusieurs
causes (manche trop peu courbé,
frette trop haute, action trop basse…). Avant de
toucher à votre instrument et risquer d’empirer le
mal, il faut savoir ce qui cloche. Le set de règles
Music Nomad est là pour poser un diagnostic
précis.

UNE TROUSSE COMPACTE

L’ensemble est présenté dans une trousse qui
permet de tout ranger et surtout de ne rien perdre,
car il est vite fait de laisser traîner un outil et de
passer sa vie à le retrouver ensuite. Par ailleurs,
toutes ces règles sont des instruments fragiles
qui ne doivent absolument pas être déformés.
Au menu nous avons : une règle pour la courbure
du manche, un set de règles à radius, un jeu de suite. Un ensemble de qualité professionnelle, FABRICANT
www.musicnomadcare.com
cales pour vérifier la hauteur des cordes, un qui a certes un coût, mais qui permet de poser
jeu de cales pour vérifier la hauteur du sillet et des diagnostics précis et de gagner à la fois
un mediator qui sert de capodastre (c’est très du temps et de l’argent. C’est d’autant plus
intelligent d’ailleurs, mais on peut tout aussi bien vrai qu’on peut l’utiliser sur basse et guitares, IMPORTATEUR
opérer avec son capo habituel). Tout est calibré
avec une précision extrême et permet de poser
acoustiques et électriques.
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un diagnostic clair, d’autant que le kit comprend
un livret qui détaille toutes les opérations de
mesure et les réglages qui s’imposent par la

63  BASSISTE

BASS BAZAR
CD
PAUL McCARTNEY
McCARTNEY III
Capitol Records
Dix-huitième album studio pour Sir
Paul McCartney, qui complète ainsi une
trilogie entamée en 1970 avec l’album
McCartney et poursuivie au début
des années 80 avec McCartney II . Ces
éponymes se distinguent des autres œuvres du bassiste pour une
raison toute simple : l’ex-Beatles y a joué seul tous les instruments.
Cet album ne fait évidemment pas exception à la règle et l’on peut
constater, dès les premières notes, que Paul n’a rien perdu de sa
dextérité à la guitare folk (« Long Tailed Winter Bird »). Son sens
aigu de la composition n’est pas en reste : certains titres font la part
belle à de longs et saisissants passages instrumentaux où le piano
est admirablement mis en valeur, tandis que d’autres se veulent
plus « heavy » avec des riffs lourds et de la fuzz dégoulinante !
Vocalement, on sent le poids des années, il faut le reconnaître (tout
de même 78 ans pour le bougre), mais malgré tout, on constate un
gros travail sur les voix et les arrangements des chœurs (« Deep
Deep Feeling »). Bien entendu, Paul ne serait pas « Macca » sans
sa Höfner 500/1. Les cordes à filets plats ronronnent à tous les
étages : des lignes de basses saturées (« Slidin’ ») aux fills groovy
(« Deep Down »), il y a de quoi se régaler sans jamais tomber dans
la surenchère. Il ne nous reste plus qu’à espérer que notre vieil ami
nous ponde un quatrième volet de ses sessions solitaires, qui sont
ma foi, fort appréciables !
MÖRGLBL
20TH ANNÏVERSARY : LÏVE !!!
Autoproduit
Le Mörglbl Trio est l’un des rares
groupes français ayant réussi à
s’exporter hors de nos frontières en
proposant une musique exclusivement
instrumentale, mêlant metal, rock
et jazz fusion. Son univers s’est toujours inscrit dans un cadre
humoristique très décalé et derrière des titres de morceaux
constitués, la plupart du temps, de jeux de mots à deux balles, se
dissimulent de véritables pépites qui en scotcheront plus d’un ! Le
groupe, qui a désormais passé le cap des 20 années d’existence, a
voulu marquer le coup en offrant à ses fans un DVD live enregistré
au Forum de Vauréal. Pour l’occasion, le catalogue du trio est passé
en revue pour ne garder que le meilleur de sa discographie ! Entre
punchlines et blagounettes au micro, on se prend quelques pralines
musicales en pleine tronche. Il faut dire que nos loustics maîtrisent
BASSISTE  64
leur sujet depuis le temps et niveau virtuosité, Christophe Godin
(guitare), Aurélien Ouzoulias (batterie) et Ivan Rougny (basse) n’ont
plus grand-chose à prouver ! Côté basse justement, on est bien
servi avec un Ivan des grands soirs. Armé de sa Vigier 5 cordes,
le bassiste nous montre l’étendue de sa polyvalence avec du slap,
du tapping, une excellente maîtrise des harmoniques et des effets,
sans compter les solos qu’il donne ici et là. Ajoutez à cela la bonne
humeur des mecs qui ont constamment le sourire aux lèvres et l’on
passe un agréable moment. Des images et du son qui font du bien et
en cette période où les concerts nous manquent cruellement !
ADELINE
INTÉRIMES
Unity Rec
On l’a vue sur scène aux côtés
d’Anderson .Paak ou encore Cee Lo
Green, mais c’est en solo qu’Adeline
s’exprime le mieux. La Parisienne exilée
à New York depuis de nombreuses
années a sorti il y a quelques mois l’EP Intérimes, un pur condensé
de soul et de R’n’B. Nous nous devions de revenir sur cette pépite !
Ici, la bassiste chante en anglais et en français, avec une aisance
naturelle, et dévoile au passage un excellent travail de composition.
Basse en main, elle nous abreuve de grooves syncopés (« Middle »),
de lignes de basses ponctuées de superbes fills (« Twilight ») et
démontre également qu’elle sait utiliser les effets avec parcimonie
(« Just Another Day »). Bref, la demoiselle nous régale et lorsque
nous, bassistes, savons à quel point il est compliqué de combiner
avec brio basse et chant, cela force le respect. Et si en plus le talent
vient de chez nous... Cocorico !
COMB
VIOLENT HEART
Indépendant
Israël n’est pas le premier pays auquel
on pense lorsque l’on évoque le rock
instrumental... À tort, car il semblerait
que l’enclave méditerranéenne ait
son mot à dire en la matière ! C’est
par pur hasard (merci Internet !) que nous avons découvert Comb
et croyez-moi, ça vaut le détour ! Ce projet propose un répertoire
instrumental qui flirte dangereusement avec le metal, voire le djent.
Les compositions sont signées par le guitariste Jonathan Hazan
dont les idées ont mûri depuis le fin fond de sa chambre d’étudiant
en psychologie. Le garçon, biberonné à Pink Floyd, King Crimson
et consorts, a collectionné des riffs et des mélodies pour nous
régurgiter le tout dans un premier EP prometteur. La musique de
Comb condense riffs techniques et mélodies catchy, qui se traduisent
par des déflagrations sonores des plus audacieuses. Il suffit de se
pencher sur le titre « Joy Oblivion » pour être conquis ! Le jeune
musicien est accompagné par Yogev Gabay à la batterie, ainsi que
Lior Ozeri à la basse. Cinq cordes en main, Lior nous offre des lignes
vrombissantes où le jeu au médiator et les parties slappées sont
exécutées d’une main de maître. Pour parfaire le tout, la production a
été soignée par Yonatan Kossov dans les studios de Tel Aviv et il est
à souligner que Jens Bogren (producteur suédois, dont la réputation
n’est plus à démontrer) a également apporté sa patte en se chargeant
du mastering. À découvrir de toute urgence !
 VALERIE GRASCHAIRE
WRAP IT UP
Trebim Music
Ce quatrième album studio de Valérie
Graschaire aurait dû se retrouver
dans les bacs en avril 2020, mais les
circonstances sanitaires en ont décidé
autrement... Qu’à cela ne tienne, nous
avons enfin pu nous procurer ce Wrap It Up pour lequel la chanteuse
a recruté la crème des jazzmen français : Franck Agulhon derrière
les fûts, Pierre-Alain Goualch aux claviers (qui signe aussi l’essentiel
des compositions), Manu Codjia à la guitare et Diego Imbert que
l’on connaît bien ici pour les tutos pédagogiques qu’il a pu proposer
dans Bassiste Magazine. À souligner également l’apparition d’un
autre bassiste bien connu de la rédaction, Fabrice Ach, en tant que
choriste s’il vous plaît ! La voix sensuelle de Valérie se mêle avec
élégance au jeu du quartet ; elle s’approprie les harmonies et les
mélodies, confirmant que le jazz n’est pas uniquement l’apanage des
instrumentistes (« No Matter »). Diego Imbert, que l’on a l’habitude
de retrouver à la contrebasse, se consacre ici principalement à la
basse électrique. Fender Precision en main, on se délecte de ses
lignes moelleuses ponctuées de fills bien « smoothy » sans oublier
les graves profonds lorsque l’octaver s’enclenche (« Simple Story »).
Le bassiste se fend même d’un chorus en milieu d’album (« Inner
Colors ») pour notre plus grand bonheur. Wrap It Up s’inscrit dans
la modernité, en proposant un jazz teinté de groove et d’electro. Un
régal !
DOMINIQUE GRIMALDI
PULSE PERSPECTIVE
Signature – Radio France
Pour ceux qui le découvriraient en
lisant ces lignes, Dominique Grimaldi
est un bassiste au CV bien rempli. Ce
musicien professionnel a travaillé avec
de grands noms de la musique tels
que Renaud, Alain Bashung, Carole King ou encore Dave Stewart.
Son œuvre solo compte déjà de nombreux albums et sa carrière
pédagogique n’est pas en reste, puisqu’il est également professeur
au conservatoire de Paris. C’est avec Pulse Perspective que le
musicien refait surface, telle une lame de fond prête à vous engloutir
sous ses ondes sonores. Les compositions de cet album s’inscrivent
dans un registre minimaliste et contemporain, où l’artiste cherche
à vous immerger dans un univers cinématographique. À travers
le jazz, la world, les sons électroniques, Dominique dépeint des
ambiances flirtant avec le polar noir, tout en laissant libre court à
l’improvisation. La basse constitue bien évidemment la colonne
vertébrale des morceaux, poussant parfois le minimalisme jusqu’à
son paroxysme, grâce à des ostinatos sur lesquels viennent s’ajouter
des couleurs vibrantes apportées par la clarinette, le vibraphone et
les percussions. Visuel, sonore, moderne, l’ambition de Dominique
Grimaldi est de vous faire découvrir son monde juste en fermant les
yeux. Un concept qui fait inévitablement mouche avec cet album.
FOO FIGHTERS
MEDICINE AT MIDNIGHT
Sony Music
27 bougies au compteur pour les
Foo Fighters et un dixième album
studio à leur actif. On est en droit de
se demander comment, après tant
d’années, ce groupe peut-il encore
surprendre ? Le sextet (eh oui, le claviériste Rami Jaffee a intégré le
combo de manière officielle en 2017) s’est une nouvelle fois attaché
les services de Greg Kurstin, qui n’a pas son pareil pour faire sonner
une batterie et mettre en valeur les guitares acérées de Dave Grohl,
Chris Shiflett et Pat Smear. Celui qui tire son épingle du jeu, c’est bien
évidemment Nate Mendel, dont la basse se place admirablement
dans le mix, et même si les envolées mélodiques auxquelles il nous
a habitués, sont moins présentes qu’à l’accoutumée, le bassiste
a su se réinventer sur certains grooves plus dansants et festifs
qui dénotent. Les aficionados diront qu’on est loin de l’époque
« Everlong » et « Times Like These » où les single faisaient mouche
à tous les coups ; mais on ne peut que saluer cette volonté de ne
pas se reposer sur ses acquis. Le groupe cherche encore à se
renouveler tout en sauvegardant les composantes essentielles
de son ADN. La première écoute ne sera peut-être pas suffisante,
mais vous savez ce qu’on dit : il faut toujours laisser sa chance au
produit... !
ALBERTO RIGONI
FOR THE LOVE OF BASS
MVD Audio / Disk Union
Alberto Rigoni est probablement
l’un des bassistes italiens les plus
prolifiques. Que ce soit en groupe, en
solo, ou au travers de collaborations
ponctuelles, on ne recense pas loin
d’une trentaine d’albums dans sa discographie, auxquels vient
s’ajouter ce nouvel effort. Sobrement intitulé For The Love Of Bass,
l’opus met en scène Alberto entouré d’une pléiade de guests. En
effet, le Rital a invité une dizaine de bassistes du monde entier et
pas des moindres ! On retrouve au fil de l’écoute les virtuoses de
la basse fretless que sont Tony Franklin et Michael Manring, les
adeptes du slap et du groove avec Lars Lehmann, Doug Wimbish,
Cody Wright, les incontournables bassistes de session Nathan
East et Leland Sklar, et pour finir Adam Nitti, Mohini Dey et David
Pastorius (le neveu de qui vous savez...) viennent compléter
l’équipe. Ces musiciens se succèdent tour à tour aux côtés d’Alberto
pour interpréter des compositions originales ou des reprises (« Mad
World » de Tears For Fears, « Misirlou » de Dick Dale) dans le
plus simple appareil : de la basse et uniquement de la basse. Le
style musical est dans l’ensemble résolument expérimental et il y
en a pour tous les goûts. De la 4 à la 6 cordes, en passant par les
loops, les effets saturés ou synthétiques, vous serez abreuvés en
fréquences graves ! Certains préfèreront passer leur chemin pour
éviter l’indigestion, mais si vous êtes friands de pièces musicales
où la basse se décline en duo dans un vocabulaire virtuose, vous en
aurez pour vos deniers.
65  BASSISTE
SOMMAIRE
DES PARTITIONS
EN VIDÉO :
67 FRANÇOIS C. DELACOUDRE
Injectez du blues dans votre groove
69 FRANCK HERMANNY
Sweeping & slap (Part 1)
74 FABRICE DONNARD & MAX REBO
Développez votre horloge interne
77 BRUNO RAMOS
Améliorez vos fills avec les chromatismes

EN COMPLEMENT :
79 BRUNO RAMOS - FOO FIGHTERS : « CHASING BIRDS »

BASSISTE  66
 BASS PLAYER

FRANÇOIS C. DELACOUDRE

INJECTEZ DU BLUES DANS VOTRE

GROOVE
On peut groover sa race tout en ayant le blues, et c’est justement le sujet de nouveau tuto concocté par l’ami
François C. Delacoudre (Soho Riot, United Guitars, Ex-Laura Cox Band). L’idée, c’est de vous installer dans un
bon groove en surfant sur votre penta (en l’occurence de La mineur) et d’injecter des sonorités bluesy pour
relever la sauce. À vos manches!

= 90
Groove Principal

X 3 X X 3 X
5 0 0 3 5 0 0 3

Ligne 1

X 3 X X 3 X
5 0 0 3 5 0 2 3

H P H P P
Ligne 2

H P H P P

X 4 5 4 5 4 0
X 3 X X 3
5 0 0 3 5

P H
Ligne 3

P H

67  XBASSISTE
5
4 3 X 4 3 X 3 4
5 3 0 3 5
 X 3 X X 3 X
5 0 0 3 5 0 2 3

BASS PLAYER
Ligne 2
H P H P P

H P H P P

X 4 5 4 5 4 0
X 3 X X 3
5 0 0 3 5

P H
Ligne 3

P H

5
4 3 X 4 3 X X 3 4
5 3 0 3 5

sl.
sl.
Ligne 4

sl.
sl.
6 5
X 3 X X 3 4
5 0 0 3 5 X 3

Ligne 5

X 3 X X 3 X 6 5 3
5 0 0 3 5

Ligne 6

X 3 X X 3 X 5 6 7 6 5
5 0 0 3 5

BASSISTE  68
 FRANCK HERMANNY
SWEEPING & SLAP (PART 1)
On ne presente plus Franck Hermanny, virtuose de la basse d’envergure internationale, qui a notamment
enregistré et tourné avec le groupe Adagio. Dans cette leçon, Franck démontre à nouveau que groove et
technique peuvent se conjuguer, et décortique pour vous quelques plans bien corsés dont il a le secret,
et qui utilisent le sweeping et le tapping. On y va !

Standard tuning
= 120
P P
P P
H
Sweeping
sl. H
H sl.
P

6 7 6 7
P P H P P
H sl. H P sl.
17 21 24 22 17 12 16 21 16 12
19 19 14 14
19 19 14 14
17 20 20 17 12 15 15 12

P P
H P P
H
H
P P sl.
sl. H

6 7 6 7
H P P H P P
H P sl. H P sl.
15 19 22 19 15 10 14 19 14 10
17 17 12 12
17 17 12 12
15 18 18 15 10 13 13 10

P P
H P P
H
H
P sl. H P sl.

6 7
6 7
H P P H P P
H P sl. H P sl.
13 17 22 17 13 8 12 17 12 8
15 15 10 10
15 15 10 10
13 16 16 13 8 11 11 8

H P P
P P
H

H P sl. H P

6 7
6 7
H P P H P P
H P sl. H P

69  BASSISTE
11 15 20 15 11 6 10 15 10 6
13 13 8 8
13 13 8 8
11 14 14 11 6 9 9 6
 15 15 10 10
15 15 10 10
13 16 16 13 8 11 11 8

H P P
P P
H

H P sl. H P

6 7
6 7
H P P H P P
H P sl. H P
11 15 20 15 11 6 10 15 10 6
13 13 8 8
13 13 8 8
11 14 14 11 6 9 9 6

6 3

3
<4> <3.2> <4>
<4> <3.2> <4> <2.7>
<4> <3.2> <2.7> <3.2>
<4> <3.2> <2.7>
3 (3)

SLAP

9 6 9 12
3 5 8 8 8 5 8 11
X 0 5 5
0 1 X 3 0 5 X 5 0 9 0 12

let ring
P
X X 12 X 12 X 11 7 7 6 17 17 17 17 12
0 12 (X) X X 7 15
15

let ring let ring

7 9 12 18 18
5 5 8 11 11 17
0 6 X 0 9 X 0 12 X 0 17

sl.

3 3 3 3 3 3 3

BASSISTE  70 7 7 7 7 7 7 7 5
sl.
17
X X X X X X X X
 5 5 8 11 11 17
0 6 X 0 9 X 0 12 X 0 17

sl.

3 3 3 3 3 3 3

sl.
7 7 7 7 7 7 7 5 17
X X X X X X X X
5 X X 5 X X 5 X X 5 X X 3 (3) 15

sl. sl.

sl. sl.
9 6 9 12 15
3 5 8 8 8 5 8 11 14
X 0 5 5 5
0 1 X 3 0 5 0 9 9 12 12 15

3
let ring
X 14 <19> <7> <5>
X <19> 0 X <7> <7> <5>
13 X 12 10 X 5 6

6
6

5 5 3 (3) 3 7 7 7 7 (7) (7) 7 7 6

5 5 X 7 7 X 7 X X X
3 3 0 3 0 3 5 0 5 0 5

Fingerstyle

let ring let ring

<2.4> <5> <7>
<2.4> <5> <5> <3.2> <3.2>
<5.8> 5 X 5 7 X 8
3

sl. sl.

sl. P
sl.

71 20 BASSISTE
7 9 12 9 14 22 17
7 10 15 19 19
(8) 10 0
 <5.8> 5 X 5 7 X 8
3

sl. sl.

sl. P
sl.
7 9 12 9 14 22 17
7 10 15 19 19
(8) 10 20 0

AH
19 (19) (19) (19) (19) 19 (19) (19) 18 18 <23>
19 (19) (19) (19) (19) 19 (19) (19) 19 19 <31>
18 X X X 17 X X 17

sweeping sweeping sweeping

H
H sl. P P

sl.

3 3
let ring let ring H sl. P
sl.
H P
<5> <4> 7 9 10 9 10 14 19 14 10
<5> <5> <3.2> <3.2> 7 10 12 12
5 X 5 7 X 8 (8) 8 10 12 12

P P

P
SLAP

P P
P
14 12 22 21 19 18 X 5 (5) 13
12 12 19 X
13 X 20 19 17 16
3 0

sl. P
sl. P
sl.

3
let ring let ring sl. P
sl. sl. P
<5> X 7 9 14 10 14 19 17 14
<5> <5> <3.2> X 7 12 15 15
5 X 5 7 X 8 (8) 12 17 17 15

H P

BASSISTE  72
let ring
 <5> <5> <3.2> X 7 12 15 15
5 X 5 7 X 8 (8) 12 17 17 15

H P

let ring
H P
H
10 12 10
14 14
13 0 13 13

P
P

sl.
sl.

let ring let ring

P P
sl. sl.
15 18 15 18 21 24 21 18
17 17 20
15 16 16 18 19

F Minor G over F
P H P H
P H P H
P H P H

6 6
P H P H
P P H H P P H H
22 17 13 13 15 19 16 12 12 16
15 22 15 13 13 15 22 15 17 15 12 12 15 17
15 20 15 13 15 20 14 17 14 10 14 17

G ° over F
P
P H P
P H
H
P H

6
P H P A suivre...
P P H H H P
18 15 12 12 15 17 13
14 17 14 11 11 14 17 14 15 18 15
13 16 13 10 13 16 15

73  BASSISTE
 FABRICE DONNARD & MAX REBO
DÉVELOPPEZ VOTRE HORLOGE INTERNE

Pour cette nouvelle intervention dans Bassiste Magazine, Fabrice Donnard n’est pas venu seul. Il a
embarqué dans l’aventure son pote batteur Max Rebo, que vous retrouverez dans la vidéo. Ensemble,
ils développent l’un de leurs exercices favoris : faire tourner des grooves avec un click (tous les temps,
tous les deux temps et toutes les mesures), en corsant l’histoire avec des décalages rythmiques d’une
croche ou d’une double croche. Un excellent moyen pour développer votre horloge interne.

= 100
GROOVE 1

= 100
5 7 8 9
GROOVE 17 X 5 7 X X X 5 X 7 X 5 7 X X X X X X
5 6 7 X 7 5

GROOVE 2 = 100
5 7 8 9
GROOVE 17 X 5 7 X X X 5 X 7 X 5 7 X X X X X X
5 6 7 X 7 5

GROOVE 2
5 7 X X 5 7 X X 5 57 78 9
7 X 5 7 X X X3 X X X 5 57 X X X 7 X 5 7 X X X X X XX X XX
5 X X X 5 6 7 X 7 5 5 X X X 3 2

GROOVE 32
GROOVE
5 7 X X 3 5 7 X X 3 3 5 7
3 3 X X X 5 7 X X 3 X X X X
5 X X X 5 X X X 3 2

3 3 3
GROOVE 3
5 7 X X 3 5 7 X X 3 3 5 5 7 7
3 35 X X5 X 5 75 X 7X 3 X X X X
5 X5 X 7X 5 X 5X X7 3 32 5
5 5 5 5 5

3 3 3
Exercice
GROOVEmise
3 en place décalage à la croche
3 3 3 5 7
3 5 5 5 7 3
5 7 5 7 3 5
5 5 5 5 5

3 3 3
Exercice mise en place décalage à la croche
5 7 7 5 7 5 77
5 5 35 7 3
5 3 5 5 7 5 3 5 5 3 55 7 3 5 3 55
5 5 5 5 5

Exercice mise en place décalage à la croche

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 7 5 3 5 7 5 5 3 5 7 5 3 5 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

BASSISTE
5
 74 3 5
5 7
5 3 5
3
7
5 5 3
5 7
5 3 5
3
7
 5 7
5 5 5 7
5 7 5 7 3 5
5 5 5 5 5

Exercice mise en place décalage à la croche

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 5 3 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

= 100
Exercice mise en place décalage à la double

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 5 3 5 3 5 5 5 3 5 3 5

75  BASSISTE
 5 7 7 5 7 7
3 3
5 3 5 5 3 5 5 3 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
5 5 3 5 3 5 5 5 3 5 3 5
5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

5 7 7 5 7 7
3 3
3 5 5 5 3 5 3 5 5 5 3 5

Copyright © Fabrice Donnard 1/1

All Rights Reserved - International Copyright Secured

Copyright © Fabrice Donnard 1/1

BASSISTE  76 All Rights Reserved - International Copyright Secured
 BRUNO RAMOS
AMÉLIOREZ VOS FILLS AVEC LES
CHROMATISMES
Dans cette vidéo, je vais vous définir ce que sont les chromatismes, à savoir un réel allié du bassiste.
Les innombrables lignes mythiques qui les utilisent en attestent : « Sir Duke » de Stevie Wonder,
« I Want You Back » des Jackson Five, « Aeroplane » des Red Hot Chili Peppers, etc.
Pour rappel, « Fill » est un mot anglais qui désigne un mini solos permettant de ponctuer la musique ou de
marquer l’arrivée d’une transition. Le backing track est inclus dans la vidéo. À vous de jouer !

= 110
A
H
A7

H
5 6
X 7 7 7 7 5
X 5 6 7 X 5 6 7 7
5 5 5 5 5 5 5 5

B
H

X 7 7 7
X 5 6 7 X 5 6 7 3 4
5 5 5 5 5 5 5 5 5 3 0

C
sl.

sl.
H
5 6 5 6
X 7 7 7 5 7 4 5 4 5 X 5 X 6 7
X 5 6 7 7 7
5 5 5 5 5 5

X 7 7 7 7
X 5 6 7 X 5 6 7 4 5 6 7 7
5 5 5 5 5 5 2 2 3 3 4 4

E
77
H
 BASSISTE
H
 X 7 7 7 5 7 4 5 4 5 X 5 X 6 7
X 5 6 7 7 7
5 5 5 5 5 5

X 7 7 7 7
X 5 6 7 X 5 6 7 4 5 6 7 7
5 5 5 5 5 5 2 2 3 3 4 4

E
H
H

H
H
5 6
X 7 7 7 4 5 7 5
X 5 6 7 X 5 6 7 7 5
5 5 5 5 5 5 5 5

4 5 6
X 7 7 7 X 4 4 5 5 6 6 7 7 7 4
0 0 X 5 6 7 7
5 5 5 5 X 5 X 5

G
sl. sl. sl.
sl. sl.

sl. sl. sl. sl. sl.

X 7 7 7 12 11 10 9 8 7
X 5 6 7 12 11 10 9 8
5 5 5 5 5 5 5 10 9 8 7 6

H
sl.

3
sl.
11 12 11 12
X 7 7 7 10 11 10 11 7 5
X 5 6 7 7 6 5 3
5 5 5 5 5 5 X 5 X 5 5 3 0

I
A7 D E Bm A7

3 4 5 9 8 7 7
5 5 9 8 7 X 3 X 4 5

BASSISTE  78
 FOO FIGHTERS : « CHASING BIRDS »
Le bassiste Nate Mendel n’est pas le membre le plus extraverti des Foo Fighters, et pourtant,
ses lignes de basse pèsent lourd dans l’efficacité des chansons. C’est assurément le cas avec
« Chasing Birds ». La basse laid-back de Mendel contraste ici avec le grosse caisse plus « busy » du
batteur Taylor Hawkins, d’où ce feeling étrange de ballade pop anglaise jouée avec une sensibilité
US. Dans le style aussi bien que dans l’intention, Mendel s’inspire de Paul McCartney et une
chose est certaine : jouer cette belle ligne de basse est un pur plaisir !

= 72 Transcription : Bruno Ramos

Intro Couplet 1
Dmaj7 Bm7 Em7 A

5 5 7 7 7 7 7
5 7 5 5 5 5 5 5 5 5

Dmaj7 Bm7 Em7 A sl.

H

H sl.

7 7 9
5 5 7 7 7 7 5 7 7 7
5 7 5

Refrain
Em7 A Bm7 A G#

5 7 7 7 9
7 7 7 7 7 7 7
7 5 5 5 4 4 7 4 4 4

G D F#m Bm G# G
16

4 4
7 5 5 4 2 2 2 2
3 3 3 7 4 4 4 4 3 3 3 3

Couplet 2
Dmaj7 Bm7 Em7 A

5 
5
79 5 BASSISTE
5 5 5 5 7 7 7 7 7 7
5 7 7 7 7 5 5 5 7
 4 4
7 5 5 4 2 2 2 2
3 3 3 7 4 4 4 4 3 3 3 3

Couplet 2
Dmaj7 Bm7 Em7 A

5
5 5 5 5 7 7 7 7 7 7
5 7 7 7 7 5 5 5 5 5 7

Dmaj7 Bm7 Em7 A

5
5 5 5 5 5 5 7 7 7 7 7 7 7 7
5 7 7 7 5 5 5 7

Refrain
Em7 A Bm A G#

5 7 7
7 7 7 7 7 7 7 7 2
5 5 5 5 7 7 5 5 4 4 4 4 4 4

G D F# m Bm G# G
sl.

sl.

4 4
2 5 5 4 2 2 2 2
3 3 2 4 4 4 4 4 4 0 3 3 3

Pont
D Em7 G sl. D A

sl.

5 5 5 0 2 5 7
5 0 0 2 3 3 5 5 3 2

Em7 G sl. D A Em7 G

H sl.

sl. H sl.

0 2 5 7 9 0 2
0 0 2 3 3 5 5 3 2 0 2 3 3

Couplet 3
Dmaj7 Bm7 Em7 A

5 5 7 5 7
5 5 5 5 7 7 7 7 7 7
5 7 7 7 5 5
BASSISTE  80
Refrain
 sl. H sl.

0 2 5 7 9 0 2
0 0 2 3 3 0 2 5 7 9 5 5 3 2 0 2 3 3 0 2
0 0 2 3 3 5 5 3 2 0 2 3 3

Couplet 3
Couplet 3
Dmaj7 Bm7 Em7 A
Dmaj7 Bm7 Em7 A

5 5 7 5 7
5 5 5 5 7 7 7 7 5 7 5 7 7 5 7
5 5 5 5 7 7 7 5 7 7 7 7 7 5 5 7
5 7 7 7 5 5

Refrain
Refrain
Em7 A Bm A G#
Em7 A Bm A G#

5 7 7
7 7 7 5 7 7 7 7 2 2
7 7 7 7 5 7 5 5 7 5 5 5 4 2 4 4 4 2
5 5 5 7 5 5 5 4 4 4 4

G D F# m Bm G#
G D F# m Bm G#

7 5 5 4 2 2 2 2 2 2 2
3 3 3 3 7 7 5 5 2 2 4 2 2 2 2 2 2 2 2 4 4 4 4 4 4 4 0
3 3 3 3 7 2 2 2 4 4 4 4 4 4 4 0

G sl. D Bm sl. B C

sl. sl.

2 5 5 5 5 5 5 9 7
3 3 3 7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 8

Outro
D Bm sl. B C

sl.

5 5 5 5 5 5 9 7 9
7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 6 8

D Bm sl. B C

sl.

5 5 5 5 5 5 9 7 9
7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 8

D Bm sl. B C

sl.

5 5 5 5 5 5 5 9

81  BASSISTE
7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 6 8 8
 sl.

5 5 5 5 5 5 9 7 9
7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 8

D Bm sl. B C

sl.

5 5 5 5 5 5 5 9
7 7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 6 8 8

D Bm B C

5 5 5 5 5 9 7 7 9 7 9 8
7 7 7 7 7 6 6 6 6 6 8

D Bm sl.
B C D

sl.

5 5 5 5 7 5 9 7 9 5
7 7 7 7 7 7 9 6 6 6 6 6 8

BASSISTE  82