AVRIL 2018

N°186

MENSUEL - BELGIQUE 9,50 € - SUISSE 13,50 FS - CANADA 14,00 $ - LUX. 10,00 €

P.04 LE SAMPLER PORTABLES INSUPPORTABLES
P.06 COURRIER DES LECTEURS
P.08 LES DIX COMMANDEMENTS :
Lors des derniers concerts de Metallica à Bercy en septembre
2017, j’ai été proprement sidéré – le mot n’est pas trop fort –

MIKE PORTNOY (SONS OF APOLLO)

par le fait que, dans la salle, 80% des spectateurs passent le plus
clair de leur temps à prendre des photos avec leurs portables.

P.10 LE PURGATOIRE : ANNIHILATOR

Ce n’était pas la première fois que j’étais témoin d’une telle
scène (il m’arrive de sortir de chez moi de temps en temps),

P.12 TELEX : L’actu métallique

mais la popularité de Metallica aidant, ces shows parisiens

P.16 DE + EN + NET
étaient « the place to be ». Vous comprenez, il fallait dire aux
copains qui n’avaient pas eu la chance de pouvoir s’offrir un

DR
P.18 TOUTE PREMIERE FOIS :
billet qu’on y était. Pour les faire baver tout en se faisant
mousser. Et pour cela, quoi de mieux qu’une belle photo bien naze de la scène ou

DAVID VANIAN (THE DAMNED)

un immonde selfie pixellisé ? Une mer de portables, voilà pour l’affligeant spectacle

P.21 I LIKE TO MOVIE, MOVIE :

qui nous avait alors été réservé. Pas plus tard que vendredi dernier, le 23 mars,
j’assistais au concert que Phil Campbell et ses « bâtards » de fils donnaient au

TOSCHIE (AUDREY HORNE)

Forum de Vauréal (chronique dans le prochain RH). Devant moi, un quinqua en
costard qui, la moitié du set, a passé son temps à filmer, flou qui plus est car il

P.22 CALENDRIER DES FESTIVALS

n’arrivait généralement pas à faire le point, et avec une tablette ! Oui, une tablette,
pas un portable… Pratique pour les spectateurs placés derrière lui, pour lesquels il

LES INTERVIEWS :
n’avait aucune considération, au mépris de la plus élémentaire courtoisie. Dans ce

P.24 A PERFECT CIRCLE

numéro, deux artistes s’érigent, avec force et à raison, contre cet usage des temps
« modernes » qui ne semble étonnamment plus gêner grand monde tant il est

P.29 DISCONNECTED
devenu un mode classique de fonctionnement.

P.30 THE DEAD DAISIES

« Je trouve ça pathétique, et ça ne date pas d’hier. J’ai sans doute été le premier à
demander aux spectateurs de ranger leurs téléphones. Mais bon, j’ai vite compris que

P.32 TESSERACT
ça ne servait à rien. C’est l’époque qui veut ça. Chez beaucoup, le téléphone a plus

P.34 SUIVEZ LE GUIDE !

d’importance que le cerveau. Ils utilisent leur téléphone partout. Des smartphones
entourés de crétins... » (Bernie Bonvoisin/Trust)

MOTLEY CRUE
« Je comprends qu’on ait envie d’avoir un souvenir. Mais filmer en permanence en

P.36 AURI / NIGHTWISH

tenant son téléphone en l’air et empêcher ainsi les autres de profiter du concert : nous

P.40 ABDUCTION
n’en voulons pas. C’est si malpoli ! Ça me fait me demander pourquoi ces spectateurs
sont venus au concert. Venir voir un groupe en concert, c’est une démarche. Nous

P.42 BLACKBERRY
sommes censés être ensemble et ça ne dure qu’un bref instant. Profitons de ce moment
pour entrer en contact les uns avec les autres » (Billy Howerdel/A Perfect Circle)

SMOKE
A Perfect Circle a récemment fait virer des spectateurs qui passaient leur temps à

P.44 PRIMORDIAL
emmerder leurs voisins en filmant en permanence. D’autres groupes ont recours à

P.47 VENIN
un système moins expéditif, mais tout aussi efficace, les spectateurs devant mettre
leur téléphone dans une pochette scellée qui sera débloquée à la sortie... Mais

P.48 MONSTER MAGNET

dans quel monde vit-on ??? Le retour au Moyen-Âge, c’est aujourd’hui (ce sera
également le mois prochain dans nos colonnes, si, si…), ici, maintenant.

P.50 BLACK STONE

CHERRY
Ça n’a pas encore été annoncé officiellement, mais nous pouvons révéler que la
plupart des salles françaises seront bientôt équipées d’un système dissuasif capable

P.52 HANGMAN’S CHAIR

de détecter les ondes et vibrations qui, dès lors qu’un spectateur passera trop de
temps à filmer un spectacle quel qu’il soit (concert, pièce de théâtre, etc.), arrosera

P.54 MARILLION
abondamment ce dernier avec un liquide bleu indélébile.

P.57 TRUST
Nous voilà prévenus.

P.60 LOFOFORA
Sur ce, bonne lecture de ce numéro d’avril. Sans portable, on l’espère !

P.62 RIOT V
PHILIPPE LAGEAT

P.64 CRISIX 39, rue Santos Dumont - 75015 Paris

P.66 GIGS YOUR ASS !

Tél : 01.40.28.43.41 - Fax : 01.40.43.02.98

Orphaned Land + Myrath

Directeur de la publication : Marc Villalonga (marc@rockhard.fr)

+ Steven Wilson + Black

Rédacteur en chef : Philippe Lageat (phil@rockhard.fr)
Rédacteur en chef adjoint : Morgan Rivalin (morgan@rockhard.fr)

Label Society + Rhapsody

Rédaction : Charlélie Arnaud, Benji, François Blanc, Emmanuel Hennequin, Julien Monsenego,
Guillaume Fleury - Photographes : Marc Villalonga, Nidhal Marzouk

+ Avatar + Korpiklaani
Directrice artistique : Vanessa Girth (vanessa.rhmag@gmail.com)
Publicité « musique » : Vanessa Girth / e-mail : vanessa.rhmag@gmail.com

+ Malemort
Courrier : redaction@rockhard.fr

P.72 KRONIKS CDs

Rock Hard est une publication de : GRANDS MALADES EDITIONS SARL de presse au capital de 320
Euros (Ça en fait du pèze, ça !) RCS : Paris B 435 205 364 (2001B05771) - SIRET : 435 205 364 00019

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P.93 MUSÉE DE CIRE

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Calendrier des concerts

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P.96 ANCIENS NUMÉROS

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 Sur chaque sampler figure un morceau extrait de la démo d’un groupe francophone non signé.
Espérons que ce petit « coup de pouce » attire l’attention des labels et autres maisons de disques
et débouche sur des signatures. Jeunes combos, n’hésitez donc pas à nous envoyer vos démos
(CDs uniquement) agrémentées d’une bio complète et d’une photo à l’adresse suivante :
Rock Hard/Strass - Démos Sampler - 60, rue Brancion - 75015 Paris. Bonne chance !
1 - DIMMU BORGIR
« Interdimensional Summit »
« Dimmu Borgir Feat. Nightwish » ? C’est un visage plus
symphonique que jamais que Dimmu Borgir affiche sur
cet extrait d’Eonian (sortie le 04/05), successeur d’un
Abrahadabra paru il y a près de huit ans. Qui aime le
générique de la Ligue des Champions va adorer
2 - BLACK STONE CHERRY
« Interdimensional Summit » !
« Burnin’ »
Après Black To Blues (2017), un EP réussi sur lequel
Black Stone Cherry rendait hommage à ses influences
bluesy, le nouveau « bijou de famille » en provenance
directe du Kentucky est un disque tout simplement
nommé Family Tree (sortie le 20/04). C’est la cerise…
3 - AMORPHIS
sur le morceau de poulet frit !
« The Bee » (Edit)
Sur leur 13ème album, les Finlandais d’Amorphis mettent
les petits plats dans les grands et agrémentent leurs
compos mélancoliques d’éléments orchestraux plus
prononcés qu’avant. « The Bee » le prouve : Queen Of
Time (sortie le 18/05) possède suffisamment de miel
4 - SKINDRED
pour évoquer le sort des abeilles.
« Machine » (Feat. Phil Campbell)
Un tremblement de terre de 347 sur l’échelle de
Richter se profile le 27/04, jour de la sortie de Big
Tings, le nouvel opus des foufous gallois de Skindred.
La six-cordes de Phil Campbell (Motörhead) apparaît
sur « Machine », générique de Cars That Rock, l’émission
5 - ANTHRAX
de télé de l’ex-AC/DC Brian Johnson.
« Breathing Lightning » (Live - Edit)
Capté en 2017 à Glasgow, le CD/DVD/Blu-ray live
Kings Among Scotland (sortie le 27/04) est fidèle à ce
show de deux heures qui a notamment vu Anthrax jouer
l’intégralité du classique Among The Living (1987). Des
interviews, un making of ou encore un artwork en forme
6 - MONSTER MAGNET
de clin d’œil à Kiss viennent compléter le tableau.
« Ejection » (Robert Calvert)
Après « The Right Stuff » sur Monolothic Baby il y a 14
ans (déjà !), les fans de l’ex-Hawkwind Robert Calvert
que sont Dave Wyndorf et Monster Magnet nous
offrent une version musclée du délicieusement 70’s
« Ejection » sur Mindfucker, nouvel album studio du
7 - HANGMAN’S CHAIR
Monstrueux Aimant disponible dès maintenant.
« Naive »
Comme son titre l’indique, Banlieue Triste, le 5ème
album de Hangman’s Chair, n’est pas sans évoquer la
froideur de la banlieue parisienne. « Naive » incarne la
facette la plus directe de cette formation stoner/
sludge qui, en juin prochain, administrera une dose de
8 - BULLET
mélancolie au Download Paris.
« Ain’t Enough »
Après le flipper Metallica, la bière Iron Maiden ou les
cordes d’air guitar Kiss (si, ça existe !), voilà que
débarque... le « couscous Bullet » ! Ça va vraiment trop
loin… Dernier méfait en date du groupe hard & heavy
suédois, Dust To Gold rend hommage à son rutilant
tour-bus Volvo de 1964. Sortie le 20/04.
4
9 - BEHEMOTH
« Blow Your Trumpets Gabriel » (Live - Edit)
Avec leur tout nouveau CD/DVD/Blu-ray live Messe Noire
(sortie 17/04), les Polonais de Behemoth referment en
beauté le cycle The Satanist (2014). On y retrouve ainsi
moult clips, mais surtout pas moins de deux concerts de
2016 donnés dans le cadre du festival Brutal Assault et à
10 - MOS GENERATOR
domicile, à Varsovie.
« Shadowlands »
Gage de qualité, le morceau-titre de Shadowlands,
nouveau Mos Generator attendu le 11/05, a été testé et
peaufiné sur scène. Sur ce 7ème opus, le trio US revendique
l’influence du heavy rock des 70’s, mais aussi du rock
progressif et du rock underground des 80’s et des 90’s.
11 - KOBRA AND THE LOTUS
Psyché-délice en vue !
« Losing My Humanity »
Un album de Kobra And The Lotus peut en cacher un
autre ! Le groupe hard/heavy metal canadien emmené par
la chanteuse Kobra Paige donnera un successeur à Prevail
I (2017) le 27/04. Son titre ? (roulements de tambour)
Prevail II ! Etonnant, non ? Il a été produit par Jacob
12 - CRISIX
Hansen (Volbeat, Amaranthe).
« Get Out Of My Head »
« Ces gars-là riffent comme on court un 100 mètres » :
difficile de mieux décrire la musique affectionnée par
Crisix qu’avec cette citation de l’ami Charlélie Arnaud.
Encore et toujours, les cinq Espagnols ne font pas de
quartier sur leur nouvelle offrande aux dieux du thrash
13 - ABDUCTION
intitulée Against The Odds.
« La Grande Illusion » (Edit)
A la fois éthéré et sauvage, le black metal pratiqué par les
Frenchies d’Abduction est assurément personnel.
Quiconque osera prétendre le contraire risque de se faire
voler dans les plumes, voire de se prendre un coup de
bec ! A l’Heure Du Crépuscule, le deuxième album de la
14 - FOLLOW THE CIPHER
formation, est arrivé sur Terre.
« The Rising »
C’est confirmé : les Suédois en connaissent un rayon en
matière de metal über accrocheur. Il suffit d’écouter l’album
éponyme de Follow The Cipher (sortie le 11/05) dont la
chanteuse, Linda Toni Grahn, serait capable de reproduire
des ultrasons uniquement perçus par les dauphins. Dur à
DECOUVERTE DU MOIS : 15 - SILVER MACHINE
vérifier...
« Bite The Blade » (Edit)
Jonzac : son casino, son château, son eau thermale, son Silver Machine... Des
influences aussi larges que Rainbow, Slayer, AC/DC, Manilla Road ou encore
Bathory sont revendiquées par ce groupe dont l’EP IV - Gamma Geminorum
(2017) a été mis en son par Neb Xort (Anorexia Nervosa, Ultra Vomit). Cette
version raccourcie de « Bite The Blade » (plus de huit minutes dans sa version
d’origine) donne un bon aperçu du metal polymorphe cher au cœur du quintet.
Extrait du EP IV - Gamma Geminorum
Web : facebook.com/silvermachine17
YouTube : bit.ly/ytsilverm
éro de
Le prochain num mai 2018
du 9
ue aux alentours
sera en kiosq

Monsieur Rivalin,
Votre éditorial du n°185 m’a vraiment ému.
Votre « dépit » devant la disparition programmée
du CD et cette crainte explicite d’une dématé-
rialisation de la musique m’ont rappelé des
souvenirs. Des souvenirs très chers… J’ai soixante
ans et mes premiers émois « rock’n’rollesques »
remontent à 1968. Je suis incapable de me
souvenir du premier 45 Tours qui a bouleversé
ma vie – c’était probablement un Beatles ou
un Rolling Stones. Après, j’ai viré « hard ».
Logique. Lorsque le CD a pointé le bout de son
nez au début des années 80, je me suis laissé
convaincre par la technologie. Du moins, par la
manière dont elle nous était vendue. Et j’ai
délaissé les vinyles qui m’étaient fidèles depuis
plusieurs lustres. Je les ai même vendus par
douzaines – et à vil prix –, persuadé que j’étais
de me débarrasser d’objets aussi obsolètes
qu’encombrants. Mais, petit à petit, le CD a
été pour moi une vraie déception. Pourquoi ?
Dans un premier temps, il a principalement
servi de support à des rééditions bâclées
d’œuvres existantes (déjà financièrement
amorties de longue date). La pratique (les très
fameux « AAD ») était une hérésie puisque les
bandes d’origine n’avaient pas du tout été
conçues pour cette technologie nouvelle. Une
partie de ma collection « digitale » contient un
vrai musée des horreurs sonore dont je ne suis
pas peu fier (ou très gêné, selon les occasions).
Une vraie tambouille ! Même les vinyles les
plus foireux (certaines collections à fort petit
budget) respectaient mieux le son des titres
originaux. En outre, le format du vinyle avait la
particularité de restreindre l’enthousiasme
créatif des groupes. Une face pouvait accueillir
+/- 16 minutes de musique et il fallait idéalement
placer les plages les plus dynamiques au début
de la plaque. Le coût de production d’un
double vinyle étant prohibitif, il était réservé
aux « grandes occasions ». Le CD a fait exploser
le format initial et les groupes se sont sentis
obligés d’occuper tout l’espace, c’est-à-dire
+/- 70 minutes (un double vinyle à tous les
coups !). Rarissimes sont les auteurs rock (au
sens large) qui ont le potentiel de concevoir 70
minutes de musique intéressante chaque
année. Le CD a provoqué la multiplication des
plages de remplissage et, forcément, un ennui
profond. Combien d’albums édités en CD
auraient été mille fois plus « percussifs » s’ils
avaient été limités à l’essentiel (en gros, à la
moitié) ? Sans compter que le CD a formaté
nos pauvres oreilles avec un son artificiel et
« métallique » (je n’ai jamais trouvé d’expression
plus proche de mon ressenti), qui se voulait
« universel » et qui a gommé tous nos joyeux
particularismes. Nous avions déjà vécu un
phénomène assez similaire lorsque les chaînes
hi-fi japonaises avaient envahi le marché avec
un son flatteur qui favorisait les médiums au
Faites couiner vos souris en nous e-mailant directement
vos messages à : redaction@rockhard.fr
détriment des basses ou des aiguës. L’oreille
se prête vite à une forme sonore nouvelle,
mais l’esprit critique ne s’éteint jamais. A la
réflexion, le son digital a gommé les rondeurs
et les imperfections qui attiraient notre attention
et créaient une fraternité sonore autour de
défauts qui devenaient des marques de
fabrique ou, à la rigueur, des qualités. Enfin, le
format 33 Tours a été à l’origine d’une forme
d’art qui a marqué les esprits des vieux rockers :
la pochette (simple, double ou « triple »). Une
génération d’illustrateurs a explosé nos cerveaux
en multipliant les créations les plus extrava-
gantes. De Frank Frazetta à Rodney Matthews,
en passant par Roger Dean, Barney Bubbles,
Eraldo Carugati, le studio Hipgnosis ou Ken
Kelly… Pochettes dépliantes, découpes,
photos, posters, paroles, illustrations… Le
design était partie prenante de la musique.
L’imagination était au pouvoir. Et c’était
chouette ! La pochette était (et reste) un objet
qui se collectionnait, s’exposait, s’observait,
se mirait et se décortiquait. A côté de ça, le
format timbre-poste du CD est abominable-
ment réducteur et sans aucun intérêt. Je suis
donc sincèrement content du « retour » du
vinyle, même s’il s’agit probablement du
simple effet sans lendemain d’une nostalgie
entretenue par des vieux couillons comme
moi. Je vais me dépêcher d’acheter le nouveau
Judas Priest en double vinyle noir plutôt que
dans sa version rouge (parce que la légende
veut que le vinyle coloré soit de moins bonne
qualité). Et je vais me l’écouter sur ma super
platine ! Fuck ! Quel bonheur de retrouver les
disques et les pochettes et d’avoir enfin droit
au pressage 180 grammes autrefois réservé à
la musique classique. Un seul petit bémol : les
prix exorbitants. Mais quand on aime, on ne
compte pas ! Ou on ne compte guère… Par
contre, je suis vraiment fan du CD mensuel de
Rock Hard. Merci pour ça ! Je ne vois pas
d’autre format mieux adapté à cet usage,
c’est-à-dire un support pratique qui propose
un échantillon représentatif des nouveautés.
Je suis fan. Fan et collectionneur. Grâce à
cette petite plaque, je (re)découvre – à fond
les manettes – des groupes magnifiques. A
défaut d’une radio audible qui me propose un
programme adapté dans la région où j’habite,
vous êtes ma seule connexion avec le monde
du hard. Même si le style en lui-même peine à
se renouveler et à évoluer, je vous sais gré de
votre implication et de votre obstination. Je
ne compte plus le nombre d’albums que j’ai
achetés après avoir écouté votre sampler. God
bless Ya ! Bises d’un petit coin reculé de
Belgique,
Daniel Joris-Vertommen
Cher Daniel,
Merci de nous avoir prodigué tes impressions,
que nous partageons à 500%. Il est vrai que,
dans bien des cas, l’allongement du temps des
disques est plutôt synonyme de délayage
que de qualité... Et sans forcément nous
ranger dans la catégorie des « audiophiles »
chevronnés, force est de reconnaître que les
vinyles (surtout ceux d’avant l’arrivée du CD
en 1982) dégagent une chaleur particulière
que même le meilleur des pressages CD n’a
jamais su émuler. En ce qui concerne l’avenir
de notre sampler, aucune décision n’a été
arrêtée pour l’instant. Les témoignages de
lecteurs sont donc grandement appréciés !
Merci en tout cas pour cette passionnante
missive !
Bonjour,
Abonné depuis « presque » le début de Rock
Hard, je tenais à vous remercier pour votre
magazine qui me permet mensuellement de
me tenir informé de l’actualité metal. Merci à
tous les contributeurs du magazine qui reste,
pour moi, la référence en France depuis tant
d’années. Pour répondre à l’édito de Morgan,
je pense hélas que le CD, à l’ère du tout
numérique, n’est plus si indispensable (même
s’il fut, par le passé, une source importante de
découvertes). Aujourd’hui, et depuis plusieurs
années, je n’écoute plus le CD sampler tant il
est facile de découvrir les morceaux sur
YouTube, FB, ou sur les sites des groupes…
L’idée du collector me plait beaucoup plus en
effet, que cela soit en vinyle ou en CD (s’il vous
est possible d’obtenir des exclus ou, du moins,
un packaging exclusif) comme le dernier Metal
Hammer allemand avec son single de Judas
Priest, par exemple (au passage bravo pour la
qualité du papier Rock Hard par rapport au
papier journal du Metal Hammer allemand !).
Pensez aussi à votre lectorat âgé (comme moi)
qui a des fois du mal à lire les articles et les
chroniques vu la taille de la police. « Un peu
plus grand ce serait bien » (non il n’y a aucune
allusion…), quitte à fouetter les journalistes
trop bavards ! Autre évolution qui serait bien,
ce serait de créer un abonnement mixte
« Papier + Digital », à savoir qu’en payant un
peu plus, j’aimerais recevoir le magazine
papier tous les mois et la possibilité de
télécharger l’édition digitale pour pouvoir
feuilleter le magazine partout à partir de mon
téléphone. Bonne continuation et au plaisir de
vous lire encore longtemps (je viens de me réa-
bonner) et de vous revoir bientôt au Hellfest !
Christophe
PS : le Metalposte a disparu du numéro de
Mars (c’est à cause de ma vue défaillante, du
manque de place ce mois-ci ,ou est-ce une
disparition définitive ?)
Cher Christophe,
Rassure-toi, la rubrique Metalposte ne s’est
pas absentée bien longtemps. Nous réfléchis-
sons nous aussi à un possible combo « papier
+ digital », mais avons quelques questions
techniques à régler avant d’y parvenir. Ce qui
va venir… Après tout, nous sommes, comme
nos lecteurs, un peu « âgés », pour reprendre
ton expression. Alors, achète des verres plus
épais pour tes lunettes et prends ton mal en
patience. C’est qu’il faudrait voir à ne pas trop
nous brusquer ! C’est fragile, les vieux…
Yo !
8,5/10, « Album du Mois » avec une chronique
qui décore les deux tiers de la page pour ce
Michael Schenker Fest ! Wahou ! Quasiment
dans la playlist du mois de tous les chroni-
queurs ! Re-wahou ! Et ce n’est pas tout : mag’
qui consacre pas moins de trois numéros au
Schenk : celui de décembre, de février et
celui de mars avec la couv’, rien que ça ! Re, re-
wahou ! Quel enthousiasme ! A la mesure, au
moins, de celui retrouvé par le guitariste…
Et cela fait plaisir de voir autant de gens
enthousiastes dans un monde qui n’aide pas à
l’être. Merci donc à vous pour ça ! D’autant
que je me souviens des années 90, époque où
le classic rock était noyé par le grunge et
autres nouveaux courants. A l’époque, la
presse n’aurait pas mis autant en avant un
groupe comme MSG. Aussi, profitons de ce
renouveau car, comme le disait justement
votre édito de février, le temps passe et le
vent semble tourner pour une génération de
groupes ayant marqué la vie de plusieurs
générations de fans. Donc, comme l’a aussi dit
Christian et tant d’autres lecteurs, merci à la
rédaction pour cette passion, ce goût de
l’écriture qui nous donne le goût de l’écoute,
et cet humour véhiculé qui fait du bien tous les
mois, même si je vous remercie moins pour la
place que prennent chez moi plus de 180
numéros, plus tous ceux des dinosaures de la
presse spécialisée depuis mes quinze ans au
milieu des années 80 ! Vivement que Ant-Man
nous file son invention pour les bouquins.
InFinitivement merci !
Furious
PS : Cerise sur le gâteau pour le fan pourpre
que je suis : un témoignage du Schenk sur sa
découverte du Pourpre Profond. Quand mon
second guitariste préféré évoque mon guitariste
préféré, cela donne davantage la banane !
Cher Furious,
Cela faisait de très nombreuses années que le
Schenk’ n’avait pas reçu les honneurs d’une
couv’ en France (les avait-il eus avant ?) et
nous sommes effectivement très heureux
d’avoir enfin mis un terme à ces années de
disette. Ce génie de la six-cordes le mérite
amplement ! Et il compte de nombreux
inconditionnels au sein de la rédaction…
 Propos recueillis : Stéphane Auzilleau
Photo : Marc Villalonga
Entretien téléphonique réalisé le 07 mars 2018
Chaque mois, un musicien évoque
les dix albums qui ont changé sa
vie, ses « Dix Commandements ».
Avant de venir jouer en France (au
Raismes Fest notamment) avec Sons
Of Apollo, l’un de ses nombreux
projets, le batteur Mike Portnoy
nous a confié son Top 10.
1. THE BEATLES – Sgt.
Pepper’s Lonely Heart Club
Band (1967)
Un album paru en juillet 1967,
trois mois après ma naissance. Il
m’a accompagné tout au long de
ma vie et a fait voler en éclats les
règles en vigueur pour en créer
de nouvelles. Tout, dans ce disque, est révolu-
tionnaire : depuis le zèle conceptuel jusqu’au
visuel, en passant par sa pochette ouvrante et
sa production. The Beatles étant mon groupe
préféré, il m’est difficile de choisir un album
en particulier car ça peut changer en fonction
de mes humeurs.
2. THE WHO – Tommy (1969)
Tommy est sorti lorsque j’avais
deux ans, et je l’écoute depuis !
C’est mon père qui me l’a fait
découvrir. Au début, j’étais plutôt
attiré par les morceaux excen-
triques comme « Tommy’s Holiday
Camp » ou les effets sonores de
« Smash The Mirror », mais en grandissant, j’ai
compris combien ce premier opéra rock était
novateur. Keith Moon est devenu mon premier
« batteur héros ». J’ai vu The Who jouer ce disque
en intégralité en 1989 au Radio City Music Hall
de New-York, ce qui a provoqué d’incroyables
émotions en moi. Dès qu’ils ont attaqué
« Overture », mon corps entier a été parcouru de
frissons. Comme si mon enfance était revisitée…
3. DAVID BOWIE – Ziggy
Stardust (1973)
Encore un concept album, mais
peu importe car Ziggy Stardust ne
contient que des classiques. Tout
le monde connait les hits « Ziggy
Stardust » et « Suffragette City »,
mais le premier morceau, « Five
Years », tout comme le dernier, « Rock’n Roll
Suicide », est incroyablement émotionnel,
parfait équilibre entre aspect théâtral, glam et
pop rock.
4. ELTON JOHN – Goodbye
Yellow Brick Road (1973)
Une autre collection incroyable de
chansons pop assaisonnées à la
sauce théâtrale. Elton John y
était alors à son apogée créatrice.
Chaque chanson est la perfection
incarnée, entre les hits (« Benny
And The Jets », « Saturday Night’s Alright For
Fighting ») et un grand nombre de titres sous-
estimés comme « Grey Seal » et « The Ballad
Of Danny Bailey ». L’enchaînement « Funeral
For A Friend » /« Love Lies Bleeding » est un
classique absolu au sein duquel la pop copule
avec le rock progressif. Un album parfait !
8
5. PINK FLOYD – The Wall (1979)
Pink Floyd étant l’un de mes groupes
préférés, il m’est difficile de choisir,
mais comme j’adore ce qui est dérai-
sonnable niveau production, j’ai retenu
The Wall. Ce double concept-album,
pièce monumentale de musique, a
donné naissance à un film lui aussi
incroyable. Roger Waters avait alors pris le contrôle
du groupe et ce disque d’une incroyable modernité est
une illustration de son génie.
6. THE BEASTIE BOYS – Paul’s Boutique (1989)
Révolutionnaire, il a élevé le sample au rang d’art en
piochant aussi bien chez Led Zeppelin que chez les
Beatles, mais aussi les Ramones, Public
Enemy, et tout ce qui se trouve entre
eux. Ce disque a d’ailleurs engendré
différents procès qui ont fait évoluer la
réglementation en matière de droits
d’auteur. Sa production est un assaut
de sons, de beats et de boucles. Dommage
que de nombreux puristes du metal
progressif n’apprécient pas le rap et le hip hop à leur
juste valeur car il ne fait aucun doute que ce disque
est un chef d’œuvre.
7. MR BUNGLE – Mr Bungle (1991)
Cet album m’a vraiment foutu la
trouille. C’est un cauchemar sonore,
comme si le film Earserhead de David
Lynch était gravé sur disque. Il
invoque tous les genres musicaux, du
metal au ska, du punk au progressif,
dans un mélange disparate de riffs et
de styles, avec le caméléon vocal ultime qu’est Mike
Patton en maître de cérémonie. John Zorn a produit
cet album de façon très avant-gardiste.
8. JELLYFISH – Spitmilk (1993)
Avant d’écouter ce disque, je n’avais
pas réalisé à quel point ce groupe était
talentueux. Spitmilk est un opus ultime
façon Sgt. Pepper’s... (Beatles), A Night
At The Opera (Queen) ou Pet Sounds
(Beach Boys). C’est un bonbon sonore
qui rend hommage à des groupes comme
Supertramp ou 10CC.
9. RADIOHEAD – OK Computer (1997)
Comme Sgt Pepper’s…, OK Computer est
un disque révolutionnaire qui a marqué
son époque. « Paranoid Android » et
« Exit Music » sont des chansons par-
faites qui glacent le sang. Les tubes
« Karma Police », « No Surprises » et
« Lucky », incroyables, sont des modèles
d’écriture. Radiohead a exploré tant de nouveaux
territoires avec cet album qu’il n’a jamais vraiment
réussi à lui donner la suite que les fans espéraient, se
perdant en expérimentations sans atteindre le même
niveau. L’un des meilleurs disques jamais parus.
10. MUSE – Absolution (2003)
Tous ses morceaux sont forts et sa
production révolutionnaire. C’est le disque
que j’aurais aimé que Radiohead sorte
après OK Computer. Muse est devenu
un groupe énorme, mais quand j’ai
découvert Absolution, je n’en avais
jamais entendu parler. « Time Is Running
Out » et « Hysteria » sont des hymnes. « Song For
Absolution » est simplement déchirant, en un mot,
parfait. « Stockholm Syndrome » prouve que Muse n’est
pas juste influencé par Queen et Radiohead car ce
pourrait être du Megadeth ! D’ailleurs, c’est aussi la
variété de cet album qui en fait un classique à mes yeux. Y
 Ponctuellement, nous revenons sur un
album « décrié », un peu à part dans la
discographie d’un groupe. Un « mal aimé »,
en quelque sorte. Par certains critiques,
certains fans, et, parfois, par ses
géniteurs eux-mêmes. Un album qui,
pourtant, vaut le détour et mérite
qu’on le réhabilite sans plus attendre.
L’autopsie d’un « échec » qui n’en est
pas vraiment un, l’idée étant de faire
parler les musiciens « à froid »,
plusieurs années après la sortie de ce
disque, afin de mieux comprendre ce
qui, à l’époque, n’a pas collé. Pourquoi
les étoiles n’étaient pas alignées. Ce
mois-ci, Philippe Lageat revient sur le
Remains d’Annihilator paru en 1997.
En 1996, Annihilator publie Refresh The Demon,
un superbe album bien dans la tradition, juste
milieu entre les influences thrash et heavy metal
de son leader Jeff Waters. Remains, qui sort un
an plus tard, n’est pas accueilli avec le même
enthousiasme. Le Canadien y expérimente en
effet sur certains titres, ce qui n’est pas du goût
de ses fans les plus étroits d’esprit. A l’époque,
Waters nous confie qu’avec Refresh The Demon,
il a eu le sentiment de trop se conformer à ce
qu’il avait fait sur ses deux prédécesseurs, Set
The World On Fire (1993) et King Of The Kill
(1994), et qu’il lui manquait « quelque chose
de frais, de foncièrement nouveau ». Avec
Remains, il cherche donc à s’en aller explorer
dans d’autres directions, à devenir moins
prévisible, ainsi qu’il s’en explique en 1997,
au moment de la sortie de l’album.
Jeff Waters : Depuis 1992, Annihilator est un
projet solo. Je ne loue les services d’autres
musiciens que pour les tournées (…) Je suis le
seul et unique musicien qui figure sur Remains.
J’ai tout fait moi-même dans mon home-studio.
Auparavant, c’était très stressant d’enregistrer,
mais aujourd’hui, j’y prends beaucoup de plaisir.
Du coup, la qualité des morceaux s’en ressent.
Lorsque j’enregistre des démos, je ne fais pas appel
à un batteur : je travaille avec une boîte à rythmes
(Ndlr : une fidèle petite Alesis SR-16 en compagnie de
laquelle il compose depuis le début des années 90).
Ce n’est qu’ensuite que je contacte un batteur, afin
qu’il reproduise sur bandes ce que je lui soumets. C’est
précisément ce que je pensais faire cette fois-ci encore,
mais ma femme et quelques amis ont écouté mes démos
et m’ont conseillé de laisser les choses en l’état, avec
ce son de batterie mécanique, robotisé, qui donnait à
l’ensemble des teintes résolument modernes, quasi
industrielles. J’ai fini par me ranger à leur avis.
Jeff a donc travaillé à domicile, dans le petit studio
attenant à sa maison. A de très rares exceptions près,
il a enregistré seul les parties de chant, de guitare et
de basse. C’est aussi lui qui a produit, avec les moyens
du bord, veillant toutefois à utiliser un grand nombre
de guitares, de micros, et à moduler sa voix afin que
chaque morceau ait une identité propre. Autrement
dit, Waters, au four et au moulin, a fait du mieux qu’il
pouvait avec sa bite et son couteau. Surtout son
couteau d’ailleurs car il était alors confronté à de gros
problèmes conjugaux minant considérablement son
moral. Ce sur quoi il revient aujourd’hui.
Jeff Waters : Remains n’était pas l’œuvre d’un groupe,
plutôt un projet solo, même si, en 1997, mon couple
10
prenant l’eau, j’avais quasiment perdu tout intérêt
pour la musique. Je n’avais alors plus goût à rien, ce
qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Mais ça, ma
maison de disques (Ndlr : Music For Nations) s’en
cognait totalement et continuait de me réclamer un
nouvel album… que j’ai donc fini par enregistrer dans
mon propre studio en un temps record. Pour moi, ce
disque demeure une « expérience », ce qui n’est pas
vraiment étonnant dans la mesure où il a été composé
et mis en boîte alors que je pataugeais en plein bordel
familial.
Expérimental, Remains l’est, par certains côtés,
quelques fans, réfractaires à toute nouveauté,
n’hésitant carrément pas à le taxer « d’indus » là où,
à nos yeux, il se veut seulement moderne et plus
actuel que ses grands frères.
Jeff Waters : A l’époque, ma femme écoutait des
trucs comme Nine Inch Nails, Marilyn Manson, White
Zombie, et également pas mal de techno. Alors, je
vivais dans cet environnement musical au quotidien,
ce qui m’influençait certainement quelque part. C’est
particulièrement sensible au niveau du chant sur un
morceau comme « Murder », sur lequel je chuchote, ce
que je n’avais jamais fait auparavant. Et puis, il y a la
boîte à rythmes. Je comprends donc qu’on ait pu avoir
l’impression que je m’aventurais dans de nouvelles
directions. Annihilator présentait définitivement un
nouveau visage. Est-ce qu’alors je me sentais prisonnier
du nom du groupe ? Oui, car je comprenais qu’il serait
éternellement associé au metal. Ces années-là, j’ai
même envisagé d’en changer à plusieurs reprises, mais
les fans me restaient si fidèles que c’eut été, pour eux
comme pour moi, une sorte de trahison.
Les fans, pourtant, n’ont que peu goûté le fait que
Waters ait pris, ci et là, des chemins de traverse,
boudant ce Remains qui, très vite, s’est transformé en
flop commercial, à défaut de raté artistique. Il faut
dire que sa pochette, probablement conçue en 17
secondes chrono par un daltonien tapotant pour la
première fois de sa vie sur un Amstrad, ne poussait
que très modérément à l’achat. Le fait que, pour la
première fois depuis ses débuts, Annihilator n’ait pas
tourné afin de défendre ce nouvel album sur scène
n’a, à l’évidence, pas aidé non plus…
Jeff Waters : J’ai divorcé peu après sa sortie et ai été
entrainé dans des querelles juridiques avec mon ex,
qui m’ont obligé à marquer une longue pause durant
laquelle, afin d’être proche de mes enfants, je me suis
tenu à l’écart de la musique. Je ne suis reparti sur les
routes qu’en 1999.
Preuve supplémentaire de l’échec de Remains, Criteria
For A Black Widow, qui lui succède en 1999, marque
le retour du chanteur Randy Rampage et du guitariste
David Scott Davis qui officiaient sur le premier album
du groupe, Alice In Hell (1989). Les chiffres de ventes
ont parlé : voilà Waters forcé, pour survivre, de
réfréner ses envies de nouveauté et de faire marche
arrière. Pour autant, il ne renie pas aujourd’hui ce
Remains un peu à part dans sa discographie.
Jeff Waters : Il y a de très bons titres sur cet album.
C’est juste, avec le recul, que j’aurais préféré les
enregistrer avec un « vrai » batteur. Le résultat aurait
été bien plus heavy et vraisemblablement mieux
accepté par les fans. Mais des titres comme
« Murder », « Sexecution » et « Tricks And Traps » sont
puissants et sonnent comme du Annihilator
typique. « Reaction » s’inscrit dans la veine
thrash de mes premières influences tandis que
« Wind » est plus ancré dans le metal
traditionnel. Au niveau soli de guitare, deux
morceaux surpassent les autres, à mon humble
avis : « Murder » et « Dead Wrong ». Par
ailleurs, « No Love », « Human Remains » et
« Bastiage » sont vraiment très différents de
tout ce que j’avais pu faire jusque-là. Très
intéressants si vous êtes un fan du groupe
ouvert d’esprit.
Une pochette plus soignée, une plus « grosse »
production et un batteur en lieu et place de la
charmante Alesis SR-16, et cet album aurait
connu un tout autre destin. Car, quoi qu’on en
dise, les expérimentations, discrètes, ne
dénaturent aucunement le propos, se
contentant de le moderniser par endroits. Et
par endroits seulement, « Murder » (sur lequel
Waters chante entre ses dents façon Mustaine
et délivre un solo aux allures de cris
d’épouvante), le répétitif « Sexecution » et le
thrashy « Tricks And Traps » étant, entre autres
exemples, du Annihilator « classique ». Alors,
c’est vrai, « Dead Wrong » lorgne, niveau
percussions, sur le « The Beautiful People » de Marilyn
Manson, tandis que « Wind » étonne par ses
harmonies vocales, hyper mélodiques, mais le résultat
s’avère plutôt probant et en aucun cas une remise en
question totale, sauf, peut-être sur l’instrumental final,
« Bastiage ». Peut-être est-ce « No Love », plus
désincarné mais lui aussi rehaussé de grigris de guitare
épatants (Jeff étant renforcé par John Bates sur ce
titre) et surtout d’un chant ultra catchy (l’œuvre d’un
certain Dave Steele) et d’un break à la Nine Inch Nails,
qui s’éloigne le plus des bases, mais il est excellent.
Réenregistré aujourd’hui avec un soin tout particulier,
ce disque gavé de soli et de riffs d’exception (« I
Want », « Reaction », etc.) ferait bien des émules.
Ne le méprisez pas… Y
Track-listing de l’album original :
1/ Murder - 2/ Sexecution - 3/ No Love - 4/ Never - 5/
Human Remains - 6/ Dead Wrong - 7/ Wind - 8/ Tricks
And Traps - 9/ I Want - 10/ Reaction - 11/ Bastiage
Producteur :
Jeff Waters
Line-up d’époque :
Jeff Waters (chant, guitar, basse, programmations)
 Le Monde… du Metal
LE CHIFFRE JUDAS PRIEST KK DOWNING SE LACHE !
17ème ANNÉE - N°186 100% INDÉPENDANT PHOTOS : M.VILLALONGA

10
C’est le montant, en millions de
dollars, que Gene Simmons a reçu
de la société canadienne Invictus
sous forme d’actions pour en
devenir l’ambassadeur au cours des
cinq prochaines années. Le secteur
d’activité de cette entreprise ? Le
cannabis ! Le musicien de Kiss,
qui est pourtant connu pour avoir
toujours tenu un discours très ferme
vis-à-vis de la drogue sous toutes ses
formes, a déclaré – attention, c’est
rare ! – avoir péché par « ignorance ».
« J’ai eu tort », a-t-il simplement
confié au journal Toronto Sun. Dès
lors, on se doute que le joint
CannaKISS ne va plus tarder !
LA PHRASE DU MOIS
• « Il m’a dit ‘J’écris un nouvel
album’. J’ai pensé ‘Cool !’.
Alors, je lui ai demandé qui
est dans le groupe et il m’a
répondu : ‘Axl’ ».
(Angry Anderson, frontman de
Rose Tattoo révélant au site
The Rock Pit qu’Angus Young
collaborerait avec Axl Rose sur
un nouvel opus d’AC/DC)
Le 27 février dernier, le
guitariste KK Downing,
qui a quitté Judas Priest
de son propre chef en
avril 2011 après 41 ans de
bons et loyaux services, a
posté un surprenant mes-
sage sur son site internet.
D’ordinaire plutôt discret
et mesuré dans ses propos,
le blond six cordiste, qui
doit publier son autobio-
graphie en septembre
prochain, y posait le
message suivant : « La
nouvelle annonçant que
Glenn (Tipton) ait dû se
résoudre à accepter sa
condition (Ndlr : la maladie
de Parkinson) m’a causé
un profond regret et beau-
coup de tristesse. De
façon équivalente, la fin
de notre duo de guitaristes
est aussi une chose à
laquelle je dois me résou-
dre (…) Je me dois aussi
de préciser, avec tristesse, dans leur grande largeur, me paraissent totalement
que je suis choqué et stupéfait qu’on ne m’ait pas appro- superflues. J’aimerais clarifier un point : cette insinua-
ché pour me proposer de reprendre mon rôle initial de tion qu’Andy Sneap ait pu interpréter les parties de gui-
guitariste au sein de Judas Priest. Que j’ai pu ou pas tare de Glenn sur Firepower est fausse à 100%. J’étais là
revenir dans le groupe, la situation dans laquelle se trou- lorsque Glenn a enregistré ses parties et il a bossé très,
ve à présent le groupe n’a jamais traversé mon esprit au très dur. Imaginez, un gars atteint de la maladie de
moment où je suis parti – quand bien même je suis offi- Parkinson depuis 10 ans… Je n’ai jamais vu quelqu’un
ciellement et légalement toujours un membre de Judas d’aussi courageux (…) » Le lendemain, KK a repris la
Priest. Cependant, je sais maintenant clairement que j’ai parole pour « clarifier mes compliments envers Andy, qui
pris la bonne décision lorsque j’ai quitté le groupe car il n’étaient guère plus que ce que j’aurais dit à propos
semble bien que tout le temps passé en son sein et mon des autres producteurs/guitaristes qui ont participé
apport dans la création de son vaste héritage n’étaient et avec beaucoup d’implication à certains de nos anciens
ne sont toujours pas appréciés à leur juste valeur par albums. De grands talents comme Chris Tsangarides
plus d’un seul membre. J’espère sincèrement, pour le (RIP) ou Roy Z ont non seulement produit, mais aussi
respect des fans, que la décision de ne pas me contac- contribué aux idées de chansons, à des riffs, des paro-
ter n’était pas due à des motifs financiers. Je les… Painkiller ou Angel Of Retribution n’auraient
connais Andy Sneap (Ndlr : producteur de Firepower, pas été les mêmes sans leur apport (…) » Loin de ce
le dernier opus du groupe, et remplaçant de Tipton sur la tumulte médiatique très inhabituel chez le Priest, Glenn
tournée qui vient de débuter) (…) Je n’ai aucun doute que Tipton, comme il l’avait promis, a rejoint le groupe
sa contribution au nouvel album de Judas Priest allait au- lors de la cinquième date de sa tournée américaine à
delà de celle de producteur (...) » Le même jour, Rob Newark (New Jersey) pour prendre part aux trois titres du
Halford, invité sur une radio de Phoenix, a répondu à ces rappel (précédé d’une setlist extraordinaire, mais chut…
allégations de façon claire : « Les déclarations de KK, ). Respect ! Croisons les doigts pour qu’il en soit de

NOUVELLES DU FRONT
Five Finger Death Punch
publiera And Justice For
None le 18 mai. Ce septième
album studio du groupe de
Las Vegas a une nouvelle
fois été produit par Kevin
Churko (Ozzy Osbourne, In
This Moment). 6 En plein
milieu d’une tournée US avec Fozzy, trois
membres sur quatre du groupe finlandais
Santa Cruz ont quitté le navire, laissant le
chanteur/guitariste Archie Cruz seul aux
commandes. « Nous avons tout essayé. Je ne
peux pas continuer d’avoir peur que quelqu’un
commette des dommages irréversibles
envers lui-même ou quelqu’un d’autre. Je
n’ai pas d’autre option que de partir » a
déclaré le gratteux du combo hard rock,
Johnny Cruz. 6 Le premier album solo de
Jonathan Davis s’intitule Black
Labyrinth. Il arrivera dans les
bacs le 25 mai, quelques
semaines seulement avant que
le frontman de Korn ne se
produise au Download Paris,
puis au Hellfest. 6 Suite à un
problème d’agenda, Anthrax
a annulé tous les concerts européens qu’il
avait prévus cet été. 6 En France, Firepower
de Judas Priest est entré à la 12ème place des
ventes. C’est rien moins que
la meilleure performance
jamais enregistrée par le
groupe britannique dans
l’Hexagone. Au Royaume-
Uni, il est même entré dans
le Top 10 pour la première
fois depuis 38 ans. Bravo ! 6
Skid Row a annoncé que son prochain
album, le premier chanté par ZP Theart
(ex-DragonForce), comporterait des titres
coécrits avec Corey Taylor (Slipknot, Stone
Sour) et Lzzy Hale et Joe Hottinger
(Halestorm). 6 Le secret a été bien gardé,
mais c’est désormais officiel : Slash Feat.
Myles Kennedy & The
Conspirators est en studio
pour donner un successeur
à World On Fire (2014).
C’est une nouvelle fois
Michael « Elvis » Baskette
(Alter Bridge, Trivium) qui
est aux manettes. Sortie
prévue à la rentrée. 6 Mick Jones a annoncé
envisager de retravailler de vieilles idées
laissées de côté par Foreigner en compagnie
de son ancien chanteur Lou Gramm, invité

12
LAMB OF GOD RETOUR AUX
GROOVE METAL

SOURCES IMMINENT !
Lamb Of God va momentanément revenir
à son nom d’origine, Burn The Priest,
pour sortir un album de reprises intitulé
Legion: XX. Ainsi que l’a récemment
confié le guitariste Mark Morton, « Pour
comprendre vraiment l’essence de Burn
The Priest, on doit d’abord se remémorer
le paysage musical d’alors – le milieu
des années 90. (…) A cette époque, les
fanzines DIY nous ont permis de découvrir
de nouveaux groupes et des scènes régio-
nales (…) Notre son et nos chansons se
sont développés en même temps que nos
objectifs. Nous avons commencé à jouer
dans des caves lors de fêtes et dans des
hangars, et c’est ainsi que nous avons
réalisé que notre énergie était communi-
cative. Les concerts que nous avons donnés dans ces squats et ces hangars
de Philadelphie, tout comme les gens que nous avons rencontrés à ces occasions,
sont gravés à jamais dans notre conscience collective et l’ADN du groupe ».
Legion: XX, qui paraîtra chez Nuclear Blast le 18 mai prochain, contiendra
les reprises suivantes : « Inherit The Earth (The Accused) », « Honey
Bucket » (The Melvins), « Kerosene » (Big Black), « Kill Yourself »
(S.O.D.), « I Against I » (Bad Brains), « Axis Rot » (Sliang Laos), « Jesus
Built My Hotrod » (Ministry), « One Voice » (Agnostic Front), « Dine
Alone » (Quicksand) et « We Gotta Know » (Cro-Mags). Le pressage vinyle
sera agrémenté d’un titre bonus : « In The Meantime » de Helmet.

RAISMES FEST UN ANNIVERSAIRE

FESTIVAL

QUI PROMET !
Les 15 et 16 septembre 2018, le Raismes
Fest fêtera son vingtième anniversaire en
proposant à ses fidèles un plateau de
choix. L’événement se tiendra, comme de
coutume, au Château de la Princesse
d’Arenberg (Raismes) qui, pour l’occasion,
accueillera, en guise de têtes d’affiche,
rien moins que Sons Of Apollo (le super-
groupe composé de Mike Portnoy, Billy
Sheehan, Jeff Scott Soto, Derek Sherinian
et Ron Thal) et Rose Tattoo (avec l’ex-
AC/DC Mark Evans à la basse et l’ex-The
Angels Bob Spencer à la guitare !). Max
Pie, Bad Touch, Stocks (la légende de
Nord), Eclipse (de Suède), Rich Robin,
Öbliviön, Sticky Boys, Praying Mantis,
Chris Slade Timeline, ainsi que cinq autres groupes (dont deux issus du
tremplin organisé par le festival), seront annoncés prochainement. Les billets
sont d’ores et déjà disponibles à la vente, alors ne traînez pas et rendez-vous
à Raismes en septembre !

spécial de la tournée américaine du groupe
en octobre dernier. Elles pourraient apparaître
sur un futur EP. A suivre ! 6 Contrairement
à ce qui avait été annoncé,
le batteur Joey Jordison (ex-
Slipknot, Vimic, Sinsaenum)
ne jouera pas sur les pro-
chains concerts de Ministry.
Le groupe d’Al Jourgensen
se produira avec Derek
Abrams, le batteur qui
apparaît sur AmeriKKKant (2018). 6 Le
cinquième album des Suédois de Graveyard
se nomme Peace. Sortie le 25 mai chez
Nuclear Blast. 6 Avis aux fans de Cheap
Trick qui auraient envie de faire un tour à
New York : le chanteur Robin Zander va
prendre part à une comédie musicale de
Broadway intitulée Rocktopia. 6 Au moment
où vous lisez ces lignes, Rob Zombie viendra
de sortir Astro-Creep : 2000 Live, un enre-
gistrement immortalisant la tournée US de
2016 lors de laquelle le
chanteur/réalisateur de films
a interprété l’intégralité du
Astro-Creep : 2000 - Songs
Of Love, Destruction And
Other Synthetic Delusions
Of The Electric Head
(1995) de White Zombie. 6
 LA PLAYLIST DES PROS
MATHIEU TAVERNE
(ABDUCTION)
1. BLOOD CEREMONY – Lord Of Misrule
ROCK HARD IL Y A 10 ANS...
Neuf ans après The Gathering (1999),
(par Philippe Lageat)
contrat qui nous lie sera arrivé à son terme,
Testament revient en force avec une petite je me tire ! (…) Comment peuvent-ils
2. SUBROSA – For This We Fought The Battle Of Ages

bombe nommée The Formation Of déconner à ce point en gardant ce site ?

3. CAMERATA MEDIOLANENSE – Le Vergini Folli

Damnation. Ce comeback aux airs de Blabbermouth n’est ni plus ni moins qu’une

4. WARDRUNA – Ragnarok

résurrection permet au combo culte de la autre version de Metal Sludge, cet infâme
5. HOLLYWOOD BURNS – First Contact.

Bay Area de décrocher notre une, les deux ramassis de conneries qui parle de la taille
MIKE FLYNTZ (RIOT V)
membres historiques que sont Chuck Billy de ma queue et commente mes supposés
1. QUEEN – A Night At The Opera

(chant) et Eric Peterson (guitare) revenant talents au lit ! ». Et alors, et alors ? Que dit
2. VAN HALEN – I

sur leur parcours avec bonne grâce. Cette ce site ? Les Français veulent savoir ! Niveau
3. THE BEACH BOYS – Endless Summer

couverture méritée nous fait d’autant plus confidences, le chanteur David Coverdale
4. THE BEATLES – A Hard Day’s Night
5. RIOT – Fire Down Under

plaisir que vous êtes nombreux à la saluer. (Whitesnake) n’a toutefois rien à envier à
Tout comme nous saluons l’extraordinaire l’ami Dave puisque lui aussi fait fort,
ALAN A. NEMTHEANGA

guitariste Jeff Healey, hélas disparu le 2 signant au passage la phrase du mois : « Pas
(PRIMORDIAL)

mars 2008 et dont le See The Light (1988), plus tard qu’hier soir, j’étais à Los Angeles
1. VICIOUS RUMORS – Digital Dictator
2. GREAT WHITE – …Twice Shy

au hasard, n’a pas fini de squatter nos platines. avec Lars Ulrich et nous faisions les « bad
3. TANK – Filth Hounds Of Hades

Parmi les autres interviews au sommaire boys » ensemble. C’était marrant, mais sa
4. GROTESQUE – In The Embrace Of Evil

figurent celles de Caldera, Deicide, femme le gardait sous contrôle ! ». C’est

5. CHRISTIAN MISTRESS – Possession

Children Of Bodom, Textures, Carnal Lust, pas bien de balancer les petits camarades !
Warrel Dane, Stormwarrior, Necropsy,
REUNO (LOFOFORA)
1. NECRODANCER – Void

Psykup, Whitesnake, Treponem Pal, Tiamat, Top Albums de la Rédaction RH76 :

2. CHARLES BRADLEY – Changes

House Of Lords, Shannon, Grantig, • ASIA – Phoenix (S. Auzilleau)

3. VERDUN – The Eternal Drift's Canticles

Corporation 187, Belphegor, E. Force, Mike • BELPHEGOR – Bondage Goat Zombie

4. THE MISTERY LIGHTS – The Mistery Lights

Tramp, etc. Exclu Lulu, Mike IX Williams sort Metalthèque Idéale consacré à l’AOR/FM. (I. Le Maguet)
5. KARMAPOLIS – Brush My Skin EP

de sa retraite (sa conduite est trop parfaite) Le 26 février, dans cet Elysée Montmartre • CAVALERA CONSPIRACY – Inflikted
VINCENT BOETTO (VENIN)
pour nous parler en long, en large et surtout qu’il déteste tant, Dave Mustaine (L. Reymond)
1. DEEP PURPLE – Made In Japan

en travers d’Arson Anthem. Passé le fou (Megadeth) est remonté comme un coucou • SAHG – Sahg 2 (B. Bages)
2. UFO – Strangers In The Night

rire (hum…) qui vous secoue tout entier à la suisse et en profite, une fois de plus, pour • TESTAMENT – The Formation
3. MOTÖRHEAD – No Sleep ‘Til Hammersmith

lecture de notre édito en forme de poisson éparpiller façon puzzle : « Le fait que mon Of Damnation (M. Rivalin - 1)
4. ALICE COOPER – Billion Dollar Babies

d’avril (Kerry King rejoint Megadeth !), label, Roadrunner, héberge Blabbermouth, • TEXTURES – Silhouettes (M. Rivalin - 2)
5. IRON MAIDEN – Live After Death

vous pouvez, pour un peu plus de douceur, site relayant tant de fausses informations à • TIAMAT – Amanethes (P. Lageat)
JULIEN CHANUT
vous pencher sur le volume 21 de la mon sujet, me dérange tant que, dès le • WHITESNAKE – Good To Be Bad (Benji)
(HANGMAN’S CHAIR)

LES INSOLITES DU WEB

1. ANNA VON HAUSSWOLFF – The Miraculous
2. KILLING JOKE – Brighter Than A Thousand Suns
3. LYCIA – The Burning Circle And Then Dust
4. WINTER – Into Darkness INTERNET
5. KEY NYATA – Phonkilation

Envoyez-nous vos liens à l’adresse insolites@rockhard.fr !

MEHDI BIROUK THEPEGNIER

• Absent depuis le début de la tournée US de Judas Priest à cause de la maladie de

(HANGMAN’S CHAIR)
1. MIRACLE – The Strife Of Love In A Dream

Parkinson qui l’affaiblit, Glenn Tipton a rejoint le groupe le 20 mars dans le New
2. ZOMBI – Shape Shift

Jersey pour le rappel constitué de « Metal Gods », « Breaking The Law » et

3. VEIN – Self Destruct
4. DOOL – Here Now There Then

« Living After Midnight ». Un grand moment d’émotion pour le musicien, ses

5. WOLFPACK – Loathe

camarades et ses fans… http://bit.ly/tipton-nj

• AWS est une formation post hardcore/metal
DAVE WYNDORF
(MONSTER MAGNET)

moderne hongroise née il y a 12 ans qui chante

1. TABLE SCRAPS – Autonomy

dans sa langue maternelle et qui, le 12 mai,

2. BALL – Ball

représentera la Hongrie au Concours de l’Eurovision. Est-ce que, cette fois, les

3. CORROSION OF CONFORMITY – No Cross No Crown
4. PJ HARVEY – The Hope Six Demolition Project

instruments des musiciens seront branchés ?

5. BLUE ÖYSTER CULT – Blue Öyster Cult

Parce que, dans la vidéo qui suit, c’est pas ça…

http://bit.ly/aws-eurovision
JOHN CORABI
(THE DEAD DAISIES)

• « Coupez le son et vous obtiendrez la publicité pour shampoing la plus violente

1. THE BEATLES – Abbey Road

au monde » : cinq ans après, ce commentaire situé sous cette vidéo YouTube nous
2. LED ZEPPELIN – Physical Graffiti
3. AEROSMITH – Rocks

a fait redécouvrir le clip de « The Nexus » des Suédois d’Amaranthe. Allez, prêtez-
4. GRAND FUNK RAILROAD – Caught In The Act

vous à l’exercice et riez un bon coup. Parce que

5. DAVID BOWIE – The Rise And Fall Of Ziggy Stardust

ça le vaut bien. http://bit.ly/nexus-loreal

And The Spiders From Mars

• « On me demande tout le temps : ‘Phil,

JON LAWHON

quel est ton flingue préféré ?’, etc. » Pour répondre à ces questions essentielles,
(BLACK STONE CHERRY)
1. THE BEATLES – Abbey Road

Phil Labonte, chanteur d’All That Remains (également

2. ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA – The Electric Light

vu sur scène avec Five Finger Death Punch), a concocté

Orchestra

cette vidéo détaillant son arsenal de guerre qui fait froid

3. IMAGINE DRAGONS – Night Visions
4. ALICE IN CHAINS – Dirt

dans le dos… http://bit.ly/phil-guns

5. KESHA – Rainbow

• Terminons en douceur avec Gojira, mais en version

« berceuses ». La société Twinkle Twinkle Little Rock Star qui s’est déjà intéressé au répertoire
CHRIS ROBERTSON
(BLACK STONE CHERRY)

de Metallica ou encore d’Avenged Sevenfold a en effet adapté huit titres du combo,

1. OTIS – Eyes Of The Sun

dont « Stranded », pour qu’ils mènent nos chérubins From Mars To Morphée.
2. DEMI LOVATO – Tell Me You Love Me
3. BLACK STONE CHERRY – Family Tree

http://bit.ly/stranded-berceuse
4. BIG WRECK – Albatross
5. THE JIMI HENDRIX EXPERIENCE – Electric Ladyland

Hardwired... To Self-Destruct (2016) de
Metallica est de nouveau entré dans les
charts US, et à la deuxième
place s’il vous plaît !
Comment est-ce possible ?
L’astuce est d’offrir un
téléchargement (légal) de
l’album aux acheteurs de
billets de concerts pour la
tournée américaine du
groupe. Ces téléchargements sont en
effet comptabilisés comme des ventes. Va
comprendre… 6 Initialement annoncé au
printemps, You Can’t Kill My
Rock’n’Roll, le nouvel album
de Hardcore Superstar, sorti-
ra « plus tard cette année ».
A suivre, donc. 6 Les Suisses
de Nostromo viennent de
publier Uraeus, un EP sur
lequel on trouve leur premier
titre inédit depuis treize ans, mais aussi une
reprise du « Corrosion » de Nasum en
hommage au regretté Mieszko Talarczyk
décédé en 2004. 6 Aux nombreux chrétiens
choqués par le titre du nouveau Stryper, God
Damn Evil, le frontman Michael Sweet a expliqué
qu’il ne s’agissait pas d’une provocation et
encore moins d’une insulte (« Goddamn
Evil ! » veut dire « putain de
diable ! »), mais simplement
d’une « prière » (« Que Dieu
damne le diable », en gros).
Ouf, nous voilà rassurés... 6
Avenged Sevenfold a déclaré
qu’il s’attellera au successeur
de The Stage (2016) dès cet
automne. 6 Un documentaire retraçant la
carrière de Sepultura nommé Sepultura
Endurance, qui a déjà été présenté dans des
festivals de cinéma, sortira cet automne en
DVD et Blu-ray. On n’y verra malheureu-
sement pas les frères Max et Igor Cavalera
qui ont également interdit au réalisateur
d’utiliser les morceaux aux-
quels ils ont participé,
même interprétés en live
par le line-up actuel du
groupe. Euh... c’est quand
même un peu embêtant
pour un documentaire retra-
çant une carrière, non ? 6

14
 L’OEIL DE VERRE
André Matos (Angra), Marcus Studios,
Londres (UK), le 08 juin 1998.
Angra étant à Londres pour enregistrer l’album
Fireworks, l’occasion était belle de réaliser une
session photo afin d’illustrer un concours dont
le premier prix était un voyage au Japon pour
un lecteur. Amener un sabre en Angleterre,
via l’Eurostar, même si la sécurité de l’époque
n’était pas aussi draconienne qu’à l’heure
actuelle, n’avait pas été chose aisée. Quelques
mois plus tard, ce voyage au Pays du Soleil
Levant me permit de rencontrer les Stratovarius
qui y tournaient au même moment qu’Angra :
un grand moment de rock’n’roll, les heures de
sommeil se comptant sur les doigts d’une
main. C’est ainsi qu’a débutée ma collaboration
photographique avec les Finlandais. Mon foie
s’en souvient encore !

Tous les mois, une photo « plein pot » extraite des archives de Marc Villalonga et commentée par le photographe himself…
 La rubrique qui écrit tout bas ce que tout le monde pense tout haut, par Charlélie Arnaud.
Bien des groupes chroniqués dans cette rubrique sont souvent heureux d'en faire part sur les réseaux
sociaux, et nous les en remercions chaleureusement. Toutefois, merci de veiller à ne pas reproduire un
scan intégral de votre article lorsque le numéro du magazine est toujours présent en kiosque. Simple question
de bon sens… (*smiley qui fait un clin d’œil complice*). Continuez à nous envoyer vos autoproductions,
de préférence en mp3, via la page Facebook de votre serviteur dont le patronyme vous est rappelé ci-dessus.
Et plus que jamais, avec le retour du printemps : Support The Underground !
THE CLEANER
Argenteuil
Thrash
Depuis 2015 et son précédent EP Let’s
Have It Out Here, nous avons eu l’occasion
de voir The Cleaner sur scène en première
partie de Voïvod et avons été bluffés par
l’aisance scénique du combo francilien.
Son nouvel EP, Vulnerant Omnes Ultima
Necat, vient confirmer en tous points les
excellentes impressions que nous avait
laissées le groupe, dont le son a évolué
dans le bon sens. La qualité d’écriture a
progressé de façon notable. Toujours
thrash, la musique du gang s’est affinée,
notamment grâce à la place de choix
SQUIDHEAD
Liège (Belgique)
Metal extrême djent/indus
Si les héritiers de H.P. Lovecraft touchaient
2€ à chaque fois qu’un groupe de metal
fait référence de près ou de loin à l’œuvre
de l’écrivain, nul doute que ceux-ci
rouleraient aujourd’hui dans une berline
allemande de caractère. Squidhead n’évite
pas ce chausse-trappe, mais peut au moins
s’enorgueillir d’être allé au bout de la
démarche avec un visuel cohérent. Alors,
quid de ce Cult(ist), premier album du
trio après un EP il y a quatre ans ? Un
vrai de coup de cœur, pardi ! « Abyssal
16
laissée dans le mix à la basse de Zeal (qui,
du coup, s’en donne à cœur joie). En
ouverture, « 1Friday3 » (qui traite des
attentats du 13 novembre 2015) témoigne
d’efforts marquants en termes de
structure. « Lethal Pills » est d’une
efficacité redoutable et rappelle les
excellents Grenoblois d’Oddmöngers. A
noter que le son de Voïvod a dû avoir un
impact sur celui de The Cleaner, qui ose
quelques dissonances caractéristiques
Worshippers » met tout de suite dans
l’ambiance, avec son énorme groove gavé
de guitares 8 cordes qui rappelle
inévitablement Meshuggah (en moins
déconstruit), tout comme le chant qui
lorgne vers les beuglantes de Jens
Kidman. La batterie est programmée avec
soin et contourne la surenchère, pourtant
tentante dans ce genre de contexte riche
et très rythmique. « Awakening » confirme
l’influence prégnante du combo suédois
susnommé, mais une fois encore, la
musique des Belges est bien moins
alambiquée (toutes proportions gardées
car nous sommes loin du minimalisme
tout de même). L’efficacité de sa structure
pourrait même rapprocher ce titre très
des Québécois. Mais c’est
bel et bien le groove
omniprésent qui caractérise
les vingt minutes de cet EP,
même lorsque la violence
est palpable, comme sur
« Dead In Respite »
(Obituary n’est pas toujours
loin, mais après tout,
Obituary n’est-il pas le plus
groovy des groupes de
death ?). Le chant en
français de « La Meute »
passe tout seul et, une fois
encore, la seule et unique
frustration engendrée par
Vulnerant Omnes Ultima
Necat est sa courte
durée. Depuis le temps
que les gars sont dans le
circuit (18 ans pour The
Cleaner, sachant que tous
ses membres viennent
d’autres combos d’Ile-de-France et sont
en activité depuis le début des années
90), un « vrai » album « longue durée »
serait peut-être une bonne idée, non ?
Mmmh ? Allez, allez, les gars ! On ne
faiblit pas, on bat le fer tant qu’il est
chaud et on se retrouve en 2020 avec 43
minutes de musique sous le bras. Vous
pouvez le faire, vous le méritez, et vos
fans aussi !
www.facebook.com/thecleaner.band
réussi du groove metal,
tout comme « Mad Painter »
qui vous fera assurément
bouger le bassin en même
temps que la tête. Le chant
expulsé n’est pas à
proprement parler « death »
(pas de growl en vue) :
nous sommes ici dans la
scansion et le cri à gorge
déboîtée (les connaisseurs
apprécieront la formule).
Autre preuve de bon goût :
les titres de Cult(ist) sont
parfaitement calibrés niveau
timing. Ni trop longs ni trop courts, ils
permettent le développement, mais ne se
perdent pas en bégaiements stylistiques
inutiles (comme c’est trop souvent le cas
dans ce style difficile à doser). « Torn
Skies » est lui aussi une vraie réussite, mais
le terminal « Verbis Diablo » constitue
probablement l’un des grands moments
de l’album. Idéalement placé en fin de
course, il donne envie d’y retourner direct.
On l’aura compris : Squidhead s’en tire
avec les félicitations du jury à l’issue de ce
disque dense et riche, dans un style hyper
casse-gueule qui démasque rapidement
les compositeurs de seconde zone et
autres imposteurs. Une belle réussite !
http://thesquidhead.bandcamp.com
• Si EVERAN se définit comme un groupe de
heavy progressif, force est de reconnaître que
l’appellation est un peu restrictive tant le
combo de Brest pioche ce que bon lui semble
un peu partout. Ce n’est pas un hasard si
l’album A Way From Lie To Truth s’étend sur
une heure pour quinze titres : les influences
sont si nombreuses que, d’un titre à l’autre, il
est parfois difficile de reconnaître le même
groupe. Seules constantes : les compos sont
solides, les refrains tiennent la route, et la
production est tout à fait acceptable. Les
Bretons gagneraient en revanche à être plus
concis dans leur écriture. L’album laisse
toutefois apparaître un potentiel certain à
encourager sans grimace !
www.facebook.com/ErevanTheBand
• CIST est un combo russe qui sort sur un label
de l’Ohio, mais chacun fait ce qu’il veut.
L’album The Frozen Casket est une vraie
madeleine de Proust qui nous ramène aux plus
belles heures du death metal, Death et
Pestilence en tête. Le chant de Vitaly
Lushchenkov rappelle tour à tour Chuck
Schuldiner, John Tardy, Pat Mameli ou (plus
près de nous) Max Otero. Musicalement, le
death certifié d’origine s’acoquine à des plans
parfois plus complexes, voire au techno-death
(« Mitosis Simulation » n’aurait pas dépareillé
sur Testimony Of The Ancients de Pestilence).
Alors, certes, c’est un peu « Rendez-vous en
terre connue », mais quelle branlée mes aïeux !
LA découverte death du mois.
https://redefiningdarknessrecords.bandcamp.
com/album/cist-the-frozen-casket
• A la frontière exacte entre le doom épique
et la New Wave Of British Heavy Metal, les
Anglais de SOLSTICE ne sont pas des lapins du
jour. Depuis 1990, la formation a sorti nombre
de compilations et d’EPs, mais White Horse Hill
n’est que son troisième album, le précédent
datant de… vingt ans ! Autoproduit mais
bénéficiant d’un son parfait, ce nouvel opus
ravira les amateurs d’épopées guerrières
chantées avec fougue et mélodie sur un rythme
dynamique mais contenu. Longues pièces
envoûtantes, mélodies superbes, Solstice envoie
les modes se faire foutre et porte la trademark
du Royaume-Uni avec autant de fierté que la
Worcestershire Sauce. Dépaysant en termes
d’espace comme de temps : un régal !
https://solstice-englander.bandcamp.com
 Propos recueillis par Philippe Lageat
Photos : Benji
Interview réalisée le 09 mars 2018 à Paris
Après huit ans de disette
vinylique, et quelques semaines
avant de se produire à Paris
(Cf. Agenda), The Damned
remet enfin les pendules à
l’heure avec l’excellent Evil
Spirits. En promo dans un
hôtel parisien ayant autrefois
servi de studio photo à Lui,
« le mensuel de l’homme
moderne », le classieux
chanteur Dave Vanian, l’une
des premières icônes goth, s’est
confié sur ses premières fois,
nous entraînant avec délice
dans un univers bien à lui.
Rock Hard : Ton premier héros musical ?
David Vanian : Un professeur de mythologie
grecque (Ndlr : ça commence fort !). Il nous
réunissait tous dans une pièce, nous nous
asseyions sur le parquet, il fermait les
rideaux jusqu’à obtenir le noir complet, et
puis il poussait au centre de la pièce une
table sur roulettes qui faisait « squick,
squick » et sur laquelle il y avait ce gros
électrophone qui diffusait Les Planètes
(1918) de Gustav Holst, cependant qu’il
nous racontait les mythes grecs. L’écouter
parler sur ce fond musical puissant était
génial ! L’entendre, par exemple, décrire
Cerbère, le chien à trois têtes gardant les
Enfers tandis que résonnait « Mars, The
Bringer Of War » m’a révélé au pouvoir
évocateur de la musique. Je suis un grand
amateur de cinéma : si, parfois, tu enlèves
la musique d’un film, l’ambiance tombe
totalement à plat. Les films d’Hitchcock
n’auraient certainement pas eu le même
retentissement sans les incroyables bandes
son de Bernard Herrmann. Dans certains
films muets, la musique suffit à guider
tes émotions. Je pense aussi au
Halloween : La Nuit Des Masques (1978) de
John Carpenter : ce dernier en a lui-même
composé la bande originale au piano et
cette musique a largement contribué au
succès du film avec son côté flippant et
dérangeant. La musique a le pouvoir de
faire peur, mais peut aussi magnifier une
scène d’amour ou faire pleurer. Change la
musique d’une séquence hyper émotionnelle
et tout son équilibre s’en trouve bouleversé…
Il y a neuf ans, j’ai eu la chance d’écrire
une bande originale (Ndlr : celle du film
The Perfect Sleep). Un ami a pu voir le

18
film monté avant que la musique y devenu un grand fan de Gene l’époque, dans lesquels jouaient des parla, à l’époque, du plus grand rassem-
figure et m’a dit, par la suite : « Je Vincent. Pas de tout ce qu’il faisait, gens comme Bing Crosby et Gene Autry. blement de masse au monde. A l’affiche,
n’ai compris que les deux personnages mais de ses morceaux les plus rock. J’aime la façon dont les harmonies Hendrix, Miles Davis, Jethro Tull, The
de cette scène étaient amoureux que C’était un vrai bad boy qui marchait vocales étaient alors pensées, ça ne Doors, Leonard Cohen, Chicago, Ten
lorsque j’ai vu la version finalisée du en permanence sur le fil du rasoir se fait plus aujourd’hui. Et puis, ce Years After, etc.). J’y passais alors
film, avec ta musique ! » (rires) Bref, et pouvait péter les plombs quand n’est pas très populaire, mais j’avoue des vacances en caravane avec un
pour revenir à la question initiale, personne ne s’y attendait… A côté de que j’aimais le yodel, la tyrolienne. copain. La « sécurité », était assurée
je dirais que ce professeur fut mon lui, Elvis passait pour un agneau ! J’ai souvent menacé mon entourage par des Hells Angels chevauchant
premier héros musical. J’adorais également Roy Orbison car de sortir un album de western swing, des choppers. Je les revois passer
il écrivait des chansons superbes, ce mais je me suis très vite ravisé en près de moi alors qu’ils formaient un
As-tu, par ailleurs, été élevé dans qu’il a d’ailleurs fait jusqu’à sa mort voyant l’air sombre de ma femme cordon autour d’une énorme limousine
un environnement musical ? (Ndlr : en 1988). Je pense notamment Patricia ! (rires) noire. J’aurais adoré assister aux
Oui, il y avait toujours de la musique à un morceau comme « Claudette » concerts, mais je n’avais pas de
à la maison ! Ma mère en écoutait (1961) qu’il avait composé pour The Quel est le premier disque que tu as billet. J’ai juste pu entendre et
beaucoup. Mon père, qui bossait dans Everly Brothers. J’aimais aussi les acheté avec ton argent de poche ? apercevoir un peu des prestations de
la Royal Air Force, avait ramené pionniers du rockabilly et, au fil des De manière assez étonnante, le 45 The Doors et de The Who depuis le
d’Hambourg une énorme pile de 78 années, j’ai même appris à apprécier Tours étant le format « roi » à l’époque, sommet d’une colline.
Tours : des big bands allemands
donnant dans la comédie musicale
avec des voix aigues de falsetto, mais
aussi The Everly Brothers, Elvis
COMME SID VICIOUS N’a jamais daigné se pointer
Presley, et quelques artistes plus
swing comme Glenn Miller, etc. J’ai
à l’audition, c’est moi qui ai décroché le poste
encore ces disques, comme « How
High The Moon » (1951) de Les Paul
(DAVID VANIAN)
et Mary Ford, l’un des premiers
enregistrements avec des overdubs.
Ça sonnait du tonnerre ! Mon père
avait aussi acheté un énorme poste
radio à tube qu’il avait protégé sous
une cloche et qui trônait en bonne
place dans le salon. Cette radio avait
une valve en son milieu qui, quand
elle chauffait, devenait bleue avec un
centre noir et ressemblait étrangement
à un œil. J’avais l’impression qu’un
cyclope me fixait de l’autre coin de
la pièce ! (rires) A l’époque, la radio
diffusait beaucoup de pièces de
théâtre, mais aussi des feuilletons
policiers, des enquêtes, et je trouvais
ça génial ! La télé anglaise n’avait
encore que deux chaînes, alors la
radio était vraiment le principal
vecteur de communication et occupait
une place prépondérante dans nos
vies. Ma mère écoutait beaucoup de
musique pop, au sens originel du
terme : « populaire ». J’ai donc très
tôt été exposé à toutes sortes de
musiques. Par contre, personne, dans
la famille, ne jouait d’un instrument.
le western swing des années 30 (Ndlr : il s’agissait d’un album. Il devait Quand as-tu réalisé, pour la première
Tes premiers émois rock’n’roll ? une excroissance du jazz, combinaison s’agir de la Bande Originale du film fois, que tu avais une voix, que tu
Là où je vivais, il y avait ce club dans de musiques rurales, de cow-boy, polka, Easy Rider (1969). J’aimais beaucoup, pouvais être un chanteur ?
lequel je n’étais évidemment pas blues et folk). Avant la Seconde Guerre et c’est encore le cas aujourd’hui ! Je n’ai jamais projeté de devenir
supposé mettre les pieds. Un club de Mondiale, la country western était Je me le suis d’ailleurs repassé chanteur, tout ça s’est passé par
rockers pour les 16/21 ans. Or, j’étais énorme aux Etats-Unis, mais elle récemment. Steppenwolf, The Byrds, accident. J’avais pour habitude de
bien moins âgé que ça. Dans un coin, était totalement différente à Nashville The Jimi Hendrix Experience, etc., il chanter lorsque j’écoutais de la
il y avait un gros jukebox qui passait et en Californie. Et ce qui est intéres- y a beaucoup de bonnes choses sur musique et, parfois, je me disais :
en boucle les standards de Gene sant avec le western swing, c’est que ce disque, et d’autres plus étranges, « Tiens, c’est cool, je peux atteindre
Vincent, Eddie Cochran, etc. C’est là c’était une sorte de combinaison des liées aux drogues, comme « Don’t telle ou telle note ! ». Mais ce qui m’a
que j’ai, pour la première fois, été deux. Les pionniers du genre ont Bogart Me » de Fraternity Of Man : vraiment amené à penser que j’étais
exposé au rock. Je suis rapidement fait des bandes originales de film à « Don’t bogart that joint, my friend, pass capable de devenir chanteur, c’est
it over to me »… un concert des New York Dolls. La
GENRE ALBUMS première fois que ce groupe, que
. Rock garage . Et le premier concert j’adorais, est venu en Angleterre,
Damned Damned Damned (1977)
. Music For Pleasure (1977) auquel tu as assisté ? c’était avec Lou Reed, mais je n’avais
LE GROUPE . Machine Gun Etiquette (1979)
. . The Black Album (1980) Je ne parviens pas vraiment pu obtenir de billet. Lorsqu’ils sont
David Vanian (chant) .
.
Strawberries (1982) à m’en souvenir… Je ne me revenus, ils ont donné deux concerts
Captain Sensible (guitare) . Phantasmagoria (1985)
. Anything (1986) suis pas rendu à des concerts chez Biba, une boutique de Kensington,
. Monty Oxymoron (claviers) . Not Of This Earth (1995) très jeune, par manque à Londres (Ndlr : les 26 & 27 novembre
. Paul Gray (basse) . Grave Disorder (2001)
. So, Who’s Paranoid? (2008)
d’opportunités, même si j’ai 1973), dont l’incroyable restaurant
. Ano Pinch (batterie) . Evil Spirits (2018) assisté, de loin, au Festival était surplombé d’un arc-en-ciel en
de l’Ile de Wight. C’était verre. J’adorais leur premier album,
SITE INTERNET ARTICLE RH
l’édition d’août 1970 (Ndlr : avec toutes ces références à The
www.officialdamned.com RH N°186
avec 600.000 spectateurs, on Shangri-Las (Ndlr : groupe vocal féminin

19
 des années 60), et puis, il y avait un
sens de l’ironie très présent dans ce
qu’ils faisaient, et que personne
d’autre n’avait à l’époque. C’était de
vrais rebelles, et j’admirais le symbole
qu’ils représentaient. Je les ai donc
vus le premier des deux soirs, et
c’est tant mieux car, le second,
Johnny Thunders (basse) s’est évanoui !
(rires) J’ai trouvé leur set énorme,
hyper fun ! C’est vraiment ce qui m’a
poussé à tenter ma chance en tant
que chanteur. Alors, quand, pour la
première fois, on m’a demandé si je
voulais rejoindre un groupe, il m’a
bien fallu mentir, sous peine de
laisser passer ma chance : « Oui, oui,
j’ai joué avec des petits groupes locaux
de banlieue, vous ne connaissez pas ! »
De g. à d. : Captain Sensible, Paul Gray, Ano Pinch, David Vanian & Monty Oxymoron
la presse aimait nous opposer aux « dinosaures »
du rock, mais jimmy page, john bonham et robert
plant semblaient apprécier ce que nous faisions
(DAVID VANIAN)
(rires). Techniquement, mon premier
groupe – qui n’avait pas de nom
(Ndlr : certains parlent pourtant de
Masters Of The Backside) – était
composé d’un deuxième chanteur,
mais aussi de Chrissie Hynde (Ndlr :
future chanteuse de The Pretenders) à
la guitare, Rat Scabies (futur batteur
de the Damned) à la batterie et de
bassistes divers et variés. Nous
n’avons jamais donné de concerts,
juste répété à trois reprises une
soixantaine de morceaux, principa-
lement du garage rock. Un jour,
Rat m’a demandé de venir avec lui
voir le guitariste Brian James avec
qui il venait de former un nouveau
20
groupe. Ce dernier m’a appris qu’ils
recherchaient un chanteur et m’a
demandé d’auditionner pour eux. J’ai
accepté, mais il m’a précisé qu’ils
avaient également contacté un autre
candidat. Il s’agissait de Sid Vicious
(Ndlr : futur Sex Pistols), mais comme
ce dernier n’a jamais daigné se
pointer à l’audition, c’est moi qui
ai décroché le poste ! (rires) The
Damned était né !
On a rapidement taxé The Damned
de groupe punk, mais, dès le
départ, vous étiez plutôt un groupe
de garage rock !
Oui, absolument ! C’est d’ailleurs
ce que j’ai dit dans la première
interview que j’ai donnée à l’époque
au fanzine de punk originel, Sniffin’
Glue. Son fondateur, Mark Perry, m’a
demandé : « Dave, quel genre de groupe
êtes-vous ? ». Et j’ai répondu : « Vu que
nous répétons dans un vieil entrepôt, la
première chose qui me vient à l’esprit
est que nous sommes un garage band
comme il en existait dans les années
60 ! ». Mais la presse anglaise n’a
rien voulu savoir et nous a taxés de
« groupe punk ». Nous, nous voulions
simplement capturer le feu sacré du
MC5 et des Stooges, proposer un
rock qui aille droit au but. Nous
serions apparus cinq ans plus tard
qu’on nous aurait collé une toute
autre étiquette…
Un mot sur vos premiers concerts ?
Nous nous sommes préparés comme
si nous partions au combat, en
guerre, pensant que les spectateurs
voudraient nous tuer ! (rires) Nous
n’étions pas violents, mais il y avait
chez nous ce sens de l’anticipation.
Certains soirs, les mecs se barraient
ou nous jetaient des trucs à la
gueule. Sur notre première tournée,
une bande de casseurs s’est postée
en rangs serrés face à la salle, mais
un ex-Marines qui bossait pour nous
leur a foncé dessus et ils ont eu si
peur qu’ils ont déguerpi en hurlant !
(rires) C’était assez fréquent quand
nous nous aventurions en banlieue,
mais la raison principale, là encore,
était la presse qui a créé, autour du
punk, une mythologie de violence. Je
me souviens qu’un soir, par exemple,
Shane MacGowan (Ndlr : futur chanteur
de The Pogues), qui était très souvent
présent à nos concerts, dansait avec
sa copine devant la scène et, dans le
mouvement, sans aucune violence, il
s’est fait arracher sa boucle d’oreille.
Un photographe l’a shooté et, le
lendemain, dans les journaux, se
trouvait un cliché de Shane, le t-shirt
tâché de sang, avec la légende :
« Punk horror ! Ils se mordent les
oreilles ! », ou un truc du genre !
(rires) Le pire, c’est que les gens
croyaient ces conneries ! La presse
aimait également nous opposer aux
« dinosaures » du rock, mais je me
souviens que Jimmy Page, John
Bonham et Robert Plant (Led
Zeppelin) étaient venus nous voir en
concert et semblaient apprécier ce
que nous faisions.
Te souviens-tu de la première fois
où tu as aperçu l’un de tes albums
dans un magasin ?
Pas précisément, mais début 1977,
lorsque nous avons publié notre
premier album, Stiff Records, notre
label, a imprimé de grandes affiches
sur lesquelles on pouvait voir mon
visage en gros plan, très pixellisé car
il avait été conséquemment agrandi.
Un jour, alors que j’étais dans un bus
qui descendait Oxford Street, à
Londres, et que la lumière se
faisait crépusculaire, j’ai aperçu
ce poster de mon visage ornant
la vitrine d’un magasin. J’ai
failli en tomber à la renverse.
Doux Jésus ! On ne peut pas
oublier des choses comme ça !
(sourire) A l’époque, tout était
nouveau pour nous, totalement
fou et surexcitant !
Quand as-tu rencontré Lemmy
pour la première fois ?
C’était dans un pub du nom de
Dingwalls. Il n’y avait pas tant
que ça d’endroits à Londres où
tu pouvais boire passée une
certaine heure, mais Dingwalls
en faisait partie. On y croisait de
nombreux musiciens. La première
fois que j’ai vu Lemmy, il était
près de la porte d’entrée, penché
sur un bandit manchot qu’il n’a
pas quitté de la soirée. Il a très
vite compris que nous étions
proches au niveau attitude,
même si, musicalement, nous
étions différents. C’était un mec
super, contrairement à ce que
son look laissait supposer. En
1978, lorsqu’il a accepté de
nous dépanner en tant que
bassiste et qu’il est venu répéter
avec nous, Captain (Sensible/guitariste
de The Damned) nous a dit : « Faisons-
lui une blague en commençant par
jouer un morceau de Grease !!! (Ndlr :
célèbre comédie musicale popularisée,
en 1978, par le film du même nom
avec John Travolta et Olivia Newton-
John) ». Voilà que, prêts à éclater de
rire, nous attaquons « You’re The One
That I Want », mais Lemmy ne se
démonte pas : il se saisit de sa basse
et, le plus sérieusement du monde,
commence à jouer la chanson. Tel est
pris qui croyait prendre ! (rires)
J’aimais ce mec car les gens francs
du collier sont rares dans ce business.
Il y a quelques années, il a convié
plusieurs de ses amis à enregistrer
des titres pour un potentiel album
solo. J’ai fait « Neat Neat Neat » et un
titre de Motörhead. Hélas, pour des
raisons de droits, ce disque n’est pas
encore sorti, s’il tant est qu’il sorte
un jour… Y
Propos recueillis par Morgan Rivalin
Interview réalisée le 20 janvier 2018 à Paris
Chaque mois, un musicien revient sur les
films de sa vie, ses grands moments sur
grand (et petit) écran. Cette fois-ci, c’est
Toschie, le frontman des Norvégiens
d’Audrey Horne, qui s’y colle. Car après
tout, « he likes to movie, movie »...
Rock Hard : Quels sont tes cinq films
préférés ?
Torkjell « Toschie » Rod : Mulholland
Drive (2001), même si c’est cliché que
le chanteur d’un groupe nommé
« Audrey Horne » cite un film de David
Lynch (Ndlr : Audrey Horne est le nom
d’un personnage de la célèbre série
Twin Peaks de Lynch), je vais en citer...
deux ! (rires) J’adore Mulholland Drive
C’est complètement tordu, quasi onirique... J’aime ce
genre de film effectuant constamment des allers-retours.
Tu as l’impression de tout comprendre puis... tu ne captes
plus rien du tout ! (rires) Lynch est le maître absolu de ce
« ping pong » permanent.
Une Histoire Vraie (1999) : L’autre
Lynch que je conseille. C’est l’histoire
émouvante d’un homme âgé et pas
très en forme qui s’en va parcourir des
centaines de kilomètres sur une tondeuse
pour retrouver son frère malade avec
lequel il était brouillé... Savoir que l’acteur
principal, Richard Farnsworth, qui a
notamment tourné avec Clint Eastwood,
s’est suicidé un an seulement après la
sortie du film ajoute encore à sa
dramaturgie (Ndlr : il venait de se voir diagnostiquer un
cancer en phase terminale à l’âge de 80 ans).
Crazy Heart (2009), un film de Scott
Cooper tiré d’un roman de Thomas
Cobb qui raconte la vie d’une
ancienne star de la country tombée
dans l’alcool. La question des rêves
qui nous font avancer et du désir de
réussir à faire quelque chose de
constructif de sa vie est omniprésent
tout au long de cette histoire qui
s’inspire de la vie du musicien Hank
Thompson. Au-delà de sa thématique
musicale qui me parle, j’aime beaucoup que ce film
dépeigne le côté imparfait des êtres humains qui peut
exaspérer leur entourage…
Parle Avec Elle (2002), un long métrage
de Pedro Almodovar qui fait la part belle
à la musique et à la danse (Ndlr : on y
retrouve la célèbre danseuse/chorégraphe
Pina Bausch). Le film, porté par un
casting exceptionnel, est bouleversant
malgré une histoire de coma simultané
qui, au départ, peut sembler
improbable. Almodovar y parle de
la morale, de notre rapport à la mort...
Un grand film !
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
(2001) de Jean-Pierre Jeunet. Promis, je
ne dis pas ça parce que je me trouve en
France aujourd’hui ! A sa sortie, j’ai
vraiment flashé sur ce film à l’histoire et
à la réalisation si personnelles. La galerie
de personnages est géniale, l’humour
est omniprésent, et le film donne
irrémédiablement envie d’arpenter les
rues de Montmartre, ce que je n’ai pas manqué de faire
plusieurs fois. C’est un film qui me fait du bien, tout
simplement.
Ta Bande Originale de film
préférée ?
Parle Avec Elle (2002), encore
une fois. Cette B.O. est
gorgée de superbes
compositions folk espagnoles
et de parties orchestrales de
très grande qualité. Et mon
autre B.O. préférée n’est
autre que celle... du Fabuleux
Destin d’Amélie Poulain (2001). J’aime beaucoup la
musique des Star Wars, par exemple, mais il ne me
viendrait pas à l’idée de passer ces disques chez moi.
J’écoute régulièrement ces deux B.O. à la maison.
Ton réalisateur préféré ?
Martin Scorsese. Ce n’est pas un
choix très surprenant car il est l’un
des plus grands réalisateurs de
tous les temps. Taxi Driver, Les
Affranchis, Raging Bull, Casino, Les
Infiltrés, etc. : la liste de ses films
donne le tournis à n’importe quel
cinéphile qui se respecte. Pour moi,
sa plus grande qualité est de
M. Scorsese
réussir à rendre ses personnages
incarnés, 100% réels. On ne doute jamais devant un
Scorsese.
Ton affiche de film préférée ?
Les Aventures De Jack Burton Dans
Les Griffes Du Mandarin (1986). Cette
affiche délicieusement 80’s illustre
parfaitement cette époque haute en
couleur et va très bien à ce film de
John Carpenter. Elle est l’œuvre de
Drew Struzan, un illustrateur
incontournable qui a travaillé sur les
affiches d’Indiana Jones, Star
Wars et autres Retour Vers Le Futur, mais qui
a aussi réalisé des pochettes d’albums pour Black Sabbath
(Sabbath Bloody Sabbath/1973) ou encore Alice Cooper
(Welcome To My Nightmare/1975). Un génie !
Ton acteur préféré ?
Jeff Bridges. Je l’ai adoré dans de
nombreux films : Crazy Heart,
évoqué tout à l’heure et qui lui a
permis de remporter un Oscar, mais
aussi (surtout !) l’extraordinaire The
Big Lebowski des frères Coen. Sa
filmographie est hyper éclectique et
il ne semble pas trop se prendre au
sérieux. C’est une grande et belle
J. Bridges qualité.
Ton actrice préférée ?
Robin Wright. Son interprétation de
cette femme de président si froide et
calculatrice dans la série House Of
Cards est vraiment extraordinaire.
Quand on est aussi belle qu’elle, il
faut beaucoup de talent pour réussir
R. Wright
à être quasiment repoussante, et elle
y parvient. Robin Wright revient de loin puisque je crois
qu’elle a débuté dans un soap (Ndlr : elle a joué dans 452
épisodes de la série Santa Barbara !), mais elle a de belles
pépites sur son C.V. : Forrest Gump, She’s So Lovely, etc.
Ta série préférée ?
A La Maison Blanche (1999/2006),
une série créée par Aaron Sorkin, un
véritable génie en matière de
dialogues. On y retrouve des
acteurs comme Martin Sheen, qui
interprète le rôle du président des
USA, ou encore Rob Lowe,
et d’autres acteurs qui étaient plutôt connus dans les
80’s. L’image de cette série qui nous immerge dans les
coulisses de la Maison Blanche a vieilli, mais je re-regarde
encore ces sept saisons avec plaisir. C’est du travail
d’orfèvre ! J’aurais également pu choisir Sur Ecoute
(2002/2008), mon autre série préférée.
Ton film d’animation préféré ?
James Et La Pêche Géante
(1996). Dans son approche, ce
Disney fait un peu penser à
L’Etrange Noël De Monsieur
Jack, ce qui n’est pas étonnant
car il a été produit par Tim
Burton. Ce film d’animation
confine au surréalisme : les
parents de James, le héros, sont
tués par un rhinocéros. Des
langues de crocodiles (!) qu’on
lui donne à ingurgiter sont censées le rendre heureux,
mais elles tombent par terre et font pousser une pêche
géante... Surréaliste, vous dis-je !
Le dernier film que tu as vu ?
J’habite à côté d’un cinéma, mais je
n’y vais pas très souvent... Je
regarde surtout les films chez moi.
Le dernier film que j’ai vu ? Euh...
Shutter Island (2010), tout à
l’heure, dans notre tour-bus. Je
l’avais déjà vu, mais je ne m’en
lasse pas. Du très bon Scorsese !
Ton
documentaire préféré ?
Runnin’ Down A Dream (2007), un
superbe documentaire de quatre
heures consacré à la carrière de
Tom Petty And The
Heartbreakers. Tom Petty était un
incroyable compositeur qui a
toujours su rester fidèle à sa
vision. Il se moquait
complètement du qu’en-dira-t-
on et n’hésitait pas à prendre
des décisions drastiques, même
si son entourage tentait de l’en dissuader. Ces dernières
années, les morts de Lemmy Kilmister et de David Bowie
m’ont vraiment peiné, mais c’est le décès de Tom Petty
qui m’a le plus affecté...
Ton méchant de cinéma préféré ?
Omar Little, un personnage de la série Sur Ecoute (Ndlr :
interprété par l’acteur Michael
K. Williams). Il déambule dans
les rues accompagné de son
fusil à pompe et braque les
dealers. Il est pire que ces
derniers, c’est dire ! Il se
moque de tout et de tout le
monde. Toute la ville de
Baltimore veut le dessouder,
mais il ne cherche même pas à
se cacher. Même ceux qui sont
armés se planquent quand ils
le voient débarquer ! Y
21

La liste des principaux festivals metal du
printemps et de l’été amoureusement
dressée, comme tous les ans, par l’ami
Benji. A vos sacs à dos !
BETIZFEST/CAMBRAI (France), les 06 et 07.04.18 :
LES SHERIFF, LUDWIG VON 88, GUERILLA POUBELLE, LES
3 FROMAGES, OVERDRIVERS, ULTRA VOMIT, IGORRR,
CROWBAR, PSYKUP, S.U.P…
ROCK’N/CHAUNY (France), le 07.04.18 :
GLENN HUGHES, DEREK FORBES, SKARLETT RIOT,
MORGAN JI, EDGÄR, WE ARE DARLING…
METAL THUNDER JACKETS/VILLEURBANNE (France),
le 21.04.18 :
TYGERS OF PAN TANG, KILLER, EXISTANCE, VICTORIUS,
OVERDRIVERS, HEADLESS CROWN…
KEEP IT TRUE/BADEN WURTTEMBERG (Allemagne),
les 27 et 28.04.18 :
HEAVY LOAD, DEMON, FLOTSAM & JETSAM,
EXHORDER, RAVEN, HITTMAN, GRIM REAPER, SIREN,
BLIND ILLUSION, SARACEN, CEREBUS, BLASPHEME…
DESERTFEST/LONDRES (UK), du 04 au 06.05.18 :
MONSTER MAGNET, HIGH ON FIRE, GRAVEYARD,
HAWKWIND, NAPALM DEATH, EYEHATEGOD, THE
OBSESSED, WEEDEATER, NEBULA, CHURCH OF MISERY,
WARNING, ZEKE, ELDER, AKERCOCKE, ASG, RADIO
MOSCOW, WINO, MONOLORD, SOURVEIN, DEATH
ALLEY, DOPELORD, BLACK RAINBOW…
METAL CULTURES/GEURET (France), du 10 au 12.05.18 :
AMENRA, ELDER, INSANITY ALERT, NNRA, NAPALM
DEATH, BORN FROM PAIN, CELTIBEERIAN, VOLKER,
IGORRR, HANGMAN'S CHAIR, CARCARIASS, PENSÉES
NOCTURNES, KAMALA…
COURT OF CHAOS/PLOZEVET (France), les 11 et
12.05.18 :
PICTURE, MANILLA ROAD, SARACEN, PRAYING MANTIS,
HEXECUTOR, SKELETHAL, HERETIC, VOIGHT KAMPFF,
SACRAL NIGHT, INDIAN NIGHTMARE, TENTATION,
EXTIRPATION, AURA NOIR, MIDNIGHT PRIEST,
VENEFIXION…
ROCK HARD/GELSENKIRCHEN (Allemagne),
du 18 au 20.05.18 :
SAXON, SODOM, OVERKILL, CORONER, TIAMAT, ULI JON
ROTH, MARDUK, CIRITH UNGOL, BACKYARD BABIES,
LEATHERWOLF, DIAMOND HEAD, NIGHT DEMON, DOOL,
THE NEW ROSES, NOCTURNAL RITES, ATTIC,
THUNDERMOTHER, DAWN OF DISEASE, TRAITOR…
BULLY ON ROCKS/BULLY LES MINES (France),
les 25 et 26.05.18 :
LITTLE CAESAR, RAGDOLL, NITROGODS, OVERDRIVERS,
DAN BAIRD AND HOMEMADE SIN, THIRTEENT STARS,
BIG FOOT…
UP THE HAMMERS/ATHENES (Grèce), les 25 et
26.05.18 :
MANILLA ROAD, DOOMSWORD, NORTHWIND, ATTIKA,
AGATUS, VULTURE, NIGHT, HEAVY LOAD, SARACEN,
EMERALD, GLACIER, CRYSTAL VIPER, TRAITORS GATE,
SPEED QUEEN…
METALGRESIFEST/SAINT VINCENT DE MERCUZE (France),
le 26.05.18 :
KISSIN' DYNAMITE, JADED HEART, WORRY BLAST, JC
JESS, GENERAL CLUSTER, BLACKBIRDS, EYEZERY…
OUTCH!/LANGRES (France), les 26 et 27.05.18 :
UNLEASHED, IGORRR, ROTTING CHRIST, NOSTROMO,
BENIGHTED, CARCARIASS, BLOCKHEADS, HIEROPHANT,
INSANITY ALERT, INHUMATE, F.U.B.A.R., WIEGEDOOD,
ANCST, DOCTOR LIVINGSTONE, COLLISION, DEATHRITE,
VERBAL RAZOR, COMITY, PILORI, WARFUCK,
WHORESNATION, THE WALKING DEAD ORCHESTRA,
PUTREFACTION OF ROTTING CORPSE, DISGORGED
FŒTUS, NO VALE NADA, KALIYUGA, EMBRYONIC CELLS,
DOOMSISTERS, LUST FOR DEATH, HAUT & COURT …
FORTAROCK/NIJMEGEN (Hollande), les 01 et 02.06.18 :
ALESTORM, ARCH ENEMY, AVATAR, BARONESS, BODY
22
COUNT, DEATH ALLEY, DEATH ANGEL, IGORRR,
KREATOR, MANTAR, MESHUGGAH, NIGHTWISH, OPETH,
PARKWAY DRIVE, SATYRICON, THY ART IS MURDER,
WATAIN…
LIONS METAL/MONTAGNY (France), le 02.06.18 :
GRAVE, LOUDBLAST, ELVENKING, NIGHTMARE,
NECRODEATH, IN ARKADIA, SANGDRAGON, AESMAH,
SHOTGUN LOGIC…
SWEDEN ROCK/SOLVESBORG (Suède),
du 06 au 09.06.18 :
HARDCORE SUPERSTAR, JOE LYNN TURNER,
SUFFOCATION, BRIAN DOWNEY'S ALIVE AND
DANGEROUS, NOCTURNAL RITES, BULLET, THE QUILL,
IRON MAIDEN, HELLOWEEN, ROSE TATTOO, KREATOR,
BODY COUNT, KILLSWITCH ENGAGE, BUCKCHERRY, IN
THIS MOMENT, GLENN HUGHES, NAZARETH, COVEN,
OZZY OSBOURNE, STONE SOUR, MESHUGGAH, HEAVY
LOAD, TURBONEGRO, THE DARKNESS, URIAH HEEP,
VIXEN, BARONESS, PRETTY MAIDS, MADAM X,
SKINDRED, BERNIE TORME, JUDAS PRIEST, TARJA,
SLADE, DESTRUCTION, DOC HOLLIDAY, PRIMORDIAL,
POP EVIL, CIRCUS MAXIMUS, TORCH, THE NEW ROSES,
FOCUS, ROTTING CHRIST, THE 69 EYES, YES,
GRAVEYARD, PAIN, STEELHEART, H.E.A.T., GIRLSCHOOL,
INGLORIOUS, AVATARIUM, ELECTRIC MARY, CRAZY
LIXX…
GREENFIELD/INTERLAKEN (Suisse),
du 07 au 09.06.18 :
VOLBEAT, THE PRODIGY, LIMP BIZKIT, RISE AGAINST, THE
OFFSPRING, PARKWAY DRIVE, BROILERS, BULLET FOR
MY VALENTINE, THE HIVES, ARCH ENEMY, EISBRECHER,
ALEXISONFIRE, SHINEDOWN, ANTI-FLAG, KORPIKLAANI,
ASKING ALEXANDRIA, BRIAN FALLON & THE HOWLING,
WEATHER, ZEAL & ARDOR, DEAD CROSS, KADAVAR…
GARAGE SOUND/MADRID (Espagne),
les 08 et 09.06.18 :
BUCKCHERRY, GLENN HUGHES, HARDCORE SUPERSTAR,
DANKO JONES, IMPERIAL STATE ELECTRIC, GRAVEYARD,
MAMMOTH MAMMOTH, DEWOLFF, THE TEMPERANCE
MOVEMENT, MOTORJESUS, STONE BROKEN…
DOWNLOAD/DONINGTON (UK), du 08 au 10.06.18 :
AVENGED SEVENFOLD, GUNS N’ROSES, OZZY
OSBOURNE, ASKING ALEXANDRIA, BABY METAL,
BARONESS, BLACK STONE CHERRY, BLACK VEIL BRIDES,
BODY COUNT, BULLET FOR MY VALENTINE, CANCER
BATS, CORROSION OF CONFORMITY, CRADLE OF FILTH,
DEAD CROSS, DRAGON FORCE, GRETA VAN FLEET,
HATEBREED, IN THIS MOMENT, INGLORIOUS, JONATHAN
DAVIS, KREATOR, L7, MARILYN MANSON, MESHUGGAH,
MONSTER TRUCK, MYRKUR, PARKWAY DRIVE,
POWERFLO, RISE AGAINST, SHINEDOWN, STICK TO
YOUR GUNS, TESSERACT, THE HIVES, THE STRUTS, THE
TEMPERANCE MOVEMENT, THUNDER, THY ART IS
MURDER, TURBONEGRO, VOLBEAT, VON HERTZEN
BROTHERS, WAYWARD SONS, WHISKEY MYERS, ZEAL &
ARDOR…
ROCKAVARIA/MUNICH (Allemagne),
les 09 et 10.06.18 :
ARCH ENEMY, DIE TOTEN HOSEN, DRAGONFORCE,
ELUVEITIE, IRON MAIDEN, JOHNNY GALLAGHER,
KILLSWITCH ENGAGE, LIMP BIZKIT, MONUMENTS, ROSE
TATTOO, ROYAL REPUBLIC, SALTATIO MORTIS, THE
RAVEN AGE, THERAPY?...
NOVA ROCK/NICKELSDORF (Autriche),
du 14 au 17.06.18 :
DIE TOTEN HOSEN, MARILYN MANSON, STONE SOUR,
PARKWAY DRIVE, MEGADETH, HOLLYWOOD UNDEAD,
SKILLET, ASKING ALEXANDRIA, DEAD CROSS, BLACK
STONE CHERRY, MESHUGGAH, SHINEDOWN, ALL THEM
WITCHES, AVENGED SEVENFOLD, THE PRODIGY, RISE
AGAINST, GENTLEMAN, BAD RELIGION, JONATHAN
DAVIS, ARCH ENEMY, LIFE OF AGONY, MAD CADDIES,
ANTI-FLAG, VOLBEAT, BILLY IDOL, LIMP BIZKIT, BULLET
FOR MY VALENTINE, BODY COUNT, BARONESS, STICK
TO YOUR GUNS, POWERFLO, IRON MAIDEN, BILLY
TALENT, KILLSWITCH ENGAGE, ENTER SHIKARI, LESS
THAN JAKE, THE RAVEN AGE…
WITH FULL FORCE/FERROPOLIS (Allemagne),
du 14 au 16.06.18 :
JUDAS PRIEST, PARKWAY DRIVE, BULLET FOR MY
VALENTINE, BODY COUNT, HATEBREED, SOULFLY,
CALIBAN, APOCALYPTICA, CRADLE OF FILTH, ABBATH,
ASKING ALEXANDRIA, BELPHEGOR, BOOZE & GLORY,
DAGOBA, ENTOMBED A.D., GOD DETRHONED, H2O, IN
THIS MOMENT, KATAKLYSM, LIFE OF AGONY, NOTHING
MORE, MADBALL, MARDUK, POWERFKO, PRO-PAIN, RISE
OF THE NORTHSTAR, STICK TO YOUR GUNS, TANKARD,
THY ART IS MURDER, UNLEASHED…
FIRENZE ROCKS/FLORENCE (Italie),
du 14 au 17.06.18 :
FOO FIGHTERS, THE KILLS, WOLF ALICE, FRANK
CARTER & THE RATTLESNAKES, GUNS N'ROSES,
VOLBEAT, BARONESS, IRON MAIDEN,
HELLOWEEN, JONATHAN DAVIS, SHINEDOWN,
OZZY OSBOURNE, AVENGED SEVENFOLD,
JUDAS PRIEST, TREMONTI…
DOWNLOAD/PARIS (France), du 15 au 18.06.18 :
OZZY OSBOURNE, GHOST, OPETH, ALESTROM, BILLY
TALENT, CONVERGE, UNDEROATH, POWERWOLF,
SIDILARSEN, ELUVEITIE, THY ART IS MURDER,
VANDENBERG'S MOOKINGS, BURY TOMORROW, POGO
CAR CRASH CONTROL, CELLAR DARLING, HANGMAN'S
CHAIR, LAURA COX BAND, MERGE, PETER ALEXANDER
BAND, MARYLIN MANSON, THE OFFSPRING, AVATAR,
NOFX, TURBONEGRO, MESHUGGAH, HOLLYWOOD
UNDEAD, ULTRA VOMIT, THRICE, CROSSFAITH,
BETRAYING THE MARTYRS, TAGADA JONES, TREPONEM
PAL, MANTAR, ALCEST, WHISKEY MYERS, SKINNY LISTER,
DED, GALACTIC EMPIRE, JEAN JEAN, BAD COP BAD COP,
CEMICAN, FOO FIGHTERS, THE HIVES, MASS HYSTERIA,
DEAD CROSS, FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES,
ROYAL REPUBLIC, WOLF ALICE, SLAVES, PERTURBATOR,
GRAVEYARD, THE STRUTS, NOTHING MORE,
STARCRAWLER, ARCANE ROOTS, EGO KILL TALENT, THE
NOFACE, THE LAST INTERNATIONALE, LANDMVARKS, IN
SEARCH OF SUN, STONE BROKEN, KAISER FRANZ JOSEF,
NESSERIA, GUNS N' ROSES, VOLBEAT, JONATHAN
DAVIS, BARONESS, SEETHER, GRETA VAN FLEET, THE
PINK SLIPS, THE G…
CIUDADELA/PAMPELUNE (Espagne), le 16.06.18 :
STATUS QUO, RICHIE KOTZEN, KADAVAR, BURNING,
JARED JAMES NICHOLS…
STONE FREE/LONDRES (UK), les 16 et 17.06.18 :
SCORPIONS, MEGADETH, BUCKCHERRY, ORANGE
GOBLIN, STONE BROKEN, TRIGGERFINGER, THE
PICTUREBOOKS, YES, ROGER HODGSON, JOANNE
SHAW TAYLOR, ANATHEMA, RICHIE KOTZEN, TYKETTO,
GINGER WILDHEART…
TONS OF ROCK/HALDEN (Norvège),
du 20 au 22.06.18 :
OZZY OSBOURNE, WARDRUNA, EXODUS, ALESTORM,
GIRLSCHOOL, AUDREY HORNE, BATTLE BEAST, ALICE IN
CHAINS, W.A.S.P, ABBATH, AT THE GATES, EPICA,
WITCHCRAFT, MARDUK, EPICA, IMPERIAL STATE
ELECTRIC, OPETH, HELLOWEEN, KVELERTAK, COVEN…
ROCK THE RING/HINWIL (Suisse),
du 20 au 23.06.18 :
URIAH HEEP, BLACK STONE CHERRY, MANFRED MANN'S
EARTH BAND, THE DARKNESS, NAZARETH, CORELEONI,
BÖHSE ONKELZ, IN EXTREMO, NOTHING MORE, SIMPLE
MINDS, SANTANA, UB40, LEVEL 42…
ROCKFELS/LORELEI (Allemagne), du 21 au 23.06.18 :
ACCEPT, ICED EARTH, GUANO APES, ESKIMO CALLBOY,
STICK TO YOUR GUNS, AMORPHIS, KATAKLYSM, ORDEN
OGAN, LACUNA COIL, BATTLE BEAST, GLORYHAMMER,
THE NEW ROSES, GRAVE DIGGER, FREEDOM CALL, ANY
GIVEN DAY, ORPHANED LAND, DIABLO BLVD…
GRASPOP/DESSEL (Belgique), du 21 au 24.06.18 :
GUNS N'ROSES, BLACK STONE CHERRY, BURY
TOMORROW, DORO PESCH’S WARLOCK, FOLLOW THE
CIPHER, ICED EARTH, MADBALL, THE PINK SLIPS, IRON
MAIDEN, AYREON, AKERCOCKE, ANTI-FLAG, ARKONA,
AVENGED SEVENFOLD, GALACTIC EMPIRE, IN THIS
MOMENT, KILLSWITCH ENGAGE, LESS THAN JAKE,
PARKWAY DRIVE, PIST.ON, POWERWOLF, SAVAGE
MESSIAH, SILVERSTEIN, STICK TO YOUR GUNS, THE
DARKNESS, VADER, WATAIN, ZEAL AND ARDOR,
VOLBEAT, AMARANTHE, ASKING ALEXANDRIA, ASPHYX,
AT THE GATES, BLOODBATH, BÖLZER, BOSTON MANOR,
CROSSFAITH, EXODUS, KADAVAR, KREATOR,MARDUK,
MARILYN MANSON, MEGADETH, MISS MAY I, P.O.D.,
PLANET OF ZEUS, RISE AGAINST, SEETHER, SONS OF
APOLLO, STONE BROKEN, STRAY FROM THE PATH,
UNDEROATH, VIXEN, OZZY OSBOURNE, A PERFECT
CIRCLE, BLESSTHEFALL, BODY COUNT, BULLET FOR MY
VALENTINE, CARNIVORE A.D., EMMURE, EMPLOYED TO
SERVE, HOLLYWOOD VAMPIRES, JUDAS PRIEST,
KNOCKED, LOOSE, LACUNA COIL, LIMP BIZKIT,
MESHUGGAH, MODERN LIFE IS WAR, MONUMENTS,
POWERFLO, SHINING, TESSERACT, THE BLOODY
BEETROOTS, THY ART IS MURDER, TÝR…
COPENHELL/COPENHAGUE
(Danemark), du 21 au 23.06.18 :
OZZY OSBOURNE, AVENGED SEVENFOLD, GHOST, ALICE
IN CHAINS, DEFTONES, NIGHTWISH, HELLOWEEN,
PARKWAY DRIVE, KREATOR, ARCH ENEMY, BULLET FOR
MY VALENTINE, ASKING ALEXANDRIA, ALESTORM,
TREMONTI, SODOM, ENSLAVED, CORROSION OF
CONFORMITY, AT THE GATES, EXODUS, SUFFOCATION,
TSUDER, WHILE SHE SLEEPS, ZEAL & ARDOR, IGORRR,
THY ART IS MURDER, CROSSFAITH, SKINDRED, SANTA
CRUZ, NEUROSIS, L7, MUSTASCH, TURNSTILE…
HELLFEST/CLISSON (France), du 22 au 24.06.18 :
1000MODS, 7 SECONDS, A PERFECT CIRCLE, ACCEPT,
AKERCOCKE, ALICE IN CHAINS, AMENRA, AMORPHIS,
ARKONA, ASKING ALEXANDRIA, AT THE GATES, AU-
DESSUS, AVENGED SEVENFOLD, BACKYARD BABIES,
BAD RELIGION, BARONESS, BATUSHKA, BENIGHTED,
BLACK BOMB Ä, BLACK RAINBOWS, BLOODSHOT
DAWN, BODY COUNT, BONGZILLA, BREED MACHINE,
BUKOWSKI, BULLET FOR MY VALENTINE, BUNKUM,
BURNING HEADS, CAINAN DAWN, CARNIVORE A.D.,
CARPENTER BRUT, CELESTE, CHILDREN OF BODOM,
CHURCH OF MISERY, CONVERGE, CORROSION OF
CONFORMITY, CRISIX, CRO-MAGS, CROWBAR,
DARKENHÖLD, DEAD CROSS DEFTONES, DEMILICH,
DEMOLITION HAMMER, DIMMU BORGIR, DOPETHRONE,
DRAKWALD, DÄLEK, ELECTRIC MARY, EXODUS,
ENSIFERUM, ENSLAVED, ESKIMO CALLBOY, EUROPE,
EXHORDER, EXODUS, EXUMER, EYEHATEGOD, FANGE,
FEED THE RHINO, GET THE SHOT, GLUECIFER, GRAVE
PLEASURES, HANTAOMA, HARD-ONS, HATEBREED,
HEILUNG, HEXECUTOR, HO99O9, HOLLYWOOD
VAMPIRES, ICED EARTH, IN THIS MOMENT, INCENDIARY,
IRON MAIDEN, JESSICA93, JOAN JETT AND THE
BLACKHEARTS, JONATHAN DAVIS, JUDAS PRIEST,
KADAVAR, KATAKLYSM, KILLSWITCH ENGAGE, KNOCKED
LOOSE, L7, LES SHERIFF, LIMP BIZKIT, THE LORDS OF
ALTAMONT, LUCIFER, MADBALL, MALEMORT,
MALKAVIAN, MARILYN MANSON, MEGADETH,
MEMORIAM, MESHUGGAH, MISANTHROPE,
MISÞYRMING, MODERN LIFE IS WAR, MONOLORD,
MYSTICUM, MÅNEGARM, NAPALM DEATH, NEBULA,
NEUROSIS, NIGHTWISH, NILE, NORDJEVEL, ORANGE
GOBLIN, ORANSSI PAZUZU, ORDEN OGAN, ORIGIN,
PARKWAY DRIVE, PENSÉES NOCTURNES, PLEBEIAN
GRANDSTAND, PLEYMO, POGO CAR CRASH CONTROL,
POWERFLO, PRIMAL FEAR, PSYKUP, RISE AGAINST, RISE
OF THE NORTHSTAR, ROSE TATTOO, ROTTEN SOUND,
SAOR, SATYRICON, SAVAGE MESSIAH, SCHAMMASCH,
SEPTICFLESH, SEVEN HATE, SHINEDOWN, SONS OF
APOLLO, SONS OF OTIS, SPERMBIRDS, STEVEN WILSON,
STONE SOUR, STRAY FROM THE PATH, SUFFOCATION,
SÓLSTAFIR, TERROR, TESSERACT, THE BRONX, THE CHRIS
SLADE TIMELINE, THE GOOD THE BAD AND THE ZUGLY,
THE GREAT OLD ONES, THE HELLACOPTERS, THE
LURKING FEAR, THE RAVEN AGE, THE TEXAS CHAINSAW
DUST LOVERS, THE WALKING DEAD ORCHESTRA,
THERION, TOSELAND, TREMONTI, TURBONEGRO,
TURNSTILE, UNCOMMONMENFROMMARS, WARNING,
WATAIN, YOUNG AND IN THE WAY, ZEAL & ARDOR…
AZKENA/VITORIA (Espagne), les 22 et 23.06.18 :
VAN MORRISON, JOAN JETT, MOTT THE HOOPLE,
GLUECIFER, TURBONEGRO, DEAD CROSS, MC50,
NEBULA, LORDS OF ALTAMONT…
DOWNLOAD/MADRID (Espagne), du 28 au 30.06.18 :
`77, A PERFECT CIRCLE, ANGELUS APATRIDA, AVENGED
SEVENFOLD, BACKYARD BABIES, BARONESS, BULLET
FOR MY VALENTINE, CARCASS, CLUTCH, CRISIX,
EXHORDER, GUNS N'ROSES, THE HELLACOPTERS, IN
THIS MOMENT, IRON REAGAN, JUDAS PRIEST, KREATOR,
L7, MADBALL, MARILYN MANSON, MYRKUR, OZZY
OSBOURNE, PARKWAY DRIVE, PENNYWISE, RISE
AGAINST, SHINEDOWN, TESSERACT, VOLBEAT…
METAL FRENZY/GARDELEGEN (Allemagne),
du 28 au 30.06.18 :
BRUTALITY WILL PREVAIL, DEATH ANGEL, DEBAUCHERY,
DESERTED FEAR, EISREGEN, FREEDOM CALL, GET THE
SHOT, GRAVE, J.B.O, PARAGON, STORMWARRIOR,
TURISAS, VENOM INC, WARPATH…
TUSKA/HELSINKI (Finlande),
du 29.06 au 01.07.18 :
BODY COUNT, GOJIRA, PARKWAY DRIVE, EUROPE,
KREATOR, DEAD CROSS, ARCH ENEMY, EMPEROR,
MESHUGGAH, AT THE GATES, IHSAHN, CLUTCH,
CROWBAR, MOONSORROW, LEPROUS, SANTA CRUZ,
BEAST IN BLACK, BOMBUS, GRAVE PLEASURES,
TRIBULATION, STICK TO YOUR GUNS…
BE PROG MY FRIEND/BARCELONE (Espagne),
les 29 et 30.06.18 :
A PERFECT CIRCLE, STEVE HACKETT, SONS OF APOLLO,
BARONESS, PAIN OF SALVATION, BURST, GAZPACHO,
PLINI, PERSEFONE, ORANSSI PAZUZU…
RETRO C TROP/TILLOLOY (France),
les 30.06 et 01.07.18 :
TRUST, STOCKS, STEVEN WILSON, STING, ROGER
HODGSON, THE SELECTER…
ROCKHARZ/BALLENSTEDT (Allemagne),
du 04 au 07.07.18 :
IN FLAMES, POWERWOLF, KREATOR, HAMMER FALL,
PARADISE LOST, AMORPHIS, ALESTORM, CANNIBAL
CORPSE, SODOM, ENSIFERUM, EXODUS, BATTLE BEAST,
EQUILIBRIUM, FINNTROLL, PRIMAL FEAR, AMARANTHE,
CREMATORY, AVATARIUM, SKYCLAD…
ROCKFEST/BARCELONE (Espagne),
du 05 au 07.07.18 :
OZZY OSBOURNE, JUDAS PRIEST, ACCEPT, AMARANTHE,
DEE SNIDER, ECLIPSE, EVERGREY, H.E.A.T, TANKARD,
URIAH HEEP, HELLOWEEN, DIMMU BORGIR, AXEL RUDI
PELL, BRAINSTORM, DARK FUNERAL, KORPIKLAANI,
MÄGO DE OZ, PANZER, ROSS THE BOSS, TYGERS OF PAN
TANG, VIXEN, WOLFHEART, KATAKLYSM, KISS,
SCORPIONS, MEGADETH, STRYPER, PHIL CAMPBELL AND
THE BASTARD SONS, DARK TRANQUILLITY, ICED EARTH,
THE DEAD DAISIES, TREMONTI…
NORWAY ROCK/KVINESDAL (Norvège),
du 05 au 07.07.18 :
ACCEPT, AVATAR, BEAST IN BLACK, IN THIS MOMENT,
INGLORIOUS, NIGHTWISH, STATUS QUO, TURBONEGRO…
RUHRPOTT RODEO/HUNXE (Allemagne),
du 06 au 08.07.18 :
SICK OF IT ALL, DEAD KENNEDYS, NO FUN AT ALL,
DOYLE, BOOZE & GLORY, PENNYWISE, ANTI FLAG,
DISCHARGE, COCKNEY REJECTS, GBH, RICHIE
RAMONE…
RESURRECTION/VIVIERO (Espagne),
du 11 au 14.07.18 :
KISS, SCORPIONS, PROPHETS OF RAGE, GHOST,
MEGADETH, STONE SOUR, MINISTRY, AT THE GATES,
ANTI-FLAG, PARADISE LOST, OVERKILL, ALESTORM, SICK
OF IT ALL, EXODUS, POWERFLO, JELLO BIAFRA & THE
GUANTANAMO SCHOOL OF MEDICINE, WOLVES IN THE
THRONE ROOM, FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES,
SUFFOCATION, GOD IS AN ASTRONAUT, TREMONTI, THY
ART IS MURDER, CANCER BATS, THE BRONX, ANGELUS
APATRIDA, EVERGREEN TERRACE, STICK TO YOUR GUNS,
CROWBAR, EYEHATEGOD, LEPROUS, TURNSTILE, RISE
OF THE NORTHSTAR, IGORRR, STONED JESUS, MARS
RED SKY, NOSTROMO…
BANG YOUR HEAD/BALINGEN (Allemagne),
du 12 au 14.07.18 :
ACCEPT, ALESTORM, ALPHA TIGER, AMARANTHE,
AMORPHIS, ANNIHILATOR, BURNING WITCHES,
CRASHDIET, CLOVEN HOOF, DEBAUCHERY, DORO,
ECLIPSE, EXODUS, GIRLSCHOOL, GOD DETHRONED,
HEXX, INSOMNIUM, JAG PANZER, LOUDNESS, MOB
RULES, MYSTIC PROPHECY, NIGHT DEMON, OVERKILL,
POWERWOLF, PRIMAL FEAR, PRIMORDIAL, RECKLESS
LOVE, REFUGE, SKELETONWITCH, TYGERS OF PAN
TANG…
MASTERS OF ROCK/VIZOVICE (République Tchèque),
du 12 au 15.07.18 :
AMORPHIS, ANNIHILATOR, AVATARIUM, BLOODBOUND,
DIRKSHNEIDER, DORO, DR. LIVING DEAD, HARDLINE,
HELLOWEEN, KAMELOT, KORPIKLAANI, LORDI,
LOUDNESS, MASTERPLAN, NOCTURNAL RITES, ORDEN
OGAN, POWERWOLF, SINNER, THE NEW ROSES, THE
UNITY…
NIGHT OF THE PROG/LORELEY (Allemagne),
du 13 au 15.07.18 :
BIG BIG TRAIN, RIVERSIDE, THRESHOLD, ANTIMATTER
CAMEL, THE SEA WITHIN, STEVE HOGARTH, ANGE…
DYNAMO/EINDHOVEN (Hollande), le 14.07.18 :
GHOST, MINISTRY, SONS OF APOLLO, OVERKILL,
ANNIHILATOR, LEPROUS, I AM MORBID, IRON REAGAN…
ROCKWAVE/ATHENES (Grèce),
les 19 et 20.07.18 :
JUDAS PRIEST, SAXON, ACCEPT, IRON MAIDEN,
VOLBEAT, TREMONTI, MONUMENT…
METALDAYS/TOLMIN (Slovénie),
du 22 au 28.07.18 :
ACCEPT, ALESTORM, BATTLE BEAST, BEHEMOTH,
BELPHEGOR, BLACK STAR RIDERS, BÖLZER, CANNIBAL
CORPSE, CHILDREN OF BODOM, CORONER, DEATH
ALLEY, DIAMOND HEAD, DUST BOLT, ELUVEITIE,
ENSIFERUM, EPICA, GIRLSCHOOL, GOATWHORE,
GRUESOME, HATE, HATE ETERNAL, HATEBREED, HECATE
ENTHRONED, IGORRR, JUDAS PRIEST, KATAKLYSM,
LEPROUS, LORDS OF BLACK, LOUDNESS, MALEMORT,
MANTAR, MASTER, METAL ALLEGIANCE, MUNICIPAL
WASTE, MYRKUR, OBITUARY, PRIMORDIAL, RAGE,
ROTTEN SOUND, SHINING, SKELETONWITCH, SOULFLY,
TESSERACT, TREMONTI, WATAIN…
HEADBANGERS OPEN AIR/BRANDE (Allemagne),
du 26 au 28.07.18 :
MANILLA ROAD, TKO, ANVIL, RIOT V, LOUDNESS,
TANKARD, TYRANT, GIRLSCHOOL, MORGANA LEFAY,
MILLENNIUM, TRANCE, METAL INQUISITOR, SPEED
QUEEN, BLAZON STONE, RAVAGE, EXISTANCE,
DARKNESS, HITTEN, WITCHFYNDE…
ROCK OF AGES/ROTTENBURG (Allemagne),
du 27 au 29.07.18 :
ECHOES, THE HOOTERS, SWEET, FISH, NAZARETH, MR.
BIG, MIDGE URE, THE QUIREBOYS, THE NEW ROSES…
STEELHOUSE/EBBW VALE (Pays de Galle),
du 27 au 29.07.18 :
GLEEN HUGHES, BLACK STAR RIDERS, THE WILDHEARTS,
THE DEAD DAISIES, DAN REED NETWORK, PHIL
CAMPBELL AND THE BASTARD SONS, STONE BROKEN,
KING KING, THE QUIREBOYS…
XTREMFEST/ALBI (France),
du 02 au 05.08.18 :
NASHVILLE PUSSY, HATEBREED, THE ADICTS,
MILLENCOLIN, DEAD KENNEDYS, CONVERGE,
COMEBACK KID, TERROR, MUNICIPAL WASTE, RISE OF
THE NORTHSTAR, THE ADOLESCENTS, BOOZE AND
GLORY, PUNISH YOURSELF, OPIUM DU PEUPLE, THIS IS A
STANDOFF, POGO CAR CRASH CONTROL, RISK IT,
BROKEN TEETH!, GIUDA, SPIRITS, BAD COP BAD COP,
INSANITY ALERT, GET THE SHOT, MALVOLENCE…
WACKEN/WACKEN (Allemagne),
du 02 au 04.08.18 :
ACT OF DEFIANCE, AMARANTHE, AMORPHIS, ARCH
ENEMY, BACKYARD BABIES, BEHEMOTH, BELPHEGOR,
BLUES PILLS, BONFIRE, CANNIBAL CORPSE, CHILDREN
OF BODOM, CLAWFINGER, CONVERGE, DANZIG,
DESTRUCTION, DIMMU BORGIR, DIRKSCHNEIDER,
DOKKEN, DORO, DUST BOLT, DYING FETUS, ENSLAVED,
EPICA, EVIL INVADERS, FIREWIND, FISH, GAAHL'S WYRD,
GHOST, GOJIRA, GRAVE PLEASURES, GRUESOME, HATE
SQUAD, HATEBREED, HELLOWEEN, IN EXTREMO, IN
FLAMES, JUDAS PRIEST, KORPIKLAANI, LEE AARON,
MADBALL, MANILLA ROAD, MANTAR, MR. BIG,
NAZARETH, NIGHT DEMON, NIGHTWISH, NOCTURNAL
RITES, OOMPH!, RIOT V, RUNNING WILD, SAMAEL,
SEPULTURA, SOLSTAFIR, SONS OF APOLLO, STEEL
PANTHER, TOXIC HOLOCAUST, TREMONTI, VALLENFYRE,
VINCE NEIL, WATAIN, WINTERSUN, ZEAL & ARDOR…
SYLAK OPEN AIR/SAINT MAURICE DE GOURDANS
(France), du 03 au 05.08.18 :
ALESTORM, AT THE GATES, BENIGHTED, BLOODBATH,
BLOODSTORM, BROKEN TEETH, CARNIFEX, COMEBACK
KID, DEAD KENNEDYS, ENTOMBED A.D., FLAYED, HATE
ETERNAL, HATEBREED, IN ARKADIA, KADAVAR,
MANTAR, MUNICIPAL WASTE, SEPULTURA, STICKY BOYS,
TERROR…
BRUTAL ASSAULT/JAROMER (République Tchèque),
du 08 au 11.08.18 :
ACT OF DEFIANCE, ARKHON INFAUSTUS, ARMORED
SAINT, AT THE GATES, BEHEMOTH, BELPHEGOR,
BROKEN HOPE, BRUJERIA, CANNIBAL CORPSE,
CARNIFEX, CARPATHIAN FOREST, CELESTE, CONVERGE,
CRUACHAN, DEAD CONGREGATION, DIABLO SWING
ORCHESTRA, DYING FETUS, E-FORCE, EXHORDER, FULL
OF HELL, GOJIRA, GRAVE PLEASURES, GRAVEYARD,
H2O, HATE, HIRAX, IHSAHN, INTEGRITY, MARDUK,
MINISTRY, MISERY INDEX, MORTIIS, MUNICIPAL WASTE,
MYRKUR, NOCTURNUS AD, ORIGIN, PAIN, PARADISE
LOST, PERTURBATOR, PESTILENCE, PROTECTOR, SAINT
VITUS, SUICIDAL TENDENCIES, TERROR, TESTAMENT…
LEYENDAS DEL ROCK/VILLENA (Espagne), du 08 au
11.08.18 :
MOTOCULTOR/SAINT NOLFF (France),
du 17 au 19.08.18 :
NIGHTWISH, SAXON, DORO PESCH’S WARLOCK, MR.
BIG, CHILDREN OF BODOM, SUICIDAL TENDENCIES,
W.A.S.P., SEPULTURA, SONATA ARCTICA, POWERWOLF, ALESTORM, ANGELUS APATRIDA, AUDN, BLOCKHEADS,
KAMELOT, ABBATH, TURISAS, WATAIN, ROSS THE BOSS, CANNIBAL CORPSE, CELESTE, COMEBACK KID,
DRAGONFORCE, AMORPHIS, RIOT V, HIRAX, DIE DEHUMAN, DEVILDRIVER, DYING FETUS, HEART ATTACK,
APOKALYPTISCHEN REITER, FOZZY, AZRAEL, FREEDOM JINJER, LES DISCRETS, LUMBERJACKS, MINISTRY, MISERY
CALL, VAN CANTO, BELPHEGOR, NOCTURNAL RITES, INDEX, MÖHRKVLTH, MONOLITHE, MUNICIPAL WASTE,
IGORRR, PRIMORDIAL, VADER, TANK, PICTURE, NAPALM DEATH, NECROWRETCH, NESSERIA,
BLOODBOUND, DEVIL DRIVER, PRAYING MANTIS… NOSTROMO, ORIGIN, PERTURBATOR, POPA CHUBBY,
PARTY SAN/SCHLOTHEIM (Allemagne),
PUNISH YOURSELF, RENDEZ-VOUS, SADISTIC INTENT,
du 09 au 11.08.18 :
SEPULTURA, SHAWN JAMES & THE SHAPESHIFTERS,
TAGADA JONES, THE BLACK DAHLIA MURDER, TOXIC
ANAAL NATHRAKH, BENIGHTED, CARPATHIAN FOREST, HOLOCAUST, TRISOMIE 21, ULTRA VOMIT…
DEAD CONGREGATION, DESERTED FEAR, DYING FETUS,
METAL MEAN/MEAN (Belgique),
EMPEROR, EXCITER, EXHORDER, GRUESOME, MASTERS
le 18.08.18 :
HAMMER, OBSCENITY, PESTILENCE, RAM, SADISTIC
INTENT, TANKARD, THE BLACK DAHLIA MURDER, TOXIC
HOLOCAUST, TRIBULATION, UNLEASHED, VENOM, TRIPTYKON, VADER, MESSIAH, CULT OF FIRE, TOXIC
WATAIN, WOLFHEART… HOLOCAUST, SADISTIC INTENT, PILLORIAN,
BLOODSTOCK/DERBY (UK),
WIEGEDOOD, CONVULSE, AUDN…
du 09 au 12.08.18 : RELOAD/SULINGEN (Allemagne),
du 23 au 25.08.18 :
JUDAS PRIEST, EMPEROR, KAMELOT, SUICIDAL
TENDENCIES, BLOODBATH, WEDNESDAY 13, BEARTOOTH, BOOZE & GLORY, DEVILDRIVER,
MEMORIAM, GOJIRA, CANNIBAL CORPSE, ALESTORM, DRAGONFORCE, FLOGGING MOLLY, IN FLAMES,
COMBICHRIST, VENOM INC, SEPTIC FLESH, ORDEN KREATOR, MADBALL, MANTAR, PAPA ROACH, PRO-PAIN,
OGAN, NIGHTWISH, AT THE GATES, DEVIL DRIVER, MR PRONG, RYKERS, SEPULTURA, SICK OF IT ALL, STREET
BIG, JASTA, FOZZY, AMARANTHE, DORO, ORPHANED DOGS, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA…
SILLIUSFEST/AUTUN (France), du 24 au 26.08.18 :
LAND, EXHORDER, WATAIN, ACT OF DEFIANCE,
MANTAR…
DARK TRANQUILLITY, EVERGREY, RHAPSODY OF FIRE,
VANDEN PLAS, THE CHARM THE FURY, THORNBRIDGE,
ALCATRAZ/COURTRAI (Belgique), du 10 au 12.08.18 :
WILD, GORGON, IRMINSUL…
NEUBORN OPEN AIR/WORRRSTADT (Allemagne),
les 24 et 25.08.18 :
ALCEST, ALESTORM, AMORPHIS, BARK, BATTLE BEAST,
BEHEMOTH, BIZKIT PARK, BRIDES OF LUCIFER, CRISIX,
DIABLO BLVD, DIMMU BORGIR, EPICA, EXHORDER, SICK OF IT ALL, SAMAEL, KADAVAR, AUDREY HORNE,
FOZZY, GRUESOME, HELLOWEEN, IN FLAMES, THE BLACK DALHIA MURDER, DEVIL DRIVER, ORDEN
INGLORIOUS, KAMELOT, MINISTRY, MR BIG, MUNICIPAL ORGAN, DESERTED FEAR, WARBRINGER, METAL
WASTE, ORANGE GOBLIN, ORDEN OGAN, PESTILENCE, INQUISITOR…
PRIMORDIAL, PRO-PAIN, ROSS THE BOSS, SATYRICON,
SEPULTURA, SOLSTAFIR, STATUS QUO, SUICIDAL
RAISMESFEST/RAISMES (France),
ANGELS, THE ATOMIC BITCHWAX, THE QUILL,
les 15 et 16.09.18 :
UFOMAMMUT…
INTO THE GRAVE/LEEUWARDEN (Hollande),
ROSE TATTOO, SONS OF APOLLO, THE CHRIS SLADE
les 10 et 11.08.18 :
TIMELINE, STOCKS, PRAYING MANTIS, ECLIPSE, OBLIVION,
STICKY BOYS, BAD TOUCH, MAX PIE, RICH ROBIN…
GOJIRA, DELAIN, METAL ALLEGIANCE, ORDEN OGAN,
PYRENEAN WARRIORS OPEN AIR/TORREILLES (France),
TOXIC HOLOCAUST, TOXIC SHOCK, BEHEMOTH,
le 15.09.18 :
CHILDREN OF BODOM, AT THE GATES, PARADISE LOST,
SUICIDAL TENDENCIES, DYING FETUS, GLORYHAMMER...
BAYFEST/EMILIA ROMAGNA (Italie),
GRIM REAPER, MEDIEVAL STEEL, ATTACKER, OZ, SIGN
du 12 au 14.08.18 :
OF THE JACKAL, AMBUSH, VENIN…
SUICIDAL TENDENCIES, DROPKICK MURPHYS, BAD
SOUTH TROOPERS/LES PENNES MIRABEAU (France),
RELIGION, AGNOSTIC FRONT, LAGWAGON, MAD
les 21 et 22.09.18 :
CADDIES, MILLENCOLIN, THE FLATLINERS…
SATAN, DIAMOND HEAD, TITAN, LONEWOLF, NIGHT
SUMMER BREEZE/DINKELSBUHL (Allemagne),
DEMON, SENTINHELL, SPEED QUEEN, STONECAST,
du 15 au 18.08.18 :
STYLE TRIP, TENTATION, VENIN…
VERY PROG/TOULOUSE (France),
ALESTORM, AMARANTHE, ANNISOKAY, ANY GIVEN DAY,
les 12 et 13.10.18 :
ARCH ENEMY, AT THE GATES, AUDN, BACKYARD BABIES,
BANNKREIS, BEARTOOTH, BEHEMOTH, BLASMUSIK
ILLENSCHWANG, BLOODBATH, BROKEN TEETH, DGM, CALIGULA’S HORSE, SPHERIC UNIVERSE
CALIBAN, CANNIBAL CORPSE, CARNIFEX, CARPENTER EXPERIENCE, PERSEFONE, AMON SETHIS, TAOTOPIA,
BRUT, COMEBACK KID, DANKO JONES, DEATHRITE, DIE SOUL SECRET…
APOKALYPTISCHEN REITER, DIRKSCHNEIDER, DYING
FETUS, EINHERJER, EISBRECHER, EREB ALTOR, ESKIMO
RISING FEST/DIJON (France), les 05 et 06.10.18 :
CALLBOY, EVIL SCARECROW, EXHORDER, FARMER BOYS,
FEUERSCHWANZ, GOATWHORE, GRAVEYARD, HARAKIRI
FOR THE SKY, HEILUNG, J.B.O., JASTA, KADAVAR, FREEDOM CALL, TRIBUTE TO SORTILEGE, ANGELUS
KATAKLYSM, KORPIKLAANI, LÜT, MARDUK, MEGAHERZ, APATRIDA, WIZARD, STALLION, GAME OVER, HITTEN,
METAL ALLEGIANCE, MISERY INDEX, MR. HURLEY & DIE EXISTANCE, HEXECUTOR, SEVEN SISTERS, FURYENS,
PULVERAFFEN, NORTHLANE, OBSCURA, ORANGE OBSSESSION, PHENIX, SILVER WIND…
GOBLIN, ORDEN OGAN, ORIGIN, PARADISE LOST,
BRITISH STEEL NIGHT/FISMES (France),
PILLORIAN, POWERWOLF, RAM, ROSS THE BOSS,
le 06.10.18 :
SALTATIO MORTIS, SCHANDMAUL, SEPULTURA, SICK OF
IT ALL, SIRENIA, SOLSTAFIR, TANKARD, THE BLACK
DAHLIA MURDER, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, GRIM REAPER, TYSONDOG, CHARIOT, DESOLATION
TOXIC HOLOCAUST, WARBRINGER, W.A.S.P., ANGELS, ESCLAVITUD, DEALER, NEVERWORLD, THE
WOLFHEART… FILTH HOUNDS, GANG…
FESTIVAL DE VOUZIERS/VOUZIERS (France),
SABATON OPEN AIR/FALUN (Suède), le 01.12.18 :
du 15 au 18.08.18 :
ADX, TITAN, VULCAIN, BLASPHEME, KILLERS, STILL
SABATON, THE DARKNESS, SEPULTURA, POWERWOLF, SQUARE, ATTENTAT ROCK, DEMON EYES, VENIN…
BATTLE BEAST, PRIMAL FEAR, TYR, ORDEN ORGAN,
H.E.A.T., NOCTURNAL RITES, CIVIL WAR, BOMBUS,
TROLLFEST, BEAST IN BLACK, BLAZE BAYLEY,
WARBRINGER…
23
 Propos recueillis par Morgan Rivalin - Interview réalisée le 03 mars 2018 à Paris

14 ans. L’âge de la mobylette, des premiers émois… C’est aussi le temps qu’il aura fallu attendre
pour que A Perfect Circle sorte enfin un nouvel album. 14 années nous séparent également de notre
dernier entretien avec le groupe américain, toujours emmené par le tandem créatif composé de Maynard James
Keenan, chanteur de Tool et de Puscifer toujours auréolé de mystère, et du guitariste/compositeur/homme-
orchestre Billy Howerdel. C’est avec ce dernier que Rock Hard s’est entretenu à Paris pour rattraper le
temps perdu et tout savoir sur Eat The Elephant, nouvel opus qu’APC mettra bien évidemment à
l’honneur cet été, à l’Olympia et au Hellfest. Vite, passe-moi le juin !

Rock Hard : Quand avez-vous commencé que c’était il y a si longtemps ! J’étais différent comparé à ce que Maynard a vendaient encore et que le groupe a
à évoquer l’écriture d’un nouvel album ? très motivé par ce nouveau projet, cet concocté sur ce titre, et c’est très bien connu le succès immédiatement
Est-ce quand A Perfect Circle a album, et la tournée qui a suivi, mais comme ça. J’adore être surpris ! « Eat (Ndlr : en quatre ans, rien qu’aux
recommencé à jouer live en 2010 ? très honnêtement, j’ai été assez déçu. The Elephant » et « Disillusioned » USA, le groupe a cumulé un Disque
Billy Howerdel : Oui. Nous avons Aux Etats-Unis, comme dans de sont d’autres bons exemples de titres d’Or, deux Disques de Platine et un
donné quelques concerts en 2010 et nombreux autres pays, la crise finan- énormément « maynardisés » ! (sourire) DVD de Platine). Difficile de ne pas
nous sommes lancés dans une grosse cière de 2008 a plongé tout le monde Et, bien évidemment, toutes les paroles être décontenancé par la baisse des
tournée US en 2011. Sept semaines dans la morosité. Les gens n’allaient plus viennent de Maynard. J’en écris ventes qui a suivi et de se dire que
sur les routes, si mes souvenirs sont aux concerts, tout le monde succombait quasiment toujours pour mes démos, son message artistique est rejeté alors
bons. Cette période passée ensemble a à la sinistrose ambiante... C’est à ce mais je ne les partage pas avec lui afin que seuls les usages ont changé...
fait germer cette envie de nouvelles moment que je suis arrivé avec cet de ne pas l’influencer. Je ne lui suggère C’est très vrai, mais tu sais quoi ?
chansons. Il a fallu toutefois attendre album intitulé « Je me répète que tout va également une ligne de chant que s’il J’essaie de ne pas trop y penser !!!
2013 pour que les premiers titres voient bien » ! La tournée a été écourtée : le est bloqué, mais généralement, il me (rires) Tout a changé, mais je préfère
le jour de mon côté. J’ai commencé à prix du carburant flambait de jour en répond : « Merci, mais non merci » ! ne pas trop gamberger. Pourquoi faisons-
en envoyer à Maynard (James Keenan/ jour et je perdais de l’argent à chaque (sourire) Il veut que ces chansons nous un album en ces temps où les
chant) et j’ai vraiment cru que la déplacement... Mon erreur fut de portent son empreinte, et c’est aussi gens ne semblent plus vouloir en
machine allait être relancée, mais il a laisser cette déception m’atteindre au ce que je souhaite. C’est ça, APC ! acheter ? La réponse est claire : parce
voulu se consacrer à son groupe point de ne pas persévérer. J’aurais dû que nous en avons envie. Il est important
Puscifer, ce que j’ai bien évidemment me remettre en selle en travaillant sur Le logo du groupe incarne bien le de ne pas se laisser influencer et de
respecté. Quand Maynard a été un nouvel album. J’ai failli le faire. J’ai duo qui est à la base de tout ce que rester fidèle à sa vision. Bien entendu,
disponible, tout s’est remis en place le le fait d’avoir joué régulièrement sur
plus naturellement du monde, comme scène aux USA depuis 2010 nous a
avant. Pourquoi faisons-nous un album permis de voir que le public est toujours
là. Apparemment, les gens nous
As-tu l’impression que Maynard a en ces temps où les gens ne aiment toujours ! (sourire) Alors, si
« lâché » A Perfect Circle en 2004 nous avons envie de faire un album,
pour te forcer à plonger dans le semblent plus vouloir en acheter ? allons-y !
grand bain en chantant toi-même tes
chansons ? La réponse est claire : parce Vous n’avez pas envisagé d’avancer
C’était une envie commune : nous doucement en publiant un EP, par
voulions tous les deux nous consacrer que nous en avons envie ! exemple ?
à des projets solo. Quand il n’était pas Non. Je suis vieux, vous savez : je suis
occupé avec Tool, Maynard s’est
focalisé sur Puscifer et j’ai lancé
(Billy Howerdel) attaché au format « album ». Pour moi,
c’est le seul qui te permette vraiment
Ashes Divide. Maynard n’étant pas toujours quelques inédits dans mes crée APC : ces deux demi-cercles qui de dérouler ta pensée. Je vois chaque
disponible, je n’avais pas 200 options : cartons, mais aussi des titres récents vous représentent, Maynard et toi... chanson comme une pièce du puzzle,
soit je cherchais un nouveau chanteur, qui, je le pense, pourraient bien Oui, c’était l’idée de départ. A Perferct et un puzzle de trois pièces n’est guère
soit je chantais moi-même. C’est cette convenir à un nouvel album d’Ashes. Circle est né de notre rencontre et captivant... Je sais que les EPs sont dans
deuxième voie que j’ai suivie. Il est Et puis, certains morceaux que j’avais chacun de nous doit y insuffler sa l’air du temps, mais personnellement,
vrai que ça faisait longtemps que envisagé pour Ashes apparaissent personnalité. Il ne s’agit toutefois pas ce n’est pas mon truc. J’aime les
Maynard m’encourageait à chanter. aussi sur le nouveau A Perfect Circle. de deux demi-cercles, mais de cercles albums et je ne suis pas le seul. Ou
J’ai donc sauté dans le grand bain, Comme toujours, dès que la voix de entiers qu’on ne voit pas de prime peut-être est-ce parce que j’ai tendance
comme tu dis... (sourire) Maynard se pose sur mes compos, abord, comme lorsqu’on observe un à m’entourer de gens qui voient les
elles deviennent du APC. croissant de lune. C’est une idée qui choses de la même façon ? (rires)
Dix ans après, quel regard poses-tu m’est venue en composant le morceau
sur la période Ashes Divide ? (Ndlr : Certains morceaux ont-ils beaucoup « 3 Libras » (Mer De Noms/2000) dont Avez-vous dû vous donner une date
né en 2005, Ashes Divide n’a à ce évolué depuis tes démos ? les paroles parlent de l’invisible. J’ai butoir pour que l’album soit enfin
jour publié qu’un seul album, Keep Oui, bien sûr. C’est le cas de écrit ce morceau dès 1998. Ce fut un finalisé ? C’est souvent un élément
Telling Myself It’s Alright, en 2008) « Hourglass » notamment. J’avais titre important pour APC. important...
C’est marrant, je n’ai pas l’impression envisagé quelque chose de radicalement C’est très vrai. Oui, nous nous sommes
Le morceau-titre du nouvel album, donné une date limite et Maynard a
GENRE « Eat The Elephant », est porteur d’ailleurs passé les fêtes de fin d’année
SITE INTERNET ARTICLES RH d’un message artistique fort : ne pas en studio pour que nous tenions les
. Rock/metal alternatif www.aperfectcircle.com RH N°27, 29, 30, 39 & 186 hésiter à plonger dans l’inconnu, à délais. Avoir une date butoir est très
LE GROUPE ALBUMS suivre son instinct, à créer... important. Pour avoir collaboré avec
. Maynard James Keenan Oui, c’est ce dont je parlais à l’instant de nombreux groupes, j’ai souvent vu
. Mer De Noms (2000)
(chant) . quand j’évoquais ma déception liée à que trop de libertés n’est pas forcément
Thirteenth Step (2003)
. Billy Howerdel (guitare) . Emotive (2004) Ashes Divide : il est extrêmement facile une bonne chose : trop d’argent, trop
. Amotion (compilation – 2004)
. James Iha (guitare, claviers) . Deep Cuts (EP – 2009) de se laisser paralyser et de ne plus rien de temps, trop de choix, trop de béni-
. Matt McJunkins (basse) . Three Sixty (compilation – 2013) créer. C’est la solution de facilité... oui-oui qui ne vous disent que ce que
. A Perfect Circle Live : Featuring vous voulez entendre, etc. Ce n’est pas
. Jeff Friedl (batterie) Stone And Echo (live – 2013)
. Eat The Elephant (2018) Il faut dire que A Perfect Circle est bon. Les notions de temps et de date
né à une période où les disques se butoir sont vitales pour un humain. Si

24
De g. à d. : Matt McJunkins, James Iha, Billy Howerdel,
Maynard James Keenan & Jeff Friedl
 nous vivions éternellement, comment
aborderions-nous nos vies ? Tiens, ça me
fait penser à Wall-E, un film d’animation
que j’ai adoré. Je pourrais en parler
très longtemps, alors revenons plutôt
à la musique ! (rires)
Pour la première fois tu n’as pas
produit cet album d’APC. C’est Dave
Sardy (Helmet, ZZ Top, Incubus, etc.)
qui s’en est chargé. As-tu ressenti
qu’à ce stade de ta carrière, tu avais
besoin d’un regard extérieur ?
Oui. Le déclic m’est venu en travaillant
sur la bande originale de D-Love : un
film indépendant qui a été présenté
dans des festivals, mais qui n’est pas
encore sorti dans les salles (Ndlr :
Billy Howerdel joue également dedans).
Pour la première fois, je n’ai pas géré
l’enregistrement de ces morceaux.
C’est comme si quelqu’un m’avait
soulagé du poids de mes valises. Ça
m’a fait un bien fou ! C’est ce que j’ai
recherché avec APC cette fois-ci,
même si, à certains moments, j’ai
quand même mis les mains « dans le
cambouis ». Mais tout s’est très bien
passé avec Dave. Nous lui avons
d’ailleurs confié le mixage du disque.
A part Maynard et toi, qui apparaît
sur Eat The Elephant ? Y joues-tu
plus que de la guitare ?
Je joue tous les instruments – guitares,
claviers, basse – sauf sur deux titres
sur lesquels Matt McJunkins (Ashes
Divide, Puscifer) tient la basse :
« Feathers » et « By And Down ». Dave
Sardy joue aussi de la basse sur certains
passages, mais je ne saurais dire
lesquels de tête. En fait, ça s’est passé
comme sur nos albums précédents : je
joue un peu de tout et d’autres musiciens
ajoutent leurs touches personnelles
sur certains passages précis.
Qui joue de la batterie sur Eat The
Elephant ?
C’est un mélange de batterie programmée
et, encore une fois, d’interventions de
batteurs divers. On y retrouve ainsi
Filmer en permanence en tenant son téléphone en l’air et empêcher
ainsi les autres de profiter du concert : nous n'en voulons pas. C'est si
malpoli ! Ça me fait me demander pourquoi ces spectateurs sont venus
au concert (Billy Howerdel)
Jeff Friedl, le batteur qui nous accom-
pagne en concert depuis 2011, mais
aussi Matt Chamberlain (ex-Pearl
Jam, Tori Amos) et Isaac Carpenter
(Awolnation, Duff McKagan’s Loaded).
Dave Sardy joue aussi sur certains
passages, et moi aussi, si l’on accepte
que programmer la batterie est « jouer
de la batterie » !
Que s’est-il passé avec Josh Freese,
votre batteur originel ? Il a joué avec
vous lors de votre reformation, mais
n’a pas poursuivi avec le groupe...
Il a effectivement donné des concerts
avec nous en 2010 et un peu en 2011,
mais il y a eu des problèmes d’emploi
du temps. C’est un batteur très demandé
et nous avons dû le remplacer en pleine
tournée. Jeff Friedl est arrivé au
débotté. A l’époque, Josh devait partir
en tournée avec Weezer : des dates qui
avaient été calées avant les nôtres.
26
Nous avons continué avec Jeff avec qui
tout se passait très bien, mais je suis
toujours en contact avec Josh. C’est un
ami proche. Il est juste constamment
occupé...
Il n’y a donc pas de problème entre
vous...
(Surpris) Euh, non ? En tout cas je n’ai
aucun problème avec lui ! (rires)
A l’époque de son départ, il s’était
fendu d’un tweet plutôt lapidaire
dans lequel il avait écrit : « Je quitte
A Perfect Circle après 13 ans et
n’ai... »
(Terminant la phase) « Et n’ai pas
l’intention d’y revenir ». Oui, je m’en
souviens bien. Il est vrai que c’était un
peu abrupt et je comprends qu’on ait
pu mal l’interpréter. Mais je pense que
c’était surtout imputable à Twitter
dont la limite de caractères auquel on
a droit amène à des formulations
brusques. Josh m’a d’ailleurs écrit hier
pour me proposer de prendre part à un
concert caritatif le 16 avril à Los
Angeles (Ndlr : avec Dave Navarro, Billy
Idol, Corey Taylor, etc. Cet événement est
organisé au profit de la prévention et du
traitement des maladies mentales).
J’adorerais en être, mais je ne sais pas
si je pourrai m’y rendre car c’est le
jour du dixième anniversaire de mon
fils. En même temps, ça peut être
sympa comme sortie ! (rires)
Sur votre tournée américaine de
novembre dernier, vous avez interdit
les téléphones et vous êtes assurés
que personne ne prenait de photos et
de vidéos lors de ces shows. En
Pennsylvanie, l’organisateur serait
allé, visiblement à votre demande,
jusqu’à expulser de la salle pas
moins de soixante spectateurs
réfractaires (!). Est-ce vraiment arrivé ?
Oui, mais le chiffre n’est pas exact. Je
pense que le promoteur qui a revendiqué
ça cherchait à faire parler de lui. Huit
personnes ont bien été sorties de la
salle pour avoir filmé alors que c’était
interdit, et une trentaine d’autres ont
été expulsées pour d’autres motifs : état
d’ébriété, comportements dangereux,
etc. Pour une salle de 7.000 personnes
comme celle-ci, ça ne me semble pas
excessif. Mais au-delà des chiffres, je
tiens à préciser notre position sur ce
sujet. Que quelqu’un prenne une photo
avec son téléphone sans gêner les
autres (Il mime un téléphone placé au
niveau du torse), ça ne nous pose aucun
problème. Je l’ai fait et je comprends
qu’on ait envie d’avoir un souvenir.
Mais filmer en permanence en tenant
son téléphone en l’air et empêcher
ainsi les autres de profiter du concert :
nous n’en voulons pas. C’est si malpoli
! Ça me fait me demander pourquoi ces
spectateurs sont venus au concert.
Venir voir un groupe en concert, c’est
une démarche. Nous sommes censés
être ensemble et ça ne dure qu’un bref
instant. Profitons de ce moment pour
entrer en contact les uns avec les
autres. Nous ne cherchons pas à dire
aux spectateurs ce qu’ils doivent faire,
mais il ne me semble pas incompré-
hensible de demander qu’on suive nos
recommandations à nos concerts.
Ce qui « choque » dans cette histoire,
c’est d’aller jusqu’à expulser les
spectateurs...
Je comprends que ça interpelle. A
l’exception du concert que j’évoquais à
l’instant, je ne pense pas que d’autres
expulsions de spectateurs qui avaient
filmé aient eu lieu. Mais pour répondre
à ceux qui disent que nous n’avons pas
le droit de faire ça, je précise que ce sont
nos concerts et que nous les donnons
dans une salle que nous louons et qui, pour
la durée de ce concert, nous appartient.
Nous y sommes chez nous, dans
« notre maison ». A un mariage, si les
mariés te demandent de ne pas prendre
de photos, tu vas respecter leur souhait,
n’est-ce pas ? De même, les gens ne
filment pas quand ils vont voir une pièce
de théâtre. Pourquoi en irait-il autrement
à un concert ? Parce que le public a
pris cette mauvaise habitude…
Pour n’en citer qu’un, King Crimson
est un groupe qui a la même politique
interdisant l’utilisation des téléphones
pour filmer lors des concerts... (Ndlr :
mais à notre connaissance, n’a
jamais expulsé aucun contrevenant)
Ah, je ne le savais pas, mais je trouve
ça très bien ! (sourire) Une dernière
chose à ce sujet : ce n’est pas nouveau.
Maynard interdit de filmer ses
concerts depuis des années.
Et quand ce n’était pas encore
interdit, il demandait aussi aux
spectateurs de ne pas fumer… (Ndlr :
l’interdiction de fumer dans tous
les lieux accueillant du public est
entrée en vigueur en 2007)
Exact. Je m’en souviens très bien. Là
encore, pourquoi ne pas respecter les
souhaits du musicien qu’on est venu
voir et qui explique que le tabac nuit à
sa voix, et donc à la qualité du concert
? Encore une fois, venir à un concert
est une démarche.
En revanche, les téléphones n’ont
pas d’impact sur la qualité du
chant... (sourire)
Non, mais ils impactent les gens qui se
trouvent autour de toi. Que doivent
faire ceux qui sont plus petits ?
Regarder le concert au travers d’une
mer d’écrans ?!
Après Mer De Noms, Mer d’Ecrans...
(Rires) Ça aurait pu être un bon titre !
 lent... Vous voyez le lien avec la
limace. Même après des années, il est
facile de rechuter parce qu’au fond
de soi, on a terriblement envie de
rechuter. On a envie d’éjecter cette
limace qui nous rampe sur le visage
d’un revers de la main, de succomber
à ses démons. C’est tellement plus
facile que de travailler à sa guérison,
jour après jour… Je n’en avais encore
jamais parlé, mais bon, quinze ans
après ! (sourire)
Te souviens-tu de comment tout a
commencé, quand tu as fait écouter
tes démos à Maynard, il y a vingt ans ?
Bien sûr. Je l’entends encore me dire : « Je
me vois bien chanter là-dessus ! ». Le
morceau sur lequel il a eu le déclic est
donner des concerts. Il était très
important pour nous que APC fasse
ses premiers pas sur scène et nous
avons donné au moins 20 ou 30 shows
avant d’entrer en studio. Ensuite,
comme nous l’avons fait pour Eat The
Elephant, nous nous sommes donné
une date butoir et le reste a suivi...
(sourire)
Te demandes-tu parfois ce que ces
chansons seraient devenues si
Maynard n’avait pas été de la partie ?
Ça m’a déjà traversé l’esprit, bien sûr.
Je pense que j’aurais quand même fini
par les sortir, en recrutant un autre
chanteur, ou plutôt une chanteuse.
C’était mon idée d’origine. Je cherchais
tous azimuts. C’est d’ailleurs comme

En matière de textes et d'artwork,

Maynard a souvent un coup
d'avance (Billy Howerdel)
« A Stranger », un titre qui est finale-
ment apparu sur Thirteenth Step, mais
les premiers titres sur lesquels il a
chanté furent « The Hollow » et
« Orestes » (Mer De Noms). Tout a
effectivement débuté en 1998, il y a
vingt ans, et l’aventure a commencé à
devenir concrète au printemps 1999. A
partir du moment où Maynard m’a fait
part de son intérêt pour mes compos,
ça m’a stimulé et donné envie de ne
plus perdre de temps (Ndlr : à l’époque,
Billy Howerdel était âgé de 27 ans). J’ai
donc assemblé un groupe, et durant
l’été 1999, nous avons commencé à
ça que Maynard a entendu que « Billy
le guitar tech » composait des morceaux
(Ndlr : Billy Howerdel a travaillé pour
des groupes comme Fishbone, Smashing
Pumpkins, Nine Inch Nails ou encore
Tool). C’est lui qui, par curiosité, m’a
demandé d’écouter ce que je faisais.
Ensuite, mon recrutement par Guns
N’Roses pour travailler sur Chinese
Democracy m’a un peu compliqué la
tâche (Cf. encadré « Billy’s Democracy »).
Mon contrat de travail stipulait que
j’étais employé à temps plein, et je
bossais constamment sur ces morceaux,
mais Axl (Rose) s’est tout de même

Au passage, sais-tu que, quand il
prononce « Mer De Noms » rapide-
ment, un Français entend « Merde
non ! » ?
Oui ! C’était un peu le but… (rires)
Vraiment ?!
Oui : mon meilleur ami est un profes-
seur d’histoire de la littérature qui
parle français couramment. C’est lui
qui m’a aidé à trouver ce titre d’album.
L’idée était d’avoir un double niveau
de lecture : un premier degré poétique
et un second qui l’est un peu moins...
(rires) C’est le genre de chose qui nous
fait rire ! Je ne crois pas l’avoir jamais
dit en ces termes, mais bon, 18 ans
après, il y a prescription... (sourire)
Ça ne surprendra pas ceux qui
savent que Maynard James Keenan a
un sens de l’humour à prendre au
quinzième degré qui est d’ailleurs la
cause de nombreux malentendus...
C’est très vrai. Nous sommes deux
personnes foncièrement différentes,
mais ce sens de l’humour est l’un de
nos points communs. Maynard aime
effectivement l’humour absurde et
c’est pour cette raison que je ne souhaite
pas commenter ses textes. Que je
sache ce qu’il a vraiment eu envie de
dire ou pas, je préfère ne pas parler en
son nom. Que chacun les interprète à
sa façon. Mais en tout cas, et pour dire
les choses exactement comme je les
pense, en matière de textes et d’artwork,
Maynard a souvent un coup d’avance.
C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine
de la pochette de l’album. C’est sa
vision à 100%.
Sais-tu d’où est venue cette drôle
d’idée de mettre une pieuvre sur un
disque nommé Mange l’éléphant ?
(Sourire) Je connais quelques pièces du
puzzle, mais je n’ai pas besoin de tout
savoir... Si Maynard est si passionné
par un concept de pochette, alors je
n’ai pas besoin d’en savoir plus ni
d’essayer de l’en dissuader. Sauf, bien
sûr, s’il pète un câble et propose
quelque chose de totalement inaccep-
table, ce qui n’est jamais arrivé.
La tête du personnage de la pochette
est bien constituée du mélange de
vos deux visages, n’est-ce pas ?
Exact. On ne le voit pas au premier
regard car nous avons fait en sorte de
rendre ça assez harmonieux, notamment
au niveau du nez. Un mélange de deux
nez est assez étrange, forcément !
(sourire)
Vous n’avez jamais aimé expliquer
vos pochettes, du moins au moment
de la sortie d’un album. Mais comme
tu le disais, il y a prescription
aujourd’hui ! (Il rit) Thirteenth
Step (2003) étant lié au thème de
l’addiction (Ndlr : c’est une référence
aux douze étapes du programme
des Alcooliques Anonymes), la limace
qui rampe sur la joue de cette femme
symbolise-t-elle une addiction sour-
noise dont il n’est pas si facile de se
débarrasser ?
Personnellement, j’ai toujours vu cette
limace comme une métaphore de la
guérison. Guérir de ses addictions
n’est pas chose aisée. Ça prend beaucoup
de temps, c’est un processus très

27

montré d’un grand soutien. Il me
donnait du temps à consacrer à APC
dès que j’en avais besoin.
Es-tu resté en contact avec Axl ?
Non. Je suis allé voir Guns N’Roses au
Wiltern Theatre de Los Angeles (Ndlr :
en 2012) et je suis toujours bon ami
avec des gens de l’entourage d’Axl,
des techniciens à lui, etc. Mais Axl et
moi nous sommes perdus de vue. Peut-
être nous recroiserons-nous un jour ?
Qui sait...
28
A un concert d’AC/DC, peut-être !
(Rires) Peut-être ! Je n’ai pas vu AC/DC
avec lui au micro, mais il paraît que
c’était bien. As-tu vu l’un de ces
concerts ?
J’ai pu voir qu’il a assuré grâce... à
des fans qui ont filmé les concerts
avec leurs téléphones portables !!!
Comme quoi... (rires)
(Il applaudit) HAHAHA, bien joué !
Vous avez repris « Dog Eat Dog »
d’AC/DC sur les dernières dates de
votre tournée US. Qui a eu cette
idée ?
Maynard. Il a proposé ça à Seattle lors
du soundcheck et nous avons joué le
morceau le soir même. Puisque ça l’a
bien fait, nous l’avons conservé sur les
dates suivantes. C’est un modeste
hommage à Malcolm Young. Nous
avons tous grandi en écoutant AC/DC.
Je revois encore ma sœur me passer
son exemplaire de Back In Black
(1980), même si j’ai été encore plus
marqué par la découverte de Dirty
Deeds Done Dirt Cheap (1976, mais
sorti en 1981 aux USA). Rendre
hommage à des musiciens qui ont eu
un tel impact sur tant de vies est bien
la moindre des choses.
En juin, vous jouerez à l’Olympia et
au Hellfest. Le concert et le festival
affichent complet, et de longue date.
Difficile de faire mieux ! (Ndlr : sur
cette tournée, le guitariste James
Iha, occupé avec Smashing
Pumpkins, sera remplacé par Greg
Edwards de Failure)
C’est vrai, nous sommes vernis ! Tout
le monde me dit le plus grand bien de
l’Olympia, qui semble être une superbe
salle, mais aussi du Hellfest, qui est
visiblement l’un des meilleurs festivals
qui existent. J’ai particulièrement hâte
de me rendre au Hellfest parce que je
sais que c’est dans l’Ouest du pays.
J’adore la côte Ouest de la France. J’y ai
de superbes souvenirs avec les différents
groupes pour lesquels j’ai travaillé
dans les années 90, et notamment
avec Fishbone. C’est d’ailleurs lors de
cette tournée (Ndlr : en 1993) que Maynard
et moi sommes devenus amis car Tool
apparaissait également sur cette affiche.
Si mes souvenirs sont bons, nous avons
donné 29 concerts en 30 jours (!). J’ai
particulièrement adoré les concerts
français donnés dans l’Ouest, et
notamment notre passage à la Rochelle.
Je ne saurais dire pourquoi, mais
quelque chose m’a vraiment plu là-bas.
Je suis tout de suite tombé amoureux
de la ville. A la fin de notre tournée, j’y
emmènerai ma famille. Y
BILLY’S
DEMOCRACY
Sorti en 2008, Chinese Democracy du
Guns N’Roses « version Axl Rose &
friends » est l’album de tous les
records : 11 années de gestation en
studio, des dépenses dépassant la
barre des 13 millions de dollars, etc.
Avant de fonder A Perfect Circle,
Billy Howerdel était présent en studio
dès 1997. Il revient pour nous sur
cette période pas comme les autres.
« Tout a commencé quand j’ai fait audi-
tionner des batteurs, sur des classiques
comme « Welcome To The Jungle » et
« It’s So Easy ». J’étais à la basse car
Duff (McKagan) venait de quitter le
groupe (Ndlr : il est parti en 1997, peu
avant que le batteur Matt Sorum ne
soit remercié par Axl. Slash est quant
à lui parti dès 1996). C’est comme ça
que j’ai rencontré Josh (Freese), que j’ai
fait venir suite à une recommandation de
Maynard qui venait de le voir jouer
dans Devo, l’un de ses groupes préférés.
Il l’avait vraiment impressionné. Je me
suis retrouvé à auditionner des batteurs
de la trempe de Joey Castillo (Danzig et
futur QOTSA) ou encore Michael Bland
(batteur de Prince, mais aussi... de
France Gall !), mais Josh a éclipsé tout
le monde. Le début de l’enregistrement
de Chinese Democracy a commencé peu
après. Le groupe travaillait le jour, et
moi, je bossais surtout la nuit, avec Axl.
Nous écoutions ce qui avait été mis en
boîte durant la journée et procédions à
des ajustements, travaillions sur le
chant, etc. » Tellement d’intervenants
successifs ont collaboré à Chinese
Democracy que les crédits du livret de
l’album ont dû être un casse-tête
pour Axl & Co… « Je n’en doute pas !
Un jour, quelqu’un m’a dit que je n’étais
crédité que sur un seul morceau de
l’album (Ndlr : « There Was A Time »)
alors que j’ai été BEAUCOUP plus
impliqué dans cet enregistrement.
Croyez-moi : j’étais là ! (rires) Mais peu
importe. Du point de vue d’Axl, puisque
tout, ou presque, était réenregistré à
chaque fois que de nouveaux intervenants
étaient recrutés, ce qui avait été fait par
les autres se trouvait comme « effacé ».
Enfin, je devrais sans doute me procurer
l’album pour regarder ça dans le détail !
J’ai entendu quelques titres de ci de là,
mais je n’ai jamais écouté le disque
finalisé... » Y
Ivan Pavlakovic, Romain Laure & Adrian Martinot
De g. à d. : Romin Manogil, Aurélien Ouzoulias,

Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 7 mars 2018
Dans la jungle, terrible jungle, des groupes français tout droit sortis de nulle part (ou presque), certains semblent mieux nés
que la moyenne et l'on serait tenté de leur prédire un avenir radieux. Disconnected est assurément de ceux-là tant White
Colossus, le premier essai du combo, tape fort et juste. Ambitieux, mais aussi et surtout travailleur acharné, le guitariste/
compositeur Adrian Martinot nous en dit davantage sur son précieux rejeton.
Rock Hard : A l’ère du buzz, il est apprises. J’ai donc imaginé monter un et d’ambiances m’a bien aidé. Le Mörglbl Trio, etc.). Comment l’avez-
essentiel de faire parler de soi. groupe. Au départ, je faisais des fait aussi que tous ces titres soient vous enrôlé ?
Force est de constater que le nom reprises d’Alter Bridge, puis très réenregistrés de A à Z avec la même Le groupe est un peu éparpillé
Disconnected revient en ce moment vite sont venues les premières compos. équipe a permis de garantir une géographiquement. Or, nous avions
sur bien des lèvres. J’imagine qu’avoir Je jouais avec des gens de ma ville bonne unité de son. une grosse répétition prévue de longue
le vent en poupe de la sorte doit être (Ndlr : Troyes), mais mes attentes ont date, et à la veille de celle-ci, notre
galvanisant ? rapidement évolué. Tout en gardant Le chant d’Ivan Pavlakovic (Heavy batteur nous a plantés. Il nous a donc
Adrian Martinot : Absolument, c’est mon projet en tête, j’ai intégré Melted Duty) imprime également une iden- fallu trouver quelqu’un dans l’urgen-
quelque chose de très prenant, d’autant Space un an plus tard, apprenant tité très forte à Disconnected. As-tu ce. Ivan ayant déjà bossé avec Aurel,
que Disconnected est un projet que je beaucoup, au passage, sur le milieu auditionné beaucoup de chanteurs il m’a proposé de le contacter, sans
mûris dans ma tête depuis 2012. Pour de la musique. avant lui et quand as-tu su qu’il grand espoir toutefois car il est très
qu’aujourd’hui la sortie de l’album était la bonne personne pour le pris. A ma grande surprise il a adoré
puisse se faire de bonnes conditions Les titres de l’album White groupe ? le projet et a souhaité l’intégrer en
et fasse un tant soit peu parler d’elle, Colossus sont-ils récents ou y Bootz (Ndlr : François-Maxime Boutault), tant que batteur permanent. Il a suffi
nous avons énormément démarché en trouve-t-on encore des traces de ce le producteur de l’album, suit le de deux jours de répétitions, et un
amont. Nous passons chaque jour des que tu avais écrit en 2012 ? projet depuis longtemps. C’est lui mois et demi plus tard, nous lancions
heures à envoyer des mails partout A la base, j’avais dans l’idée de qui nous a mis en contact. Nous l’enregistrement de l’album !
afin de trouver les meilleurs plans sortir un EP 6 Titres. Au final, je n’en avons longuement discuté Ivan et
pour le groupe, et l’effet « bouche à ai conservé que trois, qui datent moi, et il nous est apparu que nous Tu joues également dans Melted
oreille » semble très bien fonctionner. donc de 2012, et qui figurent sur avions les mêmes buts, comme faire Space, Aurel a plusieurs autres
l’album. Ensuite, j’ai composé d’autres un maximum de scène. Je lui ai groupes et Ivan mène lui aussi une
Comment tout cela a-t-il commencé ? choses pour des projets qui ne se sont envoyé des titres sur lesquels il a carrière musicale parallèle. Quelle
En 2012, je suis sorti de la M.A.I. de jamais faits, et que j’ai également posé des lignes de chant et j’ai priorité allez-vous accorder à
Nancy (Ndlr : Music Academy incluses ici en les réarrangeant. tout de suite su que c’était ce que je Disconnected ?
International, une prestigieuse école de Enfin, il y a des compos très récentes voulais. Je n’avais pas testé grand Nous espérons tous pouvoir continuer
musique) et j’ai très rapidement eu qui ont à peine quelques mois. Il a monde auparavant car je galérais à tout mener de front, évidemment, et
envie de mettre à profit toutes les bien fallu trouver un fil rouge à tout vraiment à trouver les musiciens nous croisons les doigts pour qu’il n’y
choses que j’avais accumulées et cela, et ajouter beaucoup de nappes adéquats, mais ça a immédiatement ait pas de choix à opérer. En ce qui
matché avec Ivan. De plus, il vient me concerne, Disconnected restera
GENRE SITE INTERNET d’un milieu metal plus traditionnel, ma priorité. Avec tout le temps et les
. Metal moderne et de ce fait, ses idées apportent moyens investis dans le groupe, ce
www.facebook.com/
DisconnectedMetal vraiment quelque chose de différent serait vraiment trop con de ne pas
LE GROUPE vouloir aller jusqu’au bout. Pour
au son du groupe qui est très
. Ivan Pavlakovic (chant)
ALBUM moderne. l’instant, la question ne se pose pas
. Adrian Martinot (guitare) et c’est tant mieux ! J’aime beaucoup
. White Colossus (2018)
. Florian Mérindol (guitare) Le line-up compte aussi dans ses Melted Space dont certains membres
. rangs Aurélien Ouzoulias (batterie/ sont devenus des amis proches, mais
Disconnected est « mon » projet... Y
Romain Laure (batterie) ARTICLE RH
. Aurélien Ouzoulias (batterie) ex-Zuul FX, actuel Satan Jokers,
RH N°186
. Romin Manogil (guitare studio)
29
 GENRE
. Hard rock
LE GROUPE
. John Corabi (chant)
. Doug Aldrich (guitare)
. David Lowy (guitare)
. .
Marco Mendoza (basse)
. Deen Castronovo (batterie)
30
SITE INTERNET ARTICLES RH
thedeaddaisies.com RH N°155, 168 & 186
ALBUMS
. The Dead Daisies (2013)
. Revolución (2015)
. Make Some Noise (2016)
. Live & Louder (live – 2017)
Burn It Down (2018)
De g. à d. : Deen Castronovo, Doug Aldrich,
John Corabi, Marco Mendoza & David Lowy

Dans la vie, une seconde chance ne nous est pas toujours offerte. Encore faut-il la saisir au vol. John Corabi, après avoir
été remercié par un Mötley Crüe au creux de la vague, a connu de très nombreuses années de galère… Jusqu’à ce que The
Dead Daisies entre dans sa vie : depuis, le talentueux vocaliste ne s’économise pas et apprécie à sa juste valeur cette
nouvelle étape de sa déjà longue carrière. Avec passion et gentillesse, il nous présente Burn It Down, le nouvel opus de
son gang, et revient avec philosophie sur certains évènements passés.
Rock Hard : John, est-il vrai que vous
êtes de nouveau entrés en studio
sans le moindre morceau ou texte
finalisé ?
John Corabi : Oui ! (rires) Je continue
de trouver ça incroyable car, dans le
passé, que ce soit avec The Scream,
Mötley Crüe ou Union, mes anciens
groupes, nous passions presque une
bonne année à composer un album.
Lorsque j’ai rejoint The Dead Daisies,
l’idée était de travailler chacun de
notre côté sur des idées durant
quelques semaines, de nous rejoindre
en studio et d’enregistrer. En gros,
lorsque nous nous retrouvons, nous avons
des riffs à droite à gauche, nous nous
posons avec des guitares acoustiques,
avec Marti (Ndlr : Frederiksen, producteur
et co-compositeur de plusieurs morceaux)
et faisons de la musique ! Mais heureu-
sement, nous sommes loin du syndrome
de la page blanche avec ce groupe,
tout le monde fourmille d’idées. Nous
habitons tous loin les uns des autres,
et lorsque nous nous retrouvons tous
le même jour au studio pour « bosser »
– en l’absence de meilleur terme – je
dirais que nous ne glandons pas. Nous
arrivons à dix ou onze heures du matin,
et nous travaillons jusqu’à 20 ou 22h00,
tous les jours, week-ends inclus,
jusqu’à ce que le boulot soit fait. Car
nous savons que si nous prenons notre
temps et ne nous montrons pas efficaces,
ça implique des coûts à tous les
niveaux : hôtels, studio, bouffe, ingénieur
du son… Depuis que je suis entré dans
The Dead Daisies, pour nos trois albums,
la composition, l’enregistrement, le
mixage, le mastering et la pochette
ont été finalisés en cinq semaines.
Burn It Down dure 41 minutes, à
peu près pareil que Make Some
Noise, soit globalement le temps
d’écoute des albums sortant dans les
70’s et au début des années 80. Est-
ce, pour vous, le format idéal pour
apprécier un disque sans risquer de
s’ennuyer ?
Eh bien, pour être honnête avec toi,
avant que tu ne me précises la durée
exacte de ce nouvel album, je l’igno-
rais ! (rires) Au final, ce qui compte pour
nous, c’est qu’un album soit équilibré
et qu’il « dise » vraiment quelque
chose, à l’instar de certains classiques
que je continue de vénérer comme Get
Your Wings (1974) d’Aerosmith : il ne
contient que huit morceaux, mais c’est
un disque incroyable. Autres exemples,
Machine Head (1972) de Deep Purple
et Presence (1976) de Led Zeppelin ne
renferment que sept titres. Lorsque
nous entrons en studio, nous ne savons
pas comment un album va sonner au
final. Et même si nous avons enregistré
plus de titres qu’il n’y a sur ce disque,
sans compter les quelques morceaux
inutilisés sur les deux précédents,
nous avons simplement ressenti qu’il
n’en fallait pas plus pour que Burn It
Down soit un opus qui sonne bien : ni
trop court, ni trop long.
Deen Castronovo a rejoint le groupe
à la fin de l’année dernière car Brian
Tichy, votre précédent batteur, ne
pouvait assurer l’enregistrement et
les concerts de la tournée à venir
compte tenu de ses autres obligations.
Deen ayant joué ces dernières années
avec Marco Mendoza (basse) et Doug
Aldrich (guitare), on peut imaginer
que ce sont eux qui vous ont aiguillé
vers Deen…
Je connaissais certains groupes dans
lesquels Deen avait joué, mais je ne
l’avais jamais rencontré. En fait, nous
avons appris que Brian ne pourrait
être disponible qu’au moment même
où nous devions nous rejoindre à New
York pour bosser sur l’album. Ce n’est
que lorsque nous sommes arrivés sur
place que Brian nous a informés qu’il
venait de réaliser qu’il ne pourrait pas
être disponible pour l’album et les
concerts à suivre. Qui, de Marco ou
Doug, a appelé Deen, je ne sais pas,
mais ce qui est sûr, c’est que maintenant
que je le connais, je peux dire que c’est
un mec super. Bien sûr, je sais que
Deen a traversé un période très sombre
il y a environ deux ans (Ndlr : en octobre
2015, il a été condamné à quatre ans de
prison avec sursis probatoire pour violence
domestique sous l’emprise de stupéfiants).
Il a été très honnête avec nous et nous
a clairement expliqué tout ce qui s’était
Disons que « ressuscité » est une
façon élégante de dire « allez-vous
faire foutre, je suis toujours là ! »
(John Corabi)
passé. Mais il s’est vraiment repris en
main et est très fier de pouvoir dire à
quel point il est devenu sobre, à tous
les niveaux. Et il est aussi incroyablement
bon que Brian, mais dans un autre
registre. Deen est arrivé avec une
positivité totale, son sens de l’humour,
et a réalisé un travail phénoménal à la
batterie. Après, il a commencé à faire
quelques chœurs. Et là, je me suis dit :
« Bon sang, ça va être juste incroyable en
concert ! » C’est un chanteur hallucinant.
Alors, autant je souhaite vraiment le
meilleur à Brian pour la suite de sa
carrière, autant je suis ravi que Deen
soit avec nous. Depuis son arrivée dans
le groupe, je suis particulièrement
devenu proche de lui. Nous nous
appelons très souvent et je suis heureux
qu’il soit de nouveau d’attaque après
ce qu’il a vécu il y a quelques années.
A un point de ta vie, tu as rejoint l’un
des plus grands groupes du monde,
Mötley Crüe, puis après l’avoir quitté,
tu as poursuivi ta carrière. Mais
avant d’intégrer The Dead Daisies, ce
ne fut pas toujours très fructueux…
Est-ce que le premier titre de l’album,
« Resurrected », a un côté autobio-
graphique en rapport avec la courbe
de ta carrière ?
Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 13 mars 2018
D’une certaine façon, peut-être… Cela
peut aussi s’appliquer, d’une certaine
manière, à Deen. Ce business est
incroyable : j’adore mon métier. Il est
clair qu’après mon départ de Mötley
Crüe, j’ai vécu certaines années qui n’ont
pas été aussi bonnes financièrement
parlant que lorsque je faisais partie de
ce groupe. Mais je ne me suis jamais
plaint. Que ce soit avec Union ou
Ratt… La mesure du succès est diffé-
rente selon les personnes. Dans mon
esprit, certes, je n’ai certainement pas
le même compte en banque que Tommy
Lee, Nikki Sixx ou Vince Neil, mais
j’estime que ma carrière est un succès.
J’ai toujours été en mesure de faire
vivre ma famille, j’ai une chouette
maison, et je continue à faire de la
musique. Cela me suffit et, pour moi,
c’est ça, le succès. Mais à y repenser,
« Resurrected » peut en effet être vu
comme un titre autobiographique,
dans le sens où lorsque j’ai perdu ma
place dans Mötley, énormément de
gens ont dit de moi : « Il est foutu. Il va
s’évaporer dans le paysage… » La même
chose a été dite à propos de Deen
lorsqu’il a été viré de Journey. Ce fut
brutal pour lui. Je suis encore là, je
chante, je parle à des journalistes comme
toi tout autour du monde, je pars toujours
en tournée et je joue devant beaucoup
de gens… Disons que « ressuscité » est
une façon élégante de dire « allez-vous
faire foutre, je suis toujours là ! ».
« Set Me Free » est une belle ballade,
émouvante et chaleureuse, sans pour
autant être larmoyante et mélodra-
matique. Il est parfois difficile, pour
certains groupes, de ne pas franchir
ce « seuil » qui fait passer un beau
titre à une composition forcée devenant
presque parodique. Comment t’y
prends-tu pour éviter cet écueil ?
Le plus important, à mon sens, c’est de
rester fidèle à soi-même. Après, chacun
à sa propre perception des choses : tu
peux penser qu’une chanson est ringarde,
bateau, stupide, et je peux, au contraire,
juger qu’elle est brillante. J’écris juste
de cette façon, je ne me prends pas la
tête. Le piège, c’est d’essayer d’être
quelqu’un que tu n’es pas. Les paroles
de ce titre peuvent être appliquées à
tous les membres du groupe : nous
sommes tous mariés et avons des
enfants. Nous adorons notre métier,
mais cette chanson est une façon de
dire à nos familles, nos femmes et nos
gamins : « Vous savez que je vous aime,
mais je dois partir et faire mon truc, qui
s’appelle la musique. Je sais que c’est dur
pour vous que je ne sois pas là, mais ça
l’est tout autant pour moi. Je ne vous dis
pas « au revoir », mais « on se revoit
bientôt » ».
Lorsque les gens pensent à toi, ils
mentionnent spontanément Mötley
Crüe, The Dead Daisies, et, dans une
certaine mesure, The Scream et
Union. Rares sont ceux qui se
souviennent de tes huit années
passées au sein de Ratt entre 2001
et 2008, en tant que guitariste.
Quels sentiments te reviennent
lorsque tu repenses à cette période
certainement étrange pour toi ?
Lorsque j’ai commencé à jouer du
rock, j’étais guitariste et non chanteur.
Je suis devenu vocaliste par accident
car, lors d’un concert avec l’un des
premiers groupes dont j’ai fait partie,
le chanteur attitré n’a pas pu venir.
Plutôt que d’annuler alors que tout
était prêt, je me suis dit : « Je peux
m’occuper du chant pour ce soir, jouons ! »
Et à ma grande surprise, plusieurs
personnes sont venues me dire, à la fin
du show : « Tu as une sacrée voix mec ! »
Pour être franc, la partie business de
la musique me gonfle, je ne suis vraiment
pas fait pour gérer tous ces trucs. Je
l’ai pourtant fait avec The Scream, et
lorsque j’ai rejoint Mötley, je ne
m’occupais bien sûr pas de tout le côté
affaires, mais je savais très bien
comment ça fonctionnait et je gardais
un œil dessus. J’ai ensuite repris cela
avec Union, où je m’occupais presque
de tout. J’étais en permanence rattrapé
par le côté business de ces groupes :
combien de billets avons-nous vendus ?
Combien d’albums avons-nous écoulés
cette semaine ? Combien de radios
diffusent notre nouveau single ?
Combien de tee-shirts sont partis ce
soir ? Ça n’arrêtait jamais. J’étais
marié, et lorsqu’on m’a proposé le
poste dans Ratt, je nageais en plein
divorce et je pense que j’étais fatigué
de devoir composer avec les chiffres de
ventes, les dépenses, les rentrées…
J’en avais marre de gérer tout ça. Les
années que j’ai passées avec Ratt
m’ont permis de continuer à donner
des concerts et à jouer la guitare – ce
que j’adore aussi – sans me soucier de
grand-chose d’autre. Connaissant les
gars du groupe depuis longtemps, ce
n’était pas si étrange pour moi de
partir sur la route avec des amis et
de jouer de la musique, même si je
n’étais pas chanteur. Car je n’avais
pas grand-chose à penser, si ce n’est
donner de bons concerts. Et chaque
vendredi, ils me donnaient un chèque !
J’ai pour ainsi dire fait une coupure
mentale durant toutes ces années,
mais à un moment donné, je me suis
dit : « Ok, est-ce que tu veux continuer
d’être « le mec qui dépanne » ? Est-ce que
tu veux redevenir un chanteur ? Est-ce
que tu souhaites écrire de la nouvelle
musique ? » Je suis donc parti pour
vivre d’autres aventures, mais fran-
chement, je ne regrette pas une seule
seconde passée avec ces mecs. Je me
suis bien éclaté ! Y
31
 De g. à d. : Amos Williams, Jay Postones, Daniel Tompkins, James Monteih & Acle Kahney
GENRE
. Djent atmosphérique et
progressif
LE GROUPE
. .
Daniel Tompkins (chant)
. Amos Williams (basse)
. Acle Kahney (guitare)
. James Monteith (guitare)
. Jay Postones (batterie)
32
SITE INTERNET
www.tesseract.com
ALBUMS
One (2011)
. Altered State (2013)
. Polaris (2015)
. Sonder (2018)
ARTICLES RH
RH N°134, 157 & 185

Tête de proue du mouvement djent, comme beaucoup d’autres formations anglaises telles que SikTh et Architects,
TesseracT a rapidement changé de direction musicale pour alléger une trame très abrasive grâce à plus de mélodies et de
parties atmosphériques à la limite de l’ambient. Si cette mue était en cours, et pas toujours maîtrisée, sur Polaris (2015),
elle est pleinement assumée et réussie sur Sonder, un disque aux climats aussi changeants que sophistiqués, qui a de
plus le grand mérite d’être… court ! Comme souvent avec le groupe, c’est son bassiste – et l’un de ses maîtres d’œuvre –
Amos Williams qui a pris notre appel et ne s’est fait pas prier pour nous parler de l’importance de l’ingénierie technique
et de son instrument dans le son de TesseracT !
Rock Hard : Comment s’inscrit Sonder
dans la discographie très changeante
de TesseracT ?
Amos Williams : C’est à nouveau une
évolution significative ! Je conçois très
bien qu’aux oreilles de certains, nous
sonnons de manière spécifique, et donc
similaire d’un album à l’autre. Mais au
sein du groupe, nous percevons Sonder
comme une vraie rupture, en particulier
parce qu’il a été écrit de manière bien plus
collaborative. Je trouve que nous avons
une approche bien plus cohérente et
consistante sur ce disque. Cela s’explique
paradoxalement par le fait que nous
avons été un peu éparpillés de par le
monde ces dernières années. A titre
personnel, j’ai vécu jusqu’à très récemment
en Asie, par exemple. A cause de cela,
nous avons dû mettre en commun nos
idées sur une plateforme virtuelle, ce qui
a permis à chacun de jouer avec celles
des autres. Ça a changé notre perspective
en matière de composition : jusqu’à
présent, Acle (Kahney/guitare) avait
toujours tenu le rôle principal, mais
désormais, il est bien plus difficile de
distinguer l’apport de chacun à l’ensemble.
Daniel (Tompkins/chant) a également pu
travailler sur la musique sans attendre
le stade de démos quasi-achevées. Sur
un morceau comme « Smile », l’un des
titres les plus anciens du lot, toute la
musique est dérivée d’un couplet purement
vocal proposé par Daniel, et non l’inverse.
Et je crois que nous souhaitons vraiment
poursuivre dans cette voie, avec les
contributions de tous, tout au long du
processus d’écriture. Plutôt que d’agglo-
mérer des idées individuelles, chacun a
pu proposer des variations sur chaque
piste des démos et nous sommes ravis
de cette créativité et de ce contrôle que
nous offre la technologie d’aujourd’hui.
Certains artistes soulignent souvent le
risque d’une telle approche à distance.
Avez-vous pu, au moins, vous retrouver
au même endroit pour enregistrer ?
Je vois ce que tu veux dire, mais non,
nous n’avons hélas pas pu à cause de
nos lieux de résidence et de nos voyages
respectifs. Dan et Acle ont enregistré
leurs parties dans leur propre studio, et
idem pour moi. Je pense toutefois que
nous avons réussi à garder une forme
d’unité…
Vous avez toujours attaché une
importance particulière au « design
sonore » de vos albums, sachant que
vous avez, pour la plupart, un bagage
d’ingénieur du son. Quelle a été votre
approche cette fois-ci ?
Par où commencer ! En studio, nous
avons vraiment pu expérimenter avec
de nouveaux amplis, mais aussi de
processeurs et logiciels tels que Fractal
Audio et Line 6 que nous utilisons de
longue date. Cette fois, nous avons eu
recours aux produits de Kemper, et cela
a littéralement transformé non seulement
notre son, mais aussi nos riffs et l’espace
sonore produit par ces amplificateurs.
Je trouvais que notre musique était un
peu « coincée » dans les fréquences
moyennes et hautes et que nous avions
du mal à lui donner plus de profondeur,
d’ampleur, et c’est justement ce à quoi
nous nous sommes attelés sur ce
disque. Les vocaux ne semblent plus
« lutter » contre les guitares, les effets
de reverb et de delay n’ont plus à être
artificiellement poussés dans le mix pour
ressortir, toutes les pièces du puzzle se
sont arrangées de manière plus naturelle,
et avec moins de pollution à cause du
bruit des guitares.
Te sens-tu proche de ce que certains
groupes comme Vangelis ou Talk
Talk, voire des artistes comme Robert
Fripp (King Crimson) avec ses sounds-
capes, essaient de faire en recourant
eux-aussi à la musique ambient ?
Oui, même s’il faut reconnaître que
nous restons un groupe de rock, pour ne
pas dire de metal. Il nous faudrait du
temps, et peut-être aussi le désir
nécessaire, pour employer une telle
approche sur un album entier afin que
cette comparaison soit pleinement
justifiée. A ce jour, ce n’est que sur un
De par la distance, nous sommes
obligés d’être ultra-sélectifs sur nos
morceaux, de ne garder que l’essentiel
et le meilleur (Amos Williams)
titre, « Orbital », que toute notre attention
a été tournée sur le son et non sur la
musique : nous avons récupéré de
nombreuses prises sonores d’environ-
nement envoyées par nos fans, que
nous avons compilées. Il y a là 44
pistes de sons incrustées ensemble, et
pourtant cela est cohérent. Il n’est pas
impossible que nous allions plus loin
dans le futur afin de nous rapprocher de
ce que peuvent faire Mogwai et Imogen
Heap, par exemple, et donc de ne plus
nous demander comment une guitare
ou une batterie doit sonner, mais juste
quel espace sonore, quelle texture, elle
peut apporter.
L’album sera disponible en version
binaurale. Savais-tu que le groupe Jolly
avait déjà proposé cela en s’appuyant
sur des études scientifiques selon
lesquelles les fréquences binaurales
auraient une influence sur les émotions
et l’humeur ?
Non, je n’étais pas au courant, mais je
vais m’y pencher. C’est vrai qu’une
écoute binaurale a souvent produit des
effets sur moi, mais je ne pensais pas
que ça pouvait aller aussi loin. Cela dit,
cette technique est utilisée dans les
films et dans les parcs d’attraction pour
créer de la tension chez les spectateurs.
Notre idée était surtout de proposer une
nouvelle approche sonore, sans pour
autant aller vers un tel extrême ! Je
Propos recueillis par Djul - Entretien téléphonique réalisé le 06 mars 2018
précise aussi que cette version a été
mixée de manière binaurale, mais pas
enregistrée selon cette technique car
nous n’avions pas les micros nécessaires
pour cela. Dans le futur, peut-être !
La basse a toujours joué un rôle
prépondérant chez TesseracT et l’on
se doute que tu fais tout pour !
(rires) Comment qualifierais-tu cet
apport au sein du groupe ?
Je commencerais par le fait que la basse
est un instrument qui a toujours été
sous-estimé par le grand public. Son
apport est aussi subtil que puissant, et
en réalité, c’est parfois lorsqu’elle est
absente qu’on s’en rend le plus compte.
Elle est le pont entre les mélodies et les
rythmes, et c’est parfois proche de la
magie : sur un même riff de guitare, un
changement de ligne de basse peut
littéralement transformer l’atmosphère
de l’ensemble. C’est la raison pour
laquelle Acle me pousse à jouer avec
cette technique, mais aussi pourquoi il me
met autant en avant dans le mixage : le
gros de la puissance vient de mon
instrument, tandis que les guitares
produisent davantage la tonalité du
morceau. « Juno », sur le nouvel album,
est une bonne illustration de cela, avec
sa progression de cordes changeant la
perspective de l’auditeur sur une ryth-
mique qui reste identique. Meshuggah
a d’ailleurs recours à la même approche
d’ailleurs ! C’était également le cas de
Michael Jackson ! (rires)
On sent, de manière plus présente
qu’auparavant, l’influence de Tool sur le
groupe, en particulier sur le morceau
« Smile ».
Je ne peux pas être plus flatté car Tool
est à la base de mes (et de nos) influences.
A l’époque où je jouais de la batterie,
j’ai découvert Undertow (1993) et je me
suis frotté sans relâche à « 4 Degrees »
et « Sober ». Nous ne nous sommes pas
dit « sonnons comme Tool », mais nous
avions en effet l’intention de changer
un peu notre méthode pour ce titre,
avec cet ostinato et ces changements
rythmiques qui ressemblent à une
pulsation. De ce point de vue-là, j’entends
bien ce que Tool a pu proposer par le
passé… mais aussi la bande son de
Mortal Kombat ! (rires)
Vos disques se raccourcissent avec le
temps, ce que nous trouvons être une
bonne chose : est-ce là-aussi une
manière d’être différent au sein des
formations progressives ? (rires)
Tu as raison, et je trouve que ça permet
d’avoir l’impression de boucler la boucle
après l’écoute du disque. Là-encore,
rien de volontaire, juste le fruit de
notre situation du moment qui fait que,
de par la distance, nous sommes obligés
d’être ultra-sélectifs sur nos morceaux,
de ne garder que l’essentiel et le
meilleur. Et ce, d’autant que nous
sommes plutôt lents en matière d’écri-
ture et que K-Scope nous poussait pour
un nouvel album. Au final, on aboutit à
38 minutes de musique et à un disque
qui s’écoute comme un voyage, avec
son début et sa fin. Après tout, qu’il
s’agisse de Sepultura, Slayer ou Pink
Floyd, leurs meilleurs albums à mes
yeux ne dépassent pas cette durée. Les
disques qui dépassent l’heure de
musique ne sont pas ceux que je vais
me passer en entier en parvenant à me
concentrer à 100%.
Tu t’es également chargé de la pochette
très graphique de ce nouvel album :
qu’as-tu voulu illustrer ?
Je suis fan des pochettes et d’art mini-
malistes. Cela laisse la place à l’inter-
prétation : il y en a autant que de fans
qui achèteront le disque. Ces derniers
auront leurs propres idées, leurs propres
théories. Comme Sonder parle de l’autre,
de cette réalité dans laquelle nous
vivons entourés de sept milliards de
vies aussi riches et importantes que la
nôtre, j’ai voulu essayer d’illustrer
cette immensité, mais de manière
simple, symbolique et abstraite. En
cela, ce visuel n’est pas différent de nos
précédentes pochettes, qui partagent
ces qualités et ne sont pas « littérales ».
Je n’ai pas la prétention de dire que
nous faisons du Cézanne ou du Picasso,
qui arrivaient à créer du mouvement à
partir d’une base statique ou plusieurs
angles à partir d’un référentiel en deux
dimensions, mais ce sont nos influences
en la matière.
Vous vous produirez pour la première
fois au Hellfest en juin. Même si vous
avez l’expérience des grandes scènes,
notamment du Download, êtes-vous
impatients d’y être et qu’avez-vous
entendu à propos de ce festival ?
Je piaffe d’impatience. Notre management
a assisté au Hellfest l’année dernière et
n’a fait que confirmer ce que nous
avions tous entendu autour de nous :
non seulement l’affiche est invraisem-
blable chaque année, mais c’est surtout
un festival où les festivaliers aiment
aller. Ça paraît stupide à dire, mais ce
n’est pas si fréquent, les promoteurs
ayant souvent pour unique objectif de
maximiser leurs profits et l’espace
disponible sur les sites. Il sera bien sûr
difficile d’assister à tous les concerts et
de profiter du lieu car c’est toujours le
bazar en termes de planning, mais nous
ferons du mieux possible pour en tirer
le maximum. Et bien sûr, j’ai hâte
d’avoir la pression de jouer devant une
foule aussi massive. C’est un challenge
que nous adorons relever. Y
33

Chaque mois, l’un de nos journalistes, et sombre de la discographie du Crüe. Ce dernier y
pétri de bonnes intentions mais flanqué traite de ses passe-temps préférés : filles canons
d’une incroyable mauvaise foi, extrait (« Looks That Kill », « Too Young To Fall In Love »,
la substantifique moelle de la carrière « Ten Seconds To Love »), bastons vengeresses
d’un groupe afin de proposer un « guide (« Knock ’Em Dead Kid » et « Bastard », respectivement
d’achat » qui n’est, bien évidemment, que dédiés à la LAPD et à un ex-manager), Bad Boy
attitude (« Red Hot », « Danger ») et salutations
le reflet de ses goûts douteux. Dans ce
respectueuses au Grand Cornu (« Shout At The
numéro, c’est Mötley Crüe qui est passé au Devil », l’instrumental « God Bless The Children Of
crible par Philippe Lageat. The Beast », la reprise du « Helter Skelter » des
Beatles). Méchant mais toujours mélodique et gavé
de hits, rageur mais maîtrisé, ce disque noir de suie
LES INCONTOURNABLES a placé Mötley Crüe sur l’échiquier international,
lui permettant notamment de donner ses premiers
concerts en Europe au gré des étapes du mythique
SHOUT AT THE DEVIL festival Monsters Of Rock, désormais itinérant.
(Elektra, 1983) Un début d’incendie !
Produit par Tom Werman
(Ted Nugent, Molly
Hatchet, Blue Öyster Cult), GIRLS GIRLS GIRLS
ce deuxième opus de (Elektra, 1987)
Mötley Crüe dépasse son En 1987, Girls Girls Girls succède à un Theatre Of
prédécesseur de la tête Pain (1985) glam dont le plus beau fleuron était une…
et des épaules. Le leader reprise de Brownville
bassiste Nikki Sixx étant Station, ce qui en dit
alors en plein trip long sur le manque
« sataniste » (d’où le d’inspiration des
pentagramme qui orne la pochette, qui ne manque Américains. Plus bluesy,
pas de créer la controverse aux USA), ce disque plus rentre dedans aussi,
s’affirme, aujourd’hui encore, comme le plus menaçant ce Girls Girls Girls,
34
troisième album consécutif produit
par Tom Werman, démarre sur les
chapeaux de roues avec l’ébouriffant
« Wild Side », quotidien d’un
membre de gang vivant au rythme
des hurlements, des sirènes et des
coups de feu. Ce classique propulsé
par un riff atomique de Mick Mars et
la batterie sautillante de Tommy Lee
précède un autre hymne, « Girls Girls
Girls », bande son rêvée de tout strip
bar qui se respecte. Quel début
tonitruant ! « Dancing On Glass »
(sur la dépendance à l’héroïne, un
sujet que Nikki Sixx connaît bien)
et « You’re All I Need » (la jalousie
maladive poussant au meurtre),
que Bon Jovi taxe à juste titre de
« meilleure ballade que Mötley Crüe
ait jamais écrite », sont plus sombres,
mais très réussis, le bassiste rendant
même un court et vibrant hommage
à sa grand-mère décédée durant
l’enregistrement (« Nona »). « Five
Years Dead » et « Sumthin’ For
Nuthin’ » s’inscrivent dans le sillage
du morceau-titre, tandis qu’une
cover d’Elvis Presley (« Jailhouse
Rock ») et « All In The Name Of… »
achèvent de faire de ce GGG un
grand millésime rock.
DR. FEELGOOD
(Elektra, 1989)
Girls Girls Girls a raté de peu la
première place des charts américains
(N°2 derrière Whitney Houston),
alors le Crüe met les bouchées
doubles pour décrocher enfin le
graal. Exit Tom Werman, qu’on
croyait indéboulonnable, enter Bob
DR
Rock, jeune producteur qui a fait ses
armes en tant qu’ingé-son avec Bon
Jovi et Aerosmith et dote
le gang d’une production
énorme, « américaine »,
puissante mais claire (ce
n’est pas un hasard si,
l’année suivante, Metallica
s’associe à son tour avec
Rock). Mais un gros son ne
suffit pas à faire un grand
album. Encore faut-il que
les chansons soient à la
hauteur, ce qui est assurément le cas, les affreux de
Mötley, momentanément désintoxiqués, n’ayant pas
eu les idées aussi claires depuis une éternité. L’intro
« T.N.T. (Terror ‘N Tinseltown) » se pose d’ailleurs en
mise en garde (« Nous avons ici un jeune de 17 ans
inconscient/Possible overdose/Le patient ne respire
plus/Nous lui mettons un masque à oxygène »)
avant une déferlante de « tubes » tous azimuts :
« Dr. Feelgood » (un titre irrésistible à la Aerosmith),
l’attaque en règle « Kickstart My Heart » qui saute
direct à la jugulaire avec sa talkbox, les entraînants
« Don’t Go Away Mad (Just Go Away) » et « Same Ol’
Situation (S.O.S.) », la power ballad « Without You »,
« Slice Of Your Pie » et son clin d’œil au « She’s So
Heavy » des Beatles, « Sticky Sweet » (avec Steven
Tyler aux chœurs), etc, c’est un véritable feu d’artifices
qui permet au Crüe de se hisser enfin en pole position
des charts. Rien de plus mérité car il vient de tirer ce
qui restera sa meilleure cartouche avec Shout At The
Devil.
 EGALEMENT RECOMMANDÉS DÉCONSEILLÉ Feelgood », « Kickstart My
Heart », « You’re All I
Need », « Too Fast For
Love », etc.), mais aussi
TOO FAST FOR LOVE GENERATION SWINE trois nouveaux titres
(Leathür, 1981) (Elektra, 1997) studio (une reprise du
Paru en novembre 1981 Le chanteur Vince Neil, « Street Fighting Man »
sur Leathür, le label du absent depuis 1992, fait des Rolling Stones avec
groupe, ce premier album son grand retour sur ce Josh Freese à la batterie,
est remixé par la major Generation Swine qui, « If I Die Tomorrow »,
Elektra l’année suivante. hélas, ne répond pas « Sick Love Song ») et une brochette d’inédits sortis
On y découvre un quatuor vraiment aux attentes sur des anthologies antérieures (« Planet Boom »,
inspiré par le glam des (élevées) des fans. La « Bitter Pill », « Enslaved », etc.). L’édition limitée
New York Dolls (« Public plupart des compos a été propose, en sus, un DVD des meilleurs clips du
Enemy #1 » que Nikki Sixx écrite pour John Corabi groupe. Du costaud pour l’autoradio ou/et le novice.
a coécrit avec le guitariste et ne conviennent pas
Stephen Perry, alias Lizzie Grey, qui jouait à ses côtés forcément au registre du revenant. Nikki Sixx, Tommy
au sein de Sister et London), dont il emprunte le look
« travelo » (trois bruns et un chanteur blond platine,
Lee et Mick Mars ont également viré le producteur
Bob Rock avec qui ils avaient commencé à bosser sur
LE COFFRET
maquillage et talons aiguilles !) en le rendant plus ce disque, le remplaçant par Scott Humphrey (The
extrême encore. « Live Wire », morceau rageur et Cult). Pas vraiment un pari gagnant tant on sent ici MUSIC TO CRASH YOUR CAR TO: VOL. 1 & 2
fondateur qui ouvre les débats et s’achève sur un final le groupe perdu, dépourvu de ligne directrice, même (Mötley, 2003/2004)
débridé, a tout d’un classique et pose, comme les si prêt à tout pour coller à l’air du temps : sonorités En dépit de leur titre pour le
excellents « Too Fast For Love » et « Piece Of Your indus (« Beauty »), influences Beatles/Cheap Trick moins douteux au regard de
Action » (Sixx a visiblement écouté l’instrumental (« Flush », « Confessions »), punk à roulettes l’accident de voiture survenu
« Coast To Coast » de Scorpions), les bases de ce qui (« Generation Swine »), violoncelle (« Glitter »), Sixx et à Vince Neil qui coûta la vie à
fera la personnalité si attachante de Mötley Crüe : Lee au micro (« Rocketship », « Brandon », « Beauty »), Razzle (le batteur d’Hanoï
voix de canard dopée à l’hélium sur fond de riffs etc. Generation Swine, sans être mauvais pour autant, Rocks) le 9 décembre 1984,
tranchants et de mélodies imparables. La cowbell de se pose en Foir’Fouille alternative. Le plus grave, c’est ces coffrets aux allures de
Tommy Lee nuit à l’ensemble (« Come On And qu’on sent bien que le cœur n’y est pas. siamois valent assurément le
Dance »), mais l’enthousiasme débridé dont font détour. Le premier contient
preuve les Bad Boys éclipse une technique limitée,
une production « carton-pâte » et une écriture encore LE LIVE les quatre premiers albums,
certes, mais aussi et surtout le
naïve. On regrettera toutefois que le single « Stick mix originel de Too Fast For
To Your Guns » et sa face B, « Toast Of The Town », Love paru sur Leathür Records
ne figurent pas sur la version Elektra de cette carte LIVE: ENTERTAINMENT OR DEATH en 1981 et enfin disponible
de visite qui va littéralement dynamiter le Strip. (Mötley, 1999) en format CD ! Le second est
Notre choix aurait pu se constitué de Dr. Feelgood et
porter sur Carnival Of Sins Mötley Crüe, mais aussi de
SAINTS OF LOS ANGELES Live (2005), ce dernier l’EP Quaternary (1994) et
(Eleven Seven, 2008) valant tout autant le des anthologies Decade
En 2007, Nikki Sixx forme détour, mais nous avons Of Decadence (1991) et
Sixx:A.M. avec DJ Ashba préféré retenir sa version Supersonic And Demonic
(guitare) et James Michael DVD, plus spectaculaire Relics (99) aujourd’hui
(chant), puis publie un encore. C’est donc ce Live: épuisées. Poster double face, comic book, prises
premier album très Entertainment Or Death alternatives, morceaux live, remixes, instrumentaux
prometteur, The Heroin qui rafle la pole position et démos achèvent de compléter ce menu roboratif
Diaries Soundtrack. Séduit dans cette catégorie « album en concert ». Sorti en constitué d’un total de 129 titres (70 et 59,
et ultra motivé, Sixx novembre 1999 (autrement dit, incroyablement tard respectivement) qui ne peut laisser indifférent même
demande à ses nouveaux pour un premier live officiel au regard de la popularité si les packagings auraient gagné à être plus soignés.
partenaires de crime de du groupe dans les années 80 et 90), ce double CD
l’aider à composer un nouveau Mötley Crüe inspiré renferme 21 titres (et un clip) extraits de Too Fast For
du bestseller The Dirt (2001) qui retrace l’épopée
du groupe. A cette équipe de choc se joint Marti
Love (1981), Shout At The Devil (1983), Theatre Of
Pain (1985), Girls Girls Girls (1987) et Dr. Feelgood
LE DVD
Frederiksen, compositeur réputé pour son travail aux (1989), mais fait l’impasse sur le Mötley Crüe de 1994
côtés d’Aerosmith, le guitariste Mick Mars prenant (ce qui n’est pas illogique, John Corabi étant alors CARNIVAL OF SINS LIVE
ponctuellement part à ces sessions d’écriture. chanteur de la formation) et sur Generation Swine (Mötley, 2005)
Résultat, le line-up originel de Mötley Crüe, qui n’avait (1997), l’album décevant marquant le retour de Ce DVD indispensable
rien sorti depuis onze ans, accouche, en 2008, de l’un Vince Neil. Ce florilège a pour particularité de retrace un concert
de ses meilleurs albums. Saints Of Los Angeles est en compiler des enregistrements de différentes périodes monstrueux filmé par vingt
effet gavé de « tubes » imparables, superbement (1982, 84, 85, 90, 98 et 99), ce qui nuit un peu à caméras HD le 27 avril 2005
écrits et dotés d’une production puissante et la cohésion d’ensemble, mais séduit à la grâce à Grand Rapids (USA) sur le
moderne. Là où certains disques du gang péchaient d’extraits de concerts antédiluviens qu’on n’attendait Red, White And Crüe Tour :
par leur manque de cohésion, celui-ci épate par sa pas forcément en aussi bonne place au milieu des 23 titres pour 2H15 d’orgie
densité, sa variété et sa constante qualité. Ici, pas nombreux classiques (« Merry-Go-Round », « Piece réalisée par Hamish
vraiment de faiblesses, juste du hit en pagaille : titres Of Your Action », « Starry Eyes »). Hamilton (Robbie Williams,
rapides (« Face Down In The Dirt », « Welcome To The Evanescence) et mixée par
Machine », le swinguant… « Goin’ Out Swingin’ »), Bob Rock (qu’on ne présente
groovy (« What’s It Gonna Take », « Down At The
Whisky », « Just Another Psycho »), riffus dans la
LA COMPILATION plus). La production est tout
bonnement incroyable :
grande tradition (« Saints Of Los Angeles », chapiteau de cirque, cracheurs de feu, nains,
« Mutherfucker Of The Year », « This Ain’t A Love RED, WHITE & CRÜE équilibristes, clowns malfaisants, pyro à gogo, Tommy
Song »), sombres (« The Animal In Me » qui dénonce (Mötley, 2005) « Peter Pan » Lee s’envolant dans les cintres pour
les ravages de l’héroïne) et rock (« Chicks = Trouble », Ce double CD (aussi disponible en format simple) taper le solo, spectatrices dévoilant leurs attributs
parfait pour un strip bar). Il n’y a ici que du bon façon renferme pas moins de 37 titres. Evidemment, les mammaires à tours de bras, danseuses sur échasses
Girls ou Feelgood. Passé un peu inaperçu alors qu’il nombreux « tubes » parus entre 1981 et 2005 y vêtues de strings gros comme des petits pois, etc.,
devrait être unanimement salué, cet opus, s’il devait sont présents en bonne place (« Live Wire », « Shout bienvenue au Barnum ! Le show le plus abouti jamais
être une épitaphe, en serait une très belle. At The Devil », « Girls Girls Girls », « Wild Side », « Dr. donné par le Crüe, rien que ça ! Y

35

Tuomas Holopainen nous l’avait pourtant formellement assuré : la pause sabbatique prise par Nightwish en 2017 allait lui permettre
de se concentrer sur tout autre chose que la musique, comme l’élevage de ses chevaux, par exemple. Le compositeur aura finalement
réussi à allier ses deux passions comme le révèle cette interview en compagnie de l’ensemble du groupe Auri, formé, outre le
claviériste, de son comparse de Nightwish Troy Donockley (chant, flûte, guitare), mais aussi de la femme de Tuomas, Johanna
Kurkela (chant, violon), chanteuse pop néanmoins connue pour ses collaborations passées avec Sonata Arctica ou encore...
Tuomas Holopainen !
Rock Hard : Comment est né le projet
Auri ?
Tuomas Holopainen : Tout a commencé
il y a sept ans...
Johanna Kurkela : Le rêve de créer
Auri, le groupe – je ne parle pas là du
nom – est né lorsque j’ai rencontré
ces deux-là et que je me suis sentie
dans mon univers en écoutant leur
musique. Ressentir cette connexion a
fait naître en moi le rêve de faire un
jour de la musique avec eux. Nous en
avons parlé, mais nous attendions le
bon moment… qui n’est arrivé que
l’an passé !
Le premier titre a été écrit il y a
déjà longtemps…
Tuomas Holopainen : Oui, Troy a
composé « Aphrodite Rising » en
2011. Mais tout le reste est arrivé en
2017…
Troy Donockley : Ce morceau a été
notre repère durant des années,
comme une première balise. Il nous
faisait nous dire, lorsque nous le
réécoutions : « Nous allons le faire un
jour ! ». Mais le temps est passé très
vite. Nous avons même fait nos
photos promo avant l’album, c’est ce
qui a permis de le voir naître ! (rires)
Tuomas Holopainen : Il était inspirant
d’avoir ces photos. Ça nous a forcés à
concrétiser l’album ! (rires) Nightwish
ayant marqué une pause l’an passé,
mon calendrier n’était pas chargé.
Alors, pourquoi ne pas réaliser ce
truc dont nous rêvions depuis si
longtemps ? Nous n’avons pas mis
Nightwish de côté pour Auri, je tiens
à le préciser, mais pour des raisons
différentes. C’était simplement le
moment parfait pour ce projet...
Lorsque vous avez commencé à
travailler sur l’écriture, il semble
que tout soit venu très vite…
C’est probablement l’album le plus
GENRE
. Rock folk atmosphérique
www.facebook.com/AuriProject
LE GROUPE
. Johanna Kurkela
(chant, violon) . Auri (2018)
. Tuomas Holopainen (claviers)
. Troy Donockley
(chant, guitare, flûte)
36
Propos recueillis par Guillaume Fleury - Interview réalisée le 30 janvier 2018 à Paris
facile et rapide auquel j’aie jamais
participé !
Troy Donockley : Ne pense-tu pas
que c’est justement parce que nous
profitions d’une liberté totale ? Ce
qui fait que nous n’avions rien à
prouver aux autres ni à nous-mêmes,
puisque nous savions exactement ce
que nous voulions faire, et a écarté
tout conflit potentiel. Nous étions
trop concentrés sur la concrétisation
de cet état d’esprit…
Tuomas Holopainen : Et puis, l’idée
était présente dans un coin de nos
têtes depuis six ans. Forcément, une
fois que les choses sont lancées, elles
viennent facilement...
« Aphrodite Rising » avait-il été
originellement écrit pour Auri ?
Je ne comprends pas les gens
qui déclarent ne jamais écouter
la musique qu’ils créent
(Troy Donockley)
Troy Donockley : Non. Je l’avais
écrit pour Johanna, mais pour un
autre projet. Nous l’avons finalement
mis de côté afin de le retravailler
plus tard.
Johanna Kurkela : Nous avions
besoin d’une liberté complète, sans
aucun concept strict, sans quoi il
aurait été impossible de réaliser
l’album.
Tuomas Holopainen : Durant l’année
passée, je parlais aux gens de ce
projet nommé Auri. Je sais aujourd’hui
que ce n’est plus un projet, mais un
vrai groupe, qui va durer. Je l’ai senti
ainsi dès le départ : « Ok ! Faisons ce
projet, mais il faut qu’il devienne plus
que cela ! »
Troy Donockley : Ce rêve était vraiment
SITE INTERNET
ALBUM
ARTICLE RH
RH N°186
vital pour nous. Au départ, j’étais
censé me concentrer également sur
un album solo l’an dernier, mais Auri
a puisé toute mon énergie ! Je ne
pouvais penser à rien d’autre que ça.
Une pure magie !
Nous pouvons donc attendre un
deuxième album ?
Oui, nous l’enregistrerons d’ici vingt
ans ! (rires)
Tuomas Holopainen : Certains
s’inquiètent et se demandent ce qui
va se passer pour Nightwish. Mais Auri
est tout l’inverse d’une « menace ».
L’an passé, je ne me sentais pas de
composer pour Nightwish, l’inspiration
ne venait pas. Une fois Auri terminé,
tout a changé ! Depuis octobre, j’ai
repris l’écriture pour Nightwish. Je
suis enthousiaste, inspiré et très
heureux de ce qui se passe en ce
moment. C’est une situation « gagnant/
gagnant ».
Troy Donockley : Comme tu le disais
déjà hier en interview, tu es l’homme
le plus heureux au monde car tu as
ces deux groupes pour toujours !
Nightwish est une chose miraculeuse,
c’est magnifique d’en faire partie et
nous sommes impatients de reprendre.
Même si je n’écris pas au sein de ce
groupe, son rêve est très similaire à
celui d’Auri, sa destination est
semblable, et j’ai toujours recherché
cela ! Nous discutions l’autre jour
avec un psychiatre au sujet des
média sociaux : Facebook peut être
très mauvais et perdre facilement les
gens en faisant ressortir le pire de
ce qu’ils ont en eux. Derrière un
ordinateur, tu n’as de comptes à
rendre à personne, pas même à toi,
et le plus noir de tes émotions peut
ressortir sans aucune remise en
cause. Ce n’est pas très sain ! (rires)
Mais en regardant les réseaux
sociaux au moment de la sortie du
premier extrait d’Auri, c’était génial
de voir comme la majorité des
réactions était bonne...
Tuomas Holopainen : Même si la
minorité mécontente est toujours la
plus bruyante !
Troy Donockley : (Imitant un fan
enragé sur son clavier) « Putain de
bâtards ! Je hais ma vie ! »
Tuomas Holopainen : (Renchérissant
sur le même ton) « Pourquoi ne composez-
vous pas ce que je veux entendre ? Je
déteste cette musique, je veux autre
chose ! Pourquoi ne le faites-vous pas ?
Vous craignez ! » (rires)
Troy Donockley : Toute cette merde
déversée sur Internet est un cauchemar,
mais nous restons optimistes ! Ce média
reste également une opportunité
géniale pour exprimer de bonnes
choses...
Etes-vous généralement curieux de
lire ce genre de réactions ?
Tuomas Holopainen : Je parcours
très rarement les réseaux sociaux.
Mais avec la sortie du single « Night
13 », j’étais trop curieux ! Il est aussi
inspirant, en un sens, de lire ces
réactions, d’explorer ce monde… Il
s’y passe des choses réellement
fascinantes. Mais habituellement,
j’évite d’y traîner ! C’est très intéres-
sant pour des raisons psychologiques :
qu’est-ce qui pousse quelqu’un à
réagir aussi négativement que certains,
à gâcher ainsi son énergie qui, au
final, ne sert personne ? Car cela ne
reste que du bla-bla bruyant dénué
de fond...
Je suppose que certains fans
aiment tant ta musique qu’ils ont
le sentiment que celle-ci leur
appartient...
Tu marques un point. J’ai toujours
pensé, moi aussi, que les gens qui
réagissent aussi fort te font en
quelque sorte un compliment. J’ai dû,
à un moment, toucher si profondément
un de leurs nerfs que si je ne réitère
pas l’exercice aujourd’hui, ces fans
se sentent heurtés. En un sens, c’est
un compliment.
Troy Donockley : Cela montre en
même temps l’extrême égoïsme de
certains. Il faut séparer la musique des
membres du groupe qui la composent.
Il y a quelques années, j’étais un
De g. à d. : Troy Donockley, Johanna Kurkela
& Tuomas Holopainen
 immense fan de Pink Floyd. Quand le
groupe sortait un truc qui ne me
plaisait pas, ça m’affectait beaucoup
car je ne voulais pas qu’il procède
ainsi, je voulais qu’il pense comme
moi ! Je pense que les réseaux
sociaux amplifient ce genre de
sentiments. Mais la musique doit
s’affranchir des opinions personnelles.
J’adore Wagner, qui était pourtant un
antisémite notoire et dont la musique
était utilisée par les nazis. Mais son
œuvre est, pour moi, l’une des plus
A une époque où toutes les chansons parlent d’amour, de sexe et de
mort, il est agréable d’en écrire une au sujet d’une fille qui cueille des
chanterelles (Tuomas Holopainen)
belles qui soit. Dois-je refuser de
l’écouter à cause de ce qu’il était ? Si
tu es capable de te déconnecter de
tout cela et de ne te concentrer que
sur le cœur de la musique, tu n’as
plus besoin des réseaux sociaux pour
te plaindre !
Johanna Kurkela : La plus belle
chose avec la musique, c’est qu’elle
peut représenter bien plus que de la
musique, justement ! C’est un canal
pour les sentiments, pour des émotions
pour lesquelles tu n’as pas de mots.
Lorsque tu découvres un album ou un
artiste qui parvient à toucher ce
genre de sentiments, à les faire vivre
dans sa musique, c’est très beau.
D’un autre côté, cela peut te mener
sur un chemin plus sombre, lorsque
cette musique t’obsède totalement.
L’amour doit être libéré de tout. Tu
ne peux pas te raccrocher à ce canal
car la vie change, tout change, et il
faut pouvoir accepter ce changement.
Je pense que c’est la clé… Nous
38
mettons dans notre musique des
touches de ce que nous avons en
nous, mais il n’existe pas de réel
équilibre palpable. Cette musique ne
représente qu’un miroir de tes propres
émotions, et tu dois découvrir ton
propre bonheur intérieur, sans t’atta-
cher toute ta vie à cette musique que
tu voudrais ne jamais voir changer.
Désolée si je deviens cosmique ! (rires)
Faites-vous écouter votre musique
à des proches avant de la mixer ?
Troy Donockley : Oui, quelques amis
l’ont écoutée. J’ai passé l’album à
mon père, qui est un immense fan de
musique en général, et il a beaucoup
aimé. C’est un critique très sévère
depuis que je suis tout petit. Il est
aujourd’hui quasi sourd, alors il a
écouté la musique au casque, très,
très fort ! (rires) Bien sûr, nos amis
ne sont pas toujours objectifs, mais je
pense qu’ils sont plutôt honnêtes !
Comment décririez-vous votre
musique ? Car ce n’est pas chose
aisée !
Tuomas Holopainen : Je dirais même
que c’est impossible ! Mais il faut
bien une étiquette pour savoir dans
quel rayon se rendre au magasin de
disques ! Je dirais : « musique du
monde alternative ».
Troy Donockley : Du « rock folk metal
alternatif ». Il y a là trop d’éléments
qui ne collent pas à un seul type de
musique. Nous espérons que les gens
appréhenderont tout de même notre
univers de façon spontanée. Mais je
te rassure : il n’a pas non plus été
facile pour notre label de catégoriser
cet album ! (rires)
Tuomas Holopainen : « Folk pop
metal » ?
Troy Donockley : Metal prog, fusion,
classique, folk, pop, musique céleste !
Tout cela ensemble !
Quel est le meilleur moment d’un tel
processus ? Lorsque le mix est
terminé et que vous découvrez
l’harmonie entre toutes vos idées ?
Tuomas Holopainen : Tout ! C’est le
cliché ultime, mais je dirais que le
voyage est plus gratifiant que l’arrivée
à destination. Sentir les choses naître,
les mixer, recevoir le mastering final,
c’est tout ce processus dans son
ensemble qui est fascinant...
Troy Donockley : J’ai travaillé sur
beaucoup de musique dans ma vie, et
pourtant cette aventure fut hautement
transcendante car unique dès sa
genèse ! Ce genre de projet est la
raison pour laquelle je vis depuis
mon adolescence. A présent qu’il est
concrétisé, je ne parviens plus à nous
discerner tous les trois lorsque je
l’écoute, je peux passer outre cela.
Je ne comprends pas les gens qui
déclarent ne jamais écouter la
musique qu’ils créent. Pourquoi en
faire alors ? Le but n’est-il pas
justement de créer la musique que
tu ne saurais entendre ailleurs ? A
moins que tu ne fasses ça que dans le
but d’être riche et célèbre, bien sûr.
En ce qui me concerne, j’écoute Auri
en permanence !
Eclairez-nous sur l’origine d’un
titre aussi énigmatique que « Them
Thar Chanterelles ».
Tuomas Holopainen : Nous étions à
la cueillette aux champignons en
automne car c’est l’un de nos
passe-temps favoris…
Troy Donockley : Ce ne sont pas les
champignons auxquels tu penses !
(rires)
Tuomas Holopainen : Non, ce
sont les chanterelles, comestibles !
Johanna a commencé à chanter
ce thème (ils fredonnent la mélodie
principale du titre). Voilà comment
est né ce titre !
Troy Donockley : Tout cela a
ensuite évolué en immense danse
universelle cosmique !
Tuomas Holopainen : Les animaux,
les plantes sont tous sortis pour
danser avec cette fille qui
cueillait des champignons. A une
époque où toutes les chansons
parlent d’amour, de sexe et de
mort, il est agréable d’en écrire
une au sujet d’une fille qui
cueille des chanterelles en forêt
tout en dansant...
Ce qui aurait été un titre de
travail pour un autre groupe est
devenu, chez vous, le titre final.
Cela en dit long sur la manière
détendue dont a été mené ce
projet !
Troy Donockley : (Dans l’hilarité
générale) J’ai hâte de voir cela
retranscrit dans le magazine !
Comme le disait Tuomas, à une
époque où les gens se concentrent
sur le sexe ou l’auto-apitoiement
du genre « Oh mon bébé, tu m’as
quitté et je suis très contrarié » ou
encore « J’en ai marre des politiciens !
Ce gouvernement me rend malade ! Je
veux que les choses soient comme je
veux ! », c’est cool de glisser, au
milieu de tout ça, une chanson aussi
légère que celle-ci. L’ensemble de
l’album est optimiste, basé sur une
vision lumineuse de la vie plutôt que
sur l’auto-lamentation...
Qui est la personne qui parle en
conclusion du morceau ?
Tuomas Holopainen : On ne le dira
pas, c’est un secret !
Troy Donockley : Ce morceau est un
grand puzzle complété par cette
fameuse voix. J’ai parié avec Tuomas
que personne ne découvrira jamais le
sens de tout cela. Lui pense que si…
Tuomas Holopainen : C’est un mys-
tère qui a un sens profond pour nous.
Johanna Kurkela : Nous ne voulons
pas le gâcher.
Y a-t-il des invités sur cet album ?
Troy Donockley : Un violoniste qui
joue aussi de la batterie, ce qui est
vraiment rare ! (Ndlr : Troy se joue
probablement de nous puisque nous
sommes persuadés que la batterie de cet
album est programmée) Sinon, nous
avons... Euh, on lui dit ?
Tuomas Holopainen : Oui !
Troy Donockley : Ok, mais ne le
répète à personne ! Il y a un solo de
claviers joué par un cheval !
Tuomas Holopainen : Sur le titre
« Savant », c’est notre cheval qui joue…
Plutôt expérimental !
Troy Donockley : Et encore, tu n’as
pas vu ses peintures ! (rires)
Tuomas Holopainen : Il faut que je
te montre ! (Il sort son téléphone
portable et nous montre une vidéo dans
laquelle on peut effectivement voir et
entendre un cheval passer sa langue
sur les touches d’un clavier tenu par le
compositeur)
Troy Donockley : Voilà le genre de
choses brillantes qui arrivent en
Finlande ! La première fois de
l’Histoire ! Et attends : sur le prochain
album, il y aura un solo de trompette
joué par une chèvre ! (rires)
Prévoyez-vous de tourner ou, au
moins, de donner quelques concerts ?
Tuomas Holopainen : Oui, mais je
pense qu’il nous faudrait un autre
album. L’idée d’amener cette
musique sur scène est trop bonne
pour ne pas être envisagée, mais
Nightwish passe d’abord...
Comment t’assureras-tu que ton
cheval restitue bien sa partie sur
scène ? (rires)
Il connaît son truc ! Mais il est aussi
très doué en impro ! (rires)
Du côté de Nightwish, comment se
déroule la préparation de la tournée
Decades ?
Très bien ! Nous nous préparons à
partir en tournée jusqu’à Noël. Nous
avons passé deux semaines en répéti-
tions avec tout le groupe et, à vrai
dire, y avons pris beaucoup de plaisir !
Tout le monde a participé au choix
des morceaux. Redécouvrir les
paroles de certains vieux titres fut...
spécial ! Floor (Jansen/chant), Marco
(Hietala/chant, basse) et Troy ne
parvenaient pas à en chanter certains
sans perdre leur sérieux ! (rires) Il
s’agira d’une tournée plutôt nostal-
gique, mais il sera plaisant de jouer
certains titres pour la première...et
la dernière fois. A jamais !
Peux-tu nous dire quelques mots
sur le prochain album ?
J’ai finalisé six morceaux, mais j’ai
également d’autres idées de côté.
Tout se déroule tranquillement et
j’adore ce processus, mais je ne peux
pas encore vraiment dire ce que ça
donnera. J’ai quelques trucs très
heavy, d’autres qui représentent des
Le plus gratifiant pour moi,
c’est l’écriture de la musique.
Ce moment où je pense avoir trouvé
la mélodie, le texte ou le riff
parfait (Tuomas Holopainen)
nouveautés pour le groupe, nous
verrons comment cela évolue. Nous
reprenons là où nous nous étions
arrêtés avec Endless Forms Most
Beautiful (2015), en somme. Mais je
ne sais pas encore moi-même à quoi
cela va aboutir...
Penses-tu que le fait d’avoir réécouté
vos premiers albums a pu avoir un
impact sur la composition en
cours ?
Je ne pense pas, mais ce fut un réel
plaisir de réécouter tout cela !
Replonger dans Angels Fall First
(1997) et Oceanborn (1998) m’a souvent
fait sourire car je me souvenais du
gamin qui avait écrit ces chansons. Je
ne suis plus exactement la même
personne et je n’écrirai plus jamais
ce genre de paroles, mais je ne
ressens aucune honte. Je me souviens
simplement de cette innocence, de ce
qu’était ce groupe à l’époque… J’ai
découvert à quel point j’avais évolué
en tant qu’être humain et quelles
sont à présent les histoires que je
veux raconter et les musiques que je
veux écrire...
As-tu suivi le fait que de nombreux
fans fantasment sur une éventuelle
invitation de Tarja Turunen (Ndlr :
chanteuse de 1997 à 2005) sur la
tournée depuis que cette dernière
est remontée sur scène chanter en
compagnie de Marco, en Finlande,
dans le cadre de l’événement Heavy
Christmas, chose qui n’était plus
arrivée depuis douze ans ?
(Rires) Laissons les gens spéculer, je
ne peux rien dire à ce sujet ! Je n’ai
pas suivi cela. La seule raison pour
laquelle je suis allé sur les réseaux
sociaux était ma curiosité par
rapport à Auri. Il y a d’ailleurs une
chanson sur laquelle je travaille pour
le prochain album de Nightwish qui
devrait traiter de ce sujet si inspirant
que sont les réseaux sociaux et le
monde d’Internet. J’y suis donc allé
pour « enquêter ». Il ne s’agira pas
d’un concept, mais ce sujet aura
sûrement un impact sur quelques
chansons...
En vingt ans de carrière, quels sont
tes plus grands souvenirs ?
La toute première fois que j’ai
entendu « The Carpenter » à la radio,
en 1997. Cet événement a eu un
énorme impact sur moi. Je citerais
également notre concert à Wembley
(Ndlr : le 19 décembre 2015) ou encore
ma rencontre backstage avec le
groupe The 3rd And The Mortal,
réuni avec son line-up d’origine, il y a
quelques années. Je m’en souviendrai
toute ma vie car c’est ce groupe qui
m’a donné envie de lancer Nightwish.
Je n’avais jamais rencontré ces
musiciens, mais l’organisateur a
invité tout le groupe à venir me voir
par surprise. J’ai ainsi eu la chance
de les remercier de visu ! Mais le
plus gratifiant pour moi, c’est
l’écriture de la musique. Ce moment
où je pense avoir trouvé la mélodie,
le texte ou le riff parfait, que je
réalise que ça va marcher. C’est
fantastique et je suis alors impatient
de le faire écouter aux autres membres
du groupe ! Je me souviens du
moment où j’ai écrit le refrain
de « Storytime » : « Oui ! Oui !
oui ! » (rires) J’espère vivre
cela encore vingt ans.
Etais-tu réellement inquiet à
l’idée de ne pas retrouver
l’inspiration l’an passé ?
Non. Je n’étais simplement
pas sûr, mais pas au point
d’être inquiet. Je me deman-
dais simplement comment les
choses allaient se passer.
Chaque fois que j’achevais un
album, j’écrivais ou réunissais
immédiatement des idées
pour le suivant. Après Endless
Forms Most Beautiful, je ne
me sentais simplement pas
intéressé par l’idée d’écrire
de la musique, quel que soit le
projet. Puis Auri est arrivé,
nous avons écrit quelques
morceaux et tout est revenu
très facilement, juste après
cet album ! (rires)
Est-il facile, lorsque tu
composes, de ne pas penser
à la manière dont les fans
vont réagir ?
Très facile ! Je n’y pense
jamais, ni pour Nightwish, ni
pour Auri ! Peut-être il y a 17
ans étais-je un peu inquiet,
juste avant la sortie de Wishmaster,
mais ce n’est plus le cas depuis. Il
faut savoir garder la musique pure,
honnête et réelle, c’est l’essence de
l’art en général, pas seulement de la
musique. Il ne faut jamais calculer à
l’avance… Y
39
 GENRE
. Black metal progressif
LE GROUPE
. François Blanc (chant)
. Guillaume Fleury (guitare)
. Mathieu Taverne (basse)
. Morgan Velly (batterie)
SITE INTERNET
www.abduction.fr
ALBUMS
. Une Ombre Régit Les Ombres
(2016)
. A L'Heure Du Crépuscule (2018)

ARTICLES RH
RH N°70 & 185

De g. à d. : Morgan Velly, François Blanc,

Guillaume Fleury & Mathieu Taverne
40

En 2016, l'album Une Ombre Régit Les Ombres fait découvrir au public les Français d'Abduction, qui séduisent
immédiatement par une approche très personnelle d'un black metal emphatique, parfois éthéré, parfois sauvage, mais
toujours ambitieux. Leurs textes châtiés dans la langue de Molière, ainsi que leurs costumes de médecins de la peste du
XVIIème siècle font évidemment forte impression, mais c'est au final la recherche musicale qu'on retient en priorité de ce
premier album. En 2018, le quartette – au sein duquel officient toujours nos amis et collègues Guillaume Fleury (guitare)
et François Blanc (chant) – nous revient avec A L'Heure Du Crépuscule, un second opus bien plus abouti à tous niveaux,
dont nous parle posément le bassiste et parolier Mathieu Taverne.
Rock Hard : Il se dégage de A L’Heure
Du Crépuscule deux ressentis quasi-
ment antinomiques : la flamboyance
et la mélancolie.
Mathieu Taverne : Il se dégage aussi
des sentiments très contradictoires des
personnalités des membres du groupe, et
c’est peut-être là un début d’explication.
Certains parmi nous sont capables de
passer d’un sentiment à un autre très
rapidement, je pense en particulier au
principal compositeur du groupe Guillaume
(Fleury/guitare). Comme nous ne définis-
sons pas la couleur d’un titre dès le
début de son écriture, mais que nous
nous laissons guider par nos émotions
au fur et à mesure, il est logique que les
titres s’en ressentent et présentent des
contrastes assez nombreux, d’autant
que chaque morceau est le résultat de
plusieurs mois, voire de plusieurs années,
de composition. Il y a une recherche
consciente dans notre travail de mêler
l’énergie au désespoir. La mélancolie
est une composante importante de
notre musique car nous avons un rapport
très fort au passé. Pour autant, nous
sommes également en quête de puissance
épique… Je crois que c’est lorsque nous
parvenons à intégrer ces deux dimen-
sions au sein d’une même chanson que
nous considérons « tenir le bon bout ».
Nous aimons faire voyager l’auditeur dans
des paysages et des ambiances variés.
D’où la durée conséquente de la plupart
de vos titres, je suppose… Il est en
effet quasi-impossible de faire voyager
un auditeur en 3 minutes 30…
Oui, absolument. Nous aimons concevoir
nos chansons comme de véritables
histoires, voire comme des petits films.
Alors, il faut laisser le temps à la trame
de se développer, comme dans un
conte, avec des coups de théâtre, diffé-
rents chapitres, etc.
Cela passe donc par des émotions
contradictoires, mais il est évident
que ça ne passe jamais par la gaieté
ou quelque chose de plus léger.
Non, c’est un fait… Je crois que tous,
au sein du groupe, sommes plutôt de
nature pessimiste ou, en tout cas, avons
une propension bien plus naturelle à la
mélancolie qu’à la joie de vivre.
On sent aussi une certaine recherche
du « Beau ».
C’est primordial. Lorsque nous dévelop-
pons des mélodies, il est capital que
celles-ci nous touchent ou nous émeuvent
profondément, et plus encore les arran-
gements. Une belle mélodie, c’est déjà
formidable, mais une belle mélodie avec
un bel arrangement, c’est divin. Nous
sommes en recherche constante de
cette beauté, de cette harmonie. Il n’y
pas de dissonance dans notre musique.
Pour nous, l’Art – quel qu’il soit – doit
être beau. Nous sommes tous passionnés
d’histoire, et nos références nous
viennent notamment de peintures, de
gravures ou de dessins venant d’une
Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 20 février 2018
époque où l’on considérait que l’art
devait être beau. Tu peux fouiller, tu ne
trouveras rien de bizarre, bigarré ou…
cubiste dans notre musique. Nous restons
dans le classicisme et essayons de
glorifier, au travers de notre musique,
tout ce qui nous touche esthétiquement,
qu’il s’agisse de paysages, de bâtiments,
de peintures ou de films.
Arrêtons-nous justement sur le cinéma.
Plusieurs titres de l’album font réfé-
rence à des films du cinéma français
d’avant-guerre (« Les Visiteurs Du
Soir », « La Grande Illusion »), et l’on
trouve même sur l’album des samples
de dialogues. Seriez-vous mordus ?
Guillaume et moi partageons effective-
ment la passion du cinéma français des
années 30 et 40. Tout nous subjugue
dans l’atmosphère des films de cette
époque. Cela rejoint d’ailleurs un peu la
nostalgie qu’on peut ressentir devant
une époque qu’on n’a pas connue. Nous
connaissons très bien la ville de Paris,
mais lorsque tu la redécouvres au travers
de films comme Hôtel du Nord de Marcel
Carné ou Les Enfants du Paradis (qui est
la référence principale sur cet album),
il y a une vision de la ville complètement
enchanteresse qui te fait rêver… Si notre
musique devait se rapprocher d’une
Il y a une recherche consciente
dans notre travail de mêler l'énergie
au désespoir (Mathieu Taverne)
atmosphère, ce pourrait être celle-là.
Nous avons donc voulu orchestrer la
rencontre entre les deux pour cette
raison. Ensuite, ne nous mentons pas,
nous souhaitions aussi nous faire plaisir.
La troisième et dernière raison est
enfin de rappeler qu’il y a eu un très
grand cinéma français et que nous
avons eu des acteurs, des scénaristes et
des dialoguistes immenses, dont nous
pouvons être fiers.
Parmi les progressions flagrantes
sur cet album en regard de son prédé-
cesseur, on peut noter le travail énorme
qui a été fait sur le chant.
Il est clair qu’un sacré palier a été
franchi vocalement, et il y a plusieurs
raisons à cela. Tout d’abord, c’est le
deuxième album que nous faisons
ensemble, nous nous connaissons mieux
« techniquement » et savons de quoi
François (Blanc/chant) est capable.
Cela entre en compte dans l’écriture
des textes, et les lignes de chant que
nous imaginons sont désormais plus
adaptées à sa tessiture – sans omettre
de préciser que François a bien progressé
entre les deux albums. Mais il y a autre
chose qui a complètement changé la
donne. Nous avions enregistré le premier
album par nos propres moyens et il
avait été mixé « à distance » par
Déhà (Ndlr : producteur, chanteur et multi-
instrumentiste belge). Cette fois, nous
sommes allés directement enregistrer
en Belgique, chez lui, et avons donc pu
tout travailler en sa compagnie dès
les prises. Or, Déhà est un excellent
chanteur et surtout un pédagogue
exceptionnel. Tout comme nous, il est à
fleur de peau et comprend immédiatement
où nous souhaitons aller. Il a en outre
des techniques de coaching vocal qu’il a
enseignées à François et qui lui ont été
très bénéfiques. Lui-même a été étonné
de se découvrir de nouvelles capacités
que nous avons déjà hâte d’utiliser sur
un prochain album.
Les structures ont elles aussi gagné
en clarté et en fluidité. Avez-vous pris
conscience des choses à améliorer par
rapport à votre premier essai ?
C’est tout à fait ça. Nous avons repris
par le menu tout ce qui nous semblait
perfectible sur Une Ombre Régit Les
Ombres et avons mis un point d’honneur
à travailler ces points précis. Il y a
aussi une meilleure maîtrise technique
de notre part à tous, ainsi qu’une vision
plus claire de ce que nous souhaitons
vraiment faire. Nous sommes toujours
très fiers de notre premier album, ne
serait-ce que parce que nous partions
de zéro lorsque nous l’avons enregistré
et que nous sommes tous autodidactes.
C’était donc une petite victoire d’en
venir à bout, mais nous ne nous voilons
pas la face : il est évident que nous
n’avons à l’époque pas passé assez de
temps sur les transitions qui, du coup,
sont parfois un peu raides. A force de
connaître les titres par cœur, qui souvent
avaient été écrits bien longtemps
avant, nous n’entendions plus ces
enchaînements parfois un peu abrupts.
Nous avons donc été particulièrement
vigilants à cet aspect précis sur le
nouvel album.
Il est toujours difficile d’avoir du
recul sur son propre travail...
Il est évident que lorsque tu viens de
suer sang et eau sur un album pendant
des mois, une fois terminé, tu as tendance
à l’estimer parfait (sourire téléphonique).
Il faut quelques mois pour pouvoir
l’écouter avec davantage de détache-
ment pour se dire : « Tiens, là, nous
aurions dû faire comme cela ». Et puis,
bien sûr, ensuite, il y a tous les retours
que nous avons pu avoir. Nous sommes
toujours curieux de voir comment les
gens appréhendent notre musique, s’ils
ont saisi où nous voulions en venir.
Objectivement, nous n’avons vraiment
pas à nous plaindre de l’accueil qui a
été réservé à notre premier disque car
nous avons eu d’excellents échos. Mais
cette remarque au niveau de quelques
césures un peu brutales est revenue à
plusieurs reprises, même de la part de
personnes ayant apprécié le disque.
Vous avez fait très fort sur l’artwork
et le packaging de l’album ! Qui a
réalisé la pochette ?
Il s’agit d’un tableau intitulé
L’Automne, du peintre Anne-Louis
Girodet-Trioson (Ndlr : Peintre néoclas-
sique né au XVIIIème siècle et précurseur de
la peinture romantique). Guillaume pos-
sède une reproduction de cette œuvre
et rêvait d’en faire une pochette depuis
quasiment huit ans. Cette toile nous
apparaît totalement en phase avec les
émotions que nous cherchons à faire
passer… De plus, l’automne est une
saison qui nous fascine particulière-
ment tous les quatre.
Lors de notre dernier entretien (Cf.
RH170), nous avions évoqué la
possibilité du live et tu m’avouais
que l’idée vous séduisait. Or, en deux
ans, rien n’a eu lieu de ce côté et vous
ne vous êtes toujours pas produits
sur scène une seule fois. Comment se
fait-il ?
Nous avons tous des emplois du temps
difficilement compatibles et nous
vivons tous dans des villes différentes.
Travailler ensemble relève vraiment
du casse-tête : rien que pour réaliser
les photos promotionnelles de l’album,
ça a été toute une organisation. Nous
ne nous mettons vraiment aucune
pression par rapport à la scène : si un
jour, ça peut se faire, ça se fera. Nous
en avons envie, même si nous savons à
l’avance que ce sera difficile car nos
titres sont longs et éprouvants à jouer
sur la durée. Maintenant, selon nos
disponibilités, nous privilégierons tou-
jours l’écriture et la création plutôt
que de tenter de reproduire notre
musique en live. Si nous ne nous
voyons que trois fois en trois mois, nous
préférerons avancer sur des démos de
nouveaux titres plutôt que de répéter
les anciens. Bien évidemment, si nous
pouvions nous consacrer exclusivement
à la musique, les choses seraient diffé-
rentes, mais ce n’est pas le cas, loin de
là. Alors, s’il faut faire un sacrifice, ce
sera celui de la scène. Jamais nous ne
pourrions nous passer du bonheur de
créer.
Dommage car la scène permet aussi
de fédérer de nouveaux fans. Vous
ne cherchez donc pas à gagner en
popularité ?
Ce n’est pas notre préoccupation pre-
mière. Nous cherchons avant tout à
véhiculer des émotions au travers de
notre musique. Nous avons beaucoup de
chance d’avoir un excellent label qui
croit en nous et qui défend nos albums,
mais à titre personnel, nous n’avons
pas de plan de carrière, nous ne sommes
pas du tout là-dedans. Uniquement
dans l’émotion. Y
41
 Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 02 février 2018
Comment Blackberry Smoke parvient à éditer un nouvel album tous les ans et demi en réussissant parallèlement à tourner
à un tel rythme s’avère être une véritable interrogation à l’heure où une large majorité de groupes, tous styles confondus,
se contente d’une cadence bien plus « pépère ». Quand, en plus, la qualité demeure au rendez-vous, on applaudit à quatre
mains et on appelle le chanteur/guitariste Charlie Starr pour qu’il nous dise tout sur Find A Light.
Rock Hard : Votre dernier concert Vers la fin du show, tu as remercié le challenge pour vous en tant que les soirs. Alors, nous nous efforçons de
parisien a eu lieu à la Maroquinerie public en lui donnant rendez-vous, la musiciens... varier nos morceaux.
le 25 mars 2017. Ce show affichait prochaine fois, dans un stade parisien. Disons que l’idée était que ce soit
certes complet plusieurs semaines à Alors, vous travaillez sur un concert intéressant pour tous les gens impliqués, Vous avez profité de ces deux dates
l’avance, mais il doit s’agir d’un des au Stade de France ? à savoir nous, mais aussi le public. pour interpréter « Flesh And Bone »,
plus petits concerts de votre tournée Pas encore… J’espérais d’ailleurs que Bien sûr, cet événement avait un le morceau qui ouvre votre nouvel
européenne. As-tu apprécié cette tu allais nous aider à ce sujet ! (rires) caractère un peu exceptionnel car il album, qui était donc encore inconnu
soirée, et est-ce toujours un plaisir est rare que nous donnions deux du public. Est-ce un sentiment
pour vous de jouer dans de petites Mi-janvier, vous avez donné deux shows d’affilée dans une même ville. spécial de présenter un nouveau
salles comme celle-ci ? concerts consécutifs à la House Of Mais il n’empêche que nous prenons titre à des spectateurs qui ne l’ont
Charlie Starr : C’était très sympa, Blues de la Nouvelle Orléans. Vous y toujours soin de changer notre setlist jamais écouté ?
intime, c’est vrai, et il faisait aussi très avez joué environ vingt titres par tous les soirs lorsque nous sommes en En fait, nous avions rendu ce morceau
chaud dans cette salle ! Ce fut bienvenu soir, mais seuls trois morceaux tournée car nous savons pertinemment disponible sur le Net en avant-première
de donner un concert en comité réduit étaient communs aux deux shows. que certains de nos fans suivent le le 18 janvier, soit un jour avant notre
lors de cette tournée où en effet, nous C’était un vrai cadeau pour les groupe sur plusieurs dates, aux USA premier concert à la Nouvelle-Orléans.
donnions des gigs plus importants. fans et une marque de respect comme en Europe, en particulier en Du coup, certains fans étaient déjà
J’espère que le public n’a pas trop évidente envers ceux qui ont assisté Angleterre. Et évidemment, ils ne familiers avec ce titre, même si beaucoup
souffert de la chaleur ! aux deux soirées, mais aussi un beau veulent pas entendre la même chose tous ne le connaissaient pas encore, c’est

42

De g. à d. : Brandon Still, Richard Turner,
Charlie Starr, Paul Jackson & Brit Turner
vrai. C’est évidemment très intéressant
et excitant car, évidemment, nous
n’avons pas idée de la façon dont les
fans vont réagir.
Lors de notre dernier entretien (Cf.
RH169), tu nous disais avoir le plus
grand mal à composer sur la route où
tu te contentais de compiler des
idées de riffs ou de mélodies, que tu
retravaillais ensuite, une fois rentré
chez toi. Lorsqu’on voit le très grand
nombre de concerts que vous avez
encore donnés en 2017, on se
demande bien comment tu as réussi
GENRE
. Rock sudiste/country/hard
LE GROUPE
. as joué avec Robert lors d’un concert
Charlie Starr (chant, guitare)
. Paul Jackson (guitare)
. Brandon Still (claviers)
. Richard Turner (basse)
. la pedal steel guitar ! C’est un
Brit Turner (batterie)
à écrire les douze nouveaux titres
de Find A Light, mais aussi à les
enregistrer !
Je fais en sorte de trouver le temps
nécessaire dès que l’occasion se
présente. Par chance, nous avons tout
de même un peu ralenti notre rythme de
tournée. Nous donnions, il n’y a pas si
longtemps, environ 250 concerts par
an. Aujourd’hui, ce serait plutôt de
l’ordre de 100 à 150. Cela représente
encore beaucoup de dates, nous
sommes d’accord, mais ça nous laisse
néanmoins plus de temps libre qu’au-
paravant pour nous organiser et nous
poser pour écrire et travailler en
studio.
Avez-vous réussi à enregistrer ce
nouvel album d’une traite, ou lors de
plusieurs sessions ?
Nous avons étalé son enregistrement
sur quatre petites sessions, ce qui a
été suffisant pour parvenir à le finaliser.
Tu nous avais expliqué que vous
aviez produit Like An Arrow (2016)
quasiment par accident, en travaillant
vos démos qui, finalement, sonnaient
aussi bien que vous le souhaitiez.
Find A Light a également été produit
par vos soins. Il semble donc que cette
Nous avons un peu ralenti notre rythme de tournée.
Nous donnions, il n’y a pas si longtemps, environ
250 concerts par an. Aujourd’hui, ce serait plutôt de
l’ordre de 100 à 150 (Charlie Starr)
formule vous convienne pleinement…
Ou, peut-être, le producteur que
vous aviez en ligne de mire n’était-il
pas disponible ?
Non, nous avons décidé, dès le
départ, de produire ce disque nous-
mêmes car, une fois de plus, nous
savions très précisément ce que
nous voulions obtenir. Ceci dit, je suis
persuadé que nous retravaillerons
avec un technicien extérieur un jour
ou l’autre. Nous n’avons pas décidé de
nous produire coûte que coûte, mais il
se trouve que, pour ce disque et le
précédent, c’était la meilleure des
choses à faire. Et puis, de par notre
organisation, nous aurions eu toutes
les peines du monde à trouver un
producteur disponible sur quatre
périodes différentes.
Sortir un disque tous les ans et demi
est une pratique « du passé ». Ça se
faisait couramment dans les années
70, mais de nos jours, c’est une
rareté, voire une anomalie ! Est-ce
que tu continues de penser qu’il s’agit
d’un cycle « normal » pour un groupe
de rock ou es-tu conscient que tu
travailles de façon différemment de
bon nombre de tes contemporains ?
SITE INTERNET ARTICLES RH
www.blackberrysmoke.com RH N°140, 152, 169 & 186
ALBUMS
. spécial. Finalement, ce morceau
Bad Luck Ain’t No Crime (2004)
. Little Piece Of Dixie (2009)
. The Whippoorwill (2012)
. Leave A Scar, Live North Carolina
(live – 2014)
. Holding All The Roses (2015)
. Like An Arrow (2016)
. Find A Light (2018)
Je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment
réfléchi à cela. Nous n’avions pas
vraiment planifié de sortir Find A Light
aussi rapidement. C’est juste que tout
s’est enchaîné de façon harmonieuse,
alors pourquoi attendre ? Mais bon, peut-
être allons-nous également ralentir un
poil le rythme de nos sorties. Seul l’avenir
le dira…
Tu as coécrit quatre titres avec
Keith Nelson, l’ancien guitariste de
Buckcherry, qui est, paraît-il, l’un de
tes vieux amis. Tu as néanmoins
pour habitude de composer seul la
grande majorité du répertoire de
Blackberry Smoke. Comment se fait-
il que Keith ait ainsi été impliqué ?
Je le connais en effet depuis longtemps.
Plus de vingt ans… Je le considère
donc comme un ami proche. Il m’a
appelé l’année dernière, à un moment
où il n’avait pas une grande activité
musicale, et m’a proposé que nous
composions quelques titres ensemble,
ce que j’ai bien sûr accepté. Cette
collaboration s’est avérée très fruc-
tueuse car nous avons écrit un paquet
de morceaux. Malgré le fait que je le
connaisse depuis un bail, c’était la
première fois que nous bossions tous
les deux sur de la musique. Le résultat
n’était pas forcément censé finir sur
un album de Blackberry Smoke, mais
je lui ai dit que j’aimerais vraiment
utiliser certains de ces titres pour le
groupe, et il a accepté. De mon côté,
c’était en quelque sorte mes premiers
pas pour la composition de ce nouvel
album : je n’avais encore pas grand-
chose sous le coude et ces sessions ont
allumé un feu en moi.
Buckcherry n’évolue pas tout à fait
dans le même registre que le vôtre.
Bien évidemment, ce n’est pas parce
que Keith faisait partie de ce groupe
qu’il n’appréciait pas votre musique :
partagez-vous des influences communes
sur lesquelles vous vous êtes retrouvés
pour bosser tous les deux ?
Oh oui ! Il aime de très nombreuses
choses que nous apprécions tous au
sein de Blackberry Smoke : The
Rolling Stones, Aerosmith, Led
Zeppelin, The Faces, etc. Que de la
bonne came !
Le cheminement du morceau « I’ll Keep
Ramblin’ » semble très particulier.
C’était originellement un instrumental
intitulé « Travellin’ Cheebah Man »,
sorti début 2017 sur l’album Got
Soul du guitariste Robert Randolph,
un musicien qui joue de la pedal
steel guitar. A la mi-2017, tu as
écrit des paroles pour ce titre que tu
réapparait donc sur Find A Light
sous le nom « I’ll Keep Ramblin’ », en
version chantée, Robert y jouant de
« voyage » intéressant…
C’est un peu confus, n’est-ce pas ?
(rires) Robert m’a envoyé cette
musique il y a un bout de temps, et
c’est lui qui m’a demandé d’y poser
des paroles. Je m’y suis attelé et ça lui
a plu. Alors, en novembre 2017, j’ai
interprété ce titre en compagnie de
son groupe lors d’un show filmé sur un
plateau de télévision, à Nashville,
dans le cadre de l’émission musicale
Skyville Live. Nous avons adoré cette
nouvelle version, les autres membres
de Blackberry Smoke aussi, alors j’ai
demandé à Robert si ça lui disait de
venir la graver en studio avec nous. Et
comme cette idée l’a tout aussi branché
que nous, nous l’avons fait !
Pour être francs, nous ne connaissions
pas Robert Randolph avant de le
découvrir sur ce titre. Quel incroyable
musicien !
Je suis bien d’accord ! Il vient d’un
genre musical très intéressant, le
Sacred Steel, de la musique religieuse.
Robert a lui-même appris à jouer de
son instrument dans des églises.
Entre mai et septembre, vous allez
donner six concerts en première
partie de Lynyrd Skynyrd aux USA,
dans le cadre de sa tournée d’adieu.
Ce n’est pas la première fois que
vous ouvrirez pour cette légende,
mais il semblerait bien qu’il s’agira
de la dernière… Ça doit représenter
beaucoup pour vous qui êtes de
grands fans…
Oui, c’est vrai. Ce sera sûrement un
sentiment aigre-doux pour tout le
monde. Je suis sûr que cela va être très
émotionnel, tant pour Lynyrd Skynyrd
que pour ses fans, mais dans le même
temps, je suis persuadé que ces
concerts vont être fantastiques.
Gregg Allman a fait un duo avec toi
sur le titre « Free On The Wing »
figurant sur votre précédent album,
Like An Arrow. Il est malheureu-
sement décédé le 27 mai 2017. Son
dernier album solo posthume,
Southern Blood, est sorti en sep-
tembre 2017, mais a été enregistré
en mars 2016. Après recherches, il
semble bien que les sessions de
« Free On The Wing » aient été les
dernières de Gregg…
Je me suis aussi interrogé à ce sujet.
Je n’ai pas posé la question à des
gens proches de lui et mieux informés,
mais il est bien possible qu’en effet,
il s’agisse de la dernière chanson qu’il
ait enregistrée. Si c’est le cas, nous en
sommes très honorés. Nous continuons
de jouer ce morceau régulièrement, et
à chaque fois, l’émotion est palpable
car beaucoup de nos fans sont aussi
de grands amateurs de l’œuvre de
Gregg et des Allman Brothers. Nous
sommes parfois très touchés en
observant les réactions de certaines
personnes lorsque nous interprétons
ce titre… Y
43
 Propos recueillis par François Blanc - Interview réalisée le 2 mars 2018 via Skype
Une franche discussion avec Alan A. Nemtheanga, le fougueux vocaliste de Primordial, constitue toujours un moment privilégié.
Qu’on partage ou non ses vues – généralement pessimistes – sur notre société contemporaine, cet orateur de premier choix
attire invariablement l’attention sur des problématiques intéressantes qui poussent naturellement à la réflexion. Alors, puisque
l’opportunité de « cuisiner » le ténébreux chanteur s’est présentée, nous en avons profité pour converser de choses et d’autres.
D’Exile Amongst The Ruins, neuvième opus des fiers Irlandais et des surprises qu’il recèle, mais aussi et surtout de ce fameux
« exil intérieur » auquel nous sommes tous confrontés.

Rock Hard : Exile Amongst The
Ruins évoque un sentiment de
résignation et opte pour une
production relativement modeste
alors que son prédécesseur, Where
Greater Men Have Fallen (2014), se
voulait bien plus épique et puissant.
Est-ce que cette différence résulte
d’un choix délibéré ?
Alan A. Nemtheanga : Non, ça s’est
fait très naturellement. A aucun
moment, nous ne nous sommes dit
qu’il fallait absolument faire un
disque différent du précédent. Au
sein de Primordial, nous n’établissons
pratiquement jamais de plan. La
seule chose qui a changé cette fois-ci
est que nous ne sommes pas parvenus
à nous réunir de façon régulière
durant les mois qui ont précédé
l’enregistrement de l’album. Nous
avons longtemps bossé avec des
squelettes de compositions. Exile
Amongst The Ruins a été enregistré
dans un studio « ordinaire » – pas
toujours très fonctionnel, d’ailleurs –
par bribes, durant les week-ends.
Nous passions au studio dès que nous
le pouvions et demeurions très
concentrés afin d’être les plus efficaces
possibles. C’était parfois stressant, il
faut l’admettre, mais ce n’est rien en
comparaison de certaines sessions
antérieures. La mise sur bandes de
Redemption At The Puritan’s Hand
(2011), notamment, s’était déroulée
au Pays de Galles. Nous nous étions
retrouvés coincés en pleine tempête
de neige et j’étais tombé sérieusement
malade, à tel point que je ne pouvais
plus bouger. En comparaison, l’enre-
gistrement de Where Greater Men
Have Fallen a été une véritable partie
de plaisir, et celui de Exile…,
quoique plus délicat, n’a présenté
aucune difficulté insurmontable !
Mes comparses ont cependant pris
plus de plaisir que moi à travailler de
façon sporadique et étalée dans le
GENRE
. Pagan metal
LE GROUPE
. Alan A. Nemtheanga (chant)
. Ciáran MacUiliam (guitare)
. Micheál O'Floinn (guitare)
. . The Gathering Wilderness (2005)
Pól MacAmlaigh (basse)
. Simon O'Laoghaire (batterie)
temps. Chanter sollicite des muscles
qui ont besoin d’être fréquemment
stimulés pour fonctionner au mieux.
La spontanéité n’est donc jamais la
meilleure option pour un vocaliste, et
ma tâche s’est avérée plus ardue que
de coutume. Mais je ne veux pas
avoir l’air de me plaindre : ce n’est
pas comme si j’avais dû enregistrer
mes prises depuis une cellule de
prison ou un lit d’hôpital. Les choses
pourraient toujours être pires !
Beaucoup de fans ont été déstabilisés
par votre premier single, le triste
et délicat « Stolen Years ». Une fois
n’est pas coutume, ce morceau fait
référence à l’histoire de Primordial.
Je n’avais que seize ans lorsque
j’ai rejoint Primordial. Cela
représente l’intégralité de ma vie
d’adulte (Alan A. Nemtheanga)
As-tu vraiment l’impression qu’on
t’a « volé » des années ?
Parfois, oui. J’imagine que tout le
monde, un jour ou l’autre, se remet
en question, se demande ce qu’il a
fait de son existence, à quoi il a
consacré son temps. C’est une
préoccupation naturelle. « Stolen
Years » évoque plusieurs aspects de
nos vies de musiciens, les mauvaises
comme les bonnes expériences. Les
longues heures d’attentes passées dans
les aéroports, qu’on ne regagnera
jamais, et les moments magiques où
les lumières s’allument sur scène, où
tu retrouves tes vieux amis et t’en
fais de nouveaux... Cette chanson
parle aussi de mes 25 ans passés au
sein du groupe. Je n’avais que seize
ans lorsque j’ai rejoint Primordial.
Cela représente l’intégralité de ma
. Gods To The Godless (live – 2016)
SITE INTERNET . Exile Amongst The Ruins (2018)
www.primordialofficial.com
ARTICLES RH
ALBUMS
RH N° 13, 40, 41, 72, 99, 109,
. Imrama (1995) 148 & 186
. A Journey’s End (1998)
. Spirit The Earth Aflame (2000)
. Storm Before Calm (2002)
. To The Nameless Dead (2007)
. All Empires Fall (live – 2010)
. Redemption At The Puritan’s Hand
(2011)
. Where Greater Men Have Fallen (2014)
vie d’adulte ! Mon adolescence me
paraît très lointaine, et pourtant, le
temps a filé en un clin d’œil. « Stolen
Years » est aussi un hommage aux
proches que je ne vois que très
rarement. A la fin des années 90,
j’ai créché pendant six mois dans la
maison qu’occupaient les membres
de Deströyer 666 en Hollande. L’an
dernier, Primordial s’est produit
en Australie pour la première fois
et j’y ai retrouvé le batteur Ian
« Schrapnel » (Ndlr : aujourd’hui
membre de Nocturnal Graves) que je
n’avais pas revu depuis des années.
Pourtant, dès que nous avons entamé
la conversation, nous avons eu l’impres-
sion de ne jamais nous être quittés.
Mais qui sait si j’aurai d’autres
occasions dans ma vie de retourner à
Melbourne ? Primordial, au fond, est
hanté par cette idée de temps qui
passe, cette inévitable confrontation
avec notre propre mortalité.
Parmi les autres surprises de
l’album, il y a « To Hell Or To The
Hangman », titre au rythme binaire
et franchement déstabilisant pour
du Primordial !
Au moment d’aborder ce neuvième
disque, nous nous sommes dit que
nous allions contourner quelques-
unes des attentes placées en nous.
Sur ce morceau précis, la guitare est
jouée de façon relâchée, à la manière
des rythmiques acoustiques libres et
entraînantes qui accompagnent les
morceaux traditionnels irlandais. On
pourrait croire qu’il s’agit d’une
gigue ou d’une danse folklorique,
mais le riff et les couplets sonnent
comme ceux de « Graven Idol » : du
Primordial pur jus ! En revanche,
le reste de la chanson est assez
inhabituel. Le rythme de basse
m’évoque le Hawkwind des années
70, tandis que la batterie s’inspire
aussi bien de la scène gothique des
années 80 que du « Run To The
Hills » d’Iron Maiden. Ce titre compte
parmi les curiosités de l’album, au
même rang que « Stolen Years » et
« Sunken Lungs », qui est porté
par un motif de batterie complexe et
original. Mais que les auditeurs qui
n’aimeraient pas ces chansons se
rassurent : Exile Amongst The Ruins
contient 45 minutes supplémentaires
de musique épique et sombre, dans
la droite lignée de nos précédents
travaux.
Comment doit-on interpréter le
titre de l’album, « un exil parmi les
ruines » ? Que signifie-t-il pour
toi ?
Tout d’abord, je tiens à clarifier les
choses : ce titre ne contient aucune
référence politique. Il fait simplement
état de mes observations. Or, j’ai le
sentiment que notre société occidentale
contemporaine s’est laissée dévorer
par la misanthropie et le nihilisme.
Nous avons irrémédiablement perdu
tous nos repères. Tout ce qui pouvait
avoir la moindre valeur spirituelle a
été remplacé par l’amoralité, l’hyper-
sexualité et la décadence. Nous
sommes allés à l’encontre des
principes exaltés par la philosophie
des Lumières, qui prônait la rationalité,
l’empirisme, les débats raisonnables.
Pourtant, cette époque a amené la
démocratie dans son sillage !
Actuellement, nous assistons à la
dissolution du socle de la civilisation
occidentale. L’avenir ne sera que
ruines et ceux qui en ont conscience
sont d’ores et déjà des exilés.
Je ne sais pas si c’est à cela que tu
fais allusion en parlant de « débats
raisonnables », mais il est vrai
que la pression du « politiquement
correct » n’encourage pas franche-
ment la prise de parole…
Je suis un grand admirateur du
stoïcisme tel qu’il est présenté par
Sénèque : la possibilité de débattre
sans émotion. Voilà quelque chose
que j’approuve très fortement. Mais
malheureusement, nous vivons à une
époque où la seule chose qui semble
compter est ce que les gens ressentent,
leur sentiment unique et particulier
sur absolument tous les sujets. Tout
le monde cherche à se placer au
centre des débats et estime que ses
pensées et impressions doivent primer
sur la science, la biologie, les maths
ou les statistiques. Je suis fermement
opposé à cette façon de penser qui
rend toute véritable communication

44
De g. à d. : Ciáran MacUiliam, Simon O'Laoghaire, Pól MacAmlaigh, A.A. Nemtheanga & Micheál O'Floinn
 impossible ! Et le problème, c’est
que cette tendance est exacerbée
par les réseaux sociaux qui sont
un véritable cancer. Nous y sommes
manipulés en permanence : des
institutions et entreprises colos-
sales se nourrissent de l’indigna-
tion des gens et jouent sur leurs
peurs, leur colère et leur narcis-
sisme démesuré afin de les isoler
et de les pousser à consommer
davantage. Il y a quelques mois,
j’ai débattu avec des gens dans
un bar et ai rapidement constaté
qu’ils n’avaient pas l’habitude de
discuter en face à face avec des
personnes ayant un autre point
de vue que le leur. Ils n’étaient
pas capables de l’entendre ! Une
fille est même sortie du bar,
excédée, alors que nos discussions
n’avaient rien d’agressif ; le
simple fait de se tenir aux côtés
d’une personne avec une pensée
différente lui était insoutenable.
Jadis, avant que nous ne soyons
coincés dans ce système de non-
sens, les individus discutaient et
essayaient de se comprendre,
que ce soit au boulot, à l’école,
ou dans les pubs. Chacun à leur
façon, ils perpétraient cette
magnifique forme de liberté
d’expression dans leurs propres
microcosmes. Mais l’art du
débat est en voie d’extinction. La
plupart des gens n’ont qu’une
hâte, se précipiter vers ceux qui
sont en désaccord avec eux pour
les faire taire. Ça me révulse car
c’est une forme d’anti-intellec-
tualisme. Or, je suis un absolutiste
de la liberté d’expression. Il
n’existe pas de « discours de
haine », il n’existe que des
discours. Si la possibilité de
discourir n’existe plus, comment
confronter les mauvaises idées ?
Si tu t’opposes à ton voisin en
cherchant à étouffer son avis
Il est tout de même scandaleux de constater qu’en festival, il y a plus
de monde qui fait la queue pour obtenir les dédicaces de Milking The
Goatmachine que de Candlemass… (Alan A. Nemtheanga)
plutôt qu’en essayant de le convaincre,
tu peux être sûr que ses idées revien-
dront d’une façon ou d’une autre, et
sous des formes plus agressives.
Ramener les choses à soi et réagir
avec passion n’est jamais la bonne
façon d’élever le débat. Récemment
encore, j’ai été choqué de découvrir
que des étudiants d’Olympia, aux
Etats-Unis, avaient pris en grippe
des biologistes qui s’interrogeaient
sur la question du déterminisme et
les avaient accusés de racisme. Mais
est-ce que ces étudiants réalisent à
quel point ils sont privilégiés, quelle
chance ils ont de faire partie d’un
système qui les laisse exprimer
leurs revendications, même s’ils le
dénoncent ? Et surtout, est-ce qu’ils
comprennent que beaucoup de citoyens
sont choqués par leur violence et que
cet activisme agressif les rend terri-
blement antipathiques ? Cela engendre
la réaction opposée chez les specta-
teurs. En luttant farouchement contre
la libre expression, ces étudiants
46
arment les bras des ennemis qu’ils
croient combattre. C’est d’une contre-
productivité absolue !
Cet album est donc fermement
ancré dans son époque ?
Oui et non. Certaines chansons, comme
« Stolen Years » ou « Sunken Lungs »
et sa thématique marine, parlent de
sujets très simples. D’autres abordent
ces thèmes qui me passionnent. Je
suis quelqu’un qui vit et ressent tout
avec une très forte intensité. Je suis
constamment en train de consommer
de l’information. Cela rend parfois la
vie très difficile car j’ai dû mal à me
« mettre en veille » et à me détendre…
Nos cerveaux ne sont pas faits pour
gérer autant d’informations, et surtout
autant d’informations négatives. A
nous maintenant de faire de notre
mieux pour essayer de devenir de
meilleures personnes, n’est-ce pas ?
Indubitablement ! Passons-donc à
un sujet un peu plus « léger ». Lors
Alan A. Nemtheanga
d’une précédente interview, tu as
déclaré te sentir désolé pour les
gamins qui découvrent le metal
de nos jours car ils sont plus
facilement exposés à Alestorm qu’à
Iron Maiden…
Une fois encore, je tiens à clarifier
les choses : je n’attends évidemment
pas de tous les groupes qu’ils soient
aussi sérieux que Neurosis, par
exemple, ou qu’ils suivent l’exemple
de Primordial. Mais ce qui m’agace,
c’est cette tendance à l’infantilisation
qu’on retrouve actuellement dans
tous les médias de notre société
occidentale. Prends, par exemple, la
programmation des cinémas : il y a
énormément de dessins animés pour
adultes et des putains de films de
super héros ! Tout est fait pour
donner aux quadragénaires l’impres-
sion qu’ils ont encore quatorze ans.
Et c’est à cause de ça que des trucs
de merde comme Alestorm trouvent
leur public. Il est tout de même
scandaleux de constater qu’en festival,
il y a plus de monde qui fait la
queue pour obtenir les dédicaces
de Milking The Goatmachine
que de Candlemass… (il marque
une pause). Peut-être que nos
perspectives d’avenir sont si
sombres que les gens préfèrent
se réfugier dans des œuvres
dénuées de sens pour se divertir
à tout prix. Mais je trouve cela
humiliant de voir des mecs
perpétuellement bourrés se
balader au Hellfest déguisés en
cochons ou en vaches, et passer
d’une chanson stupide à l’autre.
J’ai récemment apostrophé l’un
de mes amis : « Tu as 45 ans et
tu continues à te déguiser en
pirate pour aller à un festival ?
Putain, mec, il est urgent de
mûrir ! ». Et lui de me répondre :
« C’est juste pour s’amuser, tu
devrais baisser ta garde et te
détendre ! » Il a raison, ça ne fait
aucun doute. Je sais que je suis
trop sérieux pour mon propre
bien, mais c’est plus fort que
moi : je m’inquiète pour « l’âme »
du metal ! (rires) Je repense aux
classiques des années 80, aux
incontournables que sont Dio,
Judas Priest ou Iron Maiden, ou
même aux groupes plus sombres
des années 90, de Type O
Negative à Nine Inch Nails, en
passant par Tiamat et
Moonspell… Bien sûr, il y a
encore d’excellentes choses
dans la scène underground, et des
tonnes de formations talentueuses,
mais ce sont toujours les chansons
les plus stupides qui récoltent le
plus de vues sur YouTube. Je suis
sincèrement peiné de voir que
certains groupes méritants ne
ramènent que cinquante à cent
spectateurs par soir là où
Alestorm remplit des salles de
2.000 personnes. Quelque chose
ne tourne pas rond !
2018 marque le vingtième anniver-
saire de A Journey’s End, votre
deuxième album. Allez-vous faire
quelque chose de spécial pour
l’occasion ?
Non ! (rires) Je ne suis pas à fond sur
cette pratique qui consiste à jouer un
album dans son intégralité. Ça se
justifie dans le cas de vieux groupes,
qui peuvent ainsi présenter leurs
anciens disques à une nouvelle
génération, mais pas dans le cas
de Primordial. De plus, nos deux
premiers albums sont loin d’être les
plus populaires. Les gens s’intéressent
plutôt à nos sorties récentes, ce
qui me satisfait grandement. Au
contraire, il est rarissime d’entendre
quelqu’un dire que Imrama (1995) a
changé sa vie ! Lorsque nous en
interprétons un extrait, la majorité
des gens ne le reconnait pas. Peut-
être plancherons-nous sur une édition
spéciale de l’album, mais ce n’est pas
à l’ordre du jour. Y
De g. à d. : Fabrice « Boule » Baud, Fabienne Perrio, Jean-Marc Battini & Vincent Boetto

Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 08 mars 2018

Une histoire inachevée, une envie folle de revivre « ça », un retour 27 ans après une séparation sur la pointe des pieds et
un nouvel album, La Morsure Du Temps : les Marseillais de Venin vivent une seconde jeunesse aussi surprenante qu’enthou-
siasmante ! Le groupe presque au complet nous explique les raisons de comeback inespéré.
Rock Hard : Revenons quelques lieu en octobre 1987. Nous nous raisons de santé, il n’a pu continuer. trois : « Trafiquant De Rock », « Guet-
instants sur votre première partie sommes séparés amicalement : il y Après que nous ayons été dépannés Apens » et « La Nuit Des Fous ».
de carrière, de 1982 à 1987… avait moins d’envie, nous répétions par deux guitaristes, dont Chris Maintenant, si tu compares la version
Jean-Marc Battini : En fait, les racines moins souvent, et puis, les choses de Cesari de Heart Attack, Fabrice de « Trafiquant De Rock » de 1984 et
du groupe remontent à 1981. Durant la vie ont fait que nous avons décidé « Boule » Baud s’est joint à nous de la nouvelle, il n’y pas énormément
les six premiers mois, nous avions un d’arrêter là. façon définitive aux alentours de de points communs car nous avons
chanteur, qui nous a rapidement juillet 2016. Quant au batteur, il s’a- beaucoup retravaillé ce morceau.
quittés. A partir de là, j’ai commencé Curieusement, en 2014 et 2015, git de Vincent Boetto, qui jouait aupara- Tous les autres titres ont été composés
à me charger du chant, en plus de la votre Maxi-45 Tours et votre démo 7 vant avec Marécage, une autre forma- récemment.
guitare. Nous avons édité une première Titres ont été réédités en vinyle et tion du coin qui existait aussi dans les
démo 2 Titres en 1984, une autre de 7 en CD. Cela a dû vous surprendre ! années 80. En fait, Vincent et moi Vous continuez de chanter en
Titres en 1985 et enfin, un Maxi-45 C’est sûr ! En fait, nous venions tout rejouons ensemble depuis 2000 environ français : c’était en quelque sorte la
Tours 4 Titres en 1986. Nous avons juste de nous reformer lorsque nous car, ces quinze dernières années, « norme » dans les années 80, alors
autoproduit ce dernier car nous avons appris que les labels Cameleon nous donnions des concerts essentiel- qu’aujourd’hui, l’immense majorité
avions démarché plusieurs maisons Records et Mémoire Neuve voulaient lement basés sur des reprises. des groupes d’ici chantent en
de disques, sans succès. Du coup, ressortir ces enregistrements. Nous anglais. Cela vous a-t-il traversé
nous avons décidé de tout financer nous sommes dit : « Pourquoi pas ? » Lorsque vous avez enfin trouvé la l’esprit ?
nous-mêmes et de le vendre dans les Après tout, ça pouvait nous aider à bonne formation mi-2016, pensiez- Pas une seule seconde ! Pour nous,
réseaux Fnac et à nos concerts. Les faire reparler un petit peu de nous, ça vous déjà enregistrer un nouvel le chant mélodique en français est
mille exemplaires pressés ont tous été tombait bien : tout s’est enchaîné un album ou simplement continuer à indissociable de Venin.
vendus. Nous avons donné pas mal de peu par hasard, mais ça nous a vraiment donner des concerts ?
concerts dans notre région, mais redonné l’envie et la motivation de Vincent Boetto : Nous envisagions de Franchement, vous auriez imaginé
malheureusement, très peu dans le voir un peu plus loin. Du groupe publier au moins un Maxi-45 Tours sortir un album de Venin en 2018 ?
reste de la France. Ce n’était pas évident d’origine, il ne reste que moi à la vinyle, dans l’idée de le vendre dans Fabrice « Boule » Baule : Non ! Mais
de trouver des shows en dehors de la guitare et au chant et Fabienne Perrio la région et lors de nos concerts, sans nous avons tous revu nos objectifs à la
région de Marseille, ce qui a très à la basse. Au début, Patrick Ziad, le plus d’ambition. Mais finalement, hausse, même si nous gardons les pieds
certainement freiné l’évolution du guitariste originel, a refait un bout l’accueil qui a été réservé aux réédi- sur terre. Sortir un album, c’est déjà
groupe. Notre dernier concert a eu de chemin avec nous, mais pour des tions que tu mentionnais et l’enthou- extraordinaire ! Et puis, participer
siasme des spectateurs à nos shows au Pyrenean Warriors Open Air de
GENRE nous ont poussés à aller un peu plus Torreilles, au South Troopers de
SITE INTERNET
. Hard rock loin en proposant un véritable album. Marseille et au Festival de Vouziers
venin-hard-rock.over- (Cf. Agenda) en compagnie de tas de
blog.com
LE GROUPE La Morsure Du Temps ne renferme groupes que nous écoutions dans les
. Jean-Marc Battini ALBUMS aucun extrait réenregistré de votre années 80, c’est génial ! Nous en sommes
(chant, guitare) . Venin (EP – 1986) premier Maxi 45 Tours et de vos ravis, mais nous ne nous mettons pas
. Fabrice « Boule » Baud . La Morsure Du Temps (2018)
démos, mais contient-il néanmoins la pression. Nous travaillons aussi sur
(guitare)
ARTICLE RH des titres datant de la même d’autres dates sympas d’ici la fin de
. Fabienne Perrio (basse)
époque ? l’année et allons filmer un clip du
titre « La Faute Aux Souvenirs ». Y
. Vincent Boetto (batterie) RH N°186
Jean-Marc Battini : Oui, il y en a

47
 GENRE
. Hard rock/stoner
LE GROUPE
. Dave Wyndorf
(chant, guitare)
. Garrett Sweeny (guitare)
. Phil Caivano (guitare)
. Chris Kosnik (basse)
. Bob Pantella (batterie)

SITE INTERNET
www.zodiaclung.com
ALBUMS
. Spine Of God (1991)
. Superjudge (1993)
. Dopes To Infinity (1995)
. Powertrip (1998)
. God Says No (2001)
. Monolithic Baby! (2004)
. 4-Way Diablo (2007)
. Mastermind (2010)
. Last Patrol (2013)
. Mindfucker (2018)
ARTICLES RH
RH N°29, 71, 82, 104,
137 & 186

Dave Wyndorf
48

Après s’être attelé à des refontes étranges et psychédéliques de ses deux précédents albums, Dave Wyndorf, frontman et
leader incontesté du Monstrueux Aimant, s’est enfin décidé à offrir un véritable successeur à l’hypnotique Last Patrol
(2013). Plus simple, direct et foncièrement rock que ne le laissait présager son titre, Mindfucker illustre la face la plus
accrocheuse du groupe. Présentation de l’objet par un chanteur qui n’a rien perdu de sa gouaille légendaire.
Rock Hard : Quelles souvenirs gardes-
tu du passage de Monster Magnet au
Hellfest 2017 ?
Dave Wyndorf : Je me souviens qu’il
nous a fallu parcourir des milliers de
kilomètres pour rallier le festival et
qu’une fois arrivés sur place, nous
avons donné notre concert et sommes
repartis aussi sec ! (rires) Cependant,
après d’innombrables heures à glander
dans un bus occupé par dix personnes,
il est très exaltant de se retrouver face
à une foule énorme, et plus particuliè-
rement au Hellfest où le spectacle n’est
pas sur scène, mais dans le public. Il
y a de la magie dans l’air, les gens
donnent tout ! Je suis fasciné par
cette débauche d’énergie et d’enthou-
siasme. Au risque de passer pour un
hippie, je dirais que cet évènement
dégage de très, très « bonnes vibrations ».
Si la possibilité m’en était offerte,
je participerais à chaque édition ! J’ai
joué dans un sacré nombre de festivals
et celui-là est vraiment spécial. Nos
concerts à Clisson comptent parmi
nos meilleurs sur ces dix ou quinze
dernières années !
Lors de votre précédent cycle de
tournées, vous avez choisi de jouer
votre nouvel opus The Last Patrol
(2013) en intégralité. Un choix auda-
cieux, non ?
Oui, tout à fait. Je ne sais pas ce qui
m’est passé par la tête ! (rires) En
vérité, j’ai flippé car je ne savais pas
du tout comment intégrer les morceaux
de Last Patrol à notre set. Ce disque
n’est pas du genre à aller « droit
au but ». Il alterne les hauts et les
bas, les humeurs, les atmosphères…
Autrement dit, pas le genre de truc qui
fédère instantanément en conditions
live ! Impossible d’enchaîner « Three
Kingfichers » et « Powertrip », par
exemple. Cela n’aurait pas collé du
tout ! J’étais dans l’impasse, jusqu’à ce
que je réalise que le seul moyen de
rendre justice à nos nouveaux titres
était de tous les interpréter et de suivre
le même ordre que sur l’album. Cela ne
plairait peut-être pas à tout le monde,
mais au moins, les gens qui aiment
Last Patrol auraient droit à une perfor-
mance qui ferait sens. Et même si
j’étais assez nerveux de prime abord,
j’ai l’impression que ça a plutôt bien
marché. Le rappel était là pour nous
permettre de nous rattraper et de
contenter les fans énervés ou déçus :
nous faisions une sorte de « Greatest
Hits » et jouions le plus longtemps
possible ! (rires)
Penses-tu renouveler l’expérience
avec Mindfucker ?
Je ne sais pas encore. J’admets y avoir
pensé, mais si nous le faisions, ce ne
serait pas pour les mêmes raisons
qu’avec Last Patrol car, pour le coup,
nos nouveaux morceaux cohabitent
très bien avec les anciens. Peut-être
nous contenterons-nous d’en jouer
cinq ou six et de les intercaler avec
nos « classiques ». Je ne sais pas exac-
tement ce que notre public attend de
nous et je n’ai pas l’intention de lui poser
la question ! (rires) Si je demandais aux
fans de composer leur setlist idéale, je
sais que les réponses seraient trop
disparates pour en tirer quoi que ce
soit. Il est impossible de satisfaire tout
le monde, c’est l’un des principes de
base du show business ! Nous ne
sommes pas du genre à articuler nos
sets en fonction des espoirs des
gens. Avant l’arrivée d’internet, il n’y
avait aucun moyen de s’informer des
préférences du public. Les groupes
devaient bosser dur et se jeter dans le
vide, assumer leurs choix : « Voilà ce
que nous proposons. Si ça ne vous plaît
pas, dégagez ! ». C’était courageux, cela
venait du cœur. Les spectateurs
avaient droit à quelque chose qui avait
été soigneusement concocté par les
artistes, pas à une setlist imposée par
d’autres. Personnellement, je ne me
vois pas donner des instructions à mes
artistes préférés. Je préfère me placer
dans une autre position : « C’est toi
l’artiste, donne-moi ce que tu as ! ». Peut-
être est-ce une question de génération…
Depuis la sortie de Last Patrol,
Monster Magnet a proposé deux
réinterprétations d’anciens albums :
Milking The Stars: A Re-Imagining
Inutile d’avoir recours au LSD. Je suis
déjà suffisamment taré au naturel !
(Dave Wyndorf)
Of Last Patrol en 2014 et Cobras
And Fires en 2015. Qu’est-ce qui
t’a poussé à te lancer dans cette
entreprise ?
Cette idée m’est venue lors d’une
période creuse, où je n’avais absolument
rien de neuf à proposer. Cette panne
d’inspiration était certainement due
au fait que je n’avais pas l’impression
d’en avoir complètement fini avec Last
Patrol. J’ai beaucoup écrit pour cet
album, et il y avait tant de façons
possibles d’exploiter ces chansons
que, même une fois le produit livré, le
disque continuait à m’obséder de façon
étrange. Eprouvant une forte envie
de renouer avec l’environnement du
studio, j’ai décidé de décomposer le
disque, de triturer ses pistes et ses
mélodies, d’en faire quelque chose de
totalement nouveau. J’avais le sentiment
d’être passé à côté de certaines oppor-
tunités sur la première version. Et
comme mon obsession allait croissant,
j’ai décidé, tant qu’à faire, d’aller
explorer les fichiers de Mastermind
(2010) et de m’en occuper aussi ! Là,
des tonnes d’idées me sont venues. Au
final, j’ai passé deux ans à « m’amuser »
en studio ! C’était vraiment exaltant et
ça m’a permis d’aborder l’écriture de
Mindfucker dans le bon état d’esprit. Il
était temps de recommencer à composer
pour de bon car je ne voulais pas tirer
sur la corde. Les fans ont une marge
Propos recueillis par François Blanc - Entretien téléphonique réalisé le 05 mars 2018
de tolérance limitée lorsqu’il s’agit de
plaisirs personnels comme ceux-là ! (rires)
Puisqu’on en parle, MindFucker est
composé de chansons courtes et
directes là où Last Patrol était plus
psychédélique…
C’était tout à fait l’effet escompté. Au
moment d’aborder la composition, j’ai
réalisé que si je persistais dans une
veine psychédélique, je ne ferais que
recopier la formule de Last Patrol. Or,
je savais qu’à cet instant précis, il me
serait impossible de faire aussi bien.
J’ai donc choisi de me concentrer sur
une autre dimension de la musique du
groupe. J’ai la chance d’avoir des
comparses qui ont les mêmes références
musicales que moi et qui me connaissent
très bien. Ils sont parfaitement capables
de m’accompagner dans mes envies de
hard rock direct, qu’il soit inspiré par
la scène de Détroit ou par les standards
britanniques ! Ecrire des chansons
courtes est un exercice délicat car il n’y
a pas de place pour les approximations :
tout doit envoyer du bois ! Il faut que
chaque seconde soit excitante et des
gros refrains. Contrairement aux
longues plages psychédéliques, ces
morceaux ont un effet direct sur les
auditeurs, qui savent tout de suite
s’ils les aiment ou non. Il n’y a pas de
place pour les nuances, ce qui est
assez flippant !
Que peux-tu nous dire du titre de
l’album ?
L’expression « Mindfucker » fait partie
de mon vocabulaire depuis que j’ai treize
ans. Dans le New Jersey, on pouvait
aussi bien l’utiliser pour décrire un
voyage sous LSD que les mensonges
d’un politicien ou la fin du film 2001,
L’Odyssée De L’Espace. « Wow, ce truc était
dingue, je n’ai rien compris. Un véritable
« mindfucker !!! » » C’était une façon de
décrire des choses proprement halluci-
nantes. Et devinez quoi ? En 2018,
nous sommes en plein dedans !!! (rires)
Comme tout artiste, je partage mes
sentiments, mes observations et mes
inquiétudes. « Drowning », par exemple,
fait à la fois référence à une histoire
d’amour toxique et à l’impression que
j’ai d’être constamment noyé sous un
flot de conneries. Notre époque semble
en guerre contre la vérité ! Les médias
se nourrissent de la paranoïa des gens
en jouant sur le racisme et la peur.
En arrière-plan, des institutions s’en
servent pour semer le chaos et assouvir
leurs intérêts. Vois comment les choses
se déroulent sur les réseaux sociaux :
les gens privilégient l’immédiateté et
la passion, et réagissent avant même
de connaître les faits. Ils se laissent
manipuler par des charlatans ! Je suis
sûr que s’ils se retrouvaient dans la
même pièce, ils feraient preuve de plus
d’humanité et réfléchiraient à leurs
déclarations plutôt que d’engendrer de
nouvelles disputes et de nourrir les
confusions. Ils se déchirent à propos
de concepts et d’assomptions qu’ils
traitent comme des faits tangibles ! Ne
devrions-nous pas être au-dessus de
cela ? C’est si décevant... Nous vivons
vraiment une époque totalement hallu-
cinante et ça n’a rien de rassurant. En
résumé : ne croyez surtout pas tout ce
qu’on vous dit !
Monster Magnet sillonnera l’Europe à
partir du mois de mai, mais aucune
date française n’a encore été annoncée…
Comme tu t’en doutes, ce n’est pas un
choix délibéré de notre part. Cela
dépend des promoteurs et des garanties
qu’ils exigent, de la disponibilité des
salles… Nous espérions au moins
pouvoir nous arrêter à Paris, mais cela
n’a pas été possible. Nous nous rattra-
perons certainement lors de la tournée
suivante qui aura lieu d’ici sept à huit
mois. Je tiens à revenir : j’aime jouer
en France.
En 2019, ton groupe fêtera ses
trente ans. Comment comptes-tu
célébrer cela ?
Je ne sais pas encore, mais j’ai bien
l’intention de marquer le coup. Ce
genre d’occasion ne se présente pas
tous les jours ! Personnellement, je
n’arrive pas à réaliser que nous
sommes là depuis si longtemps. J’ai
l’impression que nous avons commencé
voici trois ans ! Ma perception du
temps est complètement déréglée
lorsqu’il s’agit du groupe. Cela prouve,
si besoin, que Monster Magnet est
l’une des meilleures choses qui soient
arrivées dans ma vie. Je ne tiens pas le
compte des jours qui passent car je
n’ai pas envie que ça s’arrête !
C’est un cliché, mais le stoner rock
est souvent associé, à tort ou à raison,
à la consommation de produits
psychotropes. Est-ce encore d’actua-
lité pour toi ?
Non, plus depuis longtemps. Il est
vrai que je suis passionné par le psy-
chédélisme et la liberté d’imagination.
J’aime écrire des textes avec une portée
visuelle et des sons qui poussent
l’auditeur à rêver au-delà de toute
norme. Certes, cet état peut être induit
grâce à la prise d’acides, mais ce n’est
pas une condition sine qua non. Il se
trouve simplement que j’ai grandi à
une époque où les stupéfiants étaient
partout. Il m’est ponctuellement arrivé
de m’aventurer dans ce monde, mais
les résultats allaient généralement du
mauvais au désastreux. De nos jours,
je n’y pense même plus car la musique
est la seule chose qui compte. Les gens
sont libres de faire ce qu’ils veulent en
l’écoutant, ça les regarde. Mais pour
moi, il est inutile d’avoir recours au
LSD. Je suis déjà suffisamment taré au
naturel ! (rires) Y
49
 GENRE
. Hard/blues rock sudiste
LE GROUPE
. Chris Robertson (chant, guitare)
. Ben Wells (guitare)
. . Magic Mountain (2014)
Jon Lawhon (basse)
. John Fred Young (batterie)
SITE INTERNET
www.blackstonecherry.com
50
ALBUMS ARTICLES RH
. Black Stone Cherry (2006) RH N°66, 79, 110, 143, 163, 165, 172
. Live At The Astoria, London (31.10.07) & 186
(live – 2007)
. Folkore And Superstition (2008)
. Between The Devil And The Deep Blue
Sea (2011)
. Black Stone Cherry Thank You : Livin'
Live, Birmingham UK October 30, 2014
(live – 2015)
. Kentucky (2016)
. Black To Blues (EP – 2017)
. Family Tree (2018)
De g. à d. : Jon Lawhon, John Fred Young,
Ben Wells & Chris Robertson

De passage à Paris, Chris Robertson (chant, guitare) et Jon Lawhon (basse) de Black Stone Cherry nous ont tout dit au
sujet de Family Tree, nouvel opus du gang du Kentucky. Sur ce sixième album studio, les musiciens revendiquent leurs
influences et leurs racines, tout en rendant un vibrant hommage à leurs familles et à la sacro-sainte amitié tant chérie
par Black Stone Cherry.
Rock Hard : Nous étions présents à
votre concert londonien An Evening
With du 6 décembre 2016 lors duquel
vous avez dégoupillé des raretés, en
acoustique et en électrique (Cf.
RH172). Qu’avez-vous pensé de ces
shows Experience Kentucky ?
Chris Robertson : Les treize concerts
de cette tournée britannique se sont
extrêmement bien déroulés. Le but
était d’offrir des soirées uniques à nos
fans et je pense que le pari a été tenu.
Il faut savoir que le Royaume-Uni a
toujours été un endroit à part pour
nous. Quand les radios US ne nous
diffusaient plus, le public britannique
a énormément soutenu Black Stone
Cherry. Nous avons donc concocté ces
concerts articulés autour d’une première
partie acoustique de 45 minutes et d’un
set électrique d’1h40, et en avons profité
pour interpréter des titres rarement,
voire jamais joués.
Jon Lawhon : Le groupe de première
partie était vraiment bon ! (rires)
Chris Robertson : Et gratuit ! (rires)
L’un de ces concerts a-t-il été immor-
talisé ?
Non. Très sincèrement, j’ignore pour-
quoi. Ça aurait été une bonne idée !
Lors de ces concerts, vous avez repris
le « Built For Comfort » de Willie
Dixon qu’on a retrouvé sur l’EP Black
To Blues sorti en septembre dernier.
Cette envie d’EP est-elle venue en
tournée ?
Jon Lawhon : Nous y pensions depuis
quelque temps déjà, sans savoir quels
titres nous allions reprendre. Nous
avons navigué à vue et, au final, cette
version de « Built For Comfort » est
d’ailleurs assez différente de celle que
nous faisions en live. Nous y sommes
allés au feeling. Nous avons beaucoup
aimé cet enregistrement et, visiblement,
le public a également apprécié puisqu’il
est resté en tête des charts blues du
Billboard pendant quatre semaines
consécutives ! Black To Blues a eu un
net impact sur notre nouvel album,
Family Tree. On peut clairement y
entendre des influences blues et sudistes
plus prononcées que jamais.
Vous avez encore fait appel à l’ingénieur
du son David Barrick qui vous suit
depuis vos débuts. Une évidence ?
Chris Robertson : Oui, il fait partie de
la « famille » Black Stone Cherry. Nous
avons enregistré l’album, ainsi que
Black To Blues, dans son tout nouveau
studio : un ancien garage qui sonne
d’enfer ! Nous y avons tout mis en boîte
: guitares, batterie, etc. Ce mode de
fonctionnement nous correspond bien :
David supervise le côté technique de
l’enregistrement, mais nous avons le
dernier mot sur la direction artistique.
Jon Lawhon : Nous avons produit
l’album et, pour la première fois, Chris
l’a mixé.
Chris Robertson : Je ne voulais pas...
Ils m’y ont forcé ! (rires)
Vraiment ?
Jon Lawhon : Nous avions très envie
Propos recueillis par Morgan Rivalin - Photo Marc Villalonga - Interview réalisée le 05 mars 2018 à Paris
que Chris le mixe. Nous savions qu’il en
était parfaitement capable. Chris trouvait
qu’il n’avait pas assez de recul sur les
morceaux, mais personnellement, je
trouvais ses mixes excellents. Nous les
avons comparés à un essai que nous
avions fait faire à l’un des plus grands
producteurs au monde, Kevin Shirley
(Iron Maiden, Dream Theater, etc.).
Nous avons comparé les deux versions
du même morceau à l’aveugle, sans
savoir qui avait fait quoi, et même si le
mixage de Kevin était excellent, nous
avons préféré celui de Chris. Tous les
instruments y étaient vraiment mis en
valeur. Personnellement, en tant que
bassiste, c’est la première fois que je
m’entends aussi bien !
Chris Robertson : C’était mon objectif :
être plus fidèle que jamais à notre son
live et qu’on entende distinctement tout
ce que nous jouons. C’était mon premier
mixage pro, même si j’ai également
mixé Black To Blues. Enfin, dans le
cas de cet EP, mes camarades m’ont
convaincu de conserver les versions
démo que j’avais mises en boîte, notam-
ment parce qu’ils trouvaient que le
chant « brut de décoffrage » convenait
très bien à ces reprises de blues.
C’est la même approche qu’on entend
sur « My Last Breath » du nouvel
Dans Black Stone Cherry, c'est
vraiment « un pour tous et tous
pour un ». Nous sommes soudés
comme les doigts de la main !
(Chris Robertson)
album : pas de réverb sur la voix, pas
d’effets... Le résultat sonne ultra
sincère et on a l’impression de se
trouver avec toi, dans la pièce.
Merci ! Tu as raison, il s’agit de ma voix
nue, dénuée de tout effet, simplement
capturée par un micro SM57.
Jon Lawhon : Nous sommes vraiment
ravis du résultat et du son général de
l’album. Personnellement, je n’ai pas
arrêté d’encourager Chris de se charger
du mixage et je suis heureux de ne pas
avoir lâché le morceau. Je suis fier de ce
gamin ! (rires) Et puis, ça collait vraiment
bien au thème « Family Tree ». Nous aimons
faire un maximum de choses en famille !
Jon, tu t’es d’ailleurs chargé de la
photo de la pochette du disque : un
arbre situé dans la ferme des grands-
parents de votre batteur, John Fred
Young. C’est bien ça ?
Oui. John Fred avait repéré cet arbre
depuis longtemps. En grand amateur de
photographie, j’ai proposé que nous allions
le shooter tous les deux au coucher du
soleil. J’ai opté pour une exposition
longue de trente minutes afin qu’on
voie les étoiles dans le ciel, et John Fred
a eu l’idée de déposer des ossements et
d’allumer un feu au pied de l’arbre pour
qu’il soit mieux éclairé. C’est un arbre
gigantesque, si grand qu’il m’a fallu un
objectif grand angle et me positionner
en haut d’une colline pour qu’il apparaisse
en entier dans le cadre. J’ai garé mon
pick-up sur la colline et ai placé mon
appareil photo sur sa plateforme arrière,
sur un trépied XXL. Je n’avais jamais
essayé ça avant, mais ça a très bien
fonctionné !
Y a-t-il un concept derrière Family
Tree ?
Chris Robertson : Pas vraiment. Le
morceau-titre parle toutefois des hauts
et des bas que nous avons connus
depuis la création de ce groupe, il y a
déjà 17 ans de cela. Ça fait des années
que nous sortons des albums et que
nous partons en tournée durant des
mois. A chaque fois que nous rentrons
au bercail, nous réalisons la chance que
nous avons. Ça fait cliché, mais c’est
l’éloignement qui te fait réaliser à quel
point tu es verni d’avoir une femme, des
enfants, des parents, des proches qui
sont là pour toi et qui t’aiment.
C’est d’ailleurs pour des raisons fami-
liales que vous avez annulé votre tournée
européenne de janvier/février 2017...
Oui. Nous ne voulons pas rentrer dans les
détails car c’est un sujet trop personnel,
mais c’était un problème familial dont il
fallait s’occuper et qui ne pouvait pas
attendre. Nous n’annulons pas un
concert pour un motif illégitime, alors
une tournée... Vous savez, ce n’est pas
un hasard si notre line-up n’a jamais
changé depuis la création du groupe.
Dans Black Stone Cherry, c’est vraiment
« un pour tous et tous pour un ». Nous
sommes soudés comme les doigts de la
main ! Ce groupe est vital pour nous,
mais nous chérissons tout autant l’amitié
qui nous lie et qui est à la base de cette
aventure du nom de Black Stone Cherry.
Jon Lawhon : Nous y incluons égale-
ment les membres de notre équipe
technique. Ils sont nombreux à nous
suivre depuis des années, et même,
parfois, depuis nos débuts. Nous sommes
potes avant tout. J’ai eu 35 ans hier et
tous nos techniciens présents et passés
m’ont envoyé un petit mot. L’amitié est
vraiment à la base de tout ce que nous
faisons.
A Londres, un moment très sympa du
concert était cette jam sur « Built For
Comfort » avec l’un de vos roadies...
C’était notre manager ! Pas notre tour-
manager, notre manager tout court.
C’est un très bon guitariste !
Chris Robertson : Il s’appelle Vincent
Hartong, mais nous l’appelons Vinnie,
ou « dickhead » ! (Ndtraduction : « tête de
gland ») (rires)
Un paquet de références est plus ou
moins caché dans les titres de cet
album : les clins d’œil à James Brown
sur… « James Brown » (rires), le « Let
the good times roll » de « You Got
The Blues », etc.
Il y en a effectivement plus que jamais.
Nous ne serions pas là si tous ces
grands musiciens et tous ces pionniers
n’avaient pas pavé la voie. Nous n’avons
jamais été du genre à cacher nos
influences, mais nous les assumons
plus que jamais. C’est aussi ce que nous
faisons sur « Southern Fried Friday
Night », du nom de l’émission de radio
que nous ne manquions jamais quand
nous étions plus jeunes. Chaque vendredi
soir, elle diffusait du classic rock et du
rock sudiste. Qui sait quel chemin nous
aurions emprunté si cette émission ne
nous avait pas fait découvrir tant de
musiciens ? « Southern Fried Friday
Night » est un titre taillé pour la scène, pas
prise de tête et aux paroles honnêtes :
« Je fume, je picole », etc.
Jon Lawhon : Pourtant, tu ne fumes plus !
Chris Robertson : Non, je vapote !
(rires) Et je bois bien moins qu’avant...
Mais bon, je n’allais pas chanter : « Je
vapote et je bois modérément » ! (rires)
Comment Warren Haynes (Gov’t Mule,
ex-The Allman Brothers Band) s’est-il
retrouvé à apparaître sur « Dancin’ In
The Rain » ?
Il suffisait de le lui demander !
(rires) Nous le connaissons depuis des
lustres, mais n’avions jamais osé. Il
faut dire qu’il est l’un de nos héros.
C’est un Allman Brother ! Impossible de
viser plus haut ! Warren Haynes est
une légende, et c’est un gars adorable.
Nous l’avons rencontré il y a 17 ans à
New York, lors de notre premier show-
case. Nous sommes sortis de notre van
et avons entendu quelqu’un nous héler
depuis l’autre côté de la rue. C’était
Warren Haynes qui avait reconnu le
père et l’oncle de John Fred qui nous
accompagnaient : des membres des
Kentucky Headhunters dont il avait
croisé la route à plusieurs reprises. Le
soir venu, nous avions dîné ensemble.
Un sacré souvenir ! L’entendre sur
notre album est irréel.
Chris, ton fils de quatre ans chante
sur « You Got The Blues ». A quel
moment ?
On l’entend au début de la chanson.
Nous chantons tous les deux. Quand
j’enregistrais la démo de ce titre, il
n’arrêtait pas de chanter « You got the b-
b-b-b-blues, yeah ! » aux quatre coins de
la maison. Ça m’a donné envie d’immor-
taliser ça. Il a parfaitement reproduit
ce que je lui ai demandé de chanter !
En père responsable, tu ne lui as pas
fait chanter la phrase « you got the
motherfuckin’ blues, yeah ! » (rires)
(Rires) Non, mais de toute façon, ce n’est
pas ce que je dis puisque j’ai modifié
« motherfuckin’ » en « motherFUNKin’ » !
(sourire) Mais même avec cette
astuce, ça aurait été un peu limite de
faire chanter ça à un gamin de quatre
ans ! Y
51
 GENRE ALBUMS
. Rock sombre . (a lament for…) THE ADDICTS
(2006)
LE GROUPE . Leaving Paris (2009)
. Julien Chanut (guitare) . Hope///Dope///Rope (2012)
. This Is Not Supposed To Be Positive
. Mehdi Birouk Thépegnier (batterie) (2015)
. . Banlieue Triste (2018)
Cédric Toufouti (chant, guitare) + divers splits
. Clément Hanvic (basse)
SITE INTERNET ARTICLES RH
https://hangmanschair.bandcamp.com RH N°161 & 186 De g. à d. : Mehdi Birouk Thépegnier,
Cédric Toufouti, Clément Hanvic & Julien Chanut
52

« Tu peux jouer très lent et être hardcore. C’est un mode de vie, une démarche, le côté Do It Yourself aussi ! ». Julien
Chanut et Mehdi Birouk Thépegnier, batteur et guitariste d’Hangman’s Chair, se sentent encore proches du hardcore punk de
leurs débuts. Ils le sont assurément dans l’esprit, mais Banlieue Triste, leur nouveau soleil immonde, emmène l’auditeur bien
plus loin que cette scène en piochant également aux sources du sludge, du doom et… du gothique des années 80. Explications.
Rock Hard : En dépit de son titre,
This Is Not Supposed To Be Positive
(2015), votre précédent album, a eu
des retours très… positifs !
Julien Chanut : Oui. Nous avons senti
une sorte d’engouement, à notre échelle
bien sûr, et avons eu le sentiment que pas
mal de gens nous découvraient avec ce
quatrième album qui était peut-être plus
accessible musicalement. Tant mieux car
ça nous a permis de faire pas mal de dates.
Mehdi Birouk Thépegnier : Nous avions
déjà franchi un important palier avec
Hope///Dope///Rope (2012) qui nous avait
permis de mieux définir notre son. A partir
de ce moment-là, nous avons commencé
à nous prendre davantage en main car
jusque-là, nous faisions ça à l’arrache : nos
albums sortaient, mais ne bénéficiaient
d’aucune promo… Nous étions si déçus
que rien ne se passe, avions si peur que
notre enthousiasme s’émousse, que nous
avons décidé, en nous entourant mieux
au moment de la sortie de This Is Not
Supposed To Be Positive, d’essayer de
mettre toutes les chances de notre côté.
Alors, bien sûr, le bon accueil réservé à
l’album nous a boostés comme jamais.
Julien : Nous avons donné une soixantaine
de concerts pour promouvoir ce disque,
ce qui, pour nous, est un bon résultat.
Nous avons bien plus tourné en France
qu’avant où nous nous produisions
surtout au Benelux, en Allemagne…
Bref, ça nous a ouvert des portes,
notamment au niveau national.
L’an dernier, vous avez publié un split
avec le groupe japonais Green
Machine. Vous êtes des habitués de ce
format que vous semblez apprécier
particulièrement. Pourquoi ?
Mehdi : Nous aimons beaucoup, et puis,
ça nous permet de rester dans l’actualité
entre deux albums.
Julien : Plus jeunes, nous achetions
beaucoup de splits car, dans le hardcore,
ça se fait beaucoup. Après This Is Not
Supposed To Be Positive, ça nous a aussi
permis de tester d’autres studios et un autre
producteur, en l’occurrence Fred Duquesne
(Mass Hysteria, No One Is Innocent).
Mehdi : « Give And Take » et « Can’t
Talk » ont été écrits en même temps que
ceux qui figurent sur Banlieue Triste.
Julien : Et puis, le fait que ce split soit
partagé avec le groupe japonais Green
Machine nous a permis d’être publiés au
Japon. Eux l’ont sorti en CD, nous en
vinyle. Nous avons besoin, entre deux
albums, de continuer à sortir des choses,
à composer.
En dépit du fait que vous ayez
bousculé vos habitudes pour cet EP,
vous avez choisi de remettre le couvert
avec Francis Caste (Es La Guerilla,
Kickback). Pourquoi ?
Il ne faut pas en conclure que l’expérience
avec Fred s’est avérée négative. Tout s’est
très bien passé sans quoi nous n’aurions
pas sorti les titres issus de ces sessions.
Mais quand est venue la question de
savoir à qui nous allions confier l’album,
nous avons renouvelé notre confiance à
Francis. Car c’est bien de ça qu’il s’agit
avant tout pour nous : de confiance.
Mehdi : C’était d’autant plus important
que nous voulions passer davantage de
temps en studio : un mois au lieu des dix
jours habituels. Or, quand tu t’enfermes
quatre semaines en studio, il faut vraiment
que tu te sentes à l’aise, comme à la
maison. Francis, par ailleurs, nous
connait si bien que nous avons avec lui
certains automatismes qui nous font
gagner du temps et nous permettent
d’explorer autre chose en nous concen-
trant pleinement sur le processus
artistique et créatif. Et pour ça, nous
devons être tranquilles et évoluer dans
une zone de confort.
Julien : Francis est notre cinquième
homme ! Nous arrivons avec un squelette
d’album et des idées qu’il parvient à
sublimer avec la machine.
Cette fois-ci, le son est plus produit,
plus froid, comme glacé, et si les mor-
ceaux sont différents musicalement et
dans leurs thématiques, Banlieue
Triste, dans son ensemble, est très
cohérent. S’agit-il d’un concept-
album ?
Non, pas au sens strict du terme, même
si nous cherchons toujours à concevoir
nos albums comme des entités. On peut
en sortir un morceau si l’on souhaite,
mais idéalement, c’est bien de les écou-
ter dans leur ensemble, comme une
seule pièce de musique.
La pochette m’a surpris, de même que
le titre de l’album, en français. Ça m’a
Si nous avons envie de parler de nous
cette fois-ci, faisons-le ! Jamais
nous n’aurions osé auparavant
(Julien Chanut)
fait penser, dans l’ambiance, au
Renaud de Place De Ma Mob (1977) et
de Ma Gonzesse (1979).
C’est génial car c’est exactement l’idée
qu’on s’en est fait nous aussi ! Nous
avons encore bossé avec Dave Decat.
Mehdi : Il nous disait qu’il n’arriverait
pas à surpasser celle de This Is Not
Supposed To Be Positive, qui avait beaucoup
plu, et avait un peu peur de la page
blanche. Alors, cette fois-ci, il est venu
avec autre chose, une photo très années
80. C’est cette dernière qui nous a fait
intituler l’album Banlieue Triste car,
immédiatement et tout comme toi, nous
avons pensé au Renaud de « Banlieue
Rouge ».
Julien : Du coup, opter cette fois-ci pour
un titre en anglais n’aurait pas eu de
sens. Ça nous a semblé d’autant plus
évident que, sur ce disque, nous nous
lâchons plus en livrant des choses
concrètes, très personnelles.
Mehdi : C’est la première fois que
nous disposions de la pochette avant
que l’album ne soit finalisé. Dave nous
ayant soumis ce visuel au milieu du
travail d’écriture, nous avons vraiment
composé les morceaux suivants avec
cette photo et ce titre en tête, ce qui
nous a aidés à être encore plus précis
dans la direction à suivre. Nous avons
toujours développé un côté citadin, mais
Propos recueillis par Philippe Lageat - Interview réalisée le 09 mars 2018 à Paris
nous y avons ajouté la froideur des
années 80, des sonorités « gothiques ».
J’ai le sentiment, en écoutant cet
album, de vivre un cauchemar, comme
une personne témoin d’événements, mais
figée, incapable d’agir, oppressée…
Julien : C’est notre manière de composer,
même si nous l’exprimons de façons
différentes au fil du temps. Alors, si tu
ressens une certaine oppression en
écoutant nos disques, forcément, ça me
parle car c’est ce que nous recherchons,
même si nous essayons d’atteindre un
point d’équilibre entre très sombre et
très lumineux. C’est ce que nous
sommes et c’est ce qui nous file le
frisson : il y a une part d’ombre, noire,
au fond de nous, mais quelque part,
nous sommes également…
…humains ?
Mehdi : Solaires… (sourire) Nous aimons
ce contraste entre musique lourde et
chant très aérien. Lorsque nous compo-
sons, nous essayons toujours d’imaginer
un flow très soul pour Cédric (Toufouti/
chant, guitare), pas forcément des choses
qui vont être marquées au sceau du
rock ou du metal. Cédric a une
incroyable faculté à s’adapter à nos
exigences à Julien et moi, c’est un
instrument à part entière.
Julien : Il parvient à reproduire chaque
note que nous lui demandons, et en cela,
il nous impressionne ! Il n’y a pas de
recherche technique chez lui, juste une
incroyable sensibilité.
Vos samples en témoignent, vous
êtres des passionnés de cinéma et
de documentaires. Certains de vos
développements instrumentaux étant
particulièrement évocateurs, l’idée de
bosser sur une bande originale de film
vous brancherait-elle ?
Mehdi : Oui, bien sûr ! Je crois que
n’importe quel musicien a envie d’habiller
ainsi des images. Ce serait une sorte de
consécration.
Julien : Je pense toutefois que c’est une
autre méthode travail, même si nous
n’avons pas eu l’occasion de nous y
frotter car personne ne nous a approchés
en ce sens. Mais oui, c’est quelque chose
qui nous plairait car nous écoutons
beaucoup de musiques de films. Si
l’auditeur, en écoutant notre musique,
parvient à se projeter dans un univers,
qu’il corresponde ou pas à celui que
nous avons voulu développer, nous
avons atteint notre but. Je prends donc
ta remarque comme un compliment.
Ça l’est !
Mehdi : Croisons alors les doigts pour
qu’un réalisateur lise ces lignes et
s’avère intéressé (sourire).
Pouvez-vous nous dire un mot à propos
des deux invités qui apparaissent sur
l’album, à commencer par Perturbator ?
Julien : Il a le même tourneur que nous.
Ce dernier nous a dit que Perturbator
aimait beaucoup ce que nous faisions.
Le compliment étant réciproque, nous
avons lancé l’invitation. Ça s’est fait très
naturellement : il est venu en studio,
nous lui avons fait écouter plusieurs trucs
dont un morceau que nous n’avions pas
prévu d’enregistrer (« Tired Eyes »),
mais ce qu’il nous a soumis le lendemain
nous a totalement séduits. Il avait parfai-
tement pigé où nous voulions aller. Nous
avions peur que, donnant dans l’électro,
il ramène trop de machines, de beats…
Mehdi : Mais non, il nous a amené un
truc à la Type O Negative, qui reste du
Hangman’s Chair, des effets de synthés
dont on peut croire qu’ils sortent d’une
guitare. Ça a chamboulé les sessions
d’enregistrement, mais nous sommes
contents du résultat.
Et Marc DeBacker (Mongolito,
Wolvennest) sur « Sidi Bel Abbes » ?
Julien : Cet instrumental est une sorte
de respiration. Nous l’avions imaginé
avec un solo de guitare qui chante ou
pleure… Marc, que nous adorons, a
branché une fuzz et une wah wah pour
obtenir ce son si particulier, limite faux
par instants, ce qui fait qu’on évolue
dans le malsain au sein d’un titre par
ailleurs léger. Quand j’ai composé ce
morceau, j’avais en tête le « Maggot
Brain » de Funkadelic (Ndlr : extrait du
fantastique album du même nom paru en
1971), avec cette gratte qui chiale
durant des plombes… J’écoutais ça à
fond avec Selim (Lemouchi) de The
Devil’s Blood dès qu’on avait un petit
coup dans le nez…
Mehdi : Ce titre est un hommage à
notre ancien guitariste, Sid Ahmed, un
super soliste qui est mort il y a quelques
années et est enterré là-bas, à Sidi
Bel Abbes, en Algérie, d’où il était
originaire. Nous n’aurions pas su dire
notre chagrin en lui dédiant un morceau
avec des textes, alors nous nous sommes
exprimés en musique, notamment avec
des sonorités un peu orientales… C’est
le son qui a appelé le titre.
« 04/09/16 » fait-il référence à une
date et un événement précis ?
Oui, c’est le jour où l’un de nous a fait
une overdose… La thématique des
textes de nouvel album est partie de là.
Il a, par exemple, amené celui de
« Naive » (Ndlr : en écoute sur notre
sampler) qui parle de faiblesse, des
vices qu’on essaie d’arrêter, mais qu’on
reprend à la première occasion. « Sleep
Juice » est aussi venu là, cette histoire
d’insomnie à cause d’angoisses nées de
ce qui est arrivé ce jour-là.
Julien : Ce morceau, en ce sens, a joué
le rôle de déclencheur : ok, si nous
avons envie de parler de nous cette
fois-ci, faisons-le ! Jamais nous n’aurions
osé auparavant. Je ramène toujours ça
à l’âge car nous avons quarante ans
maintenant, ce qui suscite des interro-
gations nouvelles. En nous ouvrant un
peu plus, nous nous sommes vraiment
mis à nu. Y
53
 Propos recueillis par Djul - Entretien téléphonique réalisé le 14 mars 2018
Si le terme d’album « culte » est utilisé à tort et à travers, difficile de ne pas en user lorsqu’il s’agit de parler de Brave,
le concept-album de Marillion paru en 1994. C’est paradoxalement en revenant à cet exercice très « progressif » (un genre
dont il s’était éloigné au début des années 90), mais en laissant une large place aux idées et à la voix plus contemporaines
de leur « nouveau » chanteur Steve Hogarth, que les Anglais ont trouvé l’équilibre parfait dans leur formule musicale. Ce
disque continue d’intriguer par son histoire sombre inspirée d’un fait divers (une jeune fille retrouvée perdue et sans voix
sur un pont) et sa grande modernité, et se voit offrir une seconde jeunesse avec sa récente réédition remixée par Steven
Wilson (Cf. Skeuds). Une occasion en or de nous entretenir avec Hogarth et de déterrer un certain nombre de questions
qui nous titillaient depuis de nombreuses années sur la genèse de ce disque, les secrets de son élaboration et sa mise en
scène, en concert mais aussi en film…
Rock Hard : Vous avez retenu Steven apporte de la valeur à cette Cette nouvelle réédition de Brave nous avons pris notre temps, et Dave
Steven Wilson pour remixer Brave. réédition et un nouvel angle d’écoute comprend également le mixage originel s’est montré très méticuleux et
Un choix évident vu qu’il est une pour les fans. Steve étant un bon de Dave Meegan. J’imagine qu’il ne intransigeant, mais il se trouve que le
référence en la matière, mais aussi ami du groupe, nous avions une pouvait en être autrement tant il est disque a été livré à l’été 1993 et que
lié à vos collaborations par le passé totale confiance en lui. Je l’ai de notoriété publique que ce dernier Parlophone ne l’a finalement sorti
(Ndlr : Wilson a notamment travaillé d’ailleurs contacté avant qu’il ne se s’est énormément impliqué sur ce qu’en février 1994. Certains ont cru
sur Marillion.com en 1999 et tourné mette à la tâche pour lui parler de disque ? que nous avions passé tout ce temps
en première partie du groupe lors- l’album et il m’a confirmé que ce Absolument ! Comment faire autrement ? en studio, ce qui était bien entendu
qu’il était à la tête de Porcupine dernier l’avait influencé, en particu- Dave avait une vision pour cet album, faux : nous avons passé huit semaines
Tree) ? lier à ses débuts, et qu’il l’avait dès le départ. Il y a mis tout son cœur, en France, puis quelques semaines en
Steve Hogarth : C’était effectivement beaucoup écouté. En découvrant la ce qui explique aussi son succès et la Grande Bretagne, rien de plus !
notre choix, et un choix qui s’imposait. version remixée par ses soins chez place qu’il occupe dans le cœur de
Nous l’avons fait en accord avec lui, je me suis clairement aperçu nos fans depuis sa parution. Il existe L’enregistrement de Brave a eu lieu
Warner Music qui détient aujourd’hui qu’il avait capturé l’esprit originel de d’ailleurs une sorte de mythe sur son au Château Marouatte, en Dordogne,
les droits de ce disque suite au l’album, qu’il l’avait parfaitement intervention que je voudrais éclaircir une propriété de la famille Copeland
rachat de Parlophone. Je pense que compris, même si, bien entendu, le d’entrée : celui selon lequel il fut (Ndlr : dont Stewart, le batteur
nous sommes tous d’accord pour mixage surround implique de prendre responsable d’un énorme dépassement de The Police). De nombreuses
dire qu’un mixage en 5.1 réalisé par quelques libertés. de planning et de budget. Certes, ambiances et atmosphères ont été

54
 avec eux en douce avant sa sortie…
Ont-ils été influencés parce que nous
avons fait ? Je ne le saurai jamais car
ils n’ont, à ma connaissance, jamais
reconnu cela publiquement…
Brave est un concept-album : à
l’époque, n’était-il pas contre-
intuitif de revenir à un tel exercice
après que le groupe se soit tant
éloigné de l’étiquette « progressive »
à compter de ton arrivée en rempla-
cement de Fish ?
C’est une bonne question, que peu de
personnes ont posée à l’époque, mais
qui aurait été parfaitement légitime.
Je crois que nous avons simplement
suivi notre instinct, et surtout ce qui
semblait le plus juste pour les
morceaux que nous commencions à
rassembler pour le disque. L’idée d’en
faire un concept est en tout cas venue
de moi : je n’avais rien planifié, mais
j’avais sous le coude « Runaway »,
« Hard As Love » et « Living With
The Big Lie », et j’ai réalisé que ces
morceaux se rapprochaient d’une
A cela, j’ajouterais les abus sexuels,
un thème très profondément ancré
dans les paroles, même s’ils le sont
en filigrane. C’est, hélas, quelque
chose qui revient en première page
des journaux à longueur d’années, et
pas plus tard qu’aujourd’hui (Ndlr :
cette interview a lieu au lendemain de la
découverte d’un nouveau réseau de
prostitution infantile en Grande-
Bretagne). Donc oui, hélas, ces thèmes
sont fort contemporains et n’ont pas
disparu en deux décennies.
La version vinyle de l’album propo-
sait une double piste offrant deux
fins alternatives : l’une heureuse, et
l’autre beaucoup moins. Qu’est-ce
qui vous a fait retenir la première
(illustrée par l’inclusion du titre
« Made Again »), tant sur le CD que
plus tard, en concert, de sorte que
le grand public ne connaisse que
cette version ?
C’est Dave Meegan qui a pris cette
décision… Il ne voulait pas que l’album
s’achève sur un final déprimant. Car,

Chaque morceau de Brave est

une pièce du puzzle, un flashback
permettant de comprendre ce
qui est arrivé à cette fille
(Steve Hogarth)
histoire qui me collait à la peau en effet, notre vision originelle était
depuis des années, bien avant que je de terminer sur « The Great Escape »
ne rejoigne Marillion. Elle était tirée (Ndlr : plus exactement « The Great
d’un fait divers entendu à la radio : Escape (Spiral Remake) », à la fin
l’histoire d’une fille retrouvée seule duquel on entend le clapotis de l’eau qui
et murée dans le silence sur un pont, suggère que l’héroïne s’est noyée). Et je
le Severn Bridge, au sud-ouest de dois avouer que j’étais opposé à l’idée
l’Angleterre. A l’époque, je m’étais d’inclure « Made Again » sur ce
dit que c’était un point de départ disque : au milieu de tous ces thèmes
incroyable et plein de mystère pour si sombres, il me semblait en effet
De g. à d. : Steve Rothery, Ian Mosley, un album : essayer de comprendre déplacé, incongru, de terminer sur
Pete Trewavas, Steve Hogarth & Mark Kelly comment cette fille était arrivée là. une note joyeuse. Mais Dave a insisté,
Ces trois morceaux m’ont ramené à et même s’il m’a fallu un long
captées sur place et intégrées sur n’aurait songé à s’y balader la nuit, elle, et le reste du groupe s’est avéré moment pour apprécier ce morceau et
l’album… même ceux qui ne croient pas aux partant pour s’aventurer sur ce terrain que Dave me batte à coups de bâton
C’est un disque sombre, hanté par monstres ! (rires) Dave a pris beaucoup et en faire un disque. Peut-être, après pour que je l’enregistre, j’ai fini par
bien des fantômes. Nous avons effec- de temps afin de placer correctement Holidays In Eden (1991), mes comparses comprendre son choix ! (rires) Je suis
tivement enregistré dans les caves de les micros pour ces prises de son pour voulaient-ils un peu plus de « gravité »… heureux de le chanter désormais,
ce château, le long des chemins de fer capturer ces ambiances. Si les fantômes même si ce n’est peut-être pas si vrai mais il m’a fallu du temps. Pour revenir
et je ne sais plus où ! Y compris des existent, ils sont clairement sur les car « Splintering Heart » et « 100 Nights », à ta question de la double piste, je
explosions et des micros tombant bandes de ce disque ! isuus de ces albums, n’étaient pas non crois que l’idée nous est venue avant
d’escaliers. Nous voulions un disque plus très légers. En tout cas, à partir de même d’envisager deux fins pour
aussi « visuel » que possible, et on y La légende veut que cette approche là, nous avons décidé d’utiliser chaque l’histoire. C’est Mark Kelly qui a émis
trouve aussi quelques private jokes… sonore innovante ait grandement morceau comme une pièce du puzzle, celle-ci pour le vinyle, ce qui nous a
qui resteront toujours entre les influencé un futur grand du rock, à un flashback permettant de comprendre permis, plus tard, de proposer deux
membres du groupe. On entend, par savoir Radiohead… ce qui était arrivé à cette fille. conclusions. La plus triste a été enre-
exemple, un « splash ! » à la fin de C’est peut-être vrai, et cela explique gistrée plus tard, à Londres, et je l’adore
« Paper Lies » qui est censé représenter aussi que ce disque ait été un peu en Brave parle de la solitude et de car elle donne aussi l’impression d’un
l’héroïne tombant d’un pont et qui a avance sur son temps… Un directeur l’isolation urbaine, et porte un sens rêve éveillé, comme si l’héroïne se
été enregistré à la piscine du château. d’EMI m’a certifié en plusieurs aigu de la conspiration au sein des laissait aller, partir. Reste qu’au final,
Certains recoins du site dégageaient occasions que les Radiohead étaient médias et des sphères politiques. j’ai intégré la version connue du
des sentiments vraiment particuliers, passés dans les locaux du label et Difficile de faire plus moderne grand public, en particulier parce que
effrayants par moments. Personne avaient emporté une copie de Brave comme propos ! la partie « Falling From The Moon » y
est incluse et qu’il eut vraiment été
. Radiation (1998) dommage de s’en passer.
GENRE SITE INTERNET . Marillion.com (1999)
. Rock progressif . Anoraknophobia (2001)
www.marillion.com . Marbles (2004) Si tu devais choisir un titre pour
LE GROUPE . Somewhere Else (2007)
ALBUMS . Happiness Is The Road (2008) illustrer le mieux l’album, lequel
. Steve Hogarth . Script For A Jester’s Tear (1983) . Less Is More (2009) serait-ce ?
(chant, claviers) . . Sounds That Can't Be Made (2012)
. .
Fugazi (1984)
. F.E.A.R. (2016) Son morceau-titre. Il résume vraiment
Steve Rothery (guitare) Misplaced Childhood (1985)
l’intensité du disque, avec, en plus,
. Clutching At Straws (1987) + divers live
. Pete Trewavas (basse) . Seasons End (1989) ce côté folklorique, presque irlandais,
. Ian Mosley (batterie) . Holidays In Eden (1991) ARTICLES RH
. Brave (1994) voulu par Dave. C’est un titre qui traite
. Mark Kelly (claviers) . Afraid Of Sunlight (1995) RH N°02, 11, 32, 33, 61, 65, 82, 93, de l’amour perdu, ou de l’amour
. This Strange Engine (1997) 125, 168 & 186

55
 Dave Meegan & Ian Mosley concert, en pleurs, sans comprendre
ce qui m’arrivait.

Le film Brave, réalisé par Richard

jamais avoué, selon l’interprétation de
chacun. Il y a un mélange de tristesse
et de sérénité assez unique sur ce
morceau, et qu’on retrouve souvent
au fil du disque.
L’album live Made Again est inclus
dans cette nouvelle réédition et
reprend donc le concert donné le
29 avril 1994 à la Cigale (Ndlr :
rehaussé ici de neuf titres
te faisais enlever sur scène lors de
« Hard As Love », jouais avec un
miroir durant « Mad », etc. Comment
as-tu approché cette performance
théâtrale et te fallait-il te mettre
dans un état d’esprit particulier
avant chaque interprétation ?
Tu m’étonnes ! (rires) Ce fut une
tournée exténuante, psychologique-
ment parlant. Ce n’est que lorsque
nous avons préparé celle-ci que je me
complétement tronqué leur sens. Il
fallait donc qu’il soit évident aux
yeux du public que je chantais en
tant que femme, et le seul moyen
était de s’habiller un peu… J’ai fait
du shopping et j’ai acheté une
blouse de femme. Les clients me
regardaient bizarrement. Puis, j’ai
ajouté du mascara, des couettes, du
rouge à lèvres… C’était vraiment
étrange d’arriver sur scène avec un
Stanley, n’est pas inclus dans cette
réédition pour des raisons de
droits d’auteur. Mais par ailleurs, il
a toujours divisé vos fans avec son
interprétation très personnelle de
l’histoire. Qu’en as-tu pensé en le
voyant pour la première fois ?
Je ne l’ai pas revu depuis un bail,
alors je ne pourrai pas te dire ce que
j’en pense avec le recul. Mais lorsque
je l’ai découvert, la première chose
que je me suis dite a été : « J’aurais
vraiment voulu ne pas y figurer ! ».
Richard et notre maison de disques
avaient insisté pour nous filmer en
train de jouer, mais franchement,
c’était totalement inutile et nous
aurions économisé de l’argent et du
temps à tout le monde en nous
épargnant cela. Par la suite, je l’ai
beaucoup aimé, même si on sent que
c’est une œuvre incomplète : Richard
a manqué de budget, cela se voit. Mais
il y a, dans ce film, une approche
encore plus brute et réaliste que sur
le disque. Beaucoup de scènes vont
bien plus loin que notre propre
interprétation. Le choix de Josie
Ayers pour jouer l’héroïne était juste
parfait, et le reste du casting n’était
pas mal non plus.
Penses-tu que l’album suivant,
Afraid Of Sunlight (1995), est
longtemps resté dans l’ombre de
Brave car sorti trop tôt après ce
disque vénéré par votre public ?
Ce n’est pas impossible, mais si c’est

Je me souviens m’être retrouvé seul en coulisses un soir, après un

concert, en pleurs, sans comprendre ce qui m’arrivait (Steve Hogarth)
bonus). En revanche, confirmes-tu suis aperçu que j’avais rédigé la tel attirail chaque soir, d’autant que le cas, c’est une grande injustice.
qu’il n’existe aucune prise vidéo quasi-intégralité des paroles à la je débutais le concert déguisé en Pour moi, Afraid Of Sunlight contient
intégrale de Brave en concert, première personne ! En particulier prêtre ! (rires) Encore une forme de des morceaux peut-être encore plus
seulement des extraits ? un titre comme « Hard As Love », référence aux abus sexuels… En forts que Brave, et en bien des aspects,
En effet, c’est étonnant, mais nous qui parle d’amour d’un point de vue tout cas, l’interprétation scénique je considère le premier comme supé-
n’avons rien trouvé d’exploitable. A féminin. Je venais de m’apercevoir donnait beaucoup d’angles possibles rieur au second. Bien entendu, Brave
l’époque, nous avions enregistré que je devais incarner une fille sur aux spectateurs. Mais ce fut érein- se tient mieux en tant qu’album,
quelques extraits pour une émission scène ! Si j’avais dû chanter ces tant : je me souviens m’être retrouvé mais si on pense en termes de
mexicaine, mais la performance mots en tant qu’homme, j’aurais seul en coulisses un soir, après un « collection de chansons », je préfère
complète de Brave n’a son successeur, ne serait-
jamais été capturée en Dave Meegan & Chris Hedge (assistant ingé-son) ce que pour les titres
vidéo sur cette tournée. « King » et « Out Of This
Bien entendu, nous avons World ». Je crois surtout –
fait en sorte d’être filmés et cela semble totalement
lorsque nous avons rejoué stupide aujourd’hui – que
le disque en intégralité en c’est sa date de sortie qui
2013, mais nous n’avons l’a « tué ». Une parution
rien de la tournée de 1994. en plein été, au moment
Avec le recul, c’est vraiment où tout le monde est en
dommage, d’autant qu’à vacances – enfin, surtout
l’inverse, nous disposons les Français ! (rires) –
de nombreuses bandes était la pire idée qui soit !
audio : les trois concerts Même les gens en charge
de la Cigale ont notamment de sa promotion étaient
été enregistrées par Dave en congés ! Alors, ce
à l’époque et nous avons eu disque est passé à la
le privilège de choisir celui trappe sans que nous
qui offrait le meilleur puissions faire quoi que
rendu. ce soit… J’imagine qu’il
est également temps de
En concert, tu incarnais le rééditer. Je vous donne
littéralement la jeune fille rendez-vous pour en
au centre de l’histoire : discuter prochainement !
tu portais des couettes, (rires) Y

56

Ils auront pris le temps de la réflexion. Dix ans après 13 A Table (2008), Trust remet le couvert avec Dans Le Même Sang, un
nouvel album studio qui, au moment où vous lirez ces lignes, sera tout juste sorti. Pour Rock Hard, le tandem Bernie Bonvoisin
(chant)/Norbert « Nono » Krief (guitare) « passe à table ». Bon appétit !
Rock Hard : Trust a repris
du service sur scène en
2016 et a déjà donné plus
de 80 concerts depuis. Quel
fut l’élément déclencheur ?
Norbert « Nono » Krief :
Notre rencontre à la terrasse
d’un café, en juillet 2016.
En discutant de choses et
d’autres, nous avons réalisé
que nous en avions tous les
deux envie. Et qu’on a toujours
la patate ! (sourire) Nous avons
donc décidé de remettre le
couvert, sans savoir où nous
allions.
Bernie Bonvoisin : Les choses
se sont faites progressivement.
Nous avons commencé à tester
des idées lors des balances.
Ça nous a plu, alors nous
avons creusé un peu. Et à un
moment, nous avons eu envie
de tenter un album. Les choses
se font simplement, en fait !
Très vite, vous avez testé
des morceaux lors de vos
concerts. Internet étant
omniprésent, de moins en
moins de groupes jouent
des inédits...
Pour nous, tester les morceaux
« grandeur nature » a toujours été très
pratique. Après, nous sommes bien
conscients qu’aujourd’hui, les gens
photographient et filment tout…
Ça ne vous gêne pas ?
Nono : C’est nul de regarder un
concert dans un écran !
Bernie : Je trouve ça pathétique, et ça
ne date pas d’hier. J’ai sans doute été
le premier à demander aux spectateurs
de ranger leurs téléphones. Mais bon,
j’ai vite compris que ça ne servait à
rien. C’est l’époque qui veut ça. Chez
beaucoup, le téléphone a plus d’impor-
tance que le cerveau. Ils utilisent leur
téléphone partout. Des smartphones
entourés de crétins...
GENRE
. Hard rock
LE GROUPE
. Bernie Bonvoisin (chant)
. Norbert « Nono » Krief (guitare)
. Ismaila « Izo » Diop (guitare)
. Rock'n'Roll (1984)
David Jacob (basse)
.
Christian Dupuy (batterie)
David Jacob, Nono, Bernie, Izo & Christian Dupuy en dehors des circuits clas-
Chez beaucoup, le téléphone a plus
d'importance que le cerveau. Ils
utilisent leur téléphone partout.
Des smartphones entourés de
crétins (Bernie Bonvoisin)
Assembler le nouveau line-up du
groupe a-t-il été facile ? Avez-vous
hésité sur sa composition ?
Non, ça a vraiment été très rapide,
évident. C’est le meilleur line-up que
nous ayons jamais eu, sans discussion
possible. Parfois, les choses sont vrai-
ment fluides et harmonieuses. Ce sont
les mots-clés de cette reformation :
Europe Et Haines (1996)
SITE INTERNET A Live (live – 1997)
www.facebook.com/TrustOfficiel Still A-Live (live – 2000)
Ni Dieu Ni Maître (2000)
Campagne 2006 : Soulagez-vous dans les
ALBUMS urnes ! (live – 2006)
. Trust (1979) 13 A Table (2008)
Répression/Repression (1980) A L'Olympia (live – 2009)
Marche Ou Crève/Savage (1981/1982) Live Au Rockpalast (live – 2011)
Trust IV/Man's Trap (1983/1984) Live Hellfest 2017 : Au Nom De La Rage
Tour (live – 2017)
Dans Le Même Sang (2018)
Paris By Night (live – 1988)
En Attendant (EP – 1989) + coffrets, compilations, etc.
Live (live – 1992)
Propos recueillis par Morgan Rivalin - Interview réalisée le 13 mars 2018 à Paris
fluidité et harmonie. Pas de casse-tête,
aucun problème. A partir de là, il n’y
a plus qu’à travailler. C’est simple
quand tout roule !
Vous avez opté pour une multipli-
cation de dates, souvent données
dans des villes de taille moyenne...
Voire très moyenne ! Nous avons joué
ARTICLES RH
RH N°61, 95 & 186
dans des salles improbables,
siques. Les gens étaient très
surpris. Ils nous disaient :
« Mais... que faites-vous ici ?! »
(rires) Pour la musique qu’on
fait – en l’occurrence, du
rock’n’roll – c’est le schéma
idyllique pour que le public
voit et entende d’une manière
décente. Les festivals comme
le Hellfest ou la Fête de l’Huma
devant des dizaines de milliers
de spectateurs, ça flatte l’égo
dix minutes, mais dans une
salle de 800 places, l’énergie
nous revient tout de suite. Ce
que nous faisons y prend tout
son sens.
Pourquoi avoir sorti un live
du concert du Hellfest et non
un enregistrement d’un show
donné en club, forcément
plus complet ?
Nono : Principalement parce
que tous les ans, les gens
d’Arte captent les concerts du
Hellfest...
Bernie : Et ils le font très
bien ! Nous avions sous la
main un set d’une heure enregistré
d’une façon très propre, avec des
images de qualité et un bon son. Ça
nous a semblé logique. Et puis, nous
avons beaucoup aimé ce concert. Il
faisait super beau, nous avons joué à
l’heure parfaite, et puis, cette foule...
C’est impressionnant ! C’est passé très
vite : tu transpires à peine que c’est
déjà fini. Ce sont de beaux challenges.
Quand et où avez-vous enregistré ce
nouvel album, Dans Le Même Sang ?
Nono : En mars/avril 2017. Nous
avons passé deux semaines dans une
salle des fêtes des environs de
Bordeaux, à Saint-Ciers-sur-Gironde.
Nous y avons joué et l’endroit nous a
plu. L’album a été composé, répété et
enregistré dans une configuration live,
sur scène. Nous avons écrit 18 titres et
en avons enregistré une quinzaine
pendant deux jours consécutifs, en
live. Nous avons fait quatre ou cinq
prises de chaque morceau pour choisir
la meilleure, mais tout a été enregistré
en direct, comme en concert.
Bernie : Pour nous, c’était une grande
première. Il faut dire que, techniquement,
c’est compliqué. Nous avons la chance
de travailler avec des gens très pointus
57
qui nous ont permis de concrétiser
cette envie.
Le chant est donc live ?
Oui, à 100% ! Tout est live. L’une des
difficultés techniques était de trouver
le bon micro permettant de préserver
mon range de voix et ce que j’envoie,
et en même temps, d’avoir une captation
propre. C’était un micro posé sur un
pied, mais j’étais sur scène, comme en
concert…
Mais sans public.
Oh, y’avait quand même quatre ou
cinq gars dans la salle ! (rires)
Nono : Tout s’est super bien passé.
Ensuite, il ne restait plus qu’à mixer
le tout. Nous avons opté pour Mike
Fraser (AC/DC, Metallica). Il suffit de
lire son C.V. pour voir à qui on a affaire.
Le premier mix que nous avons reçu
nous a bien secoués !
Son emploi du temps chargé
explique-t-il pourquoi l’album sort
un an après son enregistrement ?
Bernie : Il n’était effectivement pas
disponible. Il travaillait sur l’album
d’AC/DC (Ndlr : ça reste à confirmer…).
Nous avons décidé de l’attendre et,
très franchement, nous ne l’avons pas
regretté.
On entend des choristes féminines
sur plusieurs titres du disque.
Etaient-elles avec vous, sur scène ?
Nono : Non, c’est le seul élément qui
a été ajouté après.
Bernie : Nous avons joué pour la
première fois avec elles à Paris, au
Trianon (Cf. RH182), et elles seront
désormais à tous nos concerts. Nous
avons fait des arrangements pour les
intégrer à la plupart de nos anciens
titres. Je trouvais intéressant d’apporter
un peu de « miel ». Ça amène un
vrai plus, un truc étonnant. La seule
inconnue était la perception qu’en
auraient les gens, mais nous avons
fait un micro-trottoir à la sortie du
Trianon et tout le monde était sur le
cul !
Normal que vous vous soyez posé la
question car, dans le hard rock, et
même dans le rock, on ne croise pas
beaucoup de choristes...
Oui, mais c’est pas grave.
Nono : On a toujours fait ce qu’on
voulait faire. Toujours. Là, nous sommes
satisfaits. Ça nous plaît. Si ça plaît,
tant mieux. Si ça plaît pas, bah, c’est
pas grave. Tant pis. C’est l’élément
essentiel pour un artiste, un groupe
ou un chanteur : être satisfait, faire ce
qu’il a envie de faire, sans concessions
et sans se préoccuper de ce que le
public en pensera. On ne pense jamais
à ce qu’on attend de nous. D’ailleurs,
au passage, je précise qu’aucun album
de Trust ne se ressemble. Aucun. Ils
ont tous une couleur différente parce
qu’on a toujours fait ce qu’on avait
envie de faire.
Bernie : C’est bien de se mettre en
danger, de chercher, d’explorer d’autres
choses... La musique, c’est tellement
vaste. Tous les styles sont enrichissants.
Faut sortir des chapelles et enlever
ses œillères. Il faut des ponts entre
les styles, pas des murs.
C’est ce que vous aviez fait en
recrutant un DJ dans le groupe, ce
qui n’avait clairement pas plu à tout
le monde...
Bien sûr, ça en a chagriné certains.
Mais bon, les esprits chagrins, ils
peuvent aussi rester chez eux, hein !
On ne met pas un calibre sur la tête
des gens pour qu’ils viennent nous voir.
S’ils adhèrent à notre proposition,
c’est super. On fait un album et on a
envie qu’il soit apprécié. C’est normal.
Mais s’il y a des gens à qui ça ne
convient pas, tant pis. Y’a plein d’autres
choses à écouter !
Nous vivons à une époque où tout le
monde commente tout sur les réseaux
sociaux. Qu’est-ce que ça vous
inspire ?
Nono : On n’est pas là-dedans...
Bernie : Ça n’a aucun intérêt. Au lieu
de commenter, les gens feraient mieux
d’essayer de faire des choses. Ça, au
moins, ça donnerait un sens à leurs
vies. Les gens qui passent leur vie à
commenter, franchement, ils ont des
vies de misérables. Si t’as que ça à faire
de ta vie, commenter ce que font les
autres... Pfff. C’est pitoyable ! Comme
Nono l’a dit, nous nous sommes toujours
attachés à être satisfaits de ce que
nous créons. C’est un trip très égoïste.
Tu vas pas te mettre à dire que ton
album est une merde parce que y’a
des mecs qui disent : « Ouais, c’est quoi
c’te histoire, c’était mieux avant », etc.
Les esprits chagrins, ils peuvent
aussi rester chez eux, hein ! On ne
met pas un calibre sur la tête des
gens pour qu'ils viennent nous voir
(Bernie Bonvoisin)
L’album, il est comme il est. Ce qu’on
fait en ce moment, c’est ce qui nous
plaît et c’est ce qu’on propose. C’est
une démarche honnête. Dans ce line-up,
chacun amène son truc, et puisqu’il
n’y a pas de problèmes d’égo, nous
essayons des choses. C’est ça qui est
intéressant. Faire ce qu’on a déjà fait
il y a quarante ans, franchement, je ne
vois pas l’intérêt. Etre artiste, c’est créer
et prendre des risques, au détriment
des avis et de ce que certains peuvent
dire ou penser. Un mec auquel tu
commandes un tableau, tu ne lui dis
pas : « Mets-moi du bleu là et du rouge
ici ». Tu lui commandes un tableau et
tu le laisses faire sa vie.
Il est toutefois compréhensible que
les fans qui ont connu Trust à l’époque
de Répression (1980), par exemple,
aient envie de retrouver le groupe
qu’ils ont aimé à l’époque. Il y a de
la nostalgie...
Bien sûr, mais je peux te garantir
que le Trust de cette époque, c’était
certes une machine de guerre qui
fonctionnait, mais qui était loin d’avoir
l’assise que nous avons aujourd’hui.
Et puis, faut être ouvert. C’est impor-
tant. Faut essayer de découvrir d’autres
choses.
Ce que vous avez fait sur
« Caliente », un morceau inspiré par
la musique colombienne, ou en
reprenant le « J’m’en fous pas mal »
d’Edith Piaf...
Exactement. La musique sud-américaine
a des codes qu’il était intéressant
d’incorporer à notre musique...
Nono : Et Bernie a toujours aimé ce
morceau de Piaf. Ce texte est puissant.
Bernie : Oui, c’est un texte fascinant.
On n’écrit plus comme ça. S’il y a bien
un artiste français à écouter, c’est elle.
Entre cette reprise de Piaf et les
guitares dignes des Sex Pistols de
« F-Haine », on a vraiment droit à un
grand-écart facial ! (Nono se marre)
Ah mais oui, complètement ! Ça montre
bien notre ouverture. On passe notre
temps à nous faire découvrir des
choses. Tout à l’heure, Nono m’a fait
écouter Scarecrow, un groupe toulou-
sain qui mélange le blues et le hip
hop. Sur le papier, tu te dis que ça
peut pas marcher, mais c’est super. On
a trop peu l’occasion d’être surpris
aujourd’hui. Il y a quand même beau-
coup trop de « produits ».
Un événement particulier a-t-il
inspiré les textes du morceau-titre
de l’album, « Dans Le Même Sang » ?
Ils sont davantage liés à l’universalité.
C’est une évidence : on naît tous sous
le même ciel, le même soleil, et on a
tous les pieds dans le même sang. La
colonne vertébrale des textes de cet
album est le cynisme : le manque
d’empathie, de compassion, d’écoute,
d’ouverture aux autres, d’acceptation
des différences ethniques ou religieuses.
Bref, ce qu’on appelle communément
la tolérance. Ça parle de ça, de ce
repli des gens sur eux-mêmes, de
cette société anxiogène où les gens
ont peur de tout, jusqu’à leur propre
ombre. A un moment, il faut se libérer
de tout ça. On vit tous au même
endroit. Il faut faire avec ce qu’on a et
avec ce qu’on est. Dans l’absolu, y’a
de la place pour tout le monde. Il faut
juste accepter l’idée que les autres
peuvent être différents. On a affaire à
des êtres humains : des femmes, des
hommes, des enfants et des vieux qui
ont exactement les mêmes aspirations
que nous. Pourquoi les réfugiés sont-
ils aussi mal traités ?
Le « Nous sommes Charlie » de
« Fils De Pute, Tête De Liste » fait-
il référence à l’hypocrisie de certains
politiques ?
Plutôt à l’attitude des gens en général.
Moi, je le dis, je n’ai pas été « Charlie ».
Je considère que je ne suis pas tenu
d’approuver ce que je tolère... Ce qui
me révolte dans tout ça, c’est l’indi-
gnation à géométrie variable. A partir
du moment où on s’indigne, il faut
aussi avoir de l’empathie pour 1,4
million d’Irakiens massacrés dans
une guerre qui ne les concernaient
pas, pour 1 million de Rwandais
découpés à la machette pendant que
3.000 personnes mourraient dans des
tours aux Etats-Unis et qu’ici, on en
était à faire des minutes de silence.
La marche pour Charlie, tout le monde
y était le dimanche, mais le lendemain,
ils étaient déjà passés à autre chose.
Je ne voulais pas marcher avec ces
dizaines de politiques parmi lesquels
seulement deux ou trois doivent être
propres. Les Saoudiens ont marché
avec eux alors que, la semaine d’avant,
ils avaient décapité trois hommes et
deux femmes dans la rue ! J’évite de
marcher avec ces gens.
Patrick Roy, député-maire de la ville
de Denain, était un fan de Trust. En
2009 vous avez pris part aux
Métallurgicales, festival metal qu’il
avait créé dans sa ville... (Ndlr :
Patrick Roy a succombé à un
cancer du pancréas en 2011, à
l’âge de 53 ans)
Nono : C’était un grand Monsieur.
Bernie : Il citait régulièrement nos
textes à l’Assemblée Nationale... (sourire)
Nous ne l’oublierons jamais !
D’autres politiques sont-ils fans de
Trust ?
Je sais que dans l’entourage de
Macron, il y a des gens, des ex-
gauchistes, qui sont très fans de
Trust. Le maire de Neuilly, bien que
Sarkozyste à mort, était aussi un
inconditionnel du groupe... (sourire)
Y’a de tout. Il m’est arrivé de me
rendre au quai des Orfèvres (Ndlr :
ancien siège parisien de la police judiciaire),
pour des enquêtes de personnalité sur
des amis qui avaient des problèmes.
Quasiment à chaque fois, les mecs
sortaient des disques pour les faire
dédicacer. « Police-milice » leur plaît
bien, on dirait ! (sourire)
Bernie, as-tu des projets de film ou
de documentaire ? (Ndlr : en 2016,
Bernie Bonvoisin a réalisé Paroles
d’enfants syriens : la misère entre
deux jardins, un documentaire
filmé à la frontière syrienne diffusé
dans Envoyé Spécial et sur la
chaîne LCP)
J’ai un projet de documentaire au
Moyen-Orient, mais c’est extrêmement
compliqué. On est censé faire ça pour
Al Jazeera (Ndlr : chaîne d’information
basée au Qatar), mais pour l’instant, la
situation est trop dangereuse. J’aime
aller dans ces endroits, mais j’aime
aussi en revenir vivant. Si ça finit par
se faire, tant mieux…
Nono, des projets d’album ?
Nono : J’ai enregistré un disque
avec mon fils (Ndlr : David Sparte)
qui s’appelle Father And Son. Il sortira
au moment opportun. Je me focalise
sur Trust pour l’instant. Nous allons
reprendre la route au mois de mai. Il y
aura des festivals cet été et nous
repartirons en tournée à la rentrée,
jusqu’à la fin de l’année.
Bernie : Avec les choristes !
Nono : Que ça plaise, ou pas ! (rires)
Avec les choristes... mais sans le DJ !
Bernie : Sans le DJ, oui, mais... avec
les choristes ! (sourire) Venez écouter
« Fais Où On Te Dit De Faire » chanté
avec les gonzesses derrière, et après,
on pourra en parler ! Faut juger sur
pièces... Y
Remerciements spéciaux à Philippe
Lageat
59
 GENRE
. Punk hardcore/acoustique sur l’action
LE GROUPE
. Reuno Wangermez (chant)
. Daniel Descieux (guitare)
. .
Phil Curty (basse)
. Vincent Hernault (batterie)
. Kevin Fawley (batterie – sessions + live)
ALBUMS
. Peuh ! (1996)
. Dur Comme Fer (1999)
. Double (live + remakes – 2001)
. Le Fond Et La Forme (2003)
. Lames De Fond (live – 2004)
. Les Choses Qui Nous Dérangent (2005)
Mémoire De Singes (2007)
. Monstre Ordinaire (2011)
. L'épreuve Du Contraire (2014)
. L’épreuve du Concert (live – 2015)
. Simple Appareil (2018)

SITE INTERNET ARTICLES RH

www.lofofora.com RH N°18, 36, 44, 70, 83, 115, 146 & 186
De g. à d. : Kevin Foley, Phil Curty,
Daniel Descieux & Reuno Wangermez
60

Dans l’acception commune, Lofofora est ce mur de son échafaudé autour de la voix agressive et percussive de Reuno. Une
voix porteuse d’un texte vif, chirurgical et ancré dans certaines réalités sociales. Avec Simple Appareil, le nouvel album,
cette musique se vide de son punk hardcore et de ses saturations : la voix de Reuno est nue, et un décorum boisé en
appelle au blues. Des chansons magnifiques, un autre Lofofora.
Rock Hard : L’orientation acoustique
de Simple Appareil sera une surprise
pour l’adepte. C’est une idée qui
traînait depuis longtemps ?
Reuno : Non. A vrai dire, ça vient
surtout de Phil (Curty/basse) qui a
une guitare acoustique chez lui. Sur
L’Epreuve Du Contraire, notre avant-
dernier album, certains morceaux
avaient été composés en acoustique :
« Double A » et « Pornolitique », par
exemple. Nous les avions électrifiés
par la suite. Phil avait pensé que nous
pourrions glisser ces versions nues en
plus sur le disque, mais à l’époque,
l’idée ne nous avait pas enthousiasmés.
Nous avions peur de brouiller le
message, d’autant que cet album était
assez bourrin. Du coup, le groupe a
reparlé de l’éventualité de prises
acoustiques, et comme nous aimons
bien aller là où les gens ne nous
attendent pas forcément… eh bien,
voilà.
Cette hypothèse acoustique a-t-elle
toujours existé dans Lofofora, au-
delà des changements de line-up ?
Non, et ça vient peut-être des choses
que nous écoutons aujourd’hui. Nous
venions d’une période de bruit prononcé
avec le dernier album, et nous avons
peut-être eu besoin de nous reposer
les oreilles. Personnellement, j’ai
toujours aimé le vieux blues. Nous
n’écoutons pas du tout de folk, la
nouvelle scène, ces choses-là… Mais
tu vois pas mal de gens issus du punk
qui font des disques acoustiques,
seuls… Phil, par exemple, aime bien
Everlast. Personnellement, je tendais
vers quelque chose de plus expéri-
mental que ça pour l’album. Au
début, je ne voyais pas forcément une
vraie batterie sur Simple Appareil, mais
plus de la percu, dans un sens non
traditionnel, bruitiste. Quand j’évoque
ça, je pense au combo blues Hell’s
Kitchen et à sa batterie bricolée avec
des chaînes dans des casseroles et un
tambour de machine à laver.
Les versions composées en acous-
tique pour l’avant-dernier album
sont-elles perdues pour toujours ?
Non, nous en jouerons certaines sur
la prochaine tournée : « Double A »,
par exemple, dans un arrangement
façon Torch.
Cette orientation acoustique est
susceptible d’ouvrir des portes, que
ce soit vers des lieux pour jouer ou
artistiquement. Implique-t-elle une
remise en cause sur le plus long
terme pour Lofofora ?
Nous verrons si les portes s’ouvrent
quand l’album va sortir et que nous
commencerons à tourner. Peut-être que
les gens préfèreront nous conserver
dans cette case dans laquelle ils nous
imaginent, on ne peut pas savoir…
Difficile aussi de dire si le côté jump
up et pogo de Lofo va me tenir toute
ma vie. Et puis, il y aussi le fait que
Propos recueillis par Emmanuel Hennequin - Entretien téléphonique réalisé le 7 mars 2018
j’ignore totalement si j’aurai envie de
faire une musique aussi dure jusqu’à
ma mort. Nul ne peut se projeter à ce
point et, personnellement, j’ai du mal
à le faire à plus de six mois. Dans le rock,
difficile d’avoir un plan de carrière.
Nous n’avons d’ailleurs jamais procédé
de la sorte : lorsque Lofofora a été
classé dans un registre sombre et
metal, nous avons répondu par Les
Choses Qui Nous Dérangent (2005), un
album plus punk avec des chansons
comme « Buvez du Cul ». Nous avons
toujours voulu rectifier le tir par
rapport à une image reçue. Il n’y a
rien de plus emmerdant qu’un groupe
que tu pourrais enfermer dans une
boîte ! J’ai peur de la sécurité, peur de
la routine dans ma vie en général.
Comme disait un artiste graphiste des
années 1980 (Ndlr : Tristan), « j’avance
bien mieux avec le ventre creux ». Cette
phrase m’est restée. Attendons
maintenant de voir comment se passe
la tournée, quel sera l’accueil fait
au disque, et ce que tout cela nous
inspirera. En ce qui me concerne,
nous n’avons pas à pâlir de Simple
Appareil. C’est bien mieux que ce que
je nous imaginais faire en acoustique.
Ça a duré un an entre les premières
Le chant est mon métier. Je le sais,
maintenant (Reuno)
compositions et la fin de l’enregistre-
ment : beaucoup de travail, un peu
comme pour un album d’Astérix ! (rires)
Il y a, dans ce que tu expliques, cette
« philosophie du risque » propre à
un mode de vie alternatif, choisi et
non subi. Inspector Cluzo, par
exemple, suit aussi cette ligne.
Mais oui ! Regarde : nous, en ce moment,
nous avons un batteur de remplace-
ment : Kevin Foley (Benighted,
Abbath, Sepultura). C’est un musicien
extraordinaire ! Sa présence chez
nous vient du fait que notre batteur
permanent, Vinvin (Ndlr : Vincent
Hernault), est parti faire du vélo
pendant 18 mois. Il est en Birmanie
en ce moment, et c’est le projet d’une
vie. Tu as envie de faire les choses ?
Fais-les ! Il y a toujours des gens qui
se trouvent des excuses pour ne pas
faire les choses. Au bout d’un moment,
ça va bien. Nous, notre manière de
respecter le public, ce n’est pas de
faire le même riff pendant vingt piges.
A celui qui me dit que notre « premier
album était mieux », je réponds que c’est
peut-être la fraîcheur de cette personne,
à l’époque, face à notre musique, qui
lui fait dire ça aujourd’hui. Une fraî-
cheur qu’elle regrette peut-être plus
que notre son, en fait. Cette réponse
provoque éventuellement un malaise ;
mais voilà, c’est la mienne.
Au-delà de la simple orientation
acoustique, il y a des choses assez
osées sur Simple Appareil, comme
cette fuite ambiante du « Martyr ».
C’est une belle sortie d’album : éton-
nante, limite chamanique…
C’est venu en répétitions. La structure
étant simple, nous nous sommes dit que
ce serait bien de la faire déguerpir
vers autre chose. Du coup, nous avons
commencé à travailler et ça s’est
construit tout seul. Une fin en forme
de transe.
Souvent, les gens pensent à la fron-
talité de ta voix en raison de son
caractère percussif, rageur. Sauf
que, finalement, elle est encore plus
au cœur des choses dans cette
version désaturée de Lofofora : tu
es à poil ! Est-ce que ça a joué sur
ton écriture, ta préparation ?
Oui. Bon, à la base, j’écris toujours
sur la musique, de toute façon. Très
peu de morceaux de Lofofora ont fait
l’objet d’une écriture préalable. J’ai
des idées que je note, des bribes, mais
ce n’est jamais un texte en soi. Je
trouve ça trop galère de faire rentrer
des choses finies dans un cadre musical
a posteriori. Pour moi, l’instrumentation
est un guide : elle me dit où placer
la voix, et à partir d’elle, je pose la
rythmique de chant et un semblant de
mélodie. Après, seulement, j’écris les
mots. Je travaille comme ça de plus
en plus, mais je ne l’ai pas toujours
fait. Dans l’histoire de Lofofora, il y a
eu un problème avec les mixes : nous,
nous voulions des guitares fortes. Ton
label te dit : « Mais… on ne comprend
pas les paroles, il faut monter la voix ! ».
OK, mais voilà, le groupe ne veut pas
un mix « variétoche ». Alors, au fil du
temps, tu essaies progressivement
de trouver quel serait le meilleur
placement vocal pour ne pas entrer en
conflit avec les autres. Et là, pour
Simple Appareil, je me suis dit, effec-
tivement, que je serais nu, que les gens
allaient tout entendre et comprendre
d’autant mieux. En général, le son
produit par le groupe est un son
fâché, et le contenu de mes textes
répond naturellement à cette virulence.
Aujourd’hui, registre différent : il
s’agit d’instrumentations qui engagent
vers la réflexion et d’autres sentiments
que l’impulsivité.
Est-ce que ça a été plus dur à faire ?
Ça m’allait bien, et c’est arrivé au bon
moment. J’avais envie d’écrire sur
d’autres choses. Les morceaux de la
colère, j’en ai écrit une bonne centaine.
J’arrive toujours à trouver des
angles ; mais là, comme j’étais à nu,
c’était l’occasion d’aborder tout ça
différemment, de porter de nouveaux
thèmes. Je ne me suis même pas posé
la question, ça s’est fait tout seul,
sous l’influence des instrumentations.
Et puis, j’ai un autre projet, Madame
Robert. C’est du rhythm and blues chanté
en français. Nous avons enregistré un
album il y a un peu moins d’un an, qui
sortira à la rentrée prochaine. C’était
la première fois, véritablement, où je
me suis retrouvé dans un ensemble
au sein duquel je n’avais pas à extirper
la voix pour l’entendre. Du coup, je
me retrouvais dans une musique où je
n’avais pas à donner de la voix ; et ça
m’a beaucoup aidé pour l’orientation
acoustique de Lofofora.
De toute façon, si l’on compare les
débuts de Lofofora aux derniers
albums, c’est dingue ce différentiel
dans le chant : tu restes percus-
sif, mais bien plus mélodique et
sensitif…
Pendant très longtemps, je n’ai pas
conçu ma voix comme un outil de
chant, mais, en effet, de percussion :
pour moi, ma voix, c’était plus un
tambour ou même… une trompette !
Mais le fait de chanter dans
Mudweiser (Ndlr : projet stoner paral-
lèle impliquant Reuno) m’a fait réaliser
qu’il y avait des choses que j’avais
dans l’oreille, que j’arrivais à repro-
duire par le chant. Et ça, je n’en
n’étais pas conscient avant. Je n’avais
donc pas cette confiance-là… Depuis
Mudweiser, mon chant a évolué dans
Lofofora, et avec Madame Robert,
j’ai encore progressé : le batteur de
ce groupe a fait beaucoup d’arrange-
ments de voix, il joue du piano et a
une oreille exceptionnelle. En studio,
il ne me lâchait pas tant qu’il restait
une petite fausseté. J’ai beaucoup
travaillé le chant sur ce projet, dans
un contexte où je me rendais compte
qu’il était plus difficile pour moi de
sortir une note qui tienne avec peu
de volume que de gueuler sur des
guitares. Ça, je trouve assez facile,
mais dès qu’on est dans la souplesse,
c’est un tout autre exercice. Et le
résultat du travail, c’est « Les
Anges » sur Simple Appareil. Ça, c’est
une prise unique. Et puis, bon, je
n’ai pas de culture metal profonde :
mes voix préférées, c’est Louis
Armstrong, Howlin’ Wolf, Tom Waits,
Franz Treichler des Young Gods… Ce
sont ces gens-là qui m’ont donné
envie de chanter. Du coup, lorsque je
réécoute aujourd’hui les vieux Lofo,
je me dis que j’aurais dû moins
donner dans le guttural et ouvrir un
peu. Ça aurait été sûrement bénéfique
aux morceaux… mais ce qui est fait
est fait. Aujourd’hui, je n’ai plus peur
de dire que je suis chanteur, alors
qu’à une époque, dès que je devais
remplir des papiers et donner ma
profession, j’te raconte pas la galère…
Aujourd’hui, eh bien j’écris chanteur,
j’assume. Je ne me comparerai évi-
demment jamais à ceux qui sont dans
le côté aigu, pointu de l’art, le chant
lyrique. Mais le chant est mon métier.
Je le sais, maintenant. Y
61

GENRE
. Power/heavy metal
LE GROUPE
. Todd Michael Hall
(chant)
. Mike Flyntz (guitare)
. Nick Lee (guitare)
. Don Van Stavern (basse)
. Frank Gilchriest (batterie)
62
SITE INTERNET
www.areyoureadytoriot.com
ALBUMS
. Rock City (1977)
. .
Narita (1979)
. Fire Down Under (1981)
. Restless Breed (1982)
. Riot Live (EP live – 1982)
. Born In America (1983)
. Thundersteel (1988)
. The Privilege Of Power (1990)
. Riot In Japan (live – 1992)
. ARTICLES RH
Nightbreaker (1993)
. Riot Live (live 1980 – 1993)
. RH N°115, 148 & 186
The Brethren Of The Long
House (1995)
. Inishmore (1998)
.
Shine On (live – 1998)
Sons Of Society (1999)
. Through The Storm (2002)
. Army Of One (2006)
. Immortal Soul (2011)
. Unleash The Fire (2014)
. Armor Of Light (2018)
De g. à d. : Mike Flyntz, Don Van Stavern,
Todd Michael Hall, Frank Gilchriest & Nick Lee

En 2014, les sceptiques semblaient nombreux lorsque Riot V, cinquième incarnation et suite logique de Riot après le
décès de son regretté membre fondateur Mark Reale en 2012, annonça son intention de continuer à faire vivre en concert
le large répertoire du groupe, mais aussi d’enregistrer un nouvel album. Au final, rares sont ceux qui ont eu à se plaindre
de la qualité de Unleash The Fire édité en 2014, mais aussi des prestations live de cette nouvelle mouture du combo.
Rassuré et revigoré par cet accueil, Riot V revient avec Armor Of Light que Mike Flyntz, guitariste du gang depuis 29
ans, nous présente.
Rock Hard : Lors de notre dernier
entretien en octobre 2014, Unleash
The Fire n’était pas encore sorti et
vous n’aviez donné que peu de concerts
avec votre formation actuelle, à
savoir sans Mark Reale, le fondateur
du groupe décédé le 25 janvier 2012.
Avec le recul, quelles ont été les
réactions des fans par rapport à
votre album et aux shows donnés
dans cette nouvelle configuration ?
Mike Flyntz : De manière générale,
l’album a été très bien reçu, à tel point que
ça nous a même surpris. Les commen-
taires ont notamment mis en avant que
les fans appréciaient le fait qu’il couvre
pas mal de styles différents : power
metal, hard rock, rock’n’roll, hommages
à Mark… Tout le monde semblait
satisfait, ce qui, bien sûr, nous a vraiment
motivés. En ce qui concerne les concerts,
je dois dire que nous étions assez
nerveux lorsque nous avons donné nos
premiers shows avec cette formation,
après avoir reçu la bénédiction du père
de Mark, Tony Reale, pour poursuivre
l’œuvre de son fils. Beaucoup doutaient
de notre capacité à rendre justice au
répertoire du groupe, mais finalement,
nos deux premiers gigs en Allemagne
ont vraiment bien fonctionné, ce qui
nous a donné la force d’aller plus loin.
Depuis, chaque show s’est extrêmement
bien passé.
Nous vous avons vus durant l’été
2015 au Sweden Rock Festival,
ainsi qu’au RockFest de Barcelone,
et ce furent d’excellents concerts.
L’aisance de Todd Michael Hall à
s’approprier le chant de ses quatre
prédécesseurs au sein de Riot nous a
frappé. C’est vraiment l’une de vos
forces aujourd’hui !
Nous sommes très chanceux, c’est vrai.
On a souvent dit que Riot était l’un des
groupes les plus malchanceux du circuit,
nous en rigolons souvent d’ailleurs.
Mais je suis sûr que Mark, depuis là-
haut, tire toutes les ficelles aujourd’hui
et que c’est lui qui nous a mis sur la
route de Todd. Don Van Starven (basse)
et moi disons parfois qu’avec la poisse
qu’à toujours eue Riot depuis ses
débuts, nous devons profiter un peu de
la chance qui nous sourit ! Todd n’a pas
que cette habileté à sonner comme
tous les autres chanteurs du groupe,
c’est aussi un superman : il nous arrive
parfois d’enchaîner cinq ou six
concerts d’affilée, que nous vivons
dans des conditions difficiles, sans
beaucoup de sommeil. Et je ne sais pas
comment il s’y prend, mais malgré la
fatigue, il arrive à maintenir un niveau
de puissance et de qualité vocale qui
me bluffe totalement.
Durant ces trois années de concerts
de 2015 à 2017, vous avez enfin fait
votre retour en France au festival Fall
Of Summer en septembre 2016. Te
souviens-tu de votre dernier concert
français antérieur à cette date, et quid
de votre show au Fall Of Summer ?
C’était à La Locomotive de Paris, avec
Virgin Steele, en 1998 ! Non ? Ah, ça y
est, je m’en souviens : c’était à Toulouse,
lors de notre tournée avec Anvil et Agent
Steel en 2000 : il n’y avait vraiment
pas foule, mais nous avons passé une
bonne soirée ! Quant au Fall Of
Summer, je dois dire que nous étions un
peu nerveux à l’idée de revenir en
France après tant d’années, mais au
final, il n’y avait pas de quoi car ce fut
un très bon show.
Il y a d’autres concerts de cette
dernière tournée dont tu dois parti-
culièrement te souvenir : ce sont les
trois donnés fin octobre 2016 au Texas
et celui du Loud Park Festival de
Tokyo. Ils furent spéciaux dans le sens
où vous avez interprété l’intégralité de
l’album Fire Down Under (1981) avec
Rick Ventura, le deuxième guitariste
du groupe sur cet album…
En effet. Ce fut un véritable honneur de
jouer ce classique avec Rick. Aucun
des membres actuels de Riot V ne
jouait dans le groupe à l’époque, mais
nous étions tous de grands fans de ce
disque. Rick et moi sommes devenus
Je suis sûr que Mark, depuis là-haut, tire
toutes les ficelles aujourd’hui et que
c’est lui qui nous a mis sur la route de
Todd Michael Hall (Mike Flyntz)
très bons amis depuis quelques années.
C’est un mec vraiment gentil qui joue
encore de la guitare régulièrement. Nous
adorons parler technique, instruments,
son, amplification, etc., ce genre de
chose dont les musiciens raffolent.
Nous nous entendons très bien et il
soutient totalement le groupe d’aujour-
d’hui, ce qui représente beaucoup pour
nous. D’ailleurs, la majorité des anciens
membres de Riot avec qui nous avons
pu avoir des contacts ces dernières
années sont tous très encourageants à
notre égard et nous demandent de
continuer à faire vivre cet héritage.
C’est le cas de Louie Kouvaris, le premier
guitariste du groupe avec Mark sur
Rock City (1977), avec qui nous avons
même jammé lors d’un concert à
Brooklyn en 2015. Et pour revenir à ta
question, jouer Fire Down Under à
Tokyo, devant cette immense foule
d’environ 15.000 personnes, fut une
sacrée expérience. J’en ai encore des
frissons rien que de t’en parler ! Tu
sais, même si on me proposait de
jouer dans un autre groupe en gagnant
beaucoup d’argent, je ne le ferais pas
car faire partie de Riot est quelque
chose de viscéral pour moi. C’est dans
mon cœur, c’est irremplaçable. Et je
sais que l’héritage que représente Riot
est tout aussi important pour certains
de ses anciens membres que pour ceux
qui constituent Riot V aujourd’hui.
Nous n’avons jamais fait fortune avec
Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 05 mars 2018
ce groupe, notre seule richesse est de
partager cette musique avec les fans
du monde entier. Il n’y a pas de
meilleure récompense. Je ne m’imagine
pas faire autre chose, et ça fait 29 ans
que ça dure.
En 2014, tu avouais ne pas avoir
souhaité utiliser la musique inédite
composée par Mark sur Unleash The
Fire car tu voulais que Riot V soit
apprécié et reconnu pour ce qu’il est
aujourd’hui. Mais tu n’excluais pas
l’idée de travailler certains de ces
morceaux sur le prochain album. Au
final, avez-vous dépoussiéré certaines
compositions de Mark pour Armor Of
Light ?
Oui, Monsieur ! Il y a en effet un titre
que nous avons en quelque sorte
« coécrit » avec Mark. Il s’agit de « San
Antonio ». Ce morceau date des sessions
d’Immortal Soul (2011). Nous avions
déjà bossé sur ce titre et pensions
l’inclure à cet album à l’époque, mais
Tony Moore, notre chanteur d’alors,
n’a jamais réussi à trouver les mélodies
vocales nous semblant adéquates.
Nous avons donc laissé cette compo de
côté à l’époque. Il reste encore deux
autres titres sur lesquels Mark, Don et
moi avons bossé à la même période. Je
pense que nous y reviendrons plus tard
car ils sont vraiment très bons. Mais
sur cet album, « San Antonio » est le
seul morceau dont l’idée de base vient
de Mark.
San Antonio est la ville du Texas où
Mark est venu s’installer au milieu
des 80’s car il ne supportait plus le
climat de New York. Historiquement,
cette ville a toujours soutenu Riot, et
c’est là-bas que Mark a redonné vie
au groupe en 1986 après quelques
années d’inactivité. Ça semblait
presque logique qu’un jour vous lui
rendiez hommage…
Je vois que tu connais bien l’histoire du
groupe... En effet, San Antonio, au
même titre que Tokyo, Brooklyn et
certaines régions allemandes, a beaucoup
compté dans notre carrière. Nous
échangions nos idées pour essayer de
finaliser ce titre car fut un moment où
nous pensions compléter les trois ou
quatre morceaux sur lesquels Mark et
nous avions bossé en 2011 et les sortir
sur un EP spécialement dédié. Mais
finalement, nous avons décidé de nous
concentrer sur un seul titre et de mettre
de côté les autres pour plus tard. Car
Frank Gilchriest, notre batteur, est
arrivé avec ces paroles, faisant référence
à San Antonio pour toutes les raisons
que tu as mentionnées. Puis, Todd et
lui ont bossé ensemble sur les mélodies
vocales, et lorsque Don et moi avons
entendu leur démo, nous avons adoré.
Il s’agit à la fois d’un bel hommage à
San Antonio et à Mark.
Nous aimons beaucoup l’album dans
son ensemble, mais un point nous
semble un peu curieux : globalement,
les sept premiers titres sont très
rapides et agressifs, alors que les
quatre suivants se veulent bien plus
mélodiques. Puis l’album s’achève sur
un dernier morceau au tempo éche-
velé. Nous trouvons cet agencement
un peu curieux, pas très harmonieux.
Comprends-tu notre point de vue ?
Non seulement je le comprends, mais je
le partage à 100%. Ce n’est pas moi qui
ai voulu agencer les titres de cette
façon, pas plus que le groupe. Nous
avons laissé ce choix à notre nouvelle
maison de disques. Pour être francs,
nous étions un peu soucieux à ce
propos, mais Nuclear Blast nous a dit
qu’il lui semblait nécessaire que le
disque débute ainsi, de façon aussi
frontale. Nous avons bien essayé de
faire un peu modifier la séquence des
morceaux, car je suis d’accord avec ton
ressenti, mais ils ont vraiment tenu à
conserver cet ordre.
En 2014, nous avions parlé de
l’éventualité d’un DVD historique de
Riot. Tu nous avais avoué y penser et
posséder des choses intéressantes,
tout comme le père de Mark qui lui
aussi dispose d’énormément d’archives.
Tu nous disais juste manquer de
temps pour t’atteler à cette tâche.
Depuis, un documentaire d’environ
une heure intitulé Fight Or Fall,
relatant la carrière du groupe de ses
débuts jusqu’à environ 1983, est
disponible sur internet, et le résultat
est très bon. Pourrait-il s’agir d’une
base pour ce futur DVD ?
Oui. En fait, c’est censé sortir d’ici
quelque temps. Giles Lavery, l’un des
deux producteurs du documentaire,
est venu chez moi durant une semaine
environ, qu’il a passée à visionner et
découvrir les archives vidéo de Tony
Reale. Il se calait devant la télé
pendant neuf heures chaque jour,
faisant un tri drastique, puis il a récu-
péré tout ce dont il avait besoin et l’a
« nettoyé » afin de le rendre le plus
présentable possible. Ce documentaire
va donc sortir en DVD d’ici quelque
temps. Il sera très probablement
accompagné de plusieurs concerts,
mais je ne saurais dire quand et sur
quel label car nous sommes en train de
négocier tout cela. En fait, The Official
Bootleg Box Set Volume 1 & 2, deux
coffrets de concerts audio enregistrés
entre 1976 et 1990, sont sortis sur le
label Cherry Red avec l’accord de
Tony Reale. Don s’est occupé de gérer
tout cela et il en sera de même pour
les futures sorties « historiques » du
groupe. Y
63
De g. à d. : Dani Ramis, Albert Requena, Juli Bazooka, Javi Carry & B.B. Plaza

Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien réalisé le 11 mars 2018 via Skype
Les petits prodiges du thrash espagnol nous avaient fait forte impression il y a deux ans avec l’album From Blue To Black.
Against The Odds, leur nouvel opus, confirme qu'il ne s'agissait pas d'un coup de bol : ces gars-là riffent comme on court un
cent mètres. B.B. Plaza (guitare), au terme d'une bataille d'une heure avec une connexion Skype récalcitrante, est revenu en
notre compagnie sur l'évolution exponentielle de son combo au cours des dernières années.
Rock Hard : Le nom de Crisix circule et nous y avons mis tous nos efforts à Oh non, pas particulièrement, c’est thrash. Tout est dans la dynamique.
de plus en plus depuis la sortie de l’époque. En toute objectivité, ils sont juste que les choses se sont faites Le « tout à fond » sur un album
From Blue To Black en 2016. plutôt bons ! (rires) comme cela. Crisix est vraiment un complet fonctionne parfaitement sur
Etonnamment, vos deux précédents effort collectif. En règle générale, Reign In Blood, mais tout le monde ne
albums étaient passés inaperçus en Se passe-t-il quelque chose de les riffs « de base » viennent de moi s’appelle pas Slayer… Trop de groupes
dehors de votre pays. Vous avez senti particulier entre le public français ou de Javi (Carry), notre batteur, qui ont tendance à l’oublier.
un sacré changement, je suppose ? et vous ? Ces derniers mois, on vous est également un très bon guitariste
B.B. Plaza : Nos premiers disques a vu davantage tourner en France et un excellent compositeur. Ensuite, Beaucoup de guitaristes travaillent
ont au moins eu l’avantage de nous que certains groupes français eux- nous les présentons aux autres et leur instrument sur d’autres styles
faire connaître en Espagne, ce qui, mêmes ! tout le monde s’en empare : nous que le metal. Est-ce ton cas ?
finalement, était une bonne chose C’est assez fou : dès nos premiers faisons mûrir les titres tous ensemble, Oui, tout à fait ! Notamment le flamenco,
pour nous mettre le pied à l’étrier. concerts chez vous, le public a toujours personne ne cherche à tirer la couver- bien sûr, aussi cliché que cela puisse
Malheureusement, il est vrai que ceux- été exceptionnel avec nous et nous a ture à soi. paraître (sourire). Mais étonnamment,
ci n’ont bénéficié d’aucune promotion fait nous sentir « à la maison ». De je pense que ce qui influe le plus
à l’étranger. Lorsque Listenable a sorti plus, nous bossons avec une équipe qui Le revival thrash sévit depuis sur mon jeu de guitare est le fait
From Blue To Black, ça n’a pas du a pas mal de contacts en France, ce qui maintenant plusieurs années, et cette que je pratique également le piano.
tout été la même paire de manches. a beaucoup facilité notre présence dans scène devient surpeuplée comme elle Tu n’envisages pas la pratique
Nous avons eu des chroniques et des le pays. Il est vrai que, ces derniers l’était à la fin des années 80. Est- d’un instrument de la même façon
interviews dans le monde entier, et, temps, nous avons considérablement ce que les groupes dispensables lorsque tu en maîtrises un ou plu-
surtout, nous avons enfin pu nous amélioré nos connaissances géogra- n’étouffent pas un peu les formations sieurs autres car cela enrichit tes
produire en dehors de nos frontières, phiques de cette contrée… Après tout, essentielles qui se retrouvent noyées perspectives.
notamment dans des festivals euro- nous sommes voisins ! C’est normal dans la masse ?
péens. C’était notre souhait le plus d’aller souvent chez ses voisins ! (rires) Lorsque nous avons débuté, nous Vos clips et certains de vos textes
cher, et il a été exaucé bien au-delà de étions très jeunes et le revival en était témoignent d’une bonne dose d’humour.
nos espérances. J’espère qu’un jour, Tu es souvent le porte-parole du à ses balbutiements. Nous adorions Est-ce une dimension importante de
nous pourrons ressortir nos deux groupe. En es-tu le leader ou le des groupes comme Bonded By Crisix ?
premiers albums : ils sont nos racines principal compositeur ? Blood, Warbringer et Evile, mais Oui, car nous sommes comme cela
l’offre n’était pas pléthorique comme dans la vie, mais j’insiste sur le fait
GENRE SITE INTERNET elle l’est aujourd’hui. Je dois bien que nous ne sommes pas un groupe-
. Thrash metal www.crisixband.com avouer que l’état actuel de la scène gag. Je déteste les groupes-gag ! Nous
m’excite beaucoup moins car de aimons par-dessus tout nous moquer
LE GROUPE nombreux groupes sont dans une de nous-mêmes ou des clichés et
ALBUMS
. Juli Bazooka (chant) course à la vitesse totalement stérile autres codes de la scène metal qui
. The Menace (2011)
. B.B. Plaza (guitare) . Rise… Then Rest (2013) et reproduisent à l’envi des schémas peuvent souvent prêter à sourire.
. From Blue To Black (2016)
. Albert Requena (guitare) . Against The Odds (2018) mille fois entendus. C’est pour cela J’aime les groupes qui développent une
. Dani Ramis (basse) que nous mettons un point d’honneur forme d’humour dans leur musique.
. ARTICLE RH à essayer de rendre notre musique La vie est suffisamment triste : un peu
Javi Carry (batterie)
plus variée, en jouant beaucoup sur de légèreté fait le plus grand bien à
tout le monde ! Y
RH N°186
l’intégration d’éléments extérieurs au

64
 Myrath

MYRATH – MANIGANCE
LE 8 MARS 2017 A PARIS (TRABENDO)
Initialement, ce Shehili Tour (qui doit son nom
à un vent saharien particulièrement chaud)
devait concorder avec la sortie du cinquième
opus de Myrath. Hélas, des « contraintes
professionnelles » (dixit le chanteur Zaher
Zorgati) ont repoussé sa publication à une date
encore incertaine (mai ou juin, si tout va bien).
La soirée débute sur la prestation des Palois de
cBorn To Survive (*)
cStorm Of Lies
cDance (*)
cWide Shut
cMerciless Times
cGet Your Freedom
Manigance qui présentent au public
Back
leur nouvelle chanteuse, Carine Pinto, cEndure The Silence
amie de longue date venue remplacer cNobody's Lives
Didier Delsaux qui a jeté l’éponge cMadness
une fois l’enregistrement de Machine- cSour Sigh
Nation (2018) achevé. Carine est une cThe Unburnt
frontwoman sympathique qui semble cTales Of The Sands
tout à fait capable de reproduire les Rappel :
parties de Didier, mais qui manque cJasmin (intro)
encore d’assurance et a tendance à cBeliever
accélérer certaines parties, au grand c(Unknown) (*)
dam de ses comparses qui peinent cBeyond The Stars
à la suivre. En dépit des qualités (*) = titres inédits
techniques indéniables des musiciens
et de la qualité de la setlist du jour (ne manque que
« Mourir En Héros »), cette première prestation du
Manigance nouveau ne dégage pas grand-chose. A revoir
une fois que Carine aura davantage roulé sa bosse !
Evoluant dans un décor simple, mais suffisant pour
évoquer la magie de l’orient, Myrath fait son entrée sur
une introduction inédite suivie d’un mid-tempo accrocheur
qui conjugue le côté progressif de Tales Of The Sands
(2011) avec les arrangements raffinés de Legacy (2016).
Du même acabit, les deux autres titres inconnus glissés sur les belles harmonies assurées par le claviériste Elyes
dans la setlist (« Dance » bénéficie d’un superbe solo de Bouchoucha), le son demeure de très bonne qualité.
l’excellent Malek Ben Arbia) rendent l’attente du Comme de coutume, le sublime « Believer » (coup de cœur
Manigance nouvel exploit des prodiges tunisiens encore plus de notre rédaction), introduit par la prestation d’une
difficile ! Dès « Storm Of Lies », Zaher, en pleine danseuse exotique, fait un véritable carton et permet aux
cFace Contre Terre
forme vocale et particulièrement joyeux (il sem- fans de donner de la voix. Après avoir taquiné le batteur
cHéritier
cMachination
blerait que le rhum y soit pour quelque chose) Morgan Berthet (« seul français du groupe »), Zaher invite
cEn Mon Nom descend dans la fosse chanter au contact des fans Kevin Codfert (Adagio) (« le génie derrière tout ça ! »),
cEnnemi (« C’est mon concert, je fais ce que je veux ! »). manager de longue date, à rejoindre la formation sur
cVolte-Face Le public mange dans la main des prodigieux scène afin de saluer le public. Une ambiance bon enfant
cLoin D'Ici musiciens, interprètes de haut vol (le progressif au service d’une musique toujours aussi admirable et
cPur Sang « Beyond The Stars », sur lequel plane l’ombre du séduisante. Vivement la prochaine fois !
cLarme De L'Univers géant Symphony X). Si la voix peine parfois à FRANÇOIS BLANC
émerger du mix (on peut heureusement compter Photos : Justine Cadet

BLACK LABEL SOCIETY – MONOLORD LE 08 MARS 2018 A PARIS (BATACLAN)

Avant les plumes du grand Cherokee, le Black Label Society pogo plutôt surprenant compte tenu de
goudron. En matière de doom/stoner
poisseux, les Suédois de Monolord en cGenocide Junkies
connaissent un rayon. Le trio de cFuneral Bell
Göteborg met à profit la demi-heure à cSuffering Overdue
sa disposition pour propulser quatre cBleed For Me
extraits de ses trois opus, dont un cHeart Of Darkness
« Empress Rising » (Rust/2017) articulé cSuicide Messiah
autour d’un riff de bûcheron. La cTrampled Down Below
machine du trio est bien huilée et sa cAll That Once Shined
collection d’amplis Orange a de quoi cRoom Of Nightmares
cBridge To Cross
rendre vert de jalousie. La voix de
cIn This River
Thomas Jäger (chant, guitare) fait
cThe Blessed Hellride
parfois penser à celle d’un certain Ozzy, cA Love Unreal
mais c’est l’ombre de Black Sabbath cFire It Up
dans son ensemble qui plane au-dessus cConcrete Jungle
de ce set plutôt bien accueilli. Le rideau cStillborn
masquant la scène de Black Label
Society ne tarde plus à tomber, révélant un Zakk
Wylde solidement posté sur son promontoire
préféré. Certaines choses ne changent pas : ce
fidèle pied de micro aux crânes comme sortis des
catacombes, ce poing levé en l’air toutes les dix
secondes, ou encore ce torse que l’imposant
chanteur/guitariste bat tel King Kong. Après un
« Suffering Overdue » installant une ambiance
virile, les fans donnent de la voix sur une version
surpuissante de « Bleed For Me ». « Suicide
Messiah », sur lequel un roadie déboule muni d’un
mégaphone, réalise un joli carton, pour le plus
grand plaisir d’un Wylde dont la barbe ne peut plus
masquer le large sourire. Dario « fil de fer » Lorina
(guitare) s’empare d’un archet sur « Trampled Down
Below » (Grimmest Hits/2018), déclencheur d’un
son tempo. Si ses vocaux à la Alice In
Chains sont bien restitués, « All That
Once Shined » se révèle un peu
poussif... Pas suffisant pour entamer
l’enthousiasme des adeptes du « french
chapter » de BLS qui répondent comme
un seul homme au sempiternel « Can
you dig it ??? ». Comme d’habitude, le
frontman aux bras comme des cuisses se
mue en Rachmaninov quand il passe au
piano, le temps d’un hommage à son
regretté poto Dimebag Darrell dont la
souriante bobine s’affiche sur scène (« In
This River »). Après un très bon « A Love
Unreal » (de loin le meilleur extrait de
Grimmest Hits du soir), Zakk « larger
than life » Wylde régale ce Bataclan
plein comme un œuf en allongeant la sauce sur un
« Fire It Up » lors duquel il part taper le solo dans
la fosse. La guitare du colosse est branchée à l’aide
d’un long câble que les fans tiennent à bout de bras,
comme s’ils étaient des poteaux télégraphiques, et
qu’ils déroulent dans la fosse, mais aussi au balcon
où l’ogre ne tarde pas à traîner ses bottes de sept
lieues. Le shred du guitariste a beau tourner en
rond, c’est surtout sur le plan physique qu’il faut
apprécier cette démonstration. Quelle implication !
Après des « Concrete Jungle » et « Stillborn »
extrêmement bien accueillis, BLS laisse des
spectateurs certes pas du tout surpris par cette
prestation « classique », mais conquis.
MORGAN RIVALIN
Photo : Marc Villalonga

66
 STEVEN WILSON
LE 12 MARS 2018 A PARIS (OLYMPIA)

Steven Wilson
Set 1 :
cNowhere Now
cPariah
cHome Invasion
cRegret#9
cThe Creator Has A Master-
plan (Porcupine Tree)
cRefuge
cPeople Who Eat Darkness
cAncestral
Set 2 :
cArriving Somewhere But
Not Here (Porcupine Tree)
cPermanating
cSong Of I
cLazarus (Porcupine Tree)
cDetonation
cThe Same Asylum As Before
cHeartattack In A Layby
(Porcupine Tree)
cVermillioncore
cSleep Together (Porcupine
Tree)
Rappel :
cEven Less (Porcupine Tree)
cThe Raven That Refused
To Sing

Une voix grave annonce un film introductif, muet mais
non dénué d’impact, en nous demandant de nous relaxer.
Sur le voile qui longe la scène apparaissent des images
auxquelles sont associés les mots « bonheur », « compas-
sion », etc., sur fond de vieux jazz. Puis la musique se fait
plus lancinante, flippante, à l’instar des images (photos de
terroristes, de scientologues et de misère), ces mêmes
mots apposés différemment montrant qu’il existe plusieurs
vérités. Voilà l’un des thèmes-clé de To The Bone, ainsi
que Steven Wilson l’expliquait dans nos pages l’an dernier.
« Nowhere Now » ouvre les hostilités avec fracas. Un peu
trop même, le son bien trop fort étant l’unique point noir
de la soirée (d’autant que c’est la première fois que
nous observons cela lors d’un concert du Britannique).
« Pariah » permet d’intégrer le visage de Ninet Tayeb,
tout en laissant comprendre qu’elle ne sera pas de la
partie sur cette date. Peu importe, le public offre au
groupe sa première ovation, même si Wilson relève,
avec son ironie habituelle, que « tout le monde n’a pas
fait l’effort. Essayons de contourner le fait que vous soyez
assis, et exprimez votre enthousiasme ! ». Pas difficile avec
la doublette « Home Invasion »/« Regret #9 », extraits du
sublime Hand.Cannot.Erase (2015), qui donne l’occasion
de voir comment s’en sort le nouveau guitariste Alex
Hutchings en lieu et place de l’extraterrestre Guthrie
Govan sur le solo de ce dernier. Moins fluide (impossible
de l’être plus, cela dit), il compense avec une attaque
de cordes très personnelle. « The Creator Has A Master-
tape » est la première surprise d’une soirée qui verra
d’autres titres de Porcupine Tree sortir du placard, et est
interprété dans un mode Nine Inch Nails qui peut
donner une idée de ce que le groupe pourra proposer
au Hellfest en juin prochain. Suit le sublime « Refuge »,
prolongé par un délicieux solo d’Adam Holzman au piano,
puis un bref film, aussi touchant que pudique, évoquant
les noyades de migrants naviguant vers l’Europe. Wilson
est un artiste complet, talentueux et humaniste, et il
fait preuve d’un sens de la pédagogie et de l’humour
(gentiment provocateur) très développés. Tout au long de
la soirée, il prend ainsi le temps de nous titiller et de nous
conter différentes anecdotes, notamment relatives à la
composition de son dernier album. Fier de l’acquisition
d’une Fender Telecaster custom de 1963, il fait une
démonstration de ce son si particulier auquel avaient
également recours Syd Barrett (Pink Floyd) et Joe
Strummer (Clash), et qu’il a lui-même choisi pour « People
Who Eat Darkness », un morceau écrit après les attentats
du Bataclan. L’énorme « Ancestral » clôt la première partie
du concert. Vingt minutes plus tard, le groupe revient
pour une seconde moitié de près d’1h10, entamée pied
au plancher avec « Arriving Somewhere But Not Here »,
un morceau de Porcupine Tree. Il n’y a que du lourd dans
ce deuxième set, à commencer par le hit « Permanating »
à propos duquel Steven confie adorer voir danser « les
barbus tatoués portant des t-shirts Opeth », « Songs
Of I » et ses superbes hologrammes (le spectacle proposé
aujourd’hui est vraiment complet et visuellement très
travaillé) et « The Same Asylum As Before » et son riff
d’intro explosif. « Sleep Together » conclut les hostilités
avec ses passages parfois très heavy. Nick Beggs sort,
pour l’occasion, un Stick Chapman. Quel final ! Pour le
rappel, Steven revient d’abord seul interpréter « Even
Less » en version guitare/chant (pas la meilleure version
que nous ayons pu entendre de ce classique de Porcupine
Tree), avant que le groupe ne le rejoigne pour interpréter
le déprimant « The Raven That Refused To Sing », merveil-
leusement illustré par un film d’animation aussi sombre
que lui. Avec ce set de près de 2h30, Steven Wilson a ravi son
public, s’autorisant enfin à revisiter de manière conséquente
le répertoire de son précédent groupe après une longue
période de disette. Comme si le Britannique s’estimait
aujourd’hui suffisamment établi en solitaire pour ne plus
craindre que le fait de piocher dans la discographie de
Porcupine Tree soit perçu comme un aveu de doute ou de
faiblesse. Et il a raison car, une fois encore, nous sortons
absolument conquis d’un de ses spectacles.
STEPHANE AUZILLEAU & DJUL
Photo : Marc Villalonga

67
 KORPIKLAANI – ARKONA – HEIDEVOLK – TROLLFEST
LE 20 FEVRIER 2018 A PARIS (ELYSEE MONTMARTRE)
Très beau package que cette réunion de quatre
grands noms du folk metal contemporain ! Les
festivités débutent dès 17h00 avec Trollfest, dont
le show se rapproche par bien des aspects d’une
kermesse d’école : les sept Norvégiens déjantés font
leur entrée les visages maquillés, avec de petites
ampoules de couleur sur leurs instruments et des
ballons de baudruche fixés à leurs costumes d’explo-
rateurs ! Circle-pits, chenille géante, chorégraphies
ridicules, le tout sur fond de metal punkisant relevé
de saxophone et d’accordéon, avec les interventions
hilarantes du crieur Trollmannen en sus. A cette
gigantesque récréation succèdent les Hollandais de
Heidevolk. Jacco De Wijs
s’efforce de communiquer en Arkona
français, tandis que l’autre
chanteur, Lars NachtBraecker, cMantra (Intro)
cShtorm
dépeint en anglais les légendes
cTseluya Zhizn
dont traitent les morceaux. cKhram
Même desservis par quelques cV Pogonye Za Beloy
harmonies vocales mal assurées, Tenyu
les extraits du nouvel opus cMantra (Outro)
Vuur Van Verzet passent fort cArkaim
bien le cap de la scène (« A cGoi, Rode, Goi!
Wolf In My Heart »). Seul cZakliatie
bémol, un recours trop fréquent cSkvoz’ Tuman Vekov
à des samples de chœurs. Le cStenka Na Stenku
superbe interlude « Yngwaz’ cYarilo
Zonen », par exemple, aurait
mérité une véritable interprétation a cappella !
Arkona a eu la lumineuse idée de découper son set
en deux parties, et la première fait honneur à son
nouvel opus, le très sombre Khram. Les deux versions
de « Mantra » sont interprétées par la vocaliste et
compositrice Masha seule et Korpiklaani
s’apparentent à d’authentiques
rituels shamaniques. L’ambiance cHappy Little Boozer
se fait bien plus légère ensuite cPilli On Pajusta Tehty
et c’est un plaisir que de redé- cTuonelan Tuvilla
couvrir l’excellent « Skvoz’ cWooden Pints
Tuman Vekov » en plus des cLempo
deux incontournables titres de cErämaan Ärjyt
conclusion. Un regret, le son de cRuumiinmultaa
guitare de Lazar, plus sale et cPetoeläimen Kuola
cVaarinpolkka
grésillant que de coutume. Lors
cA Man With A Plan
de son précédent passage à cMetsamies
Paris, Korpiklaani avait livré une cCottages And Saunas
prestation assez catastrophique, cRauta
le chanteur Jonne étant monté cHenkselipoika
sur scène dans un état d’ébriété cLonkkaluut
avancé. Ce soir, c’est Cane cHunting Song
(guitare) qui a abusé de la vodka cSahti
en backstage et joue avec moins cTequila
d’aisance que de coutume. Rien cBeer Beer
de trop grave cependant : le cVodka
reste du combo est en pleine Rappel :
forme (quel violoniste de génie cCrows Bring The
que ce Tuomas Rounakari !), le Spring
son excellent et le public chauffé
à blanc. L’ambiance est festive à souhait, et si le
vocaliste blâme Nuclear Blast qui n’a pas laissé le
groupe publier son nouvel opus avant cette tournée,
il promet néanmoins une sortie en septembre. Cerise
sur le gâteau, le rare et Manowarien « Crows Bring
The Spring » s’avère une conclusion appropriée à
cette grande célébration folk métallique. Burp !
FRANÇOIS BLANC
Photo : Nidhal Marzouk

ORPHANED LAND – IN VAINLE–27SUBTERRANEAN MASQUERADE – AEVUM

FEVRIER 2018 A PARIS (PETIT BAIN)
En cette plus froide soirée de l’année, quoi
de mieux que de se réchauffer dans un Orphaned Land
Petit Bain plein à craquer ? Rien, même si cThe Cave
nous faisons l’impasse sur Aevum et que cAll Is One
nous n’assistons qu’à un bout de la cThe Kiss Of Babylon
prestation de Subterranean Masquerade, (The Sins)
le temps d’apprécier son groove à la cOcean Land
Faith No More plaqué à une trame metal (The Revelation)
progressif plus classique, mais bien énergique cWe Do Not Resist
grâce à ses deux chanteurs. Les choses cLet The Truce Be Known
démarrent vraiment avec les Norvégiens cLike Orpheus
d’In Vain qui reviennent avec un très bon cBirth Of The Three
Currents et rassurent après quatre ans (The Unification)
d’absence. « Against The Grain », issu cOlat Ha’tamid
d’Aenigma (2013), ouvre les débats avec cYedidi
cIn Propaganda
son riff saccadé typiquement nordique et
cAll Knowing Eye
asséné avec conviction. Andreas Frigstad
cSapari
enchaîne chant clair et growlé avec aisance, cIn Thy Never Ending
flirtant parfois avec ce que pouvait produire Way (Epilogue)
un Mikael Akerfeldt chez Opeth, en Rappel :
particulier sur « Origin » et le nouveau cThe Beloved’s Cry
« Seekers Of The Truth », aux accélérations cNorra El Norra (Entering
mélodiques à la In Flames. En piochant The Ark)
dans son répertoire plus ancien, le groupe cOrnaments Of Gold
fait plaisir à son public, mais nous perd au
passage car « October’s Monody » et « Captivating
Solitude » voient black metal épileptique et mélodies
grandiloquentes copuler de manière assez naïve. Il
faut attendre « Image Of Time » pour revenir à des
compositions plus épiques et mâtures. Place à Orphaned
Land, dont vous savez tout le bien que nous pensons
de son conceptuel Unsung Prophets & Dead Messiahs
sorti cette année. Dans une salle plus petite qu’à
l’accoutumée, difficile de se placer, mais cela n’empêche
pas de profiter de l’énergique « The Cave » lancé par
Matan Shmuely déjà torse nu derrière sa
batterie. Haranguant la foule (dont un fan
venu tout spécialement du Maroc), Kobi
Farhi est bien entendu au centre des
débats, utilisant son pied de micro à tout-
va, notamment sur « All Is One » qui lance
le premier clapping de la soirée. Le
chanteur est toujours aussi épatant dans
son enchaînement des registres. « Nous
avons regardé l’état du Monde et nous en
avons eu marre : j’arrête de m’habiller en
Jésus ! » dit-il avant de lancer le nouveau
titre « We Do Not Resist », au final instru-
mental en forme d’unisson basse et guitare.
L’écran posté derrière lui projette l’une
après l’autre les superbes vidéos de « Let
The Truce Be Known » et « Like Orpheus »,
traitant toutes deux du conflit israélo-
palestinien et mettant en scène des enfants
comme des adultes dans leurs quotidiens
si similaires et si différents à la fois. « Birth
Of The Three » fait sauter le Petit Bain,
ce qui fait dire à Farhi qu’on se croirait
« sur le Titanic » ! « Yedidi » nous montre
la facette la plus folklorique du groupe,
tandis que « Sapari » donne l’occasion au chanteur
de jouer sur la guitare d’Idan Amsalem, par ailleurs
irréprochable en solo et arborant un sourire permanent
et contagieux. En guise de rappel, retour aux origines
avec « The Beloved’s Cry » extrait de Sahara (1994) et
joué par les deux musiciens en question, avant que le
classique et dansant « Norra El Norra » achève de faire
chavirer (au sens figuré) la salle.
DJUL
Photo : Nidhal Marzouk

68
 Décidément, rien ne saurait entraver la progression d’Avatar

AVATAR – HELLZAPOPPIN
qui s’apprête aujourd’hui à donner « le plus gros concert européen

– OLD KERRY MCKEE de sa carrière », dixit le chanteur Johannes Eckerström. Si le

groupe s’est produit devant des foules immenses en festival,
c’est la première fois qu’il remplit une salle de la taille du
LE 14 MARS 2018 A PARIS (TRIANON) majestueux Trianon sur son seul nom ! Connu pour son extra-
vagance visuelle, le quintet suédois ne laisse rien au hasard. Un
simple coup d’œil au stand de merch’ installé dans une roulotte
décorée aux couleurs de la formation suffit pour s’en convaincre !
Une grande roulette aux allures d’attraction de fête foraine
permet de gagner des patches, posters ou drapeaux, tandis
qu’une grille recouverte de dessins et images chante la gloire
du « Roi », le fameux guitariste Jonas « Kungen » Jarlsby,
héros du concept du nouvel opus de la troupe, Avatar Country.
Avatar Espérons que ces installations originales et raffinées suffisent
cGlory To Our King
à distraire les fans qui souhaitent repartir avec un souvenir car
cLegend Of The King les t-shirts sont vendus 30€ ! Prélude approprié à cette soirée
cLet It Burn spéciale, des airs de music-hall et de vieux jazz résonnent dans
cPaint Me Red la salle. Choisi par les membres d’Avatar eux-mêmes, Old Kerry
cKing's Harvest McKee est un véritable homme-orchestre. Assis derrière un
cBloody Angel mini kit de batterie qu’il actionne uniquement avec ses pieds,
cFor The Swarm le jeune Suédois, guitare en main et harmonica autour du cou,
cThe King Wants You pratique un blues mâtiné de rock sudiste et de folk américain.
cPuppet Show Outre l’impact visuel de la performance (usage d’un bottleneck,
cTower recours à des samples de vieux discours), les quatre compositions
cThe Eagle Has Landed interprétées s’avèrent franchement plaisantes. Déstabilisé
cWar Song de prime abord, le public finit par réserver un bon accueil au
cRaven Wine talentueux musicien.
cReload Suit un spectacle étonnant à plus d’un titre : Hellzapoppin n’est
cSmells Like A Freakshow pas un groupe, mais bel et bien un cirque américain d’un genre
cA Statue Of The King
unique, alliance de « bêtes de foires » pour amateurs de
cThe King Welcomes You
sensations extrêmes. Sur fond de hard rock et de metal (de
To Avatar Country
cHail The Apocalypse
Joan Jett à Pantera, en passant par Motörhead), un monsieur
loyal sardonique et irrévérencieux présente un homme (repéré
dans America’s Got Talent) capable de suspendre des poids à
son visage (y compris aux paupières !) ou d’avaler des sabres
de forme courbe, un nain engloutissant de très longs ballons
de baudruche, un homme sans jambes qui danse avec les mains
sur du verre pilé, une créature androgyne mi-homme, mi-
femme… En somme, une véritable galerie de phénomènes
(« freaks ») qui provoque admiration et/ou dégoût, mais ne
laisse personne indifférent !
Durant la pause, une radio diffuse des messages en provenance
du « Pays Avatar », terre où les citoyens s’extasient devant les
moindres faits et gestes de leur roi bien-aimé. Soucieux d’illustrer
son concept au maximum, Avatar débute son set avec le long et
ambitieux « Legend Of The King ». Le joker et frontman Johannes
ploie le genou tandis que, derrière la batterie, apparaît le roi,
assis sur son trône rouge, couronné, armé de sa guitare et vêtu
d’un superbe manteau. Première remarque qui se vérifiera tout
au long de la soirée, le son est optimal et permet de profiter
de chaque subtilité mélodique. Une fois ce remarquable incipit
passé, le roi Jonas opte pour une tenue plus pratique et descend
rejoindre son orchestre. Hyper efficace, « Let It Burn » fait un
énorme carton : la salle entière semble trembler sous l’impulsion
de la fosse qui bondit et remue de part en part tandis que le
quintet headbangue à l’unisson ! « Bienvenue chez vous, citoyens
du Pays Avatar ! Etes-vous prêts à rencontrer votre roi ? » s’exclame
le vocaliste, en forme olympique, avant de boire au goulot d’un
(faux) jerrican de pétrole. A partir de là, les exploits se succèdent :
le batteur John, qui remue comme un pantin, se laisse manipuler
par des fils imaginaires tenus par le vocaliste, Johannes assure
un superbe solo de trombone sur « Puppet Show », le groupe
change de tenue sur les derniers titres et apparaît vêtu de
blanc et d’or, un inconnu vient assurer la cowbell sur « The King
Wants You », etc. Et fort heureusement, l’exécution musicale ne
pâtit pas le moins du monde de ces représentations théâtrales !
Les classiques sont accueillis avec ferveur (un gigantesque wall
of death a lieu sur « Bloody Angel », le refrain de « The Eagle
Has Landed » est repris avec dévotion par la foule), là où les
extraits du nouvel opus, dont nous ne savons trop quoi penser,
séduisent moins instantanément. En prélude au très rare et très
direct « War Song » (« la première chanson écrite par le roi qui
n’était pas pourrie ! »), le chanteur interroge la foule : « Qui
est déjà venu nous voir en 2017 ? en 2016 ? Et… En 2006, lors de
notre premier passage en première partie d’Evergrey ? » La simple
évocation de ce souvenir illustre bien la progression magistrale
du quintet en une décennie. Avant d’entamer les deux derniers
titres, Johannes exprime d’ailleurs largement sa reconnaissance
sous les vivats d’une foule acquise à sa cause. Du divertissement
de haut vol, assuré avec passion et professionnalisme par un
groupe sur lequel il faudra forcément compter à l’avenir.
FRANÇOIS BLANC
Photo : Marc Villalonga

69
 21 novembre 2016. Le sang des fans de « hollywood metal »

RHAPSODY
ne fait qu’un tour : Rhapsody – le vrai, celui qui changea de

– BEAST IN BLACK – SCARLET AURA patronyme en 2006 et que nous pensions perdu à jamais –
s’apprête à se réunir afin de célébrer en grande pompe le
vingtième anniversaire de son premier opus, Legendary Tales
LE 16 MARS 2018 A PARIS (TRABENDO) (1997), via une gigantesque tournée mondiale qui permettra
au groupe de faire dignement ses adieux. Une occasion
unique ! Après quoi, l’extraordinaire compositeur et virtuose
Luca Turilli poursuivra ses aventures « cinématiques » avec sa
propre formation (qui compte également en ses rangs les deux
Français Patrice Guers et Dominique Leurquin), le claviériste
Alex Staropoli (qui refuse de s’associer à la fête) continuera
avec Rhapsody Of Fire, le batteur Alex Holdzwarth profitera
de sa liberté nouvelle, et l’extraordinaire vocaliste Fabio Lione
fera d’Angra, autre référence du metal symphonique des années
90, son absolue priorité. L’ultime périple des « guerriers
puissants et immortels » (dixit la voix charismatique qui
annonce en fanfare l’arrivée des musiciens à chaque début de
concert) débute le 26 avril 2017 au Brise Glace d’Annecy et
tient toutes ses promesses. Le 20th Anniversary Farewell Tour
se concentre exclusivement sur les fastes et glorieuses années
du quintet (de 1997 à 2002) et lui permet d’interpréter pour
la première fois des compositions aussi mythiques que
« Beyond The Gates Of Infinity », « Wings Of Destiny » ou encore
« Rain Of A Thousand Flames ». Un rêve éveillé pour les fans !
Longuement espérée, cette date parisienne (qui, naturellement,
affiche complet) démarre avec la prestation sympathique des
Roumains de Scarlet Aura. Le quatuor mené par la chanteuse
Aura, qui fait penser à Doro (tant physiquement que vocalement),
et son mari (le guitariste et compositeur Mihai Thor Danciu-
lescu) distille avec un plaisir visible une musique à mi-chemin
entre rock et metal. Le son est bon et la reprise du fameux
« Zombie » des Cranberries est une première occasion pour
l’assistance de faire entendre sa voix.
On monte en professionnalisme avec l’arrivée de Beast In
Black, formé à l’initiative de l’ex-compositeur de Battle Beast,
le guitariste Anton Kabanen. Ne faisant aucune référence au
passé, le Finlandais préfère interpréter huit des dix titres de
son formidable premier opus, l’accrocheur Berserker. Si son
jeu de scène et ses interactions avec le public ne sont pas
encore parfaitement au point, le vocaliste grec Yannis Papa-
Beast In Black dopoulos livre une performance impressionnante. Rares sont
les chanteurs à pouvoir se prévaloir d’une telle puissance et
cBerserker d’une telle précision dans les aigus ! Le technoïde et dansant
cEternal Fire « Crazy, Mad, Insane » donne lieu à une scénographie un peu
cBlood Of A Lion bizarre, les deux gratteux et la bassiste arborant des lunettes
cThe Fifth Angel sur lesquelles défilent les trois mots du titre de la chanson et
cBorn Again optant pour une gestuelle robotique. Très bonne prestation au
cCrazy, Mad, Insane
demeurant, qui augure d’un bel avenir pour la formation !
cBlind And Frozen
Même si nous sommes déçus que « Eternal Glory » et « Dark
cEnd Of The World
Tower Of Abyss » ne soient pas de la fête, la première partie
du concert de Rhapsody a vraiment tout pour plaire. Chaque
morceau est un hit imparable qui rappelle l’étendue du talent
de composition de Turilli, pénétré par sa musique et qui semble
incapable de tenir en place. Personne ne fait allusion à l’absence
de Staropoli… Pas même ses ex-comparses ! Tous les regards
sont tournés vers Fabio Lione qui livre une prestation digne
de tous les éloges. A l’exception de quelques soli un peu longs
(notamment à la batterie) et des trop nombreuses prises de
parole de Lione (bien excusables dans le cadre d’une tournée
Rhapsody d’adieu cependant), la soirée se déroule à la perfection. On se
cIn Tenebris (intro) laisse même convaincre par la reprise de « Con Te Partiro »,
cDawn Of Victory démonstration de talent du vocaliste transalpin qui se fait un
cWisdom Of The Kings plaisir de conter sa rencontre avec Andrea Boccelli (« Je n’ai
cThe Village Of Dwarves pas osé lui dire que je chantais du metal ! »). Chaque titre fait
cPower Of The Dragonflame l’objet d’une interprétation habitée, avec une passion et une
cBeyond The Gates Of Infinity énergie communicatives que nous n’avions encore jamais senti
cKnightrider Of Doom si fortes chez Rhapsody. Parmi les grands moments, citons
cWings Of Destiny l’éponyme « Symphony Of Enchanted Lands » (même si amputé
cRiding The Winds Of Eternity de quelques passages instrumentaux), baroque, raffiné et
cSymphony Of Enchanted Lands épique de bout en bout, flatté par cette mise en son plus
c(solo batterie) moderne, les indéboulonnables classiques que sont « Dawn Of
cLand Of Immortals
Victory » et « Emerald Sword », aux refrains hurlés par l’assistance,
cThe Wizard's Last Rhymes
« Riding The Winds Of Eternity » (dédié à Christopher Lee, qui
c(solo basse)
cCon Te Partirò (Andrea Bocelli)
rêvait de chanter sur un disque un jour et a concrétisé son rêve
cHoly Thunderforce grâce à Rhapsody), et « Lamento Eroico », précédé par la
Rappel : demande en mariage d’un fan ultime des Transalpins invité à
cRain Of A Thousand Flames monter sur scène. En bout de set, Luca se fend également d’un
cLamento Eroico discours émouvant et sincère, doublé d’un hommage à sa
cEmerald Sword compagne de longue date, une Française nommée Nadia. Les
c..And The Legends Ends... Italiens peuvent être fiers de nous avoir quittés sur une aussi
grande prestation. Mais si, toutefois, ils devaient revenir, nous
les accueillerions avec un vif plaisir !
FRANÇOIS BLANC
Photo : Nidhal Marzouk
70

Malemort
cBall Trap
cInsoumission
cMadame
cBrûle
cLe Domaine
cAtomique Diplomatie
cJapan Airline
cMon Nom
cFoutue Belle Jeunesse
(La Carapace)
cMille Regards
cL’Enfant-Machette
cHome Sweet Home
cCarnaval Cannibale
cCabaret Voltaire
Il neige sur le Val d’Oise en ce samedi de mars, ce qui n’est
pas fait pour arranger les affaires de Pat Kartier (si, si, c’est
son vrai nom !). Ce dernier, vendeur à la Fnac de Cergy et
taulier de la confrérie « Tous Pour Une Bière Libre », organise
ce soir son deuxième concert après celui, plébiscité, des
Washington Dead Cats au même endroit en décembre
dernier. Le gaillard est tendu : pas sûr, en effet, vu les
conditions climatiques et en dépit du faible prix d’entrée
(10 euros !), que le public se déplace en masse au Covent
Garden d’Eragny qui, pour fêter dignement la St Patrick,
accueille pas moins de trois groupes. Le premier d’entre
eux, DemonTool, se produit en effet devant une assistance
réduite, mais participative, même si le combo francilien
précise que ça fait « plus de trois ans » qu’il n’a pas joué.
Ce soir, c’est d’ailleurs le baptême du feu de son guitariste
rythmique, Adrien, en lieu et place de Nils. Le premier titre
du set, « Gladiateur », donne tout de suite le ton avec son
refrain viril (« Avé César, ceux qui vont mourir te saluent ! »).
Officiant dans un heavy old-school chanté en français et
aux fulgurances thrash, le groupe évolue à mi-chemin entre
Killers et ADX. Axant majoritairement sa prestation sur Soleil
Rouge (2008), le premier de ses deux albums, le quintet en
dégaine le morceau-titre (« celui avec lequel tout a commencé
il y a dix ans ») et d’autres cartouches comme « Une Vie
Eternelle » et « La Naissance Du Mal ». Prophétie MMXII,
paru en 2012, n’est pas en reste (« La Demeure Du Diable »,
« La Fin Des Temps ») et nous avons même droit à une nou-
veauté intitulée « Immortel ». « Vous aimez les femmes ? »
demande Christophe avant « Reine De Beauté ». Tandis
qu’Oliv, en lead, est au four et au moulin, le chanteur et le
bassiste Nicolas, taquins, n’hésitent pas à discuter avec les
spectateurs en balançant des vannes qui détendent une
atmosphère déjà fort relax. Après « Sorcier », les bougres
MALEMORT – BÖMBERHEAD – DEMONTOOL
LE 17 MARS 2018 A ERAGNY (COVENT GARDEN)
vont même jusqu’à se frotter à l’impayable « Salsa Du Démon »
du Grand Orchestre du Splendid ! Une entrée en matière
« bien dans la tradition », mais ô combien sympathique.
Avec le groupe suivant, il n’y a pas tromperie sur la
marchandise. Comme son nom l’indique, Bömberhead est
en effet un tribute-band qui rend hommage à Mötorhead.
Notamment composé d’Yvon (Désillusion) à la basse et au
chant, mais aussi du batteur Fabien (Thrashback), le quatuor,
qui compte également deux guitaristes, donne précisément
au public ce qu’il est venu chercher : des classiques,
des classiques, et encore des classiques ! Alors, bien sûr,
l’ambiance monte d’un cran dans un Covent désormais
plus garni, les spectateurs ne se faisant pas prier pour
hurler en chœur « (We Are) The Road Crew », « Bomber »,
« Ace Of Spades », « Iron Fist », « Going To Brazil » ou
« R.A.M.O.N.E.S ». « The Hammer », extrait de Ace Of
Spades (1980), et surtout un standard de Gene Vincent
repris par HeadCat (l’autre projet de Lemmy), se veulent
des choix plus surprenants, mais tout aussi jouissifs. Alors,
forcément, quand, dans une furia de stroboscopes,
Bömberhead dégoupille « No Class » et « Overkill », la
partie est d’autant plus gagnée qu’on se dit que, désormais,
Motörhead est mort et bien mort, mais que ça fait un putain
de bien de réentendre ses morceaux en conditions live. La
question, désormais, est : « Est-il possible de passer après
un tel répertoire ? ».
Dès les premières notes de « Ball Trap », la réponse est un
« oui » franc et massif, le Covent Garden étant désormais
bien garni et l’ambiance des plus chaudes. Malemort, il
est vrai, joue à domicile (il répète d’ailleurs dans un studio
attenant), mais cela n’explique que partiellement l’accueil
plus qu’enthousiaste qui lui est réservé, qu’il pioche dans
son premier album, French Romances (2012), ou un Ball
Trap (2016) unanimement salué. Non, ce qui justifie
cette vague de chaleur qui enfle soudain, c’est la qualité
du répertoire de ce groupe de « metal libre » hors normes
et, plus encore ce soir, sa capacité à séduire un public qui
n’attend que ça. Dieu, que les garçons ont scéniquement
progressé ces trois dernières années ! C’est bien simple,
le chanteur Xavier, véritable pois mexicain, ne tient pas en
place, à tel point qu’on pense par instants au Doc Neeson
(The Angels) de l’âge d’or (pour l’auteur de ces lignes, un
sacré compliment !). Mais à ses côtés, avec leur look
tout droit sorti des Années Folles (chemises, bretelles,
etc.), Sébastien Lafaye (guitare), Julien Lambert (guitare),
Jean-Christophe Tassin (basse kiltée), Vicken Chidoyan
(batterie, kiltée également, St Patrick oblige) et Sébastien
Berne, ancien batteur se chargeant désormais des claviers
et de backing vocals fort bien vus, séduisent eux aussi
par leurs qualités techniques et l’évidente sympathie qu’ils
dégagent. Les Malemort sont heureux et le public aussi.
Autour de moi, c’est bien simple, tout le monde sourit,
saute, chante à tue-tête et, mieux encore, connaît toutes
les paroles par chœur ! On nage ici dans le « bon enfant »,
certes, mais le bon enfant « sérieux », qui envoie, car,
sur les planches, des titres comme « Mon Nom » et « Mille
Regards » prennent beaucoup de muscle, à l’instar d’un
« Carnaval Cannibal » transpercé par un clin d’œil au
« Heaven Can Wait » d’Iron Maiden et le joyeux final rock
en diable qu’est « Cabaret Voltaire », sur lequel Xavier
s’en va prêcher la bonne parole auprès de ses fidèles,
mettant un point final convivial à une soirée qui ne le fut
pas moins. Conseil d’ami, ne ratez pas le passage de cet
ovni au Hellfest !
PHILIPPE LAGEAT
Photo : Michael Chidoyan
71
 PLAYLISTS
CHARLELIE ARNAUD
1. SCARLEAN – Ghost
2. DISCONNECTED – White Colossus
3. FLEDDY MELCULY – De Kerk Van Melculy
4. ABDUCTION – A L'Heure Du Crépuscule
5. OLE BØRUD – Stepping Up
STEPHANE AUZILLEAU
1. GRETA VAN FLEET – From The Fires
2. LAZULI – Saison 8
3. JUDAS PRIEST – Firepower
4. DUKES OF THE ORIENT – Dukes Of The
Orient
5. GHOST – Prequelle (advance CD)
BENJI
1. BLACKBERRY SMOKE – Find A Light
2. THE DEAD DAISIES – Burn It Down
3. RIOT – Army Of Light
4. BLACK STONE CHERRY – Family Tree
5. BULLET – Dust To Gold
FRANCOIS BLANC
1. MONSTER MAGNET – Mindfucker
2. MOURNFUL CONGREGATION – The Incubus
Of Karma
3. PRIMORDIAL – Exile Amongst The Ruins
4. DIMMU BORGIR – Eonian
5. HÄLLAS – Excerpts From A Future Past
DJUL
1. TESSERACT – Sonder
2. MARILLION – Brave (Deluxe Edition)
3. AYREON UNIVERSE – The Best Of Ayreon
Live
4. THE OSIRIS CLUB – The Wine-Dark Sea
5. GAZPACHO – Soyuz (advance CD)
GUILLAUME FLEURY
1. GHOST – Prequelle (advance CD)
2. DIMMU BORGIR – Eonian
3. PRIMORDIAL – Exile Amongst The Ruins
4. AURI – Auri
5. MELTED SPACE – Darkening Light
VANESSA GIRTH
1. GHOST – Prequelle (advance CD)
2. LOFOFORA – Simple Appareil
3. A PERFECT CIRCLE – Eat The Elephant
4. THE DAMNED – Evil Spirits
5. MONSTER MAGNET – Mindfucker
EMMANUEL HENNEQUIN
1. LOFOFORA – Simple Appareil
2. JUDAS PRIEST – Firepower
3. A PERFECT CIRCLE – Eat The Elephant
4. STONE TEMPLE PILOTS – Stone Temple
Pilots
5. BLACK SABBATH – The End (Live)
PHILIPPE LAGEAT
1. GHOST – Prequelle (advance CD)
2. THE DAMNED – Evil Spirits
3. A PERFECT CIRCLE – Eat The Elephant
4. HANGMAN’S CHAIR – Banlieue Triste
5. MARILLION – Brave (Deluxe Edition)
MORGAN RIVALIN
1. A PERFECT CIRCLE – Eat The Elephant
2. BLACK STONE CHERRY – Family Tree
3. LOFOFORA – Simple Appareil
4. MONSTER MAGNET – Mindfucker
5. TRUST – Dans Le Même Sang
MARC VILLALONGA
1. TRIBULATION – Down Below
2. GHOST – Ceremony and Devotion
3. CORROSION OF CONFORMITY – No Cross
No Crown
4. MINISTRY – AmeriKKKant
5. KADAVAR – Rough Times
72
ABDUCTION
A L’Heure Du Crépuscule
(Finisterian Dead End/Season Of Mist)
Black metal progressif
Sortie : déjà disponible
En 2016, Une Ombre Régit Les Ombres
nous présentait l’énigmatique congréga-
tion nommée Abduction. Une entité aux
aspirations artistiques très élevées, qui
avait, dès ses balbutiements, trouvé le
fond, mais avait encore à travailler la
forme. Deux ans plus tard, c’est chose
faite avec A L’Heure Du Crépuscule, qui
voit revenir une formation bien plus affu-
tée techniquement et semble ainsi plus à
même de restituer des idées toujours
aussi ambitieuses. Le niveau technique
du combo s’est enrichi, la production
(entièrement confiée au talentueux
Déhà) fait réellement honneur aux com-
positions, et les longueurs qui enta-
chaient parfois certains titres ont ici été
éradiquées. Est-ce à dire que les œuvres
du combo embrassent désormais le for-
mat radiophonique ? Jamais de la vie !
Les plus longues pièces s’étalent tou-
jours au-delà de la dizaine de minutes,
mais elles sont désormais structurées
avec davantage de clairvoyance afin que
l’auditeur puisse profiter du voyage sans
jamais se lasser du paysage. Ainsi, les
« pavés » que sont « Sous Les Cendres Et
La Pierre », « La Grande Illusion » ou
encore l’excellent « Souvenir De Lierre »
s’écoutent plaisamment sans jamais que
l’intérêt ne retombe. L’alternance des
passages en son clair (qui rappellent
décidément au bon souvenir d’Opeth) et
des tempêtes black metal furieuses est
également bien mieux gérée et apporte
enfin cette fluidité qui manquait aux pré-
cédentes compositions du groupe. Le
trophée de la plus belle progression est
sans aucun doute décerné à François
Blanc (oui, oui, celui que vous connais-
sez !) dont le chant a gagné en assurance.
Touchant dans ses interventions les plus
sensibles, il sait également cracher le feu
lorsque ses compagnons d’armes déclen-
chent un maelstrom. Certes, la teneur
générale de l’album pourra toujours
paraître peu digeste aux oreilles des fans
de true black, mais le public ciblé lorgne
bien davantage vers les mélancoliques
de naissance, les amoureux ataviques
des architectures musicales soignées, et
les férus de poésie sombre et nostal-
gique. L’identité stylistique d’Abduction
était déjà très marquée. Aujourd’hui
qu’elle sort de l’adolescence et s’épa-
1 - 3 = naze / 4 - 6 = moyen / 7 - 8 = bon / 9 - 10 = génial !
nouit, son caractère se dessine avec des pour beurrer les sandwichs. Les ryth-
contours plus précis. Et nous autres, sim- miques de guitare sont tranchées et
ples auditeurs, attendons déjà la suite de agressives, à la manière d’un Michael
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .8
ce livre de mieux en mieux écrit. Romeo (Symphony X), et le chanteur
Dino Jelusic est plus qu’impressionnant,
ANIMAL DRIVE
faisant immédiatement penser à Jorn
Lande, tant pour son timbre que pour sa
puissance résolument hors norme.
« Tower Of Lies » ne fait pas redescendre
Bite !
(Frontiers/Harmonia Mundi) la pression, même si moins rapide ques-
Hard rock puissant tion tempo. Les riffs sont toujours assas-
Sortie : déjà disponible sins, tandis que les mélodies vocales évo-
Les labels essaient souvent de faciliter la quent le Dream Theater récent. En l’es-
tâche des journalistes en leur donnant pace de dix minutes, on en a déjà pris
des indices sur les influences de leurs plein la tête et l’on se demande si une
poulains ; et nous les en remercions. telle intensité sera supportable tout au
Néanmoins, ce n’est quand même pas
tous les jours, malgré l’enthousiasme des
attachés de presse, qu’émerge le nou-
veau Whitesnake ou celui qui va rempla-
cer Iron Maiden. Pour autant, force est
de constater que Frontiers ne s’est pas
trop fourvoyé en indiquant que ce pre-
mier album d’Animal Drive était fait pour
les fans de Skid Row, Whitesnake et
Dream Theater. Il a juste oublié d’ajouter
Symphony X et Jorn Lande (en même
temps, il a parlé de Whitesnake, et c’est
presque pareil en termes de chant). En
effet, dès le premier morceau,
« Goddamn Marathon », on comprend
MON ALBUM DU MOIS par MORGAN RIVALIN
bien que ce groupe croate n’est pas là
« Thinking Of You », issu du référentiel
Mer De Noms (2000). Le délicat
« Disillusioned » nous renvoie quant à lui
davantage à l’esprit d’un « Weak And
Powerless » (Thirteenth Step/2003).
Mais les comparaisons s’arrêtent là. Eat
The Elephant est à l’image d’un tandem
créatif qui a évolué et n’a pas peur
d’expérimenter. Il y a les voix filtrées et
les sonorités globalement plus électro-
niques du très réussi « Hourglass », un
titre qui, c’est sûr, deviendra bien plus
heavy lorsqu’il sera joué sur scène, ou
A PERFECT CIRCLE
encore ce piano plus présent (« The
Contrarian », « Eat The Elephant »,
etc.), compagnon idéal des vocaux
Eat The Elephant sinueux ô combien envoûtants sortis de
la gorge d’un Maynard James Keenan
(BMG Rights/PIAS)
qui a encore fait des progrès en
Rock/metal alternatif
Sortie : 20.04.2018 matière de chant. Moins il chante,
Quatorze ans nous séparent d’Emotive mieux il chante ! Bien sûr, c’est une
boutade : le frontman/vigneron s’est
(2004), le dernier album d’A Perfect
surtout focalisé sur Puscifer et est
Circle. Ce sont même quinze années qui
actuellement en studio avec Tool (si, si
se sont écoulées depuis Thirteenth Step
!). Mais revenons-en à ce voyage qui
(2003), dernier opus du groupe entière-
réussit notamment un joli coup double
ment composé de morceaux originaux.
en adressant un clin d’œil à David Bowie
L’attente fut longue, et attendre un
et à l’œuvre culte des geeks, Le Guide
album d’A Perfect Circle, c’est avant
du voyageur galactique (« So long, and
tout attendre l’inattendu. Eat The
thanks for all the fish »). Assurément
Elephant ne décevra pas les aficionados
expérimental, Eat The Elephant nous
qui espèrent avant tout être surpris par
offre un superbe trip musical. De quoi
le nouvel opus de Billy Howerdel (Ashes
ravir celles et ceux qui pensent la
Divide), Maynard James Keenan (Tool,
musique sous forme d’album et non de
Puscifer) & Co. Oh, le fan d’APC, comme
singles ou de playlists. Vivement le mois
on dit, y retrouvera quand même
de juin (Cf. Agenda) avant, qui sait et
quelques riffs saccadés typiques qui le
comme en 2004, de retrouver peut-être
propulseront au début des années 2000.
APC au Zénith ? La cure de jouvence est
C’est notamment le cas sur « TalkTalk »,
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
en marche !
compo aux relents de Depeche Mode
qui s’achève sur un final digne de
long de l’album. Heureusement « Had
Enough » redescend un peu en pression,
évoluant sur un terrain hard rock plus
classique, à la Skid Row/Whitenake (on y
vient !), et aurait pu avoir sa place sur
Slip Of The Tongue de la bande à
Coverdale. C’est également le cas de
« Time Machine », très 80’s, mais doté
d’un son moderne. Clairement, Ivan
Keller (guitare) et Dino Jelusic sont
monstrueux ! Le combo nous ménage un
peu de repos avec des ballades (trois
titres sur onze, mais c’est nécessaire)
assez réussies, avant de conclure les hos-
tilités par un morceau plus progressif,
« Deliver Me », qui permet de réaliser
qu’il y aussi des claviers sur l’album.
C’est que, jusqu’à présent, nous avions
en effet eu tendance à n’entendre que le
rouleau compresseur de guitare ! Un ou
deux titres sont un peu en deçà du reste,
notamment « The Devil Took My Beer
Again » (nous ne nous sommes pas livrés
à une exégèse des textes, vous nous en
excuserez). Au final, Bite ! est un album
très (voire un peu trop) intense, qui
révèle un groupe à fort potentiel, et en
particulier un chanteur hors norme qui
pourrait bien être débauché par d’autres
combos en mal de vocaliste de première
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . .7,5
classe.
BLACK STONE CHERRY
Family Tree
(Mascot Records/Wagram Music)
Hard/blues rock sudiste
Sortie : 20.04.2018
Pour comprendre que Black Stone
Cherry est une affaire de famille, il suffit
de rappeler que, 17 ans après sa nais-
sance, on y trouve encore les mêmes
amis d’enfance. Fidèle à ses racines, le
« club des quatre » aime à enregistrer à
domicile, chez lui, dans le Kentucky.
C’est là qu’a une nouvelle fois été mis en
boîte le bien-nommé Family Tree, un
disque que BSC a produit lui-même et
fait mixer par son frontman, le chan-
teur/guitariste Chris Robertson.
Expérience concluante : l’enrobage, ou
plutôt la mise en son, de cette nouvelle
cuvée mérite les félicitations du jury.
Après l’EP Black To Blues (2017) qui,
comme son titre l’indique, l’a vu rendre
hommage... au blues, BSC, signé chez
Mascot Records, le label de John
Bonamassa et du regretté Jeff Healey,
nous livre un album de compos originales
qui interpellera les amateurs de sonori-
tés bluesy, et même sudistes.
Globalement, Family Tree se rapproche
ainsi davantage des premiers opus de
BSC que de ses titres plus « radio » et
légers comme « Blame It On The Boom
Boom ». Gageons que « Bad Habit » et
son break jouissif, « Carry Me On Down
The Road » (accompagné de bongos du
plus bel effet), « New Kinda Feel » et son
piano de saloon, « Family Tree » (quel
solo de guitare !) et surtout ce « Dancin’
In The Rain » sur lequel Warren Haynes
(Gov’t Mule) joue de la gratte ET chante
convaincront celles et ceux qui disent
que « toute la musique qu’ils aiment, elle
vient de là... », etc. Bien sûr, des titres
plus fun sont également de la fête,
comme ce « James Brown » aux relents
de soul music ou encore un « Southern
Fried Friday Night » à écouter en grigno-
tant des ribs et en dégoupillant des Bud
Light avec la tête. Avec deux titres de
moins (« I Need A Woman » et « I Get
Over You »), Family Tree aurait gagné en
efficacité, mais ce sixième album de BSC
mérite vraiment d’être écouté, ne serait-
ce que pour se régaler avec le chant de
Chris Robertson qui a clairement
(encore) gagné en maturité. Il faut oser
chanter sans filet comme il le fait sur
« My Last Breath ». Une mise à nu qui
met les poils, comme on dit... Elle est
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
goûtue, cette Kentucky Fried Cherry !
BULLET
Dust To Gold
(SPV/Season Of Mist)
Heavy metal
Sortie : 20.04.2018
Y-a-t-il parmi vous des nostalgiques de
l’âge d’or d’Accept ? Des indécrottables
et inconsolables de l’époque où Udo
Dirkschneider faisait encore partie du
gang teuton aux côtés de Wolf
Hoffmann, Jorg Fischer, Peter Baltes et
Stefan Kaufmann, période Breaker ou
Restless And Wild ? Vous le savez sûre-
ment, si tel est votre état d’esprit, il
existe une alternative à tous vos maux :
Bullet ! Certes, réduire les Suédois à un
simple ersatz du géant allemand serait à
la fois réducteur et insultant, mais tout
de même, difficile de ne pas souligner,
encore une fois, les grandes similitudes
existant entre ces deux formations.
Entre la voix haut perchée de Hell Hofer
(ce doit être un pseudonyme…), les gui-
tares au diapason d’Alexander Lyrbo et
Hampus Klang et la rythmique tape-dur
du nouveau bassiste Gustav Hector (qui a
remplacé son cousin Adam Hector : une
histoire de famille !) et du batteur Gustav
Hjortjö, on nage souvent en plein metal
dont aurait pu accoucher la légende ger-
manique au début des 80’s. Ce qui, en
soit, n’est vraiment pas une mauvaise
chose lorsque c’est aussi bien fait que sur
ce Dust To Gold, véritable mine à tubes
pour headbangers. L’ombre d’AC/DC
lors de sa période la plus dure, voire
metal (époque For Those About To
Rock/1981) plane aussi à l’occasion sur le
quintet, ce qui, au final, nous ramène,
d’une certaine façon, à Accept (qui, lui
aussi, n’a jamais cherché à cacher son
admiration pour la fratrie Young).
Ajoutez à cela une petite dose de
NWOBHM, un titre éponyme plus long
et lourd que la moyenne, et vous obte-
nez un disque clairement destiné aux
fans bloqués dans les Eighties. Ce qui,
comme le faisait remarquer mon col-
lègue Guillaume Fleury dans sa chro-
nique de Storm Of Blades sortie en
2014, vous laisse le choix : soit vous
plongez tête baissée dans la marmite et
vous vous éclatez sans arrières pensées
sur une musique certes datée, mais de
qualité et interprétée avec amour et
authenticité, soit vous pensez que trop
c’est trop et vous retournez, en faisant la
gueule, écouter « Starlight » ou « Inject
The Venom ». Choisissez votre camp !
Votre serviteur, lui, adhère pleinement.
Petite anecdote amusante pour finir : le
« joli » bus sur lequel trônent les mem-
bres de Bullet sur la pochette de l’album
est réellement celui qui leur sert de tour-
bus lors de leurs aventures en Europe :
un modèle Volvo B63508 de 1964 qu’ils
chérissent au point de poser fièrement
sur son vieux toit à la peinture écaillée.
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7,5
Des conservateurs, on vous dit !
CREMATORY
Oblivion
(SPV/Season Of Mist)
Metal gothique/industriel
Sortie : 13.04.2018
Le 7 mars dernier, le batteur et composi-
teur Markus Jüllich s’est illustré en pos-
tant sur la page Facebook de Crematory
un message pour le moins vindicatif à
l’égard de ses fans. Excédé par la baisse
drastique des ventes d’albums et par le
manque d’intérêt général du public à
l’égard de la tournée à venir (les pre-
mières ventes de tickets s’avérant anor-
malement basses), Jüllich a purement et
simplement menacé de mettre un terme
à la carrière du sextet après 27 ans de
bons et loyaux services, et de faire
d’Oblivion (dont le titre, qui signifie
« oubli », paraît désormais bien ironique)
l’ultime album du groupe si les choses ne
s’amélioraient pas dans les délais les plus
brefs. Impossible, dans ce contexte, de
prédire de quoi l’avenir sera fait, mais il
semblerait bien que les ventes aient pro-
gressé, la tournée étant maintenue pour
le moment. S’il n’a pas forcément redoré
l’image de Crematory auprès du public
metal, cet éclat soudain aura au moins eu
pour conséquence positive de rappeler
le sextet à notre bon souvenir. Oblivion
le bien-nommé est donc le quatorzième
méfait de la troupe de Mannheim et le
deuxième après son changement de line-
up massif (trois nouveaux membres sont
arrivés) survenu en 2015. Musicalement,
il s’agit d’une cuvée agréable, plutôt ins-
pirée. Evidemment, avec ces formats ne
dépassant jamais les cinq minutes, ces
refrains très mélodiques en chant clair
(l’entêtant « Salvation ») et cette ballade
aux claviers lumineux (« Stay With Me »,
qui prouve tout de même que, même si
leurs timbres sont très proches, le guita-
riste Tosse Basler est bien meilleur voca-
liste que son prédécesseur Matthias
Hechler), la formule demeure putassière.
Néanmoins, aucune raison de bouder
son plaisir : l’exécution est irréprochable,
la production boostée aux hormones, et
si l’on excepte la voix death grasse
(quoique fort peu agressive) de l’incon-
tournable Felix Stass, la musique s’avère
franchement accessible. Crematory
ponctue intelligemment son metal aux
rythmiques binaires par des références
appuyées et bienvenues à la dark wave,
au rock gothique (l’ombre du Paradise
Lost de One Second plane sur certaines
mélodies) et à l’électronique froide des
années 80 (le très réussi « Immortal »).
Flirtant aussi bien avec le gothique
(« Ghost Of The Past ») qu’avec l’indus-
triel (« For All Of Us »), Oblivion, un peu
plus puissant que de coutume, mais aussi
plus chargé en claviers orchestraux, se
classe sans hésiter dans le haut du panier
de la seconde moitié de carrière de
Crematory. Si l’histoire devait effective-
ment se finir ainsi –nous espérons bien
évidemment que cela ne sera pas le cas –
le sextet n’aurait pas à rougir d’un tel
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .7
chant du cygne.
CRISIX
Against The Odds
(Listenable/PIAS)
Thrash metal
Sortie : Déjà disponible
Sortez les skates et retournez les cas-
quettes ! Le plus fun des bons groupes
de thrash actuels est de retour pour une
nouvelle leçon de rythmique qui va
asseoir tous les fans du poignet droit de
Scott Ian (Anthrax). From Blue To Black
(2014) nous avait mis une bonne pei-
gnée ; Against The Odds passe la
deuxième couche. « Get Out Of My
Head » porte d’ailleurs bien son titre : le
MON ALBUM DU MOIS par BENJI
BLACKBERRY SMOKE
Find A Light
(Earache/PIAS)
Rock sudiste/country/hard
Sortie : déjà disponible
Aujourd’hui, sortir un album tous les ans
et demi, vu le marasme actuel du mar-
ché du disque, semble totalement hors
de propos. La majorité des groupes l’a
d’ailleurs bien compris et préfère
enchaîner tournées et festivals pour
essayer de gratter le précieux pécule
qui lui permettra de subsister et, occa-
sionnellement, d’enregistrer un nouvel
opus. Blackberry Smoke, lui, refuse de
choisir : il passe sa vie sur la route et
trouve tout de même le temps de nous
abreuver, à intervalles très réguliers, de
musique toute neuve. Et vous savez
quoi ? On en redemande ! Car chaque
nouvelle livraison de ces terriens
d’Atlanta nous procure autant de plaisir
que la précédente, via son doux
mélange de rock sudiste, de country, de
hard rock ou de ballade qui fait toujours
mouche. Charlie Starr, son
guitariste/chanteur et principal compo-
siteur, est de la trempe de ceux qui
transforment tout ce qu’ils touchent en
or, le talent assez indécent du bon-
homme étant encore mis à l’honneur sur
Find A Light. Comme souvent avec BBS,
l’opus débute par un titre bien lourd,
riff de cette pièce d’ouverture ne vous
lâchera pas de la journée. C’est d’ailleurs
une constante dans la majeure partie des
chansons de Crisix, dont les mélodies se
retiennent aussi facilement que la table
de multiplication du chiffre 1 (« Leech
Breeder » est à ce titre tout à fait remar-
quable). Lorsque les Espagnols se font
plus posés, comme sur la première partie
de « Perseverance », l’efficacité n’en est
pas moindre pour autant. Un bel arpège
d’intro qui revient sur le break, un riff
très « metal traditionnel », et des chœurs
guerriers se chargent de proposer une
bonne alternative à la vitesse pure
(comme nous l’explique le guitariste B.B.
Plaza en ces pages). Et de fait, ces incur-
sions régulières dans d’autres formes
d’agression réussissent bien au groupe.
« The North Remembers » offre une intro
grandiloquente très réussie, tandis que
son final évoque presque le Comeback
Kid de « Wake The Dead » ! Bref, Crisix
n’hésite pas à faire feu de tout bois et
aère du même coup son magma
limite grungy (« Flesh And Bone ») à la
rythmique épaisse et au tempo binaire
qui cloue au sol. Si Starr est à l’origine
de toutes les compositions, il s’est cette
fois bien fait aider par deux autres musi-
ciens, à commencer par l’ex-guitariste
de Buckcherry Keith Nelson, avec qui il a
coécrit quatre titres : « Run Away From
It All », au feeling sudiste irrésistible,
« Best Seat In The House » qui, dans l’es-
prit, nous rappelle le regretté Tom
Petty, la magnifique ballade dépouillée
« Let Me Down Easy » que Charlie inter-
prète aux côtés d’Amanda Shires, une
chanteuse/violoniste américaine, et
enfin le très rock « Nobody Gives A
Damn ». « The Crooked Kind » donne
dans le même registre, direct et sans fio-
ritures, alors que le côté country assumé
par la formation se dessine sur un « I’ve
Got This Song » (cette voix de Starr !)
rehaussé de délicates parties de violon,
« Mother Mountain » sur lequel les
Wood Brothers apparaissent aux côtés
de Starr pour harmoniser de magnifique
façon, mais aussi « Medicate My Mind »
et « Seems So Far », deux morceaux aux
contours acoustiques coécrits avec un
spécialiste du genre : Travis Meadows.
De sympathiques percussions introdui-
sent « Lord Strike Me Dead », où l’orgue
de Brandon Still se fait plus présent,
alors que les guitares se font reines sur
« Till The Wheel Fall Off ». Mention très
spéciale à « I’ll Keep Ramblin’ », à l’am-
biance assez incroyable distillée par
Robert Randolph, expert en pedal steel
guitar, qui illumine cette composition
avec des chœurs gospel à filer la chair
de poule et un final bluesy de toute
beauté : sacrée claque ! Nous voici donc
encore une fois en présence d’un album
très varié, prouvant la grande ouverture
d’esprit du quintet qui réussit l’exploit
de pouvoir convaincre un large panel
d’amateur de Musique. La classe, tout
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
simplement.
bouillonnant. Seul léger bémol (mais en
est-ce réellement un ?) : on ne sent pas
de réelle progression sur Against The
Odds en regard son prédécesseur, mais
plutôt une continuité logique, une exten-
sion du travail de sape déjà bien
dégrossi auparavant. Fi ! Seul le résultat
compte, et il est tout à fait convaincant !
Reste à voir si l’Ibère sera rude sur la
scène du Hellfest en juin prochain car ce
thrash teigneux a tous les atouts en main
pour transformer le pit en machine à
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . .7,5
popcorn. Rendez-vous est pris !
THE DEAD DAISIES
Burn It Down
(Spitfire/SPV/Season Of Mist)
Hard rock
Sortie : déjà disponible
The Dead Daisies a beau être constitué
d’une brochette de musiciens qui traî-
nent dans le circuit depuis un sacré bail,
l’enthousiasme qu’il laisse deviner au fil
de ses nombreuses tournées et de son
rythme de sortie discographique très
soutenu fait plaisir à voir… et à écouter.
De plus, loin de calmer les débats, Burn
It Down se pose comme l’album le plus
dur et direct jamais proposé par le quin-
tet américano-australien. Comme il est
« de coutume » pour chacun de ses
albums depuis 2013, le « collectif » The
Dead Daisies (un terme qu’il préfère à
celui de « groupe ») a une nouvelle fois
évolué, puisque le batteur Brian Tichy a
fait ses valises pour gérer ses mille
autres projets, laissant son siège encore
chaud à Deen Castronovo. Ce dernier,
après avoir sorti la tête de l’eau avec le
deuxième album de Revolution Saints
(Light In The Dark) en fin d’année der-
nière, semble de nouveau sur de bons
rails après avoir… déraillé fin 2015,
lorsqu’il fut condamné pour violences
domestiques et usage de stupéfiants.
Remarquable batteur, l’ex-Journey sem-
ble comme un poisson dans l’eau dans ce
nouveau contexte, au sein duquel il
rejoint le guitariste Doug Aldrich, l’un de
ses compères de Revolution Saints, et le
bassiste Marco Mendoza qu’il a un temps
côtoyé dans Soul Sirkus ou sur l’album
solo de Neal Schon paru en 2014. Il faut
ajouter à ce trio John Corabi, un voca-
liste qui renaît véritablement après des
années de vaches maigres depuis son
éviction de Mötley Crüe, et le guitariste
David Lowy, l’Australien à l’initiative de
ce projet à dimension variable. D’entrée
de jeu, la triplette « Resurrected » (avec
son orchestration finale qui donne de
l’épaisseur à un titre déjà fort consis-
tant), « Rise Up » et « Burn It Down » met
les choses au point : ce disque sera
heavy ou ne sera pas ! Plus gras encore
se veut « What Goes Around » dont les
riffs possèdent un petit côté Black
Sabbath pas désagréable. Quant à
« Dead And Gone », « Can’t Take It With
You » et au fulgurant « Leave Me Alone »
qui clôt les débats, ils ne manquent pas
non plus de muscles. Heureusement, The
Dead Daisies évite judicieusement le
piège de l’uniformité en proposant
aussi quelques pauses bienvenues.
« Judgement Day », par exemple, fait la
part belle au côté bluesy du gang, même
si son refrain se veut plus rentre-dedans.
Quant à « Set Me Free », très belle bal-
lade bourrée de feeling et aux superbes
chœurs, elle met en évidence la voix de
Corabi, tout aussi parfaite dans ce genre
d’exercice que sur les passages plus
virulents. Et ce solo d’Aldrich : une
merveille ! Enfin, Corabi se fait un petit
plaisir en reprenant avec ses amis le
« Bitch » des Rolling Stones, groupe
dont il est un grand fan avoué : une
version certes plus « méchante » que
l’original issu du classique Sticky Fingers
(1971), mais bien dans l’esprit rock des
Stones tout en collant au propos délivré
sur l’ensemble de Burn It Down. Bien
joué ! En 41 minutes, tout est dit, et
bien dit, prouvant une nouvelle fois qu’il
faut vraiment compter avec The Dead
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7,5
Daisies.
DISCONNECTED
White Colossus
(Apathia Records)
Modern metal
Sortie : déjà disponible
Il y a une école du metal moderne en
Hexagone, et Disconnected (nourri de
personnalités investies dans d’autres
projets, dont Melted Space et The Heavy
Duty) fait partie de ses fleurons. White
Colossus, son premier album, présente
une musique directe et étudiée. A l’ins-
tar d’un Sybreed, elle ne réfrène pas ses
impulsions machinistes. La production
signée François Maxime Boutault offre
des reliefs luisants à un metal dont la
mélodicité frappe. Le groupe, dont
Adrian Martinot (guitare) et Ivan
Pavlakovic (chant) forment historique-
ment le noyau, a travaillé les volumes
jusqu’à l’orfèvrerie. Leur caractère explo-
sif et dur (« For All Our Sakes ») ne se
ressent jamais mieux qu’en comparaison
avec les moments musicaux plus nus et
ambiancés de l’album (l’outro envelop-
pante de guitare de « Blind Faith »). La
création climatique est d’ailleurs l’un des
axes de White Colossus : un travail ambi-
tieux sur ce plan se fait jour sur des titres
comme « Wounded Heart ». Le registre
est celui du sensible : le chant de
Pavlakovic privilégie une approche en
clair et vise substance émotionnelle.
Placée au cœur du mix sans forcément le
dominer, la voix est magnifiée lors des
développements les plus riches en sons
MON ALBUM DU MOIS par PHILIPPE LAGEAT
THE DAMNED
Evil Spirits
(Search And Destroy/Spinefarm/Caroline/
Universal)
Garage rock
Sortie : 13.04. 2018
Evil Spirits est un événement à plusieurs
titres. Déjà, c’est le premier album de
The Damned depuis So, Who’s
Paranoid? paru en… 2008. Dix ans. Ces
nouveaux enregistrements marquent
également – les fans sont aux anges – le
retour au bercail de Paul Gray, bassiste
du groupe de 1980 à 83, puis en 1996,
en lieu et place de Stu West après treize
ans de bons et loyaux services. Enfin, ce
disque a été produit par la légende Tony
Visconti (T. Rex, David Bowie, Iggy Pop,
Rita Mitsouko, The Stranglers, Sparks…
), ce qui ravit au plus haut point le chan-
teur David Vanian, ainsi qu’il nous l’a
récemment confié : « J’ai trouvé que
Tony avait doté le Blackstar de Bowie
d’un son excellent et réalisé un travail
remarquable au niveau de la variété des
lignes de chant. J’aime aussi ce qu’il a
fait avec Thin Lizzy et Marc Bolan. Il a
immédiatement et parfaitement compris
où nous voulions aller car c’est un
homme d’expérience ». Les attentes
étaient d’autant plus grandes, et c’est
peu dire que The Damned y répond
aujourd’hui de la plus belle des façons
avec cet Evil Spirits parfait de bout en
bout et, en un mot comme en cent,
« inespéré ». D’ores et déjà un classique,
tout simplement. Impeccablement « for-
maté » (dix titres), il ne contient du bon,
au pire, et plus généralement de l’excel-
lent. C’est notamment le cas des frères
jumeaux que sont « Standing On The
de synthèse. Le titre éponyme « White
Colossus » et « Feodora » en sont de
bons exemples. Se décèle aussi en ce
dernier une tonalité romantique (super-
posée au thème de la déconnection),
dont les moments les plus synthétiques
rappellent la coloration des univers
ambigus, spleenesques et glam d’IAMX
(le projet de Chris Corner, de Sneaker
Pimps). C’est un ensemble à la fois mus-
culeux et sensuel, dur et sensible, char-
nel et chromé, qui se fait jour sur ce pre-
mier album expressif et pétri d’interro-
gations sur le monde. D’où la sensation
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .7,5
que nous tenons là quelque chose.
Edge Of Tomorrow » (premier single
parfait, très inspiré des 60’s, notamment
du Telstar des Tornados, et rehaussé de
chœurs impeccables et d’un chant de
crooner) et l’irrésistible « Shadow
Evocation ». Vanian ne connait proba-
blement pas ce groupe, mais on pense
ponctuellement aux géniaux Australiens
d’Hoodoo Gurus (le sautillant « The
Devil In Disguise » sur lequel plane éga-
lement le spectre de Ian Astbury de The
Cult, « The Daily Liar » et son phrasé
country). Captain Sensible est littérale-
ment au four et au moulin. Après avoir
écouté « Evil Spirits », titre 60’s qui
ramène tout droit – on n’aurait jamais
pensé oser un jour une telle comparai-
son – au Blue Öyster Cult des débuts,
impossible de soutenir, sans craindre le
ridicule, qu’il est un guitariste limité. Ce
morceau met également en valeur l’im-
payable Monty Oxymoron qui lorgne ici
vers Ray Manzarek (The Doors) et écla-
bousse cette nouvelle galette de son
enthousiasme débridé, tout comme la
basse ronde de Paul Gray (« Look Left »,
dopé à l’orgue et sur lequel Vanian fait
son Bowie). On ne s’y attendait pas, les
cuivres sont très présents (« Standing
On the Edge Of Tomorrow », la trom-
pette du sautillant « Sonar Deceit »,
« The Daily Liar »). Il arrive que, dans
cette explosion de singles où le mot
« mélodie » pétarade à chaque instant,
surgisse ci et là une ligne de chant à la
Stranglers (« Evil Spirits », « We’re So
Nice » et ses luxuriantes orchestrations
de violons). Et si l’ensemble, impecca-
blement mis en son par Visconti qui
montre ici l’étendue de son talent,
paraît irrésistible quoique « gentillet »
par instants, dieu que cette histoire va
péter en live ! Tout s’achève, sans qu’on
se soit ennuyé ne serait-ce qu’une
seconde, par une complainte au piano
qui finit, accrochée aux rideaux, par
grimper aux étoiles (« I Don’t Care »).
Sérieux mais gai, gai mais sérieux, Evil
Spirits est un album classieux, un disque
anti-crise qui devrait être déclaré d’uti-
lité publique et remboursé par la sécu-
rité sociale. Une formidable surprise que
ce paquet de bonbons dans lequel on
revient piocher avec une insatiable
PHILIPPE LAGEAT . . . . . . . . . . . . . . .8,5
malice et l’œil gourmand.
DUKES OF THE ORIENT
Dukes Of The Orient
(Frontiers/Harmonia Mundi)
AOR progressif
Sortie : déjà disponible
Si cet album éponyme est le premier de
Dukes Of The Orient, ce groupe ne
débute pas pour autant. Et cela saute
d’ailleurs aux oreilles dès les premières
mesures de l’imparable « Brothers In
Arms » ; en effet, on sent tout de suite
une sacrée maîtrise instrumentale en
plongeant immédiatement dans l’univers
d’Asia. Normal, car derrière le micro, on
avait été publié en 2013. Nous en profi-
tons, une fois n’est pas coutume, pour
prodiguer un petit conseil d’ordre médi-
cal : si, après avoir écouté ce titre ne
serait-ce qu’une seule fois, vous n’en
avez pas retenu le refrain, nous vous invi-
tons à consulter rapidement un médecin
spécialiste, ORL ou neurologue, car vous
devez avoir un problème d’audition ou
de connexion entre les oreilles et le cer-
veau. Fin de la parenthèse. Le résultat
est un disque de haute volée, ultra mélo-
dique, relativement ancré dans les
chargé « Amor Vincit Omnia » ou « A dis que la guitare est tenue par Inophis,
Sorrow’s Crown » et sa grandiloquente auteur de trois albums solo entre 2007 et
intro. La seconde partie de l’album met 2013. Derrière le micro, on retrouve
davantage l’accent sur le côté progressif Emmanuel Creis, chanteur de Shadyon,
de la musique de Dukes Of The Orient. qui vient par ailleurs de commencer un
Ainsi, le final de « Fourth Of July » beau parcours dans l’émission La Voix au
évoque presque le Camel des années 80
(notamment pour les harmonies vocales
et la guitare extrêmement posée), tandis
que « Give Another Reason » (qui
dépasse les dix minutes) est riche en
ambiances et bénéficie d’une très belle
intro de guitare acoustique. Bref, on
prend un réel plaisir à l’écoute de cet
album dense et finement ciselé, quand

STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . .7,5

retrouve justement John Payne, qui avait bien même il ne surprend pas réellement.
pris le relais du regretté John Wetton de

1992 à 2006 au sein du super groupe
auteur de l’inoubliable « Heat Of The
Moment ». Et l’homme a non seulement
un timbre reconnaissable, mais égale-
ment un sacré coffre. Il s’est associé, en
2007, au claviériste Erik Norlander (Lana
Lane) pour former l’ossature de Dukes
Of The Orient, à l’époque en compagnie
de Jay Schellen à la batterie et du prodi-
gieux Guthrie Govan (The Aristocrats,
Steven Wilson) à la guitare. Ce dernier
s’en est allé et plusieurs guitaristes lui
ont succédé, dont Bruce Bouillet (Racer
X) ou encore Moni Scaria. On retrouve
tous ces six-cordistes sur ce premier
album, qui aura donc mis dix ans à voir le
jour, même si « Seasons Will Change »,
autre tube en puissance de cette galette
(empruntant aussi bien à Asia qu’à Toto),
années 80 (« Time Waits For No One »,
« Fourth Of July »), dont les principales
influences sont Asia, Journey et Toto ; Il
est également parfaitement exécuté. Il
faut dire que les musiciens sont tous très
affûtés, et Erik Norlander particulière-
ment créatif, comme l’illustre le très
EQUINOX
The Cry Of Gaïa
(Mystyk Prod/Season of Mist)
Metal symphonique
Sortie : 04.05.2018
Cet album d’Equinox n’est pas à propre-
ment parler une nouveauté car il a été
publié en 2015, mais n’était jusqu’à pré-
sent disponible qu’au format digital.
Aujourd’hui, il bénéficie enfin d’une sor-
tie physique grâce au nouveau label fran-
çais Mystyk Prod. Ce groupe rassemble
quatre musiciens chevronnés, puisque sa
section rythmique est composée de
Pascal Mulot (Satan Jokers, Patrick
Rondat) à la basse et Aurélien Ouzoulias
(Mörglbl, Satan Jokers) à la batterie, tan-
Canada (The Voice en France, donc), fai-
sant se retourner les quatre coachs (dont
Garou et Lara Fabian) lors des auditions
à l’aveugle, en interprétant « To Be With
You » de Mr Big ; ce qui n’est quand
même pas rien. La musique proposée par
Equinox est un metal symphonique de
haute volée, très pêchu et souvent
speed, rappelant notamment des
groupes comme Secret Sphere, y compris
au niveau du chant, assez aigu (« The
Gate Of Universe »), ou encore Labyrinth,
voire Stratovarius. Le quatuor a très sou-
vent recours à des chœurs et des samples
MON ALBUM DU MOIS par STEPHANE AUZILLEAU
LAZULI
Saison 8
(L’Abeille Rode)
Rock progressif
Sortie : déjà disponible
Comme son titre l’indique, ce disque est
déjà le huitième album de ce groupe ori-
ginaire du Gard qui nous rafraîchit et
nous ravit les esgourdes depuis la sortie
de Mater les Couleurs en 1999. Classée
dans le rock progressif, la formation
emmenée par les frères Léonetti
(Dominique à la guitare et au chant, et
Claude à la Léode, instrument de leur
invention entre guitare et Stick
Chapman) est en fait complètement aty-
pique car elle travaille avant tout des
chansons, dont l’instrumentation est
ensuite superbement soignée, trouvant
ainsi les faveurs des amateurs de beau
jeu. Nous avions laissé le quintette en
2016 avec Nos Ames Saoûles, qui mar-
quait un peu le pas (de notre point de
vue) dans la progression du groupe.
(« In The Eye Of The Prohecy ») pour don-
ner de l’emphase à des morceaux plutôt
courts (autour de quatre minutes en
moyenne), mais riches et franchement
intenses. Inutile de préciser que ça joue
sévère ! On pense également à Rhapsody
(« The End Of The Rebirth »). Le quatuor
se frotte même à l’exercice de la reprise
de Queen, s’attaquant de surcroît à rien
moins que « The Show Must On ». Mais il
est malin sur ce coup-là puisqu’il en pro-
pose une version à la sauce speed metal.
Et si vous ne craignez pas trop les mon-
tées dans les aigus et suraigus, force est
de constater qu’Emmanuel Creis s’en sort
plutôt bien, tandis qu’Inophis est magis-
tral à la guitare. Heureusement, le
groupe ménage quelques pauses au
milieu de ce déferlement de rythmes
effrénés et de soli rapides, à la grâce de
ballades plutôt bien troussées comme
« Amber » et « I Had A Dream ». The Cry
Of Gaïa est donc un album particulière-
ment solide dans ce style, mais peut-être
un poil trop clinique et manquant d’une
touche de modernité. Nous sommes
impatients de voir comment le groupe va
évoluer, notamment en termes de dévelop-
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . . . .7
pement de sa personnalité.
FLEDDY MELCULY
De Kerk Van Melculy
(Sony Music)
Crossover
Sortie : déjà disponible
Nous étions donc impatients, un peu
anxieux aussi, de découvrir ce nouvel
opus. Le virage pop/chanson est ici
mieux assumé, et les compositions sem-
blent du coup plus solides, mais aussi
plus aériennes, à l’instar de ce
« J’attends Un Printemps » qui ouvre
délicatement cette nouvelle saison
avant de monter en puissance. Ce qui
est frappant chez Lazuli, c’est cette
capacité à mettre en cohérence musique
et textes, comme sur « Linceul de
Brumes », dont l’instrumentation et le
chant rendent parfaitement l’ambiance
d’un texte surréaliste. On apprécie aussi
tout particulièrement « Mes Amis Mes
Frères », qui libère toute la force de la
Léode dans un beau contraste avec la
guitare acoustique et propose aussi des
feulements de guitare dont on pensait
que seul Steve Vai avait le secret. « Les
Côtes » paraît en revanche un peu long
à démarrer, mais se révèle être le mor-
ceau le plus progressif, avec notamment
pas mal de claviers et un final enthou-
siasmant. On regrettera un petit ventre
mou le temps de deux morceaux moins
percutants, « Chronique Canine » et
« Mes Semblables ». Heureusement,
l’excellent « De Deux Choses Lunes »
nous projette dans un univers à la
« Intruder » de Peter Gabriel, pour un
titre structuré autour de la batterie,
avant que le délicat « Les 4 Mortes
Saisons » n’achève ce disque en beauté.
Si vous ne connaissez pas encore ce
groupe, osez l’expérience. Vous en sor-
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . .7,5
tirez forcément surpris !
Après un premier effort (Helgië – 2016)
dont nous avions dit grand bien, le « groupe
-au-meilleur-patronyme-du-monde » revient
avec un double album (!) : De Kerk Van
Melculy (NdTrad : L’Eglise De Melculy).
Un format pour le moins étonnant qui
laisse à supposer que le combo du nord
de Bruxelles avait beaucoup de choses à
dire. Beaucoup trop ? Ce n’est pas
impossible. Si Helgië présentait un
schéma plutôt cohérent à base de hard-
core/crossover surplombé d’un chant
aux accents hip hop, De Kerk Van
Melculy ratisse plus large avec une for-
tune variable. Le premier disque garde
une formule peu ou prou équivalente à
celle des débuts du groupe, avec notam-
ment les excellents « 2 Dagen Te Laat »,
« Camouflage », « Foto Van Uw Hoofd »
ou le court « Verplicht Akoestisch
Intermezzo » (qui nous fait vivre en direct

les avaries d’un pauvre gars essayant
tant bien que mal d’enregistrer un inter-
lude à la guitare acoustique). Les choses
se gâtent un chouïa lorsque les Flamands
vont draguer du côté du nu-metal avec
quelques relents de Slipknot ou de Coal
Chamber (« Ik Wil Niet Gaan »,
« Moeidunidotcom »), ou partent dans
un pur délire humoristique sans réel inté-
rêt musical. Alors que le premier album
permettait de profiter pleinement du
groupe sans être un néerlandophone
averti, ce second opus semble plus diffi-
cile à appréhender car très régulière-
ment basé sur des plaisanteries linguis-
tiques. Un peu comme si on envoyait
Ultra Vomit jouer aux Pays-Bas en
essayant de convaincre tous les Bataves
que « Je Possède Un Cousin » est un titre
essentiel. Le deuxième disque fait la part
belle aux featurings : King Hiss sur le très
pénible « 668 », Urbanus (l’équivalent
belge de Corbier) sur « Het Gat Dat Niet
Groot Genoeg Was », ou – plus intéres-
sant – Danny M. (Angel Crew, Deviate)
sur le très très méchant « Voor Altijd
Jong ». En somme, un buffet à volonté
dont quelques plats s’avèrent décevants
ou réservés aux stricts locaux qui savent
goûter le hareng à la marmelade de chou
au miel. Une édition au format « clas-
sique » d’une quarantaine de minutes
(réservée à l’étranger, par exemple) eût
été idéale et aurait sans nul doute
récolté nos vivats. Peut-être Fleddy
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . . .7
entendra-t-il cette suggestion ?
HEADLESS CROWN
Century Of Decay
(Massacre/Season Of Mist)
Heavy metal
Sortie : déjà disponible
Les Suisses d’Headless Crown se lancent
avec Century Of Decay (deuxième opus
après Time For Revolution sorti fin 2015)
dans une entreprise risquée, puisqu’ils se
risquent à l’art délicat du concept-album.
L’idée, selon les informations qui nous
ont été fournies : « Dans un futur proche
et une société dystopique, un travailleur
sans nom tente d’échapper à sa morne
vie à travers ses rêves, avec comme but
de vivre dans le monde indolore qu’il
s’est créé. Va-t-il réussir ? Car l’Etat le
surveille… » Inspiré de films comme
1984, Brazil, Blade Runner ou la série Le
Prisonnier, le récit est l’œuvre de l’expé-
rimenté chanteur Steff Perrone, qui roule
sa bosse dans le metal « made in
Switzerland » depuis un bail. Vu la nature
du projet, Steff adopte plusieurs timbres
de voix et s’en sort plutôt bien. Alors
certes, tout n’est pas parfait sur cet
album de pur heavy metal aux confins du
power et agrémenté d’un soupçon de
prog’. « Listen », par exemple, se traîne
un peu, le riff et la structure étrange de
« Grinder Of Souls » ne nous émeut pas
vraiment, tandis que « The End » laisse
aussi de marbre. Par contre, mention
« bonnes intentions à suivre » à « Plan
9 », plus travaillé et au feeling
Queensrÿche pas désagréable, mais
aussi aux agressifs « Century Of Decay »
et « Radiant In Grey » qui ouvrent l’al-
bum et permettent d’apprécier le très
bon travail du duo de guitaristes (Ced
Legger et Manu Froelicher), ou au plus
mélodique « The Blackness ».
« Outermind Travel », assez technique et
au souffle épique, fait aussi partie des
bons moments de cet opus, auxquels on
peut ajouter le virulent « The Eyes Of
The Crow » sur lequel la voix de Perrone
rappelle parfois celle du regretté Warrel
Dane. Au final, voilà un disque intéres-
sant, avec quelques passages musicale-
ment un peu en deçà (impossible de les
dissocier de l’œuvre compte tenu du
concept développé), mais plutôt plaisant
qui, espérons-le, devrait permettre aux
Genevois de faire davantage parler
d’eux à l’échelon européen. En atten-
dant, Headless Crown ne se produisant
pour l’instant qu’assez rarement en
dehors de sa Suisse natale, ne le ratez
pas au Metal Thunder Jackets Festival de
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6,5
Lyon le 21 avril avec Tygers Of Pan Tang.
MYLES KENNEDY
Year Of The Tiger
(Napalm Records/Season Of Mist)
Americana
Sortie : déjà disponible
A l’écoute de « Devil On The Wall » du
premier album solo de Myles Kennedy,
difficile de croire que ce morceau enjoué
et solaire fait partie d’un album concep-
tuel entièrement centré autour de la
mort du père du chanteur. Chaque décès
est bien évidemment un traumatisme,
mais voir son père succomber à cause de
ses croyances religieuses (en l’occur-
rence, son refus de soigner une simple
appendicite, Cf. interview du RH184) a
de quoi perturber durablement l’enfant
qui fut le témoin de cette brusque dispa-
rition. Year Of The Tiger (le père du chan-
teur de Slash et Alter Bridge est décédé
en 1974, année du Tigre dans le calen-
drier chinois) est un album ultra person-
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Date de fin de validité : / Signature indispensable :

nel sur lequel Myles Kennedy explore
des contrées musicales qu’on ne l’avait
jusqu’alors pas entendu défricher. Blues
et folk sont les deux mamelles de ce pre-
mier album solo qui, dans son ensemble,
peut sans doute être rangé dans la caté-
gorie « americana » : ce courant musical
censé englober les racines de la musique
américaine. Habilement dosé, Year Of
The Tiger voit le chanteur/multi-instru-
mentiste (il joue ici guitare, basse, man-
doline, banjo et autre guitare lap steel)
offrir à la fois des titres subtilement
dépouillés, mais aussi des morceaux qui
gagnent progressivement en intensité,
pour le plus grand plaisir des fondus
d’Alter Bridge qui y retrouveront la puis-
sance vocale de leur frontman préféré
(captivant « The Great Beyond » et ses
orchestrations classieuses, mais aussi
« Nothing But A Name » ou encore
« Love Can Only Heal »). Bien entendu,
tout le monde n’aimera pas cet album
absolument pas hard rock et encore
moins metal qui tire son épingle du jeu
grâce à une ribambelle de mélodies bien
senties (« Blind Faith », entre autres) et
achève de prouver qu’il y a décidément
plus d’une corde à l’arc de Myles
Kennedy. Après quelques concerts bri-
tanniques en mars, le musicien en don-
nera une louchée supplémentaire aux
USA au mois de mai. Espérons qu’il vien-
dra au moins en donner un ici, même si le
retour imminent de Slash et de ses
Conspirators (le groupe est actuellement
en studio) pourrait l’en empêcher. Mais
dans le genre, c’est ce qui s’appelle une
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . .7,5
très bonne nouvelle !
MOURNFUL CONGREGATION
The Incubus Of Karma
(Osmose/Socadisc)
Funeral doom metal
Sortie : déjà disponible
Entité mystérieuse venue de l’Australie
lointaine, Mournful Congregation figure,
aux côtés des Finlandais de Skepticism
et de Shape Of Despair, parmi les repré-
sentants les plus estimés d’un sous-genre
à la portée, hélas, plutôt confidentielle :
le funeral doom metal. Ecrasé sous une
imposante chape de plomb, The Incubus
Of Karma, la cinquième offrande du
quintet mené par le compositeur Damon
Good, respecte rigoureusement le cahier
des charges et les usages en vigueur.
Univers visuel empreint de religiosité,
instauration de climats austères, tempi
lents et rythmiques traînantes d’une lour-
MON ALBUM DU MOIS par EMMANUEL HENNEQUIN
LOFOFORA
Simple Appareil
(At(h)ome/Wagram)
Acoustique
Sortie : 06.04.2018
Tu es ado dans les années 1990 et ton
grand frère veut que tu prennes une
beigne, que tu passes de l’autre côté,
que tu grandisses. Cuir, cheveux ras et
manières de vaurien, le regard qui
perce. Il ne transige pas, ton frère, il a la
rage. La première châtaigne se nomme
Peuh ! (1996) ou Dur Comme Fer (1999).
Des disques qui ravagent le fond de
gosier, laissent des traces. Le truc est
assez violent, démonstratif, certains le
lui reprochent, mais toi, tu t’en fous. Il se
passe quelque chose. La mue t’emporte
et tu suivras les sentiers de cette puis-
sance crasse et imprévisible. Les années
passent, tu changes, le groupe aussi, et
un jour, tu tombes sur l’avant-dernier
album studio, L’Epreuve du Contraire
(2014). C’est un autre Lofofora, mais qui
n’a rien perdu de son sang. Ce disque
assomme. Et puis, c’est 2018. Tu as
encore pris quelques années dans les
gencives, eux aussi ; et à ta grande sur-
prise – tu ne les aurais jamais imaginé
faire ça – ils débranchent tout. C’est
Simple Appareil, une collection acous-
tique, antinomique, de ce bruit saturé
auquel tu les avais assimilés de facto.
Lorsque tu découvres le clip de « Les
Anges », un nœud creuse ton ventre.
C’est la beigne, mais dans l’autre sens.
Cette année sera particulière dans ta
relation à Lofofora, tu le sens bien.
Reuno Wangermez assume ouvertement
sa culture de la chanson (allez voir du
côté de Madame Robert). Il est enfin et
pleinement chanteur. Grain de gorge, le
souffle part du ventre et Reuno ne crie
pas, ce qui ne veut dire qu’il ne criera
plus. Il y a une vibration bashunguesque
dans « Les Anges » et Lofofora, dans ses
génuflexions boisées, pose des ques-
tions qui chavirent (« Théorème »,
confondant). Un comble, figure-toi : il y
a une évidence (!) dans ce Lofofora
débarrassé de ses réflexes. Le quatuor
délivre une autre facette. A sa propre
surprise ? Allons, la colère ne peut être
un état permanent. De là à transformer
l’essai… Wangermez lui-même dit être
surpris par la qualité de rendu. Il ne sera
pas le seul, alors c’est sûr : il n’y a plus
« un » Lofofora. Le son du groupe ne
peut plus se résumer à ce bloc épais,
aux lourdeurs éventuellement far-
ceuses. Il y a plusieurs Lofo, et Dieu
(qui ?) sait si cette gémellité s’hybridera
un jour en un son unique. Ce qui est sûr,
c’est qu’il vient de se produire une
transformation. Mais un fond de colère
reste et qui gronde, autant qu’une philo-
sophie : ne jamais faire les choses à moi-
tié. Et ce nouveau choix est aussi radical
que les précédents. C’est un disque en
forme de petit diamant, à la fois curio-
sité et peut-être point d’orgue dans la
discographie du groupe. Catherine
Ringer, entends-nous : ces gars sont
pour toi, chante avec Reuno. Simple
Appareil est une surprise totale. Un
disque sensible, chamanique (« Le mar-
tyr ») et touchant comme peut-être
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .8,5
aucun autre avant lui.
deur abyssale, voix death caverneuses et
murmures solennels et froids, claviers
distants dispensant une aura funeste,
rien ne manque à l’appel. Mais ce qui fait
la grandeur et toute la personnalité du
groupe, qui bénéficie comme de cou-
tume d’une production limpide et parfai-
tement adaptée, ce sont ses soli harmo-
nisés aux mélodies crève-cœur ressem-
blant à des oiseaux malades qui, attirés
par une gravité imposante et inexorable,
ne parviennent jamais à prendre leur
envol bien longtemps. Vous l’aurez
deviné, The Incubus Of Karma ne donne
pas dans la joie de vivre et s’apparente
plutôt à une lente traversée sur un océan
de détresse. Pourtant, tout n’est pas si
noir : comme de coutume, la formation
prend la peine d’aérer son propos avec
un titre éponyme acoustique, et en dépit
du climat étouffant de l’œuvre, son
talent d’écriture donne naissance à des
montées en puissance magnifiques qui
rendent l’expérience sonore prodigieu-
sement immersive. On se sent très vite
chez soi dans cet univers cotonneux où
les rythmiques alanguies et indolentes se
parent de mélodies superbes et chan-
tantes (« The Indwelling Ascent », l’ou-
verture et la conclusion tragique de « A
MON ALBUM DU MOIS par FRANÇOIS BLANC
MONSTER MAGNET
Mindfucker
(Napalm Records/Season Of Mist)
Hard rock/stoner
Sortie : déjà disponible
Monster Magnet est un quintet imprévi-
sible, une entité qui se plaît à changer
de visage au gré des albums et des
humeurs de son maître à penser et
génial compositeur. Après s’être livré à
diverses expérimentations et élucubra-
tions sonores, le guitariste, chanteur et
sorcier en chef Dave Wyndorf s’est enfin
décidé à plancher sur le successeur du
spatial et très réussi Last Patrol (2013) et
a choisi, pour l’occasion, de renouer avec
ses influences premières. Mindfucker –
dont le patronyme laissait présager
quelque chose d’infiniment plus impro-
bable et bizarre – constitue donc une
sorte d’hommage au rock et au proto-
punk de Detroit que le bougre écoutait
dans sa jeunesse, au début des années
70 (MC5, The Stooges, etc.). Se détachant
bien souvent de la lourdeur du stoner
auquel il est généralement associé,
l’Aimant Monstrueux assure ici un retour
aux fondamentaux, la touche psychédé-
Picture Of The Devouring Gloom… »,
véritable monument du genre) qui témoi-
gnent d’un savoir-faire stupéfiant.
Certes, cette lenteur atone, ces riffs
pachydermiques et cette apparente
monotonie risquent bien de laisser la
majorité des auditeurs sur le carreau,
mais nous suggérons tout de même aux
âmes mélancoliques et aux amateurs de
doom et d’émotions fortes de tenter
l’expérience, The Incubus Of Karma
tenant la dragée haute aux meilleurs tra-
vaux de la formation qui, depuis le réfé-
rentiel The Monad Of Creation (2005),
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .8
n’a de toute façon jamais déçu.
THE OSIRIS CLUB
The Wine-Dark Sea
(Indie Records/Season Of Mist)
Rock occulte et progressif
Sortie : déjà disponible
Voici la réponse progressive à la vague
« occult rock » qui s’est abattue sur nous
avec le succès de The Devil’s Blood et
plus encore celui de Ghost ! Si ces forma-
tions avaient décidé de s’armer de mello-
trons et revendiquaient Rush autant que
The Cardiacs, elles s’appelleraient The
lique en plus. On ressent l’influence
d’Hawkwind, de Cream et de Jefferson
Airplane à l’écoute de certaines envolées
de guitares brillantes et échevelées, ou
dans certains effets de productions qui
amplifient les résonnances du chant et
donnent l’impression que la voix de
Wyndorf émane d’un espace très loin-
tain, aux frontières de l’imagination.
Mais pour le reste, c’est à du rock’n’roll
pur et simple, teigneux, vivant et dyna-
mique, que nous avons droit ! Jouer la
carte du dépouillement est un pari osé,
qu’on ne peut espérer réussir sans avoir
dans sa besace des compositions vrai-
ment solides. Voilà qui tombe bien :
Mindfucker en regorge ! Les refrains sont
accrocheurs (« I’m God », le dynamique
« Rocket Freak », qui ouvre les hostilités
de façon très directe), les soli créatifs (on
songe parfois à Ace Frehley de Kiss), les
rythmiques font taper du pied, les chan-
sons se suivent et ne se ressemblent pas
et surtout, l’ensemble groove comme
pas possible. Le timbre éraillé et très
personnel de Dave Wyndorf fait mouche
sur l’obsédant « Drowning », porté par
un leitmotiv vocal entêtant et qui gagne
en puissance via une montée exemplaire,
le titre éponyme laisse jaillir du mixage
une ligne de basse graisseuse et savou-
reuse à souhait qui rappelle l’immortel
Black Sabbath… Et les paroles, pour peu
qu’on les comprenne, sont toujours aussi
visuelles et savoureuses. Monster
Magnet a depuis longtemps prouvé qu’il
méritait sa place au panthéon du stoner,
mais on découvre ici qu’il est tout aussi à
son aise dans un domaine d’expression
plus dépouillé et, paradoxalement,
encore plus exigeant. La marque des
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .8
grands, assurément !
Osiris Club. Ces derniers partagent éga-
lement avec ces sensations musicales et
médiatiques un certain sens (culte,
même) du secret et de la mise en scène,
parfaitement raccords avec une
approche très théâtrale de leur art : ils
n’hésitent pas à citer H.P. Lovecraft ou
Cult autant que le « groupe à Papa », et
il ne faut que quelques minutes pour se
dire qu’on est tombés sur une formation
qui a vraiment « quelque chose ».
Impression confirmée avec « Island Of
Stone », sur lequel le chant décomplexé
de l’invité de marque Kristoffer Rygg
(Ulver, Arcturus) nous ramène à And You
Will Know Us By The Trail Of Dead… tan-
dis que les arpèges de guitares de
Raf Reutt et Chris Fullard (déjà rencontré
chez Ulver et Knifeworld) dessinent des
enchevêtrements complexes dignes de
King Crimson. Les quelques parties de
saxophone d’Hanna Pettersson ajoutent
bien entendu à ces parallèles. Mais la
force de ces Londoniens est aussi de pio-
cher dans un héritage plus « jeune »
Continuant à jouer de mystère, le
« Club » invite un nouveau chanteur, sous
le pseudo de Simon Oakes (le dirigeant
de la Hammer, studio de cinéma d’épou-
vante récemment ressuscité) : difficile de
dire qui se cache derrière les lignes du
planant « Citadel Of The Fly » (on pense
aux premiers Porcupine Tree) ou du très
Genesis première époque « A Winters
Night On Sentinal Hill », qui dérive sur
dix minutes vers une apocalypse
gothique puis mystique. Peu nom-
breuses sont les formations ayant cette
faculté de flirter avec les ambiances et
les facettes avec facilité, mais c’est indé-
niablement le cas de The Osiris Club qui
fait osciller ce The Wine-Dark Sea telle la
divinité solaire et funéraire à laquelle il
matique de la verdoyante Irlande.
Pourtant, aux premières écoutes, ce
Exile Amongst The Ruins a de quoi
décontenancer. Tout d’abord, on est
étonné par cette production plus crue et
modeste, à mille lieux du côté dense et
moderne de Where Greater Men Have
Fallen (2014) (dont la caisse claire cla-
quante ne nous manque pas le moins du
monde !). Ensuite, on découvre ce côté
« esquissé » et spontané dont parlait le
féroce chanteur Alan Nemtheanga dans
nos pages et qui dessert parfois le pro-
pos. Difficile de justifier le final abrupt et

DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
d’une décennie. C’est flagrant sur « The emprunte son nom !
Hopeless Distance » et « Mausoleum »,

Alan Moore comme références théma-
tiques ou textuelles, et les sombres
pochettes de leurs disques illustrent
aussi de telles influences. Nous les
avions… occultés pour leur premier
essai, The Blazing World (2014), mais
impossible de faire l’impasse sur ce
deuxième essai, et ce même si ce splen-
dide The Wine-Dark Sea est déjà en bacs.
Le tonitruant « Wormwood Grange »
débute avec son riff ronflant et son cla-
vier entêtant qui respire le Blue Öyster
dont le son de six-cordes aigrelet et la
basse hypnotique empruntent claire-
ment à Siouxsie And The Banshees et
Bauhaus. De même, quelques emprunts
à Voivod (« The Signal), voire Killing
Joke, continuent de nous persuader que,
décidément, ces musiciens se cachant
derrière des masques de corbeau (une
spoliation de nos français d’Abduction,
quelle honte !) ont vraiment bon goût.
Tout ce melting pot, associé à un sens
quasi-pop de la mélodie et du format
court, compose une formule irrésistible
et quasi-immédiate d’accès (rageur et
impeccable « Ringing The Changes »).
PRIMORDIAL
Exile Amongst The Ruins
(Metal Blade/Sony Music)
Pagan metal
Sortie : déjà disponible
Bien rares sont les entités qui peuvent se
targuer d’avoir réussi d’aussi beaux
enchaînements d’albums que Primordial.
Certes, tous les morceaux ne se valent sec de « Nail Their Tongues », par exem-
pas, mais depuis Spirit The Earth Aflame ple, et le nostalgique « Stolen Years »
(2000), le troisième disque du quintet, aurait mérité plus de substance et de raf-
rien n’est à jeter dans la riche discogra- finement dans ses soli, qui souffrent
phie de la formation metal la plus emblé- d’une écriture quelque peu paresseuse.
Enfin, après trois albums consécutifs
exaltant majoritairement la face la plus
fière et belliqueuse de Primordial, c’est
une surprise de voir le groupe s’en
retourner à la dimension tragique, à la
digne résignation et à l’orgueil blessé du
brumeux et référentiel The Gathering
Wilderness (2005). Mais quoiqu’il en soit,
impossible de ne pas trouver notre
compte avec cet album : la guitare acous-
tique de « Where Lie The Gods » et ses
mélodies hantées s’inscrivent dans la plus
pure tradition des Irlandais (« The Dark
Song » n’est pas si loin), « Last Call »
bénéficie d’un final entêtant absolument
admirable, et si Alan continue à exploiter
le registre vocal qu’il connaît déjà si bien,
sa conviction légendaire s’avère toujours
aussi communicative. La surprise initiale,
renforcée par des titres franchement
inhabituels (le doux « Stolen Years » bien
sûr, mais aussi Sunken Lungs » porté par
un motif de batterie inhabituellement
complexe et le rafraîchissant « To Hell Or
The Hangman », exaltant et très entraî-
nant car servi par un rythme binaire et
une basse galopante) s’estompe au fil
des écoutes pour laisser place à l’admira-
tion : même lorsqu’il opte pour des
atours plus modestes et se permet de
jouer la carte de la spontanéité,
Primordial demeure un artisan pétri de
talent, habile pourvoyeur d’émotions
MON ALBUM DU MOIS par CHARLELIE ARNAUD
SCARLEAN
Ghost
(Mystyk Prod/Season Of Mist)
Dark metal mélodique
Sortie le : 25.05.2018
Cela commence tout en douceur par un
« Prelude » éthéré qui monte lentement
jusqu’à son apogée. Ensuite, comme il
est de coutume de le dire dans les des-
criptions des vidéos de chatons sur le
Net, « ce qui suit va vous étonner ».
Ladies and gentlemen, please welcome
Scarlean ! « Am I This One » pose tout
de suite les bases de l’heure qui va sui-
vre : une rythmique millimétrée, une
production énorme à la froideur volon-
tairement clinique, et enfin un chant qui
vous emmène loin avec lui en à peine un
demi-morceau. Passé le premier refrain,
la séduction a opéré, le choix n’est plus
de mise, il vous faudra écouter l’album
jusqu’au bout du bout. Et les tubes
s’égrènent, inlassablement. Le quintette
d’Avignon n’a pas inventé un genre à
proprement parler. Quelques références
fortes, qui met toujours son savoir et ses
multiples talents au service d’un metal
épique et exigeant. Certes, Exile
Amongst The Ruins mérite un effort sup-
plémentaire de la part des auditeurs,
mais la récompense est à l’avenant et,
une fois de plus, c’est avec délectation
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . .7,5
qu’on se laisse submerger… Et engloutir.
RIOT V
Army Of Light
(Nuclear Blast/PIAS)
Heavy power metal
Sortie : 27.04.2018
Rassurés par le bel accueil réservé à
Unleash The Fire en 2014 (premier album
paru sous le nom de Riot V, une forma-
tion continuant de perpétuer l’œuvre du
regretté Mark Reale, guitariste fonda-
teur de Riot décédé en 2012), nos cinq
compères et leur « mascotte phoque »
Johnny reviennent à l’assaut avec Army
Of Light. Petite mise en garde en préam-
bule : si vous êtes allergique aux grosses
caisses de batterie outrageusement trig-
gées, passez votre chemin, celles de
Frank Gilchriest bénéficiant d’un traite-
ment exagéré à cet égard. Néanmoins,
avouons que le résultat colle parfaite-
ment aux parties les plus power du
répertoire de Riot V, qui truste les deux
viennent à l’esprit ci et là : Dreadful
Shadows, Katatonia, The Old Dead Tree,
ou encore cette science des chœurs et
des refrains que ne renierait pas Nicolas
Chapelle de Demians. Mais la véritable
force de Scarlean est un talent d’écriture
absolument remarquable qui offre à cha-
cun des douze titres son propre gimmick
bien entêtant (le treizième titre est une
version live acoustique de « Get Away
From Me » présent en version « nor-
male » en milieu d’album). Ghost
compte au bas mot six ou sept singles
potentiels : « Am I This One », « No
Need To Refrain », « Miracle Lovers » (et
son couplet très Toolesque), l’atmosphé-
rique et quasi-électro « Lifetime » qui
rappelle certains titres soft d’Incubus,
« Try Like Everyone Tries » (la réponse
française aux défunts Suisses de
Sybreed), ou encore « Forsaken By Love »
qui a d’ailleurs fait l’objet d’un clip très
réussi (tout comme « Miracle Lovers »). Le
maître à penser de tout ce beau travail
s’appelle Alexandre Soles. Chanteur,
compositeur, parolier, responsable de
l’artwork, etc., l’homme a du goût, un
sacré talent, et a su choisir des acolytes à
la hauteur de ses ambitions. Ghost est un
disque d’une grande cohérence, mar-
quant par son esthétique sonore et la
beauté glaciale qui s’en dégage, une
vraie réussite au charme vénéneux. Si la
suite des aventures de Scarlean est à la
hauteur de ce premier album, nul doute
que le metal français vient de se trouver
un nouveau représentant porteur d’espoir
et aisément exportable. Un très grand
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . .8,5
bravo pour un bien bel album !
tiers de cet album. En schématisant, Don
Van Stavern, le bassiste du gang, est
l’auteur de presque tous les morceaux
aux tempi rapides, alors que Mike Flyntz,
le guitariste et partenaire du regretté
Reale de 1989 à son décès, signe les
titres plus mélodiques. Ainsi, « Victory »
(dont les cavalcades de guitares rappel-
lent vaguement celles du « The Trooper »
d’Iron Maiden), « End Of The World »,
« Messiah », « Angel’s Thunder, Devil’s
Reign » (à la grosse intro de basse et aux
« ho ho ho » d’un autre temps), « Heart
Of A Lion » et « Armor Of Light » s’en-
chaînent comme à la parade, à peine
contrastés par le plus modéré « Burn The
Daylight », œuvre cosignée par Flyntz et
l’incroyable Todd Michael Hall, vocaliste
MON ALBUM DU MOIS par DJUL
TESSERACT
Sonder
(K-Scope/Wagram)
Djent planant et progressif
Sortie : 20.04.2018
Malgré le retour de son vocaliste d’ori-
gine, Daniel Tompkins, TesseracT a
continué à se détacher du mouvement
djent au fil des albums. C’est ainsi que
Polaris, paru en 2015, faisait la part
belle aux ambiances éthérées. Une évo-
lution plaisante, mais parfois un poil
paresseuse et moins convaincante que le
fabuleux Altered State (2013) qui nous
avait bluffés avec ses interventions de
saxophone et son impressionnante
cohésion sonore. Peut-être conscients
de ne pas avoir totalement transformé
l’essai, les Anglais proposent, avec le
petit dernier Sonder, une approche
légèrement conceptuelle (à savoir des
thèmes communs, mais pas une histoire
encadrant tout le disque) et surtout
sonore, à rapprocher de cet avant-der-
aux capacités assez hallucinantes. Une
succession de boulets de canon efficace,
certes, mais dommageable pour l’équili-
bre de l’album si l’on considère que c’est
dans la dernière partie de l’opus qu’on
retrouve les titres les plus mélodiques et
proches, dans l’esprit, du Riot pré-
Thundersteel. En effet, « Set The World
Alight », un mid-tempo au refrain
éblouissant et aux soli non moins radieux
et « Ready To Shine » s’avèrent bien
moins frondeurs que leurs prédéces-
seurs, tout comme le lourd et surprenant
« Caught In The Witches Eye » avec sa
section de cuivres discrète mais bienve-
nue (une première depuis le controversé
The Privilege Of Power en 1990) et, dans
une certaine mesure, un « San Antonio »
(bel hommage à une ville phare dans la
carrière du groupe) basé sur une
musique de Mark Reale restée inutilisée
jusqu’à ce jour. Army Of Light se termine
par l’un des meilleurs morceaux « bas-
ton » de l’album, « Raining Fire », à la
limite du thrash. Alors, même si l’agence-
ment de cet opus a de quoi surprendre,
que cela ne vous empêche pas d’appré-
cier la qualité intrinsèque de cet ensem-
ble ultra solide concocté par une forma-
tion qui poursuit son chemin avec
dignité, sans faire offense ou honte à
l’héritage de Mark Reale. A noter : la ver-
sion limitée contient un titre bonus
(« Unbelief »), une relecture de
nier album. Des titres magnifiques
comme « Mirror Image » et « The
Arrow » démontrent ainsi que, malgré
les a priori, on peut combiner riffs à sept
cordes ou plus et mélodies mémorables.
Sur le planant « Orbital », Tesseract
démontre aussi qu’il a plus d’une…
corde à son arc en lorgnant très claire-
ment sur les terres de la musique
ambient et en multipliant les couches
sonores. Et, bien entendu, les Anglais
savent toujours manier les coups de
boutoir rendus célèbres par la basse
imposante d’Amos Williams qui domine
le mixage de la tête et des épaules, et
ce, dès l’introductif et pesant
« Luminary ». Daniel Tompkins est, quant
à lui, toujours aussi à l’aise au micro, et
sa voix calme et apaisée fait merveille
sur « King » et « Juno ». Il ne fait pas de
doute que ce dernier a « importé » son
expérience au sein du collectif White
Moth Black Butterfly auprès de son
groupe principal. Cela ne l’empêche pas
de s’essayer, à nouveau et de manière
convaincante, au growl sur l’abrasif
« Smile ». Allant à l’essentiel, ce disque
évite les digressions ou les titres inutiles
qui avaient un peu plombé le rythme de
Polaris. On sent bien que chaque pas-
sage a été pensé, puis poli en studio.
Alors, pourquoi se forcer à en faire plus
lorsque ces 37 minutes se suffisent à
elles-mêmes, à l’image de la classieuse
illustration minimaliste qui l’accom-
pagne ? Il ne reste plus, à ceux qui dou-
tent encore, qu’à se faire leur idée lors
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
du Hellfest !

« Thundersteel » et un CD 13 Titres
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7,5
capté en 2015 au Keep It True Festival.
SILVERTRAIN
No Illusion
(Brennus/Socadisc)
Metal
Sortie : déjà disponible
Que de changements au sein de
Silvertrain en deux petites années à
peine ! Début 2016, le très bon Walls Of
Insanity, successeur de Silvertain (2014),
présentait une formation que nous pen-
sions solidifiée autour du chanteur Phil
Yborra (fondateur du groupe en 1978 et
dernier membre originel du combo) et
du guitariste Mat Colin, que venaient de
rejoindre le bassiste Patrick Gaudron et
le batteur Romaric Rzucidio (bien qu’ils
n’aient pas participé à l’enregistrement
de l’album). Ce disque, produit par Fred
Dusquesne (Mass Hysteria), comprenait
également deux invités de marque :
Mike LePond (bassiste de Symphony X et
Ross The Boss) et le guitariste bluesman
Fred Chapellier. Depuis, un gros ménage
a eu lieu : si l’on retrouve évidemment
Phil Yborra au chant, exit la totalité des
musiciens ayant œuvré sur Walls Of
Insanity, respectivement remplacés par
les jeunes Florian Merindol, Sébastien
Hinderschiett et Alex Dumas. Aucun
invité à signaler sur cet opus cette fois-ci
produit par le tandem David et Franck
Potvin, frangins et musiciens au sein de
Lyzanxia et One-Way Mirror (deux forma-
tions en sommeil), et responsables d’une
pléiade de productions dans leur Dome
Studio. Au regard de tels bouleverse-
ments, nous pouvions nous attendre à
quelques changements au niveau musi-
cal, et c’est bien le cas. Plus rentre-
dedans et plus foncièrement metal que
les compositions mélodiques déjà très
abouties figurant sur Walls Of Insanity,
No Illusion se démarque de son prédé-
cesseur. Les rythmiques et les riffs, plus
saccadés et plus actuels, risquent peut-
être de décontenancer certains fans du
combo, même si la voix de Phil reste un
fil conducteur fort et puissant entre
toutes les époques et évolutions de
Silvertrain. Mais cette nouvelle mouture
ne manque pas de caractère, comme le
prouvent les plombés « Spirit Of Evil » et
STONE TEMPLE PILOTS
« No Illusion », les fougueux « Blackout »
et « Infernal Obsession » (sur lequel
Florian Merindol met particulièrement en Stone Temple Pilots
lumière ses qualités de guitariste, diffé- (Rhino/Warner Music)
rentes de celles de Mat Colin, mais tout Rock/hard rock
aussi remarquables) ou encore « The Sortie : déjà disponible
Sons Of Darkness » et « A World Of Deuxième album homonyme de rang – le
Appearance », dotés de très bons précédent était sorti en 2010 – mais plus
refrains. « Resurgence », avec son tout à fait le même groupe. Les deux
chouette riff aux saveurs orientales, fait grandes voix de l’histoire ne sont plus.
aussi très bonne figure, alors que « I’m L’intérimaire Chester Bennington a fait le
Looking For You » s’avère sûrement la
composition les plus émouvante du
groupe. Enfin, cerise sur la locomotive,
« Keep The Flame », titre initialement
sorti en 45 Tours en 1981, est ici très lar-
gement revu et corrigé avec un son fort
différent, une nouvelle introduction,
mais aussi des paroles partiellement révi-
sées… en mémoire de Chris Lane, guita-
riste et compositeur de ce morceau,
décédé en 2013… A noter également
que si Walls Of Insanity renfermait un
titre chanté en français, « Pacte De
Sang » (une première dans la carrière du
groupe), celui-ci semble destiné à rester
une parenthèse dans la discographie du
combo, puisqu’ici tous les morceaux sont choix de quitter le monde en 2017, Scott
déclamés en anglais par Phil Yborra. Ne Weiland est mort en 2015, et parmi leurs
manque plus que le public se rende enfin orphelins figure ce Stone Temple Pilots
compte que Silvertain, dont le son et la qui veut dépasser le moment. Il le fait à
personnalité n’ont quasiment plus rien à sa manière, avec intelligence, groove, et
voir avec ceux de ses débuts, est un une sacrée dose d’envie. Une autre voix,
groupe vivant plus que jamais dans le celle de Jeff Gutt, a donc pris la main. Ce
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
présent et non une relique du passé. n’est plus comme avant, et pourtant, il se
passe quelque chose. Un petit miracle :
ce son a quelque chose de terriblement
naturel. Limpide. Comme si tout coulait
de source. Sans doute parce que c’est le
cas, parce qu’ils ont réappris à vivre et à
jouer ensemble. Le son dans sa globalité
est plutôt rond (certains regretteront
peut-être un peu l’orientation de la pro-
duction), mais les mélodies fonctionnent
si bien qu’on se prend parfois à croire
que Jeff, ce nouveau frontman, fait par-
tie de Stone Temple Pilots depuis des
lustres. C’est pourtant loin d’être le cas.
Le moment n’en est que plus marquant :
le chanteur, ex-sélectionné du X-Factor
américain, impose verve chaloupée au
sein d’une collection de titres pleins de
groove et de chaleur. Les tonalités
bluesy et le mordant retenu de choses
telles que « Just A Little Lie » vous don-
neraient presque envie d’enquiller avec
Down On The Upside de Soundgarden
ou un bon vieux Stevie Ray Vaughan. Un
feeling classique baigne toute cette
musique (« Roll Me Under », « Guilty » et
« Never Enough », vivifiants). Les bal-
lades, elles, ont une souplesse pop
(« Thought She’d be Mine », aussi lumi-
neuse que « Finest Hour ») et le collectif
réussit cet exploit de nous faire oublier
le passé récent, traumatique. Il est sim-
plement resté un groupe : les frères
DeLeo tiennent la rampe avec le batteur
Eric Kretz, et même s’il subsistera tou-
jours une opinion de méfiance vis-à-vis
d’un son ne pouvant plus être associé à
Weiland (congédié en 2013), l’album
force notre optimisme : ce Stone Temple
Pilots a encore de la vie en lui (le single
« Meadow »), et ne pas reconnaître son
inspiration à l’écoute du cru 2018 serait
simplement une malhonnêteté de notre
part. Plus rien n’est vraiment comme
avant, peut-être, mais tout reste possible
à un moment où les espoirs pouvaient
s’envoler. Gutt rouvre une projection et
sa qualité de présence permettra au
groupe de défendre sa musique correc-
tement sur scène. Une mémoire ne s’en-
tretient jamais mieux que lorsque les
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .7,5
choses restent vivantes.
PS : Interview dans notre prochain
numéro. Eh, oui !
TRUST
Dans Le Même Sang
(Verycords/Warner Music)
Rock/hard
Sortie : déjà disponible
Après avoir sillonné l’Hexagone en long,
en large et en travers, Trust ajoute une
étape logique à son retour : un nouvel
album studio, le premier publié depuis
une décennie. Pour l’occasion, c’est rien
moins que Mike Fraser, ingénieur du son
bien connu pour ses réalisations avec
AC/DC ou encore Metallica, qui a été
embauché pour se charger du mixage de
ce nouvel opus intitulé Dans Le Même
Sang. Précisons que le Canadien ne l’a
pas produit, c’est à dire qu’il n’a pas été
impliqué dans l’enregistrement du
disque, réalisé en conditions live dans la
salle des fêtes de Saint-Ciers-sur-Gironde
(Cf. interview en ces pages). Toutefois, le
simple talent de « mixeur » de cette
pointure reconnue de tous est suffisant
pour doter l’album d’une mise en son de
qualité, dotée d’un peps qui manquait à
son prédécesseur (13 A Table/2008). Du
beau boulot ! Conséquence logique :
l’ombre d’AC/DC plane d’autant plus au-
dessus de certains riffs. Celui de
« Démocrassie », par exemple, qui n’est
pas sans évoquer « Go Down », un titre
millésimé 1977. Tiens, l’année de nais-
sance de Trust, justement.
« Démocrassie » incarne bien cet album
doté des guitares caractéristiques sorties
de l’ampli d’un Norbert « Nono » Krief
dont le jeu est plus gorgé de feeling que
jamais et d’un chant hargneux, mais
« pas que ». Le grain de voix et la
gouaille légendaires de Bernie Bonvoisin
sont reconnaissables entre mille, mais un
air de Dutronc, voire de Bashung, émane
aussi de certains passages. Tout ça est
passé à la moulinette Trust et nous
donne un album localisé quelque part
entre hard rock, ou « rock hard », et
variété française. Un sentiment renforcé
par la présence, sur plusieurs titres, de
choristes féminines rarement entendues
dans les sphères « hard » et dont la sim-
ple évocation suffit à crisper certains.
Pourtant, et pour peu qu’on soit suffi-
samment ouvert d’esprit, cette rencon-
tre musicale donne droit à de bons
moments, notamment sur « Le
Gouvernement Comme Il Respire ».
Votre serviteur est moins convaincu par
l’ode à la musique colombienne qu’est
« Caliente », l’autre OVNI de l’album
qu’est cette reprise de Piaf (« J’m’en
Fous Pas Mal ») sur laquelle Trust ralentit
le tempo étant nettement plus intéres-
sant. C’est aussi du sur-mesure pour un
Bernie Bonvoisin qui aurait certainement
pu écrire « Ce que les gens pensent de
vous/Ça m’est bien égal/J’m’en fous » !
Bien sûr, les plus directs, voire frontaux
« Fils De Pute, Tête De Liste » et « F-
Haine », diatribe dopée aux Sex Pistols
(« God Save The Queen », es-tu là ?),
sont encore plus efficaces. Grand écart
musical parfaitement assumé, Dans Le
Même Sang est aussi marqué au fer
rouge par la prose pas piquée des vers
d’un Bernie Bonvoisin qu’on aime enten-
dre en colère. Elles sont désormais loin,
les années Pathé-Marconi, mais il ne faut
clairement pas compter sur Bernie pour
servir la pâtée aux bons chien-chiens de
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . .7,5
la Macronie. Et c’est très bien ainsi.
REEDITIONS
MARILLION
Brave (Deluxe Edition)
(Parlophone/Warner)
Rock progressif
Sortie : déjà disponible
Le 21 juillet 2017 sortait une réédition
Deluxe de Misplaced Childhood, premier
concept-album de Marillion originelle-
ment paru en juin 1985 (Cf. chronique
RH179). Brave (1994), son deuxième
opus conceptuel, bénéficie aujourd’hui
de ce même traitement de faveur.
Dixième des charts anglais (une prouesse
que Marillion n’a réitérée qu’en 2016
lorsque FEAR en a décroché la quatrième
place), cet opus remarquable chanté par
Steve Hogarth (et non Fish) a déjà, tout
comme Misplaced Childhood, eu les hon-
neurs d’une réédition en format double
CD en 1998, sur laquelle figuraient des
démos, une jam, un instrumental inédit et
des versions acoustiques. Si vous la pos-
sédez, ne vous en débarrassez surtout
pas car ces bonus ne figurent pas au
menu de cette édition Deluxe. Cette der-
nière, pourtant, vaut vraiment le détour,
ainsi qu’en atteste son menu : un premier
CD propose un Brave remixé par l’incon-
tournable Steven Wilson (King Crimson,
Yes, Tears For Fears, etc.) qui se veut plus
intéressant que le travail de remastering
réalisé sur Misplaced Childhood, l’Anglais
ayant, cette fois-ci car il disposait de
davantage de matériel brut, pu remode-
ler l’œuvre plus en profondeur. Les fans
passeront donc des heures à comparer
cette nouvelle version et le mix originel
de Dave Meegan figurant le CD2. Les
CD3 et 4 justifient à eux seuls l’achat de
ce coffret car ils retracent le concert
donné à la Cigale de Paris le 29 avril
1994, dont une partie – c’est vrai – figu-
rait déjà sur l’album live Made Again
(1996) aujourd’hui épuisé, mais est ici
remixé par Michael Hunter et présenté
dans son intégralité (soit avec pas moins
de neuf titres bonus !). Le groupe, à
l’époque, avait donné trois shows à Paris
(les 28, 29 et 30 avril), des soirées dont
votre serviteur (et certainement tous les
autres spectateurs présents) garde un
souvenir ému tant le spectacle présenté
s’avéra puissant et incroyablement émo-
tionnel. La première partie de ces sets
voyait en effet les Anglais jouer Brave
dans sa totalité, Hogarth, totalement
investi, incarnant le personnage central
de l’histoire avec une maestria et une
conviction bluffantes. Quel régal, donc,
de pouvoir, à la grâce de ces deux CDs,
revenir 24 ans en arrière dans cette
Cigale bondée, respectueuse et totale-
ment sous le charme ! La cinquième ron-
delle contenue dans ce coffret rehaussé
d’un livret de 60 pages (avec photos
d’époque, textes et article – intéressant –
du journaliste Philip Wilding) n’est autre
qu’un Blu-ray bourré jusqu’à la gueule :
on y trouve le remix de Steven Wilson en
format 5.1, la fin « triste » alternative de
l’album (« The Great Escape (Spiral
Remake) »), trois clips (« The Great
Escape », « The Hollow Man », « Alone
Again In The Lap Of Luxury ») et It All
Began With The Bright Light, un docu-
mentaire retraçant la genèse du disque.
Accompagnés du producteur Dave
Meegan, les cinq musiciens y ressassent
leurs souvenirs avec émotion et humour,
décortiquant ce chef d’œuvre sous toutes
ses coutures : concept, titres de travail
(« Sex Groove » étant le meilleur du lot !),
grigris sonores, anecdotes relatives aux
sessions françaises d’enregistrement au
Château Marouatte, pochette, fin alter-
native, concerts, Brave The Film, etc.,
tout est ici passé en revue à l’aide
d’images d’archives (photos et vidéos) et
d’extraits d’interviews d’époque.
Hogarth amuse la galerie en se remémo-
rant une discussion avec Meegan alors
que l’enregistrement s’éternisait :
- Dave, on commence vraiment à
flipper, ça prend trop de temps !
- Les gars, vous voulez faire un
album ou un chef d’œuvre ?
- Hum…. Ok, prends le temps qu’il
te faut !
Non sous-titrées (ce qui, hélas, laissera
certains fans sur la touche), ces 70
minutes passionnantes raviront à coup
sûr les fans de cette œuvre splendide lar-
gement aussi réussie que son prédéces-
seur de concept. Un coffret chaudement
recommandé !
PHILIPPE LAGEAT
PARADISE LOST
Host
(Nuclear Blast/PIAS)
Rock sombre, darkwave
Sortie : déjà disponible
17 mai 2001, Vosselaar, Belgique. Ce soir,
Paradise Lost joue au Biepop et, dans les
loges, Nick Holmes amuse la galerie avec
cet humour centième degré qui le carac-
térise : « Dès qu’on va poser une pêche
dans les chiottes d’une salle, on écrit
invariablement au marqueur sur la porte

des W.C. : « Paradise Lost rules, thank
you for Host ! ». Comme si c’était un fan
qui l’avait écrit. C’est cool car ça fait chier
ceux qui n’ont pas aimé l’album ! ».
Holmes essaie d’en rire, mais à y regarder
de plus près, le cœur n’y est pas vraiment.
Car en 1995, avec Draconian Times a
tutoyé les sommets, cet album raflant les
premières places du référendum des lec-
teurs de presque tous les mags spécialisés.
La sacrosainte bible Kerrang a même
accordé sa une au groupe anglais, le
taxant au passage de « nouveau
Metallica ». Deux ans plus tard, une partie
des fidèles a hurlé à la lune en découvrant
le pourtant sublime One Second (1997),
Holmes ayant décidé de remiser les growls
au placard pour adopter une voix claire.
Mais c’est deux ans plus tard, après avoir
quitté Music For Nations et signé chez la
major EMI, que Paradise Lost a définitive-
ment créé le « scandale » en publiant Host
(1999). Avec sa pochette glacée et sa
musique au diapason, cet album marquait
en effet une nette rupture avec les œuvres
passées du combo, le groupe y abandon-
nant le metal pour distiller un rock froid,
un tantinet désincarné, aux atours synthé-
tiques, façon Depeche Mode (« Behind
The Grey », « So Much Is Lost », etc.), voire
Nine Inch Nails (« Wreck »), et rehaussé de
violons, violoncelles, mais aussi d’une
boîte à rythmes, de samples et de backing
vocals de la chanteuse Shereena Smith.
Evidemment, comme un seul homme, ou
presque, le public metal avait rejeté en
bloc. Pensez donc, ces jeunes gens por-
taient désormais « le cheveu court »,
ultime preuve de trahison au metal et de
soumission au dieu dollar. Tout faux car le
mélancolique et « commercial » Host, loin
d’enrichir Paradise Lost, l’a projeté dare-
dare dans les affres d’un enfer que sa
qualité intrinsèque aurait dû – si justice il
y avait – lui éviter. Ce disque, en effet,
avait probablement « contre » lui d’être
un poil en avance sur son temps car, par
ailleurs, il ne renferme quasiment que de
bons titres (« Made The Same », « In All
Honesty », « Nothing Sacred »,
« Permanent Solution »). C’est ce que
semble avoir compris Nuclear Blast, le
nouveau label de nos amis rosbifs,
puisqu’il le réédite aujourd’hui dans une
version digipak verte (quand le visuel ori-
ginal était bleu et glissé dans un boîtier
cristal) qui a pour elle d’avoir été resma-
térisée en 2017 par Jaime Gomez
Arellano, le producteur des deux derniers
albums du Lost (The Plague Within/2015,
Medusa/2017). « Remastérisée » ne signi-
fiant pas « remixée », cette réédition vaut
surtout pour qui ne possède pas encore
ce disque, les autres – s’ils ne sont pas
collectionneurs – pouvant aisément s’en
passer car les différences ne sont que très
peu perceptibles aux non-initiés. Il est
toutefois à noter que c’est la première
fois que Host est disponible en format
digital, mais aussi en vinyle (Cf. rubrique
« Musée de cire »). On attend désormais,
avec bien plus d’impatience, la réédition
d’un Believe In Nothing (2001) qui, tota-
lement remixé à partir des bandes mas-
ters, devrait pour sa part bénéficier d’un
lifting digne de ce son. Voire d’une totale
relecture.
PHILIPPE LAGEAT
92
DVD
AYREON UNIVERSE
The Best Of Ayreon Live
(Music Theories Recordings/
Mascot Label Group/Wagram)
On sait combien le
Néerlandais Arjen Lucassen
n’est pas friand des concerts. Depuis les
années 2000 et la tournée Star One, ce
dernier avait même fait une croix sur
l’exercice, quitte à laisser certains de ses
projets vivre leur vie live sans lui, à
l’image de The Gentle Storm et de
Stream Of Passion. Ce n’est qu’à l’occa-
sion de l’interprétation scénique de l’al-
bum d’Ayreon The Human Equation
(dont fut tiré le DVD/Bluray The Theater
Equation paru en 2015) que l’ours est
sorti de sa tanière. Comme il l’expliquait
l’an dernier dans nos pages, l’organisa-
tion de cet évènement l’avait laissé sur
sa faim, et en bon control freak qu’il est,
il annonçait que les trois dates prévues
en septembre 2017 pour autant de
concerts d’Ayreon se feraient sous sa
houlette. Affichant complet en quelques
jours (9.000 places tout de même !), ces
soirées ne pouvaient qu’être immortali-
sées en vidéo, et c’est donc chose faite
avec ce The Best Of Ayreon Live, qui per-
mettra aux absents n’ayant pu rallier le
fameux 013 de Tilburg (Pays-Bas) d’y
assister par procuration. C’est vers le
line-up que les yeux se tournent
lorsqu’on parle d’Ayreon, et malgré
quelques absences des plus prestigieux
participants à cet univers unique (Devin
Townsend et Mikael Akerfeldt, pour ne
citer qu’eux), la plupart d’entre eux a
répondu présent. Michael Mills, le chan-
teur de Toehider, est mis très en avant
durant tout le show et débarque seul sur
scène pour un « prologue » tiré de The
Final Experiment, bardé d’un casque et
d’un sac à dos « rétro-avant-gardiste »
digne du meilleur nanar de science-fic-
tion, plantant le tableau d’un futur en
déclin. Les pochettes des albums d’Ayreon
défilent sur l’écran, en plus d’autres
LE BOOK QUI TUE
Chaque mois, un musicien vous recommande
son livre de chevet. Puisse cette rubrique
vous donner envie, amis lecteurs, de vous
plonger (ou vous replonger) dans un bon
bouquin au son d’un chouette disque. Un
plaisir rare. Dans ce numéro, c’est Silenoz, le
guitariste de Dimmu Borgir, qui s’y colle.
My Life With The Spirits: The Adventures Of A
Modern Magician (de Lon Milo DuQuette)
Je ne suis pas un lecteur acharné, mais j’ai été
profondément marqué par l’œuvre de Lon Milo
DuQuette, écrivain américain que j’ai décou-
vert de façon fortuite voici une douzaine d’an-
nées. C’est un franc-maçon d’un grade très
élevé qui s’intéresse à l’ésotérisme et aux
cérémonies magiques. Mon livre préféré de lui
s’intitule My Life With The Spirits: The Adventures Of A Modern
Magician (Ndlr : ce livre n’a jamais été traduit en français, mais
visuels fort réussis, et avant, que ce soit sur « Into The Black
« Dreamtime » débute Hole » qui voit Tommy Karevik (Kamelot)
avec Edward Reekers remplacer Bruce Dickinson, ou encore
(Kayak) au chant, sous « Intergalactic Space Crusaders » issu de
forme d’une splendide Star One et sur lequel brille Damian
folk acoustique rele- Wilson (Headspace, Threshold). Il faut
vée des claviers de attendre la fin du concert pour que son
Joost van den Broek principal instigateur ne foule les
(ex-After Forever). Le planches, le temps d’une doublette issue
show n’est cependant du classique Into The Electric Castle
vraiment lancé qu’avec « Abbey Of (1998) qui l’a fait connaître : « The Castle
Synn », au riff puissant et qui permet Hall » (dont il entame le riff seul et en
d’envoyer quelques flammes et feux mode headbanging), puis « Amazing
d’artifices et au guitariste Marcel Coenen Flight In Space ». L’homme étant très à
(Sun Caged) de balancer ses premiers son aise et communiant avec son public,
soli. Puis, c’est l’arrivée du duo de stars on en vient à se demander le pourquoi
Hansi Kürsch (Blind Gardian)/Marco d’une telle omerta sur les concerts !
Hietala (Nightwish), en kilt, pour « River Prenant même le micro pour un long
Of Time », le groupe principal étant aug- monologue, Arjen ne peut s’empêcher
menté d’un flûtiste, d’un violoniste et de faire preuve de sa légendaire modes-
d’un violoncelliste. Visuellement, on tie en expliquant que ses invités méritent
apprécie que les structures servent éga- l’ovation, pas lui, et en espérant que le
lement à compléter l’écran principal, voyage a comblé les 54 nationalités pré-
aidant à s’immerger complètement dans sentes. C’est certainement le cas, en par-
ce spectacle et prouvant que Lucassen ticulier lorsque l’ensemble des vocalistes
n’a vraiment pas lésiné sur les moyens. le rejoint pour un « The Eye Of Ra » d’an-
Le duo Mills/Marcela Bovio permet de thologie et dont le refrain est repris a
caler deux extraits du controversé The capella sur la fin. Avec un show principal
Theory Of Everything (2013), avant que de plus de 2h20, le plat principal est déjà
« Merlin’s Will » n’offre à Floor Jansen des plus copieux. Mais les bonus sont
(Nightwish), fidèle du projet de longue loin d’être négligeables, en particulier
date, l’occasion de montrer une nouvelle les meilleurs morceaux des répétitions
fois qu’il n’existe pas vraiment de chan- (une seule journée pour les invités non
teuse aussi charismatique qu’elle sur la néerlandais !) et un documentaire de
scène metal. Et ce, même si, un peu plus près d’une heure et demie narrant la pré-
tard, elle partage la scène avec Anneke paration de ces trois nuits par le menu
van Giersbergen (The Gathering) et (de la signature du contrat avec la salle
Bovio sur le splendide « Valley Of The jusqu’au rappel) ! L’occasion de se rendre
Queens », l’un des titres les plus fonda- compte que Joost van den Broek a litté-
teurs de l’univers Ayreon. On apprécie ralement coorganisé l’évènement, et
Anneke en duo à deux reprises avec également à quel point les chanteurs ont
Jonas Renkse (Katatonia), sur « Waking le sentiment de faire partie d’un « club »
Dreams » et « Comatose », la rousse arri- très privilégié au sein d’Ayreon, au point
vant même à faire sortir le Suédois de sa d’accepter d’intervenir sur les parties
coquille ! Le dernier album en date du vocales des absents. Passionnant de
projet, le superbe The Source paru l’an bout en bout ! Devant la scène, comme
dernier, n’est pas oublié avec les très derrière avec les bonus, l’ensemble est
heavy « Star Of Sirrah » et « Everybody tout simplement incontournable et
Dies », permettant de passer à quatre donne de quoi passer des heures à s’im-
(voire cinq) chanteurs présents simulta- merger dans l’univers unique d’Ayreon
nément sur scène. Le répertoire le plus et de son créateur.
« dur » de Lucassen est assez mis en DJUL
son titre signifie « Ma vie avec les esprits : les aventures
d’un magicien moderne »). DuQuette est un érudit qui
maîtrise parfaitement son sujet. Il explique comment
les rituels se transmettaient autrefois et s’attarde sur la
vie et l’œuvre du célèbre et fascinant Aleister Crowley.
Son style est très vivant et agréable, ce qui permet une
lecture fluide et facile. Ce livre est une très bonne intro-
duction aux royaumes dont nous connaissons l’exis-
tence, mais auxquels nous ne prêtons pas attention la
plupart du temps, et à la pratique de la magie. Se plon-
ger dedans, c’est ouvrir la « boîte de Pandore » ! Dès le
début de la lecture, j’ai ressenti une connexion très forte
avec cet ouvrage dont j’apprécie aussi bien le fond que la
forme. DuQuette fait preuve d’un sens de l’humour éton-
nant qui fait mouche à chaque coup ! Comme j’avais déjà
évoqué ma passion pour son œuvre dans des interviews, il
m’a invité à venir à sa rencontre lors de son passage à Oslo
en 2013. Il donnait un petit concert en ville et jouait de la
guitare, à la manière d’un troubadour moderne. J’étais
flatté qu’il s’intéresse à Dimmu Borgir et ai beaucoup appré-
cié nos échanges. Il approche des soixante-dix ans, mais reste
jeune à l’intérieur !

Ces dernières années, le vinyle revient en force,
ce qui n’est pas pour nous déplaire. Chaque mois,
dorénavant, nous vous proposons donc une sélection des
plus chouettes nouveautés. C’est parti, mon kiki !
Entrons directement dans le vif du sujet
car les sorties sont nombreuses en ces
mois de mars et avril. Nuclear Blast,
encore et toujours, est hyper présent sur
le front vinylique, ainsi qu’en attestent
notamment les parutions suivantes :
Amerikkkant de Ministry (simple LP avec
pochette ouvrante) est disponible en
vinyle noir, blanc (300 exemplaires) ou
splatter transparent/rouge (500). Plus
classic rock que space rock, Black
Heaven d’Earthless est lui aussi présenté
dans une pochette gatefold (superbe car
gaufrée en argent) en vinyle noir, bleu
(300 exemplaires) ou splatter transparent/
rouge (500). Spécialiste des déclinaisons
de couleurs, le label allemand fait subir
le même traitement à Auri, premier
album d’Auri, le nouveau projet de
Tuomas Holopainen (Nightwish), qui, en
format double LP 180 grammes noir ou
transparent (300 copies), se voit
rehaussé d’une pochette ouvrante et
d’un insert avec textes. Les fans de
Paradise Lost se jetteront d’autant plus
volontiers sur Host, album de 1999, qu’il
est pour la première fois disponible au
Android (liens ci-dessous). Cette version dématérialisée est enrichie à l'aide de liens cliquables
Une rubrique de Philippe Lageat
format vinyle (double qui plus est, même
s’il tient sur trois faces et non quatre !).
Cette réédition vaut le détour car ce
disque, controversé à sa sortie, est
aujourd’hui remasterisé et présenté, en
vinyle 180 grammes noir ou transparent
(300 exemplaires), dans une pochette
gatefold. De quoi patienter en guettant
la réédition de Believe In Nothing (2001)
dont nous vous parlions dans notre
numéro 180 et qui s’avèrera d’autant
plus intéressante qu’elle proposera un
album totalement remixé, ce qui n’est
pas le cas ici. Sony Music n’est pas en
reste ce mois-ci puisqu’il publie plusieurs
références de qualité : à tout saigneur,
tout honneur, le Firepower de Judas
Retrouvez également ROCK HARD tous les mois sur vos smartphones et tablettes Apple et
que vous pourrez ouvrir sans quitter l'application. Bonne lecture !
Apple / AppStore :
http://bit.ly/appleRH
Label Society (pochette gatefold, double
LP) et du délicieux Wizard Bloody
Priest (probablement son meilleur album Wizard d’Electric Wizard, en format sim-
depuis Painkiller) sort en double vinyle ple LP certes, mais avec carte de télé-
noir avec pochette ouvrante (gaufrée, s’il chargement et un poster géant qui
vous plaît !), mais aussi en édition limitée séduira à n’en pas douter les esthètes
de couleur rouge. Superbe ! Le Born To parmi vous et est déjà punaisé en bonne
Touch Your Feelings – Best Of Rock place dans le salon de l’ami Guillaume
Ballads de Scorpions se veut au moins Fleury. Sur ce, tchao bambino !
aussi classieux avec, sur deux vinyles, 17
ballades piochées dans la discographie
du géant allemand, dont quelques acous-
tiques (« Born To Touch Your Feelings »,
« Send me An Angel », « When You Come
Into My Life »), des classiques issus des
épatants remasters de 2015 (« Always
Somewhere », « Holiday », « When The
Smoke Is Going Down »), des extraits du
Comeblack de 2011 (« Still Loving You »,
« Wind Of Change », etc.), mais aussi des
enregistrements réalisés en 2017 (« Send
Me An Angel », « Follow Your Heart ») et
deux nouvelles chansons spécialement
écrites pour cette compilation (« Melrose
Avenue », « Always Be With You »). Voilà
un collector parfait à se faire dédicacer
sur la prochaine tournée française du
groupe avec sa superbe pochette gatefold
n/b ornée d’une photo d’Ellen von
Umwerth. Niveau visuel, Synthesis
d’Evanescence n’a rien à lui envier car sa
pochette ouvrante, qui gagne incroya-
blement en impact dans ce format, est
elle aussi magnifique. Bonne initiative –
qui devrait être systématique –, ces
relectures orchestrales sont également
disponibles sur un CD dissimulé dans ce
somptueux package. Pour conclure,
signalons, du côté du label finlandais
Spinefarm, la sortie du double live de
Ghost, Ceremony And Devotion (avec
magnifique livret 16 pages format LP et
carte de téléchargement – Quel régal
que les visuels de Zbigniew Bielak à ce
format !), du Grimmest Hits de Black
Android / Google Play :
http://bit.ly/androidRH
 Partenaire favori des plus grands tourneurs français !

& GERARD DROUOT

& PRODUCTIONS
PUNISH YOURSELF
+ CHRISTIAN DEATH + VOLKER
19/04 - Paris, Boule Noire

DISCONNECTED
+ MOLYBARON + MALEMORT
05/05 - Paris, Boule Noire
OUTCH! FESTIVAL
UNLEASHED + ROTTING CHRIST
+ IGORRR + NOSTROMO + FUBAR
+ WIEGEDOOD + BLOCKHEADS
+ CARCARIASS + HIEROPHANT
+ COLLISION DOCTOR + LIVINGSTONE HELLFEST
+ INSANITY ALERT + DEATHRITE ETC. AVEC IRON MAIDEN + JUDAS EUROPE
26-27/05 - Langres, Lac de la Vingeanne PRIEST + AVENGED SEVENFOLD + 27/09 - Paris, Trianon
MEGADETH + NIGHTWISH + HOLLY-
ANGE WOOD VAMPIRES + MARILYN MAN-
04/06 - Paris, Café de la Danse SON + LIMP BIZKIT + PARKWAY
DRIVE + BODY COUNT + STONE
ANNIHILATOR SOUR + DEFTONES + A PERFECT
28/10 - Paris, Petit Bain CIRCLE, ETC. (Affiche complète page 95)
30/10 - Grenoble, Illyade 22-23-24/06 - Clisson
31/10 - Toulouse, Metronum Indisponible en abonnement
LOFOFORA A PERFECT CIRCLE
07/06 - Paris, Maroquinerie 26/06 - Paris, Olympia (complet !) DEMONTOOL
HALESTORM BLACKBERRY SMOKE
28/04 - Dourdan, Pitchtime
SCORPIONS
02/10 - Paris, Cigale 31/10 - Paris, Cabaret Sauvage EARTHLESS + COMET CONTROL 26/06 - Paris, AccorHotels Arena
07/04 - Paris, Petit Bain
BLAZE BAYLEY
07/04 - Marseille, Jas Rod + LUKE APPLETON EXODUS
& VERYSHOW + SILVERWIND 05/06 - Paris, Petit Bain & CARAMBA
25-26/05 - Pagney derrière Barine, Chez Paulette 26/06 - Pagney, Chez Paulette
+ LUKE APPLETON 27/06 - Lyon, CCO

BLAZING WAR MACHINE G3 avec JOE SATRIANI + ULI

+ MOTHER & PEARL + FACE 2 FAKE JON ROTH + JOHN PETRUCCI
05/05 - Lyon, Rock’n’Eat Live 15/04 - Lyon, Amphithéâtre Cité Internationale
16/04 - Boulogne-Billancourt, Seine Musicale
BULLET 17/04 - Bordeaux, Metropole Arena
15/05 - Paris, Klub 18/04 - Toulouse, Zénith
19/04 - Nantes, Zénith
BULLY ON ROCKS 5 23/04 - Lille, Zénith
25/05 - Bully Les Mines avec DAN BAIRD
& HOMEMADE SIN + THIRTEEN STARS GIRLSCHOOL + TITAN
WITHIN TEMPTATION
16/11 - Paris, Zénith
+ BIGFOOT
26/05 - Bully Les Mines avec LITTLE CAESAR +
+ THE SOUNDROOTS
13/10 - Cognac, Abattoirs SONS OF APOLLO
NITROGODS + RAGDOLL + OVERDRIVERS 12/10 - Paris, Elysée Montmartre
THE GREAT OLD ONES 15/10 - Lyon, Radiant-Bellevue
CLUTCH 26/05 - Dunkerque, 4 Ecluses 16/10 - Strasbourg, Laiterie
15/12 - Paris, Elysée Montmartre 27/05 - Langres – Outch, Extreme Metal Festival
24/06 - Clisson, Hellfest Open Air
CROWBAR 14/07 - Riom, Graveyard Fest
08/04 - Savigny-Le-Temple, Empreinte 07/10 - Nantes, LADLO Fest

THE DAMNED GUNS N’ROSES + RIVAL SONS

29/05 - Paris, Petit Bain (complet !!!) + THE PINK SLIPS
30/05 - Paris, Petit Bain 26/06 - Bordeaux, Stade Matmut Atlantique

DEAD CROSS HANGMAN’S CHAIR

17/06 - Brétigny-sur-Orge, Download Paris 27/04 - Cannes, MJC Picaud
20/06 - Cognac, West Rock 28/04 -Marseille, Jas Rod
23/06 - Clisson, Hellfest 04/05 - Paris, Maroquinerie
ROCK’N FESTIVAL avec Glenn
NIGHTWISH
10/11 - Paris, AccorHotels Arena
11/05 -Blois, Chatodo (Outbreak Festival)
Hugues + Derek Forbes +
Skarlett Riot - Morgan Ji - Edgar
THE DEAD DAISIES 12/05 -Gueret, Metal Culture(s)
06/05 - Paris, Trabendo + THE NEW ROSES 15/06 -Brétigny-sur-Orge, Download Festival 07/04 - Chauny

Envoyez vos dates à : redaction@rockhard.fr
& 19/04 – Paris, Trabendo
INSOMNIUM
+ TRIBULATION
05/04 - Toulouse, Metronum
13/04 - Annemasse, Chateau Rouge
14/04 - Angers, Chabada
15/04 - Strasbourg, Laiterie
DARK TRANQUILLITY
EQUILIBRIUM
08/04 - Lyon, CCO
09/04 - Bordeaux, Théâtre Barbey
15/04 - Marseille, Moulin
16/04 - Colmar, Grillen
01/05 - Limoges, John Lennon
02/05 - Paris, Machine
ENSIFERUM
18/04 - Strasbourg, Laiterie
19/04 - Grenoble, Belle Electrique
20/04 - Limoges, John Lennon
25/04 - Toulouse, Metronum
SKID ROW
23/05 - Savigny Le Temple, Empreinte
ROSE TATTOO
14/06 - Strasbourg, Laiterie
HELMET
29/06 - Paris, Petit Bain
ANNIHILATOR
28/10 - Paris, Petit Bain
30/10 - Grenoble, Ilyade
31/10 - Toulouse, Metronum
HELMET
29/07 - Paris, Petit Bain
HYPNO5E
05/05 - Paris, Café de la Danse
ICED EARTH
23/06 - Vauréal, Forum
IGORRR
01/06 - Rambouillet, Usine à Chapeaux
IRON MAIDEN
24/06 - Clisson, Hellfest
05/07 - Paris, AccorHotels Arena (complet !!!)
06/07 - Paris, AccorHotels Arena
KAMELOT
15/09 - Paris, Elysée Montmartre
KING CRIMSON
15-16/11 - Paris, Olympia
L7
07/06 - Paris, Cigale
LEAVES’EYES + MAYAN
+ ALMANAC
18/04 - Paris, Petit Bain
MACHINE HEAD
08/04 - Toulouse, Bikini
09/04 - Marseille, Cabaret Aléatoire
ABONNEMENT
Si vous vous abonnez et que vous êtes inté-
ressé par une place de concert, outre les
& Alternative Live shows proposés en page 98, vous pouvez
choisir n’importe quelle date indiquée dans
OF MICE & MEN un cadre doré en le précisant clairement
sur votre coupon.
SLEEPING WITH SIRENS
24/05 – Paris, Machine du Moulin Rouge
STATE CHAMPS & 106DB
23/05 – Paris, Maroquinerie
ASKING ALEXANDRIA
08/06 – Paris, Trabendo
SILVERSTEIN
21/06 – Paris, Backstage By The Mill
DOWNLOAD ORIGIN + RINGS OF SATURN
15/06 - Brétigny Sur Orge, B.A. 217 avec + HIDEOUS DIVINITY
+ GRAVESLAVE
OZZY OSBOURNE + GHOST + POWER- 13/04 - Paris, Glazart THE CHRIS SLADE TIMELINE
WOLF + CONVERGE + ELUVEITIE, etc. 14/04 - Lyon, Rock'n'Eat 20/04 - Savigny le Temple, Empreinte
16/06 - Brétigny Sur Orge, B.A. 217 avec 21/04 - Le Mans, 24h du Mans
22/04 - Saint Agathon, Grande Ourse
MARILYN MANSON + THE OFFSPRING PRIMORDIAL + MOONSORROW 11/05 - Pagney derrière Barine, Chez Paulette
+ DER WEG EINER FREIHEIT
+ TURBONEGRO + MESHUGGAH + 12/05 - Fismes, Hard Rock Legend Festival
14/04 - Paris, Trabendo 13/05 - Colmar, Grillen
ULTRA VOMIT, etc.
09/06 - Penmarc'h, Festl God Save The Kouign
17/06 - Brétigny Sur Orge, B.A. 217 avec FOO ROBERT PLANT & THE SENSA- 16/06 - Couvelon, Festival Musicool
FIGHTERS + THE HIVES + DEAD CROSS TIONAL SPACE SHIFTERS 22/06 - Clisson, Hellfest
+ SLAVES + FRANK CARTER, etc. 23/07 - Paris, Salle Pleyel 05/07 - Embrun, Festival Trad'in
22/07 - Châteauneuf Les Martigues, Blue
18/06 - Brétigny Sur Orge, B.A. 217 avec
SCORPIONS Beach Biker Fest
GUNS N’ROSES, etc.
(TOURNEE « CRAZY WORLD »)
24/06 - Amnéville, Galaxie
15/04 - Lyon, Transbordeur 26/06 - Paris, AccorHotels Arena
24/04 - Strasbourg, Laiterie 28/06 - Saint-Vulbas, Printemps de Pérouges
30/06 - Rennes, Liberté
MALEMORT 01/08 - Colmar, Foire Aux Vins
05/05 - Paris, Boule Noire + DISCONNECTED
+ MOLYBARON SKID ROW
22/06 - Clisson, Hellfest 23/05 - Savigny-Le-Temple, Empreinte
30/06 - Chatou (78), Kave Fest
22/07 - Tolmin (Slovénie), Metaldays SLEEP
15/05 - Paris, Trabendo
MARDUK + RAGNAROK
14/05 - Montbéliard, Atelier des Môles THUNDERMOTHER
13/05 - Paris, Gibus Live
MEGADETH RISING FEST avec FREEDOM CALL
04/07 - Strasbourg, Laiterie TRIVIUM + POWER TRIP + TRIBUTE SORTILEGE etc.
05/07 - Lyon, Transbordeur + VENOM PRISON (voir calendrier des festivals)
13/04 - Paris, Bataclan 05-06/10 - Dijon, Longvic
MINISTRY + GRAVE PLEASURES
12/07 - Bordeaux, Rocher de Palmer UGLY KID JOE
13/07 - Paris, Elysée Montmartre 05/05 - Paris, Bataclan
MODERN LIFE IS WAR ULTRA VOMIT
+ CRO-MAGS 13/10 - Paris, Olympia
22/06 - Paris, Petit Bain
VAN CANTO + EVERTALE + MOONSUN
NE OBLIVISCARIS 19/10 - Paris, Petit Bain
+ ALLEGAEON + VIRVUM
25/04 - Nice, Altherax Music WARDRUNA
28/04 - Bordeaux, Rock School Barbey 29/09 - Nantes, Château des Ducs de Bretagne
29/04 - Nantes, Ferrailleur
STEVEN WILSON
NICKELBACK 07/07 - Paris, Olympia
26/06 - Paris, Palais des Sports
ZEAL & ARDOUR
RAISMES FEST avec ROSE TATTOO
+ SONS OF APOLLO + THE CHRIS
NINE INCH NAILS 27/04 - Bourges, Printemps SLADE TIMELINE + STOCKS +
25/06 - Paris, Olympia 28/04 - Audincourt, Impetus Festival PRAYING MANTIS + ECLIPSE etc.
+ HIGH ON FIRE + FEROCES (voir calendrier des festivals)
THE OCEAN (Precambrian set) 24/06 - Clisson, Hellfest 15 & 16/09 - Raismes, Chateau de la Princesse
05/05 - Rambouillet, Usine à Chapeaux 12/07 - Aix-Les-Bains, Musilac + DEPECHE MODE
07/05 - Nancy, Hublot + ROSETTA + THE STRANGLERS
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N°171 - 6,50 € avec CD N°172 - 6,50 € avec CD N°173 - 6,50 € avec CD N°174 - 6,50 € avec CD N°175 - 7,00 € avec CD N°176 - 7,00 € avec CD N°177 - 7,00 € avec CD N°178 - 9,50 € avec CD N°179 - 7,00 € avec CD

N°180 - 7,00 € avec CD N°181 - 7,00 € avec CD N°182 - 7,00 € avec CD N°183 - 7,00 € avec CD N°184 - 7,00 € avec CD

HS METALTHEQUE - 8,50 € HS AC/DC - 7,00 € HS HELLFEST 2009 - 6,00 € HS HELLFEST 2010 - 6,00 € HS HELLFEST 2014 - 6,00 € HS HELLFEST 2015 - 6,00 € HS HELLFEST 2016 - 7,00 € HS HELLFEST 2017 - 7,50 €
 ABONNEMENT 1 an = 71,50 €

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11 numéros + 11 CDs

ABONNEMENT 2 ans = 138 €

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GRASPOP PASS 4 JOURS

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les shows proposés sur cette page, vous
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indiquée dans un cadre doré en pages 22 numéros + 22 CDs

21-22-23-24 juin / Dessel (Belgique)

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22 N° Rock Hard (valeur : 143 €)
+ Pass Graspop 4 jours (valeur : 205 €)
= 348 €
250 €
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280 € pour l’Europe, hors France)

DOWNLOAD PASS 4 JOURS

15-16-17-18 juin / Brétigny sur Orge (France) EUROPE WITHIN SONS OF APOLLO
TEMPATION
(place en Cat. 2) 12/10 - Paris, Elysée Montmartre
22 N° Rock Hard (valeur : 143 €) 15/10 - Lyon, Radiant-Bellevue
+ Pass Download 4 jours (valeur : 224 €) 27/09 - Paris, Trianon
(place fosse) 16/10 - Strasbourg, Laiterie
= 367 €
320 € 16/11 - Paris, Zénith Offert par CARAMBA

OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 2 ANS

350 € pour l’Europe, hors France)

ALCATRAZ PASS 3 JOURS

10-11-12 aout / Courtrai (Belgique)

SCORPIONS
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22 N° Rock Hard (valeur : 143 €)

NIGHTWISH
+ Pass Alcatraz 4 jours (valeur : 103,50 €)
= 246,50 €
200 € (place en Cat. 2)
26/06 - Paris, AccorHotels Arena

OFFRE SPÉCIALE ABONNEMENT 1 AN

270 € pour l’Europe, hors France) 10/11 -Paris, AccorHotels Arena
Offert par GERARD DROUOT

RISING FEST
Offert par VERYSHOW

RAISMESFEST PASS 2 JOURS OUTCH! FESTIVAL

PRODUCTIONS

FREEDOM CALL + TRIBUTE

15-16 septembre / Raismes
IGORRR + UNLEASHED + SORTILEGE + ANGELUS
ROTTING CHRIST etc. APATRIDA + WIZARD +
STALION etc.
11 N° Rock Hard (valeur : 71,50 €)
+ Pass RaismesFest 2 jours (valeur : 69,74 €) 26-27/05 - Langres, Lac de la
Vingeanne
= 141,24 €
100 €
05-06/10 -Dijon, Longvic
(voir programmation complète (voir programmation
130 € pour l’Europe, hors France)
page 22) complète page 22)

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