Yannick Martial AYISSI Bienvenu LONKEU

Match ELOUNDOU
Cameroun-Russie: «Être proche
Yaoundé 2ème,
le but au-delà des Mbankolo et moi des populations,
buts Lire l’interview exclusive mon combat»
Lire l’éditorial de
Bertrand BIKA P.8 P.6

Directeur de publication: Bertrand BIKA - Prix: 400 FCFA - N° 011 de Novembre 2023

Paul Biya en 2025

Stop
ou
encore?
- Alors que l’échéance de la prochaine élection pré-
sidentielle arrive à grands pas, le Chef de l’Etat ne
laisse transparaitre aucun signe d’un éventuel retour
au village ou d’un énième mandat à la tête de l’Etat.
- Répondra-t-il favorablement à ces appels partis
du Cameroun tout entier et qui l’invite à parachever
l’oeuvre qu’il a entamée il y a quarante-un ans?
- Lire notre dossier. PP. 7-9

Jours de consultation Hadassah Medical Center,

c’est aussi un accès ga-
- Yaoundé: Lundi, Mercredi, Vendredi: 09H-15H ranti aux soins généra-
listes et spécialistes de
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Recepissé N° 00001601/RDA/J06/SAAJP/BAPP du 4 Octobre 2023

 EDITORIAL N° 011 de Novembre 2023

Rencontre
Cameroun-Russie :
le but au-delà des buts
Par Bertrand BIKA
« Le sport ne peut pas ressourdre tout divers fronts et un accompagnement éco-
l’éventail des maux du monde, mais il peut nomique, le président de la Fédération de
contribuer à des solutions qui apportent Russie, Vladimir Poutine, a compris que la
un sens ». Cette maxime de Pierre de mise sur pied d’une diplomatie basée sur
Coubertin démontre le caractère com- le sport est bénéfique pour consolider les
plexe du sport. Bien que celui-ci en géné- rapports avec l’Afrique et le Cameroun en
ral et le football en particulier est un jeu, particulier. Cette approche porte indénia-
les enjeux y afférents occupent une place blement des fruits à ce jour.
centrale dans l’implémentation de cette Pour preuve, l’Afrique en miniature a bra-
activité. «La vé la mise à l’écart footballis-
présence des Lions tique de la Russie décrétée par
La rencontre amicale, qui a op- indomptables du la Fédération internationale de
posé les Lions indomptables Cameroun en territoire football association (Fifa) et
du Cameroun aux Sbornaia russe et l’effectivité de la l’Union européenne de foot-
de Russie, le 12 octobre der- rencontre représentent ball association (Uefa) qui l’ont
nier, au stade de Dynamo à pour Moscou une sorties de toutes leurs compéti-
Moscou s’est déroulée dans un satisfaction. D’autant plus tions. Ceci corrélé à la présence
véritable
contexte particulier. que l’équipe
du président Paul Biya en juil-
En effet, le déclenchement du nationale du Cameroun let dernier à Saint-Pétersbourg
conflit russo-ukrainien le 24 est l’une des meilleures du au Sommet Russie-Afrique et
février 2022 fait basculer l’Eu- continent» le renouvellent des accords de
rope et le monde dans une coopération militaire entre les
crise majeure. Cristallisant ainsi l’environ- deux Etats. Force est de constater que le
nement politique et diplomatique mon- pays de Samuel Eto’o entend consolider sa
dial, tout en consacrant de façon latente la relation avec la Russie. De même, la qua-
bipolarisation de la planète (Capitalisme si-totalité des pays africains se sont décla-
fondamentaliste et Socialisme éclairé). rés favorables à la présence des athlètes
Obligeant malicieusement les Etats à faire russes aux jeux olympiques de Paris 2024.
des choix. La présence des Lions indomptables du
Cameroun en territoire russe et l’effectivi-
L’organisation du match amicale Rus- té de la rencontre représentent pour Mos-
sie-Cameroun revêt inéluctablement un cou une véritable satisfaction. D’autant
caractère politique. Considérant les en- plus que l’équipe nationale du Cameroun
jeux, une rencontre porteuse d’autant de est l’une des meilleures du continent. Et
symboles (paix, liberté, indépendance) a ce, malgré les interdictions, menaces de la
été conclue après des accords politiques. communauté internationale et la position
La Russie a considérablement augmen- officielle du Cameroun, qui préconise l’ar-
té son influence en Afrique depuis 2019. rangement du conflit russo- ukrainien par
Outre une forte implication militaire sur le dialogue.
Directeur de publication Rédaction
Bertrand BIKA Martial OBIONA
Armand NGANE Impression
Rédacteur-en-chef
André Marie MBIDA André Marie MBIDA Le Localier Sarl

Secrétaire de rédaction Service commercial et marketing

Armand NGANE Emmanuelle Laure MAHOP

2

Philémon
Fopa
L’entreprise World Wide Techno-
logies dont il est le président-di-
recteur général vient de lancer
Hi Learning, une application qui
consacre sa technologie jugée
novatrice par ses concepteurs
aux établissements scolaires. Un
outil dont la particularité est de
garantir un monitoring des ef-
fectifs, des notes et du travail ef-
fectué par les élèves et leurs en-
seignants. Présenté le 6 octobre
passé au palais polyvalent des
sports de Yaoundé, ce logiciel
promet d’être le gage d’une plus
grande efficacité dans la sécu-
risation des notes et la transpa-
rence dans la dispensation des
connaissances.
SAMUEL
ETO’O FILS
Le président de la Fédération ca-
merounaise de football (Fecafoot)
poussé vers la sortie par la Confé-
dération africaine de football
(Caf)? Ce qui n’est encore qu’une
rumeur en circulation dans moult
chuchotements s’est pourtant tail-
lé une crédibilité dans un courrier
de Patrice Motsepe, président de la
Caf, à Paul Biya. Le chef de l’Etat,
destinataire d’une correspondance
à travers laquelle se prolonge la
passe d’armes entre l’instance fai-
tière du football en Afrique et son
adhérente camerounaise, a été mis
au courant de la procédure de desti-
tution qui ciblerait Samuel Eto’o, le
LES SELECTIONS DU MOIS
Muller
Mbappé
C’est l’homme du match oppo-
sant son club Fovu de Baham à
Pwd de Bamenda lors de la finale
de la 72ème édition de la coupe
du Cameroun. Auteur d’un des
deux buts qui ont permis à son
équipe de remporter la ren-
contre, l’attaquant de 23 ans a
séduit le public du stade omnis-
ports Ahmadou Ahidjo par sa
vitesse, son intelligence dans le
jeu et sa froideur devant les buts.
Le tout nouveau champion du
Cameroun est depuis lors dans
le collimateur de nombreuses
sollicitations hors du pays. Des
sources proches du footballeur
indiquent un très probable enrô-
lement sous les couleurs du Ma-
melodis Sundowns, club le plus
capé du championnat sud-afri-
cain.
LE DUEL
Vs
même autour de qui gravitent déjà
des soupçons de détournements de
fonds depuis l’ouverture par la Caf
d’une enquête. Les sources qui nous
donnent ces indications évoquent
aussi la tour d’ivoire dans laquelle
s’est emmuré le patron du football
au Cameroun. Doté d’un fort ca-
ractère auquel personne dans son
entourage ne tient tête, le « Grand 9
»ne serait pas homme à écouter des
avis différents des siens. Et ce n’est
certainement pas l’orage qui avance
à grandes vagues vers Tsinga qui
resserrera les rangs d’aussi tôt, les
dernières décisions du comité exé-
cutif (Comex) de la Fecafoot ayant
3
N° 011 de Novembre 2023
Roland
Mouchili
L’entreprise New Proximity qu’il
vient de lancer est une offre no-
vatrice dans le milieu entrepre-
neurial au Cameroun. Spéciali-
sée en soins de santé à domicile,
protection civile et autres précol-
lecte des ordures, cette nouvelle
structure qui siège au lieu-dit
Don Bosco au quartier Mimbo-
man à Yaoundé se positionne
déjà comme un fleuron de l’éco-
nomie sociale et un emblème
de l’assistance humanitaire. Le
délégué général de ce projet à
visage humain est engagé avec
ses collaborateurs dans un pro-
cessus de recrutement de futurs
agents de santé communautaire.
Ceux-ci seront opérationnels
dès le mois de janvier 2024.
Patrice
Motsepe
été truffées de radiations et de
blâmes. Sur les hauteurs d’Etoudi
où est juché le Palais présidentiel,
l’on observe cependant ce crêpage
de chignons avec circonspection.
Dans les radars des stratèges qui s’y
trouvent, les ambitions inavouées
de Patrice Motsepe de régner au-
tant – sinon plus – qu’Issa Hayatou
sur le toit de l’Afrique du football.
Eto’o Fils ainsi que quelques autres
anciennes gloires reconverties dans
le management sportif seraient
donc dans la ligne de mire du mil-
liardaire et propriétaire de Mame-
lodis Sundowns, club le plus capé
du championnat sud-africain.

Trajectoire : Dans la nuit du 8 au
9 octobre 2023, les populations du
quartier Mbankolo dans le 2ème
arrondissement de Yaoundé se
sont réveillées dans l’émoi après
l’affaissement d’une digue qui a
entrainé de nombreuses pertes en
vie humaine. Comment l’élite du
Mfoundi 2ème que vous êtes a ac-
cueilli cette triste nouvelle ?
Bienvenu Lonkeu : C’est une tra-
gédie. Pour m’y être rendu quelques
heures après la survenance de cette ca-
tastrophe, je puis vous assurer que c’est
dur. Une désolation que nous aurions
pu éviter. Comment a-t-on fait dans ce
quartier là pour ne jamais s’interroger
sur ce lac artificielle vieux de 100 ans et
qui semble aujourd’hui une découverte
pour beaucoup ? Vous conviendrez
avec moi que c’est pas normal. Il faut
que chacun de nous, dans sa zone de
compétence, fasse quelque chose pour
que pareil drame ne se reproduise plus.
Nous souffrons de toutes ces pertes en
vies humaines et de ces destructions de
toutes sortes.
Bien que vous ne soyez pas du gi-
ron officiel, l’homme de réseaux
que vous êtes peut-il nous donner
les chiffres exactes de cette catas-
trophe afin de mettre un terme à la
confusion qui sort de toutes parts ?
Ma descente sur le terrain m’a permis,
après recoupement, de faire le constat
d’une trentaine de morts. Un chiffre
que j’estime réel. Ceux qui parlent par
exemple de cent morts font tout simple-
ment dans l’exagération. A qui veulent-
ils plaire en donnant des chiffres aussi
erronés ? Aux sinistrés ? Aux familles
endeuillées ? Ou à la nation ? Nous
avons le devoir de donner des infor-
ENTRETIEN N° 0011 de Novembre 2023
Bienvenu Lonkeu:
«Etre toujours
proche
des populations,
mon combat»
L’opérateur économique, mécène et élite du
département du Mfoundi revient sur l’ébou-
lement de terrain survenu à Mbankolo ainsi
que sur la bourse du travail dont il coordonne
les activités dans la ville de Yaoundé.
Entretien mené par Bertrand Bika
mations qui sont justes. Le sous-préfet L’opération « Bourse de l’emploi
territorialement compétent est le seul, »…
après vérification, à donner les chiffres Exactement. Et dans les prochains
véritables. Je me contente à mon niveau jours, nous les appellerons pour qu’ils
de vous parler de ce que j’ai recoupé et puissent sortir de l’ornière et chan-
vu de mes propres yeux sans forcément ger de cap. Plus les personnalités des-
avoir la prétention d’avoir tout cerné cendent sur le lieu pour adresser leurs
d’un simple regard. condoléances, plus cela n’aide pas les
sinistrés.
La catastrophe de Mbankolo a Est-ce une manière pour vous de
quand-même vu défiler sur son sol décrier la compétition politique qui
un nombre impressionnant de per- se joue au-dessus des dépouilles de
sonnalités. De votre point de vue, Mbankolo ?
ces visites ont-elles apporté le ré- L’homme politique est bien évidem-
confort ou la chaleur dont victimes ment un expert dans l’art de politiser
et sinistrés ont besoin en ces heures tout ce qu’il voit des yeux et touche
difficiles ? des mains. L’instrumentalisation est
Il est normal de faire des visites. Mais son affaire et personne ne peut lui en
ces visites devraient servir à donner formuler le grief. Je dis seulement que
du réconfort à des sinistrés qui ne sont dans un cas pareil, nous avons l’obliga-
pas toujours présents. Les bantous que tion des soutenir moralement ces gens
nous sommes savent évidemment que et non de les inonder de condoléances
l’assistance est une obligation vis-à-vis et ce à chaque minute. Je ne sais pas si
de celui ou de celle qui a perdu un être vous avez déjà perdu un être cher mais
cher. Mais trop d’assistance fragilise les je puis vous assurer que les larmes
survivants. Nous devons plutôt trouver d’une personnalité qui coulent devront
autre chose pour remonter rapidement bien s’arrêter de couler un jour. Ce qu’il
le moral de ces personnes affligées par y a de mieux à faire est de trouver des
le deuil et la tristesse de la perte d’un moyens à travers lesquels ils pourront
être cher. Ce mal psychologique qui panser leurs plaies que Dieu seul sait
reste peut garder toute sa gravité si ceux grande. Voilà ce que j’estime nécessaire
qui sont supposés en prendre soi ne pour ces personnes qui sont touchées
sont pas présents. Hier par exemple ( moralement. Personnellement, j’ai pris
11 octobre 2023, Ndlr), je suis allé lan- le taureau par les cornes en disant que
cer la bourse de l’emploi depuis mardi ceux qui par exemple peuvent évoluer
(10 octobre 2023, Ndlr). Depuis que dans le domaine du bâtiment peuvent
nous avons arrêté nos activités, nous directement quitter les cases de pas-
consacrons désormais nos ressources sage et se retrouver dans des chantiers.
au sauvetage des sinistrés. Cette jour- Psychologiquement et moralement, le
née-là est essentiellement destinée aux fait pour eux de renouer avec la vie les
sinistrés qui sont les premiers à inté- rendra fort. Compatir est une bonne
grer dans cette opération. chose. Mais n’en faisons pas des oppor-
tunités de positionnement politique.
4

Les aider induit également une ré-
solution du problème des logements
précaires. Ces habitations situées
dans des zones à risques qui parsè-
ment l’arrondissement de Yaoundé
2ème. Avez-vous déjà compris ce
phénomène ?
Il y a d’abord l’acquisition des par-
celles qui coûtent chères tandis que les
bourses sont faibles. Ce qui oblige les
gens aux revenus les plus précaires à
acquérir ces petits lopins. Ils n’y sont
pas parce qu’ils veulent. A cela, vous
ajoutez le laxisme des autorités. Les
plans d’urbanisation sont quasi-inexis-
tants. Nous ne respectons rien. On se
marche dessus ensuite simplement
parce que les autorités sont amorphes,
refusent de prendre leurs responsabili-
tés. Si l’urbanisation avait été effective,
je suis convaincu que ces gens qui vont
élire domicile dans les zones maréca-
geuses et dangereuses auraient dû aller
s’installer hors des grandes villes pour
trouver des espaces plus commodes. Ce
n’est pas le président de la République
qui viendra faire le travail de ceux à qui
mission a été confiée de gérer des dos-
siers pareils. Le Chef de l’Etat a ouvert
le bal en offrant des effets de première
nécessité aux sinistrés. Il l’a fait entant
que père de la nation. Allons-y donc
dans ce sens en veillant à ce que chacun
à son niveau prenne ses responsabili-
tés. La gravité du problème de l’urbani-
sation au Cameroun produira d’autres
cas ailleurs, je le crains. Les mairies,
les communautés urbaines et tous les
autres organes compétents doivent
se mettre au travail. Même au quar-
tier Mokolo, les gens ont construit sur
des anciennes routes. Je me demande
toujours comment les pompiers accè-
deront à ces endroits-là en cas d’in-
cendie…Il est impossible de faire des
omelettes sans casser les œufs. Toutes
ces personnes doivent être dégagées
sans la moindre négociation.
Il y en a qui vous rétorquerait que
ce que vous proposez pourrait créer
un mécontentement populaire et
générer des débordements…
Chacun de nous aspire au bien-être. Je
vous assure que si ces déguerpissements
sont faits pour une utilité publique qui
impactera positivement la vie du ci-
toyen, il n’y aura pas le moindre sou-
lèvement. Le problème par contre, c’est
lorsque vous biaisez les lois pour régler
des comptes à untel. Il n’y a qu’à ce mo-
ment-là que des débordements pour-
ront avoir lieu. Nous devons arrêter
de mettre des idées négatives dans les
esprits des gens. Faisons quelque chose
de bien pour nous ainsi que pour les
autres. Ce que nous décrions prévaut
au-delà de l’arrondissement de Yaoun-
dé 2ème. Où sont les mairies lorsque
surviennent les inondations et tant
d’autres sinistres auxquelles les villes
sont confrontées ? Le fait de casser ne
ENTRETIEN
suffit pas. La viabilisation des sites est
tout aussi importante. Il est clair que
vous provoquerez la colère des popu-
lations si rien ne suit la casse que vous
aurez ordonné.
L’urbanisation à laquelle vous
faites évocation ne doit-elle pas de-
venir aussi une affaire des popula-
tions et plus seulement la propriété
de ces grands ingénieurs sortis des
ministères et des communautés ur-
baines ?
Bien-sûr qu’il est impératif d’associer les
populations ! Celles-ci sont aux avant-
postes de ce qui se fait à son profit. J’ai
financé la construction d’un forage à
Mokolo. Après avoir procédé au cou-
«Je suis descendu sur le terrain et j’ai constaté qu’il
y a un ensemble de choses qui manquent. A mon re-
tour, j’ai ordonné que l’on charge une voiture de bou-
teilles d’eau et d’aller les offrir à la population»
lage de l’entrée, ce sont les populations
elles-mêmes qui ont immédiatement
pris le relai. La population est prête et
n’attend que cette perche-là pour la sai-
sir à pleine main. Mais comment vou-
lez-vous qu’il en soit ainsi lorsque vous
les ignorez ? Nous gagnerons beaucoup
en associant les populations dans tout
ce que nous faisons parce que c’est pour
elles que nous travaillons et leur bien-
être est la raison pour laquelle nous
sommes à leurs dispositions. Pourquoi
a-t-on créé la Haute intensité en main
d’œuvre (Himo) si ce n’est pour intégrer
les populations ? Il n’ y a aucune acti-
vité que je peux mener à Mokolo sans
que la population ne soit interpeller. La
bourse de l’emploi que je viens de lan-
cer n’a vu que la présence des jeunes
venus de tous bords qui nous ont ac-
compagné et qui ont été les témoins de
la transparence qui nous singularisent.
Ce sont les mêmes qui m’ont transmis
la demande du maire (de l’arrondisse-
ment de Yaoundé 2ème, Ndlr) d’ins-
crire les noms des sinistrés dans nos
fichiers. Ce qui a été fait évidemment.
Avez-vous le sentiment qu’il y
a un chorus d’unanimité autour
des élites de l’arrondissement de
Yaoundé 2ème depuis la surve-
nance du drame de Mbankolo ou
vous y allez en rangs dispersés ?
Je ne pense pas qu’il est permis à Bien-
venu Lonkeu de répondre à cette ques-
tion…
5
N° 0011 de Novembre 2023
Dites-nous au moins si vous avez
été sollicité pour rejoindre cet élan
de cœur…
Je n’ai pas besoin d’être approché pour
m’engager dans des actions que je
trouve juste et surtout vitale pour ceux
qui doivent en être les bénéficiaires. Ce
sont nos frères et sœurs que nous avons
perdus. C’est Yaoundé 2ème qui est en
pleurs. Je ne pense pas avoir besoin
d’attendre que le maire, le député ou
encore le sous-préfet qui m’interpelle !
Pour accompagner une action, c’est la
spontanéité qui compte et non des ré-
unions à n’en plus finir. Je suis descen-
du sur le terrain et j’ai constaté qu’il y a
un ensemble de choses qui manquent.
A mon retour, j’ai ordonné que l’on
charge une voiture de bouteilles d’eau
et d’aller les offrir à la population. Je
donne ce que j’ai à donner sans faire
de publicité là-dessus. Chacun de nous
devrait être motivé par le devoir mo-
ral. C’est le sous-préfet, en tant que le
coordonnateur de toutes les actions y
relatives, qui fait recours à une exper-
tise de quelque nature que ce soit pour
l’atteinte des objectifs qu’il s’est assigné
et pour lesquels nous travaillons sous
sa direction. Même à minuit, il sait
pouvoir compter sur ma disponibili-
té. Je donne ma contribution sans faire
l’objet de préalables interpellations. J’ai
d’ailleurs momentanément arrêté l’opé-
ration de la bourse de l’emploi afin de
m’acquitter de ce qui m’attend comme
responsabilité dans l’atténuation des
douleurs des populations sinistrées.
Avez-vous un message en particu-
lier à adresser aux populations de
Mbankolo encore meurtries par la
catastrophe qui a lieu dans leur
quartier ?
Je leur souhaite bon courage, que les
survivants ne s’apitoient pas sur leur
sort. Il s’agit du destin qui décide de nos
destinées. Je leur demande de tourner
la page et de passer à autre chose car
ils doivent vivre pour continuer à aider
ceux qui ont encore besoin d’eux. Tout
en leur adressant mes sincères condo-
léances, je prie le Seigneur de leur don-
ner la force nécessaire pour surpasser
cette douleur et de rendre la mobilisa-
tion des élites que nous sommes plus
rapide afin de venir à bout des souf-
frances auxquelles sont vouées les po-
pulations. Je pense notamment à cette
dame que j’ai vue via les réseaux so-
ciaux et qui a perdu tous les membres
de sa famille. Voilà donc une personne
complètement égarée et qu’il faudra
resituer très rapidement. Nous ferons
tout ce qu’il faut pour recruter tout ce
dont nous recensons les noms en ce
moment. Même ceux qui ne travaillent
pas pourront être gérés à titre excep-
tionnel.
Refermons la douloureuse page
du drame naturel de Mbankolo et
ouvrons une autre, plus gaie, de la
 ENTRETIEN
bourse de l’emploi. Quels sont les détails relatifs à ce
projet que vous pilotez ?
Nous sommes parvenus à la 2ème édition de la bourse de
l’emploi. Je ne travaille qu’avec les jeunes. Toutes mes en-
treprises sont contrôlées à 99% par les jeunes. Ayant long-
temps travaillé seul, j’ai compris qu’il faudrait avoir un mo-
ral de fer pour réussir. J’ai pensé que le plus souhaitable est
d’accompagner ces jeunes, leur donner l’assistance dont ils
ont besoin pour qu’ils deviennent eux-aussi des gens res-
pectables demain. D’après nos chiffres, nous avons déjà at-
teint 300 personnes enregistrées. Ces éléments nous servent
déjà de banque de données. C’est dans la première banque
de données que nous avons puisé les 100 premières per-
sonnes qui iront lancer la gare routière d’Etoudi. Ces don-
nées peuvent également être mises à la disposition de l’Etat
ainsi que des privés s’ils en formulent le besoin. Nous avons
la presque totalité des profils : des électriciens, menuisiers,
maçons, etc. Voilà comment nous aidons les jeunes à trou-
ver un emploi. Nous avons déjà recu les félicitations du mi-
nistère de la jeunesse et de l’éducation civique qui manifeste
un intérêt pour cette initiative. Nous profitons également
de cela pour éduquer les jeunes en leur faisant comprendre
qu’il faut éviter les drogues, le vandalisme, etc.
«Nous éduquons les jeunes en leur faisant
comprendre qu’il faut éviter les drogues,
le vandalisme, etc»
J’ai aussi créé un centre de formation qui porte mon nom
et dans lequel a lieu un recyclage des jeunes qui consom-
maient les stupéfiants dans une ancienne vie. Nous avons
réussi à produire des hommes te des femmes intègres.
Ces jeunes deviendront-ils plus tard des militants du
Rassemblement démocratique du peuple camerou-
nais (Rdpc), votre parti politique ?
Le travail que vous faites est bénéfique à la nation toute en-
tière. Je pense que le Rdpc est un parti de rassemblement.
Nous n’imposons rien à nos apprenants. C’est eux-mêmes
qui prendront la décision de servir ou de ne pas servir. Les
ministres par exemple servent le Cameroun et non un parti
politique. Il ne s’agit que d’associations auquel l’on adhère
sans que cela n’ait une interférence dans l’action d’utilité
publique que l’on engage. Nous soutenons d’abord le pays
et nos œuvres ne ciblent pas essentiellement nos militants
ou ceux qui sont passibles de le devenir. C’est d’ailleurs par
cette entremise que nous, militants de la première heure
du Rdpc et fidèle accompagnateur de Son Excellence Paul
Biya, démontrons à nos adversaires politiques que nous
sommes proches des populations.
N° 0011 de Novembre 2023
Pascal FONDJA, directeur
du Centre de formation
Bienvenu LONKEU
«Le Centre de formation Bienvenu LON-
KEU vise à former les jeunes dans divers
métiers à l’instar de la pisciculture, la pein-
ture, l’élèvage de poulets, couture, etc. En
moins d’une année d’existence, cette struc-
ture s’est imposée dans le landerneau so-
cial de Yaoundé II comme un véritable catalyseur en terme d’apprentissage et
d’insertion professionnelle. Agréé par le ministère de l’emploi et de la forma-
tion professionnelle, les apprenants bénéficient des connaissances dans un
cadre agréable, avec une ambiance bon enfant sous la houlette d’enseignants
qualifiés et disponibles et ce, sans débourser le moindre kopeck. Durant leur
cycle de formation, le matériel didactique est à la charge du philanthrope
Bienvenu LONKEU. A date, le Centre de formation Bienvenu LONKEU
peut se targuer d’un bilan élogieux . Avec un minimum de 5 promotions for-
mées dans divers métiers, plus de 300 jeunes formés et intégrés. Le travail du
président de la 14ème sous-section C s’inscrit fondamentalement en droite
ligne de la vision du président Paul Biya qui vise à outiller le fer de lance de
la Nation»
Barthelemy TCHEBEMEN,
secrétaire général de la
14ème sous-section RDPC
du Mfoundi 2
«Consécutivement à la catastrophe de Mban-
kolo qui plonge dans l’émoi les populations
de Yaoundé 2 et du Cameroun en général, le
président de la 14ème sous-section Rdpc a
instruit aux membres de son équipe de sur-
soir aux activités relatives à la bourse de l’emploi qui se tient à la Maison du
parti de Nkomkana pour porter secours aux sinistrés. Par la même occasion,
il leur a fait tenir un paquet minimum de 1200 bouteilles d’eau minérale.
Ce geste d’empathie découle de la visite sur le site de l’homme d’affaires en
compagnie des autorités locales à l’instar du sous-préfet de l’arrondissement
de Yaoundé II, du maire de la commune éponyme et du sénateur Tabi. En
ce qui concerne la bourse, il serait bon de rappeller ici qu’elle concerne tous
les jeunes du Mfoundi sans discrimination aucune. Cette opportunité vise à
outiller la jeunesse, créer des opportunités d’emplois directs et instaurer une
base de données pour la mettre à la disposition des pouvoirs publics. Dans
son souci d’accompagner efficacement, efficiemment et de facon optimale
les sinistrés de Mbankolo, une entorse a été faite pour les intégrer prioritai-
rement»
6
 DOSSIER N° 011 de Novembre 2023

« C’est en 2025 que je vous dirai si je brigue un autre mandat ou je rentre

au village ». Cette réponse de Paul Biya à Amélie Tulley de Radio France
International (RFI) avait suscité le rire de l’auditoire du 23 mars 2021
au Palais de l’Unité où le Chef de l’Etat recevait Emmanuel Macron, le
président français. Une visite officielle de 72 heures consacrées à la revi-
goration du lien franco-camerounais, un brin effiloché par le sentiment
antifrançais en circulation sur le sol africain, mais autour de laquelle ont
aussi gravité des interrogations sur les ambitions de L’homme-Lion à
seulement deux ans de l’expiration de son 7ème mandat. Paul Biya, 91
ans dont 40 au sommet de l’Etat, ne donne à personne l’impression d’un
capitaine disposé à quitter la barre du navire qu’il conduit autant qu’il
n’en affiche plus une addiction particulière. Navigateur en eau trouble,
il avance masqué vers 2025 en riant des supputations qui échaudent les
débats sur l’alternance ou encore la transition générationnelle. Sera-t-
il encore le super favori de l’élection présidentielle à venir ou consacre-
ra-t-il les dernières années de sa vie à son ananeraie de Mvomeka’a ?
Entre deux airs de Beethoven, un de ses préférés de la musique classique,
il écoute la clameur sortie des entrailles d’un Cameroun en faveur d’un
énième mandat sur les hauteurs d’Etoudi. Un appel du peuple auquel il
est astreint de répondre pour achever le chantier entamé le 6 novembre
1982 et dont il est l’inusable architecte. Mais le Sphinx, cacique-en-chef
d’un régime dont les lampions s’éteigneraient selon quelques pronosti-
queurs du weekend à la télé, a sa lucarne visée sur les rivaux d’hier et
d’aujourd’hui, persuadés de l’imminente fin de l’ère Biya. Sans rire…

Paul Biya
Stop ou encore ?
Dossier réalisé par la rédaction

Appel du peuple
Le Cameroun s’adresse au Lion
Motions de soutiens, déclarations publiques et
autres lettres ouvertes soutiennent une candi-
dature de Paul Biya à l’élection présidentielle
de 2025. Par André Marie MBIDA
« La Lékié derrière Paul Biya en 2025». Gravé en
rouge sang sur la pancarte que tient Henri Eyébé Aysissi
des deux mains, cet appel en circulation ce 6 novembre
2021 dans la Maison du parti de Monatélé est accueilli en
sons et en rythmes par un auditoire en accord avec l’op-
tion de la continuité proposée par le chef de la délégation
permanente départementale du Rassemblement démo-
cratique du peuple camerounais (Rdpc) dans la Lékié. «
C’est notre candidat naturel », soutient Marcellin Ndjaga,
ancien gouverneur et militant de la section Rdpc Lekié
Nord où s’est tenu ce giga-meeting auquel a pris part l’en-
tièreté du personnel politique de ce département acquis
aux idéaux de rigueur et de moralisation.
Ce ralliement derrière celui dont le pied a foulé le sol de
Monatélé à deux reprises (Campagnes électorales en vue
des présidentielles de 1992 et 1997) est en amont de ce
courant en propagation sur l’étendue du territoire natio-
nal. Un refrain repris des semaines après dans la qua-
si-totalité des structures politiques du parti au pouvoir
où l’on est convaincu que Paul Biya n’est pas encore au
soir de sa présidence. « Il est le gage d’un Cameroun qui
avance en toute sérénité vers son Emergence », explique
Raoul Fotsing, militant de la section Rdpc Mifi-Centre
où un vœu identique avait rempli la motion de soutien
qui avait ponctué la réunion politique du 25 mars 2022.
«C’est notre papa, notre mari, notre frère. Nous allons le
‘’surliver’’ jusqu’au ciel », entend-on clamer sur Vison 4
une fervente du biyaïsme dans un reportage sur l’An 40
du Renouveau à Sangmelima. « L’Extrême-nord a juré fi-
délité au Chef de l’Etat. Il est notre Jules Cesar que nous
suivons avec dévotion », ajoute Pierre Bakary dans l’eu-
phorie de la rencontre présidée le 14 août 2023 à Yagoua
par le ministre Malachie Manaouda de la santé publique
et à travers laquelle la région la plus au nord du Came-
roun a demandé au Lion de se représenter en 2025.
La cloche de la mobilisation qui retentit dans toutes les
unités politiques du Rdpc trouve des oreilles réceptives
dans d’autres formations politiques où la page Biya n’est
pas à tourner dans l’immédiat. Exemple pris avec Hama-
dou Moustapha, ministre chargé de missions à la Prési-
dence de la République et président pour l’Alliance na-
tionale pour la démocratie et le progrès (Andp). Présent
à Monatélé pour la célébration des 39 années de magis-
trature suprême de Paul Biya, ce vieil allié de l’establish-
ment de Yaoundé a réitéré sa fidélité ainsi que celle de ses
militants à Paul Biya. « Je le répète. Notre loyauté envers
monsieur le président de la République est indiscutable »,
avait-il martelé à Monatélé en présence d’Henri Eyébé
Ayissi, son homologue des domaines, du cadastre et des
affaires foncières. Les responsables locaux de l’Union des
populations du Cameroun (Upc) ainsi que ceux du Social
Democratic Front (SDF), certes moins diserts qu’Hama-
dou Moustapha, n’ont pourtant trouvé aucune objection à
participer à la marche de soutien qui s’est achevée devant
la résidence du préfet à qui le message – adressé par la
Lékié - d’un énième mandat de Paul Biya à la tête du Ca-
meroun a été remis.
L’option Biya en 2025 lève aussi bien de personnes dans
les rangs de la société civile. Organisations patronales,
milieux syndicaux, regroupements corporatifs…C’est le
Cameroun dans son entièreté qui languit aux portes du
Palais de l’Unité d’où tarde à sortir la réponse qui fixera
tout un peuple sur l’après 2025. « Nous lui avons dit que
c’est lui que nous avons choisi pour l’élection présidentielle
à venir. En homme sage et visionnaire, il sait ce qui lui reste
à faire », avait-on entendu de la bouche de Fadimatou
Iyawa, présidente d’un Conseil national de la jeunesse du
Cameroun (Cnjc) aux avant-postes du meeting du 17 mai
2023 à Mokolo dans le département du Mayo-Tsanaga.
Ritournelle identique chez Marie Biloa, leader de l’Asso-
ciation des bayam-sellam du Cameroun (Asby). Son or-
ganisation, dans un courrier émis en juillet dernier, avait
exprimé son désir de voir le « congélateur national » rem-
piler au sommet de l’Etat.

7
 DOSSIER N° 011 de Novemcbre 2023

Paul Biya en 2025: Stop ou encore?

De nombreuses analyses faites au Cameroun ou

Défis d’aujourd’hui et de demain
L’après 2025 avec Biya
A 91 ans, Paul Biya a plus de passé que d’avenir.
Cette impression devenue un classique insurpassable
de l’opinion que l’on se fait des personnes du troisième
âge n’entame en rien les certitudes qui gravitent autour
d’un homme taillé pour beaucoup à la mesure d’un 8ème
mandat de président de la République. Sept autres an-
nées sous l’égide des idéaux de rigueur et de moralisation
sont nécessaires notamment pour parachever l’œuvre de
construction nationale entamée il y a 41 ans. « Paul Biya
est le maitre d’ouvrage d’un Cameroun résolument tour-
né vers la modernité et l’innovation », explique Martial
Bessala, chercheur en sciences sociales. Cette explica-
tion, poursuit-il, puise son fondement dans les grandes
transformations structurelles qui ont tonifié l’économie
camerounaise indépendamment des chocs et autres aléas
conjoncturels. En réussissant à redresser la barre des fi-
nances publiques après les turbulences des années 80 et
90 ainsi que l’atteinte du point d’achèvement survenu au
lendemain d’une décennie d’ajustement draconien, l’ex-
périence de Paul Biya est d’une maturité similaire à celle
du vin qui gagne en exquisité avec les années qui se suc-
cèdent. «Quatre décennies à vivre dans l’entre-lacs des af-
faires publiques vous donnent à coup sûr une expertise à la
en dehors indiquent que le Chef de l’Etat came-
rounais reste une option raisonnable pour la pro-
chaine élection présidentielle.
Par Armand NGANE
source de laquelle tant de générations peuvent s’abreuver»,
indique Paul Malangué, économiste.
Il reste pourtant la question de la finition de certains
chantiers où s’accumulent retards de livraison et élé-
phants blancs. La déception émanant de ces infrastruc-
tures où de précieux milliards de francs CFA ont été
investis en contrepartie d’un résultat en demi-teinte en
a motivé plus d’un à questionner l’opportunité des ac-
tions du Renouveau dans un Cameroun sous le joug du
marasme économique. « Les barrages de Lom Pangar et
Memve’ele et bien d’autres ouvrages instruits par le Chef de
l’Etat exigent un achèvement qui ne devrait pas être inter-
rompu par une administration comme la nôtre qui est très
tatillonne et prisonnière des longues procédures. Avoir le
président de la République en sentinelle est un gage de célé-
rité », rétorque Albert Tchuilieu, expert en management.
L’exécution des grands chantiers inscrits dans la Stratégie
nationale de développement à l’horizon 2030 (Snd30),
mission sacerdotale que poursuit le Sphinx de Mvome-
ka’a au profit des plus pauvres de la société camerounaise,
ne pourra se faire pourtant sans la stabilité des institu-
tions et la cohésion sociale. « Mendiant de la paix » se-
lon ses propres termes prononcés en 2017 à la tribune de
l’assemblée générale des Nations-Unies, Paul Biya reste
encore la promesse toujours tenue d’un Cameroun où
vivre—ensemble, unité nationale et multiculturalisme
s’implémentent. Malgré les soubresauts de ces quatre
ou cinq dernières années, marquées entre autres par les
revendications séparatistes dans les régions en crise du
Nord-ouest et du Sud-ouest, le capitaine du bateau Ca-
meroun a su manœuvrer son équipage dans ces eaux que
l’on sait endiablée sur la scène nationale. Peut-on pour-
tant trouver un navigateur aussi aguerri ailleurs ? « Très
difficile, surtout en ces temps actuels où pullulent les ‘’pré-
sidents élus’’ et autres généraux de la rue qui croient que
c’est en cette période de ‘’fin de règne’’ que leurs étoiles à
eux commenceront à briller », répond le géostratège Félix
Oum pour qui « Paul Biya a toujours été un pacificateur
qui a régulièrement su se positionner en homme de paix
tout en refusant de céder aux sirènes de la provocation de
certains acteurs politiques ». Pour cet expert, une bonne
part de la quiétude des prochaines années au Cameroun
dépend de l’acceptation par le Chef de l’Etat d’un énième
mandat.

Politique et vieillesse
Complémentarité à problème au Cameroun Michael
De nombreuses personnalités exercent de très hautes fonctions politiques dans leurs pays à des âges gran- Sata
dement avancés. Des exemples qui passent mal pourtant au pays de la « gérontocratie » et de la « transition
générationnelle ». Par André Marie MBIDA

L e cheveu grisonnant, le sourire dépourvu d’une ca-

nine et la posture alourdie par ses 90 ans. Ce cliché de
l’audience d’aurevoir à Christophe Guihlou, ex-ambas-
sadeur de France au Cameroun, aura eu le mérite de
battre un record de viralité sur les plateformes numé-
riques et de relancer le sempiternel débat sur la géronto-
cratie en circulation sur l’échiquier politique camerou-
nais. La vieillesse, cause régulièrement évoquée dans les
états-majors de l’opposition politique pour expliquer le
funambulisme en usage sur les cordes raides de l’actuali-
té nationale, est restée dans le top ranking des commen-
taires des deux à trois semaines qui ont suivi cet échange
du 9 juin 2022 au Palais de l’Unité entre le diplomate
français et Paul Biya, son hôte. « Cette image est un très
mauvais exemple que le Cameroun envoie au monde »,
avait alors glapi un cadre du Mouvement de la renais-
sance du Cameroun (Mrc) pendant que celle-ci passait
en boucle sur le moniteur de la chaine de télévision où
il avait été invité pour débattre sur la « transition géné-
rationnelle ».
La vieillesse, un problème en politique ? Si les langues
qui se délient sur la question postillonnent leur désap-
probation sous le ciel camerounais, la culture politique
d’ailleurs est pleine d’exemples qui illustrent le contraire.
Le cas de Beji Caid Essebsi, élu président de la république
en Tunisie à 86 ans (seulement ?) sous l’ère post-Ali, dé-
montre la libre souveraineté par laquelle les peuples se
distinguent dans la désignation de ceux à qui est confié
leur destin. Face au néodestourien de l’élection prési-
dentielle de 2014, des candidats trentenaires ayant revê- Beji
tu les oripeaux du changement mais qui ont tous achevé Caid
leurs courses en dessous de la barre des 14%. Score qua-
si-identique en Zambie où le septuagénaire Michael Sata
Essebsi
fut élu à la tête de l’Etat en 2009. Avachi par la maladie,
ce socio-libéral ne manquera pourtant pas de laisser de
précieux souvenirs dans la mémoire collective à travers
ses succès remarquables dans la lutte contre le chômage
jusqu’à son décès en 2012. Serait-ce indécent d’évoquer
Yoweri Musevini, le « grand champion de la croissance » Yoweri
d’après Michel Camdessus, ancien directeur général du Mussevini
Fonds monétaire international (Fmi) ? A 79 ans, l’Ou-
ganda dont il tient les manettes depuis près de 30 ans
marche sur le sentier d’un progrès ininterrompu depuis
plus d’une décennie.
Le vécu d’ailleurs, expression d’une maturité politique
dépouillée d’apriorismes surannés et improductifs, est
pourtant une graine manifestement stérile une fois en-
fouie dans le sol camerounais. Les 78 années de Joe
Joe
Biden, président le plus âgé de l’histoire séculaire des Biden
Etats-Unis et en quête d’un deuxième mandat à la Mai-
son blanche, auraient provoqué l’urticaire du politique-
ment correct au pays de la « transition générationnelle ».

8

Paul Biya en 2025: Stop ou encore?
Quelle opposition face à Biya ?
« Je souhaite que les Camerounais
retiennent de moi, que je suis celui par qui
le multipartisme et la démocratie furent
instaurés » De l’avis des experts, si le ma-
gistère du président Paul Biya est jonché de
projets et de programmes non tenus, celui
relatif à l’émancipation politique des masses
est auréolé d’un succès certain ou d’un cer-
tain succès. Pour les politologues, la mise
sur pied de la démocratie est même la prin-
cipale réussite du Renouveau.
Le Cameroun compte à son actif au moins
300 partis politiques légalisés en 2023. Force
est de constater toutefois que la plupart de
ces partis, crées au lendemain du retour du
multipartisme en décembre 90, brillent par
leurs inerties dans le paysage politique na-
tional.
Néanmoins, certains sortent du lot, de par
les résultats engrangés lors des différents
scrutins et du dynamisme des leaders. Le
Mouvement pour la renaissance du Came-
roun (Mrc) fondé en 2012, le Parti camerou-
nais pour la réconciliation national (Pcrn)
fondé en 2003, le Front Social-Démocrate
(SDF) parti fondé en 1991 sont à ce jour
inéluctablement les dignes ambassadeurs.
Les élections présidentielles prévues en 2025
au Cameroun font l’objet de moult spécula-
tions. Ce questionnement porte essentiel-
lement sur la capacité des partis et leaders
d’opposition à représenter une alternative,
une alternative crédible.
Le Mrc, dirigé par le Pr Maurice Kamto, est
un parti majeur dans le paysage politique
du pays de Ruben Um Nyobe. Arrivé 2ème
à la présidentielle de 2018, il s’est hissé au
rang de principal parti d’opposition. L’un
des derniers nés du microcosme politique
qui a su cristalliser l’attention de l’opinion
publique. Un capital-confiance qui prédes-
tinait ce dernier à un avenir radieux, mais
qui s’est effrité au fil du temps. Cette perte
de crédibilité est corrélée à des choix estimés
contre-productifs tel que le refus de parti-
ciper aux élections municipales et législa-
tives (date). Ce qui a eu pour conséquence,
la démission des cadres, aliénant de façon
profonde la structuration du mouvement.
De même que l’impossibilité pour le Mrc
de présenter un candidat au scrutin prési-
dentiel de 2025, du fait de l’absence d’élus
(confère lois).
La gouvernance au sein du MRC est aussi
un indicateur capital qui vise à consolider,
selon les experts, le caractère tribal et cen-
traliste qui prévaut dans cette organisation
politique. Selon l’économiste Dieudonné Es-
DOSSIER
Par Bertrand BIKA
somba, l’exclusion de Michele Ndoki contri-
bue à renvoyer une image « ethno-com-
munautaire ». Attitude qui, selon l’expert,
reflète très profondément la perception qu’a
le guide du Mrc du Cameroun. De ce qui
ressort, l’éligibilité aux élections présiden-
tielles 2025, centralisme, l’implémentation
d’une gouvernance à vocation ethnique,
représente le typique qui met hors course
le parti du « seigneur de la loi » pour une
probable victoire aux élections prochaines.
L’espoir d’une potentielle alternance pour-
rait dont être portée par le Pcrn.
Considéré à juste titre comme la troisième
force politique du pays. Le Pcrn que dirige
Honorable Cabral LIBI arrive en troisième
position derrière le Rassemblement démo-
cratique du peuple camerounais (Rdpc) et le
Mrc à l’élection présidentielle de 2018.Cette
position est consolidée par l’obtention dans
le cadre des élections duelles (législatives
et ,municipales) de 5 sièges à l’Assemblée
nationale et 7 communes de plus de 200
conseillers municipaux .Ces victoires his-
toriques furent acquises pour la plupart
dans la région du Centre, département du
Nyong-et-Kéllé. Cette zone-bastion naturel
de l’Union de populations du Cameroun
(Upc) privé d’investiture dans sa circons-
cription électorale de référence.
Auréolé de ces résultats, le Pcrn se posi-
tionne de facto dans le landernau politique
camerounais comme une alternative po-
tentielle. Organisation jeune, adossé au ca-
ractère juvénile de son top management, il
trouve écho favorable auprès de la jeunesse.
Il apparait pour ce fer de lance de la na-
tion - affligé par le poids de la vie, chômage,
paupérisation abyssale, inertie des pouvoir
publics - comme le palliatif crédible. L’orga-
nisation messianique est investie d’une mis-
sion divine : « Abolition de tous les maux ».
Seulement, le Pcrn porterait-il en lui les
germes de sa propre destruction ? Cette
question taraude outrancièrement l’esprit
des partisans et sympathisants de cette for-
mation politique. Ce après la retentissante
désillusion constatée pendant les élections
régionales en 2020. Dans le Nyong-et-Kél-
lé - Centre, parti avec 128 conseillers mu-
nicipaux, le Pcrn s’en sort avec 97 suffrages.
Déjouant ainsi tous les sondages donnant
le jeune parti vainqueur au vu des oripeaux
qui sont les leurs. Car il possède au départ
3 conseillers de plus que son rival le Rdpc.
Trahison ou fraude, jusqu’à date, aucune ex-
plication n’est apportée. Cette attitude vient
consacrer l’omerta qui a libre cour au sein
9
N° 011 de Novembre 2023
de cette formation politique. De même,
elle a inéluctablement entachée le capital
confiance de ce parti pourtant prometteur.
La nature ayant horreur du vide, le quali-
ficatif de « parti collabo » ou encore « sous
tutelle » commence à faire son chemin dans
l’opinion publique. Ce qui compromet la
victoire de cette formation politique en
2025, mais pas de toute l’opposition à l’ins-
tar du Front Sociale-Démocrate (SDF).
Créé le 26 mai 1990 pour s’opposer au Rdpc,
ce parti a marqué l’histoire politique du
pays. Les fins limiers du SDF ont irradier
l’ensemble du corpus foncier camerounais.
Ceci en élaborant des théories qui cristal-
lisent l’opinion publique. Par ce biais, il se
positionne en porte - étendard de la jus-
tice sociale et alternative populaire contre
le libéralisme communautaire. Ce qui lui
a permis d’obtenir un électorat confortable
en 1992. Corrélé à une représentation par-
lementaire confortable, le SDF acquiert iné-
luctablement le statut de premier parti d’op-
position au Cameroun.
Loin de cette époque gracieuse qu’a connue
le parti du défunt président emblématique
Ni John Fru Ndi, la liste du SDF, portée par
l’honorable Joshua Osih, arrive 4ème aux
élections présidentielles de 2018 au Came-
roun, faisant ainsi pâle figure. De l’avis des
experts, les causalités de cet état de choses
sont de plusieurs ordres, notamment endo-
gènes et exogènes.
Sur le plan endogène, la convocation d’une
gouvernance centraliste, organisée autour
d’une figure jésuitique est pointée du doigt
par les observateurs. Ce mécanisme de fonc-
tionnement, qui laisse très peu de marge de
manœuvre aux adhérents, a contribué à la
fragilisation de la structure politique. Ceci
en favorisant la naissance de différentes
factions. Aussi, le décès du Chairman, le
12 juin dernier, n’est pas pour arranger les
choses. Cette disparition ouvre la voix à des
luttes fratricides, consolidant ainsi l’éclosion
de cette organisation majeure dans l’univers
politique au pays de Paul ATANGA NJI.
Les agrégats externes ne sont pas en reste.
La crise sociale qui prévaut dans le Nord-
Ouest et Sud-Ouest Cameroun a fortement
impactée sur le rayonnement du SDF. Ces
régions considérées comme le bastion natu-
rel du parti vert est en proie à une crise (am-
bazonienne) depuis bientôt 10 ans. Ce qui a
fragilisé de façon abyssal la base électorale.
Vivement que ce parti historique retrouve
ses lettres de noblesse.
 SPECIAL DRAME DE MBANKOLO
Yannick Ayissi:
«Nous allons
apporter ce qu’il
faut pour que ces
populations
reprennent le cours
normal de leurs
vies»
La tête enfouie dans la pile de dos-
Trajectoire : Plus d’une semaine après la ca-
siers que lui apportent des secrétaires tastrophe de Mbankolo, les chiffres fusent de
toutes parts, plongeant l’opinion nationale
au pas de course, notre hôte a le re- dans la confusion. Entant qu’autorité locale
compétente, quelle en est le bilan exact ?
gard qui oscille entre ses parapheurs Yannick Ayissi : Je vous remercie d’abord pour
l’opportunité que vous me donnez de communi-
et le cadran de sa montre-bracelet. « quer sur la catastrophe de Mbankolo qui a eu lieu
le 8 octobre passé. En termes de bilan officiel, je
Je suis attendu chez le Premier ministre ne suis pas mandaté par le gouvernement de la
à 12 heures 45 », nous informe-t-il, République pour m’exprimer avec autorité sur cet
aspect. Le maire de la commune d’arrondissement
sans quitter des yeux la paperasse qui de Yaoundé 2ème que je suis par contre peut vous
dire que le bilan parvenu à notre niveau fait état
bonde sa table de travail. 15 minutes de 28 corps retrouvés et identifiés ; et qui ont été
déposés à la morgue de l’hôpital central de Yaoun-
donc – et pas une tierce de plus – chez dé. D’autres chiffres indiquent la disparition de 3
personnes, introuvables à date. Il s’agit plus exac-
Yannick Ayissi dans son bureau aux tement de ceux qui étaient présents lorsque surve-
murs bardés de clichés qui relatent nait le drame et qui sont toujours recherchés par
leurs proches. Nous déplorons aussi 17 personnes
quelques temps forts de son parcours blessées dont quelques-unes dans un état critique.
55 familles sont également impactées par le drame.
politique. Mais le maire de Yaoundé Dans ce registre précisément, vous avez les resca-
pées du sinistre et les déguerpies de l’opération de
2ème, commune d’arrondissement où démolition qui a eu lieu le long du canal du cours
d’eau.
l’eau et la boue qui ont dévalé le mont
Mbankolo ont enseveli des familles et Quelles ont les actions posées à date par la
commune pour venir en aide aux populations
rasé des maisons, trouvera pourtant sinistrées ?
Nous parlerons d’abord de deux types d’action. Vous
quelques minutes supplémentaires avez premièrement des actions qui permettent de
sécuriser le site. Je vous indiquais précédemment
pour nous parler de ce drame surve- que toutes les maisons situées sur le flan du cours
d’eau ont toutes été identifiées. Nous y avons apposé
nu dans la nuit du 8 octobre 2023. De des croix de saint André et nous avons procédé au
la bouche du magistrat municipal, le démolissage de celles-ci avec un engin mise à notre
disposition par la ministre Célestine Ketcha Cour-
bilan exact – mais non officiel, a-t-il tès du développement urbain et de l’habitat à qui
nous disons justement merci pour cette marque de
tenu à préciser – de ce que ses services sollicitude. Au total, c’est 34 maisons qui ont été dé-
molies en plus des 23 autres qui ont été rasées par
ont recensé ainsi que les premières la furie des eaux. Ces actions au plan technique qui
ont permis de sécuriser les populations ainsi que
actions entreprises par l’administra- le site du drame ont été accompagnées de mesures
tion placée sous son autorité. Yannick humanitaires. Beaucoup de ménages ont perdu
leurs domiciles. Raison pour laquelle nous avons
Ayissi, le plus jeune à cette charge au réquisitionné la Maison du parti de Nkomkana où
bon nombre de sinistrés ont été installés et pris en
Cameroun, a davantage les yeux rivés charge par nos services. Ils sont logés et nourris. Ils
ont reçu le don du couple présidentiel. A cela, vous
vers l’avenir. Un avenir qui s’écrira au ajoutez les dons des personnes de bonne charité
qui viennent et nous accompagnent.
forceps du bâton mais aussi par les
moyens d’une plus grande sensibili- L’arrondissement de Yaoundé IIème a vu
défiler sur son sol et en un laps de temps un
sation sur le danger perché au-dessus nombre impressionnant d’élites provenant de
tout horizon. Quel a été leur apport ?
des populations qui vont élire domi- Nous avons reçu des personnalités de tous bords.
Des politiques, des leaders d’opinion ainsi que des
cile dans des zones à risques. Un en- associations. Je dirai simplement que le premier ré-
confort que nous avons reçu de ces personnes est
tretien exclusif à travers lequel l’exécu- moral. Sur le plan matériel et financier, nous avons
tif de la commune d’arrondissement quelques associations qui ont offert des dons en
matériels, denrées alimentaires ainsi que des four-
de Yaoundé 2ème engage sa croisade nitures scolaires qui ont été distribuées à ces sinis-
trés. Parmi les donateurs, le couple présidentiel à
contre l’anarchie dans l’espace public. qui nous exprimons encore toutes notre reconnais-
sance. Mais nous n’avons pas jusqu’à présent reçu
un appui consistant qui nous aurait permis d’ac-
compagner ces populations. Nous espérons que le
Propos recueillis par Bertrand BIKA gouvernement est à pied d’œuvre pour trouver des
solutions idoines pour faciliter le recasement ou
10
N° 011 de Novemcbre 2023
la réinstallation de ces populations qui n’ont plus
d’abri.
Ce malheureux sinistre survient alors que
la commune d’arrondissement de Yaoundé
IIème dispose d’un plan d’occupation des sols.
Qu’est-ce qui explique la présence des popu-
lations sur un site hautement accidentogène
et quelles ont été les actions préventives me-
nées par la commune à ce sujet ?
Vous faites bien de rappeler l’existence de ce plan
d’occupation des sols au sein de notre commune.
Malheureusement, nous avons trouvé les popula-
tions sur ces sites avant que nous ne prenions les
rennes de cette municipalité. La presque totalité
des sites à risque de la commune sont occupés il-
légalement et anarchiquement par les populations.
Notre devoir est de libérer ces espaces. N’ayant
pas pu trouver tous les moyens nécessaires pour
le faire, nous nous sommes employés à sensibiliser
les populations sur les effets néfastes de cette occu-
pation anarchique de l’espace. Il est quand-même
opportun de signaler que l’autorisation de démolir
est une compétence que détient exclusivement la
communauté urbaine. A l’époque, l’ancien délégué
du gouvernement (Gilbert Tsimi Evouna, Ndlr)
avait en son temps procédé à des casses dans la
ville de Yaoundé parce qu’il en avait le pouvoir. Je
profite justement de cette tribune pour demander
au maire de la ville de mettre sur pied une commis-
sion afin d’identifier ces maisons-là et d’adresser
des préavis de libérer les lieux à ceux qui en sont
les propriétaires. Mais cela va engendrer un autre
problème. Qu’est-ce que nous ferons de toutes ces
masses de personnes que nous ferons déguerpir de
force ? Une question sans réponses à date et qui
peut créer des remous sociaux. Il s’agit de milliers
de Camerounais. En plus de les faire déguerpir, il
faudra trouver une solution pérenne qui permet-
tra de réduire les effets négatifs d’une pareille opé-
ration qui est certes bénéfiques pour leur sécurité
mais défavorable pour leur quotidien.
Que pensez-vous faire maintenant pour que
plus jamais pareil drame ne survienne à nou-
veau ?
Il n’y a pas qu’à notre niveau où se situent les so-
lutions. Celles-ci peuvent également venir du
sommet. De notre côté, nous allons poursuivre la
sensibilisation, nous allons protéger l’espace qui a
subi le sinistre. Cet espace sera rénové, restructuré.
Nous y allons installer des espaces paysagers, faire
construire un canal d’eau, travailler sur le drainage
des eaux. Les autres zones de notre commune qui
sont à haut risque feront l’objet d’une collaboration
que nous souhaiterons avoir avec le gouvernement.
La même question revient : que ferons-nous des
populations déguerpies ? Si les pouvoirs publics
peuvent nous accompagner dans cette logique de
réinstallation des populations, nous pourrons très
certainement tirer notre épingle du jeu.
Avez-vous un message en particulier aux po-
pulations endeuillées ?
C’est un message de compassion, de réconfort.
Ces populations dépendent de notre municipalité.
Nous avons donc un impérieux devoir de les se-
courir. Ce que nous faisons et que nous ne nous
fatiguerons pas de faire en dépit de nos modestes
moyens. Nous allons apporter ce qu’il faut pour
que ces populations reprennent le cours normal de
leurs vies, pour que les enfants reprennent l’école.
Nous aiderons aussi les familles à se réinstaller ail-
leurs. Elles ont toutes notre compassion et tout
notre soutien.

Entreprenariat
Comment accroître
les performances
de son entreprise
Le milieu des affaires est logiquement calqué sur le principe
du retour à l’investissement, un principe dont nombre d’entre-
preneurs se cassent souvent les dents quand vient le temps du
rendement. Entre défis et objectifs à atteindre, voici quelques
recettes miracles. Par Martial OBIONA
E xhaustives, les recettes formu-
lées varient d’un contexte à un autre
parmi celles-ci, la Méthode Kaizen
qui repose sur concept de travail
collectif ancré dans un système d’in-
telligence collaboratif qui remet en
question les méthodes en vigueur
afin d’améliorer le rendement dans
la continuité des méthodes decriées.
Quant à la méthode des 5M ou
diagramme d’Ishikawa, elle repose
sur l’identification des dysfonction-
nements, le lieu de ceux-ci, le but
recherché étant de définir les meil-
leures solutions en réponse aux dys-
fonctionnements identifiés.
Par ailleurs, notons la Méthode 5S
basée sur 05 actions, singulièrement
Secteur minier
Plus de 400 millions
Fcfa pour renforcer le
cadre juridique
432,176 millions, c’est le montant octroyé par la Fa- À titre de rappel, la Facilité Africaine de Soutien Juri-
dique est une organisation internationale encadrée par
cilité Africaine de Soutien Juridique au Cameroun la Banque Africaine de Développement.
le 26 Septembre 2023 via la signature de la lettre
d’accord d’assistance. M.O.
ECONOMIE
l’élimination du superflu par le tri,
l’ordre et le rangement, le nettoyage
de l’environnement de travail, l’orga-
nisation rigoureuse selon des règles
et normes précises pour maintenir
un bon niveau de rendement sur la
durée, lesquelles règles consiste à
améliorer les conditions de travail.
Bien que plusieurs méthodes
existent, améliorer continuellement
les résultats des entreprises nécessite
un appel interactif du cycle PDCA
c’est-à-dire planifier en se fixant des
C ette somme destinée aux services de conseil et des
activités de renforcement des capacités dans le secteur
minier est scindé en deux parties, la première d’un
montant de 300 000 dollars US couvrira les activités de
renforcement des capacités puis la seconde un don de
400 000 dollars US sera affectée aux services de conseils
du projet de rutile d’Akonolinga.
Des sources au Minepat indiquent que cet accord d’as-
sistance dont la requête avait été formulé depuis juin
2022 va se décliner sur 04 axes d’interventions singu-
lièrement l’examen du cadre juridique, réglementaire
et institutionnel applicable au secteur minier; l’élabora-
tion d’une « boîte à outils » comprenant des documents
juridiques standardisés et conformes aux meilleurs
standards internationaux ; le renforcement des capaci-
tés et enfin l’assistance au Gouvernement dans le cadre
de la négociation de la convention minière relative au
projet de rutile d’Akonolinga.
Dirigée par Olivier Pognon, la Facilité Africaine de
Soutien Juridique a été mise sur pied en 2008 à l’ini-
tiative des ministres africains en charge de l’Economie
et des Finances, avec pour objectif d’accroître les capa-
cités juridiques et techniques des gouvernements afri-
cains face à des manœuvres multiples notamment des
contrats mal négociés. Avec à date 389 projets exécutés
dans 50 pays par la Facilité Africaine de Soutien Juri-
dique, le Cameroun entend également faire bénéficier
son secteur minier qui jusqu’ici ne participe qu’à 0,11%
du Produit intérieur brut.
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N° 011 de Novembre 2023
objectifs précis, faire ou réaliser des
tâches planifiées, vérifier les résultats
obtenus tout en les mettant en com-
paraison de ceux escomptés puis agir
en améliorant ou en ajustant le plan
d’action( procédures, guidelines,
checklists… ).
In fine au delà des nombreuses mé-
thodes, le PDCA ( Plan, Do, Check,
Act) reste une boussole directrice
tel la roue de Deming démocratisée
dans les années 1950.
CMF2023
Yaoundé accueillera
la 44 ème session
Du 04 au 05 Novembre 2023,
la capitale politique du Ca-
meroun servira de cadre à
l’organisation de la Confé-
rence Ministérielle de la
Francophonie sous le thème,
« Bonne gouvernance: gage
de stabilité politique, écono-
mique et culturelle pour les
citoyens francophones » tel qu’à indiqué Chimoun Ou-
marou, Secrétaire Général du Ministère des Relations Ex-
térieures lors d’un point de presse.
Sur les enjeux de cette 44 ème conférence, il sera ques-
tion de poser les jalons de la nouvelle programmation
2024-2027, adopter le budget quadriennal et mener une
réflexion profonde sur la gouvernance dans l’espace fran-
cophone au regard non seulement des coups d’Etat per-
pétrés ou en cours mais aussi des crises sécuritaires ob-
servées.
Pour mener à bien cette organisation, un colloque inter-
national aura lieu du 10 au 11 Octobre 2023 à l’Institut
des Relations Internationales du Cameroun sous la prési-
dence du Pr Jean Tabi Manga, l’objectif autour est de dé-
battre des grandes thématiques qui seront abordées lors
de la 44 ème conférence ministérielle de la Francophonie,
une conférence que le Cameroun organisera pour la pre-
mière fois depuis l’adhésion du pays en 1975.
S’il est question pour le Cameroun de démontrer sa capa-
cité à organiser des grands rendez-vous internationaux,
le pays compte également présenter non seulement sa
position sur les questions politiques et techniques liées
à l’agenda de la conférence mais aussi rassurer les parte-
naires de l’espace francophone sur sa stabilité socioécono-
mique et politique, sa résilience et même son ouverture
diplomatique et démocratique.
In fine, organiser cette conférence constitue un défi ma-
jeur pour le Cameroun qui se prépare sereinement et mé-
thodiquement.
 SPECIAL DRAME MBANKOLO N° 011 de Novembre 2023

Catastrophe de Mbankolo: Yannick Ayissi en secouriste

Le maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé 2ème n’a mé-
nagé aucun effort pour porter secours aux sinistrés du 8 octobre 2023.

L a Maison du parti de
Nkomkana, bâtisse dans les
Par André Marie MBIDA
les établissements hospitaliers
voisins et c’est encore dans
murs de laquelle le Rassemble- les caisses de la commune
ment démocratique du peuple d’arrondissement de Yaoun-
camerounais (Rdpc) est célé- dé 2ème où sont trouvées les
bré dans l’arrondissement de ressources nécessaires pour la
Yaoundé 2ème, est désormais prise en charge.
l’abri d’une cinquantaine de
familles rescapées du sinistre Le pari de la mobilisation a été
survenu dans la nuit du 8 oc- également relevé par l’exécutif
tobre 2023 au quartier Mban- municipal de Yaoundé 2ème.
kolo. Cette sollicitude porte Au secours d’un maire dont
l’estampille du maire Yan- le travail est reconnu et salué
mairie. Nourriture, literie, eau et
nick Martial Ayissi Eloundou par ses populations, de nom-
autres accessoires pour toilettes
(YMAE) de la mairie de Yaoundé breuses associations ont répondu
intimes redonnent des couleurs à
2ème, porte-flambeau de la riposte au cri de détresse poussé depuis le
des personnes à qui l’eau et la boue
qui s’organise autour des victimes mont Mbankolo. Des aides maté-
ont tout pris.
de cet éboulement de terrain sur riels et financières, dont celles du
le carreau duquel gisent à date couple présidentiel, ont afflué vers
Le déploiement de YMAE et son
28 personnes. A la manœuvre de les sinistrés. Un cordon huma-
équipe a atteint aussi les forma-
cette relocalisation provisoire qui nitaire qui s’étend jusqu’à la Pri-
tions hospitalières de sa commune.
a immédiatement suivi le drame, mature où se rend régulièrement
La morgue de l’hôpital central de
le magistrat municipal a person- YMAE dans le cadre d’une concer-
Yaoundé a accueilli les corps des
nellement conduit les sinistrées tation de laquelle devront sortir
victimes tandis que bon nombre
vers cet asile de fortune où ils sont des solutions pour l’atténuation
de ses lits sont occupés par les bles-
pris entièrement en charge par la des conséquences de ce drame.
sés. D’autres ont été référés dans
EN IMAGES

Lire et faire lire

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