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La libéralisation

du marché de l’électricité
Octobre 2007

Dossier thématique réalisé dans le cadre


du programme d’information
« Les Forums de Romande Energie »
• Sommaire

Introduction 2

Entrée en vigueur de la nouvelle législation 2

LApEI : objectifs et principes 3-4

Mécanismes et principes de la libéralisation 4-5

Structure du prix 6-7

Tarifs applicables aux consommateurs captifs 7

Tarifs applicables aux consommateurs éligibles 8

Droit d’accès au réseau 8-9

Taux de changement de fournisseur dans les pays voisins 9-10

Conclusion 10

Entretiens avec Messieurs Matthias Finger et Jean-Claude Auch 11-12

L’auteur
Laure Boulianne est licenciée en droit et titulaire du brevet d’avocat depuis 2004.
Elle est au service de Romande Energie depuis 2005 en tant qu’adjointe du secrétaire
général. Elle est en charge de l’ensemble des questions juridiques de l’entreprise.

Le comité de rédaction chargé des réflexions et du choix du thème est composé de


Jean-Claude Auch, Laure Boulianne, François Fellay, Jean-Pierre Mitard et Joseph Scuderi. 
• Introduction

La libéralisation du marché de l’électricité est un sujet dont on débat depuis de nombreuses années. En Suisse, la
procédure d’ouverture s’est notablement accélérée ces derniers mois, puisque la Loi fédérale sur l’approvisionnement
en électricité ( LApEl ) a été adoptée par le Parlement le 23 mars 2007.

Cette ouverture du marché va totalement bouleverser le monde électrique tel que nous le connaissons actuellement.
Il n’est pas forcément aisé de saisir toutes les implications engendrées par cette libéralisation du marché,
d’autant plus que tous les contours ne sont pas encore définis.

Le présent document a pour but de dresser un portrait de la nouvelle législation fédérale, notamment ses buts et
principes, et de mettre en lumière les mécanismes de la libéralisation du marché. La question de la structure des
prix sera également abordée, avant d’évoquer le taux de changement de fournisseur dans les pays voisins.

• Entrée en vigueur de la nouvelle législation

Le délai référendaire concer nant la L ApEl a expiré le 12 juillet 2007 sans avoir été exercé. Ainsi, le marché
électrique suisse sera libéralisé en deux étapes, à par tir de 2008. Pour la branche électrique, comme pour les
consommateurs, la période d’insécurité juridique prend fin et une nouvelle ère commence.

L’Ordonnance sur l’approvisionnement en électricité ( OApEl ) et l’Ordonnance sur l’énergie ( OEne ) ont été mises en
consultation le 27 juin 2007. Les milieux concernés avaient jusqu’au 15 octobre 2007 pour faire par t de leurs
remarques et demandes de modifications. Les versions définitives de ces deux ordonnances devraient être publiées
au plus tôt au mois de novembre 2007. Cer taines informations contenues dans cet te présentation étant fondées
sur les ordonnances publiées selon leur teneur au 27 juin 2007, elles sont donc susceptibles de changer.

En principe, l’OApEl devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2008. Toutefois, cer taines dispositions, notamment
celles réglementant l’ouver ture du marché à proprement parler, ne pourront pas être mises en vigueur avant
le 1er octobre 2008. L’OEne devrait également entrer en vigueur le 1er octobre 2008.

Ainsi, en tout état de cause, les consommateurs qui en ont le droit et qui le souhaitent auront le libre choix de
leur fournisseur d’électricité à compter du 1er octobre 2008.

LApEl

OApEl

Législation cantonale

Documents de la branche

Figure 1. Hiérarchie des normes

 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


• LApEl : objectifs et principes

Les raisons de la réorganisation du secteur de l’électricité ayant déjà été évoquées dans le dossier intitulé
« Le marché de l’électricité en Suisse et en Europe 1 », elles ne seront pas reprises dans le présent document.

Approvisionnement

L’objectif prioritaire de la LApEl n’est pas la libéralisation du marché, mais bien d’assurer l’approvisionnement de
base et la sécurité de l’approvisionnement dans un contexte libéralisé, tout en garantissant les investissements.

Transparence

Les prix de l’électricité doivent être transparents et, par conséquent, comparables. Le libre accès aux informations
est une condition nécessaire pour un approvisionnement sûr répondant aux lois de la concurrence. Cette transparence
est également nécessaire pour prévenir les abus.

Régulation centralisée

Le législateur a souhaité constituer un régulateur fédéral spécialisé : la Commission de l’électricité ( ElCom ). L’ElCom
est compétente dès lors qu’une compétence n’est pas expressément attribuée à une autre autorité.

Coopération et subsidiarité

La LApEl fixe le cadre légal général, puis la branche électrique est invitée à élaborer des concepts et des propositions
acceptables par tous et conformes à la loi. Ainsi, la branche électrique régit les aspects que la LApEl ne règle pas
elle-même. Le principe de subsidiarité implique que la Confédération et les cantons prennent en compte les mesures et
propositions élaborées par les milieux concernés avant d’édicter de nouvelles normes et peuvent, le cas échéant,
les intégrer dans la législation d’exécution.

Unbundling

La LApEl exige une séparation comptable des activités de production, de distribution et de commercialisation. Cette
séparation a comme objectifs de garantir une concurrence saine et efficace, ainsi que d’empêcher les subventionnements
croisés entre les activités relatives au réseau de distribution et les autres activités.

Consommateurs captifs et éligibles

Après plusieurs revirements, la version finale de la LApEl prévoit que : « sont considérés comme consommateurs
captifs au sens du présent article les ménages et autres consommateurs finaux qui consomment annuellement
moins de 100 MWh par site de consommation 2 ».

Sont donc éligibles les consommateurs finaux qui consomment 100 MWh et plus par année et par site de consommation,
à l’exclusion des ménages. Le client final est défini comme : « le client achetant de l’électricité pour ses propres
besoins 3 ». Par conséquent, les gestionnaires de bâtiments commerciaux, d’immeubles ou de centres d’achat qui
souhaitent acheter de l’électricité pour la revendre à leurs locataires ne sont pas considérés comme des consommateurs
finaux, seuls les locataires le sont. La LApEl prévoit que les gestionnaires de réseau de distribution ( GRD ) doivent
raccorder tous les consommateurs finaux. Il en découle que les GRD sont habilités à refuser les demandes visant à
déplacer le point de raccordement des clients finaux pour que les gestionnaires de bâtiments ou de centres d’achat
soient alimentés par un seul compteur et revendent ensuite l’électricité à leurs locataires 4.

L’OApEl précise que : « par site de consommation, on entend le lieu d’un consommateur final constituant une unité
économique et matérielle et qui requiert une consommation effective 5 ». Cette notion de site de consommation
a donné lieu à de nombreuses réactions lors de la consultation, notamment quant à son manque de précision, et
sera peut-être modifiée dans la mouture définitive de l’OApEl.

1 Dossier du mois de juin 2007, Le marché de l’électricité en Suisse et en Europe, www.forums-romande-energie.ch 2 Art. 6 al. 2 LApEl.
3 4 Bulletin Electrosuisse / AES n° 8 / 2007, p- 64. 5 Art. 4 al. 1 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007.
Art. 4 al. 1 lit. b LApEl. 
A l’heure actuelle, il est considéré qu’une entreprise dotée de la personnalité juridique constitue une unité économique
et que l’association arbitraire de différentes entreprises en vue d’acheter de l’électricité ne suffit pas. Quant au
critère d’unité géographique, il exige le voisinage des bâtiments et installations sur le site de consommation. Ce
critère est réalisé pour des ensembles industriels occupant une aire importante mais pas, par exemple, pour les
filiales d’un grand distributeur, même si elles se trouvent dans la même zone du réseau.

Cette notion pourtant fondamentale est encore très floue et il est à souhaiter que la version définitive de l’OApEl
corrige cette lacune. A défaut, les consommateurs ou les GRD pourront saisir l’ElCom et lui demander de se prononcer
sur des cas litigieux concrets.

Le Parlement a expressément rejeté la possibilité pour les consommateurs de créer des regroupements en vue
d’afficher ensemble une consommation annuelle de plus de 100 MWh.

Ouverture en deux temps


Le Conseil fédéral poursuit son objectif d’ouvrir progressivement le marché de l’électricité. En proposant un rythme
de libéralisation modéré impliquant une ouverture en deux étapes, il tient compte du résultat de la votation de la
Loi sur le marché de l’électricité ( LME ) 6 . La première phase de la libéralisation prévue sur cinq ans, concerne les
consommateurs finaux consommant 100 MWh et plus par année, à l’exclusion des ménages. Cette première période
permettra d’acquérir de l’expérience et, le cas échéant, d’adapter le modèle. En 2013, la libéralisation pourra être
étendue à tous les consommateurs finaux. Toutefois, cette seconde phase ne se fera pas automatiquement, mais
par le biais d’un arrêté de l’Assemblée fédérale soumis au référendum facultatif.

1 ère étape 2 ème étape

Clients professionnels Clients professionnels


> 100 MWh éligibles Référendum facultatif > 100 MWh éligibles

Clients finaux
Clients captifs
avec liberté de choix

2008 2013
Figure 2. LApEI - résumé du planning

• Mécanismes et principes de la libéralisation

Droit d’accès au réseau

L’accès au réseau est notamment garanti aux consommateurs finaux éligibles, aux entreprises d’approvisionnement
en électricité et aux producteurs d’électricité, à l’exception, bien entendu, des consommateurs captifs.

Le GRD ne peut refuser l’accès au réseau que pour les raisons prévues dans la loi, comme la mise en danger de
l’exploitation sûre du réseau de transport 7 .

Raccordement et acheminement de l’électricité

La libéralisation ne porte que sur la fourniture d’électricité et non pas sur son acheminement. En effet, les réseaux
de distribution constituent un monopole naturel qui sera sous monopole régulé. Il serait d’ailleurs absurde
économiquement d’envisager la construction de réseaux parallèles desservant la même zone.

 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


L’activité de transport de l’électricité n’étant pas libéralisée, les autorités fédérales ont édicté certaines dispositions
visant à réguler cette activité, à la rendre plus transparente et non discriminatoire et ont confié certaines tâches
aux cantons qui demeurent notamment compétents pour attribuer les zones de desserte aux GRD opérant sur leur
territoire 8 .

Les GRD ont l’obligation de raccorder tous les consommateurs finaux se trouvant en zone à bâtir, ainsi que les
habitations occupées à l’année, situées en dehors de cette zone 9. Cette obligation a notamment pour but d’empêcher
l’existence de zones non raccordées, et de contraindre le GRD à exploiter le réseau électrique, même dans une
région économiquement non rentable.

La rémunération pour l’utilisation du réseau est elle aussi réglementée. Les frais imputables, que les GRD peuvent
faire valoir auprès de leur s client s, sont déf inis par la loi et soumis à la sur veillance du régulateur. Ceci
permet de garantir à la fois une exploitation sûre du réseau et la protection des consommateurs. Les tarifs
d’utilisation du réseau doivent présenter une structure simple et être fixés indépendamment de la distance
entre les points d’injection et les points de prélèvement. Les tarifs doivent être uniformes par niveau de tension
et catégorie de clients. Les coûts facturés séparément aux utilisateurs, tels que les coûts de raccordement et
les renforcements du réseau, ne peuvent plus entrer dans le calcul de la rétribution d’utilisation du réseau.
Les frais nécessaires à la construction et à la maintenance d’un réseau sûr et efficace sont rétribués aux
GRD par les utilisateurs du réseau. L’OApEl définit plus précisément quels sont les coûts d’exploitation et de
capital imputables 10 .

La L ApEl prévoit également que les rétributions pour l’utilisation du réseau ne doivent pas dépasser la somme
des coût s imputables au r éseau, des r edevances et des pr estations four nies aux collec tivit és publiques.
Dans une telle hypot hèse, le GRD devrait pr endr e en compt e cet t e dif fér ence et oc t r oyer une r éduc tion
de prix correspondante lors de la période suivante. La L ApEl précise encore que les coûts imputables liés au
réseau comprennent un bénéfice d’exploitation approprié qui peut être contrôlé par l’ElCom.

Le GRD doit en outre veiller au respect du principe de l’utilisation efficace de l’électricité. Ainsi, par exemple, le
GRD ne peut pas of frir un tarif qui diminue propor tionnellement à l’augmentation de la consommation.

Tous les GRD devront publier leurs tarifs d’acheminement d’ici au 30 juin 2008 11.

Commission de l’électricité ( ElCom )

Le 27 juin 2007, le Conseil fédéral a institué l’ElCom et a désigné les sept membres qui la composent. L’ElCom est
une autorité indépendante, un régulateur spécifique au secteur électrique. Elle fonctionnera sur le même modèle
que la Commission de la communication ou que le Surveillant des prix. Elle doit veiller au respect des dispositions
de la LApEl et a notamment pour tâches la régulation et la surveillance du marché suisse de l’électricité.

La situation de monopole en matière de réseau demeurant, il est essentiel qu’un régulateur fort puisse intervenir,
s’agissant de l’accès au réseau et des conditions d’utilisation de ce dernier. Elle peut par exemple autoriser l’accès au
réseau à titre provisionnel et ainsi éviter que cet accès ne soit différé pour une longue durée en raison de procédures
trop longues, comme cela avait été le cas en Allemagne dans les premières années de la libéralisation.

L’ElCom est compétente pour vérifier les tarifs d’utilisation du réseau, ainsi que les tarifs de l’électricité pour les
clients captifs ou les clients éligibles n’ayant pas fait usage de leur droit d’accès au réseau. Toutefois, avant de
prendre une décision, l’ElCom devra consulter le Surveillant des prix12. L’ElCom n’a pas la compétence de surveiller ni
de contrôler les prix de l’électricité soumis à la concurrence ( part énergie ), si bien que ces compétences continueront
d’être du ressort du Surveillant des prix ou de la Commission de la concurrence ( Comco ).

L’ElCom, qui intervient soit sur demande, soit de son propre chef et en dehors de tout litige, peut exiger une
réduction des tarifs ou s’opposer à une augmentation. Ses décisions sont susceptibles de recours auprès du
Tribunal administratif fédéral.

6 Loi rejetée en votation populaire le 22 septembre 2002. 7 Art. 13 LApEl. 8 Art. 5 al. 1 LApEl. 9 Art. 5 al. 2 et 3 LApEl. 10 Art. 11 et 12 OApEl,
dans sa version du 27 juin 2007. 11 Art. 10 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 12 Art. 15 de la Loi fédérale sur la surveillance des prix. 
• Structure du prix
La L ApEl prévoit que les tarifs des GRD doivent être valables pour un an au moins 13 et oblige les GRD à établir
des factures « transparentes et comparables pour l’utilisation du réseau 14 ».

En cas d’ent r ée en vigueur de la L A pEl au 1 er janvier 2008, ce t t e obligation ser ait valable dès ce t t e dat e.
Toutefois, les GRD n’ont l’obligation de publier leur s tarifs d’acheminement qu’à par tir du 30 juin 2008 et le
marché ne sera réellement libéralisé qu’à par tir du 1er octobre 2008. Ainsi, selon les interprétations actuelles, ce
n’est qu’à par tir du 1er octobre 2008 que les factures d’électricité mentionneront distinctement les différentes
composantes du coût de l’électricité, soit :
- l’utilisation du réseau,
- la fourniture de l’énergie,
- les redevances,
- les prestations fournies à des collectivités publiques.

Utilisation du réseau : tarif d’acheminement

Chaque GRD aura ses propres tarifs d’acheminement, applicables à chacun des niveaux de tension. Tout client
éligible raccordé dans l’aire de desserte d’un GRD devra payer à ce dernier le prix de l’acheminement de l’électricité.

Fourniture de l’énergie : kWh

La fourniture de l’énergie étant libéralisée, les clients éligibles qui le souhaitent pourront faire jouer la concurrence et
choisir librement leur fournisseur. Ils concluront ainsi un contrat de fourniture spécifique avec le commercialisateur
d’énergie choisi. Toutefois, l’énergie soutirée continuera de transiter sur le réseau du GRD auquel le client est raccordé.

Redevances : taxes

Il existe différentes taxes, qu’elles soient communales, cantonales ou fédérales. A compter du 1 er janvier 2008,
tous les consommateurs suisses devront s’acquitter des taxes suivantes :

Fédérale :
• La société nationale du réseau de transport percevra un supplément sur les coûts dont le montant est
plafonné à 0,6 ct/kWh 15 . Cette taxe sera notamment destinée à alimenter le fonds national pour les énergies
renouvelables. Le montant de la taxe pourra varier d’une année à l’autre et il n’est pas encore connu pour 2008.

Cantonales ( canton de Vaud ) :


• Taxe qui finance le fonctionnement de la Commission cantonale de surveillance du secteur électrique et
les tâches de l’Etat en matière d’approvisionnement en électricité : 0.025 ct/kWh 16.
• Taxe visant à alimenter le fonds pour l’énergie : 0.18 ct/kWh 17.

Communales ( communes vaudoises ) :


• Règlement pour l’usage du sol : pour les communes qui ont choisi de percevoir cette taxe, elle s’élève à
0.7 ct/kWh 18 .
• Le Décret sur le secteur électrique 19 autorise les communes à prélever des taxes communales spécifiques,
transparentes et clairement déterminées, permettant de soutenir les énergies renouvelables, l’éclairage
public, l’efficacité énergétique et le développement durable. Il est à noter que ces taxes peuvent être perçues
soit par le biais de la facturation de l’acheminement de l’électricité, soit directement par la commune.

Le canton du Valais n’ayant pas légiféré en la matière, les consommateurs valaisans ne devront s’acquitter que
de la taxe fédérale. Mais les redevances communales actuelles pourraient bien être reconduites d’une manière
ou d’une autre d’ici à la pleine entrée en force du nouveau régime.

Il est à noter que le GRD n’est que le percepteur de ces taxes, et en aucun cas le bénéficiaire.

 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


Prestations fournies à des collectivités publiques

Les GRD sont souvent liés par des conventions aux communes qu’ils desservent. Ces conventions peuvent, par
exemple, prévoir que le GRD doit assurer l’entretien et / ou la maintenance de l’éclairage public communal. Ces
types de prestations sont regroupés sous l’appellation « prestations fournies à des collectivités publiques ». Il
est probable que par voie réglementaire ou jurisprudentielle, des limites soient posées à l’ampleur de ces PCP.

PCP * Collectivités publiques

Fédérale
Taxes Cantonales
Vaud
Communales

KWh Fournisseur commercialisateur

Tarif GRD ( gestionnaire de réseau de distribution )


d’acheminement

* Prestations fournies à des collectivités publiques ( PCP )

Figure 3. Structure du prix

• Tarifs applicables aux consommateurs captifs

La LApEl oblige les GRD à prendre toutes les mesures nécessaires pour pouvoir fournir, en tout temps, la quantité
d’électricité désirée, au niveau de qualité requis et à des tarifs équitables, aux consommateurs captifs et aux
autres consommateurs finaux qui n’ont pas fait usage de leur droit d’accès au réseau 20. Ainsi, chaque GRD devra
conclure un contrat avec un fournisseur afin d’être en mesure de remplir cette obligation.

Les consommateurs captifs n’ayant pas accès au réseau sont obligés d’acheter l’électricité auprès du GRD et
de son fournisseur officiel. Afin de garantir aux consommateurs captifs des tarifs appropriés, la législation
fédérale a mis en place des systèmes de contrôle et de régulation.

Tout d’abord, l’OApEl prévoit que le GRD doit publier les bases et méthodes de calcul des tarifs d’électricité 21,
ainsi que les informations relatives aux tarifs d’acheminement, aux redevances et aux prestations fournies à des
collectivités publiques 22. Il est également tenu de justifier la hausse ou la baisse des tarifs et d’indiquer les motifs
de ces modifications 23. Enfin, et jusqu’au 31 décembre 2012, les tarifs d’électricité ne peuvent être augmentés que
moyennant l’approbation de l’ElCom 24 .

Cette dernière mesure est très controversée. En effet, il doit être possible d’adapter les tarifs d’électricité à
l’évolution des coûts et/ou des ventes dès la première phase de l’ouverture du marché. De plus, la LApEl ne semble
pas fournir de base légale suffisante pour l’introduction d’une régulation des prix prospective 25. Compte tenu
des nombreuses critiques formulées, tant par les milieux économiques qu’électriques, il est envisageable que
cette disposition soit modifiée.

13 Art. 6 al. 3 LApEl. 14 Art. 12 al. 1 LApEl. 15 Nouvel art. 15 b de la Loi sur l’énergie modifiée par la LApEl. 16 Règlement sur l’émolument cantonal lié
à la distribution et la fourniture en électricité, RSV-VD 730.115.6. 17 Règlement sur le Fonds pour l’énergie, RSV-VD 730.01.5. 18 Règlement sur
l’indemnité communale liée à l’usage du sol pour la distribution et la fourniture en électricité, RSV-VD 730.115.7. 19 Art. 23 al. 2 DSecEl. 20 Art. 6
al. 1 LApEl. 21 Art. 5 al. 1 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 22 Art. 10 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 23 Art. 5 al. 2 OApEl, dans sa
version du 27 juin 2007. 24 Art. 25 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 25 C’est-à-dire pour une obligation de soumettre à approbation. 
• Tarifs applicables aux consommateurs éligibles

La LApEl ne contient pas de disposition relative au tarif de l’énergie fournie aux consommateurs éligibles ayant
fait usage de leur droit. Ainsi, ce seront les règles de tout marché ouvert qui trouveront application, avec la
possibilité, en cas de litige, de faire appel au Surveillant des prix ou à la Comco.

GRD Fournisseur officiel du GRD Fournisseur tiers

Contrat d’utilisation du réseau Contrat de fourniture Contrat de fourniture

Client final éligible


Client final captif qui renonce à son droit Client final éligible
d’accès au réseau

Figure 4. Les acteurs du marché

• Droit d’accès au réseau

Marche à suivre

Les consommateurs éligibles qui n’ont pas conclu de contrat de fourniture écrit négocié individuellement ont
donc le droit de choisir librement leur fournisseur d’électricité 26 . Sous réserve de modification de l’OApEl, les
délais sont les suivants :

30 juin 2008
Dernier délai pour la publication par les GRD des tarifs d’acheminement

31 juillet 2008
Les clients éligibles voulant exercer leur droit d’accès au réseau
doivent le communiquer au plus tard le 31 juillet au GRD

1 er octobre 2008
Accès au réseau pour les clients éligibles ayant exercé leur droit

Figure 5. Marche à suivre pour le droit d’accès au réseau

Un client pas encore élu qui annonce le 31 juillet 2008 au GRD sa volonté de faire usage de son droit d’accès
au réseau pourra réellement exercer son droit à partir du 1 er octobre 2008. Par contre, si l’annonce n’intervient que
le 1 er août 2008, le client ne pourra exercer son droit qu’à partir du 1 er octobre 2009.

Lorsqu’un nouveau consommateur final, ayant une consommation annuelle estimée à au moins 100 MWh, sera
connecté au réseau de distribution, il devra communiquer au GRD deux mois à l’avance s’il entend revendiquer son
droit d’accès au réseau 27. Toutefois, et sous réserve de modification de l’OApEl, le nouveau client ne pourra exercer
son droit d’accès au réseau que pour le 1 er octobre suivant son installation. Pendant ce temps, sa consommation
réelle pourra être mesurée et son droit d’accès au réseau confirmé ou infirmé.

 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


Conséquences

L’obligation pour le GRD, prévue par l’art. 6 LApEl, de pouvoir fournir en tout temps l’électricité désirée par
les consommateurs, cesse aussitôt que le client a fait valoir son droit d’accès au réseau. L’adage « einmal
frei immer frei » ( libre un jour, libre toujours ) est ici strictement appliqué et implique que le client ne pourra
plus revenir au tarif officiel régulé proposé par son fournisseur « historique ».

Un client qui verrait sa consommation annuelle diminuer et passer au-dessous du seuil de 100 MWh par année
devrait, en principe, conserver son statut d’éligible. Cette interprétation s’inscrit dans l’esprit de la libéralisation
du marché, qui vise à étendre l’ouverture du marché à tous les consommateurs.

Que se passe-t-il lorsqu’un client ayant fait usage de son droit d’accès au réseau ne dispose plus d’un contrat
de fourniture ? Dans un tel cas, le fournisseur historique prendra le relais, mais aux conditions du marché et non
pas à son tarif officiel. Le fournisseur historique sera, par exemple, libre d’appliquer un tarif variant en fonction
des prix d’approvisionnement. En cas de désaccord, le client pourra contester son prix auprès du Surveillant des
prix ou de la Comco.

La libéralisation du marché de l’électricité constitue une opportunité pour bon nombre de consommateurs électro-
intensifs et leur permettra de faire jouer la concurrence. Comme lors de toute ouverture d’un marché, il est possible
que certains fournisseurs d’électricité fassent du dumping afin de conquérir rapidement des parts de marché
en n’offrant toutefois aucune garantie de prix sur le long terme, alors que le marché régulé, pour les clients qui
n’auront pas fait usage de leur éligibilité, sera vraisemblablement plus stable.

• Taux de changement de fournisseur dans les pays voisins

Bien que la Suisse soit l’un des derniers pays européens à libéraliser son marché de l’électricité, il n’est pas
évident de tirer des enseignements des phénomènes qui se sont produits lors de l’ouverture du marché dans
les pays voisins, chaque pays ayant ses propres spécificités et ses propres habitudes de consommation.

Voici néanmoins un tableau récapitulant les raisons principales évoquées pour expliquer un changement de
fournisseur :

53 % Prix

Offre énergies renouvelables


27 %
Offre avec services associés

8%
Qualité du service

8% Autres

Ne se prononcent pas
1%

3%

0 % 20 % 40 % 60 %

Figure 6. Raisons incitant à changer de fournisseur ( Sondage réalisé en France en 2006 )

26 Art. 4 al. 1 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 27 Art. 4 al. 3 OApEl, dans sa version du 27 juin 2007. 
A titre d’information complémentaire, les tableaux ci-dessous récapitulent les prévisions pour 2008 du taux de
changement de fournisseur dans quelques pays européens :

Résidentiels Non-résidentiels
60 %

50 %

40 %

30 %

20 %

10 %

0%
Grèce

Bulgarie

Roumanie

Russie

Lituanie

Slovénie

République Tchèque

Allemagne

Croatie

France

Pologne

Belgique

Hongrie

Irlande

Espagne

Italie

Pays-Bas

Suède

Danemark

Royaume-Uni
Source : Datamonitor, Energy efficiency - Balancing
business opportunities with threats to revenue
( BFEN0279 )

Pays Abréviation Résidentiels Non-résidentiels

( % en nombre de clients ) ( % en volume )

Belgique BE 23 % 32 %

Danemark DK 16 % 58 %

France FR 8% 24 %

Allemagne DE 7% 17 %

Irlande IE 15 % 38 %

Italie IT 22 % 39 %

Pays-Bas NL 21 % 46 %

Espagne ES 19 % 37 %

Suède SE 38 % 55 %

Royaume-Uni UK 57 % 59 %

Figures 7 et 8. Prévisions du taux de changement de fournisseur pour 2008

• Conclusion

Nul ne peut mesurer, ni même prédire, toutes les conséquences de l’ouver t ure du marché. En principe, toute
libéralisation engendre une concurrence qui conduit à une baisse des prix. Toutefois, et à l’inverse des pays voisins,
l’ouver ture du marché de l’électricité en Suisse a lieu dans une période haussière des prix d’approvisionnement
sur les marchés de gros ( hausse sur les bourses de l’électricité, du pétrole et du gaz ). Ainsi, le consommateur
suisse doit s’at tendre à une hausse, dont l’annonce sera cer tes concomitante à l’ouver t ure du marché, mais
dont l’ar rivée et l’ampleur sont indépendantes de la libéralisation. Il n’y a aucun lien ent re les deux et on
peut estimer que l’impact de la hausse sera moins impor tant que si le marché était resté en monopole.

Les mois à venir vont être palpitants, tant pour les milieux électriques que pour les milieux économiques en
général. Reste à espérer que cet te libéralisation sera réelle et que tous les acteurs, de l’Etat aux entreprises
électriques, joueront le jeu du marché ouver t en créant ainsi une concurrence saine et profitable aux clients.

© Romande Energie SA , octobre 2007


L’actualité de certaines informations contenues dans ce dossier peut avoir changé
au moment de votre lecture compte tenu de l’évolution du secteur.

10 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


• Entretiens

Monsieur Matthias Finger,


Membre de la commission de l’électricité (ElCom)
professeur à l’EPFL.

1. Quelle est, selon vous, la fonction première de l’ElCom ?


L’ElCom a deux fonctions principales : d’une part elle s’assure du fonctionnement du marché de l’électricité en
Suisse, compte tenu du fait que ce marché est par définition imparfait, puisqu’il reste des éléments monopolistiques
( réseaux de transport et de distribution ); d’autre part, l’ElCom doit surveiller ce marché pour détecter d’éventuels
problèmes liés à la sécurité de l’approvisionnement. Ces deux fonctions sont clairement définies dans la loi et
ne sont pas incompatibles.

2. Quels seront les moyens mis à la disposition de l’ElCom pour assurer son rôle de régulateur ?
La construction institutionnelle qui permet à l’ElCom d’assurer son rôle est en fait typiquement suisse et ne se
retrouve pas chez les autres régulateurs du marché en Europe. L’ElCom est une commission de miliciens dotée
d’un petit secrétariat, mais qui peut s’appuyer dans son travail sur des personnes spécialement mises à sa
disposition par l’Office fédéral de l’énergie ( OFEN ). Aujourd’hui, le nombre de personnes travaillant à l’OFEN
pour l’ElCom est encore relativement petit, mais il augmentera au fur et à mesure que l’ElCom sera sollicitée.

3. Quelles seront les premières actions menées par l’ElCom ?


L’ElCom commence officiellement son travail le 1 er janvier 2008, même si elle a été constituée au mois d’août 2007.
Pour l’instant, son travail se limite à la prise de connaissance des dossiers et à la formation de ses membres. Il
est aujourd’hui trop tôt pour dire quelles seront ses premières actions.

4. L’OApEl, dans sa version du 27 juin 2007, prévoit que toute hausse des tarifs d’électricité pour la fourniture
aux consommateurs captifs doit être approuvée par l’ElCom. Quelle serait la procédure mise en place par
l’Elcom si cette obligation demeure dans la version définitive ?
Cette question aussi est prématurée : d’abord, nous ne savons pas si cette disposition va survivre au processus de
consultation qui s’est achevé le 15 octobre 2007. Et si oui, je pense qu’il n’est pas réaliste que l’ElCom approuve les
différents tarifs de plus de 900 distributeurs en Suisse un par un. Il faudrait, dans ce cas, certainement procéder
à la formulation de quelques règles définissant des tarifs « acceptables ». Mais ceci est bien sûr mon opinion
personnelle et n’engage que moi.

5. Pensez-vous que la libéralisation permettra aux milieux économiques suisses d’être plus compétitifs sur
les marchés internationaux ?
La libéralisation du marché de l’électricité a pour but explicite de rendre la production et la distribution de
l’électricité plus efficientes, donc plus avantageuses pour tous les consommateurs. Si le marché fonctionne, et
l’ElCom est précisément là pour y veiller, ceci devrait profiter à tous les consommateurs, y compris aux entreprises.

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Monsieur Jean-Claude Auch,
Responsable du Service Marketing et Business Development de Romande Energie.

1. L’ouverture du marché représente-t-elle un risque ou une opportunité pour les entreprises électriques ?
En l’état actuel, et bien que tous les éléments ne soient pas encore figés, on peut présumer que les changements
structurels amenés par la LApEl et son ordonnance apporteront certes un nouveau dynamisme sur le marché,
mais généreront également pas mal de frustrations et de désillusions. On doit par exemple rappeler que l’objectif
premier de la LApEl est de garantir l’approvisionnement du pays alors que, pour la majorité des entreprises,
l’objectif principal de l’ouverture du marché est une baisse des prix.

2. Quels avantages les clients peuvent-ils espérer de l’ouverture du marché ?


L’ouverture du marché devrait à terme amener une concurrence plus vive, et donc une pression accrue sur les
marges. On peut également s’attendre à une plus grande transparence sur les prix et à des offres plus flexibles
pour la partie énergie ( par exemple, une offre indexée aux prix du marché de gros pour une entreprise prête à voir
fluctuer son prix du kWh ). Enfin, on peut imaginer que les entreprises électriques apporteront une attention toute
particulière à la qualité du service.

3. Dans le même ordre d’idées, existe-t-il des risques et des inconvénients probables ?
Nos études montrent que les entreprises craignent une détérioration de la qualité. En l’état actuel des choses, il
semble que les niveaux acceptés pour la rémunération du réseau électrique laissent suffisamment de marge aux
entreprises électriques pour consentir les investissements nécessaires au maintien de la qualité du réseau, et
qu’une baisse de qualité telle que celle vécue il y a quelques années par les Américains ou les Anglais semble peu
probable. Des risques existent cependant. La volonté exprimée dans la LapEl de ne pas tolérer de financements
croisés entre les différentes catégories de clientèle entraînera inévitablement une hausse de prix pour les catégories
favorisées jusqu’à aujourd’hui. De plus, le principe de tarifs historiques « sous contrôle » pendant cinq ans est à
double tranchant : il apporte certes une certaine garantie de stabilité pour les années à venir, mais génère aussi
une rigidité peu compatible avec un marché dit « ouvert ».

4. L’ouverture du marché entraînera-t-elle une baisse des prix ?


L’ouverture en elle-même devrait contribuer à une pression sur les prix, de par la mise en concurrence et une
transparence accrue. A terme, il est raisonnable de penser (en tout cas pour les grosses entreprises) que les prix de
l’énergie s’établiront à un niveau proche des prix du marché de gros, à savoir des bourses de l’électricité. Cette
ouverture a cependant lieu dans un marché haussier où les prix de l’énergie se négocient à des niveaux élevés.
De plus, elle prévient le financement croisé d’un tarif par un autre. Les catégories de clients jusqu’alors au bénéfice
de tarifs attractifs doivent donc s’attendre à voir leurs factures augmenter à double titre.

5. Quel est le taux de changement de fournisseur estimé chez les clients suisses ?
Difficile de donner une estimation sans une boule de cristal, et les expériences européennes, fort différentes les
unes des autres, ne donnent que peu d’éléments d’information. On a pu voir, par exemple, un taux de changement
à deux digits sur le marché anglais, mais il s’agissait d’une ouverture peu régulée, dans un marché énergétique
baissier, dans un environnement concurrentiel très agressif. En France, en raison d’une législation forte, d’une
garantie sur les tarifs historiques et d’un environnement dominé par EDF, le taux de changement est resté modeste.
Il est donc très difficile de faire des prévisions pour la Suisse, même si la garantie des tarifs dits historiques, la
tendance haussière du marché de l’énergie et le niveau généralement élevé de qualité, laissent penser que les
changements de fournisseurs se feront de manière graduelle et dans la longue durée.

12 La libéralisation du marché de l’électricité, octobre 2007


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