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Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il


fondamentalement different de son comportement en magasin ? Proposition
d'un cadre d'apprehension de ses specificites

Article in Recherche et Applications en Marketing · September 2001


DOI: 10.1177/076737010101600303

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Agnes Helme-guizon
Université Grenoble Alpes
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Recherche et Applications en Marketing, vol. 16, n° 3/2001

Le comportement du consommateur sur un site marchand


est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ?
Proposition d’un cadre d’appréhension de ses spécificités

Agnès Helme-Guizon
Maître de conférences
CERAG (Centre d’Etudes et de Recherches Appliquées en Gestion)
ESA Grenoble – Université Pierre-Mendès-France

RÉSUMÉ

Un cadre d’appréhension des spécificités du comportement du consommateur sur un site marchand est proposé. Sa
construction, guidée par l’impact de la technologie et notamment de l’interactivité, s’appuie sur la mise en regard des connais-
sances actuelles sur le comportement du consommateur en ligne avec la littérature classique sur le magasinage (faire des
courses ou shopping).

Mots-clés : Internet, e-commerce, comportement de magasinage en ligne, comportement dirigé vers un but, comportement
expérientiel, traitement de l’information, interactivité.

INTRODUCTION Les travaux antérieurs se répartissent en deux


groupes : les études focalisées sur les déterminants
intrinsèques des comportements et celles centrées sur
l’effet des facteurs exogènes sur ces comportements.
Comprendre le comportement du consommateur Ces dernières ont exploré l’effet sur le comportement
sur Internet, et plus particulièrement son comporte- de choix du consommateur en ligne de la catégorie
ment de magasinage et de décision d’achat sur un site de produit (Gattiker et alii, 2000 ; Peterson et alii,
marchand, est actuellement un enjeu managérial 1997 ; Phau et Poon, 2000), de la marque, du prix,
majeur en raison de la croissance prévue des ventes sur des attributs tangibles (Degeratu et alii, 2000 ; Lynch
Internet (Santrot, 2001). Le nombre croissant et Ariely, 2000) et de l’environnement commercial
d’articles publiés ces dernières années et la variété (Haübl et Trifts, 2000). L’étude des variables intrin-
des questions abordées semblent également indiquer sèques a essentiellement porté sur la mise en évi-
l’importance de ce sujet pour les chercheurs. dence de profils de consommation et de consomma-

L’auteur tient à remercier Claire Gauzente, Alain Jolibert et Isabelle Sueur-Deharveng pour leur lecture attentive et leurs commentaires pertinents
ainsi que les lecteurs anonymes dont les remarques ont contribué significativement à l’amélioration de cet article.
L’auteur peut être contactée par e-mail à l’adresse : agnes.helme-guizon@esa.upmf-grenoble.fr
26 Agnès Helme-Guizon

teurs en ligne (Donthu et Garcia, 1999 ; Nyeck et alii, magasin : par exemple, le design, l’ergonomie, le
2000). De même, les acheteurs ont été comparés aux merchandising, la variété de l’offre, etc. (Degeratu et
non acheteurs en termes de représentations (Boulaire et alii, 2000 ; Phau et Poon, 2000). Ensuite, les rares
Ballofet, 1999), de caractéristiques socio-démogra- travaux antérieurs relatifs aux lieux transactionnels
phiques, de motivations utilitaires, d’innovativité suggèrent des similitudes de comportements en ligne et
(Gattiker et alii, 2000 ; Mathwick et alii, 2001) et de en magasin. Enfin, les cadres intégrateurs existants
sensibilité au risque, d’achat impulsif et de recherche reposent soit sur le concept de flow soit sur celui
de variété (Donthu et Garcia, 1999). Ces travaux, par- d’absorption cognitive. Le flow est défini par
cellaires et de qualité inégale, essentiellement empi- Hoffman et Novak (1996) comme un état qui apparaît
riques (Gattiker et alii, 2000), adoptent une approche au cours de la navigation sur Internet qui se traduit
de type microscopique du comportement du consom- par « (1) une séquence continue de réponses facilitée
mateur sur Internet. Des modèles intégrateurs du par l’interactivité de la machine, (2) intrinsèquement
comportement général de l’individu en ligne ont été agréable, (3) qui s’accompagne d’une perte de
proposés notamment par Hoffman et Novak (1996) conscience de soi et (4) qui renforce le soi »
ou encore Agarwal et Karahanna (2000). S’ils autori- (Hoffman et Novak, 1996, p. 57). L’individu est
sent une vision globale, ils ont été développés dans absorbé par l’interaction avec la machine. Ses facultés
un environnement web en général. sont entièrement mobilisées par cette interaction. Il
Or aujourd’hui, vue la montée en puissance des acquiert la certitude de son contrôle sur ses actes tout
sites marchands, le besoin se fait sentir (Gattiker et en perdant la conscience de soi et de son environne-
alii, 2000 ; Novak et alii, 2000) d’une appréhension ment ainsi que la notion du temps. De fait, le flow est
des spécificités du comportement d’achat du consom- conceptuellement proche de l’immersion. L’absorp-
mateur en ligne (depuis la recherche d’information, tion cognitive reprend, organise et enrichit les princi-
continue ou dirigée, jusqu’à l’achat/consommation et le pales dimensions du flow, i.e. la dissociation tempo-
rachat éventuel). En effet, une meilleure connais- relle, l’immersion, des sensations décuplées, le
sance de la façon dont l’individu fréquente les sites contrôle et la curiosité (Agarwal et Karahanna, 2000).
commerciaux, dont il évalue l’offre commerciale et Ces deux concepts qui mettent l’accent sur les sensa-
prend ses décisions d’achat, sont des questions-clés tions induites par l’immersion dans un environne-
pour les chercheurs ainsi que pour les offreurs car ment médiatisé par la machine ne peuvent rendre
leur exploration permettrait d’améliorer le design et compte que de façon incomplète d’un comportement
l’offre des sites commerciaux, de mieux guider le d’achat : son volet décisionnel étant occulté.
Aussi, l’objet de cet article est de proposer un
consommateur en ligne vers l’achat en l’accompa-
cadre conceptuel permettant d’appréhender les spéci-
gnant dans sa démarche utilitaire ou exploratoire.
ficités du comportement du consommateur sur un site
Deux méthodes sont envisageables pour l’étude
marchand. Sa construction, guidée par l’examen de
du comportement du consommateur en ligne : trans-
l’impact de la technologie Internet sur le comporte-
poser les modèles intégrateurs mentionnés précédem-
ment du consommateur, s’appuie sur la mise en
ment dans un environnement marchand ou à l’inverse
regard des connaissances actuelles de ce comporte-
examiner l’impact de la technologie sur nos modèles
ment avec la littérature classique sur le magasinage.
de comportement du consommateur en magasin. La
Une attention particulière est portée aux mécanismes
seconde approche n’a pas à notre connaissance été
sous-jacents (à la lumière des modèles « expérien-
envisagée par les recherches antérieures, comme si
tiels » et de traitement systématique/heuristique de
l’on était en présence d’un phénomène résolument
l’information) et aux variables modératrices suscep-
inédit qui oblige à faire table rase des connaissances
tibles d’influencer le comportement du consomma-
antérieures. Il est vrai que le comportement en ligne est teur en ligne.
souvent envisagé comme fondamentalement différent
de celui observé dans un environnement physique
(Hoffman et Novak, 1996).
La seconde méthode semble la plus pertinente
pour trois raisons. Tout d’abord, un site marchand
peut être décrit selon les mêmes variables qu’un
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 27

CADRE D’APPRÉHENSION DU COMPORTEMENT le contenu et la forme de l’environnement médiatisé en


DU CONSOMMATEUR SUR UN SITE MARCHAND temps réel (Steuer, 1992). En ce sens, le consommateur
est co-acteur de l’offre commerciale soumise à son
évaluation et de l’environnement dans lequel il évolue,
au travers de la personnalisation de masse ou du multi-
Le comportement du consommateur sur un site framing. Chaque visiteur, en fonction des caractéris-
marchand est défini comme une activité de magasi- tiques individuelles énoncées volontairement ou
nage réalisée par un consommateur au moyen d’un enregistrées à son insu par le site web (Alba et alii,
ordinateur qui sert d’interface, au cours de laquelle 1997), se voit proposer un contenu et une structure de
l’individu est connecté à un site commercial numé- page spécifique ; par conséquent, les règles de com-
rique hébergé par un serveur, site avec lequel il peut portement du consommateur en ligne devraient différer
interagir à travers un réseau, i.e. le world wide web de celles observées dans un environnement physique
(Haübl et Trifts, 2000). Dans cette recherche, l’envi- (Novak et alii, 2000).
ronnement commercial fait référence aux sites mar-
chands. Rappelons que sur Internet les formes d’acti-
vité commerciale sont variées : du site-vitrine au site de Comportement du consommateur en magasin
e-commerce en passant par les sites-catalogues. Ces et sur un site marchand
formes sont caractérisées par des contenus différents et
des niveaux variables d’interactivité. Elles peuvent se Les nombreux travaux menés depuis plus de 30
répartir sur un continuum dont les deux extrêmes sont ans suggèrent que le comportement du consommateur
le site-vitrine (information pure/pas d’interactivité) et face à la distribution physique comporte deux dimen-
le site marchand (information et transaction commer- sions principales : le comportement de magasinage
ciale/interactivité). La figure 1 visualise ce conti- (i.e. la perception, la sélection et la fréquentation des
nuum. points de vente) et l’évaluation de l’offre qui aboutit à
une décision d’achat ou de consommation. Ces
Catalogue dimensions du comportement du consommateur en
Site vitrine en ligne Site marchand
magasin ont le plus souvent été étudiées séparément, à
Information Vente l’exception de Monroe et Guiltinan (1975). Aussi,
Interactivite Interactivite ✚
dans ce qui suit, nous envisagerons d’abord le com-
Figure 1. – Continuum des formes d’activités portement de magasinage puis l’évaluation de l’offre
commerciales sur Internet en magasin.
Le comportement de magasinage est un ensemble
d’activités qui sont le reflet de motivations et de pro-
Le site marchand propose au consommateur une cessus de décision particuliers (Guiltinan et Monroe,
offre commerciale (produit, prix, promotions, etc.) 1980). Ces activités relèvent soit du type de fréquenta-
dans un environnement qui se veut une alternative à tion – comportement dirigé vers un but et comporte-
la réalité (Hoffman et Novak, 1996) tout en conser- ment expérientiel (Babin et alii, 1994) – soit de l’éva-
vant certains éléments familiers (composantes de luation de l’offre. Leur apparition et leur
l’identité visuelle, organisation par rayon, etc.). Il manifestation sont soumises à l’influence simple ou
ambitionne le rôle d’un canal marketing qui allie combinée de variables individuelles, situationnelles
information, vente et services (Peterson et alii, 1997). ou liées à l’environnement commercial. Des facteurs
L’une de ses spécificités par rapport à un magasin est de nature similaire influencent également le proces-
l’interactivité ; interactivité avec l’entreprise, avec les sus de décision d’achat. La figure 2 représente de
autres consommateurs mais également avec les outils façon simplifiée l’articulation entre le comportement
eux-mêmes (Hoffman et Novak, 1996). C’est de magasinage et les variables modératrices telle
d’ailleurs le principal atout d’Internet (Steuer, 1992). qu’elle est décrite par la littérature classique.
L’interactivité permet au client de définir et de modeler Afin de construire un cadre d’appréhension du
lui-même l’offre la plus adaptée à ses besoins, d’avoir comportement du consommateur sur un site mar-
une relation privilégiée avec la marque, de modifier chand (voir figure 3) la figure 2 a été enrichie par les
28 Agnès Helme-Guizon

magasinage et le processus de décision lors de visites


Variables d atmosphere Variables situationnelles consécutives n’est volontairement pas développée.
De même pour les caractéristiques de l’offre com-
merciale (assortiment, conditions de livraison, répu-
Mode de frequentation des points de vente tation de la marque, etc.).
! comportement dirige vers un but Chacun des blocs est maintenant décrit et expli-
! comportement experientiel cité.

Evaluation de l offrecommerciale

Variables individuelles COMPORTEMENT DE MAGASINAGE

Figure 2. – Synthèse simplifiée de la littérature


sur le comportement de magasinage
et de ses modérateurs Mode de fréquentation des points de vente

résultats des différents courants de littérature men- Le comportement dirigé vers un but ou encore la
tionnés précédemment et synthétisés dans le fréquentation dans un but précis se traduit par une
tableau 1. recherche et un traitement de l’information relative
En raison de l’ampleur de la tâche et du manque au produit ou à la marque désirés (caractéristiques,
d’espace, la problématique – pourtant de taille prix, lieu de vente, promotions, etc.). Il est guidé par
(Szymanski et Hise, 2000) – de la satisfaction et de une motivation cognitive, par la satisfaction de
son influence sur le rachat, sur le comportement de besoins utilitaires. Il est sous-tendu par des processus

Environnement commercial traditionnel

Variables situationelles
conditions materielles d accesau site
communautes / dimension sociale de la consommation

Variables individuelles Mode de frequentation des sites web


Facteurs d atmosphere
motivation utilitaire/hedonique ergonomie
implication dans la categorie de Interactivite design
produits Comportement Comportement
complexite/ facilite de
risque percu dirige vers un but experientiel
navigation, lisibilite
respect de la sphere privee
attitude envers l innovation Strategie de Strategie architecture du site
capacite/expertise/maitrise de traitement experientielle amenagement de
l outiltechnologique systematique l’espace, merchandising
variables socio-demographiques Strategie de traitement
recherche de stimulation heuristique

Evaluation de l offre

Achat/experience subjective

Reactions post-achat/experience

Figure 3. – Principales variables pertinentes pour l’appréhension du comportement du consommateur


sur un site marchand
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 29

Tableau 1. – Principales recherches sur le comportement du consommateur en magasin et sur un site marchand

Environnement physique Environnement en ligne

MODE DE FRÉQUENTATION DES POINTS DE VENTE


Comportement • recherche et traitement de l’information systé- • recherche d’information (Hoffman et Novak, 1996)
dirigé vers un but matique ou heuristique (Babin et alii, 1994 ; • recherche d’information facilitée et moins coûteuse à condition de
Craik et Lockhart, 1972) maîtriser les outils d’aide (Ariely, 2000 ; Haübs et Trifts, 2000)

Comportement • recherche de gratifications hédoniques • immersion dans un monde virtuel (Hoffman et Novak, 1996)
expérientiel (Holbrook et Hirschman, 1982) • téléprésence et distorsion du temps (Hoffman et Novak, 1996 ;
• recherche de variété (Raju et Venkatesan, Steuer, 1992)
1980 ; Syriex et Dubois, 1995) • absorption cognitive (Agarwal et Karahanna, 2000)
• browsing (Babin et alii, 1996 ; Bloch et
Richins, 1983)
VARIABLES MODÉRATRICES DES MODES DE FRÉQUENTATION DES POINTS DE VENTE
Variables d’atmo- • variables externes, internes générales, design et • ergonomie : lisibilité, structure de la page et du site (Ladwein, 2001)
sphère aménagement du point de vente, décoration et • design (Steuer, 1992)
aménagement du point de vente (pour une revue,
voir Turley et Milliman, 2000)
Variables situa- • pression temporelle (Belk, 1975) • conditions matérielles d’accès aux sites (équipement informatique,
tionnelles • destination de l’achat, impression de foule, taux de transfert, débit, etc.) (Hoffman et Novak, 1996 ; Shih, 1998)
attente aux caisses (pour une revue, voir Turley • échange avec les autres consommateurs (Gattiker et alii, 2000)
et Milliman, 2000) • valorisation par l’implication des autres (Griffith et Krampf, 1999)
• dimension sociale de la consommation • rôle des communautés (Amstrong et Hagel, 1995 ; Gattiker et alii,
(Griffith et Krampf, 1999 ; Tauber, 1972) 2000)
Variables indivi- • motivation cognitive/affective (Holbrook et • motivation cognitive/affective (Hoffman et Novak, 1996 ; Rowley,
duelles Hirschman, 1982 ; MacInnis et Jaworski, 1989) 2000)
• risque perçu (financier, de performance, de • implication dans la catégorie de produit (Degeratu et alii, 2000)
perte de temps, physique, social, psychologique) • risque perçu intensifié en raison de la distance et de la sécurité des
(Jacoby et Kaplan, 1972) paiements (McCorkle, 1990 ; Van den Poel et Leunis, 1996)
• expertise dans la catégorie de produits (Alba et • respect de la sphère privée, de la confidentialité (Gattiker et alii,
Hutchinson, 1987) 2000)
• niveau optimal de stimulation (Baumgartner et • familiarité avec l’achat à distance (Donthu et Garcia, 1999)
Steenkamp, 1996 ; Syriex et Dubois, 1995) • attitude envers l’innovation (Agarwal et Karahanna, 2000 ; Donthu et
Garcia, 1999 ; Gattiker et alii, 2000 ; Nyeck et alii, 2000)
• recherche de stimulation, de défis (Hoffman et Novak, 1996)
• variables psychographiques : âge, sexe, revenus, culture (pour une
revue, voir Gattiker et alii, 2000)
• capacités, expertise (Hammond et alii, 1998 ; Hoffman et Novak,
1996 ; Mathwick et alii, 2001 ; Robin, 2000)
• contrôle de l’interface homme-machine et renforcement des expé-
riences vécues (Mathwick et alii, 2001)
ÉVALUATION DE L’OFFRE COMMERCIALE

• le plus souvent limitée à l’offre en magasin • comparaison entre différents sites facilitée (Degeratu et alii, 2000)
• comparaison sur un nombre limité de critères • des critères différents et plus nombreux (Burke et alii, 1992 ;
(Burke et alii, 1992) Degeratu et alii, 2000 ; Phau et Poon, 2000)

décrits par les modèles de traitement de l’information – recherche d’information afin de trouver la meilleure
systématique (Craik et Lockhart, 1972) et heuristique solution possible en termes d’achat ou de consomma-
(Chaiken et alii, 1989). Ceux-ci postulent que la tion (voir tableau 2). L’intensité de la recherche
reconnaissance d’un problème déclenche une résulte de l’arbitrage entre l’effort cognitif consenti et
30 Agnès Helme-Guizon

Tableau 2. – Comparaison des 3 principaux paradigmes d’appréhension du comportement du consommateur,


d’après Chaiken et alii (1989), Holbrook et Hirschman (1982) et MacInnis et Jaworski (1989)

Traitement systématique Traitement heuristique Démarche expérientielle

Antécédents • ressources cognitives élevées • ressources cognitives modérées • ressources cognitives limitées
• résolution exacte de problèmes • formation de jugements rapides • personnalité, créativité,
• stimulus informatif ou com- recherche de plaisir, niveau opti-
plexe mal de stimulation
• stimulus artistique, sportif ou
récréatif
• stimulus trop trivial
Comportement • choix, décision d’achat et achat • choix, décision d’achat et achat • utilisation, expérience de
consommation
Processus • acquisition de l’information et • traitement sélectif de l’informa- • comportement exploratoire
traitement en profondeur tion • apprentissage incident
•traitement discursif dominant • inférences affectives simples • imagerie mentale dominante
• élaboration sur les éléments les • imagerie mentale et traitement
plus pertinents discursif
• correction des jugements • élaboration relationnelle sur les
éléments les plus saillants ou élé-
ments du contexte
Variables
• implication forte • implication faible • motivation hédonique
modératrices • motivation cognitive • motivation cognitive • recherche de gratification
• capacité et opportunité de trai- • capacité et opportunité limitées intrinsèque
ter l’information de traiter l’information • situation d’exposition
• risque perçu élevé • familiarité et expertise fortes

la justesse attendue de la décision (Meyers-Levy et culturels ou de loisirs, le comportement « expérien-


Malaviya, 1999). La stratégie de traitement dans tiel » a progressivement été étudié dans des environ-
laquelle s’engage le consommateur dépend du niveau nements commerciaux alimentaires et non alimen-
de ressources cognitives allouées au stimulus, à son taires – par exemple, le comportement exploratoire en
évaluation et à la prise de décision (MacInnis et magasin (Baumgartner et Steenkamp, 1996 ; Bloch et
Jaworski, 1989) ainsi que des capacités individuelles Richins, 1983) ou encore le lèche-vitrine (Syriex et
de traitement d’une masse d’information abondante Dubois, 1995). Le comportement « expérientiel » est
(Bettman et alii, 1991 ; Malhotra, 1982). guidé soit par une motivation extrinsèque d’actualisa-
A l’inverse, le comportement « expérientiel », tion de ses connaissances sur une catégorie de pro-
également appelé butinage, peut être défini comme duits impliquante, soit par une motivation intrinsèque
l’examen de l’assortiment d’un magasin dans un but de recherche de distraction, de gratifications hédo-
récréationnel ou éventuellement de collecte d’infor- niques (Holbrook et Hischman, 1982), par le besoin
mation mais sans intention d’achat (Bloch et Richins, de stimulation, la recherche de variété en termes de
1983, p. 389). Théorisé par Holbrook et Hirschman produits (Raju et Venkatesan, 1980) ou à l’intérieur
(1982) 1 dans le cadre de la consommation de biens du point de vente (Syriex et Dubois, 1995) ou encore
par la recherche de contacts sociaux (Tauber, 1972).
1. Le terme « modèle expérientiel » recouvre en fait deux accep-
tions : celle de Hirschman et Holbrook (1982) ainsi que celle d’un
consommateur dont les ressources cognitives sont très limitées, en n’est que superficiel, l’apprentissage est incident et la mémorisa-
raison d’une très faible motivation ou de conditions d’exposition tion est implicite (Meyers-Levy et Malayiva, 1999). Le comporte-
ne permettant pas le traitement (diffusion trop rapide, message ment se fonde donc sur les affects ressentis (MacInnis et Jaworski,
incompréhensible). Par conséquent, le traitement de l’information 1989).
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 31

La transposabilité de ces deux modes de fréquenta- tion d’alternatives de navigation et correspond à un


tion à un environnement commercial en ligne est changement continu et relativement non structuré de
maintenant envisagé. hiérarchie de buts (Novak et alii, 2000). L’interactivité
qui permet au consommateur jusqu’alors spectateur
de devenir acteur intensifie les expériences vécues
Comportement dirigé vers un but sur Internet (Mathwick et alii, 2001). En effet, la collaboration du
consommateur est nécessaire à l’émergence d’une
Sur Internet, le comportement dirigé vers un but activité récréative (Deighton et Grayson, 1995). De
se traduit également par une recherche d’information même pour le contrôle (perçu) de la machine : affran-
chi des contraintes techniques, le consommateur peut
sur un produit et/ou sur sa localisation. L’information
accéder à des sensations (Mathwick et alii, 2001).
disponible est plus abondante que dans un magasin
Si les concepts de téléprésence et d’« expérienta-
(Degeratu et alii, 2000). La collecte auprès de mul-
tion » sont acceptables dans la perspective générale
tiples sources est rendue plus aisée et plus rapide que
du comportement sur Internet (Hammond et alii,
dans un univers physique : un clic de souris par oppo-
1998 ; Hoffman et Novak, 1996), il est discutable
sition au passage d’un point de vente à un autre distant
dans le cadre d’un environnement marchand pour
parfois de plusieurs kilomètres (Phau et Poon, 2000).
deux raisons principales. Premièrement, le consom-
Sans parler des outils de recherche tels que les
mateur qui fréquente l’offre non commerciale d’un
moteurs qui identifient les sources et hiérarchisent
site de marque ou de produit, par exemple les anima-
l’information en fonction de la « pertinence » pro-
tions, clubs, groupes de discussion ou jeux divers, est
bable de leur contenu (Haübl et Trifts, 2000). Ainsi, la motivé par l’enrichissement et l’actualisation de ses
recherche d’information est facilitée (Ariely, 2000) et connaissances. C’est le volet « recherche continu
les coûts cognitifs et temporels sont réduits (Lynch et d’information » contenue dans la définition du buti-
Ariely, 2000). nage (Bloch et Richins, 1983). Elle a été de fait négli-
Toutefois, recherche d’information n’est pas gée par les travaux précédents qui portaient sur
synonyme de traitement de l’information. Autrement Internet en général (Hammond et alii, 1998 ;
dit, rien ne prouve que le consommateur qui a adopté Hoffman et Novak, 1996). Deuxièmement, la percep-
un comportement dirigé vers un but traite l’information tion des produits dans un environnement commercial
collectée sur un site marchand de façon plus appro- en ligne suppose la médiation d’un écran. Elle est
fondie que le consommateur en magasin. Il se pourrait donc essentiellement visuelle (éventuellement
même que la lecture plus difficile sur un écran sonore) par opposition à une appréhension multisenso-
(Ladwein, 2001) ou la surcharge d’information rielle en magasin. Il est probable que les sensations, les
(Malhotra, 1982) induisent un traitement cognitif émotions seront moins intenses, pour un produit
plus superficiel. Cette question mérite une attention donné, notamment chez ceux dont la capacité d’ima-
particulière. gerie mentale est plus limitée. Phau et Poon (2000)
rappellent que le magasinage sur Internet ne saurait
se substituer à l’expérience récréative associée au
Comportement expérientiel sur un site marchand
« shopping » conventionnel.
L’engagement dans un type de comportement –
Sur Internet, le comportement « expérientiel » est
dirigé vers un but/expérientiel – ainsi que leurs carac-
décrit comme le « vagabondage » à l’intérieur des
téristiques sont soumis à l’influence de variables
sites ou d’un site à l’autre par un individu motivé par la
modératrices d’atmosphère, situationnelles et indivi-
recherche de plaisir, d’émotions, de sensations
duelles.
(Hammond et alii, 1998). Il est caractérisé par une
immersion totale de l’individu dans l’environnement
(Hoffman et Novak, 1996) qui se traduit par une dis-
torsion du temps et par l’impression d’exister. Cette
sensation est appelée téléprésence (Steuer, 1992).
L’engagement dans un comportement « expérien-
tiel » est intuitif et spontané. Il est guidé par l’évalua-
32 Agnès Helme-Guizon

INFLUENCE DES VARIABLES MODÉRATRICES susceptibles de fidéliser l’internaute expérientiel


SUR LE MODE DE FRÉQUENTATION D’UN SITE (Steuer, 1992) – à condition que les sensations res-
MARCHAND senties atteignent un seuil minimal et soient renouve-
lées de manière suffisamment fréquente pour maintenir
un niveau de stimulation optimal (Shih, 1998).
Influence des variables d’atmosphère L’influence de l’aménagement du point de vente,
i.e. de l’organisation, de la présentation de l’offre n’a
De nombreux travaux fondés sur une approche pas à notre connaissance été étudiée. Pourtant elle est
behavioriste ont cherché à identifier et à manipuler un enjeu majeur : comment transposer dans un uni-
les caractéristiques de l’environnement physique les vers en 2 dimensions (2D) réduit à une succession
plus susceptibles d’induire chez les consommateurs d’écrans de quelques centimètres carrés un environ-
des réactions cognitives ou émotionnelles favorables à nement commercial en 3D de plusieurs milliers de
la décision d’achat et par le fait même certains com- mètres carrés parfois où les volumes ont de surcroit
portements. Les facteurs d’atmosphère se répartissent leur importance ?
en cinq groupes : variables externes, variables
internes générales, design et aménagement de
l’espace, décoration et aménagement du point de Influence des facteurs situationnels
vente, facteurs humains (pour une revue, voir Turley et
Milliman, 2000). Pour un site marchand, la variable-clé Parmi les principaux facteurs situationnels identi-
est son design au travers duquel un univers commercial fiés dans la littérature classique, à savoir la pression
est recréé. Son impact commence à être étudié. Les temporelle, la destination de l’achat (Belk, 1975), le
travaux plus récents étendent le concept de design à fait d’être accompagné, l’impression de foule ou
celui d’ergonomie qui inclut également l’aménage- l’attente aux caisses, etc. (pour une revue, voir Turley
ment du point de vente. et Milliman, 2000), seules les conditions matérielles
d’accès aux sites ainsi que l’interaction avec les
autres consommateurs en ligne ont été envisagées
Cas particulier de l’ergonomie dans les travaux antérieurs. Des temps de télécharge-
ment longs (et donc le plus souvent coûteux pour le
L’ergonomie d’un site marchand fait référence à particulier à son domicile) limitent la recherche
la lisibilité de ses pages, à leur composition, à la d’information (Hoffman et Novak, 1996) et les com-
structure globale du site et à son design. Son objet est portements exploratoires (Shih, 1998) en raison
de faciliter la navigation à l’intérieur du site. Dans le notamment de l’inconfort de la navigation (Ladwein,
cas d’un comportement dirigé vers un but, elle per- 2001). Par ailleurs, pour la majorité des consomma-
met de rendre plus aisé l’accès aux informations dis- teurs en ligne comme des consommateurs en maga-
ponibles et pertinentes. La lisibilité influence ainsi sin, le magasinage est un processus social. Que cette
l’intensité et la qualité de la recherche d’information expérience se déroule à deux ou en groupe, elle est
(Ladwein, 2001). Dans le cas d’un comportement accentuée, valorisée par l’implication des autres
expérientiel, l’ergonomie par l’intermédiaire de sa (Griffith et Krampf, 1999). Aussi, le consommateur
composante design renforce le confort d’utilisation et en ligne, le plus souvent seul devant son écran, com-
donc le divertissement. Précisément, le design d’un pense-t-il cette absence d’interaction sociale par
site fait référence à la richesse de représentation de l’échange d’avis sur les produits, la marque (Gattiker et
l’environnement médiatisé induite par ses caractéris- alii, 2000) ou encore par l’appartenance à une ou plu-
tiques formelles (Steuer, 1992) ; autrement dit, à son sieurs communautés virtuelles – communautés d’in-
graphisme, ses couleurs, l’utilisation d’images, térêt, de relations, transactionnelles ou de fantaisie
d’icônes, d’animations, de vidéos, de fenêtres incrus- (Amstrong et Hagel, 1995). Ces consommateurs
tées dans l’écran, etc. La largeur sensorielle d’un site organisés, communiquant directement, et non plus
(i.e. le nombre de dimensions sensorielles simultané- par l’intermédiaire d’associations de consommateurs,
ment présentées) ainsi que sa profondeur (i.e. la qualité ont sans doute un pouvoir renforcé sur les offreurs
de la résolution sensorielle de chaque modalité) sont (Gattiker et alii, 2000). Ce phénomène est bien illustré
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 33

par la vague de protestations envers la tentative de mation sera systématique et approfondie dans le cas
dissimulation par Intel du problème de virgule flot- d’un produit nouveau et/ou impliquant pour le
tante sur l’un de ses processeurs Pentium qui a obligé consommateur. A l’inverse pour les produits habituels
le constructeur à rappeler tous les produits de cette et/ou peu impliquants, le consommateur aura recours à
génération. des heuristiques, des routines de comportement. Cette
stratégie est facilitée par l’existence de « favoris » (i.e.
les adresses de quelques sites préalablement enregis-
Influence des variables individuelles trées sur le disque dur et qui y conduisent directement
d’un simple clic). De même, les sites marchands les
La littérature sur le comportement en magasin plus avancés, capables de mémoriser les achats anté-
souligne l’importance du rôle modérateur des rieurs, proposent d’en consulter la liste, de la modifier ou
variables individuelles. Sur un site marchand, aux de la compléter lors de visites ultérieures. Cet outil est
côtés des variables psychographiques (pour une précieux dans le cas d’achats fréquents et routiniers
revue, voir Gattiker et alii, 2000), de l’attitude face à (par exemple, les courses) parce qu’il permet un gain de
l’innovation (Agarwal et Karahanna, 2000 ; Donthu temps significatif ... au détriment de la variété
et Garcia, 1999 ; Gattiker et alii, 2000 ; Nyeck et alii, (Degeratu et alii, 2000).
2000), de la recherche de stimulation ou de défis Ainsi, la motivation utilitaire influencerait de la
(Hoffman et Novak, 1996), du risque perçu – ren- même manière la recherche d’information quelle que
forcé par la distance et la sécurité des paiements soit la nature du point de vente. Pourtant, il est pro-
(McCorkle, 1990 ; Van den Poel et Leunis, 1996), de la bable que sur un site marchand, la recherche d’infor-
préoccupation pour le respect de la vie privée mation soit plus importante que dans un magasin
(Gattiker et alii, 2000), les deux principaux facteurs pour des produits jugés peu impliquants du fait de la
individuels modérateurs du mode de fréquentation relative facilité d’accès à une information abondante.
des points de vente sont la motivation et l’expertise. Tout dépend du coût de l’acquisition de l’information :
monétaire (temps de chargement longs et tarification
réelle des communications locales) mais également
Rôle modérateur de la motivation cognitif.

Un individu dont le comportement est dirigé vers


un but s’engagera dans une recherche d’information Rôle modérateur de la maîtrise de l’interface
d’autant plus intense et systématique qu’il est motivé homme-machine : experts vs. novices
par un critère utilitaire (Babin et alii, 1994) ; autrement
dit par la volonté de maximiser l’utilité de la décision et L’influence de l’expertise sur le comportement de
le souci de limiter les risques d’erreur (MacInnis et magasinage déjà constatée dans un environnement
Jaworski, 1989). Cette influence s’observe en magasin traditionnel (Alba et Hutchinson, 1987) mérite une
comme sur un site marchand (Rowley, 2000). La moti- attention particulière dans le cadre de l’achat en ligne
vation à rechercher de l’information est fonction dans la mesure où il requiert un niveau minimum de
notamment du degré de nouveauté de l’achat (et dans maîtrise de l’interface homme-machine (Hoffman et
une moindre mesure du produit), du type d’implication Novak, 1996 ; Robin, 2000).
envers une catégorie de produit (durable et/ou situa- Les définitions antérieures de l’expertise diffèrent
tionnelle) 2 et de son intensité. La recherche d’infor- selon le champ des études : de la maîtrise de l’outil

2. La catégorie de produits nous semble secondaire au regard de relativement peu chers, ont une fréquence d’achat assez impor-
l’implication pour ce qui concerne le comportement à proprement tante, sont plutôt intangibles et différenciés (Phau et Poon, 2000).
parler et les processus sous-jacents. Elle influence davantage la Ces caractéristiques sont celles des produits culturels, de loisirs et
décision de se tourner vers un site marchand plutôt que vers un dans une moindre mesure du matériel informatique. Or ce sont
magasin (et inversement) pour acquérir un produit donné. Dans le ceux qui réalisent le chiffre d’affaires le plus élevé en France
système de Peterson et alii (1997), les produits peuvent être classés (Santrot, 2001). Par ailleurs, Gattiker et alii (2000) distinguent
selon trois dimensions : 1) le coût et la fréquence d’achat, 2) la entre les produits techniques et non techniques. Cette classifica-
valeur de l’offre (i.e. le degré de tangibilité) et 3) le degré de diffé- tion, plus pertinente que la catégorie de produits, est prédictrice du
renciation. Les produits les plus volontiers achetés en ligne sont type de comportement.
34 Agnès Helme-Guizon

informatique à la familiarité avec Internet en général sactionnels en ligne, le consommateur alterne les
(Hammond et alii, 1998) en passant par la durée types de comportements. Ainsi, un consommateur
d’utilisation (Hoffman et Novak, 1996) et par la ayant initialement adopté un comportement « expé-
familiarité avec l’achat à distance (Donthu et Garcia, rientiel » pourrait être amené à traiter en profondeur
1999). Les effets de l’expertise sur le comportement de une information découverte à l’occasion de son buti-
navigation ou d’achat varient également. Robin nage et qu’il a perçue comme pertinente, c’est-à-dire
(2000) souligne que les experts adoptent un comporte- s’engager dans un comportement dirigé vers un but.
ment systématique, linéaire, en grande partie associé à Inversement, un consommateur, motivé par la
la valeur sémantique des rubriques. Ils valorisent recherche d’un produit ou d’une information précise,
davantage le contenu informatif des sites au détri- pourrait adopter un comportement exploratoire, son
ment de leur dimension expérientielle (Novak et alii, attention ayant été distraite par la présence d’une ani-
2000). A l’inverse, les débutants fondent leur par- mation ou d’un lien vers une page « récréationnelle »
cours sur les dimensions spatiales et visuelles du sti- du site ou un autre site. La fréquence de changement de
mulus (Robin, 2000). Ils tendent à adopter un com- stratégie devrait être supérieure à celle observée dans
portement récréationnel qui se traduit par un environnement physique en raison des spécificités
l’exploration des différents aspects de l’environne- du web telles que l’interactivité, l’architecture des
ment (Hoffman et Novak, 1996). Il est à noter que sites et du web sous la forme d’un vaste réseau de
cette tendance diminue avec la maîtrise de l’outil liens. La problématique de l’alternance des stratégies
technologique. qui n’a pas reçu suffisamment d’écho en comporte-
Ces résultats sont contestés par Hammond et alii ment du consommateur (y compris en magasin) pour-
(1998) qui rapportent, contrairement à leurs hypo- rait bénéficier d’une importance nouvelle dans le
thèses, des niveaux perçus d’« expérientiation » supé- contexte d’un environnement commercial sur
rieurs chez les experts que chez les utilisateurs modérés Internet.
d’Internet. Aussi, les débutants auraient un usage plutôt Par ailleurs, se pose la question de la prédomi-
utilitaire d’Internet. La même expérience menée nance d’un type de comportement sur l’autre. Novak et
quatre mois plus tard indique que les débutants n’ont alii (2000) montrent que les consommateurs lient for-
pas un comportement de magasinage plus récréationnel tement le shopping aux compétences, au contrôle et à
mais apprécient davantage la valeur informationnelle la recherche de l’information sur le produit, contraire-
d’Internet. Les experts continuent de relater des ment à l’utilisation personnelle/ludique d’Internet, les
degrés élevés de satisfaction cognitive et hédonique. groupes de discussion ou le fait de regarder la TV qui
Hammond et alii (1998) y voient le reflet d’une sont davantage associés à l’immersion, la télépré-
implication durable envers l’outil. sence, la distorsion du temps et le défi/stimulation.
L’apparente contradiction entre les résultats pour- De même, Mathwick et alii (2000) soulignent que le
rait s’expliquer par la variété des définitions de retour sur investissement (financier, temporel et com-
l’expertise. Ceci appelle à un raffinement conceptuel portement) est fortement lié à la préférence pour la
notamment de l’objet sur lequel porte l’expertise (i.e. fréquentation des sites marchands, par comparaison
Internet, la technologie en général, un site spécifique avec les catalogues qui privilègent ouvertement les
ou une catégorie de produit). expériences sensorielles ou esthétiques notamment
par le biais de la stimulation visuelle. Aussi, le fac-
teur « recherche d’information » l’emporterait sur la
dimension « comportement récréationnel ».
Liens entre les deux types de comportements

Les deux principaux modes de fréquentation des


sites web – le comportement dirigé vers un but et le
comportement « expérientiel » – ont été représentés
par Hoffman et Novak (1996) parallèlement dans un
même modèle. Les auteurs indiquent qu’ils rivalisent
pour attirer l’attention du consommateur. Pourtant il est
probable qu’au cours de la fréquentation de sites tran-
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 35

ÉVALUATION DE L’OFFRE COMMERCIALE (Lynch et Ariely, 2000) ... à condition de savoir les
maîtriser. Sinon, l’abondance voire la surcharge
d’information (Bettman et alii, 1991 ; Malhotra,
1982), non seulement complexifie la prise de déci-
sion mais conduit l’individu à s’interroger sur la jus-
Une fois en magasin ou sur un site commercial en
tesse de ses décisions « rationnelles » en raison de
ligne, le consommateur est amené à évaluer l’offre
l’effort cognitif nécessaire (Ariely, 2000). Pour
commerciale selon ses besoins et les propositions de la
réduire cet inconvénient il convient de recourir aux
concurrence. Les processus d’évaluation varient en
heuristiques de choix (Chaiken et alii, 1989), c’est-à-
fonction des processus sous-jacents des comporte-
dire de fonder sa décision sur des règles simples, sans
ments (expérientiation vs traitement de l’informa-
doute calquées sur celles développées en magasin.
tion).
Ensuite, ils mettent en avant de nombreux bénéfices
situationnels. Plus accessibles, il est probable qu’ils
Recherche et traitement systématique auront davantage d’influence sur l’évaluation du pro-
de l’information duit (Lynch et Ariely, 2000) et sur la prise de déci-
sion (Ratneshwar et alii, 1997) que les bénéfices
habituels. Enfin, le prix acquiert une visibilité accrue et
L’évaluation de l’offre commerciale passe par la prend une importance nouvelle dans l’évaluation des
comparaison de l’ensemble proposé avec d’une part offres concurrentes. La sensibilité au prix est renforcée
les connaissances individuelles préalablement stoc- pour les produits présents dans plusieurs magasins et
kées et d’autre part les offres concurrentes. dont la comparaison est aisée (Lynch et Ariely,
Autrement dit, elle implique l’extraction d’informa- 2000). Mais, pour des produits différenciés, la réduc-
tions internes et le traitement d’informations exter- tion du coût de recherche d’information sur la qualité
nes. Internet facilite la collecte d’informations sur les réduit la sensibilité au prix. Cependant, Degeratu et
attributs d’un produit ou d’une marque (Alba et alii, alii (2000) affirment que le consommateur en ligne
1997). Elle peut porter soit sur des attributs senso- est moins sensible au prix que le consommateur en
riels, c’est-à-dire ceux qui touchent directement nos magasin. Ils expliquent ce résultat anti-intuitif par la
sens « avant l’essai du produit » soit sur des attributs plus grande efficacité des opérations promotionnelles
non sensoriels, c’est-à-dire ceux qui peuvent être cor- en magasin (cf. les techniques de merchandising).
rectement représentés par des mots (Degeratu et alii,
2000). Les informations collectées sur un site mar-
chand sont parfois longues et coûteuses à obtenir (en
Comportement « expérientiel »
temps ou en efforts) en magasin. Par exemple, la lec-
ture de la composition ou du nombre de calories d’un
produit alimentaire suppose la prise en main du pro- La littérature classique affirme que le comporte-
duit, la localisation de la mention et le déchiffrage de ment expérientiel induit non pas une évaluation sur
données le plus souvent imprimées en petits carac- les attributs mais une appréciation globale (Holbrook et
tères. De même, obtenir les caractéristiques tech- Hirschman, 1982). En l’absence de propositions ou
niques d’un bien d’équipement pour la maison ou une de validations empiriques par la littérature Internet
automobile implique le recours à un vendeur ... qui nous postulons que le consommateur sur un site mar-
bien souvent doit se reporter à la notice de chand adopte également une approche holistique.
l’appareil/l’automobile. En résumé, ce qui est spécifique de l’évaluation
Sur Internet, la recherche d’information est facilitée de l’offre des sites marchands est le nombre et le type
par les agents de recommandation qui permettent la d’attributs (situationnel/habituel) sur lesquels l’offre
visualisation de la meilleure offre ou par les matrices peut être évaluée. Les processus et les règles de déci-
de comparaison qui synthétisent les offres des diffé- sion devraient être modifiés (Burke et alii, 1992).
rents sites marchands. Ces outils ont un triple effet C’est une voie de recherche importante.
sur l’évaluation de l’offre et la décision d’achat. Tout
d’abord, en réduisant le coût cognitif du traitement de
l’information, ils améliorent la qualité de la décision
36 Agnès Helme-Guizon

CONCLUSION de types d’achat, de recherche d’information et /ou de


réalisation de transactions, de transposition des
apprentissages, etc.
Par ailleurs, si comme l’affirment Novak et alii
(2000) le comportement « expérientiel » sur Internet
L’objet de cet article était la proposition d’un
cadre conceptuel permettant d’appréhender les spéci- est de moins en moins fréquent plus l’expertise aug-
ficités du comportement du consommateur sur un site mente, la question de son avenir se pose. En effet,
marchand. En ce sens, il n’est pas exhaustif et dépend lorsque l’achat sur Internet aura atteint une certaine
des connaissances actuelles sur le comportement du maturité (à l’instar de la VPC aujourd’hui), la télépré-
consommateur en ligne. Au terme d’une confronta- sence et les comportements exploratoires devraient
tion des connaissances sur le comportement en maga- tendre à diminuer parallèlement à la curiosité pour ce
sin et en ligne, il apparaît que dans un environnement nouvel outil. Assistera-t-on au même désenchante-
marchand les comportements dirigés vers un but et ment que celui observé pour la grande distribution ?
expérientiels se manifestent sous des formes plus Les sites marchands sauront-ils maintenir le niveau
variées que dans un magasin, en raison de l’interacti- élevé de nouveauté qui constitue aujourd’hui leur
vité, qui rend le consommateur plus autonome et principal attrait ? Il ne s’agit là que de deux voies de
actif, et des possibilités plus nombreuses offertes par recherche sur le comportement du consommateur en
Internet en termes de recherche d’information « pré- ligne parmi les très nombreuses ... et prometteuses
achat » et « continue » ou de récréation autour de la questions posées par le développement des sites tran-
marque. Cependant, les comportements diffèrent peu sactionnels en ligne.
dans leurs fondements (antécédents et processus). Les recherches empiriques à venir, sur tout ou
Les antécédents principaux sont le type et l’intensité de partie du cadre proposé, viendront certainement
la motivation ainsi que l’implication dans la catégorie remodeler les relations envisagées et permettront de
de produits. Les processus sous-jacents peuvent être préciser leur sens, de hiérarchiser les variables de
décrits par les modèles expérientiels ou de traitement chacun des blocs. De plus, sous l’impulsion des évolu-
systématique/heuristique de l’information. Internet ne tions technologiques, il est probable que le comporte-
révolutionne pas les comportements de magasinage ment du consommateur en ligne se modifie. Les fon-
en ligne, contrairement aux affirmations rencontrées dements des comportements s’en trouveront-ils enfin
dans la littérature (par exemple, Hoffman et Novak, transformés ? Rien n’est moins sûr.
1996).
De fait, ce seraient plutôt les comportements en
magasin qui seraient bouleversés. Le consommateur
pourrait progressivement reprendre le pouvoir car,
fort de l’information préalablement acquise sur RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Internet, il possède des arguments face à une distribu-
tion aujourd’hui toute puissante. De plus, si le e-com-
merce connaît l’avenir radieux qu’on lui prédit
(Santrot, 2001), ne se pourrait-il pas que le consom-
mateur transpose son comportement d’achat en ligne Agarwal R. et Karahanna H. (2000), Time flies when you are
dans le monde réel (notamment pour les produits having fun: Cognitive absorption and beliefs about
qu’il ne peut se procurer sur Internet) ? Autrement information technology usage, MIS Quarterly, 24, 4,
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dit, qu’il ait les mêmes exigences en termes de quantité
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seraient contraints d’adapter leurs stratégies. Le vir- Alba J.W., Lynch J., Weitz B., Janiswerski C., Lutz R.,
tuel viendrait alors influencer le réel ? Ceci pose la Sawyer A. et Wood S. (1997), Interactive home-shop-
question plus générale mais fondamentale de la com- ping: Consumer, retailer, and manufacturer incentives
plémentarité entre les sites marchands et traditionnels to participate in electronic marketplaces, Journal of
(Mathwick et alii, 2000) ; complémentarité en termes Marketing, 61, 3, 38-53.
Le comportement du consommateur sur un site marchand est-il fondamentalement différent de son comportement en magasin ? 37

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