DOSSIER : LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE MAROCAIN, UNE RICHESSE À METTRE EN VALEUR

1496 - Du 21 au 27 juillet 2023

Prix : 15 Dhs

Deux ans et demi

après l’accord tripartite
États Unis-Israël-Maroc,
l’État hébreu a officiellement
reconnu la marocanité du
Sahara. Un pas de plus
vers la résolution définitive
de ce différend régional
mais aussi vers l’instauration
de la paix entre Palestiniens
et Israéliens.
© Photo DR

ISRAËL RECONNAIT LA MAROCANITÉ DU SAHARA

MAZAL TOV
! ‫מזל טוב‬
Benyamin Netanyahou,
Premier ministre israëlien.
 SOMMAIRE
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ISRAËL RECONNAIT
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MAZAL TOV
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! ‫מזל טוב‬
Edito
03 La caravane passe…
Direct
30
05 Le Maroc appelle à lutter
efficacement contre l’extrémisme
violent au Sahel
06 Le Maroc s’engage à protéger
les droits de sa diaspora
07 L’ANME apporte son soutien
à Mokhtar Laghzioui
Politique
08 Entretien avec Mahmoud El Khalfi
Couverture
Abdeljalil Bouzouggar. 10 Mazal Tov
16 Entretien avec Jamal Amiar
41
17 Scènes de liesse de la diaspora
juive marocaine
18 Un déplacement tant rêvé
20 L’Algérie impuissante
22 Le Maroc et Israël augmentent
leurs relations commerciales
de 150% en 2023
24 Un nouveau hub diplomatique
dans les provinces méridionales
Imane Saoud Économie
et Élodie Nakkach. 26 Pour une offre de formation
P. 10
en adéquation avec le marché
du travail
28 Le Royaume assure sa
sécurité énergétique
29 Quand l’inflation
impacte plus les pauvres
Dossier
30 Entretien avec Abdeljalil Bouzouggar
33 L’histoire du Maroc tombée
dans l’oubli
34 Au service de l’histoire du Maroc
36 Le combat du Maroc pour
récupérer son patrimoine
38 Archéo-tourisme, une richesse
marocaine sous-exploitée
Société
40 L’OMS tire la sonnette d’alarme
41 La nouvelle génération du football
féminin à l’honneur
Culture
42 Une grande figure du champs
médiatique national tire sa révérence
43 Décès de Mohamed Chraibi,
journaliste, 75 ans
Chronique
44 Un choix cornélien
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
 ÉDITORIAL
Le développement des relations Maroc-Israël irrite Alger

LA CARAVANE PASSE…
On n’attendait pas moins comme réaction de la part du voisin
de l’Est à la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara.
L’Algérie prouve, une fois de plus, qu’elle est le seul
adversaire du Maroc dans le dossier du Sahara. PAR MAROUANE KABBAJ

S
oixante-douze heures après, la ré-
action officielle de l’Algérie relative
à la reconnaissance par Israël de
la marocanité du Sahara est fina-
lement tombée. Dans un commu-
niqué du ministère des Affaires étrangères
algérien diffusé jeudi 20 juillet 2023, on lit que
« L’Algérie a pris connaissance de l’annonce
par les autorités marocaines de la reconnais-
sance par Israël de la prétendue souveraine-
té marocaine sur les territoires du Sahara oc-
cidental. Cet acte, qui émane d’une autorité
d’occupation au registre noir en matière de
violation de la législation et de la légalité in-
ternationales, constitue une autre étape dans
la série de manœuvres et de la politique de
fuite en avant adoptée par l’occupant maro-
cain ».
Le pouvoir algérien va plus loin et qualifie cet
acte de « violation flagrante des lois interna-
tionales, des décisions du Conseil de sécurité
et des résolutions de l’Assemblée générale
des Nations-Unies concernant la question du
Sahara occidental ».
On n’attendait pas moins de la part du voisin
de l’Est. Cela prouve, une fois de plus, que
l’Algérie est le seul adversaire du Maroc dans
le dossier du Sahara. La presse algérienne a
interprété cette réaction comme une déclara-
tion de guerre visant à déstabiliser l’Algérie.
« De tous les partenariats engagés par les
deux pays depuis décembre 2020, celui en
lien avec le domaine militaire et sécuritaire
avance à une cadence accélérée », souligne
le média algérien Tout sur l’Algérie (TSA).
Des messages qui trahissent l’angoisse de
l’Etat-major algérien, et particulièrement son
chef le général Said Chengriha. Que nos
frères algériens se rassurent : l’alliance entre
le Maroc et Israël ne vise pas à déclarer une
guerre contre leur pays ni contre quiconque
d’ailleurs.
C’est connu, le monde entier, sait que le
Maroc est un pays pacifiste qui a toujours
œuvré pour la paix. En vérité, le Maroc est
d’ores et déjà engagé dans une autre guerre,
plus décisive. Celle du développement qui a
commencé depuis au moins une vingtaine
d’années, sous l’impulsion de notre Roi. Une
guerre qui veut que le Royaume du Maroc ne
compte pas seulement sur ses phosphates
pour amorcer son développement écono-
mique, industriel et agricole. Car la vraie sé-
curité est d’abord alimentaire et non pas mili-
taire. On ne peut pas s’enorgueillir d’acquérir
massivement des chars d’assaut, des avions
de chasses ou des sous-marins, quand le
pays n’a pas de quoi subvenir à ses besoins
les plus vitaux.
Du temps de l’ancien président algérien
Houari Boumédiène, l’Algérie avait un mi-
nistre de l’Industrie, clairvoyant qui n’est autre
que Belaïd Abdeslam, qui affirmait sans sour-
ciller que « l’Algérie grâce à son pétrole et sa
sidérurgie, va être la locomotive du Maghreb,
tandis que le Maroc sera toujours un produc-
teur de tomate». Une illusion perdue puisque
cette « industrialisation industrialisante »
à l’algérienne est vite tombée à l’eau ayant
pour effet immédiat une destruction systé-
matique de l’agriculture héritée de la France
en 1962, après l’indépendance du pays. Des
terres collectives, les champs fertiles de la
Mitidja et les fameux vignobles de l’oranais,
ont été sacrifiées au profit d’une planification
industrielle, qui n’a jamais vu le jour, plon-
geant ainsi le pays dans les méandres de la
rente pétrolière.
Au moment où le voisin de l’Est misait tout
sur ses richesses fossiles, le Maroc, lui, se
lançait dans une stratégie agricole appuyée
par la construction de barrages et de col-
linaires, encourageait les investisseurs en
leur accordant des incitations de tous genres,
modernisait et renforçait ses infrastructures,
engageait des réformes sociales, religieuses,
économiques et financières… Ce sont-là au-
tant de batailles remportées dans sa guerre
de développement qui s’inscrit dans la durée.
Le Royaume a emprunté le chemin du
progrès. Il réussit dans tout ce qu’il entre-
prend, autoroutes, TGV, villes nouvelles et
intelligentes, mégaports, zones industuelles,
zones franches… Même quand il réalise ces
exploits, il ne s’arrête pas en si bon chemin.
Il les considère comme des objectifs intermé-
diaires qui lui balisent le terrain pour atteindre
des objectifs beaucoup plus ambitieux. Pour
cela, il ne cesse de multiplier des partenariats
et des alliances à l’échelon régional comme à
l’échelle internationale.
L’alliance avec Israël fait partie de cette diplo-
matie économique sans pour autant remettre
en cause notre identité arabo-musulmane et
nos racines africaines. Surtout notre engage-
ment indéfectible à l’égard de la cause pales-
tinienne pour la défense de laquelle le Maroc
n’a ménagé aucun effort.
Dans sa réponse au premier ministre israé-
lien, SM le Roi a souligné que la visite au
Maroc à laquelle il l’a convié, sera « une oc-
casion pour promouvoir les perspectives de
la paix pour tous les peuples de la région (…)
y compris en ce qui concerne les principes
devant guider la résolution du conflit israé-
lo-palestinien. »
Voici la guerre dans laquelle le Maroc s’est
engagé avec détermination et ténacité. Cette
guerre ne lui laisse guère le temps pour les
élucubrations et les manigances délétaires l

3
DIRECT infos

«J’ai été très impressionné par ce nouveau développement qui démontre

une nouvelle fois la très grande clairvoyance de SM le Roi Mohammed VI, la
décision d’Israël de reconnaître la marocanité du Sahara devrait donner une
nouvelle impulsion à cette dynamique
Takashi Shinozuka, ancien ambassadeur japonais au Maroc.
© DR

POUR DOTER LA RÉGION D’UN ABDELMAJID TEBBOUNE À PÉKIN

PÔLE D’INNOVATION
Une école numérique à
Beni-Mellal
En partenariat avec l’Initiative
nationale du développement
humain (INDH) et la région de
Béni Mellal Khénifra, l’Associa-
tion Ahmed Al Hansali a lancé
une école numérique à Béni
Mellal. Cette école offrira, à par-
tir du mois d’octobre 2023, une
formation pour une année à 50
étudiants des cinq provinces de
la région sélectionnés selon un
parcours spécifique. Cette école
gratuite est basée sur “une
pédagogie active, favorisant l’in-
teraction et l’engagement des
apprenants, et vise à former
les jeunes aux métiers du futur
dans le domaine numérique, en
gardant une écoute constante
des évolutions du marché du
travail”, indique un communiqué
de l’association.
L’objectif de l’école est de
doter la ville de Béni Mellal,
capitale de la région, d’un
espace d’innovation offrant une
formation de qualité, en parti-
culier dans les secteurs à fort
potentiel économique, tels que
le développement informatique.
L’accès à l’école est ouvert
aux candidats âgés de 18 à 30
années se sentant une vocation
à la pratique des nouvelles
technologies de l’information
et qui auront été sélectionnés.
Un appel à candidatures sera
bientôt disponible.
La présidence algérienne prétend faussement que la Chine
soutient «l’autodétermination du peuple sahraoui»
L’ Algérie a ainsi réaffirmé son
adhésion au principe d’une
seule Chine et que Taïwan
est une partie inaliénable du territoire
chinois, exprimant son opposition à
«l’indépendance de Taïwan». C’est ce
qui ressort du communiqué conjoint sino-
algérien à la suite de la visite officielle
Abdelmajid
Tebboune du président algérien, Abdelmajid
et Xi Jinping. Tebboune, en Chine, qui a duré deux
jours, les 17 et 18 juillet 2023. Mais de
quel communiqué conjoint parle-t-on ? Il
y en a eu deux en vérité. Dans le premier
que la présidence algérienne, la même
Algérie qui soutient l’indépendance
de Taïwan souligne que la Chine
appuie «l’autodétermination du peuple
sahraoui».
«Concernant la question du Sahara
occidental, les deux parties ont affirmé
leur soutien aux efforts visant à parvenir
à une solution permanente et juste dans
le cadre de la légitimité internationale,
en particulier les résolutions pertinentes
des Nations unies, d’une manière qui
garantisse l’autodétermination du peuple
du Sahara occidental dans le cadre
d’arrangements conformes aux principes
et objectifs de la Charte des Nations
unies», lit-on dans le communiqué
conjoint version algérienne. Dans la
version officielle chinoise, on n’évoque
pas voire on ne fait même pas allusion
à cette question. « Le président Xi
Jinping a souligné l’importance du
soutien mutuel des deux parties sur les
questions d’intérêts fondamentaux. Il
a remercié l’Algérie pour son soutien
sans équivoque à la position juste
de la Chine sur les questions liées à
Taïwan, au Xinjiang et aux droits de
l’homme, et a réaffirmé que la Chine
soutient fermement l’Algérie dans
la sauvegarde de sa souveraineté
nationale, de son indépendance et
de son intégrité territoriale », lit-on dans
le communiqué diffusé par le ministère
des Affaires étrangères chinois le 18
juillet 2023. Ainsi, la Chine dément la
communication officielle algérienne. Sa
position concernant le dossier du Sahara
est connue. Elle soutient les efforts de
l’ONU visant à parvenir à «un règlement
définitif et juste de la question du Sahara
occidental, dans le cadre de la légalité
internationale, notamment les résolutions
y afférentes des Nations unies»l
M.K.

4

CPS DE L’UNION AFRICAINE
Le Maroc appelle à lutter efficacement
contre l’extrémisme violent au Sahel
L e Maroc a insisté, jeudi 20 juillet
de Paix et de Sécurité de l’Union
africaine sur la nécessité d’une réponse
2023 à Addis-Abeba, devant le Conseil La Délégation marocaine a insisté que
régionale cohérente et viable pour contrer confrontée, il est de mise d’adopter
le terrorisme et l’extrémisme violent au
Sahel. « Une réponse régionale cohérente intégrées et multidimensionnelles visant la
et viable est nécessaire pour contrer le
terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel. de la sécurité ainsi que la promotion d’un
Dans ce sens, il importe de tirer parti du
PROFANATION DU SAINT-CORAN
Crise diplomatique entre l’Irak et la Suède
Ç a chauffe entre l’Irak et la Suède.
Jeudi 20 juillet 2023, l’Irak a ordonné
l’expulsion de l’ambassadrice
suédoise à Bagdad en réaction à
la profanation d’un exemplaire du Coran
à Stockholm, une initiative qui a aussi
entraîné un assaut contre l’ambassade
suédoise à Bagdad, incendiée par
des manifestants. Alors même que se
déroulait le mini-rassemblement dans la
capitale suédoise où le Saint-Coran a été
piétiné, mais pas brûlé comme prévu, le
gouvernement irakien a ordonné l’expulsion
de l’ambassadrice du pays scandinave à
Bagdad, et rappelé son propre représentant.
Les autorités irakiennes ont aussi annoncé
suspendre la licence du géant suédois de
l’équipement télécoms Ericsson dans le
rôle complémentaire des mécanismes
régionaux tels que l’Initiative d’Accra, le
Processus de Nouakchott et le Groupe
de Réflexion sur l’Afrique», a réaffirmé la
délégation marocaine lors d’une réunion
du CPS de l’UA sur la situation au Sahel.
Le Maroc a demandé à la Commission
de l’UA, aux États membres de l’UA ainsi
que la communauté internationale de
fournir l’appui et le soutien nécessaires
a tous les pays en transition, afin de
soutenir leurs efforts pour ramener
la paix et la stabilité dans leurs pays
respectifs.
pour faire face aux défis multiformes
auxquels la région du Sahel est
des approches globales, holistiques,
consolidation de la paix, le renforcement
développement prospère et durablel
pays. Jeudi soir, quelque 200 manifestants
ont dénoncé sur la place Tahrir, au centre
de Bagdad, la profanation du Coran. «Oui,
oui, au Coran», ont-ils scandé, brandissant
notamment le livre sacré de l’islam ainsi
que des drapeaux irakiens.
Certains manifestants ont brûlé des
drapeaux suédois. «C’est une agression
contre deux milliards de musulmans»,
s’emportent-ils. Après l’annonce, mercredi
19 juillet 2023, de la police suédoise qu’elle
autoriserait le mini-rassemblement où
devait être brûlé un exemplaire du Coran,
des partisans du leader religieux chiite
Moqtada Sadr ont pris d’assaut à l’aube
l’ambassade de Suède à Bagdad et l’ont
incendiée avant d’être dispersés par la
police avec des canons à eau.
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
ÉPIDÉMIES
L’OMS renforce la veille
en Afrique
Les centres africains de prévention et
de contrôle des maladies, l’Organisation
mondiale de la Santé et l’Institut Robert
Koch viennent de lancer un partenariat
sur la sécurité sanitaire en vue de
renforcer la surveillance des maladies et
la veille épidémiologique en Afrique.
« Le partenariat vise à renforcer les
capacités du continent en matière de
sécurité sanitaire dans les domaines
de la sûreté biologique, de la
surveillance intégrée des maladies, de
la surveillance des événements, de la
surveillance génomique et de la veille
épidémiologique », a indiqué l’OMS dans
un communiqué.
Le partenariat a également pour objectif
d’encourager un leadership solide
dans les pays, relève la même source,
notant que la première phase sera mise
en œuvre dans six États Membres de
l’Union africaine, notamment la Gambie,
le Mali, le Maroc, la Namibie, la Tunisie et
l’Afrique du Sud, et sera ensuite étendue
à d’autres pays.
Quelques heures après les violences à
Bagdad, l’organisateur du rassemblement
à Stockholm, Salwan Momika, un Irakien
de 37 ans réfugié en Suède, a profané un
exemplaire du Coran mais n’est pas allé
jusqu’au bout de son projet. La première
fois, le même irakien avait déjà procédé à
l’autodafé du Saint-Coran, le jour de l’Aid Al
Adha, le 29 juin dernier, devant la grande
mosquée de Stockholm l
5
DIRECT infos
ACCORDS INTERNATIONAUX
Le Maroc s’engage à protéger les droits de sa diaspora
L
e Maroc s’engage fermement
à protéger les droits de sa
communauté résidant à
l’étranger lors de la finalisation
des accords internationaux, a déclaré
Nasser Bourita, ministre des Affaires
étrangères, de la Coopération africaine
et des Marocains résidant à l’étranger,
mercredi 19 juin 2023, à l’issue d’une
séance législative à la Chambre des
Représentants, durant laquelle il a
été décidé à l’unanimité le report du
vote de deux projets de loi portant
approbation, respectivement, de
l’accord multilatéral entre autorités
compétentes portant sur l’échange des
déclarations pays par pays et de l’accord
multilatéral entre autorités compétentes
concernant l’échange automatique de
renseignements relatifs aux comptes
L’AMBASSADEUR DU MAROC À MOSCOU REÇU
PAR LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES RUSSE
Les pourparlers se concentrent sur le Sommet
Russie-Afrique
L e développement des relations
d’amitié et du dialogue politique
russo-marocaines ont été au menu d’un
entretien, mercredi 19 juillet 2023,à
Moscou, entre le représentant spécial du
président de la Fédération de Russie pour
le Moyen-Orient et l’Afrique, vice-ministre
des Affaires étrangères de Russie, Mikhaïl
6
financiers, paraphés par le Royaume du
Maroc le 25 juin 2019.
Malgré son engagement dans la
lutte globale contre l’évasion fiscale,
le financement du terrorisme et le
blanchiment d’argent, le Maroc refuse
toute démarche pouvant nuire aux droits
de ses citoyens à l’étranger. M. Bourita a
souligné que ces préoccupations sont au
cœur de l’attention du Roi
Mohammed VI.
En réponse aux préoccupations de la
diaspora marocaine, le gouvernement
est alors disposé à fournir des
explications supplémentaires et, si
nécessaire, à apporter des modifications
aux clauses controversées de ces
accords, a précisé M. Bourita.
“Toutes les questions touchant à la
communauté marocaine résidant à
Bogdanov, et l’ambassadeur du Maroc en
Russie, Lotfi Bouchaara.»Lors de cette
rencontre, les deux parties ont discuté
de questions d’actualité concernant
le développement progressif des
relations traditionnelles d’amitié russo-
marocaines, y compris le maintien d’un
dialogue politique actif sur des questions
régionales d’intérêt mutuel»,
précise un communiqué du
ministère russe des Affaires
étrangères.
Les deux parties ont
également évoqué le
prochain Sommet Russie-
Afrique, qui doit se tenir
du 27 au 29 juillet à Saint-
Pétersbourg, indique-t-on
de même sourcel
l’étranger sont importantes et l’ensemble
des craintes et remarques doivent être
prises en considération”, a-t-il insisté,
affirmant qu’aucune convention “ne peut
être approuvée avant de s’assurer que
toutes les garanties sont réunies et que
les droits de la communauté marocaine
à l’étranger ne souffriront d’aucune
atteinte” a déclaré M. Bourita l
ENSEIGNEMENT
Professeur Rachid M’Rabet lance
un pôle universitaire à Casablanca
Rachid
M’Rabet,
professeur
universitaire,
ancien directeur
général de
l’ISCAE, lance
à Sidi Maarouf
à Casablanca,
un pôle
universitaire
baptisé
Atlantique UNA. Ce pole
universitaire va dispenser, entre
autres, des enseignements
en ingénierie, avec l’Atlantic
engineering School, et en
management avec l’Atlantic
Business School.
L’ouverture de cette nouvelle
institution d’excellence est prévue
pour la rentrée de septembre 2023.

SAISIE SUR LE COMPTE BANCAIRE PERSONNEL DU DIRECTEUR
DE LA PUBLICATION D’AL AHDATH AL MAGHRIBIA
L’ANME apporte son soutien à Mokhtar Laghzioui
L’ association nationale des médias et
des éditeurs (l’ANME) a dénoncé jeudi
20 juillet 2023 dans un communiqué
la saisie du compte bancaire personnel de
Mokhtar Laghzioui, directeur de publication du
quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia.
«Sans qu’il n’en soit informé, une somme
importante d’argent a été prélevée de son
compte personnel, en exécution d’une
décision de justice qui n’a pas respecté la
procédure du droit à la défense garanti par la
loi à tous les justiciables», peut-on lire dans un
communiqué de l’association publié ce jeudi
20 juillet.
L’ANME affirme avoir suivi avec beaucoup
d’étonnement le déroulé de cette affaire qui
est «un précédent dans l’histoire de la justice
marocaine », et ce, d’autant plus que le
directeur de publication du journal n’était pas
au courant de ce dossier et ses péripéties et
n’a reçu aucune plainte à ce sujet afin qu’il
puisse préparer la défense nécessaire» dans
une affaire courante liée à l’édition et à la
presse.
L’association dénonce et condamne la saisie
du compte bancaire personnel de Mokhtar
Laghzioui, qui n’ont strictement rien à voir avec
ceux de la société d’édition. «Bien que nous
respectons, au sein de l’Association, la justice
marocaine, indépendante et impartiale, et
sans remettre en cause ses décisions, nous
dénonçons ce comportement car la saisie
a empêché le concerné de disposer de ses
fonds personnels», précise-t-elle.
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
Le communiqué ajoute qu’au cas où la
responsabilité de Mokhtar Laghzioui est
prouvée, la loi et la déontologie de la
profession exigent que ce soit bien l’entreprise
médiatique qui soit visée par l’indemnisation
de la partie plaignante. Et d’ajouter que le fait
constaté constitue une ingérence dans les
données personnelles du journaliste et viole le
secret bancaire.
L’ANME conclut qu’à aucun moment le
journalisme professionnel ne doit payer les
frais des nombreux écarts qui sont tolérés sur
les réseaux sociaux l M.K.
7
POLITIQUE

ENTRETIEN AVEC MAHMOUD EL KHALFI,

Directeur de la grande mosquée de Stockholm et Président de l’Alliance islamique de Suède.

“Avec la montée de l’extrême

droite, nous craignons pour
nos droits en Suède”
Imam de la grande mosquée
de Stockholm et président de
l’Alliance islamique de Suède,
Mahmoud El Khalfi, d’origine
tunisienne, revient pour nous
sur l’acte de l’autodafé du
Saint-Coran, qui s’est produit
récemment en Suède.
Propos recueillis par
Aissa AMOURAG
Comment avez-vous réagi à l’auto-
dafé du Saint-Coran perpétré, il y a
quelques semaines, à Stockholm ?
Il faut rappeler que cet acte criminel,
barbare et totalement anti confessionnel
a été perpétré par un citoyen suédois
d’origine irakienne. Personne, au sein de
la société suédoise en général et dans la
communauté musulmane en particulier,
n’a compris les réelles motivations de
son acte sauf certainement sa volon-
té de porter atteinte aux sentiments
spirituels et moraux des musulmans de
Suède. Nous avons, bien évidemment,
condamné ce geste avec la plus grande
force et nous avons protesté auprès des
autorités suédoises qui ont rapidement
pris les choses en main. Nous avons été
choqués par le fait qu’il s’agisse d’un
ressortissant irakien, issu d’un grand
pays musulman, en l’occurrence l’Irak,
qui regorge de communautés religieuses
diverses et variées. L’autre élément cho-
quant est qu’il ait choisi le jour de l’Aïd
Al Adha (fête du mouton) pour passer
à l’acte. Il est vrai que les faits se sont
produits à proximité de la grande mos-
quée de Stockholm, mais nous avons
conservé notre calme et personne, parmi
les musulmans de cette région, n’est
intervenu pour l’en empêcher.
Pourquoi vous n’avez pas tenté de
l’en dissuader ?
Intervenir signifiait, pour nous, lui accor-
der trop d’importance. Or, il ne la méritait
sans doute pas. Au moment des faits,
les fidèles ont choisi d’emprunter la porte
de secours au lieu de la porte principale
de la mosquée. Je vous signale que
le Saint-Coran, au-delà de l’écrit, est
porté dans nos cœurs et dans le cœur
de tout musulman dans le monde. Il est
jalousement protégé par son Créateur,
Dieu-le-Tout Puissant, qui veille sur
son Livre. Le verset coranique 9 de la
Sourate Al Hijr, qui dit « C’est Nous qui
avons fait descendre le Coran et c’est
Nous qui en sommes gardien », apporte
la preuve inébranlable et indiscutable de
la protection divine dont le Saint-Coran
est entouré jusqu’à la fin des temps.

Pour vous rattraper, vous avez orga-

nisé une manifestation pour dénoncer
CETTE LIBERTÉ, QUAND ELLE HEURTE LES
“
SENTIMENTS ET LES SENSIBILITÉS D’AUTRUI,
cet acte…
Notre manifestation, qui a rassemblé
plus de 4000 musulmans de Suède,
NOTAMMENT LES MINORITÉS RELIGIEUSES, EST s’est déroulée dans des conditions
PARTICULIÈREMENT DANGEREUSE. pacifiques, civilisées et respectant les
” lois de la Suède. Tout le contraire de ces
actes abominables qui visent à semer

8

la division, le racisme et la haine dans
la société suédoise. À travers notre ras-
semblement, nous voulions véhiculer les
valeurs de l’Islam qui a toujours privilégié
la paix, la tolérance et le respect des
minorités religieuses.
On dit que la police suédoise a auto-
risé l’autodafé du Coran comme elle
a autorisé, quelques jours plus tard,
l’autodafé de la Bible et de la Torah.
Qu’en pensez-vous ?
Comme nous avons condamné l’auto-
dafé du Saint-Coran, nous avons, de la
même manière, condamné avec la plus
grande fermeté l’autodafé de la Bible et
de la Torah. Pour nous, ce sont des actes
semblables d’une grande gravité qu’il
faut combattre car ils risquent de détruire
l’unité et la paix dans la société suédoise.
Si la police a autorisé ces actes, c’est
parce que la loi de ce pays le lui permet
au nom d’une certaine liberté d’expres-
sion. C’est quelque chose de sacré en
Suède. Mais nous considérons que cette
liberté, quand elle heurte les sentiments
et les sensibilités d’autrui, notamment les
minorités religieuses, est particulièrement
dangereuse.
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
Mahmoud El Khalfi.
La communauté musulmane,
qui compte environ
900 000 membres.
Comment agissez-vous pour inciter
les responsables politiques à enca-
drer cette liberté d’expression ?
Bien que le combat soit difficile, la com-
munauté musulmane, qui compte environ
900 000 membres, s’active auprès de la
classe politique suédoise pour influer sur
les lois réglementant le champs des liber-
tés. Nous estimons qu’un changement, à
ce niveau, est important voire primordial
pour protéger les minorités religieuses et
préserver l’unité et la paix civile dans la
société. Mais nous sommes confrontés à
un gros problème, à savoir, la montée de
l’extrême droite. Comme vous le savez,
ce nouveau phénomène politique gagne
plusieurs pays de l’Europe de l’Ouest
et son expansion est porteuse de gros
risques pour les droits des minorités
religieuses.
Craignez-vous une restriction de vos
droits dans la société ?
Les lois actuelles en vigueur et la montée
au pouvoir d’une coalition politique
réunissant la droite et l’extrême droite,
après leur victoire aux législatives de
septembre 2022, ne permettent pas aux
musulmans de profiter pleinement de
leurs droits, notamment d’exercice du
culte. Mais j’avoue que les musulmans
actuellement ont réussi à se construire
et à se constituer en associations pour
défendre leurs droits et renforcer leur
présence dans la société. Avec ses 350
000 associations, la Suède est l’un des
pays d’Europe où la société civile est très
forte et qui exerce une influence considé-
rable sur le fonctionnement du pays l
9
COUVERTURE

ISRAËL RECONNAIT LA MAROCANITÉ DU SAHARA

MAZAL TOV
! ‫מזל טוב‬
10

Présenté par de nombreuses parties comme une initiative du pre-
mier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, l’appui de l’État hé-
breu à l’intégrité territoriale du Royaume semble en vérité revêtir
un aspect autrement stratégique. Et plus précisément militaire.
L
a formulation a, disons-le, plutôt été
passée sous silence. Mais c’est là où se
trouve sans doute tout le fond de l’af-
faire. Telle que révélée ce lundi 17 juillet
2023 par le cabinet royal, la lettre du pre-
mier ministre israélien Benjamin Netanyahou offi-
cialisant la reconnaissance de son pays de la sou-
veraineté du Maroc sur son Sahara et annonçant
l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla en
parle comme d’une “décision de l’État d’Israël”.
Et donc pas seulement celle du chef de l’Exécutif
hébreu. Certes, rétorquera-t-on, il va de soi que
c’est toujours au nom des États qu’ils représentent
que leurs dirigeants s’expriment; au cours des trois
dernières années, c’est en tant que président des
États-Unis et président du gouvernement d’Espagne
que Donald Trump et Pedro Sanchez avaient donné
le la à M. Netanyahou en apportant leur soutien à
l’intégrité territoriale du Maroc (en décembre 2020
et mars 2022, respectivement). Mais les choses
n’avaient pas vraiment été dites de la même façon,
et c’est sans doute important à souligner.
“Grande appréciation”
“Dire que c’est une décision de l’État d’Israël, cela
implique, de fait, que celle-ci est consensuelle et
qu’elle obéit donc à ce que l’on appelle communé-
ment la raison d’État,” nous indique un observateur
averti, bien au fait des affaires diplomatiques ré-
gionales. “Mais c’est aussi un moyen de bien faire
comprendre que l’on n’est pas dans le simple calcul
d’épicier qui dépend des contingences du moment.
C’est bien plus que cela.”
Car à un moment où M. Netanyahou n’a jamais été
aussi contesté -les différents sondages menés en
Israël le donnent perdant au cas où des élections
venaient à se tenir dans l’immédiat-, d’aucuns ont
voulu, d’abord, y voir une initiative électoraliste,
sachant que l’électorat conservateur qui fait son lit
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
PAR WISSAM EL BOUZDAINI
comprend des centaines de milliers de Maroco-Is-
raéliens demeurés très attachés à leur pays d’ori-
gine et à ses intérêts supérieurs. Ce n’est pas à écar-
ter totalement.
Accords de normalisation
À ce propos, l’invitation que lui a de nouveau réi-
térée le roi Mohammed VI, dans la lettre de “vifs
remerciements” et de “grande appréciation” qu’il
lui a adressé ce 19 juillet 2023, devrait, à l’évidence,
faire ses affaires, lui qui fait des pieds et des mains
depuis de nombreuses années pour se rendre au
Maroc et ainsi pouvoir engranger un succès symbo-
lique qui ferait date (lire notre article P. 18 et 19).
“DIRE QUE C’EST UNE DÉCISION
DE L’ÉTAT D’ISRAËL, CELA
IMPLIQUE, DE FAIT, QUE CELLE-
CI EST CONSENSUELLE ET
QU’ELLE OBÉIT DONC À CE QUE
L’ON APPELLE COMMUNÉMENT
LA RAISON D’ÉTAT”.
En outre, il doit sans doute aussi espérer que Rabat
accepte enfin de hausser le niveau des représenta-
tions diplomatiques bilatérales pour qu’au lieu de
simples bureaux de liaison les deux pays se dotent
d’ambassades en bonne et due forme.
On le sait, c’est un vœu que dès août 2021 avait
s
formulé à haute voix le précédent ministre des Af-
faires étrangères israélien, Yaïr Lapid, et que son
actuel successeur, Eli Cohen, semble également
avoir repris à son compte. En cela, la diplomatie
israélienne est, par ailleurs, soutenue par l’admi-
11
COUVERTURE
NETANYAHOU DOIT SANS DOUTE AUSSI ESPÉRER QUE
RABAT ACCEPTE ENFIN DE HAUSSER LE NIVEAU DES
REPRÉSENTATIONS DIPLOMATIQUES BILATÉRALES.
nistration américaine présidée depuis
janvier 2021 par Joe Biden, qui doit
s
bien espérer pouvoir “faire de la ré-
cup’” à l’égard des accords de norma-
lisation arabe signés avec Israël sous
M. Trump, à savoir ceux dits “d’Abra-
ham”, afin de pouvoir les additionner
à son bilan à l’heure de le défendre en
vue des présidentielles prévues en no-
vembre 2024; de différentes sources
diplomatiques, on avait ainsi appris
que dans les mois ayant suivi l’élec-
tion de M. Biden, le coordinateur du
conseil national de sécurité US pour
le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord,
Brett McGurk, avait pris l’attache du
ministre des Affaires étrangères, Nas-
ser Bourita, afin de le pousser à trans-
former le bureau de liaison marocain
inauguré en février 2021 à Tel-Aviv en
ambassade.
Rôle clé
Mais ce serait donc réducteur de croire
que la reconnaissance israélienne
obéit à des considérations propres seu-
lement à l’agenda de M. Netanyahou.
Car si ce dernier avait, par le truche-
ment de son ancien conseiller à la
sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat,
joué un rôle clé dans les négociations
s’étant ponctuées par la normalisa-
tion des relations bilatérales, il faut
dire aussi qu’immédiatement après
l’appareil d’État israélien a pris le re-
lais, notamment via l’armée.
D’une normalisation que beaucoup
croyaient au départ qu’elle allait être
seulement diplomatique, comme
cela fut le cas dans la seconde moitié
des années 1990 dans la foulée des
accords d’Oslo, les choses ont ain-
12
si rapidement commencé à prendre
une tournure autrement stratégique,
et, pour reprendre les mots d’un des
nombreux interlocuteurs que nous
avons consultés pour les besoins de
cet article, “militaire”.
“C’est une normalisation militaire,”
nous assure-t-on. Ainsi, moins d’un
an après la signature à Rabat de l’ac-
cord tripartite incluant également les
États-Unis qui avait acté la normali-
sation, et à l’occasion de la première
visite officielle d’un ministre de la
Défense israélien au Maroc, en l’oc-
currence Benny Gantz, en novembre
2021, un texte avait été paraphé avec
l’Administration de la Défense natio-
nale marocaine. À ce jour, on n’en a
jamais su la teneur exacte, qui n’a
même pas fuité dans les médias israé-
liens, pourtant connus pour compter
de nombreux “insiders” dans le cé-
nacle du pouvoir, mais on peut devi-
ner qu’il a sans doute trait aux me-
naces communes encourues de part
et d’autre, principalement celle de
l’hydre iranienne et de sa multitude
de proxies régionaux -qui comprend
également de plus en plus désormais
le mouvement séparatiste du Front
Polisario-; et par conséquent, l’accord
doit bien comporter un volet relatif à
la défense mutuelle.
Menaces communes
En tout cas, on avait, dans la foulée,
commencé à voir se multiplier les
déplacements des responsables mili-
taires, dont les plus emblématiques
ont sans doute été celui du chef
d’état-major de l’armée israélienne,
Aviv Kochavi, en juillet 2022 au Ma-
roc, suivi deux mois plus tard de celui
de l’inspecteur général des Forces ar-
mées royales (FAR), El Farouk Belkhir,
en Israël, en septembre 2022.
En même temps, les armées maro-
caine et israélienne participent régu-
lièrement à des exercices militaires
conjoints, dont ultimement celui
d’African Lion, tenu en juin 2023 sous
la supervision du Commandement des
États-Unis pour l’Afrique “Africom”
et dont certaines parties s’étaient
d’ailleurs déroulées en plein Saha-
ra marocain, plus précisément dans
le sous-secteur de Mahbès. Mais le
point dont on parle bien sûr le plus
est celui de la vente d’armement is-
raélien au Maroc; à ce niveau, il faut
faire attention à la machine de pro-
pagande algérienne, qui semble vrai-
semblablement derrière par exemple
les rumeurs de la soi-disant obtention
par le Royaume du fameux “Dôme de
fer”, le système de défense aérienne
mobile utilisé contre notamment les
frappes des mouvements palestiniens
(comme quoi le Polisario ferait subs-
 Audience royale accordée à la délégation
israélienne et américaine, en présence du chef
du gouvernement Saad Eddine El Othmani,
après la signature des accords d’Abraham.
Le 22 décembre 2020.

noncés le 6 juin 2023 par le désormais

ex-chargé d’affaires israélien, Shai
Cohen, mais récemment on a égale-
ment parlé des chars Merkava, dont
les FAR devraient recevoir les séries
Mark 2 et 3, produits depuis respecti-
vement avril 1983 et décembre 1989.
En tout état de cause, peut-on vrai-
ment croire que les hauts gradés
n’aient pas eu leur mot à dire sur
la décision exprimée par M. Ne-
tanyahou? Ou qu’ils n’en soient peut-
être pas les véritables instigateurs?
Ce ne doit, quoi qu’il en soit, pas être
une simple coïncidence, insistent nos
sources, que le jour même où ladite
décision a été ébruitée, l’armée israé-
lienne annonçait la nomination du co-
lonel Sharon Itach en tant qu’attaché
militaire à Rabat.
De l’autre côté de l’oued Kiss, c’est-
à-dire à Alger, la sécurité militaire

LES FAR FONT BIEN DÉSORMAIS

LEURS EMPLETTES AUPRÈS DES
FABRICANTS ISRAÉLIENS.

doit bien évidemment suivre de près

tantiellement face au même ennemi
que ceux-ci), et malheureusement
bien des médias marocains tombent
rapidement dans le piège en repre-
nant l’information sans la moindre
vérification.
Abdellatif Loudiyi
et Benjamin
Gantz, ministre
israélien de la Dé-
fense. Rabat, le 24
novembre 2021.
l’idée de réserver une part non-né-
gligeable des contrats prévus dans le
cadre du “plan global et intégré” dé-
voilé en mai 2021 par le roi Moham-
med VI au “made in Israël” (l’investis-
sement total prévu par ce plan serait,
tous ces éléments et en avoir une
conscience pleine.
Relais diplomatiques
De la bouche d’un autoproclamé
“faucon”, questionné en novembre
2021 par le quotidien français “L’Opi-
nion”, on sait que la crainte existe au
sein de la junte que les FAR ne pro-
fitent de la coopération avec Israël
pour définitivement prendre le dessus
au plan militaire, ce qui la pousserait
s

Ceci étant dit, les FAR font bien dé-
sormais leurs emplettes auprès des
fabricants israéliens, et on croit
comprendre de la part de différentes
sources jointes par nos soins que
l’état-major marocain aurait dans
selon ces mêmes sources, de l’ordre
de 20 milliards de dollars).
Il s’agirait par exemple des drônes,
dont on dit même que l’Isralien Elbit
Systems ferait la production directe
au Maroc dans les deux usines an-
à vouloir faire la guerre au Maroc
dans les trois ans avant qu’il ne soit,
à ses yeux, trop tard. Mais du côté
marocain, il nous a été indiqué qu’on
aurait déjà fait passer via des relais
diplomatiques indirects, notamment

13
COUVERTURE
arabes et occidentaux -à l’instar de la
sous-secrétaire au contrôle des arme-
s
ments et à la sécurité internationale,
Bonnie Jenkins, en visite en mars 2023
dans la voisine de l’Est- l’assurance
que le Maroc a une doctrine militaire
avant tout préventive et qu’au plus
SIMON SKIRA, PRÉSIDENT FONDATEUR DE L’ASSOCIATION D’AMITIÉ ISRAËL-MAROC
«Un avenir commun encore plus harmonieux»
«L a reconnaissance officielle,
le 17 juillet 2023, par
Israël de la souveraineté
marocaine sur le Sahara constitue un
événement majeur dans les relations
entre les deux pays. Cet acte marque un
tournant historique et pourrait avoir
des implications significatives pour les
acteurs régionaux et internationaux
concernés. Au-delà de ces implications,
ce geste consolide avec force les liens
déjà robustes entre le Maroc et Israël,
promettant un avenir commun encore
plus harmonieux.
Cette reconnaissance intervient alors
que l’on prépare le troisième anniver-
14
AVOIR DES RELATIONS AVEC
ISRAËL, CE N’EST PAS DU
TOUT RENONCER À LA CAUSE
haut sommet de l’État, le souhait
est que le Maghreb fasse en l’espèce
l’économie d’un conflit fratricide
n’étant aucunement de nature à pro-
fiter aux peuples de la région. Reste
la question finale de savoir si tout
ceci profite vraiment diplomatique-
saire de la signature de la déclaration
commune, entre le Maroc et Israël, le
22 décembre 2020. Cet accord a dessiné
une feuille de route pour dynamiser
la reprise des relations maroco-is-
raéliennes. Depuis ce renouveau,
une période de deux ans et demi s’est
écoulée, caractérisée par une dyna-
mique remarquable. Cette période a été
jalonnée de visites mutuelles fruc-
tueuses et de la conclusion d’accords
significatifs dans divers secteurs, dont le
secteur militaire. En effet, un accord de
coopération sécuritaire, décrit par Israël
comme «sans précédent», a finalement
été signé. De plus, des collaborations
Amir Ohana, président de la Kenesset,
et Rachid Talbi Alami, président de la chambre
des représentants. Rabat, le 9 juin 2023.
PALESTINIENNE.
ment au Maroc. Pour ne pas se voiler
la face, ce qui est en train de se faire
actuellement n’est pas facile, d’au-
tant qu’il faut beaucoup de largesse
d’esprit, et surtout pas de préjugés,
pour pouvoir vraiment appréhender
la position marocaine: avoir des rela-
tions avec Israël, ce n’est pas du tout
renoncer à la cause palestinienne, qui
comme a à maintes reprises réitéré
Mohammed VI, et ce dès l’annonce
de la normalisation dans un appel
qu’il avait alors eu avec le président
palestinien Mahmoud Abbas, reste
ont été instaurées dans des domaines
clés tels que l’économie, la technologie
et la gestion des ressources en eau.
Plusieurs projets israéliens ont été
annoncés au Sahara marocain, il était
temps que le gouvernement exprime
explicitement sa reconnaissance du
Sahara marocain» l

l’égale de celle du Sahara marocain
pour Rabat. Car, faut-il le rappeler
encore, cette cause n’implique plus
depuis novembre 1988 et le chan-
gement de position opéré alors par
l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP) une libération totale
de la Palestine comme c’était encore
la revendication des pays arabes au
sommet de Khartoum (29 août-1er
septembre 1967) qui avait directe-
ment suivi la “Naksa”, la défaite à la
guerre des Six Jours (celui des trois
“non”, non à la paix avec Israël, non
à la reconnaissance d’Israël et non
à toute négociation avec Israël).
Ainsi, ce que les Palestiniens eux-
mêmes revendiquent, c’est de pou-
voir coexister auprès des Israéliens
dans les limites de leurs territoires
qui incluent ceux qui sont actuel-
lement occupés en Cisjordanie et
dans la bande de Gaza, et avec l’Est
d’Al-Qods Acharif comme capitale.
Ce qui implique… une existence
d’Israël.
Ogives nucléaires
Et de toute façon, militairement par-
lant les pays arabes sont, il faut ac-
cepter de le concéder, incapable d’af-
fronter l’armée israélienne, d’autant
que c’est un secret de polichinelle
qu’elle dispose d’ogives nucléaires.
En revanche, on peut et on se doit,
dans la limite de nos moyens, de dé-
noncer ce qu’il y a à l’être, comme
ce fut le cas au tournant du mois de
juillet 2023 pour les agressions is-
raéliennes contre la ville de Jénine
(qualifiées de telles par M. Bouri-
ta lors de la conférence de presse
qu’il avait donnée le 4 juillet 2023 à
Rabat aux côtés de son homologue
omanais Badr al-Busaidi). Et c’est ce
que la partie marocaine ne doit pas
perdre de vue. Dans ce cas, les for-
mulations dont elle ferait usage ne
passeront, elles, sans doute pas du
tout inaperçuesl
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
DATES CLÉS DES RELATIONS ENTRE LE MAROC ET ISRAËL
Le 16 Septembre 1977 : Moshe Dayan, ministre des Affaires étrangères israélien, s’envole secrè-
tement au Maroc et rencontre le vice-Premier ministre égyptien Hassan Tohami. C’était en plein
préparatifs des accords de Camp David entre Israel et l’Egypte.
Les 22 et 23 janvier 1986 : Visite du Premier ministre israélien de l’époque, Shimon Peres au Maroc, à
Ifrane précisément où il a été reçu par le roi Hassan II..
Le 14 septembre 1993: de retour d’Oslo, Shimon Peres et Yitzhak Rabin respectivement ministre des
affaires étrangères et premier ministre sont reçus à Rabat, par Hassan II. La signature des accords
d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens a permis ce début de normalisation des relations Maroc-Israél.
Le 23 octobre 2000: Rupture des relations
La deuxième Intifada, une vague de protestations palestiniennes et de violences, qui a duré du sep-
tembre 2000 jusqu’au 2005, a conduit à la fermeture des bureaux de liaison et à la rupture officielle
des relations entre le Maroc et Israël en octobre 2000.
Le 5 mars 2006 : Amir Perez, une fois élu à la tête du parti travailliste a visité le Maroc. Il deviendra
par la suite ministre de la défense.
Décembre 2020: Les Accords d’Abraham
En décembre 2020, le Maroc a marqué un tournant dans l’histoire de ses relations avec Israël en
annonçant la reprise des relations diplomatiques, un geste rendu public par le président américain de
l’époque, Donald Trump. Le 22 décembre 2020, le Maroc a officiellement signé cet accord, rétablissant
ainsi des relations diplomatiques avec Israël après une rupture de deux décennies.
Décembre 2020: Les Accords d’Abraham
En décembre 2020, le Maroc a marqué un tournant dans l’histoire de ses relations avec Israël en an-
nonçant la reprise des relations diplomatiques, un geste rendu public par le président américain de
l’époque, Donald Trump. Le 22 décembre 2020, le Maroc a officiellement signé cet accord, rétablis-
sant ainsi des relations diplomatiques avec Israël après une rupture de deux décennies. Le Maroc est
ainsi devenu le quatrième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël en 2020, après les Émirats
arabes unis, Bahreïn et le Soudan.
Janvier 2021: Signature d’accords bilatéraux
Le 22 janvier 2021, le Maroc et Israël ont signé quatre accords bilatéraux dans les secteurs de
l’aviation civile, des services financiers, des visas, de l’eau et de l’agriculture. Ces accords ont permis
l’établissement de vols commerciaux directs entre les deux pays et le développement du tourisme.
Novembre 2021: Vers une coopération sécuritaire renforcée
Le mercredi 24 novembre 2021, lors d’une visite historique à Rabat, le ministre israélien de la Dé-
fense, Benny Gantz, et son homologue marocain ont scellé un accord-cadre inédit pour la coopéra-
tion sécuritaire entre le Maroc et Israël. Cet accord prévoit une coopération approfondie dans divers
domaines, dont le planning opérationnel, les acquisitions, ainsi que la recherche et le développe-
ment. Cet engagement bilatéral s’inscrit dans une réponse commune aux «menaces et défis dans la
région», selon les propos des autorités israéliennes.
Janvier 2021: Signature d’accords bilatéraux
Le 22 janvier 2021, le Maroc et Israël ont signé quatre accords bilatéraux dans les secteurs de
l’aviation civile, des services financiers, des visas, de l’eau et de l’agriculture. Ces accords ont permis
l’établissement de vols commerciaux directs entre les deux pays et le développement du tourisme.
Juillet 2021: VVisite d’Ismael Heneyeh
Le 16 juillet 2021, le leader politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a effectué une visite historique au
Maroc. En accueillant Haniyeh, le Maroc a démontré sa volonté d’ouvrir une nouvelle page de dia-
logue avec différentes forces palestiniennes, tout en réaffirmant son engagement pour une solution
pacifique au conflit israélo-palestinien.
Avril 2023: Condamnation des violences israéliennes. Le Maroc a régulièrement exprimé sa condamna-
tion des violences israéliennes contre les Palestiniens, soulignant la nécessité d’un respect mutuel et de
la paix. Parmi ces incidents, on note la forte réprobation du Maroc face aux violences perpétrées par les
forces israéliennes dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie en avril 2023, lorsqu’il a appelé au
respect du droit international humanitaire et réaffirmé son soutien indéfectible à la cause palestinienne.
Juin-Juillet 2023: Participation à des manœuvres militaires. En juin 2023, Israël a participé pour la
première fois aux manœuvres militaires African Lion. En juillet 2023, Amir Ohana, chef du parlement
israélien, a effectué la première visite officielle au parlement marocain.
15
COUVERTURE
Peut-on affirmer que le Maroc a réelle-
ment bénéficié du rétablissement des
relations Maroc-Israel, en considérant
que c’est Netanyahou, à la tête du gou-
vernement le plus à droite de l’histoire
d’Israël, qui a pris cette décision ?
Effectivement, cette décision est une affaire
d’États, une interaction entre le Maroc et
Israël en tant que nations. Les différences
idéologiques entre les régimes importent
moins que les intérêts communs entre
les deux pays. Netanyahu, malgré ses
défauts, est avant tout un habile stratège
politique qui a su naviguer avec succès
dans l’environnement politique israélien, en
partie grâce à son alliance avec la droite. Il
a su donner au Likoud la force et la visibilité
nécessaires pour rester à la tête du gouver-
nement. Ainsi, le Maroc doit maintenir son
calme et prendre des décisions stratégiques
afin de garantir sa sécurité nationale, plutôt
que de se focaliser sur les aspects poli-
tiques personnels.
Le PJD a contesté le rétablissement des
relations, et a été recadré par le Palais. Y
16
ENTRETIEN AVEC JAMAL AMIAR,
auteur du livre «Maroc, Israël et les Juifs marocains»
“Il est crucial pour le Maroc de prendre
les décisions qui garantissent d’abord
la sécurité de son territoire et ses citoyens”
Jamal Amiar, journaliste et écrivain, nous livre son analyse de la
reconnaissance d’Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, une
décision aux multiples facettes diplomatiques, politiques et économiques.
a-t-il un risque que d’autres partis expri-
ment également leur opposition ?
Abdelilah Benkirane, le secrétaire général
du PJD, a effectivement fait part de sa
désapprobation à certains aspects de cette
relation en mars dernier.
Il a critiqué Nasser Bourita, le ministre des
Affaires étrangères, pour «la défense de
l’entité sioniste dans certaines réunions
alors que l’occupation israélienne continue
son agression criminelle contre nos frères
palestiniens».
Cependant, rappelons que c’est Saâdeddine
El Othmani, le chef du PJD lui-même, qui
a apposé sa signature sur l’accord tripartite
avec Israël et les États-Unis. Il est donc
quelque peu démagogique pour Benkirane
d’exprimer une telle indignation maintenant.
“DES
DEMANDER UNE RUPTURE TOTALE
RELATIONS AVEC ISRAËL SERAIT
”
UNE MÉPRISE.
Qui plus est, demander une rupture totale
des relations avec Israël serait une méprise,
compte tenu des liens profonds et anciens
qui unissent nos deux pays. La culture
israélienne est indéniablement imprégnée
de l’héritage marocain.
Dans les années 1990, le Maroc avait des
relations officielles avec Israël, mais les
a rompues lors de la deuxième Intifada.
Qu’est-ce qui pourrait empêcher une
répétition de ce scénario?
Si l’on observe les tendances historiques,
il est possible que ce scénario puisse se
répéter, notamment si les violences à l’égard
des Palestiniens s’intensifient.
C’est un fait que de nombreuses parties
souhaiteraient. Cependant, notre rôle doit
être de pousser pour la réalisation d’une
solution à deux États, une solution qui
respecte les droits des deux peuples. Nous
devons éviter le pessimisme et viser à une
solution qui soit à la fois inclusive, humaniste
et réaliste, comme le souhaitait le sommet
islamique de Casablanca de 1994.
Il est également important de noter que le 13
octobre, plus de 14 factions palestiniennes,
y compris les rivaux du Hamas islamiste et
du Fatah laïque, se sont rendues en Algérie
pour signer un document appelé «Décla-
ration d’Alger». Il convient de mentionner
également que Jibril Rajoub, présent sur les
plateaux de la chaîne algérienne Elwatania
le 10 juillet 2023, a appelé à un référendum
au Sahara marocain, évoquant même la
possibilité que la région soit annexée à
l’avenir par notre voisine de l’Est.
Il est alors crucial pour le Maroc de prendre
les décisions qui garantissent d’abord la
sécurité de son territoire et de ses citoyensl
Propos recueillis par Hiba CHAKER

RECONNAISSANCE DE LA MAROCANITÉ DU SAHARA PAR ISRAËL
Scènes de liesse de la diaspora juive marocaine
La lettre envoyée par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou au Roi Mohammed VI le lundi 17 juillet
2023, par laquelle il affirme la reconnaissance de son pays de la souveraineté du royaume sur ses provinces du sud était
une occasion supplémentaire pour les juifs marocains d’Israël et d’ailleurs.
D ans les rues de la ville israé-
lienne d’Ashdod, qui connaît
une écrasante majorité de juifs
d’origine marocaine, les scènes
de liesses ne s’arrêtent pas. Sur le fond
sonore de “sawt el hassan”, l’hymne de la
Marche Verte, des drapeaux marocains à
perte de vue, la communauté marocaine
célèbre la reconnaissance de la marocani-
té du Sahara par l’Etat d’Israël. Une infor-
mation qu’ils ont accueillie avec une joie
incommensurable. “Malgré la distance
et l’exil, nous avons gardé notre maroca-
nité au plus profond de notre chair”, té-
moigne Elsa, au micro-trottoir réalisé par
la chaîne israélienne I24news. Elle ajoute
“le crédo Allah-Al Watan-Al Malik, nous le
défendons chaque jour”. Son fils de 22 ans,
Moshe, qui est pourtant né et a grandi en
Israël, exprime également sa joie : “Certes
le Maroc est mon pays d’origine, et je ne
le connais que via les histoires familiales,
mais il y a un attachement pour son Roi et
son intégrité territoriale comme nul part
ailleurs ici, même chez ceux qui n’y sont
pas nés”. Un drapeau marocain à la main,
il parle une darija quasiment impeccable,
car celle-ci n’a pas été délaissée dans le
giron familial, voire communautaire.
Sage leadership
Les représentants de la communauté
juive marocaine dans le pays ont organi-
sé pour l’occasion des fêtes et des prières
pour le Roi Mohammed VI qu’ils consi-
dèrent, malgré leur citoyenneté israé-
lienne, comme leur suzerain. Le rabbin
UN SENTIMENT DE JOIE ET DE SATISFACTION QUI EST
ÉGALEMENT PARTAGÉ PAR LA COMMUNAUTÉ JUIVE
VIVANT TOUJOURS AU MAROC.
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
Yoshiyahu Pinto, chef mondial des kabba-
listes, a appelé à plus de soutien de la part
de la société civile et des milieux religieux
afin d’aider le Maroc à défendre sa cause.
“J’appelle les juifs du monde entier, d’ori-
gines marocaines ou autres, à soutenir le
Maroc et Sa Majesté le Roi Mohammed
VI dans sa défense de la cause du Sahara
national et de dénoncer les pratiques irres-
ponsables du Polisario. Un sentiment de
joie et de satisfaction qui est également
partagé par la communauté juive vivant
toujours au Maroc.
“La décision d’Israël de reconnaître la
souveraineté du Maroc sur son Sahara ne
fait que conforter l’engagement constant
du Royaume en faveur de la cause de la
paix au proche-Orient”, a ainsi souligné
le juge-rabbin à la Chambre hébraïque
à Casablanca, Charlie Hazout Israël. “Il
s’agit-là d’un aboutissement des efforts
louables fournis par le Royaume sous le
leadership sage et clairvoyant de SM le
Roi Mohammed VI, cette reconnaissance
est un témoignage fort du rôle central que
joue le Royaume dans la promotion de la
paix et la stabilité”. Il conclut : “La position
adoptée par Israël au sujet de la question
de l’intégrité territoriale du Maroc fait
chaud au cœur, montrant à quel point on
a besoin de leaders sages pour parvenir à
des solutions”, a-t-il poursuivi l
Abdessamad NAIMI
17
COUVERTURE

FUTURE VISITE DU PREMIER MINISTRE ISRAÉLIEN AU MAROC

Un déplacement tant rêvé

Si cela ne tenait qu’à lui, cela aurait fait belle lurette que Benjamin Netanyahou
se serait rendu au Royaume. Mais les conditions n’y étaient tout simplement pas. Jusqu’à maintenant.

A
près tant d’années à le vou- si l’on tient compte de l’attachement de blique que Mohammed VI refuse de se
loir, le premier ministre cette population à la terre de ses ancêtres mêler des querelles électorales des pays
israélien, Benjamin Ne- et à ses rois. Et c’est d’ailleurs dans prati- tiers et de se positionner pour tel candidat
tanyahou, devrait enfin quement le même contexte de campagne contre tel autre pour que le Maroc n’en
avoir son déplacement au qu’en décembre 2019 M. Netanyahou avait ait pas de toute façon par la suite, en cas
Maroc. Dans la lettre qu’il lui a adressée tenté d’accompagner depuis Lisbonne, où de résultat défavorable, à payer les pots
ce 19 juillet 2023 pour le remercier de la il l’avait retrouvé, le secrétaire d’État amé- cassés; c’est pour cette raison qu’en mars
décision prise par Israël de reconnaître la ricain, Mike Pompeo, sur le territoire maro- 2015 une crise s’était notamment produite
souveraineté du Royaume sur son Sahara, cain, avant que le chef de la diplomatie US avec le Nigéria après que son président de
le roi Mohammed VI l’a convié pour une vi- ne finisse par venir seul. l’époque, Goodluck Jonathan, a cherché à
site, dont on a donc appris par la voix du Mais il est, d’une part, de notoriété pu- instrumentaliser quelques jours avant les
communiqué publié à cette occasion par le
cabinet royal qu’elle aurait été mise sur le
tapis dès l’échange que le Souverain avait
eu en décembre 2020 au téléphone avec
le locataire de Beit Aghion, une quinzaine
de jours après l’officialisation de la norma-
lisation -un “détail” que le Palais avait à
l’époque choisi d’éluder. “Comme je vous
ai indiqué lors de notre entretien télépho-
nique du 25 décembre 2020, vous êtes le
bienvenu (...), à des dates à notre meilleure
convenance mutuelle, à définir par la voie
diplomatique,” a, selon ledit communiqué,
écrit Mohammed VI. Mais pourquoi la
chose a-t-elle tant tardé à se matérialiser?
Car l’on sait de la bouche de nombreux di-
plomates impliqués au premier chef que si
cela ne tenait qu’à M. Netanyahou, il se se-
rait dans la foulée même rendu au Maroc,
d’autant qu’il s’apprêtait au mois de mars
2021 à briguer la primature aux législatives
en passe alors d’être organisées.

Un atout de taille
Dans un pays, à savoir Israël, où le poids
démographique et donc électoral de la po-
pulation d’origine marocaine est non-négli-
geable (on estime le nombre total d’Israé-
lo-Marocains installés au Proche-Orient à
plus de 900.000 personnes), cela aurait cer-
tainement été un atout de taille, surtout

18

présidentielles, la personne de Moham-
med VI et le prestige spirituel dont il jouit
généralement, en tant que monarque
marocain, auprès des ressortissants mu-
sulmans de l’Afrique de l’Ouest dans son
opposition à Muhammadu Buhari, qui sera
finalement élu. (M. Jonathan voulait, en
gros, joindre le Roi au téléphone)
Les doutes balayés
D’autre part, si le Maroc a résisté à accueil-
lir M. Netanyahou, et aussi, à l’évidence,
dans la même logique de se doter d’une
ambassade en bonne et due forme à Tel-
Aviv et non d’un simple bureau de liaison,
c’est en attente de garanties de la part de
l’administration américaine présidée de-
puis janvier 2021 par Joe Biden, laquelle
ne semblait pas nécessairement encline à
reconduire la décision du président Donald
Trump d’appuyer l’intégrité territoriale du
Maroc en échange de la paix avec Israël. De
toute façon, les doutes qu’il pouvait y avoir
à ce niveau ont été de nouveau balayés ce
18 juillet 2023 par le porte-parole du dépar-
tement d’État, Matthew Miller, qui a indi-
qué qu’aucun retour en arrière n’était prévu
de la part de la Maison-Blanche.
Enfin, s’il y a aussi un élément important
favorable à une visite de M. Netanyahou,
c’est le fait que le Maroc ait mis en évidence
le fait que normaliser ne veut pas dire cau-
tionner; qu’autant, comme l’a souligné
Mohammed VI, “les relations bilatérales
entre le Royaume du Maroc et l’Etat d’Israël
n’ont eu de cesse de s’affermir, dans tous
ON PEUT TRÈS BIEN S’AFFICHER ET TRAÎTER AVEC LE
PREMIER MINISTRE D’ISRAËL SANS QUE CELA SE FASSE
AU DÉTRIMENT DES PALESTINIENS.
les domaines”, autant Rabat fait partie des
premières capitales musulmanes à voler au
secours des Palestiniens lorsqu’il le faut.
Intégrité territoriale
On peut rappeler à ce propos l’épisode de
l’aide humanitaire dépêchée en mai 2021
au profit de la population de la Cisjordanie
et de la bande de Gaza au moment des ten-
sions provoquées par l’expulsion de familles
palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah
dans la ville d’Al-Qods Acharif, ou encore
l’intervention personnelle de Mohammed
VI pour la réouverture, en juillet 2022, du
poste-frontière Allenby/Roi Hussein, au
niveau de la zone qui sépare les territoires
contrôlés par l’Autorité palestinienne et la
Jordanie.
Sans compter que sur le plan du discours, le
Maroc n’a pas changé de temps en compa-
raison avec la période d’avant la normalisa-
tion: les exactions commises par les forces
d’occupation israéliennes, notamment au
tournant du mois de juillet 2023 dans la
ville de Jénine, sont, sans le moindre am-
bage, condamnées avec force, et avec la
même énergie qu’elle défend sa propre in-
tégrité territoriale, la partie marocaine s’ac-
tive pour l’établissement d’un État palesti-
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
nien dans les frontières d’avant la Guerre
des Six jours avec comme capitale Al-Qods.
Dans les rangs de la Oumma, il est des
pays comme bien évidemment l’Algérie et
son nouvel ami iranien -avec, malheureu-
sement parfois, le concours de certains
“idiots utiles” palestiniens, comme ré-
cemment le ministre de la Jeunesse Jibril
Rajoub- qui déprécient systématiquement
tout ce que le Maroc a permis d’accomplir
en faveur de la Palestine et qui y trouveront
toujours à redire, mais il faut dire aussi que
ce n’est pas le cas de tout le monde.
Au sein de l’Organisation de la coopéra-
tion islamique (OCI), une appréciation est
à chaque fois exprimée envers Moham-
med VI et envers les efforts concrets qu’en
tant que président du comité Al-Qods, qui
relève justement de l’entité en question,
il a effectués pour préserver le cachet is-
lamique d’Al-Qods, comme c’est là sa pre-
mière prérogative.
En somme, on n’en est plus à l’“amalgame”
et la “confusion” que Mohammed VI avait
invoqués en juin 2017 pour ne pas assister
à Monrovia au 51ème sommet des chefs
d’État et de gouvernement de la Commu-
nauté économique des États d’Afrique de
l’Ouest (CÉDÉAO) auquel avait participé M.
Netanyahou (lire n°1214, du 9 au 15 juin
2017); sauf à vraiment persister à être de
mauvaise foi, le Maroc a largement prou-
vé, à travers l’attitude diplomatique qu’il a
adoptée au cours des trente-et-un derniers
mois, qu’on peut en fait très bien s’afficher
et traîter avec le premier ministre d’Israël
sans que cela se fasse au détriment des
Palestiniens, mais que cela peut même se
faire à leur profit. Naturellement, cela n’est
sans doute pas ce que vient chercher M.
Netanyahou à Rabat, mais c’est juste qu’il
ne le sait tout simplement pas encorel
Wissam EL BOUZDAINI
19
COUVERTURE
LE POUVOIR ALGÉRIEN DÉNONCE LA DÉCISION D’ISRAËL
DE RECONNAÎTRE LA MAROCANITÉ DU SAHARA
L’Algérie impuissante
Visiblement bousculée par la décision d’Israël de reconnaître la marocanité
du Sahara, l’Algérie est sortie de son silence pour dénoncer une “violation
du droit international”. Une énième gesticulation qui reflète l’impuissance
du régime algérien.
I
l aura fallu donc trois jours pour que
l’Algérie réagisse enfin à l’annonce, le
17 juillet 2023, de la reconnaissance
officielle par Israël de souveraineté du
Maroc sur son Sahara.
Dans un communiqué publié jeudi
20 juillet, le ministère algérien des Affaires
étrangères a déploré ce qu’il considère
une “violation” du droit international et des
résolutions des Nations Unies, ajoutant
que l’annonce par le Maroc de la décision
d’Israël “ne peut en aucun cas légitimer de
souveraineté sur les terres du Sahara et la
population qui y vit sous occupation.»
Sans grande surprise, le pouvoir algérien a
une nouvelle fois tenté d’établir le lien entre
la situation dans les provinces sahariennes
du Maroc et les territoires palestiniens,
faisant fi des particularités historiques de
chacun des deux dossiers. “L’harmonie des
politiques des deux occupants et leur com-
plicité dans la violation de la légalité inter-
nationale et l’empiètement du droit légitime
du peuple palestinien à établir son Etat in-
dépendant avec Al Qods comme capitale, et
du droit du peuple sahraoui à exercer son
droit à l’autodétermination entier”, peut-on
lire dans le communiqué des Affaires étran-
gères algériennes.
Réaction attendue
Quoi qu’il en soit, le contenu de réaction of-
ficielle algérienne est tout sauf surprenant.
C’est le “retard” de trois jours pour l’exprimer
qui interpelle plus. En effet, le rapproche-
ment aussi bien officiel qu’officieux entre
Rabat et Tel Aviv a toujours été du “pain
20
béni” pour le régime de la voisine de l’Est,
qui en a toujours fait un prétexte pour atta-
quer publiquement et avec véhémence le
Royaume à maintes reprises, notamment
depuis l’accord Tripartite du 22 décembre
2020 ayant permis le rétablissement des
relations entre les deux pays.
Entre temps qu’Alger parvienne à trouver
la formule qui lui semble convenable pour
réagir à la nouvelle position israélienne,
c’est son “proxy”, le front Polisario, qui
était sorti de son silence en premier par le
biais d’un communiqué daté du 19 juillet,
soit deux jours après le communiqué du
Cabinet royal, dans lequel il estime que la
décision d’Israël de reconnaître la souverai-
neté du Maroc sur le “territoire disputé du
Sahara occidental est nulle et non avenue”.
À l’image de leur maître, les milices sépa-
ratistes ont fait le “lien” également entre le
Sahara et la Palestine.
Hésitation algérienne
En temporisant avant de s’exprimer, Alger
cherchait-t-elle à consolider son discours
selon lequel elle ne serait pas la principale
partie prenante dans le dossier du Sahara,
et que c’est une affaire entre le Maroc et le
Polisario?
D’autres considèrent que le pouvoir algérien
cherchait, à travers cette attitude, à éviter
une réaction à chaud qui risque de froisser
les Israéliens, et surtout les Américains dont
le rôle a sûrement été décisif encore une
fois pour convaincre Tel Aviv à prendre po-
sition clairement en faveur de la marocanité
du Sahara. Il serait utile de rappeler dans ce
sens l’enregistrement sonore qui avait fuité
à l’issue de la rencontre ayant réuni, le 30
mars 2022 à Alger, Abdelmadjid Tebboune
et le secrétaire d’État américain, Antony
Blinken. Le locataire d’El Mouradia avait
alors affirmé, entre autres, dans un long
monologue devant le chef de la diplomatie
américaine, que son pays “n’a aucun pro-
blème avec Israël”.
De leur côté, les médias algériens se sont
lancés dans une série de démonstrations
pour expliquer l’”insignifiance” de la décision
d’Israël de reconnaître la marocanité du
Sahara. C’est même le terme de “non-évé-
nement” qui revient régulièrement dans les
titres d’Echourouk et cie, pour affirmer que
la nouvelle position de l’État hébreu “n’ap-
portent rien” au Maroc et “ne change rien”
dans la situation du Sahara sur le terrain.
Ironiquement, ces mêmes médias en ont
fait un événement par excellence depuis
l’annonce, le 17 juillet, essayant tant bien
que mal de minimiser cette percée remar-
quable de la diplomatie marocaine, et de
 1496 - Du 21 au 27 juillet 2023

du Néguev, initialement prévu à Dakhla en

mars puis en juillet, en raison des violences
en Cisjordanie. “Le Maroc est disposé à
accueillir la deuxième édition du Forum Né-
guev à la rentrée et espère que le contexte
politique sera favorable”, a lancé, Nasser
Bourita lors d’une conférence de presse te-
nue le 27 juin 2023 à Rabat.

Un Maroc fort
Le report du Forum du Néguev suivi de la
nouvelle position israélienne sur le Sahara
ont justement mis la presse algérienne de-
vant ses propres contradictions. Répétant
sans cesse que le Maroc s’est tourné vers

Le président algérien Abdelmajid Tebboune et

son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf

LE ROYAUME N’A NI TRAHI LA

PALESTINE, NI NORMALISÉ
POUR RIEN.

s’adapter à cette nouvelle donne, où une
puissance politique, diplomatique, militaire
et scientifique telle qu’Israël affiche désor-
mais clairement son soutien à l’intégrité ter-
ritoriale du Maroc.
Fruitsn de la normalisation
Car avant cette date-là, et dans une sorte
de tentative de se rassurer, la presse al-
gérienne ne cessait de régurgiter le même
discours selon lequel le Maroc a “trahi” la
cause palestinienne pour rien, en normali-
sant avec Tel Aviv sans que cette dernière
ne reconnaisse sa souveraineté sur le
Sahara. Or, le Royaume n’a ni trahi la Pales-
tine, ni normalisé pour rien. Sur les deux an-
nées et demie qui ont suivi l’accord Tripar-
tite, Rabat a multiplié les sorties officielles,
notamment par le biais de son ministre des
Affaires étrangères, Nasser Bourita, pour
défendre les intérêts de la Palestine et des
Palestiniens face à la ligne dure des gou-
vernements israéliens qui se sont succédé
depuis, et rappeler par la même occasion
le rôle du Roi Mohammed VI en tant que
président du Comité Al-Qods avec tout ce
que cela implique en terme de sauvegarde
des droits des Palestiniens notamment
dans la ville sainte. Le Royaume a même
fait reporter la deuxième édition du Forum
Israel en décembre 2020 par “désespoir”
afin de l’aider à sortir de l’”isolement” et des
“profondes crises” politique, sociale et éco-
nomique qui menacent sa stabilité voire sa
pérennité, voilà que, deux ans et demi plus
tard, cette même presse avance noir sur
blanc que Rabat a exercé des “pressions”
sur Tel Aviv pour obtenir la reconnaissance
de la marocanité du Sahara. Les voisins de
l’Est se seraient-ils rendu compte que le
Royaume est loin d’être aussi “faible” qu’ils
ne le croyaient -ou espéraient pour être plus
précis? La réponse est clairement oui l
Louay KERDOUSS

21
COUVERTURE
LE MAROC ET ISRAËL AUGMENTENT LEURS RELATIONS
COMMERCIALES DE 150% EN 2023
290 millions de dirhams en 4 mois
La dynamique de croissance des relations économiques et commerciales entre Rabat et
Tel Aviv laisse entrevoir l’option d’un accord de libre-échange.
L
e rétablissement des relations
diplomatiques a donné du to-
ner au relations économiques
entre le Maroc et Israël. Durant
les quatre mois de l’année 2023,
les échanges commerciaux entre Rabat et
Tel Aviv ont atteint 290 millions de dirhams
(29 millions d’euros), soit une croissance
exponentielle de 150% par rapport à la
même période de l’année dernière.
Clairement affichée lors de la signature
de l’accord tripartite sous l’égide de l’an-
cien président américain Donald Trump,
le 20 décembre 2020, les deux parties is-
raélienne et marocaine ont exprimé leur
ambition de promouvoir une coopération
significative sur le plan économique.
Un vœu cher en partie exhaussé au jour
d’aujourd’hui. A s’en référer aux chiffres du
Bureau central des statistiques d’Israël, dès
le mois de janvier, les échanges ont aug-
menté de 600 % par rapport à l’année der-
nière. En 2022, ils ont atteint 180 millions
de dollars, soit 160% de plus qu’en 2020.
200000 touristes
Israël veut plus. Il espère atteindre bien-
tôt les 500 millions. Lors du dernier Salon
international de l’agriculture de Meknès,
Nir Barkat, le ministre israélien de l’Écono-
mie, a déclaré que le Royaume est « très
bien placé pour être une porte d’entrée
vers l’Afrique et pour que les Israéliens se
sentent à l’aise en venant ici et en créant
des coentreprises avec des entreprises ma-
rocaines ».
En termes d’exportations, Israël a réalisé
un volume de 400 millions de dirhams (40
millions de dollars) en 2022. Le pays a ex-
porté, entre autres, des produits chimiques
pour près de la moitié, soit 43%. En plus
22
des machines et des produits de transport, risme (ONMT) afin de renforcer les lignes
deux des produits qui accaparent respec- aériennes entre les deux pays.
tivement 19% et 15% du total. Pour sa Les patrons des deux pays se sont rencon-
part, Rabat a exporté pour 1,4 milliard de trés à maintes reprises. De nombreuses
dirhams (140 millions de dollars) de mar- délégations de la CGEM, ont effectué des
chandises, dont 60% de produits textiles et voyages d’affaires en Israël afin d’explorer
36% de produits alimentaires. les possibilités de coopération bilatérale.
Sur le plan du tourisme, près de 1.400
Marocains ont visité Israël durant les cinq
premiers mois de 2023, dont près de 200
visiteurs pour le seul mois d’avril 2023,
soit une augmentation de 100% par rap-
port aux quatre premiers mois de 2022,
d’après une note de conjoncture publiée
récemment par l’Abraham Accords Peace
Institute (AAPI).
Pour sa part, le Maroc a accueilli, en 2022,
près de 200 000 touristes et voyageurs
d’affaires israéliens, soit quatre fois plus
qu’avant la crise sanitaire du Covid-19.
Outre les impératifs professionnels, beau-
coup de touristes israéliens sont attachés à
leur culture judéo-marocaine et à leurs ra-
cines familiales avec leur pays d’origine…
Les arrivées étaient devenues massives
depuis l’inauguration de la ligne aérienne
directe entre Israël et le Maroc ont été
inaugurés en juillet 2021. La coopération
dans le domaine du tourisme a connu un
bond significatif quand les professionnels
israéliens a signé des accords de coopéra-
tion avec l’Office national marocain du tou-
LE PARTENARIAT ENTRE LES
DEUX ÉTATS A PRIS
SON ENVOL ET L’AVENIR EST
PROMETTEUR.

La coopération économique a été étendue
aussi et surtout à la recherche scientifique,
à l’exploitation d’hydrocarbures et au sec-
teurs de l’énergie renouvelable et de l’eau.
Marom, filiale du groupe israélien Gandyr,
a signé un accord avec Gaia Energy Maroc
en 2022. Le partenariat porte sur un inves-
tissement significatif dans le secteur de
l’énergie en 2023-2024.
Systèmes d’irrigation
Nétafim, unique entreprise israélienne
présente officiellement au Maroc depuis
plusieurs décennies, un des leaders mon-
diaux du secteur de l’irrigation, a inauguré
le 2 mars 2023, sa première usine de fabri-
cation des systèmes d’irrigation en Afrique
à Kénitra. Ses équipements, destinés spé-
PRÈS DE 1.400 MAROCAINS ONT VISITÉ
ISRAËL DURANT LES CINQ PREMIERS
MOIS DE 2023.
cialement aux professionnels du secteur
agricole, viennent en appui à la politique
nationale de rationalisation des ressources
en eau.
Dans le domaine de l’eau toujours, en no-
vembre 2022, l’Office national de l’élec-
tricité et de l’eau (ONEE) et la Compagnie
nationale des eaux de l’Etat d’Israël (Meko-
rot), ont scellé leur partenariat en matière
de dessalement de l’eau de mer, au niveau
de la recherche, du développement et du
renforcement des capacités. L’expertise is-
Arrivée de
touristes israéliens
au Maroc.
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
raélienne en la matière n’est plus à prou-
ver. En Israël, 85 % des eaux usées sont
recyclées et près de 80 % de l’eau potable
provient de cinq usines de dessalement
d’eau de mer. Une expertise prouvée qui
inspire le Maroc qui aspire à faire de même
à l’horizon 2050.
Dans le domaine de l’énergie, l’Office Na-
tional des hydrocarbures et des Mines
du Maroc (ONHYM) a également signé
un accord fin 2021 avec la société Ratio
Gibraltar, filiale de la compagnie pétrolière
israélienne Ratio Petroleum. Cet accord
porte sur la mise en œuvre de travaux de
recherches d’hydrocarbures et de gaz au
large de Dakhla. Ratio Petroleum détien-
dra 75% des droits dans les futures licences
(les 25% restant revenant à l’Etat maro-
cain) dans une zone de 109 000 kilomètres
carrés.
Ces exemples de coopération sont loin
d’être exhaustifs. Le partenariat entre les
deux États a pris son envol et l’avenir est
prometteur. La reconnaissance par Israël
de la marocanité du Sahara ne fait que
consolider cette entente économique pro-
fitable aux deux parties.
La hausse exponentielle des échanges
économiques et commerciaux fait dire au
Think Thank américain « The Abraham ac-
cords peace institute » que les opportuni-
tés commerciales des Accords d’Abraham
n’ont pas atteint leur plein potentiel et «
n’ont fait qu’effleurer la surface ».
Le centre de recherches recommande
d’entamer dès à présent « des négocia-
tions pour un accord de libre-échange »,
comme celui signé entre Israël et les Émi-
rats arabes unis et de l’accord en attente
de signature entre Israël et Bahreïn. Au re-
gard de la vitesse avec laquelle évolue le
partenariat économique entre Rabat et Tel
Aviv, un accord de libre-échange ne serait
que le bienvenu l
Marouane KABBAJ
23
COUVERTURE

DÉJÀ VINGT-HUIT CONSULATS AU SAHARA MAROCAIN

Un nouveau hub diplomatique
dans les provinces méridionales
Depuis un peu plus de trois ans,
le nombre de représentations ne cesse
d’augmenter au sud du Royaume,
avec bientôt aussi celle d’Israël.

E t de 29. Avec la décision d’Israël de

se doter, dans le cadre de la recon-
naissance de la souveraineté du
Maroc sur son Sahara, d’un consu-
lat dans la ville de Dakhla, l’État hébreu
s’apprête à porter à une bonne trentaine le
nombre de représentations diplomatiques
ouvertes depuis décembre 2019 dans les
provinces du Sud du Royaume.
Dans le détail, Dakhla elle-même en compte
déjà seize, tandis que les douze autres se
trouvent quelque 500km plus au nord, dans
la ville de Laâyoune, chef-lieu officieux du
Sahara marocain. Mais qui dispose donc de
ces représentations? Dans le lot, on trouve
bien évidemment, en premier lieu, les pays
arabes et africains “frères”, comme le veut
l’expression d’usage. Ils s’en accaparent,
au total, une portion de 86%. Le premier
pays à avoir inauguré son consulat, et ce en le plus important, qui n’est autre que les rieuse, réaliste et crédible pour la résolution
présence de son ministre des Affaires étran- États-Unis: dès que le président américain du différend autour du Sahara marocain,
gères -Mohamed El-Amine Souef-, est d’ail- Donald Trump avait, en décembre 2020, pris n’a jamais fait mention d’un consulat alors
leurs arabe et africain à la fois, à savoir les sur lui d’appuyer la marocanité du Sahara même que sa position pourrait y ouvrir la
Comores. marocain, son administration avait en même voie. Au passage, La République en marche
temps annoncé la construction d’un consu- (LREM), le parti du président français Emma-
Question hautement sensible lat à Dakhla. Mais celui-ci n’a pas encore vu nuel Macron, avait procédé en avril 2021 à
Puis il fallut encore seize autres avant que le jour du fait de l’activisme forcené mené installer une section à Dakhla, mais Paris
ce ne soit en décembre 2020 au tour des au sein du Congrès, le parlement américain, avait aussitôt pris ses distances et avait par-
Amériques, par le biais de Haïti, de mettre par les lobbys pro-séparatistes pour ne pas lé, par la voix de son secrétaire d’État chargé
en place son propre consulat. Depuis s’y est apporter d’enveloppe financière à cela. des Affaires européennes, Clément Beaune,
également ajouté, en janvier 2022, l’Orga- Les observateurs estiment toutefois que ce d’“une initiative prise localement que [le
nisation des États de la Caraïbe orientale n’est que partie remise et qu’avec le pas gouvernement français] regrette et qui ne
(OECO), qui compte pas moins de sept pays franchi avec Tel-Aviv, on pourrait très bien as- change rien à la position de la France sur
situés, comme l’indique le nom de cette der- sister à un revirement à ce propos. En outre, cette question hautement sensible”. Dom-
nière, dans les Petites Antilles. il faut noter qu’un pays comme l’Espagne, mage pour la France, qui se trouve encore
Et ensuite, en mai et décembre 2022, le Suri- qui bien qu’elle considère officiellement une fois à rater le coche, comme à de nom-
name et le Guatémala. Mais soit dit en pas- depuis mars 2022 l’initiative pour la négocia- breuses reprises sous M. Macron l
sant, il manque encore le client sans doute tion d’autonomie comme la base la plus sé- W. EL BOUZDAINI

24
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023

25
ECO & Finance

LA CONTRIBUTION DU SECTEUR PRIVÉ DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

DANS LA MISE EN ŒUVRE DU NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

Pour une offre de formation

en adéquation avec le marché du travail
L’amélioration de l’offre de formation professionnelle est identifiée comme
l’un des facteurs clés du nouveau modèle de développement.

O
n ne finit pas d’ap-
QUELQUES CHIFFRES CLÉS QUI ILLUSTRENT L’IMPORTANCE prendre. Certes, à
DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PRIVÉE AU MAROC condition d’aller vite

S
et d’intégrer la diver-
elon les statistiques les plus récentes, environ 35% des élèves inscrits dans l’enseignement sité de compétences
secondaire optent pour la formation professionnelle. L’Office de la Formation Professionnelle dans les métiers de
et de la Promotion du Travail (OFPPT), l’un des principaux acteurs de la formation profession- demain. Si ce constat s’impose au sys-
nelle au Maroc, compte à ce jour plus de 400 établissements de formation professionnelle répartis à tème de l’enseignement de type géné-
travers le pays. En 2020, l’OFPPT a dispensé des formations à plus de 400 000 stagiaires dans différents ral, il s’impose davantage au système
domaines professionnels. Le secteur privé de la Formation Professionnelle compte au total 5150 for- de formation professionnelle, tant pu-
mateurs permanents, 5618 formateurs vacataires. Le Secteur de la Formation Professionnelle public blique que privée. C’est ce qui ressort ,
compte 6082 postes de formateurs permanents, 6158 formateurs vacataires et 1290 établissements en substance, du séminaire, organisé
privés de Formation Professionnelle dont 400 établissements sont accrédités. Le secteur privé de la par la Fédération de l’Enseignement
Formation Professionnelle compte un grand nombre d’opérateurs et d’établissements privés offrant Professionnel privé, sur le thème «La
une variété de filières de formation répondant aux besoins spécifiques du marché du travail. contribution du secteur privé de la for-
La Formation Professionnelle privée joue un rôle important dans la formation des jeunes et des adultes mation professionnelle dans la mise en
en reconversion professionnelle, en offrant des programmes adaptés aux besoins des différents sec- œuvre conjointe de la feuille de route
teurs économiques l du dispositif national de la formation

26
 1496 - Du 21 au 27 juillet 2023

DÉBAT
UNE FORTE IMPLICATION
LES AXES PRINCIPAUX
DANS LES DIFFÉRENTS CHANTIERS AUTOUR DESQUELS S’EST
DE RESTRUCTURATION DÉROULÉ LE SÉMINAIRE
MIS EN PLACE. l Analyser la vision du Ministère de
tutelle concernant la contribution du sec-
teur privé à la mise en œuvre du nouveau
prise, de l’emploi et des compétences modèle de développement et de la feuille
, qui intervenait lors de ce séminaire. de route de la formation professionnelle.
Intervention qui n’a pas manqué de l Examiner les stratégies et les politiques

susciter la réaction du président de la mises en place pour renforcer l’engage-

Une filière Fédération marocaine de l’enseigne- ment et la collaboration entre le secteur
d’avenir. ment professionnel privé (FMEP), Ab- privé et les organismes publics de forma-
delilah Benhilal, qui a déclaré que « tion professionnelle.
les opérateurs privés ambitionnent de l Présenter des données statistiques sur

porter à 30% leur participation à la for- la participation et l’impact du secteur

mation professionnelle. privé dans le système de formation pro-
professionnelle, et du nouveau mo- La formation professionnelle consti- fessionnelle.
dèle de développement», le lundi 17 tue plus que jamais un enjeu majeur l Identifier les mécanismes à mettre

Juillet 2023, à Casablanca, en présence
de Chakib Alj, Président de la CGEM,
Younes Sekkouri, ministre de l’Inclu-
sion économique, de la petite entre-
prise, de l’emploi et des compétences.
pour répondre de manière concrète
aux besoins en compétences du tissu
économique marocain. Selon les don-
nées issues du diagnostic établi par le
Nouveau Modèle de Développement,
en place pour anticiper les besoins en
compétences du marché du travail et
assurer une meilleure adéquation entre
la formation et l’emploi.
l Présenter des études et des statistiques

Plan de relance
Ce séminaire national a pu réunir les
acteurs clés du secteur afin de favo-
riser les échanges, les débats, et les
les jeunes sont au cœur des préoccu-
pations visant à améliorer la qualité du
système éducatif et de la formation, en
particulier de la formation profession-
nelle. En conséquence, l’amélioration
sur les tendances actuelles et futures du
marché de l’emploi, en mettant l’accent
sur les compétences requises dans diffé-
rents secteurs économiques.
l Évaluer les pratiques de veille stra-

réflexions visant à améliorer l’offre de
formation professionnelle privée, à
anticiper les besoins en compétences
et à garantir la qualité du système
de formation professionnelle dans le
de l’offre de formation professionnelle
est identifiée comme l’un des facteurs
clés du modèle de développement,
contribuant à orienter, former et déve-
lopper les compétences nécessaires au
tégique et d’identification des compé-
tences émergentes pour favoriser une
formation professionnelle proactive et
pertinente.
l Proposition d’un nouveau modèle pé-

contexte du nouveau modèle de dé- développement des différents secteurs dagogique fondé sur les acquis d’appren-
veloppement du Maroc. C’est dans cet socio-économiques. tissage pour la formation tout au long de
esprit que la CGEM, par la voix de son À ce jour, la mobilisation des acteurs la vie
président, n’a pas manqué de plaider du secteur de la formation profession- l Évaluer les bonnes pratiques en matière

pour un plan de relance public-privé,
pour booster le secteur.
Or, si le secteur privé à la formation
professionnelle ne contribue que de
20% au système de formation profes-
nelle privée s’est traduite par une forte
implication dans les différents chan-
tiers de restructuration mis en place,
tels que la gouvernance du secteur, le
dispositif réglementaire, la valorisa-
de diversification des filières de formation
et d’adaptation aux besoins spécifiques
des secteurs économiques à fort potentiel
de croissance.
l Présenter des approches novatrices

sionnelle national, il ne sera pas en
mesure de remplir son rôle escompté.
Il est plus que jamais appelé à aug-
menter sa contribution, selon les dires
de Younes Sekkouri, ministre de l’Inclu-
sion économique, de la petite entre-
tion et la diversification des filières de
formation professionnelle, ainsi que
les modes de formation et d’apprentis-
sage l
Seddik MOUAFFAK
pour mettre en place un système d’éva-
luation et d’assurance qualité dans le
dispositif de la Formation Professionnelle
privée, en s’appuyant sur des critères
scientifiques et des indicateurs perti-
nents.

27
ECO & Finance

NOUVEL ACCORD D’APPROVISIONNEMENT EN GAZ NATUREL LIQUÉFIÉ

AVEC SHELL INTERNATIONAL TRADING
Le Royaume assure sa sécurité énergétique
Le Maroc continue de nouer des partenariats sur le marché international du Gaz naturel liquéfié près de 20
mois après la décision du voisin algérien de cesser l’activité du Gazoduc Maghreb-Europe.

L’ Office national de l’électricité et

de l’eau potable (ONEE) a conclu
vendredi 14 juillet 2023 un accord
de fourniture de Gaz Naturel Li-
quéfié (GNL) avec Shell International Trading
Middle East Limited FZE, étalé sur une période
de 12 ans. L’accord porte sur la fourniture
au Maroc d’une quantité de 0,5 milliard de
mètres cubes de GNL par an. Il prévoit l’appro-
visionnement, dans les premières années, à
travers les ports espagnols et le Gazoduc Ma-
ghreb-Europe, puis une livraison à travers les
futurs terminaux méthaniers marocains.
« Ce contrat de fourniture à moyen terme ren-
forcera la sécurité énergétique du Royaume et
améliorera sa compétitivité en accélérant la
stratégie marocaine de décarbonisation », a
déclaré Leila Benali, ministre de la Transition
énergétique et du Développement durable, en
marge de cette signature, que « le Maroc est
entré pour la première fois sur le marché inter-
national du GNL en 2022, grâce à une coopéra-
tion et à un climat de confiance exemplaires
avec les pays voisins », assurant que.En déci-
dant le 31 octobre 2021 de ne pas renouveler
l’accord avec le Maroc et en arrêtant l’appro-
visionnement du gaz naturel via le gazoduc
Maghreb-Europe (GME), l’Algérie espérait
mettre à genoux le Maroc. Mais le Royaume a
rapidement réagi. Déjà début décembre 2021,
l’Office national de l’électricité et de l’eau po-
table (ONEE) avait signé un accord avec Sound
Energy portant sur l’achat de la production du
gaz extrait du bassin de Tendara à Figuif, pour
une durée de 10 ans.
Moyen de chantage
Quelques mois après, le 28 juin 2022, 7 mois
après la mise en veilleuse de leurs activités,
les centrales électriques de Tahaddart et Ain
Béni Mathar ont été remises en service après
qu’elles aient été connectées à nouveau via le
GME fonctionnant en mode flux Inverse. C’est
l’entité publique chargée du tronçon espagnol
du GME et gestionnaire du système gazier en
Espagne. Le Royaume assurait ainsi son appro-
visionnement en gaz naturel en concluant des
contrats d’achat de Gaz naturel liquéfié (GNL)
sur le marché international et en utilisant les
infrastructures gazières des opérateurs espa-
gnols et le Gazoduc Maghreb-Europe. Les pre-
mières livraisons du GNL, achetées par le Ma-
roc et acheminées par l’Espagne, provenaient
des Etats-Unis. Cette première cargaison a été
déchargée à l’usine de regazéification de Bil-
bao pour être ensuite injectée dans le gazoduc
Maghreb-Europe (sens inversé), en direction
du sud.
Si le gaz naturel est un moyen de sabotage al-
gérien dans le cas du Maroc, il était devenu un
moyen de chantage économique pur et simple
contre l’Espagne, depuis mars 2022, plus pré-
cisément le 14 du mois, date de l’envoi de la
lettre de Pedro Sanchez au Roi Mohammed VI
dans laquelle il reconnaît que l’Espagne recon-
naît le plan marocain d’autonomie comme la
base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour
la résolution du différend autour du Sahara.
Le pouvoir algérien est allé loin en diminuant
les quantités de gaz exportées vers l’Espagne
et en menaçant d’en augmenter le prix. Pour
Alger, la toute puissance européenne qu’est
l’Espagne peut être supplanté par l’Italie. Ce
qu’Alger perd avec l’Espagne, elle l’a récupéré
avec son voisin européen. D’ailleurs, la nature
et les montants des contrats récents signés
avec le gouvernement italien, quelque temps
seulement après la décision de geler le traité
d’amitié hispano-algérien, en témoignaient.
Les manigances d’Alger visant à faire plier
économiquement le Maroc soit en cessant de
l’approvisionner en gaz ou en empêchant l’Es-
pagne de lui transférer cette source d’énergie
via le GME sont tombés à l’eau. Les contrats
signés par le l
Marouane KABBAJ

CETTE PREMIÈRE CARGAISON A

ÉTÉ DÉCHARGÉE À L’USINE DE
REGAZÉIFICATION DE BILBAO POUR
ÊTRE ENSUITE INJECTÉE DANS LE
GAZODUC MAGHREB-EUROPE.
Signature de l’accord avec Shell.

28
 CHRONIQUE
BELLEVIEW
QUAND L’INFLATION
IMPACTE PLUS LES PAUVRES UNE RÉSIDENCE DE LUXE
AUX PORTES DE MARRAKECH
C’est à quelques pas du centre de Marrakech,
CE SONT LES MÉNAGES PAUVRES sur la route d’Amizmiz au km 4, sur un site
QUI SOUFFRENT LE PLUS DE très convoité que les 16 villas de luxe qui com-
posent le projet BelleView verront le jour. Loin
L’IMPACT DE LA POUSSÉE du tumulte du centre-ville mais assez proche
INFLATIONNISTE. pour ressentir l’esprit exaltant de la ville ocre,
la résidence de luxe offre un accès aisé et en
Par Seddik MOUAFFAK moins de 15 minutes aussi bien à l’aéroport
international qu’aux adresses incontour-

N’
nables de Marrakech telles que La Mamou-
en déplaise au ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des nia, le Menara-Mall et l’Avenue Mohammed
finances, chargé du budget, Fouzi Lekjaa, qui avait annoncé que « l’inflation VI sans oublier les 4 golfs prestigieux (dont le
suit une trajectoire baissière progressive », l’évolution de l’inflation n’est pas Royal Palm Golf & Country Club) qui raviront
ressentie en tant que telle par les ménages marocains, notamment les plus les passionnés de golf.
vulnérables d’entre eux, les pauvres et les ruraux. A proximité du Fairmont Royal Palm Mar-
En effet, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), qui vient de publier sa dernière enquête rakech et à 5 minutes du Palais Selman, le
permanente de conjoncture, « la quasi-totalité des ménages déclarent que les prix des produits domaine jouit d’une exposition Sud-Est qui
alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois de l’année ». Et même « pour les 12 offre le privilège d’une vue à couper le souffle
prochains mois, la situation est loin d’être réjouissante ». sur les cimes enneigées des montagnes de
Or, si tous les ménages subissent cette maudite inflation, ce sont les ménages pauvres, vulné- l’Atlas. Ce panorama grandiose dans un envi-
rables et ruraux qui souffrent de manière disproportionnée de l’impact de la poussée inflationniste. ronnement naturel et sain sera d’autant plus
Parallèlement au niveau général de l’inflation, la dispersion de l’évolution des prix qui composent appréciable que les promoteurs du projet ont
le panier de l’IPC a considérablement augmenté ces derniers mois, ce qui signifie que la poussée tout prévu pour préserver la tranquillité des
inflationniste a des effets hétérogènes sur le bien-être des ménages en fonction des biens et ser- résidents.
vices qu’ils consomment. Avec l’Atlas pour seul vis-à-vis et à l’abri des
En effet, selon des calculs effectués par les experts de la Banque mondiale, l’inflation annuelle regards, les heureux propriétaires d’une Vil-
peut être 30 % plus élevée pour le décile le plus pauvre que pour le décile le plus riche. En outre, la BelleView profiteront ainsi du meilleur de
selon ces mêmes experts, les pressions inflationnistes pourraient être plus intenses dans le milieu Marrakech et de sa région dans un havre de
rural, où les niveaux de pauvreté sont également plus élevés. Ces écarts d’inflation sont principale- paix à l’intimité préservée.
ment dus à l’impact de la hausse des prix des produits alimentaires, qui représentent la part la plus Les surfaces habitables de ces villas s’étendent
importante du panier de consommation des ménages les plus pauvres. de 400 à 600M2 sur des lots de terrains de
Aussi, cette inquiétude qui règne parmi ces ménages les plus vulnérables est d’autant plus grave 1000 M2 à 1600 M2 orientés Sud-Est. Chacune
qu’elle semble se propager à l’ensemble de la population. Inquiétude directement liée à la dégra- de ces demeures d’exception sera pourvue
dation du niveau de vie des ménages quelle que soit leur catégorie. Toujours selon la même en- d’un grand jardin privatif aménagé et d’une
quête du HCP, « plus de 8 ménages sur 10 déclarent la dégradation du niveau de vie au cours des vaste piscine privée très haut-de-gamme ainsi
12 derniers mois ». Le solde d’opinion a atteint son plus bas niveau comparativement à la même qu’un roof top sur chacun des toits l
période de l’année dernière. « Pour les 12 prochains mois, les ménages restent pessimistes sur
l’évolution de leur niveau de vie ».
Certes face à cette dégradation de la situation des ménages, le gouvernement n’est pas resté les
bras croisés. Il a essayé de répondre aux chocs actuels de l’inflation par un ensemble de mesures
visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages par le biais des subventions de prix qui ont été
coûteuses. Or, de manière générale, cet ensemble de mesures n’a contribué qu’ à préserver qu’un
simple quart du panier de consommation de la poussée inflationniste, ce qui a nécessité , tant bien
que mal, la mobilisation de dépenses publiques supplémentaires pour un montant de près de 2 %
du PIB, principalement sous la forme de subventions. Cette approche a permis d’éviter dans une
certaine mesure une augmentation plus prononcée de la pauvreté et de la vulnérabilité l

29
DOSSIER

ENTRETIEN AVEC ABDELJALIL BOUZOUGGAR,

directeur de l’institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP).

“La société sédentaire

la plus ancienne dans le monde
se trouve au Maroc”
Nommé il y a une année jour pour jour à la tête de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine,
Abdeljalil Bouzouggar fait le point sur les dernières découvertes au Maroc. Surtout, il pointe du doigt les idées
reçues sur l’histoire antéislamiques du Maroc et déconstruit les mythes d’une “civilisation importée”.

Souvent, on pense qu’avant l’arrivée des
Ommeyades et de l’islam, le Maroc était
une région peu influencée par la civilisa-
tion antique. Est-ce vrai ?
Je le dis sans hésitation, c’est une erreur.
Il faut en fait arrêter de parler de “période
romaine”, mais plutôt de période “mauré-
tano-romaine”. Quand les romains sont
arrivés, avec leur urbanisme, leur tradition
juridique etc…Mais ils n’ont pas trouvé un
territoire vide. Il y avait des royaumes ama-
zighs. Et qui dit royaume, dit organisation
sociale, politique, religieuse, économique… Il
y avait même des monnaies qui étaient frap-
pés, ce qui veut dire qu’il y avait non seule-
ment une structure complexe et hiérarchisée
mais également des échanges avec d’autres
peuples ou peuplades. Ce substrat était très
solide. Un substrat qui existait déjà avant
notamment durant la période phénicienne,
mais l’intérieur du pays n’a pas réellement
été influencé par les vagues de population
originaires du croissant fertile qui étaient
principalement intéressées par les comp-
toirs portuaires et commerciaux. Il y avait
certes des contacts avec les populations
locales mais leur influence était limitée. Leur
présence n’a pas influencé la composante
biologique de la population par exemple, ni
introduit la culture agro-pastorale.
30
Donc il y avait une société sédentaire au
Maroc avant celle du croissant fertile ?
Au Maroc, et c’est très peu connu, il y a
l’une des sociétés sédentaires les plus
anciennes du monde, si ce n’est la plus
ancienne, 15.000 avant notre ère. Depuis
tous petits on nous a appris que la civilisa-
tion venait d’Orient, ce qui est évidemment
faux. Avec les découvertes archéologiques
nouvelles, surtout depuis 2014, on est dans
un tout nouveau paradigme. Je vous donne
l’exemple de la carie dentaire découvertes
dans les sépultures du paléolithique dé-
couvertes dans les grottes du Pigeon à Ta-
fouralt. On a trouvé des traces de gland du
chêne séchées et transformés en poudre
ou en farine. En archéologie, la présence
de caries dentaires est synonyme de popu-
lations qui se sont fixées dans un endroit.
C’est-à-dire que cette population stockait
ses aliments. Et pour l’instant c’est les
DEPUIS TOUS PETITS ON NOUS A APPRIS
“QUE LA CIVILISATION VENAIT D’ORIENT,
CE QUI EST ÉVIDEMMENT FAUX.
”
populations sédentaires les plus anciennes
que l’on a trouvé dans le monde. Certes,
pour définir la sédentarisation, on a la cé-
réaliculture, la poterie, la domestication des
animaux…Etc. Mais il s’agit là du produit
final, fruit d’un processus qui a commencé
plusieurs milliers d’années avant. Dans le
paléolithique supérieur au Maroc, on trouve
déjà des traces de semi-domestication
du mouflon à manchette, car il constituait
près 80% de la consommation de viande
à l’époque. Rappelons que cette espèce
très topographique a comme élément de
prédilection les massifs rocheux. Si c’était
encore une société de chasseurs-cueil-
leurs, on doit trouver normalement dans
les sépultures des traces de fractures.
Pourtant l’on est dans un massif. Dans le
mésolithique européen (6400 avant notre
ère) par exemple, on trouve des corps
jonchés de traces de blessures osseuses.

Celà veut simplement dire que l’on est
dans société très évolués par rapport à ce
que l’on croyait jusqu’à il y a très peu.
Autre que la capacité de stockage et de
contrôle des espèces animales environ-
nantes, quels autres éléments prouvent
le sédentarisme de la société marocaine
ancestrale ?
Les inhumations. On trouve par exemple
une nécropole de plus de 200 squelettes
dans les seules grottes du pigeon. Ce n’est
pas là le fait d’une société nomade, bien
au contraire. Certains squelettes étaient
enterrés avec plus de soins et de visibi-
lité que d’autres, donc on parle en plus
de celà de sociétés hiérarchisées avec
une organisation sociale très complexe.
Il y a également, et c’est une découverte
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
récente, la plus ancienne trace de trépana- civilisation moderne.
tion dans le monde, qui est une opération
chirurgicale qui consiste à percer le crâne Pour le développement des recherches,
pour soulager certaines douleurs. Elle où en est-on?
est datée de 15.000 ans. Ce qu’il faut en Ce que l’on vit aujourd’hui est un tournant,
retenir c’est que la personne soumise à je n’ai jamais vu de mon vivant un aussi
cette pratique fait une confiance aveugle grand engouement au niveau politique
à son auteur, un peu comme la confiance pour le travail archéologique. Les moyens
qu’a le patient actuel envers son médecin, qui sont mis sont colossaux, nous avons
ce qui veut dire qu’il y avait une sorte de
“caste de guérisseurs” à cette époque.
Et la seconde chose, c’est qu’il y a une
connaissance approfondie de la population
EN SOMME, NOUS
de la flore qui l’entoure car il s’agissait
d’une opération extrêmement douloureuse,
“POUVONS DIRE QUE
donc des éléments “anesthésiants” étaient
utilisés. En somme, nous pouvons dire LE MAROC EST L’UN
que le Maroc est l’un des berceaux de la DES BERCEAUX DE LA
société agricole et sédentaire, donc de la
SOCIÉTÉ AGRICOLE ET
SÉDENTAIRE, DONC
DE LA CIVILISATION
MODERNE.
”
31
DOSSIER
aujourd’hui tous les appuis financiers et
logistiques qui nous permettent de faire
un véritable travail en archéologie. Nous
sommes également en pleine rénovation
de l’institut avec des laboratoires de
dernière génération en termes tech-
nologiques. C’est ce qui nous permet
s
aujourd’hui de faire des découvertes de
manière aussi approfondies et de démulti-
plier les efforts.
Comment forme-t-on les archéologues
marocains ?
Ce secteur connaît une évolution re-
marquable et inédite, qui est cependant
imputable à la profonde profondeur histo-
rique. Ce que l’on voit comme réalisation
et comme découvertes aujourd’hui est
le résultat d’un parcours qui a commen-
cé en 1985, et la création de l’INSAP.
Avant celà, il y avait bien évidemment
des archéologues marocains qui ont
grandement contribué à l’émergence de
cette discipline, comme Joudia Hassar
Benslimane qui était la première directrice
de l’INSAP et qui a fait un travail excep-
tionnel, mais ils étaient formés à l’étran-
ger. Depuis, on a commencé à former
localement des jeunes archéologues
marocains. Ce système a connu plusieurs
réformes. De 1985 jusqu’en 2012, on était
dans un système de bac+4. Après, on a
intégré le système Licence-Master-Doc-
torat. A partir de 2016, on a commencé à
former les premiers docteurs en archéolo-
gie 100% marocains.
Les bacheliers marocains s’inté-
ressent-ils à cette filière ?
Cette année par exemple, sur la plate-
forme d’organisation du concours qui aura
lieu ce 22 juillet 2023, on avait presque
11.000 candidats, 4800 ont été sélection-
nés, dont 30 seulement retenus, au bout
d’un concours écrit et d’un test psycho-
technique, pour déceler les capacités de
mémoire visuelle qui sont très importantes
si l’on veut faire ce métier l
Propos recueillis par
Abdessamad NAIMI
32
DES TRAVAUX COLOSSAUX EN TERME DE DÉCOUVERTE DE NOTRE PATRIMOINE
L’INSAP, GARDIEN DE NOTRE MÉMOIRE
Depuis 2014, le Maroc est devenu un centre incontournable en terme
de recherche archéologique. A l’origine, les travaux de recherche
de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine.
C
réé en 1986, réformé en 2012
(voir interview), l’Institut na-
tional des sciences de l’ar-
chéologie et du patrimoine a pris une
dimension inédite dans son histoire. Le
22 juillet 2022, un nouveau directeur est
nommé, en la personne d’Abdeljalil Bou-
zouggar, premier lauréat de l’institut à
occuper un tel poste. Les archéologues
étant des techniciens de l’Histoire, les
nouvelles recherches entreprises depuis
quelques décennies tentent de réécrire
la préhistoire et l’antiquité de la région
en se basant sur les trouvailles archéo-
logiques scientifiquement opérées et
objectivement interprétées. En effet, les
chercheurs nationaux ont commencé ti-
midement à investir le domaine depuis
les années soixante du siècle dernier,
mais c’est avec la création de INSAP, en
1986, que le Maroc a volontairement
misé sur la prise en charge d’un domaine
aussi crucial que la mise en relief d’un
passé si riche et si glorieux que sa Pré-
histoire et son Histoire. Aujourd’hui, on
compte une trentaine de programmes
de recherche sous forme de prospections
et de fouilles menées par cet Institut,
souvent dans le cadre d’une coopération
avec des organismes étrangers, où les
chercheurs marocains ont la mission de
diriger les recherches selon des objec-
tifs préétablis. Toutefois, il y a lieu de
noter que, malgré l’importance primor-
diale de la recherche archéologique, les
services concernés n’y affectent pas les
ressources financières conséquentes et
nécessaires. Ce qui explique le recours
à des coopérations internationales. Au-
jourd’hui, l’institut a formé 300 lauréats,
compte plus de 30 programmes de re-
cherche et a à son actif 2500 publications
scientifiques.
Ces recherches ont permis des décou-
vertes substantielles qui apportent
d’avoir un regard nouveau sur l’histoire
du Maroc, la formation de son organisa-
tion sociale, l’origine de ses traditions et
de ses rites. Et celà va plus loin que la
seule période antique mais va dans les
tréfonds de la préhistoire du pays. Dans
la région de Safi, la fameuse grotte de
Jbel Irhoud est aujourd’hui réputée à
l’échelle internationale pour avoir li-
vré des restes humains attribués à ce
qu’on appelle «l’Homme moderne» et
qui s’avèrent être les plus anciens de
ce genre dans toute l’Afrique du Nord.
Ils remonteraient à plus de 160 000
ans. Ce même homme moderne est ap-
paru en Europe il y a tout juste 40 000
ans. C’est dire que le Maroc (et d’une
façon générale toute l’Afrique du Nord-
Ouest) a dû jouer un rôle primordial dans
l’émergence et la diffusion de l’Homme
moderne dans le monde. Au Maroc, les
indices des cultures matérielles de cet
homme moderne ont été mis en évidence
dans plusieurs grottes. Celles-ci ont livré
un abondant mobilier archéologique de
cette époque qualifiée de «Paléolithique
moyen» durant laquelle l’homme a no-
tamment inventé pour la première fois
une arme en pierre d’une efficacité cyné-
gétique particulière. Il s’agit en effet de
la confection de la « pointe pédonculée
» sous forme d’une arme en pierre munie
d’un pédoncule à sa base servant pour
son emmanchement. “Ce genre d’outils
préhistoriques constitue une originalité
nord-africaine bien attestée dans toute
l’Afrique du Nord et au Sahara”, indique
fièrement Abdeljalil Bouzouggar, direc-
teur de l’INSAP l
A. NAIMI
 1496 - Du 21 au 27 juillet 2023

MONUMENTS HISTORIQUES À L’ABANDON

L’histoire du Maroc tombée dans l’oubli

Des sites historiques et archéologiques, dans plusieurs cités impériales, se trouvent dans
un état de délabrement lamentable. Parmi les plus oubliés, le tombeau du premier sultan Almoravide
et fondateur de la ville de Marrakech, Youssef Ibn Tachafine. Un abandon qui n’honore pas
l’image du Maroc à l’international.

V ille impériale à l’histoire mil-

lénaire, capitale ismaélienne,
Meknès est pourtant laissée à
l’abandon. Ses nombreux sites
historiques, ses palais, ses mausolées et ses
grandes murailles, construits par le Sultan
Moulay Ismail, qui a façonné la grande cité,
tation des anciennes médinas n’avait pas
concerné seulement Meknès mais plusieurs
autres cités comme Salé, Marrakech, Té-
touan et Essaouira.

se trouvent, depuis toujours, dans un état
de décrépitude avancé. Il faut dire que la va-
leur de ce patrimoine est reconnue mondia-
lement. Ainsi, son ancienne médina a été
classée, depuis 1996, comme patrimoine
mondial de l’Unesco.
Les autorités de la ville avaient pris les
choses en main en lançant en 2019 un
plan de réhabilitation touchant plus de 17
monuments historiques pour un budget
global de 74 millions de dirhams. Parmi les
monuments concernés, on peut citer, entre
autres, Bab Lekhmis, Bab Bradiine, Bab Tizi-
mi Sghira, Bab Jdid et Bab Berrima. Pour y
A MARRAKECH, IL A FALLU UNE MOBILISATION FORTE
DE LA SOCIÉTÉ CIVILE POUR ENTAMER DES TRAVAUX
CONCERNANT PLUSIEURS SITES HISTORIQUES.
Projet de réhabilitation
A Marrakech, il a fallu une mobilisation forte
de la société civile pour entamer des tra-
vaux concernant plusieurs sites historiques
notamment le magnifique palais Al Badii
et les tombeaux Saadiens. Mais d’autres
lieux anciens à forte valeur historique sont
toujours dans un état de délabrement. Il
s’agit du tombeau du premier sultan des
Almoravides, fondateur et bâtisseur de la
ville ocre, Youssef Ibn Tachafine. Une pho-
to récente, largement partagée sur les ré-
seaux sociaux, a provoqué l’indignation des
internautes. On y observe quelques déchets
et beaucoup de poussière autour de la stèle
dépourvue d’entretien. Certains appellent
les responsables à prendre en considération
cette tombe qui ne mentionne même pas
le nom de l’illustre défunt. Or, il s’agit du
mausolée de l’illustre empereur marocain
et immense chef guerrier, conquérant de
l’Andalousie, qui a remarquablement mar-
qué l’histoire millénaire marocaine. Aucun
geste de la part des autorités locales pour
réhabiliter son mausolée depuis que cette
actuelle bâtisse a été construite en 1959.
Sur ordre de Feu Mohammed V, le mauso-
lée, se trouvant au quartier Sidi Mimoun
à une quarantaine de mètres de Bab Rob,
a été entièrement restauré. Mais depuis
cette date, aucun autre projet de réhabili-
tation n’a eu lieu.
Aujourd’hui, le mausolée a totalement per-
du toute sa beauté. Les pièces de Zellige se
sont détachées et le bois s’est déteint. La
situation de ce mausolée a encore empiré
durant les dernières années. Et cela ne fait
que ternir l’image du Maroc à l’internatio-
nal l
A. AMOURAG

parvenir, le ministère de l’intérieur a lancé

un appel d’offres dans le cadre de la conven-
tion de partenariat et de financement rela-
tive au programme de réhabilitation et de
valorisation de la médina de Meknès (2019-
2023) dont l’objectif a été la réalisation des
études techniques et le suivi des travaux de
réhabilitation, de restauration et de recons-
truction de ces monuments situés au sein
de la médina. Dans le détail, ces travaux
avaient consisté à restaurer, réhabiliter,
consolider et même reconstruire certains
monuments. Ce programme de réhabili-

33
DOSSIER

TRAVAIL DE PRÉSERVATION ET DE PROMOTION DE LA SOCIÉTÉ

MAROCAINE D’ARCHÉOLOGIE ET DU PATRIMOINE

Au service de l’histoire du Maroc

Fondée à l’instigation de la regrettée archéologue Joudia Hassar-Benslimane et présidée par la prin-
cesse Lalla Hasna, la Société marocaine d’archéologie et du patrimoine joue un grand rôle depuis 30
ans pour valoriser le patrimoine archéologique national. Son actuel président délégué, l’éminent Pr
Abdelaziz Touri, nous en dit plus sur son travail mais dresse aussi un état des lieux.

L
e jardin des Hespérides, Le jardin des Hespérides” n’est donc que la faute des travaux de construction de l’ac-
c’est, comme le savent les l’ultime corde que compte l’arc de la socié- tuelle route de contournement de Rabat-Sa-
connaisseurs de la mytho- té, dont il faut par ailleurs rappeler que dès lé. Et la SMAP avait, à ce titre, pu compter
logie grecque, cet endroit juillet 1996 elle avait été reconnue d’utilité sur un appui de taille en la personne de la
mythique que l’on situe publique: de façon décisive, elle venait alors princesse Lalla Hasna, soeur cadette du roi
généralement non loin de de permettre de sauver le site romain de Khe- Mohammed VI et qui se trouve en fait en
l’actuelle ville de Larache et dont le héros dis, situé sur la colline du même nom dans être depuis cette époque déjà la présidente.
antique Hercule eu notamment à subtiliser les alentours directs de la nécropole de Chel- Preuve s’il en faut, au passage, du satisfecit
les fameuses pommes d’or dans le cadre des lah, après qu’il a failli être perdu à jamais par que la SMAP recueille en plus haut lieu.
douze travaux que lui demanda d’accomplir
le roi Eurysthée de l’Argolide (ce qui devait
lui permettre d’expier sa faute d’avoir tué sa
femme Mégara et leurs trois enfants). Mais
c’est aussi, depuis février 2004, le nom de la
revue éditée par la Société marocaine d’ar-
chéologie et du patrimoine (SMAP). Fondée
en avril 1992 à l’instigation de la regrettée
Joudia Hassar-Benslimane, archéologue de
renom qui fut entre autres pendant près de
dix-neuf ans (1986-2005) la toute première di-
rectrice de l’Institut national des sciences de
l’archéologie et du patrimoine (INSAP) -elle
est décédée en mars 2018 et a laissé veuf un
certain Hosni Benslimane, l’ancien comman-
dant de la gendarmerie royale-, la SMAP est
ainsi depuis désormais plus de trente ans à
la baguette de nombreuses initiatives qui
ont grandement permis de valoriser le patri-
moine archéologique marocain, un des plus
riches au monde.

Valoriser le patrimoine
Début juillet 1998, c’est la SMAP qui fut aussi
derrière la tenue à Rabat des emblématiques
“premières journées nationales d’archéolo-
gie et du patrimoine”, que plus d’un quart de
siècle après on continue encore de citer en
exemple dans les milieux spécialisés. “

34

“Franchement, quand on fait le bilan, nous
sommes fiers de tout ce que nous sommes
parvenus à réaliser, et nous souhaitons bien
sûr encore faire plus et contribuer davantage
à ce que notre patrimoine archéologique na-
tional bénéficie de l’attention qu’il mérite,”
nous déclare Pr Abdelaziz Touri, actuel pré-
sident délégué de la SMAP. Natif de la ville
d’Azrou en 1949, ce dernier est considéré
comme un des monuments de l’archéologie
nationale: avec Pr Hassar-Benslimane, il fut
d’ailleurs, en tant que directeur-adjoint, un
des bâtisseurs de l’INSAP, et ce au moment
même où il décrochait en 1987 à la Sorbonne
sa thèse de doctorat d’État sur l’habitat do-
mestique de Marrakech, qu’avait dirigée
l’éminente historienne de l’art française Ja-
nine Sourdel-Thomine (elle a rendu son der-
nier souffle en décembre 2021 à Paris).
De la sorte, il a contribué à une épopée qua-
si inédite dans le monde arabe, puisqu’en
Pr Abdelaziz
Touri.
Joudia Hassar-Benslimane
LA SMAP VENAIT DE PERMETTRE DE SAUVER
LE SITE ROMAIN DE KHEDIS, DANS LES ALENTOURS
DIRECTS DE LA NÉCROPOLE DE CHELLAH.
dehors de l’actuel Institut national du patri-
moine (INT) de Tunis, qui a pris la place du
Service des antiquités et arts de la Régence
(SAAR) constitué à l’époque du protectorat
français, l’INSAP n’avait aucun autre vrai pré-
curseur dans la région; c’est-à-dire que même
dans des pays comptant une forte tradition
archéologique à l’instar de l’Égypte, de l’Irak
et de la Syrie, les archéologues sont en fait is-
sus des différentes facultés nationales plutôt
que d’instituts de formation dédiés.
Stade satisfaisant
Au plan de la recherche pure et dure, Pr Touri
estime ainsi que le Maroc se trouve à un stade
qu’on peut considérer comme satisfaisant, et
que les différentes découvertes qu’on fait à
chaque fois, comme celles des plus anciens
fossiles humains à Jbel Ighoud, dans la pro-
vince de Youssoufia, sont autant dues au foi-
sonnement dont bénéficie le Royaume à ce
niveau qu’aux qualités intrinsèques des ar-
chéologues marocains, dont il est par ailleurs
de notoriété publique que leurs compères
des grands centres de recherche mondiaux
apprécient de collaborer avec eux. “Je pense
que là où nous avons sans doute le plus fait
mouche, c’est en ayant dès le départ fait le
choix de faire de l’INSAP une filière d’excel-
lence,” expose Pr Touri.
Filière d’excellence
“Ainsi, au lieu d’ouvrir l’institut à un maxi-
mum d’étudiants simplement pour faire
le nombre, on les trie sur le volet et on se
contente d’une vingtaine, ce qui va naturel-
lement se répercuter de façon positive sur ce
qui est fait.” On pourrait donc croire, à par-
tir des différents propos de Pr Touri, que le
tableau est idéal, mais notre interlocuteur
tient lui-même à y signaler une ombre non
des moindres: le désintérêt qu’il dit trouver
chez le plus grand nombre pour la chose
historique, même s’il ne nie pas les efforts
qui peuvent se faire au niveau de nombreux
individus, notamment les jeunes sur les ré-
seaux sociaux animés à ses yeux par leur
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
propre passion avant tout. D’ailleurs, il nous
a confié avoir été “agréablement” surpris
au moment d’apprendre que Maroc Hebdo
cherchait à le contacter et que cela devait
bien faire belle lurette qu’il n’avait pas été
sollicité par un journaliste. Mais à qui, éven-
tuellement, la faute? Si Pr Touri croit bien sûr
que c’est du devoir de tout citoyen de faire le
nécessaire pour en savoir plus et se cultiver,
il tient en même temps à jeter la pierre au
département de tutelle, à savoir celui de la
Culture, qu’il connaît d’ailleurs très bien et
pour cause: après en avoir été pendant douze
ans directeur du patrimoine culturel parallè-
lement à ses fonctions à l’INSAP (1988-2000),
il en fut ensuite sept ans durant secrétaire
général. “On n’a pas de politique culturelle,
tout simplement,” résume Pr Touri. “Déjà, à
chaque fois qu’un ministre vient, il veut tout
reprendre de zéro en partant de ses propres
sensibilités: un tel a plus d’appétence pour
le livre, tel autre pour les arts plastiques.
Donc il n’y a aucune continuité. Et cela im-
pacte directement la préservation du pa-
trimoine archéologique, car pour ce faire
il faut nécessairement et impérativement
avoir une vue transversale et voir la culture
comme un tout, qui inclut notamment l’his-
toire. Je le dis toujours, nous ne sommes
pas n’importe quel pays. Nous sommes les
héritiers de l’Empire chérifien; ce sont nous,
Marocains, qui avons islamisé l’Andalousie,
la Sicile, Malte et jusqu’aux profondeurs de
l’Afrique subsaharienne. Nous sommes une
civilisation, et faire l’impasse sur cela, c’est
renoncer à notre âme, à ce qui fait notre être
aujourd’hui. Avec les performances de nos
Lions à la Coupe du monde de football, on a
bien vu comment le sport pouvait contribuer
à nous faire connaître partout de par la pla-
nète, mais par ailleurs il y a aussi la culture
qu’il ne faut pas négliger.” Ou comme le di-
rait Voltaire: il faut cultiver son jardin. Sur-
tout sans doute, du point de vue de Pr Touri,
celui des Hespérides l
Wissam EL BOUZDAINI
35
DOSSIER
LA CHASSE AUX TRÉSORS PERDUS
Le combat du Maroc pour récupérer
son patrimoine
Le Maroc au cœur d’un combat juridique et politique pour récupérer son patrimoine perdu. Une
histoire de trésors volés, de patrimoine pillé et d’un héritage culturel qui attend d’être restitué.
M
ais où se trouve Le village voisin de Fertassa devient alors le
donc la statue de théâtre d’une chasse à l’homme implacable,
Bacchus? En 1982, avec des arrestations massives et des tor-
le site archéolo- tures causant la mort de quatre personnes.
gique de Volubilis Trente ans plus tard, le vol de Bacchus res-
a subi le vol de la surgit avec des témoignages poignants de
statue unique de Bacchus, le dieu romain villageois torturés et une accusation à l’en-
de vin, un événement marquant tristement contre de la femme d’un général d’élite. La
baptisé «l’année de Bacchus». Le roi Hassan statue aurait finalement été retrouvée en Ita-
II, conscient de la valeur irremplaçable de lie, mais le Maroc n’a pas réussi à récupérer
l’artefact, avait ordonné une recherche ex- l’œuvre, faute de moyens pour la racheter à
haustive avant son retour d’un voyage aux son propriétaire légal. Si cette histoire est
États-Unis. la plus célèbre, au point qu’elle a fait l’ob-
36
jet, à titre d’exemple, du roman « L’année de
Bacchus », de Bouignane El Mostafa, publié
en 2021, les histoires d’autres vols du trésor
archéologique marocain restent toujours
dans l’ombre. Les sites non surveillés, notam-
ment dans le sud du Maroc, sont la proie de
pilleurs et de trafiquants d’antiquités inter-
nationaux.
Même si certains pays d’Afrique ont souffert
de vols importants de biens culturels, le Ma-
roc semble être une exception selon les auto-
rités. Mehdi Qotbi, le président de la Fonda-
tion Nationale des Musées du Maroc, nous
annoncé que «Le Maroc diffère grandement
des autres nations africaines, en particulier
celles qui ont connu une colonisation in-
tense comme l’Algérie. Nous avons été sous
le régime d’un protectorat, ce qui a quelque
peu sauvegardé notre patrimoine culturel et
historique». M.Qotbi met en lumière l’im-
pact déterminant du général Lyautey, ré-
sident général de France au Maroc. «Lyautey
avait adopté une politique respectueuse
de la culture et du patrimoine marocain. Il
a travaillé à protéger et à conserver, plutôt
qu’à supplanter. Grâce à cette approche,
une grande partie de notre patrimoine est
demeurée intacte» confirme M.Qotbi tout
en soulignant que «Cela ne signifie pas que
nous sommes à l’abri. Prenons l’exemple
de l’Égypte. Malgré sa richesse culturelle
incommensurable, de nombreuses pièces
historiques ont été volées. Ainsi, la préserva-
tion du patrimoine est un combat quotidien,
quels que soient notre histoire et notre passé
colonial».
Ceci dit plusieurs sources consultées pour
le besoin de cette enquête, nous parlent de
l’existence de véritables réseaux de vols et

de vente des ressources archéologiques, his-
toriques et culturelles marocaines. Ainsi le 26
février 2021, une cérémonie symbolique a été
organisée pour le retour de près de 25 000
artefacts archéologiques au Maroc, datant
de 500 000 millions d’années à l’époque du
Paléolithique et du Néolithique, précédem-
ment saisis rien qu’en 2005 et 2006 par les
unités françaises. Ces trésors, principalement
composés de fossiles, de pointes de flèches,
d’outils taillés et de gravures rupestres,
avaient été illégalement exportés du terri-
toire marocain, provenant principalement
des sites pré-sahariens et de l’Anti-Atlas. En
2019, l’Université de Bordeaux avait ren-
du au Maroc 20 objets, qui sont des restes
squelettiques découverts au cimetière de
Rawazi à Skhirat, un site qui a été découvert
en 1979, et qui comprenait « l’une des plus
importantes collection funéraire datant du
néolithique au nord du Maroc » indiquait un
communiqué du ministère de la Culture et de
la communication. Ainsi, la découverte ré-
currente de précieuses pièces archéologiques
marocaines à l’étranger, révèle, sans l’ombre
d’un doute, la présence de réseaux criminels
organisés qui orchestrent ces opérations. Ils
dérobent ces artefacts inestimables du sol
marocain, effaçant ainsi une partie de l’his-
toire et de l’identité de la nation, avant de les
disséminer aux quatre coins du monde, dans
un jeu dangereux et illégal de contrebande
et de commerce clandestin.
Le Maroc renforce le contrôle
Face à cette situation, et depuis 2010, l’Admi-
nistration des douanes marocaine a mis en
place des mesures pour renforcer le contrôle
à l’exportation des œuvres d’art et des ob-
jets d’antiquité. Les biens culturels de na-
ture archéologique, historique, scientifique
et artistique sont soumis à une surveillance
accrue. L’exportation de biens provenant de
bâtiments classés ou enregistrés est inter-
dite, sauf pour des cas spécifiques d’étude
ou de restauration à l’étranger. Il est égale-
ment interdit d’exporter, en totalité ou en
partie, en dehors du territoire marocain tout
matériel obtenu à la suite de la démolition
de bâtiments classés ou enregistrés. En effet,
la loi 22-80, qui remonte au protectorat déjà,
stipule l’interdiction formelle de détruire,
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
LE MAROC SE BAT POUR PRÉSERVER SON PATRIMOINE
LE PLAN NATIONAL DE RESTAURATION DES MONUMENTS HISTORIQUES
L
e Maroc a entrepris une action déterminée pour préserver et restaurer son précieux patri-
moine historique. L’initiative royale qui vise à préserver et développer les anciennes médinas
est un exemple marquant de cet engagement. Grâce à cette initiative, la grande majorité des
monuments historiques du pays bénéficient désormais de programmes continus de restauration, de ré-
habilitation et de valorisation. Ces opérations sont menées en partenariat avec les conseils régionaux,
soulignant l’importance de la collaboration entre différents niveaux de gouvernement.
Plusieurs sites historiques importants sont programmés pour la restauration cette année, y compris
l’ancienne cité portugaise d’El Jadida, le mur historique de la mosquée Hassan à Rabat, et le site de
l’ISESCO à Larache. De plus, des études sont en cours pour la possibilité de réhabilitation d’autres sites
situés à Safi et à Figuig. La numérisation du patrimoine historique est également devenue une priorité,
une stratégie qui facilitera les futures opérations de réhabilitation.
En parallèle, un programme ambitieux vise à restaurer 35 mosquées historiques d’ici 2026. Financé
par une enveloppe budgétaire de 730 millions de Dirhams, ce projet reflète l’engagement du Maroc à
préserver et à réhabiliter son patrimoine culturel.
En plus de ces restaurations, un inventaire scientifique détaillé a été réalisé, couvrant 189 mosquées
classées au patrimoine historique du Royaume, dans les villes de Fès, Meknès, Rabat et Casablanca. Un
autre inventaire est en cours pour les 83 mosquées restantes.
L’ensemble de ces initiatives témoigne de la détermination du Maroc à poursuivre et à intensifier ses
efforts pour la réparation et la restauration de tous les monuments anciens à moyen et long terme l
de dénaturer ou d’exporter sans autorisa- l’œuvre depuis des décennies, arguant que
tion : “tout objet d’art et d’Antiquité mobi- Borchardt aurait délibérément trompé les au-
lier qui présente pour le Maroc, un intérêt torités égyptiennes sur la véritable valeur de
historique, archéologique, anthropologique l’artefact. En outre, le pillage massif d’anti-
ou intéressant les sciences du passé et les quités égyptiennes a atteint son apogée pen-
sciences humaines en général”. D’ailleurs, dant le printemps arabe en 2011, lorsque le
des sanctions pénales et financières sont mis chaos politique a laissé le pays sans défense
en place pour l’exportation illégale d’œuvres face aux pilleurs d’antiquités. Des milliers
d’art et d’objets d’antiquité. Elles peuvent d’objets ont été volés des musées et des sites
entraîner une peine de prison de deux à trois archéologiques, dont beaucoup ont ensuite
ans et une amende de 20 000 à 200 000 di- été retrouvés sur le marché noir internatio-
rhams ou l’une des deux peines seulement. nal.
Bien que la situation du Maroc soit préoc- La restitution des antiquités est alors une
cupante, elle n’est pas unique en Afrique. question complexe qui fait intervenir des
Le continent a été le théâtre de vols massifs aspects juridiques, historiques et politiques.
de biens culturels, dont, à titre d’exemple, Le Maroc doit alors se battre pour récupérer
l’Égypte. Riche d’une civilisation de plusieurs sa mémoire volée. Alors, en attendant que
millénaires, l’Égypte a vu une grande partie la statue de Bacchus revienne au Maroc, le-
de son patrimoine historique et culturel pil- vons notre verre (de thé à la menthe) à la
lé et exporté illégalement. L’un des plus cé- préservation de notre riche patrimoine, en
lèbres est celui du buste de Néfertiti, la reine espérant que chaque pièce perdue trouve un
égyptienne de la XVIIIe dynastie. Découvert jour son chemin de retour vers la terre qui l’a
en 1912 par l’archéologue allemand Ludwig vue naître l
Borchardt, le buste a été emmené en Alle-
magne et est aujourd’hui exposé au musée
de Berlin. L’Égypte revendique la propriété de Hiba CHAKER
37
DOSSIER

LE POTENTIEL DU TOURISME ARCHÉOLOGIQUE AU MAROC

PLOMBÉ PAR LES LACUNES JURIDIQUES

Archéo-tourisme, une richesse

marocaine sous-exploitée
Au Maroc, l’important potentiel en matière de tourisme archéologique reste
sous-exploité. Les experts plaident pour une batterie de mesures afin
de valoriser et protéger cette richesse.

D
es vestiges romains
aux nombreux sites
d’art rupestre au
Maroc, en passant
par les monuments
témoignant de l’en-
chaînement des dynasties islamiques,
le Maroc affiche un potentiel important
en termes de tourisme archéologique
et de monuments. Si depuis l’avène-
ment de la pandémie du covid-19, peu
de chiffres officiels relatifs au sujet ont
été publiés, l’année 2019 avait enregis-
tré plus de 2 millions de visiteurs dans
les 19 sites archéologiques répertoriés,
générant des recettes dépassant les
110 millions de dirhams, selon le mi-
nistère de la Culture.
Outre ce chiffre, des études acadé-
miques estiment que les visites de
monuments et de musées constituent
plus de 40% des activités des touristes
étrangers au Maroc. Une autre preuve
de l’importance majeure de ce volet
dans l’activité touristique, alors que le
Royaume tente de consolider la reprise
post-covid, et espère réaliser les objec-
tifs de la Vision 2030 dont notamment
atteindre les 26 millions de touristes
par an.
Toutefois, les chiffres doivent être in-
terprétés avec précaution. Selon Faysal
Lemjidi, professeur d’Histoire à l’Uni-
versité Cadi Ayyad de Marrakech, la
question du tourisme archéologique,
ou “archéo-tourisme” pose encore un
problème de définition. “Beaucoup
de touristes passent par des sites ar-
chéologiques parce que ces derniers
font partie de tout un circuit, mais ces
sites ne sont pas un objectif pour eux
en soi”, nous explique notre interlo-
cuteur. De quoi poser la question sur
l’existence d’un vrai archéo-tourisme
dans le Royaume.
Immense richesse
Pourtant, le Maroc est l’un des très
rares pays au monde où l’on peut re-
trouver toute la séquence d’évolution
de l’humanité. Une richesse qui s’est
consolidée davantage avec les nom-
breuses découvertes de ces dernières
années, notamment celle du crâne de
Jbel Irhoud dans la région de Safi, et
dont la datation à 315.000 ans a permis
de repousser de plus de 100 000 ans
l’âge de notre espèce, l’Homo Sapiens.
Par ailleurs, plus de 500 sites archéolo-
giques ont été recensés à travers tout
le pays, avec une répartition géogra-
phique très variée qu’on retrouve très
peu ailleurs.
“Je pense qu’il fallait mettre en place
un musée au niveau de Jbel Irhoud,
pour servir à la fois d’espace de re-
cherche scientifique sur le sujet, mais
aussi pour attirer des visiteurs”, dé-
plore Faysal Lemjidi.
C’est en effet la question de la valori-
sation des richesses archéologiques du
Maroc qui se pose encore avec acuité.
Si les sites romains restent relative-
ment protégés et bien exploités, les
sites d’art rupestre souffrent toujours
d’un bon nombre de problèmes. Un
potentiel gâché d’autant plus que ces
sites d’art rupestre se trouvent sou-
vent dans des circuits très prisés par
les touristes.
“Il y plusieurs exemples que le Maroc
peut suivre. Le Portugal a mis en place
ce qu’on appelle des géoparcs, c’est-
à-dire des espaces ayant un potentiel
naturel remarquable, avec une popu-
lation locale consciente de ce poten-
tiel pour le protéger, avant même de
parler des touristes, et le tout dans
le cadre d’un statut juridique défini”,
nous explique Fayssal Lemjidi. Plu-
sieurs chercheurs appellent d’ailleurs
depuis plusieurs années à revoir l’arse-
nal juridique national en matière de
protection du patrimoine culturel et
notamment archéologique.
Notre interlocuteur insiste également
sur un autre point, à savoir le rôle des
communes locales qui serait encore
plus important que celui de l’État. “Ces
communes ont les moyens et les res-
sources pour valoriser ces richesses, en
organisant des festivals dédiés au pa-
trimoine local dans le cadre de circuits
touristiques un peu comme ce qui se
fait dans le sud de la France”, souligne
notre interlocuteur. Mais qui dit at-
tractivité touristique, dit également
risques liés notamment à la dégrada-

38

LES POUVOIRS PUBLICS DOIVENT METTRE
L’ACCENT SUR LA QUESTION DE LA MÉDIATION
CULTURELLE AUPRÈS DES CITOYENS.
tion et au pillage. Encore une fois, un
effort reste à fournir au niveau de la
législation et surtout son application.
Mais pas que. D’après Faysal Lemjidi,
les pouvoirs publics doivent mettre
l’accent sur la question de la média-
tion culturelle auprès des citoyens,
où le Maroc accuse un “retard” indé-
niable.
Sites menacés
“On a tendance à croire que l’archéo-
logie et les défis qui y sont liés ne
concernent que le touriste aux yeux
bleus, mais cela est faux. La plus
grosse part de destruction de site
archéologique n’est pas causée par
les étrangers, mais par les locaux”,
insiste Faysal Lemjidi. Le spécialiste
fait allusion surtout aux chantiers de
construction ou de travaux publics,
ainsi que d’autres activités humaines
qui peuvent mettre en péril des sites
archéologiques de très haute valeur.
En octobre 2022, la presse nationale
avait rapporté la destruction par un
agriculteur d’un site rupestre situé
près de la ville de Zagora, pour y éta-
blir une ferme de pastèque. D’autres
événements similaires ont eu lieu les
années précédentes, notamment à
Es-smara dans le sud, où les sites ar-
chéologiques sont les plus nombreux.
C’était le cas par exemple en 2019,
lorsque les autorités sont intervenues
pour mettre fin aux activités d’une car-
rière d’extraction de pierre qui avait
sévèrement endommagé des gravures
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
et des peintures rupestres datées de
plusieurs milliers d’années.
“Il faut imposer dans la loi la néces-
sité qu’un représentant du départe-
ment de la Culture soit présent dans
tout chantier ou projet susceptible de
changer un paysage, comme c’est le
cas déjà dans d’autres pays”, rétorque
Faysal Lemjidi.
En attendant, le tissu associatif joue
un rôle très important dans la sensibi-
lisation à l’importance du patrimoine
archéologique du pays, plus particu-
lièrement dans le sud. C’est le cas par
exemple de l’association Mirane à
Es-smara qui milite depuis des années
pour la protection des sites rupestres.
Cette entité effectue même un travail
remarquable sur le plan académique,
avec plusieurs projets de recherche de
qualité, nous affirme notre interllocu-
teur, qui ont permis d’attirer de plus
en plus de visiteurs aux sites de la ré-
gion l
Louay KERDOUSS
39
SOCIÉTÉ & Santé
L’ASPARTAME EST-IL DANGEREUX ?
L’OMS tire la sonnette
d’alarme
La consommation de l’aspartame, ce substitut au sucre connu et utilisé
dans plusieurs produits « Light » peut être dangereux pour notre santé .
Longtemps controversé, l’aspartame est aujourd’hui considéré par l’OMS
comme «cancérogène possible».
C
e nouvel éclairage sur cet édulco-
rant synthétique, retrouvé dans de
nombreux produits «light» ou «sans
sucre», relance le débat sur sa sûre-
té pour la santé. En effet, en 2013 déja, l’OMS
avait évalué l’aspartame sans y voir de risque
majeur. Mais, dix ans plus tard, une nouvelle
étude publiée le 14 juillet 2023 par le Centre in-
ternational de recherche sur le cancer (CIRC),
une branche de l’OMS, classe désormais cet
additif comme «cancérogène possible». La
prise de position de l’OMS a donc de quoi faire
réagir les producteurs et les consommateurs.
Cependant, la même institution précise que rien
ne justifie pour l’instant une modification de la
40
AU MAROC, LA LOI IMPOSE L’INSCRIPTION
DE MENTIONS SPÉCIFIQUES POUR LES PRODUITS
ALIMENTAIRES CONTENANT DE L’ASPARTAME.
dose journalière admissible d’aspartame, fixée
à 40 mg par kilogramme de poids corporel. Ain-
si, un adulte de 70 kg devrait consommer plus
de 9 à 14 canettes de boisson gazeuse light
par jour, en supposant aucune autre source
d’aspartame, pour dépasser cette limite.
Ainsi, l’OMS appelle à une vigilance accrue et à
des études plus nombreuses et approfondies.
Face à cette nouvelle donne, l’Office National
de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires
(ONSSA) du Maroc maintient une veille at-
tentive, nous confirme Abdellah Janati, Direc-
teur Général de l’ONSSA. Ainsi, en tant que
membre du Codex Alimentarius, le Maroc as-
sure le respect des normes internationales, et
révisera sa réglementation en matière d’additifs
alimentaires si nécessaire. D’ailleurs, M.Janati
nous souligne également « qu’au Maroc, les
additifs alimentaires, y compris l’aspartame,
sont réglementés par l’Arrêté Conjoint du Mi-
nistre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et
du Ministre de la Santé n°1795-14 du 14 Rejeb
1435 (14 Mai 2014). Cet arrêté est en parfaite
harmonie avec les standards internationaux,
dont ceux de l’Union Européenne et du Codex
Alimentarius ». Ainsi, les services de l’ONSSA
procèdent à un contrôle régulier des produits
alimentaires contenant de l’aspartame, aussi
bien au niveau du marché local qu’à l’importa-
tion. Les produits non conformes ne sont pas
admis sur le marché national, assurant ainsi
une veille proactive pour garantir la sécurité
alimentaire des consommateurs.
Exigences légales
Par ailleurs, l’étiquetage des produits alimen-
taires se présente comme un bouclier indispen-
sable pour les consommateurs. En effet, c’est
grâce à cette pratique que chacun peut être
pleinement informé des ingrédients présents
dans les aliments qu’il consomme. Au Maroc,
la loi impose l’inscription de mentions spéci-
fiques pour les produits alimentaires contenant
de l’aspartame. Ainsi, il est crucial de prendre
le temps de lire attentivement les étiquettes
lors des courses. Il faut vérifier et repérer des
inscriptions telles que «Avec édulcorant(s)» ou
«Contient de l’aspartame (source de phénylala-
nine)». Ces mentions sont des signaux d’alerte
indiquant la présence de l’aspartame
La vigilance et l’information sont nos meilleurs
alliés pour maintenir un mode de vie sain et
sécurisél
Hiba CHAKER

ADIDAS CÉLÈBRE LES ICONES DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION DU FOOTBALL
FÉMININ MAROCAIN, ELODIE NAKKACH ET IMANE SAOUD
La nouvelle génération du football féminin à l’honneur
La campagne, dédiée aux icônes de la nouvelle génération du football féminin
marocain, Imane Saoud et Élodie Nakkach, vise à inspirer les jeunes femmes et filles
à suivre les traces de ces joueuses.
A didas vient de dévoiler sa nouvelle
campagne pour célébrer la Coupe
du Monde Féminine de la FIFA,
Australie & Nouvelle-Zélande 2023.
Aussi la campagne dédiée aux icônes de la nou-
velle génération du football féminin marocain,
Imane Saoud et Élodie Nakkach, vise à inspirer
les jeunes femmes et filles à suivre les traces de
ces joueuses.
A travers cette campagne de Coupe du monde
féminine la plus influente jusqu’à ce jour, la so-
ciété rassemble sa famille mondiale de légendes
du football et de supporters du football féminin.
À travers une série de films rythmés, la cam-
pagne accueille une élite de superstars telles
que David Beckham, Leon Goretzka, Ian Wright,
l’actrice et fan de football Jenna Ortega, ainsi
que le champion du monde argentin Lionel Mes-
si, indique un communiqué d’Adidas.
Les films font partie d’un nouveau concept créa-
tif d’Adidas pour la compétition à venir. Le film
«Play Until They Can’t Look Away» vise à mettre
en lumière les meilleures footballeuses du
monde qui méritent l’attention et le soutien du
monde entier grâce à leur incroyable talent et à
leur passion pour le jeu, précise le communiqué.
« Dans les rues du Maroc, Imane Saoud et Élodie
Imane Saoud
et Élodie Nakkach.
Nakkach captivent leurs fans avec un match pas-
sionnant, en passant le ballon fluidement entre
elles. Leurs palettes techniques exceptionnelles
passent facilement de la rue au stade grâce
aux nouvelles chaussures X CRAZYFAST BOOTS.
Les mouvements fluides de Saoud et Nakkach
reflètent leur performance sur le terrain, met-
tant en valeur le talent incomparable qui a évo-
lué dans leur ville natale », souligne la même
source.
« Participer à la vidéo de la campagne Adidas
est une opportunité incroyable dont je suis très
fière. Avec son soutien indéfectible, Adidas re-
présente les femmes dans le football et ouvre la
porte à une nouvelle ère d’autonomisation. En
tant qu’athlète Adidas, je suis reconnaissante
de faire partie d’une marque qui reconnaît et cé-
lèbre la compétence, le talent et la passion des
joueuses. Nous brisons les barrières et inspirons
les générations futures à jouer avec une finesse
à couper le souffle, laissant une marque indé-
lébile sur le jeu. Je suis tellement excitée pour
la prochaine Coupe du monde féminine, où des
« BIEN QUE CHAQUE COUPE DU MONDE
SOIT SPÉCIALE, LE TOURNOI DE CET ÉTÉ REPRÉSENTE
UN TOURNANT POUR LE FOOTBALL FÉMININ ».
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
joueuses du monde entier se réuniront, venant
des quatre coins du globe pour montrer leurs ta-
lents, promouvoir l’unité et l’amour pour ce jeu.
C’est un événement énorme qui va sans aucun
doute susciter l’intérêt des fans et améliorer la
place du football féminin au niveau mondial »,
a expliqué, Élodie Nakkach.
« Bien que chaque Coupe du monde soit spé-
ciale, le tournoi de cet été représente un tour-
nant pour le football féminin », a souligné Sina
Neubrandt, directrice de la communication
mondiale chez Adidas, au sujet de cette nou-
velle campagne.
Sans aucun doute, le tournoi laissera derrière
lui des moments inoubliables dans les mois à
venir, et Adidas continuera à célébrer sa famille
mondiale du football tout au long du tournoi
avec des initiatives et des activités sur place en
Australie et en Nouvelle-Zélande.
Dans le cadre de son partenariat continu avec
«Common Goal», Adidas s’engage à verser 1%
des ventes de tous les ballons de la Coupe du
monde depuis 2022 - y compris le ballon officiel
de la Coupe du monde féminine «Oceaunz» -
pour soutenir la croissance et le développement
du sport féminin, y compris le ‘Global Goal 5
Accelerator’ du Common Goal, permettant à ce
projet d’atteindre davantage de personnes dans
le monde et de changer leur vie, conclut le com-
muniqué.
Adidas est un leader mondial de l’industrie des
articles de sport. Basée à Herzogenurach, en
Allemagne, la société emploie plus de 59 000
personnes dans le monde et a réalisé un chiffre
d’affaires de 22,5 milliards d’euros en 2022 l
Seddik MOUAFFAK
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DISPARITION
DÉCÈS DE OMAR SALIM, JOURNALISTE, 69 ANS
Une grande figure du champs médiatique
national tire sa révérence
Son décès a provoqué un choc dans le milieu médiatique national.
Homme de grande culture, journaliste au talent remarquable et aux
qualités humaines immenses, ce natif de Casablanca en 1954
a marqué le champs médiatique marocain.
C’
est dans la douleur et la
tristesse que la famille,
les proches et les amis
de Feu Omar Salim, ont
enterré, mardi 18 juillet 2023, sa dé-
pouille au cimetière Chouhada à Casa-
blanca. Plusieurs noms dans le monde
des médias et de la culture ont tenu
à lui rendre un dernier hommage. Dé-
cédé la veille des suites d’une longue
maladie, Omar Salim, 69 ans, était
hospitalisé dans une clinique privée à
Casablanca pour une crise cardiaque
brutale. Selon sa famille, il souffrait
également depuis 2021, d’une infec-
tion des intestins qui l’a affaibli et
affecté son système immunitaire et
neurologique. Dans un message royal
adressé à la famille, SM le Roi Moham-
med VI affirme avoir appris avec «une
vive émotion la nouvelle du décès de
l’éminent journaliste, Omar Salim, que
Dieu l’accueille dans Son vaste para-
dis».
Le Souverain exprime ses sentiments
sincères de compassion suite à la
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perte de « cet éminent journaliste,
connu durant tout son parcours distin-
gué pour ses qualités morales et pro-
fessionnelles, son patriotisme sincère
et son attachement indéfectible aux
constantes et aux valeurs sacrées de la
nation ».
Grosse perte
Son décès a provoqué un choc dans le
milieu médiatique national. Homme
de grande culture, journaliste au talent
remarquable et aux qualités humaines
immenses, ce natif de Casablanca en
1954 a marqué le champs audiovisuel
marocain. Après un baccalauréat au Ly-
cée Lyautey, des études de littérature à
la Sorbonne et un diplôme à l’institut
OMAR SALIM SE FAIT RAPIDEMENT UN NOM MAIS
SURTOUT UNE VOIX QUI EST DEVENUE LA MARQUE
DE FABRIQUE DE LA RADIO TANGÉROISE.
des études politiques de Paris, il in-
tègre la radio Médi 1 qui venait d’être
créée en 1981 par son fondateur, Pierre
Casalta. Un grand journaliste et un pa-
tron de presse corse qui a participé à
la création de nombreuses radios en
France et au Portugal. Pierre Casalta
découvre chez Omar Salim, Salim Be-
namar de son vrai nom, une voix radio-
phonique inimitable et une maitrise
parfaite de la langue française. Après
l’avoir initié aux rouages de la radio,
il le propulse rapidement à l’antenne
pour présenter les informations. Omar
Salim se fait rapidement un nom mais
surtout une voix qui est devenue la
marque de fabrique de la radio tan-
géroise. Puis, trois ans après son lan-
cement le 4 mars 1989, il intègre la
deuxième chaine de télévision, 2M, où
il officie en tant que présentateur-ve-
dette du journal télévisé.
Il devient ensuite directeur de l’infor-
mation puis directeur des programmes
de la deuxième chaine. Amoureux de
la culture et des arts, il a animé plu-
sieurs émissions à succès dont la plus
marquante a été, sans aucun doute,
son émission, Arts et Lettres, à travers
laquelle il rendait hommage aux ar-
tistes, aux écrivains et aux hommes de
la culture. Amateur de l’écriture, il te-
nait, parallèlement à sa carrière dans
la télévision et la radio, des chroniques
dans plusieurs journaux et publica-
tions nationales dont notre magazine,
Maroc Hebdo. Sa disparition est une
grosse perte pour la presse et le jour-
nalisme national. A ses trois enfants,
Karim, Adil et Hicham, à sa petite sa
famille, à ses proches et à ses amis,
nous présentons nos sincères condo-
léances l
A. AMOURAG

DÉCÈS DE MOHAMED CHRAIBI, JOURNALISTE, 75 ANS
Un vétéran du journalisme sportif
M
ohamed Chraibi, jour-
naliste de la première
heure, présentateur de
téléjournal et commen-
tateur sportif, est mort, vendredi 14
juillet 2023 à Casablanca. Il avait 75
ans. Ses funérailles ont eu lieu dans
la même ville, après la prière d’Al
Jomouaâ. Son décès est celui d’un
homme de relations publiques. Un
communicant né. C’est que ce natif de
Méknès, en 1948, a rejoint la RTM, en
1966, quelques années
à peine après le lance-
ment de la télévision
marocaine. Il y est resté
jusqu’en 1978 en tant
que chef de service sport.
Parallèlement à son tra-
vail à la RTM, il était éga-
lement chargé des rela-
tions publiques de l’OCP
de 1967 à 1989. Ayant le
sens des affaires, il s’est
installé en 1989 comme
consultant indépendant
et directeur développe-
ment commercial d’une
entreprise privée. Af-
fable, il s’est fait une place dans le
monde de l’industrie.
Prestigieuse distinction
Il est devenu délégué général pour le
compte de l’industrie étatique espa-
gnole au Maroc et dans certains pays
africains et arabes. Un travail de lob-
bying.
A partir de 1997, le défunt s’est installé
au Canada, avec pour objectif, comme
1496 - Du 21 au 27 juillet 2023
il nous l’avait expliqué il y a quelques
années : « tout faire pour que les in-
dustriels nord américains viennent
investir au Maroc ». Mohamed Chrai-
bi a mis son savoir-faire et son carnet
d’adresses au service de la promotion
des investissements canadiens et eu-
ropéens aussi bien au Maroc qu’en
Afrique et plus particulièrement le
Sénégal. Ce n’est pas pour rien que ce
dernier pays l’avait nommé, en avril
2012, consul honoraire. Auparavant,
Abdoulay Wade, alors président du
Sénégal, avait décerné à M. Chrai-
bi la médaille d’officier dans l’ordre
national du lion. Une prestigieuse
distinction que lui avait remise, le 10
septembre 2004, l’actuel président
sénégalais Macky Sall, alors premier
ministre.
Homme au grand cœur, respecté par
tous ceux qui l’ont connu, toujours
élégant, son départ laisse un grand
vide dans le monde du journalisme
sportif. Lui qui, avec Abdellatif El Ghar-
bi et Mohamed Selhami, est l’un des
fondateurs de l’association marocaine
de la presse sportive (AMPS) en 1971l
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CHRONIQUE

31 ANS
ENSEMBLE

UN CHOIX CORNÉLIEN
Le seul équilibre qui s’impose
est la conciliation des intérêts bilatéraux
avec le néo-multilatéralisme de demain.

Par Driss EL FAHLI

L es idéologies naissent, se développent et meurent en emportant dans leur sillage les

personnes qui y ont cru. Le communisme par exemple était sensé établir une société
sans classes avec des moyens de production collectives et ou la propriété privée
est abolie. Les expériences menées par l’Union Soviétique et la Chine au siècle der-
nier avaient débouché sur des monstres de régimes autoritaires ou les violations des droits de
l’homme, devenues monnaies courantes, ont remis en question la vision idéologique. Au Maroc,
le PLS qui fricotait avec le communisme, est devenu Parti PPS pour la teinte socialiste et a
terminé en Haj PPS en faisant allégeance à la barbe islamique. Karl Marx et Ali Yata ont du se
retourner dans leur tombe, mais par les temps qui courent, le monde n’a rien à faire des théories
qui ne tiennent pas leurs promesses.
Le socialisme est venu ensuite pour proposer une économie et une société plus égalitaires avec
l’intervention de l’État dans les affaires économiques. Il promettait une justice sociale qu’aucune
espèce, à part les aliens des pays scandinaves avec leur modèle de bien-être social combiné
avec l’économie de marché, n’a vécu.
Le capitalisme-roi a tout accaparé avec expansion. Les inégalités sont montées en flèches et les
impacts environnementaux des moyens de productions ont déréglé l’horloge des cataclysmes
environnementaux. La mondialisation et sa globalisation des processus économique, politique et
culturel a interconnecté les pays sur le plan mondial. Le résultat est une plus grande destruction
de l’environnement et une arnaque : les riches sont devenus plus riches, les classes moyennes
pauvres et les pauvres encore plus pauvres. Du coup, l’anti-mondialisation et la rétraction sur la
souveraineté nationale ont fait surface avec des alternatives pompeuses dites « durables ». Avec
une guerre quasi-mondiale, il est difficile de prévoir ce qui va advenir en terme de théories poli-
tiques. L’avenir ne sera pas neutre. Les pays devront éviter la Russie et choisir entre l’Amérique
ou la Chine. Le Maroc va-t-il être piégé dans un choix binaire impraticable ? John Kirby, porte
parole de la politique étrangère américaine rassure. Les USA ne demanderont pas aux pays
de choisir entre eux et la Chine. Des paroles qui s’évaporent dès qu’il s’agit de choix technolo-
giques, de défense, de diplomatie ou de commerce. Les chinois et les américains obligent de
prendre parti. La rivalité USA-Chine caractérisera l’époque à venir. Nous autres pauvres bipèdes
dépourvus de superpuissance, nous serons amenés, bon gré mal gré, à franchir le Rubicon et
jacter comme César « Alea jacta est » pour nous lier à l’un sans décevoir l’autre. Cela pourra
s’avérer épineux. Du temps de Trump, des pressions énormes ont exclu le chinois Huawei de la
construction des réseaux 5G dans les pays alliés. La Pologne fut même avertie de représailles
si Varsovie travaillait avec Huawei. Cette dynamique de pression a été poursuivie par Joe Biden
en ce qui concerne la fabrication des semi-conducteurs (Loi CHIPS), de l’informatique quantique,
de la biotechnologie et de la bio-fabrication. Abu-Dhabi a interrompu une construction portuaire
aux E.A.U par les chinois après que Biden aurait averti le président Bin Zayed de la nuisance
de ses relations avec les USA si une présence militaire chinoise est consentie aux Émirats.
Sachant que les USA, la Chine ou l’Europe deviennent évasifs ou ne sont plus là quand les
choses s’aggravent le seul équilibre qui s’impose est la conciliation des intérêts bilatéraux avec
le néo-multilatéralisme de demain l 18 juillet 2023

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