Vous êtes sur la page 1sur 16

XVI e SIÈCLE

Moines franciscains
et sculpteurs indiens :
à propos de quatre
pendentifs mexicains
conservés au musée
du Louvre
par Philippe Malgouyres

Peu étudiés jusqu’ici, légués au Louvre


par de grands collectionneurs du L es débats actuels autour de l’identité, et ses composantes culturelles
et religieuses, ont attiré l’attention sur l’art de l’Amérique latine à
l’époque moderne. Autrefois qualifié d’art « hispano-colonial », y compris
xixe siècle, quatre pendentifs en micro- par les Mexicains qui ne se reconnaissaient pas dans ces expressions
artistiques, il est désormais intégré à la réflexion sur le métissage culturel1.
sculpture composent les éléments Dans ce vaste domaine, qui va de l’architecture au costume, certaines
déterminants d’un corpus très restreint productions ont focalisé les travaux de recherches, comme la mosaïque de
plumes ou plumaria 2, tandis que d’autres restent encore à étudier : c’est
attribué tantôt au monde flamand le cas des pendentifs en microsculpture, que nous proposons d’examiner
ou germanique, tantôt à la péninsule ici à travers quatre exemplaires conservés au Louvre. Notre point de
vue ne sera pas celui du colonialisme ou du métissage : nous tenterons
ibérique et aux colonies américaines. ici de comprendre dans quel contexte historique et géographique ces
Leurs sculptures très particulières et objets furent produits.

leurs sujets de dévotion les rattachent


en fait à l’art du Mexique et plus Quatre pendentifs au Louvre

précisément à deux centres, la ville Parmi sa riche collection de bijoux espagnols, dont l’importance est
de Mexico et la région du Michoacán. probablement sous-estimée, le département des Objets d’art du musée du
Louvre conserve quatre pendentifs en microsculpture. Ils sont entrés dans
Résumés en anglais p. 107 et en allemand p. 109
les collections indépendamment les uns des autres, entre 1856 et 1908,

Ci-contre :
1. Pendentif no 1 : La Crucifixion. Bois, cristal de roche,
argent doré, perle. H. 0,039 ; L. 0,0125 ; P. 0,015.
Musée du Louvre. Département des Objets d’art. Inv. OA 598.

34 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 34 30/09/15 12:03


1

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 35

001_112_RMF4.indd 35 30/09/15 12:03


grâce à des donations, et furent catalogués ensemble en 1914 comme
appartenant à l’« Art flamand ou allemand (?) du xvie siècle »3. Ce qui
n’était pas si faux.
Le premier pendentif (fig. 1 à 3), arrivé en 1857 avec la donation faite
par Charles Sauvageot4, avait été acquis en 1848, une période (1847-
1850) où les achats du collectionneur se réduisent beaucoup si l’on
en croit son journal d’entrée5. Le deuxième (fig. 4 à 6) appartenait à
la collection de Marie-Aspasie et Philippe Lenoir, qui fut léguée au
musée en 1874. À la différence de l’éclectique Sauvageot, les Lenoir
s’étaient spécialisés dans les bijoux et objets en métal précieux.
Le troisième (fig. 7 à 10) faisait partie de la donation d’Adolphe de
Rothschild6, qui concernait uniquement des « objets du culte chrétien »,
2. Pendentif no 1 :
La Descente de croix. pour reprendre les mots du donateur. Cette donation assez composite
3. Pendentif no 1 :
comprend d’autres ouvrages en microsculpture de buis, typiques des
Le Christ à la colonne. Flandres du début du xvie siècle : chapelet, grains de rosaire, retable
2 miniature, etc. Le dernier bijou (fig. 11 à 14) nous parvint en 1908 grâce à
la générosité de Jean-Charles Seguin. Curieusement, aucun objet de ce
type ne se trouvait dans la riche collection léguée par le baron Charles
Davillier, amateur de bijoux de la Renaissance et grand connaisseur de
l’orfèvrerie hispanique.

Formes et sujets

Les hasards de l’histoire ont donc réuni ces quatre bijoux, qui sont
parfaitement représentatifs à la fois de la variété et de la cohérence
de cette production. Elle n’est guère abondante : nous avons recensé
une vingtaine de ces pièces, et même s’il est certain qu’il en existe
davantage, il est vraisemblable que cette production ait été limitée.
Le principe de fabrication est toujours le même : un relief ajouré en bois,
qui se détache éventuellement sur un fond de plumes, est placé dans
une sorte de lanterne en cristal de roche. Pour certains exemplaires
que nous connaissons par la photographie, on peut se demander s’il
s’agit bien toujours de cristal de roche, ou simplement de verre blanc7.
Ces pendentifs ne contiennent parfois qu’un seul relief sur la face,
mais peuvent en avoir sur deux ou quatre faces, voire six pour les
« lanternes » hexagonales. Les reliefs sont parfois déployés sur un
double registre, ce qui permet, dans l’espace très exigu de ces bijoux,
de développer de véritables cycles autour de la Passion du Christ. Le
caractère dogmatique et catéchétique du choix des scènes est frappant.
L’emphase est mise sur l’incarnation du Christ, sa mort et sa résurrection,
avec les épisodes relatifs au portement de croix, à la déposition et à
la descente aux Enfers. On y trouve rarement les sujets de dévotion
les plus populaires à cette époque, ou alors seulement en complément
des épisodes principaux (par exemple ici, la Vierge du Rosaire, l’Enfant
en Sauveur (fig. 4).

Ci-contre :
4. Pendentif no 2 : La Crucifixion, Le Christ Enfant en Sauveur.
Bois, cristal de roche, or émaillé, perles. H. 0,054 ; L. 0,0193 ; P. 0,0195.
Musée du Louvre. Département des Objets d’art. Inv. OA 2316.
3

36 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 36 30/09/15 12:03


4

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 37

001_112_RMF4.indd 37 30/09/15 12:03


Ces pendentifs sont aujourd’hui variablement attribués au monde
flamand ou germanique, le plus souvent à la péninsule ibérique et parfois
aux colonies américaines. Nous proposons de rattacher leur sculpture à
l’art du Mexique, et plus précisément à deux centres, la ville de Mexico et
la région du Michoacán. Nous sommes conscients du problème posé par
leurs montures : étaient-elles réalisées en Europe, où l’on aurait expédié
ces reliefs non montés ? Cela paraît peu probable étant donné leur extrême
fragilité. Peut-être voyageaient-ils déjà dans leur cage de cristal, avec
un sertissage très simple, comme ici le premier, et recevaient-ils ensuite
une monture plus élaborée ? Mais il est tout à fait possible qu’ils aient
été montés au Mexique : orfèvres et joaillers y suivirent immédiatement
les conquérants8 et un calice, conservé à Los Angeles, orné de ces
reliefs de bois sous cristal, porte le poinçon de la ville de Mexico9. Il est
certain que les ateliers de Nouvelle Espagne produisirent des joyaux
et possédaient le savoir-faire pour réaliser de tels bijoux. Deux de ces
pendentifs portent des montures très rustiques10, qui semblent revenir
à un atelier provincial, peut-être mexicain (?). Il faut encore ajouter que
d’autres bijoux de la même famille (microsculptures dans une cage de
cristal de roche montée en or) relèvent sans conteste d’une production
« coloniale », mais dans une autre partie du monde : leurs montures
ornées de rubis roses sont typiques de Ceylan et la sculpture à l’intérieur
est en ivoire, une autre spécialité de l’île11. Pour compliquer les choses,
l’une de ces montures avec rubis cinghalais contient un relief de bois
incontestablement mexicain12… Signalons également un passage de
l’Historia de los indios de la Nueva España de Fray Torribio de Benavente,
dit « Motolinia », publiée en 1558 : il mentionne « certains [sculpteurs]
qui travaillent en os des figures si menues et curieuses que l’on les envoie
en Espagne comme des choses remarquables »13.

Mais revenons à la collection du Louvre. Le plus modeste par sa


monture montre quatre scènes de la Passion : le Christ à la colonne (fig. 3),
le Christ présenté au peuple, la Crucifixion (fig. 1) et la Descente de
croix (fig. 2). Les reliefs de bois sont placés dans une sorte de lanterne
constituée de quatre plaquettes de cristal de roche assemblées par
une monture en argent doré, très simple. La monture est enrichie d’une
5

Les montures sont dans la plupart des cas en or émaillé et du type illus-
tré ici par les deuxième (fig. 5 et 6) et quatrième pendentifs (fig. 11 et 14).
Elles ont la forme d’un dais architectural, soutenu par deux ou quatre
colonnes balustres, et sont ornées d’émaux le plus souvent noir et blanc
avec des motifs de moresques. Ces traits caractérisent généralement les
ouvrages d’orfèvrerie et de bijouterie du troisième quart du xvie siècle
dans le monde hispanique. Le peu de variations dans ces montures incite
à penser qu’elles furent produites durant une période restreinte : elles
ne montrent guère les fluctuations de la mode.

5. Pendentif no 2 : La Flagellation, Le Christ présenté au peuple.

6. Pendentif no 2 : détail du sommet.

Ci-contre :
7. Pendentif no 3 : la Visitation, Le Portement de Croix.
Bois, cristal de roche, or émaillé. H. 0,0495 ; D. 0,19.
Musée du Louvre. Département des Objets d’art. Inv. OA 5607.
6

38 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 38 30/09/15 12:03


7

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 39

001_112_RMF4.indd 39 30/09/15 12:03


8. Pendentif no 3 : L’Annonciation, La Résurrection. 9. Pendentif no 3 : La Nativité, La Crucifixion.

petite perle, ce qui est très courant sur ces bijoux. Ce type presque Le pendentif cylindrique (fig. 3) est d’une forme plus rare encore : nous
rudimentaire, sans décor architectural, est rare. Un seul autre pendentif ne connaissons qu’un bijou similaire, qui ne contient pas de sculpture et
lui est strictement comparable : il est conservé au château de Chapultepec dut plutôt servir de reliquaire15. Sa monture est délicatement émaillée
à Mexico14. Sa monture d’argent uni est encore plus sommaire, mais la de motifs inspirés des recueils de moresques mais les émaux sont d’une
sculpture, est, comme ici, d’une grande finesse. L’iconographie en est gamme assez originale, qui n’est pas dominée par les accords habituels
différente : le cycle commence avec la Crucifixion, puis la descente aux de noir/blanc et bleu/vert (fig. 10). Le pendentif est remarquable par la
Enfers, la Résurrection et la Vierge du Rosaire. La grande similitude minutie des scènes sculptées, disposées sur deux registres présentant
entre les deux Crucifixions permet de penser que ces pendentifs sont de minuscules rehauts de polychromie. En bas, trois épisodes de la vie
issus d’un même atelier. de la Vierge, qui comptent parmi les « mystères joyeux » du rosaire :

40 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 40 30/09/15 12:03


Le second (fig. 11) est le plus riche et le plus complexe. La Crucifixion
et la Descente de croix (fig. 12) sont montrées de part et d’autre sur les
grands côtés. Ces deux reliefs se retrouvent, presque identiques, dans
un bijou conservé à Baltimore, dont la monture est similaire24. Sur les
petits côtés, presque dissimulés derrière les colonnettes, se devinent
le Christ au Jardin des oliviers et la Flagellation.
Le raffinement de l’émail sur la monture est exceptionnel (fig. 13),
en particulier les fleurs sous la base (fig. 14). La relative incongruité de
la forme de cette monture, qui dissimule les reliefs latéraux, ainsi que
sa qualité hors du commun sont peut-être des indices de son adjonction
dans un deuxième temps, en Europe par exemple. La sculpture, d’un
pathétisme expressionniste, est assurément l’œuvre d’un maître. Au lieu
du pendant de perle, le bas du pendentif est orné de l’Agneau mystique
qui porte le gonfalon, emblème du Christ vainqueur de la mort. Le fond
des reliefs est tapissé de plumes bleu-vert, probablement des plumes
de cotingas et de quetzals, dont la présence permet d’affirmer que toute
cette production, très cohérente, est issue du Mexique25.

Bois et plume
10. Pendentif no 3 : détail du sommet
La première étude établissant un corpus de ces œuvres fut publiée
en 1972 par Theodor Müller, mais cet article fondamental semble avoir
l’Annonciation, la Visitation et la Nativité. Au-dessus, les scènes de la été généralement ignoré26. Un grand pendentif conservé à Munich, en
Passion, le Portement de Croix, la Crucifixion et la Résurrection (fig. 4 et 5), triptyque et contenant des reliefs sur fond de plume, est à l’origine de
qui sont les sujets omniprésents sur ces pendentifs. Il existe au Bayerisches cette étude. Nous connaissons une demi-douzaine de ces bijoux que nous
Nationalmuseum de Munich un pendentif hexagonal qui contient un relief n’étudierons pas ici. Ce triptyque munichois possède la particularité unique
ajouré sur deux registres, mais dans une monture très différente16. Un de porter les armoiries de sa propriétaire, Christine de Danemark, une
autre, qui se trouvait dans la collection de Joseph Brummer, montre la nièce de Charles Quint qui avait épousé François de Lorraine en 1541.
Crucifixion et la Déposition ; il est monté dans un cristal tronconique17. Sa monture au riche décor émaillé, qui représente sainte Christine
D’autres exemples de ces lanternes cylindriques sont connus : l’un avec et l’Annonciation, fut sûrement réalisée en Europe. Elle porte la date
l’émail noir et blanc habituel18, l’autre avec balustres et consoles19. de 1572, un précieux indice pour la datation de nos pendentifs. Theodor
Müller attribuait au Mexique cette sculpture à fond de plumes et avait
Les deux derniers pendentifs sont en forme d’édicule à colonnes- supposé que les pendentifs « flamands » apparentés devaient revenir
balustres et appartiennent au type le plus répandu (une dizaine aux mêmes ateliers.
d’exemplaires). Le premier (fig. 4), de section carrée, porte le décor Les plumes sont le premier élément les rattachant immédiatement à
attendu d’entrelacs et de moresques émaillés en noir et blanc20 (fig. 6) l’Amérique, et plus spécifiquement aux cultures préhispaniques. Dans le
Un pendentif conservé à Chicago21 pourrait être sorti du même atelier : monde mésoaméricain, le jade, la turquoise et les plumes sont utilisés
les deux colonnes de sa monture sont identiques, comme l’émaillage noir dans la fabrication des images des dieux pour exprimer leur nature
et blanc. Aux scènes de la Passion sur deux registres – la Flagellation, le transcendante. Ces matériaux sont « l’ombre des dieux »27. Le travail
Christ présenté au peuple (fig. 5), la Crucifixion –, s’ajoute l’image moins des plumes est décrit par de nombreux auteurs28, dont Bernardino de
attendue du Christ Enfant sauveur du monde, nu et tenant l’orbe. Cette Sahagún qui consacre quatre chapitres du livre ix de son Historia de la
iconographie fut diffusée d’abord par les statuettes de Malines, qui furent Indias à cette activité29. Les Européens s’émerveillèrent de ces créations
massivement importées au Mexique, puis par les créations des sculpteurs et Hernan Cortés, divisant le butin, réserva pour l’empereur un très grand
andalous à partir de la fin du XVIe siècle. Elle fut traitée avec prédilection nombre de vêtements de plumes, de boucliers et de panaches30.
dans les nouveaux ateliers issus de l’expansion coloniale, en Chine du Sud En revanche, nous ne savons rien d’une possible pratique ancienne de
via les Philippines, à Ceylan et à Goa. Ces Christ enfant y furent produits la micro-sculpture sur bois dans ces territoires. Le développement de cette
en divers matériaux. L’un de ces Enfant en Salvator Mundi, en cristal technique est peut-être à mettre au compte des conquérants. Vers 1500,
de roche, figurait dans la collection du cardinal Carpegna (1625-1714) : dans le monde flamand, on sculpta dans le buis des grains de chapelets
il est exposé, comme antique, au Museo Profano du Vatican22. Nous ou des manches de couteaux fourmillant de petites scènes figurées, qui
conservons également, au musée du Louvre, l’un de ces Christ enfant, constituent un précédent immédiat à cette production mexicaine. Il faut
en ivoire, dans sa cage de filigrane d’argent, qui appartient aussi à ces rappeler que les premiers missionnaires furent des Flamands, sujets de la
productions dites « coloniales »23. Couronne d’Espagne. Cette parenté explique l’ancienne attribution de ces

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 41

001_112_RMF4.indd 41 30/09/15 12:03


11

42 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 42 30/09/15 12:03


Ci-contre :
11. Pendentif no 4 : La Crucifixion.
Bois, plumes, cristal de roche,
or émaillé, perle.
H. 0,0764 ; L. 0,0326 ; P. 0,017.
Musée du Louvre. Département
des Objets d’art. Inv. OA 6180.

12. Pendentif no 4 : La Descente de croix.


12

pendentifs à l’Europe du Nord, et peut laisser penser encore aujourd’hui par Peter van der Moer, dit Pierre de Gand (Pedro de Gante), l’un des trois
qu’ils étaient réalisés en buis. La couleur orangée du bois semble démentir Franciscains de la première mission envoyée au Mexique et le seul à avoir
cette supposition. Il est bien plus probable qu’il s’agisse d’un bois local, survécu. San José de los Naturales, qui fut la première chapelle destinée
tel le zompantle ou colorín31 (Erythrina americana Miller) ou le pochote aux Indiens sur le continent américain, fut détruit en 1791 pour faire place
(Pachira quinata), s’il ne s’agit pas d’un autre bois fruitier. Eugenio del à une chapelle des Servites, elle-même rasée en 1862 après la fermeture
Hoyo décrit en 1690 un objet similaire comme étant en bois d’oranger32. du couvent et la suppression de l’ordre franciscain au Mexique. De ce
Le savoir-faire aztèque a été mis au service de l’art chrétien au sein riche et vaste couvent ne subsiste aujourd’hui que l’église San Francisco el
d’une école-atelier, San José de los Naturales, située à côté du grand Grande, devenue une paroisse. Les indigènes (los naturales) y apprenaient
couvent des Franciscains de la ville de Mexico ; destinée aux Indiens, l’espagnol et le latin, le plain-chant, la musique instrumentale, le dessin,
cette institution était placée sous la protection de saint Joseph : une etc. La caractéristique de cette école a été l’intégration des techniques
figure doublement symbolique d’artisan et de père adoptif. Elle fut fondée préhispaniques au sein du programme d’enseignement, et notamment le

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 43

001_112_RMF4.indd 43 30/09/15 12:03


plumes étaient très recherchés au milieu du siècle : le cardinal Ferdinand
de Médicis demandait en 1567 à Giovanni Uguccioni d’en acquérir pour
lui en Espagne35.
Ce n’est peut-être pas de l’atelier de Mexico que sont issus tous ces
pendentifs, mais de l’une de ses « filiales », dans une autre région. Nous
en avons un premier indice par la signature portée par deux autres tableaux
de plume d’une extrême délicatesse, conservés à Vienne : La Vierge en
pleurs et Le Christ enfant36. Ces deux tableaux sont signés Juan Cuiris et
Juan Bautista, avec l’indication du lieu de leur création, Michoacán. Ceci
nous renvoie à une autre zone géographique et à d’autres personnages.

Le lieu des colibris

La région du Michoacán, à l’ouest de Mexico, était le centre de la culture


purépecha et, entre autres, de la fabrication de costumes cérémoniels en
plumes37, comme l’indique le nom de sa capitale, Tzintzuntzan, « le lieu
des colibris ». Cette ville fut le premier siège de l’évêché, qui fut transféré
peu après, en 1540, à Patzcuaro. Le premier évêque en fut don Vasco
de Quiroga (vers 1477-1565), dont l’image bienveillante est toujours
présente dans la mémoire nationale sous le nom de « Tata Vasco » que
lui donnèrent les Indiens, c’est-à-dire « papa Vasco ». Ce juriste, d’abord
13. Pendentif no 4 : détail du sommet. oídor de la Segunda Audiencia qui gouvernait alors la Nouvelle Espagne,
fut nommé évêque de Michoacán en 1536 et y fut installé en 1538.
Vasco de Quiroga prit son rôle spirituel et temporel très au sérieux. Les
missionnaires imaginaient que dans ce monde nouveau, qui, par bien des
traits, semblait avoir conservé quelque chose de l’innocence du Paradis
d’avant la chute, on pouvait construire une société plus juste et plus
harmonieuse fondée sur les valeurs du christianisme. On ne sera donc pas
surpris de voir notre évêque lire l’Utopia de Thomas More (1478-1635),
publiée en 1516. C’est sur la base de ce que décrit l’humaniste anglais qu’il
organisa et regroupa les Indiens en Republicas de Indios. Le livre de More
reflète la connaissance du Nouveau Monde et se montre curieusement
prophétique. Il y montre la piété multiforme des Utopiens, leur tolérance
et leur enthousiasme à l’annonce du christianisme, ce qui préfigure les
descriptions des premiers missionnaires au Mexique. Plus loin, More
décrit les ornements des prêtres d’Utopia : « Le prêtre est vêtu de couleurs
changeantes, d’un travail excellent mais d’une matière peu précieuse :
car leurs ornements ne sont pas brodés d’or ni incrustés de pierreries.
Mais ils sont travaillés si finement et si habilement avec diverses plumes
d’oiseaux, qu’aucun bien terrestre ne peut équivaloir au prix de cet
ouvrage. De plus, dans ces plumes d’oiseaux, dans leur ordonnance,
qui est observée lors de leur assemblage, il y a, disent-ils, certains
mystères divins »38. Vasco de Quiroga dut y reconnaître immédiatement
14. Pendentif no 4 : détail du fond.
les divers ornements de plumes des Indiens. Apparemment fasciné
par les savoir-faire préhispaniques, il les encouragea et leur donna de
travail de la mosaïque des plumes de couleur. Le chef-d’œuvre sorti de nouvelles applications. C’est le cas fascinant de la sculpture en pâte de
cet atelier est conservé au musée des Jacobins à Auch33 : il s’agit d’une maïs : la première grande statue réalisée dans cette technique fut la
Messe de saint Grégoire (fig. 15), offerte par Pierre de Gand à Paul III Vierge de la Santé, modelée à sa demande en 1538, qui se trouve encore
Farnèse en 1539, probablement en remerciement de la bulle Sublimis Deus dans l’ancienne cathédrale de Patzcuaro. Il encouragea les ateliers de
qui enjoignait au conquérant de respecter les Indiens et interdisait leur plumasserie, qui produisirent des ornements liturgiques et surtout des
asservissement. Cette mosaïque a été récemment remise à l’honneur images de piété. Cette production de nouvelles images devait aller de
par une exposition à Auch et une publication à Paris34. Ces tableaux de pair avec les immenses destructions d’idoles et de temples qui occupaient

44 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 44 30/09/15 12:03


images qu’il veut opérer à travers elles les plus grandes merveilles pour
montrer combien lui plaisent ces magnifiques statues de maïs »46. Il en
va de même des plumes, qui ornent désormais les églises47. Toutes ces
œuvres, qualifiées de « coloniales » par les Mexicains eux-mêmes, sont
fondamentalement porteuses d’un témoignage spirituel, que leur confère
leur mixité ou leur métissage.

La ville de Mexico avait probablement aussi ses ateliers. En tout cas,


certaines de ces sculptures y reçurent leur monture d’orfèvrerie. En témoigne
l’extraordinaire calice de Los Angeles mentionné plus haut, qui provient de
la collection de William Randolph Hearst, et qui porte le poinçon de la ville
de Mexico (1575-1578). Sur le nœud figurent les douze apôtres, deux par
deux, et sur le pied quatre scènes de la Passion, dont l’une conserve son
fond de plumes. Ce poinçon, que l’on peut rapprocher de la date de 1572
portée par le triptyque de Munich, nous fournit un élément de datation, qui
s’accorde bien avec certains sujets qui figurent sur ces pendentifs. Nous
pensons à la Vierge du Rosaire, une image particulièrement en faveur à
la fin du xvie siècle, après la bataille de Lépante en 1571. Cette victoire
contre les Turcs fut attribuée à l’intercession de la Vierge et devint le
jour de la fête du Rosaire. La Vierge entourée du chapelet apparaît sur
le pendentif de Chapultepec, voisin du nôtre (fig. 1) et suggère une date
autour de 1580-160048. Ces rapprochements permettent de recréer des
groupes et de se rendre compte du caractère extrêmement cohérent de
cette production, dont nous pensons qu’elle fut assez brève. D’autre part,
l’emploi des mêmes modèles laisse imaginer une certaine unité dans la
production. Par exemple, toutes les Descente de croix s’inspirent de la
composition de Raphaël diffusée par la gravure de Marcantonio Raimondi.
18

17. Mitre. Mosaïque de plume.


Florence. Palais Pitti. Trésor de la cathédrale.

18. Maîtres des scènes de la Passion de Marie d’Haplaincourt.


Les Monogrammes du Christ et deux la Vierge avec le Calvaire
et les Arma Christi. Enluminure sur parchemin. H. 0,279 ; L. 0,193.
Musée du Louvre. Département des Arts graphiques. Inv. MI 1087-recto.

Les artistes

Nous proposons ici une nouvelle traduction d’un passage de la Véridique


Histoire de la conquête de la Nouvelle Espagne, écrite avant 1568 par
Bernal Diaz del Castillo et restée longtemps manuscrite. La traduction en
français de la Véridique Histoire fut publiée en trois volumes à Paris (1877-
1878) par l’ancien élève de l’École des Chartes et futur poète parnassien
José Maria de Heredia49. Il avait signalé un passage mentionnant des
artistes mexicains à Charles Davillier, qui achevait ses Recherches
sur l’orfèvrerie espagnole publiées l’année suivante. Davillier cite cet
extrait en achoppant sur le sens d’un mot fondamental, esmeril, qu’il
renonce à traduire : « Et les graveurs exécutent de si beaux ouvrages
avec leur fins outils de fer, notamment sur des esmeriles où l’on voit
figurées toutes les scènes de la sainte Passion de notre Rédempteur et
Sauveur Jésus-Christ, que si je ne les avais vus, je ne pourrais croire
que ce sont des Indiens qui les ont faits »50. Davillier précise en note
qu’esmeril désigne une variété de corindon51. Il s’agit plus précisément
de l’émeri, une pierre qui ne le cède en dureté qu’au diamant et qui se
17

46 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 46 30/09/15 12:03


trouve dans le Michoacán. L’émeri, en poudre, sert à polir le métal et la répétition des deux autres noms le laisse penser ? La question serait
à graver et tailler les pierres dures, le cristal de roche en particulier52. oiseuse si Marcos de Aquino n’était pas au centre de la plus orageuse
En revanche, on ne peut pas graver quoi que ce soit sur de l’émeri ou controverse de l’histoire mexicaine : l’origine miraculeuse de l’image
du corindon. C’est pourquoi nous proposons de le traduire par « cristal de la Vierge de Guadalupe.
de roche » : l’historien semble confondre les noms des pierres utilisées Le 8 septembre 1556, le provincial des Franciscains, Francisco
dans cette production où l’émeri n’est qu’un outil. Cette compréhension Bustamante, monta en chaire pour fustiger l’évêque Alonso Montúfar,
du mot esmeril donne un sens à ce texte et est parfaitement cohérent un Dominicain, qui encourageait la dévotion à cette image de la Vierge,
avec nos pendentifs. Dans la traduction anglaise de 1803, esmeril était dont il dénonçait la fausseté : elle n’est pas une image miraculeuse
traduit par émeraude, une confusion évidente avec esmeralda ; cette tombée du ciel mais a été peinte par un Indien, Marcos57. Le sermon
erreur est encore aggravée dans une traduction récente qui a remplacé fut prononcé dans la chapelle de San José de los Naturales, alors que
l’émeraude par le jade ou l’agate53. Pierre de Gand était encore à la tête de « l’école-atelier ». Parmi les
Nous proposons de traduire le passage ainsi : « Et les sculpteurs54 font artistes formés et actifs dans ce lieu apparaît à plusieurs reprises – en
des œuvres magnifiques avec de fins outils de fer, en particulier en taillant particulier dans un manuscrit nahuatl intitulé Anales de Juan Bautista
des cristaux de roche dans lesquels sont représentés tous les épisodes qui rapporte certains faits de la vie artistique à Mexico au milieu du
de la sainte Passion de Notre Rédempteur et Sauveur Jésus-Christ : si je xvie siècle – un certain peintre Marcos, qui est parfois nommé Marcos
ne les avais vus, je n’aurais pu croire que des Indiens les aient faits »55. Cipac58. Il dirigea en 1564 l’équipe qui réalisa le retable disparu de la
Si l’on accepte cette traduction, il faut comprendre que l’émerveillement chapelle de San José de los Naturales. Il est identifié par les historiens
résulte des scènes sculptées représentées à l’intérieur de ces cristaux. avec notre Marcos de Aquino, et apparaît dans la littérature comme
Bernal Diaz del Castillo ajoute ensuite que le fameux Apelle et aujourd’hui « Marcos Cipac de Aquino ». Les polémiques périodiques qui entourent
Michel-Ange ou Berruguete ne feraient pas mieux avec leurs plus fins le caractère miraculeux ou non de la Vierge de Guadalupe font toujours
pinceaux « que ces ouvrages de cristal de roche (esmeriles) et reliquaires mention de ce peintre Marcos59.
que font trois Indiens, Mexicains, grands maitres dans ce métier, qui se Mais il faut souligner que seul Diaz del Castillo parle d’un Marcos de
nomment Andrés de Aquino, Juan de la Cruz et el Crespillo ». Aquino, qu’il appelle ailleurs Andrés comme nous l’avons vu. Quoi qu’il
Nous avons donc peut-être ici le nom de trois des artistes qui s’illus- en soit, si l’on accepte la lecture que nous proposons ici, nous disposons
trèrent dans la sculpture miniature. Cette information précise est rendue maintenant de trois noms de sculpteurs associés à ces extraordinaires
confuse par un autre passage : Diaz del Castillo, qui est un auteur plutôt bijoux : ce ne sont que des noms, mais ils nous parlent de l’importance
diffus, avait mentionné plus haut dans son ouvrage les trois mêmes (?) et de la rareté de ces œuvres, qui n’appartiennent pas à une production
artistes, dans des termes presque identiques : « Et il y a trois Indiens artisanale anonyme. Nous ferons nôtre ce maître « de Aquino » et
dans la ville de Mexico, aussi valeureux sculpteurs que peintres, qui se laisserons les autres se déchirer autour de Marcos Cipac. Mais, dans le
nomment Marcos de Aquino, Juan de la Cruz et El Crespillo, que, s’ils fond, là n’est pas l’essentiel : comme nos pendentifs à fond de plumes,
étaient du temps de l’ancien Apelle, ou de Michel-Ange et Berruguete, la Vierge de la Guadalupe matérialise l’apparition rapide d’une nouvelle
qui sont de notre époque, on les compterait parmi eux »56. Marcos de culture extrêmement cohérente, qu’il est réducteur de considérer comme
Aquino et Andrés de Aquino sont-ils une seule et même personne, comme coloniale ou métisse : c’est la culture mexicaine.

NOTES
1 Voir en dernier lieu Alessandra Russo, 5 Musée du Louvre, département des Angeles, 2006-2007, p. 193, no III.4). Castelló Iturbide (dir.), El arte plumaria en
L’image intraduisible. Une histoire Objets d’art : « no 2255 : bois sculpté. 10 Comme celui exposé à Madrid en México, Mexico, 1993, p. 181, repr. Deux
métisse des arts en Nouvelle-Espagne La Passion sur quatre faces dans un cris- 1925 (Pedro de Artiñano, Catalogo de la autres pendentifs (celui de Lisbonne,
(1500-1600) », Paris, 2013. tal de roche creusé 35f rest 9f monture, Exposición de Orfebrería civil española, cit. n. 11 et celui vendu à Londres, cit.
2 Philippe Malgouyres, « Probatio L 12m côtés 10m H 18m ». Madrid, 1925, pl. IV) ou celui vendu à n. 12) sont apparentés à celui-ci, avec
pennae. Un Credo en amantecáyotl », 6 Musée du Louvre, département des Louviers le 15 avril 2012, no 122. des montures ornés de rubis.
dans Messe de saint Grégoire, Paris, Objets d’art Inv. OA 5607. 11 Il s’agit de deux pendentifs cylin- 15 Alexis Kugel, Joyaux Renaissance
2011, en collaboration avec Dominique 7 On y voit des bulles, ce qui est impos- driques (Londres, British Museum, une splendeur retrouvée, 2000, no 56
de Courcelles et Claude Louis-Combet. sible dans le cristal. Par exemple, celui inv. no 1872,0604.900 et Barcelone, (« Espagne, vers 1580).
3 Jean Joseph Marquet de Vasselot, du trésor de la cathédrale de Santo vente Baclis, 24 octobre 2012, no 106) et 16 Inv. 63/134. Reproduit dans Theodor
Musée national du Louvre. Catalogue Domingo (République dominicaine). d’un pendentif quadrangulaire (Lisbonne, Müller, « Das Altärchen der Herzogin
sommaire de l’orfèvrerie, de l’émaillerie Voir José Manuel Cruz Valdovinos et Museu Nacional de Arte Antiga). Leonor Christine von Lothringen in der
et des gemmes du Moyen-Âge au Andrés Escalera Ureña, La Platería en la d’Orey, Five centuries of Jewellery: Schatzkammer der Münchner Residenz
xviie siècle, Paris, 1914, p. 70, nos 386, catedral de Santo Domingo, Primada de National Museum of Ancient Art, Lisbon, und verwandte Kleinkunstwerke »,
787, 788, 789. América, Madrid-Santo Domingo, 1993, Lisbonne-Londres, 1995, p. 22, fig. 16. Zeitschrift für Bayerische
4 Acte de donation, Bibliothèque centrale p. 236, no 150. 12 Londres, vente Christie’s, 13 décembre Landesgeschichte, 35, 1972, p. 74,
des Musées Nationaux, NUM 0497 (02), 8 Les premiers s’installent dès 1495 1989, no 453. fig. 41 et 43. Il reproduit aussi un autre
no 770, fol. 24 : « cristal de roche monté (Priscilla E. Muller, Jewels in Spain, 13 Andrés Estrada Jasso, Imágenes en pendentif de section triangulaire, qui
en vermeil carré et creusé à quatre faces 1500-1800, New York, 1972, p. 28). Caña de Maíz, San Luis Potosí, 1996, contient un compartiment cylindrique
à l’intérieur, contenant quatre sujets 9 Los Angeles, County Museum of Art, p. 12-13. avec les scènes de la Passion sur deux
de la passion en bois sculpté, le tout inv. 48.24.20 (Cristina Esteras Martin, 14 Mexico, Museo Nacional de Historia. registres (fig. 39, pl. XIV).
terminé par une perle fine, estimé cent The Arts in Latin America, 1492-1820, Teresa Castelló Iturbide, « La plumaria 17 Vente, New York, Parke-Bernet,
francs ». cat. exp., Philadelphie, Mexico, Los en la tradición indígena », dans Teresa 23 avril 1949, no 671.

RDMF 2015 • 4 ÉTUDES XVI e SIÈCLE 47

001_112_RMF4.indd 47 30/09/15 12:03


18 Madrid, Instituo Valencia de Don 31 Ce bois était utilisé pour les Paris, 2011, no 149 (avec bibliographie en espagnol : « Y los entalladores hacen
Juan, inv. 1144 (El Arte de la plata y armatures des sculptures en pâte de et attributions antérieures). tan primas obras con sus sutiles alegras
de las joyas en la España de Carlos V, maïs (Danièle Dehouve, « Le Christ et 43 Attilio Troncavini, « La placchetta de hierro, especialmente entallan esme-
cat. exp., La Coruña, Palacio Municipal le plumassier en Nouvelle-Espagne au del Bagatti Valsecchi: nuove ricerche riles, y dentro dellos figurados todos los
de Exposiciones, 2000, p. 263, no 121). xvie siècle », Alain Musset et Thomas iconografiche », Antiqua.mi, sep- pasos de la Santa Pasión de Nuestro
19 Ce pendentif est conservé à Londres Calvo (dir.), Des Indes occidentales à tembre 2014 (http://www.antiqua.mi.it/ Redemptor y Salvador Jesu-Christo que
(British Museum, Waddesdon Bequest) l’Amérique Latine, à Jean-Pierre Berthe, Troncavini_Mitra_sett14.html). si nos los huviera visto no pudiera creer
et porte la date de 1591. Hugh Tait Paris, 1997, II, p. 325). 44 Cologne, musée Schnütgen, repr. dans que Indios lo hacían, que se me significa
le considère faux, en raison de sa 32 “Un tabernáculo con sus vidrieras Castelló Iturbide, cit. n. 14, p. 182. a mi juicio, que aquel tan nombrado
facture trop grossière : Catalogue of y dentro de el un Calvario con figuras 45 Fray Alonso de la Rea, Crónica de pintor, como fue el muy antiguo Apeles,
the Waddesdon Bequest in the British pequeñitas de naranjo, hechura de la orden de Nuestro Seráfico Padre y de los de nuestros tiempos, que se
Museum. I. The Jewels, Londres, 1986, primor”, cité par Castelló Iturbide, cit. San Francisco, provincia de San Pedro dizen Berruguete y Micael Angel, ni
p. 238-239, no 47). n. 14, p. 178. y San Pablo de Mechoacan en la de otro moderno ahora nuevamente
20 Letizia Arbeteta Mira, El arte de 33 Pascal Mongne, « La Messe de saint Nueva España, 1643, p. 20, cité dans nombrado, natural de Burgos, que se
la joyería en la colección Lázaro Grégoire du musée des Jacobins d’Auch. Castelló Iturbide, cit. n. 14, p. 168. dize, que en sus obras tan primas es otro
Galdiano, Ségovie, 2003, p. 38, donne Une mosaïque de plumes mexicaine du 46 Cité par María del Consuelo Maquívar, Apeles ; del qual se tiene gran fama, no
une liste d’autres pendentifs du même xvie siècle », La Revue du Louvre et des « La escultura en el Museo Nacional del hará con sus muy sutiles pinceles las
type. Nos quatre pendentifs furent musées de France, 1994, no 5/6, p. 38-47. Virreinato », Escultura. Museo Nacional obras de los esmeriles, ni relicarios que
publiés par le même auteur dans le 34 Mexico 1519-1539, Auch, musées del Virreinato, Lomas de Chapultepec, hazen tres Indios grandes maestros de
catalogue d’exposition El Arte de la des Jacobins, 2012 ; Dominique de 2007, p. 34. aquel oficio Mexicanos, que se dizen
Plata…, cit. n. 18, p. 264-265, nos 122 Courcelles, Claude Louis-Combet, 47 Fray Toribio de Benavente, Historia Andrés de Aquino, y Juan de la Cruz, y
a, b, c, d. Philippe Malgouyres, Messe de saint de los Indios de la Nueva España, dans el Crespillo. » (Historia verdadera de la
21 Chicago, Art Institute, inv. 1992.532 Grégoire, Paris, 2011. Joaquín García Icazbalceta, Colección conquista de la Nueva España, Madrid,
(Priscilla Muller dans Renaissance 35 « Un quadro di mezza braccio di de documentos para la Historia de Imprenta del Reyno, 1632, p. 249)
Jewellery in the Alsdorf Collection, pittura di penne che vengono dal Perù », México, Mexico, 1858, I, p. 137 (Tratado 56 « Que tres Indios hay en la ciudad
Chicago, 2000, p. 79-80, no 41). Mémoire du 28 août 1567, AA VV, II, chapitre IX) : à propos des croix : « En de México, tan primos en su oficio de
22 Vatican, Museo Profano (« statuette La Villa Médicis, 5, Fonti documentarie, las iglesias y en los altares, las tienen de entalladores, y pintores, que se dizen
stylisée de guerrier, inv. 60443 »). Il a Rome, 2010, p. 72, no 144. oro, y de plata y de pluma, no macizas, Marcos de Aquino, y Juan de la Cruz y
bien sûr perdu ses éléments d’orfèvrerie. 36 Vienne, Kunsthistorisches Museum sino de hoja de oro y pluma sobre palo » el Crespillo, que si fueran en tiempo de
23 Inv. OA 575 ; Philippe Malgouyres, (Castelló Iturbide, cit. n. 14, p. 154-155, (dans les églises et sur les autels, ils aquel antiguo Apeles, y de Micael Angel,
Ivoires de la Renaissance et des Temps repr.) en ont en or, en argent, en plumes, non ò Berruguete, que son de nuestros
modernes. La collection du musée du 37 Les spécialistes de la plumaria s’y pas massives, mais en feuilles d’or et tiempos, les pusieran en el número
Louvre, Paris, 2010, p. 146, no 196. appelaient uzquarecucha (Dehouve, cit. en plume sur un baton). de ellos. » (Historia verdadera… cit.
24 Baltimore, Walters Art Gallery, n. 31, p. 328). 48 Elle apparaît aussi dans un autre n. 55, p. 69).
inv. 61.120. Müller, cit. n. 16, p. 74, 38 « The priest is clothed in changeable pendentif avec Notre-Dame du Rosaire, 57 Francisco del Paso y Troncoso,
fig. 37-38. colours, which in workmanship be exposé à Madrid en 1925 (voir n. 10). “Noticias del indio Marcos y de
25 Nous ne ferons pas ici état de diverses excellent, but in stuff not very precious: 49 Véridique histoire de la conquête de otros pintores del siglo XVI », dans
études précédentes qui les attribuaient for their vestments be neither embroi- la Nouvelle-Espagne, par le capitaine Información que el arzobispo de México
tous ou en partie à l’Espagne. dered with gold, nor set with precious Bernal Diaz del Castillo, l’un des Don Fray Alonso de Montúfar mandó
26 Müller, cit. n. 16. stones. But they be wrought so finely and conquérants, traduite de l’espagnol, practicar con motivo de un sermón: que
27 Fray Diego Duran, Historia de las cunningly with divers feathers of fowls, Paris, 1877-1878. en la fiesta de la Natividad de Nuestra
Indias de Nueva Espana y de las Islas that the estimation of no earthly stuff is 50 Charles Davillier, Recherches sur Señora (8 de setiembre de 1556) predicó
de la Tierra Firme, cité par Teresa de able to countervail the price of the work. l’orfèvrerie en Espagne au Moyen Âge en la capilla de San José de Naturales
Maria y Campos, « Las plumas ricas, Furthermore, in these bird’s feathers, et à la Renaissance, Paris, 1879, p. 94. del Convento de San Francisco de
las plumas finas » dans Castelló and in the due order of them, which is 51 C’est aussi le nom d’une petite pièce Méjico, el Provincial Fray Francisco
Iturbide (dir.) El arte plumaria…, cit. observed in their setting, they say, is d’artillerie. de Bustamante acera de la devoción y
n. 14, p. 27. contained certain divine mysteries ». 52 Parte Primera del Tesoro de la Lengua culto de Nuestra Señora de Guadalupe,
28 Elena Isabel Estrada de Gerlero, Thomas More, Utopia (trad. anglaise Castellana o Española compuesto por el [Mexico, 1891], dans Ernesto de la Torre
« La plumaria, expresión artística por de Raphe Robinson, 1551), éd. citée licenciado Don Sebastián de Covarrubias Villar, Ramiro Navarro De Anda (éd.),
excelencia », dans María Luisa Sabau Londres, 1808, II, p. 227-228. Orozco, Madrid, Melchor Sánchez, 1610, Testimonios Históricos Guadalupanos,
García (dir.), México en el mundo de las 39 Luis Enrique Orozco, Los Cristos ad. vocem. Mexico, 2005, p. 167-188.
colecciones de arte. Nueva Espana I, de caña de maíz y otras venerables 53 Robert Maurice Keatinge (trad.), 58 Jeanette Favros Peterson, « Creating
Mexico, 1994, p. 73-76. imágenes de Nuestro Señor Jesucristo, The True History of the Conquest of the Virgin of Guadalupe: The Cloth,
29 Bernardino de Sahagún, Historia Guadalajara, 1970, I, I, p. 32. Mexico by Capt. Bernal Diaz del Castillo, the Artist, and Sources in Sixteenth-
General de las cosas de Nueva España, 40 Fra Angel de Valencia la donna le one of the conquerors, Londres, 1803, II, Century », The Americas, vol. 61, no 4,
Mexico, 1829 (éd. Carlos Maria de 8 décembre 1541 au village de Zapopan, p. 418. Alfred Percival Maudslay traduit avril 2005, p. 586-590.
Bustamante) II, libre IX, p. 392-394, près de Guadalajara, après l’avoir portée le mot par jade (The True History of the 59 Pablo G. Macias, « El antiaparicio-
chap. XVIII à XXI. dix ans avec lui (Orozco, cit. n. 39, I, Conquest of New Spain, Cambridge, nismo revolucionario », p. 874-875, dans
30 Francisco Lopez de Gomara, Historia p. 29-31). 2010, p. 268, IV). Ernesto de la Torre Villar, Ramiro Navarro
de la conquista de Mexico, (éd. Jorge 41 Malgouyres, cit. n. 2, p. 21-22. 54 Il n’y a pas de raison de traduire ici De Anda (éd.), Nuevos Testimonios
Gurría Lacroix Caracas, 1979), 42 François Avril, Les Enluminures du le mot entallador par graveur. Históricos Guadalupanos, Mexico, 2007,
chap. XXXIX, p. 66-69. Louvre, Moyen Âge et Renaissance, 55 Voici le texte de la première édition II, p. 874-875.

48 ÉTUDES XVI e SIÈCLE RDMF 2015 • 4

001_112_RMF4.indd 48 30/09/15 12:03

Vous aimerez peut-être aussi