T E R M I N O L O G I E R E L AT I V E À L A C L A S S I F I C AT I O N
DES QUOTIENTS INTELLECTUELS
Élizabeth Roussy, M.A1., Carole Lane, M.Ps2., Huguette Bérubé1,2, Ph.D., et François Labelle, M.A.3
1 : Centre de réadaptation Marie Enfant , CHU Sainte Justine
2 : CHU Sainte-Justine
3 : Département de psychologie, Université du Québec à Montréal
C e document est un guide pour les psychologues devant
communiquer les résultats d’un test intellectuel (QI). Il existe
actuellement une certaine confusion au niveau de la terminologie
utilisée pour qualifier un QI. Trois sources de confusion sont
identifiées: 1 – la diversité des systèmes de classification des
niveaux d’intelligence, 2 – l’utilisation de terminologie clinique
plutôt que statistique pour qualifier les QI, et 3 – la diversité des
types de résultats standardisés. Les recommandations suivantes
permettront d’éviter qu’un manque de cohérence entre les milieux
au sujet des terminologies employées ne porte préjudice aux
individus évalués.
LA Diversité des systèmes de classification
Plusieurs tests d’intelligence font référence à leur propre
classification des niveaux d’intelligence. La classification la plus
répandue est celle de Wechsler, qui pour un écart type de 15,
situe la moyenne entre 90 et 109. Dans ce système, 50% de
la population se retrouve dans la moyenne et toute l’étendue
des QI est divisée en intervalles. Des termes statistiques sont
utilisés pour décrire ces intervalles. Nous proposons d’utiliser
la classification de Weschler pour tous les tests intellectuels qui
comportent un écart-type de 15 et une moyenne de 100. Cette
classification pourrait également être appliquée à d’autres types
de tests, par exemple les tests de mémoire ou d’attention, ce qui
permettrait une terminologie uniforme.
Description STATISTIQUE versus
description CLINIQUE
Une autre source de confusion réside dans le fait que certains
psychologues qualifient les QI en termes statistiques tandis
que d’autres utilisent des termes cliniques tels que « lenteur
intellectuelle » ou « intelligence vive ». Ces termes, de moins
en moins utilisés, tirent leur origine d’anciens tests issus de
milieux francophones. La terminologie statistique semble être
la plus consensuelle. Nous recommandons d’éviter d’utiliser les
termes comme « lenteur intellectuelle » et « intelligence vive » et
de leur préférer une description statistique, comme « moyenne
faible » ou « moyenne élevée » (traduction francophone officielle
de Weschler). À la figure 1, une correspondance entre les deux
terminologies est illustrée afin de faciliter le passage vers une
description statistique des QI.
Terminologie, interprétation et diagnostic
Les terminologies proposées servent uniquement pour fins
de communication des résultats et ne constituent pas un
système diagnostique ni une interprétation en soi. Tel que
spécifié par l’Ordre des psychologues du Québec (voir fiche
déontologique, Vol. 2, no 1, janvier 2001), la description des
résultats psychométriques doit toujours être accompagnée d’une
interprétation statistique et clinique permettant d’en préciser le
sens et le contexte. Pour appuyer l’interprétation, en plus du
résultat au test, d’autres variables doivent être considérées.
Cette mise en garde est d’autant plus importante lorsque le
rendement à un test intellectuel est inférieur à deux écart-types.
Par exemple, chez un individu ayant obtenu un QI de 50, un
diagnostic de retard mental ne sera posé qu’en présence des
critères diagnostiques du DSM-IV reliés au comportement
adaptatif et à l’âge d’apparition du trouble (DSM-IV-TR, 2000).
Remerciement à Jean Bégin pour ses précieux conseils sur le plan statistique.Copyrignt CHU Sainte-Justine
Description des résultats
Les psychologues préfèrent en général communiquer une
description des résultats sans recourir aux chiffres. Nous
recommandons alors de référer à la catégorie où se situe le
QI pour rendre compte du niveau d’intelligence en utilisant les
terminologies de la figure 1.
Par souci de précision, lorsque le QI obtenu se situe près
d’une autre catégorie, cette catégorie adjacente peut aussi être
nommée.
– Exemple : « Au test intellectuel, Dominique obtient un résultat
global qui le situe dans la moyenne faible, près du fonctionnement
limite. »
Il est également possible de spécifier si le résultat se situe près de
la borne inférieure ou supérieure. Il convient d’éviter d’utiliser le
terme « limite », à cette fin puisqu’il s’agit d’une des terminologies
utilisées pour décrire le QI.
– Exemple : « Dominique obtient un résultat global qui le situe à
la borne inférieure de la moyenne faible. »
Dans les cas où le psychologue juge pertinent d’inscrire des
résultats chiffrés, il est d’autant plus important que ceux-ci soient
accompagnés d’une interprétation détaillée.
– Exemple : « Au test d’intelligence, Dominique obtient un résultat
qui le situe dans la moyenne faible. Il obtient un QI global de 85;
ce chiffre pourrait varier entre 83 et 93 à un niveau de confiance
de 95%. Il se situe au 16e rang centile, ce qui signifie que 16%
des enfants de son groupe d’âge obtiennent des résultats moins
élevés que lui. »
la diversité des types
de résultats standardisés
Afin d’appliquer une classification commune à plusieurs types de
résultats standardisés (rang centile, score T, scores pondérés),
une conversion est nécessaire. Pour trouver la correspondance
entre divers résultats standardisés, le tableau 1 peut être utilisé.
La figure 2 « Courbe normale divisée en fonction des écart-
types » permet de situer visuellement un résultats standardisé
sur la courbe normale afin de faciliter la conversion.
En raison de leurs propritétés statistiques (coefficient de fidélité,
distribution, etc…), certains scores ne permettent pas une
discrimination aussi raffinée que les QI. C’est le cas des scores
pondérés qui ont une étendue restreinte de telle sorte qu’ils
chevauchent deux catégories. Par exemple, une score pondéré
de 8 se retrouve à la fois dans la catégorie « moyenne faible »
et « moyenne ». Ce chevauchement témoigne d’une réalité
statistique et permet de garder à l’esprit que certains résultats
sont moins précis que d’autres. C’est pourquoi la prudence est
de mise lorsqu’il s’agit de les classifier et interpéter.
Le psychologue ne peut transmettre tout le contenu de son dossier, soit
les données brutes et non interprétées, qu’à un autre psychologue (...) Le
QI pourrait être communiqué à des clients ou écrit dans un rapport, à la
condition qu’il soit accompagné d’une interprétation statistique (intervalle
de confiance ou illustration sur la courbe normal) et clinique c’est à dire
permettant de bien comprendre sa signification et de la relativiser.
Ordre des psychologues du Québec,
Fiche déontologique, Vol 2, no1 Janvier 2001