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Chapitre 4 : Filtrage analogique

Partie 1: Analyse
Introduction
Le rôle de filtrage permet de séparer la partie porteuse de
l’information utile de la partie inutile (parfois perturbatrice) du signal.

Si le spectre de l’information utile est suffisamment isolé vis-à-vis des


composantes indésirables, il est possible de l’extraire par filtrage.

Applications :
 Systèmes de télécommunication (téléphone, télévision, radio,
transmission de données…),
 systèmes d’acquisition et de traitement de signaux physiques
(surveillance médicale, ensemble de mesure, radars),
 ...
Définition:

Un filtre linéaire est un système linéaire possédant une entrée et une

sortie, et qui est invariant dans le temps.

 Linéarité : le filtre linéaire établit une relation linéaire entre

l’entrée et la sortie.

Si le signal d’entrée est une superposition de deux signaux

et tel que : = . + . , alors la sortie vaut

= . + . où et sont les réponses du filtre

aux entrées et respectivement et et où sont des

constantes.
 Invariance dans le temps :

La réponse d’un filtre invariant à une excitation ne dépend pas de

l’instant où démarre cette excitation, mais seulement de l’entrée et du

comportement du filtre.

Soit , la réponse d’un filtre à l’entrée .

Considérons deux instants et .

Si l’on excite le même filtre par une même entrée à ces deux

instants, on a alors l’égalité des deux réponses ( + ) et ( + ).


1. Réponse impulsionnelle d’un filtre

La réponse y(t) d’un filtre linéaire à une excitation x(t), est la

convolution de cette excitation avec une fonction caractéristique h(t)

du filtre appelée réponse impulsionnelle:

= ∗ℎ = ℎ −
Remarques :
1. Si x(t) = (t), alors y(t) = h(t).
La réponse impulsionnelle d’un filtre est donc sa réponse à l’impulsion de
Dirac, d’où le nom de réponse impulsionnelle.

2. Un filtre peut aussi être caractérisé par sa réponse indicielle, c’est-


à-dire sa réponse à un échelon unité u(t). Soit :

= ∗ℎ = ℎ −
2. Théorème fondamental des filtres
Un filtre est défini par sa réponse impulsionnelle, notée h(t), et par sa
fonction de transfert, notée H(f) ou H(p) respectivement la TF et la
TL de h(t).
La réponse s(t) d’un tel filtre à un signal d’entrée est donnée par les
opérations suivantes :

= . ( )

et

= ∗ℎ = ℎ −
E(p) S(p)

Remarque: Il peut être intéressant de passer dans le domaine


fréquentiel ou de Laplace pour déterminer la réponse, car l’opération à
réaliser est alors un produit simple.
Le produit de convolution e(t) * h(t) peut prendre différentes formes
suivant les caractéristiques de e(t) et h(t) :

 e(t) et h(t) quelconques :

= ℎ − = ℎ −

 h(t) causal (filtre réalisable) : = ℎ −

 e(t) causal : = ℎ −

 e(t) et h(t) causaux : = ℎ −


Application:
Si n filtres, caractérisés par leur réponse impulsionnelle hi(t) et leur
fonction de transfert Hi(f) ou Hi(p), sont mis en série, on peut les
remplacer par un filtre équivalent dont la réponse impulsionnelle h(t)
peut être calculée par :

ℎ =ℎ ∗ℎ ∗ ⋯∗ℎ ∗⋯∗ℎ ( )

Ce calcul est relativement difficile à effectuer.


Par contre le calcul de la fonction de transfert équivalente sera très
simple :

= . .…. .…. = ( )
3. Conditions pour la réalisation d’un filtre
Deux conditions sont nécessaires :
 la stabilité qui garantit que la réponse du filtre à un signal borné est
aussi un signal borné.
Condition nécessaire et suffisante de la stabilité:
h(t) tend vers 0 lorsque t tend vers l’infini

 la causalité: Avant l’instant t0 (t0 = 0) où l’on excite le filtre, il n’y a


pas de réponse et on n’obtient de réponse qu’à partir de cet instant t0.
Condition nécessaire et suffisante de causalité :
∀ t < 0, h(t) = 0

Un filtre invariant, causal et stable est dit réalisable.


4.Caractéristiques d’un filtre linéaire

Un filtre est caractérisé par sa fonction de transfert ou sa réponse en


fréquence: ( )
=
( )

qui se décompose en réponse en amplitude A(ω) et réponse en phase


(ω) :
= ( )

Un filtre n’apporte pas de distorsion au signal d’entrée x(t) s’il restitue


en sortie un signal y(t) de même forme que x(t).
Le signal d’entrée peut par contre subir une amplification (ou
atténuation) et un retard : = −

Transformée de Fourier de y(t) : =

La fonction de transfert est de type :

( )
= =
( )

H(p) doit présenter une réponse en amplitude constante et une réponse


en phase linéaire et passant par 0, au moins dans la plage de
fréquences utile, appelée bande passante.
Une phase linéaire donne un temps de groupe constant.

( )
On définit le temps de groupe ( par : =−

Toutes les composantes spectrales sont transmises avec le même

décalage temporel, et l’intégrité de la forme du signal est respectée

sauf pour les composantes spectrales que l’on désire supprimer par

filtrage.
5. Fonctions de transfert d’un filtre
La fonction de transfert s’écrit comme le rapport de 2 polynômes :

+ ⋯+ + +
= =
+ ⋯+ + +

- Le degré du dénominateur (n) doit être supérieur ou égal au degré du


numérateur (m) : n  m.
- L’ordre d’un filtre est donné par le degré du dénominateur (n) de la
fonction de transfert.

- Toutes les fonctions de transfert peuvent être décomposées comme


le produit de fonctions de transfert du premier et du deuxième ordre.
Exemple 1 : Filtre passe-bas du premier ordre

On a :

La TL en supposant que le condensateur est initialement


déchargé à t = 0.

Fonction de transfert:
d’où
Exemple 2 : Filtre passe-bas du second ordre

La TL (condensateur initialement déchargé à t = 0) s’écrit :

Fonction de transfert :
Fonction de transfert :

Posons

On obtient:
6. Stabilité
Un filtre est stable si après la fin d’une perturbation appliquée à
son entrée, sa sortie retrouve sa position d’équilibre initiale.

Conditions de stabilité :

Tout système linéaire peut se modéliser par une équation différentielle


de la forme :

( ) ( ) ( ) ( )
+ + ⋯+ = + + ⋯+

Avec n  m.

L’entier n est appelé ordre du système


L’expression de la réponse temporelle s(t) peut être obtenu par 3

méthodes:

 Résoudre directement l’équation différentielle en s(t),

 Prendre la TL de l’équation différentielle, puis déterminer S(p), et

calculer la solution temporelle en prenant la TL inverse,

 Déterminer s(t) en calculant la convolution de la réponse

impulsionnelle avec l’entrée e(t):

= ℎ −
Méthode de la TL:

( ) ( ) ( ) ( )
+ + ⋯+ = + + ⋯+

La TL de cette équation permet d’obtenir la fonction de transfert


H(p), reliant S(p) à E(p), définie par :

( ) + ⋯+ + +
= =
( ) + ⋯+ + +

= ⟹ =ℎ = ( )
Le calcul de la TL inverse conduit à 3 types d’éléments:
 Un terme avec un pôle réel simple se traduit par une

exponentielle de forme :

 Un terme avec un pôle réel multiple se traduit par



une somme d’exponentielle de la forme :

 Des termes + avec des pôles complexes conjugués


− −
se traduisent par des oscillations amorties de la forme :

2 ℛ co s ℑ + ar g( )

ℜ : é ô ℑ : ô
ℎ = + +2 ℛ cos ℑ + arg( )

Pour que h(t) tend vers 0 lorsque t tend vers l’infini, il faut que les
pôles de H(p) soient à partie réelle négative:

Représentation graphique de la stabilité: Plan de Laplace


Critères de stabilité d’un filtre :

- Si l’on connaît h(t), il faut que h(t) tend vers 0 lorsque t tend
vers l’infini.
- A partir de H(p), il faut que tous ses pôles soient à parties
réelles négatives.
7. Filtre idéal (ou parfait)
Un filtre idéal permet de transmettre sans distorsion une partie du
spectre (bande passante) et bloque les autres parties (bandes
coupées), avec un passage abrupt (discontinuité) entre ces deux
parties.
On classe les filtres selon la bande de fréquence qu'ils laissent
passer.
Types de filtre:
- Filtre passe-bas permet le passage des fréquences inférieures à une
limite, appelée fréquence de coupure fC.
- Filtre passe-haut permet le passage des fréquences supérieures à la
fréquence de coupure.
- Filtre passe-bande permet le passage d’un signal de fréquence
comprise entre une fréquence de coupure basse fCb et une fréquence de
coupure haute fCh.
- Filtre coupe-bande (ou réjecteur de bande) permet le passage de
toutes les fréquences sauf celles comprises à l’intérieure de l’intervalle
[fCb, fCh].
Ces filtres parfaits sont ils réalisables ?

Cherchons la réponse impulsionnelle d'un filtre passe bas :

Module de la réponse fréquentielle d'un filtre passe bas idéal

ℎ = ( )

Il reste à choisir une phase pour pouvoir calculer h(t).


La réponse impulsionnelle obtenue est non causale et le filtre n’est
pas physiquement réalisable.
Un filtre idéal transmettrait toutes les composantes utiles sans

atténuation, ni déphasage tout en éliminant complètement les signaux

indésirables.

En pratique, la synthèse du filtre idéal est impossible. En effet,

l’atténuation nulle dans la bande passante, l’atténuation infinie dans la

bande coupée et des transitions verticales conduisent à une

caractéristique de réponse irréalisable.


8. Filtre réel
Les filtres réels présentent des imperfections:
 Transition progressive entre la bande passante et la bande coupée
 Irrégularité du gain dans la bande passante (ondulations)
 Irrégularité du gain dans la bande coupée (ondulations)

Exemple : Filtre passe bande réel


Les compromis faits sur ces différentes imperfections peuvent être
regroupés sur un graphique appelé gabarit du filtre.

On définit le gabarit d’un filtre comme étant les limites entre


lesquelles la réponse du filtre H(f) doit se situer.
Définition d’un gabarit

Un gabarit d’un filtre de gain G (ou atténuation A) est défini en


précisant les caractéristiques suivantes :

a. Dans la bande passante :


Gmin : gain minimum exigé (Amax: atténuation maximale tolérée) dans
la bande passante,
fp: fréquence(s) délimitant la bande passante
b. En dehors de la bande passante (bande coupée ou atténuée):
Gmax: gain maximum toléré (Amin: atténuation minimale exigée) dans la
bande passante,
fa: fréquence(s) délimitant la bande atténuée.
Filtres passe bas :

1
= ⇒ =−

On définit : Bande passante (f<fp),

Bande atténuée ou coupée (f>fa),

Bande de transition (fp<f<fa)

Sélectivité du filtre k = fpfa.


Filtres passe haut:

La sélectivité est définie par k = fafp.


Filtre passe bande

Le gabarit est définie par les paramètres suivants :


Largeur de bande : ∆ = −
Fréquence centrale : = .

Largeur de bande relative : =

Sélectivité : = Coefficient de qualité : = .

Filtre coupe bande ou réjecteur de bande

Pour le coupe bande, on définit :


Largeur de bande: ∆ = −
Fréquence centrale: = .

Largeur de bande relative: =

Sélectivité: = ∆ = −

Coefficient de qualité: = .
Remarques:

 Lors de la synthèse d’un filtre passe bande ou coupe bande, il faut


disposer d’un gabarit symétrique (fph.fpb = fah.fab).

Dans le cas contraire :

- Si fph.fpb > fah.fab, on fait augmenter fab,


- Si fph.fpb < fah.fab, on fait diminuer fah,

 Si un gain maximal a été définie pour chaque bande coupée (Gmax1 et


Gmax2), on prendra Gmax = Min (Gmax1, Gmax2).
9. Fonctions de transfert, réponses impulsionnelles de quelques filtres

Filtre passe-bas idéal

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :

Filtre passe-bas réel (1erordre)

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle:
Filtre passe-bas réel (2ème ordre)

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre passe-haut idéal

• Fonction de transfert:

• Réponse impulsionnelle:

Filtre passe-haut réel (1er ordre)

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre passe-haut réel (2ème ordre)

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre passe-bande idéal

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre passe-bande réel (2ème ordre )

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre coupe-bande idéal

• Fonction de transfert :

• Réponse impulsionnelle :
Filtre coupe-bande réel 2ème ordre

• Fonction de transfert :

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