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PSI - Lycée Bellevue Électronique - chap.

III
Physique Réponse fréquentielle des systèmes linéaires

Électronique - chap.III
Réponse fréquentielle des systèmes linéaires

Les télécommunications sont au cœur du fonctionnement de la société dite "moderne". Les télécommu-
nications reposent sur la transmission et le décodage de signaux électriques ou électromagnétiques (voire
optiques). Afin que le signal reçu soit de bonne qualité, il est nécessaire d’utiliser une étape de filtrage qui
supprime les parasites et permet la bonne "lecture" du message.
Par ailleurs, le débit d’informations qui circule est particulièrement important ce qui incite à l’utilisation
du multiplexage : l’envoi de plusieurs messages codés dans le même signal initial ! Chaque destinataire devra
alors extraire du signal le message qui lui est adressé. C’est un peu comme extraire une conversation dans
un brouhaha d’autres conversations : il faut trouver un bon dispositif de filtrage.

I Systèmes linéaires
I.1. Linéarité d’un système
Un filtre est un système physique qui, à un ou plusieurs signaux d’entrée fait correspondre un ou
plusieurs signaux de sortie. Nous nous restreindrons à l’étude des systèmes à une entrée et une sortie.

Système physique
e(t) s(t)
(opérateur)

Figure 1 – Modélisation d’un filtre à une entrée et une sortie. Le filtre agit comme un opérateur dans
l’espace des fonctions.

Définition :

Notons s1 (t) et s2 (t) les réponses respectives d’un système aux signaux
d’entrée e1 (t) et e2 (t).

Ce système est dit linéaire si, pour tout signal d’entrée de la forme

e(t) = λ1 e1 (t) + λ2 e2 (t)

le signal de sortie est

s(t) = λ1 s1 (t) + λ2 s2 (t)

Remarque
On en déduit que, pour un filtre linéaire, l’opérateur de transfert est un opérateur linéaire.

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Considérons un système tel que la sortie et l’entrée soient reliées par une équation différentielle linéaire
de la forme
dn s(t) ds(t) dm e(t) de(t)
an n
+ . . . + a1 + a0 s(t) = bm m
+ . . . + b1 + b0 e(t)
dt dt dt dt
où les ai et les bj sont des coefficients réels constants.
L’équation différentielle étant linéaire, pour tout signal d’entrée de la forme

e(t) = λ1 e1 (t) + λ2 e2 (t)

les solutions pour le signal de sortie sont de la forme

s(t) = λ1 s1 (t) + λ2 s2 (t)

où s1 (t) et s2 (t) sont les réponses associées respectivement à e1 (t) et e2 (t). Un tel filtre est donc linéaire.
Propriété
Tout système reliant une entrée et une sortie par une équation différentielle linéaire
de la forme
dn s(t) ds(t) dm e(t) de(t)
an n
+ . . . + a1 + a0 s(t) = bm m
+ . . . + b1 + b0 e(t)
dt dt dt dt
est un système linéaire.

On parle alors d’un système d’ordre n.

Remarque
Dans la suite, on s’intéressera essentiellement à des systèmes régis par une équation différen-
tielle linéaire. Toutefois, il existe d’autres types de systèmes linéaires : par exemple, un système
tel que s(t) = e(t−τ ), qui applique une fonction retard, se comporte comme un système linéaire.

I.2. Système linéaire en régime sinusoïdal permanent


Considérons un système linéaire régi par une équation différentielle de la forme :

dn s(t) ds(t) dm e(t) de(t)


an n
+ . . . + a1 + a0 s(t) = bm m
+ . . . + b1 + b0 e(t)
dt dt dt dt
et un signal d’entrée e(t) sinusoïdal de pulsation ω.
La solution de cette équation est la somme de la solution homogène, sh (t), et d’une solution particu-
lière sp (t) :
s(t) = sh (t) + sp (t)
où la solution homogène vérifie l’équation

dn sh (t) dsh (t)


an n
+ . . . + a1 + a0 sh (t) = 0
dt dt
L’équation homogène correspond à l’absence de signal d’entrée : on parle de régime libre. Le régime
libre caractérise la relaxation d’un système et décrit généralement un régime transitoire.

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Propriété
Soit un système régi par une équation différentielle linéaire. La réponse à un signal
d’entrée e(t) est la superposition :
⋆ d’une réponse libre, donnée par la solution homogène (e(t) = 0) ;
⋆ d’une réponse en régime forcé, donné par une solution particulière.

Remarque
Lorsque la réponse libre tend vers 0, on parle de régime transitoire. On dit alors que le système
est stable et on a la correspondance :

solution homogène ←→ régime transitoire


solution particulière ←→ régime permanent

Dans la suite, on se s’intéressera qu’à des systèmes stables.

Au bout d’une durée τ caractérisant le régime transitoire, seule subsiste la solution en régime forcé.
On dit que le régime permanent est atteint. La solution en régime forcé peut alors être recherchée sous la
forme d’une sinusoïde de même pulsation ω que l’entrée.

Propriété
En régime permanent, la réponse d’un système linéaire à un signal sinusoïdal
est un signal sinusoïdal de même pulsation :

e(t) = E cos(ωt) 7−→ s(t) = S(ω) cos [ωt + ϕ(ω)]

L’amplitude S et la phase à l’origine ϕ du signal de sortie :

⋆ sont différentes de celles à l’entrée ;

⋆ ne dépendent que de la pulsation ω du signal d’entrée.

Remarque
S’il apparaît dans le signal de sortie de nouvelles fréquences, c’est que le filtre est non-linéaire.
Cette propriété est donc un critère qui permet de tester la linéarité d’un filtre.

I.3. Fonction de transfert complexe et diagramme de Bode


a) Notations complexes
::::::::::::::::::::::::

Les notations complexes permettent de déterminer la solution particulière d’une équation différentielle
en régime sinusoïdal forcé.

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T=2π
s(t) ω0
S

Système
linéaire s(ω)
T=2π
e(t) ω0 S
E

t 0 ω0 ω

e(ω) T=2π
E s(t) ω0
S

0 ω0 ω
Système t
non-linéaire
s(ω)
S

0 ω1 ω0 ω

Figure 2 – Caractérisation d’un système en régime harmonique : un système linéaire ne crée pas d’har-
moniques supplémentaires par rapport au signal d’entrée.

Notations complexes
À tout signal sinusoïdal de la forme

x(t) = X0 cos(ωt + ϕ)

on associe une grandeur complexe x(t) (donc non mesurable !) de la forme

x(t) = X0 ej(ωt+ϕ) = X0 ejωt

où X0 = X0 ejϕ est l’amplitude complexe du signal.

Réciproquement, on obtient la grandeur réelle x(t) en prenant la partie réelle de x(t) :

x = Re [x]

Remarque
Si x(t) = X0 sin(ωt + ϕ), on utilisera la même grandeur complexe

x(t) = X0 ejωt

de sorte que
x = Im [x]

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Remarque
Les grandeurs complexes seront toujours soulignées.

On note les propriétés importantes de dérivation et d’intégration des grandeurs complexes :


dx(t) d  dx(t)
= X0 ej(ωt+ϕ) = jω X0 ej(ωt+ϕ) ⇒ = jω x(t)
dt dt dt
Z t Z t Z t
′ ′ j(ωt′ +ϕ)


1 j(ωt+ϕ)
1
x(t )dt = X0 e dt = X0 e ⇒ x(t′ )dt′ = x(t)
jω jω
Propriété
En notations complexes, on a les équivalences suivantes :

d
←→ jω
dt
Z t
1
dt′ ←→

Autrement dit :
⋆ il est équivalent de dériver par rapport au temps et de multiplier par jω ;
⋆ il est équivalent d’intégrer par rapport au temps et de diviser par jω.

b) ::::::::::
Fonction::::
de :::::::::::
transfert::::::::::::
complexe
Pour un signal d’entrée de la forme e(t) = E cos(ωt+ϕe ) et un signal de sortie s(t) = S cos(ωt+ϕe +ϕ),
on a
e(t) = E ej(ωt+ϕe ) et s(t) = S ejϕ ej(ωt+ϕe )

Définition :

La fonction de transfert complexe H(jω) d’un système est définie par

s(t) S(ω) ejϕ(ω)


H(jω) = =
e(t) E

où E et S sont respectivement les amplitudes (réelles) des signaux d’en-


trée et de sortie, ϕ étant le déphasage de la sortie sur l’entrée. On a
donc
S(ω)
= |H(jω)| = G(ω)
E
ϕ(ω) = arg [H(jω)] = ϕs − ϕe

⋆ G(ω) est appelé gain du filtre : c’est le coefficient multiplicatif qui


permet de passer de l’amplitude du signal d’entrée à celle du signal
de sortie ;
⋆ ϕ(ω) est le déphasage de la sortie par rapport à l’entrée.

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Remarque
La fonction de transfert complexe contient toutes les informations requises pour déterminer le
signal de sortie en régime sinusoïdal permanent :
⋆ son module (le gain) donne accès à l’amplitude du signal de sortie ;
⋆ son argument (le déphasage entre la sortie et l’entrée) donne accès à la phase du signal de
sortie.

Considérons un système linéaire régie par une équation différentielle linéaire à coefficients constants. On
retrouve l’équation différentielle vérifiée par les grandeurs réelles en prenant la partie réelle 1 de l’équation
suivante :
dn s(t) ds(t) dm e(t) de(t)
an + . . . + a1 + a0 s(t) = bm + . . . + b1 + b0 e(t)
dtn dt dtm dt
où e(t) et s(t) sont les grandeurs complexes associées respectivement à e(t) et s(t).
Mais, les notations complexes permettent d’exprimer simplement les dérivées successives d’un signal :
dx(t)
= jω x(t)
dt
de sorte que l’équation différentielle se réduit à une équation algébrique complexe :
[(jω)n an + . . . + jω a1 + a0 ] s(t) = [(jω)m bm + . . . + jω b1 + b0 ] e(t)
La fonction de transfert complexe vaut donc
s(t) b0 + jω b1 + . . . + (jω)m bm
H(jω) = =
e(t) a0 + jω a1 + . . . + (jω)n an
Réciproquement, si la fonction de transfert complexe a la forme précédente, on obtient l’équation
différentielle
dn s(t) ds(t) dm e(t) de(t)
an + . . . + a1 + a0 s(t) = bm + . . . + b1 + b0 e(t)
dtn dt dtm dt
vérifiée également par les grandeurs réelles.
Propriété
Un filtre linéaire régi par une équation différentielle est décrit de façon équivalente :

⋆ par son équation différentielle linéaire


n m
X dp s(t) X dq e(t)
ap = bq
p=0
dtp q=0
dtq

⋆ par sa fonction de transfert complexe


m
P
bq (jω)q
q=0 N(jω)
H(jω) = P
n =
D(jω)
ap (jω)p
p=0

où N(jω) et D(jω) sont des polynômes en jω.


Le degré du dénominateur est appelé ordre du système.

1. ou imaginaire

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Remarque
Il sera souvent plus facile de déterminer la fonction de transfert puis d’en déduire l’équation
différentielle.

Remarque
Une fois la fonction de transfert calculée, on détermine l’amplitude et le déphasage du signal
de sortie en régime sinusoïdal permanent :
⋆ S(ω) = |H(jω)| E ;
⋆ ϕ(ω) = arg[H(jω)].

Remarque
Pour un signal d’entrée connu, l’amplitude et la phase du signal de sortie sont entièrement
déterminées par la fonction de transfert complexe du système. Il ne reste plus qu’à trouver une
représentation graphique de la fonction de transfert pour pouvoir cerner, en un coup d’œil, le
comportement du système en fonction de la fréquence.

c) Diagramme de Bode
::::::::::::::::::::::::

Il est commode de représenter le gain d’un filtre sur une échelle logarithmique.

Définition :

Conventionnellement, on utilise pour cela le gain en décibels GdB défini


par
GdB = 20 log [G(ω)] exprimé en décibels (dB)
Le décibel est une unité qui ne correspond à aucune dimension.

Remarque
On notera les équivalences entre le gain et le gain en décibels :

S
G= = 10 −
7 → GdB = 20 dB
E
S √
G = = 2 7−→ GdB = 3 dB
E
S 1
G = = √ 7−→ GdB = −3 dB
E 2

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GdB ϕ

0 1 2 3 0 1 2 3
log ω log ω
décade
−20 −π/2
+20 dB
−40 −π

−60 −3π/2
pente : +20 dB/décade

Figure 3 – Courbe de réponse en gain (gauche) et en phase (droite) d’un diagramme de Bode.

Afin de caractériser la réponse fréquentielle d’un filtre, on représente graphiquement sa fonction de


transfert dans le plan complexe. Nous nous intéresserons principalement au diagramme de Bode 2 .

Définition :

Un diagramme de Bode est la représentation d’une fonction de


transfert complexe à l’aide de deux courbes :

⋆ une courbe de réponse en gain, où le gain, exprimé en décibels, est


représenté en fonction de log ω (ou log f ) :

GdB = 20 log |H(jω)| = f (log ω)

⋆ une courbe de réponse en phase où ϕ(ω) est représenté en fonction


de log ω (ou log f ) :

ϕ(ω) = arg [H(jω)] = f (log ω)

Remarque
Lorsqu’un signal couvre une grande gamme de fréquences (entre 10−3 Hz et 100 Hz par exemple),
il est extrêmement commode d’utiliser une échelle de fréquence logarithmique pour rendre compte
des propriétés d’un système. Cette échelle permet de ne pas "tasser" l’ensemble des résultats
sur une partie du graphique (voir figure 4).

2. Il est également possible de représenter une fonction de transfert complexe à l’aide des diagrammes de Black ou de
Nyquist, ce que nous ne ferons pas ici.

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0 10 100
ω

0.1 1
0.001 0.01

Log(ω)
-3 -2 -1 0 1 2

Figure 4 – Comparaison entre une échelle linéaire et une échelle logarithmique.

Remarque
On rappelle que le logarithme décimal est défini par

ln x
log x =
ln 10
On notera la propriété importante :

log(10y ) = y , ∀y∈R

Autrement dit, un logarithme décimal "extrait" la puissance de 10 d’un nombre.

Considérons un intervalle de la forme [ω0 , 10ω0 ]. Sur un tel intervalle, log ω varie d’une unité puisque

log(10ω0) = log(10) + log(ω0 ) = log(ω0 ) + 1

Une échelle logarithmique permet de représenter chaque décade avec la même précision relative.

Définition :

On appelle décade un intervalle de la forme [ω0 , 10ω0]. Sur une décade,


X = log ω varie d’une unité.

Remarque
Une octave est définie par un intervalle de la forme [ω0 , 2ω0 ].

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Remarque
Dans un diagramme de Bode, les pentes s’expriment en décibels par décade (dB/décade). Si le
gain varie comme une puissance de ω :

ωn
G(ω) ∝
ω0n

alors, le gain en décibels varie comme


! !
ω ω
GdB ∼ 20 × n log = 20 n X avec X = 20 log
ω0 ω0

Le gain en décibels varie alors de 20n dB/décade.

Remarque
On se contente en général de tracer le diagramme asymptotique du filtre, qui consiste à étudier
la fonction de transfert à très haute et très basse fréquence et à tracer les asymptotes de GdB et
de ϕ. Ce tracé est en général suffisant pour connaître la nature du filtre.

I.4. Classification des filtres


Un système régi par une équation différentielle linéaire est décrit par une fonction de transfert de la
forme
N(jω)
H(jω) =
D(jω)
où les polynômes réels N et D sont factorisables en produits de polynômes d’ordre 1 ou 2.
On en déduit que toute fonction de transfert s’écrit comme le produit de fonctions de transfert de
systèmes du premier ou du deuxième ordre.
Supposons qu’une fonction de transfert puisse s’écrire comme le produit de trois fonctions de transfert :

H(jω) = H1 (jω) × H2 (jω) × H3 (jω)

On a donc

|H(jω)| = |H1| × |H2 | × |H3 |


GdB = GdB1 + GdB2 + GdB3
ϕ = ϕ1 + ϕ2 + ϕ3

On pourra donc facilement tracer le diagramme de Bode de la fonction de transfert H(jω) si on sait
tracer les diagrammes de Bode des fonctions de transfert H1 (jω), H2 (jω) et H3 (jω).
Propriété
Toute fonction de transfert s’exprime comme un produit de fonctions de transfert
du 1er ou du deuxième ordre.
L’étude générale des systèmes linéaires peut donc être réduite à celle des systèmes
d’ordre 1 ou 2.

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GdB H2 ϕ

ω1 ω3 ω1 ω3
log ω ω2 log ω
ω2

H1 H3

GdB ϕ

ω1 ω3 ω1 ω3
log ω ω2 log ω
ω2

Figure 5 – Diagramme de Bode asymptotique d’un filtre de fonction de transfert H(jω) =


ω
1+j
! ω2 !. En haut : diagrammes de Bode associés aux différentes fonctions de transfert.
ω ω
1+j 1+j
ω1 ω3
En bas : diagramme de Bode complet.

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I.5. Intérêt du filtrage

Prenons l’exemple de l’ADSL 3 (Asymmetric Digital Subscriber Line), service commercialisé en France
depuis 1999. C’est une technique de communication qui permet d’utiliser une ligne téléphonique (fil de
cuivre) pour transmettre et recevoir des données numériques de manière indépendante du service télépho-
nique (voir figure 6).

Figure 6 – Principe de fonctionnement de l’ADSL.

Le filtre ADSL permet de séparer deux signaux électriques, qui sont des domaines de fréquences dis-
tincts :

⋆ entre 25 Hz et 3,5 kHz pour la téléphonie (fréquences vocales) ;


⋆ entre 65 kHz et 1,1 MHz pour l’internet.

Considérons un signal formé de la superposition de deux signaux sinusoïdaux : l’un de basse fréquence
pour la téléphonie, l’autre de haute fréquence pour l’internet. Afin de permettre une communication
téléphonique audible, le filtre ADSL doit envoyer vers le téléphone un signal filtré, qui ne laisse passer que
les plus basses fréquences. Un tel filtre est appelé "filtre passe-bas". De la même manière, le signal internet
est extrait à l’aide d’un "filtre passe-haut" inclus dans le filtre ADSL.

3. En français, ADSL pourrait être traduit par "liaison numérique [à débit] asymétrique sur ligne d’abonné". La notion
de débit asymétrique vient du fait que le débit de données est plus important dans un sens que dans l’autre, contrairement
à la technologie SDSL (Symmetric Digital Subscriber Line).

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e1 (t)

u(t) t
0

0
t = +
e2 (t)

t
0

Figure 7 – Somme de deux sinusoïdes de fréquences et d’amplitudes différentes.

II Systèmes d’ordre 1
II.1. Passe-bas d’ordre 1
a) Fonction de transfert et diagramme de Bode
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Définition :

La fonction de transfert d’un filtre passe-bas du premier ordre est


donnée par :
H0 H0
H(jω) = =
ω 1 + jx
1+j
ω0
où |H0 | est le gain statique du filtre, ω la pulsation, ω0 la pulsation propre
et x = ω/ω0 la pulsation réduite.

Remarque
H(jω) est le produit de deux fonctions de transfert. Pour simplifier, on prendra H0 = 1 dans
la suite et l’on étudiera uniquement la fonction de transfert

1
ω
1+j
ω0

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Le gain d’un filtre passe-bas d’ordre 1 est donné par (avec H0 = 1) :

1
G(ω) = |H(jω)| = v !2
u
u
t1 + ω
ω0

soit, en décibels :  !2 
ω
GdB = 20 log G(ω) = −10 log 1 + 
ω0

Le déphasage introduit par le filtre vaut


! !
ω ω
ϕ = arg[H(jω)] = − arg 1 + j = −Arctan
ω0 ω0

Étudions le comportement asymptotique du gain et du déphasage.


⋆ Pour ω ≪ ω0 , autrement dit ω → 0 :

log ω → −∞ GdB ∼ 20 log 1 = 0 et ϕ → 0

⋆ Pour ω ≫ ω0 , autrement dit ω → +∞ :


!
ω π
log ω → +∞ GdB ∼ −20 log → −∞ et ϕ → −
ω0 2

On remarque que le gain aux hautes fréquences varie en −20 dB/décade.


⋆ Pour ω = ω0 ,
π
ω = ω0 GdB ∼ −3 et ϕ = −
4
Les diagrammes de Bode asymptotique et réel sont représentés sur la figure 8.

Remarque
On parle d’un filtre passe-bas car seuls les signaux de basses fréquences sont transmis sans
atténuation.

b) :::::::
Bande:::::::::::
passante
La pulsation de coupure ωc à −3 dB est définie par

Gmax
G(ωc ) = √ soit GdB = GdB,max − 3
2

Or Gmax = |H0 |. L’expression de G(ω) conduit à ωc = ω0 .

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GdB = 20 log |H| ϕ = arg H


ω
log
0 ω0 ω
log
−2 −1 1 2 −2 −1 0 1 2 ω0
b
−π/4
b 3 dB −π/2
−20
20 log |H0 |
−2

−π
0
dB

−40
/d
éc
ad
e

Figure 8 – Diagramme de Bode d’un filtre passe-bas d’ordre 1.

Propriété
La pulsation de coupure à −3 dB d’un filtre passe-bas du premier ordre vaut

ωc = ω0 (pulsation propre)

La bande passante d’un filtre passe-bas du premier ordre est donc

]0, ω0] soit ∆ω = ω0

c) Exemple
::::::::::

Considérons le montage de la figure 9, où l’amplificateur opérationnel est supposé idéal. Utilisons les
notations complexes et appliquons le théorème de Millman au point A (pas de courant de polarisation) :

Vs Ve
+
Zeq R
VA =
1 1
+
R Zeq

où Zeq est l’impédance équivalente à la mise en parallèle de R0 et de Zc :

1 1 1 1
= + = (1 + j R0 C ω)
Zeq R0 Zc R0

L’amplificateur opérationnel étant supposé parfait, on a en régime linéaire :

Zeq
V+ =V− soit VA = 0 =⇒ Vs = − Ve
R

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Finalement, la fonction de transfert complexe s’écrit

Vs R0 1
H(jω) = =−
Ve R 1 + jR0 Cω

R0

R b

A

Ve
+
Vs

Figure 9 – Montage intégrateur réel

Aux basses fréquences (R0 Cω ≪ 1), le filtre se comporte comme un amplificateur inverseur : Vs ∼ −R0 /R Ve .
Aux hautes fréquences (R0 Cω ≫ 1), le gain, et donc l’amplitude du signal de sortie, tend vers 0.
On peut retrouver le comportement passe-bas d’un filtre en étudiant le comportement de ses différents
éléments aux hautes et basses fréquences (voir figure 10). La figure 11 présente deux exemples de filtres
passe-bas passifs du premier ordre.

Basse fréquence Haute fréquence

Figure 10 – Comportement des différents éléments passifs d’un montage en fonction de la fréquence.

II.2. Filtre passe-haut d’ordre 1


a) Fonction de transfert et diagramme de Bode
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Considérons la fonction de transfert


jx
H(jx) =
1 + jx

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Figure 11 – Exemples de filtres passe-bas du premier ordre avec leurs comportements asymptotiques.

où x = ω/ω0 est la pulsation réduite.


Le gain d’un tel filtre est de la forme
(
x 0 si ω (ou x) → 0
G(x) = √ →
1+x2 1 si ω (ou x) → ∞

On retrouve le comportement d’un filtre passe-haut.

Propriété
La fonction de transfert d’un filtre passe-haut du premier ordre est donnée par :

ω
j jx
ω0
H(jω) = H0 = H0
ω 1 + jx
1+j
ω0
où |H0 | est le gain maximal, ω est la pulsation, ω0 est la pulsation propre et x =
ω/ω0 est la pulsation réduite.

La fonction de transfert d’un passe-haut du premier ordre s’écrit comme un produit de fonction de
transfert
ω
j ω
ω0
H(jω) = H0 =j × H PB1 (jω)
ω ω0
1+j
ω0
où H PB1 (jω) est la fonction de transfert d’un passe-bas d’ordre 1.
On en déduit aisément le diagramme de Bode d’un tel système (voir figure 12).

b) :::::::
Bande:::::::::::
passante
La pulsation de coupure ωc à −3 dB est définie par

Gmax
G(ωc ) = √ soit GdB = GdB,max − 3
2

Or Gmax = |H0 |. D’après l’expression de G(ω), on en déduit ωc = ω0 .

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GdB = 20 log |H| ϕ = arg H


ω
log
−2 −1 0 1 2 ω0
π

b 3 dB π/2
−20
de

20 log |H0 |
ca

b
π/4

ω
B/

log
0d

−2 −1 0 1 2 ω0
−40
+2

Figure 12 – Diagramme de Bode d’un filtre passe-haut d’ordre 1.

Propriété
La pulsation de coupure à −3 dB d’un filtre passe-haut du premier ordre vaut

ωc = ω0 (pulsation propre)

La bande passante d’un filtre passe-haut du premier ordre est de la forme

[ω0 , +∞[

c) Exemples de filtres passe-haut du premier ordre


:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

La figure 13 présente deux exemples de filtres passe-haut passifs du premier ordre.

Figure 13 – Exemples de filtres passe-haut du premier ordre avec leurs comportements asymptotiques.

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III Systèmes d’ordre 2


III.1. Passe-bas d’ordre 2
a) Fonction de transfert
:::::::::::::::::::::::::

Considérons le filtre de la figure 14.

R
L
Ve C Vs

Figure 14 – Exemple de filtre passe-bas du deuxième ordre : la tension est prise aux bornes du conden-
sateur.

Qualitativement, ce filtre se comporte comme un filtre passe-bas :


⋆ à basse fréquence, le condensateur se comporte comme un interrupteur ouvert et le courant est nul.
On en déduit Vs ≈ Ve .
⋆ à haute fréquence, le condensateur se comporte comme un fil. La tension à ses bornes est donc nulle
et Vs ≈ 0.
Utilisons les notations complexes valables en régime sinusoïdal permanent. Le filtre étant considéré en
sortie ouverte, on peut appliquer la formule du pont diviseur de tension

Zc 1
Vs (t) = Ve (t) = Ve (t)
R + ZL + Zc 1 + jRCω + (jω)2LC

On en déduit la fonction de transfert complexe

Vs (t) 1
H(jω) = =
Ve (t) 1 + jRCω + (jω)2 LC

Aux basses fréquences (LCω 2 ≪ 1 et RCω ≪ 1), la fonction de transfert tend vers 1 et Vs (t) ≃ Ve (t).
Aux hautes fréquences (LCω 2 ≫ 1) la fonction de transfert, et donc l’amplitude du signal de sortie, tend
vers 0.
On parle d’un filtre passe-bas car seuls les signaux de basses fréquences sont transmis sans atténuation.

Propriété
La fonction de transfert d’un filtre passe-bas d’ordre 2 s’écrit sous forme cano-
nique :
H0 H0
H(jω) = =
ω2 ω jx
1− 2+j 1+ + (jx)2
ω0 Qω0 Q
où |H0 | est le gain statique, ω0 est la pulsation propre du filtre et Q est le facteur
de qualité du filtre. x = ω/ω0 est la pulsation réduite.

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Remarque
Par identification avec l’expression obtenue dans le cas du circuit RLC série, on obtient

1 1
ω02 = et Qω0 =
LC RC
On en déduit s
1 1 L
ω0 = √ et Q =
LC R C
Attention, ces expressions dépendent du circuit étudié et ne s’appliquent pas pour un cir-
cuit RLC parallèle.

Remarque
La fonction de transfert s’écrivant comme le produit de H0 par une autre fonction de transfert,
nous étudierons dans la suite la fonction de transfert

1
2
ω ω
1− 2
+j
ω0 Qω0

b) ::::::::::::::
Diagramme ::: de:::::::
Bode
Le gain est donné par
1
G(ω) = v !2
u 2
u
t 1− ω ω2
+ 2 2
ω02 Q ω0
soit, en décibels  
!2
ω2 ω2
GdB = 20 log G(ω) = −10 log  1− 2 + 2 2
ω0 Q ω0

Le déphasage introduit par le filtre s’écrit


!
ω2 ω
ϕ = arg [H(jω)] = − arg 1 − 2 + j
ω0 Qω0

Le nombre complexe z = 1 − ω 2 /ω02 + jω/(Qω0), de partie imaginaire positive, possède un argument


compris entre 0 et π. Par conséquent, l’argument est entièrement déterminé par son cosinus. On en déduit
 
 ω2 
 1 − 2

 ω 0

ϕ = −Arccos 
v !


u 2
2 2
tu ω ω 

1− 2 + 2 2
ω0 Q ω0

Étudions le comportement asymptotique du gain et du déphasage pour H0 > 0.

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⋆ Pour ω ≪ ω0 , autrement dit ω → 0 :

log ω → −∞ GdB ∼ 20 log 1 = 0 et ϕ → 0

⋆ Pour ω ≫ ω0 , autrement dit ω → +∞ :


!
ω
log ω → +∞ GdB ∼ −40 log → −∞ et ϕ → −Arccos(−1) = −π
ω0

Le gain décroît en −40 dB/décade.


⋆ Pour ω = ω0 ,
π
ω = ω0 GdB ∼ +20 log Q et ϕ = −Arccos(0) = −
2
La courbe réelle peut s’éloigner des asymptotes au voisinage de ω = ω0 car les asymptotes se coupent
en ω = ω0 à la valeur GdB = 0 alors que GdB (ω0 ) = +20 log Q.
Cherchons les extrema du gain afin d’étudier la courbe réelle. Si le gain est extremum, c’est que son
dénominateur l’est aussi. Posons
X ω2
f (X) = (1 − X)2 + avec X =
Q2 ω02

Alors
X ωr2 1
f ′ (X) = 0 ⇐⇒ 2(X − 1) + = 0 ⇐⇒ X r = 2
= 1 −
Q2 ω0 2Q2
Pour X = Xr , f est minimale (parabole de concavité orientée vers le haut) et le gain est maximal.

Propriété
1
Si Q ≥ √ , la courbe de gain passe par un maximum à la pulsation de résonance
2
s
1
ωr = ω0 1 − < ω0
2Q2

On parle d’un phénomène de résonance.

Remarque
Si √
l’on souhaite que le filtre se comporte vraiment comme un passe-bas, il faut imposer Q ≤
1/ 2.

Les diagrammes de Bode asymptotique et réel sont représentés sur la figure 15.

Remarque

Si Q ≥ 1/√2, la courbe est située au-dessus de ses asymptotes.
Si Q < 1/ 2, la courbe est située au-dessous de ses asymptotes.

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GdB = 20 log |H|


ϕ = arg H
ω
Q=5 log
ω0 −2 −1 0 1 2 ω
log
−2 −1 1 2 Q=5 ω0
√ √
Q = 1/ 2 −20 Q = 1/ 2
−π/2 Q = 0, 2
Q = 0, 2
−40 −4
0 dB

−60 −π
/d
éca
de

−80

Figure 15 – Diagramme de Bode d’un filtre passe-bas d’ordre 2 pour différentes valeurs du facteur de
qualité.

III.2. Filtre passe-haut d’ordre 2


a) Fonction de transfert
:::::::::::::::::::::::::

Considérons un système de fonction de transfert


− x2 ω
H(jx) = H0 avec x = (pulsation réduite)
x ω0
1 − x2 + j
Q
Pour ω → 0, H(jω) → 0 alors que pour ω → +∞, H(jω) → H0 . Ce système laisse passer les hautes
fréquences mais pas les basses fréquences : c’est un filtre passe-haut.
Propriété
La fonction de transfert d’un filtre passe-haut d’ordre 2 s’écrit sous forme cano-
nique :
ω2
− 2
ω0
H(jω) = H0 2
ω ω
1− 2+j
ω0 Qω0
où ω0 est la pulsation propre du filtre et Q est le facteur de qualité du filtre.

b) ::::::::::::::
Diagramme ::: de:::::::
Bode
La fonction de transfert d’un passe-haut d’ordre 2 s’écrit comme un produit
ω2

ω02 ω2
H(jω) = H0 =− × H PB2 (jω)
ω2 ω ω02
1− 2
+j
ω0 Qω0

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où H PB2 (jω) est la fonction de transfert d’un passe-bas d’ordre 2.


On en déduit aisément les diagrammes de Bode asymptotique et réel du passe-haut d’ordre 2 (voir
figure 16).

GdB = 20 log |H|


ϕ = arg H
Q=5 ω
log
−2 −1 1 2 ω0 π
Q=5
√ √
−20 Q = 1/ 2 Q = 1/ 2
π/2 Q = 0, 2
Q = 0, 2
−40
−2 −1 1 2 ω
e

log
cad

−60 0 ω0

B/
0d

−80
+4

Figure 16 – Diagramme de Bode d’un filtre passe-haut d’ordre 2 pour différentes valeurs du facteur de
qualité.

III.3. Filtre passe-bande


a) Fonction de transfert
:::::::::::::::::::::::::

Considérons le filtre de la figure 17.

C L
Ve R Vs

Figure 17 – Exemple de filtre passe-bande du deuxième ordre : la tension est prise aux bornes de la
résistance.

Qualitativement, ce filtre se comporte comme un filtre passe-bande :


⋆ à basse fréquence, le condensateur se comporte comme un interrupteur ouvert et aucun courant ne
circule. La tension Vs aux bornes de la résistance est donc nulle.
⋆ à haute fréquence, la bobine se comporte comme un interrupteur ouvert et aucun courant ne circule.
La tension Vs aux bornes de la résistance est donc nulle.
Plaçons-nous en régime sinusoïdal permanent et utilisons les notations complexes. Le filtre se comporte

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comme un pont diviseur de tension de sorte

R Vs (t) jRCω
Vs (t) = Ve (t) d’où H(jω) = =
ZL + R + Zc Ve (t) 1 + jRCω + (jω)2 LC

Aux hautes fréquences (LCω 2 ≫ 1) comme aux basses fréquences (LCω 2 ≪ 1), la fonction de transfert,
et donc l’amplitude du signal de sortie, tend vers 0.
On parle d’un filtre passe-bande car seuls les signaux de pulsation voisine de ω0 sont transmis sans
atténuation.
Propriété
La fonction de transfert d’un filtre passe-bande d’ordre 2 s’écrit sous forme cano-
nique :
ω
j
Qω0 H0
H(jω) = H0 2
= !
ω ω ω ω0
1− 2+j 1 + jQ −
ω0 Qω0 ω0 ω
où ω0 est la pulsation propre du filtre et Q est le facteur de qualité du filtre.

Remarque
Par identification avec l’expression obtenue dans le cas du circuit RLC série, on obtient

1 1
ω02 = et Qω0 =
LC RC
On en déduit s
1 1 L
ω0 = √ et Q =
LC R C
Ces expressions dépendent du circuit étudié.

Remarque
Dans la suite, pour simplifier l’étude, on posera H0 = 1.

b) ::::::::::::::
Diagramme ::: de:::::::
Bode
Le gain est donné par
1
G(ω) = v !2
u
u
t1 + Q2 ω ω0

ω0 ω

soit, en décibels  !2 
ω ω0
GdB = 20 log G(ω) = −10 log 1 + Q2 − 
ω0 ω

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Le déphasage introduit par le filtre s’écrit


" !# " !#
ω ω0 ω ω0
ϕ = arg [H(jω)] = − arg 1 + j Q − = − arctan Q −
ω0 ω ω0 ω

Remarque
Le déphasage s’écrit aussi en fonction du déphasage d’un filtre passe-bas d’ordre 2 :
! !
ω ω2 ω π
ϕ = arg [H(jω)] = arg j − arg 1 − 2 + j = ϕpasse-bas +
Qω0 ω0 Qω0 2
| {z }
=π/2

Étudions le comportement asymptotique du gain et du déphasage.


⋆ Pour ω ≪ ω0 , autrement dit ω → 0 :
!
ω π
log ω → −∞ GdB ∼ −20 log Q + 20 log et ϕ →
ω0 2

Le gain croît en +20 dB/décade.


⋆ Pour ω ≫ ω0 , autrement dit ω → +∞ :
!
ω π
log ω → +∞ GdB ∼ −20 log Q − 20 log → −∞ et ϕ → −
ω0 2

Le gain décroît en −20 dB/décade.


⋆ Pour ω = ω0 ,
ω = ω0 GdB = GdB,max = 20 log 1 = 0 et ϕ = 0
Le gain reste inchangé lorsqu’on change ω/ω0 en ω0 /ω : la courbe de réponse en gain est donc symétrique
par rapport à ω = ω0 .
La courbe réelle peut s’éloigner des asymptotes au voisinage de ω = ω0 car les asymptotes se coupent
en ω = ω0 à la valeur GdB = −20 log Q alors que GdB (ω0 ) = 0.
Les diagrammes de Bode asymptotique et réel sont représentés sur la figure 18.
Remarque
Si Q ≥ 1, la courbe est située au-dessus de ses asymptotes.
Si Q < 1, la courbe est située au-dessous de ses asymptotes.

c) Bande passante
::::::::::::::::::

Cherchons la bande passante d’un filtre passe-bande. Notons x = ω/ω0 de sorte que le gain prennent
la forme
|H0 |
G(x) = v !2
u
u
t1 + Q2 x − 1
x

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GdB = 20 log |H|


ϕ = arg H

ω
log
−2 −1 0 1 2 ω0 π/2
√ Q=5
Q = 1/ 2
de

−2 −1 1 2 ω
ca

log

−2

−20 0 Q = 0, 2 ω0
B/

0
dB
0d

/d
+2

Q = 0, 2
éc
−π/2
ad
e
√ −40
Q = 1/ 2

Q=5
Figure 18 – Diagramme de Bode d’un filtre passe-bande d’ordre 2 pour différentes valeurs du facteur de
qualité.

Les pulsations de coupure à −3 dB sont telles que


!2
Gmax |H0 | 1
G(xc ) = √ = √ =⇒ Q2 xc − =1
2 2 xc

On remarque alors que si x1 est solution de cette équation, alors x2 = 1/x1 est aussi solution. La bande
passante est donnée par la différence des solutions de sorte que

1 1 ω0
x2 − x1 = x2 − = soit ∆ω = ω2 − ω1 =
x2 Q Q

Propriété
La largeur de la bande passante ∆ω d’un filtre passe-bande est reliée à son facteur
de qualité par
ω0
∆ω =
Q
Un filtre passe-bande est d’autant plus sélectif (faible bande passante) que son fac-
teur de qualité est grand.

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