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Figure 4.13
Figure 4.16
Dqns Ia seconde partie dlvan le Terrible, le décor donne
Dons Les vampires, un cadre est créé ou
l'impression que les personnages s,extirpent d,un espoce
fond par une large porte...
pour entrer dons un outre.
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veuve et son cqmionneur se tiennent discrètement à défr de prendre les commondes des clients, Sa robe
gquche du cadre. rouge contribue ò qtttrer l'qttention sur elle.
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Figure 4.15
Dans cette scène de Dracula, ò l,exception des bougies,
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l'cril Citizen Køne,le ballon de la petite fille de M le maudit (M,Frrtz Lang, 1931), le
à des objets réels. De ,ros ;orrrs, les effets
cactus de Ijlnmme cpi tuø Liberty Vctlance (Tlrc Møn \Nho Shot Liberty Volance,
fohn Ford, 1962), le lit d'hôpital de Sarah Connor transformé en dispositif
d'entraînement dans Terminator 2 (Iames Cameron, 1991). Les comédies sont
ID renplies d'accessoires utilisés à des fins humoristiques (4.25).
Au cours d'un récit, un accessoire peut devenir un motif. Le rideau de douche
de Psychose est d'abord un fragment anodin du décor, mais lorsque I'assassin
pénètre dans la salle de bain ce rideau nous empêche de Ie (ou de la) voir. Plus
Figure 4.24
Figure 4.23
Le Cinquième élément crée une ville-collage en utilisont l'imagerie numérique pour iuxtaposer des
.. . et plus tard la prison.
images provenant de dtverses sources.
la2 Partie3-Lestyle Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 183
g )
tard, après le meurtre, Norman Bates se
sert du même rideau pour envelopper le
corps de la victime.
!t, Alexander Payne a créé un motif narratif
/rÞ par la répétition d'un type d'accessoire
lrt dans L'arriviste (Election, 1999). Lensei_
t-
gnant frustré et irritable d'un collège com_
mence sa journée en lavant le réfrigérateur
f^ de l'établissement (4.26). peu après, on le
Figure 4.25 voit dans un couloir, près d'une poubelle
Le protogoniste irresponsoble dUn jour sans fin (A (4.27). À un moment clé du récit, ìl décide
Croundog Day, Horold Romis, 1.993) dévore un énorme de dissimuler un vote décisif, qu'il froisse et
petit déjeuner où l'on retrouve les accessoires dominant jette discrètement dans une tigure 4.26
corbeille soupçonneux - qui jouero un rôle important
l'arrière-plan.
(4.28). Payne appelle cela le motif de la b'íns L,aniviste , un professeur est observé por un homme de ménage
dqns sa chute.
poubelle, < le fait de jeter des choses, qui
constitue en fait le climax du film . . Ce motif est installé très tôt >.
Lorsqu'un réalisateur utilise la couleur pour créer des parallèles entre des
élé-
ments du décor, un motif coloré peut être associé à plusieurs accessoires.
Au
début du vent (Finye, souleymane cissé, 19g2),,rn" f.--e porte une cale-
basse orange tandis que le vent bruisse dans les feuillages'(4.29-4.3r).
La
récurrence de la couleur orange crée un regroupement ãe motifs naturels
autour du drame principal. Nous étudierons plus précisément, dans une
autre
partie de ce chapitre, la façon dont des éléments du décor peuvent concourir
à
I'invention de motifs ayant une fonction narratrve.
Figure 4.28
Çíos plon de lq matn du professeur jetant un vote décisif pour les élections du présìdent du conseil étudtant.
144 Partie3-LestYle Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 18s
Figure 4.30
Figure 4.29 Plus tord, un grond-père qui réclame vengeonce se
Le ven| débute avec une femme qui porte une calebosse prépore ò pourchasser le persécuteur de son petit-fils en
oronge à travers une forêt. s'habillant en orange et en lançont des incantations
devant un feu.
Figure 4.32
Dons Naissance d'une nalion, Little Sister se rend
compte que sa robe est toujours oussi défraîchie, malgré
Figure 4.31 ses efforts pour lo décorer.
À ta fin, te petit garçon passe une calebasse ò quelqu,un
hors-chomp - peut-être le couple vu plus tôt. *t
Figure 4.35
Dons Huit et demi, ses lunettes de soleil protègent Marcello du reste du monde,
Figure 4.33
La longue troîne sombre du vêtement d,un prêtre Figure 4,34
contrqste ovec la lourde porure du tsar dons lvan le Figure 4.37
Costumes stylisés dons Freak Orlando. Figure 4.36
terrible. porte ... par un chapeou plus
est remplocé
Le chapeou stylé ò lorges bords que
Hildy au début de La dame < masculin ,,
à bords relevés, lorsqu'elle
du vendredi,.. se remet qu travqil,
1A6 Partie 3 Le style Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 147
Howard a dissimulé une caméra vidéo à bord du véhicule. c'est alors le cos-
tume qui fournit à |ack I'indice permettant de devancer Howard.
Transformer I'apparence des acteurs pour qu'ils ressemblent à des personna- Figure 4.44 Figure 4.45
ges historiques est I'une des fonctions ordinaires du maquillage. Les fonds blancs et nus concentrent l'attention sur les Dans lo premrère partie dlvan le terrible, le maquillage
visages des octeurs dans de nombreux plans de donne forme aux sourcils et creuse les orbites pour
La passion de .leanne d'Arc, qccentuer le regord perçont du tsor.
188 Partie 3 - Le style Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 149
de Marlène Dietrich. Von Sternberg a souvent utilisé un tel éclairage qui permet
cle modeler le visage des acteurs. (La lumière du plan extrait de Quand la ville
dort,4.53,est elle aussi zénithale, mais ne cherche pas un effet < glamour >')
Léclairage peut aussi être caractérisé par sa source. Un réalisateur de docu-
mentaire est parfois obligé de tourner en lumière ambiante, celle qui corres-
pond au lieu et au moment du tournage. Dans la plupart des films de fìction'
on installe des sources artificielles supplémentaires pour contrôler au mieux
les qualités photographiques de I'image. Les lampes que I'on voit à l'écran, sur
Figure 4.58 des tables, dans une rue, ne sont pas les principales sources d'éclairage d'une
Figure 4.59
Dons Passion (Jean-Luc Goclord, I 9g2), scène. Ces sources visibles sont généralement placées dans le décor de façon à
Dons Les ailes (Wings, Wiiliom A.
lo lampe et lø fenêtre produisent le
Wellmon, 1929), les corps des acteurs se
indiquer une origine vraisemblable de la lumière, elles justifient les choix du
contre-jour qui foit opporoître la femme
détqchent de l'arrière-plan grôce à une réalisateur et du chef opérateur. La fenêtre du fond et la lampe au premier
comme une silhouette presque
fine délinéation lumineuse. plan à droite, dans la ß,g:ure 4.62 extraite de Miracle en Alctbqmø (The Miracle
entièrement sombre.
Worker,Arthur Penn, 1962) sont censées être les seules sources lumineuses de
194 parrie 3 _ Le style
Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 195
de la gauche ;
elle produit un fort contraste sur le visage de la vieille femme au
plan et un effet plus doux sur celui de I'homme grâce à un appoint
,r.mi".
de la clroite. Cette lumière éclaire aussi le nez et le front de la femme.
ir.nnn,
Le cinéma classique hollywoodien est à l'origine d'une sorte de tradition qui
co'siste à employer au moins trois sources de lumière par plan : lumière prin-
cipale, lumière d'appoint et décrochage. On voit en 4.65 la configuration la
olus élémentaire de ces trois sources pour un sujet unique. Le décrochage
vient de derrière, au-dessus du personnage ; la lumière principale vient légè-
rement de biais, face à lui, et I'appoint, plus éloigné dtt personnage et moins
intense, est placé près de la caméra. Si un autre acteur vient s'ajouter au dis-
positif la lumière principale de l'un est modifiée pour devenir le décrochage
de I'autre, et un appoint est installé des deux côtés de la caméra.
< Lolsque l'on fìlme des glos pians en couleur, il y a tlop d'informations
visuelles en foncl, ce qui a tendance à détoulner l'attentior.r du visage. C'est
poulquoi on garde aussi bien en mémoire les visages des actrices des vieux
fìhns lioir et blanc. Encore maintenant, les cinéphiles se souviennent avec nos-
talgie de Dietrich... Garbo... Lar.nalr... Pourquoi ? En noil et blanc, ces figu-
les donllaient I'impression <l'être éclairées de I'intérieur. Lorsqu'un visage
apparaissait à l'image, surexposé - c'était l'une des techniques du high ke¡ qui
gommait aussi les in.rperfections - c'était comûìe un objet écìatant qui sortait
de l'écran. >
ifÍérentes peuvent être combinées
cle Nestor Almendros, chef-opérateur
tigure 4.64 Ce système d'éclairage nécessite que les projecteurs soient repositionnés à
Figure 4.63 chaque changement de cadrage. Malgré le cofit que cela représente, il est cou-
Le pré de Béjine.
C.ombinoison d,une forte lumière
principole et rant, dans le cinéma holll"woodien, qdà chaque position de la caméra corres-
d'un foible appoint dans Bodyguard.
ponde un éclairage particulier. Ces variations de sources et de directions de
196 Partie3-LestYle Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 197
exeÍìple, deux
photogrammes de Retour vers le fuhr:
(4.68)' le high key corresponcl à une
dans le premier
lumière diurne et au clinquant d'un bar; dans le
second (4.69), extrait d'une scène nocturne, il se
reconnaît à la douceur générale cl'un éclairage peu Figure 4.68
k"y Retour vers le futur ; différence entre le
Figure 4.66
contrasté et à I'aspect nuancé des ombres.
Jour...
Effet du système de l'éclairage trois points ò l'écron, Le low key, à I'inverse, produit cles contrastes impor-
dons L'insoumise. tants et des ombres profondes. La lumière y est souvent
comero dure, les appoints y sont réduits ou éliminés pour créer
f un effet général de chiaroscttro, de clair-obscur, oìr
f image peut contenir à la fois des zones extrêmer-nent
Figure 4.65
Eclairage trois points, l'une des techniques
sombles et des zones extrêmement lumineuses. La
fondamentoles du cinéme hollywoodien. frgrre 4.70 est extraite de Konal (Andrzej Wajda, 1957).
La lumière d'appoint et Ia lumière principale y sont
moins intenses que dans le système du high key; les
ombres qui envahissent le tiers gauche de l'écran restent
clures et opaqlres. En 4.7I - un plan low key de Mauvais
sang-,la lumière principale, violente, vient clu côté gau-
Figure 4.69
Figure 4.67 che. Carax élimine à la fois Ia lumière d'appoint et le ,,. et la nutt.
Dons Attrape-moi si tu peux, le père opathique ne peut décrochage pour cléer des ombres très découpées et Lrn
réprimer un sourire face à la supercherie de son fils, et effet de vide son-rbre autour cles personnages.
l'éclairoge high key vient accentuer le ton enjoué de lo < Lorsque j'ai cot-nrner-rcé à regarder des films dans
scène.
les années 40 et 50, le cinél-na indier-r était complèten-relt sous l'influence de
I'esthétique hollywoodienne, qr.ri insistait beattcottp.r sur la "lumière idéale"
poul le visage, à grar.rds renforts de diffLrseurs et de déclochages. )'ai alols
l'éclairage ne sont pas réalistes, mais elles permettent aux réalisateurs de créer commencé à rejeter ce rnépris complet pour la vérité d'ttne source lumineuse,
des compositions nettes pour chaque plan. et cette utilisation caricatnrale cles décrochages. En utiliser tout le ten-rps,
c'était corrme nettre des épices clans tout ce qtion cuisine. ,
L éclairagetrois points était particulièrement adapté à l'éclairage dit < high Subrata Mitra, chef opérateur
key>, qui caractérise le classicisrne holl¡voodien et d'autres traditions ciné-
Nos exemples indiquent bien que le low key caractérise surtout des scènes à
matographiques. Le high key est un système cl'éclairage où les lumières princi-
I'atmosphère lourde, mystérieuse ; c'était un procédé courant du fllm d'horreur
pales et d'appoints servent à amoindrir les contrastes entre les zones les
dans les années 1930 et du bien nommé fìlm noir dans les années 1940 et 1950.I1a
été remis à la mode dans les années 1980 par des fllms comme Bløde Rutmer
(Ridley Scott, i982) ou Rttsty Jantes (Rtnttble Fish, Francis Ford Coppola, 1983).
Dans le Sud (El S¿¿r, Victor Erice, 1983 - 4.72),le low key produit des effets saisis-
sants de clair-obscur qui décrivent le monde des adultes tel qu un enfant l'imagine.
souvent utilisé pour les comédies, les frlms d'aventure et les drames.
19A Partie 3 - Le stYle
Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 199
La plupart des lumières sont conçues au cours du tournage, mais I'imagerie photogramme présenté en 4.81 est extrait des Sepr
numérique permet aussi aux réalisateurs de créer des éclairages virtuels. GrÀce
ls ,Siclútúu no senTurai, Akira Kurosawa,
¿\ 5¡lrrarottrai's
de puissants logiciels 3D, il est possible d'ajouter une lumière générale ou des
1954).Le samouraÏ vient de se battre victorieusement
efFets d'éclairage directionnel, de faire briller des surfaces et de générer des
contre les bandits; seule la pluie semble être en mou-
ombres portées. Dans la réalisation < traditionnelle >, les réalisateurs doivent uti-
vement dans le cadre, mais la posture des deux hom-
liser la lumière pour clarifier et simplifier I'espace, afin de réduire la masse des
mes, fourbus, voúttés, s'appuyant sur leurs lances,
informations visuelles qui se présentent à la caméra. À I'inverse, l'éclairage nullé-
exprime encore la tension consécutive au combat. À
rique se construit petit à petit, à partir d'éléments simples. pour cette raison, il
I'inverse, la violence du mouvement et de l'expression
de James Cagney dans une scène de L'enfer est ìt hü
nécessite beaucoup de temps - un logiciel peut prendre une journée et une nuit
entière pour calculer les ombres portées d'un seul plan. De nouveaux logiciels et (White Heat, Raotl Walsh, 1949) oùr, en prison, il Figure 4.81
des ordinateurs plus puissants viendront sans doute accélérer ces processus. Les qcteurs prennent des poses fatiguées
apprend la mort de sa mère, exprime une sorte de dons Les sept samouraìs.
Nous prêtons généralement peu d'attention à la lumière qui nous entoure et pour fnreur PsYchotique (4.82).
la même raison, la lumière d'une image de cinéma est facilernent perçue comrrìe
Au cinéma, le mouvement et I'expressivité ne sout pas
< allant de soi >. Les caractéristiques visuelles d'une image sont pouitant
essentiel- les propriétés du seul corps humain. Comme nous le
lement déterminées par la qualité de la lumière, sa direction, sa source et sa cou-
verrons au chapitre 10, les techniques de l'animation
leur. Le réalisateur peut manipuler et combiner ces difÉrents facteurs pour
peuvent mettre en mouvement des objets, dessinés ou
façonner de diverses manières l'expérience du spectateur. < Laventure et le drarne
en trois dimensions. C'est par la technique de l'ùnage
de la lumière ) est sans doute l'élément le plus important d'une mise en scène.
par itnage que les monstres et les robots des films cle
science-fìction sont dotés cle gestes et d'expressions : au
Mouvement et interprétation
tournage, les positions successives d'une figurine sont
Le réalisateur a aussi le contrôle d'un certain nombre de figures. Le mot enregistrées - chaque position correspondant à un ou
< frgure ) couvre un vaste champ sémantique : il peut désigner cler"rx photogramrres - pour restituer à la projection un Figure 4.82
nn être
humain ou un animal (Lassie, l'âne Balthazar oLl Donald Duck), un robot mouvement relativement continu. Le massacre commis Dons L'enfer est à lui, Cody larrett (James
(R2D2 et c3Po dans la guerre des étoiles), un objet (4.79),une simple forme Robocop (Paul Cogney) se lève brusquement dans la
(4.80). À travers la mise en scène, ces figures expriment des sentiments et cles
-ug"ou"tt"t"cantyldelaprison'aprèsavoirapprìsla
mort de sa mère'
pensées ou procluisent des effets cinétiques. (rrn -o¿¿ta
"n
taille réelle, non articulé, était utilisé pour les plans
d'ensemble). La même technique sert aussi des esthétiques plus abstraites - voir
,l par exemple la séquence d'animation de pâte à modeler dans Ditnensions de dia-
Iogtrc (Monosti dialogtt,Jan Svankm ajer,1982 - 4.84).
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Figure 4.79
Dons Le grand saut fhe Hudsucker proxy, Joel et
Ethan Coen, 1993), lorsque le coursier Norville propose
sa nouvelle idée de jouet, les boules qui allaient et
venaient sur le bureou de son potron s,arrêtent Figure 4.80 Figure 4.84
brusquement et inexplicablement. Le filmabstrait Parabola (Mory Ellen Bute, l93Z) Figure 4.83 Une conversation entre deux figures d'argile dégénère et
emploie lq lumière comme un fond pur pour mettre en Un modde réduit utilisé dons Robocop. elles commencent à se réduire en morceaux dans
valeur des formes sculpturales, Dimensions de dialogue.
202 Partie 3 Le style Chapitre 4 - Le plan : la nrise en scène 203
Un réalisateur pcut mettre en scèrìe nne ¿rction sans objets ou personnages en changenents que la notion de réalisne
Ce ¡'est pas senlement à cause de ces
trois dimensions. L'animation par cellulo, par exernple, rrous donne à voir des précaution dans l'analyse ou la critique cltt travail d'un
doit être enployée avec
dessins d'Alaclin ou dc Daffy Duck. Des dinos¿rures et des monstrcs fnbuleux, Un fihn u'aspire pas nécessairenent ar,l réalisne, et il existe autant de
acteut.
créés sous forme de modèles réduits, peltvent être digitalisés et mis en moltve-
ment grâce à l'irnageric numérique (cf. 1.29).
Le jeu et le réel
Expressions et mouvemeuts sont plus souvent considérés cotnme le Íìrit c'est vers elle que I'acteur otieutera son travail. Dans Ie tnogicictr d'Oz,l'irrêa-
cl'actenrs jouant des rôles qr-re celui de formes abstlaites ou de fìgures anirnées. lisme récurrent de I'interprétation est au service de la représentation d'un
Ur-re interprétation est conçLle pour être filmée; elle est constituée d'éléments llonde imaginaire : persotlne ne sait comment Se comporte une < vlaie , sor-
visuels (apparence, gestes, expressions faciales) et sonores (voix, bruits). Elle cièr.e. Le réalisme n'est qlte l'une cles possibilités de l'interprétation. Loutrauce
peut être uniquer-nent visuelle - ce fi.rt le cas pendant toltte la période dr-r film clu jeu procure aux publics des grosses productions - celles qui viennent de
nuet - ou uniqnement sonore : dans Clnhrcs conjugoles (A Lctter to Thrae Holl¡,vood, cl'Inde, de Hong l(ong - une grande part de leur plaisir. Le specta-
I,4/ivcs, Joseph Mankiewicz,1949),le personnage joué par Celeste Holm, Addie te¡r ordinaire n'attend aucun réalisrne du jeu de fim Carrey ou de celui de
Ross, commente en voix off les images mais n'apparaît jamais à l'écran. stars cles arts martiaux conìme Jet Li ou fackie Chan'
Lintcrpr'étartion est sollvent jugée suivant des critères réalistes. Les conceptious E¡ regardaut un fìlm de fiction, llous savons plus ot-t t¡oius que l'interpréta-
du r'éalisme de l'interprétation ont changé alt cours de l'histoire du cinéma : les tion, telle que llolrs la voyons à l'écran, est le fruit du métier et des décisions
perfornances de Russell Crowe et Renee Zellweger dans Cilulcrella Matr (Ron prises par l'acteur (voir < De ph-rs près r). En disant d'un acteur qu'il u fait
Howard, 2005), ou celles cle Heath Ledger et lake Gyllenhaal dans IJrokcbnclc dans la démesnre , ou qr.iil est, diseut les Anglo-Sirxolls) ( bigger thotr life r,
Mouttttitt (Ang Lee, 2005) nous sen-rblent correspondre, aujourd'hui, aux com- nous recolllìaissons irnplicitement le métier, l'art cle cet ¿rcteur et sou caractèr'e
poltements ordinaires de nos conterxporains. Dans les années 1950, le style de iltentionnel. Il est généralement uécessaire, pour analyser un film, de dépas-
l'Actors Studio, celui de Marlon Brando dans Sr¿r lcs quitis os (Ju trünwoy sel les préjr"rgés sur le r'é¿rlisme de l'ir-rterprétation et d'en cxaminer précisé-
ttotttttté désh' (A Strcctcar Natncd Desirc, Elia I(azan, 7L)52), était lui ¿russi consi- ment les fonctions.
dér'é comme très ré¿rliste. C)n peut continuer d'apprécier le travail de Braudo,
mais il paraît rlaintenant tont ¿ì la fois réfléchi, appuyé et assez peu réaliste. On
pourrait dire la même chose des actcurs, ¿ìmatellrs et professionnels, du
néoréalisme de l'après-guerre : ces films furent acclamés, à l'époque, comne des
peintures quasi documentaires de la vie italienne, mais la plupart d'entre cnx On pourrait penser que la première tâche de l'acteur est de dire ses répliques d'une manière con-
paraissent aujourd'hui montrer des interprrétations très lisses qui auraient con- vaincante et inspirée. Si la voix et la diction sont sans aucun doute très importantes au cinéma, en
venu all cinéma hollpvoodien. Et nons devenons déjà sensibles au travail for- termes de mise en scène, l'acteurfait aussi toujours partie de l'ensemble visuel du film. llarrive très
souvent que des scènes ne soient que peu ou pas du tout dialoguées, mais à chaque moment de
mel de qr.relques grancles performances soi-clisant naturalistes des années 1970,
sa présence à l'écran, l'acteur doit être dans le personnage. C'est visuellement que l'acteur et le
parr exemple celle de Robert de Niro dans'lnxi driyer (Martin Scorsese, 1976). réalisateur donnent forme à l'interprétation.
On ne peut pas savoir comment les interprétations de The Ittsidcr (Michael
De tout temps, les acteurs utilisent leur visage. Cela était plus évident avant l'avènement du cinéma
Mann, 1999, avec Al Pacino et Russell Crowe) ot ht tlrc Bcdroottt (Todd Fielcl, sonore, et les théoriciens de l'époque du muet ne tarissaient pas d'éloges pour le jeu facial subtil
2001, avec Sissy Sptrcek et Nick Stahl) seront reçLles dans quelques clécennies. de Charlie Chaplin, Greta Garbo ou Lilian Cish. Certaines expressions fondamentales comme celles
< J'ai du mal tì sr.rpportcr bcauconp de fìL¡s hollywoodicr.rs palce clriils suppo-
de la joie, de la peur ou de la colère, étant comprises facilement par toutes les cultures, il n'est pas
surprenant que le cinéma muet ait pu devenir populaire dans le monde entier. Aujourd'hui, les
serlt souveut cluc la significatiol'r on l'émotion est corrplise dans les quclques
films de fiction commerciaux utilisant beaucoup de gros plans, les visages des acteurs sont souvent
centirlètres carrés clu visirgc 11'un acteLll:, et je nc vois pas clu tout les choscs de
très proches et les interprètes doivent contrôler avec précision leurs expressions.
cette façon.ll y it unc furce dans le frrit de letcnir des inforrnatior-rs, dc lcs révé-
lel gladuellen.rcrrt. 11 faut laisser le public découvrir les choses clans lc crdle, en Les parties les plus expressives du visage sont les sourcils, la bouche et les yeux. lls contribuent en-
leur tetll-rs, à lcul llirnière. r semble à signaler de quelle manière un personnage réagit à une situation dramatique.DansJerry
Moguire (Cameron Crowe, 1996), une comptable, Dorothy Boyd, rencontre par hasard Jerry dans
Alison Maclean, cinóastc
un aéroport. Elle a un faible pour lui, en partie parce qu'elle est admirative du courageux rapport
2O4 Partie 3 - Le style Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 205
de mission qu'il a rédigé pour la société où ils travaillent tous les deux. Alors qu'il revient un peu exprimant sa noble souffrance (4.88). Peu d'acteurs auraient
sur ce mémo, elle le cite de mémoire, avec empressement ; le regard droit et le franc sourire de de postures stylisées, mais le public des premiers temps du cinéma
Renee Zellwegger laissent comprendre qu'elle prend tout cela plus au sérieux que Jerry (4.85), im- expressives, à la manière de mouvements de danse. Menichelli joue
pression confirmée lorsque celui émet un vague He he... et l'observe avec scepticisme, son sou- reste de la scène plus calmement, tout en se servant toujours d'attitudes expressives (4.89,4.9O).
" " le
rire figé marquant plus une politesse de convention qu'une véritable fierté (4.86). Cette rencontre
Les gestes de Chaplin et Menichelli montrent aussi
que les mains sont des outils importants pour
introduit à l'une des prémisses du film : les impulsions idéalistes de Jerry devront être continuelle-
ment soutenues, parce qu'il peut à tout moment redevenir un o requin en costume >. l,actãur de cinéma. Les mains sont au corps ce que les yeux sont au visage : elles concentrent l'at-
tention et évoquent les pensées et sentiments du personnage. L'actrice Maureen O'Hara disait
d,Henry Fonda : " ll n'avait qu'à remuer le petit doigt pour voler une scène à n'importe qui. " On
peut en voir un bon exemple dans le thriller crépusculaire Point limite (Fail Safe, Sidney Lumet,
'1964).Henry Fonda joue le président des États-Unis, qui apprend qu'un avion de guerre américain
a été accidentellement envoyé pour bombarder l'Union Soviétique. Fonda se tient droit près d'un
téléphone alors qu'on lui donne des nouvelles alarmantes sur la progression de l'avion ; il raccro-
che de la main gauche (4.91-4.94). En gardant le plan fixe et dépouillé, Sidney Lumet donne aux
doigts de Fonda le rôle principal, leur laissant exprimer la prudence du président mais suggérant
aussi la tension générée par cette crise.
l
lr
Figure 4.85 Figure 4.86
Ouverte et sincère, Dorothy rend hommoge ou ropport
idéoliste de Jerry Moguire.
Celui-ci sourit poliment, mois son regord de côté et le
mouvement de ses sourcils loissent penser qu'il est un \ 4ç
peu effroyé por tont de sérieux.
Les yeux ont une place particulière dans ce film. Dans toutes les scènes, les informations narratives
les plus importantes sont transmises par les directions de regard, l'utilisation des paupières, la for-
me des sourcils. L'un des moments les plus émouvants du cinéma de Charlie Chaplin est celui où,
dans Les lumières de lq ville (City Lights, 1931),lajeune vendeuse de fleurs aveugle vient de retrou- Figure 4.88
Dans La trigresse royale, lo moin droite de Menichelli
ver la vue et comprend soudain que c'est lui, son bienfaiteur. Chaplin prend une fleur entre ses
dents, pour que nous ne voyions pas la forme de sa bouche ; il faut alors lire son désir dans Figure 4.87 ogrippe ses cheveux, comme s¡ elle se tirait la tête en
ses
sourcils et dans son regard sombre et profond (4.87). Dons le climox des Lumières de la ville, Choplin, arrière dons un moment d'ogonie. Mois son corps
qu'il touche
en dissimulont so bouche ovec lo fleur co n se N e si multo né me nt u n e ottitu d e p rov oco nte,
Dans la vie normale, nous ne dévisageons pas continuellement les gens avec lesquels nous parlons. neveusement, force le spectoteur à voir l'espo¡r tendu vers l'ovant et se tenont fermement, ls moin
Pendant une moitié du temps, nous détournons le regard pour rassembler nos pensées - et nous qu'exprime le hout de son visoge. gouche posée sur la hanche.
clignons des yeux 10 à 12 fois par minute. Mais les acteurs doivent apprendre à se regarder direc-
tement, yeux dans les yeux et avec peu de cl¡gnements. Si un acteur quitte son partenaire du re-
gard au cours d'une scène de conversation, cela suggère une réaction à ce qui est en train de se
passer (surprise, inquiétude). Les acteurs qui jouent des personnages forts ou énergiques travaillent
souvent sur la fixité du regard. Anthony Hopkins disait ainsi à propos de son interprétation d'Han-
nibal Lecterdans Le silence des ogneaux: o Si vous ne clignez pas des yeux, le public reste
hypnotisé (voir 10.1, 10.3). Dans la scène de lerry Moguire évoquée plus haut, les protagonistes
"
se regardent fixement. Lorsque .lerry ferme les yeux en réaction aux éloges de Dorothy, cela signale
sa nervosité quant aux conséquences de la rédaction de son rapport.
Les acteurs agissent aussi avec leur corps. Les manières dont un personnage marche, se tient de-
bout ou s'asso¡t, transmettent beaucoup sur sa personnalité et son attitude. Aux XVllle et XlX" siè-
cles, le moT. ottitude était utilisé pour désigner la manière dont quelqu'un se tenait. Le
leu théâtral Figure 4.89 Figure 4.90
a fourni au cinéma primitif un répertoire de postures qui permettaient d'exprimer l'état d'esprit tout en s'éloignont
Menichelli commence à ovoir honte et elle se retire Elle reste tournée vers la cheminée
d'un personnage. Dans un film italien de 191 6, La tigresse royole (Tigre Reale, Çiovanni Pastrone), encore, devenue mointenont une figure pothétique.
olors vers lo cheminée, tournont le dos et se voûtont
la diva Pina Menichelli joue une comtesse au passé obscur. Dans une scène, elle fait un aveu en
d'une monière qui suggère le remords.
206 Partie3-Lestyle Chapitre 4 - Le plan r la mise en scène 2O7
-- dals le moncle réel. Quoi qu'il en soit, les interprétations de Martin et Carrey
soltt en total accord avec Ie contexte de ces comédies fantastiques.
Urr jeu plus retenu et plus superficiellement réaliste n'aurait pas convenu au
contexte dn genre, du récit et de la mise en scène de All of Me er The Tnnnan
- Show, Cela suppose qu'urìe interprétation, réaliste ou pas, doit être considérée
suivant les fonctions qu'elle remplit dans le contexte génétal du film.
On peut aborder les styles cl'interprétation selon deux grands principes : un jeu
sera plus ou moins individualisé et plus ou moins stylisé. Ces deux critères ser-
:,,
vent souvent, de façon implicite, à juger du < réalisme > d'une interprétation, en
se demandant si elle contribue à créer un personnage autonome et si elle n'est
Figure 4.91
Figure 4.92 pas trop exagérée ou, au contraire, contenue. Le portrait que fait Marlon
Dons Point limite, le président se tient droit près du Brando de l)on Vito Corleone dans Le Parraitt (Tlrc Godfather, Francis Ford
Le président se fige puis se frotte les doigts
téléphone olors qu'on lui donne des nouvelles Coppola, 1972) esr par exemple fortement individualisé. Brando confère att
olormontes sur la progression de l'ovion ; il raccroche pensivement...
Parrain une psychologie complexe, une voix et une silhouette propres, ainsi
de la moin gouche.
qu'une série de gestes et cl'expressions faciales qui le différencient de I'image éta-
blie du patron de gang. Du point de vue de la stylisation, Brando tient Don Vito
-- dans un entre-cìeux; son interprétation n'est ni trop plate, ni tlop flarnboyante ;
il n'est pas in-rpassible, mais ne s'empare pas non plus cle la scène.
Cet entre-deux, souvent identifié à I'interprétation réaliste, n'est pas le seul
choix possible. Sur l'échelle des individualisations, les films peuvent créer des
types plLrs vastes, plus anonymes. Le récit hollywooclien classique était basé
sur une collection de stéréotypes idéologiquement coclifiés : le flic irlanclais
affecté à une surveillance, le domestique noir, le prêteur sur gages juif, la ser-
veuse ou la < giil > toujours amusantes. Les acteurs étaient sélectionnés et diri-
gés pour se conformer à ces stéréotypes, dont les plus talentueux parvenaient
Figure 4.93
Figure 4.94 parfois à renouveler les conventions. Ph.rsieurs réalisateurs soviétiques cies
,,, avqnt de taper un numéro sur l'intercom ovec lo ll qttend, et pendont un court instont les doigts de so années 1920 employèrent un procédé identique, le typage, suivant lequel les
moin droite. morn gouche s'ogitent ovec inquiétude. actelrrs clevaient représenter les différents archétypes d'une classe sociale ou
d'un mouvement historique (4.95, 4.96).
d'emphase qu'il doit pratlqLler. Ces facteurs techniclues sont particttlièrenent impor-
lants lorsc¡ue les interprètes ne sont pas des acteurs, ni
de théâtre qu,on peut l,être d,un actcur rnêrre des êtles hltm¡-rins. Des aninaux peLlvelìt don-
ner Lure borrne interprétation grâce au cadrage et au
:j i;ä;,f fiä"'i:ï;:: :rT;: tnontage. La pcur appat'ente de lones¡ le chat d'Alietts
qu'' (James Canerott, 1986), vicnt d'une ¿rccentuation de
ne nol,s arrparaîtra jamais 0"0".ü:i:;iì,iililåïi::::î;ilxii'¿îï::$: son feulemelrt et c1e son mouvement c1e recul au
très près, la caméra en révèle r., ir.,oru"-cnts
les plus infinres. Lactcur doit lnoyen de la lumière, dtt cadre, dr,t montage et du
en fonction de .sa distancc à la caméra
: loin d,elle, nrixage sonore (4.107). Ce type de n-ranipr'rlation est
re plus amples, son jeu, passer par
Ll¡ plus grancì cncore plus présentc clans les films d'animation' D¿rns
prclchc, la moindre contraction cl,un
musclc du Féticha tnoscottc (Ladislas Starewicz, 1934), les visages Figure 4.'107
ct les gcstes d'un dórnon et cl'ltl.l voleur ell convL'rsiìtiolì Un chat ,< jouant, dons Aliens.
212 Partie 3 Le style Chapitre 4 - Le plan : la nrise elr scène 213
,,
ont des changenents subtils entièrernent crees) mais dans n'importe quel plan, ils s'entre¡rê-
,..ieux iuralysL,f lerlrs apports,
par image, à partir cle poupécs (4.r0g). 'l''ìage
iå,ìì. itr se
clé!,loient à l'écran dans l'espace et dans le tetnps, pour lemplir plu-
Ccxlme les ¿rutres éléments composant un filn, I'inter._
sieurs foncticlt-ls'
prétation offre un champ infini de possibilités et rre
peut être évaluée selon des critères généraux ignorarrt
le contextc concret de la forme du film.
nioni (1960) r-nontre de quelle nanière les outils de la nise en icène le libre les deux silhouettes, Sandro clans la moitié gauche du caclre, Claudia à
décor' les costutncs, la lumière, I'expression et le llouvenent cles figurcs
- clroite.
petlvent sc conbiner avec élégance. Nous les avons évoqués séparément pour
-
Il est diffrcile cle penser à un plan Lrniqlrcl-ìlent selon clenx clinensi<urs. Itrs-
tinctivement, rrolls le voyons colrìnre la clescription d'un espace à I'intérieur
cluquel il est possible de se déplacer. Claudia setnble plus proche c1e u<ltts
parce que son corps cache cles élémcnts qui sc trollvellt plus loin, r¡n indice
spatial foncl¿rmental qui se llomme le rccouvrutrctú oLtle clrcvnuclrcttrcnt.Flle
quasi-totalité cle la ville . Se crée ainsi l'impression cie clifférents plans spatiaux,
cle diflércntes n cottches , cl'espace plus ou moins proches dc nous' Des élé-
Figure 4.109 ments c1e la mise en scène collllle les costulres, le décor, la lumière et les posi-
Figure 4.110
Un exemple froppant de frontolité dons L,Avventura ... les personnaqes [ournent le tions dcs figures procluisent ce sentiment d'une ar'ène tl'iclimensionnelle oùr se
dos ò la caméra
l'un oprès l'autre.., clóroule l'¿rctiolt.
214 Partie3-Lestyle Chapitre 4 Le plan : la mise en scène 215
qlre sandro la demande en lrariage, et la corde est tendne entre ellx (4.109). ,-
Comment va-t-elle répondre ?
David Marnet
216 Partie 3 - Le style
scène 217
Chapitre 4 - Le plan : la mise en
Parfois ull réalisateur laissera ses plans légèrement c1éséquilibrés, cle manière iì
créer le pressentirlent que quelque chose va changer c1e position clans le
cadre' Le cinéma des ¿rnuées 1910 en offre des exerlplcs fascinants. Tiès s9¡-
vel-ìt une portc placée au fond du clécor perrnettait au réalisateur cle rnontrer
Figure 4,117 Figure 4.118
I'arrivée d'url nouveall persorìnage, rlais les figures du premier plan clevaient
Très tòt dans l'histoire du cinéma, les r'éalisateurs Elle se regarde dans un miroir, le codre est
alors être repositionnées pour qne I'entrée soit clirirement visible. Il en résul- ont employé des compositions déséquilrbrées pour clairement décentré,
tait un subtil déséquilibrage et rééquilibrage de la conposition (4.117-4.120). préparer le spectateur a un nouveau
Au chapitre 6, nous verrons cie quelle ln¿rnière le montage peut équilibrcr développement naratif , Dans La mort du cygne,
la jeune bollerine reçoit une tiare d'un admtrateur.
deux plar-rs aux cornpositions déséquilibrées.
Figure 4.133
Librouillard augmente l'effet de distance entre les
Figure 4.131 Figure 4.132 orbres de l'avont-plon et ceux de l'arrière-plon dons Figure 4.134
Dons Sambizan ga, les couleurs chaudes et presque Les couleurs vives accentuent l'impression de grande cette tmoge du Mur. Dans La charge de la brigade légère (Charge of the
saturées de lo robe de l'héroine la font ressortir profondeur dons One Froggy Evening.
Light Brigade, Michael Curtiz, 1936) un effet de
distinctement sur le fond pâle.
perspective atmosphérique est créé artifictellement par
la combinaison d'une lumière diffuse au fond et d'un
Les films d'animation emploient en général des couleurs plus vives, plus satu-
manque de netteté générale de l'image.
rées que les autres types de films, et peuvent par conséquent produire des
effets de profondeur plus forts. La grenouille de One Froggy Evening (Chuck
fones, 1955) (4.132), avec sa peau d'un vert brillant et son parapluie jaune,
jure sur le rouge sombre du rideau et le beige de la scène.
Des contrastes de couleurs atténués peuvent suffire à créer un effet de profon-
deur. Dans L'argent (4.21-4.23), Robert Bresson utilise une gamme réduite de
couleurs froides et un éclairage relativement uniforme, mais la composition
met toujours en valeur plusieurs plans par de légers chevauchements de mas-
ses sombres, brunes et bleutées. Ce sont de légères différences dans les nuan-
ces de rouge qui étagent les plans de I'image extraite de Casanovø (4.39), et tigure 4.135
I'impression de profondeur est produite, dans celle que nous empruntons à lndices de profondeur dans Chronique d'Anna
Magdalena Bach.
Mettrtre dans un jardin anglais (4.124), par la succession des verticales noires
et la gradation des verts en bandes horizontales de valeurs égales. La stratifica-
tion de la scène est ici clairement produite par les couleurs. Le photogramme présenté en 4.135, extrait de Chroniqtte d'Arun Magdalenø
Le mouvement, au cinéma, fournit I'une des plus irnportantes indications de Bach (Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, 1967) montre un effet de profon-
la profondeur : il suggère à la fois les volumes et la succession des plans deur produit par plusieurs facteurs : chevauchement, ombres portées et dimi-
(4.128). La perspective atmosphérique est une autre façon d'indiquer une nution progressive de la taille des figures. Plus une figure est petite, plus nous
profondeur, par atténuation progressive des plans les plus lointains. Notre la croyons lointaine et plus I'espace nous paraît profond.
appareil de vision interprète généralement les contours et les matières les plus On a avec cette même photographie un exemple spectaculaire de perspective
nets, les couleurs les plus pures comme appartenant au premier plan. Dans Iinéoire. Nous revenons sur les relations perspectives au chapitre suivant,
des vues de paysage, I'aspect flou et grisé des plans lointains peut être dû à de parce qu'elles résultent autant des caractéristiques de I'objectif de la caméra
véritables effets atmosphériques, comme dans Le mur (Duvar,Yilrr'az Güney, que de la mise en scène. Remarquons seulement pour le moment qu'une forte
1983) (4.133). Même lorsque cet effet est minime, notre vision assigne les impression de profondeur est produite par la convergence, à I'infini, de lignes
contrastes forts au premier plan, comme dans I'exemple emprunté à Satnbi- supposées être parallèles. La figure4.135 illustre une perspective linéaire
zanga (4.13I). La manipulation conjointe de l'éclairage et clu point sert sou- décentrée (le point de convergence n'est pas le centre géométrique du cadre) ;
vent à estomper les arrière-plans (4.134). la figure 4.124 donne un exemple de perspective linéaire centrée.
224 Partie3-Lestyle Chapitre 4 Le plan : la r¡ise en scène 225
Dans la plupart des exernples qlle nous avons déjà donnés, la mise en scène ne parties de l'image. Cette interactiotr est Itr
entre différentes
sert pas seulement à focaliser notle attention sur des élérnents du premier
plan mais ph"rtôt à créer une relation dynamique entre le prernier ¡rlan et le
uartictrlièrenetlt
'lvrllr,,t
claire dans cleux plans de lotn' de colèrc
r/ag' Car'l Thcodol' Dreyer' 1943).
tsnt
fond. En 4.56, par exemple, Godard maintient l'attention sur l'ensemble de la Ittrf,
cornposition en utilisant des arrière-plans saillants : nous balayor-rs rapide- Dans le pretnier
plan, Atlne, l'héroïne, se tient deltout
tlt¡Íï
devant une cloison ajourée (4.138). Elle ne parle ptrs,
ment dn regard toutes les images se trouvant derrière le visage de l'actrice.
nais son statut de persorlrlage principal en fait déjà le
Le plan extrait de La clùrclse montre une composition peu profonde; clans centre de notre attcntion. Le décor, l'éclairage, le cos-
de telles images, la mise en scène donne l'impression d'un espace relativement t¡nlc et l'expressiotl de son visage coufirmeut nos
plat, oùr les plans les ph-rs plus proches et les plus éloignés ne sont presque pas attentes. Le décor produit un rnotif de lignes horizonta-
séparés. Dans la tenclance opposée, la composition ptofonde, ulle distance Figure 4.138
les et verticales que viennent irlterrompre les cottrbes
irnportante semble séparer les plans - c'est ce que nontrait notre exerlple Jour de colère : concentration sur une
délicates de son visage et de ses épaules. La lumière seule figure.
précéclent de clu'ortitluc d'Atnm Magdolun Boch (4.135). un réalisateur. divise le caclre en Lrne zone claire, à clroite, et une zone
créera souvent des compositions profondes par la jr-rxtaposition d'un avant- sorxbre à gauche, dont Anne est le point de reucontle ;
¡rlan de taille inportante et d'un ¿rrriòle- so¡ visage est modelé par la h"rn-rière plincipale, relativement dure, venant de l¿r
plar.r distant (4.136). droite, ainsi que par une faible lunière zénithale tombant slrr ses cheveux et
La < profondeur > ou le u per-r de profon- une légère lumière cl'appoint. Son costurne répète cette distinction franche
deur > de l'espace créé par ture mise en entre zone claire et zone sombre - le col blanc qui ponctue la robe noire, le
scène sont relatifs. La plupart des composi- liser'é blanc de la coiffe - Lrolrr, une fois c1e plus, souligner Ie visage.
tions présentent une profondeur trtoyerìt-ìe, lirnage produit un faiblc effet de profondeur. C)n clistingue ru1 arrière-plan et
qui se situe entre les extrêmes que llolls url prernier plan très proches. Larrière-plan, dominé par la géométrie rigicle
venolls d'évoquer. Une composition pourra c1e la grille, fait du visage attristé du pcrsonnage l'élément le plus expressif du
manipuler les indices c1e profor-rdeur polrr caclre, attirant irnmédiatement notre ¿rttention. Cette rnêrle grille divise le
faile paraître ul.ì espace plus étr-oit ou plus cadre horizontalernent en deux palties égales ; celle du bas est marquée par la
plofor-rd qr"iil n'est réellement - créant ainsi verticale sotnbre de lir robe, celle du haut par la présence du visage, légère-
Figure 4.136 une illusion d'optique (4.137). ment décentré iì gauche mais tourné vers la droite de façon à compenser le
Plusieurs scènes de Cendres et diamants opposent des À ce point de notre étude, volrs ¿ìurcz peut- vicie. (Imaginez le déséqr.rilibre de la composition si elle regaldait vers la
avant-plans très rapprochés et des arrière-plans lotntains
être envie de revoir des plans montrés ¡rlus caméra et que la même portion d'espace était laissée vide ¿ì droite.) L équilibre
h¿rnt claus lc chapitre. Vous rerlarqllerez recherché par la composition contribue donc à mettre en valeur I'expression
qlre ces images enploient les indic¿rtions de du personnarge. On voit que, sans allcltn n-ìoLlvement, Dreyer a établi un sys-
B I LIETS
tèrne de relations entre les lignes et les formes, l'ornbre
¡r rofonclenr - chcv¿ruch clìrelìt, mouvcm ent,
ombre portée, perspective atrlosphérique, et la lumière, le premier plan et I'arrière-plan.
La façon dont notre æil balaye la surface d'une image est fortement influencée
par la présence cle mouvements. Dans une composition statique, par exemple
celle du premier plan de Jour de colère évoqtté plus haut (4.138), notre atten-
Figure 4.148
tion peut rester concentrée sur un seul élément (ici, le visage du personnage).
L'offtcter s'ovance, ce qui est toujours une manière puissante
À I'inverse, une composition en mouvement rend plus sensible le déroule- d'attirer l'qttention du spectateur, ll vient ogress:ement
ment du temps, en faisant circuler notre regard entre les différentes parties de jusqu'au gros plon, foisant éclqter le différend en
I'image suivant les vitesses, les directions et les rythmes des éléments qui la demondant où les hommes ont obtenu de l'qlcool.
composent. Dans I'autre plan extrait de Jour de colère (4.139),Anne et Martin
nous tournent le dos (ce qui réduit la visibilité de leurs expressions et de leurs
gestes) et se tiennent debout, immobiles. Le seul mouvement dans le cadre est
celui de la charrette, qui attire immédiatement notre attention. Mais lorsque pement clramatique de la scène. Par ailleurs, tout
Martin se met à parler et se retourne, nous revenons au couple, pr,ris à nou- lnouvement de I'arrière vers I'avant est un moyen fort
veau à la charrette en une sorte de va-et-vient dynamique de l'attention. pour capter I'attention. Dans de tels moments, la mise
Ce processus de balayage de I'image ne consiste pas seulement à parcourir sa en scène prépare à ce qui va se passer, le style nous
surface d'un côté à I'autre; il y
a aussi une façon de < regarder en implique dans les enchaînements d'actions.
profondeur >. Dans une composition profonde, le premier plan est souvent Les exemples extraits de La mort du cygne et des Rols
en attente des conséquences ou de la suite d'une action qui a lieu en fond. du désert illustrent aussi le pouvoir de Ia frontalité.
< Composer en profondeur n'est pas seulement une question de richesse Expliquant un plan de cinq minutes de son film
visuelle ), remarquait le réalisateur anglais Alexander Mackendrick. < cela a Mademe porte la culotte (Adam's Rib, 1949), George
Figure 4.149
de I'importance pour le récit et le rythme d'une scène. À I'intérieur du même Cukor faisait remarquer de quelle manière l'avocate
Dons Madame porte la culotte, /o
cadre, le réalisateur peut organiser I'action de telle façon que l'on voit se pré- était positionnée, pour concentrer toute I'attention des
femme qui a tiré sur son mqri est mise en
parer ce qui va se passer à I'arrière-plan de ce qui est en train de se passer. > spectateurs sur sa cliente débitant les raisons pour les- voleur par l'éclairage trois points, ainsi
IJexemple présenté en 4.177-4.120 (La mort du cygne) illustre la remarque de quelles elle a tiré sur son nrrari (4.149). I(atherine que par sa gestuelle anímée et sa posrtron
Mackendrick. Le même principe est employé dans rss rois du désert (Three Hepburn < tournait le dos à la caméra presque tout le frontsle. ll est intéressant de remørquer
temps, mais cela avait une signification: elle indiquait que le centre du csdre est occupé par une
Kings, David Russell, 1999 - 4.146-4.148). Au début du plan, le cadre est désé- infirmière, que Cukor lorsse floue et
quilibré, et le fait qu'il comprend une porte en fond nous prépare au dévelop- au public qu'il devait regarder Iudie Holliday. On a fait
statique pour qu'elle ne distrott pos le
tout cela sans un raccord >. spectateur du jeu de Judy Hollidoy.
23O Partie 3 - Le style
Chapitre 4 - Le plan : la mise en scène 231
La série la plus complexe met erì (rllvre le motif cln < poisso' au bout cle
l¿r
ligne ,. Peu après son arrivée, willie va pêcrrer et remonìe un mi¡usc¡le pois_
son avant qu'un autre, énonne, le tire d¿ins I'c¿rn (4.169). plus tarcl, après
quelques mésaventures, il se retlollve lié par une corde à l'un des fils canfielcl. ll faut aborder une mise en scène de façon systématique pour pouvoir l'étudier : observer les dé-
cors, les costumes, l'éclairage et le jeu des acteurs, en essayant pour commencer de suivre l'évolu-
cette < corde ornbilicale > est I'occasi'' de nonbreLlx gags ; carfielcl va tion d'un seul de ces éléments sur l'intégralité du film.
notamlnent êtrc pr'jeté dans I'eau co'nìe willie pr.écédenment.
ll s'agit ensuite de considérer l'organisation des différents éléments de la mise en scène. Comment
Le plan le plus drôle du filn est peut-être cehri oùr, alr ,r-tomcrìt de la chutc clu fonctionnent-ils ? Comment créent-ils des motifs qui se développent à travers le film ? Puis remar-
fils canfield (4.170), willie corn¡rrcnd qr-iil va lui aussi être précipité en bas quer comment la mise en scène, organisée dans l'espace et dans le temps, attire et dirige l'atten-
(4.17I). Après s'être libéré de son cnneni, Willie conservc la àor.l.l att¿rchée tion du spectateur, crée des effets de surprise ou de suspense.
¿ì
la taille. Dans le climerx, elle lui permet cle rester snspcnclu ¿ì nn trol-rc au-cìes- ll faut enfin essayer de mettre en relation le système de la mise en scène avec la forme générale du
sus clcs chutes colrlne un poisson au bont d'une ligne (4.172).Ici encole, film, en oubliant tout préjugé sur le réalisme au profit d'une ouverture aux multiples possibilités
on de la mise en scène. C'est à cette condition que l'on pourra en déterminer les différentes fonctions.
const¿ìte qr-r'un élérnent rernplit plusier-rrs fonctions. Le dispositif du <
¡roisso'
¿ru bout de la ligne > fait av¿rncer le récit, dcvient un motif unifiant
le film et
¡rrend place clans une série structurée de gags mettant en jcu willic au bout cle
sa corde. Lcs lois dc I'lrcspitaliØ dcvient ainsi nn cxemple le'nirrqnable
grirtion de la mise en scèue à la forr-ne tì¿trratlve.
cl'inté- ÞOUì {LL{I ÞLUI LOIll
Sur le réalisme et la mise en scène
De nombreux théoriciens ont vu dans le cinéma le moyen d'expression réaliste par excellence.
Pour Siegfried Kracauer, André Bazin ou V. F. Perkins, la puissance du cinéma vient de sa capacité
à présenter une réalité reconnaissable. lls ont souvent jugé de l'authenticité des costumes et des
décors, du " naturalisme " de l'interprétation et de la lumière. " La première fonction du décor ",
a écrit V. F. Perkins, * c'est de fournir à l'action un environnement vraisemblable " (Film as film,
Baltimore, Penguin, 1972, p.94). André Bazin louait le néoréalisme italien des années 1940 pour
u sa fidélité au quotidien dans le scénario, la vérité des rôles confiés aux acteurs >.
Bien qu'une mise en scène soit toujours le résultat d'une série de choix, la théorie réaliste met en
avant des réalisateurs dont la mise en scène a l'apparence de la réalité. Selon Kracauer, même cer-
tains numéros de comédies musicales peuvent paraître improvisés (voir le chapitre 4 deTheory of
film) el Bazin voit dans un conte cinématographique comme Le ballon rouge (A. Lamorisse, 1953)
Figure 4.169 Figure 4.170 un film réaliste parce que l'imaginaire [y a] sur l'écran la densité spatiale du réel (Qu'est-ce que
" "
Le motif commence lorsque Willte to¡nbe dans Attoché ò Willie, l'un des Canfield tombe de la le cinéma ?, p. 56).
l'eau. falaise. . ,
Pour ces théoriciens, un réalisateur a la tâche de représenter une réalité historique, sociale ou es-
thétique à travers une mise en scène. La controverse réaliste ne sera pas discutée dans le cadre de
ce livre ; pour q uelq ues arg u ments qu i s'y opposent, voir Noël Burch, U ne praxis du cinéma eT Ser-
guei Eisensteifl, * Un point de jonction imprévu dans Le film : so forme/son sens, pp. 23-32.
",
lmages de synthèse et m¡se en scène
L'animation numérique ou 3D nécessite généralement un petit nombre de logiciels largement uti-
lisés, comme le programme Maya pour créer des mouvements, et le programme Renderman pour
l'ajout de textures. Les animateurs développent eux-mêmes de nouveaux logiciels pour répondre
à leurs besoins et pouvoir produire des effets comme ceux liés à la représentation du feu, de l'eau
ou des feuilles qui bougent dans les arbres. Les figures peuvent être créées en scannant toutes les
surfaces d'un modèle réduit (comme le dinosaure en 1 .29) ou en utilisant des dispositifs de capture
Figure de mouvement ou < motion capture (" mocap >) : les acteurs ou les animaux sont filmés dans des
4.17"1 Figure 4."172 "
costumes de couleur neutre recouverts de points, lesquels deviennent les seuls éléments visibles
, ..et Willie s'agrippe ò la roche pour ne pas être Willie se balance comme un poisson au bout par la caméra, Les points sont reliés entre eux par des lignes pour générer une image mobile qui
précipité à son tour. d'une ligne.
24O l,¿rt-ic 3 te style: Clra¡ritr e 4 '- Le ¡tl;rrl : la trlise etr scèlte 241
aura l'aspect d'un maillage ou d'une figure en fil de fer ,, auquel l'ordinateur ajoute progressi- La couleur
"
vement des couches de détails pour élaborer une figure animée tridimensionnelle et texturéã. Des
fonds peuvent aussi être créés numériquement, en utilisant des logiciels de,, matte painting >, potn ouleur était un aspect important de la mise en
des éléments précis sur les techniques de création par. motion capture ,, il est put" inté- développer au cours d'un film. Rouben Mamou-
ressant de se plonger dans le manuel du logiciel Maya (Maya 4.5, éd, Creative Studio, "r"rn-pl"
2003). ne émotion particulière, voulait qu'un réalisateur
ême film Dreyer partagea¡t cette opinion : il
Pour les longs métrages, l'animation 3D est devenue envisageable grâce à la technique du digital '.
compositing,littéralement la composition numérique ,, employée par exemple danslTerminator 2l aniser les combinaisons de couleurs en une sorte
" uvement constant des personnages et des objets
pour la création du cyborg T-1000. Une grille géométrique peinte sur le corps de l'acteur .n rou-
vement a permis, une fois numérisée (transformée en informations binaires manipulables par un or- sements rythmiques et créent sans cesse de nou-
effets, quand elles se heurtent à d'autres couleurs ou se fondent en elles "
dinateur), d'en modifier les mouvements et les postures image par image. Depuis veaux et surprenants
fTerminator 21, la et film colorié p. 90).
sophistication des logiciels a rendu possible la création d'< acteurs > à partir de mojèles numéñsés (u Film en couleur ",
habituelle des couleurs. Dans ' ce que
et animés. L'exemple le plus connu reste celui du troupeau de dinosaures (des gallimimus) dans/u- àour Stan Brakhage, le cinéma doit briser notre perception
il y a des tonalités autres, totalement subjectives :
rassic Park. Sur ces deux films, on pourra se reporter aux articles de
Jody Duncan mentionnés dans i,ãn uoit les yeux iãrmés , (u closed-eye visions "),
la bibliographie de ce chapitre. lmages de synthèse et techniques de ( compos¡ting > ont par exem- u à la lumièie de toutes ces expériences, j'affirme être capable de transformer les formes lumineu-
ple été utilisées dans Matilx (Andy et Larry Wachowski, 1999). Le rendu des personnages humains i"i qri ," trouvent dans une pièce plongée dans la pénombre en des images de lumières, d'arcs-
ou à caractère humain dépend beaucoup de la représentation des peaux, dont il s'agitãe retrouver .n-.i.f, et ce, sans l'utilisation cl'un quelconque i ttirail créé par la science " (Métaphores et visron,
la couleur.
les qualités lumineuses ; voir les variations autour de cette recherche menée avec les n. 32), Serqueì Eisenstein est le réalisateur qui a produit la réflexion la plus complète sur
[ersonnages de couleur du cinéma dont les références sont don-
Jar Jar dans Lo menace fantòme, et Collum dans Le Seigneur des anneoux. pour plus de détails ,ut. to6 än pâurru-pur exemple lire son texte < De la ',
ces exemples, les lecteurs qui maîtrisent l'anglais pourront se reporter à la revue américaine Cinefex, nées dans la bibliographie de ce chapitre.
dont quelques articles et documents visuels sont aussi disponibles en ligne (www.cinefex.com).
Ce mélange entre actions réelles et images numériques devrait être à l'origine de nouvelles possi- Composition de l'image et regard du spectateur
bilités f ilmiques. Le désir de Méliès - étonner et fasciner le public par la magie cle la mise .n ,ièn. du peintre : il doit être
continue de porter ses fruits.
- Le plan cinématographique est, en un certain sens, identique à la toile
. rempli et le spectateur
,, conduit à y remarquer des éléments particuliers. Les principes de com-
de l'image filmique doivent beaucoup à ceux développés dans les autres arts visuels. Pour
position
La profondeur une introduction aux problèmes de la composition on se reportera aux ouvrages de Rudolf Arn-
heim mentionnés dans la bibliographie de ce chapitre.
Les historiens de l'art ont longuement étudié les effets de profondeur dans les images à deux di- plus grande
Selon André Bazin, les plans où la mise en scène exploite la profondeur offrent une
mensiotrs. On répertorie en général cinq grands procédés techniques de représentaiion de la pro- que ceux qui sont * aplatis > par une certaine utilisation de la lu-
liberté au regard du spectateur
fondeur, qLle nous avons tous évoqués dans ce chapitre: la perspective linéaire, le travail des
mière ou des décors (idée qu'il expose principalement dans son livre sur Orson Welles). Noël
ombres, la séparation des plans se succédant dans la profondeur, la perspective atmosphérique et
Burch, dans Une praxis du cinéma, fait une proposition inverse : u Tous les éléments composant
ulre
l'effet perspectif obtenu par des contrastes de couleurs. , recherches en psychologie de la perception
image filmique donnée sont d'importance égale. Les
Le travail sur la planéité et la profondeur, sur les qualités spatiales de l'image de cinéma remonte
semllent cependant montrer que le regard. lorsqu'il parcourt une ìmage, est sensible à des indi-
aux premiers films, mais son approche critique date seulement des années .l 940, lorsqu,André Ba-
cations particulières:au cinémã, les inãications visuelles statiques qui montrent " où et quand
il
zin remarqua que certains réalisateurs créaient, par leur rnise en scène, une profondeur inhabituel- ou de
faut regärder , sont renforcées ou amoindries par les mouvements des figures par ceux la
le dans le plan. ll constata ce travail chez F.W. Murnau (dans Nosferotu et L'ourore), Orson Welles
caméra-, par la bande son, le montage et l'organìsation générale de la forme filmique'
(dans Citizen lhne er Lo splendeur des Amberson), William Wyler (dans La vipère ei:t Les plus belles
onnées de notre vle) et .lean Renoir (dans presque tous ses films des années 1930). Aulourd,hui,
nous aiouterions Kenji Mizoguchi (pour L'élégie d'Osako, Les sæurs de Gion et d'autres æuvres) et
Serguei Eisenstein (pour lo ligne générole, lvan le terrible et l'un de ses films inachevés, te prá de
Béiine) Bazin a fait avancer de façon importante notre compréhension de la mise en scène'en fai-
sant de la profondeur et de la planéité des catégories analytiques (voir . L'évolution du langage }OIltJI DVD
cinématographique dans Qu'est-ce que le cinémo.). Serguer'Eisenstein, que l'on oppose tor"uu"nt
",
à Bazin, s'est aussi intéressé aux problèmes de profoncleur dans ses cours des années I 930 trans- Les bonus des DVD comprennent souvent des galeries de photos montrant les dessins préparatoi-
crits parVladimir Nijny dans Leçonsde mise en scène. Eisenstein demanda à ses élèves de mettre en respour les décors, les costumes, ou la création des maquillages. L'édition de Pulp Fiction contient
scène ttn meurtre en tln seul plan et sans mouvement de caméra, ce qui provoqua une utilisation par exemple de nombreux brefs documentaires sur la création du film. Le décor du vaisseau spatial
surprenante de la profondeur et de mouvements énergiques dirigés vers le spectateur. On trouvera d'Alien, inhabituellement vaste, labyrinthique et refermé sur lui-même, et d'autres décors du
un commentaire de ces cours dans le livre de David Bordwell, The cinema of Eisenstein. même film sont détaillés dans certaines parties des bonus de l'édition DVD. Un supplément de
Speed évoque les 12 bus qui apparaissent à différentes étapes de l'action du film, ainsi que la ma-
nière dont le décor des autoroutes fut utilisé.
242 l'¡r tit: .ri - Lc :;t1,1¡
l-a lurnière est généralement peu évoquée. Une belle exception est le docurrentairepaintingwit1t
Light, sur l'extraordinaire travail en cor¡leur du chef opérateur Jacl< Cardifl', que l'on trouvera dans
l'édition DVD du Norcisserloirde Michael Powell et Emeric Pressburger. tJne évocation brève mais
instructive des éclairages de Collaterolde Michael Mann peut aussi ètre vue sur la version . éditio¡
spéciale > du DVD du film. L'édition collector de Ioy Sforyde John Lasseter contient une section
" "
,r Ombres et lumières ,' qui détaille la manière dont l'animation numérique simule diverses qualités
d'éclairages.
Certairres éditions DVD montrent les auditions d'acteurs - c'est le cas pour celle d'American Craffiti
de Ceorge Lucas et surtout celle du Porroin de Francis Ford Coppola, où l'on peut découvrir des
essais d'Al Pacino. Toujours sur le DVD de Colloterol, on porrrra voir une intéressante sectio¡ con-
sacrée au travail de -folr Cruise et.lamie Fox, et la relation des acteurs aux cascades de Speedso¡t
évoqr-rées dans l'édition de ce film. L'entraînement des acteurs qui ont joué les Oompa-Loompas
de Charlie et la chocolctterie (f im Burton) est évoqué dans le chapitre Devenir un Oompa-Loompa de
Le plan :
ses bonus, tandis qu'un documentaire de Babette Mangolte, Les moddes de Pickpocket, contient
des entretiens avec les trois acteurs principaux du film de Robert Bresson, évoquant ses rnéthodes,
sur sa récente édition DVD (Ml(2).
la pr¡se de vue
L'édition de Doncer in tl'¡e Dark de Lars von Trier contient un bonus consacré au travail de choré-
graphie mené par Vincent Paterson, quijette un regard inhabituel sur cette étape très particulière
de la nrise en scène (on appréciera mieux cettc section en ayant préalablementvu toui le l'ilm, o¡
au troins ses momenls rnusicaux : ., cvalda ,, (chap. 9) et,. I l-lave seen lt All , (chap. 13)).
l,c l'ó¡lisateur mct cr.r scòne rn'r óvéncnrcnt potrr clt-iil soit fiìmé. Utre clcscriltticllr
c'lu citrérla conllrc l'noyctì cl'cxptcssiotr trc pcttt lotrtclbis ¡rtrs s'at'rÓtct'rì cc clLri
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litús iurpliqucnt tlois grar.ìds l'ritr¿llòtrcs, (lLrc n()Lrs allous óvtltlttcl' cl¿ttls ,.r'
chrpitlc: (l) la photographic; (2) lc cilcìragc; (3) la clrrréc tltt pLlrr.
1. lJimage photographique
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,< ócritttlc clu t.r-touvetnç1l¡ >r) dópcncl pottt't-ttrc gt'atrclc l-riìl't cle la photographic