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humaines présentent une bien plus grande variété d’”espèces”, dans la mesure où Ulysse, par ses
voyages, entre en contact avec d’autres êtres, assignés à des lieux bien précis, et don’t il n’avait pas la
moindre idée lorsqu’il ne fréquentait que les Olympiens sous les murs de Troie.
Certains de ces Olympiens disparaissent d’ailleurs du poème odysséen : ceux qui avaient adopté le parti
des Troyens et qui n’ont jamais eu de relations directes avec Ulysse n’ont pas de raison de l’accompagner
dans son retour, ni pour l’aider ni pour le persécuter. Mais d’autres continuent à s’occuper de son sort :
Parmi ceux-là, les deux plus actifs sont Athéna et Hermès, qui, pour des raisons liées en particulier à
leurs affinités intellectuelles, s’intéressent de près à leur protégé. Mais ayant affaire à de puissants
adversaires, ils sont tenus à une certaine prudence, et n’interviennent que lorsqu’ils en ont la
possibilité : Poseidon veut en effet punir Ulysse d’avoir aveuglé son fils le Cyclope Polyphème, et le Soleil
demande à Zeus de châtier les compagnons qui ont dévoré ses vaches sacrées. Dans cette affaire, Zeus
joue les arbitres. Quant à Hadès et Perséphone, les dieux des Enfers, ils n’interviennent que pour
autoriser les âmes à monter jusqu’à la surface de la terre et rencontrer Ulysse, lors de son voyage chez
les Cimmériens.
Zeus
Poseidon
Le Soleil
Athéna
Hermès
Hadès et Perséphone
Les dieux et créatures divines non olympiennes qui vivent dans un lieu précis
Au cours de son voyage dans le monde imaginaire qui se situe au-delà du cap Malée, Ulysse rencontre
des créatures divines qu’il n’aurait eu aucune chance de fréquenter sans ces pérégrinations. Eole est le
dieu des Vents, et vit dans l’île d’Eolie ; Circé est une déesse à voix humaine, fille du Soleil et d’une
nymphe de l'Océan, et vit dans l'île d'Aiaié ; les deux Sirènes n’étant absolument pas décrites par
Homère, il faut en conclure qu’elles n’ont pas encore chez lui la forme monstrueuse (mi-femme, mi-
oiseau) que leur donnera plus tard la tradition ; elles vivent dans un pré fleuri ; enfin Calypso est une
nymphe très belle qui a le pouvoir d’accorder l’immortalité à Ulysse et qui le retient sept ans dans son île
d’Ogygie, le nombril des mers. On pourrait aussi mentionner la nymphe Ino-Leucothée, qui sauve in
extremis Ulysse de la noyade au large de l’île de Schérie. Toutes ces créatures ont forme et voix
humaines, deux d’entre elles peuvent avoir avec les humains des relations charnelles, mais elles sont
immortelles.
Eole
Circé
Les Sirènes
Calypso
Deux divinités n’entrent pas directement en contact avec Ulysse dans l’Odyssée, mais entretiennent des
rapports privilégiés avec deux rescapés de la guerre de Troie, Hélène et Ménélas. Hélène, par ailleurs fille
de Zeus, est celle qu’a choisie Aphrodite pour récompenser le berger Pâris de l’avoir désignée comme la
plus belle ; Aphrodite est la déesse de l’amour, et son adultère avec Arès est complaisamment chanté par
Démodocos au chant VIII de l’Odyssée. Peut-être cet épisode, qui semble gratuit et n’a aucune incidence
sur le cours de l’action, est-il destiné à suggérer la différence des conséquences entre les adultères
divins, qui ne provoquent qu’un rire homérique, et les adultères humains, qui peuvent provoquer des
guerres sanglantes. Quant à Ménélas, le frère d’Agamemnon, il a, au cours de ses nombreuses aventures
de retour, rencontré le Vieillard de la Mer, le devin Protée, qui lui a donné des nouvelles d’Ulysse.
Aphrodite
Protée
Les géants
Dans l’espace merveilleux qui s’étend au-delà du cap Malée, vivent des êtres étranges, non humains et
monstrueux. Le plus célèbre d’entre eux est le Cyclope Polyphème, fils du dieu des mers Poseidon et de
la nymphe Thoosa. C’est “un monstre gigantesque”, il ressemble “au sommet boisé d’une haute
montagne apparue à l’écart” et il n’a qu’un oeil, qu’Ulysse crèvera pour pouvoir s’échapper. D’autres
créatures plus hautes que des montagnes vivent à Télépyle, les Lestrygons. Tous ces géants sont
cannibales.
Polyphème le Cyclope
Les Lestrygons
Les monstres
Il faut enfin mentionner des créatures elles aussi dévoratrices mais encore plus monstrueuses : Charybde
est un écueil qui engloutit l’onde noire puis la revomit, tandis que Scylla est une chienne à douze pattes
et six têtes qui saute sur ses proies depuis sa grottte.
Charybde
Scylla
Toutes ces créatures sont immortelles et se nourrissent de nourritures qui ne sont pas celles des
humains (nectar, ambroisie, eau salée, chair humaine). Elles n’ont aucune des activités des mortels, n’ont
pas besoin de pratiquer l'agriculture, vivent seules, ou dans des structures sociales extrêmement
restreintes, en vase clos.
Leur fréquentation peut être extrêmement dangereuse : l’oubli ou la dévoration sont le lot de la plupart
de leurs victimes. Si son intelligence et sa ruse permettent à Ulysse de remporter les premières de ces
épreuves, il lui faudra très vite compter sur l’appui des Immortels qui ont décidé de l'aider : ce sont alors
sa piété et son endurance qui lui seront du plus grand secours.