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Un pays noyé de soleil
Il y a bien longtemps, au cours du deuxième millénaire avant
J.-C., deux vagues d’envahisseurs, les Achéens puis les
Doriens, s’installent dans ce pays que nous appelons
aujourd’hui la Grèce. Ils ne peuvent descendre plus au sud, à
moins de franchir la mer Méditerranée. Ils ne s’y risquent
donc pas. Vraisemblablement, ils sont tombés sous le charme
de ce pays de montagnes boisées, jamais trop hautes mais
di cilement franchissables. Ils s’éparpillent. Les uns
s’installent dans les plaines situées en bord de mer, les autres
dans les îles si proches et si nombreuses. Ils forment ainsi de
petits États indépendants, parfois alliés, souvent ennemis.
Ces cités-États microscopiques ont des types de
gouvernements très di érents, leurs propres lois et leur
propre monnaie.
Jamais la Grèce antique n’a été unifiée !
La Titanide s’en va à regret, mais elle ne rentre pas les mains vides en son
palais divin. Elle porte avec précaution un paquet qui ressemble à s’y
méprendre à un bébé emmailloté. Elle le berce, elle lui parle, elle le cajole.
— Voici Zeus, notre fils dernier-né, dit-elle en entrant dans la salle du
trône où Cronos l’attend.
— Donne-le-moi !
La Titanide obéit. Aussitôt, sans un regard vers l’enfant, Cronos le dévore,
sans mâcher, comme à son habitude.
Le cœur serré, Rhéa dévisage le père monstrueux qui vient d’avaler sans
sourciller une pierre allongée, pas plus lourde qu’un nouveau-né et tout
enveloppée de langes. Un instant, elle s’affole, elle s’étonne. Son époux a-t-il
vraiment cru avaler son dernier-né ou a-t-il senti la pierre peser sur son
estomac ? Sournois et méfiant comme il est, Cronos sait-il déjà que Zeus se
cache en Crète ? Attend-il simplement le bon moment pour fondre sur lui tel
un oiseau de proie et le manger ?
Inutiles angoisses : Cronos bavarde de tout et de rien avec sa femme, qui a
maintenant une autre raison de s’inquiéter.
En effet, Rhéa craint que son époux n’entende les pleurs du bébé… Alors,
elle tend l’oreille, attentive au moindre bruit. Heureusement elle a tout prévu,
mais cela suffira-t-il ? Rien de moins sûr. Elle doit vivre comme avant et
surtout éviter de retourner en Crète. Cela risquerait d’éveiller les soupçons de
Cronos.
Loin de ses parents, dans les montagnes crétoises, le jeune Zeus boit le
lait de la chèvre Amalthée, la meilleure des nourrices, la plus tendre aussi.
Quand il ne tète pas, les nymphes le lavent, le bercent, le cajolent. Ces
déesses de la nature, des arbres ou des rivières aiment la vie simple et
joyeuse.
Elles chantent pour endormir le jeune dieu, elles dansent pour le distraire.
Elles lui font goûter le miel préparé par les abeilles du mont Ida rien que pour
lui. Zeus se régale, toujours entouré par les Curètes, ses redoutables gardes.
Ceux-ci, redoublant de prudence, suspendent son berceau à un arbre afin que
Cronos, qui a un œil partout, ne puisse le trouver ni dans le ciel, ni sur terre, ni
dans la mer. Dès que le bébé pleure, ils se mettent à danser bruyamment, des
danses guerrières qui effrayent l’ennemi le plus téméraire. Ils tapent des
pieds, ils crient, ils chantent, ils entrechoquent leurs armes, ils frappent leurs
boucliers du bois de leurs lances. Ainsi, ils espèrent que Cronos n’entendra
pas les pleurs de son fils. Ils ne cesseront leur manège que lorsque Zeus sera
assez grand pour comprendre qu’il doit vivre caché en attendant des jours
meilleurs.
Comme tous les dieux, Zeus grandit vite. Ce qu’il préfère, c’est apprendre à
chanter avec les nymphes, à se battre avec les Curètes ou à jouer avec
Amalthée. Un matin, comme à son habitude, il lui tire les poils, la chatouille,
se suspend à ses cornes… Malheur ! Sans le vouloir, il en brise une. Il regrette
aussitôt, il s’excuse et, pour se faire pardonner, lui promet que cette corne
sera à l’avenir l’emblème de toutes les richesses.
— Ta corne, jure-t-il solennellement, se remplira miraculeusement de tous
les fruits qui poussent sur terre, ceux que tu souhaites, ceux que tu aimes.
Ce sera la célèbre, la magnifique, la fabuleuse corne d’Amalthée, la corne
d’abondance.
La chèvre ne lui en veut pas. Elle sait qu’il est sincère et qu’il souffre de
vivre loin de tous, perdu dans ces montagnes, condamné à la solitude. Elle
ignore que, déjà, Zeus songe à se venger de Cronos, son père. Il élabore des
plans compliqués et dangereux. S’il se décourage parfois, il ne renonce
jamais.
Roi des dieux, maître de l’Univers, Zeus est respecté
de tous. Il est le dieu du Ciel clair et de la Foudre. Il
juge, décide, maintient l’ordre et la justice. Il lance
son foudre pour punir, et cela dans le monde des
hommes comme dans celui des dieux. Célèbre et
redouté pour ses innombrables histoires d’amour qu’il
mène avec violence, il n’hésite pas à se
métamorphoser pour parvenir à ses fins.
Surnom : l’assembleur des nuées
Fonctions : roi des dieux, dieu du Ciel
Parents : Cronos et Rhéa
Liens familiaux : frère et époux d’Héra, frère
d’Hestia, de Déméter, d’Hadès et de Poséidon
Épouses : Métis, déesse de la Sagesse, puis Thémis, déesse de la
Justice, et enfin Héra, déesse du Mariage
Enfants : trop nombreux pour être cités ; on en compte plus d’une
trentaine
Sanctuaire : Olympie
Attributs : le foudre, une arme en forme d’éclairs, et l’égide, le
bouclier que Zeus a recouvert de la peau de la chèvre Amalthée pour le
rendre indestructible
Animal et arbre sacrés : l’aigle et le chêne
Nom romain : Jupiter
Vite amoureux, Zeus aime sa belle conquête puis s’en va, mais il
n’oublie jamais les enfants nés de ces unions. Ainsi, un jour, il
tombe amoureux de la princesse Europe qui joue sur la plage. Transformé en
taureau blanc, il la rejoint, se couche à ses pieds. D’abord effrayée, Europe ose
caresser l’animal. Elle orne ses cornes de fleurs, s’assied sur son dos…
Indifférent à ses cris, le taureau s’élance vers la mer et gagne la Crète. Ils ont
bientôt trois enfants. Avant de l’abandonner, Zeus la marie au roi de Crète qui,
n’ayant pas de fils, adopte les siens !
Sans jamais s’éloigner de la grotte secrète du mont Ida où il a grandi,
Zeus est devenu un jeune dieu magnifique, beau, fort, sage et volontaire. Il n’a
qu’une idée en tête : détrôner son père Cronos, qui a avalé ses frères et
sœurs. Il n’ignore rien de ce qui s’est passé au palais royal. Il sait tout grâce à
Rhéa, sa mère. Venue le voir en secret au cours de son enfance, la Titanide lui
a raconté des histoires charmantes aussi bien que terrifiantes. C’est elle qui
lui a expliqué les agissements abominables de son père, le Titan dévoreur
d’enfants, raison pour laquelle Zeus a dû vivre caché toutes ces années.
Zeus n’est plus seul maintenant. Voici les déesses Hestia, Déméter et
Héra, aux côtés des dieux Poséidon et Hadès. Cependant, les six frères et
sœurs n’ont pas le temps de se laisser aller à la joie de vivre libres, enfin
libres ! Ils fuient le palais divin, ils fuient leur père. Ils courent jusqu’à la plus
haute montagne de Grèce, au sommet parfois voilé de brumes ou de nuages,
le mont Olympe.
— Les Grands Olympiens, c’est nous ! s’exclame Zeus. Préparons-nous au
combat car notre père voudra nous châtier. Nous ne sommes que six, c’est
insuffisant. Venez, je sais où nous trouver des alliés.
Zeus suit en cela les conseils de sa grand-mère Gaia. La déesse l’a
prévenu qu’il ne remporterait la victoire qu’avec l’aide des Cyclopes et des
Hécatonchires. Mais où sont ces monstres ? Dans le sombre Tartare, au cœur
des Enfers, où leur frère Cronos les a enfermés pour d’obscures raisons.
Les libérer s’annonce rude. Campé, leur gardienne, est un être gigantesque
doté d’une force démesurée. Pourtant Zeus n’hésite pas. Il fonce aux Enfers,
attaque Campé et la tue. Puis il délivre les Hécatonchires aux cent bras et
les Cyclopes à l’œil unique. Sitôt libres, ces derniers, excellents forgerons, lui
offrent le tonnerre et le foudre, capable de lancer des éclairs. Ils donnent à
Hadès le casque qui rend invisible celui qui le porte, et à Poséidon le trident
dont le choc ébranle la mer et la terre. Des armes formidables !
Pendant ce temps, Cronos a rassemblé les Titans et les Titanides, ses
frères et sœurs, sur une montagne proche du mont Olympe. Certains
d’écraser rapidement ces enfants rebelles, ils s’organisent, se préparent.
Mais Zeus ne leur laisse pas le temps d’attaquer les premiers. Armé du foudre
brûlant, il frappe depuis l’Olympe, il fonce sur eux, il bondit, il porte l’incendie
là où tombent ses éclairs. Ses compagnons le suivent. Tout est bon pour se
battre, le trident comme le bâton. Des rochers et des arbres leur servent de
projectiles. Ils frappent sans relâche jusqu’à ce que les Titans et les
Titanides reconnaissent leur défaite.
Aussitôt, les vainqueurs précipitent les vaincus enchaînés au plus profond
des ténèbres infernales, dans l’abominable Tartare. Belle revanche pour les
Hécatonchires aux cent bras, qui seront désormais leurs gardiens et qui
jamais n’ouvriront pour eux les lourdes portes de bronze de cette prison.
Pendant ce temps, dans le calme retrouvé des hauteurs de leur montagne,
les Grands Olympiens se partagent le pouvoir. Après tirage au sort, Poséidon
obtient la mer, Hadès le monde souterrain et Zeus le ciel, ainsi que la royauté
suprême sur l’Univers. Les déesses ne sont pas oubliées : Hestia devient la
déesse du Foyer, Déméter, celle de la Végétation, et Héra, celle du Mariage.
Toutefois, leur victoire est vite remise en cause.
— Géants, mes chers enfants, venez à moi, ordonne Gaia dans le plus
grand secret.
— Que veux-tu ?
— Partez délivrer les Titans et les Titanides, vos frères et sœurs,
enfermés dans le Tartare. Cette punition est trop cruelle.
— Zeus et sa bande ne nous laisseront pas faire, remarque le plus
imposant des Géants. Ils trouveront de nombreux alliés.
Ses frères l’approuvent par des cris et des hochements de tête.
— Auriez-vous peur ? Oseriez-vous me désobéir ? Allez, sauvez-les,
vengez-les.
Alors la guerre reprend, plus cruelle encore.
Monstres énormes et laids aux jambes en forme de serpent, les Géants ne
coiffent jamais leur chevelure longue et épaisse. Ils ne peignent ni ne taillent
leur barbe hirsute. Ils vont obéir à Gaia. Pourtant, ils risquent gros dans ce
combat car, bien que d’origine divine, ils sont mortels. Mortels à la condition
d’être tués à la fois par un dieu et par un humain !
Le jour se lève quand les Grands Olympiens attaquent. Zeus fonce dans la
bataille. À ses côtés, sa fille Athéna, la déesse des Combats, lance le foudre
paternel avec une habileté impressionnante. Un, deux, trois, dix Géants
s’effondrent sous leurs coups.
— Je vous les laisse ! hurle Zeus aux humains chargés d’achever les
Géants blessés. Viens, Athéna, suis-moi.
— Attends, mon père, regarde ce à quoi ils sont occupés, l’interrompt
Athéna en éclatant de rire.
La déesse montre du doigt leurs ennemis qui s’affairent en contrebas du
mont Olympe.
— Que faites-vous, Géants ? hurle-t-elle.
— Ça ne se voit pas ? Nous empilons des montagnes pour atteindre le
sommet de l’Olympe et vous briser le cou !
Leur pile branlante vacille et s’écroule en un bruit infernal de tremblement
de terre et de rochers éclatés. Un seul Géant s’entête. Il recommence trois
fois de suite, sans résultat. Furibond, il déracine un olivier quand une flèche
lancée par Athéna le met hors de combat. Le croyant mort, ses frères les
Géants l’enterrent sur l’île de Sicile, sous le mont Etna. Mais le Géant vit
encore. Il respire à grands coups, crachant des jets de lave brûlante par le
sommet de sa montagne devenue volcan. Et à chaque fois qu’il se retourne
dans sa prison, il déclenche un tremblement de terre.
Cependant Zeus a d’autres soucis qu’une éruption volcanique. Il sait que
les Géants peuvent soigner leurs blessures en un clin d’œil : il leur suffit de
cueillir de l’herbe magique, de la poser sur leurs plaies et les voilà guéris.
— Cette guerre ne finira donc jamais ? demande-t-il à Hadès.
— À moins que nous ne perdions…, grogne son frère, de méchante humeur.
— Attends, je sais comment faire basculer les choses en notre faveur.
Zeus s’éloigne de la bataille. Il descend de son char, pose ses armes et se
met à cueillir les plants d’herbe magique, puis les brûle.
— Lune, Soleil et toi, Aurore, murmure-t-il, ne bougez plus ! Ne brillez plus !
Laissez la terre dans l’obscurité afin que personne d’autre que moi, et surtout
pas les Géants, ne puisse cueillir d’herbe magique.
Dans les ténèbres d’une nuit sans fin, le dieu vient vite à bout de sa tâche.
Une fois les dernières herbes magiques arrachées et détruites par le feu, il
remonte sur son char et fonce dans la mêlée. Héraclès se tient à ses côtés.
Héraclès, le héros dont les douze travaux restent dans toutes les mémoires !
Il bande son arc, ajuste sa flèche, vise et tue. Quand il n’accompagne pas
Zeus, il est avec l’énergique Héra, Apollon le redoutable ou Héphaïstos, le
maître du Feu.
À chaque dieu sa technique. Dionysos lance des torches enflammées ou
son javelot entouré de lierre et de pampre de vigne. Ses amis les satyres ne
le quittent jamais : démons de la nature, mi-boucs mi-hommes, ils sont
armés jusqu’aux dents, qu’ils ont pointues.
L’infatigable Poséidon massacre l’ennemi avec son trident ou tout ce qui
lui tombe sous la main. Le voilà qui poursuit un Géant sur la mer. Il brise une
île en deux aussi facilement qu’un vulgaire bâton, et lance ce formidable
projectile sur le monstre… Écrasé, le Géant, aplati comme de la pâte à pain !
Les humains ne ménagent pas leur peine pour aider les dieux. Pierres,
bâtons, outils, tout leur est bon pour se battre. Sont-ils désormais, et pour
toujours, les alliés de Zeus ? Rien de moins sûr. Pourtant, ils ont contribué à
la victoire des Grands Olympiens sur les Géants.
Petit-fils de Gaia la Terre et d’Ouranos le Ciel, cousin
de Zeus, Hélios est le Soleil qui éclaire et réchau e
l’univers. Jour après jour, il parcourt le ciel, toujours
précédé du char de sa sœur, l’Aurore. De là-haut, il
voit tout ce qui se passe sur terre, il peut donc, si
nécessaire, prévenir les dieux de l’Olympe.
La grande déesse n’est pas la seule à être scandalisée par les amourettes
du maître de l’Univers. Poséidon et Athéna le sont tout autant.
— Empêchons-le de descendre sur terre rejoindre sa dernière conquête !
murmure le dieu de la Mer en agitant son trident.
— D’accord, l’approuve Athéna, mais comment faire ?
— Il ne se laissera jamais convaincre de rester avec nous, soupire Héra.
Trouvons un moyen de le retenir contre son gré.
— Oui, enchaînons-le !
Des bruits de pas. Ils se retournent tous trois. Malheur !
— Que faites-vous ici, bande de comploteurs ? tonne Zeus qui a tout
entendu.
— Rien de particulier, ment Héra. Nous bavardions, c’est tout.
— Je vais te suspendre aux nuages par les cheveux, ma chère, hurle Zeus
bouillonnant de colère. Et tu y resteras, pieds et poings liés, le temps que je
fasse un petit tour sur terre.
— Certainement pas ! rétorque Héra. C’est moi qui vais te punir en
frappant un de tes enfants illégitimes.
— Qui ? s’inquiète Zeus.
Poséidon et Athéna s’éloignent. Les disputes entre les deux époux
atteignent souvent un tel degré de violence qu’aucune divinité n’ose s’en
mêler.
— Qui ? Mais ton très cher Héraclès, par exemple. Regarde ! Il va mourir, et
tout de suite ! Je vais soulever les vagues, faire naître la tempête et couler
son navire.
— Arrête, Héra !
— Non.
— J’en ai assez de tes reproches.
— Et moi de tes infidélités.
— Tu aimes trop la querelle. Oublie Héraclès et écoute-moi. Je ne veux pas
te laisser souffrir davantage, tu es ma sœur, mon épouse, mon aimée…
— Ah ! Voilà bien tes ruses, Zeus. Je ne veux plus t’écouter.
— À ton aise… Alors, je vais attacher une enclume à chacun de tes pieds
et te suspendre à l’Olympe !
— Tu ne pourras pas m’y laisser bien longtemps, ricane Héra.
— Mais enfin, pourquoi fais-tu obstacle à tout ce que je veux ? Je t’aime
d’un amour immense, alors que t’importent mes agissements ?
— Tes agissements ? Ils me causent sans cesse honte et chagrin.
— C’est vrai, mon père ! intervient Héphaïstos, qui les a rejoints, alerté par
la violence de leurs cris. Elle souffre par ta faute.
— Quoi, mon fils, tu prends son parti ? Tu oses te rebeller contre moi ?
— Je ne me rebelle pas, je te demande seulement d’épargner à ma mère
certaines douleurs. Elle supporte fort mal tes amourettes à répétition et les
enfants qui en naissent. Et je la comprends. Accepterais-tu qu’elle te trompe
de la sorte ?
— Certes, non ! tonne Zeus. Mais je t’interdis toute critique à mon égard.
Je suis ton père, ne l’oublie pas. Tu me dois respect et obéissance, ou gare à
toi !
Héra s’approche de leur fils pour le protéger. Elle craint les rages du grand
dieu.
— Je respecte ceux qui sont respectables, lance le fougueux Héphaïstos.
— Honte sur toi, jeune insolent ! Aujourd’hui, tu m’es le plus odieux de tous
les Immortels !
— Laisse-le ! exige son épouse.
— Voilà ce que je fais aux fils indignes ! rugit Zeus en retour.
Sur ces mots, il saisit Héphaïstos par un pied, le fait tournoyer au-dessus
de sa tête et le jette de toutes ses forces du haut de l’Olympe.
Héra se penche, en larmes. Elle voit son fils tomber, tomber encore, et le
perd de vue.
Plus tard, elle apprendra que cette chute terrible dura tout le jour.
Héphaïstos atterrit brutalement sur une île, le corps brisé et le souffle
court. Les habitants du lieu viennent à son secours. Ils le soignent du mieux
qu’ils peuvent. Hélas, le dieu est désormais boiteux, boiteux pour l’éternité.
Prudent, il installe sa forge sur cette île, loin de son père et du mont Olympe,
où il se rend de temps à autre. Plus tard, il se choisira un endroit plus vaste
et plus chaud : sous le volcan Etna, en Sicile.
Pour la déesse aux sandales d’or, l’infirmité d’Héphaïstos est une terrible
blessure infligée à son cœur de mère. Pourtant, l’amour qui unit Héra et Zeus
est si fort que, malgré tout, ils resteront mari et femme pour l’éternité.
Enfant né des amours illégitimes de Zeus, le jeune
Dionysos est poursuivi par la haine d’Héra : il lui
faudra accomplir de nombreux exploits avant de
mériter sa place parmi les dieux de l’Olympe.
Dionysos est un dieu joyeux, qui aime la danse, la
musique, les fêtes, les voyages et le vin. Nous lui
devons beaucoup, car les cérémonies organisées en
son honneur se transforment, peu à peu, en pièces de
théâtre. Le spectacle est né.
Trois mois plus tard, l’enfant en sort : c’est un superbe petit garçon. Mais
qui élèvera Dionysos ? Zeus y a déjà songé.
— Hermès aux sandales ailées, appelle-t-il discrètement. Confie ce bébé
au roi Athamas et à la reine Ino, la sœur de Sémélé.
— Je suppose que je dois le tenir loin des yeux d’Héra ?
— Bien sûr. Qu’ils l’habillent en fille afin de le protéger de la jalousie de
mon épouse.
Comme toujours, Zeus est obéi.
Ce matin-là, Perséphone et ses amies cueillent des fleurs près d’un lac, au
cœur d’une forêt. Les jeunes filles s’éparpillent, rivalisant pour rapporter le
plus beau bouquet. Perséphone glisse des fleurs dans ses cheveux. Elle en
remplit des corbeilles et les plis de sa robe. Qu’elle est belle ! Soudain, un
craquement effrayant, une abominable odeur de souffre, la terre s’entrouvre,
la crevasse s’élargit et Hadès surgit. Sur son char noir tiré par des chevaux
au poil sombre, le dieu des Enfers attrape sa jolie nièce par la taille.
— Au secours, ma mère ! À l’aide !
— Oublie Déméter ! ricane son ravisseur.
Insensible aux cris de la jeune fille, Hadès l’entraîne vers les profondeurs
de la terre. Il excite ses chevaux, fait claquer les rênes sur leurs crinières
folles, gagne en vitesse et disparaît.
Déméter a reconnu la voix qui a poussé ce cri déchirant. Elle court vers le
lac.
— Perséphone, où es-tu ? Perséphone ?
Personne ne répond. Alors, l’angoisse au cœur, elle fouille en vain la forêt.
Elle oublie de dormir, de manger et de boire. Elle sillonne la terre, un flambeau
allumé dans chaque main. Elle questionne ceux qu’elle rencontre. Elle cherche
sa fille partout pendant neuf jours et neuf nuits.
Aucune trace de Perséphone.
Au matin du dixième jour, Déméter trouve une ceinture accrochée à un
rocher. Elle la reconnaît, c’est celle de sa fille.
— Habitants de la terre, vous êtes indignes de mes bienfaits ! sanglote-t-
elle, persuadée que c’est un humain qui a enlevé son enfant chérie. Je vais
briser vos charrues, tuer vos moutons et pourrir vos semences. Que les vents
se déchaînent ! Que les oiseaux dévorent les graines ! Que le soleil brûle les
blés que les pluies n’auront pas moisis !
Certaine que seuls les dieux et les déesses de Grèce peuvent l’aider,
Déméter gagne le palais divin de l’Olympe.
— J’ai vu Hadès enlever ta fille, avoue Hélios le Soleil, ému de sa douleur.
Pendant ce temps, assise sur une pierre, Déméter l’attend. Autour d’elle,
les champs s’assèchent, les troupeaux meurent, les humains qui souffrent
n’apportent plus de présents aux divinités. La famine s’installe, chez les
hommes comme chez les dieux, qui se nourrissent des offrandes humaines.
Comprenant, mais un peu tard, que Déméter est une très puissante
déesse, Zeus convoque le dieu des Enfers devant le tribunal divin.
— Oui, j’ai enlevé Perséphone, reconnaît Hadès. Elle vit avec moi et ne
manque de rien.
— Sa mère la réclame, lui rappelle Zeus.
— Peut-être, mais je la garde. Que Déméter autorise notre mariage et tout
sera réglé.
— Jamais, s’écrie la déesse. Qu’il me la rende d’abord, nous discuterons
mariage ensuite !
— Voyons, Hadès, reprend Zeus, à la recherche d’un compromis acceptable
par tous. Tu as enlevé Perséphone il y a un an déjà… Dis-moi, la tristesse l’a-
t-elle empêchée de se nourrir ?
— Non, elle a mangé sept grains de grenade, annonce fièrement Hadès.
— C’est peu, mais suffisant, décide le maître de l’Univers, pour que
Perséphone vive avec toi.
— C’est inadmissible ! s’exclame Déméter. Perséphone ignorait que
quiconque mange aux Enfers ne peut plus jamais remonter sur terre.
— Écoute, ma chère sœur, si Perséphone n’avait rien mangé, elle serait
retournée près de toi. Mais ce n’est pas le cas. Elle doit donc rester avec
Hadès.
Le tribunal divin approuve Zeus mais, sur terre, la situation s’aggrave. À
force de chercher, le grand dieu trouve enfin une solution acceptable :
Perséphone partagera son temps entre le royaume souterrain d’Hadès et le
monde d’en haut, avec Déméter. Six mois avec l’un, six mois avec l’autre !
C’est ainsi que Déméter retrouve sa fille tant aimée. Aussitôt, elle laisse
pousser l’herbe dans les prés, germer les semences, s’ouvrir les bourgeons,
fleurir les arbres et grossir les fruits, comme les troupeaux. C’est le
printemps, puis l’été ! Mais quand Perséphone rejoint son mari aux Enfers,
Déméter pleure son absence. Les feuilles tombent, les arbres semblent
morts. Voilà l’automne et l’hiver. Et ce cycle se poursuit ainsi éternellement,
d’année en année.
Puissant, riche, terrifiant ! Voici Hadès, le maître du
monde souterrain, qui est celui des morts, mais aussi des
mines d’or et des métaux précieux. Aidé par de
nombreux monstres, démons et génies, il règne en
maître impitoyable. Six mois par an, son épouse
Perséphone siège à ses côtés et se montre aussi cruelle
que lui.
Sur l’autre rive, enchaîné à la porte des Enfers, Cerbère aboie violemment
en balançant ses trois têtes de chien et sa queue en forme de vipère, et en
agitant les têtes de serpent menaçantes qui se dressent sur son dos. Sa vue
seule terrifie l’âme du mort qui arrive. Pourtant le monstre l’accueille
gentiment, le salue, lui fait fête. Entre qui veut aux Enfers : le travail de
Cerbère consiste seulement à surveiller les
sorties. Gare aux morts qui tenteraient de s’échapper : le monstre les dévore
tout cru, car leur vue remplirait d’horreur les hommes comme les dieux.
Ensuite, le mort gagne l’endroit qui lui convient. Les uns rejoignent la
plaine des Asphodèles, d’autres celle des enfants morts au berceau, des
suicidés, des innocents condamnés à mort ou encore des soldats tués au
combat. Tous s’ennuient, se traînent et se lamentent. Les meilleurs gagnent
les champs Élysées, et ceux qui méritent les pires châtiments entrent dans
le Tartare.
À la vue de ce vivant, les morts prennent peur. Ils fuient. Héraclès marche
vite. Il se dirige vers les champs Élysées, où se situe le palais d’Hadès. Il
aperçoit de loin la triple muraille qui entoure le Tartare et salue les
Hécatonchires aux cent bras, redoutables gardiens de cette prison. Il entend
des gémissements, des grincements de chaînes. Il s’arrête un instant,
épouvanté, puis il reprend sa route. Il n’a pas une minute à perdre.
Héraclès trouve Hadès en son somptueux palais.
— Ô puissant dieu des Enfers, commence le héros,
permets-moi d’emmener sur terre Cerbère, ton bon gardien. Tu sais que je
dois le conduire au palais du roi de Mycènes pour accomplir mon dernier
travail.
— Oui, et alors ? réplique sèchement le dieu des Enfers, bien droit sur son
trône d’ébène. Je déteste que les vivants viennent ici s’occuper des affaires
des morts. Chacun chez soi et tout ira bien, n’est-ce pas ?
Perséphone, à ses côtés, sourit et l’approuve de la tête.
— Tu me demandes beaucoup, reprend Hadès.
Le dieu des Enfers réfléchit. Il n’a aucune envie de satisfaire le héros, mais
il sait qu’Hermès et Athéna le soutiennent. Il ne peut donc pas le chasser
brutalement. Il ne voit qu’une solution : lui demander l’impossible en faisant
semblant
d’accepter sa requête.
— Entendu, Héraclès, déclare-t-il enfin, mais à une condition.
Héraclès frémit. Il connaît la cruauté du maître des Enfers.
— À condition, poursuit Hadès, que tu maîtrises Cerbère sans armes !
Un sourire malveillant flotte sur le visage du dieu et de son épouse.
— Je t’autorise juste à garder ta cuirasse et ta peau de lion.
Héraclès n’a pas le choix. C’est donc désarmé qu’il se bat contre Cerbère. Il
saisit son cou à pleines mains et serre pour l’étouffer. La queue du chien,
terminée par un dard comme celui d’un scorpion, le pique et le repique.
Héraclès ne relâche pas son étreinte pour autant. Il serre plus fort encore,
réduit le monstre à sa merci, en fait son prisonnier et sort des Enfers.
Héraclès arrive bien vite à Mycènes, mais, la vue de Cerbère cause un tel
effroi au roi qu’il se précipite dans un vase gigantesque, sa cachette préférée.
— Tu as rempli ta mission, crie-t-il. Maintenant, pars, ramène-le d’où il
vient…
Héraclès reconduit donc Cerbère aux portes des Enfers, où l’attend le divin
Hadès.
Fille de Zeus, Artémis aime vivre libre, loin du mont
Olympe. La nature est son domaine. Elle court, chasse
avec ses chiens ou rit avec ses amies les nymphes.
Déesse de la Lune, elle accompagne les voyageurs.
Souvent tendre et secourable, elle sait être cruelle et tue
ceux qui osent l’insulter en acte ou en parole. Gare à
ceux qui la contrarient !
Pour secourir sa belle amante, Zeus ordonne au dieu Borée, le Vent du Nord,
d’amener la jeune femme chez Poséidon. Toujours prêt à rendre service, le
dieu des Mers soulève les flots, qu’il dispose en une coupole liquide au-
dessus d’une île étrange, déserte et oubliée de tous.
Léto s’y réfugie. Elle est en sécurité, loin de la terre et à l’abri du soleil,
comme l’exige Héra. Ses enfants, car elle attend des jumeaux, étant sur le
point de naître, toutes les déesses viennent l’aider, sauf Héra et Ilithye,
déesse des Naissances.
Hélas, sans cette dernière pas d’accouchement possible ! Neuf jours plus
tard, après avoir offert un collier d’or et d’ambre à Héra pour apaiser sa fureur,
Ilithye obtient l’autorisation de rejoindre Léto. Ainsi naissent, au pied d’un
palmier, Artémis et Apollon, une fille et un garçon.
Du haut de l’Olympe, Zeus se désole. Il ne peut les rejoindre, de peur
qu’Héra ne l’aperçoive. Alors, faute de mieux, il récompense l’île pour son
hospitalité. Il la fixe au fond de la mer par quatre colonnes et brise la voûte
liquide qui la protège, puis il lui donne un nouveau nom : Délos, « la Brillante »,
car Apollon, dieu de la Lumière, y est né.
Zeus n’a toujours pas réussi à éloigner le dragon Python, quand Artémis et
Apollon décident de s’en occuper. À peine âgés de quatre jours, ils s’arment,
embrassent leur mère et s’en vont. Ils marchent vite. Redoublant de
prudence, ils parviennent à repérer l’antre du monstre. Cachés derrière un
rocher, ils bandent leur arc, ajustent leur flèche et tirent. Ils visent juste,
Python meurt sur le coup.
Plus Artémis grandit, plus elle est sensible aux beautés du monde. Elle
aime la vie sauvage, les promenades et la chasse. De temps à autre, elle va
voir Zeus sur l’Olympe. Il l’interroge sur ses jeux préférés, comme sur ses
projets.
— Mon père, répond Artémis du haut de ses trois ans, j’aimerais courir
pour l’éternité dans les forêts profondes, libre, loin des palais divins.
— Quelle drôle de fille tu es ! Il te faudra donc un mari qui partage tes
goûts.
— Je ne veux ni mari ni amant. Juste un char, un arc d’or et des flèches
d’argent.
— Entendu, Artémis, s’amuse Zeus. Héphaïstos le dieu du Feu t’en
fabriquera. N’oublie pas de lui réclamer un carquois. Est-ce tout ?
— Non, il me faut aussi des sandales solides et une tunique de chasse.
— As-tu une idée de sa couleur ?
— Jaune safran avec un liseré rouge.
La jeune déesse sourit et ajoute :
— Je voudrais aussi des lévriers à la course rapide, et des nymphes
comme amies.
— Courageuse petite, tu auras tout ce que tu voudras. Mais ne t’étonne
pas si, intelligente et belle comme tu es, les dieux, les princes et les rois
tentent de gagner ton amour.
— Je les chasserai de mon domaine. Alors c’est entendu, mon père ?
— Oui, reste libre et vagabonde comme tu le souhaites, ma fille. Pour te
faire plaisir, je te nomme gardienne des routes et des ports.
Sitôt sortie du palais, Artémis regagne ses forêts et y capture quatre
biches, qu’elle attelle à son tout nouveau char d’or.
Les années passent. Artémis devient adulte, mais ne change pas d’avis.
Elle vit, heureuse, loin des hommes et des dieux, dans les montagnes
sauvages de Grèce. Pour sa toilette, une source d’eau claire lui suffit.
Un jour, alors qu’elle se baigne toute nue, elle entend des bruits
inhabituels. Des froissements de feuilles, des craquements de brindilles.
Artémis scrute les alentours. Elle a le regard perçant et l’ouïe fine. Elle se
sent observée, mais ne repère rien d’anormal. Comme elle regrette d’avoir
abandonné sa tunique et ses armes si loin sur le rivage ! De nouveaux
bruissements se font entendre dans la forêt.
— Qui est là ? crie-t-elle.
Entouré de ses chiens, Actéon le chasseur surgit d’entre les arbres. Il a
dans le regard un voile d’émerveillement. Il est tout bonnement ébloui par la
beauté d’Artémis.
— Que fais-tu ici, petit indiscret ? s’exclame la déesse.
Elle sort en courant de l’eau, s’habille à la hâte, saisit son arc et ses
flèches.
— Je chasse le cerf, noble déesse…
— Menteur ! Je ne suis pas un cerf, comme tu l’as toi-même constaté. Ces
montagnes sont miennes, le sais-tu ?
— Oui.
— Donc, non content de pénétrer chez moi sans y être invité, tu oublies
également qu’épier une femme au bain est inadmissible, impardonnable,
scandaleux. Tu vas avoir la punition que tu mérites !
Actéon, le chasseur trop curieux, recule de quelques pas. Trop tard : le voici
transformé en cerf ! Il s’enfuit. Il court vite. Hélas, ne reconnaissant pas leur
maître en ce bel animal, ses chiens le poursuivent. Ils le rattrapent et,
finalement, le dévorent. Justice est faite.
Maître des flots, des orages et de la pluie, Poséidon
est un dieu d’une extrême importance en Grèce, pays
brûlé par le soleil d’été. D’un coup de trident, il
ébranle les rochers, fait jaillir une source ou provoque
un raz de marée. Respecté par tous les hommes, et
par les marins en particulier, il leur o re un jour le
plus utile des cadeaux : le cheval !
Quand son épouse n’est pas là, Poséidon se plaît à visiter son royaume
sous-marin. Il se promène souvent sur son île préférée : l’Atlantide. Quelle
merveille ! On y trouve des fleurs extraordinaires, des minéraux rares et
précieux, de l’or en abondance, du cuivre, du fer et de l’orichalque, un métal
qui brille comme le feu. Évidemment, son île a un énorme défaut : elle se
trouve très loin de la Grèce.
Un jour, sur l’Atlantide, Poséidon aperçoit Clito l’orpheline, une charmante
jeune fille sauvage, un peu farouche. Pour l’aimer en toute tranquillité, il élève
une muraille autour de sa demeure, puis il creuse un fossé qu’il remplit d’eau.
De cet amour naissent cinq fois des jumeaux.
— Je vais faire d’eux des souverains puissants, promet-il à Clito pour
répondre à son inquiétude.
— Et comment feras-tu ?
— Rien de plus simple ! Je divise l’Atlantide en dix lots : dix garçons, dix
royaumes magnifiques.
— Avec des rivières et des ponts ?
— Oui, et des ports aussi, afin que le commerce prospère. Je veux que
l’Atlantide s’enrichisse et fasse des envieux.
Ignorant des soucis divins, Pâris sursaute en voyant arriver les divinités. La
peur le prend. Il se lève à la hâte, laissant son troupeau s’éparpiller et son
chien aboyer.
— Rassure-toi, nous ne te voulons aucun mal, lui dit Hermès. Zeus
t’ordonne de remettre cette pomme d’or à la plus belle de ces déesses.
La surprise passée, Pâris les regarde avec attention. Il les trouve toutes
trois aussi magnifiques les unes que les autres.
— Jeune Pâris, fils du roi Priam de Troie, lance Athéna, si tu me choisis, je
te donnerai la sagesse et la victoire. Je ferai de toi le plus courageux des
guerriers.
— Moi, je t’offrirai un vaste empire qui s’étendra sur toute l’Asie,
l’interrompt Héra. Richesse et puissance, qu’en dis-tu ?
— Allons, écoute-moi, jeune prince, intervient à son tour Aphrodite. Je
t’offre le bonheur, le plus précieux des biens, l’amour d’Hélène, reine de
Sparte, la plus belle des femmes !
À ces mots, Pâris se décide. Il préfère l’amour à la gloire militaire comme à
la puissance royale.
— Déesse Aphrodite, dit-il, cette pomme d’or te revient de droit.
— Merci, chuchote la gagnante en s’éloignant. Sois sûr que je n’oublierai
pas ma promesse.
Athéna et Héra, furieuses, quittent à leur tour le pré en compagnie
d’Hermès, tandis que Pâris se retrouve seul avec son chien et son troupeau. Il
ferme les yeux et se met à rêver. Comment pourrait-il, lui qui vit dans les
montagnes troyennes, aimer et être aimé de la belle Hélène ?
Quelque temps plus tard, Aphrodite tient parole. Elle organise le voyage de
Pâris vers Sparte, puis elle fait naître l’amour entre la reine Hélène et le
prince, qui l’enlève et l’emmène en son palais de Troie.
Ménélas, l’époux d’Hélène, est furieux. Il apprête aussitôt ses bateaux et
ses guerriers pour aller chercher sa femme adorée. Hélas, le malheureux roi
de Sparte réalise bien vite que, seul, il échouera face à la puissante Troie,
aussi demande-t-il l’aide de son frère Agamemnon, roi de Mycènes, d’Ulysse,
roi d’Ithaque, et de tous les autres souverains grecs. Pas un ne manque à
l’appel, et c’est ensemble qu’ils forment une armée gigantesque qui traverse
la mer sur des centaines de navires.
Ainsi commence la guerre entre Troie et la Grèce. Elle durera dix longues
années… Mais, fidèle à sa promesse, jamais la déesse Aphrodite ne cessera
d’aider Pâris et les Troyens.
Aède : poète-musicien de la Grèce antique. Il récite de
longs poèmes à la gloire des dieux et des héros en
s’accompagnant sur sa lyre.
Ambroisie : nourriture des divinités de l’Olympe qui
donne, dit-on, l’immortalité à ceux qui y goûtent.
Amphore : vase à deux anses en terre cuite, modelée
par les potiers, peinte ou non. On y mettait du vin, de l’eau,
de l’huile, des grains…
Autel : large pierre plate souvent surélevée sur laquelle
les fidèles déposent leurs offrandes ou font leurs sacrifices
à la divinité.
Cité-état : minuscule État composé d’une ville protégée
par de hautes murailles et de la campagne alentour. Chaque
cité-État possède son gouvernement, ses lois et sa
monnaie.
Foudre : la foudre, au féminin, est un phénomène naturel
de décharge électrique qui s’accompagne d’un éclair,
lumière vive, et d’un coup de tonnerre, forte détonation.
Le foudre, au masculin, est l’arme et l’attribut de Zeus, se
composant d’un bouquet de zigzags enflammés,
représentant la foudre.
Héros, Héroïne : nom donné aux hommes et aux
femmes ayant un courage extraordinaire et une force
étonnante. Il s’agit souvent de demi-dieux, c’est-à-dire des
enfants nés des amours d’un dieu et d’une humaine ou
d’une déesse et d’un humain.
Mythe : récit des aventures et mésaventures d’un dieu,
d’une déesse, d’un héros ou d’une héroïne. L’ensemble des
mythes d’une même religion forme ce qu’on appelle la
mythologie.
Nectar : boisson des divinités de l’Olympe qui donne, dit-
on, l’immortalité à ceux qui en boivent.
Nymphe : petite déesse personnifiant un des nombreux
aspects de la nature (les fleuves, les bois, les
montagnes…).
Obole : nom donné dans l’Antiquité à une pièce de
monnaie de peu de valeur. C’est aussi une mesure de poids.
Océanides : nymphes aquatiques, petites déesses des
ruisseaux et des sources, filles du dieu Océan et de la
déesse Téthys. Il ne faut pas les confondre avec les
Néréides, qui sont les nymphes de la mer.
Offrande : don offert à une divinité sur un autel situé
dans la nature ou devant son temple. Elle s’accompagne de
prières.
Oracle : réponse d’une divinité à la question posée par un
fidèle dans un temple.
Sacrifice : offrande d’un animal à une divinité.
Sanctuaire : lieu clos consacré à une divinité, dans
lequel on célèbre un culte. Il se compose d’un terrain assez
vaste où se trouvent un temple et un ou plusieurs autels.
Page de copyright
Textes : Viviane Koenig
Illustrations : Nicolas Du aut
© 2016, Fleurus Éditions, Paris
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