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1.1.1 Définition
Le modèle d’Ising représente une simple approche pour simuler une substance ma-
gnétique physique. Il est l’un des rares modèles de Physique Statistique de particules
en interaction qui puisse être résolu analytiquement. A deux dimensions, le système
idéal décrit par ce modèle subit une transition de phase[2].
Dans le modèle, on considère N points fixes d’un réseau périodique de dimension
d(d = 1, 2, 3) pouvant avoir une structure cubique ou hexagonale. Des conditions
spécifiques aux bords du réseau doivent être précisées. Ces conditions peuvent être
simplement périodiques comme ci-dessous.
. . . .
. . . .
. . . .
. . . .
On associe à chaque site i ∈ {1, ..., N } du réseau une variable si qui peut prendre
les valeurs ±1. On peut aussi utiliser d’autres variables de spin comme ±1/2, ±3/2,
···.
Si si = +1 alors on dit que le ime site a un spin "up".
Si Si = −1 alors on dit que le ime site a un spin "down".
Un ensemble de variables si de spins spécifie une configuration du réseau dont
l’énergie est donnée par le Hamiltonien d’interaction :
X N
X
H=− Jij si sj − hi si (1.1)
<i,j> i=1
⃗ = −gµB ⃗s
µ (1.2)
eℏ
où µB = . (1.3)
2m
Dans cette expression, g est un facteur numérique proche de 1, appelé facteur de
Landé, µB est le magnéton de Bohr et les valeurs possibles pour une projection du
spin sont entières ou demi-entières, ne variant que par valeurs entières .
En général, le spin et les autres degrés de liberté de l’atome sont indépendants,
seulement liés par les questions de symétrie de la fonction d’onde totale de sorte que
l’énergie d’un ensemble de molécules dans un champ magnétique pourra s’écrire :
N
X
Ĥ = − gµB si hi (1.4)
i=1
où les interactions sont prises en compte par un terme phénoménologique, lié à une
interaction dite d’échange, et qui est d’origine purement quantique. On écrit :
X N
X
H=− Jij si sj − gµB si hi (1.5)
<i,j> i=1
où < i, j > désigne une paire de spins proches voisins. Le facteur Jij donne la valeur
du couplage entre les sites i et j. L’interaction peut être à courte portée (premiers
voisins sur un réseau cubique par exemple) ou à longue portée (tous les spins du
réseau interagissent entre eux). On peut considérer uniquement la composante du spin
dans la direction du champ (modèle dit d’Ising) ou toutes les composantes (modèle
d’Heisenberg), ou deux composantes (modèle XY) [1].
Le nombre de modèles qui ont été considérés (et le sont encore) est grand. Nous nous
limiterons ici au modèle d’Ising surtout en dimensions 1 et 2. En guise de simplification,
nous pouvons considérer le Hamiltonien d’interaction sous la forme suivante :
X N
X
H=− Jij si sj − h si . (1.6)
<i,j> i=1
Tous les si de l’équation précédente commutent entre eux et H est ainsi diagonali-
sable dans la représentation où les si le sont ; les valeurs et les fonctions propres sont
donc connues. Le hamiltonien ne change pas dans une opération de renversement de
spins lorsque h = 0.
Lorsque J > 0, on a le modèle d’Ising ferromagnétique et dans le cas où J < 0, on
obtient le modèle d’Ising antiferromagnétique.
+ + + + - - - -
+ + + + - - - -
ou
+ + + + - - - -
+ + + + - - - -
Si Sj HL
+1 +1 -J
-1 +1 +J
+1 -1 +J
-1 -1 -J
Comme J > 0, la valeur minimale de l’énergie est −J < 0, les états fondamentaux
sont bien "tout +" ou "tout-".
Pour J < 0, on a un réseau antiferromagnétique dont les états fondamentaux sont
"+-" ou "-+".
+ - + - - + - +
- + - + + - + -
ou
+ - + - - + - +
- + - + + - + -
1
F = − ln Z(T ) (1.10)
β
= P+ − P − (1.16)
Il vient : P+ = 1+m
2
et P− = 1−m
2
.
Considérons le modèle d’Ising 2D décrit dans un ensemble canonique où le réseau
de spins n’échange pas de particules avec le milieu extérieur. L’énergie interne U du
système s’écrit :
U = <H>
X X
= −J < si sj > −h < si >
<i,j> i
X X
= −J < si sj > −h < si > (1.18)
< i, j > i
X N
X
U = −J < si >< sj > −h < si >
< i, j > i=1
X N
X
2
= −J m −h m
< i, j > i=1
Nz
= − Jm2 − hN m (1.20)
2
L’entropie du système constitué de N particules dans l’ensemble canonique est
définie par :
X
S = −kB N Pi log Pi
si
= −kB N [P+ log P+ + P− log P− ]
1+m 1+m 1−m 1−m
= −kB N ( ) log( )+( ) log( ) (1.21)
2 2 2 2
F = U − T S. (1.22)
Remplaçons les équations (1.20) et (1.21) dans (1.22), nous obtenons l’expression
de F en fonction de m.
Nz 2 1+m 1+m 1−m 1−m
F (m, T ) = − Jm − hN m + N kB T ( ) log( )+( ) log( )
2 2 2 2 2
(1.23)
y1 = m
(1.25)
y2 = tanh Jzm+h
k T
.
B
(
m=0
(1.26)
m = ±m0 .
Dans ce cas, m = 0 n’est pas une solution physique aux basses températures. La solution
physiquement acceptable est m = ±m0 ; ce qui correspond à la phase ordonnée ou
ferromagnétique.
1 1
y
1
y y
2 y1 2
0 m − m0 0
m m
0
−1 −1
T> 4J T< 4J
Soit N + le nombre de "spin up", N ++ le nombre de liens entre "spin up" proches
voisins sur le réseau, N +− le nombre de liens entre "spins up" et "spins down", N −−
le nombre de spins proches voisins avec "spin down".
Si z désigne le nombre de spins proches voisins d’un spin donné sur le réseau (à
d = 2, z = 4), nous avons les relations :
N+ 1
= (L + 1) (−1 ≤ L ≤ +1) (1.34)
N 2
et le paramètre d’ordre à courte portée σ par :
N ++ 1
= (σ + 1) (−1 ≤ σ ≤ +1) (1.35)
(zN/2) 2
Ainsi on a :
X zN
si sj = 4N ++ − 2zN + + (1.36)
<i,j>
2
X
si sj = N ++ + N −− − N +− (1.37)
<i,j>
X zN
si sj = (1 − 2L + 2σ) (1.38)
<i,j>
2
X
si = N + − N − or N + + N − = N
i
X
si = 2N + − N = N L (1.39)
i
1 P
De la dernière relation, on remarque bien que L = si n’est rien d’autre que
N i
l’aimantation moyenne par site dans le modèle d’Ising ferrromagnétique.
1 1
E(L, σ) = Jz(2σ − 2L + 1) − hL (1.40)
N 2
L’approximation de Bragg-Williams s’écrit :
2
N ++ N+
≃ (1.41)
zN/2 N
1
On en deduit que : σ ≃ (L+1)2 −1. Dans cette approximation, l’énergie d’interaction
2
s’écrit :
1 1
E(L) = − JzL2 − hL (1.42)
N 2
Jz
X X βN 2 L2 +hL
La fonction de partition Z(h, T ) = e−βE = e . Dans la sommation,
si si
nous devons chercher le nombre total de configurations qui partage la même valeur de
L. Ce nombre est déterminé par N + choses tirées parmi N , soit :
+ N!
CNN = + . La fonction de partition s’écrit :
N !(N − N + )!
L=+1
z 2 !
X N! βN JL +hL
Z(h, T ) = .e 2 (1.43)
N N
L=−1 (1 + L) ! (1 − L) !
2 2
L̄ = tanh β h + Jz L̄ (1.46)
1
On peut alors réécrire log Z(h, T ) sous la forme :
N
1 − L̄2
1 kB T z kB T
F (h, T ) = − log Z(h, T ) = J L̄2 + log (1.47)
N N 2 2 4
1
où F (h, T ) est l’énergie libre d’Helmoltz par site. En absence de champ on a :
N
Jz L̄
L̄ = tanh (1.48)
kB T
0 (T > Tc )
L̄ = (1.51)
±L0 (T < Tc )
Tc
On peut calculer les fonctions thermodynamiques :
1. Energie libre d’Helmoltz F (0, T )
0 (T > Tc )
1
1 − L20
F (0, T ) = z 2 kB T (1.54)
N JL + log (T < Tc )
2 0
2 4
2. Aimantation M (0, T )
1 0 (T > Tc )
M (0, T ) = (1.55)
N L0 (T < Tc )
0
Jz T
T rρ (ln ρ) = T rρ (−βH − ln Z)
T rρ (ln ρ) = −βT rρH − ln Z
T rρ (ln ρ) = −β < H > − ln Z (1.60)
1
or − ln Z = F ⇐⇒ βF = − ln Z. Il vient que :
β
En utilisant le lemme :
T rρ0 ln ρ0 ≥ T rρ ln ρ (1.63)
F̄ > F (1.64)
L’énergie libre approximative est supérieure à l’énergie libre F qui est exacte.
L’idée variationnelle consiste à chercher l’opérateur ρ0 qui minimise F̄ . Dési-
gnons par H0 le hamiltonien d’essai. ρ0 est défini par : ρ0 = e−βH0 et Z0 =
T re−βH0 . Ecrivons β F̄ en faisant apparaître explicitement H0 :
T rρ0 ln ρ0 + β < H0 >0
| {z }
β F̄ = β < H − H0 >0 + βF0
1
avec bien sûr F0 = − ln T re−βH0 .
β
Dans les applications deux cas peuvent se présenter :
- Soit ρ0 est connu et défini à partir d’un H0 . Dans ce cas il faut minimiser
F̄ = F0 + < H − H0 >0
- Soit l’opérateur densité ρ0 est défini sans passer par H0 . Ici, il faudra mini-
miser : β F̄ = β < H >0 +T rρ0 ln ρ0
2. L’approximation du champ moyen
Soit le hamiltonian du modèle d’Ising :
X
H = −J si sj avec si = ±1 (1.66)
<i,j>
On ne sait calculer l’énergie libre d’un tel système. Nous allons déterminer une
expression approchée. Chaque spin étant dans le champ crée par ses voisins, on
peut écrire H sous la forme :
X X
H=− hi si où hi = J sj (1.67)
i j
les sites j étant les sites proches voisins du site i. En négligeant cette dépen-
dance, on pourra écrire :
X
H0 = −h si (1.68)
i
F̄ = F0 + < H − H0 >0
= F0 + < H >0 − < H0 >0 (1.69)
En supposant que les spins proches voisins ne sont pas correlés (spins décorre-
lés), on a :
P
βh k sk
P
{si } si e
−βH0
T rsi e
< si >0 = = P (1.75)
T re−βH0
P βh k sk
{si } e
X XY
βhsi
si e eβhsk
{si =±1} {sk } k̸=i
< si >0 = X XY
βhsi
e eβhsk
{si =±1} {sk } k̸=i
X
si eβhsi
{si =±1} e+βh − e−βh
< si >0 = =
e+βh + e−βh
X
eβhsi
si =±1
< si >0 = tanh (βh) (1.76)
La sommation porte sur le nombre total de paires spins proches voisins sur le
réseau qui fait N z/2.
X
< H0 >0 = −h < si >0 = −hN tanh(βh) (1.78)
i
N z
F̄ = − ln (2 cosh βh) − N J tanh2 (βh) + hN tanh(βh) (1.79)
β 2
∂ F̄ h
= 0 ⇐⇒ tanh(βh) = (1.80)
∂h zJ
m
+1
Y
1
Y2
−h +h β ch
−1
1 z
P (+1, n) = ( ) exp(βϵ(2n − z)) × γ n (1.82)
q n
1 z
P (−1, n) = ( ) exp(−βϵ(2n − z)) × γ n (1.83)
q n
z
X
(zn ) (γ.e2βϵ )n .e−βϵz + (γ.e−2βϵ )n eβϵz
Ainsi, q =
n=0
La signification donnée à P (+1, n) conduit à :
z
1+L N+ X 1 −βϵ z
= = P (+1, n) = e + γ.eβϵ (1.85)
2 N n=0
q
z
1+σ N ++ 1X γ z−1
= = nP (+1, n) = eβϵ e−βϵ + γ.eβϵ (1.86)
2 N z/2 z n=0 q
z z
X 1X
P (+1, n) = n [P (+1, n) + P (−1, n)] . (1.87)
n=0
z n=0
Ce qui donne :
z−1
1 + γ.e2βϵ
γ= (1.90)
γ + e2βϵ
γx − 1 z
L̄ = avec x= (1.91)
γx + 1 z−1
2γ 2
σ̄ = 1
−1 (1.92)
(e−2βϵ + γ) γ + γ 1−z
L’énergie interne du réseau d’Ising en absence de champ extérieur est donné par :
1 1
U (0, T ) = − ϵz 2σ̄ − 2L̄ + 1 (1.93)
N 2
Il reste maintenant à resoudre l’équation (1.90) ci-dessus. Remarquons d’abord que :
* γ = 1 est toujours solution
* Si γ est solution alors 1/γ est aussi solution
* Interchanger γ en 1/γ revient à Interchanger L̄ en −L̄
* γ = 1 correspond à L̄ = 0 et γ = ∞ correspond à L̄ = 1
La solution de l’équation doit être obtenue graphiquement. Le membre de droite a
pour pente à γ = 1
(z − 1) e2βϵ − 1
c= (1.94)
(1 + e2βϵ )2
2ϵ
On obtient : kB Tc =
log [z/(z − 2)]
1
Pour T > Tc , γ = 1, L̄ = 0; σ̄ =
1 + e2βϵ
Pour T < T , γ > 1, L̄ > 0; dans ce cas nous avons une aimantation spontanée.
c
P
P
I
S S He
Pc L
K
II Domaine
L He critique
G Ligne critique
G
0 0 T
(a) Tc (b)
Transition liquide−gaz au point K Transition H e normal− He superfluide ou
la transition λ
Tc .
Cette expression de F (m, T ) doit être invariante par les opérations de symétrie du
groupe de la phase de haute température dénommée phase désordonnée[7].
Etant donné Tc la température de transition, on doit avoir : m = 0 si T > Tc et
m ̸= 0 si T < Tc .
Pour T > Tc l’énergie libre est minimale pour m = 0, aussi le développement
précédent ne comporte pas de terme du premier degré en m [1] (car F doit être un
invariant par toutes les opérations de symétrie) ce qui implique que a0 (T ) = 0.
Pour que le point de transition soit lui-même stable, il est nécessaire que F (m, Tc )
soit minimale en m = 0, ce qui impose b0 (T ) = 0 et b(T ) > 0.
Le développement de l’énergie libre (1.98) se réduit à :
Des études plus récentes ont montré qu’un tel développement de l’énergie n’est pas
valable dans un petit domaine de température autour de Tc , du fait des fluctuations
critiques du paramètre d’ordre, qui sont importantes au voisinage de la transition du
second ordre [1].
devient alors :
(T − Tc ) 2
F (m, T ) = F0 (T ) + α m + bm4 + · · · (1.100)
Tc
La valeur de m qui rend cette expression minimale est solution de l’équation sui-
vante :
∂F (T − Tc )
= 2α m + 4bm3 (1.101)
∂m Tc
= 0
On constate que pour T < T c la solution m = 0 est rejétée, car elle correspond
à un maximum de F (m, T ), c’est-à-dire à un état d’équilibre instable. Le résultat qui
découle de cette approche est qu’au voisinage de Tc , le paramètre d’ordre se comporte
1
comme |Tc − T | 2 .
−m0 m0
0 m 0 m 0 m
a>0 a=0 a<0
Figure 1.6 – Allure générale de l’énergie libre pour différentes valeurs de "a".
Bien que la fonction ne soit pas symétrique, il s’agit bien d’une transition du second
ordre car au moment de la transition, F (m, T ) présente un seul minimal global.
F (m, T ) décrit aussi bien des transitions du premier ordre que des transitions du
second ordre [1]. En effet, c doit être positif car m est borné. La recherche des minima
de F via la condition :
∂F
/m=m0 = 2am0 + 4bm30 + 6cm50 = 0 (1.105)
∂m
conduit à trois solutions physiquement acceptables :
(
m0 = 0
(1.106)
m20 = − 3cb .
Pour une transition du second ordre, utilisons l’expression (1.103) de l’énergie libre
à champ magnétique faible.
L’exposant β décrit comment le paramètre d’ordre varie par rapport à la tempéra-
ture lorqu’on se rapproche de Tc ; d’après (1.102) on a β = 1/2 pour tous modèles.
La succeptibilité magnétique est donnée par la dérivée première du paramètre
∂m
d’ordre par rapport à H. Soit χ = ( ∂H )T .
Pour détreminer χ minimisons l’expression (1.103) de l’énergie libre par rapport à
m:
∂F ∂H
(m, T ) = 2am + 4bm3 − m−H =0
∂m ∂m
. (1.107)
∂H
A champ magnétique faible on a : ∂m
= 2a + 4bm2 .
- Dans la phase paramagnétique, T > Tc , m = 0 ;
1
χ =
2a
αT c
= |T − Tc |−1 . (1.108)
2
a
- Dans la phase ferromagnétique, T < Tc , m ̸= 0 où m2 = 2b
.
1
χ =
4a
αTc
= |T − Tc |−1 (1.109)
4
On peut écrire χ ∼ |T − Tc |−γ avec l’exposant critique γ = 1.
Lorsque T −→ Tc on a a = 0 et H = 4bm3 . On définit l’exposant critique δ comme
étant l’exposant de m dans l’expression H ∼ mδ , ici δ = 3.
∂S
La chaleur spécifique est donnée par la relation suivante : C = T ∂T où S est
∂F
l’entropie du système donnée par S = − ∂T . Ainsi,
∂ 2F
C = −T 2
∂T 2 2
∂ F0 da ∂m ∂m 2 2 ∂m 2 3∂ m
= T − − 4m − 2a( ) − 12bm ( ) − 4bm
∂T 2 dT ∂T ∂T ∂T ∂T 2
(1.110)
m Cv
1
0 Tc T 0 Tc T
(a) (b)
m Cv
1
0 Tc T Tc T
(a) (b)