Le village des sans-visages

Il existerait, quelque part sur cette terre, un village perdu dans les montagnes où
tous les habitants portent des masques de différentes couleurs et de différentes formes,
uniques au monde. Selon les dires des explorateurs, parvenus jusqu'a de telles contrées,
personne n'a jamais pu voir à quoi pourrait bien ressembler le visage d'un habitant de ce
village. La rumeur la plus répandue raconte qu'ils ne possèderaient tout simplement pas
de visage. Les habitants cacheraient donc cette horreur aux yeux des autres à travers ces
masques si particuliers. Mais est-ce tout ? Moi-même explorateur, j'ai voulu en savoir plus
en désirant me rendre jusqu'à ce village perdu.
J'ai dù tout d'abord, recueillir un maximun d'informations sur ce village, tout ce qui pourrait
indiquer une quelconque localisation. Les nombreux commentaires d'explorateurs, a ce
sujet, bizarrement, ne semblait pas être une source fiable d'informations. Il a été reconnu
que chaque lieu donné par un explorateur, qui a prétendu y être aller, n'a aboutis a rien.
Ces mêmes explorateurs, persuadé de la localisation du village, s'y sont rendu avec des
journaux de presse et furent soumis a la cruelle réalité. Pour chacun des lieux fournis par
un explorateur, on ne trouva que désolation et végétation abondante.
Tout cela ne m'aida pas, j'ai alors laissé tomber ma seule piste un certain temps. Puis, en
y refléchissant plus en détail, je me suis rendu compte d'une chose. Les informations
données par les explorateurs, prises une par une ne donnaient rien de bien concret mais,
une fois liée entre elles, cela prit un sens certain. En effet, les différents "lieux" donnés par
les aventuriers avaient tous un point commun, la grande foret de la région, a quelques
kilomètres de chez moi.
C'est dans cette dernière que tous ces soit-disant "villages" ont existés. En partant de la,
je me suis donc munis d'une carte de la foret et retracé toutes les localisations du village.
Cela me donna une vue d'ensemble de la zone. Toute en poursuivant ma réflexion, j'avais
remarqué que sur chacune des localisations du village, aucun des explorateurs n'a vu le
village au même endroit. Je n'avais pas fait attention à l'importance de la chose sur le
coup mais il est vrai que cette information était pour le moins étrange. Qu'est-ce que cela
pouvait signifier ? Eh bien, contrairement aux journalistes, je me suis dit que les habitants
pouvaient tout simplement être des nomades. Cette idée n'a, à ma connaissance,
éffleurée l'esprit de personne, que ce soit des journalistes ou bien des explorateurs eux
mêmes. Après, concernant les explorateurs, je peux le comprendre. Dans la description du
village, on y trouvait régulièrement des habitations en bois. Si les habitants étaient des
nomades, pourquoi prendraient-ils la peine de batir de telles constructions ? Mais étant la
seule explication vraisemblable, je me suis résolu à y croire.
Si les habitants sont des nomades, ce n'est plus un village existant mais une peuplade qui
se déplace. Restait à trouver comment est-ce qu'elle se déplaçait ou déplaçait ses
habitations.
Est-ce que les habitants ne revenaient jamais au même endroit pour une raison précise ?
Ou bien est-ce juste parce qu'on ne les y a pas vu au bon moment ? J'ai décidé d'établir
une marche a suivre afin d'essayer a mon tour de mettre la main sur ce village mystérieux.
J'ai donc soumis deux hypothèses. La première était que les habitants ne revenaient ou
ne pouvaient revenir sur les endroits où ils s'étaient déjà installé. Ce qui, pour moi, était la
chose la plus facile a vérifier. Il me sufirait d'aller là ou personne n'a encore vu le village et
de fouillé la zone.
La seconde hypothèse, c'était que les habitants disposait de la region comme ils
l'entendaient, et que donc, pouvaient revenir là où on les aurait déjà rencontré. En théorie,
la marche a suivre était la même que pour la première mais en beaucoup ardue car il me
fallait explorer l'intégralité de la foret. J'ai donc décidé de m'y rendre afin de vérifier mes
hypothèses.
Grace à Dieu, les régions inexplorées étaient relativement petite et j'esperais tomber sur le
village avant de devoir passer l'intégralité de la foret au peigne fin.
Je me suis rendu dans la foret en debut de semaine, seul, avec mon matériel
d'exploration. Il me fallait recouvrir une bonne partie de la foret quand même mais je ne
baissais pas les bras pour autant.
Les premiers jours, cela ne donna rien. Le climat humide et chaud de la foret rendait la
tache plus difficile. La journée, des averses saisonnières venaient ralentir mon exploration.
La nuit, le manque de visibilté me faisait perdre un temps fou, je tournais des fois des
heures en rond sans le savoir et quand la fatigue me prenait, j'attendais le jour afin d'y voir
plus clair.
Les jours passaient et toujours aucun village à l'horizon. Je me résignait a rentrer, ne
trouvant toujours rien après avoir exploré la quasi totalité de la zone inconnue. Il ne me
restait plus qu'un petit térritoire a fouiller, la dernière parcelle d'inconnue de la foret. Plus
j'en découvrais, moins il en restait de ma première hypothese. De toute évidence, je
n'avait plus la force de départ et j'esperais plus qu'une chose, tomber sur le village le plus
vite possible avant que ma volonté ne vole en éclat comme ma première hypothèse.
Mais c'est alors que je vis quelque chose se mouvoir au loin. Pris entre délire et réalité, je
me raccrochais a cette étincelle d'espoir et me mit a poursuivre ce qui pouvait être une
chimère. La végétation me ralentissait mais elle ne me détournait pas de mon objectif.
L'ombre grandissait a mesure que je m'approchais, cette ombre, elle était bel et bien réel.
Elle marchait tranquillement et ne semblait pas m'entendre arriver. Lorsque finalement
j'arrivais a sa hauteur, mon corps se stoppa brusquement. Il n'était plus question de
l'ombre devant moi mais plutôt de ce qui se tenait devant moi, immobile, grand et
grouillant de monde. J'étais arrivé dans un village, un village où les habitants portaient
visiblement tous des masques sur leur visage.
Je fut agréablement surpris. Il existait bel et bien un village mystérieux où les habitants
portaient des masques étranges. Ces explorateurs avaient finalement raison, restait plus
qu'a explorer cet endroit insolite, pour mon plus grand plaisir.
Je m'approchais timidement de l'entrée du village, ne sachant pas comment ils allaient
réagir en me voyant arriver ainsi, harassé et craintif. Bizarrement, aucun d'entre eux ne
réagit a ma présence, me laissant une impréssion étrange de faire parti de la végétation
de la foret. Etre rien de plus qu'une pousse anodine, sans grand intéret.
J'ai finalement pris mon courage a deux main et je suis entré dans le village. Marchant
tranquillement, j'observais ce que j'y trouvais. Tout d'abord, il me fallait les nommer. En
ayant lu les commentaires de mes prédecésseurs, je n'ai vu aucune trace d'un quelconque
nom donné a ces habitants. Ils revenaient toujours sous le nom des "habitants aux
masques étranges". J'ai donc décidé de les appelé les masqués. Une fois un surnom
trouvé, une partie de l'inconnu et donc de la peur qu'il dégageait malgré eux s'était dissipé.
Les masqués étaient tous trés grand, au moins 2 mètres de haut chacun, ils étaient même
parfois obligé de se courber afin de ne pas se heurter aux branches des arbres. Ils étaient
aussi trés large, bien 1 métre de large environ., tous cela dissimulé dans un habit long et
noir, au allure de cape.
Seule leur tête dépassée de cet habit étrange, avec cette singularité qu'était leur masque.
Il est vrai que ces masques qu'il portaient, j'en avais jamais vu des pareils. D'une simplicité
telle, qu'elle dégageait de la sagesse. On aurait dit qu'ils étaient fait de métal, tellement les
finitions ne pouvait être faites autrement. D'une couleur grise magnifique, avec de léger
traits fin blancs brillant, qui luisait au coucher du soleil.
Le village était, pour ainsi dire, mélé a la foret. Il y avait moins d'habitation que je ne
l'aurais pensé. Les masqués se baladaient dans le village, tendant une main, attrapant les
fruits des arbres et les cachèrent sous leur large vetements. Je n'ai pas réussi a
comprendre pourquoi. Je pense que c'etait pour se nourrir mais contrairement a nous, ils
ne mangeaient pas avec leur bouche, et surtout avaient-ils une bouche ? Cela alimentait
l'idée que les masqués ne possèdaient pas de visage comme nous et ma curiosité n'en fut
qu'attisée. Je voulais en savoir plus sur eux.
En continuant ma balade dans le village, je vis que, devant chaque habitation, se tenait un
masqué, assis par terre, main par dessus son l'épaule, tenant fermement ce qui semblait
être une cordre de lierre relié à la maison. Pourquoi faisait-il ça ? Est-ce une sorte de
gardien ? Un gardien qui protège son territoire ? Qui protège ceux qui y vivent ? Les
habitations était-elle vide ? Plus ma tête me bombardaient de questions, plus la nuit
tombait tranquillement. Lorsque les derniers rayons du soleil disparurent, ils allumèrent de
grands feu en extérieurs et se réunissèrent autours en s'asseyant par terre, à l'exception
des gardiens, qui eux, restaient assis, la tête levée vers le ciel, donnant l'impression qu'ils
comptemplaient les étoiles.
Ces feux de camps qu'ils faisaient... ils n'étaient pas rouge comme j'avais l'habitude d'en
voir mais de couleur bleue... je ne sais pas par quels miracle ils ont réussi a faire cela
mais, j'étais agréablement surpris. A la lumière bleue des feux, la couleur grise des
masques semblait fusionner avec. Seul les trait blancs luisant restaient inchangés.
Devant pareil spectacle, je me trouvait bien ridicule et bien moins impressionant. Tous si
grand et imposant alors que moi, chétif et accablé de fatigue, il me fallait me reposer. Je
me suis adossé a un arbre et déballa mon campement pour la nuit. Je fis un petit feu pour
me réchauffer. J'aurais aussi bien pu me joindre à eux mais, ne sachant pas comment ils
allaient réagir, j'ai préférer me tenir a l'écart et les observer de loin.
D'ou j'étais, je pouvais en voir certains s'asseoir autour d'un feu, je voulais savoir si ils
discutaient entre eux. Depuis mon arrivée au village, il est vrai que je ne les ai jamais
entendu communiquer entre eux oralement. Une des rares conversations que j'ai pu
surprendre, c'était celle de deux grand masqués, si compter que l'on puisse appeler ça
une conversation. C'était un peu plus tôt tout à l'heure, un masqué regardait des fruits
dans un arbre qui, visiblement, lui était difficile a atteindre. Le second s'empressa de lui
amener la branche jusqu'a sa portée afin qu'il puisse les cueillir. Une fois cela fait, il en
donna quelqu'uns a son bienfaiteur et parti a ses occupations. J'essayais de tendre
l'oreille mais il en était rien, la chose chose que j'entendait, c'était le bois craquant sous les
flammes. Le calme qui règne dans ce village la nuit a quelque chose d'effrayant.
Plus tard, alors que j'essayais de rajouter du bois sur mon feu, je vis un masqué s'arreter
devant moi. Préoccupé par mon feu en train de s'éteindre, je ne l'avais pas vu arriver. Sa
tête était tourné dans ma direction. L'atmosphère changea radicalement. J'étais térrifié.
Depuis mon arrivée, c'est la première fois que l'un des habitants avait perçu ma présence.
Un sentiment étrange me traversa, j'avais la détestable impression d'être mis à nu, qu'on
lisait en moi comme dans un livre ouvert mais que mon intimité était mise à mal. Je
penses que cela venait du masque. Plus je le regardais, plus ce sentiment grandissait. Ce
masque était différent des autres, il semblait abimé, fissuré et cela dégradait l'impréssion
d'équilibre parfait que j'avais eu plus tôt, me laissant croire que ceci était anormal ici.
Lorsque je détourna le regard, tout s'arreta. J'avais repris le controle de moi même si je
puis dire. Sans le regarder, je savais qu'il était encore là, immobile et me fixant encore.
J'étais tiraillé, pris entre deux feux, je voulais voir ce qu'il faisait, je voulais observer son
visage encore une fois mais je savais que si je faisait cela, cette horrible impression
ressurgirait de nouveau.
En jettant un regard rapide, je le vis qui s'asseyait auprès de mon feu, me fixant encore.
Même sans le regarder directement, le fait d'être fixé de cette manière me donna
l'impression d'être décortiqué et ce profond sentiment de malaise, pendant un instant, me
fit regretter toute mon aventure.
Mais étrangement, cela s'arreta net. Je ne comprenais pas pourquoi, le masqué était
toujours là mais l'atmosphère changea et devint beaucoup plus agréable. Je pris le risque
de le regarder et je vis avec éffrois son masque s'éffriter de plus en plus, risquant de se
détruire d'un moment à l'autre. Et fatalement, ce qui devint arriver arriva, le masque se
cassa en deux partie et tomba au sol.
En suivant les restes du masque tombés, mon coeur battait la chamade. Il me sufisait de
lever les yeux pour perçer le mystère. Qu'est-ce qui se cache sous le masque ? Je
pouvais voir et je voyais enfin le visage d'un sans visage. C'était un merveilleux visage
rayonnant, entièrement gris, avec de magnifique trait blanc trés fins qui brillait a la clarté
du feu. Je pouvais le regarder sans m'arreter tellement il était beau, il n'avait plus rien à
voir avec son masque de tout à l'heure. Le masqué se leva et parti rejoindre les autres.
Aussitôt parti, je m'endormis de fatigue sec et net.
A mon reveil, j'étais seul au beau milieu de la foret et il ne restait plus aucune trace du
village. Je ne vis que prés de moi les restes du masque détestable de mon camarade de
nuit que je récupéra dans mon sac. J'inspecta les lieux une dernière fois avant mon départ
et je vis des traces particulières. Quelque chose avait était trainé ici et cela devait être
conséquent. Puis je me souvenu des gardiens d'habitations. Leur role me paraissait clair à
présent. C'est eux qui déplaçait le village durant la nuit en déplaçant les habitations.
Cependant, ces mêmes traces s'éffaçèrent quelques mètres plus loin. Il me restait encore
beaucoup de questions sans réponses mais je savais à présent que le village des sans-
visages existait bel et bien.
Fin

Ramo.I