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modèles
de c o m m e n t a i r e s
philosophique

Sylvie BIRNBAUM-TRUFFET
J a c q u e s BONNIOT de RUISSELET
Agrégés de philosophie

Albin Michel
Education
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INTRODUCTION

L'épreuve de l'explication de texte philosophique au baccalauréat est définie par


cette invitation adjointe à chaque texte proposé : « dégagez l'intérêt philosophique de
ce texte en procédant à son étude ordonnée ». Il est ainsi demandé au candidat de
comprendre le texte comme l'expression d'une pensée, par laquelle l'auteur s'attache
à défendre ou à combattre une thèse, à poser ou à résoudre un problème, ou encore
à définir un concept. Expliquer un texte philosophique, c'est alors restituer, en sui-
vant de près l'argumentation de l'auteur, le sens de ses idées et en faire ressortir la
pertinence, c'est-à-dire l'intérêt philosophique. A cette fin, le candidat n'est pas tenu
de se référer à la doctrine générale de l'auteur ni à l'histoire de la philosophie, sauf si
le sens du texte peut être éclairci par ces références.
Une seule règle générale s'impose alors : expliquer le texte, tout le texte, rien que le
texte, tel qu'il est constitué (10 à 30 lignes en général). L'application de cette règle
permettra ainsi au candidat d'éviter l'écueil majeur du hors texte, tout en se gardant
soigneusement de tomber dans la paraphrase.
Le candidat trouvera donc dans cet ouvrage un ensemble significatif d'explications
de texte qui ont été choisies et rédigées dans un double objectif.
Premièrement, les textes réunis dans cet ouvrage couvrent l'ensemble du programme
des notions de terminale, ce qui permettra au candidat de réviser tout son programme
de philosophie et de se constituer une source de références utiles.
Deuxièmement, l'explication de texte est une épreuve soumise à des règles incontour-
nables dont nous donnons des exemples rédigés et ponctués de remarques pédagogiques
et méthodologiques, ou encore de références bibliographiques indispensables.
Nous aurons accompli notre tâche si, grâce à ces exemples, l'épreuve de l'explica-
tion de texte devenait plus facile pour le candidat.
Ces copies guidées sont donc des modèles, non à reproduire, mais à étudier attenti-
vement pour que le lecteur puisse comprendre et construire une véritable explication
de texte philosophique.
Sylvie Birnbaum-Trufïèt

@ Alhin Michel Éducation, 1997, ISBN 2-226-08128-3


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SOMMAIRE

INTRODUCTION 2
SUJETS TRAITÉS 5
L, La conscience et l'inconscient 6
I Le temps et la mémoire 18
| L'imagination et l'image 28
j Le désir et la passion 34
| Autrui 46
[ L'existence 52
t L'histoire 58
f La nature 66
| Le travail et la technique 72
L'art 82
L'État 88
Le pouvoir et la violence 94
Le droit et la justice 100
Le devoir et le mal 106
La religion 112
I Le bonheur 118
\ La liberté 124
t La perception et l'espace 130
\ La raison 140
Le langage 148
La démonstration 156
La théorie et l'expérience 162
Le vivant 168
La vérité 176
L'illusion - 188
La philosophie <' 196

COMPLÉMENTS HISTORIQUES 202


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SUJETS TRAITÉS
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La conscience et l'inconscient
SUJET 1
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Esthétique.

1 « Les choses de la nature se contentent d'être, elles sont simples, ne sont qu'une
fois, mais l'homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois, mais il est
pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu'il est ; il se contemple, se représente lui-
même [...] Cette conscience de lui-même, l'homme l'acquiert de deux manières :
5 théoriquement, en prenant conscience de ce qu'il est intérieurement, de tous les
mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à
se représenter à lui-même, tel qu'il se découvre par la pensée, et à se reconnaître
dans cette représentation qu'il offre à ses propres yeux. Mais l'homme est également
engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît
10 également le besoin de transformer ce monde, comme lui-même, dans la mesure
où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait pour encore
se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme
d'une réalité extérieure. On saisit déjà cette tendance dans les premières impul-
sions de l'enfant : il veut voir des choses dont il soit lui-même l'auteur, et s'il lance
15 des pierres dans l'eau, c'est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont son
œuvre dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s'observe [...]
jusqu'à cette sorte de reproduction de soi qu'est une œuvre d'art. »

INTRODUCTION Hegel nous propose de réfléchir sur la signification de la


conscience en tant qu'elle se porte vers l'homme lui-même,
c'est-à-dire en tant que conscience de soi.

C'est par contraste avec les choses de la nature que cette


conscience se révélera et que nous pourrons la décrire, mais
elle ne trouvera sa vraie définition qu'au cours d'une
réflexion sur son mode d'acquisition qui, pour Hegel, est
double, non seulement théorique, mais aussi pratique. C'est
sur ce dernier point que l'auteur expose une thèse originale
en pensant la conscience du point de vue de l'action et non
seulement du point de vue de la pensée. La conscience n'est
plus réduite, comme chez Descartes, à l'intériorité du sujet
pensant mais s'ouvre au monde de l'extériorité qui la consti-
tue, mais qu'elle constitue aussi en retour.
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• La copie devra faire apparaître l'intérêt philosophique du texte en


mettant en valeur l'apport théorique de Hegel dans la compréhension
.... du conceptde conscience, car sur cepoint il anticipe sur lesphilosophies
modernes de l'existence. Cecisuppose une bonne connaissance du concept
.... de conscience.
1. LH
' OMME Hegel décrit avec un vocabulaire réducteur (« se conten-
COMMEÊTRE .... tent », « ne sont qu'une fois ») le mode d'être des choses de
CONSCIENT .... la nature, soulignant la pauvreté de ces êtres, pauvreté
a. « Les choses .... d'abord constitutive, liée à leur nature : elles sont « simples ».
de la nature » .... Cette simplicité désigne non une qualité mais un défaut, un
.... manque de réflexion. Ce manque est lié au fait que les
.... choses de la nature ne sont pas composées, doubles ; elles
.... sont simples, simples substances. Leur être est tout entier
.... corps, matière et comme toute matière, leur être est statique,
.... passif, « se contentant » d'être. Simples en elles-mêmes, elles
.... « ne sont qu'une fois ». Nous passons là du plan de l'intério-
.... rité ou de la nature au plan de l'extériorité ou de l'existence.
.... La simplicité de leur nature les détermine à une existence
.... unique, unité qui n'est pas valorisée mais qui désigne le mode
.... d'être de « l'en-soi », le mode passif du simple « il y a ».
Le concept de l'en-soi (en allemand, das An-sich) désigne dans la phi-
losophie de Hegel l'être en tant qu'il est defait, sans avoir conscience
d'être et en tant qu'il n'est pas encore déterminé, c'est-à-dire en tant
que ces caractéristiques propres ne sont pas encore révélées.
b. Le dédoublement « L homme, en tant que conscience, se dédouble. » Certes,
de l'homme ... l'homme est d'abord un être de la nature qui existe de fait en
... tant que corps, mais il a le privilège « d'être pour lui-même ».
L'homme n'est pas seulement un corps, mais aussi un
I
... esprit dont la première fonction est d'être conscient. La
... conscience de soi, voilà ce qui distingue l'homme de tous les
... autres êtres naturels, inertes ou vivants. Être pour soi, c'est
... savoir qu'on est, c'est être conscient.
Le pour-soi (en allemand, das Für-sich) est le concept central de la
philosophie idéaliste de Hegel qui désigne le moment de la prise de
conscience de soi, moment capital pour l'esprit dans la quête de sa
vérité. « Le premier exemple de l'être-pour-soi, nous l'avons dans le
Moi » (La Science de la logique, addition du § 96). Ainsi, « l'homme-
en-soi est l'enfant, dont la tâche consiste à ne pas persister dans cet
8 en-soi abstrait et non développé, mais à devenir aussi pour-soi ce
qu'il est d'abord en-soi, à savoir libre et raisonnable » (La Science de
la logique, addition du § 124).
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c. L'être (ousacut Hegel décrit ce processus du « pour-soi » comme un pro-


comme témoin cessus d'extériorisation de l'être : « Il chasse devant lui ce
qu'il est. » Ce n'est qu'en extériorisant son être qu'il peut le
« contempler » et ensuite « se représenter » ce qu'il est. Au
cours de ce processus d'extériorisation, l'être ne se perd pas,
mais au contraire, se révèle à lui-même. Paradoxalement,
l'extériorité ne s'oppose pas à l'intériorité, car je ne peux
accéder à l'intériorité de mon être que s'il se manifeste à l'ex-
teneur. Dans cette extériorité, l'être se révèle d'abord en tant
qu'image sans se perdre dans une contemplation narcissique
de soi, car il « se représente », accédant ainsi à l'idée de son
moi comme être conscient.

TRANSITION Venant d'identifier l'originalité de l'homme par rapport


aux choses de la nature, en tant qu'être conscient de lui,
Hegel poursuit sa réflexion sur la conscience de soi en inter-
rogeant, dans une perspective généalogique, l'origine de cette
conscience de soi. Comment l'homme acquiert-il cette
conscience de lui-même ?

2. LA DOUBLE Hegel développe l'idée de la prise de conscience de soi,


ACQUISITION rendue possible par le processus d'extériorisation qu'il vient
DE LA CONSCIENCE d'évoquer. Prendre conscience de soi, c'est d'abord saisir
DE SOI par la pensée son intériorité, son intimité. C'est donc
a. Acquisition d'abord un acte de la conscience qui revient sur elle-même.
théorique C'est ce que saint Augustin appelait le « redi in te », invitant,
dans ses Confessions, l'homme à un retour sur lui-même
pour accéder à la vérité.

Prendre conscience de soi, ce n'est pas seulement se recon-


naître comme un être existant, mais se connaître comme un
être singulier. Etre conscient de soi, c'est donc se penser
dans ses déterminations particulières et individuelles : « tous
les mouvements de son âme », « toutes les nuances de ses
sentiments », rien ne doit échapper à la pensée. On peut
souligner le vocabulaire de la représentation qui relève du
registre lexical du spectacle. L'homme est le spectateur de
lui-même, « se contemple », « se représente ». Il « s'offre »
en spectacle à lui-même. Le spectacle (du latin, spectare,
regarder) est le lieu où s'expriment tous les replis cachés du
cœur (les sentiments), de l'âme (ses mouvements). Le spec-
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... tacle est le lieu de la théorie (en grec, theoria, contempla-


.... tion), où la vérité se révèle, s'expose et se contemple. Prendre
... conscience de soi, c'est donc se faire spectateur de soi.

Mais, ici, le sujet est à la fois spectateur et auteur. Ce spec-


... tateur n'est pas passif car il est l'auteur de ce spectacle. Il ne
... reçoit pas l'image de ce qu'il est mais il construit sa propre
... image par la pensée. La pensée est donc une faculté théo-
... rique (en grec, theôrein, contempler) qui permet à l'homme
... de se voir, mais cette vision de soi résulte d'une production
.... de soi comme image. Hegel conçoit la pensée comme une
... activité par laquelle l'homme se saisit en produisant une
... image de lui-même dans laquelle il « se reconnaît », s'iden-
,... tifie, se voit dans sa vérité.

... Or, cette conscience de soi acquise par la contemplation


... de son intériorité ne donne pas une image complète de
... l'homme. Il doit encore se contempler comme un être actif.

b. Acquisition L'homme n'est pas seulement le spectateur et l'auteur de


pratique ... son intériorité, mais encore un acteur, qui joue un rôle sur la
... scène du monde. L'homme n'accède à ce qu'il est vraiment
.... que s'il prend en charge cette dimension pratique de l'ac-
.... tion. Hegel pense l'homme comme « engagé dans des rap-
... ports pratiques avec le monde extérieur ». La conscience de
... soi s'acquiert pour Hegel en relation avec le monde et non
... dans la solitude comme chez Descartes (Méditations méta-
... physiques). Hegel innove donc par rapport à la conception
..0 traditionnelle de la conscience, pensée uniquement dans
... l'horizon théorique d'une recherche de soi indépendante de
... tout rapport au monde extérieur.

La conscience de soi, c'est la reconnaissance de soi comme


... être pratique (du grec, praxis, action).
Cet engagement de l'homme dans le monde pose les bases de la phi-
losophie existentialiste, pour laquelle, chez Sartre, par exemple,
« l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait être » (L'existentia-
lisme est un humanisme). L'existence et l'action sont revalorisées
comme les modes privilégiés de la réalisation de soi comme essence.
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Cette reconnaissance de soi comme acteur le rend aussi


auteur du monde ; il veut le transformer « en lui imprimant
son cachet personnel ». Le rapport de l'homme au monde
n'est pas seulement un rapport d'adaptation à un environne-
ment. C'est un rapport dans lequel l'homme éprouve sa
capacité à le modifier. Hegel explique ce besoin de transfor-
mer le monde par la tendance de l'homme à s'extérioriser, à
exprimer sa personnalité par des actes et des productions.
C'est en s'extériorisant qu'il peut se réaliser et c'est cette réa-
lisation de soi qui est source de jouissance.

TRANSITION Quelle sera la spécificité de cette jouissance liée à la réali-


..... sation de soi dans le monde extérieur ? Hegel donne deux
..... exemples pour illustrer sa thèse.

3. DE LA L'enfant est un exemple significatif qui témoigne de l'uni-


CONSCIENCE .... versalité de sa thèse. En effet, la tendance à transformer le
DE S()! COMME .... monde pour qu'il soit une création humaine se manifeste
CRÉATEU R .... déjà chez l'enfant, au niveau le plus primitif, le plus élémen-
a. L'enfant .... taire, comme tendance ni exceptionnelle ni marginale, mais
.... universelle, propre à l'homme. Le concept d'oeuvre désigne
.... cette idée que le monde est l'œuvre de l'homme, qui reflète
.... sa personnalité. Lancer « des pierres dans l'eau », aussi banal
.... que soit ce geste, témoigne de cette volonté d'instaurer un
.... monde qui soit l'œuvre de l'homme, un monde dans lequel
.... l'esprit peut se contempler et non se perdre. L'homme crée
.... le monde à son image. Par ce geste, l'enfant entend faire de la
.... nature sa nature, son résultat. La nature devient domestiquée,
.... et perd de son étrangeté pour devenir un lieu humain.

b. L'artiste Hegel achève son raisonnement sur l'exemple de l'artiste.


L'artiste semble être l'incarnation la plus parfaite, la plus
.... élevée, la plus remarquable de cette tendance créatrice de
l'homme. Le passage de « I'oeuvre » (cercles de l'enfant) à
« l'œuvre d'art » (objet esthétique) ne signale donc qu'un
changement de forme d'une même tendance. L'idée est la
même quant à son contenu, mais elle accède à une forme
plus parfaite avec l'artiste.

Cette thèse engage une conception de l'activité artistique


qui rompt avec l'idée de l'art comme imitation de la nature. ,
I
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U n e oeuvre d ' a r t n ' e s t p a s la r e p r o d u c t i o n d ' u n e c h o s e d e la


n a t u r e m a i s la « r e p r o d u c t i o n d e s o i - m ê m e ». C ' e s t l ' e s p r i t
q u i se d o n n e à v o i r d a n s u n e œ u v r e d ' a r t e t n o n la n a t u r e .

0 Ce texte p o u r r a être u t i l i s é p o u r t r a i t e r les q u e s t i o n s q u i p o r t e n t s u r


l ' a c t i o n et s u r t o u t s u r l ' a r t , c a r i l d é f i n i t d ' u n e m a n i è r e c l a i r e t o n t e
l ' e s t h é t i q u e i d é a l i s t e de H e g e l s e l o n l a q u e l l e l ' a r t e s t t o u j o u r s u n e
expression de l ' e s p r i t d e l ' h o m m e q u i t r o u v e à se m a t é r i a l i s e r d a n s u n e
f o r m e sensible ( u n e toile, des mots, des c o u l e u r s o u des sons, etc.).

CONCLUSION
Hegel remet ici en question deux oppositions statiques que
la philosophie traditionnelle partage avec le sens commun :
l'opposition de la pensée et de l'action et l'opposition de l'in-
tériorité et de l'extériorité. La pensée de soi ne s'achève que
dans une prise de conscience de soi comme être actif, l'action
extériorisant, manifestant et réalisant la pensée intérieure de
l'homme au lieu de la corrompre. En outre, ce texte est repré-
sentatif de la philosophie idéaliste de Hegel qui s'affranchit
du mythe romantique et nostalgique de la nature pour affir-
mer la supériorité de l'esprit. La nature n'a de sens qu'en tant
que miroir dans lequel l'esprit peut se contempler et en tant
que lieu d'action dans lequel l'homme peut se réaliser.
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SUJET 2
Sigmund Freud, Métapsychologie.

i « On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychisme


inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous
pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et
légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de
5 l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience
sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le
malade. Il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être
expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du
témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes
10 manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symp-
tômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre
expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées
qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats
de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes
15 conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obs-
tinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui
se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnent dans un
ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes
inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohé-
20 rence une raison, pleinement justifiée, d'aller au-delà de l'expérience
immédiate. »

INTRODUCTION Freud expose ici sa thèse de l'existence d'un inconscient


.... psychique. Or, ce concept ne va pas de soi, puisqu'il est,
.... d'une part, polémique s'opposant à la tradition philoso-
.... phique et à la médecine expérimentale et, d'autre part et sur-
.... tout, il dépasse « l'expérience ». Pour ces deux raisons,
.... Freud va devoir argumenter de manière très serrée pour
.... tenter de prouver la légitimité de son hypothèse.
Le nerf de son argumentation sera de démontrer que l'in-
.... conscient ne rentre pas en contradiction, comme on a parfois
.... coutume de le dire, avec la conscience, mais répond, aussi
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... paradoxal que cela puisse paraître, aux exigences mêmes de


... la conscience.

1. DE LA L'idée d'un « psychique inconscient » suscite de nom-


\É(:ESS!TÉ DE ... breuses objections qui viennent d'horizons intellectuels diffé-
L'HYPOTHÈSE ... rents. Mais « de tous côtés » ce qui est contesté, ce n'est pas
DE L'INCONSCIENT ... seulement un aspect particulier de l'inconscient, mais l'exis-
a. Les résistances ... tence même de cet inconscient ainsi que son statut scienti-
à l'hypothèse de ... fique. De quel droit peut-on admettre l'idée d'un psychique
l'inconscient ... inconscient et peut-elle avoir une valeur scientifique ? Telle
... est la double objection à laquelle Freud entend répondre
... dans ce texte. Bien que les adversaires de Freud ne soient pas
o.. nommés ici, on pourrait néanmoins identifier deux types
... d'opposition à la thèse de Freud. D'un côté, les philosophes
... qui, se réclamant de la tradition cartésienne, remettent en
... question l'existence d'un « psychisme inconscient » au nom
... de la souveraineté de la conscience. D'un autre côté, les
... scientifiques qui, pratiquant une médecine expérimentale,
... remettent en question le statut scientifique de l'hypothèse de
... l'inconscient.
Les premiers associent la conscience à la pensée de telle
... sorte qu'il ne saurait y avoir de pensées qui échapperaient à
... la conscience, comme le soutenait Descartes, pour qui ce qui
... est inconscient ne relève que du corps (réflexes, instincts).
Les seconds adversaires de Freud remettent en question le
o.. statut scientifique de l'hypothèse de l'inconscient qui ne per-
... mettrait pas une démarche scientifique, laquelle tout en s'ap-
... puyant sur des hypothèses, doit s'en tenir à l'expérimenta-
... tion. Pour CI. Bernard, il faut « éviter de se laisser égarer en
... accordant trop de valeur aux mots que nous avons créés pour
... nous représenter les prétendues forces de la nature »
... (Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, III, 2).
... L'inconscient n'est-il qu'un mot ou bien une réalité sur
... laquelle on pourrait fonder, en droit, un travail scientifique ?

Affrontant cette double objection, Freud affirme d'une part


... la nécessité et la légitimité de son hypothèse et, d'autre part, il
... nous fait part de « preuves » en faveur de l'existence d'un
... psychique inconscient. En quoi est-elle d'abord nécessaire ?
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b. L hypothèse de « Les données de la conscience sont extrêmement


l'inconscient est lacunaires. » Freud ne remet pas en question l'existence de
nécessaire la conscience comme s'y emploie, par exemple, la psycho-
logie du comportement, ou béhaviorisme, théorie qui réduit
; l'individu à un simple corps dont tous les mouvements
peuvent s'expliquer en termes mécaniques ou physico-
chimiques, faisant ainsi l'économie de la conscience. La
critique de Freud porte précisément sur les insuffisances de
J la conscience. Elle ne nous renseigne pas complètement sur
le psychisme car un certain nombre de faits lui échappent et
signent l'échec de la conscience dans son entreprise de ratio-
j nalisation, c'est-à-dire d'explication. Quels sont ces faits qui
échappent à notre conscience ?
Il faut remarquer toute l'extension que Freud donne aux
faits qui échappent à la conscience et dont tous les hommes
peuvent faire l'expérience. En effet, il ne s'agit pas seulement
de quelques faits exceptionnels, propres à certains individus
seulement. Il s'agit de faits ordinaires, d'actes dont la bana-
lité implique et la fréquence et l'universalité. Ces actes ne
! sont pas l'apanage exclusif de certains êtres malades, mais
' s'observent chez tous. Sains ou malades, les hommes font
tous l'expérience de l'inconscient dans leur vie quotidienne.
Chez l'homme sain, on peut observer ce que Freud appelle
« les actes manqués et les rêves ». Ces actes manqués sont
des erreurs involontaires comme les lapsus, les oublis de
noms, les pertes d'objets... Freud montre que ces actes ne
i peuvent pas être expliqués par la conscience mais supposent
| l'existence de l'inconscient dont ils sont la manifestation. Les
rêves sont aussi dans la vie quotidienne un acte que la
j conscience ne peut expliquer.
| La conscience ne saisit que « le contenu manifeste du rêve ». l'hisloire.
j et non son « contenu latent », son sens. Le sens du rêve repose sur la
I réalisation d'un ou de plusieurs désirs refoulés qui s'expriment quand
j s'endort la vigilance de la conscience.

f Chez le malade, ces actes peuvent être « des symptômes


j psychiques >>et des « phénomènes compulsionnels ». Le
! symptôme est un signe qui révèle un processus caché et
J inconscient qui, pour Freud, a un sens en ce qu'il serait un
; substitut de la satisfaction d'une pulsion. Les phénomènes
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! compulsionnels désignent des actes répétitifs (par exemple,


« le lavage obsessionnel des mains) qui permettraient au malade
d'apaiser momentanément une angoisse.
Mais Freud radicalise davantage sa pensée en signalant que
l'inconscient ne se manifeste pas seulement à travers ces phé-
nomènes (actes manqués, rêves, symptômes et compulsions)
qui restent des actes irrationnels, mais aussi à travers l'acte de
penser. L'inconscient s'imposerait pour rendre compte des
idées dont l'origine nous est « inconnue » ou « cachée ». Les
i idées qui s'imposent à notre conscience, indépendamment de
notre collaboration, viennent de nous sans être pourtant
issues de notre réflexion. Ces idées se présentent à notre
conscience comme des effets dont nous ignorons les causes,
« des résultats de pensée ». L'inconscient accède ici au rang
s de cause explicative des effets que nous constatons. Cette
hypothèse de l'inconscient remettrait ainsi en question l'idée
d'une autonomie de la raison dans l'élaboration de ses idées.
En conséquence, l'hypothèse de l'inconscient s'imposerait
dans toute sa nécessité aussi bien pour rendre compte de
l'existence d'actes en apparence irrationnels (actes manqués,
rêves, symptômes et compulsions) que pour rendre compte
d'actes parfaitement rationnels comme l'acte de l'esprit
qu'est la pensée.
L'irrationnel lui échappe donc, et en ce sens, la conscience
est « lacunaire », mais elle devient « extrêmement lacunaire »
en ce qu'elle ne peut pas même expliquer ses propres pro-
ductions, les idées.

TRANSITION Si l'hypothèse de l'inconscient s'avère nécessaire pour


rendre compte de tous ces actes et de toutes ces pensées, est-
; elle pour autant légitime ?
• L'explication de texte suppose un travail d'identification rigoureuse
de la démarche de l'auteur que le candidat doit rendre explicite. Ici,
nous constatons que Freud passe du fait au droit, du point de vue de la
nécessité au point de vue de la légitimité.

-• DE L\ La nécessité de l'hypothèse donne lieu à une reconnais-


LHUTIMITI, DK sance de fait d'un psychique inconscient, mais Freud
<I-1 11- HYPOTHÈSE. demande qu'on la considère comme légitime, c'est-à-dire
o. Les insuffisances ..... qu'on la reconnaisse en droit. Cette hypothèse est-elle fondée
de /0 conscience 1..... en droit ? Cette question suppose que cette hypothèse soit
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.... reconnue par la conscience elle-même comme conforme à


... ses exigences qui sont celles du sens et de la cohérence. Or,
... confrontée aux actes (actes manqués, rêves, symptômes et
... compulsions) et aux pensées, la conscience s'avère impuis-
.... sante à satisfaire à ses propres exigences. Au niveau de la
... conscience, ces actes et ces pensées sont inintelligibles. Un
... rêve n'est qu'un tissu d'absurdités pour la conscience qui ne
... peut saisir, par exemple, son langage symbolique.
L'accès au sens et à la cohérence ne sera donc possible
... que par une prise en compte de l'inconscient.

b. Légitimité Freud nous invite donc à ne pas nous « obstiner » dans la


théorique du ... voie de la tradition rationaliste qui posait l'autonomie absolue
dépassement de ." de la conscience, mais à rompre avec cette conception de
l'expérience ... l'omnipotence et de l'omniscience de la conscience. Or, en
." détrônant ainsi la conscience pour ériger à sa place l'incons-
... cient, Freud attribue à l'inconscient les pouvoirs et les fonc-
... tions qui revenaient avant à la conscience. En effet, l'incons-
... cient est érigé ici comme l'instance du sens et de la
... cohérence pour sauver la vie psychique de l'insignifiance.
... L'inconscient ne serait pas une menace à l'unité de la vie
... psychique, mais une condition de possibilité de la significa-
... tion du tout de la vie psychique. Les actes psychiques
... deviennent signifiants si « nous interpolons les actes incons-
.... cients inférés ».
Si Leibniz avait eu le mérite de reconnaître, dans le psy-
... chisme humain, l'existence de pensées inconscientes ou de
.... « petites perceptions sourdes », qu'il avait même dotées
.... d'une efficacité sur nos pensées et nos actions conscientes, en
... revanche, ces pensées inconscientes étaient toujours considé-
... rées comme obscures et indistinctes.
Freud va plus loin en faisant de l'inconscient une instance
... légitime en ce qu'elle produit, conformément aux exigences
... de la conscience, du sens et de la cohérence. L'inconscient
... n'est plus de l'ordre du confus ou de l'obscur, mais au
... contraire de l'ordre de la clarté. C'est au niveau de l'incons-
... cient que les faits conscients accèdent à la clarté. S'appuyant
... sur ce « gain de sens et de cohérence », Freud justifie ainsi
... son hypothèse qui est légitime parce qu'elle permet de
.... rendre compte des actes psychiques dont le sens échappe à
... la conscience.
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Cette légitimité de l'inconscient repose sur le principe du détermi-


nisme psychique en vertu duquel un acte ou une pensée est une
manifestation ou un effet de l'inconscient qui détermine leur sens
puisqu'il en est la cause. C'est pourquoi Freud, en partant de ce que
l'expérience nous présente comme un ensemble de faits, en infère
l'existence d'un inconscient permettant de rendre compte des don-
nées de l'expérience.

Si Freud juge légitime de dépasser ainsi « l'expérience


immédiate », en ayant recours à l'inconscient, c'est pour
rendre compte de cette expérience elle-même. Cette hypo-
thèse permettrait donc de « travailler scientifiquement »
parce qu'en comprenant les actes psychiques comme les
effets d'une cause déterminante, la psychanalyse obéit à l'exi-
gence scientifique, fondée sur le principe du déterminisme.
Justifiée d'un point de vue théorique, l'hypothèse de l'in-
conscient accéderait légitimement au rang de scientificité.
Mais, on pourrait se demander, dans une perspective cri-
tique, si le concept d'inconscient psychique ne serait pas
davantage de l'ordre du postulat que de l'hypothèse.
• Après avoir expliqué le texte, on peut en montrer les limites en déve-
loppant, par exemple, la critique de Popper qui refuse à la psychanalyse
toute scientificité.
CONCLUSION En présentant la nécessité et la légitimité d'un inconscient
.... psychique, Freud n'entend pas mettre en péril le psychisme
.... humain, mais au contraire cherche à le sauver de l'absurdité.
... Or, en franchissant les limites de l'expérience, Freud com-
.... met une infraction aux règles de la critique de la raison que
.... Kant avait exposées dans sa théorie de la connaissance en
.... vertu de laquelle on ne peut connaître scientifiquement que
.... ce qui s'offre dans l'expérience. Ne devrait-on pas dire alors
avec plus de prudence que l'inconscient psychique serait un
postulat de la raison, comme faculté qui exige une unité et
une cohérence des faits psychiques plutôt qu'une hypothèse
scientifique ?
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Le temps et la mémoire
SUJET 1
Saint Augustin, Confessions, XI, 14.

1 « Qu'est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l'expliquer facilement et


brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour expri-
mer par des mots l'idée qu'il s'en fait ? Est-il cependant notion plus familière et
plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous compre-
5 nons sans doute ce que nous disons ; nous comprenons aussi, si nous entendons un
autre en parler.
Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais
si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le
déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé ;
10 que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir ; que si rien n'était, il n'y
aurait pas de temps présent.
Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé
n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours pré-
sent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité.
15 Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-
nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que
ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à ne plus être. »

INTRODUCTION Saint Augustin remarque que le temps est une notion


familière et connue de tous, mais qui, curieusement, devient
une véritable énigme quand l'esprit cherche à la définir. En
effet, on vit dans le temps, on perçoit des rythmes cosmiques
(les saisons), des rythmes sociaux (les journées), le temps est
même l'objet d'une utilisation (emploi du temps), et pour-
tant, sait-on clairement ce qu'est le temps ? Entre la signifi-
cation et la conceptualisation de la notion de temps, saint
Augustin signale un abîme que Pascal recommandera de ne
pas franchir. Mais, « hardiment », saint Augustin va ques-
tionner et interroger le temps, puis l'analyser en le décompo-
sant en ces trois séquences temporelles - passé, futur et pré-
sent -, sinon pour résoudre l'énigme du temps, du moins
pour tenter d'expliquer les raisons de cette énigme.
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1. SIGNIFICATION ET Saint Augustin questionne et, interpellant le lecteur, met


(:ON(:EPTUAL!SAT)CN ... quiconque au défi « d'expliquer » l'être du temps. A travers
DU TEMPS .... les questions qui se multiplient, se précise la difficulté qui
a. Leproblème de la ... porte sur la conceptualisation du temps. Trois verbes, « expli-
conceptualisaiion ... quer », « concevoir » et « exprimer » vont ponctuer la
du temps ... démarche de l'auteur dans ce premier paragraphe.

... Expliquer (du latin, explicare, déplier) est un acte d'analyse


... par lequel la raison décompose une réalité pour en déployer
... tous les aspects en passant du connu à l'inconnu dans une
... perspective pédagogique dont la fin est la compréhension.
... Mais, la notion de temps résiste à tout effort d'explication,
... parce qu'on ne peut pas la concevoir suffisamment pour
... pouvoir l'exprimer.

Concevoir (en latin, concipere, recevoir) est une opération


... intellectuelle par laquelle l'esprit saisit l'essence d'une chose,
.... ce qui la détermine et sans laquelle elle ne serait plus ce
... qu'elle est. La question : « qu'est-ce que le temps ? » porte
... sur l'être du temps.
L'interrogation augustinienne s'inscrit dans la tradition platonicienne :
Platon demandait toujours à ses interlocuteurs de définir l'essence du
juste, du vrai, du beau, etc., en s'élevant de la description de la multi-
plicité des choses justes, vraies ou belles à leur unité conceptuelle.

« Même en pensée », l'être du temps nous échappe.


... L'explication, étant subordonnée à la conception, en tant
... qu'elle n'est qu'une manière d'exposer ce qui a d'abord été
... conçu par la pensée, nous échouons donc à expliquer le
... temps parce que nous échouons à le penser « nettement ».

L'expression (du latin ex, hors de, et premere, presser) est


... un acte du langage par lequel nous faisons sortir au-dehors
... ce qui est pensé au-dedans. Cette épreuve de la communica-
... tion à laquelle l'auteur soumet ses lecteurs est révélatrice de
... notre ignorance de la nature du temps dès que nous cher-
... chons à l'incarner dans des mots. La démarche de saint
... Augustin consiste à passer de l'intériorité de la pensée à l'ex-
.... tériorité de l'explication. Ce qui surgit au-dehors (ex) n'est
que l'absence d'une conceptualisation intérieure.
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Que des réalités insolites échappent à tout effort défini-


.... tionnel n'a rien en soi de surprenant ; ce qui est, en revan-
.... che, plus étrange, c'est que le temps ne désigne pas une réa-
.... lité insolite mais familière. Comment puis-je ignorer ce qui
.... pourtant m'est « familier » ?

b. De la En effet, saint Augustin remarque que le temps n'est pas


signification .... une notion étrangère. Nous ignorons sa nature tout en
du temps .... connaissant sa signification. Le temps est ici pensé du point
.... de vue de son usage dans l'ordre du discours. En ce sens,
.... nous nous exprimons spontanément en utilisant des mots
.... q u i i n t r o d u i s e n t la n o t i o n d e t e m p s (« a u j o u r d ' h u i », « h i e r »,

.... « avant et après », etc.) et nous nous comprenons. La cornpré-


.... hension doit être distinguée de la conception. Ce qui est
.... compris, c'est le rapport nominal du nom à la chose signi-
.... fiée. Le mot « temps » est pour nous tous un signifiant qui
.... fait sens, mais sa signification n'implique pas sa conceptuali-
.... sation. Saint Augustin constate donc un fossé entre l'ordre
.... du langage ou de la signification et l'ordre de la pensée ou de
.... la conceptualisation.

TRANSITION Ce problème théorique, auquel tous les hommes sont


confrontés, peut-il espérer trouver une solution par un
approfondissement philosophique du questionnement ?

2. LA CERTITUDE Saint Augustin repose la question et se l'adresse cette fois à


DE SAINT lui-même. Dans ce passage du « nous » au «je », il se déclare
AUGUSTIN être dans le même embarras que tout le monde, ne possé-
a. Reprise dant qu'une compréhension intuitive du temps. Mais à ce
de la question niveau de compréhension implicite, se dégage un certain
savoir du temps.

b. L'audace « Je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps


d'une certitude .... passé... ». Ce qui nous permet de parler du temps comme de
.... quelque chose de réel, c'est le passage, l'arrivée et la présence
.... d'événements. Le temps semble s'imposer à la pensée comme
.... une réalité existant en « trois dimensions ». Ce qui soutient ces
.... trois instances temporelles, ce sont les choses qui ont eu lieu,
.... qui auront lieu et qui ont lieu. Les événements donnent au
.... temps sa consistance ontologique, sans laquelle il n'est rien.
.... L'être du temps, c'est l'existence des choses. Saint Augustin
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.... nous présente ici une conception relativiste du temps. Il n'y a


.... pas de temps absolu indépendant des événements. En quoi ce
.... savoir est-il « hardi » ?
Ce savoir est audacieux, car saint Augustin déclare que le
.... temps ne peut être conçu objectivement que par rapport aux
.... mouvements des choses. Le temps aurait pour mode d'exis-
.... tence le mouvement. Il semble donc qu'à vouloir définir le
.... temps objectif, on ne puisse qu'aboutir au concept du mou-
.... vement. « Si rien ne passait », « n'arrivait » ou « n'était », il
.... n'y aurait pas de temps. Cette fiction peut être expérimentée
.... simplement dans le sommeil.
Aristote remarquait que. pour le donneur qui cesse de percevoir des mou-
vements, le temps n'existe pas. En perdant conscience du mouvement, on
1ierd conscience du temps. Le temps serdit donc lié au mouvement en étant
« le nombre du mouvement selon l'avant et Faprès » (La Physique, IV)l).
TRANSITION Si le temps ne peut pas être conçu c o m m e une réalité
.... indépendante, mais seulement c o m m e relative aux événe-
.... ments présents, passés et futurs, il convient alors d'interroger
.... la réalité de ces trois séquences temporelles. C o m m e n t le
.... passé, l'avenir et le présent sont-ils ?

LES PARADOXES De l'être du temps, saint Augustin passe à l'existence des


1)1 TEMPS temps. Quel est donc le mode d'être du passé et de l'avenir ?
a. Passé et avenir Saint Augustin nous met en présence d'un paradoxe : le
mode d'être du passé et de l'avenir est celui du non-être. En
effet, on peut dire du passé qu'il est sur le mode du n'être
plus et de l'avenir qu'il est sur le mode du n'être pas encore.
Le passé est révolu définitivement et rend compte du carac-
tère irréversible du temps. L'avenir est indéterminé et rend
,.... compte du caractère imprévisible du temps. Donc, passé et
l... avenir sont sur le mode du n'être pas, le passé n'étant plus et
l'avenir n'étant pas encore. Leur être se signale dans l'existence
sur le mode du néant et donc de l'inconsistance. Le présent
..... peut-il fournir au temps une consistance ontologique ?
Ii. Présent et Par sa présence, le présent est-il le mode d'être par lequel
éternité .... le temps échapperait au néant ? Le présent, en effet, se pense
.... sur le mode statique de ce qui est actuellement et pourrait
.... ainsi conférer au temps toute sa réalité parce que le présent a
.... de « la tenue ». Or, peu s'en faut. Concevoir ainsi le présent,
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