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PROGRAMME DE FORMATION EN PHILOSOPHIE, CLASSSE DE TERMINALE TGI

Le sujet – La conscience La raison et le réel – Théorie et expérience


– La perception – La démonstration
– L’inconscient
– Autrui
– L’interprétation
– Le désir – Le vivant
– L’existence et le temps – La matière et l’esprit
La culture – Le langage – La vérité
– L’art
– Le travail et la
La politique – La société
technique – La justice et le droit
– La religion – L’État
– L’histoire
La morale – La liberté
– Le devoir
– Le bonheur

En série scientifique

Le sujet – La conscience La politique


– L’inconscient
– Le désir
La culture – L’art
– Le travail et la
technique
– La religion
La raison et le
réel
COURS SUR LA NOTION DE CONSCIENCE

Introduction

« Conscience » : cum scientia (latin). La conscience : activité psychique qui fait que je pense le monde et que je
me pense moi-même. Et ce parce que la conscience est une mise à distance.

La conscience est mise à distance :

 De l’homme face au monde


 De l’homme face à lui-même

La conscience : ce qui fait que je ne suis pas posé dans le monde comme peut l’être un objet mais que je me
rapporte au monde, que je le vise, que je m’y projette.

 Etre conscient, c’est sentir, agir, penser et savoir que je sens, que je pense et que j’agis. L’homme n’est pas posé
dans le monde, il s’y rapporte. Par la conscience, le monde devient objet de connaissance et de réflexion.
 Etre conscient des actes accomplis et des pensées élaborées n’en fournit pas pour autant l’intelligibilité. De plus,
la conscience est une mise à distance de l’homme par rapport à lui-même. Elle peut être ce qui lui inflige des
expériences douloureuses : ex : la conscience morale, la culpabilité, le remords. Ex : Crime et châtiment
(Dostoïevski) avec le personnage de Raskolnikov: après le double meurtre de l’usurière et de sa sœur. Par la
conscience morale, l’homme fait l’épreuve d’actes dans lesquels il a du mal à se reconnaitre. En ce sens, la
conscience signifie moins l’accès à une identité stable, définie qu’à une tâche à effectuer.

Problématique

En quoi la conscience fait elle la grandeur et la misère de l’homme ?

La conscience : ce qui permet la connaissance


La conscience permet à l’homme de répondre de ce qu’il est. Ceci l’élève au-dessus de l’animal.

Mais ce phénomène est aussi ce qui le sépare de l’immédiateté et de l’innocence de l’instant.

La conscience est donc synonyme de DIGNITE, elle est ce qui permet à l’homme de penser le monde et de se
penser lui-même. Mais cette dignité a un prix, elle est une libération qui impose la nécessité de devoir répondre de
ses actes et de les assumer. Parallèlement à cela parce qu’elle permet la pensée, elle est ce qui permet le
questionnement philosophique.

Si la conscience est ce qui permet le raisonnement philosophique, il semble nécessaire de s’interroger sur l’origine
de cette interrogation.
A la question « connais-toi toi-même », Socrate répond : « je sais que je ne sais rien ». Négativité de la
connaissance : le savoir se pose ici comme la conscience de ne rien savoir.

I) DESCARTES : La conscience va aboutir comme positivité fondatrice.

Les méditations métaphysiques. « Cogito ergo sum »


Remise en question des perceptions, des opinions et des jugements. Le doute est un outil, il est méthodique, radical
et systématique. Il a pour but d’aboutir à la découverte d’une vérité fondatrice, indubitable et certaine à partir de
laquelle la science et la connaissance pourraient être refondées.

 On doute du plus simple au plus complexe : le plus simple : douter des 5 sens : plutôt que de douter de chacune
de mes perceptions ce qui serait infini, il faut douter de ce qui permet la perception : les 5 sens. Cf texte du
morceau de cire et de la tour qui semble carrée et qui en fait est ronde. Les sens sont donc trompeurs.
 Si les sens sont trompeurs, il est nécessaire de douter ce qui fonde mes 5 sens : le corps. Descartes doute de
l’existence de son propre corps.

 Mais si mes sens sont trompeurs, mes pensées peuvent aussi l’être :doute quant aux vérités mathématiques.
Comme celles-ci ne procèdent pas de l’expérience et sont dans mon esprit, il faut bien qu’un être les y ait mises.
Douter de ces vérités, c’est donc nécessairement poser l’hypothèse de l’existence d’un Dieu qui ne cesserait de me
duper. D’où l’hypothèse de l’existence d’un malin génie. Début de la conclusion : je puis douter de toute mais pour
douter il faut que je pense et pour penser il faut que je sois : je pense, je suis. Dès que je pense et aussi longtemps
que je pense, je suis.

L’unique certitude qui résiste au doute : « je pense donc je suis ». Mais cette vérité affirme le fait que j’existe, elle
ne me dit pas la nature de ce que je suis. Etre conscient d’exister ne m’informe pas sur l’identité de cet existant. La
conscience peut-elle être objet de connaissance ?

1) La Conscience est une activité

L’unique certitude qui résiste au doute : « je pense donc je suis ». Mais cette vérité affirme le fait que j’existe, elle
ne me dit pas la nature de ce que je suis. Etre conscient d’exister ne m’informe pas sur l’identité de cet existant. La
conscience peut-elle être objet de connaissance ?

 La conscience : une activité qui accompagne mes représentations

KANT : Logique (intro) 1800


Contrairement à Descartes qui définit la conscience comme une chose, Kant la présente comme une activité. La
conscience est une fonction nécessaire de la pensée mais ne me donne pas la connaissance de ce je que je suis.
Pour identifier ce moi, il est nécessaire que le pouvoir d’indentification soit initialement dans la conscience,
pouvoir d’identification qui permet d’établir la relation entre sujet et objet. Kant distingue la « représentation » de
la « connaissance », la « matière » de l’ « intuition », la « sensibilité », la « forme », l’ « entendement ».
Selon KANT, la connaissance procède de deux sources : la sensibilité et l’entendement : sans la sensibilité
l’entendement est vide, sans l’entendement, la sensibilité est aveugle.

Sensibilité : faculté par laquelle les objets me sont donnés : réceptivité, sensation.

Entendement : faculté intellectuelle par laquelle les objets sont pensés : faculté de connaitre. Faculté intellectuelle
qui produit les concepts à partir desquels des intuitions sensibles sont reliées entre elles et ordonnées car
subsumées.

« Subsumer » : ranger une intuition sensible sous un concept, donc identifier, connaitre. Exemple : celui qui voit
une maison pour la première fois : simple intuition.

Celui qui voit une maison et qui a déjà dans son entendement le concept de maison en a la représentation.

Le « je » accompagne toutes mes représentations et les unifie. La conscience, le « je » est originaire. Il est ce qui
permet cette unification et la conscience de soi procure aux représentations leur cohérence. Pour que les
représentations soient unifiées, il faut admettre ce pouvoir unificateur comme ce qui permet la connaissance, donc
le penser comme originaire. La conscience est donc une activité, elle est un pouvoir de synthèse. Le sujet ne peut
prendre conscience de lui-même qu’à travers cette activité. Comme, la conscience de soi ne peut apparaitre que
lorsqu’elle se réalise, elle ne peut pas être une connaissance de soi car elle est ce qui permet la connaissance. La
conscience, lorsqu’elle se prend elle-même pour objet de pensée ne peut se penser à vide. Elle se pense à partir des
contenus de pensée qui l’investissent.

La conscience présente ainsi un caractère paradoxal, elle est ce qui permet la connaissance de l’objet, mais elle ne
peut être elle-même objet de connaissance.
La conscience immédiate et la conscience réfléchie, la connaissance du monde, la connaissance de soi. La
conscience de soi se définit comme la possibilité pour le sujet de prendre pour objet de connaissance ses états de
conscience : la conscience se retourne sur elle-même pour penser ses contenus de pensée. La conscience participe
ainsi de deux mouvements :

1. La conscience immédiate : elle est celle qui accompagne les actes du sujet : avoir conscience de quelque
chose
2. La conscience réfléchie : celle dans laquelle le sujet se pense lui-même comme conscient de quelque chose.

Exemple : Kant : le passage de la simple conscience de soi « Charles veut manger » à « je veux manger » : la
conscience de soi : Kant : « Avant il se sentait, maintenant il se pense »

Les deux mouvements fonctionnent ensemble : toute conscience est toujours conscience de quelque chose et je ne
peux prendre conscience de ce que je suis qu’en me regardant au travers des actes accomplis : la conscience
réfléchie présuppose la pensée immédiate. De la même façon, le sujet ne peut avoir conscience de quelque chose
que parce qu’il s’y sait présent : je n’ai conscience du monde que pace que je suis conscient d’y être : la conscience
immédiate présuppose la conscience réfléchie. Elles sont donc inscrites dans une activité, dans un mouvement,
donc dans une temporalité qui entrelace la conscience immédiate et celle réfléchie sans pour autant les faire
coïncider.

Cette absence de coïncidence avec soi clairement chez Bergson. Cette non coïncidence apparait avec la notion de
durée.

Le mouvement effectué inscrit la conscience dans la durée. La conscience établit une relation entre le passé, le
présent et l’avenir.

2) La conscience et la temporalité

Texte de Bergson : l’énergie spirituelle

1. La conscience est conservation du passé.


2. La conscience est mouvement vers l’avenir.

3. Donc la conscience est un lien entre le passé et l’avenir car c’est le rapport à la mémoire et au projet qui
caractérise la conscience.

Bergson lie le savoir à la mémoire et à l’anticipation. La mémoire est une fonction du passé.

1. La conscience est attention portée au présent. Elle est donc fondamentalement pratique.
2. La conscience chez Bergson est une chose concrète, c’est-à-dire une réalité dont nous faisons l’expérience
à chaque instant. Elle apparait d’autant plus clairement qu’elle se réalise à chaque rapport au monde car elle
accompagne chacune de nos perceptions et chacun de nos actes.
3. La conscience se caractérise par la mémoire : une conscience sans mémoire serait une conscience
« inconsciente », une conscience sans conscience d’elle-même (une conscience qui ne pourrait jamais rien
identifier et serait ainsi confrontée à un perpétuel inconnu). Or la conscience est le lieu dans lequel les
événements s’impriment. Elle se définit d’abord par la perception des objets qui nous environnent et cette
perception implique la mémoire : « percevoir, c’est se souvenir » (Bergson) « Etre conscient », signifie être
capable d’effectuer le lien entre un événement présent et un événement passé afin que celui présent puisse être
identifié, reconnu et que je puisse agir dans le monde et donc y vivre.

4. La conscience est aussi tension vers l’avenir, anticipation car agir dans le présent signifie nécessairement
s’engager dans ce que ce présent va devenir.

Si la conscience rapporte l’événement présent à celui passé pour pouvoir identifier celui présent, si la
conscience est relation à l’événement présent à partir de l’avenir qu’il annonce, quelle relation la conscience peut-
elle avoir avec le présent ?

Si la conscience est en relation avec ce qui n‘est plus (le passé), et ce qui n’est pas encore (l’avenir) quelle relation
a-t-elle avec ce qui est (l’instant présent) ?

L’instant présent est par nature fugace, fugitif : commencer à percevoir l’instant présent signifie qu’il n’est déjà
plus du présent mais déjà du passé car la pensée s’y applique (l’instant est alors déjà un souvenir). De la même
façon, anticiper le présent est impossible. L’instant n’existe pas : dès qu’il apparait, il n’est déjà plus(il est déjà du
passé), aussi longtemps qu’il est attendu, il n’est pas (c’est de l’avenir). Dès lors, le présent n’est qu’une durée
participée par le passé immédiat et l’avenir imminent. Le présent, c’est quelque chose qui dure.

Là où Descartes voyait la conscience comme une chose qui pense, Bergson voit une chose qui dure, qui s’écoule.
Pour Bergson, la conscience est progrès et son inspiration dans la durée fait que l’homme est ce qu’il fait et fait ce
qu’il est. Si la conscience est happée par le passé et tendue vers l’avenir, la conscience est mouvement, visée.

3) « Toute conscience est conscience de quelque chose » : Husserl.

Tout cogito porte en lui son cogitatum auquel elle se relie et dont il se distingue. La conscience est toujours
relation avec autre chose qu’elle-même. Il y a toujours une distance entre la conscience et l’objet qu’elle vise.
Même lorsque la conscience prend pour objet de pensée ses contenus de pensée (exemple : ses souvenirs …) elle ne
parvient pas à les penser tels qu’ils étaient au passé parce qu’elle ne peut les appréhender que relativement au
présent dans lequel elle est.

La conscience est projet, visée du monde, elle est « intentionnalité ». Intentionnalité : visée, projection vers le
monde. La conscience n’est plus lue comme une intériorité close sur elle-même, elle est visée, projection. Avant
d’être réflexive, retour sur elle-même, la conscience est initialement relation au monde en tant que je suis un être
qui désire, qui agit et qui anticipe. Parce qu’elle s’anticipe, la conscience est donc toujours déjà au-delà d’elle-
même, elle est visée d’un ailleurs pour orienter son agir dans le monde. La conscience est donc donatrice de sens,
de signification. La signification n’est pas dans la chose, c’est la conscience qui donne leur sens aux choses qu’elle
vise et qu’elle perçoit.

Mais si la conscience est donatrice de sens, si elle ne se règle plus sur l’objet pour le connaître mais fournit un sens
à l’objet, alors la conscience ne peut plus être pensée comme le lieu d’une vérité unique, absolue. Il apparait alors
légitime de se poser la question suivante : penser la conscience comme prévalant sur la conscience, est-ce une
vérité ou une simple interprétation ?

4) La mise ne doute de la suprématie de la conscience sur le corps. Texte de Nietzsche : « Aurore » (1880)

1. La conscience n’est que le simple écho du corps qui la porte au monde. Plus que cela, ne serait-ce pas une
simple interprétation que l’on aurait posée comme vérité pour des raisons morales, pratiques ? Si la conscience est
donatrice de sens, penser la conscience comme supérieure au corps, n’est-ce pas une simple interprétation plutôt
qu’une vérité, une croyance et non un état de fait ?
2. Avec le cogito, Descartes avait signalé la séparation de l’âme et du corps. Cependant, Descartes, affirmant
par la suite que « je ne suis seulement logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire », il finit par réunir
l’âme et le corps car l’expérience de la faim et de la douleur physique montre que le corps peut troubler la pensée.
Et cette réunion n’est pas sans conséquences car elle conduit nécessairement à s’interroger sur l’influence du corps
sur la conscience et de la conscience sur le corps. Cette interrogation est fondamentale dans l’œuvre de Nietzsche.

La conscience selon Nietzsche : Traditionnellement, la métaphysique et la philosophie ont toujours pensé la


conscience comme ontologiquement supérieure au corps. Ceci n’est qu’un postulat avancé pour des raisons
pratiques et morales (elles servent à responsabiliser l’homme quant à ce qu’il est et ce qu’il fait, à le rendre
coupable et justifie ainsi le châtiment…). Avant cela, la métaphysique avait déjà posé tout ce qui est immatériel
comme ontologiquement supérieur au sensible : l’âme, l’esprit, la conscience sont donc valorisés et le corps, le
sensible déprécié.

Nietzsche opère un reversement de cette hiérarchie : il pose la conscience comme dérivative du corps : « la
conscience est une évolution dernière et tardive du système organique ». Selon Nietzsche, le corps est premier, il
est pluralité de forces, de pulsions qui luttent les unes contre les autres, les unes avec les autres. Ces forces
constituent ce que Nietzsche appelle « la volonté de puissance » : force qui cherche son propre accroissement, qui
est toujours en devenir… Le MOI est donc multiple et l’individu vit une pluralité de sensations, d’identités, de
rôles. Réduire la conscience à une unité, c’est vouloir enfermer l’homme dans une identité unique, c’est vouloir le
réduire à un seul rôle et ce rôle est défini par la philosophie comme celui de l’« animal rationnel ». Or, selon
Nietzsche

« Tout acte de volonté comporte premièrement une pluralité de sentiments ».

L’unité du « je pense » n’est donc qu’un préjugé, une illusion de la grammaire qui laisse croire que le « je » décide
de la pensée alors qu’en fait le « je » n’est que la conséquence d’une multitude de luttes continuelles entre les
différentes forces qui animent le corps.
L’unité de la conscience est donc une illusion pratique car face à la pluralité du monde, il est rassurant de se penser
comme une unité plutôt que de se penser comme pris dans un devenir permanent et donc d’être toujours autre à soi-
même.
Première illusion de la conscience : la conscience se pose comme cause d’elle-même, elle se croit substance et se
pense comme étant à l’origine de ses pensées. Or, la conscience n’est pas ce qui donne des ordres mais qui ne fait
qu’obéir à ce que le corps impose : « les pensées viennent à moi quand elles le veulent et non quand je le décide ».
La conscience n’est que le simple écho du corps. La conscience n’a accès qu’à la surface des choses. Penser que
l’on connait les raisons qui nous font agir, c’est en fait se méprendre car ces raisons fondamentales sont en
profondeur et échappent à la surface.

La croyance en l’ego n’est donc qu’une illusion, le Moi rationnel n’est qu’un mythe, une fiction métaphysique et la
souveraineté de la conscience sur le corps, un fantasme. On peut alors comprendre le sens du « cogito brisé »
chez Ricoeur : le MOI n’est pas transparent à lui-même. Le MOI n’est pas une identité qui est donnée de façon
définitive au départ, une fois pour toutes ; mais une identité qui ne cesse de se construire au fur et à mesure (ce
qu’il nomme identité narrative). La conscience se manifeste ainsi par une certaine opacité à elle-même.

CONCLUSION :

La conscience se définit, certes, par son activité quant à la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances,
son opacité. En approchant l’homme relativement à cette opacité de la conscience, force est de constater que celle-
ci n’est pas transparente à elle-même. Il y a en elle des choses qui lui échappent et qui signalent que par-delà ce que
la conscience affirme d’autres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce qu’elle ne
maîtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant à son autorité. Cette remise en question
passera par Nietzsche par la volonté de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thème de
l’inconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal :
« Le Moi n’est pas maître en sa propre maison »

Définitions particulières de philosophes sur la conscience / la subjectivité :

– Descartes : “Ma propre pensée ou conscience” (Discours de la méthode)


– Rousseau : “Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix : guide assuré d’un être ignorant
et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi
qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions” (Emile ou de l’Education)
– Kant : “La conscience est une représentation qu’une autre représentation est en moi” (Critique de la raison pure)
– Kant : “La conscience est la raison pratique représentant à l’homme son devoir pour l’acquitter ou le condamner
en chacun des cas où s’applique la loi” (Critique de la raison pratique)
– Hegel : “L’homme est un être doué de conscience et qui pense, c’est-à-dire que, de ce qu’il est, quelle que soit sa
façon d’être, il fait un être pour soi” (Phénoménologie de l’Esprit)
– Bergson : “La conscience est la puissance de choix” (L’Evolution Créatrice)
– Alain : “La conscience est le savoir revenant sur lui-même” (Définitions)
– Sartre : “La conscience est le refus d’être substance” (L’Etre et le Néant)
– Rabelais : “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” (Panagruel)
– Dante : “Pourvu que ma conscience ne me fasse pas de reproches, je suis prêt à subir la volonté de la fortune”
(La Divine Comédie)

EXERCICE DE DISSERTATION EN PHILOSOPHIE TERMINALE

peut-on avoir gratuitement des dissertations ? j’ai besoin d’un corrigé complet sur une dissertation sur la
conscience. est-ce possible ? le sujet est : “ma conscience est-elle infaillible ?”
merci de votre réponse philosophique

Brut, j’ai pris conscience qu’on frappe à ma porte; qu’est-ce à dire sinon que je me suis aperçu que quelqu’un a
frappé à ma porte. La conscience se définit là comme la perception de ce qui se passe en dehors de nous mais
aussi je dirais en nous car surpris ou déçu, je peux prendre la mesure de ma surprise ou de ma déception en
m’interrogeant intérieurement de quoi s’agit - il, que dois-je faire. Cette dernière étape de la conscience est
l’occasion de l’éveil de la conscience morale qui permet de juger de la valeur morale de mes actes et de mes
intentions; c’est à son actif qu’on dira: il a agi selon sa conscience. On peut objecter à ce compte que la
conscience est la faculté qu’a notre esprit de se saisir de ce qui se passe en nous et en dehors de nous. Mais au
juste qu’est-ce que c’est que la conscience?

Le terme de la conscience est ambigu et ambivalent selon qu’on l’envisage dans sa fonction adaptative, dans ses
mécanismes physiologiques et dans ses valeurs morales et religieuses. Chez les grecs, on la désignait sous
l’expression de ‘nous’ qui se prononce ‘nousse’ c’est-à-dire l’esprit connaissant. Mais disons que la conscience
n’a pas cours dans l’antiquité. Elle apparait pendant la modernité surtout dans les œuvres de R. Descartes qui en
fait le socle fondamental de la connaissance en l’assimilant à l’évidence de sa propre pensée car disait-il: la
conscience est ce dont je ne puis douter de rien; et en effet l’évidence de ma propre pensée s’impose à moi
comme une vérité absolue qu’aucun argument sceptique ne peut démonter».

A ce sujet Leibniz parle de notre maitre infaillible et Socrate de la chose vertueuse. Etre conscient c’est
savoir faire le bien.

Mais le concept de la conscience a évolué, elle n’est plus seulement le « cogito ergo sum » de Descartes car
l’évidence a quelque chose de terrible qu’elle reste toujours dans les limites bornée de la seule individualité de
son sujet avec la conscience de son insuffisance. Il n’est pas évident pour autrui que Descartes pense; donc je
dirais: il n’existe pas. Prendre conscience de quelque chose dans son acception la plus moderne, c’est poser la
chose comme un objet d’exploration en face du sujet que nous sommes, cela suppose une séparation; et même la
conscience qu’une personne a d’elle-même est comprise comme une séparation; par exemple dire que je suis
timide, il y a le ‘moi’ qui est timide et le ‘je’ qui sait que le ‘moi’ est timide donc dans la personne-même il y a
la séparation du ‘je’ qui tend vers le ‘moi’.
C’est cette théorie de la conscience comme étant une séparation et une tendance c’est-à-dire une intention
qu’on appelle l’intentionnalité inventé par Brentano et célébrée par Hurssel dans la théorie de la
phénoménologie qui explique que la conscience vise toujours l’extérieur. Mais ajoutons que toute manière de
viser l’extérieur n’est pas consciente. Ainsi, l’automatisme de l’habitude n’est pas consciente, elle s’exerce
automatiquement même si on n’a pas conscience. Pour qu’il est conscience dans nos projections extérieures, il
faut un choix c’est-à-dire on ne peut pas être conscient de tous nos actes en même temps.

Et qui dit choisir pose un critère du choix. C’est là se pose le problème philosophique des causes ou des
raisons qui déterminent nos choix. Nous savons pertinemment qu’il existe des faits de conscience qu’on ne
trouve pas clairement la cause distincte, mais est-ce dire qu’ils n’en ont pas?

Dans une étude plus profonde sur le fonctionnement physiologique du psychisme humain, Sigmund Freud
découvre que la conscience n’est pas seulement la seule activité de notre psychisme. Il existe bien de choses
psychiques dont nous n’avons même pas conscience et qui cependant déterminent certains de nos actes
conscients. Pourquoi les lapsus, pourquoi les rêves délirants, pourquoi la peur, voilà tant d’étrangetés qui se
produisent en nous. Freud appelle l’ensemble de cette étrangeté l’inconscient.

L’inconscient est l’un des systèmes de l’appareil psychique, contenant des représentations refoulées
échappant à la conscience et influant sur les conduites d’un sujet, c’est-à-dire actif. Contrairement aux penseurs
du siècle des lumières qui voyaient, dans le triomphe de la raison humaine et de la liberté sur l’obscurantisme et
le despotisme, le début d’une libération définitive de l’humanité Freud forge l’image moderne de l’homme se
trompant sur lui-même et en proie à des motivations inconscientes c’est-à-dire, c’est la réponse que je fais à la
question de notre ami ‘philosophie terminale, la conscience n’est pas infaillible.

Freud mettra sur place une méthode de décryptage et de traitement de certaines pathologies cérébrales qu’on
appelle la psychanalyse.

En toute fin utile, je résume toutes ces explications pour les esprits synthétique en disant ceci: l’homme est
un être entièrement libre et entièrement déterminé, entièrement conscient et entièrement inconscient dans le
même psychisme et en même temps. Pour plus de détails consulter cet adresse: norbertcherif@yahoo.fr
Au plaisir!

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