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Au nombre des grands penseurs qui ont marqué l’histoire, l’on ne pourrait
ignorer celle effectuée au XVIIIe siècle par Friedrich Hegel dans la pensée
philosophique et plus particulièrement en métaphysique. Le philosophe de
Stuttgart s’inscrivant dans la logique de l’esprit de ce siècle promeut le
dévoilement dialectique de la conscience de soi. Ce dernier relate l’aventure de la
conscience pour parvenir à exister pleinement en tant que conscience effective.
Au regard de l’importance de la conscience dans le processus du sens de
l’existence, il en appel à son usage pour mener une vie authentique en s’inscrivant
dans l’esprit de son temps. En effet, les réflexions de Hegel prennent place au
début du XIXe siècle à travers la révolution française de 1789. Pour lui, la
révolution française fut un magnifique levé du soleil car il voyait en Napoléon
Bonaparte le fondateur de l’État moderne parce que son principe est désormais
non la volonté de tous, non la volonté de quelques-uns, mais la volonté du prince.
Cette volonté est le désire de reconnaissance. Hegel affirme que « Ce sont
maintenant les grands hommes historiques qui saisissent cet universel supérieur et
font de lui leur but ; ce sont eux qui réalisent ce but qui correspond au concept
supérieur de l’esprit, c’est pourquoi on doit les nommer des héros »1 Si Napoléon
n’avait pas été passionné de grandeur, il n’aurait jamais conquis l’Europe.
En effet, l’histoire avait besoins d’un mégalomane pour réaliser une telle
épopée. Pour Hegel, Napoléon représente l’histoire en action ; c’est quelque chose
de plus haut qu’un homme, mais qui a besoin d’un homme pour se réaliser car les
passions humaines sont le moyen par lequel l’histoire s’accomplit dans le monde.
Cependant, l’histoire est consciente de ce qu’elle fait parce que derrière l’histoire
il y a un principe que Hegel appel ‘‘la Raison’’. C’est « La raison universelle »
qu’il appelle également l’esprit. Pour lui, si l’histoire a un sens c’est parce qu’elle
est tout entière guidée par cette raison universelle. La raison quoi qu’on dise, est
la lumière qui éclaire les actions des hommes, c’est elle qui fait de l’homme un
1
Friedrich HEGEL, La raison dans l’histoire, traduction par Kostas PAPAIOANNOU, Paris,
Plon, 1965, PP.120-121.
1
sujet libre, autonome, capable d’opérer des choix indépendamment de toute
contrainte extérieure. Pour que l'homme puisse se savoir lui-même réelle en-soi et
pour soi-même, il doit emprunter la voie du système ; car pour Hegel, la science
ne peut être science que si elle est système, elle est totalité. Il déploie sa
philosophie à travers les concepts.
2
Friedrich HEGEL, principe de la philosophie du droit, traduction par André KAAN, Paris,
Gallimard, 1940, P.40.
3
Friedrich HEGEL, Leçon sur l’histoire de la philosophie, traduction par J. GILBERIN, Paris,
Gallimard, 1954, p.24.
2
Hegel est un philosophe né à Stuttgart dans le sud de l’Allemagne en 1770,
et mort en Novembre 1831 à Berlin. Son père est fonctionnaire à la cour des
comptes. Élève brillant, il est capable de réciter des déclinaisons latines dès l’âge
de cinq ans. Il reçoit en cadeau un livre de Shakespeare de la part d’un de ses
professeurs à huit ans, et apprend les règles du syllogisme à onze ans. Il apprécie
les tragédies Grecques, l’astronomie, la physique. Et à dix ans, Hegel pense
devenir théologien. Il se rend à Tübingen pour suivre l’enseignement du séminaire
(le Stift). Il approfondit ses connaissances en philosophie, physique et
mathématique…
3
sens à l’existence, plus particulièrement celui de l’homme. En effet, dans la
phénoménologie de l’esprit, Hegel explore le développement de la conscience
humaine et comment elle parvient à comprendre le monde qui l’entoure. Selon
Hegel, la conscience passe par différentes étapes dans sa quête de compréhension,
depuis la conscience immédiate jusqu'à la conscience de soi, la raison, l’esprit et
enfin la conscience absolue. L’épopée de la conscience est donc le récit de ce
voyage, qui permet à la conscience de découvrir la véritable nature de l’existence.
Il soutient aussi que la conscience ne peut parvenir à une compréhension complète
de la réalité qu’en surmontant ses contradictions internes et en intégrant les
différentes perspectives qu’elle rencontre. Le sens de l’existence réside en quelque
sorte dans la réalisation de la liberté et de l’autonomie, ce qui nécessite une
compréhension approfondie de la réalité. En clair, la phénoménologie de l’esprit
peut être vue comme une exploration de la façon dont la conscience humaine peut
atteindre cet objectif ultime. Ceci étant nous présenterons les différentes parties de
notre travail.
4
5
I- SUJET ET JUSTIFICATION
A- SUJET
Le sujet qui oriente notre réflexion dans le cadre de notre travail, se formule
comme suit : « L’épopée de la conscience et le sens de l’existence dans la
phénoménologie de l’esprit de Hegel » l’épopée de la conscience ne doit pas être
vue comme un simple fait historique des peuples mais elle doit être perçue comme
une évolution de la conscience en tant que conscience triomphante. Car elle
triomphe à chaque stade de son évolution. Pour que cette conscience soit
effectivement réelle, elle doit faire l’expérience de son être autre dans le but de
l’outrepasser. C’est pour ce là que Hegel nous faire savoir dans la
phénoménologie de l’esprit que « la conscience est pour soi-même son propre
concept, elle est donc immédiatement l’acte d’outrepasser le limité, et, quand ce
limité lui appartient, l’acte de s’outrepasser soi-même. »4 Hegel insiste
particulièrement sur ce caractère de la négation qui est toujours négation
déterminée et qui par conséquent n’est pas isolable du contenu nié. C’est à travers
la contradiction surmontée que la conscience parvient à une effectivité. Ce sujet
de recherche est d’une importance capital dans notre monde actuel où les hommes
ne tirent plus des leçons de leurs actions. L’homme doit donner sens à son
existence à travers la marche dialectique de la conscience de soi.
B- JUSTIFICATION
4
Friedrich HEGEL, La phénoménologie de l’esprit, traduction par Jean Hyppolite, Paris,
AUBIER, 1948. P.71
6
Nous avons choisi ce sujet pour deux raisons : la première c’est que, l’homme
a délaissé la raison qui le caractérisait comme un être doué de conscience, pour
s’attacher à la raison instrumentale. Et la seconde, c’est que la raison
instrumentale a conduit l’homme à une perte des valeurs morales et spirituelles.
L’être humain est dépourvu de sens et se livre à des conflits insensés.
7
A- PROBLÉMATIQUE
8
B- PERSPECTIVES
Notre but en portant le choix sur ce sujet est de souligner et signifier que, la
conscience qui, ayant fait l’expérience de son être autre et parvenir ensuite à son
effectivité, est la marque triomphante des grands hommes et des hauts peuples.
Car l’effectivité est une nécessité. Le nécessaire, c’est ce qui ne peut ne pas être.
C’est ce qui doit advenir coute que coute. Raison pour laquelle Hegel nous fais
savoir que ‘‘l’aller vers le résultat est aussi le tout dans soi’’. Pour dire qu’en
allant vers la fin nous sommes en train de retourner vers le commencement. C’est
le système dialectique. En un mot, le but de notre sujet est de montrer que la
conscience doit suivre la marche dialectique afin de se percevoir comme
conscience triomphante.
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III- PLAN PROVISOIRE DU MÉMOIRE
INTRODUCTION
I- La conscience orientale
II- La conscience grecque et romaine
III- La conscience germanique
I- L’esprit subjectif
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II- L’esprit objectif
III- L’esprit absolu
I- L’art
II- La religion
III- La philosophie comme production des concepts
I- Problème politique
II- Problème culturel
III- Problème d’éducation
11
I- La conscience effective comme source d’animation de la conduite
humaine.
II- La conscience effective : fondement de l’humanisme
III- La conscience effective : le retour de l’homme à l’absolu
CONCLUSION
Dans cette partie de notre travail, il sera question d’exposer les grandes
étapes de l’évolution de la conscience des peuples en passant par le bloc oriental,
la conscience Grecque et Romaine, et enfin la conscience Germanique. Ensuite,
montrer qu’il y a une décadence logique et nécessaire de la conscience de ces
différents peuples. Et enfin, montrer que l’expérience de la conscience des peuples
est un principe de liberté.
7
Friedrich HEGEL, la raison dans l’histoire, op.cit., P.83.
12
individu. Mais cet individu unique n’est qu’un despote et non un homme libre, un
homme tout court.
Ce sont les nations germaniques qui, les premières, sont arrivées,
par le christianisme, à la conscience que l’homme en tant qu’homme est
libre, que la liberté spirituelle constitue vraiment sa nature propre. Cette
conscience est apparue d’abord dans la religion, dans la plus intime région
de l’esprit ; mais réaliser ce principe dans le monde profane, fut une autre
tâche, dont l’accomplissement a exigé un long, un pénible effort d’éduction 9
En clair, la conscience authentique provient de la religion chrétienne dans la
mesure où L’absolu se nie pour devenir corps, et ayant fait l’expérience de
son être autre va revenir à soi pour se percevoir comme pure effectivité. Il y
va de même pour la conscience germanique. Car selon Hegel, la conscience
germanique a emprunté avec tant de peine le chemin du christianisme afin de
parvenir à une conscience efficace.
8
Friedrich HEGEL, la raison dans l’histoire, op.cit.p.83
9
Idem, PP. 83-84
13
CHAPITRE 2 : Décadence logique et nécessaire de l’évolution de la
conscience des peuples.
Pour Hegel, ce n’est pas l’homme qui fait l’histoire mais c’est
l’histoire qui fait l’homme. D’un point de vue matériel, il est clair que ce sont
les hommes qui font l’histoire et non l’inverse. Ceci étant, l’histoire se saisie
des actions humaines pour accomplir ses desseins. C’est pourquoi Hegel nous
fait savoir que les grands hommes étaient avant tout l’incarnation de l’esprit
de leur temps. Nous pouvons citer entre autre Napoléon Bonaparte,
Christophe colombe, Jule César. Ces hommes ont marqué le monde par
l’esprit de leur temps. C’est dans ce sens que Hegel affirme ceci : « rien de
grand ne s’est accompli dans le monde sans passion »10 En effet, l’histoire se
sert des grands hommes pour se réaliser et Napoléon c’est l’instrument que
l’histoire s’empare pour avancer. En un mot, nous sommes le jouer de
l’histoire ; notre volonté n’est que la volonté individualisée de la volonté de
l’histoire car la mise en mouvement des hommes par leurs passions permet la
mise en mouvement de l’histoire par leurs actions. Les passions sont le
moteur de l’histoire. C’est en voulant réaliser les passions des hommes que
l’humanité prend conscience de ses actions et cherche à les surmonter.
10
Friedrich HEGEL, la raison dans l’histoire, op.cit. PP.108-109
14
L’expérience de la conscience des peuples comme principe de liberté
renvoie à l’idée selon laquelle « les Esprits des peuples sont les chainons dans
le processus par lequel l’Esprit parvient à la libre connaissance de lui-
même »11 En effet, pour que les peuples soient libre, il faudrait qu’ils passent
par l’expérience de leurs actions, et qu’ils prennent conscience de leurs
erreurs afin d’être libre. Un peuple libre, c’est un peuple qui est passé par la
médiation de l’en-soi et du pour-soi. Et cette médiation n’est rien d’autre que
l’expérience de la non liberté ; car pour savoir que le feu brule, il faudrait
nécessairement passer par l’épreuve du feu. En un mot l’humanité doit se
bruler afin d’être libre.
Hegel nous dit qu’« en tant qu’Esprit l’homme n’est pas un immédiat
mais essentiellement un être qui retourne à soi. Ce mouvement de médiation
est un moment essentiel de l’Esprit »12. Car la médiation est le passage sûr
pour parvenir à la liberté. Le vrai est conditionné par le faux ; le positif est
conditionné par le négatif. L’histoire humaine est le théâtre de la
conflictualité et cette conflictualité a beau être vécue par l’humanité comme
une douleur, mais elle reste le seul chemin par lequel l’esprit peut passer pour
se révéler. Si l’histoire est rationnelle, c’est dans la mesure où le chao des
passions humaines a un but et nous fait accéder à la conscience que nous
sommes l’histoire, à la conscience que nous sommes l’esprit, et que l’absolu
nous tend la main.
15
l’existence. Et cette conscience va passer par plusieurs étapes avant de se
savoir lui-même réel en-soi et pour soi.
Dans l’esprit absolu, nous avons entre autre la religion. Selon Hegel,
la religion est la représentation de l’absolu sous forme imagée c’est-à-dire
sous la forme de l’imagination et du mythe. L’absolu devient une
représentation mythique et imaginaire dans la mesure où les hommes
s’imaginent que Dieu est logé quelque part et que c’est lui qui décrit dans sa
forme la plus achevée. Mais Hegel n’est pas de cet avis car pour lui, l’esprit
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absolu doit se décrire de façon conceptuelle. Raison pour laquelle il affirme
que «c’est seulement comme science, ou comme système, que le savoir est
effectivement réel, et c’est seulement ainsi qu’il peut être présenté »13 pour
dire que la philosophie est le moment de l’achèvement de l’esprit absolu.
Nous devons penser notre temps en concept.
13
Friedrich HEGEL, La phénoménologie de l’esprit, op.cit. P.22.
14
Martin HEIDEGGER, Chemins qui ne mènent nulle part, traduction par G.BROKMEIER, Paris,
Gallimard, 1962, P.24.
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Autrement dit, la religion procure une existence heureuse, elle fait disparaitre
tous les soucis.
15
Friedrich HEGEL, la phénoménologie de l’esprit, op.cit. P. 323.
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