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est un conte populaire et le nom du personnage central. L'Occident connaît surtout cette
histoire à travers les versions fixées par Charles Perrault dans Cendrillon ou la Petite
Pantoufle de verre et par les frères Grimm dans Aschenputtel (de). Il existe cependant une
multitude de versions de par le monde, dont certaines peuvent être très différentes de celles
connues en Occident.
Un conte-type omniprésent
Comme pour beaucoup d'histoires appartenant avant tout au patrimoine oral, on retrouve
ce conte-type de l'enfant passant des cendres au trône un peu partout à travers les époques
et les cultures1.
Dans l'Antiquité
Parmi les multiples versions antiques du conte que l'histoire littéraire a retenues il y a celle-
ci, retranscrite au IIIe siècle par Élien le Sophiste : l'auteur raconte l'histoire de Rhodope, une
jeune Grecque embarquée en Égypte comme esclave. Un jour, un aigle lui vola une de
ses pantoufles alors qu'elle était au bain. L'oiseau laissa tomber la pantoufle aux pieds d’un
pharaon nomméPsammétique (sans préciser duquel il s’agit, mais ce détail est naturellement
superflu) ; celui-ci, frappé de stupeur par la délicatesse de la pantoufle, promit d'épouser la
femme à qui elle appartenait.
Mais vraisemblablement Élien ne faisait que reprendre une légende déjà contée
par Strabon au sujet de la pyramide de Mykérinos dont il rappelle que certains auteurs
disaient que c'était le tombeau d'une courtisane nommée Rhodopis (Yeux de rose) :
« Un jour, comme elle était au bain, un aigle enleva une de ses chaussures des
mains de sa suivante, et s'envola vers Memphis où, s'étant arrêté juste au-dessus du
roi qui rendait alors la justice en plein air dans une des cours de son palais, il laissa
tomber la sandale dans les replis de sa robe. Les proportions mignonnes de la
sandale et le merveilleux de l'aventure émurent le roi; il envoya aussitôt par tout le
pays des agents à la recherche de la femme dont le pied pouvait chausser une
chaussure pareille; ceux-ci finirent par la trouver dans la ville de Naucratis; et
l'amenèrent au roi qui l'épousa et qui, après sa mort, lui fit élever ce magnifique
tombeau2. ».
En Asie
L'histoire de Ye Xian, tirée d'un recueil de contes chinois du IXe siècle, le Youyang Zazu,
possède de nombreuses similitudes. De même, on peut retrouver des trames
semblables dans plusieurs des Mille et Une Nuits, ou dans l'histoire de Chūjō-hime,
parfois surnommée la Cendrillon japonaise. Adhémard Leclère a publié deux versions du
conte : l'une cambodgienne qu'il compare à une versin annamite ; l'autre collectée chez
les Chams3.
En Amérique
Le conte d’Oochigeas4, popularisé dans les années 1990 par une chanson de Roch
Voisine, La Légende d'Oochigeas (indian song), est une version des Abénaquis de la
Nouvelle-Angleterre, dont on ne peut dire si elle est antérieure ou pas à l’arrivée des
colons européens. Bien que situé dans un cadre très « local », les composantes du
conte y sont présentes : l’héroïne, Oochigeas (« la petite marquée » par le feu) est la
dernière de trois sœurs, elle est confinée à l’entretien du feu qui brûle son visage et ses
cheveux (ici, pour cuire des poteries) ; le « prince » est ici un chasseur qui a le pouvoir
de se rendre invisible ; la robe somptueuse qui remplace les vêtements sales et brûlés
n’est pas ici fournie par une fée ou une intervention surnaturelle, c’est l’héroïne qui se fait
un habit invraisemblable d’écorce de bouleau. Les sœurs feignent de voir le jeune
homme et sont vite démasquées. Oochigeas, elle, peut voir et donc, épouser le
chasseur, après avoir été miraculeusement guérie de ses brûlures par la sœur du
chasseur.
En Europe
En Europe, Giambattista Basile est le premier à recueillir les histoires de la tradition
orale, dans son recueil de contes, Le conte des contes ou Le divertissement des petits
enfants. Le conte de la Gatta cennerentola (Chatte des cendres), parue dans
le Pentamerone, I, 6, présente Zezolla, fille d'un prince. Le récit, que Perrault a pu lire et
épurer, y est plus brutal et détaillé. La baronne d'Aulnoy publie en 1698 dans le
recueil Contes nouveaux ou Les Fées à la mode, Finette Cendron, version du conte
dans laquelle le merveilleux joue une part très différente.
Le nom de l'héroïne[modifier
Cendrillon n'est que le surnom de l'héroïne, dérivé du fait qu'elle se repose dans la
cendre une fois son travail fini. On ignore son nom réel. Initialement, Javotte, la belle
sœur aînée, lui donne un autre surnom, celui de Cucendron, mais la sœur cadette,
moins vulgaire, la surnomme simplement Cendrillon, surnom prévalant par la suite
sur Cucendron. Par contre, dans la version de l'opéra de Jules Massenet, le père de
Cendrillon, Pandolfe, l'appelle Lucette5. On suppose alors que c'était son vrai nomPhrase peu
claire : Son vrai nom dans la tradition orale?
.
Ces deux surnoms sont dérivés du mot cendre, qui a toujours été symbole d'humiliation
et de pénitence : la Bible et l'Odyssée font mention de Jérémie se roulant dans les
cendres et Ulysse assis dessus. Quant aux pères de l'Église, ils nous montrent les
pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre6.
Mais ce seront essentiellement Charles Perrault en 1697 avec Cendrillon ou la Petite
Pantoufle de verre et Jacob et Wilhelm Grimm, en 1812
avec Aschenputtel (de) ou Aschenbrödel qui auront permis au conte de se fixer sous la
forme qu'on lui connaît dans l'imaginaire collectif.
Néanmoins, son nom anglais Cinderella résulte d'une traduction « trop facile » de son
nom original ; car contrairement à ce que cela pourrait laisser penser, la traduction
anglaise exacte de « cendre » n'est pas cinder (qui signifie en fait « escarbille »)
mais ash. L’Oxford English Dictionnary précise d'ailleurs que cinder n'a pas la même
étymologie que ash. Une autre différence réside dans ce que désigne respectivement
l'escarbille et la cendre : La cendre est une matière poussiéreuse et propre résultant
d'une combustion complète, alors que l'escarbille est une matière solide et sale résultant
d'une combustion incomplète7.
Comparaison des versions de Charles Perrault et des frères Grimm
« Il fit asseoir Cendrillon, et approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'il y
entrait sans peine, et qu'elle y était juste comme de cire ». Illustration de Gustave
Doré de 1867
La composition des pantoufles de Cendrillon a fait l'objet d'un débat récurrent en France
depuis le XIXe siècle. Selon les retranscriptions et versions de l'histoire, les pantoufles
sont successivement de verre, ou de vair (le menu vair, désignant la fourrure d'écureuil
gris). Honoré de Balzac met dans la bouche d’un de ses personnages, qui exerce le
métier de pelletier, l’affirmation selon laquelle la pantoufle doit se comprendre « en
vair », et non « en verre », au motif qu'il ne peut exister de pantoufles en verre. Outre le
fait que le merveilleux ne se fonde pas sur la vraisemblance, on se rappellera
que Charles Perraultétait Académicien, grand spécialiste de la langue française, ainsi
qu'en atteste la Querelle des Anciens et des Modernes.