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DES CHAUSSÉES
PAR ANALYSE DU RETOUR D’EXPÉRIENCE
DES MAÎTRES D’OUVRAGE
La durée de vie des chaussées est liée à la politique de gestion patrimoniale choisie par le
maître d’ouvrage. Celle-ci repose sur la programmation d’entretiens dont la nature et la
fréquence dépendent entre autres de l’état de dégradation du réseau. La connaissance des
mécanismes de dégradation et leur évolution permet alors de proposer des dates
prévisionnelles pour
les opérations d’entretien. C’est l’objet du travail entrepris avec ce retour d’expérience.
l'étude.
ette étude a pour objectif de
détermi- ner les mécanismes de
C
dégradation des structures de
chaussées et leur durée de vie.
L’analyse croise une approche par
type de dégradation et
par type de structure.
AUTEURS Compte tenu de la durée du projet DVDC
(4 années), le groupe de travail en charge du
Benoît Bolot
Colas retour d’expérience (REX) a mis au point un
François Brandely questionnaire afin d’obtenir une base de
CD 63
données sur le réseau départemental.
Bruno Espinasse
CD 63 Une première enquête (23 réponses) a porté
Lionel Grin sur la connaissance de ce réseau : typologie
Eurovia
des réseaux routiers, politique d’entretien,
Rolf Kobisch
Expert structures de chaus- sées et techniques
Jean-Pierre Marchand utilisées, pathologies rencon- trées et périodes
Route et conseil
d’apparition, solutions d’entretien en couche de
Hugues Odéon
Cerema roulement, retours d’expérience et attentes.
Ludovic Périsse La seconde enquête (26 réponses) a concerné
Eiffage
les recherches complémentaires sur des thèmes
et avec la contribution de émer- geant de l’enquête précédente :
Joseph Abdo comportement des giratoires (hors
Cimbéton*
agglomérations),
Moyenne 486 km 612 km 1 134 km 1 869 kmet
relations entre techniques
Florence Pero
Specbea classes de réseaux routiers, durées de vie de
11,9 % 14,9 % 27,6 % 45,6 %
* Lors de la réalisation de l’entretien
Pourcentage des réseaux de classes 3 et 4,
26,8 % 73,2 %
RGRA N° 977 • NOVEMBRE 1
D OSSIER Premier bilan du projet DVDC
dégradations des
Les résultats sont présentés de façon anonyme
structures de
sous la forme de tableaux ou graphiques
chaussées, patho-
détaillant les moyennes ou les pourcentages
logie et climat.
associés.
L’ensemble des résultats de l’enquête a fait
l’objet de trois rapports disponibles sur le site
DVDC1-3.
DESCRIPTION DU RÉSEAU
ROUTIER DÉPARTEMENTAL
–Tableau 1–
Classe et linéaire du réseau routier départemental.
Classe 1Classe 2Classe 3Classe 4
Moyenne 39 % 55 % 6% 0 0
Tous les départements qui ont répondu à travaux d’entretien ou de réhabilitation sur le
pour la classe 4 94 %
l’enquête disposent d’une banque de données réseau struc- turant est faite en interne.
routières. En revanche, la politique d’entretien Le suivi des travaux est systématique ainsi que
La viabilité hivernale
ne fait pas tou- jours l’objet d’un processus la présence de contrôles extérieurs.
constitue une partie
défini. C’est le cas de nombreux départements.
inté- grante de la
Le préalable à la gestion de l’entretien du
gestion de l’entretien
réseau routier et à la connaissance de la durée
des départe- ments
de vie des chaussées serait pourtant de
ayant des zones
disposer d’une politique d’entretien.
géographiques situées
On constate également une grande diversité
à plus de 800 mètres,
d’ou- tils ou logiciels.
mais pas
La périodicité d’auscultation (tableau 2) est systématiquement. Le
cohé- rente et en accord avec l’importance des coût de l’entretien
classes du réseau. Pour les classes 1 et 2, routier ramené au
cette périodicité se situe entre 3 et 3,5 années.
linéaire total du réseau
Il convient de relativiser celle des classes 3 et 4
routier est en
du fait du faible nombre de réponses
moyenne de 0,38 €
(respectivement 8 et 4 sur 26 départe- ments).
HT/m²/an. Il est
L’auscultation avec les appareils à grand
généralement compris
rendement est quasiment systématique pour
entre 0,30 et 0,40 €
les classes 1 et 2. En revanche, elle n’est que
HT/m²/an, sauf dans le
visuelle pour les classes 3 et 4.
cas particulier de zones
On constate que la connaissance des structures
très montagneuses.
par les conseils départementaux décroît avec la
Rapporté au linéaire de
classe de réseau. Il est possible que la
réseau entretenu, ce
connaissance des classes 3 et 4 soit un peu
coût avoisine une
surévaluée.
dépense de 6,5 €
La répartition des types de structure (en %) en
HT/m²/an.
cinq grandes familles selon les classes de
Depuis quelques
réseau est assez éloquente. Le tableau 3
années, le budget
présente les résultats pour les classes 1 et 4.
consacré à l’entretien
routier est la plupart du
PROGRAMMATION, ORGANISATION, COÛT ET SUIVI
temps (sauf pour un
Presque tous les conseils départementaux
département) en
dis- posent d’un choix préétabli de techniques
diminution d’une année
de base pour l’entretien de leur réseau. Ce
à l’autre. L’optimisation
choix est en prin- cipe (sauf un cas) fonction
financière et technique
des classes du réseau.
est donc plus que
Il n’y a pas toujours de programmation plurian-
jamais à l’ordre du jour.
nuelle des travaux, mais lorsque celle-ci existe,
elle s’échelonne sur 2 ou 3 ans, ou plutôt 3 ans
Pathologies
avec 2 années « glissantes ». rencontrées
Dans presque tous les cas, la définition des Les conseils
10 à 14 années 3 à 8 années
Classe 1
En relation supposée avec En relation supposée avec le
le trafic et/ou l’âge climat et les variations
thermiques
Classe 4 9 à 10 années 4 à 7 années
En relation supposée avec En relation supposée avec le
le trafic et/ou l’âge climat et les variations
–Tableau 5–
Pourcentage et périodicité des entretiens des couches de roulement < 6 cm sur les
routes départementales.
* Entretiens réalisés le plus souvent avec des MBCF (matériaux bitumineux coulés à froid) ou des
ESU (enduits superficiels d’usure).
–Tableau 6–
Pourcentage et périodicité des entretiens avec rechargement bitumineux > 6 cm sur
les routes départementales.
Grâce aux informations fournies par les départe- ments, il a été possible d’établir
la répartition des techniques d’entretien (en %) selon les classes de réseau (figure
3).
Sans surprise, on constate que le pourcentage d’en- robés à chaud et tièdes diminue
lorsque la classe de réseau devient de moindre importance. Mais l’avantage de
ce graphique est de pouvoir quanti- fier cette évolution dans un rapport de 1 à 5.
On remarque également que le pourcentage d’en- robés à froid et d’enduits
superficiels croît égale- ment dans un rapport de 1 à 5 dès lors que la classe de
réseau passe de fort à faible trafic.
La pérennité d’un réseau routier passe par la réali- sation des travaux préparatoires
et d’assainisse- ment. Il est réconfortant de voir que ceux-ci sont au rendez-vous
pour les classes 3 et 4 (figure 4).
30 %
25 %
20 %
15 %
10 %
5%
0%
1234
Enrobés à chaud et tièdesEnduits superficiels Enrobés à froid
25 %
20 %
15 %
10 %
5%
0%
1 2 3 4
Travaux préparatoires : reprofilage, bouchage…
Entretiens spécifiques : pontage de fissures, garnissage de joints…
Travaux d’assainissement et drainage des bas côtés
–Figure 5–
Durées de vie espérées et constatées pour les techniques d’entretien sur
Liste des abréviations l’ensemble du réseau.
Originalité de l’approche : il a été demandé mentionnées sur la figure 5) sont souvent inférieures à celles espé- rées, sauf pour les
pour chaque technique, quelle que soit la classe revêtements en enrobés souples. Pour les structures GE+ESU (grave émulsion +
de trafic, de préciser la durée de vie espérée (en enduit superficiel d’usure) et BBM (béton bitumi- neux mince), ces durées de vie
années) et d’estimer la durée de vie constatée coïncident avec celles attendues.
réellement (en années). Le BBDr (béton bitumineux drainant) n’a jamais été mentionné ; il n’a donc pas été pris
en compte.
DURÉE DE VIE SUR L’ENSEMBLE DU RÉSEAU ROUTIER Développé en France depuis 2009, le SMA (Stone Mastic Asphalt) a été cité. Une
Les durées de vie constatées (valeurs durée de vie estimée a été mentionnée, mais le recul est insuffisant pour déterminer
0,5 0,1
COMPORTEMENT DES GIRATOIRES
0,0 HORS AGGLOMÉRATIONS
ESU
0,0
–Figure 8–
Connaissance des structures des giratoires.
–Figure 7–
Durée de vie constatée des techniques d’entretien sur les réseaux de classes 3 et 4.
18 29,2 %
16 15,5
14 14,6
12
12,7
10
8
6 70,8 %
9,3
4 8,4
2
0
Oui Non
–Tableau 7–
Nombre de réponses pour les techniques utilisées sur les chaussées des classes 3 et 4. 5,9 %
11,8 %
Béton bitumineux
Nombre de réponses GE + ESU ESU à chaud ou tiède BBE MBCF 11,8 %
(figure 12).
Les réponses ont été quasiment unanimes : il n’y a
pas de politique spécifique pour le suivi et –Figure 12–
l’entretien du réseau montagneux ; elle est intégrée Répartition du linéaire du réseau montagneux (> 800 m) selon les classes de routes.
dans la politique générale de l’entretien du réseau
départemental.
Quant à la viabilité hivernale (VH), les produits
et techniques utilisés sont globalement connus :
sel, saumure et bouillie de sel, le gravillonnage
étant réservé aux zones protégées et de
captage.
Les différents conseils départementaux interrogés 11,1 %
CONCLUSION
Le travail réalisé dans le cadre de cette étude revanche, la politique d’entretien ne fait pas toujours l’objet d’un processus défini et, à
sur le réseau départemental confirme l’exception de 2 ou 3 conseils départementaux, la programmation des travaux d’en- tretien
l’importance du linéaire des chaussées à faible n’est en général pas codifiée. Elle relève d’une approche empirique, manuelle ou
trafic. Les classes 3 et 4 représentant près de 75 artisanale.
% du réseau routier, elles constituent un enjeu
patrimonial majeur, d’autant que ces chaussées
sont les moins bien connues et les moins
structurées.
Tous les départements ayant répondu à l’enquête
dis- posent d’une base de données routières. En
dimensionnement.
Le coût moyen de l’entretien routier, ramené
On
au linéaire total du réseau routier, est en
observe
moyenne de 0,38 € HT/m²/an, et généralement
une
compris entre 0,30 € et 0,40 € HT/m²/an.
grande
cohéren
ce dans
les
pour-
centage
s
annuels
de
renouve
llement
de
l’entretie
n des
chaussé
es de
classes
1 et 2,
avec un
pourcen
- tage
de 5,6 à
5,4 %,
soit une
périodici
té
moyenn
e de
18,5
années
pour les
couches
de
rouleme
nt, et un
pourcen
tage
plus
faible
pour les
recharg
ements
(4,5 et
5,1 %),
corresp
ondant
à des
périodici
tés de
22 et 20
ans, en
cohéren
ce avec
les
durées
de vie
du