Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE
Agroalimentaire
1. Obtention
1.1 Caractéristiques générales
des graines et fruits oléagineux Protéines brutes
Cellulose brute
Les graines et fruits oléagineux contiennent des lipides de
Matières grasses
réserve pour la germination, dans la graine ou dans le noyau du
fruit, ou bien constitutifs de la chair du fruit. Ces lipides, constitués Amidon (polarimètrie)
essentiellement par des triesters d’acides gras et de glycérol ou Sucres totaux
triglycérides sont susceptibles de se dégrader suivant deux phéno- Cendres
mènes distincts qui sont l’hydrolyse et l’oxydation [1].
Humidité*
Dans le fruit humide et fermentescible, la matière grasse est mal
protégée de ces phénomènes. Les opérations d’obtention d’huile *Déduite par calcul
se font nécessairement rapidement après la cueillette et dans un d'après matière
lieu peu éloigné : au moulin, dans le cas de l’olive ou à l’huilerie de sèche (92,3%)
palme située sur la plantation même.
Dans les graines oléagineuses par contre, l’huile est mieux
Figure 1 – Composition de la graine de colza (doc. ITERG)
protégée ; elle est stockée à l’intérieur des cellules aux parois
rigides ; elle est en outre entourée d’une coque et son humidité est
beaucoup plus faible (de l’ordre de 10 %) ; moyennant certaines pré-
cautions, le stockage de longue durée est possible (d’une campagne
sur l’autre) et les traitements d’obtention peuvent se faire sur des
sites industriels très éloignés du lieu de production [2]. Protéines brutes
Cellulose brute
La trituration est l’opération consistant à extraire l’huile des Matières grasses
graines et fruits oléagineux.
Amidon (polarimètrie)
Sucres totaux
Comme il est d’usage dans la profession, les teneurs ou Cendres
compositions indiquées dans la suite du texte sont, sauf indi- Humidité*
cation contraire, massiques.
*Déduite par calcul
d'après matière
sèche (92,7%)
1.2 Traitement des graines oléagineuses
1.2.1 Conservation
À la récolte, les graines oléagineuses ne se présentent pas Figure 2 – Composition de la graine de tournesol (doc. ITERG)
toujours dans des conditions favorables à une bonne conservation.
Les graines sont en effet l’objet de plusieurs causes d’altération :
– action des microorganismes, en présence d’humidité (moisis-
sures, levures, bactéries) ;
– action des enzymes (lipases hydrolysantes, lipoxydase...) ;
– action de l’air ;
– interaction de certains constituants (interactions entre sucres
Protéines brutes
et acides aminés, formation de complexe lipo-protéiques...).
Cellulose brute
Les graines oléagineuses sont réceptionnées et conservées dans
les mêmes installations que les céréales. Cependant, elles Matières grasses
présentent des propriétés particulières et il est essentiel de procé- Amidon (polarimètrie)
der aux opérations de nettoyage et séchage, qui permettent de Sucres totaux
maîtriser les facteurs d’altération : température, humidité, air, bri-
Cendres
sures des graines. Ces opérations sont généralement effectuées
chez les organismes stockeurs, premiers intervenants de la filière Humidité*
oléagineuse. Les recommandations sont notamment de stabiliser
les oléagineux aux niveaux d’humidité suivants [3] : colza : 8 à 9 %, *Déduite par calcul
d'après matière
tournesol 7 à 8 %, soja 12 à 13 %. sèche (87,9%)
En outre, des critères importants liés à la maîtrise de la sécurité
(problématique d’explosivité des poussières et directives silos)
sont à prendre en compte à ce niveau [4]. Figure 3 – Composition de la graine de soja (doc. ITERG)
1.2.2 Composition
Les graines dont la teneur en matière grasse est supérieure à
Les graines oléagineuses se composent essentiellement d’une 35 % sont dites riches en huile (colza, tournesol, arachide). Leur tri-
enveloppe ou tégument (coque) riche en cellulose et d’un embryon turation industrielle met en œuvre des opérations de prépression
encore appelé amande riche en huile. Les compositions des graines et d’extraction au solvant ; les graines dont la teneur en huile est
oléagineuses principalement cultivées en France, à savoir colza, inférieure à 35 % – dites pauvres en huile – sont directement tritu-
tournesol et soja sont reportées dans les figures 1, 2 et 3. rées par extraction sans prépression préliminaire.
100 kg
Graines
Broyage
T Aplatissage
R
I
T Flocons
U
R
A
T Cuisson
34 kg Figure 5 – Aplatisseur à graines oléagineuses (doc. Daman Croes)
I 66 kg
O Huile brute Tourteau
Pression
N de pression de pression
1.2.3.2 Préparation mécanique
41 kg
Ces opérations comprennent broyage et/ou applatissage (lami-
7 kg
nage) qui se font sur des broyeurs à une ou plusieurs paires de
Huile brute Extraction cylindres horizontaux (figure 5) ; la graine oléagineuse passe entre
Huile brute solvant
d’extraction
ces cylindres plus ou moins rapprochés.
Du fait de sa petite taille, la graine de colza est directement aplatie
Raffinage Désolvantation
(cylindres lisses quasiment en contact) ; le tournesol et le soja sont
39-40 kg 57 kg broyés sur des cylindres cannelés avant aplatissage ; il est ainsi
possible d’obtenir des flocons ou flakes.
Tourteau
Huile
deshuilé Cette étape de préparation a pour but de réduire la dimension
raffinée
1-2 % MG
des graines afin de faciliter le travail des presses ou l’action du
Alimentation humaine Alimentation animale solvant d’extraction et donc d’améliorer les rendements en huile.
L’idée courante que ces opérations de division de la graine brute
Figure 4 – Fabrication d’huile et de tourteau à partir de graines : permettent essentiellement de rompre les parois cellulaires s’avère
exemple du colza (doc. ITERG) infondée. Des études approfondies, grâce à la microscopie électro-
nique, sur le rôle de la structure cellulaire, ont clairement reconnu
que l’huile ne peut être extraite que grâce à la structure poreuse
1.2.3 Opérations unitaires de trituration
des parois cellulaires [7]. L’huile sort du réseau cellulaire par les
Les opérations essentielles de nettoyage et séchage sont le plus plasmodesmes. Les dimensions de ces pores, leur fréquence spa-
souvent réalisées dès la récolte par les opérateurs industriels tiale et la porosité moyenne des parois cellulaires ont d’ailleurs pu
stockeurs (§ 1.2.1). La graine est donc réceptionnée à l’huilerie, être mesurées par certains auteurs [8].
nettoyée et séchée sauf sur certains sites alors équipés d’équipe-
ments conventionnels non spécifiques aux graines oléagineuses : 1.2.3.3 Préparation thermique
tambours cribleurs de prénettoyage, déferrailleur, épierreur, tamis En complément de la préparation mécanique, le conditionnement
vibrant de nettoyage... thermique du flocon permet d’améliorer sa « pressabilité ».
Les opérations de trituration proprement dites comportent Les équipements employés pour le conditionnement thermique
d’éventuelles opérations de décorticage ou dépelliculage, des opé- des graines peuvent se diviser classiquement en deux types :
rations de préparation mécanique et thermique de la graine oléagi-
neuse suivies des opérations de pression et/ou d’extraction par – chauffoirs verticaux à plusieurs caissons ;
solvant [5] [6]. Le schéma de la figure 4 présente ces différentes – chauffoirs tubulaires horizontaux.
opérations. Le point essentiel est ici de maîtriser le spectre de séjour de la
graine dans le cuiseur, donc son cheminement qui doit être le plus
1.2.3.1 Décorticage et dépelliculage régulier possible. Le chauffage de ces appareils se fait par double
enveloppe.
L’intérêt de ces opérations est d’éliminer les matières de faible
valeur nutritionnelle pour l’alimentation animale et de faciliter Il est important de maîtriser l’humidité du flocon cuit en sortie
éventuellement les traitements suivants : l’intérêt est discutable de cuisson et donc les cuiseurs sont équipés, d’une part, d’un sys-
suivant la nature de la graine et le lieu de trituration. tème d’addition éventuelle d’eau ou d’injection directe de vapeur
et, d’autre part, d’extracteurs permettant l’évacuation des buées.
Ainsi, pour l’arachide qui contient 25 à 30 % de coque ligneuse très Les barèmes de cuisson dépendent de la nature de la graine et
abrasive et sans aucune valeur nutritive, la question ne se pose pas. de son humidité.
Par contre pour le colza, le tournesol et le soja, il en va autrement en
Europe de l’Ouest. Le colza et le tournesol, malgré la mise au point Ainsi la cuisson de flocons de colza se fait, vers 90 à 100 oC pen-
de techniques et d’équipements de décorticage et de dépelliculage dant 40 mn environ, sans ajout d’eau.
performants, ne sont pas décortiqués du fait d’un bilan économique
défavorable. Le rôle de la cuisson thermique des graines oléoprotéagineuses
sur les modifications cellulaires est moins contreversé que celui
En résumé, les techniques présentent un certain coût et relatif aux prétraitements physiques. La cuisson thermique des
entraînent, en outre, une faible perte en huile qui n’est pas à ce graines permet de coaguler les protéines des parois cellulaires
jour contrebalancée par la plus value des tourteaux plus riches en pour les rendre perméables à l’huile. Simultanément, la cuisson
protéine et par la valorisation énergétique des coques ou pellicules permet la coalescence des petites vésicules d’huile en larges
brûlées en chaudière pour produire de l’énergie. gouttes détruisant l’émulsion protéines-lipides. Elle réduit les inter-
actions entre l’huile et la surface solide des graines et favorise Par contre, les artisans huiliers, ne disposant pas d’installation
l’augmentation du diamètre des pores cellulaires, permettant par d’extraction, ont intérêt à déshuiler le plus possible, l’huile présen-
conséquent une meilleure diffusion et sortie de l’huile [9]. D’autres tant la plus forte valeur ajoutée. Il faut noter que ce système méca-
effets importants de la cuisson sont à mentionner : nique d’extraction d’huile présente des limites. Les presses les
– stérilisation (de salmonelles éventuellement présentes par plus modernes ne déshuilent pas, de façon industriellement accep-
exemple) ; table, au-dessous de 5 À 6 %.
– désactivation des enzymes thermosensibles (myrosinase du
colza par exemple) ; 1.2.3.5 Clarification de l’huile de pression
– destruction de substances toxiques. En sortie de presse, l’huile contient une faible quantité de parti-
cules solides (appelées pieds de presse) résultant du laminage des
1.2.3.4 Pressage mécanique graines entre les barreaux. Ces particules, riches en lipases hydro-
lysantes doivent être éliminées efficacement pour une bonne
Le pressage de la graine préparée se fait principalement de conservation de l’huile. La clarification comporte généralement
façon continue dans des presses à cages métalliques filtrantes deux étapes : passage de l’huile sur tamis statique ou vibrant, suivi
constituées par des barreaux plus ou moins jointifs suivant la par- d’une filtration soit sur de traditionnels filtres presses avec cadres
tie de la cage intéressée (figures 6 et 7). La graine préparée (flo- et plateaux, soit sur filtre fermé à toile métallique avec program-
cons cuits) y est introduite et comprimée par une combinaison de mation et débatissage automatique. Un modèle de filtre de ce
vis sans fin à pas dégressif (les arrangements) tournant à vitesse type, à cuve verticale et débatissage par vibration est représenté
généralement lente. Un cône, dont on peut régler la position, déli- sur la figure 8.
mite à l’extrémité de la cage un espace annulaire plus ou moins L’emploi de décanteur centrifuge horizontal au lieu de filtres est
rétréci et par lequel sort le tourteau ou plus exactement les écailles également possible.
de presse. Ce tourteau de pression reste plus ou moins chargé en
matière grasse suivant la nature de la graine et les conditions de 1.2.3.6 Extraction par solvant
pression. Plus la pression est élevée du fait du choix des arrange-
ments et plus le taux de déshuilage est important. Par contre, le En sortie de pression, les écailles de presse contenant une quan-
débit est faible et l’usure plus importante, notamment au niveau tité non négligeable de matière grasse sont acheminées après
des barreaux de presse. broyage sommaire via des transporteurs (redlers ) à l’atelier
d’extraction.
L’huilier est donc amené à adopter un compromis au niveau du
Dans l’atelier d’extraction sont réalisées les trois étapes spéci-
taux de déshuilage visé en tenant compte de son outil industriel.
fiques d’extraction en phase solvant :
Les triturateurs industriels disposant d’une unité d’extraction au
solvant permettant de récupérer la quasi-totalité de l’huile restante – extraction physique de l’huile contenue dans les écailles de
dans les écailles de presse n’ont pas intérêt à procéder à un dés- presse ou la graine préparée, dans un extracteur, par un solvant
huilage trop poussé à ce niveau. d’extraction ;
– désolvantation et toastage du tourteau, opérations souvent
Des taux de l’ordre de 20 % de matière grasse résiduelle sont cou- combinées à celles de séchage et refroidissement ;
rants pour les tourteaux de pression de tournesol et le colza ; il ne – distillation du miscella d’huile et de solvant pour obtenir l’huile
s’agit donc à ce niveau que d’un déshuilage partiel par prépression. d’extraction et permettre le recyclage du solvant.
AU SOMMAIRE
www.techniques-ingenieur.fr