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EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE

Formulation

Conservateurs pour cosmétiques - Généralités et

conservateurs antimicrobiens

par Xavier FERNANDEZ, Florence MERCK, Audrey KERDUDO

RÉSUMÉ

Les fabricants de cosmétiques sont tenus de garantir la conservation des produits qu’ils mettent sur le marché. L’introduction
de conservateurs permet ainsi de protéger les produits cosmétiques des contaminations microbiennes, auxquelles ils sont
exposés lors de la production, mais aussi ensuite lors de leur utilisation. L’interdiction des parabènes en cosmétique a accru
l’intérêt pour les conservateurs d’origine naturelle, qui pour autant soulèvent parfois certains problèmes. Reste qu’il est
également possible de repenser la fabrication des produits cosmétiques pour l’orienter vers une approche plus écologique en
adaptant les paramètres de formulation, de packaging et de conditionnement.

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Conservateurs pour cosmétiques
Généralités et conservateurs antimicrobiens

par Xavier FERNANDEZ

Docteur en sciences, HDR
Maître de conférences à l’Université de Nice-Sophia Antipolis
Directeur du Master 2 Professionnel chimie formulation, analyse et qualité (FOQUAL)
Institut de chimie de Nice UMR CNRS 7272, Université de Nice-Sophia Antipolis
Florence MERCK
Master Valorisation des ressources végétales (Université de Strasbourg)
Doctorante en Chimie
Institut de chimie de Nice UMR CNRS 7272, Université de Nice-Sophia Antipolis
et Audrey KERDUDO
Ingénieur Chimiste (ENSC de Rennes)
Doctorante en Chimie
SOFIA Cosmétiques
Institut de chimie de Nice UMR CNRS 7272, Université de Nice-Sophia Antipolis

1. Conservation des produits cosmétiques ................................... J 2 284 - 2

1.1 Généralités et enjeux ................................................................................... — 2
1.2 Différents types de conservateurs .............................................................. — 3
1.3 Conservateurs autorisés .............................................................................. — 3
1.4 Tests biologiques appliqués à la conservation des produits cosmétiques — 6
2. Paramètres influençant la conservation des cosmétiques........... — 8
2.1 Ingrédients.................................................................................................... — 8
2.2 Activité de l’eau............................................................................................ — 10
2.3 pH .................................................................................................................. — 11
2.4 De la fabrication au packaging.................................................................... — 12
3. Conservateurs de synthèse ................................................................... — 13
3.1 Acide sorbique, formol et autres conservateurs de synthèse .................. — 13
3.2 Cas des parabènes ....................................................................................... — 13
4. Conservateurs naturels........................................................................... — 16
4.1 Définitions et modes d’obtention ............................................................... — 16
4.2 Huiles essentielles........................................................................................ — 16
4.3 Extraits naturels ........................................................................................... — 16
4.4 Mode d’action des conservateurs naturels ................................................ — 16
4.5 Cas des cosmétiques biologiques .............................................................. — 18
5. Autres solutions ........................................................................ — 19
5.1 En formulation.............................................................................................. — 19
5.2 Stérilisation................................................................................................... — 19
5.3 Autres solutions ........................................................................................... — 19
6. Conclusions et perspectives ...................................................... — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2 284

haque jour, les français achètent en moyenne 525 000 shampoings,

C 309 000 produits de soins spécifiques et 157 000 flacons de parfum. En
2008, le marché de la cosmétique en France représentait un chiffre d’affaires
de plus de 16 milliards d’euros. Ce secteur est en croissance constante et était

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CONSERVATEURS POUR COSMÉTIQUES _________________________________________________________________________________________________

cette même année le quatrième secteur exportateur de l’industrie française,

derrière l’aéronautique, l’automobile et les boissons (hors armement). Au sein
même de ce marché lucratif, la cosmétique biologique et naturelle est en pro-
gression continue, répondant ainsi à la demande accrue des consommateurs.
On entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à
être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain ou
avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principal-
ement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect et/ou de corriger
les odeurs corporelles et/ou de les protéger ou de les maintenir en bon état.
Que l’orientation choisie soit la cosmétique classique ou naturelle, les industriels
de ce secteur sont tous confrontés à un problème majeur : la conservation des pro-
duits cosmétiques.
En effet, il est indispensable de protéger toute formule de la contamination
microbienne afin de garantir au produit une durée de vie suffisante, mais égale-
ment une sécurité d’utilisation maximale au consommateur. De plus, les
conservateurs doivent protéger les produits des contaminations extérieures,
notamment celles venant du consommateur par contact avec le produit, de l’air,
du stockage...
Les conservateurs utilisés peuvent être d’origine synthétique ou naturelle.
Ainsi, on dénombre une cinquantaine de conservateurs antimicrobiens d’ori-
gine synthétique autorisés en Europe. Parmi eux, les esters de l’acide
4-hydroxybenzoïque, également connus sous le nom de parabènes, présents
dans 80 % des produits cosmétiques.
Ces parabènes ont fait l’objet d’études scientifiques et sont controversés en
raison de leur cancérogénicité potentielle. Cela a conduit les autorités fran-
çaises à légiférer pour interdire l’utilisation des parabènes en cosmétique. Un
intérêt massif est depuis porté aux conservateurs d’origine naturelle, aux cos-
métiques biologiques, considérés comme sains et dénués de tout risque.
Cependant, des conservateurs naturels comme les huiles essentielles sont
souvent à l’origine d’allergies. D’autres considérés comme écocompatibles,
tels que l’alcool, peuvent provoquer un dessèchement de la peau. C’est pour-
quoi il est important d’étudier les alternatives de conservation permettant une
formulation plus écologique et orientée vers le « naturel », à savoir les autres
solutions naturelles, mais également les solutions directement liées aux para-
mètres de formulation, au packaging et au conditionnement des produits
cosmétiques.
Sauf indications contraires, les pourcentages indiqués dans ce texte sont
massiques.

1. Conservation des produits – l’atmosphère des locaux ;

– le personnel.
cosmétiques Ils ont également un rôle de protection lors de l’utilisation du pro-
duit par le consommateur qui le pollue lors du prélèvement.
1.1 Généralités et enjeux Tous les produits cosmétiques doivent contenir des conservateurs.
Néanmoins, selon leur nature, composition ou packaging, leur
présence et concentration peuvent être très différentes.
On appelle conservateur toute substance ou mélange de subs-
tances permettant de lutter contre la dégradation chimique ou
microbiologique d’un produit. Plus particulièrement, les conserva- Ainsi, un produit pauvre en éléments nutritifs pour les micro-orga-
teurs antimicrobiens s’opposent aux dégradations d’origine bacté- nismes (eau, sucres, vitamines, protéines ou acides aminés) peut
rienne ou fongique (champignons microscopiques ou levures). contenir peu de conservateur, alors qu’un produit riche en éléments
nutritifs et/ou en pot doit en contenir une grande quantité qui peut
aller jusqu’à la quantité maximale autorisée, à savoir 1 % de phe-
Les conservateurs jouent plusieurs rôles dans la protection des noxyéthanol ou encore 0,5 % d’urée diazolidinyle par exemple,
produits cosmétiques. Ils permettent tout d’abord la protection des sachant que les formulateurs privilégient bien souvent un mélange
produits cosmétiques des contaminations pouvant être apportées de conservateurs en quantités inférieures, plutôt qu’un seul à son
lors de la production par : maximum autorisé. Dans certains cas, un produit anhydre ou sous
– les matières premières (principes actifs, eau, colorants...) ; forme d’aérosol et contenant de l’alcool peut ne pas contenir de
– les articles de conditionnement ; conservateur.

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J 2 284 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.
_________________________________________________________________________________________________ CONSERVATEURS POUR COSMÉTIQUES

1.2 Différents types de conservateurs

Liste des acronymes
On distingue plusieurs catégories de conservateurs antimicrobiens :
Sigle Définitions – les bactériostatiques : empêchent le développement des bactéries ;
– les bactéricides : tuent les bactéries ;
AFNOR Association française de normalisation – les fongistatiques : empêchent le développement des champignons ;
– les fongicides : tuent les champignons.
AFSSAPS Agence française de sécurité sanitaire Leur activité peut s’expliquer par trois grands modes d’action :
des produits de santé
– la dénaturation des protéines ;
ARPP Autorité de régulation professionnelle – l’altération des systèmes enzymatiques de la cellule bactérienne ;
de la publicité – la modification du système de reproduction en dénaturant les
acides nucléiques.
ATCC American Type Culture Collection Les conservateurs antimicrobiens ont pour mission de protéger
les produits cosmétiques des contaminations qui peuvent être
BDIH Bundesverband der Industrie- und Handelsun- apportées par la fabrication. Celles-ci peuvent provenir de dif-
ternehmen (Association fédérale des entrepri- férentes sources : les matières premières (l’eau, les principes actifs
ses commerciales et industrielles) d’origine biologique, les colorants ou encore le talc), les articles de
conditionnement, l’air ambiant ou les manipulateurs.
BPF Bonnes pratiques de fabrications
Leur rôle consiste également à protéger le produit de la
contamination par l’utilisateur au moment de son prélèvement.
CCM Chromatographie sur couche mince
Les bonnes pratiques de fabrication (BPF) permettent d’obtenir un
CFU Coloning Forming Unit (unité formant produit fini très peu contaminé (§ 2.4.1). Certaines méthodes de
(ou UFC) colonie) conditionnement permettent d’échapper à l’emploi d’un
conservateur dans la formulation (§ 2.4.2 et § 5). Ils peuvent empê-
CIP Collection de l’Institut Pasteur cher leur développement en étant bactériostatiques ou fongista-
tiques, et les tuer en étant bactéricides ou fongicides.
CMC Concentration micellaire critique

CMI Concentration minimale inhibitrice 1.3 Conservateurs autorisés

COSMOS Cosmetic Organic Standard
(norme cosmétique biologique) En Europe, les conservateurs antimicrobiens pouvant être
utilisés dans les produits cosmétiques sont inscrits sur une liste
EDTA Acide éthylène diamine tétra acétique positive : l’annexe V de la Directive cosmétique européenne
(arrêté du 6 février 2001 pour la législation française). Cette
EN Norme européenne réglementation fixe également leurs concentrations, leurs
limites et conditions d’utilisation.
IMI International Mycological Institute,
Royaume-Uni
Certaines de ces substances (elles sont alors notées avec le
IP Institut Pasteur symbole (*)) peuvent également être utilisées à d’autres
concentrations et à d’autres fins dans les produits cosmétiques.
ISO International Standardization Organisation Dans cette annexe, on entend par :
(Organisation internationale de normalisation)
– sels, les sels des cations sodium, potassium, calcium, magné-
KCTC Korean Collection for Type Culture sium, ammonium et éthanolamine ; des anions chlorure, bromure,
sulfate, acétate ;
NBRC National Biological Resource Center – esters, les esters de méthyle, d’éthyle, de propyle, d’isopro-
pyle, d’isobutyle et de phényle.
NCIMB National Collection of Industrial and Marine Les différentes restrictions sont très variables selon les structures.
Bacteria Ainsi, tous les produits formulés contenant du formaldéhyde ou une
substance libérant du formaldéhyde doivent présenter obligatoire-
NCPF National Collection of Pathogenic Fungi ment sur leur étiquette la mention « contient du formaldéhyde » si
la concentration dans le produit fini dépasse 0,05 %.
NCTC National Collection of Type Cultures

NF Norme française Certaines substances peuvent également être utilisées dans la

formulation de produits cosmétiques et posséder des propriétés
PP Polypropylène antimicrobiennes, elles contribuent ainsi à la conservation du
produit. Néanmoins, ces substances – principalement des alco-
PE Polyester
ols et huiles essentielles – n’étant pas dans l’annexe V, ne peu-
vent être considérées comme des conservateurs.
PS Polystyrène

PVC Chlorure de polyvinyle

1.3.1 Conservateurs de synthèse
SCCP Scientific Committee on Consumer Products
(Comité scientifique des produits Même si plusieurs dizaines de conservateurs antimicrobiens de
de consommation) synthèse sont autorisées (tableau 1), le formulateur se contente géné-
ralement de quelques-uns d’entre eux qui sont fréquemment utilisés.

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Tableau 1 – Exemple de conservateurs autorisés en cosmétique

Conditions d’emploi
Concentration massique et avertissement
Numéro CE Substance Limitations et exigences
maximale autorisée à reprendre obligatoire-
ment sur l’étiquetage

Acide benzoïque, ses sels

1 0,5 % (en acide)
et ses esters (*)

2 Acide propionique et ses sels (*) 2 % (en acide)

À ne pas utiliser dans les

préparations destinées Ne pas employer pour les
3 Acide salicylique et ses sels 0,5 % (en acide) aux enfants au-dessous soins d’enfants au-des-
de 3 ans, à l’exception sous de trois ans
des shampoings

4 Acide sorbique et ses sels 0,6 % (en acide)

0,2 % (sauf pour hygiène

buccale)
Interdiction
5 Formaldéhyde et paraformaldéhyde 0,1 % (pour hygiène dans les aérosols (sprays)
buccale)
Concentration exprimée
en formaldéhyde

Autorisé dans les

produits rincés après
Sels du zinc du pyridine-1-oxy-2-thiol
8 0,5 % usage. Interdits dans les
(*) (pyrithione de zinc)
produits pour les soins
buccaux

18 Acide undécylénique et ses sels (*) 0,2 % (en acide)

Contient du glutaraldé-
hyde (dans la mesure
Interdit dans les aérosols où la concentration
48 Glutaraldéhyde (1,5-pentanedial) 0,1 %
(sprays) en glutaraldéhyde
dans le produit fini
dépasse 0,05 %)

Pendant très longtemps les esters de l’acide 4-hydroxybenzoï-
ques ou parabènes furent les plus utilisés. Fin 2010, ils étaient pré-
sents dans plus de 80 % des produits cosmétiques, principalement
les esters propyliques et méthyliques. Ils possèdent de très bonnes
activités bactéricides et fongicides et sont très bon marché. Ils sont
généralement vendus et utilisés en mélange pour présenter un
spectre d’activité le plus large possible.
D’autres conservateurs de synthèse (figure 1) sont également
couramment utilisés, il s’agit de :
– l’acide sorbique (fongicide) ;
– l’acide déhydroacétique et son sel de sodium (fongicide) ;
– l’acide benzoïque (fongicide) ;
– l’acide salicylique (fongicide et bactéricide) ;
– le formol (bactéricide, fongicide, mais allergisant) ;
– les donneurs de formol (Germall 11, Imidazolidine urée, Broni-
dox, Bronopol (bromonitropropanediol), Dowicil 200, Glydant ) ;
– le chlorure de benzalkonium (fongicide et bactéricide) ;
– le triclosan (fongicide et bactéricide) ;
– la chlorhexidine (fongicide et bactéricide) ;
– le glutaraldéhyde (fongicide et bactéricide).
Les alcools possèdent des propriétés conservatrices mais à forte
concentration uniquement. Ainsi, l’éthanol peut être considéré
comme un conservateur si sa concentration dans la formule est
supérieure à 20 %.
1.3.2 Conservateurs naturels
De nombreux extraits naturels (huiles végétales, huiles essen-
tielles, extraits aqueux ou organiques...) possèdent des propriétés
antimicrobiennes. Cependant, ne faisant pas partie de la liste des
56 conservateurs autorisés, ils ne peuvent pas être utilisés et
étiquetés comme conservateurs. Néanmoins, le rejet des
conservateurs de synthèse par les consommateurs depuis la polé-
mique sur les parabènes conduit progressivement à une augmen-
tation de leur utilisation.
On recense un grand nombre de publications sur ce sujet,
plus de 5 000 références pour une recherche relative au
concept extraits conservateurs (extract preservative) sur la
base de données SciFinder (Chemical Abstract Service CAS),
dont la majeure partie ces dix dernières années, et de
nombreux nouveaux extraits commercialisés dans ce but ces
dernières années.

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