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Microéconomie — Poly n° 3 22

Rappel : l’ensemble des états réalisables que A préfère à son panier de dotations initiales,
Q0A = (3 , 3), est la zone hachurée en bleu dans le graphique ci-dessous. Et l’ensemble des états
réalisables que B préfère à son panier de dotations initiales, Q0B = (8 , 2), est la zone hachurée en
jaune dans le graphique ci-dessous (le même que le dernier graphique du poly précédent).

OB

Comment A et B vont-ils se coordonner ? Quel taux d’échange va-t-il en résulter ?

Si les échanges sont volontaires, l’ensemble des états réalisables que A et B sont susceptibles de
tous deux trouver acceptables sont ceux situés dans la zone hachurée à la fois en bleu et en rouge,
appelée la lentille, en raison de sa forme. Car passer de l’état réalisable E0 à tout état réalisable de
la lentille les avantage tous les deux.

Exemple : supposons que A cède 0,5 unité de bien (2) à B en échange de 1,5 unités de bien (1) (le
taux d’échange – autrement dit le prix du bien (1) en bien (2) – est alors égal à 0,5/1,5 = 1/3 ; ce
taux d’échange est représenté par la valeur absolue de la pente du segment [E0E’] sur le graphique
ci-dessous) :
• A se retrouve alors avec le panier Q’A = Q0A + (1,5 ; – 0,5) = (3 , 3) + (1,5 ; – 0,5) = (4,5 ; 2,5)
• et B, avec Q’B = Q0B + (– 1,5 ; 0,5) = (8 , 2) + (– 1,5 ; 0,5) = (6,5 ; 2,5).
• Sur le graphique ci-dessous, ils sont donc passés de l’état réalisable E0 = {(3 , 3) , (8 , 2)} à l’état
réalisable E’ = {(4,5 ; 2,5) , (6,5 ; 2,5)}.
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A cède 0,5
bien (2) à B …
E’
… en échange
de 1,5 bien (1)
àB…

Certes, ils préfèrent tous deux l’état réalisable E’ à l’état initial E0 (puisque E’ est dans la lentille),
mais il n’y a aucune raison qu’ils se mettent d’accord sur cette allocation des ressources plutôt
qu’une autre. Qui propose cet échange ? Pourquoi l’accepteraient-ils ? Si c’est A qui propose cet
échange, B ne va-t-il pas trouver qu’il doit donner beaucoup de bien (1) pour trop peu de bien
(2) ? Qu’il aurait pu en céder un seul et cependant améliorer la satisfaction de A ? Et puis est-ce
« rationnel » au sens, défini plus haut, où il s’agit de la satisfaction la plus grande qu’ils puissent
obtenir ?
Bref, si l’on n’ajoute aucune hypothèse, on ne peut pas dire quelles quantités A et B vont échanger,
ni a fortiori sur quel taux d’échange ni sur quelle allocation ils vont se mettre d’accord, si tant est
qu’ils se mettent d’accord d’ailleurs.

On sait simplement que, si l’échange a lieu, ce qui n’est pas sûr, celui-ci s’effectuera à prix du bien
1 1
(1) en bien (2), p1/p2, compris entre TMSA(Q0A) et TMSB(Q0B), autrement dit ici entre 4 et 3.

En effet,
𝑞2 3 1
• comme TMSA(q1 , q2) = , on a : TMSA(3 , 3) = = ,
2𝑞1 2×3 3
𝑞 2 1
• et comme TMSB(q1 , q2) = 𝑞2, on a : TMSB(8 , 2) = 8 = 4.
1

Or, graphiquement :
1
• TMSB(Q0B) = 4 est la pente de la tangente à la courbe d’indifférence de B passant par Q0B

donc par E0 sur le diagramme ci-dessus (en pointillés jaunes sur le graphique ci-dessus).
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1
• TMSA(Q0A) = 3 est la pente de la tangente à la courbe d’indifférence de A passant par Q0A

donc par E0 (en pointillés bleus sur le graphique ci-dessus).


• Et le taux d’échange entre E0 et un état réalisable E’ quelconque de la lentille, est donné,
graphiquement par la pente du segment [E0E’]. Or on voit bien que, où que soit E’ dans la
1 1
lentille, la pente de [E0E’] sera comprise entre 4 et 3, tout comme dans notre exemple où

le segment [E0E’] apparaît en pointillés noirs.

Le raisonnement économique qui mène à cette conclusion sera effectué en TD. Indice : il faut partir
de la définition du TMS comme prix de réserve.

1 1
Cela dit, un prix compris entre 4
et 3, ça laisse encore une infinité de possibilités.

Si l’on ajoute une hypothèse. Si, par exemple, on fait l’hypothèse que A et B ne feront pas d’échange
s’ils peuvent encore améliorer leur satisfaction, on peut préciser un peu les choses.
Les allocations telles que, si elles sont choisies par A et B, alors ceux-ci ne peuvent pas améliorer
leur satisfaction (acceptables, donc, pour des agents « rationnels ») ne sont pas en effet toutes les
allocations de la lentille. Ce sont les allocations de la lentille telles que les courbes d’indifférences
de A et de B sont tangentes, autrement dit telles que leurs TMS sont égaux.

L’ensemble des états réalisables tels que les TMS de A et de B sont égaux forment ce que l’on
appelle la courbe des contrats. On verra plus tard comment déterminer ces allocations. Notons
simplement ici que, dans notre exemple, cette courbe a la forme suivante (en gris sur le graphique
ci-dessous) :
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Zoom :

Donc si l’on ajoute l’hypothèse selon laquelle A et B ne feront pas d’échange s’ils peuvent encore
améliorer leur satisfaction, on peut dire qu’ils ne se mettront pas d’accord sur un autre état
réalisable que ceux situés à l’intersection de la lentille et de la courbe des contrats.

Ce qui fait encore beaucoup (une infinité en fait) de possibilités.

Ca avait l’air de rien comme ça : deux agents ayant des préférences convexes désirant améliorer
leur situation en échangeant entre eux une partie de leurs dotations initiales. Pourtant, malgré
toutes les hypothèses qu’on a déjà faites :

• on ne sait pas s’ils vont se mettre d’accord sur un taux d’échange ;


• s’ils se mettent d’accord, on a une infinité de taux d’échanges possibles ;
• quelles quantités seront-elles échangées ?

On a donc une indétermination.


Le modèle de concurrence parfaite est une façon de lever cette indétermination.
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III Le modèle de concurrence parfaite

1. Les hypothèses du modèle de concurrence parfaite

Les hypothèses faites sur les biens et le consommateur sont communes au modèle de concurrence
parfaite et à certains modèles de concurrence imparfaite.
Outre ce premier ensemble d’hypothèses, le modèle de concurrence parfaite contient deux types
d’hypothèses : des hypothèses institutionnelles (concernant l’organisation des échanges) et des
hypothèses sur les croyances et les comportements des agents (consommateurs et producteurs).

Plus précisément, dans ce modèle, les choses se déroulent comme suit (c’est l’histoire que raconte
les équations du modèle… ou plutôt une histoire compatible avec les équations du modèle) :
• Une entité autre que les agents du modèle, que l’on appelle généralement « commissaire-
priseur » ou « secrétaire de marché », affiche un prix pour chacun des biens. Les prix de
tous les biens (présents et futurs) sont dès lors connus de tous : il n’y a aucune
incertitude1. Quand le commissaire-priseur affiche les prix de tous les biens, on dit qu’il
existe un système complet de marché. Notons que ce commissaire-priseur est une entité
« fictive », car sans dotations initiales ni revenu.
• Les agents (les consommateurs, ici) croient que ces prix affichés sont indépendants de ce
qu’ils font : ils considèrent donc ces prix comme donnés, on dit qu’ils sont price takers
(preneurs de prix) puisqu’ils se contentent de « prendre » les prix affichés par le
commissaire priseur,
• En outre, ces agents croient qu’ils peuvent acheter ou vendre tout ce qu’ils veulent aux prix
affichés (pas de problème de rationnement ou de débouchés),
• Les échanges directs sont interdits,
• [Pas seulement concurrence parfaite] Sur la base de ces prix les agents formulent des
offres et des demandes (celles qui maximisent leur satisfaction), ils choisissent donc le
panier de bien qu’ils préfèrent parmi les paniers qu’ils peuvent s’acheter à ces prix.

1
Dans ce modèle, l’incertitude est parfois introduite sous la forme d’états de la nature possibles. A chaque période
ou dans chaque lieu, plusieurs états de la nature sont possibles : il peut pleuvoir ou pas, par exemple. Les biens
sont alors caractérisés par leurs caractéristiques, le lieu et la date où ils seront disponibles, et l’état de la nature.
Par exemple, le bien « un parapluie s’il pleut » diffère du bien « un parapluie s’il ne pleut pas ». On parle de « biens
contingents ». Dans ce cas, le secrétaire de marché affiche un prix pour le bien « parapluie s’il pleut » et un prix
pour le bien « parapluie s’il ne peut pas ». Ceci permet d’introduire de l’incertitude sans modifier la teneur du
modèle.
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• Le commissaire-priseur centralise les offres et les demandes. Il les compare. Si, pour chaque
bien, la quantité offerte est égale à ma quantité demandée, si donc on est à l’équilibre
général, alors il organise les échanges. Sinon, aucun échange n’a lieu (dans le modèle de
concurrence parfaite, il n’y a aucun échange hors équilibre) et le commissaire-priseur
affiche de nouveaux prix, ce, jusqu’à ce que, pour chaque bien, les quantités offertes soient
égales aux quantités demandées, et ce, pour chaque bien présent et futur.

Le modèle de concurrence parfaite contient donc des hypothèses de deux types :

• Des hypothèses institutionnelles. Ce sont les règles du jeu : pas d’échange hors équilibre,
centralisation symbolisée par le commissaire-priseur (affiche les prix, dès lors connus de
tous, etc.). C’est paradoxalement cette organisation des échanges que l’on appelle le
marché dans la théorie économique néoclassique.
• Des hypothèses sur les croyances des agents : ceux-ci croient, d’une part, que les
quantités qu’ils offrent et demandent n’ont aucune influence sur les prix, ils sont price
takers2 et, d’autre part, qu’ils peuvent acheter ou vendre tout ce qu’ils veulent.
Remarquons que, dans le modèle lui-même, la première croyance est fausse (puisque les
prix dépendent des quantités offertes et demandées) alors que la seconde est « vraie » au
moment où les échanges ont lieu puisque ceux-ci n’ont lieu qu’à l’équilibre (et qu’à
l’équilibre les quantités offertes et demandées sont égales).

2. Le choix du consommateur en concurrence parfaite (le cas usuel)


On vient de le voir, dans le modèle de concurrence parfaite, un commissaire-priseur affiche les
prix. Supposons que, dans notre économie, il n’y ait que deux biens : (1) et (2), dont les quantités
sont désignées par q1 et q2 et les prix, par p1 et p2. Le commissaire-priseur affiche p1 et p2.
Le consommateur connaît donc les prix ainsi affichés. Et, à ces prix, comme il est rationnel, il
choisit le panier de biens qu’il préfère parmi l’ensemble des paniers qu’il peut consommer
(l’ensemble des consommations possibles). C’est son « programme ». Un consommateur
« rationnel » est, en effet, un consommateur qui maximise sa satisfaction.

a. L’ensemble des consommations possibles (rappels)


Dans une économie à deux biens, l’ensemble des consommations possibles est l’ensemble des
paniers de biens (q1 , q2) que le consommateur peut obtenir en échange de ce qu’il possède.
Or, il possède Q0 = (q10 , q20).

2
Bernard Guerrien (texte du dossier de TD) qualifie cette hypothèse d’institutionnelle, car elle suppose l’existence
d’un commissaire-priseur.
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Lorsque les prix sont affichés, le consommateur peut déterminer la valeur R de ce qu’il possède,
sa richesse, son revenu. C’est R = p1q10 + p2q20.
Il peut également déterminer la valeur V(q1 , q2) d’un panier de bien quelconque (q1 , q2). C’est :
V(q1 , q2) = p1q1 + p2q2.
Il peut alors déterminer l’ensemble C des consommations possibles, à savoir l’ensemble des
paniers qu’il peut s’offrir à ces prix. C’est en effet l’ensemble des paniers (q1 , q2) dont la valeur
V(q1 , q2) est inférieure ou égale à sa richesse, i.e. l’ensemble des paniers tels que V(q1 , q2) ≤ R.
D’où :
C = {(q1 , q2) / p1q1 + p2q2 ≤ R}.
L’inégalité p1q1 + p2q2 ≤ R est ce qu’on appelle la contrainte budgétaire du consommateur.
Pour représenter graphiquement cet ensemble, on commence par tracer la droite d’équation :
p1q1 + p2q2 = R,
appelée droite de budget.
Comme :
𝑅 𝑝1
p1q1 + p2q2 = R ⇒ 𝑞2 = − 𝑞 ,
𝑝2 𝑝2 1
𝑅
dans un plan où q1 est en abscisse et q2, en ordonnée, cette droite a pour ordonnée à l’origine 𝑝 et
2
𝑝1
pour pente − 𝑝 .
2

Exemple
Supposons par exemple que l’agent soit l’individu A rencontré plus haut. Ses dotations initiales
sont (3 , 3). Si le commissaire-priseur affiche les prix 𝑝1 = 1 et 𝑝2 = 4, alors :
R = 1 × 3 + 4 × 3 = 15.
Et, à ces prix, la valeur d’un panier quelconque est : V(q1 , q2) = 1 ×q1 + 4 ×q2
La droite de budget de A a donc pour équation :
1 ×q1 + 4 ×q2 = 15
A savoir :
15 1
𝑞2 = − 𝑞
4 4 1
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L’ensemble C des consommations possibles est l’ensemble (représenté en bleu sur le grahique ci-
dessus) des paniers situés sur ou en dessous de cette droite.

b. Le panier que le consommateur préfère


Etude graphique
Dans le cas usuel, les courbes d’indifférence du consommateur sont continues, décroissantes,
convexes et asymptotes aux axes. Le panier que le consommateur choisit est celui qui, tout en
appartenant à C, est situé sur la courbe d’indifférence la plus éloignée de l’origine. C’est donc le
panier Q* = (𝑞1∗ , 𝑞2∗ ) de la droite de budget où la courbe d’indifférence est tangente à la droite
comme dans le graphique ci-dessous (vu l’année dernière).

Demandes concurrentielles de biens (1) et (2)


q2

Q*
𝑞2∗

𝑞1∗ q1

Le panier Q* étant sur la droite de budget, on dit que le consommateur sature sa contrainte
budgétaire : il dépense tout ce qu’il a. Cela signifie-t-il qu’il n’épargne pas ? Non, car les biens qu’il
consomme sont aussi les biens futurs.

Détermination des quantités demandées par le consommateur


Mathématiquement (voir encadré page suivante), l’agent demande le panier de biens (𝑞1∗ , 𝑞2∗ ) qui
vérifie le système suivant :
𝑝1 𝑞1 + 𝑝2 𝑞2 = 𝑅 𝐿𝑒 𝑝𝑎𝑛𝑖𝑒𝑟 𝑒𝑠𝑡 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑢𝑑𝑔𝑒𝑡
𝑆 {TMS(𝑞 , 𝑞 ) 𝑝1 ′
1 2 = 𝐿𝑎 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑏𝑒 𝑑 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑓𝑓é𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒𝑒𝑠𝑡 𝑒𝑡 𝑙𝑎 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑢𝑑𝑔𝑒𝑡 𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑚ê𝑚𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒
𝑝2

De S, on déduit les fonctions de demande concurrentielles de bien (1) et de bien (2) de l’agent : d1(.)
et d2(.), respectivement.
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MAXIMISATION D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES AVEC CONTRAINTE : LA METHODE DIRECTE

On doit ici maximiser une fonction u(q1 , q2) avec p1q1 + p2q2 = R.
Grâce à la contrainte budgétaire, on peut exprimer l’une des deux variables en fonction de l’autre.
On peut, par exemple, exprimer q2 en fonction de q1. En effet :
𝑅 𝑝1
p1q1 + p2q2 = R ⇒ 𝑞2 = − 𝑞 .
𝑝2 𝑝2 1

En remplaçant q2 par cette expression dans u(∙), on obtient la fonction d’une seule variable, q1,
suivante :
𝑅 𝑝
𝑓 (𝑞1 ) = 𝑢 (𝑞1 , 𝑝 − 𝑝1 𝑞1 ).
2 2

Or cette fonction a un maximum en 𝑞1∗ si et seulement si on a :


𝑓 ′ (𝑞1∗ ) = 0 (condition du premier ordre) et 𝑓 ′′ (𝑞1∗ ) < 0 (condition du second ordre)

La condition du premier ordre permet de retrouver la seconde équation du système S :


𝑅 𝑝1 𝑅 𝑝1 𝑝1
𝑓 ′ (𝑞1 ) = 0 ⇔ 𝑢𝑞′ 1 (𝑞1 , − 𝑞1 ) × 1 + 𝑢𝑞′ 2 (𝑞1 , − 𝑞1 ) × (− ) = 0
𝑝2 𝑝2 𝑝2 𝑝2 𝑝2
(pour celles et ceux qui ont oublié la dérivation en chaîne, voir ci-dessous, en fin d’encadré,
l’extrait de (Guerrien & Parel, 1998) sur la dérivée d’une fonction de fonction)
ce qui donne bien :
𝑅 𝑝1
𝑢𝑞′ 1 (𝑞1 ,
− 𝑞 ) 𝑝
𝑝2 𝑝2 1 1
𝑝1 =
′ (𝑞 𝑅 𝑝
𝑢𝑞2 1 , − 𝑞1 ) 2
𝑝2 𝑝2
(on retrouve la seconde équation du système S, la première équation étant celle de la contrainte)

Dans le cas où les courbes d’indifférence ont la forme usuelle, cette première condition suffit. Les
autres cas seront étudiés dans votre cours de mathématique du second semestre.
________________________________
Extrait de l’annexe mathématique de (Guerrien & Parel, 1998).

(Guerrien & Parel, 1998) est disponible sur l’epi.


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Exemple
Reprenons l’agent A rencontré plus haut. Ses dotations initiales sont (3 , 3) et ses préférences
peuvent être représentées par la fonction définie par : uA(q1, q2) = 𝑞1 𝑞22 . Cette fonction d’utilité
étant de type Cobb-Douglas, les courbes d’indifférence sont donc continues, décroissantes,
convexes et asymptotes aux axes. Ainsi, lorsque le commissaire-priseur affiche les prix p1 du bien

(1) et p2 du bien (2), l’agent A choisit le panier (𝑞1𝐴 ∗
, 𝑞2𝐴 ) solution du système :
𝑝1
TMS𝐴 (𝑞1 , 𝑞2 ) =
𝑆 { 𝑝2 .
𝑝1 𝑞1 + 𝑝2 𝑞2 = 3𝑝1 + 3𝑝2
Or :
𝑝1
𝑞2 𝑝1 𝑞2 = 2 𝑞
= 𝑝 𝑞 = 2𝑝1 𝑞1 𝑝2 1
𝑆⇒ { 2𝑞1 𝑝2 ⇒ { 2 2 ⇒ { 𝑝2
3𝑝1 𝑞1 = 3𝑝1 + 3𝑝2
𝑝1 𝑞1 + 𝑝2 𝑞2 = 3𝑝1 + 3𝑝2 𝑞1 = 1+
𝑝1
D’où :
∗ 𝑝 𝑝
𝑞1𝐴 ∗
= 1 + 𝑝2 et 𝑞2𝐴 = 2 𝑝1 + 2.
1 2

Ce sont les fonctions de demande concurrentielle de bien (1) et de bien (2) de A :


𝑝2 𝑝1
d1A(p1 , p2) = 1 + et d2A(p1 , p2) = 2 + 2.
𝑝1 𝑝2

Si, par exemple, le commissaire-priseur affiche p1 = 1 et p2 = 4, alors les demandes de bien (1) et
4 1 5
(2) de A sont respectivement d1A(1 , 4) = 1+1 = 5 et d2A(1 , 4) = 2 4 + 2 = 2 = 2,5. Elles forment le

panier Q* du graphique ci-dessous.

Choix de l'agent A aux prix p1 = 1 et p2 = 4


10
q2

4 Q*
Q*
2

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
q1
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Si, maintenant, le commissaire-priseur affiche p1 = 2 et p2 = 8, alors l’agent A choisit exactement le


même panier. Pourquoi ? Parce que ces fonctions de demande sont des fonctions de p 1/p2,
autrement dit du prix relatif. Dire que p1 = 1 et p2 = 4, c’est juste dire que le bien (2) est quatre fois
plus cher que le bien (1), ce qui est aussi le cas lorsque p1 = 2 et p2 = 8. Ou lorsque p1 = ¼ et p2 = 1.

Mathématiquement, les fonctions de demande sont homogènes de degré 0 ce qui signifie (cours de
mathématiques de L1) que, lorsqu’on multiplie toutes leurs variables, à savoir les prix, par un
même réel positif quelconque λ, ces demandes sont multipliées par λ0, à savoir par 1 :
d1A(λp1 , λp2) = λ0 d1A(p1 , p2).
1
En particulier, pour λ = 𝑝 , on a :
2

1 1 1 0
𝑑1𝐴 ( 𝑝1 , 𝑝2 ) = ( ) 𝑑1𝐴 (𝑝1 , 𝑝2 )
𝑝2 𝑝2 𝑝2
et donc :
𝑝1
𝑑1𝐴 ( , 1) = 𝑑1𝐴 (𝑝1 , 𝑝2 )
𝑝2
La demande de bien (1) de A ne dépend donc bien que du rapport des prix (autrement dit du prix
relatif).
Prenons, par exemple, la fonction de demande de bien (1) de A :
𝑝
d1A(p1 , p2) = 1 + 𝑝2,
1

on a bien :
λ𝑝 𝑝
d1A(λp1 , λp2) = 1 + λ𝑝2 = 1 + 𝑝2 = d1A(p1 , p2).
1 1

Donc quand on multiplie tous les prix par le même réel λ, les prix relatifs ne variant pas, les
demandes non plus. On dit que les consommateurs ne sont pas « victimes de l’illusion monétaire »
(même s’il n’y a pas de monnaie).

Quelles sont ses fonctions d’offre concurrentielles de l’agent ? Comme il sature sa contrainte
budgétaire, en échange du panier optimal Q* = (𝑞1∗ , 𝑞2∗ ), il offre sa dotation initiale : Q0 = (q10 , q20).
Au panier optimal, l’équation de la droite de budget est en effet :
p1q10 + p2q20 = 𝑝1 𝑞1∗ + 𝑝1 𝑞2∗.
Bref, les fonctions d’offre concurrentielle de bien (1) et (2) sont respectivement :
o1(p1 , p2) = q10 et o2(p1 , p2) = q20.

Dans l’exemple de l’agent A plus haut, on a : o1A(p1 , p2) = 3 et o2A(p1 , p2) = 3.

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