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OCTOBRE 2020
AON
LE PEUPLE GRIS
S’ils ne s’opposent pas à ce que les étrangers accostent Située entre ses deux sœurs, l’île de Vell est paradoxalement
dans leurs ports, les gens d’Aon ne se montrent guère la plus indépendante de l’archipel. La rade de Glassport
hospitaliers. Qui plus est, la rigueur du climat, le caractère est le principal site d’échange entre les insulaires et les
farouche des autochtones et le peu d’importance qu’ils continentaux, mais Vell est aussi tristement réputée pour ses
attachent à la cuisine ne contribuent pas à rendre leurs confréries pirates. De fait, certains marchands se rendent
auberges attrayantes. Néanmoins, ceux qui parviennent à se justement à Glassport afin de négocier une « protection »
lier aux natifs d’Aon découvrent rapidement des gens atten- et se garantir des attaques des pirates de l’île… ou pour
tifs, dotés d’une ironie tranquille et d’une parole on ne peut acheter une partie de leur butin. Glassport est l’endroit le
plus fiable. Derrière leur froideur et leurs manières frustes, plus animé, baroque et dangereux d’Aon. Le reste de l’île
les habitants d’Aon sont des gens sincères qui savent appré- est particulièrement inhospitalier, mais quelques villages
cier les joies simples. de pêcheurs pelotonnés dans des criques abritées sub-
sistent tant bien que mal. Les plus proches de Glassport par-
Les Trois Sœurs viennent même à s’en sortir de manière satisfaisante, car ils
L’archipel d’Aon compte trois grandes îles, les Trois Sœurs : ravitaillent la ville pirate avec le produit de leur pêche.
Aeon, Vell et Banir. Les hauts fonds abondent dans l’archipel
et la grande majorité des côtes est constituée de falaises, Banir est la plus petite des trois îles et la plus proche du conti-
trouées çà et là de plages de galets grisâtres. Les vents souf- nent. Souvent surnommée « le Bouclier », elle accueille en
flent du large à travers des paysages pelés et rocheux, mar- effet une bonne moitié de la flotte royale, prête à repousser
tyrisant le robuste feuillage de bosquets tenaces. des envahisseurs continentaux. Banir est aussi, et cela n’est
pas étranger à la présence massive des soldats royaux, une
Aeon est la plus distante et la plus grande des sœurs, c’est île dont les plages et les falaises abondent en un métal noir
aussi le centre du pouvoir dans l’archipel. « Aeon mène Aon, bien particulier, l’Anaon. De ce minerai, les Hommes d’Acier
mais Aon est plus qu’Aeon », dit un vieux proverbe. On dit de Banir tirent l’acier sombre renommé et surtout l’Acier
Pour l’instant, Aon et Valdheim conservent officiellement des Dans l’histoire de la dynastie Elden, on peut compter
rapports cordiaux qui préservent leurs nombreux échanges quelques faits sanglants lors de querelles de succession,
commerciaux. Cependant, la réalité est moins paisible : les mais contrairement à la plupart des monarchies des Terres
marchands valdhs éprouvent des difficultés croissantes à Sauvages, Aon n’a jamais connu de révolte et aucune armée
négocier les meilleurs prix pour leurs marchandises, et les n’a jamais assiégé Kaer Gaen. Pour la plupart de ses sujets,
pirates d’Aon sont visiblement bien plus enragés que par le le roi est une figure lointaine, qui veille sur leur sécurité. Le
passé lorsqu’ils s’en prennent à leurs navires. palais royal pourrait tout aussi bien se trouver à l’autre bout
du monde. Les changements politiques sont rares et la très
La couronne des îles grande majorité des souverains d’Aon se sont caractérisés
Aon a toujours été un royaume, et Gaelann le Quatrième est par un paternalisme conservateur.
l’héritier d’une longue dynastie, les Elden, qui régnait déjà
depuis Kaer Gaen avant la Nuit du Soleil Noir. Une trentaine Des insulaires revêches et méfiants
de vassaux, portant le titre d’Earl, se partagent les terres de Physiquement, les natifs des Trois Sœurs sont majoritaire-
l’archipel, à l’exception notable de Glassport. La Confrérie ment bruns aux yeux foncés, mais on trouve tout de même
de Vell, qui rassemble la majorité des pirates de l’archipel, quelques roux ou blonds, souvenirs d’unions passées avec
suit les ordres de son Premier Capitaine, Arwon Cinq-Fois- des Valdhs. Le peuple de l’archipel est assez peu expansif,
Mort. Arwon et ses sbires laissent les Earls de Vell tranquilles, et encore plus discret et distant avec les inconnus. Les habi-
tant que ces derniers font de même avec Glassport. tants de Ker Veheril sont un peu plus ouverts et accueillants,
alors que la population de Glassport est la plus cosmopo-
D’une façon générale, les rapports entre le roi et ses vas- lite de l’archipel. Néanmoins, la plupart des étrangers qui
saux sont cordiaux quoiqu’assez distants. Chacun préférant résident à Glassport vivent concentrés dans des rues spé-
sa tranquillité, on accomplit ses obligations dans l’idée que cifiques. La Confrérie de Vell est toujours à la recherche de
cela continue. Le roi collecte les impôts qui servent essen- gens fiables ou talentueux, et elle accueille volontiers les
tiellement à entretenir la flotte et les troupes royales, les continentaux dans ses rangs. Plusieurs capitaines pirates
Earls de leur côté peuvent gérer leur domaine comme ils le parmi les plus réputés sont d’ailleurs des natifs du continent.
L’IMPORTANCE
CRUCIALE DE LA MER
Le climat des Trois Sœurs est rude et la majorité des habi-
tants du littoral risquent leur vie en tant que pêcheurs.
Il n’y a guère qu’à l’intérieur des terres d’Aeon que l’on
trouve une quantité appréciable de paysans et d’éleveurs à la mer, et plus encore au sol rocailleux des îles. Le climat
qui transportent une partie de leur production depuis Ker oblige aussi très souvent les insulaires à vivre en intérieur et
Veheril jusqu’aux autres îles. L’artisanat tourne autour des la plupart, en particulier dans le nord d’Aeon, ont de bonnes
produits nécessaires aux habitants et seul l’acier sombre et compétences pour le petit artisanat. Dans chaque famille,
les épées issues des forges de Banir et d’Aeon sont vendus on trouve quelqu’un qui s’y connaît en poterie ou en van-
aux étrangers. La piraterie – qui épargne comme de juste les nerie, en tissage, cardage, menuiserie, etc. Les gens d’Aon
vaisseaux d’Aon – a permis le développement d’une écono- n’aiment pas l’oisiveté et quand ils n’ont rien d’autre à faire,
mie florissante autour de l’écoulement des butins, certains ils s’occupent les mains avec des petits travaux, du reprisage
produits et denrées étant revendus jusqu’aux recoins les ou de la couture. Hommes et femmes entretiennent d’ail-
plus éloignés de l’archipel. Le roi Gaelann, comme ses pré- leurs eux-mêmes la majorité de leurs vêtements.
décesseurs, ferme les yeux sur les activités des pirates, car
elles contribuent à la relative prospérité du pays. Dans le même temps, l’islefolk est friand de musique et de
chant. Il est rare qu’un foyer n’abrite pas au moins un joueur
L’acier sombre d’Aon est convoité par les continentaux, et de harpe ou de flûte. Les autres instruments ont aussi leurs
vendu au prix fort. Les forgerons de Banir et du reste de l’archi- partisans et les fêtes villageoises sont d’autant plus ani-
pel sont également renommés pour leurs épées et leurs fers de mées et bruyantes que la bière coule à flots. Les chants sont
lance. De leur côté, les insulaires apprécient les vins venus des volontiers mélancoliques, mais il existe un beau répertoire
Royaumes divisés, les bijoux valdhs et les étoffes avhoraeennes. de ballades pirates, de chansons paillardes de marins et de
chants paysans destinés à fouetter le sang et réveiller l’âme.
Sobriété et labeur S’ils sont d’ordinaire travailleurs, les habitants de l’archipel
Les habitants des Trois Sœurs sont industrieux et tenaces. n’apprécient rien tant qu’une soirée entre amis, à pousser la
Il leur faut bien des efforts pour arracher leur subsistance chansonnette autour d’une bonne bière. Un étranger peut
Raffinée, civilisée, puissante, Babel est également d’un inté- La vallée du fleuve Siirh demeure essentielle à la prospérité
rêt politique et mystique majeur pour l’Empire du Soleil de Babel et un soin tout particulier est apporté aux abon-
Noir. S’il parvient à faire tomber le royaume dans son giron, dantes cultures qui s’étendent sur les berges du gigan-
le Culte sait qu’il gagnera considérablement en influence tesque fleuve. C’est aussi sur les rives du Siirh que se trouve
dans l’ouest du continent. La conversion récente de la reine la célèbre route de pierre noire qui traverse le royaume. Non
Taerhonis porte déjà ses fruits, puisque la souveraine a loin des limites de la vallée, cependant, le désert reprend
décrété que l’Unique deviendrait le dieu tutélaire de son rapidement ses droits et il devient alors crucial de ne pas
royaume. Babel n’a pas encore mobilisé ses armées, mais ses s’écarter des pistes qui relient ces villages-oasis que l’on
intentions sont évidentes concernant ses voisins. La ques- nomme les Oubs. Les vents de sable empêchant l’entretien
tion est de savoir qui sera sa première cible. Le Khalistan de routes véritables, la plupart des voies de circulation sont
prospère ? Les Royaumes divisés vulnérables ? Ou l’austère balisées par des poteaux de métal de plusieurs mètres de
et maléfique Saeth, qui contrôle le delta du fleuve Siirh ? haut. Les tempêtes de sable parviennent malgré tout à les
arracher régulièrement et plus d’un voyageur s’est perdu
Babel et l’Arkadie faute de points de repère.
Peu d’étrangers le savent, mais le terme de Babel désigne
en réalité l’ensemble des terres contrôlées par la reine de L’est du royaume ne compte aucune ville d’importance. Le
Sabaah. Le cœur historique du royaume est l’Arkadie. Il est désert des Murmures intéresse peu Babel, mais on le sur-
concentré autour de Sabaah et s’étend sur plusieurs dizaines veille tout de même, afin de parer aux attaques occasion-
de kilomètres vers l’ouest et surtout le nord. Le territoire est nelles des cavaliers de la Horde, qui s’aventurent parfois
riche en cyprès que l’on plante à loisir et bien que leur ali- au-delà des limites de leurs plaines ancestrales et bravent
gnement soit agréable à l’œil, il permet avant tout de modé- les sables. La petite mer intérieure de Nir constitue égale-
rer la puissance des vents du désert. L’Arkadie est le joyau de ment un important foyer agricole. Elle accueille la majorité
Babel et l’on est souvent fier d’en être originaire. Les étran- des pêcheurs du royaume, dans une multitude de bour-
gers considèrent tous les habitants du royaume comme des gades côtières, toutes plus animées les unes que les autres.
Babelites, mais les Arkadiens ne manquent jamais de rappe- Cependant, lorsque l’on atteint la cité d’Uruk, l’ambiance
ler leurs nobles racines. Le babelite, la langue du royaume, devient plus morose et il est couramment admis que le vent
est à peu de choses près la langue arkadienne. Si l’Arkadie du sud apporte de sinistres émanations originaires de Saeth.
constitue le cœur prospère du royaume, le reste de Babel
est bien plus diversifié. La culture arkadienne s’y mêle aux Les ambitions s’éveillent
vestiges des traditions tribales des nomades, ou encore au Au cours de l’histoire de Babel, ses reines ont à plusieurs
reliquat des vieilles croyances des villages assimilés par le reprises ordonné des campagnes pour étendre le royaume,
royaume lors de son expansion. notamment vers l’ouest et les pays jumeaux du Khalistan.
La grande majorité des habitants de Babel est constituée de Enfin, la noblesse arkadienne, les Enkihurus, est assez réduite,
simples citoyens, ou Enuru en babelite. Les Enuru sont des car elle ne compte normalement que la famille royale sur le
hommes libres dotés de droits fondamentaux. Ils exercent la trône et les représentants des lignées matrilinéaires qui l’ont
plupart des métiers peu ou pas qualifiés (porteurs, ouvriers, précédée. Les privilèges des Enkihurus sont nombreux et
serveurs, boutiquiers), ainsi que divers artisanats (potiers, tis- la reine de Sabaah peut en quelque sorte être considérée
serands, forgerons, etc.). Toutes ces professions sont regrou- comme une caste à part entière tant elle est bien au-dessus
pées sous l’égide de guildes, plus ou moins influentes. Enfin, des autres nobles, y compris ses propres parents. La reine
les marchands appartiennent également à la classe des Enuru. peut anoblir toute personne de son choix ou, ce qui revient au
même, la convier à demeurer de manière permanente dans
Les Sabahuls (les faiseurs) ne sont pas (comme leur nom son palais en tant qu’invitée. Au regard de la tradition, cela
pourrait le suggérer) des artisans. Leur classe rassemble équivaut à faire entrer cette personne dans la famille royale.
des groupes organisés autour de savoir-faire particuliers. La reine est seule à pouvoir juger et condamner un Enkihuru,
Architectes, ingénieurs et urbanistes forment le gros des même s’ils sont rares à disposer de réelles responsabilités
effectifs. Ils ont divers privilèges, mais ne peuvent exercer de (auquel cas ils sont également membres de la caste Ulthul). La
manière libre : ils œuvrent pour le pays et pour la reine, en parole royale est absolument irrévocable. Toutes les lignées
organisant le travail des Enuru et en assurant la grandeur des royales de Babel sont d’origine arkadienne et la cour royale ne
cités d’Arkadie. Les plus ambitieux – et talentueux – peuvent parle jamais du royaume qu’en disant « l’Arkadie ». Le terme de
également rejoindre la caste des dirigeants, en devenant « Babel » n’est d’usage que pour désigner les protectorats et
maire (Turru) de bourgade, ou conseiller dans les grandes les territoires frontaliers, en somme tout ce qui est tombé sous
cités du royaume. Par défaut, les érudits et les lettrés sont la coupe du trône au cours des derniers siècles. De même, si
aussi des Sabahuls, mais leur prestige reste bien moindre. la langue du royaume est appelée babelite, les membres de
la cour royale continuent à dire qu’ils parlent l’arkadien.
Les guerriers, depuis les simples gardes jusqu’aux soldats
de l’armée royale, forment la caste des Ahabas, les combat- Les hors-caste
tants. Cette caste bénéficie d’une imposition très légère et On compte trois catégories très différentes d’individus
son prestige rivalise avec celle des Sabahuls. Ses hauts gra- placés en marge du système des castes. La première et la
dés peuvent espérer prendre la tête d’une des grandes cités plus influente, bien que ses effectifs soient peu nombreux,
du royaume, en tant que Commandeurs, le titre traditionnel rassemble les prêtres du Soleil Noir. Les prêtres de l’Unique
des gouverneurs babelites. sont intouchables et à l’abri des lois. Seule la reine peut lever
la main sur eux, même si elle préfère généralement laisser
Les rangs des Asahaas (les Mères) sont exclusivement com- l’archiprêtre régler les cas les plus litigieux. Cette impunité
posés de femmes, dont le rôle est à la fois profane et sacré. permet au Culte de prêcher sa foi ténébreuse sans risquer
Elles sont toutes liées, directement ou symboliquement, à insultes et menaces, du moins en public.
l’eau, source de vie. Les soignantes qui aident les médecins
sont des Asahaas, seules autorisées à manipuler l’eau qui Les esclaves sont également des hors-caste et leur statut est
servira à nettoyer, baigner ou abreuver les malades et les définitif. Ils sont marqués au fer rouge sur le visage et sont
blessés. De même, tous les bateaux qui naviguent sur le Siirh considérés comme de simples outils, des objets mobiles.
à l’intérieur des frontières de Babel doivent employer ou Babel est très demandeuse d’esclaves, à la fois pour le
laisser monter à bord une passeuse qui guidera l’équipage. royaume, mais aussi en tant que marchandise. Les mar-
Les porteuses et les gardiennes qui ont prêté le serment du chands d’esclaves sont d’ailleurs à l’affût de toute rumeur
fleuve sont jugées totalement dignes de confiance : les pre- venant du palais royal, car si la reine Taerhonis se préparait
mières sont chargées d’entretenir les fontaines, les canaux à la guerre, ses conquêtes promettraient bien des captifs…
et les canalisations, alors que leurs consœurs gardent les
écluses, les puits et les sources d’eau du royaume. Enfin, les derniers prêtres des anciens dieux de Babel (tra-
ditionnellement rattachés à la caste des Sabahuls) ont été
La caste des dirigeants, les Ulthuls, est liée au statut et non à déclassés. Ceux qui ont renié leur foi sont devenus Enurus,
la profession ou à la vocation. Ainsi, elle est composée des certains ont voulu montrer leur fidélité à la reine en rejoi-
membres les plus influents des autres castes. Par exemple, gnant les rangs des Ahabas. La plupart ont sagement
Ce ne sont pourtant ni les taxes ni les esclaves qui consti- Babelites les plus aisés possèdent volontiers une demeure
tuent la source véritable des richesses de Babel, mais bien sur deux ou trois niveaux. On témoigne aussi de son aisance
l’eau du Siirh. Par le biais des Asahaas, l’état contrôle sa grâce à la pierre blanche, voire au marbre, que l’on préfère
vente aux citadins, aux agriculteurs et aux éleveurs. À tra- à l’abondante pierre jaunâtre issue du désert. La couleur
vers l’eau, la couronne contrôle donc de manière indirecte blanche est réputée faire barrage aux esprits malveillants
l’agriculture et l’élevage dans tout le royaume. Le Siirh n’est et si l’on ne peut protéger sa demeure avec des briques
pas la seule source d’eau potable, mais à lui seul, il abreuve blanches, on peut au moins tendre du tissu blanc devant les
plus des deux tiers des habitants du royaume, sans parler de fenêtres ou l’entrée. Les plus nantis postent habituellement
leurs jardins et de leurs bêtes. un concierge au seuil de leur foyer, pour que les passants ne
soient pas tentés de venir leur dérober leurs biens.
L’artisanat babelite, décoratif avant tout, fait la part belle aux
poteries, aux teintures et aux tapisseries. Il existe un petit Les poteries, notamment en terre rouge prélevée sur les
marché de bibelots et tissus ciblant les clients fortunés du rives du Siirh, sont omniprésentes et les gens fortunés
reste des Terres Sauvages et dont la renommée grandit peu (Sabahuls, Ulthuls, Enkihurus…) apprécient également les
à peu. La musique, surtout le chant, et le théâtre sont les sculptures de bronze et les sols de mosaïque.
principales formes d’art du royaume. Ses poètes sont éga-
lement réputés pour leurs tournures complexes, souvent à Les rues des grandes villes sont pavées, pourvues d’égouts
double sens. Tous les artistes font partie de la caste Sabahul et les palais des puissants disposent de complexes sys-
et l’aura des plus célèbres rivalise avec celle des meilleurs tèmes permettant d’acheminer l’eau jusqu’aux étages. Le
architectes ou ingénieurs du royaume. luxe suprême pour un Babelite consiste à prendre un bain
dans une salle d’eau, au troisième étage de sa demeure, loin
L’essor des villes au-dessus des clameurs de la rue.
Traditionnellement, l’architecture babelite est une constante
recherche de simplicité minimaliste. La majorité des habi- Les faubourgs, à l’inverse, témoignent bien de la ségréga-
tations et des bâtiments sont de forme cubique ou rectan- tion sociale babelite. La majorité des esclaves et des Enurus
gulaire et la plupart n’ont pas de porte. Une simple tenture aux professions peu qualifiées s’y entassent. Ainsi que de
permet de préserver l’intimité des habitants, la coutume nombreux natifs des villages les plus pauvres, attirés par la
voulant qu’on se racle fortement la gorge, en tapant dans prospérité des grandes villes. La situation dans ces quartiers
ses mains à deux reprises pour signaler sa présence sur le est bien moins reluisante, et plus dangereuse, que dans les
seuil. La prospérité s’exprime généralement par la superfi- larges artères dallées et surveillées des centres-villes.
cie ou le nombre d’étages des habitations, si bien que les