Vous êtes sur la page 1sur 14

La Petite, la Grande et l'Autre...

6
Au Second Âge, l’île de la Petite Garabagne était la vassale d’un
puissant royaume continental bien plus vaste qui se trouvait au
sud et qui s’appellait fort justement la Grande Garabagne.
Vint le réveil des Dragons, l’Âge du Grand Vent. Sous un vent
dévastateur charriant les déchirures comme feuilles mortes en
automne, le Grande Garabagne s’enfonça presque entièrement
dans les eaux et la Petite, par un étrange mouvement de balan-
ce, fut surélevée de plusieurs centaines de mètres... Et, alors que
cette dernière se découvrait un double onirique et merveilleux,
l'Ar Braz, les Dragons se rendormirent.
La Petite Garabagne, perchée à présent en haut de falaises
impressionnantes, était devenu la plus grande des deux puisque
de l’autre il ne restait qu’un minuscule îlot. Cependant, pour
plus de commodité, elle garda son nom d’avant le Grand Vent...

1.
sent une appréhension mêlée de fascina-
tion pour la Grande Bleue. On ressasse
Une terre sauvage tellement souvent au coin du feu l’his-
Les bardes racontent qu’au début du toire du Grand Vent et de la montée des
Troisième Âge, l’Océan se couvrit d’un eaux ! En outre les conditions naturelles
gigantesque reflet jaune. En surgit un empêchent un accès direct à l’eau : Les
peuple de marins farouches qui s’instala côtes sont une suite quasi- ininterrom-
sur l’île. Après quelques échanges belli- pue d’immenses falaises, parois de roc
queux le mélange se fit avec les anciens plongeant à pic dans les flots tumul-
occupants, si bien que que la Petite tueux. Ces falaises gigantesques font
Garabagne est à présent habitée par un entre 100 et 300 m de hauteur, autant
mélange homogène de ces deux peuples. dire que le spectacle est saisissant. Rares
sont les lieux qui permettent un accès
Le peuplement est faible et dispersé. La direct à l’eau. Il existe bien quelques
région la plus habitée se trouve entre les escaliers qui descendent à flanc de falai-
Monts Sourds qui dominent la mer à se, quelques anneaux destinés à amarrer
l’ouest et la rivière Kilkénie. des embarcations, mais se sont des ves-
La plus grande partie de l'île est restée tiges du passé. Les seuls endroit où il n’y
très sauvage : collines, forêts, landes, ait pas de falaises sont l’anse de Cardoel
tourbières à perte de vue. La terre est et la côte de Kamlon par où arrivèrent
pauvre mais un climat doux rend le les envahisseur d’outre-mer. Les fleuves
labeur des paysans un peu moins rude. de l’île se déversent dans la mer en
chutes d’eau somptueuses que l’on en-

7
tend gronder à plusieurs lieues à la
La mer et les côtes ronde. La Meurfize, elle, se perd dans un
Nul pécheur, nul marin en Petite marais dont les eaux finissent par s’écou-
Garabagne. Les garabans ne sont absolu- ler mollement le long des falaises,
ment pas tournés vers la mer, ils nourris- comme un bain qui déborde.
Autre particularité maritime de l’île : par Les forêts sont de fait complètement
un phénomène étrange, l’eau autour du sauvages, mais elles n’ont rien d’inextri-
littoral est douce, à partir de trente lieues cables, elles sont faciles à parcourir, le
du rivage elle retrouve sa nature salée. plus souvent belles et plaisantes, comme
si elles étaient entretenues...
Le vent Les Gorgs : Gorg est le nom donné à
Depuis l’âge du Grand Vent, la Petite un type de lieu tout à fait exceptionnel en
Garabagne est un pays très venteux : le Petite Garabagne : il s’agit toujours de
vent souffle perpétuellement sur l’île. Le petites vallées fermées, de combes... sans
temps calme n’existe pas, il y a toujours vent ! Ils représentent de ce fait des
au moins une forte brise. C’est particu- espaces réservés auxquels sont attachés de
lièrement pénible pour les nouveaux nombreuses coutumes. On ne peut pas y
venus mais on finit par s’y habituer. Le vivre mais certaines cérémonies s’y dérou-
vent «parle» aux garabans. On en tire lent. Considérés comme espaces de repos
des présages, de véritables horoscopes, et de régénération, il est interdit d’y faire
tel vent est favorable à telle action, tel la guerre, d’y verser le sang. Le Lai de
autre vous incite plutôt à remettre au Chérédik, fameuse légende garabane,
lendemain un projet... C’est somme raconte comment le héros, poursuivi à la
toute logique : le vent n’est il pas la tête de son armée défaite, trouva refuge
preuve tangible de l’existence des dra- avec ses homme au fond d’ un Gorg.
gons, le souffle de leur sommeil ? Savoir
écouter le vent c’est comprendre un peu Les Pierres dressées : L’île est par-
mieux la réalité de leur Rêve. semée de menhirs et autres monuments
mégalithiques. Ils datent selon la tradi-
tion du début du Troisième Âge. Toutes
Les lieux «réservés» les pierres sont gravées de signes entre-
Pour les garabans il existe deux types de lacés, écriture indéchiffrable et mysté-
lieux : les endroits normaux où doit s’é- rieuse. Les garabans leur prêtent toujours
couler l’existence quotidienne, et les une sens, bienveillant ou malveillant.
espaces réservés. Tous les lieux décrits Une rencontre avec une pierre dressée
ici entrent dans cette seconde catégorie. peut avoir une signification aussi bien
prosaïque que spirituelle : il faut changer
Les Forêts : La forêt est un endroit de chemin, un tournant survient dans
tabou, unanimement craint, que l’on mon existence... Des superstitions s’atta-
fait semblant d’ignorer, dont on s’efforce chent aux pierres connues : il faut
de nier la réalité. Personne n’y habite, de contourner celle-ci par la droite, ou faire
petits bois qui parsèment l’île fournis- deux fois le tour de celle-là à cloche
sent la matière première aux charpen- pied... Les monuments comme les dol-
tiers et autres menuisiers. mens ou les cercles mégalithiques sont
Les raisons de ce comportement sont plus particulièrement sacrés : certains
difficiles à cerner. Il s’est trouvé que les doivent êtres évités à tout prix, d’autre
déchirures apparues au Troisième Âge se sont des lieux de cérémonies (mariage,
trouvaient en majorité dans les forêts, adoubement, couronnement...)
que celle-ci se sont peuplées de créatures
étranges. Et puis, pour le garaban moyen
— qui a une idée très floue de l’existence La Petite Garabagne
de l’Ar Braz (voir après) — les forêts sont et le reste du monde...
déjà le pays des fées, l’«Autre Monde» La Petite Garabagne est un pays très
celui des maléfices et de l’étrange. fermé sur lui même. Seule Bragorlak est
Effectivement, les forêts garabanes sont en relation commerciale avec le «conti-
très étranges, pleines de maléfices et de nent», un ensemble de terres qui se trou-
merveilles de démons et de créatures ve outre mer, au Nord. Depuis quelques
magnifiques. C’est là que se trouvent la années la tendance est à un développe-
plupart des «chemins» qui mènent en Ar ment des activités commerciales avec

8 Braz. Le temps s’y écoule bizarrement, l’extérieur. De plus en plus d’étrangers


parfois plus rapide, parfois plus lent. occupent les auberges de la cité, on a
Des «distorsions» sont à prévoir pour les même vu débarquer à Bragorlack les
courageux qui s’y aventureraient. premières ambassades.
nomique. La société chevaleresque s’est
organisée selon les règles de la féodalité,
La société garabane est assez archaïque ; les multiples liens qui unissent les vas-
elle se constitue de deux ordres : ceux saux à leur seigneur. L’île est constellée
qui triment à travailler la terre, et ceux de petites principautés, seigneuries orga-
dont l’attribution est le port des armes nisées autour d’un châtelain, maître
et ce qui en résulte : faire la guerre et/ou absolu sur ses terres. Il existe bien sur
maintenir l’ordre et la paix. une hiérarchie au sein de la classe cheva-
leresque, du simple soudard lié à son sei-
La classe chevaleresque gneur au grand baron dont les terres
sont concédées à de nombreux vassaux.
L’ordre chevaleresque est apparu au
Néanmoins tous essaient d’être fidèles à
début du Troisième Âge. Avec la néces-
un idéal, à certaines règles de comporte-
sité de se défendre des invasions et des
ment social qui les démarquent du reste
créatures issues des déchirures, ceux qui
de la société. C’est ce que l’on peut
avaient les moyens d’avoir des armes et
appeler la «chevalerie».
de les utiliser se retrouvèrent chargés
d’une mission et d’un statut nouveau. La Garabagne est par excellence le pays
Les grands troupeaux de chevaux sau- des preux chevaliers, celui des hauts faits
vages qui parcourent l’île fournirent une d’armes et des aventures merveilleuses.
réserve inépuisable à ce qui devint le (En un mot le gardien peut puiser à
symbole de ces hommes nouveaux : le satiété son inspiration dans les innom-
cheval. Bien vite s’érigea un ordre dont brables récits arthuriens). Les règles de la
la justification était le métier des armes.
Petit à petit cette noblesse de fait devint
héréditaire et c’est elle qui détient
aujourd’hui le pouvoir politique et éco-
chevalerie se sont fixées avec la naissance
de la classe chevaleresque. Mais avec le
temps les déchirures se sont estompées,
les invasions ont cessé et la justification
9
première de ces guerriers à cheval à dis- temps qu’un tournoi, viennent alors de
paru. Mais que diable ! Il faut bien rester tout la région plusieurs milliers de per-
fidèle à la vocation guerrière. La Petite sonnes, chevaliers, marchands, baladins,
Garabagne n’étant en conflit avec aucun jongleurs, filles de joie, paysans...
autre pays, les chevaliers s’épuisent dans
les guerres privées qui opposent fré- Le roi
quemment les grands seigneurs, ainsi
que dans les innombrables tournois qui Le roi de Petite Garabagne n’est rien
ont lieu un peu partout sur l’île. Ces d’autre qu’un grand baron. Il n’a aucun
tournois, véritables exutoires sont de pouvoir spécifique dû à son statut, si ce
violents simulacres de guerre qui oppo- n’est une autorité morale qui n’est guère
sent le plus souvent deux équipes. C’est contestée. Le trône est héréditaire, la
l’occasion d’acquérir le bien suprême : la maison de Schilde en est possesseur
renommé, et plus prosaïquement de depuis des temps immémoriaux. La tra-
s’enrichir : on essaie de prendre les che- dition fait remonter son origine aux pre-
vaux et l’équipement de l’adversaire ou miers hommes venus conquérir l’île au
bien de capturer des chevaliers qui se- début du troisième âge. Les domaines et
ront ensuite rançonnés. résidences royales se situent dans les
Plaines de Galle. L'actuel souverain est
De même les conflits judiciaires sont tou- Ashram III, Le Gros.
jours réglés par un combat singulier entre
deux champions, représentant chacun un
parti. En principe vainqueurs et vaincus
acceptent toujours le verdict des armes.

La paysannerie
La grande masse des garabans cultive la
terre, une terre pauvre qui accapare la vie
d’hommes farouches et rudes à la tache. Le vrai chevalier Garaban s’efforce de
Certains sont indépendants mais la plus respecter un certain nombre de prin-
part vivent sous la domination d’un sei- cipes. Oh bien sûr ces fiers guerriers
gneur et de sa famille. Suivant les désirs sont fait du rêve dont on fait tous les
du maître leur situation varie d’une rela- hommes. Ils sont faillibles, mais on
tive liberté au servage pur et simple. essaie bon an mal an d’être fidèle aux
règles et coutumes qui suivent :
Les autres Respect de la parole donnée. Le
Une mince frange sociale ne fait partie chevalier (et en général tous les gara-
d’aucun des ces deux ordres. Les artisans bans) accorde une grande importance à
sont avant tout des paysans, mais cer- la parole donnée, un serment ne se fait
tains métiers nécessitent que l’on s’y jamais à le légère, une fois prêté il faut
consacre à plein temps. C’est le cas pour aller au bout de ses engagements.
les forgerons et autres maréchaux ferants Fidélité. ( à son seigneur, sa dame...).
qui jouissent d’un grand prestige.
Un autre groupe joue un rôle Droiture. — Il s’agit du code de com-
important : il s’agit des baladins et des bat, entre chevaliers uniquement, contre
bardes. Les premiers ont pour fonction des roturiers il n’y a pas de règles qui
de chanter les exploits des chevaliers, de vaillent ! — : Le chevalier ne combat pas
véhiculer l’idéologie chevaleresque ; les n’importe comment. Il ne porte pas de
seconds représentent la mémoire vivante coup en traître, n’attaque pas un adver-
de l’île où la tradition orale dépasse de saire sans armure ou désarmé, il sait
loin l’usage de l’écriture. épargner celui qui demande merci,
généralement en échange d’un serment.
Enfin quelques marchands parcourent
l’île pour y vendre leurs marchandises. Honneur et gloire. Le chevalier doit

10 Régulièrement, de grandes foires s’organi- chercher l’honneur, la renommé. Cela


sent dans les campagnes. ; véritables villes va parfois avec une certaine vantardise,
de toile sorties de terre comme par magie vantardise qui contraste avec la modestie
où les transactions commerciales vont à toute épreuve qui caractérise les héros
bon train. Parfois elles ont lieu en même légendaires de la chevalerie.
Largesse. Le chevalier ne cherche pas autre chevalier, en mal de monstres alla
occire bravement trois canards qui bar-
la richesse pour l’amasser mais pour faire
botait dans une mare. En règle générale,
preuve de sa générosité. Il doit s’efforcer
de dilapider toute fortune acquise en on reconnait les familles de vieille nobles-
se à leur armoirie faite d’animaux légen-
couvrant ses fidèles de cadeaux, en fes-
toyant ou en rachetant simplement un daires tels que harpies, sirènes ou tourne-
bon destrier. dents, les familles plus récentes doivent
se contenter d’un plus modeste tableau
Altruisme. Le chevalier vient en aide de chasse comme un cerf, un sanglier, un
aux gens dans le besoin... surtout les brochet ou... une poule et trois canards...
damoiselles en détresse.

Le Rêve Courtois Les Gardiens et


De plus, certaines pratiques de la cheva- l’ordre de la jarretière jaune
lerie permettent de mettre en lumière les L’ordre de la jarretière jaune a été fondé
principes et les préoccupations de la clas- par les gardiens des déchirures. Ces che-
se chevaleresque. Tel est le Rêve courtois. valiers qui au début du Troisième Âge
Il s’agit d’une coutume bizarre, une préservaient l’île des incursions des créa-
épreuve que les damoiselles utilisent tures d’outre-rêve en étant postés, tou-
pour tester l’amour et la bravoure de jours prêts au combat, à l’orée des reflets
leurs prétendants : Le chevalier doit jaunes. La vocation première a disparue
veiller sur le sommeil de sa belle afin mais cet ordre de chevalier a persisté et
qu’elle puisse rêver en toute quiétude. est devenu le plus célèbre de l’île, il est
Pas question de s’endormir, et interdic- constitué de la fine fleur de la chevalerie.
tion de régler les problèmes éventuels Parallèlement certains poursuivent la tra-
avec fracas ! Le lendemain, pas de repos dition des gardiens en restant postés près
pour le brave, il doit être tout à la dispo- des quelques déchirures qui subsistent,
sition de sa dame. Certaines damoiselles d’autres abandonnent les déchirures et
poussent jusqu’à renouveler la demande sont gardien d’un peu tout et n’importe
pendant plusieurs nuits d’affillée... quoi. Ces chevaliers (toujours plus ou
Certes ce n’est pas très bon pour le teint, moins mystiques) choisissent alors un
mais existe-t-il plus belle façon de prou- lieu de passage, un pont, un gué... et en
ver son amour et sa bravoure ? interdisent l’accès à quiconque. La Petite
Garabagne est parsemée de ces endroits
gardés par un chevalier qui croit très fort
La Chasse aux Monstres à sa vocation. Cela peu parfois mener à
La tradition est née au début du
des situations absurdes. A Glopnu, un
Troisième Âge des chevaliers combattant
petit village des plaines de Galle, est
les créatures sorties des déchirures. Les
arrivé un chevalier qui s’est mis en tête de
déchirures se sont faites plus rares avec le
garder la porte de la grange communale.
temps mais la Petite Garabagne est un
Les habitants ont été obligés de passer
pays où il subsiste de nombreuses créa-
par les fenêtres, puis on a aménagé une
tures fantastiques, cachées dans les
seconde porte. Le chevalier est toujours
endroits reculés et oubliés. Certains che-
là, nourri par les villageois qui ont fini
valiers s’efforcent toujours de les pour-
par prendre pitié de lui.
chasser, suivant le modèle de leurs
ancêtres illustres, ces preux qui risquaient En bref, un certain décalage doit appa-
leur vie pour libérer un village ou une raître : entre une éthique un peu absurde
région de la domination maléfique d’un et un mode de vie violent ; entre un
monstre. Mais les choses ont changé, les ensemble de règles établies du temps où
«monstres» sont peu à peu devenus les les chevaliers avaient une réelle utilité
seuls emblèmes que l’on peut apposer sur guerrière et une réalité qui a changé.
un blason. Ainsi on a déjà vu un cheva-
lier arriver dans un village tranquille et Quelques expressions typiques
déclarer à la stupéfaction générale qu’il
allait rendre la liberté aux habitants. Sur - Busquer l’honor : chercher la gloire.
quoi il alla droit vers la colline et trucida - Casser sa guiche : se mettre en mauvaise
le brave gigant qui vivait là peinard en posture.(Guiche : courroie par laquelle
bonne entente avec les villageois. Un est tenu l’écu).
11
- Démailler : mettre en pièce un haubert souvent pour des chevaliers, à la limite
(armure de maille) des baladins ou des marchands, à savoir
- Etre en quête : faire le voyage. les seuls qui ont la possibilité «écono-
mique» de voyager longtemps.
- Monter roncin : être dans la dèche.
(Roncin : modeste monture unique- Il y a en Garabagne une grande tradition
ment destinée aux valets) d’accueil due à la coutume du voyage. Si
les auberges sont rares, même le plus
- Recréant : lâche. perfide châtelain offre en principe l’hos-
- Vider les estretons : vider les étriers, être pitalité à des voyageurs.
désarçonné, par extension mourir.
le haut-rêve
Le haut rêve est rejeté en Petite
Garabagne, comme si on avait voulu
l’oublier à tout jamais après le réveil des
dragons. Tout ce qui s’y rattache : sor-
cellerie, merveilleux est assimilé au
peuple des fées, à l’autre monde.
Effectivement le haut-rêve est l’apanage
Le voyage et les voyageurs quasi exclusif des Kelts (voir l'Ar Braz).
En Petite Garabagne comme ailleurs, il En revanche il existe en Petite
existe une pulsion et une tradition du Garabagne une grande tradition d’alchi-
voyage. Pour les paysans il s’agit la plu- mie. Les légendes ne cessent de conter
part du temps d’une courte pérégrination des histoires de philtres et d’élixir. C’est
jusqu’au prochain village, le travail de la la canal exclusif et reconnu de l’extraor-
terre est trop rude pour que l’on puisse dinaire. En principe toute chose
partir longtemps en voyage, en outre il y «magique» est l’effet d’un élixir.
a trop de terres désolées et dangereuses Il existe bien sûr quelques hauts rêvants
pour se hasarder dans l’inconnu ! sur l’île, le plus souvent ils sont aussi
En revanche, au sein de la classe cheva- alchimistes et prennent toujours soin de
leresque la pulsion du voyage est cana- déguiser le haut-rêve par le biais d’un
lisée. C’est une tradition qui correspond élixir. C’est une tradition pour tous les
au passage de l’enfant à l’âge adulte. La hauts rêvants de procéder ainsi.
coutume veut qu’au terme de l’appren-
tissage des armes, le jeune homme soit
adoubé puis parte «en quête». Partir en Le Tal-Samar
quête ne signifie pas nécessairement Le Tal-Samar est la tradition mortuaire
«chercher quelque chose», c’est simple- garabane : les morts sont incinérés dans
ment le moment ou le jeune chevalier de grands bûchers, la nuit, au sommet
doit se prendre en charge seul, chercher du point le plus élevé de la région. C’est,
l’aventure et commencer à quérir la gloi- selon les garabans, le seul moyen d’assu-
re et le renom. Il ne doit rentrer chez lui rer une prompte réincarnation. La nuit,
que plusieurs mois plus tard, raconter comme chacun sait, est le moment où
ses exploits, ses premiers tournois, ses les basses et les hautes terres du rêve sont
premiers amours. Les plus téméraires les plus proches : les cendres du défunt,
s’aventurent parfois dans la forêt. emportées par le vent remontent alors
Certains ne finissent jamais d’être en directement jusqu’aux Grands Rêvants.
voyage, ce sont les chevaliers errants, en Le Tal-samar est respecté par tous et la
marge de la société, toujours en quête, pire chose que puisse imaginer un gara-
toujours à la recherche de ce je ne sais ban c’est son corps laissé à l’abandon ou
quoi que poursuivent les voyageurs de enterré.
tous les mondes. Ils finissent parfois par Dans les campagnes densément peu-
s’engouffrer et disparaître dans d'é- plées, les feux du Tal Samar offrent un

12 tranges reflets mauves...


Les voyageurs venus d’outre rêve sont
toujours considérés avec curiosité, sans
animosité aucune. On les prend le plus
spectacle fascinant : Chaque nuit s’allu-
ment au faîte des collines de grands feux
qui percent les ténèbres, myriades d’é-
toiles dorées et frémissantes.
naires, descendants des dragons incarnés
du premier âge. Balivernes ou réalité ?

Les terres de Rhûn


Les terres de Rhûn sont les plus froides et
Bragorlach les plus désertiques de l’île. C’est de la
Bragorlach est une ville d’environ 20000 côte de Kamlon, le seul endroit du litto-
habitants bâtie toute de bois.C’est un ral où une flotte puisse accoster, qu’arriva
des rares endroit où l’on puisse accéder à le peuple de la mer qui conquit la Petite
la mer. Les bas quartiers se reflètent dans Garabagne au début du Troisième Âge.
les eaux calmes de la baie de Cardoel. La légende raconte que s’y trouvent des
Celle-ci est fermée au nord par un canal collèges cachés, tenus par des femmes-
gigantesque dont les parois se haussent guerrières qui forment les chevaliers les
et se rejoignent petit à petit, pour créer plus valeureux de Garabagne.
une sorte de tunnel qui débouche sur la
mer d’Autrefois. C’est le seul vestige La Gueuse
patent du deuxième âge.
Le plus grand fleuve de l’île ne manquera
pas de surprendre les nouveaux venus : il
Le Grand Mur du Nord coule à l’envers ! Pour les Garabans c’est
Un grand mur fortifié, sans aucune chose normale. C’est le seul fleuve qui
porte, sépare les terres d’Aeràn du reste arrive directement au niveau de la mer, le
de l’île. C’est un souvenir du Second seul endroit où la mer puisse partir à la
Âge dont la raison d’être est depuis conquête des terres. De l’embouchure,
longtemps oubliée. Toujours est-il qu’il l’eau remonte le fleuve et ses affluents, s’é-
interdit l’accès à la presqu’île d’Aeràn et parpille en centaines de ruisseaux, en mil-
que nul ne sait ce qui peut bien aujour- liers de sources qui finissent par mourir
d’hui s’y trouver. Les bardes chantent les en un filet d’eau. C’est un don de la natu-
légendes oubliées des «terres interdites»
et racontent qu’elles ne sont pas vides
comme on voudrait le croire mais que
s’y cachent des êtres reclus et extraordi-
re que cette eau qui courre irriguer les
plaines le plus cultivées de Garabagne,
comme la sève de l’arbre qui monte du
tronc aux plus petits bourgeons.
13
— Un chevalier organise une grande fête pour ses
60 ans à laquelle sont conviés les personnages,
— Les personnages sont les survivants d’un soudain il disparaît sous les yeux médusés de l’as-
bateau échoué dans l’Archipel des perditions, la sistance. Les voyageurs sauront-ils éclaircir le
Grande Garabagne et les seigneurs des îles c’est mystère ? En réalité ledit chevalier à organisé
sympa, mais pas trop longtemps... cette petite mise en scène comme adieu, il est
— Les personnages font un rêve d’archétype : passé en Ar Braz ou il compte prendre sa retraite.
ils ont connu dans une vie passée une personne — Les personnages sont témoins d’un crime
qu’ils brûlent de rencontrer à nouveau. Il s’agit (accident arrangé) au cours d’un tournoi... bref
aujourd’hui d’un chevalier légendaire de la des témoins gênants.
Petite Garabagne, toujours à écumer l’île de
— Un baron qui en sait long sur l’Ar Braz
long en large et à se fourrer dans des situations
demande aux voyageurs de lui ramener un
dangereuses... Bref, une belle poursuite en pers-
médecin Kelt pour sa fille unique, atteinte
pective, sans aucun doute...
d’une maladie incurable.
— Conflit entre deux familles : un corps a été
— Les voyageurs tombent au milieu d’une
volé pour qu’il ne soit pas incinéré, les voya-
étrange chasse à courre : des chevaliers arriérés
geurs sont chargés de le retrouver...
poursuivent un jeune garçon sorti de la forêt
— Les personnage rêvent de l’Ar Braz et veu- que l’on soupçonne d’être un démon de l’«autre
lent y aller. Mais comment ? Voici l'occasion monde». C’est un Kelt. Quel parti prendront
d'une quête d’un cristal... nos héros ?

2.
de leur race, ils produisent du fait des
unions consanguines de plus en plus de
dégénérés. Autant de fous qui viennent
s’ajouter à la liste déjà longue des souve-
La Grande Garabagne était donc au rains sanguinaires de l’île.
Second Âge un grand pays qui s’étendait Ce qui jusqu’à présent leur a permis de
sur le continent, au sud de l’île de Petite subsister, c’est la présence de particula-
Garabagne. Il n’en reste aujourd’hui rités géographiques qui leur donne un
qu’une petite île à quelques encablures réel pouvoir économique sur l’ensemble
des côtes de la Petite Garabagne. Elle est des deux Garabagnes :
dirigée par des chefs puissants : les
«Seigneurs des Iles» qui se réclament
toujours de la splendeur engloutie de la
Grande Garabagne. Situation étrange en
définitive que cette Grande Garbagne,
, '! L=BCJ?F
îlot solitaire dans l’Océan Karnéen, à
présent dominé par la Petite Garabagne,
> ?M 0 ?L> CNCIHM
son ancienne vassale. A quelques lieues au sud de l’île se trou-
ve un petit archipel d’îlots où des colo-
Les Seigneurs des Iles ont toujours
nies d’oiseaux viennent nicher. Les flots
refusé d’être assujettis par les Garabans,
y sont toujours agités et parés d’étranges
ils préservent farouchement leur indé-
couleurs mauves et jaunes. Un ensemble
pendance et vivent dans un monde clos
de déchirures permanentes se trouve là,
dont ils sont les maîtres absolus. Deux
à quelques centimètres au dessus de
grandes familles, les Kambreda et les

14 Vortegin dirigent ainsi la destiné de la


Grande Garabagne et ont mis le reste de
l’eau, charriant régulièrement des épaves
de toutes origines.
la population à leur bottes. Vivant dans Les Seigneurs des Iles vivent de la
l’idée qu’il faut préserver l’authenticité récupération des cargaisons qui finissent
par venir s’échouer sur les côtes de l’île. et en premier lieu le sel, en Petite
Bien sûr, il s’écoule parfois un ou deux Garabagne.
mois sans que la mer n’apporte son Parallèlement, tout une bande de misé-
comptant de richesses, mais certains reux installés près des plages grappille
périodes sont particulièrement béné- clandestinement les miettes.
fiques. Les seigneurs des îles accumulent
ainsi des denrées ou des objets qui Et les survivants me direz-vous ? Les
n’existent pas dans ce Rêve. Il y en a un équipages ne périssent pas tout dans les
grande diversité, mais certains types de flots de l’archipel des perditions. Si rien
matériaux sont plus abondants et arri- n’est fait pour venir en aide aux malheu-
vent de façon régulière : il semble bien reux, il arrive que l’on retrouve des sur-
qu’une déchirure ait son entrée, quelque vivants échoués sur le sable, en plus ou
part dans un autre rêve, sur une ligne moins bon état. C’est une situation que
commerciale régulière. De fait, les sei- les Seigneurs des Iles savent exploiter.
gneurs des îles sont détenteurs d’un pro- Les personnes trouvées vivantes sont
duit qui arrive régulièrement et qu’on ne «utilisées» selon leur talents : Qu’elles
trouve nulle part ailleurs : le sel. Les soient aptes à être médecin, astrologue,
Seigneurs des Iles détiennent ainsi l’ex- ou tout simplement bonnes à cultiver la
clusivité d’un produit indispensable sur terre, leur statut est le même : elles rejoi-
les deux îles (pour la conservation des gnent la masse des esclaves aux bottes
aliments notamment). des deux familles. La population de l’île,
Tout un système de récupération et de assujettie et étroitement surveillée, est
stockage s’est mis en place. En face de ainsi constituée pour une bonne part
l’île, les falaises de la Petite Garabagne d’«échoués», d’hommes venus d’outre
ont été équipées d’un impressionnant rêve ou de leur descendants.
système d’escaliers, de câbles, de treuils Les rapports entre la Petite et la Grande
qui permet d’acheminer les marchan- Garabagne se limitent à ces relations
dises. A partir de là un véritable circuit commerciales à sens unique mais elles
commercial distribue les divers produits, sont toujours tendues.

3.

A
u début du Troisième Âge, on se L’Ar Braz est le pays du merveilleux, de
rendit compte d’un phénomène la magie, comme si les Dragons qui se
étrange. Apparemment les Dra- sont endormis au début du Troisième
gons étaient myopes ! Ils rêvaient «dou- Âge avaient voulu séparer les hommes
ble»... Il y avait en effet deux Petites simples de ceux qui en savaient plus sur
Garabagnes! D’une part la Petite Gara- leurs rêves, comme si ces derniers étaient
bagne proprement dite, pays des grands condamnés à vivre reclus, en dehors du
châteaux de pierre sombre, des cheva- monde. A moins qu'ils ne soient proté-
liers et des hommes brutaux ; de l’autre gés ainsi de la folie des autres hommes...
l’Ar Braz, Garabagne en parallèle,
monde du merveilleux et pays des fées.
Il existe en fin de compte deux îles, deux
Rêves parallèles, superposés, reliés par
quelques chemins surnaturels et oni- L’Ar Braz ou l’«Autre Monde», est l’alter
ego de la Petite Garabagne, son double
riques, toujours situés dans des lieux
onirique. Physiquement ces deux mondes
réservés, au coeur des forêts, des Gorgs

nature des choses...


sont en tout point semblables exceptée
ou aux alentours des Pierres dressées...
Bragorlak qui n’existe pas en Ar Braz. A
On ne sait pourquoi, mais tel est la cette différence près, la carte de la Petite
Garabagne est aussi celle de l’Ar Braz.
15
les liens sont encore grands entre deux
mondes et deux peuples qui jadis ne fai-
saient qu’un. Pour les kelts les destinées
Le peuple d’Ar Braz est l’authentique de l’Ar Braz et de la Petite Garabagne
descendant des garabans du Second Âge, doivent se rejoindre un jour.
celui que les garabans d’aujourd’hui
appellent le peuple des fées bien que cer- Avec la plus grande discrétion les Kelts
tains érudits les appellent les Kelts. C’est influent sur les événements important de
le terme employé par le peuple d’Ar Braz la Petite Garabagne. Un certain nombre
pour se désigner, un très vieux nom dont d’entre eux parcoure secrètement les
l’origine se perd dans la nuit des âges. landes de la Garabagne et tentent de pré-
sider au destin de ce pays. Certains per-
Il n’y a pas eu en Ar Braz les vagues de sonnages importants sont d’ailleurs
migrations qui ont peuplé la Petite originaires d’Ar Braz. Jamais d’action
Garabagne au Troisième Âge. De fait d’éclat, il s’agit plutôt d’influer sur le
l’ancienne langue garabane est utilisée futur en encourageant ou en empêchant
en majorité bien que l’on se soit efforcé certains événement en apparence ano-
d’apprendre la langue du voyage. Les dins mais dont on sait qu’ils revétiront
kelts sont peu nombreux en comparai- par la suite une grande importance.
son à la taille de l’île qu’ils occupent (Amener à se faire rencontrer deux per-
dans son entièreté. Ils vivent de la chas- sonnes dont l’union engendrera un
se, de la pêche et de la cueillette, en héros, empêcher tel enfant d’avoir un
symbiose avec une nature généreuse accident alors qu’il est destiné à devenir
qu’ils respectent et honorent. Certains un grand roi, éliminer tel autre...) Dans
sont nomades mais la plupart des kelts le même état d’esprit les Kelts forment
vit dans de petits villages. quelques uns des meilleurs chevaliers de
L’organisation sociale et matérielle est la Petite Garabagne : les légendaires
très archaïque, mais cela n’empêche pas collèges des terres désolées de Rhûn exis-
le peuple des fées d’être un peuple savant tent bien : ils sont tenus par des Kelts
à la vie spirituelle intense. La connaissan- qui éduquent de jeunes garabans à leur
ce de soi et du Rêve, la non violence et le philosophie et à l’art du combat.
respect des autres sont les idéaux vers les- Comme nous l’avons dit, le garaban
quels on s’efforce de tendre. Les sciences moyen ignore presque tout de l’existence
comme l’alchimie, la botanique ou la des Kelts. Il sait qu’il existe un «autre
médecine sont très pratiquées, de même monde», ailleurs flou et craint, le domai-
que le haut-rêve envers lequel il n’existe ne des maléfices et de l’étrange. Certains
aucun tabou. Il y a en Ar Braz une gran- érudits ou initiés ont une idée plus claire
de tradition d’oracles et de prophéties, de la réalité. Les bardes notamment con-
d’aucuns prétendent que les «fées» sont naissent les légendes de l’Ar Braz, cer-
capables de prédire l’avenir. on s’efforce tains d’entre eux y ont d’ailleurs suivi un
de voir dans une bourrasque de vent, enseignement.
dans la blancheur de la neige, dans les
formes torturées d’un arbre mort un
signe qui puisse éclairer sur sa destinée.
Cette tradition est liée à l’idée très forte
que l’histoire est déjà en partie écrite.
Chacun a un destin, qu’il faut s’efforcer
de réaliser ou auquel on tente au contrai- S’il l’on se souvient qu’Ar Braz et Petite
re d’échapper. Garabagne n’étaient jadis qu’un seul
Rêve, c’est qu’il existe des chemins qui
Le peuple des fées est «gouverné» par mènent de l’un à l’autre. Ces chemins
quelques grandes figures, sages, guides sont connus de tous les Kelts, en
spirituels... Garabagne on les a oublié à l’exception
de quelques initiés. Certains passent
L'Ar Braz et la Garabagne leurs vie à les chercher, d’autres se

16 Les kelts ont une grande connaissance


des choses de la Petite Garabagne ce qui
retrouvent
l’autre côté».
projetés à leur insu «de

n’est pas réciproque. Si la plupart des Voici les trois principaux moyens d’aller
garabans ont oublié ce peuple retranché, d’un monde à l’autre :
— Les initiés connaissent ces chemins avoir sur soit certains objets : notam-
jalonnés par des pierres dressées, pistes ment de gros cristaux aux reflets
ténues où la lande finit par disparaître étranges qu’on ne trouve qu’en Gara-
dans un épais brouillard bleu... bagne, et qui rendent possible ce genre
de voyage. La personne s’endort donc et
— En Petite Garabagne, certains plans
rêve qu’elle se trouve de l’autre côté. Elle
d’eau (lacs, étangs...) permettent le passa-
mène alors sa vie dans son rêve, s’endort
ge. Il faut entrer brutalement dans l’eau
dans son rêve... Au moment précis du
(plongeon) pour se retrouver projeté en
«premier réveil», tout bascule : la per-
Ar Braz. Mais ne passe pas qui veut.
sonne acquiert la certitude d'être bel et
Certaines conditions doivent être res-
bien dans la réalité, que le rêve c’est tout
pectées : avoir des intentions «pures», ou
ce qui a été vécu avant d’arriver de l’au-
bien avoir senti dans ses rêves l’appel du
tre coté. (C’est le même principe que le
peuple des fées. La possession d’un cristal
réveil d’une nouvelle incarnation,
peut faciliter les choses (voir après)
d’ailleurs les Kelts appellent cela la «petite
— Enfin certaines voies sont plus spéci- mort»). En un mot la personne est bien
fiquement oniriques. On peut passer passé de l'autre côté et elle ne risque pas
d’un monde à l’autre par ses rêves. Il de se réveiller dans la forêt où elle s’était
faut pour cela dormir dans une forêt et endormie.

Description : Les Sarabans sont des dans leur forêt. Extrêmement discrets ils
petits être humanoïdes dont la taille ne savent se rendre quasiment invisibles.
dépasse pas 50 cm et qui vivent au Cela ne les empêche pas de se livrer à leur
coeur des forêts de Petite Garabagne et activité favorite : jouer des tours pen-
d’Ar Braz. dables aux intrus. Oh! Jamais rien de
bien méchant, plutôt une suite de petites
Ils apportent un grand soin à leur aspect catastrophes agaçantes et inexplicables.
et son toujours biens mis. C’est plaisir
que de voir leur petits souliers parfaite- Les Sarabans ont une grande connais-
ment vernis décorés d’une boucle d’ar- sance de la forêt et de tout ce qui s’y
gent rutilante. Ils portent toujours un passe. Ils vivent en symbiose avec les
chapeau tricorne ou, pour les plus animaux des bois avec lesquels ils peu-
jeunes, un bonnet rouge en laine. Leurs vent dit-on communiquer. En revanche
yeux noirs et malicieux s’enfoncent au ils ne connaissent rien du monde exté-
milieu d’un visage ridé et barbu. C’est rieur qui pour eux n’a aucune réalité.
que les Sarabans, dit-on, peuvent être Leurs habitations sont installées dans
plusieurs fois centenaires ; d’où cet air des arbres creux ou d’anciens terriers
de vieillard espiègle et faussement rhu- soigneusement aménagés pour recevoir
matisant qui les caractérise. Le grand leur petite famille (Les Sarabans ont peu
érudit Papiruz a essayé toute sa vie de d’enfants). Leur activité favorite est la
savoir s’ ils portent ou non des cornes cordonnerie, art dans lequel ils excellent.
sur le haut du crâne, c’était pour lui la Les Sarabans sont distraits, c’est la seule
seule façon d’étayer une hypothèse selon chance d’en rencontrer : il arrive parfois
la quelle les Sarabans sont des cousins que l’un d’entre eux s’oublie à contem-
des Sylvains. Malheureusement pour lui pler un escargot ou un oisillon en train
les Sarabans refusent toujours de se d’éclore : il n’entend alors rien du barouf
défaire de leur couvre-chef.

des Sarabans. Ils se cachent généralement


à la vue des hommes qui s’aventurent
que peuvent faire des «grandes-jambes»
Moeurs : Il est très rare de rencontrer braillards approchant de lui.
Comme ils ont foncièrement bon fond
il leur arrive parfois d’aider les hommes
17
en grande détresse. La lai de Chérédik
TAILLE 3/ -7 VOLONTÉ 0 Vie 9 raconte comment le héros, blessé mor-
APPARENCE 0 INTELLECT 0 Endurance 18 tellement dans la grande forêt de
CONSTITUTION 0 EMPATHIE +3 SC 3
FORCE -6 RÊVE 0 +dom -2 Kildare, fut soigné pendant son sommeil
AGILITÉ 0 CHANCE 0 Sust 2 par d’étranges petits hommes barbus.
DEXTÉRITÉ +3 Mêlée — Enc 9
VUE +2 Tir — Vitesse 10 Les Nabaras. Les Nabaras sont sem-
OUÏE +2 Lancer — Protection 3 blables à leur cousins les Sarabans, à
ODORAT-GOÛT +2 Dérobée 14 cette exception près : Ils ont une réelle
aversion pour toutes les autres races
Esquive niv +3
humanoïdes. Les tours qu’ils jouent aux
Discrétion +10 Vigilance +6 Comédie +3 Srv Forêt +8 intrus sont généralement beaucoup plus
Srv en Sous-sol +3 Cordonnerie +8 Chirurgie +5 Médecine 0 lourds de conséquences que les gentilles
Botanique et Zoologie (de leur forêt uniquement) +8
Légendes (Petite Garabagne et Ar Braz) +3. farces des Sarabans, et dans ce domaine,
Oniros 0 Hypnos 0 leur imagination est illimitée. Ils essaient
Sarabans et Nabaras n’ont pas tous le don de haut rêve. Leur
le plus souvent d’attirer les grandes
magie se limite aux quelques petits tours qui leur permettent de jambes vers les endroits dangereux de la
se jouer des intrus ou de se rendre invisibles. forêt : un piège de mariol, une déchiru-
re, une tanière de fauve... De fait, ils ont
le contact plus facile avec les hommes
que leurs cousins : dès que des intrus
sont repérés, les Nabaras surgissent et
s’empressent hypocritement de «rensei-
gner» leurs «hôtes». Sarabans et Nabaras
se détestent cordialement.
Physiquement, il est impossible de dis-
tinguer un Saraban d’un Nabaras ;
Papiruz, toujours lui, prétend dans un
de ses traités que les Nabaras ont sous
leur chapeau un bandeau rouge ; mais là
encore, malgré toute la ruse déployée, il
n’à jamais réussi à faire enlever son cha-
peau à un des ces petits êtres.

Texte Etienne de la Sayette


Dessins Emmanuel Grellard

18

Vous aimerez peut-être aussi