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Blanche et les

perce-neige

Il était une fois une petite fille qu’on appelait Blanche, parce qu’elle portait
toujours une écharpe blanche et des sabots blancs. À la mort de ses parents,
elle fut recueillie par une fermière, qui la traitait comme sa servante. Chaque
jour, Blanche devait effectuer toutes les corvées de la maison ! En échange,
la vilaine femme ne lui donnait qu’un petit bout de pain.
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Un jour d’hiver, la fillette a si faim qu’elle ramasse un croûton sous la table,
et le mange en cachette. Hélas, la fermière l’a vue. Verte de rage, elle crie :
– Tu voles mon pain ? Tu vas me payer ça ! Rapporte-moi d’ici ce soir assez
de fleurs des champs pour me tresser une couronne, sinon je te chasse !
– Mais, proteste Blanche, comment pourrais-je trouver des fleurs ?
C’est l’hiver ! Il n’y a pas la moindre fleur dans les champs...
– Tant pis ! Débrouille-toi. Et si tu n’en trouves pas, ne reviens pas.
La fillette est bien obligée d’obéir, et elle sort dans le froid glacial.
Alors qu’elle marche vers le bois, elle aperçoit une drôle de petite vieille.
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Elle est assise les pieds nus dans la neige
et ses cheveux sont couverts de givre.
– Tu vas mourir de froid si tu restes là,
lui dit Blanche en ôtant son écharpe.
Tiens, prends ça pour te réchauffer.
– Merci, dit la vieille. Mais que fais-tu
dehors par un temps pareil ?
Blanche lui raconte ses malheurs.
Alors la vieille déclare :
– Je suis la Mère Hiver et puisque
tu as bon cœur, je vais t’aider.
Elle fouille dans sa poche, en tire
un minuscule manteau et dit :
– Enfile ce manteau !
– Mais, il est trop petit ! proteste Blanche.
– Taratata ! Fais-moi confiance,
répond la vieille.
Intriguée, Blanche glisse sa main dans
l’une des petites manches. Aussitôt,
comme par magie, le manteau grandit,
grandit, jusqu’à ce qu’il soit à sa taille.
Puis la vieille lève les bras vers le ciel,
et s’exclame :
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– Tombez ! tombez jolis flocons ! et changez-vous en fleurs !
Et hop ! des centaines de flocons dégringolent du ciel ! Dès qu’ils touchent
le sol, ils se transforment en fleurs blanches. Alors, la Mère Hiver dit à Blanche :
– Prends ces fleurs pour tresser la couronne de ta fermière. Et si elle veut
ton manteau, donne-le lui. Je dois partir, car le printemps arrive. En souvenir,
je te laisse ces jolies fleurs. Chaque hiver, elles perceront la neige pour
te dire bonjour de ma part.
Émerveillée, la fillette remercie la Mère Hiver et tresse vite une couronne
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de fleurs. Puis elle rentre à la ferme.
Quand elle voit les fleurs et le
manteau, la fermière n’en croit pas
ses yeux. Mais elle a beau demander
à Blanche où elle les a trouvés,
la fillette garde le secret.
Énervée, la fermière glapit :
– De toute façon, ce manteau
est bien trop beau pour toi,
donne-le-moi !
Aussitôt elle s’en enveloppe.
Elle met la couronne de fleurs
sur sa tête et court s’admirer dans
le miroir. Et là, horreur ! ses cheveux
se couvrent de givre, son nez
devient glaçon, et le manteau
forme une grosse boule de neige.
Au même instant, le vent du Nord
s’engouffre par la porte, soulève
la fermière, la fait tournoyer dans
les airs, et l’emporte en mugissant :
– Oh ! la belle fiancée que voilà !
Allez zou, je t’emmène avec moi !
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Depuis ce jour, on ne l’a jamais revue !
Blanche, elle, vit bien tranquille à la ferme... Elle mange chaque jour
à sa faim. Et chaque année, quand elle voit fleurir ces petites fleurs
blanches qu’on appelle les perce-neige, elle lance un baiser dans les airs
en murmurant :
– Merci, Mère Hiver !

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