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Bibliotheca S. J.
Les Fontaines
CHANTILLY
но
202/103
ge
ε3. Du
13
1
но
202/103
"
DISSERTATIONS
HISTORIQUES
E T
CRITIQUES
SUR
LA CHEVALERIE
ANCIENNE ET MODERNE ,
SECULIERE ET REGULIERE ,
Carme Déchauffe.
A PARIS .
M. DCC . XVIII.
PREFACE
ǎ ij
iv PREFACE. ·
de plus fort.
TABLE
Hiſtoriques & Critiques . xvij
fur la Chevalerie.
LIVRE SECON D.
particulier.
DISSERTATION I.
DISSERTATION II.
§ . IV . Ceremo q s p
nies ui 'obfervent à refent quand on ar-
me les Cheva .
liers 351.
§. V. Cerem
onies que l'on obfervoit quand on donnoit la
Cheva
lerie , qui font rapportées dans le Roman de Gi-
rard de Vienn M. S. par Bert le Clerc. 353.
e ran d
ART. IV . Dans laque d c
l le e es Ceremonies confere-t-on la
qualit de Cheva ? 355.
é lier
xix
Hiftoriques & Critiques.
DISSERTATION III.
ART. III . Des Vœux & des Sermens des Religions &
des Ordres Militaires . 370.
derne. 377 .
DISSERTATION IV.
enfemble. 383 .
384
§ . 1. Ufage de la France fur cefujer.
3 ij
XX Table des Differtations
remarquables. 397.
DISSERTATION V.
fieur. 413.
fes. 416 .
temps. 431.
plice. 436 .
ART. IV . De la renonciation à la Chevalerie. 438.
APPROBATION
PATRIS GENERALIS .
APPROBATION.
AUTRE APPROBATION.
PRIVILEGE
XXY
PRIVILEGE DU ROY.
TABLE
DES DISSERTATIONS
guliere.
LIVRE PREMIER.
DISSERTATION I.
A fa divifion. page 1.
ART. II. Les titres de Bannerets , de Bachelier , d'E-
pereur. 13.
ART. V. La Chevalerie eft differente de la récompenfe
DISSERTATION II.
De l'Origine de la Chevalerie:
DISSERTATION III .
De la Chevalerie Romaine.
DISSERTATION IV .
De la Chevalerie Militaire.
DISSERTATION V.
ftantin. 77-
DISSERTATION VI.
4
xij Table des Differtations.
Sypte. 171 .
188.
§ . II . Apertife d'armes.
§ . III . Table Ronde.. 189.
S. V. Factions.
§. 194.
§. VI. Duels. 195.
ART. IV. Des Confreries des Chevaliers. 196 .
DISSERTATION IX .
DISSERTATION X.
218.
ART. I. De l'origine des Religions Militaires.
folemnels de Religion.
§ . I. L'Ordre de Saint Jean deJerufalem. 237.
Des Langues , des Prieurez, des Commanderies ,
§ . IV . L'Ordre d'Avis.
S. 265.
Table des Differtations
xvj
DISSERTATION XI.
Differtations
DISSERTATIONS
HISTORIQUES ET CRITIQUES ,
SUR
LA CHEVALERIE
LIVRE PREMIER.
DISSERTATION PREMIERE.
ARTICLE PREMIER.
d'honneur conferé par les Rois & par les Souverains , foit
A
2 Differtations Hiftoriques & Critiques
pour des raifons de bien-féance , foit pour recompenfer le
merite de ceux qui fe font diftinguez , ou par leurs rares
talens & leurs grandes qualitez , ou par leurs vertus mili-
taires , & qui ont rendu des fervices confiderables à la Re-
ligion ou à l'Etat.
rans. Er-
errans , dans le Roman du Prophete Merlin. Ileft furpre- liers
nant que plufieurs Auteurs Anglois , pour donner plus de
poids aux fables de ce prétendu Prophete , lui attribuent
tant de miracles ; & que Jean Leflæus, Evêque de Roffe,
ait dit ferieuſement en fon Hiftoire d'Ecoffe : Berlinus va-
ARTICLE II.
(a) Ce titre de Valet a été autre- grand , ou d'un plus âgé. Ancienne-
fois fi confiderable , que Louis Roi de ment on donnoit en France ce nom
Navarre , Philippes Comte de Poitou , aux fils des Rois & à ceux des grands
& Charles enfans du Roi Philippes le Seigneurs. Le titre de Damoileau a
Bel, & quelques autres Princes font été celebre dans la Maifon de Sar
qualifiez Valets dans un compte datté bruch , & dans quelques autres qui
de la Pentecôte 1313. George de Ville- ont poffedé la Principauté de Com-
Hardouin eftime tant cet ancien titre merci fous la qualité de Damoifeaux.
de Valet , qu'il appelle le Prince Ale- L'Auteur des titres d'honneur de Ca-
xis , fils d'Ifaac Empereur de Grece , talogne , dit : Los Donzells fon aqucis que
le Valet de Conftantinople. Hift. de no fon armats Cavalers , fino fon fils y
Conftantin. Le nom de Valet demeura defcendens dels Cavallers armats.
enfin aux Tranchans du Roi , depuis. ( d ) La Tête , ou Cap de Bufchs eft
appellez Ecuyers Tranchans. une petite Principauté , fous le titre
(6 ) Le Bachelier étoit celui qui de Captalat. Il y a eu des Seigneurs
n'ayant pas affez de bien ni de vaffaux nommez Captalats de Bufchs de la
pour les mener à la guerre à fes dé- Maifon de Foix & de Candale. On
pens , marchoit fous l'Etendart des trouve un Captal de Bufchs, qui tient
Bannerers. Il avoit neanmoins une le cinquiéme rang parmi les Cheva-
enfeigne qui finiffoit en pointe , avec liers dela Jarretiere , qui furent créez
laquelle il conduifoit fes vaffaux. par Edouard III. Roi d Angleterre
(c) Damoiſeau , ou Damoifel , en en 1350.
Latin Domicel us , s'entend d'un petit
Seigneur à la difference d'un plus
8
Differtations Hiftoriques & Critiques
Banneret. Le titre de Banneret ( a) a plus de rapport avec la Che-
valerie. Les anciennes Chartres qui parlent des Banne-
rets , ajoûtent prefque toûjours la qualité de Chevalier à
celui de Banneret. Ces Seigneurs avoient fouvent le titre
de Chevalier , on les appelloit alors Chevaliers Bannerets.
Il y avoit auffi des Ecuyers Bannerets qui poffedoient des
fiefs avec le droit de Banniere.
Quoique ces Ecuyers Bannerets euffent fous leur Ban-
T
niere des Chevaliers , & même qu'ils commandaffent aux
Bannerets Chevaliers , aux Chevaliers , & aux Bacheliers ,
quand le commandement leur étoit donné par le Roi : ce-
pendant fi ces Ecuyers n'avoient pas reçû l'honneur de la
Chevalerie , ils n'ofoient s'en attribuer le titre , ni prendre
la qualité de Meire , de Monfeigneur & de Monfieur , non
plus que les fimples Ecuyers. Ils portoient les Eperons
blancs , au lieu des éperons dorez qui étoient reſervez aux
feuls Chevaliers.
Et la fondacion premiere
ARTICLE III.
(a) M. de Marca a fait un Traité de (b) Les Edits de Charles IX. & de
Marca Hifpanica. Dans la Chronique Henri III. portent , que la terre d'un
de Reginon , l'Anjou eft appellé Mar- Duché doit valoir huit mille écus de
chia , parce qu'il eft fur les Marches rente. Que le Marquifat doit être
de Bretagne. Les Comtes d'Anjou de compofé de trois Baronies & de fix
ce tems-là font aufi appellez Mar- Chatelenies. Le Comté, de deux Ba-
quis de France , comme les Comtes ronies & de trois Chátelenies , ou
de Barcelonne Marquis d'Efpagne , d'une Baronie & de fix Chatelenies.
les Comtes de Touloufe , Marquis de La Baronie de trois Chátelenies in-
Gothie , & les Comtes de Forcal- corporées enfemble , & la Châtelenie
quier , Marquis de Provence. Mena- doit avoir haute , moyenne & baffe
gana 3. edit. en 1715. tom. 4 pag. 170.juftice , & autres droits honorifiques
Les Allemans nomment les Marquis & prééminences.
Markgrave › c'eft à- dire , Comtes
des Frontieres.
Bij
12
Dissertations Hiftoriques & Critiques
& de Gouvernement. Ces Charges ne fe donnoient que
pour un temps , & toûjours avec la referve de démettre
ceux qui les poffedoient quand il plairoit au Souverain.
Mais la Chevalerie a toûjours été , comme elle eft encore
à prefent , un titre d'honneur qui ne fe perd qu'avec la
vie. C'eſt un caractere imprimé dans la perfonne de celui
qui le reçoit qui ne peut être effacé que par la mort , ou
par quelque grand crime. Elle eſt une qualité perfonnelle
qui ne paffe pas aux deſcendans du Chevalier.
Autre dif.
ference. Ce qui fait une autre difference bien remarquable en-
tre la Chevalerie & les autres qualitez dont nous parlons ;
c'eft que dans la fuite des tems les Ducs , les Marquis ,
(a) Nemo eques nafcitur , fed fit per gnitas perfonalis eft non tranfitoria ad
habentem ad hoc poteftatem. Equeftris di- hæredes. Theodor . Hcopinght.
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt. I. 13
ARTICLE IV.
C'eft ainfi que les Empereurs , les Rois & les Souverains Les Empe
ont voulu être honorez de la Chevalerie. Ils font perfua- reurs & les
Rois pre n-
dez qu'ils ne naiffent point Chevaliers , & que fi la nobleffe nen t le ti-
du fang les éleve fur le trône , elle ne leur communique tre de Che-
pas la Chevalerie. Ils defcendent donc volontiers de leur valiers.
trône pour être faits Chevaliers , préferant la Chevale-
être pour qu'ils priffent poffeffion de leur Royaume. C'eft dans cette
valierChe-
être Roi. vûë que Charles VII. fut fait Chevalier à fon facre , l'an
(a) Imperatores & Reges non dedi- I bilir. cap. 8. Hac dignitas , Equeftris ,
gnantur militum nomen & titulum fibi perfonalis habita nec ad filios tranfitoria ,
affumere , cum cæteros milites commili- etiamfi ex regia defcendat quis proſapia.
tones appellant , Tiraquel tract. de no- Renat. Chopin de Domin. cap. 29.
1
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt . I.
les chapitres des Ordres de Saint Michel , du Saint-Ef-
ARTICLE V.
xandro
nial. die- compenfes étoient les charges de Tribun , de Centurion ,
Ge-
rum lib. 4. de Decurion,de Prefet, & même de Conful (a) ; mais toutes
cap. 18. Ro- ces dignitez étoient bien differentes de celle de Chevalier-
quit. Anti
Rom . Car quoique l'on prît fouvent des Senateurs , des Magif-
lib. 1o . cap. trats , des Prefidens , & autres perfonnes pour gouverner
26.
les Provinces , de l'Ordre des Chevaliers , neanmoins en
recevant ces charges ils perdoient le titre de Chevalier.
De-là vient que Sejan ayant été honoré par l'Empereur
Tibere de la dignité de Preteur , aprés avoir été aggregé
au Senat , fut effacé du nombre des Chevaliers.
a ) Quoique Marius fut d'une Curules , qui étoient pofées fur des
naiffance fort obfcure , il merita par chars à deux ou à quatre chevaux ;
fes vertus militaires d'être élevé fix les Equeftres , dont les femmes mêmes
fois à la dignité de Conful. Plutarch pouvoient être honorées , puifque
in ejus vitâ. i hiftoire nous apprend qu'on en éri-
(b ) Les ftatues devinrent fi com gea une à Clelie Dame Romaine :
munes dans Rome , qu'un ancien dit enfin les ftatues en pied.
affez ingenieufement qu'ily avoit dans (c) Il y a eu plufieurs fortes de cou-
Rome un peuple de marbie & de bronze , ronnes dont les anciens fe font fervis,
qui égaloit prefque le nomb e des Citoyens mais il ne s'agit ici que des couronnes
Les principales ftatues dont il eft fait milicaires , qui étoient une marque de
mention, font les Coloffales, qui étoient victoire , & que l'on donnoit aux Ge-
d'une grandeur extraordinaire ; les neraux d'armée , aux Capitaines , ou
d'or ,
fur la Chevalerie. Liv . I. Diſlert . I. 17
aux Soldats. Agellius , lib. 5. de noct . I parmi les Romains , ou autre nation
atticis , dit que ces couronnes étoient un homme de guerre qui ait reçû fi
très-differentes. Pline remarque que fouvent , ni tant de differentes recom.
la couronne obfidionale étoit la plus penfes militaires , que Licinius Denta-
glorieufe de toutes les couronnes mi- tus , s'il en faut juger par une Epita-
fitaires Corona quidem nulla fuit gra- phe gravée dans une pierre ancienne,
minea nobilior in majeftate populi - ter- où il y a ces paroles. CENTIES.
rarumprincipis , premiifque glorie. Gem- VICIES. PRÆLIATUS . OCTIES.
mata & aureæ, Vallares , Murales , Rof- EX. PROVOCATIONE . VICTOR.
trate , Civice , Triumphales , poft hanc QUADRAGINTA. QUINQUE. CI-
fuere. Cæteras Imperatores dedere , fola CATRICIBUS . ADVERSO. COR-
Graminea , ab univerſo exercitu ferva PORE. INSIGNIS. NULLUM . IN
tofervatori decreta eft. Plin. Hift. natur. TERGO. IDEM. SPOLIA. CEPIT.
lib. 22. cap. 3. XXXIV . DONATUS . HASTIS. PU-
(d) On dit qu'Augufte Cefar don- RIS. IIXX. PHALERIS. XXV. TOR-
noit plus volontiers de ces fortes de QUIBUS. III . ET LXX. CLX. CO-
chofes pour recompenfe , que des RONIS. XXXV CIVICIS. XIII.
couronnes. Dona militaria aliquantofa- AUREIS. VIII. MURALIBUS . III.
cilius , phaleras & torques , & quidquid OBSIDIONALI.I.FISCO. ÆRIS . X.
auro argentoque conftaret , quam Vallares, | CAPTIVIS. XX . IMPERATORI-
ac Murales coronas , quæ bonore præcelle- BUS. VII. IPSIUS. MAXIME . OPE-
rent dabat. Sueton . in ejus vita cap. RA.TRIUMPHANTES . SECUTUS.
25. Dempfter cap. 29. paralipom. in Antiquit.
(e) Il n'y a peut- être jamais eu Rom. lib. 10. Rofini.
C
18
Differtations Hiftoriques & Critiques
DISSERTATION II.
De l'Origine de la Chevalerie.
Trois o-
Es fentimens font partagez fur ce fujet. Il y a des
pinions fur
l'origine L Ecrivains qui prétendent que la Chevalerie eſt auffi
de la Che- ancienne que l'ufage des armes dans la guerre. Les autres
valerie.
la font venir du païs du Nord ; ils attribuent cette noble
inſtitution à ces barbares , qui ruinerent les plus belles Pro-
vinces de l'Empire Romain. D'autres enfin donnent l'hon-
neur de l'établiſſement de cette augufte dignité aux Ro-
mains. La premiere de ces opinions a un air fabuleux qui
la rend fufpecte. La feconde eft établie fur de très-foibles
fondemens. La derniere paroît la plus vrai-ſemblable. C'eſt
ce qu'il faut examiner dans cet article.
ARTICLE I.
ARTICLE II.
(a) Germain vient de Ger,nom d'un tur , haftas vel ipforum vocabulo frameas
Fleuve de la Turinge, & de Man hom gerunt angufto & brevi ferro , fed ita
me; enforte que les Germains dans acri & ad ufum habili , ut eodem telo ,
leur origine , n'étoient que les Ton- prout ratio pofcit , vel eminus , vel comi-
gres , appellez depuis Turingiens, qui nus pugnent.Tacit.de morib. Germ . Fra-
habitoient les rivages du Fleuve de mea eft gladius ex utraque parte acutus
Ger. L'étimologie d'Alleman , ne fi- quam vulgofpatham vocant , ipfa Rom-
gnifioit dans fon origine qu'un habi - phea. ibid. Lib. 18. cap.6.
tant du Fleuve Almon , aujourd'huy (c) Arma fumere non ante cuiquam
Altmuhl , qui coule entre la Suabe, la moris , quam Civitas fuffecturum proba-
Franconie , & la Baviere . C'eft le fen- verit . Tum in ipfo Concilio , vel Princi-
riment de M. Chrêtien Juncker dans pum aliquis , vel pater , vel propinquus
la feconde Partie de fon Introduction Scuto frameaque juvenem ornant. Hec
à la Géographie. apud illos toga , bic primus juventa ho-
(b) Framea , fignifie arme offenfive nos , ante hoc domus pars videntur , mox
& deffenfive , laquelle atteint de loin. Reipublice. Cornel. , Tacit. de morib.
Rari gladiis aut majoribus lanceis utun- German . cap. 2.
24 Disertations Hiftoriques & Critiques
avec certaines Céremonies , ce qu'ils regardoient comme
une choſe trés glorieufe. Ces peuples étant repandus dans
l'Empire Romain , cette inftitution s'y établit prefque par
tout , & fut confiderée comme une grande dignité , ayant
enfuite pouffé leurs Conquêtes , jufqu'à fe rendre Maîtres
d'une partie de l'Italie , on ajoûta à leurs Céremonies quel-
ques-unes de celles qui étoient en ufage parmi les Romains.
Céremonies qui ont été trés - differentes fuivant le tems &
les lieux.
* Tacit. de bleffe , ou des Chevaliers qui portoient les Armes , & s'ad-
morib.Ger- donnoient à la Guerre. Les Druïdes , ou les Prêtres deſti
man.cap. 2. nez aux facrifices , & aux affaires importantes du Païs
faifoient le fecond Ordre. Le commun du peuple étoit
dans le dernier.
D iij
30 Differtations Hiftoriques & Critiques
ARTICLE III.
fa ) Martia Roma triplex Equitalu, Plebe, | Emile perdit la vie avec quarante mil-
Senatu . Aufon. de tern . in Adyll. 4. le hommes , entre lefquels eftoit toute
Illedabitpopulo patribufque, Equitique le- la fleur de la Noblefie , & des Cheva-
gendum. Mart. lib. 12. Epig. 3. liers de Rome : Flos equeftris ordinis.
(b) Alexand. ab Alexandro genial. Auffi Annibal envoya à Carthage trois
dierum . Lib. 2. cap. 29. boiffeaux remplis d'anneaux de Che-
( c) Il n'en faut point d'autre preu- valiers tuez dans cette Bataille. Com-
ve que ce qui arriva en 538. de la fon me dans ce tems on accordoit l'An-
dation de Rome , que Terentius Varroneau d'or à toutes fortes de perfon-
étant Conful , dona Bataille à Anni- nes , il y a bien de l'apparence , que
bal. Cette journée mémorable dans tous les Anneaux recueillis par Anni-
l'Hiftoire eft celle de Cannes , où Paul bal , n'étoient pas des Chevaliers.
32 Differtations Hiftoriques & Critiques
Après cela , on peut être aifément convaincu que la
Chevalerie a été celebre parmi les Romains , qu'ils luy ont
donné la naiffance ; & qu'on n'en avoit point oüi parler
chez les autres Nations , avant qu'elle fut établie dans cette
fameufe Monarchie. }
Ge
DISSERTATION II I.
De la Chevalerie Romaine.
ARTICLE I.
par Romu- dateur de la Capitale du monde , & ceux que Tarquin ajoû-
ta. Les uns & les autres furent également tirez du peuple ,
pour être auprès de ces Souverains , & veiller à la garde de
leurs perfonnes.
Les Chevaliers appellez Honoraires , peuvent être placez
dans le fecond Ordre. Ces Chevaliers Honoraires étoient
Cheva-
liersHono- des perfonnes , qui n'ayant pas le moyen , ou l'ingenuité re- •
raires .
quife › pour trouver place parmi les vrais Chevaliers ; ils
obtenoient
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt . III. 33
obtenoient de l'Empereur le droit d'Anneaux d'or , qui
-étoit l'ornement & la marque publique des Chevaliers.
Cheva-
Les Chevaliers de Lettres , faifoient peut-être une troi- liers de
fiéme claffe. Il y avoit en effet de ces fortes de Cheva- Lettres.
liers , comme il fe voit dans l'ancien Droit Romain , ( a )
où il est écrit , qu'il y avoit fous les Empereurs , des Com-
tes & des Chevaliers qui manioient les Armes , & des Com-
tes & des Chevaliers qui faifoientprofeffion de Lettres.
Cheva-
Le quatriéme Ordre de Chevaliers , renferme ceux qui lie de
étoient fortis de la lie du Peuple, ou qui avoient achepté cette baffe naif-
dignité , comme le remarque Arnobe : ( b ) Pecunia dabat fance , Pu-
blicains ,
annulos , & priora loca in fpectaculis. On doit joindre à Esclaves.
ceux-là les Efclaves. Statius fe plaignant de cet abus , di-
foit d'un Efclave fait Noble & Chevalier ,
ARTICLE II.
NERONI CLAUDIO
GER. COS. DES.
EQUESTER ORDO PRINCIPI
JUVENT.
D. M.
T. AUREL. SUMMUS
EQ SING. AUG. CLAUDIO , & c.
( a ) Rofin. Antiquit. Roman. Lib . 7. Į pag. 360. Pancirolus Lib. 1. cap. 20.
cap. 10. Cujacus, Lib . 12. Obfervat. cap. 40.
( b) Raphaël Fabretus de Infcription .
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. III. 39
Autre Infcription.
D. M.
TITO AURELIO
TITI FILIO . ALIO MURSA MAXIMO
SIGNIFERO EQUITI SINGULARI
IMPERATORIS NOSTRI , TURMÆ
AURELII BITFI NATIONE . PANNO-
NIO MILITAVIT ANNIS XXII . V I-
XIT ANNIS XL. TITUS FIRMUS
EVOCATUS AUGUSTI HÆRES AMI-
CO OPTIMO FIERI CURAVIT.
Autre.
Ce que
c'eft Il y en a qui confondent ces Chevaliers Singulatores,avec
que
Defultor. ceux qu'on appelloit Defultores. Mais outre qu'on ne donne
pas à ces derniers , le titre de Chevaliers , c'eft qu'ils cou-
roient avec deux Chevaux , & fautoient en courant de l'un
ARTICLE III.
( a ) Les Auteurs font fort partagez | termes anciens , dit que le petit Sex-
touchant la valeur du Sexterce. An- terce valoit dix - huit deniers de nôtre
dré Favin , dit que le Sexterce valoit Monnoye ; & que le grand Sexterce
deux affes & demi , & faifoit la qua- en valoit mille des petits , ce qui re-
triéme partie du Denier Romain , qui vient à quinze écus & plus. Le
valoit cinq fols de notre Monnoye : P. Juvenci croit que le petit Sex-
ainfi le Sexterce revenoit à nôtre pie- terce eft autant que deux fols de Fran-
ce de quinze deniers. Favin , Theatre ce. fuvencus latere. Sextertiorum .
d'honneur , Lib. 1. chap. 5. Il y avoit (b) Rofin. Antiquit. Rom. Lib. 1.
le grand & le petit Sexterce. Le pe- cap. 17.
tit Sexterce valoit deux fols un denier, (c ) Horat. Lib. 1. Epift. 1.
un peu plus de notre Monnoye Dic- (d) fuvencus in Horatium . Lib. 1.
tion de l'Asademie Françoife . D'Ablan- Epift. 1.
court fur Tacite , dans la table des
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. III. 43
les Chevaliers , auffi - bien que grands Patriciens.
Quand un Romain avoit la Nobleffe & les biens ne-
ceffaires pour être Chevalier ; on obſervoit pluſieurs choſes
en luy conferant l'honneur de la Chevalerie.
Premierement , il falloit qu'il fût choifi & approuvé par I. Cére-
le Cenfeur. C'étoit au Cenfeur des Chevaliers Romains monie
qu'on ob-
à juger de ceux qui meritoient de paffer du peuple , au fervoit en
rang des Chevaliers , & de ceux qui pouvoient , ou qui de- donnant la
voient aller à la Guerre: Equo merere . Tacite (a ) fait mention Chevale-
d'un Volufius , homme de grande reputation , qui avoit re.
exercé cette Charge : Cenforia poteftate, legendifque Equitum
Decuriis perfunctus.
En fecond lieu , il devoit être enregiftré dans le Livre II . Cére-
des Chevaliers : In album Equitum adfcribebatur , ce qui monie.
étoit un Privilege qu'on n'accordoit qu'aux feuls Chevaliers
Romains , & point aux Etrangers .
Troifiémement , le Cenfeur leur donnoit un Cheval aux III. Cé-
dépens du Public , mais ils étoient obligez de l'enharnacher monie.
& de le nourir. Plufieurs Infcriptions anciennes , font men-
tion de ces Chevaux.
L. ELIANO. L. .F
AN. PROVINCIALI
T. VETTUDIO
POTENTI FIL.
EQUO PUBLICO
ANNOR. XX. M. IV. D. V.
De ceux Aprés ces remarques , il eft aifé de juger par les quali-
qui n'é- tez perfonnelles des Chevaliers , par les Ceremonies qu'on
toient pas mettoit en ufage à leur reception , & par leurs privileges
ment Che- dont nous parlerons dans l'Article fuivant , qu'on ne
veritable
valiers. les doit pas confondre avec les Chevaliers établis par
Romulus , ou par Tarquin , ni avec ceux que nous avons
placez parmi les Honnoraires , ni avec les Chevaliers en
Lettres ; & qu'il faut encore les diftinguer de ceux qui
étoient tirez de la lie du peuple , ou qui avoient efté Efcla-
ves , ou qui étoient Publicains : parce que la création de
tous ces Chevaliers ne fe faifoit pas avec tant de Céremo-
nies ; & qu'il leur manquoit pour l'ordinaire ou la No-
vinces de l'Empire.
Enfin toutes ces Loix Romaines , touchant la Chevalerie, La Ché-
ce grand nombre de Céremonies miſes en uſage quand on valerieRo-
maine eft
la conferoit , les honneurs & les privileges de ces Cheva- le modele
liers doivent être confiderez comme le modele de ce qui des Ordres
s'eft pratiqué dans la fuite des ficcles , quand on a fait des de Cheva-
lerie.
Chevaliers : ou au moins les Princes Chrêtiens qui ont inf-
titué des Ordres de Chevalerie , ont imité les Romains en
plufieurs chofes , & les ont confiderez comme les premiers
auteurs de la Chevalerie ; quoiqu'on ne puiffe pas défa-
vouer qu'on a ajoûté dans la fuite d'autres Céremonies fui-
vant les tems & les lieux . Ainfi l'honneur de la Chevalerie
Militaire , doit fa naiffance à ces Maîtres du Monde. Si
cle , quoique les Ordres de Chevalerie que les Rois & les
Souverains ont établis , ayent eu fouvent des fins bien dif-
ferentes , & qu'ils les ayent deftinez à d'autres emplois.
Il eft vray que cette Chevalerie Romaine ne fubfifte plus ,
& qu'il ne nous en refte que la memoire que nous en a
confervée l'Hiftoire ancienne.
Fiij
ons s
46 Differtati Hiftorique & Critiques
ARTICLE IV.
Les Che- N doit mettre entre les Privileges des Chevaliers Ro-
valiersRo- mains , le droit de porter la Robbe de Senateur àpetits
mains por- O
toient la cloux d'or , pour les diftinguer des Senateurs , qui la por-
Robbe des toient à larges cloux d'or. Ils étoient auffi diftinguez des
Senateurs. Senateurs , en ce que ceux-cy ne ceignoient point leur Tu-
il fut arrêté par la Loy Sacrée (d) que les Chevaliers en-
Qui é treroient au Senat , & qu'ils y opineroient. On accorda en-
toient les core aux Chevaliers , que quoyqu'ils ne fuffent pas choifis
Chevaliers
nommez par les Cenfeurs , pour être mis au rang des Senateurs , il
Pedarii.
(a ) L. Rofcius Otho. minius , Confuls. Il étoit ordonné par
(b ) Suetonius in Augufto,cap. 40. la même Loy , qu'on ne pourroit obli-
(c ) Alexand. ab Alexand. genial. die- ger perfonne deporter les Armes avant
rum , Lib. 2. cap. 29 l'age de dix-fept ans : & qu'outre la
(d ) La Loi Sacrée fut faite l'an 631 . paye des Soldats , on leur donneroit
de la fondation de Rome , Q. Cæci- encore des habits.
lius Metellus , & T. Quintius Fla-
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. III . 47
leur étoit neanmoins permis d'y aller , & de donner leur
fuffrage , on appella ces Chevaliers Pedarii. ( a ) On dit
auffi que M. Livius , afin de balancer le Senat , fit une
M. AQUILIO . M. F.
FABIA FELICI.
A CENSUS EQUIT. ROMAN.
PRÆF. C L. PR . RAVENNAT.
PROC. &c.
ARTICLE V.
DISSERTATION IV .
De la Chevalerie Militaire.
ARTICLE I.
cetteforte de Chevalerie.
litaire ne litaire. Les Chevaliers ne font point de Corps , ils font tous
faifoit pas détachez les uns des autres , & ne font point réunis fous un
un Corps.
Chef. Ceux qui reçoivent cette Dignité Militaire , ne s'en-
gagent point à obferver certains Statuts & des Regles par-
ticulieres ; & n'ont point de marque qui leur foit commu-
ne , qui les diftingue des gens de Guerre , & des Nobles.
Enfin cette Chevalerie fe confere ordinairement avec fort
peu defolemnité.
ARTICLE II.
( a) C'eft une maniere de Chambre 1432. Le Roi fit porter fon Corps dans
fouteraine qu'on fait fous le rempart , l'Eglife de Saint Denis , lieu de la Se-
à laquelle on va par des détours , & pulture des Rois de France , & ordon-
qu'on charge de la poudre qu'on juge na qu'il y fut enterré avec les mef-
être neceffaire felon la hauteur & la mes Honneurs & Ceremonies qu'on
pefanteur des corps qu'on veut élever, avoit accoûtumé de faire aux Rois,
& renverfer pour aller à l'affaur, Il fut mis dans la Chapelle de
(b ) Barbezan étoit premier Cham- Charles V. fous un Tombeau élevé
bellan du Roi Charles VII . Gouver- de bronze , fur lequel eft pofé fon effi~
neur de Champagne , & General des gie , avec deux belles Infcriptions en
Armées de Sa Majesté. Il mourut en fatin & en François .
ions ues ique
s
rtat oriq
56 Diße Hift & Crit
သ
gnée , à laquelle ils comparurent , & y avoit torches & lu-
20
miere. Et combattirent l'un contre l'autre une groffe de-
32
mi heure , & n'y eût celuy qui ne perdit de fon fang.
"
Et n'y avoit gueres heure au jour,qu'il n'y eut en la Mine
Comment » des faits d'Armes. Entre les autres Raimond de Lore qui
fe faifoient כב
ces Com- étoit un vaillant Ecuyer , entreprit armes deux contre
bats. deux , & prit pour deuxiéme ledit Loüis des Urfins , &
>> combatirent contre deux Anglois bien, & vaillamment , &
» en eurent l'honneur, & ne pouvoit on prendre l'un l'autre,
» car y avoit un gros chevron au travers de la Mine , haut
"3
jufqu'à la poitrine , & étoit défendu que nul ne paffât
دو
par deffus , ni par deffous.
» Le Roi d'Angleterre , & le Duc de Bourgogne firent
"
plufieurs Chevaliers , & de grands Seigneurs , lefquels
vaillamment s'étoient portez au fait des Armes , qui
Cheva- " avoient été faits en la Mine. Et fonnoient trompettes &
liers créez 99
menêtriers en leurs Sieges , & faifoient une grande joye
dans les
Mines. Le Seigneur Barbezan , dit auffi qu'il en vouloit faire , &
» envoya querir ledit Louis des Urfins , & Gilles d'Efche-
دوviller , & les fit Chevaliers , & fit auffi fonner ce qu'il
,, y avoit de trompettes , & fonner les Cloches de la Ville.
Exemple Voici un autre exemple fur le même fujet , qui eſt très-
d'un cele- celebre , & que je ne dois pas oublier. Louis II . de Bour-
bat Com-
bre fait bon,furnommé le bon Duc, ayant affiegé Vertueil, ( a ) & ne
dans une pouvant reduire cette Place par la force , à caufe de fon af-
Mine.
fiete , qui la rendoit prefqu'imprenable , forma le deffein de
la miner. (b ) La Mine étant achevée , ce genereux Prince
y entra le premier l'épée à la main. Il rencontra dans la
(a ) Uptonus , Ibidem.
H
ns es
tio qu s
ta i que
fe
r or ti
f ft i
58 Di Hi & Cr
CARAIRADRAIRAICAIRAIRAI RI RADRAIRAIRAIRAIRAIRADRAGRAD
DISSERTATION V.
ARTICLE I.
Chevale- La premiere , & la principale fin que les Rois & les Sou-
rie Chrê- verains fe font propofée dans l'inftitution de la Chevalerie
tienne.
Chrêtienne , a efté le foûtien de la Foi , & de l'Eglife , le
foulagement du prochain, la défence des Pelerins, & le fer-
vice des malades; enfin pour animer leurs Sujets à défendre
leurs Etats contre les incurfions des Barbares & des Infidelles.
Civile ou Politique , que les uns & les autres font des So.
cietez illuftres , que les Princes ont établies , pour donner
des marques d'honneur , de dignité & de diftinction , à
ceux qui fe font rendus recommandables par leurs hauts
ARTICLE II.
On l'at- fut , dit-on , vers l'an 313. qu'un Juif , nommé Ciriaque
tribuë à enfeigna à Sainte Helene le lieu où l'on avoit caché la
Sainte He
lene. vraye Croix de Nôtre Seigneur. Ce bois ſacré ayant été
Chapitre.
On a fait beaucoup valoir cette Piece dans le Procez que
l'on fit fur la fin du fiécle paffé , à quelques prétendus Che-
valiers de cet Ordre. Elle feroit en effet d'un très-grand
poids , pour prouver que l'Ordre des Chevaliers du Saint
(a la
De Roque ,, page
) ibidem 17.de la Noblesse
Traité Chap . 114.
|
fur la Chevalerie. Liv. I. Diſſert. V. 71
ARTICLE III .
foitCivile.
pella ainfi , afin qu'on connût que par la Croix qu'il avoit -
reçûë , il finiroit les perfecutions que l'Egliſe ſouffroit de-
puis deux ou trois fiécles; & qu'il feroit ceffer les maux que
leTyran Maxence avoit caufez à la Ville de Rome.
Defcrip. Quoiqu'il en foit du nom qu'on a donné à cet Etendart ,
tion du
barum. La- il eft certain qu'il n'étoit pas toûjours fait de la même ma-
niere. Affez fouvent le nom de Jeſus- Chrift n'étoit pas au
ARTICLE IV.
qui eft le plus noble & le plus ancien de tous les Ordres
Militaires...... C'eft fur ce modele que les autres Che-
valeries ont été inftituées , dont ceux qui en font pro-
feffion , portent une Croix à l'imitation des Chevaliers
de Conftantin. Il femble même que les Souverains Pon-
tifes,qui ont publié des Croifades contre les ennemis de la
Foy , ont fuivi l'exemple de ce grand Empereur , en don-
nant aux Croifez le figne de la Croix. Ad illius namque
inftar & exemplar reliqua ferè omnia Militiarum inftituta
& inventa , cujus profeffores Crucem in pectore geftant , ficut
& Milites Conftantiniani. Imò Pontifices maximi , qui ad-
verfus fidei hoftes pios Milites armant , adhibito Crucis infi-
gni hujus Sanéti ac Religiofi Imperatoris exemplum videntur
imitati.
ARTICLE V.
>> C'eſt au fujet de l'Ordre dont nous parlons , & dont l'on
" prétend que l'Empereur Conftantin le Grand a été Fon-
" dateur , que le P. Papebroch ( 6 ) dit
, que ceux - là ſe
,, trompent , ou le voulant bien font trompez , qui portez
,, par un défir de flaterie , vont chercher l'origine des Or-
" dres Militaires avant le XII . fiécle : Fallunt aut vo-
lentes falluntur adulatorio ftudio placendi abrepti quicumque
Militarium Religionum principia ante fæculum XII, requi-
runt.
Il femble que pour faire douter de l'antiquité de l'Ordre
Reponse.
Conftantinien , foûtenue du témoignage d'une foule d'E-
crivains , & des Bulles de plufieurs Papes , il ne fuffit pas
de dire froidement & fans preuve : Mais il eft inutile de
chercher l'origine des Ordres Militaires avant le XII. fiècle.
Le paffage du P. Papebroch n'eft gueres favorable au Pere
Helyot : car on avoüe fans peine, avec le fçavant Jefuite
qu'il cite , qu'on n'a point fondé de Religions Militaires
avant le temps des Croifades , mais il ne nie pas qu'il y ait
eu des Ordres Militaires avant le XII . fiécle.
La Milice de Conftantin , jufqu'au tems des Croifades ,
n'a été qu'un Ordre de Chevalerie ; mais l'Empereur Ifaac
l'Ange , l'ayant mis fous la Regle de Saint Bafile vers la
fin du XII . fiécle , il devint une Religion Militaire. Ainſi
fi le Pere Helyot n'avoit pas confondu les Religions
avec les Ordres Militaires , il auroit pû fe difpenfer de pro-
duire le paffage du P. Papebroch . Je doute fort qu'on ap-
prouve que ces paroles Militarium Religionum , fe doivent
traduire , des Ordres Militaires ; autrement on pourroit di-
re, que les Ordres du Saint Eſprit , de la Toiſon , de la Jar-
je mets entre ces vifions , & non pas fur des preuves folides ,
on eft en droit , auffi- bien que lui , d'avancer : Ce font de
pures vifions & des imaginations creufes de dire que ç'en
foit une de mettre l'Ordre de Conſtantin au nombre des
vifions.
fes peu fures ; qu'ils n'ayent inferé dans cette Hiftoire des
évenemens incertains , & qu'ils n'ayent même produit des
pieces fufpectes & douteufes ; ce qui fuffit pour convain-
cre qu'on doit rejetter parmi les Hiftoires douteufes ce
qu'on raconte de cet Ordre & de fon antiquité ?
A cette Objection , qui renferme tout ce qu'on oppoſe,
de plus fort contre l'établiffement de la Chevalerie que
nous attribuons à Conſtantin , je n'ai que trois Réponſes
à faire. Voici la premiere ,
82
Differtations Hiftoriques & Critiques
Premiere
S'il n'eft pas raisonnable de contefter ce qu'il y a de
Réponse, certain , ou au moius de très-raifonnable , & fuffifamment
établi dans ce qu'on nous raconte de l'origine & des
mœurs des anciens Germains , des Gaulois & des Drui-
des , des établiſſemens des plus celebres Monarchies , des
commencemens des plus illuftres familles de l'Europe , &
même du temps , des circonftances & des Fondateurs de la
DISSERTATION VI.
nous avons crû avec juftice devoir en parler dans une Dif-
fertation particuliere , où nous efperons détailler fes ac-
croiffemens jufques vers le XII . fiécle ; faire voir com-
ment il s'eft confervé malgré les revolutions de l'Empire
de Conftantinople , & de quelle maniere il s'eft repandu en
Italie ; & découvrir enfin le nouvel éclat qu'il a reçû fur la
fin du dernier fiécle.
Lij
84 Differtations Hiftoriques & Critiques
ARTICLE I.
Vertu mi- Labarum , dont nous avons parlé dans la Differtation pré-
raculeufe
du Laba- cedente , fervit toûjours à cet Empereur comme un rem-
rum. part qui le mettoit à couvert de toutes fortes d'ennemis. ( a
Eufebe remarque , que quand les Chevaliers deſtinez à
la confervation de cet Etendart , le portoient dans les en-
droits où les ennemis avoient quelque avantage ; auffi-tôt
Dieu faifoit pancher la victoire de ce côté-là , & mettoit
les ennemis en fuite. Licinius s'en étant apperçû , avoit
donné ordre à fes gens de l'éviter autant qu'il feroit
poffible. Cet Hiftorien affure que ceux mêmes qui le por-
toient , n'étoient jamais bleſſez dans le Combat , & il ra-
conte fur cela un fait qui paroît miraculeux.
Dans une occafion fort périlleufe , dit-il , ( b ) celuy
ARTICLE II.
(a ) Nouvel. Theodof. tit. 14. de amot. | rio nomine & immunitate dignifunt, quos
mil. nostri lateris Comitatus illuftrat. Cod.
(b) Qui ex devotiffimis Domefticorum Theodof. Lib. 6. Tit. 25.
Scholis prapofiti Laborum noftro judicio, (c) Codinus, de Offic. Conftantinopol.
& fpendiorum Sudoribus promoventur , cap. S.
ad fimilitudinem decemprimorum Domef- (d ) L. ult. Cod. de loc. conducto.
ticorum, clariffimi fint inter electos , ita ut (c ) Codinus, ibidem, cap. z.
ex Confularibus babeantur. Nam Senato-
M
90 Dißertations Hiftoriques & Critiques
ainfi dire, fa gloire. (a ) Decimo - octavo locum habent ftipato-
res Equites , Sebaftorum decus. Casos en Grec , fignifie en
Latin Auguftus. C'étoit donc l'office des Chevaliers , d'ac-
compagner l'Empereur , & d'être à fes côtez par tout où il
alloit : ce qui étoit un grand honneur dans la Cour de Conf-
tantinople.
Cyrus af Il y a bien de l'apparence que Cyrus ( b ) afpiroit à cette
piroit à cet-
te Cheva- augufte Milice , quand il eft dit de lui , qu'il cherchoit les
lerie. premieres dignitez dans l'une & dans l'autre Chevalerie ,
des Armes & de la Cour : In utraque Militia , Caftrenfifci-
licet & Palatina Summos Magiftratus quærens. ( c ) Il n'y
avoit point en ces tems-là d'autre Chevalerie que celle
dont nous parlons , dont l'employ étoit de porter & de dé-
fendre le Labarum à la Guerre ; & d'être dans le Palais
ARTICLE III.
fens , qu'il eft toûjours le même ; qu'il eft ancien & nou-
veau. Si la magnificence , la beauté, & les agrémens qu'on
y voit maintenant , le font appeller un nouveau bâtiment ;
les fondemens fur lefquels on l'a réédifié , les vieux maté-
riaux dont on a fait uſage , fa premiere fituation & le mê-
me nom qu'il conferve , le peuvent faire paffer pour l'an-
cien édifice.
Pour honorer la mémoire de Conftantin le Grand , & Ce que
l'on con-
conferver les précieux débris de l'ancienne Chevalerie qu'il ſerva de
avoit établie , l'Empereur Ifaac conferva à cet Ordre le cet ancien
titre de Milice Conftantinienne , & la protection de Saint Ordre.
George Martyr , fous laquelle , comme l'ont crû plufieurs ,
il étoit depuis long-tems. Il confirma les privileges dont cette
Chevalerie joüiffoit par la liberalité des Empereurs fes
Prédeceffeurs ; & pour faire connoiftre qu'il renouvelloit
une Milice ancienne , plûtôt qu'il n'en érigeoit une nou-
velle , il lui laiffa fon ancienne dévife ; c'est-à-dire , le
Monogramme que Conſtantin lui avoit donné en l'infti-
tuant , & qui eft la marque la plus effentielle des Ordres
(a ) Les Statuts de cet Ordre ont que les Statuts imprimez dans ces
été imprimez à Plaifance en 1575. à deux dernieres Villes , n'écoient au-
Padoue en 1577. à Milan en 1583. à tres que ceux qui avoient été or-
Madrit en 1588. à Bologne en 1621. donnez par l'Empereur Ifaac l'Ange
àVenife en 1626. à Rome & à Trente Comnene. Hiftoire des Ordres Monaft.
en 1624. Le Pere Helyot remarque Tom. I. chap. 3.
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt . VI . 25
travaux , de ne ſe point vanter d'avoir fait de grandes ac-
tions , de ne point jouer aux jeux de hazard , de fuir le
duel. Il declara que les Heretiques , ceux qui auroient trahj
l'Eglife Romaine , ceux qui feroient convaincus de felonie ,
ou qui auroient abandonné le Camp , fuffent exclus pour
toûjours de fon Ordre. Voilà quelques -uns des Reglemens
qui furent dreffez par l'Empereur Ifaac l'Ange , l'an 1191 .
& dont l'Original fe conferve dans les Archives de la Cham-
bre Apoftolique. Ha Littera , dit Coriolan , après avoir
rapporté tout au long ce Diplome , defumptæ funt ex Ar-
chivis Romana Curia , & ex Regifiris Vloe fcriptoris. Plu-
fieurs Auteurs font mention de cette piece . Les Papes Paul
III. Jules III. l'ont reconnue pour authentique , dans les
Bulles qu'ils ont données en faveur de cet Ordre. Trois
Auditeurs de Rote dans une décifion , dont nous parle
ARTICLE
furlaChevalerie. Liv. I. Differt. VI . 97
ARTICLE IV.
Conftantinople.
S. I.
L'Empereur Ifaac l'Ange ayant été détrôné par fon fre- Conven-
des
re Alexis l'Ange , Alexis fils d'Ifaac eût recours aux Fran- Croiſe
tion z a-
çois qui alloient à la conquête de la Terre Sainte. Entre vec Alexis
les conditions que fes Ambaffadeurs propoferent aux Croi- l'Ange.
fez , en cas qu'ils retabliffent ce Prince dans fes Etats ; il y
a celle-cy : « Lui- même vous accompagnera en perfonne , се
& ira avec vous dans l'Egypte ; ou fi vous croyez qu'il a
vous foit plus utile , il y envoyera dix mille hommes à fa се
«
folde,qu'il entretiendra l'efpace d'un an ; & tant qu'il vi- CC
vra , il y aura cinq cens Chevaliers pour la garde de la CG
terre d'outre- mer, qu'il entretiendra pareillement à fes dé. «
pens. « ( a)
S. I I.
Cantacu-
On ne fçauroit rien avancer de plus glorieux à l'Or- zene fait
n
dre de Conftanti , que ce que fit Jean Cantacuze ne , des Cheva-
après qu'il fut facré Empereur à Didimothique , Ville de liers.
Thrace , l'an 1341. Il raconte ( d ) luy-même qu'étant ma-
gnifiquement vêtu , il monta à Cheval , & alla à l'Eglife de
Saint George Paleocaftrite , accompagné de tous les Grands Παλαιο
de l'Empire qui avoient affifté à la folemnité de fon Cou- rasgims.
ronnement. L'Empereur étant arrivé à cette Eglife , y
fit fes prieres , & après avoir rendu des actions de graces à
Dieu , il confera la dignité de Chevalier à quelques - uns
des Latins. Le P.Papebrok ( e ) foûtient que Cantacuzene a
(a) Pachim. Hift . Lib. 6. cap. 11. dirent pas la vie dans cette fanglante
(b) Du Cange, ibid. action.
(c ) Boniface de Verone ,' Seigneur (d ) Cantacuz Hift. Lib. 3. cap. 27.
de la troifiéme partie de Negrepont , (e ) Papebrok. Tom. III.April. ad diem
& Roger Deflau , natif du Rousillon, 23. cap. 10.
font les deux Chevaliers qui ne per-
N iij
102
Dissertations Hiftoriques Critiques
voulu parler d'une Création de Chevaliers , comme les
paroles de cet Empereur le marquent clairement. x TOÏS
ἐκ τ λαπνικος τραπας την Καβαλαριων παρείχε τιμην παντα επ' αυτοῖς τα διε
MEVA TEATOD : Quibufdam ex Latina Militia Cavalio-
foit par tradition , foit par écrit ; & que cet Ordre avoit été
celebré long-tems avant le XIV . fiécle.
Entre les Cérémonies que l'on obfervoit en conferant la
Chevalerie de Conftantin , l'une étoit de mettre au col du
Céremo-
monies a-
nouveau Chevalier l'Image de Saint George , qui a toû- vec lef-
( a ) Pontanus in notis , Lib. 3. cap. 27. (c )Papebrok. Acta SS. Tom . III. April.
Hift . Cantacuzeni. in S. Georgio , cap. 10.
(b ) Cantacuzen. Hift. Lib. 3. cap.9.
104 Differtations Hiftoriques & Critiques
Il eft bien à préfumer que Cantacuzene fit cesChevaliers
en leur donnant la CeintureMilitaire, quoiqu'il ne l'expli-
que pas ; puifque le Baudrier étoit la marque des Chevaliers
de ce tems-là , & l'avoit été depuis long - tems parmi les
Grecs , comme le reconnoît Georges Codin Curopalate. ( a )
Cet Ecrivain nous apprend que de fon tems , par ce mot
Stemma , on entendoit ce que Diademe fignifioit autrefois ,
que Diademe fe prenoit de fon tems pour le Baudrier ou
la Ceinture , qui étoit la marque de la Chevalerie : Porro
quod nunc vocatur Diadema , olim zona Militaris dicebatur
infigne honoris. ( b )
La cinquiéme Reflexion eft tirée de ces paroles: Quibufdam
ex LatinaMilitia ; lefquelles ne fe peuvent entendre que des
dèfcendans des Empereurs Latins, & des autres Familles il-
luftres qui s'étoient établies en Grece , avant ou après que ,
les Latins eurent perdu la Ville de Conftantinople , ou de
ceux qui s'y arrêterent au tems des premieres Croifades.
Ils font appellez Latins , parce que les Grecs de ce tems-
là donnoient ce nom aux François , aux Italiens & aux
perfonnes des autres Nations , qui , quoiqu'ils fuffent nez
en Grece , fuivoient le Rite de l'Eglife Latine ou Ro-
maine , ou étoient originaires des autres Païs.
§. III .
ARTICLE V.
Les Pa- Paul III . après avoir attentivement examiné tous ces ti-
pes les con- tres des Angeli , declare qu'ils font defcendus des Empe-
Dement.
reurs de Grece , & que le pouvoir de conferer la Cheva-
lerie de Conſtantin , étoit héreditaire dans leur Famille.
Jules III . dans une Bulle donnée l'an 1568. confirme ce
qu'avoit avancé Paul III . fur ce fujet : Ex certa noftra
fcientia , dit Jules III. ac de Apoftolice poteftatis plenitudine
tenore præfentium confirmamus & perpetuò approbamus , fibi-
que pro potiori cautela eadem ac fingula præmiffa denuò
concedimus .
ARTICLE VI.
Pij
116 Differtations Hiftoriques & Critiques
ARTICLE VII.
1º. Le Pape dans fon Bref, appelle Jean André l'Ange , I.Réfle
Nobilis vir. Le titre de Nobilis vir fe donne par les Souve- xion.
rains Pontifes aux Ducs & aux Princes , qui ne portent
point le titre de Rois , comme aux Ducs de Parme , de
Savoye , de Modene , de Mantouë , aux Princes Ro-
mains , aux Ducs & Pairs de France , & à ceux qui font
enpareil rang dans les autres Royaumes . Ce titre , Nobilis
vir, que l'on donne à André l'Ange , fait voir qu'il étoit
reconnu fous cette qualité , & que fes Prédeceffeurs
avoient porté le même titre depuis plus de 200. ans , que
leur Famille avoit paffé de Grece en Italie.
2º. On y donne auffi le furnom de Comnene à Jean André II. RE-
l'Ange. Ce n'eft pas qu'il fut defcendu de pere en fils de flexion.
la Maifon Imperiale des Comnenes ; mais parce que Conf-
La Croix & ces mots , In hoc figno vinces , nous rappel- renfermez
Mifteres
lent le tems , le lieu , & celui qui fut favorifé du Ciel de dans ce qui
l'apparition miraculeuſe de ces choſes ; & nous indiquent compoteer.
ce Colli
en même tems l'occafion qu'on peut regarder comme l'o-
rigine de tous les Ordres de Chevalerie. Peut-on douter que
ce Monogramme, à la confervation duquel le Grand Conf-
tantin deſtina 50. des plus braves de fon Armée , ne foit
( a ) fuf. Lipf. de Cruce.Lib. 3.pag. 15. & 16.1 ( b ) Lipfe , ibid. c. 14.
120 Differtations Hiftoriques & Critiques
Dans les Médailles des autres Empereurs, ( a ) auffi-bien que
fur les anciens Sepulchres , on trouve fouvent le Mono-
gramme avec les mêmes Lettres , quoiqu'il y ait eu quelque
difference dans cet ufage. ( b )
** **
DISSERTATION VII.
ARTICLE I.
1458. L'on n'auroit pas non plus mis à Paris une Image de
la Ste Vierge avec un piedeftral , où étoit un Ecu d'azur à
une Etoile d'or , fur la porte de SaintMarceau rebâtie tout
à neuf l'an 1461. auquel déceda Charles VII .
L'Ordre des Chevaliers de Saint Cofme & de Saint Da- Ordre des
Chevaliers
mien dans la Paleſtine fut inftitué l'an 1030. ( a ) par plu-
de Saint
fieurs perfonnes de pieté,qui fonderent des Hôpitaux à Je- Colme &
Saint
rufalem , & dans d'autres Villes pour les malades , envers de Damien.
lefquels ces Chevaliers exerçoient toutes fortes d'œuvres de
charité. Cet Ordre eft tombé , à mesure que les affaires de
la Chrétienté ont été ruinées en Syrie. Ces Chevaliers
portoient la Croix rouge , & les Images de Saint Cofme
& de Saint Damien renfermées dans un cercle.
Garcias , Roi de Navarre I V. du nom , furnommé Ordre de
Nagera , parce qu'il avoit été nourri dans cette Ville , inf- Notre- Da-
titua l'Ordre de Nôtre-Dame du Lis , à l'exemple de Ro- medu Lis.
bert , Roi de France , qui avoit érigé l'Ordre de l'Etoile ,
en l'honeur de la Sainte Vierge. Dans le tems que Gar-
cias étoit malade à l'extremité , une Image miraculeufe
de cette Sainte Mere de Dicu fut trouvée dans un Lis à Na-
(a)Ily en a qui croyent que cetOrdre Traité de la Nobleffe , chap. 123. An-
eft plus recent , ce qui eft le plus vrai - dreas Mendo , Jofephus Michci , le
femblable. Il fut confirmé par le Pape P. Heliot , Hift. des Ordies , premiere
Jean XXII. en 1410. qui ordonna à ↑ Partie , chap. 34. Villemont , Elemens
ces Chevaliers de fuivre la Regle de de l'Hiftoire , Tom . III . Liv. 7. chap. I.
Saint Bafile. Plufieurs Auteurs font art. 5. Hermant , chap. 9. Favin , Thea-
mention de cet Ordre. De la Roque , tre d'Honneur , & alii.
Qiij
126 Differtations Hiftoriques & Critiques
dre Militaire de Sainte Marie du Lis. Le Roi s'en declara
toine. An- & Hofpitalier de Saint Antoine fut établi en Ethiopie vers
Saint
ARTICLE II.
(a) Aprés cette apparition de Saint I fes tirées du Prophete Daniel : Ecce
Michel für le Pont d'Orleans, Charles Michaël unus deprincipibus primis venit in
VII.prit pour fon Oriflamme l'Image in adjutorium meum . Nemo adjutor meus
de cet Archange , avec ces deux Devi- in omnibus,nifi Michaë! Princeps nofter.
R
130 Dißertations Hiftoriques & Critiques
fait, promit à Dieu, que dès qu'il auroit la paix dans fon
Royaume , il inſtituëroit un Ordre de Chevalerie fous la
protection de Saint Michel.
Inftitué Le Roi Charles n'ayant pû executer ce deffein , Loüis
par Louis XI . fon fils après avoir aboli l'Ordre
de l'Etoile , inftitua à
XI.
Amboife l'Ordre de Saint Michel , le premier Aouft 1469.
Nous , dit ce Roi dans l'Acte de l'Inftitution de cet Or-
59
dré , à la gloire & à la loüange de Dieu Nôtre Createur
29
"" Tout-Puillant, & reverence de la Glorieuſe Vierge Marie
,, & à l'honneur de Saint Michel , premier Chevalier ....
En nôtre Château d'Amboiſe , avons conſtitué , créé
دو
,, & ordonné , & par ces Prefentes conftituons , créons &
(a) Il y ades Auteurs qui rappor- tenu de faire chanter fept Meffes pour
tent l'origine de l'Ordre du Saint Ef- le Chevalier trépaffé. De laRoque,Trai-
prit à Louis d'Anjou , Roi de Jerufa- té de la Nobleffe , chap. 113. On dic
lem & de Sicile. Ce fut , dit-on, l'an qu'Henri III. revenant de Pologne,on
1352. qu'il fut créé à Naples au Châ- lui fit voir à Venife la Conftitution de
teau de l'Oeuf, pour trois cent Che- Louis d'Anjou , par laquelle on voit
valiers. Les Statuts de cet Ordre , qui que ce Prince avoit inftitué l'Or-
font au nombre de 25. portent que dre du Saint Efprit. M. le Laboureur
les Chevaliers étoient obligez de jeu- nous a donné une copie de cette
ner le Jeudy , de n'entreprendre au- Conftitution , dans le fecond Tome
cun long voyage fans le congé du de fes Additions , aux Memoires du
Prince que chaque Chevalier étoit fieur Caftelnau.
Rij
132 Dißertations Hiftoriques & Critiques
tifs qu'eût Henry III . de créer ce nouvel Ordre : fçavoir
pour rendre graces à Dieu de ce qu'il l'avoit préfervé des
nouvelles Hérefies qui troubloient l'Eglife ; pour fortifier &
maintenir la Foi & la ReligionCatholique.Henri III . fe de-
clara Chef Souverain de cet Ordre , & en unit pour jamais
la Grande Maîtriſe à la Couronne de France.
On fit la La premiere Céremonie fe fit le premier jour de Jan-
premiere vier de l'an 1579. en l'Eglife des Auguftins de Paris. Le
Céremo nombre des Chevaliers a été limité à cent , qui doivent
nie en1579.
être Nobles de trois Races. On ne comprend pas dans ce
nombre les Ecclefiaftiques , qui font quatre Cardinaux , &
quatreEvêques ou Prelats, avec leGrand Aumônier de Fran-
ce , & les Officiers , qui font le Chancelier , le Prevôt &
Grand Maître des Céremonies , le GrandThréforier , & le
Greffier. Il y a auffi un Heraut Roi d'Armes & un Huiffier.
Henri III. donna auxChevaliers le titre de Commandeurs,
parce qu'il avoit refolu à l'exemple des Rois d'Efpagne , de
leur attribuer à chacun une Commanderie , fur le revenu
(a ) On dit que cet Ordre porte de de Gedeon , qui avec 300. hommes
ce nom , en mémoire de la Toifon du combattit & défit les groffes Troupes
Mouton , qui fauva Phryxus , & de la des Madianites ; & délivra le peuple
Conquête des Argonautes à Colchos, d'Ifraël.
conduits par Jafon : ou en mémoire
R iij
134 Differtations Hiftoriques & Critiques
zils , entrelaffez en forme de B avec des cailloux étincel-
lans de rais & de flammes. La Deviſe eſt : Ante ferit,quam
flamma micet : Il frappe avant que la flamme paroiffe. On
met au bout de ce Collier un Mouton ou Toifon d'Or
avec ces mots : Pretium non vile laborum. Cet Ordre qui
eft fous la Protection de Saint André , eft fort eftimé ,
& on n'y reçoit ordinairement que les Princes ou Grands
d'Efpagne ; ou il faut avoir merité cet honneur par de
Chevaliers
du Bain. des Bains : ( a ) Ils portoientice nom , parce qu'avant d'être
honorez des Eperons dorez , qui étoit la marque de la Che-
valerie , ils fe baignoient , veilloient à l'Eglife , & fe con-
feffoient pour être purs & nets d'ame & de corps. Guil-
laume Camden en rapporte l'origine en cette forte.
Henri IV . Roi d'Angleterre, étant au Bain , fut averti
par un Chevalier qu'il y avoit deux femmes qui lui deman-
doient juftice. Ce Prince fortit incontinent du Bain , difant
qu'il falloit préferer la juftice , qu'il étoit obligé de rendre
à fes Sujets , à la recréation du Bain. En mémoire de ce
fait , il érigea l'Ordre du Bain , vers l'an 1400.
11 femble que cette Inftitution eft plus ancienne. Jean
Froiffard rapporte, que Richard II . Roi d'Angleterre, fur
lequel Henri IV. ufurpa la Couronne , ayant conquis l'Ir-
lande , & foumis à fon obéïffance quatre petits Rois , qui
y regnoient , les fit tous quatre Chevaliers du Bain , le 28.
de Mars dans la Cathedrale de Londres. Il eft vrai qu'Hen-
ri IV. ayant fait 46. Chevaliers avant fon Couronne-
ment , donna un nouveau luftre à cet Ordre , mais il ne
l'inftitua pas .
que cet Ordre aura pour marque deux Croix , l'une d'or «
ec
émaillée de bleu ; ayant d'un côté l'Image de Nô-
tre- Dame , tenant N. S. entre fes bras , & de l'autre côté "
S
138 Dißertations Hifloriques & Critiques
" celle de Saint Michel. Cette Croix doit être portée au col ,
avec un ruban de foye bleie & or , large de trois doigts.
» L'autre marque des Chevaliers , doit être de velours bleu
>> en broderie d'or , dans le milieu de laquelle eft l'Image
» de la Sainte Vierge , environnée de ' douze étoiles , por-
tant N. S. entre fes bras , un Sceptre à la main droite ,
» & un Croiffant fous les pieds. Au tour de cette marque ſe-
ra le Cordon de Saint François, & fortiront des quatre an-
»gles de ladite Croix des flammes d'or.
du nom
Jefu de tienne. L'an 1334. Magnus IV. Roi de Suede , inftitua
s , ou
des Sera- l'Ordre du Nom de Jefus , ou des Seraphins , pour défendre
phins. fes Etats des incurfions & des ravages que les Barbares
ARTICLE III.
la guerrefainte.
(a ) Favin Theatre d'honneur , Tam- rare & la commune. Celle- ci eft grife
burin , Bern . fuft. Dom Pierre de S. Ro-
& inarquetée de noir. L'autre, qui eft
muald. Trefor Chronolog. tom. 2. fur l'an
la plus eftimée, a le poil noir & luilant ,
726. & alii . comme du velours, & tachetée de mar-
(b) Cet animal eft prefque fembla ques rouges fort éclatantes la peau
ble à la fouine , approchant du chat échauffée rend une odeur auffi agréa-
d'Espagne en grandeur & en groffeur ble que le muíc.
On en voit de deux fortes : la Genettel
144 Dissertations Hiftoriques & Critiques
Collier de Le Collier de cet Ordre étoit d'or à trois chaînes entre-
cet Ordre. laffées de rofes émaillées de noir & de rouge ; & au bout
-pendoit une Genette pofée fur une terraffe émaillée de
Aeurs.
On refate Parles Statuts de cet Ordre , dit M. Hermant , ( a ) lės
M.
mant.Her- Chevaliers de cet Ordre étoient obligez d'expoſer leur vie
pour défendre la Religion Chrétienne contre les infideles,
& pour le bien de l'Etat ; mais il y a bien de l'apparence
que les Statuts de cet Ordre n'ont pas paffé à la pof-
terité. Au moins les anciens Auteurs qui parlent de cette
Chevalerie , n'en font aucune mention : ainfi nous ne fça-
vons pas d'où M. Hermant a tiré, ce qu'il avance fans preu-
ve. Ce qu'il y a de certain , c'eſt que cette Chevalerie eſt
feulement Civile , établie pour les fins dont nous avons par-
en faveur de cette Milice , eft une piece fauffe & fans au-
torité , & c'eft ce qu'on ne fait pas ; mais le Pere Heliot fe
contente de dire , que c'eſt un prétendu privilege , ſans ſe
mettre en peine de le prouver.
L'acte de l'Inftitution de cet Ordre étant très- ancien , A&te de
merite bien que nous le mettions ici tout au long, ( a ) d'au- Paititu-
tant qu'on y fait mention de plufieurs chofes très- remar- tion de cet
Ordre.
quables. 10. Le Gouverneur du païs , qu'on appelloit Po-
deftat , à la façon d'Italie , avoit le pouvoir de créer des
Chevaliers de cet Ordre , & en étoit comme le Grand-
Maître. 2 °. Le foufflet étoit en ufage dès ce temps- là ,
temps fleuri en Ecoffe , avoit pour devife : Nemo me impune cet Ordre.
laceffet , ou comme veulent d'autres , pour ma défenfe. Le
Collier étoit d'or,formé de fleurs de chardons & de feüil-
ARTICLE IV.
( a ) André Favin dans fon Hiftoire , çois fur les Sarrafins, Mais ces Auteurs
de Navarre , M. de la Roque & quel- ont confondu l'Ordre de la Coffe de
ques autres difent , que Charles Mar- Genefte avec l'Ordre de la Genette.
tel inftitua cet Ordre l'an 726. aprés la Charles Martel eft i'Inftituteur de ce
celebre victoire obtenue par les Fran- dernier , & S. Louis du premier.
Outre
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt. VII . 153
Outre cet Ordre de Chevalerie , Saint Loüis ayant ap-
(a) Ces cent Gentilshommes étoient |fous l'an 1192. Rex falubri concilio
armez de maffes de cuivre , comme le ufus , corpus fuum , per homines nobiles
remarquent Guillaume Nangis & Ri- cupreas clavas affiduè deportantes , fecic
gordus en la vie de Philippe- Augulte diligentiffime cuftodiri.
V
154 Differtations Hiftoriques & Critiques
mot ALLEN , qui vouloit dire , allons tous enſemble au
ſervice de Dieu , & foyons tous unis en la défenſe de nos
païs : C'eſt-là où nous pourrons trouver à acquerir l'hon-
neur par la Chevalerie.
Le Roi Louis XIII. établit une Communauté en for-
me d'Ordre de Chevalerie , fous le nom de Commanderie
de Saint Louis , pour les Soldats eſtropiez à la guerre dans
le fervice de Sa Majeſté , comme on peut voir dans les let-
tres données à Saint Germain en Laye l'an 1633. ( a ) Ce
( a )Henri III. avoit formé aupa- Henri IV. qui voulut maintenir ce
ravant un femblable deffein , quand grand deffein , ne purent lui donner
il fonda l'Ordre de la Charité Chrétien- toute fa perfection . Ceux qui étoient
we ,pour de pauvres Officiers & Sol- reçûs dans cette maifon portoient fur
dats eftropiez à la guerre pour le fer- leurs manteaux , une Croix ancrée en
vice de l'Etat. II leur affigna pour broderie, de farin, ou de tafetas blanc,
leur entretien des revenus fur les Hô- bordée de foye bleue,chargée en cœur
pitaux & les Maladrerics de France , d'une lozange de fatin bleu remplie
& leur donna à Paris une maiſon ſi- de fleurs de lys d'or en broderie , &
tuée au Fauxbourg S Marcel en la ruë au tour de la Croix ces mots :POUR
des Cordeliers. Mais ni ce Prince , ni | AVOIR BIEN SERVI.
far la Chevalerie. Liv. I. Diſſert. VII. 1555
са
ne ; de huit Grands-Croix , de vingt-quatre Comman-
deurs, du nombre des Chevaliers que nous jugerons à pro- ce
pos d'y admettre. CC
Les Grands-Croix & les Commandeurs portent en échar
pe , un grand ruban de couleur de feu , d'où pend une Croix
d'or , cantonnée de fleurs de lys d'or , chargée d'un côté
de l'image de Saint Louis , & de l'autre d'une épée flam-
boyante , dont la pointe eít paffée dans une couronne de
laurier. Les fimples Chevaliers portent feulement la Croix
attachée fur l'eftomac, avec un petit ruban de même couleur.
L'Article XIV . des mêmes Statuts eft remarquable , il Serment
contient le ferment que doivent faire ceux , qui ont l'hon des Cheva-
liers.
neur d'être reçûs dans cet Ordre. « Le Chevalier pourvû
fe prefentera devant nous pour prêter le ferment, auquel "
effet il fe mettra à genoux , jurera & promettra de vivre "
& mourir dans la Religion Catholique , Apoftolique & “
Co
Romaine , de nous être fidele , & de ne fe départir ja-
mais de l'obéïffance qui nous eft dûë , & à ceux qui com- "
mandent fous nos ordres ; de garder , défendre & foûte- “
nir de tout fon pouvoir nôtre honneur , nôtre autorité , "
nos droits , & ceux de nôtre Couronne envers & contre "
tous ; de ne quitter jamais nôtre ſervice , ni aller à celui "
d'aucun Prince étranger fans nôtre permiffion & agré- «
ment par écrit ; de nous reveler tout ce qui viendra à fa "
connoiffance contre nôtre perſonne & nôtre Etat , & de “
garder exactement les Statuts & Reglemens dudit Or- "
dre , & de fe comporter en tout , comme un bon,ſage, ver- “
tueux & vaillant Chevalier doit faire, "
Ce n'eft pas feulement en France qu'on a vû dans les Ordre
derniers fiecles des Ordres de Chevalerie honoraire ci- de l'Aigle
blanc.
vile. On en voit dans les autres Etats. Lorfque les pre-
miers Rois de Pologne faifoient creufer les fondemens de
la Ville de Gnefne , on trouva un nid d'Aiglons. Ce qui
donna occafion l'an 1325. d'inftituer en Pologne un Ordre
de Chevalerie fous le titre de l'Aigle blanc. ( a ) Le Roi
(a ) Mart. Crom. Hift . de Pologne. neur , & dans l'Hiftoire de Navare, &
Hermant , Hiftoire des Ordres de Che- alii.
valer. chap. 52. Favin , Theatre d'hon-
V ij
156 Differtations Hiftoriques & Critiques
Vladiflas V.furnommé Lokter , inftitua cet Ordre au ma-
Statut cu- Pour rendre cet Ordre plus celebre on fit plufieurs Sta-
rieux. tuts , ( b ) dont l'un portoit que celui qui avoit mangé des
aulx , des oignons & autres chofes femblables , ne pût d'un
mois aller à la Cour , ni converfer avec les Chevaliers fes
freres. Cet Ordre ne fubfifte plus que dans l'Hiftoire.
L'Ordre Amedée VI . Comte de Savoye , dit le Verd , inftitua
de l'An-
Honciade.
( a ) Mariana , lib. 16. chap. 2. Argote | des Ordres , chap. 45.
de Molina , Meneftrier de la Chevale- (b ) Dom Pierre de S. Romuald ,
rie ,chap. 1. page 96. Hermant , Hiftoire Tréfor Chronologique fur l'an 1269.
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. VII . 157
l'Ordre Militaire des Laqs d'amour en 1355. Mais Ame
dée VIII. premier Duc de Savoye , qui fut élû Pape fous
le nom de Felix V. au Concile de Bâle , confacra cet Or-
dre en 1434. & le fit appeller l'Ordre de l'Annonciade.
( a ) Il fit mettre au bout du Collier une Vierge au lieu de
Saint Maurice , & changea les Laqs d'amour en Corde-
lieres. Amedée fonda cet Ordre Militaire pour quinze
Chevaliers, & ordonna que les Comtes ( aujourd'hui Ducs )
de Savoye,feroient les Chefs de cette Compagnie..
Le Collier étoit auparavant compoſé de roles d'or, émail- Collier de
lées de blanc & de rouge , & jointes enfemble par des laqs cet Ordre .
d'amour, dans lesquelles étoient entrelaffées ces quatre let-
ARTICLE V.
pour faire l'office divin. Voilà , eft- il dit dans cette Char-
tre , ce qu'on trouve dans les Livres anciens , & quelle eſt
la tradition commune que l'on a apprife de ceux qui nous
ont précedé.
Voici ce que porte ce Cartulaire qui m'a été commu-
niqué par un de ces Chanoines de l'Eglife de Brioude. Il a
pour titre.
Notitia de confuetudine precum, quæ pro fuccefforibus fuis
apud Capitulum facere folerent Canonici Ecclefiæ Sancti Ju-
liani Brivatenfis , ex vetufto exemplari quod in ejufdem Eccle-
fie tabellario affervatur.
Reperitur in antiquis voluminibus : & refert fama publica, antiquorum
relatione divulgata , quod ante fundamentum dicta Ecclefia , pro tuitione
fidelium , & refiftendo potentie inimicorum fidei , qui in loco in quo dicta
Ecclefia eft fundata fe occultabant , & ibidem Chriftianos multipliciter de-
perdebant , mandando ipforum corpora fava morti , fane fanita fidei Con-
cilio fuerunt quater viginti milites conftituti , & primavo dicte Ecclefia
patrimonio pradotati , & quando unum dictorum militum decedere contin-
gebat , unus de propinquioribus in genere , perfeipfum ante deceffum fuum
nominatus , poft ejus interitum in dicto loco inftituebatur , loco militis de-
functi. Irem poft hac fugatis erroribus & inimicis fanctæ fidei , facro ac
divino cultu Ecclefia Catholica augmentato : fertur quod difponente Sacro-
fanita
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt. VII . 161
ARTICLE VI.
§. I.
tem in Jure Civili per decennium, effici militem ipfo facto . Ceux
qui n'avoient reçû la Chevalerie que pour le feul titre de
Docteurs , s'appeloient Chevaliers de Lettres. Ils font quali-
fiez dans quelques anciens Autheurs, Chevaliers de Juſtice,
Chevaliers de Lettres , ou Chevaliers Clers : Milites Jufti-
tia , Milites Litterati , Milites Clerici.
S. II.
De la Chevalerie de Robe.
cune ceremonie font élevés à cette dignité par les feules Pa-
ten tes du Prince, qui les declare Chevaliers dans les Letres
de provifion qu'il leur donne : c'eft ce que nous apprend
Camille Tutini en ces termes : (b ) fenza le narrate cerimo-
nie vengono chiamati Cavallieri Tutti gli Officiali perpetui ,
comme Regenti della Cancelleria , il prefidente del Configlio ,
il Luogotenente della Camera , i Configlieri , é Prefidenti ,
liers , & portent une frange d'or pour marque de leur Che-
valerie. On dit auffi que les trois paffemens d'or que les Pre-
miers Préfidens portent fur leur manteau de ceremonie ,
font la marque de leur Chevalerie.
La forme des habits des Chevaliers d'épée & des Cheva-
liers de Robe, étoit tres - differente . Les premiers étoient re-
prefentez avec la cotte d'armes , armoyée de leurs blafons.
Les autres étoient repreſentez avec une Robe fourrée de
vairs & d'un bonnet de même ( a ) . Les Préfidens à mor-
tier ont retenu l'habit de cette Chevalerie, quand ils ont leur
manteau de ceremonie. Il y a plufieurs tombeaux où l'on voit
ces habits longs fourrez de vairs pour les Chevaliers de
Robe.
S. III.
lites Regis (b) c'eſt le titre qu'on leur donne le plus fouvent
•
dans les anciennes Chartres . Jean de Soifi, Chevalier du
Roi de France ; Hugues de la Celle , Chevalier de nôtre
Seigneur le Roi de France , Domini Regis Miles.
On les appelle quelque fois Chevaliers de l'Hôtel du Roi.
On lit dans un Statut fait au bois de Vincennes au mois
S. IV.
Chevaliers du Guet.
S. V.
S. VI.
qui lui donna fon nom , fes Armes , & qui l'adopta
dans fa famille. Dominique Beccafumi n'excella pas feu-
lement dans la peinture , mais auffi dans la Sculpture &
dans l'Architecture. C'est lui qui a l'honneur d'avoir ache-
vé le beau pavé de l'Eglife de Sienne , commencé par le
Duccio. Je pourrois joindre à tous ces excellens Peintres ,
Sculpteurs & Architectes , Jean Baglione , Gafpar Celio ,
Dominique Paffignano , Octavio Padoüano , qui ont été
faits Chevaliers de Chrift par divers Papes ; auffi-bien
que François Vanni , Chriftofle Roncalli , & Pierre
François Moranzaro qui ont reçû le même honneur. Ce
dernier fut crée Chevalier de Saint Lazare & de Saint
quelques - uns,
Jerôme Zurita dans fon hiftoire d'Arragon , raconte que
Bernard Portera , étant Ambaffadeur de Jacques IV . Roi
d'Arragon dans la ville d'Alexandrie , il reçût ordre de ce
Prince de conferer la Chevalerie au fils du Sultan de Babi-
1
181
Jurla Chevalerie. Liv. I. Differt. VIII .
**
DISSERTATION VIII.
De la Chevalerie Sociale.
Z iij
182
Differtations Hifloriques & Critiques
ARTICLE I.
ARTICLE II.
mes.
Hunc morem , hos curfus , atque hæc certamina primus
Afcanius , longam muris cum cingeret Albam
Retulit , & prifcos docuit celebrare Latinos.
Cependant il eft certain que les Tournois dont nous par-
lons , & que les Auteurs appellent : Decurfiones militares
Ludicra, Equeftes pugnæ , Haftiludia, Ludi equeftres , ne font
pas fi anciens, & qu'ils doivent leur établiſſement aux Fran-
çois ( b ): C'est pour cela que Mathieu Paris les appelle Con-
Alictus Gallici ( c ) , des Combats François . Ces fortes d'e-
xercices étoient autre-fois affés frequents en France . Les
Anglois imiterent les François dans ces exercices militai-
res ( d ) , & on prétend qu'ils furent établis en Angleterre
par le Roi Richard vers l'an 1194. Les Allemans emprun-
terent auffi cet ufage des François environ l'an 1036. Les
Grecs avoient que ceux de leur nation en ont tiré la prati-
que. Ainfi Nicetas ,Cinnamus & Nicephore Gregoras ( e )
reconnoiffent que l'Empereur Emmanuel commença d’in-
ftituer ces nobles exercices à l'imitation des François vers
l'an 1145.
- Ces Combats
d'honneur ont été fi eftimez en Europe, que
les plus grands Seigneurs , les Ducs , les Princes & même
les Rois (f) fe faifoient une gloire particuliere de combat-
tre dans les Tournois. Il n'étoit pas même permis de fe
ARTICLE III.
S. I.
Pas d'Armes.
§. II.
Apertife d'Armes.
S. 111,
Table Ronde.
avec ardeur de ſe diftinguer dans les Tournois & dans les à la Table
autres Combats d'honneur , pour faire voir qu'ils n'étoient Ronde.
pas indignes du titre de Chevalier : & fane Tyrones erant
five Milites nouvelli , qui tam avidè iftius modi torneamenta
affectarunt : quos non prius Rex armis decoraverat , quam illi
fe fe non omnino indignos fuis fuiffe armis , in torneamentis tef
tarifitiebant. Il faut remarquer ici deux chofes : la premie-
re que cet Auteur dit quelques lignes auparavant , que les
jeux des Tournois & ceux de la Table Ronde étoient fou-
vent unis enſemble : frequenter tamen , non negaverim , con-
jungebanturjoci robuftiores ifti duo. La feconde que les jeunes
Seigneurs ne donnoient point de preuves de leur courage
& de leur addreffe dans ces Combats d'honneur , qu'ils
n'euffent reçû la Chevalerie : comme s'il vouloit faire en-
tendre , que le noble titre de Chevalier étoit neceffaire
pour affifter à ces Fêtes d'Armes.
S. IV.
Toupineures.
Bb
194 Differtations Hiftoriques & Critiques
S. V.
Factions.
11
commencement du quinziéme fiecle.
Plufieurs Philippe Marie Viſconti , Duc de Milan fit pour lors une
Factions troifiéme Faction , qu'on appella la Partie Ducale , & for-
en Italie .
ma de cette faction , comme une efpece de Chevalerie , à
laquelle furent aggregez cent douze Chevaliers. Il n'y eut
gueres que des gens du commun , qui prirent cette forte
1
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt . VIII . 195
S. V I.
Duels.
(a ) On peut voir l'Edit de Philip- num, Celeftin III. Alexandre III. Epif-
pele Bel Roi de France rapporté par tola 19. le Concile de Trente feff. 25.
Favin dans fon Theatre d'honneur cap. 19. Enfin les Empereurs , les Rois
tom. 2. page 1714. & dans fon Hiftoire & fur tout ceux de France, ont fait des
deNavarrepage 775. & fuivantes,& par Loix tres-rigoureufes pour reprimer
M. Du Cange dans fon Gloffaire La- cette fureur de la Nobleffe.
tin verbo Duellum. (c)Dans le Chapitre 18. du IV. Con-
(b ) Les Duels ont été defendus par cile de Latran tenu fous le Pape Inno-
les Loix divines & humaines. Les cent III. Il eft defendu aux Clers de
Conciles , les Souverains Pontifes, & terminer leurs differens par les Duels;
les Evêques , ont frapé d'anatheme c'eft-à -dire de choisir des Champions
ceux qui fe battroient en Duel , com- pour fe battre en leur nom .
me Nicolas I. Epift. 50, adCarolum Mag-
Bb ij
196 Differtations Hiftoriques & Critiques
gement ou fauffement accufez par des Gentilshommes &
par des Chevaliers ; comme ces perfonnes n'avoient pas l'e-
xercice des Armes , ou qu'ils n'étoient pas en état de s'en
fervir , ils avoient droit de prefenter pour eux un Cham-
pion , pour accepter le Combat , & pour préfenter le défy
au nom de la perfonne accufée ou offenfée. Quand celui
qui fe prefentoit pour leur défenfe , ou pour foutenir leur
caufe n'étoit pas Chevalier , ( a ) on l'armoit auparavant, &
on le créoit Chevalier , pour être Chevalier de l'Evêque ,
de l'Abbé , de l'Ecclefiaftique , du Religieux accufé , ou
de la Dame offenfée.
ARTICLE IV.
Sturent wek. ale . fin principale étoit de vivre Chrêtiennement , plûtôt que
de manier les armes. L'intention de ce Prince eft claire-
6 jn, omba 13
ment exprimée dans une Medaille qu'il fit faire dans cette
occafion. On y voit une Ange fur une nuë , qui porte une
Etoile & trois Couronnes au-deffous ; pour marquer que
les Chrêtiens doivent fuivre la lumiere celefte , & que pour
eralstars out
regner dans le Ciel , l'on devoit fe couronner dez ce mon-
o n de , de trois vertus Chrêtiennes qui font la Foi , l'Eſperan-
ie sivati
ce, & la Charité , defignées par ces trois Couronnes. La Le-
Levon 7
gende : Ambulate dum lucemhabetis : Marchez pendant que
Vous avez la lumiere , fignifie qu'on ne peut meriter que
pendant cette vie. L'Exergue montre que cette Confrerie
étoit d'Inftitution Royale , puifqu'il dit , Cæfaris Aftrum,
pue l'Etoile de Cefar , c'eſt-à dire du Roi , par allufion à celle
qui apparut à la mort de Cefar.
Ecce Dionai proceffit Cæfaris Aftrum.
Le Roi Jean fit battre une autre Medaille qui a beau-
aucoup de rapport à la premiere , & qui decouvre le deffein
qu'il avoit en inftituant cette noble Confrerie de Cheva-
liers. Elle reprefente une Etoile chargée d'une Couronne ,
pour leur apprendre qu'il faut travailler pendant cette vie
Je mortelle , l'on veut être couronné dans le Ciel. La Le-
Cheers .
gende qui eft au tour de la Medaille , étoit la deviſe de
2007. ner cet Ordre ou de cette Confrerie. Les Confreres portoient
une Etoile attachée à une chaîne d'or , où il y avoit gravé :
, pú j
& Monftrant Regibus Aftra viam : les Aftres conduifent les
Rois. Devife qui ayant rapport à l'Etoile des trois Rois ,
Confre- veut dire que Dieu éclaire particulierement les Princes
rie deChe- pour la conduite des Peuples.
valiers La plus celebre de toutes les Confreries de Chevaliers qui
dans la
Franche- fleurit encore aujourd'huy , eft celle de Saint George éta-
Comté.
blie dans la Franche-Comté. On dit que Philibert de Mo-
furla Chevalerie. Liv . I. Differt. VIII . 199
plufieurs
201
Jur la Chevalerie. Liv . I. Differt . VIII .
plufieurs Villes. A Valenciennes il y en avoit une que l'on
nommoit des Damoiſeaux , c'eſt-à -dire de Gentilshommes
prétendans à la Chevalerie : à Tournai , une autre où les
Confreres portoient fur la manche un Lys de Perles , avec
• ces mots Ave Maria : en Hibernie, & ailleurs.
DISSERTATION IX.
De la Chevalerie Ecclefiaftique.
ARTICLE I.
ARTICLE II.
nieres des Eglifes ; c'eft pour cela qu'on les appelle Gon-
fallonniers ou Vexillarii. Le Moine d'Orval ( a ) raconte
qu'un certain Rafus ayant été choisi pour être l'Advoüé
tre des Mitres (a) fur les Cafques de leurs armoiries , c'eſt
pour marquer qu'ils étoient advoüez & Défenfeurs des
( a ) Ce n'eft pas pour ce fujet que une Mitre fur leurs armes. André Fa-
les Seigneurs de la maifon de Parthe- vin Theatre d'honneur liv. IX. page 15 92.
nai portent une Mitre au lieu de Heau C'est peut- être encore la raison pour-
me ; mais à caufe , dit-on , qu'un de quoi ces Seigneurs de Parthenay, qui
cette famille , étant Archevêque de eft une Ville de Poitou , font Chanoi-
Tours , fut difpenfé pour fe marier , à nes honoraires feculiers de Saint Mar-
la charge que lui & fa pofterité porte- tin de Tours.
roient le furnom d'Archevêque ,
Dd ij
212
Differtations Hiftoriques & Critiques
tion ; & même des Bourgeois , des Marchands & autres
femblables perfonnes qui pouvoient entretenir des che-
vaux. ( a ) Ainfi comme les Evêques & les Abbez avoient
des Advoüez , ou des Vidames , pour la défenfe des droits-
& des biens de leurs Eglifes ; ils avoient auffi des Cheva-
liers pour affembler leurs Vaffaux , & les mettre en cam-
pagne pour le ſervice du Prince ; ou pour commander &
pour rendre plus confiderables leurs propres armées qu'ils
étoient fouvent contraints d'affembler afin de maintenir
leurs droits particuliers.
Soit que les Ecclefiaftiques ayent eu le pouvoir de con-
ferer la Chevalerie ; ou qu'ils fe foient attribuez ce droit ;
il eft certain que cette fonction n'a rien d'oppofé à leur di-
ARTICLE III
qui ont été faits Chevaliers en armes, & qui s'en font fer-
vis fous ce titre . Philippe de Savoye , fils de Thomas I.
nous en fournit un exemple celebre . Ce Prince étant élû
Evêque de Valence , apres Boniface fon frere , qu'on avoit
élevé à l'Archevêché de Cantorbie , fe fit faire Chevalier
DISSERTATION X.
De la Chevalerie Reguliere.
elles ont pris naiffance , & fur la maniere dont elles ont été
établies ; mais auffi ils ne conviennent pas de celle qui doit
tenir le premier rang.
Pour éviter la confuſion & dire quelque chofe de rai-
Ee
218
Differtations Hiftoriques & Critiques
fonnable fur ce fujet ; j'examinerai avant toutes chofes
l'origine des Religions militaires ; enfuite je ferai voir en
quoi elles font differentes entre elles-mêmes , & des Ordres
de Chevalerie ; enfin je traiterai de ces Religions en par-
ticulier.
ARTICLE I.
ARTICLE II.
[a ] Tamburin de jure Abbat. tom. Heliot Hift. des Ord. Relig. feconde part.
2. difput. 24. quæft. 4. chap. 16.
(b) Aymar Falcon Hift. Antonian. (c) De la Roque Traité de la Nobles.
Herman Hift. des Ordres Relig. tom. I. chap. 119.
224 Dißertations Hiftoriques & Critiques
d'avoir titre d'Abbaye. L'Inftitut de ces Chevaliers s'éten-
dit dans les Diocefes d'Avignon , d'Arles & de Lyon. On
tint un Chapitre de cet Ordre l'an 1337. où l'on fit divers
reglemens. Il ne refte plus rien de cette milice Hoſpita-
liere que dans les Livres.
Religions Si le foulagement des malades , la neceffité des pauvres
qui ont
militai été
res. & le fecours des pelerins , ont fait former le deffein d'ériger
des Religions hofpitalieres, dont l'unique emploi a été la
charité envers le prochain ; on peut dire auffi , que le zele
des Princes Chrétiens pour la défenfe de l'Eglife & de leurs
Etats , contre les Infideles ou les Heretiques, leur a fait naî
tre la penfée d'établir des Societez de Chevalerie Reguliere
qui fuffent militaires feulement ; c'eſt- à- dire , qui n'euffent
d'autre fin que de s'opposer aux ennemis de la foi.
Ordre de L'Ordre de Saint Etienne Pape & Martyr , patron des
( a ) In Bulla Pii IV. data Kalendis Fe- 1234 Item Theatre d'honneur. Tambu-
bruarii ann . 1561. rin, Mennen. Hermant , & alii.
(b ) Favin Hift . de Navarrefur l'an
Ff
226 Dißertations Hiftoriques & Critiques
Jacques II. Roy d'Arragon pour défendre fes Etats des
courfes des Infidelles , & garder les rivages de la mer , éri-
gea en 1316. un nouvel Ordre de Chevalerie fous le titre
ARTICLE III.
( a ) Hermant . Hiff. des Ordres , pag. Science des Armoiries , pag 495-
238.
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. X. 229
ARTICLE IV.
lieres,où l'on fait quelqu'un des Voeux de Religion, & même marque.
celles où l'on s'engage à l'obfervance des trois Vœux , avec
quelque limitation , font bien differentes des Religions
Militaires où l'on promet de garder les trois Vœux fans au-
cune modification. Dans celles-là , l'obéïffance n'eſt peut-
" pagnie. ( a )
IV . Re- La derniere reflexion eft , Que tous les Ordres de Cheva-
marque.
lerie où l'on fait des Voeux , ne font pas des Milices Re-
gulieres. Quoique les Voeux qui font en ufage dans ces
Societez Militaires foient de veritables Voeux , & diffe-
rens du ferment de fidelité ; neanmoins ces Ordres ne font
M. Chefnel fit faire une Croix & des Habits avec lefquels
il fe prefenta à Sa Majefté qui le fit Chevalier. Mais ce
deffein n'ayant pas réüffi , le Sieur de la Chappronaye ſe re-
tira dans un Hermitage , au bout de la Foreft de Fontaine-
bleau , où il paſſa le refte de fes jours dans les exercices de
1
la Pénitence , & prit le nom d'Hermite pacifique de la
Magdeleine.
De même les Chevaliers de l'Ordre de Saint George
érigé à Ravenne , n'étoient pas Religieux , quoiqu'ils fil-
fent vœu de refider dans cette Ville , & de faire la Guerre
aux Corfaires qui ravageoient les côtes. La marque de ces
Chevaliers étoit une Croix d'or , fur laquelle il y avoit une
Couronne de même. Les Succeffeurs de Paul III . qui avoit
inftitué cette Chevalerie , ne fe mirent pas en peine de foû-
tenir cet établiſſement ; c'eft pourqoy il eft entierement
tombé.
ARTICLE V.
S. I.
Heitersheim eft une petite Ville voix dans le College des Princes. Ce-
d'Allemagne en Brifgavv dans le Cer. luy qui déceda en 1682. étoit Cardi-
cle d'Alface. C'eft la refidence ordi- nal , Evêque de Beflavv , & Gouver
naire du Grand- Prieur d'Allemagne neur de Silefie , où il mourut. Il fe
de l'Ordre de Malte , lequel eft Prin- nommoit Frederic de Heffe - Darm-
ce de l'Empire, & a fa léance & fa ftad.
fur laChevalerie. Liv. I. Differt. X. 243
Roger.
Guillaume de Tyr , qui a écrit fon Hiftoire l'an 1184. & III.Obje
Jacques de Vitry qui a compofé la fienne vers l'an 1220. tion.
remarquent qu'environ quarante ou cinquante ans avant la
Guerre Sainte , l'Abbé & les Religieux de la Latine bâti-
rent une Chapelle dediée à Saint Jean l'Aumônier Patriar-
che d'Alexandrie , & que le B. Gerard gouvernoit l'Hô-
pital attaché à cette Eglife du temps de la priſe de Jerufalem.
C'eft fur le témoignage de ces deux Auteurs que le Pere
Maimbourg ( 6 ) a crû que les Marchands d'Amalphée fi-
rent bâtir un Hôpital & un Oratoire dédié en l'honneur
de Saint Jean l'Aumônier , & que le B. Gerard environ
l'an 1112. fit bâtir un troifiéme Hôpital fous le nom de
Saint Jean - Baptifte .
L'erreur de ces Auteurs eft fenfible , fi l'on fait attention
Réponse
que tous les Hiftoriens conviennent que du vivant du Ca- à cette ob-
life d'Egypte , c'eſt- à-dire , vers l'an 1048. & du temps de jection-
l'Empereur Conftantin Monomache , les Amalphitains ne
firent bâtir que deux Eglifes , l'une fous le titre de Sainte
Marie la Latine ; & l'autre fut confacrée en l'honneur de
Sainte Marie- Magdeleine ; & que ce ne fut que long- tems
S. II.
eftfuppri-
mé. étoient innocens des crimes qu'on leur impofoit. Cela fe
peut confirmer par un Concile Provincial celebré à Sala-
manque. Villancus & S. Antonin veulent qu'ils fuffent ac-
cufez par calomnie , & parlant de cet Ordre ils l'appellent
§. II
far la Chevalerie , Liv . I. Differt. X. 249
S. III.
( a ) Favin , Theatre d'honn, tom . 2. Eta tom. 1. lib . 2. cap. 46. Favin ,
liv. IX. pag. 1597. Theat. d'honn . ibid.
(b) Quarefmius , Elucid. Terra San--
fur la Chevalerie. Liv . I. Differt. X. 251
Premierement , d'entendre tous les jours la fainte Meffe ,
V
autant que faire fe pourra. En fecond lieu , d'expofer fes
biens & fa vie , lorfque les Princes Chrétiens s'uniront
pour faire la guerre aux Infidelles , & d'y venir en per-
fufpects , & les perfonnes débauchées , & tous les autres vi-
ces , pour fe rendre irreprehenfible devant Dieu & devant
les hommes ; de ne rien dire , ni rien faire qui foit indigne
d'un Chevalier , & de frequenter les Eglifes pour augmen-
ter le Service Divin.
S. V.
mais voyant qu'il falloit autre chofe que des paroles , pour
convertir ces cœurs endurcis , fe mit à la tête d'une Croifa-
de qu'il publia en Allemagne.
Vers le commencement du treiziéme fiecle , Albert Re-
ligieux de Bremen , de l'Ordre de Cifteaux , & alors Evê-
que de Riga , fonda un Ordre Militaire pour la défenſe de
la Religion , & pour s'oppoſer aux Infidelles de Livonie.
Albert prefcrivit aux Chevaliers la Regle de Cifteaux avec
la Robe de ferge blanche , & la Chappe noire , fur laquel-
le ils portoient du côté de l'épaule gauche , une Epée rouge
croiſée de noir ; & fur l'eftomach deux pareilles Epées paf-
fées en fautoir les pointes en bas : & c'eft de là qu'ils fu-
rent nommez les Porte- glaives .
Les Chevaliers de cette nouvelle Milice firent entre les
mains d'Albert les Voeux d'obéïffance , de chafteté , & de
pauvreté , & ajoûterent un quatriéme Vocu , de faire la
guerre aux Infidelles de Livonie. Le Pape Innocent III.
approuva cet Ordre , qui tomba bien-tôt , & fut contraint
S. VI.
De l'Ordre Teutonique.
S. VII.
De l'Ordre de Mont-joye.
gne pour garantir ce Païs des ravages des Maures. Le Roy CetOrdre
Alphonfe IX. pour recompenfer les fervices qu'ils avoient paffe en El-
rendus à l'Etat , leur donna de grands biens. LesVoeux des pagne.
Chevaliers de cet Ordre étoient les mêmes que ceux des
Chevaliers de Malte : mais ils ne fuivoient pas la même
ARTICLE VI.
S. I.
Portugal.
[ a ] Tamburin de jure Ab.tom . 2. difp . | tom . 1. lib. 2. cap. 56. Heliot Hift.
24. quæft. 5. Mennenius, Delicia Equeft . des Ord. 1. part. chap. 37. Hermant ,
Ord. Quarefmius , Elucid. Terræ Sanét. Schoonebeck , & alii.
Kk iij
262 Dißertations Hiftoriques & Critiques
ceux -cy eurent un Grand - Maître pour leur commander.
Les Chevaliers & les Moines vivoient en commun , & fai-
foient les Vœux d'obéiffance , de chafteté , & de pauvreté.
Mais depuis , Alexandre III . permit aux Chevaliers de fe
marier. Les uns & les autres gardoient la Regle de Saint
Auguftin. Le Pape Alexandre III . l'an 1175. & le Pape
Innocent III . ont approuvé cet Ordre.
Ils font
Dom Ferdinand Roy de Leon , ayant foupçonné les
chaffez
Royaume du Chevaliers de Saint Jacques de favorifer le Roy de Caftil-
de Leon.
le fon ennemi , il les fit fortir de fes Etats. Ainfi ils quitte-
rent le Convent de Saint Marc de Leon , & fe retirerent en
Caftille . Le Roy Alphonfe les reçût favorablement, & leur
*
Vrcefia. donna la Ville & le Château d'Ucles où ils bâtirent un
Convent qui fut le Chef de leur Ordre.
1Cette Mi- Cette Milice s'établit enfuite en Portugal , où elle poffe-
ice s'éta- da plufieurs Commanderies , la Ville d'Alcazar d'Ozal en
blit enPor-
tugal. fut le Chef , mais depuis il a été transferé à Palinela. On
croit que cet Ordre feul a plus de richeffes que tous ceux
d'Efpagne enfemble. Il y a dans cet Ordre quatre-vingt-
quatre Commanderies, qui ont plus de deux cens trente mil-
le ducats de revenu ; outre deux cens Prieurez , Cures ,
Benefices fimples , & autres poffeffions.
LesGrands- Maîtres étoient autrefois élûs par les treizeChe-
valiers (a) Commandeurs & Gouverneurs dudit Ordre. Ils
pouvoient les dépofer quand ils fe rendoient indignes de cet-
te Charge. Illi tredecim Fratres, eft-il dit dans la Bulle d'A-
lexandre 111. ( fi Magifter , qui pro tempore fuerit , perni-
ciofus aut inutilis apparuerit ) cum concilio Prioris , Clerico-
rum , & fanioris partis Capituli , Majoribus Domús , corrigen-
di , aut etiam amovendi eum, habeant poteftatem.
Le Pape Adrien VI . attacha la Grande-Maîtriſe à la
Couronne de Caſtille en 1483. Ainfi les Rois d'Espagne
Collier de font les Chef de cet Ordre. Les anciennes Armes de cette
cet Ordre.
( a ) C'étoit une coûtume en Efpa- pour leur fervir de Confeil & de Gar-
gne , que tous les Grands - Maîtres des de , appellez , Los Trefes . Sans cette re-
Ordres Militaires avoient toûjours marque on ne fçauroit bien entendre
auprès d'eux , foit en paix ou en guer- plufieurs endroits de l'Hiftoire d'Ef-
re , treize Chevaliers Commandeurs , Ipagne.
fur la Chevalerie. Liv. I. Differt. X. 263
Chevalerie étoient d'or à une Epée de Gueules , chargée en
abîme d'une coquille de même , & pour Devife : Rubet
§. II.
L'Ordre de Calatrava.
Inftitu-
La Milice de Nôtre- Dame de Calatrava eft une des plus
tion de cet
Ordre. anciennes d'Espagne. On fait honneur de l'inftitution de
cet Ordre à Sanche III . Roy de Caftille. Ayant conquis
le Fort de Calatrava fur les Maures d'Andaloufie , il le don-
na aux Chevaliers Templiers , qui l'ayant abandonné , ce
Prince fonda un nouvel Ordre de Chevaliers l'an 1158. pour
refifter aux Infidelles .
Dom Raimond Abbé de Fedeiro leur donna la Regle de
Saint Benoît , & les Conftitutions de Saint Bernard. C'eſt
S. III.
S. I V.
L'Ordre d'Avis .
**.
DISSERTATION XI.
ARTICLE I.
en plufieurs occafions.
A
a ) Duchefnius , in probatione Hif. ) De la Roque , Traité de la Nob!,
Bethun. chap.107.
pag. 202.
269
Jurla Chevalerie. Liv. I. Differt. X I.
Quand quelques-uns de ces Fiefs furent par privilege
concedez à des femmes & à des filles , elles prirent la quali-
té de Chevalieres. C'eft pour cela , dit Hemericourt , que
des femmes qui n'étoient pas mariées à des Chevaliers , font
nommées Chevalieres : parce que ces femmes & ces filles
fe faifoient faire Chevalieres pour être capables de tenir les
Fiefs de Chevalerie : comme Elizabeth Reine d'Angleter-
re , ſe fit armer Chevaliere le jour de fon Couronnement ,
ARTICLE II.
ARTICLE III.
elle eft peinte tenant une épée à la main. Enfin tous ſes
defcendans font exempts de toutes fortes d'Impoſts. ( a )
ARTICLE IV .
S. I.
S. II.
Croix de Jefus- Chrift doit faire toute leur gloire . Les Da-
mes de la Croix s'affemblent ordinairement le Vendredy
de la femaine de la Paffion . Elles tirent au fort les heures
ARTICLE V.
§. I.
S. II .
Nn ij
284 Differtations Hiftoriques & Critiques
S. III.
S. IV.
DISSERTATIONS
case
DISSERTATIONS
HISTORIQUES ET CRITIQUES
SUR
LA CHEVALERIE.
LIVRE SECOND.
enparticulier.
GateCo
DISSERTATION PREMIERE.
ARTICLE I.
picin , braves Soldats ; l'un , dit -il , étoit Ecuyer , & l'autre
étoit du rang des Gentils Scutarius unus , alter è Schola
Gentilium.
Les armes propres de l'Ecuyer étoient la Lance & l'Ecu , Des ar
( c ) que nos Capitulaires appellent Arma patria. Lès mes des E-
cuyers.
Ecuyers portoient toûjours ces armes , quand ils accompa-
gnoient leurs Maîtres , & même aux Feftins & aux Ban-
majoriseur
[ a ] Joannes Monachus majoris [6 ] André Favin
Monalt , in vita Gaufredi. , som , 2. pag . 1678,. Theatre d'Hon-
fur la Chevalerie , Liv. II . Differt . I. 295
ARTICLE I I.
Deuxfor-
tes de No- qu'ils appelloient Patriciens , que ceux qui avoient pour
bles parmi pere & pourayeul un Senateur ou un Chevalier , afin
les Ro- de nous apprendre que la Nobleffe a comme deux fources ,
mains.
fçavoir , les Armes & les Lettres. En quoy confifte donc
cette Nobleffe ? Ciceron l'appelle dans fes Épîtres unę ver-
tu connuë : Nobilitas nihil eft aliud quam cognita virtus.
Ariftote ( c ) veut que ce foit une marque de la vertu & des
richeffes de fes ayeuls. Le celebre Poëte Italien, Torquato
Taffo, tient que la Nobleſſe eſt une vertu de race reconnuë
par plufieurs grandes actions continuées. Les Jurifconful
tes foûtiennent que c'eft une clarté de lignée , & une fplen-
deur des ancêtres , avec fucceffion d'Armoiries. Enfin la
fçavante Mademoiſelle de Gournay ( d ) a cru que la race
noble eft celle de qui la Roture s'eft diffipée par une longue
fuite d'années.
( a )Plutarch . in Thefeo & in Solone. (c) Ariftot. Lib 4. politic. cap. 8.&
Dionyf. Halicarnaf. Antiquitat. Roma- Lib. 5. cap. 1.
nar.
(d)La Mothele Vayer , tom . 2.
(b )Tacit. Lib. II. Annal .
Provinces
far la Chevalerie. Liv . II . Differt. I. 297
Provinces ; la Nobleffe dans tous ces fens qui reviennent La No-
preſque au même , eft abfolument neceffaire dans ces der- bleffe eft
neceffaire
niers temps pour être aggregé dans les Ordres de Cheva- pour rece-
lerie.. voir la
Chevale
Cette dignité eft fi éminente , qu'on ne la confere pas in-
rie.
differemment à toutes fortes de perfonnes. On n'élevoit
autrefois à l'honneur de la Chevalerie que les Barons illu-
ftres , & les anciens Nobles de pareille marque , comme les
Bannerets , les Bacheliers , & les Ecuyers d'un merite di-
ftingué. Quoique dans ces derniers fiecles on ne foit pas
tout -à - fait fi fcrupuleux fur ce fujet , la Nobleſſe nean-
moins en eft toûjours le fondement.
Il eft vray que la Nobleffe , foit qu'elle foit la recompen-
fe de la valeur & des Emplois Militaires ; foit qu'on l'ait
acquife par les Charges & par l'adminiſtration de la Jufti-
ces ou enfin qu'on l'aitmeritée par l'éminence de la ſcience,
& par l'habileté dans lesbeaux Arts : cette Nobleffe , dis-
je , eft moins excellente que celle que l'on tire d'une longue
fuite d'ancêtres , par le bonheur de la naiffance : celle - cy
eft toûjours plus diftinguée , & même plus illuftre , & plus
parfaite dans ceux qui la reçoivent , que dans ceux qui la
commencent. De forte que la Nobleffe eft d'autant plus
honorable & glorieufe , qu'elle vient de plus loin.
Balde parlant fur la Nobleffe de race , remarque qu'el- Trois for
le eft ou commençante , ou croiffante , ou parfaite. Celuy bleß
tes ſe.
de No-
qui eft le premier annobli commence la Nobleffe de fa fa-
mille , elle reçoit fon accroiffement dans fes enfans , & elle
fe perfectionne en fes neveux par une longue pofterité. Cet-
te Nobleffe laiffe un certain préjugé que les perfonnes qui
fe diftinguent par leur vertu , par leur courage & par leur
merite , tirent leur origine de parens qui ont eu les mêmes
qualitez. Ce qui fait qu'un Hiftorien parlant de Charlema-
gne, remarque que la vertu éftoit comme un heritage de fon
pere Pepin.
La Nobleffe en effet que l'on tire de fes ancêtres , eſt
comme une teinture de leur fang , & un noble caractere
imprimé dans l'ame , qui porte ceux qui l'ont reçû , à faire
PP
298 Dißertations Hiftoriques & Critiques
de grandes actions , fuivant ce beau mot de Valere Maxi.
me : Sola virtus nafcitur magis quam fingitur. C'eft pour ce
la qu'on voit ordinairement que ceux qui font nez de pa-
rens nobles , font genereux , honnêtes , d'une foy inviola
ble : ils portent même quelquefois fur leur vifage une im .
preffion de vertu & de nobleffe , qui marque la grandeur
de leur ame .
ARTICLE III,
Pp iij
302 Differtations Hiftoriques & Critiques
y a bien de l'apparence que ces Provinces ne joüiffent plus
douter que le
de ce privilege. Au moins on ne peut pas
droit de conferer la Chevalerie appartient uniquement
aux Princes Souverains , comme nous le prouverons dans
la fuite.
ARTICLE IV. -
que des Gouverneurs des Villes & des Places fortes , ont
été maintenus en leur Nobleffe , & pourroient être reçûs
Chevaliers dans les Compagnies Militaires , où l'on n'exi-
ge préciſement que la qualité de Noble , fans faire mention
de ces degrez .
IV.
Secretai- On ne peut pas douter que la Charge de Secretaire de
res de la
la Maifon & Couronne de France , ne confere une No-
Maifon
& c. bleffe qui met en état ceux qui font honorez de cet Office ,
d'être aggregez dans les Ordres de Chevalerie. C'eft le
(a ) Edit du 17. Avril . 1694.
Privilege
fur la Chevalerie , Liv . II. Differt . I. 305
privilege que le Roy Charles VIII . leur a accordé par fes
Lettres Patentes données au mois de Février 1484. & qui
depuis furent enregistrées au Grand- Confeil le 8. jour de
May 1576. Ce Prince , en approuvant , & ratifiant toutes
& chacune des libertez , franchiſes , exemptions , privile-
ges , prerogatives & immunitez qui avoient été accordées
aux Clercs , Notaires & Secretaires de la Maiſon & Cou-
ronne de France , tant par le feu Roy fon Pere , que par
les Rois fes Predeceffeurs , annoblit ces Officiers , dont fe
font toûjours fervis ces Princes pour l'expedition de leurs
Ordres , auffi- bien que leurs enfans nez & à naître en loyal
Mariage , & pofterité , les declarant capables de recevoir
tous ordres de Chevalerie , & tous Honneurs , Offices ,
Dignitez & Benefices , comme fi leur Nobleffe étoit
d'ancienneté , & au- delà de la quatriéme generation .
Le Roy Henry II . ( a ) par fes Lettres Patentes données à
fans & pofterité , tant mâles que femelles , nez & à naître «
EC
en loyal Mariage , de ceux d'entre eux qui feront dece-
dez , & décederoient faifis , & revêtus dudit Etat & Offi-
ce , ou qui auroient refigné leurdit Office à l'un de leurs
Qq
306 Dißsertations Hiftoriques & Critiques
nances , pour faire un feul College avec les trois cens an-
ges.
ciens , aux mêmes honneurs , fonctions , privileges de No-
bleffe , & c. Cet Edit fut publié à Verſailles le vingt neu-
viéme jour de Mars 1704. Voicy les termes de l'Art .XIX.
de cet Edit : Pour continuer à nos Confeillers - Se-
Nous faifons fçavoir. Ces Notaires commencerent pour lors à être appel-
avoient un Chefqu'on nommoit Pri- lez Secretaires ; parce que les Rois en
micerius Notariorum , ou Protonotarius. prirent quelques- uns auprès de leurs
Sous nos Rois de la feconde Race , Perfonnes , pour travailler aux cho-
c'étoit le Chancelier qui dreffoit les fes fecretes & de confidence. Eginhart
Expeditions & les fignoit , ajoûtant ce fut Secretaire de Charlemagne.
mot , Scripfit : & en fon abfence il y ( a ) Meneftrier , Preuve de la No-
avoit des Notaires qui écrivoient ces bleje , chap. 6.
Lettres & les fignoient. Ces Nocaires
Qq ij
308 ations iftoriques ues
Differt H & Critiq
auffi Grand-Prieur de Capoüe , & fut mis à la tête de toute
cette Langue.
V I.
Ordres Suivant la penſée de Plutarque la Nobleſſe doit remonter
qui
la exigét jufqu'au bifayeul : Nobilitatem eam teneor , eam orno , quæ
Nobleffe
de quatre virtus dicitur generis , quæ à majoribus veluti per gradus
races . ad nos delata , & avos &proaves in memoriam revocat. Le
premier degré commence au bifayeul , il fe continuë au ſe-
cond , puis au troifiéme ; & ceux qui font au quatrième ,
deviennent veritablement Nobles : comme cela eft ordonné
par les Lettres Patentes du Roy Henry II I. du 5. May
1583. Ces quatre degrez étoient neceffaires pour recevoir
le Collier de l'Ordre du Porc-Epic , que Charles Duc
d'Orleans inftitua l'an 1430.
Budée , font ceux qui fortent d'une famille libre & ingenuë,
& dont la race a été de tout temps exempte de Roture , & a
joüi d'une pleine liberté : Quafi ingenuo ab origine , & quo-
rum majores fervitutem nullam prorfusfervierunt. Ce font ceux,
difent d'autres , qui font d'une fi viëille race , que le com-
ARTICLE V.
Faites par jufqu'au dix - feptiéme , les preuves ne fe faifoient que par
le feul té le témoignage de quelques Gentilshommes en peu de mots ,
moignage.
fur des feuilles de parchemin , fans qu'on y produisît ni ti-
tres ni Contrats , ni les Armoiries du Preſenté , ni celles de
folu que l'on drefferoit un Procez verbal appuyé de titres par par écrit
& par c
écrit pour établir la legitimation , & la defcente du Prefenté, tres.
avec les preuves de Nobleffe de fes pere , mere , ayeuls ,
ayeules , bifayeuls , bifayeules , au-deflus de cent ans : ce
qui compofe les huit quartiers , avec la peinture des Armoi-
ries de ces huit quartiers : auparavant il n'y en avoit que
quatre.
Enfin par les Statuts de 1631. on charge les Commiffai-
res députez de rechercher exactement la Nobleffe des Pre-
fentez , & d'en faire les perquifitions non feulement au lieu
de leur naiffance & de leur demeure , mais aux lieux mê-
mes de leur origine , & de l'origine des perfonnes qui entrent
dans la preuve , comme le pere , la mère , & les ayeuls. Si
l'on manque à ces formalitez , les preuves feront jugées n'ê
tre pas valables , & les Commiffaires feront obligez de faire
de nouvelles preuves à leurs propres frais & dépens , ou payer
d'autres Commiffaires qui feront nommez pour les faire de
nouveau . I I I.
Quoique la Nobleffe foit par tout une naiffance illuftre Preuves
& diftinguée , il y a pourtant diverfes manieres d'établir pour les
Langues
cette diftinction fuivant les ufages & les coûtumes des Païs . de France.
Pour les preuves des Langues de Provence , d'Auvergne ,
( a ) & de France , les Statuts portent , que ceux qui vou-
dront être reçûs au rang des Freres Chevaliers , ayent à રે
prouver que leurs bifayeuls , & bifayeules paternels & ma-
ternels foient Gentilshommes & leurs defcendans. Ces preu-
(b )
titr ) Ordonnance du Chapitre General.
( ae 3. Naberat, Infructions pourfaire
les preuves de Nobleße.
Rriij
ns s
318 tatio rique ques
Dißer Hifto & Criti
l'on faffe voir qu'elles ayent eu la qualité de Nobleffe , cha-
cune depuis deux cens ans , à compter du jour que l'on fait
les preuves. Les preuves fe font par Contrat & Titres de
poffeffions de Terres ou Partages , ou femblables Ecritures,
que l'on confronte fur les Minutes des Notaires publics , &
des Archives qui fe confervent pour la Nobleffe dans toutes
les Villes d'Italie. L'on n'y prouve rien de la Nobleffe des
bifayeuls , comme l'on fait pour les preuves des Langues
de France , & l'on n'y met que les Armes defdites quatre
familles.
ces informations fur les quatre quartiers ,on ajoûte les vifites
des Eglifes , & autres lieux , où font les Tombeaux , Epita,
phes & marques d'honneur des Maifons , pour voir files Ar-
( a ) Ibid. Inftr. pour faire les preuv.
320 Differtations Hiftoriques & Critiques
moiries font conformes à celles qui ont été preſentées. Ou-
tre la preuve de Nobleffe & de Religion depuis la quatrième
generation ,on prefente fur une feuille de papier unEcu écar-
telé des quatre quartiers de la preuve ; c'eſt à dire , des Ar-
moiries des quatre Maifons produites pour la preuve de No-
bleffe. Ces preuves fe revoyent dans le Chapitre , & font
envoyées à Malte , pour être examinées dans la Langue :
ce qui s'obferve dans tous les Prieurez.
VII.
Preuves En Portugal il n'eft pas neceffaire de faire des informa-
pour les tions fecrettes fur la qualité des Maiſons & des quatre quar-
Portugais. tiers
, comme on fait dans les autres Prieurez de la Lan-
gue de Caftille & de Leon ; parce que par ordre du Roy
on conferve des Livres publics , où tous les noms des Mai-
fons Nobles font écrits avec grand foin : & fi les quatre
quartiers dont le Pretendu eft defcendu , ne s'y trouvent
pas inferez , on ne luy donne point de Commiffaires pour
faire fes informations : car pour en obtenir il fuffit de por-
ter au Chapitre une atteftation , par laquelle il paroiffe que
ces quatre Maifons y font écrites , avant que de paffer outre.
Cela eft conforme à un Statut qui a été fait pour le Prieuré
de Portugal en 1578.
VIII.
Autres u- Il y a en divers lieux de Catalogne , & dans l'Ifle de
les pr
fage seu ves Maiorque des
fur ufages pour la Nobleffe qui ont fait des
des Lan- difficultez pour les preuves de Nobleffe . La Ville de Barce-
gues d'Ef- lone crée des Ciudadans Honrats , qui font comme des
pagne .
Nobles de Cloche ; c'est-à-dire qu'étant mis au rang des
ARBRE DE CONSANGUINITE'.
Quatre - ayeuls.
Trifayeul. Quatre-aycules.
Majeurs.
Bifayeul. I
Ayeul. Trifayeule. Quatre - ayeuls.
Quatre- ayeules.
Bifayeule. Trifayeul. Quatre - ayeuls.
Quatre-ayeules.
Trifayeule. Quatre - ayeuls.
Pere.
Quatre-ayeules.
PRETENDANT
Majeurs.
Quatre- ayeules.
Bifayeul.
Aycule. Trifayeule . Quatre - ayeuls.
Quatre-ayeules.
Trifayeul. Quatre - ayeuls.
ou.
FILS,
Bifayeule.
Quatre-ayeules .
Trifayeule . Quatre - ayeuls .
Quatre-ayeules .
Quatre - ayeuls.
Trifayeul. Quatre - ayeules .
l
Ayeul. Bifayeu .
Majeurs.
ou de l'Arbre de Confanguinité.
ARTICLE VI.
Ces pieces & ces titres ſe reduiſent prefque tous aux fui-
vans , dont quelques-uns fe trouvent clairement énoncées
dans plufieurs Declarations du Roy données contre les
K
Ufurpateurs de la Nobleffe ; ( a ) « Ceux qui foûtien-
dront être Nobles .... prouveront leurs defcentes & filia- «
tions avec poffeffion des Fiefs , Emplois , & Services de «
leurs ancêtres , par des Contrats de Mariages , Partages > се
Actes de Tutelle , Aveux , Dénombremens , & autres «
ARTICLE VII.
Ecrivains qui ont enfeigné que la Chevalerie eft un privi- ques fur
lege de Naiffance qui fe communique avec le fang. Je di- cette Chee
valerie de
ray feulement deux chofes : la premiere , que ces Ecrivains race.
confondent la Chevalerie de race , ou la Nobleffe ancien-
ne & Militaire , avec l'Ordre de Chevalerie , ou la Che-
valerie honoraire , qui font très-differentes , comme nous
l'avons remarqué: en fecond lieu , que la plus forte preuve de
( a ) Datum Bruxel die 20. Novemb. (c) Petrus à vinea , Epift. Lib. 2.
1553 cap. 17.
( b ) Datum ann. 1568.
Tt
330 Dißertations Hiftoriques & Critiques
lier , le Confeil du Roy declara que le même Pierre feroit
honoré du titre de Chevalier , c'eſt-à-dire , Noble & Gen-
tilhomme. Voluit Confilium Domini Regis , quòd ifte Petruš
remaneret Miles.
valerie de Louis XIII . a été publiée , elle n'a jamais été reçûë en Fran-
pend uni- ce: l'on accorde donc volontiers que les grands Seigneurs font
quement
du Prince. Chevaliers , lors qu'il plaît au Roy de leur conferer cet hon-
neur. Ce glorieux titre dépend uniquement de l'Autorité
Royale , & de la volonté du Prince ; mais il n'eft pas attaché
à la Nobleffe de la naiſlance , ni à l'éminence des Charges.
Les Nobles de Bretagne ( 4 ) ne peuvent juftement
prétendre d'autre privilege furce fujet , que le privilege dont
jouiffent les autres Provinces , puifqu'ils font également Su-
jets de Sa Majefté , & foûmis à fes Ordonnances , qui font
très- oppofées aux Déliberations des Commiffaires de cette
Province.
Nous ne défavoüons pas que la Chevalerie du facré Pa-
Jais de Latran paffe des peres aux enfans , & que des Famil-
les particulieres , par la conceffion des Souverains , joüiffent
du même privilege ; mais ce font des privileges affez rares ,
qui ne fçauroient détruire les Loix generales communément
reçûës en Europe , ni donner atteinte aux Reglemens par-
ticuliers de la France. Ces Regles du Royaume nous ap-
prennent qu'une naiffance illuftre , & la vraye Nobleffe
ou , fi l'on veut , la Chevalerie de race > peuvent bien être
le fondement de la Chevalerie , dont nous parlons , mais
(a ) La Roque , Traité de la Nobieffe , chap. 99.
fur la Chevalerie. Liv. II . Differt. I. 331
qu'elles ne la communiquent pas fans le confentement du
Prince.
Sila Chevalerie étoit hereditaire dans les Familles , ou in- LaCheva,
feparables des grandes Dignitez , les Ducs , les Marquis , les lerie n'eft
pas héredi
Comtes , & ceux qui font élevez aux premieres Charges faire.
de l'Etat ; les Princes fur tout , les Rois & les Empereurs ,
comme nous l'avons marqué ailleurs , n'auroient pas ajoûté
le glorieux titre de Chevalier , à ceux qu'ils avoient reçûs
par leur naifance, ou qui leur ont été conferez par la grace
de leur Souverain.
Ileft vray que le fils d'un Ecuyer , d'un Noble , d'un
Gentilhomme , naît avec ces qualitez , parce que la Noblef
fe eft attachée à la naiffance , qu'elle fe communique aux
enfans , & qu'elle eft hereditaire : mais la Chevalerie eſt
une Dignité accidentelle fondée ſur le merite perfonnel ;
qualité qui ne vient point de la nature , mais de la grace
du Souverain , quoiqu'elle fuppofe la Nobleſſe.
C'eft fuivant ces principes qu'on foûtient communément Sentimens
que la Chevalerie n'eft pas un ouvrage de la nature , mais des Jurif
confultes .
de la grace du Prince ; que cette Dignité ne paffe pas aux
enfans , comme la Nobleffe & la Chevalerie de race , mais
que c'elt une qualité perfonnelle : une naiffance illuftre en
jette les fondemens , la vertu propre , la valeur & le merite
difpofent à ce haut degré d'honneur , la puiffance fouve-
raine du Prince luy donne fa perfection.
Voicy comment s'expliquent les Jurifconfultes fur ce fu-
jet : Licèt generis nobilitas in pofteros derivetur › non tamen
Equeftris Dignitas. ( a ) Equeftris Dignitas Principis opus eft.
(b ) Milites fiunt , five creantur : quia fine creatione allua-
li feu promotione ad Militiam , nullus poteft effe Miles . ( c )
Titulus Militis ad hæredes minimè tranfmittitur. ( d )
Ttij
332 Differtations Hiftoriques & Critiques
ARTICLE VIII.
droit du Prince pour faire des Chevaliers , foit luy - même pas être
Chevalier
Chevalier. Il eft vrai qu'anciennement perfonne ne pouvoit pour don
conferer la Chevalerie , s'il n'étoit Chevalier ; ni donner ner laChe-
l'Acolade , s'il ne l'avoit auparavant reçûë . Mais les Sou- valerie.
verains ne fe font pas crûs fujets à ces Loix. Ils ont été per-
fuadez qu'ayant la Souveraine Autorité de faire des Che-
valiers , ils la pouvoient communiquer à ceux qui n'ont
pas reçû l'honneur de la Chevalerie.
Si celuy qui n'a pas la Chevalerie , la peut conferer aux Si on peut
autres , quand le Prince luy en a donné la Commiffion ; il fe donner
femble pourtant que perfonne ne fe la peut communiquer à la Cheva-
leric.
foy-même , comme il ne peut pas fe baptifer , ou fe confe-
rer les Sacremens. Cependant cette Loy peut avoir quel-
que exception à l'égard des Princes. Pourquoy ne leur fe-
roit-il pas permis de prendre eux - mêmes les ornemens de la
Chevalerie preparez fur l'Autel ? C'eft de la forte que le
pratiqua Ferdinand III. Roy de Caftille. L'an 1258. ce
Prince étant dans l'Eglife du Monaftere de Sainte Marie la
Royale de Burgos , & tout étant prêt pour la Cérémonie,
dans laquelle ce Roy devoit recevoir la Chevalerie , il fe cei-
gnit luy -même du Baudrier militaire , & fe fit Chevalier ,
Teiij
334 Differtations Hiftoriques & Critiques
difant manu propria accinxi me cingulo militari . ( a ) Je me
fuis fait Chevalier de ma propre main , & j'ay pris la cein-
ture qui en eft la marque.
Tertia die ante Feftum S. Andrea in Regali Monafterio pro-
pè Burgis Miſſa à venerabili Mauricio Burgenfi Epifcopo , &
armis militaribus benedictis , ipfe Rex fufcepto gladio ab Al-
tari, manupropria fe accinxit cingulo militari . (b)
DISSERTATION II.
Reception folemnelle dans les Villes & les Provinces , & au-
tres femblables Fêtes. Les Jeux , les Ornemens fomptueux ,
la richeffe des Habits , les Divertiffemens , les Feftins , les
Largeffes , accompagnent ordinairement ces réjouiffances
publiques.
Les Cérémonies de la Chevalerie font à la verité moins
éclatantes : elles ont pourtant quelque chofe qui approche
de ces magnificences , & toûjours quelque Solemnité , qui
eft plus miſterieufe , & peut-être plus augufte : car pour
rendre plus venerables les Cérémonies de la Chevalerie, on
affecta d'imiter la plupart de celles de nos Sacremens. Le
Bain où ſe mettoient les Chevaliers , a quelque rapport avec
ARTICLE I.
( a ) Jofephus à Cofta , Lib . 7 Hift | ( b ) Vallis , Hift. Albig. cap. 70. Item
Indica , cap. 27. Į Rainald. Ad an. 1213. num. 66.
Yy
ons rique
s
ques
338 rtati Hifto & Criti
Diffe
fuite on luy ceignoit l'Epée , après avoir été benite avec des
fignes de Croix accompagnez de Prieres.
Du temps de Pierre de Blois , ( a ) qui eft mort vers la
fin du XII. fiecle , les Chevaliers alloient prendre l'Epée
fur l'Autel , pour marquer qu'ils étoient les enfans & les dé-
fenfeurs de l'Eglife: Hodie Tyrones enfes fuos recipiunt de Alta-
ri, ut profiteantur fe effe filios Ecclefiæ , atque ad honorem Sacer-
dotii, ad tuitionempauperum , ad vindictam malefa&torum ,
Patria liberationem,gladium accepiffe . C'étoit autrefois la coût-
tume en France, que les Chevaliers, pour faire paroître qu'ils
étoient prêts de maintenir la Foy , tenoient leur Epée nuë
en Pal , tandis qu'on difoit l'Evangile à la Meſſe.
On luy donnoit enfuite les Eperons dorez , & on le fra-
poit doucement à la joüe. La Cérémonie de donner un
foufflet à celuy qui recevoit la Chevalerie , vient de l'ufage
du Sacrement de Confirmation , qui eft une espece de Che-
valerie Chrétienne , où en vertu de ce Sacrement on reçoit
Le Roman de Florimond M S.
De la main le Royproprement,
Qui l'adouba moult ricement.
Etpuisfi ly a commendez.
ARTICLE II.
(a )Jofeph à Cofta , Liv. 5. chap 28. dire , Rois ou Empereurs. Et par ex-
Hiftoire des Indes. cellence ils les nommoientCapac・ Yncas,
[6 ] Les peuples du Perou appel- comme qui diroit , feuls Rois , ou ma,
loient leurs Souverains Incas , c'eſt- à- I gnifiques Rois.
V v iij
342 Differtations Hiftoriques & Critiques
Significa Ces fages Inftituteurs avoient ordonné que le Prétendant à
tion du la Chevalerie feroit obligé de fe baigner avant fa reception ,
Bain.
de
pour luy faire entendre qu'à l'avenir il devoit être pur
corps & d'ame , modefte , fage , vertueux , & fur tout invio-
De l'Epée . lablement garder la parole & la foy. Les deux tranchans de
l'Epée , qu'on donnoit au Chevalier , luy reprefentoient qu'il
devoit maintenir la Chevalerie & la juftice, & de ne fe fervir
jamais de fon Epée , que pour foûtenir leurs interests .
De la Lan- La droiture de la Lance figuroit la verité que le Chevalier
ce.
ne doit jamais abandonner : & le fer de la Lance marquoit
la force qu'a la verité fur la fauffeté & le menfonge.
Du Cha- Le chapeau qu'on donnoit au Chevalier pour luy couvrir
peau.
le front , fignifioit qu'il devoit avoir de la pudeur : & le
Haubert qu'on luy prefentoit , luy apprenoit à detefter la
trahifon , la déloyauté , l'orgueil , & tous les vices.
Du Gor- On avoit intention , en prefentant le Gorgerin au Cheva-
Bedelier & , de luy enfeigner quelle devoit être fa foûmiffion & fon
de l'Ecu. obéïflance. Si la Maffe l'inftruifoit qu'il devoit fe revétir de
force & de courage , l'Ecu étoit le fimbole de la Paix & de la
tranquilité publique , que le Chevalier devoit fans ceffe mé-
nager entre le Prince & fes Sujets.
DuPour-
2 & Les travaux & les fatigues que le Chevalier devoit fouffrir,
point
des Gance- la fermeté , le courage , & la force qu'il étoit obligé de faire
lets de fer. paroître dans les occafions , & la patience à endurer les
playes & les bleffures qu'il recevroit pour maintenir l'hon-
neur de la Chevalerie , étoient figurez par le Pourpoint &
les Gantelets de fer qu'on offroit au nouveau Chevalier.
Du Che- Le croiroit - on ! Le Cheval , la Selle , & les Chauffes de
val , es
Chauff des fer qu'on prefentoit au Chevalier ; les éperons & même les
de fer , & molettes , ne luy apprenoient pas feulement les vertus militai-
des Epe- res ; l'adreffe, la fermeté , la prudence ; la generofité , le cou-
rons.
rage , la force , la promptitude , & la diligence à fes devoirs :
mais auffi toutes ces chofes luy étoient comme autant d'in-
ftructions qui le portoient à pratiquer les vertus chrétiennes,
la patience dans les afflictions , la fuite des plaifirs , le mépris
des chofes de la terre , la ferveur au fervice de Dieu , la morti-
fication , la pénitence , & femblables vertus , dont ces cho-
fes peuvent être le fimbole.
fur la Chevalerie. Liv. II . Differt. II. 343
Chacun donc en particulier de ces inftrumens militaires ,
qui n'ont d'eux-mêmes aucun rapport à la Religion , a été
comme une leçon de morale que les Fondateurs de la Cheva-
lerie y ont renfermée pour l'inftruction de ceux qui devoient Significa
recevoir cet honneur. Mais les Cérémonies des Ordres de tion des
Cérémo-
Chevalerie Chrétienne , & des Religions militaires , figni- nies des
fioient quelque chofe qui paroît plus relevé , plus parfait , plus Religions
faint. On en fera aifément convaincu , fi on rappelle ce qui Militaires.
fe paffe quand on reçoit un Chevalier de Malte. Voicy les
principales circonftances de cette augufte folemnité , extrai-
tes du Cérémonial & des Statuts de cet Ordre , dont je mets
icy les propres termes.
Après la benediction de l'Epée , & quelques interrogations Cérèmo-
que l'on fait au nouveau Profez , le Chevalier qui préfide à niesquand
on fait un
cette action , donne au Novice l'Epée avec le fourreau , luy Chevalier
<<
difant : " Afin que mainteniez ce que vous avez promis , de Malte,
prenez cette Epée au nom du Pere , & du Fils , & du "
( a ) Dans les cordons de ce Manteau troifiéme les trois cloux : dans le qua-
il y a huit petits ronds differens , qui triéme trois dez : dans le cinquième
reprefentent les principaux inftrumens la Robe toute entiere : dans le fixiéme
de la Paffion. On voit dans le premier la Croix : dans le feptiéme la Colomne
la Face de N. S. Jefus · Chrift : dans le & la Lance:dans le huitiéme les trente
fecond la Couronne d'épines : dans le Deniers.
X x
ns s
346 tatio rique ques
Dißer Hiflo & Criti
ARTICLE III.
S. I.
S. III.
S. III.
›, jeûn.
دو2º. Qu'il n'épargnera pas fon fang , ni fa vie pour la Foy
,,
,, Catholique , & la défenfe de l'Eglife.
», 3°. Qu'il donnera aides aux Veuves & aux Orphelins.
» 4°. Qu'il ne fera aucune Guerre fans raiſon.
on fit fonner les Trompettes , & crier trois fois : Vive Guil
laume de Hainau Comte d'Oftrevant . De- là on alla au Palais
où le Comte de Hainau fit un fuperbe Feftin. Les Pairs de
Hainau & de Valenciennes fervirent la Table du Comte :
& après le dîné , on fit des Joûtes & des Tournois , où le
nouveau Chevalier acquit beaucoup de reputation.
fur la Chevalerie. Liv. II . Diſſert. II . 3ST
14 S. IV.
Autres menaçant , & l'ayant après paffée fur fon bras comme pour
Cérémo-
nies. l'effuyer , il la remet au fourreau. Le Prelat luy donne le
baiſer de Paix , en luy difant : Pax tecum : & tirant encore
une fois l'Epée du fourreau , il en frape trois fur l'épaule du
nouveau Chevalier , qui eft à genoux devant luy , pour
luy donner la Collée où l'Accollade , & luy dit : " Soyez
,, un Chevalier pacifique , vaillant , fidele , & dévoüé au
" fervice de Dieu. ,, Efto Milespacificus
,, , firenuus , fidelis , &
Deo devotus. Après
fur la Chevalerie. Liv. II . Differt. II. 353
Fide Chrifti, & fama laudabili. Les Chevaliers qui font pre-
fens à cette Cérémonie , luy chauffent les Eperons , tandis
cc
que le Prelat luy dit : " Bel homme , dont la beauté paffe
celle des enfans des hommes , prenez vôtre Epée fur "
vôtre cuiffe , & foyez toujours inviolable. ,, Speciofus forma
pre filiis hominum , accingere gladio tuofuperfemur tuum poten-
tiffime.
Après cela le Prelat fe leve , & nuë tête il dit : « Le Sei- "
gneur foit avec vous : ,, Et il ajoûte cette Oraifon : " Dieu "
Tout- Puiffant & Eternel , répandez vos bénedictions fur «
vôtre ferviteur icy prefent , qui defire d'être armé Cheva- “
lier : & l'appuyant du fecours de vôtre main , affiftez- le "
fi bien de vôtre protection toute celefte , qu'il n'y ait rien "
qui foit capable de luy nuire , & qu'il ne foit jamais troublé “
(
en cette vie des accidens qui ont accoûtumé d'accompa- "
gner le métier de la Guerre. ,, Tout cela étant fait , le Che-
valier baiſe la main du Prelat , & ayant quitté l'Epée & les
Eperons , il fe retire,
S V.
ARTICLE IV ,
Y y ij
356 Differtations Hiftoriques & Critiques
(a) Vallis , Hift. Albig. cap. 70. Rai - II. firent fi-bien qu'aprés la mort de
nald. ad an. 113.8.66. Henri de Thuringe , Roi des Romains,
(6) Guillaume étoit fils de Fleuri ou le Comte Guillaume lui fut fubrogé
Florant IV. & de Mathilde de Bra - par élection faite par quinze Princes
bant. Le Pape Innocent IV . & les Ro- Ecclefiaftiques & par trois Seculiers
mains oppofez à l'Empereur Frederic l'an 1247.
Y y iij
)
DISSERTATION III.
uns & des autres nous engage de parler , avant toutes chofes ,
de la maniere , des occafions , du temps , & des lieux que
les Soldats Pavens faifoient leurs fermens. Enfuite nous
ARTICLE I.
Ce que
c'est que Urer en general , c'eft appeller Dieu à témoin , ou de
faire fer- J ce qu'on aflûre , ou de ce qu'on promet . Le mot Latin
ment. juro vient de ces deux autres Jovem oro : & le mot Grec opxos
( a ) Genef. 1. V. 28.
&
furla Chevalerie. Liv . II . Differt . III. 361
& après la naiſſance de Jefus- Chrift , des Corps entiers ,
& des perfonnes particulieres , fe font engagez avec fer-
ment. Ces juremens ont été très-differens fuivant les temps,
les lieux , les perſonnes , & la maniere de les faire. Il ne
s'agit icy que des fermens des Gens de Guerre , qui font
les plus communs dans l'Hiſtoire , & peut- être les plus fo-
lemnels.
Æmilius & Terentius Varro étant Confuls l'an 538. de Exemples
la fondation de Rome ( a ) , ils furent les premiers qui or- parmi
des fermés
les
donnerent que les Tribuns Militaires obligeroient les Sol- Romains.
ARTICLE II.
S. I.
les fermens que fur leurs Armes. Chez les Danois l'on por-
toit la main fur la garde de fon Sabre , lors qu'on faifoit un
ferment juridique. Les François ne juroient auffi que fur
leurs Armes , fuivant la remarque de Fortunat. ( d )
mée fit à Julien , qui contient des Cérémonies affez fingu- fuit
lien.
à Ju-
lieres. Dans la Harangue que ce Prince fit à fon Armée il
prie les Officiers & les Soldats , de l'affùrer par ferment
comme c'étoit la coûtume , de la durée de leur concorde
& de leur fidelité. Après ce difcours , « ils firent tous le CG
ferment folemnel en fon nom : & approchant leurs Epées
de leurs têtes , avec de grandes imprecations , ils jure- B
rent en paroles concertées , qu'ils donneroient toûjours
leur vie pour fon fervice , fi la neceffité l'exigeoit : ce qui «
fut fuivi par les principaux Officiers de l'Armée : » Julique
univerfi in ejus nomine jurare folemniter , gladiis fuis cervici-
bus admotis , fub execrationibus dirisjuravère.
Quand les Troupes avoient fait quelque ferment , elles
témoignoient leur joye en élevant leurs mains vers le
Ciel. (b)
His cuncta fimul affensère Cohortes ,
Allatafque altè quæcumque ad bella vocaret
Promisere manus .
jurement.
S. II.
a
[ 4 ] Ammian. Marcell. Lib . 21. [ 6 ] Annæus Lucan, Lib . 1. Pharſal,
cap, 4,
s
tion oriq
ues
ique
s
368 erta
Diff Hift & Crit
pour rendre témoignage à la verité , que l'ignorance ou la
fuperftition avoient introduites en certains Païs fans l'aveu
del'Eglife : ufage qui fut profcrit par Honoré III . & par
Eftienne V.
[ a ] Aimon. Teor. Hift. Gall. Lib [b] Monach. Engoliſm. in Vita Ca-
4. cap. 64. roli Magni..
ne
furla Chevalerie. Liv . II . Differt . III . 377
ARTICLE IV .
S. II.
qu'on le pourra voir par les Croix que l'on verra gravées des
Ordres deChevalerie, dont il eft fait mention dans ce Traité.
Deux re- Avant que de finir cet Article , il faut faire deux re-
***** ***ko****:**************
DISSERTATION IV .
ARTICLE I.
(a ) Upton , ibidem.
384 Differtations Hiftoriques & Critiques
§ I. 10 )
S'il falloit s'en tenir aux Statuts des Ordres de Saint Mi-
ARTICLE III.
5. I.
conjugale.
S. II.
lier l'an 1336. n'a pas oublié le Serment que fit ce Prince.
Ileft conçu en ces termes : « Guillaume de Hainaut , Com-
te d'Oſtrevant, Prince libre , & Vaffal du Saint Empire ,
»
, promets & fais ferment en preſence de Meffire Pierre
23 Evêque de Cambray , & de l'illuftre Prince Guillaume
Comte de Hainaut & de Zelande , Seigneur de Frife,
,, mon Seigneur & Pere , & des Nobles Hommes les Pairs
"" de Hainaut , & les Pairs de Valenciennes , de garder
toutes les Loix de Chevalerie , par l'impoſition de mes
" mains fur les faints Evangiles. "
Ego Vuillelmus de Hannonia Comes Auftervannenfis ,
Princeps liber, & Vaffallus Sacri Imperii , promitto juramen-
topræftito in præfentia Domini mei Petri Cameracenfis Præfu-
Lis , & illuftris Principis Guillelmi Comitis Hannonie..
obfervare omnes Equeftres Regulas , per manus huic fanéto
Evangelio appofitas.
Les Chevaliers de l'Ordre du Croiffant , inftitué en
-1448 . par René d'Anjou , dit le Bon , Roy de Sicile , fai-
-foient un Serment qui paroît affez fingulier. L'Auteur du
Dictionnaire Hiftorique , verbo Croiffant , dit avoir vu
cette Formule de Serment dans des Manufcrits de la
Biblioteque de Saint Victor de Paris. Ce Serment eft en
ces termes,
fur la Chevalerie. Liv. II . Differt. III . 373
La Meffe oüir, ou pour Dieu tout donner ,
S. III.
A aa iij
374 Dissertations Hiftoriques Critiques
,, rons & voüons folemnellement en vos mains ( a ) à Dieu
"" le Createur , de vivre & mourir en la fainte Foy & Re-
"" ligion Catholique , Apoftolique & Romaine , comme à
,, un bon Roy très- Chrétien appartient , & plûtôt moùrir
,, que d'y faillir ; de maintenir à jamais l'Ordre du benoît
" Saint Efprit , fondé & inftitué par Nous , fans jamais le
"" laiffer décheoir , amoindrir , ni diminuer , tant qu'il fera
دوen nôtre pouvoir ; obferver les Statuts & Ordonnances
" dudit Ordre entierement , felon leur forme & teneur ,
,, & les faire exactement obſerver par tous ceux qui font
& دوferont cy-après reçûs audit Ordre ; & par exprès ne
,, contrevenir jamais , ni diſpenſer , ou eflayer de changer ,
,, ou immuer les Statuts irrevocables d'iceluy ..... Ainfi
" le jurons , voüons & promettons fur la fainte vraye
,, Croix , & le faint Evangile touchez. ""
Dans les quatre Articles fuivans (b ) il eft fait mention
de ces Statuts irrevocables , qui concernent divers Regle-
mens touchant la Grande-Maîtrife de l'Ordre , le nombre
& la qualité de ceux qui y doivent être reçûs , & touchant
les obligations des Chevaliers , & autres chofes femblables.
Serment
Henry III. ayant ordonné , pour rendre l'Ordre du
des Cardi-
naux & Saint Elprit plus illuftre , qu'il y auroit toûjours quatre
(a ) C'est-à-dire , entre les mains & couronne nos Rois , leur donne
du Prélat qui luy donneroit le Col- aufi le Collier du Saint Efprit . Si le
lier de l'Ordre , en prefence des Prin- Roy ne defigne pas un Prélat en par-
ces , des Officiers de la Couronne , & ticulier , c'eft l'Archevêque de
des autres Seigneurs qui fe trouve- Rheims qui doit faire cette Cérémo-
ront à cette Cérémonie , les mains nie.
du Roy étant fur la vraye Croix , & (b ) Ibidem , art 8.9.10 . & 11.
fur les Evangiles. Le Prélat qui facre (c ) Statuts , Art. 12.
fur la Chevalerie. Liv. II. Differt. III . 375
m'honorer. Je garderai & obſerverai les Loix , Statuts «
Ordonnances dudit Ordre , fans en rien y contrevenir ; «
en porterai les marques , & en dirai tous les jours le Servi- «
ce, autant qu'un homme Ecclefiaftique, & de ma qualité «
peut & doit faire ; que je comparoîtrai perfonnellement “
aux jours des Solemnitez , s'il n'y a empêchement legi- "
time qui m'en garde , dont je donnerai avis à Vôtre Ma- "
jefté , & ne revelerai jamais chofe qui foit traitée ni con- "
clue aux Chapitres d'iceluy ; que je ferai , confeillerai “
& procurerai tout ce qui me femblera en ma confcien- "
ARTICLE
fur la Chevalerie. Liv. II . Differt . IV. 385
T'unpuiffe faire d'exclufion à l'autre , ni les deux au troi- “
fiéme. ( a ) Dans l'Article fuivant nous examinerons , fi
celui qui a reçû l'Ordre de Chevalerie de fon Prince ,
peut accepter le Collier d'un Souverain étranger.
S. II.
les
Lorfque ces Religions Militaires , où l'on ne fait pas
trois vœux folemnels , fe rapportent aux mêmes exercices
& aux mêmes engagemens , cela eft fans difficulté qu'on
en peut prendre plufieurs enfemble. Cette pratique eft com-
mune en Espagne , où il y a des Chevaliers d'Alcantara ,
qui font auffi Chevaliers de Calatrava. Mais les Milices
Regulieres , où l'on s'oblige à l'obſervance des trois vœux
[a] Statuts de l'Ord. de S. Louis, art.VI.
Ccc
386 Dissertations Hiftoriques & Critiques
Deux Re- de Religion , elles font incompatibles. Ainfi un Chevalier
ligions
Militaires de Malte ne peut pas être reçû dans l'Ordre Theutonique ,
font in ni dans aucun Ordre de Chevalerie Reguliere ; dé même
compati
bles. perfonne ne peut entrer dans l'Ordre de Saint Jean de Je-
rufalem , s'il a fait profeffion d'une autre Milice Regulie-
re , parce que dans ces Religions Militaires l'on contracte
des obligations , & on fait des voeux qui attachent le Che-
valier au ſervice de fon Ordre , à l'exclufion de tous les
autres. ( a )
Ufage de Les Statuts de l'Ordre de Malte s'expliquent nettement
Malte.
fur ce fujet , en ces termes : Celui qui aura fait profeſſion d'un
autre Ordre , qu'il foit nullement reçû au nôtre : ou s'ily eft re-
çû, & qu'on vienne à avoir connoiffance de fa premiere Pro-
felion , qu'il foit privé de l'habit , & qu'ilfoit en outre chaffe
de notre Couvent , & privé de toute efperance d'avoir nôtre ha-
bit , ni la nourriture même , ni aucune autre chose en nôtre Or-
dre. Ces maximes font également obfervées , & avec la mê
me rigueur dans tous les Ordres de Chevalerie Reguliere ,
n'étant jamais permis d'en prendre deux conjointement , à
moins que ces Religions Militaires ne foient réunies fous
un même Chef ou Grand- Maître , comme le font les Or-
§. III.
ARTICLE II.
S. I.
gleterre.
Combien y a-t-il de Seigneurs en France qui ont été ho-
norez du Collier du Saint Efprit & de la Toifon d'Or ? On
peut mettre dans ce rang Charles de France Duc de Berri ;
Philippes d'Orleans , aujourd'hui Regent du Royaume ;
Louis-Alexandre de Bourbon , Comte de Toulouſe. On
n'ignore pas auffi que Louis - Joſeph Duc de Vendôme
bien de notre Royaume , que les Rois & Princes Souve- "
rains , voifins & alliez d'icelui , & les autres Seigneurs "
étrangers non Regnicoles , lefquels ont bien merité de nô- “
tre amitié & de nôtre Couronne , foient à l'avenir ad- "
mis & aggregez en la fraternelle Compagnie dudit Or- "
dre , de laquelle ils ont efté exclus par les Statuts faits "
par le feu Roi Henri III . Fondateur dudit Ordre..... "
Ordonnons , tant pour le prefent que pour l'avenir , que
lefdits Rois & Princes Souverains , & lefdits Seigneurs "
S. II.
Rois qui C'est dans cette vûë que nos Rois ont fouvent pris les
ont reçû Ordres de la Toifon d'Or & de la Jartiere , & que les Rois
plufieurs
Ordres. d'Espagne , d'Angleterre & de Pologne ont porté les Colliers
de France. Quelques-uns même ont efté tout à la fois Che-
valiers du Saint Eſprit , de la Toifon d'Or & de la Jar-
tiere , comme François I. & même Jacques V. Roi d'E-
coffe en avoit quatre conjointement . En 1534. il reçut l'Or-
dre de la Toifon d'Or de l'Empereur Charles-Quint , celui
ARTICLE
fur la Chevalerie. Liv . II . Differt. IV . 393
ARTICLE III.
§. I.
Ddd
394 Differtations Hiftoriques & Critiques
S. II.
S. V.
remarquables.
DISSERTATION V.
ARTICLE I.
Uoique tous les Gens de Guerre , & fur tout les Offi-
Q ciers , doivent avoir une fidelité infléxible pour le
tant que ces nobles qualitez foient plus propres aux Che-
valiers , puifqu'elles en font le veritable caractere.
400 Differtations Hiftoriques & Critiques
Ce que Qu'est-ce qu'un Chevalier en general ? C'est un Gen-
c'eft qu'un til- homme , qui étant fait Chevalier , reçoit une genereufe
veritable
Chevalier. impreffion qui le rend incapable de faire une lâcheté , ou
une action contre fon honneur , & qui démente ce qu'on
appelle un honnête homme. Il eft d'une fidelité incor-
ruptible envers fon Prince , envers tout le monde , & à
fes devoirs. La fimple parole d'un Chevalier doit être
auffi inviolable qu'un ferment , & il fe croit plus obligé de
la tenir qu'un Contrat paffé devant Notaire. Ainfi quand
on entend prononcer ce nom , Chevalier , on fe forme l'idée.
d'un homme noble , brave , juſte , fidele , & en un mot ir-
reprehenfible.
Tout cela eft exprimé par ces paroles qu'on trouve fou
vent dans nos vieilles Chartres , Moult bon Chevalier ;
loyal Chevalier, & qui oncques n'a forfait à la Chevalerie.
C'eft pour cela que les grandes Chroniques de France ,
ARTICLE II.
N peut tirer de trois fources les devoirs d'un Che- Ces obli-
gations
Chrétien . 1° . Des Statuts & des Regle- viennent
O valier
mens de divers Ordres de Chevalerie. 20. Des céré- de trois
monies qu'on fait en donnant le Collier aux Chevaliers. fources.
Enfin ils font exprimez dans les prieres dont on fe fert
pendant cette folemnité.
Si on jette les yeux fur les termes de la Profeffion , ou
du ferment de fidelité que font les Chevaliers , & qui fe
trouvent dans les Statuts des Ordres de Chevalerie Chré- Premiere
tienne ; fi on examine les Oraifons que dit le Prêtre quand fource.
il benit la Croix & l'épée du Chevalier , & fi on fait quel-
que attention au fens mifterieux qui eft renfermé dans les
cérémonies de la création du Chevalier Chrétien , on
ARTICLE III.
particuliers.
E
Je n'entreprends
valiers Chrétienspas deobligez
font détailler
de ici tout
faire ceque
fuivant les Che-
leurs pro-
pres Statuts , & par rapport à la pratique de la vertu & aux
bonnes mœurs. Cela nous porteroit trop loin. 11 fuffira
de marquer les devoirs de quelques Religions & de quel
Eee iij
406 Dißertations Hiftoriques & Critiques
S. I.
Lazare , fuivant les Bulles des Papes & les Statuts de l'Or- Carmel.
dre , font les fuivantes. Ces Chevaliers font obligez d'al
ler à la Guerre contre les ennemis de la foi & de la Reli-
§. II.
jugale , que font les Chevaliers de cet Ordre , ils font te-
nus de dire tous les jours cent Pater nofter , & cent Ave
Maria , & le double aux bonnes Fêtes. Quand quelqu'un
de leurs Confreres eft mort , ils doivent reciter un Rofaire
& l'Office des Morts.
****** **********************
DISSERTATION VI.
1
ARTICLE I.
I.
La Cheva
lerie donne Nciennement un des privileges de la Chevalerie
une espece Aétoit une espece de rang & de préeminence , qui
de préemi- donnoit au Chevalier le pas &la préféance dans les affem-
nence.
blées , les fonctions publiques & dans les Compagnies , fur
ceux qui n'étoient pas Chevaliers. Dans le Parlement de
Paris les Confeillers, qui étoient Chevaliers, avoient la pré-
féance fur ceux qui ne l'étoient pas . Ainfi dans la defcri-
ption du Parlement faite au Bois de Vincennes le 10. Oc-
tobre de l'an 1322. les Confeillers- Chevaliers font énoncez
I I.
( a ) Ce n'est que dans ces derniers de prendre des titres plus éclatans.
fiecles que les Rois , les Princes & Les Rois d'Espagne avant & après
les Grands Seigneurs ont commencé I Charles -Quint , aufi-bien que les
Fffiij
414 Dissertations Hiftoriques & Critiques
Monfeigneur. On difoit Monfieur Henri de France , fils du
Roi Louis le Gros : Monfieur Philippe d'Alençon. On voit
enfin que le titre de Monfieur , qu'on donnoit aux Cheva-
liers , devoit être bien relevé , puifqu'on donnoit ce titre
au Pape. C'eft ce qu'on peut voir dans la Lettre des Eche-
vins & Habitans de Reims , adreffée en 1372. au Pape
Clement VI . elle commence par ces mots : A Nôtre Très-
Saint Pere en Jefus - Chrift , Monfieur ( a ) Clement , par la
divine Providence , Souverain Seigneur , & Gouverneur de
toute l'Eglife.
I I I.
Il n'y avoit que les perfonnes de la premiere qualité & Les Che-
les Chevaliers à qui il fût permis de porter des dorures , valiers
pouvoient
de riches étoffes , des fourrures. De-là vient que dans nos porter des
Chroniques la plupart des Chevaliers font nommez Che- dorures.
valiers dorez. Ces dorures fe portoient en ceintures , en
bordures , en franges , en couronnes , en chaînes , en col-
liers , en éperons , en garde d'épées , fermaux , annelets ,
& autres pareils ornemens. Les Lettres du Roi Charles
VIII. données à Melun le 17. Decembre de l'an 1422 .
V.
M. du Cange met parmi les marques & les privileges Les Che
des Chevaliers le droit d'avoir leurs Chevaux de batail- vaux des
le couverts d'une grande houffe de tafetas , ou autre le- Chevaliers
étoient
416 Differtations Historiques & Critiques
Couverts gere étoffe qui leur battoit juſques aux pieds , ornée &
de grandes remplie de leurs Armoiries. Les Chevaux ainfi harna-
chez s'appe lloien t , veflit os equos , ou palliatos , phaleratos ,
ftratos. Le Roman de Lo Henares en parle en ces termes.
VII.
D'avoir
Les Chevaliers avoient anciennement , entr'autres pré-
un Sceau.
rogatives , le droit d'avoir un Sceau . Le Chevalier étoit
VIII.
X.
Alphonfe fon frere , & lui accorda les terres d'Auvergne &
de Poitou Anno 1240. Ludovicus Excellentiffimus Rex
Francorum....apud Salmanum.... tunc inibi Dominum Adel-
phonfum fratrem fuum , novumfaciens Militem , conceffit ei-
dem terram Averniæ & Pilłaviæ , &c. ( a )
X I.
Ils for-
Il y avoit en Angleterre une Loi , par laquelle il étoit toient de
ordonné , qu'un homme fortoit de minorité quand il étoit minorité.
fait Chevalier , parce que la Chevalerie étoit une efpece
d'émancipation. Les Chevaliers de ce Royaume avoient
plufieurs autres privileges qu'un Auteur Italien ( a ) rap-
porte en ces termes : Privilegi dé Cavalieri fono dufcir di
tutela , quando fon dechiarati Cavalieri. Di piu fono difpen-
fati di fervire in una corte Feudale ; di dare cautione per il
vifus Franci Plegii , & di fornire nel Delmere Gart. In ol-
tre li figlivoli , & fratelli d'un Cavaliere , fono giudicati ca-
paci da gliftatuti di tenere piu d'un Beneficio , con cura d'ani
me: e per un' Ordinanza del Ré Giacomo , fi permette à fi-
gliouli de Cavalieri , non oftante che non hanno trecento fcudi
di Capitale di poter tenere mute di cani , & andar nella cac-
tia di fagiani e pernici .
XII.
XIII.
ARTICLE II.
ARTICLE III.
DISSERTATION VII.
ARTICLE I.
ARTICLE II.
I.
I I.
(a) Greg. Turonenf. Lib . 1o. cap. 15. I rufalem , titre II.
(a) Stat. de l'Ordre de S fean defe- s
bit
fur la Chevalerie. Liv . II . Differt. VII . 433
bit de nôtre Ordre , à la Profeffion duquel nous t'avions “
ci-devant reçûs , y étant induis par tes bonnes actions , “
qui font maintenant toutes perverties : c'eft pour cela "
que fuivant nos Statuts & nos Coûtumes à la plus gran-
de gloire des gens de bien, & à l'effroi des méchans, com
me auffi pour te faire fervir d'exemple aux autres , nous "
te privons & feparons , tant de l'habit de nôtre Ordre , “
que de la Compagnie de nos Freres , dont nous te chaf- “
fons & rejettons , t'en retranchant comme un membre "
puant & pourri. , pa
Après ces paroles le Maître Ecuyer , par le Comman-
dement du Grand -Maître ou de fon Lieutenant , ôte l'ha-
1979 STIL. 92 !
C
-1000. 31 2
IV.
Iii ij
ons s
436 Differtati Hiftorique & Critiques
ARTICLE III.
(a ) Conc. Trid. feff. 13. cap. 4. (b) Joan. Curopal. de offic. Cox-
de Reformat. 1 fant.
Jur la Chevalerie. Liv. II . Differt. VII. 437
ARTICLE IV .
De la renonciation à la Chevalerie.
ADDITIONS
441
ADDITIONS
E T
CORRECTIONS
de l'Impreffion.
Age 126. après ces paroles , qui ont précedé les Croi-
Pfades , ajoutez Jean de Heu Seigneur d'Ennery , de
Malroy , de Crefpi , de Parthe , de Mont , de Beu , de
Xieulle , & de plufieurs autres terres dans le païs Meffein ,
eft qualifié Chevalier de fainte Catherine dans une an-
cienne Genealogie de la maifon de Heu , faite en 1494.
Il fit le voyage de la Paleſtine en 1463. comme il est mar-
qué dans l'Hiftoire des Evêques de Mets , page 582. où il
eft dit , que Jean de Heu étant allé à Jerufalem en 1463 .
à fon retour il paffa par Rome , où il follicita le Pape en
faveur de ceux de Mets , qui lui avoient envoyé des Dé-
putez .
Page 147. après ces mots : Traité de la fcience Heroï-
Kkkij
Additions & Corrections.
444
ment des Religions Militaires , qui ne commença qu'au
XII. fiecle , vers l'an 1104.
20. Quoique l'Auteur faffe mention de plufieurs Grands
Seigneurs qui fe croiferent , il ne leur donne pas la quali-
té de Chevaliers , pour nous faire connoître que le titre
païs.
Pour la page 192. après la ligne 32. ajoûtez. Les exer-
cices de l'Arquebufe ayant été interrompus pendant les
Guerres , ils fe renouvellerent l'année derniere avec la
permiffion du Roi. Le 28. du mois d'Aouſt l'ouverture
du prix de l'Arquebufe fe fit à Meaux , Capitale de
Brie. Monfieur de la Noüe de Rutel , Gentil- homme &
temps marqué.
Page 225. après ces mots de la derniere ligne , portent
une Croix blanche patée , ajoûtez. Alexandre VI . fous
fon Pontificat donna une Bulle , par laquelle il permit aux
Chevaliers de Chrift de fe marier. Le Roi Denis leur
donna les terres qui avoient appartenu aux Templiers.
Au commencement de leur établiſſement ils faifoient leur
féjour à Caftro- Marin , Port de mer & Place forte par fa
Marie & de Jofeph , avec cette priere : Nos cum prole pia
benedicat Jofeph, & Virgo Maria. On y ajoûtera cette
Oraifon à la fainte Croix.
pour les imiter , & deux fois l'année , c'eft-à -dire , avant
'Invention de la fainte Croix , & avant l'Exaltation de
ce bois facré , elles liront ces Regles afin de les mieux ob-
ferver , & elles fe confefferont & communieront ces deux
jours. LII ij
Additions & Corrections.
452
XVII. Elles s'employeront encore à diverfes bonnes
œuvres de charité ſpirituelle & corporelle , chacune felon
fon état. Sur tout elles vifiteront les Hôpitaux , & fervi-
ront quelquefois les malades , leur donnant à manger ;
elles travailleront auffi à la converfion des pecheurs ; à
mettre à couvert les filles qui font en danger ; à fecourir
les pauvres honteux , & feront femblables actes de vertu
quand elles les pourront, & que Dieu leur en donnera l'inſ-
piration.
Enfin elles s'efforceront de regler leurs actions & tou-
te la conduite de leur vie , de maniere qu'elles foient
une difpofition continuelle à une bonne & fainte mort ,
fuppliant tous les jours Nôtre- Seigneur Jeſus - Chrift cru-
cifié de les affifter dans ce moment , afin qu'elles puiffent
joüir de la vie éternelle , Ainfi ſoit-il.
Toutes ces Regles , les céromonies qui s'obfervent à la
reception des Dames de la Croix , & les Indulgences que
le Pape a accordées à cette celebre Compagnie fe trou-
vent recueillies dans un Livre imprimé à Vienne , intitulé :
La Radinanza nobile e pia della Cruciata.
IV
VI
Q
455
EXPLICATION
VII.
Page 457
VII VIII OD IX
X XII
XI
XIII
XIV
des Armes des Colliers. 417
VII. L'Ordre de Saint Cofme & de Saint Damien
avoit pour marque une Croix rouge chargée d'un cercle
en ovale , où étoient les Images de Saint Coſme & de Saint
Damien. 125.
VIII. L'Ordre de Nôtre- Dame du Lys. Le Col
lier des Chevaliers de cette Milice étoit compofé de
deux chaînes d'or entrelaffées de plufieurs M M Gotti-
ques, d'où pendoit dans une ovale clechée un lys d'or
émaillé de blanc. fortant d'une terraffe de Sinople , & fur-
monté d'une grande M. couronnée. Les Chevaliers ne pcr-
toient ce Collier qu'aux Fêtes folemnelles ; les autres jours
ils avoientfur l'eftomach un lys en broderie d'argent. 125.
IX. L'Ordre de Sainte CATHERINE au Mont Sinaï.
Les Auteurs ne conviennent pas touchant la marque des
Chevaliers. Les uns prétendent que c'étoit une roïe à
demi rompue avec une épée teinte de fang ; les autres leur
donnent une roüe à fix rais , traversée d'une épée qu'ils
portoient fur des manteaux blancs , telle qu'on la voit ici
dépeinte. Nous donnerons dans la fuite la figure d'une au-
tre marque de la dignité des Chevaliers de Sainte Cathe-
rine , parce qu'elle eſt mieux autoriſée. 126.
X. L'Ordre du NAVIRE , ou du double CROISSANT .
gent. 131 .
XIV . L'Ordre de la ToISON D'OR . Le Collier de
cette Chevalerie eft d'or , compofé de double fufils entre-
laffez en forme de B , avec des calioux étincelans de rais
de flâmes. Au bout de ce Collier eft un Mouton ou Toi-
fon d'Or , avec cette devife : Ante ferit quam flamma mi-
cet. Les Chevaliers , qui étoient trente , devoient être ha-
billez le jour de Saint André leur Patron de trois fortes
d'habits : Le premier d'écarlatte, pour leur donner à con-
noître que le Ciel s'acquiert par l'effufion du fang , pour
XXI
XIX XX
XXIII HS
XXII
XXIV
des Armes des Colliers.
459
XVI. L'Ordre du DRAGON RENVERSE ' . Le Col-
lier eft fait de deux tortis à doubles mailles d'or avec des
Croix Patriarchales , au bout pendoit un Dragon renversé
avec aîles abbatuës , émaillées de diverfes couleurs. Les
regni. 135.
XVIII. L'Ordre du BAIN avoit pour marque un écu
de foye bleüe celefte en broderie , chargé de trois couron-
nes d'or avec ces mots : Trois en un. 136.
XIX. L'Ordre de l'OURS ou de SAINT GAL . Le
ple. 137.
XX. L'Ordre de la MILICE CHRETIENNE . Il
avoit pour marque une Croix d'azur à la bordure d'or ,
femblable à celle des Chevaliers de Malte , dans le milieu
ASTU
PROB
PRASTU
NE OMI
OB
D
PROB
ASTI
C
XIXX
XXVIII
XXX
XIXX
XXXI
XXXIII
VIGILES
XXXII
des Armes des Colliers. 461
XXV. L'Ordre de la VIERGE, La marque des Che-
valiers étoit une Croix de fatin bleu celefte toute couver-
te & recamée d'argent , les branches faites de fleurs de
lys ; chaque bout de branche étoit chargée d'une étoile .
heriffée & entourée de rayons qui reprefentoient les qua-
tre Evangeliftes , & au milieu un rond qui enfermoir un
chiffre compofé d'une M & d'une S entrelaffées , cou-
ronné d'un chapeau d'étoiles d'or. Ce chiffre fignifie
Sanita Marias , siano susunod ,la dio of CaseD140.
: XXVI. L'Ordre de Saint GEORGE à Genes, Les
Chevaliers avoient pour marque une Croix émaillée de
rouge penduë à une chaîne d'or. 141 .
XXVII . L'Ordre de JESUS- CHRIST. Le Collier
étoit compofé d'ovales d'or , les unes en long , dans lesquels
les alternativement font ces mots : Domine probafti , émail-
lez de blanc , les autres en large , dans lefquelles eft un
creufet émaillé de gris , fur un tripier émaillé de noir ,
deffous font des flâmes de feu émaillées de rouge , & le
creufet rempli de verges d'or. Ces ovales font attachées
par des annelets clechez , au bout du Collier pend une
ovale , dans laquelle font reprefentez deux Anges tenant
un Ciboire couronné , fur la table il y a trois goûtes de
fang émaillées de rouge. 5421
XXVII L'Ordre de la GENETTE . Le Collier des
Chevaliers étoit compofé de trois chaînes entrelaſſées de
rofes émaillées de rouge Au bout du Collier pendoit une
Geneue émaillée de noir & de ronge , affife fur une terraſſe
émaillée de fleurs. Slive 144,
XXIX. L'Ordre de la COURONNE ROYALE . Cet
Ordre eft ainfi nommé , parce que les Chevaliers portoient
une Couronne Royale en broderie d'or , avec cette de-
vife: Coronabitur legitimè certans . L'on ne fçait pas de
trola tomos
f
Page 463.
XXXIV.
XXXV.
XXXVI
XXXVII .
XXXVIII . XXXIX
XLI .
PE
I MAL
QV OY
ON
T
OI
SE
XL
N
ey
XLII .
O
H
N
&
des Armes des Colliers.
14.63
XXXIV . L'Ordre de la Coffe de GENESTE H
avoit pour Collier des Coffes de Genefte émaillées au na-
turel , entrelaffées de fleurs de lys d'or enfermées dans
des lozanges clechées émaillées de blanc , le tout attaché
à une feule chaîne , au bas de laquelle pendoir une Croix
florencée d'or , fufpendue de deux chaînons. 152.
XXXV. L'Ordre du CHARDON & de NÔTRE-
DAME. Cette Chevalerie avoit un Collier fait de lozan-
ges entieres & de demies à double orle , émaillées de verd ,
clechées , remplies de fleurs de lys d'or & de lettres capi
tales en chaque lozange , faifant le mot ESPERANCE .
Au bout du Collier pendoit fur l'estomach , une ovale , le
cercle émaillé de verd & de rouge , & dans cette ovale
XLIII,
1
Page 465
XLIII .
XLIV. XLV.
TQ
XLVI .
XLVIII .
XLVII .
L.
XLIX . LI .
des Armes des Colliers. 465
XLIII. L'Ordre de Saint GEORGE en Bourgogne.
La marque de cette Confrerie eft une medaille d'or , où
LIV.
H
LVI .
LVII.
LV.
LVIII .
LIX .
LX.
3
des Armes des Colliers.
467
LII. L'Ordre de Saint GEORGE en Carinthie.
LXIX .
LXVIII .
LXVII .
des Armes & des Colliers.
4.69
LXI. L'Ordre THEUTONIQUE . La marque des
Chevaliers étoit une Croix potencée noire , fur icelle une
autre Croix doublement potencée ou à dégrez , ſurchargée
d'un Ecuffon de l'Empire, au bout d'un croifilion d'en- haut
de la Grand - Croix , au Chef de France.
259.
LXII . L'Ordre de MONT-JO Y E. Les Chevaliers por.
toient fur un habit blanc une Croix rouge. D'autres di-
fent qu'ils avoient fur leur habit une étoile rouge à cinq
rais. 261
LXIII. L'Ordre de Saint JACQUES DE L'EPE'E '
Les Chevaliers ont pour Collier une chaîne d'or à trois
rangs , au bout de laquelle pend une Epée rouge chargée
d'une coquille d'argent , pour devife : Rubet enfis fanguine
Arabum. Les anciennes armes de cette Milice étoient d'or
LXXIV
LXXIII .
LXXV
LXXVI
24
LXXVIII
AMAVIE
LXXVII
LXXIX
LXXX LXXXI
des Armes des Colliers. 471
LXX. L'Ordre des Dames de LA CROIX. La def-
MEMOIRES
Page 473
COSTANTINO MASSIMO
Jn Cameo in Niccolo .
MEMOIRES
Preuves Extantes.
(a ) Tristan Comment. Hiftorique fur les Emper. Tom. III . page 616.
Ooo
474
du Cange ( a ) nous en a donné une autre de l'Empereur
Juftin , dans lesquelles on voit que l'un & l'autre portent
le Monogramme placé dans le même endroit où eft celui
de Conftantin.
REMARQUES
militaire qui porte fon nom , & qui a fubfifté depuis le IV.
fiecle jufqu'à prefent , pouvoit être foûtenu comme très-
vrai-femblable,s'il en faut juger par les Bulles des Papes,par
les Diplomes des Empereurs , par le témoignage des Ecri-
vains , & par un grand nombre de conjectures. J'ai donc
crû que toutes ces preuves jointes enſemble pouvoient per-
Preuves Litteraires.
Ppp ij
484
AUGUSTISSIMI
IMPERATORIS
LEOPOLDI
CÆSAREUM DIPLOMA,
AC EDICTUM ,
ma Farnefiæ Stirpis.
SANCTISSIMI
INNOCENTII
PAPE DUODECIMI
BREVE APOSTOLICUM
Super confirmatione ,
· approbatione refignationis , &
'c. Ac ejus
Ducis Francifci Farnefii Ducis Parma , &
INNOCENTIUS PP . XII.
Rrrij
SANCTISSIMI
CLEMENTIS
PAPE UNDECIMI
CLEMENS P.P. X I.
Subfcript. F. Oliverius.
$ s.s
506
** ******
CLEMENS PAPA X I.
de Constantin
507
hujufmodi Protectoris munus ita obire ftudeas , ut apud
Deum bonorum operum retributorem æternum præmium,
& à Nobis condignam laudem valeas promereri. Datum
Romæ apud Sanctum Petrum fub annulo Pifcatoris die
us noftri anno primo. Sum-
. prima Aprilis 1701. Pontificat
ptum ex minuta originali Brevium Secretorum San& tiſſimi
Domini noftri Clementis Papæ Undecimi.
Loco † figilli F. OLIVERIUS .
REPRESENTATION DU GRAND-
Sss
510.
GGGGRRRGGG
L'ordre
des Ordres des Religions Militaires.
Πέτ ij
TABLE
DES MATIERES
A de Chevaliers. 233.
Alphonfe XI. Roi de Caftille
fonde l'Ordre de la Bande
Byllin(Baltazar ,) Auteur fa-
buleux . page 127. 156. Statut curieux de cet Or-
Acacius Roi d'Ecoffe établit l'Or- dre. Ibid.
dre de Saint André du Chat- Amaranthe , Ordre de Chevale-
don. 149. rie. 278.
Adoubé , ce que c'eft qu'un Che. Amé VII. eft créé Chevalier par
valier adonbé. 338. Grandfon. 13.
Advouez , ils font très- anciens Amedée VI . Comte de Savoye ,
209. Charlemagne reçoit le fonde l'Ordre des Lacs d'a-
titre d'Advoüé , ou de Prote- mour , 136. Amedée VIII . le
teur
& de l'Eglife . Ibid. A 14 fait appelles l'Ordre de l'An-
l'exemple de l'Eglife de Rome nonciade. 157.
' les autres choifirent des Ad- Ampoule, ( Sainte ) Ordre de Che-
voüez , 210. On les faifoit valerie. 122 .
Chevaliers pour exercer certe André (Saint) du Chardon, Ordre
Charge. Ibid. Ils levoient des Militaire , 149. Collier de cet
Troupes fous les Bannieres des Ordre. 150.
Eglifes. Ibid. La plupart des André(Saint)en Mofcovie , Ordre
Eglifes d'Allemagne avoient de Chevalerie... 159.
des Advoüez , 2 ! 1 .
Amurat Empereur des Turcs
Affranchis ne pouvoient être en- avoit dans fa Bibliotheque
rollez parmi les Romains . 26. 128. Manufcrits , qu'on appel-
Aides , les Chevaliers en pou- loit de Conftantin 108. pour-
voient exiger. 417. quoi ainfi nommez . Ibid.
Aigle blanc , Ordre de Chevale- Angeli de Drivato établiſſent en
rie. Italie l'Ordre de Conftantin ,
155.
Alle de Saint Michel , Ordre Mi- 109. fe difent Grands - Maîtres
1.taire. 253. de cet Ordre , Ibid. Ils jufti-
Alexandre V. Pape fonde l'Ordre fient leur droit par des pieces
de S. George . $39. autentiques , 110. Paul III . les
Aifama , Saint George , Ordre reconnoît comme iffus des
:
·
TABLE DES MATIERES,
317
Empereurs Grecs . Ibid, Autre
preuve qu'ils font fortis de la B
famille des Empereurs de Gre-
ce , III. Plufieurs Papes leur Achelier , ce qu'on entend
accordent de grands privile B par ce mot. 7.
ges , 112. repandent leur Or- Bain , Ordre de Chevalerie. 136.
dre en plufieurs endroits de Bande , Ordre Militaire. 156.
l'Europe , 113. Ils transferent Banneret , titre que l'on donnoit
la qualité de Grand- Maître au aux Grands Seigneurs , 8. Ils
Duc de Parme , 116. Le Pape avoient droit de porter une
& l'Empereur confirment cet- Banniere quarrée . 8. & 9.
te ceffion , 117, Reflexions fur Barbazan enseveli dans le Sepul
ces deux pieces , 117. 118. chre de nos Rois à Saint De
Anne de Bretagne inftitue l'Or- nys. 55.
dre de la Cordeliere , 274. Baron , Seigneur ancien. 11.
Méprife de quelques Auteurs Bataves , très - confiderez parmi
fur cet établiffement. 275 les Allemans ,, 25. Ils font ap-
Annonciade,Ordre Militaire, 156. pellez les freres & les amis des
Saint Antoine de Vienne , Ordre Romains. Ibid.
· Hofpitalier, 225. Autre Ordre Baudouin Empereur de Conftan-
du même nom en Ethiopie , tinople fait des Chevaliers de
127. Conftantin . 99 .
Arbre de Confanguinité, 323. Ex- Beatrix , fille du Duc de Cleves ,
plication de cet Arbre. 324. fonde l'Ordre du Cigne , 150 .
Appertife d'armes combats d'hon- Tout ce qu'on en dit fent la
neur , 188. Celebre Appertife fable. Ibid.
d'armes faite à Bordeaux . 189 . Beauvais , generofité des Dames
Armes , la jeuneffe parmi les an- de cette Ville , 273. Elles font
ciens Germains les recevoient lever le Siege au Duc de Bour-
avec de grandes ceremonies a gogne. Ibid. Honneurs qu'on
23. leur rend. Ibid. Conte agréa-
Artus Roi chimerique. 6. ble fur ce fujet.. Ibid.
Aftur eft fait Chevalier par fon Bierlinch, (Laurent, met David
· pere. 13. ... & les Machabées au nombre
Audouin Roi des Lombards ne des Chevaliers. 21,
veut admettre fon fils à fa ta- Bellin Peintre fameux eft fait Che.
ble , & pourquoi. 182. valier par Mahomet II. 180 .
Avis , Ordre de Chevalerie, 265. Biffipats , Princes Grecs fe reti-
Auteurs qui ont parlé en faveur rent en France , 106. Pourquoi
de l'Ordre de Conftantin. ainfi appellez. Ibid. Leur Ge-
75. &feq. nealogie. Ibid.
Blaife(Saint) , Ordre de Chevaliers
en Armenie. 472.
Tet ij
318 C TABLE DES MATIERES.
Bourbon , furnommé le Bon Duc , Ceremonies obfervées quand on
fe diftingue au fiege de Ver. donne la Chevalerie , 334. &
teüil , 6. Il entre dans la mi- Seq. Elles ont varié fuivant les
ne l'épée à la main , Ibid. fait temps & les Nations , 335. &
Chevalier Renauld dans la feq. Dans les premiers fiecles ,
mine. 57. 336. Dans le XII. fiecle , 346.
Bracelets Augufte en donnoit Dans le XIII , fiecle, 347. Dans
pour recompenfer les Soldats . le XIV. 349. Ceremonies qui
17 . s'obfervent à prefent , 351. El-
Brigitte, ( Sainte,) Ordre de Che- les font toutes rapportées dans
valiers. 60. le Roman de Garin , 339. Dans
Brioude , on y établit un Ordre celui du vieux Renard , 340.
Militaire fous le nom de Saint & dans celui de Girard , 353
I. L
ERRAT A-
187-4