Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Câbles
d'énergie,
es câbles isolés pour le transport Diélectriques,
qgbw a Haute tension,
Matériaux
et la distribution de l'énergie synthétiques.
en France
par Eugène FAVRIE, Sitec, Jacques MIDOZ, Câbles Pirelli, Yves PARASIE, Alcatel Câble,
Michel PAYS, EDF, Direction des Etudeset Recherches.
REE
N°t
1995
CÂBLES
PRINCIPES DE DIMENSIONNEMENT
D'UN CÂBLE Elle est déterminée en prenant en compte l'ensemble des
Au cours de sa vie, un câble est soumis à des contraintes pertes à l'intérieur du câble et les transferts thermiques du
câble vers le milieu ambiant. A partir de l'intensité de cou-
électriques, thermiques, mécaniques et thermomécaniques.
rant résultant de la capacité de transport à assurer et des
En fonction de ces contraintes, il sera dimensionné pour
conditions de court-circuit, on peut alors déterminer la sec-
assurer une capacité de transport d'énergie sous une ten-
tion nécessaire pour le conducteur et l'écran métallique.
sion de service déterminant un champ électrique dans
Les calculs sont effectués selon les modalités de publica-
l'enveloppe isolante. tions CEI. Ils portent sur le régime permanent (CEI 287), le
régime cyclique (CEI 853-2) et le régime de court-circuit
Champ électrique
(CEI 949).
Les câbles HTB sont généralement unipolaires ou tripo- La capacité de transport d'un câble peut être sensible-
laires avec écran individuel (fig. 1). ment augmentée par l'adoption de la technique du refroi-
Dans ces conditions, le champ électrique E dans l'enve- dissement forcé (interne, externe ou latéral) [4].
loppe isolante est un champ radial. Le gradient de potentiel
en un point de l'isolant est : Contraintes mécaniques
Par contre, dans le cas de câbles posés à l'air libre et si Pour illustrer ce propos, considérons une âme circulaire
des précautions n'ont pas été prises au moment de l'instal- massive.
lation, ces contraintes sont susceptibles de provoquer des Supposons cette âme parcourue par un courant I. D'après
déplacements importants et brutaux des câbles. le théorème d'Ampère, le champ magnétique B créé en un
L'effort électrodynamique, par mètre de liaison, est point M situé sur une circonférence de rayon r se met sous
donné par
par :: la forme :
B (r) = 2. 10-'r Ilr,'
a
On peut alors montrer que les pertes dues à l'effet de peau
F est une force de répulsion si les conducteurs sont parcou- sont égales à :
rus par des courants de sens opposés d'attraction dans le dW = s (e - e,,,)'dS
cas contraire : où s est la conductivité électrique du métal ; e la f.e.m.
Iee : courant de court-circuit en A, induite en un point du conducteur et em la f.e.m. moyenne
a : distanceentre axe des câbles en mm, induite dans le conducteur.
k : : coefficient. W=SWI Il 10-14S 0/12
donc R peut se mettre sous la forme R = RYs, Ys dépendant
Contraintes thermomécaniques liées à la fois de la fréquence, de la résistance en courant conti-
à l'échauffement nu. Lorsque l'âme est constituée de plusieurs brins, ce
Les phénomènes de dilatation liés à l'échauffement des coefficient Ys est affecté d'un paramètre de forme ks qui
câbles sont à prendre en considération, notamment dans le sera d'autant plus faible que le nombre de brins sera élevé
cas d'une installation à l'air libre (dans une galerie tech- et que la structure de l'âme limitera les courants de
Foucault induits. C'est pour cela qu'au-dessus de
nique par exemple).
Cette dilatation est de l'ordre de 1 mm par mètre de 1600 mm', la plupart des âmes conductrices de câble sont
câble pour un échauffement de 50-70'C à l'air libre ; une segmentées (fig. 2). Cette structure permet des gains de
installation en sinusoïde avec des fixations tous les 2-3 m capacité de transport atteignant 10 %.
permet d'absorber les dilatations et contractions du câble.
RECHERCHES ET DÉVELOPPEMENT
POUR LA CONCEPTION
Ame conductrice
SECTEUR \\'\\\\)
SEPARATEUR \
ISOLANT
CABLE
Effets de peau et de proximité
w
Les âmes conductrices des câbles de transport d'énergie
sont soit en cuivre électrolytique recuit soit en aluminium
3/4 dur. D'une manière générale, elles sont câblées c'est-à- / \
dire constituées de brins élémentaires, isolés ou non, torsa- 'x'' X yXxy
x_ : j.3,i > f X--l'Y-yF_j->,I
"' " e_''''-.-' ? -? ? -..'' j .
dés. Cette structure permet à la fois de donner au câble une
certaine souplesse et d'utiliser au mieux la section conduc-
IYl` 7 =)' l >
trice par une réduction de l'effet de peau pour le transport
de courant alternatif.
Ce dernier aspect est d'autant plus important que la sec- //-rj \
tion des conducteurs est grande. En effet, la résistance des
âmes conductrices en alternatif est un problème relative- v//
//ls ` r y////
/l l/i i
ment complexe dans la mesure où la structure du conduc- ''ll l l l', lx, ; ll l j/I I'
teur (nombre de brins élémentaires, isolation unitaire de ces 'v/// ".'/ "/////7//'//'/ i j I"I
brins, association,...) a une influence sur cette résistance.
l//l i i
Pour simplifier, on peut considérer que la résistance élec-
trique d'une âme conductrice peut se mettre sous la forme
suivante :
R = R' (1 + Ys + Yp)
où R'est sa résistance en courant continu, CONDUCTEUR TYPE SEGMENTE
Ys : un facteur correctif dû à l'effet de peau,
Yp : unfacteur correctif dû à l'interaction entre les conduc- 2. L'âme condiictrice d'un câble de transport d'énergie est
teurs des câbles de phase, appelé effet de proximité. généralement constituée de brins élémentaires torsadés.
REE
?]
Juin1995
CÂBLES
REE
Net
1995
Les câbles isolés pour le transport de l'énergie
polaire.
La gaine de protection mécanique est en PVC ou en En France, en THT, le choix s'est porté sur les acces-
polyéthylène. soires de type préfabriqué (fig. 5, 6 et 7).
La présence d'une gaine en plomb conduit à un câble Cette technique conduit à concevoir et à fabriquer des
lourd ; des études sont en cours pour examiner son rempla-
pièces élastiques complexes comprenant des parties
cement, dans le cas des câbles 63 kV-90 kV, par une feuille conductrices et de volume important (environ 20 litres pour
d'aluminium posée en long et collée à la gaine de protec- une jonction 220 kV et 35 litres pour une jonction 400 kV)
tion mécanique. Ce complexe écran-gaine est dimensionné
[6].
pour satisfaire les conditions de court-circuit et avoir une Les performances électriques élevées requises sous
tenue mécanique adaptée aux conditions de pose envisa-
contraintes alternatives et d'ondes de choc, conjuguées à de
gées.
fortes exigences sur le plan mécanique (même après
En moyenne tension, une technologie d'écran similaire
vieillissement) nécessitent pour la fabrication de ces pièces
est adoptée depuis de nombreuses années.
l'emploi de matières isolante et semi-conductrice optimi-
sées ainsi qu'une technologie développée spécialement.
MATÉRIELS DE RACCORDEMENT
L'allongement admissible des matériaux doit être impor-
Avec l'apparition sur le marché, dans les années 60, des tant pour permettre l'enfilage de la pièce sur le câble par
câbles HT à isolant synthétique, il a fallu développer des extension radiale.
accessoires, extrémités et jonctions, adaptés à ces nou- Le module de traction doit aussi être élevé pour per-
veaux câbles. Ils ont été initialement dérivés de ceux que mettre l'obtention d'un fort serrage de la pièce sur le câble,
l'on utilisait pour les câbles isolés au papier imprégné à condition nécessaire à l'obtention d'une bonne qualité élec-
huile.
trique de l'interface.
C'est ainsi que l'on a eu recours à la technique du ruba-
nage, notamment pour confectionner les jonctions et que
l'on a utilisée, par exemple, pour les extrémités, des déflec-
teurs de champ rubanés en papier. RE
Très rapidement, les techniques employées pour les deux
bw-
types d'accessoires ont évolué pour devenir plus spéci-
t
fiques de l'isolation synthétique des câbles tout en se diver-
sifiant notamment pour ce qui concerne le contrôle du
B bloc prémoulé RE revêtementexterne
champ électrique (fig. 3 et 4).
C raccordementdu conducteur
On observe aujourd'hui plusieurs types d'accessoires
selon les constructeurs et une large diffusion des modèles
préfabriqués. 5. Jotiction THTpréinoiilée.
REE
N'1
Tuin
T
«a, ms
1995
CÂBLES
Tige de merdent
I Ecran Corons
Capotsupérieur
Tige de taccordement
Système d'étanchéité
Systèmed'étanchéité
Ailettea
lsolateur
1
Gu. SF6
Ailettesprémoulées
en élsstomère
1
Cônede contrainte
prémouléen êltemêrâ
1
Système d'étanchéité
Cônede mntaW te prémouléen élastomère
Cébleà isolantsynthétiqueextrudé
Isolateur support 1
Systèmed'étanchéité
Capotinférieur
Cèble à isolant
synthétique extrudé
Soudum 8. Extrémité extérieure avec côve de coutrainte et ailettes
prérnoulées er2 élastomère.
Au niveau 225 V, la disponibilité d'une nouvelle extré- LES CÂBLES À ISOLATION GAZEUSE
mité de câble avec isolateur composite remplaçant la por-
celaine a été annoncée dans un futur proche [9]. Les câbles à isolation gazeuse (CIG) dérivent de la tech-
Les premières utilisations envisagées concernent les liai- nique des postes blindés et les premières réalisations faites
en 1971 aux USA ont été des extensions de ces techniques
sons provisoires.
à de courtes longueurs. Actuellement, on recense dans le
Enfin au niveau 400 kV, des jonctions préfabriquées pro-
monde une longueur cumulée de circuits CIG de 32 km
totypes ont été réalisées. Les essais sont poursuivis.
pour des tensions entre 150 et 550 kV.
Ces câbles ont une structure unipolaire ou tripolaire
LE CÂBLE DE TRANSPORT SOUS HAUTE
(fig. 9 et 10).
TENSION CONTINUE
REE
CÂBLES
tances du fait de leur faible capacité linéique [15]. De plus, câbles « maquettes » et câbles de dimension réelle, a et
les puissances unitaires des CIG sont supérieures à celle n = bla (coefficient de la courbe de vie) ont été définis res-
des câbles traditionnels (> 2 000 MVA). pectivement < 1 et >_17,5. L'essai de réception de chaque
Les études actuelles visent à mettre au point des techno- longueur unitaire technique a pu ainsi être retenu.
. Pour les câbles 225 kV : 280kV pendant 45 minutes.
logies de CIG adaptées aux liaisons à grande distance
directement enterrables, faciles de mise en oeuvre (raccor- . Pour les câbles 400 kV : 440kV pendant 10 heures suivi
dement sur site...), réparables rapidement en cas de de 400 kV pendant 1 heure.
défaillance. Le remplacement du SF 6 par de l'azote est Le retour d'expérience de près de trente ans montre que
aussi envisagé mais à des pressions supérieures. ces choix étaient pertinents puisque le taux d'avaries intrin-
sèques est d'environ 0,06 défaut pour 100 km de liaison et
LES ESSAIS par an.
Le claquage diélectrique des câbles à isolation synthé- Néanmoins des recherches sont en cours pour mettre au
tique extrudée se caractérise par une forte dispersion des point des essais de contrôles non destructifs, si possible
niveaux de tension de claquage par rapport à celle des mis en oeuvre sur les lignes de production, afin de réduire
câbles isolés au papier imprégné ou à pression d'huile. encore les longueurs unitaires refusées suite à claquages
Dans ces conditions, leur fiabilité peut être évaluée par une diélectriques pendant les essais de réception en usine.
approche statistique. Ainsi les câbles extrudés doivent être
conçus en fonction d'un risque de claquage en service COMPRÉHENSION
acceptable par l'utilisateur. A partir de l'acceptation de ce DU COMPORTEMENT À LONG TERME
risque, on peut définir les paramètres du câble, qui garan-
DES ISOLANTS
tissent, pour un niveau de confiance donné, que ce risque
n'est pas dépassé. Généralités
Pour évaluer cette fiabilité, une loi de Weibull à trois
Le comportement électrique à long terme des isolants
paramètres est généralement retenue [16].
des câbles à isolation synthétique dépend de différents
La probabilité cumulée de claquage peut se mettre sous
paramètres :
la forme :
- la nature du polymère ainsi que les additifs présents
P = 1 - exp[- (EIEo) b (tlto) " (Lr2lLr2)].
dans les matériaux,
Avec - la conception et les conditions de fabrication,
a, b : deux constantes caractéristiques de l'isolant. - les conditions d'installation et d'exploitation.
L,), r. : respectivement la longueur et le rayon interne de
L'expérience de plusieurs dizaines d'années montre qu'il
l'isolant d'un câble de référence.
n'y a pas de vieillissement significatif de l'isolation des
Eo : le gradient de potentiel maximal nominal correspon- câbles en dehors des phénomènes liés à la présence d'eau.
dant à une probabilité de claquage de 63,2 % pour une
Les propriétés diélectriques du matériau isolant sont, par
durée d'application to'
sa capacité propre à piéger des charges électriques, étroite-
E, t, L, r sont respectivement le champ électrique maxi- ment liées à la morphologie de ce matériau : sa microstruc-
mal, la durée d'application de ce champ, la longueur de ture (la cristallinité, la taille des cristallites), ses caractéris-
l'échantillon et son rayon interne.
tiques moléculaires (la longueur des chaînes, la distribution
(a, b), (to, E.) sont déterminés par des essais particuliers, des poids moléculaires...).
respectivement par montée rapide à la tension de claquage, La variation de l'une de ces caractéristiques, sous
et par essais de durée à palier de tension constant. Les deux
l'action de contraintes thermiques, électriques et méca-
exposants sont obtenus par régression à partir des résultats
niques, aura, par l'incidence sur sa capacité de piégeage
d'essais. Les limites des intervalles de confiance, sont éva-
des charges électriques, une influence sur les propriétés
luées à l'aide d'une méthode de Monte-Carlo.
diélectriques intrinsèques du matériau isolant. La variation
Evidemment, les paramètres sont évalués avec d'autant de ces caractéristiques représente une évolution du maté-
plus de précision que le nombre d'essais est grand. L'appli- riau. Plusieurs modèles mathématiques du vieillissement
cation aux essais de câble n'est pas toujours évidente
du polymère, prenant en compte tout ou partie de ces
compte tenu de la difficulté de mise en oeuvre sur ce maté-
contraintes, ont été mis au point.
riel. Cependant, des modèles approchés ont été utilisés et
La compréhension de ces phénomènes revient à détermi-
cela a permis de définir les niveaux d'essais de réception
ner et à mesurer les différents paramètres représentatifs de
en usine des câbles haute tension.
l'état physique du matériau, ce qui implique :
Le taux moyen de claquage acceptable en France a été
- la connaissance de ces paramètres déterministes,
défini inférieur ou égal à 0,2 déftut/100 km de liaison tri-
- la mise au point de la (des) méthode (s) appropriée (s),
phasée/an. Ce chiffre est fondé sur l'expérience acquise sur
les câbles à huile fluide. A partir de cette donnée et des - le suivi de l'évolution de ces paramètres pour détermi-
nombreux essais conduits tant sur matériaux, que sur ner les lois d'évolution des matériaux.
Les câbles isolés pour le transport de l'énergie
REE
NI 1
1995
[6] PARMIGIANI (B.), VALLAURI (U.) ; Développement d'une Eugène FAVRIE est inôénieur de l'Ecole
jonction prémoulée à montage rapide pour câbles à isolation Supérieure d'Electricité de Paris. II a rejoint la
extrudée jusqu'à 275 kV. JICABLE 87, 21-25 septembre 1987, Société Industrielle de Liaisons Electriques (SILEC)
4CN M en 1962 où il a occupé différentes fonctions dans le
p. 413. domaine Recherche et Développement. Il y est
[7] LE PEURIAN (S.), DEJEAN (P.), ARGAUT (P.) ; Extrémités actuellementDirecteurscientif iquc et technique
de la
synthétiques pour câbles haute tension. Evaluation de leur durée Division Câbles.
de vie. Rapport CIGRE 21-01, Session 1992.
[11] TOURE] LLE et a/. ; Thermal wave method for evaluating the
space charge in insulants. Proc. JICABLE 91,
[12] ALQUIE JC.), LEWINER (J.) ; The measurement of internal Yves PARASIE, ingénieur ENSEEG, diplômé de
fields in insulators for HV Cables, possibilities opened by the t'ÏAE,est directeur depuis 1986 de]'Unité Câbles
HT et sous-inai-ins citez Alcatel Câble, Unité qui
pressure wave propagation method. Proc. JICABLE 87.
.' porte le Centre de Compétence des systèmesTHT du
[131 FUKUNAGA et al. ; Measurement of space charge
Groupe Alcatel Câble. Il exerce cette fonction après
distribution in cable insulation using the pulseed acoustic avoir occupé différentes responsabilités dans le
method. Proc. JICABLE 91. domainedes câblesd'énergiedepuis 1977.
j
[14] BALOG (G.), HERBRETEAU (A.), LUONI (G.), TERRAMORSI
(G.) ; TOPIST : an innovative HVDC cable. Proc. JICABLE 87.
REE
NI 1
Juin
95