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Enseignante : Mme Atar DIALMY

Ingénieur en Génie civil

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CHAPITRE 1 :
INTRODUCTION ET PRINCIPES DE CALCUL
1. INTRODUCTION
L'invention et la diffusion du béton constituent une rupture considérable dans l'histoire des
techniques de construction aussi bien que dans l'histoire de l'architecture. Bien qu'il fût connu
depuis l'époque romaine, le béton n'a pas pu être massivement utilisé avant le XIXe siècle et
sa mise en œuvre sous forme de béton armé. Dépourvu d'armature il ne peut résister à la
traction ce qui le rend inapproprié à la construction.

1.1. Le Ferciment de LAMBOT

Il y a plus de deux mille ans, bien avant l’invention du béton armé, les Romains utilisaient déjà
de la chaux vive comme liant. Le jardinier français Joseph-Louis Lambot a été le premier à
avoir l’idée d’utiliser une armature de métal dans les mortiers. S’inspirant des techniques de
moulage en sculpture, il fabriqua avec du fil de fer et du mortier des caisses pour orangers et
des réservoirs (en 1845), puis une barque (en 1849).
En 1855, il déposa un brevet pour cette combinaison de fer et de mortier qu’il baptisa le
"ferciment".

1.2. Les Brevets de Joseph MONIER

Un autre jardinier français Joseph Monier a également apporté sa contribution à la création


du béton armé. Cet horticulteur paysagiste eut l'idée d'utiliser cette même technique pour
solidifier les bassins, réservoirs d'eau et abreuvoirs. En 1867, il déposa à Paris une demande
de brevet pour "un système de caisses-bassins mobiles en fer et ciment applicables à
l'horticulture".
Les années suivantes, il déposa six additifs et cinq nouveaux brevets et adapta sa technique à
la construction de ponts.

1.3. Les constructions de François HENNEBIQUE

Le français François Hennebique (1842 - 1921) coula la première dalle de béton armé en 1879.
En 1892, il construisit un immeuble dans ce nouveau matériau et y installa son entreprise avec
pour slogan : "Plus d’incendies désastreux". A ses débuts, ce matériau était en effet utilisé
comme une mesure de protection contre les incendies.
Ce béton fut rapidement utilisé pour de nombreux projets en raison des nouvelles possibilités
qu’il offrait. En 1899, François Hennebique conçut et construisit le premier pont civil en béton
armé de France : le pont Camille-de-Hogues à Châtellerault.
Il l'employa aussi pour bâtir une villa-témoin. Par la suite, ce matériau servit à construire les
docks de Manchester, le tunnel de Newcastle, le stade de Lyon…

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Figure 1:Le pont Camille de Hogues

2. METHODES DE CALCUL
Deux types de méthodes ont été élaborés :

- Une première méthode qui se base sur le principe déterministe des coefficients de
sécurité définis comme étant le rapport contrainte admissible/contrainte de calcul.
Elle se base alors sur l’idée que le calcul par la résistance des matériaux permet
d’obtenir la contrainte effective qui existe en un point d’une structure sous une
sollicitation donnée. On se fixe alors une contrainte admissible et on vérifie qu’elle
n’est pas dépassée. Or, cette méthode a montré des insuffisances pour assurer la
sécurité des structures :

• Exemple :
On prend l’exemple d’une cheminée soumise à son poids propre et au vent.
Avec un coefficient de sécurité égal à 2, on peut croire que chaque effort élémentaire
sollicitant la structure peut être doublé sans que l'on atteigne la ruine. Or on montre
que ce raisonnement est faux et qu'une augmentation du vent de 10 % peut entraîner
la rupture de la cheminée.
Donc le fait de faire supporter par le matériau seul (contraintes admissibles) les
exigences de la sécurité était insuffisant pour obtenir une sécurité homogène des
structures et a nécessité la réflexion à une autre méthode de calcul

- Une deuxième méthode qui est retenue pour le nouveau règlement BAEL91 est dite
semi-probabiliste. Elle est basée sur des notions d’analyse de fiabilité probabiliste et
non pas sur des coefficients de sécurité et consiste à définir deux types de
sollicitations :
• Sollicitations de l’état limite de service : les structures sont traitées dans leur
fonctionnement de tous les jours, les matériaux sont sollicités dans le domaine
élastique uniquement. Cet état regroupe un peu plus de 95 % des sollicitations
normales.
• Sollicitations de l’état limite ultime : les structures sont traitées dans leur
fonctionnement exceptionnel avant ruine, les matériaux peuvent alors
atteindre le domaine plastique. La probabilité d'atteindre et dépasser cet état

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est de l'ordre de 10-7 à 10-3. Durant la vie d'un ouvrage, celui-ci doit pouvoir
résister une fois à l'ELU, cela étant l'ouvrage en ressort endommagé de façon
irréversible.

Traçons la courbe des contraintes dues aux sollicitations probables et la courbe des
contraintes de service des matériaux.

Figure 2: Courbe des contraintes dues aux sollicitations probables et des contraintes de service des matériaux

Véritablement, ces deux courbes possèdent un domaine commun car elles sont
asymptotiques à l’axe des abscisses. La surface commune correspond au risque de ruine. Plus
elle est petite plus faible est la probabilité de ruine. Puisqu’il est quasiment impossible de la
rendre nulle il y a deux moyens de la réduire :

1. Affiner chaque courbe en réduisant leur longueur : il faut que les actions soient les
moins aléatoires possibles et que les quantités de matériaux employés soient aussi
constantes que possible.
2. Eloigner les courbes l’une de l’autre : on affecte la résistance probable des matériaux
d’un coefficient de majoration.

En pratique, on calculera les sollicitations de calcul à partir des actions convenablement


majorées par des coefficients de sécurité appropriés et on les comparera à des valeurs de
résistance de la structure déterminées à partir des caractéristiques de calcul de matériaux qui
seront obtenus en faisant intervenir des coefficients de sécurité minorateurs propres à chacun
de ces matériaux.

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Bien que la notion de sécurité a été complètement redéfinie, les règles de calcul modernes
(BAEL et Eurocode 2) emploient encore le terme de coefficient de sécurité, il faut le
comprendre comme coefficient de pondération et non plus comme le définissaient les
anciennes règles déterministes.

3. EVOLUTION DES METHODES DE CALCUL :

Avec l'évolution de la notion de sécurité et des progrès scientifiques, les modèles de calcul se
sont rapprochés du comportement réel, non linéaire, des matériaux. Les règles de calcul du
béton armé aux états limites de 1980 (BAEL80) ont été les premières à intégrer pleinement le
modèle de comportement non linéaire des matériaux. Ces règles ont ensuite évolué en
BAEL83, BAEL91 et BAEL91 révisées 99.

L'Eurocode 2, qui remplace les règles BAEL depuis 2010, est dans la lignée des règles de calcul
modernes intégrant les notions probabilistes de sécurité et les comportements non linéaires
des matériaux.

Dans ce cours, on ne traitera que les règles de calcul du BAEL91 révisé.

4. DOMAINE D’APPLICATION DU BAEL 91 :


Les règles de calcul du BAEL 91 à tous les ouvrages et constructions en béton armé, soumis à
des ambiances s’écartant peu des seules influences climatiques et dont le béton est constitué
de granulats naturels normaux avec un dosage en ciment au moins égal à 300Kg/m 3 de béton
mis en œuvre.

Restent en dehors du domaine d’application de ces règles :

 Constructions en béton non armé

 Constructions en bétons constitués de granulats légers

 Les constructions en béton de résistance caractéristique supérieure à 60MPa

 Les constructions en béton caverneux ou cellulaire armé

 Les éléments armés de profiles laminés et les structures béton aciers

 Les éléments soumis en service à des températures s’écartant sensiblement de celles


qui résultent des seules influences climatiques

D’autres parts, certains ouvrages ou procédés de construction peuvent faire l’objet de


règles particulières (cheminées, cuvelages, coffrage glissant…)

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CHAPITRE 2 :
INDICATIONS GENERALES
▪ DEFINITION DES ETATS LIMITES
▪ COMBINAISONS D’ACTIONS

1. DEFINITION :
On appelle état limite, un état particulier au-delà duquel une structure cesse de remplir les
fonctions pour lesquelles elle a été conçue. Il est alors atteint lorsqu’une condition (stabilité,
absence de rupture…) est strictement satisfaite et cesserait de l’être en cas de modification,
dans le sens défavorable, d’une des actions agissant sur elle.

On distingue deux catégories d’états limites :

2. ETAT LIMITE DE SERVICE :


Les États Limites de Service (ELS) correspondent à des états de la structure lui causant des
dommages limités ou à des conditions au-delà desquelles les exigences d’aptitude au service
spécifiées pour la structure ou un élément de la structure ne sont plus satisfaites
(fonctionnement de la structure ou des éléments structuraux, confort des personnes, aspect
de la construction).
Ils sont relatifs aux critères d’utilisation courants : déformations, vibrations, durabilité. Leur
dépassement peut entraîner des dommages à la structure mais pas sa ruine.
Les États Limites de Service courants concernent :
- La limitation des contraintes
- La maîtrise de la fissuration
- La limitation des flèches

3. ETAT LIMITE ULTIME :


Les États Limites Ultimes (ELU) concernent la sécurité des personnes, de la structure et des
biens. Ils incluent éventuellement les états précédant un effondrement ou une rupture de la
structure.
Ils correspondent au maximum de la capacité portante de l’ouvrage ou d’un de ses éléments
par :
- Perte d’équilibre statique,
- Rupture ou déformation plastique excessive,
- Instabilité de forme (flambement …).
Les vérifications aux états limites ultimes portent sur :
- La flexion

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- L’effort tranchant
- La torsion
- Le poinçonnement
- La fatigue

4. ACTIONS :
Les actions sont les forces et les couples dus aux charges (permanentes, climatiques,
d’exploitation…) appliquées à la structure ainsi que les conséquences des modifications
statiques ou d’état (retrait, variation de température, tassement d’appui, etc…) qui entraînent
des déformations de la structure.

On distingue les actions permanentes, les actions variables et les actions accidentelles

4.1. Actions permanentes G :


Des actions dont l’intensité est constante ou peu variable dans le temps ou bien même varie
toujours dans le même sens en tendant vers une limite (déformations différées du béton).
Elles comportent :

- Le poids propre de la structure


- Le poids propre des équipements fixes
- Les efforts dus à la terre ou à des liquides dont les niveaux varient peu
- Les efforts dus aux déformations permanentes imposées à la construction tels que le
retrait, les tassements différentiels des appuis etc…

4.2. Actions variables Q :


Ce sont des actions dont l’intensité est plus ou moins constante mais qui sont appliquées
pendant un temps court par rapport aux actions permanentes. Elles sont définies par les textes
normatifs en vigueur :

- Les charges d’exploitation définies par les conditions propres de l’utilisation de


l’ouvrage ou par la norme NFP06-001 (charges d’exploitation des bâtiments), NF P 06-
004 (charges permanentes et charges d’exploitation dues aux forces de pesanteur) et
CPC fascicule 61-Titre 2 (Ponts et routes)
- Les charges climatiques définies par les règles dites « Neige et Vent » DTU P06-002 et
DTU P 06-006 (Sn pour la neige et W pour le vent)
- Les charges appliquées en cours d’exécution
- Les actions dues à la température : à défaut de justifications plus précises, ce sont des
dilatations linéaires relatives, à partir d’une température initiale prise entre 8 et 14°C.
ces dilatations sont de l’ordre de :
1,5. 10-4 Climats très humides
2.10-4 Climats humides

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3.10-4 Climat tempéré sec
4.10-4 Climat chaud et sec
5.10-4 Climat très sec ou désertique

4.3. Actions accidentelles FA :

On peut citer, comme exemple des actions accidentelles, le séisme, l’action du feu,
explosions, chocs des véhicules ou bateaux sur les appuis des ponts etc. Elles ne sont à
considérer que lorsque des documents d’ordre public ou le marché les prévoient.

5. SOLLICITATIONS :
Les sollicitations de calcul sont les efforts (effort normal, effort tranchant) et les moments
(Flexion, Torsion) calculés à partir des actions par des méthodes appropriées (RDM, méthodes
simplifiées). Pratiquement, ce sont les effets provoqués par les actions en chaque point et sur
chaque section de la structure.

Le règlement impose que les sollicitations de calcul soient calculées à partir des actions
appliquées à la structure affectées de coefficients particuliers, selon le type de l’action et le
type de justification (ELU, ELS) que l’on effectue. Ce sont les combinaisons d’actions.
Les actions permanentes et variables sont alors classées en quatre catégories et notées :
- Gmax : l’ensemble des actions permanentes défavorables à la structure (vis-à-vis de la
sollicitation examinée)
- Gmin : l’ensemble des actions permanentes favorables à la structure
- Q1 : une action variable dite de base
- Qi (i>1) : les autres actions variables dites d’accompagnement.
Remarques :
1. Gmax et Gmin désignent des actions d’origine et de nature différentes, on ne peut
alors partager une même action permanente entre ces deux catégories. Le poids
propre par exemple, d’une poutre continue est introduit avec le même coefficient sur
toute sa longueur, il sera considéré toujours soit Gmax soit Gmin.
2. L’action de base Q1 est :
- L’action unique si c’est le cas
- Sinon :
• La plus fréquente si l’une est nettement plus fréquente que les autres
• La plus élevée
• L’une ou l’autre des actions variables, on envisage les différentes combinaisons
pour avoir la situation la plus défavorable

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5.1. Combinaisons de calcul vis-à-vis des états limites ultimes :
Dans le cas d’une vérification à l’ELU, on devra justifier :
- La résistance de tous les éléments de la construction
- La stabilité de forme de ces éléments
- L’équilibre statique de l’ouvrage
On distingue les situations durables ou transitoires et les situations accidentelles.

a. Situations durables ou transitoires :

Ce sont celles qui font intervenir les actions permanentes et variables à l’exclusion des actions
accidentelles.
La combinaison d’actions à considérer est :

1.35Gmax+Gmin+γQ1.Q1+∑1.3ψ0i.Qi

γQ1=1.5 dans le cas général et 1.35 dans les cas suivantes :


- La température
- Les charges d’exploitation de caractère particulier (convois militaires ou
exceptionnels…)
- Les bâtiments agricoles à faible densité d’occupation humaine

Les coefficients ψ0i de pondération des valeurs d’accompagnement sont définis par :

Ψ0=0.77 et 1.3ψ0=1 pour tous les locaux sauf les archives et les parcs de stationnement pour
lesquels ψ0=0.9 et 1.3ψ0=0.8 pour effet de la température

Pour le cas des bâtiments hors parking et locaux pour archives

Actions permanentes Actions variables


1.35Gmax+Gmin De base γQ1 Q1 D’accompagnement
1.3 ψ02Q2
1.35Gmax 1.5QB 0 ou W ou Sn
Ou Ou W+Sn
Gmin 1.5W 0 ou QB ou Sn
Ou QB+Sn
1.5Sn 0 ou QB ou W
Ou QB+W

b. Situations accidentelles :

Les sollicitations de calcul à considérer résultent de la combinaison suivante dans laquelle


l’action de base FA est une action accidentelle :
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Gmax+Gmin+FA+ψ11Q1+∑ψ2iQi
FA : valeur nominale de l’action accidentelle

ψ11Q1 : valeur fréquente d’une action variable

ψ2iQi : valeur quasi permanente d’une autre action variable

Charges ψ11 ψ2i


Exploitation 0.75 0
Vent 0.2 0
Neige ≤ 500m 0.15 0
Neige > 500m 0.3 0.1
Température 0.5 0

5.2. Sollicitations de calcul vis-à-vis des états limites de service :

Les vérifications à effectuer dans le cas des ELS portent sur :

- La contrainte maximale de compression de béton


- La fissuration du béton
- La déformation des éléments

Les sollicitations résultent des combinaisons suivantes :

Gmax+Gmin+Q1+∑ψ0iQi
Avec :

ψ0i défini au paragraphe précédent.

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CHAPITRE 3 :
CARACTERISTIQUES MECANIQUES DES
MATERIEUX

A. BETON :
1. Résistance caractéristique à la compression :
Pour l’établissement des projets dans les cas courants, un béton est défini par une valeur de
sa résistance à la compression à l’âge de 28 jours, dite valeur caractéristique requise. Celle-ci
notée fc28 est choisie compte tenu des possibilités locales et des règles de contrôle qui
permettent de vérifier qu’elle est atteinte.

Lorsque les sollicitations s’exercent sur un béton dont l’âge de j jours (en cours d’exécution
j<28jrs), on se réfère à la résistance caractéristique fcj obtenue au jour considéré.

Pour justifier la résistance des sections, la valeur de fcj est conventionnellement bornée
supérieurement à fc28. Pour d’autres types de vérifications, on peut admettre une valeur au
plus égale à 1.10fc28 lorsque l’âge dépasse 28 jours, à condition que le béton ne soit pas
thermiquement traité et que sa résistance atteigne au plus 40MPa.

On peut admette que pour j≤28 jours la résistance fcj des bétons non traités thermiquement
suit approximativement les lois suivantes :

fcj=fc28.[j/(4.76+0.83j)] fc28 ≤ 40MPa

fcj=fc28.[j/(1.40+0.95j)] fc28> 40MPa

La résistance à la compression est mesurée par compression axiale de cylindres droits de


révolution 200cm² et d’une hauteur double de leur diamètre.

2. Résistance caractéristique à la traction :


La résistance à la traction du béton à j jours notée f tj est conventionnellement définie par la
relation :

ftj=0.6+0.06fcj (fcj≤60MPa)

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ftj et fcj sont exprimées en MPa (ou N/mm²)

3. Module de déformation longitudinale :


Sous des contraintes normales d’une durée d’application inférieure à 24 heures, on admet
qu’à l’âge de j jours, le module de déformation longitudinale instantanée du béton est égal à :
Eij=11000fcj1/3(fcj exprimée en MPa)
Cette formule est valable pour les bétons habituels durcissant naturellement sur le chantier.

Pour les déformations différées du béton comprenant le fluage et le retrait, l’effet des deux
phénomènes s’additionnent sans atténuation.

On n’admet que le module de déformation longitudinal différée du béton qui permet de


calculer la déformation finale du béton est pris égal à : Evj=3700fcj1/3=Eij/3

4. Coefficient de Poisson :
Par définition :

ν=Déformations transversales/Déformations longitudinales

Sauf cas particuliers, le coefficient de Poisson du béton est pis égal à 0 pour le calcul des
sollicitations et à 0.2 pour le calcul des déformations. Pour le calcul des éléments
bidimensionnels (dalles, coques, voiles…), on prendra ν=0,2 pour les états limites de service
(béton non fissuré) et ν=0 dans les états limites ultimes.

B. ACIER :
1. Module d’élasticité longitudinale :
Le module d’élasticité longitudinale de l’acier Es est, conventionnellement, pris égal à :
Es=200.000Mpa.
Il correspond à la pente du domaine élastique et donne une idée sur la rigidité du matériau.

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2. Diagramme Contraintes-Déformations :
Le diagramme contrainte déformation (simplifié) à considérer est de la forme suivante :
σ
fe

fe

La valeur fe qui limite la région dans laquelle l’acier se trouve dans un état élastique s’appelle
la limite élastique. Elle varie selon les différents types d’acier.

3. Aciers pour le béton armé :


Les spécifications concernant les aciers pour béton armé sont détaillées dans les normes
NF A 35 015 (barres lisses), NF A 35 016 (aciers à haute adhérence) et NF A 35 022 (treillis
soudés).
Les aciers à béton sont désignés par :
- leur limite élastique fe en [MPa]
- leur nuance, acier doux ou dur
- leur état de surface (lisse ou à haute adhérence)
- leur diamètre.

Ainsi on trouve :

- Les ronds lisses : Barres lisses sans aucune gravure. On utilise les nuances FeE215
(fe=215MPa) et feE 235 (fe=235MPa)

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Figure 3: Barres d'aciers lisses (Ronds lisses)

- Les armatures à haute adhérence : Utilisées dans le but d’augmenter l’adhérence


acier-béton. La haute adhérence est généralement obtenue par des nervures en saillie
sur le corps de l’armature, les nuances sont fe E400 et feE 500.

Figure 4: Aciers Haute adhérence

- Les treillis soudés lisses ou à haute adhérence : présentée en rouleaux et constitués de


barres d’armatures croisées et assemblées par soudure.

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Figure 5: Treillis soudés

Les caractéristiques mécaniques des aciers à béton selon leur type sont représentées par le
diagramme réel contrainte-déformation suivant :

Figure 6: Diagramme contraintes-déformations des aciers de construction

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CHAPITRE 4 :
ETAT LIMITE ULTIME
A. HYPOTHESE DE CALCUL
H1 : les sections droites restent planes

H2 : Il n’y a pas de glissement relatif entre les armatures et le béton. Les armatures subissent
les mêmes déformations que la gaine du béton qui les entoure

H3 : la résistance à la traction du béton est négligée

H4 : Les déformations des sections sont limitées. L’allongement unitaire de l’acier est égal à
10‰

H5 : Le raccourcissement unitaire du béton à 3.5‰ en flexion et 2‰ en compression simple

H6 : le diagramme déformations contraintes du béton est constitué d’un arc parabole dont le
sommet correspond à un raccourcissement de 2‰ et une contrainte σbc et est prolongé par
un segment de droite parallèle à l’axe des déformations jusqu’à εbc=3.5‰ :
σb

σbc

ε
2‰ 3,5‰
Figure 7: diagramme Contraintes-déformations du béton

Avec : σbc=fbu=0.85fcj/θ.γb

• Le coefficient γb vaut 1.5 pour les combinaisons fondamentales (durables ou


transitoires) et 1.15 pour les combinaisons accidentelles. Il a pour objet de tenir
compte de la dispersion de la résistance du béton ainsi que d’éventuels défauts
localisés.

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• Le coefficient θ est fixé à :
- 1 lorsque la durée probable de l’application de la combinaison d’actions est supérieure
à 24h
- 0.9 lorsque la durée est comprise entre 1h et 24h
- 0.85 lorsqu’elle est inférieure à 1h
• Le coefficient 0.85 en numérateur et θ en dénominateur ont pour objet de tenir
compte de :
- La résistance du béton est en fonction décroissante de la durée d’application de la
charge. En effet, les résistances caractéristiques sont déterminées à partir de
l’application d’une charge instantanée aux éprouvettes mais en réalité la longue durée
d’application d’une charge entraine une diminution de la résistance du béton.
- Conditions de bétonnage et d’hygrométrie qui conduisent la face supérieure de la zone
comprimée à une dessiccation plus rapide et en conséquence à une diminution de la
résistance à la compression.

Ce diagramme de calcul n’est pas un diagramme rhéologique. Il a été choisi pour obtenir un
modèle simple avec une bonne approximation de la réalité physique sans demander des
calculs complexes

H7 : le diagramme de calcul des aciers se déduit du diagramme caractéristique contrainte-


déformation en appliquant une affinité parallèlement à la tangente à l’origine dans le rapport
1/γs.

Le coefficient γs a pour valeurs :

- 1.15 pour les situations durables ou transitoires


- 1 pour les situations accidentelles
Le diagramme Contraintes-déformations de l’acier est le suivant :

σs
Diagramme réel
fe
fe/γs
Diagramme de calcul

-10‰
εs
10‰

fe/γs
fe
Figure 8: Diagramme de calcul Contraintes-déformations de l'acier

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H8 : Diagramme rectangulaire simplifié

Lorsque la section droite considérée n’est pas entièrement comprimée, le calcul à l’ELU peut
être effectué en substituant au diagramme parabole rectangle un diagramme rectangulaire
simplifié défini, ci-après, dans lequel yu représente la distance à l’axe neutre à la fibre la plus
comprimée.

Figure 9: Simplification du diagramme Contraintes-déformations du béton

L’emploi du diagramme rectangulaire donne une bonne approximation des efforts dans le cas
d’une déformation extrême du béton (εbc=3.5‰). Dans le cas d’une déformation inférieure,
ce diagramme peut être utilisé en pratique. En effet, lorsque la section est peu sollicitée, le
bras de levier des forces élastiques est grand et l’erreur relative faite sur ce bras de levier est
donc faible.

B. CONSEQUENCES DES HYPOTHESES DE CALCUL :


Notations :
d : Distance de l’armature tendue à la fibre du béton la plus comprimée
d’ : Distance de l’armature comprimée à la fibre du béton la plus comprimée
yu : Distance de l’axe neutre à la fibre la plus comprimée
Ast : Section totale de l’armature tendue

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Asc : Section totale de l’armature comprimée
εst : Allongement relatif de l’armature tendue
εsc : Raccourcissement relatif de l’armature comprimée
εbc : Raccourcissement relatif de la fibre du béton la plus comprimée
h : Hauteur totale de la section
x : Distance d’une fibre quelconque à l’axe neutre
σbc : Contrainte maximale de compression du béton

d’

Asc
yu

d h
Axe neutre

Ast

1. Règles des trois pivots :


Il s’agit de chercher les positions limites du diagramme des déformations d’une section de
sorte qu’aucune des déformations limites fixées précédemment ne soit dépassée.

A l’ELU, on trouve cinq sollicitations normales qui sont : la traction pure, la traction excentrée,
la flexion simple, la flexion composée, la compression pure.

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1.1. Pivot A :

0 3,5‰
y

Domaine 1.a Domaine 1.b


yab
T. Pure T. excentrée Flexion

10‰ 0

La section peut être en traction pure (εst=10‰), en traction excentrée (Domaine 1.a) ou en
flexion simple ou composée, le béton est comprimé 0≤ εbc ≤3,5‰ Domaine 1.b)

Le diagramme limite passe par le pivot A qui correspond à un allongement de 10‰ de


l’armature tendue.

y étant la distance de l’axe neutre à la fibre supérieure de la section, sa valeur détermine dans
quel domaine est situé le diagramme limite.

Dans le cas du pivot A, la valeur limite de y est définie par :

αab=y/d=3.5x10-3/(3.5 10-3+10 10-3)=0.259

Donc le domaine 1 est défini par : αab ≤ 0.259

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1.2. Pivot B :
0 B 3,5‰

ye

Flexion

Domaine 2.a
D 2.b

A 10‰ εe 0 D 2.c

Le diagramme limite passe par le pivot B qui correspond à un raccourcissement relatif du


béton de 3.5‰. la section est en flexion simple ou composée, elle est partiellement
comprimée.

Trois domaines sont à distinguer :

- Domaine 2.a : le béton est comprimé à 3,5‰, les aciers ont un allongement supérieur
à l’allongement élastique εe, ils sont plastifiés
- Domaine 2.b : les aciers ont un allongement inférieur à l’allongement élastique εe
- Domaine 3.b : les aciers subissent un raccourcissement, ils ne travaillent pas à leur
maximum, l’axe neutre passe dans l’enrobage, la partie inférieure est une partie jugée
inutile en terme de performance mécanique.

Dans ce cas, la valeur de α sera comprise entre 0.259 et h/d

La limite entre les domaines 2.a et 2.b est caractérisée par le coefficient :

αe=3,5‰/(εe+3,5‰)
La limite entre 2.b et 2.c est marqué par le coefficient α=1

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1.3. Pivot C :
0
2‰ B 3,5‰

2.
3. 3h/7
4.
5.
6. C
7.

4h/7

A 10‰ 0

Compression simple

La section est entièrement comprimée, le diagramme passe par le pivot C qui correspond à un
raccourcissement relatif du béton de 2‰ de la fibre située à une distance de 3/7h de la fibre
la plus comprimée. Dans ce cas, on a : α≥ h/d (y≥h)

La position du point C peut être déterminée géométriquement :

𝑦𝑐 ℎ−𝑦𝑐
= ➔ 3,5𝑦𝑐 = 1,5ℎ ➔ 𝑦𝑐 = 3ℎ/7
3,5−2 2

On peut dire donc qu’il y a 3 ensembles de diagrammes correspondants aux 3 points A, B et


C. Chaque ensemble est situé dans un domaine différent. Ces domaines sont appelés 1, 2 et 3
se rapportant successivement aux points A,B et C et séparés par les position particulières AB
et BC du diagramme des déformations.

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Figure 10: Domaines selon la règle des trois pivots

3. Principe général de calcul :


Soit une section quelconque soumise à la sollicitation de calcul :

Mu : Moment ultime sollicitant

Nu : Effort normal ultime sollicitant

Le problème consiste à déterminer la section d’armatures tendue connaissant son centre de


gravité ainsi que la géométrie de la section. La résolution du système consiste à écrire les
équations d’équilibre entre les forces internes dues aux contraintes et les forces externes.

Pour cela, on considère le moment des forces internes par rapport au centre de gravité des
armatures tendues.

Diagramme de déformation du béton

εbc σbc

8. y Fb
9. Mu
10.
11. Z
12.
13.

Fst
Ast 0
εst
23
L’équilibre entre ce moment et le moment externe est réalisé par un diagramme des
déformations qu’il convient de rechercher. Une fois celui-ci connu, il est alors possible de
déterminer l’aire de l’armature car on connaît d’une part la contrainte dans l’acier et d’autre
part, l’équation d’équilibre des forces qui fournit la valeur de l’effort dans l’armature à
condition que le pivot soit connu. Il convient donc de rechercher d’abord dans quel domaine
se situe le diagramme. Pour cela, il faut déterminer les valeurs particulières de α.

Or on constate que le moment des forces internes croit au fur et à mesure qu’augmente la
profondeur de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée.

0 B

y
14.
15.
16.
17.
18.
19.

Ast
A

Ainsi lorsque le point représentatif de la position de l’axe neutre se déplace sur le diagramme
à partir de la position correspondant à la fibre supérieure, on observe que le moment
augmente tandis que le diagramme se trouve dans le domaine 1 jusqu’à ce que la droite
représentative des déformations atteigne la position limite AB.

Le moment résistant de la section qui correspond à cette position particulière du diagramme


est appelé moment de référence MAB . A ce moment la correspond une valeur particulière de
α soit : αAB=0.259

24
Si on continue à considérer des positions dont la profondeur s’accroit par rapport à la fibre la
plus comprimée de l’axe neutre, le moment des forces internes continue à augmenter jusqu’à
atteindre une valeur MBC.

0 B

20. y yAB
21.
22.
23.
24.
25.

Ast
A

Le diagramme des déformations passe alors par les pivots B et C, ce moment M BC est le
deuxième moment de référence.

A ce moment correspond aussi une valeur particulière du coefficient α définie


par :αBC=yBC/d=h/d

On voit que la connaissance de ces deux moments permet de positionner le diagramme dans
les 3 domaines en le comparant au moment sollicitant. Soit :

Si on désigne par Mus le moment ultime sollicitant évalué par rapport au centre de gravité de
l’armature tendue on a les résultats suivants :

- Mus≤ MAB => Domaine 1 et pivot A


- MAB≤ Mus ≤ MBC => Domaine 2 et pivot B
- Mus≥ MBC => Domaine 3 et pivot C

En termes de coefficient α :

- 0 ≤ α ≤ 0.259 => Pivot A et domaine 1


- 0.259 ≤ α ≤ αBC=h/d => Pivot B et domaine 2
- α ≥ h/d => Pivot C et domaine 3

25
CHAPITRE 5 :
ETAT LIMITE ULTIME :
FLEXION SIMPLE SECTION RECTANGULAIRE

On considère la section rectangulaire définie ci après :

εbc σbc σbc

0,8y

y Fbc
Mu
d
Z

Fst
εsc

Dans le cas de la flexion simple, la section n’est pas entièrement comprimée, il est donc
possible d’utiliser le diagramme rectangulaire simplifié au lieu du diagramme parabole-
rectangle.

1. Efforts équilibrés par le béton :


L’effort interne de compression dans le béton est égal à :

Fbc= Surface x Contrainte= 0,8y b σbc

26
D’où, le moment équilibré par le béton calculé par rapport à l’axe des armatures tendues a
pour expression :

Mb=Fbc x Z= 0,8y b (d-0,4y ) σbc

Z=d-0,4y

On pose α=y/d et μ=Mb/(bd² σbc)


alors :

μ=0,8 α (1-0,4 α)

Dans le cas de la flexion simple, α est comprise entre 0 et 1 et μ est une fonction croissante
de α dans cet intervalle d’où :

α=1,25 (1- (1-2 μ)0,5)

2. Valeurs particulières de μ
2.1. Etat limite ultime au Pivot A :
Dans ce cas, l’état limite ultime est atteint pour les armatures qui ont un allongement maximal
εst=10‰. α<αAB=0,259

D’où, μAB=0,8 αAB(1-0,4 αAB)=0,186

Alors, si μ< μAB le diagramme passe par le pivot A

2.2. Etat limite ultime au Pivot B :


Cet état limite ultime est caractérisé par les déformations suivantes :

εbc=3,5‰

0 <εst < 10‰ et 0,259 ≤ α ≤ h/d

Une position particulière est à noter dans ce pivot là. Elle correspond à la position ou α=αR :

- Si la position de la section après déformation est telle que y ≤y R= αR.d, εe ≤ εst :


σst=fe/γs (voir diagramme de calcul contraintes déformations de l’acier)
- Si la position de la section après déformation est telle que y ≥ y R= αR.d, , εe ≥ εst :
σst≤ fe/γs, il s’agit d’une mauvaise utilisation de l’acier
Dans ce cas, la position particulière de l’axe neutre est déterminée par la valeur

αR=3,5/(3,5+ εe) qui est en fonction de la nuance des armatures.

27
Application numérique :

Pour les armatures à haute adhérence Fe E400, fe=400MPa

εe = fe/Esγs=400/(200.000x 1,15)=1,739‰

αR=3,5/(3,5+ εe) =0,668

μR=0,391

Calculez les valeurs de εe ,αR , μR pour les autres nuances d’acier.

3. Calcul de la section des armatures :


Soit Mu le moment fléchissant appliqué à la section.

Mu
On établit à partir des équations d’équilibre: 𝜇=
bd²σbc

3.1. Cas où μ ≤ μR :
Il n’est pas nécessaire d’établir une armature comprimée. L’allongement relatif de l’armature
tendue est compris entre 10‰ et l’allongement élastique ε e.

La contrainte de l’acier est égale à la contrainte élastique de calcul fe/γs ce qui correspond à
une bonne utilisation de l’acier. Le calcul se fait à partir des équations d’équilibre où seuls les
efforts de traction dans les aciers et de compression dans le béton sont à retenir en tant
qu’efforts internes :

M
𝜇= 2 𝛼 = 1,25(1 − √1 − 2𝜇)
bd σ
𝑍 = 𝑑(1 − 0,4𝛼)
La section des armatures a pour expression :

𝑀𝑢 𝐹𝑏𝑐
𝐴𝑠𝑡 = =
𝑍𝑓𝑒/𝛾𝑠 𝑓𝑒/𝛾𝑠

3.2. Cas où μ > μR :


Si on ne prévoit pas d’armatures comprimées, le calcul de la section d’acier est effectué comme dans
le premier cas mais l’allongement des armatures tendues sera inférieur à l’allongement élastique

28
εe > εst d’où : fe/γs > σst .
B

σs

fe/γs
/
μR σ
A
10‰ εe εs
ε εe 10‰

Cela correspond à une mauvaise utilisation de l’acier. Les armatures travaillent


insuffisamment et il faut de grandes sections d’armatures. Pour éviter ce problème il faut
redimensionner la section du béton ou ajouter des armatures comprimées.

εbc
d’ Fsc
0,8yR
εsc
yR Fbc
Mu
d
ZR

εst
Fst
εe

Les déformations des armatures comprimées et tendues valent :

εst=3,5‰ (1-α)/α

εsc=3,5‰ (1-d’/αd)

29
Les équations d’équilibre s’écrivent :

0,8αbdσbc+Ascσsc=Astσst et Mu=0,8αbdσbcZ+ Ascσsc (d-d’)


D’où on obtient deux équations avec trois inconnus Ast, Asc et α :

0,8αbdσbc+Ascσsc=Astσst
Mu=0,8αbd²σbc(1-0,4α)+ Ascσsc (d-d’)

Il faut donc choisir l’une de ces grandeurs : on choisit α de façon à obtenir la plus faible section
totale Ast+Asc. Le calcul théorique de la valeur de α qui minime la section totale donne α=0,69.

On peut également prendre α= αR et μ=μR et dans ce cas on aura :

εst=εe et εsc=[((3,5‰+εe)(d-d’))/d ] - εe
la contrainte σsc sera donnée par le diagramme déformation-contrainte de l’acier.

les efforts sont :

Fsc=Asc σsc

Fst=Ast σst A l’équilibre : Fbc+Fsc=Fst


Fbc=0,8 αRbd σbc Mu=Fbc.ZR+Fsc (d-d’)

Or Fbc.ZR= 0,8αR bd² σbc (1-0,4 αR)=μRbd² σbc=MR

ZR=d-0,4yR

Donc, Mu=MR+Asc σsc(d-d’)

On trouve finalement les sections d’aciers tendues et comprimées :

Asc=(Mu-MR)/(d-d’) σsc

Ast=(MR/ZR)+ (Mu-MR/(d-d’) )/ (fe/γs)


30
CHAPITRE 6 :
ETAT LIMITE ULTIME :
FLEXION SIMPLE SECTION EN T

1. Largeur efficace de la table de compression :


Une poutre isolée a rarement une section en Té : la plupart du temps, une poutre en Té est
constituée par une retombée de section rectangulaire située en dessous d’une dalle en béton
armé coulée de façon continue avec cette retombée. Si les dimensions de la retombée sont
connues, ainsi que l’épaisseur de la dalle (appelée ici table), la largeur de la dalle, qui peut être
considérée comme appartenant à la poutre, ne l’est pas.

Dans une poutre en Té sollicitée en flexion, les contraintes de compression dans la table
supérieure (comprimée) décroissent lorsqu’on s’éloigne de l’âme (retombée) : ce phénomène
est particulièrement sensible pour les tables dont la largeur est importante par rapport à
l’épaisseur. Pour des raisons de simplification on suppose que la répartition des contraintes
normales est uniforme sur une largeur réduite de la table. Cette largeur appelée largeur
efficace, n’est pas constante le long de la poutre et dépend de la nature de la poutre, du mode
d’application des charges, des dimensions de la section, de la répartition des moments de
flexion le long de la poutre.Cela conduit à une définition forfaitaire et réglementaire de la
largeur de table (Hourdis) :

La largeur de hourdis à prendre en compte, de chaque côté d’une nervure, à partir de son
parement est limitée par la plus restrictive des conditions suivantes :

- On ne doit pas attribuer une même zone de hourdis à deux nervures différentes
- La largeur en cause ne doit pas dépasser le dixième d’une travée
- Elle ne doit pas dépasser les 2/3 de la distance de la section considérée à l’axe de
l’appui extrême le plus rapproché.

31
2. Détermination des armatures :
On considère la section en Té ci-après soumise à un moment fléchissant Mu :

b σbc

h0
0,8y
y
d

b0

Le calcul de la section des armatures se présente différemment selon que l‘axe neutre est dans
la table (sollicitation faible) ou dans la nervure (sollicitation forte). On commence par
rechercher à quels cas correspond un problème donné, en considérant tout d’abord le cas
limite où l’axe neutre est situé au raccord entre nervure et table

y=h0 soit α0=h0/d

A partir de α0 on calcule μ0 correspondant par une formule qui dépend du pivot auquel on se
trouve. Les formules à utiliser sont les suivantes :

5α0²(4−12α0+3α02 )
0 ≤ α0 ≤ 0,166 𝜇𝑜 =
4(1−α0)²

0,167 ≤ α0 ≤ 0,259 μ0=1,14 α0 - 0,57 α0² -0,07

α0 ≥ 0,259 μ0=0,8α0 (1-0,4 α0)

Puis on calcule le moment capable de la table MBT :

MBT=μ0 bd²σbc
- Si Mu< MBT : l’axe neutre est dans la table de compression
- Si Mu> MBT : l’axe neutre est dans la nervure

32
α0 μ0 α0 μ0 α0 μ0 α0 μ0

0 ,01 0,11 0,21 0 ,31

0,02

0,03

0,04

0 ,05

0,06

0,07

0,08

0,09

0,1 0,40

2.1. L’axe neutre est dans la table de compression :

Comme le béton tendu n’intervient pas dans les calculs de résistance, on conduit le calcul
comme si la section était rectangulaire de largeur constante égale à la largeur de la table b et
de hauteur utile d.

2.2. L’axe neutre est dans la nervure :


• Section sans armatures comprimées :

On considère la section en Té ci-après soumise à un moment fléchissant Mu :

b σbc
Nb1
h0

y 0,8y Nb2
d

33Ns
b0
On divise la section en deux zones : la nervure (2) et les ailes de la table (1). Les efforts
équilibrés et les moments équilibrés (par rapport à Ast) par ces efforts valent :

- Dans (1) : Effort de compression dans la zone 1 (Ailes)


Nb1= (b-b0)h0 σbc et Mu1=(d- h0/2) (b-b0)h0 σbc
- Dans (2) : Effort de compression dans la zone 2 (Partie comprimée de la
nervure)
Nb2= 0,8yb0σbc et Mu2=0,8αb0d²σbc(1-0,4α)
- Dans Ast : Effort de traction dans les aciers tendusNs=As σs

Equilibre des moments : Mu=Mu1+Mu2


On calcule une section rectangulaire de largeur b0 soumise à un moment fictif Mu2=Mu-Mu1.

On calcule μ2=Mu2/b0d² σbc et on en déduit α2.

- Si μ2 > μR : il faut augmenter la section ou introduire des armatures comprimées


- Si μ2 < μR : la valeur de μ2 indique si la section est en pivot A ou en pivot B ce qui permet
de déterminer la section d’armatures :

As= (Nb1 +Nb2)/σs = [(0,8α2b0d+(b-b0)h0] σbc/σs

• Section avec armatures comprimées :

Comme pour les sections rectangulaires, on choisit le plus généralement α=αR et μ=μR. On
obtient alors :

Sections des armatures comprimées

𝑀𝑢 − 𝑀1 − 𝑀𝑅
𝐴𝑠𝑐 =
(𝑑 − 𝑑 ′ )𝑓𝑒/𝛾𝑠

Sections des armatures tendues

𝑀1 𝑀𝑅 𝑓𝑒
𝐴𝑠𝑡 = 𝐴𝑠𝑐 + [ +( )]/( )
ℎ𝑜 𝑍𝑅 𝛾𝑠
(𝑑 − )
2

34
CHAPITRE 7 :
CALCUL DES POTEAUX
Dans le cas du poteau, soumis à un effort normal de compression, les armatures sont
théoriquement inutiles car le béton résiste très bien à la compression. Cependant les charges
appliquées ne sont jamais parfaitement centrées (dissymétrie de chargement, imperfections
d’exécution, solidarité avec les poutres) d’où la nécessité d’introduire des armatures destinées
à résister aux moments qui ne rentrent pas dans le calcul de la résistance et de la stabilité. Ces
moments étant difficiles à évaluer, les armatures sont calculées à partir de forfaitaires dans le
cas des bâtiments courants.

La méthode forfaitaire présentée dans ce chapitre s’applique aux poteaux de bâtiments


courants, supportant des poutres et des planchers de sorte que l’on puisse considérer que les
appuis des poutres sur les poteaux sont assimilables à des appuis simples ne transmettant pas
de moment aux poteaux.

1. Evaluation des charges verticales :


Les charges verticales agissant sur les poteaux peuvent être évaluées par application de la loi
de dégression des charges variables dans les bâtiments à étages multiples et en admettant la
discontinuité des différents éléments de planchers.

Toutefois, dans les bâtiments comportant des travées solidaires supportées par deux files de
poteaux de rive et une ou plusieurs files de poteaux centraux, à défaut de calcul précis, les
charges évaluées en admettant la discontinuité des travées doivent être majorées de :

- 15% pour les poteaux centraux dans le cas de bâtiments à deux et trois travées
- 10% pour les poteaux intermédiaires voisins des poteaux de rive dans le cas des
bâtiments comportant au moins quatre travées.

Dans le cas d’élément de rive prolongé par des parties en porte à faux, il est tenu compte de
l’effet de console dans l’évaluation des charges transmises aux poteaux, en admettant la
discontinuité des travées au droit des poteaux voisins des poteaux de rive.

35
2. Combinaisons d’action à considérer :
Les combinaisons d’action sont celles définies pour l’ELU. Dans les cas les plus courants,

l’unique combinaison d’actions à considérer est : 1,35G+1,5Q


3. Longueur de flambement :
La longueur de flambement lf évaluée en fonction de la longueur libre l0 des pièces et de leurs
liaisons effectives.

3.1. Longueur libre :


La longueur libre l0 d’un poteau appartenant à un bâtiment à étages multiples est comptée
entre les faces supérieures de deux planchers consécutifs ou de sa jonction avec la fondation
à la face supérieure du premier plancher.

3.2. Longueur de flambement :


a. Cas d’un poteau isolé :

La longueur de flambement dans le cas d’un poteau isolée est égale à :

- 2L0 si le poteau est libre à une extrémité et encastrée à l’autre


- L0 si le poteau est articulé aux deux extrémités
- L0 si le poteau est encastré aux deux extrémités pouvant se déplacer l’une par rapport
à l’autre suivant une direction perpendiculaire à l’axe longitudinal du poteau et situé
dans le plan principal pour lequel on étudie le flambement
- L0/2 si le poteau est articulé à une extrémité et encastré à l’autre
- L0/2 si le poteau est encastré aux deux extrémités avec nœuds fixes.

b. Cas des bâtiments :

Pour les bâtiments à étages multiple contreventés par un système de pans verticaux (voiles
en BA ou en maçonnerie de résistance suffisante) et ou la continuité des poteaux et de leur
section est assurée, la longueur de flambement est égale à :

- 0,7l0 si le poteau est encastré dans un massif de fondation assemblé à des poutres de
plancher ayant au moins la même raideur (EI) que lui dans le sens considéré et le
traversant de part en part
- l0 dans les autres cas

36
4. Justification des poteaux à l’ELU :
4.1. L’effort résistant
L’effort normal limite théorique s’exprime comme étant l’effort résistant développé par le
béton et les aciers, on écrit : Nuth=Bσbc+Aσs
Telles que :

- B et A : les sections de béton et d’acier


- σbc contrainte de compression du béton
- σsc contrainte dans les aciers

L’effort normal résistant des poteaux soumis à une compression centrée est obtenu par
correction (voir notes de cours) de la formule théorique. L’effort normal agissant d’un poteau
doit être au plus égal à la valeur suivante :

Nu ≤ Nulim=α(Brfc28/0.9θγb+Afe/γs)/k
Avec :

- A : section d’acier longitudinal comprimée prise en compte dans le calcul


- Br : section réduite du poteau obtenue en déduisant de sa section réelle 1cm
d’épaisseur sur toute sa périphérie
- K : coefficient dépendant de la durée d’application des charges

K=1,1 si plus de la moitié des charges est appliquée avant 90 jours

K=1,2 si la majorité des charges est appliquée avant 28 jours (Dans ce cas, la résistance
caractéristique du béton est fcj au lieu de fc28

K=1 les autres cas

- α : tient compte de l’élancement et du risque du flambement du poteau. Il est lié à


l’élancement λ=Lf/imin tels que :
Lf : longueur de flambement
imin: rayon de giration minimal 𝑖𝑚𝑖𝑛 = √𝐼𝑚𝑖𝑛/𝑆

37
4.2. Sections minimale et maximale, disposition des armatures
La section des armatures longitudinales doit être comprise entre deux valeurs de sections
minimale et maximale :

Amin=max (A1min ; A2min)


A1min= 0,2% Section du béton
A2min= 4cm²/ml de parement
Amin ≤ A ≤ Amax
Amax= 5% Section du béton

Répartition des armatures :

Section polygonale: Au moins une barre dans chaque angle


Section circulaire:au moins 6 barres régulièrement réparties

Armatures de calcul :

Si λ> 35 et b/a >1,1 (poteau long) => Augmenter la rigidité du poteau dans le sens où le
moment d’inertie est le plus faible. Il s’agit en effet de disposer toutes les armatures de calcul
selon la plus grande dimension et compléter (si besoin) par des armatures de construction.

Armatures de calcul Armatures de construction

Section carrée ou0.9< b/a < 1.1 Poteaux rectangulaires b/a >1.1

0,7D

0,15D
38
CHAPITRE 8 :
JUSTIFICATION VIS-A-VIS DES
SOLLICITATIONS TANGENTES
Les poutres soumises à l’effort tranchant sont justifiées vis-à-vis de l’ELU. Il est
théoriquement nécessaire d’effectuer les vérifications aux états limites ultimes et de service
mais les phénomènes de fissuration et de déformation dus à l’effort tranchant sont nettement
moindres à l’état limite de service qu’à l’état limite ultime. Le BAEL91 prévoir la vérification
de l’état limite ultime seul. La vérification à l’état limite de service se traduira par des
dispositions constructives.

A. RAPPEL RDM :
Etudions une poutre en flexion simple, soumise à une charge uniformément répartie. Pour un
point donné de la poutre et sur une facette en ce point, l’état des contraintes est représenté
par un couple (σ,τ) de contraintes normales σ et de cisaillement τ.

Cet état de contraintes admet des directions particulières de contraintes qu'on appelle
contraintes principales. Les directions des contraintes principales de traction et de
compression permettent de tracer les trajectoires des contraintes ou isostatiques. Ce sont les
lignes suivant lesquelles s'exercent les plus fortes contraintes de traction et de compression.
On comprend ainsi qu'il est nécessaire d'armer le béton suivant les directions des contraintes
principales de traction. Dans la pratique la poutre est armée par un réseau d'armatures
longitudinales qui reprend les contraintes normales et un réseau d'armatures transversales
qui reprend la traction induite par les contraintes de cisaillement (voir figure1).
Les diagrammes de contraintes normales et tangentes de la figure précédente sont modifiés
dans le cas d'une poutre en béton armé. On néglige en effet la résistance en traction du béton
(voir figure2).
Les fissures représentées dans la figure 2 sont l'amorce d'une rupture qui séparerait la poutre
en deux parties. Il est donc nécessaire de les coudre par plusieurs cours d’armatures
transversales.
On peut opter pour trois types d’armatures d’efficacité décroissante :
- Armatures inclinées d’un angle entre 45° et 90°
- Armatures droites
- Armatures mixtes : Cadres (armatures droites) et barres relevées (α=45°). Mais cette
disposition n’est pas recommandée.

39
Figure 11:Analyse des contraintes autour de trois points de la poutre

40
Figure 12: Sollicitations, contraintes et fissurations

B. RESISTANCES DES POUTRES A L’EFFORT TRANCHANT :


La justification d’une section concerne les armatures transversales d’âmes et la contrainte du
béton. Les justificatifs de l’âme d’une poutre sont conduits à partir de la contrainte tangente
conventionnellement prise égale à :

𝑉𝑢
𝜏𝑢 =
𝑏𝑜. 𝑑
- Vu : la valeur de calcul de l’effort tranchant déterminé à partir de la combinaison de
calcul à l’ELU (en général 1,35G+1,5Q)
- b0 : la largeur de l’âme de la poutre. Si cette largeur est variable, on prendra la plus
petite valeur
- d : la hauteur utile de la pièce

41
Si la section droite de la pièce est entièrement comprimée et si la contrainte vérifie :

0,06𝑓𝑐𝑗
𝜏𝑢 ≤ min ( ; 1,5𝑀𝑃𝑎)
𝛾𝑏
On doit adopter les règles relatives aux poteaux. Dans le cas contraire, on doit vérifier la
relation 𝜏𝑢 ≤ 𝜏𝑢
1. contrainte tangente ultime :
1.1. Armatures transversales droites :
- Dans le cas où la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable :

0,15𝑓𝑐𝑗
𝜏𝑢 ≤ min ( ; 4𝑀𝑃𝑎)
𝛾𝑏
- Dans le cas où la fissuration est non préjudiciable :

0,2𝑓𝑐𝑗
𝜏𝑢 ≤ min ( ; 5𝑀𝑃𝑎)
𝛾𝑏
1.2. Armatures transversales inclinées à 45° :

Quelque soit la fissuration :

0,27𝑓𝑐𝑗
𝜏𝑢 ≤ min ( ; 7𝑀𝑃𝑎)
𝛾𝑏
2. Calcul des armatures d’âme
La section des armatures transversales notée At doit vérifier la relation suivante :

𝐴𝑡 𝛾𝑠(𝜏𝑢 − 0,3𝑓𝑡𝑗𝐾)

𝑏𝑜. 𝑆𝑡 0,9𝑓𝑒(𝑐𝑜𝑠𝛼 + 𝑠𝑖𝑛𝛼)
Avec :

- b0 : largeur d’âme de la poutre


- St : espacement de 2 cours successifs d’armatures transversales
- α : l’angle d’inclinaison des armatures avec l’axe de la poutre
- le coefficient K a pour valeur :
K=1 en flexion simple ou dans le cas des surfaces de reprise si elles sont munies
d’indentations atteignant au moins 5mm.
K=0 en cas de reprise de bétonnage ou lorsque la fissuration est très préjudiciable

42
K=1+3Nu/Bfc28 en flexion composée avec compression
K=1-10Nu/Bfc28 en flexion composée avec traction
- Dans le cas des actions accidentelles, la valeur des sections transversales d’armatures
obtenue à partir des règles précédentes doit être divisée par 1,15.

3. Section minimale d’armatures d’âme

L’espacement St des cours successifs d’armatures transversales d’âme doit vérifier :

𝑆𝑡 ≤ min{0,9𝑑; 40𝑐𝑚}

Pour les poutres exceptionnellement hautes, on peut augmenter les 40cm.

Le diamètre des armatures d’âme doit vérifier la condition suivante :

ℎ 𝑏0
𝜙𝑡 ≤ min{ ; ; 𝜙𝑙}
35 10

Φl : le diamètre minimal des armatures tendues du premier lit maintenues par les cadres.

La condition de non fragilité s’écrit :

1 𝜏𝑢
𝜌𝑡 ≤ 𝜌𝑡 min = 𝑚𝑎𝑥 { ; 0,4𝑀𝑃𝑎}
𝑓𝑒 2

4. Calcul des dalles à l’effort tranchant :

La contrainte tangente conventionnelle τu est définie comme pour les poutres. Il n’est pas
nécessaire de prévoir une armature transversale de l’effort tranchant pour les dalles dans les
cas où :

- La dalle est bétonnée sans reprise de bétonnage sur toute son épaisseur et la
contrainte tangente τu vérifie : τu ≤ 0,05fc28
- La dalle comporte une reprise de bétonnage et les conditions de la non application de
la règle de couture sont respectées

Dans les autres cas, on dispose des armatures transversales calculées suivant les règles
relatives aux poutres en limitant les contraintes tangentes à celles des poutres multipliées par
le coefficient suivant :

- 10h/3 si 0,15m <h < 0,30m (h : hauteur totale de la dalle)


- 1 si h >0,30m

43
Règles de couture :

La règle de couture relative à l’ELU et non à l’ELS, doit être appliquée à tous les plans sur
lesquels s’exerce un effort tangent et en particulier aux surfaces de reprise.

Cependant, il est admis de ne pas appliquer la règle de couture aux surfaces de reprise des
pièces peu sollicitées lorsque toutes les conditions suivantes sont satisfaites :

- La contrainte tangente ultime n’excède pas 0,35MPa


- Les charges sont uniformes et ne provoquent pas d’effet dynamique
- La contrainte normale éventuelle est une compression
- La surface de reprise est traitée afin d’obtenir une rugosité importante

Les armatures de coutures doivent être convenablement ancrées de part et d’autre de ces
plans avec un angle compris entre 45° et 90° et doivent satisfaire la condition suivante :

𝐴𝑡𝑓𝑒
(𝑐𝑜𝑠𝛼 + 𝑠𝑖𝑛𝛼 ) ≥ 𝜏𝑢 − 𝜎𝑢
𝑏𝑆𝑡𝛾𝑠
Avec :

- τu : contrainte de cisaillement réelle


- σu : contrainte normale concomitante avec τu, comptée positive pour la compression
et négative pour la traction

Méthode de Caquot :
Elle est applicable aux poutres de hauteur constante soumise à des charges uniformément
réparties. On calcule l’écartement des armatures transversales à l’appui puis on adopte
l’écartement suivant, en cm, la suite des nombres :

7-8-9-10-11-13-16-20-25-35-40

Chaque espacement est répété autant de fois qu’il y a de mètres dans la demi portée de la
poutre (voir détails cours « calcul des poutres continues »).

44
CHAPITRE 9 :
ETAT LIMTE DE SERVICE

A. HYPOTHESES DE CALCUL A L’ELS :

Ces hypothèses sont différentes de celles prévues pour l’ELU, on suppose :

H1- Les sections droites planes avant déformation restent planes après déformations

H2- Il n’y a pas de glissement relatif entre les armatures et le béton qui les entoure

H3- le béton tendu est négligé

H4- le béton et l’acier sont considérés comme des matériaux élastiques

H5- Par convention, le rapport entre les coefficients d’élasticité longitudinal de l’acier et celui
du béton est appelé coefficient d’équivalence et noté n. Il a pour valeur : n=Es/Eb=15

H6- on ne déduit pas les aires d’acier de l’aire du béton comprimé

H7- On peut remplacer dans les calculs, la section totale d’un groupe de barres tendues ou
comprimées par la section d’une barre unique située au centre de gravité du groupe.

B. CONSEQUENCES DES HYPOTHESES DE CALCUL A L’ELS :

1- Les diagrammes déformations contraintes sont constitués par des droites


2- Les contraintes de l’acier σs et du béton σb sont proportionnelles aux déformations :
σb=Ebεb et σs=Esεs
3- On peut appliquer au béton les formules de la RDM pour les corps homogènes, si l’on
prend soin au préalable d’homogénéiser les sections du béton armé, à savoir :
a- En remplaçant une section d’acier A par une section du béton d’aire nA=15A ayant
même centre de gravité que la section d’acier considérée
b- En admettant que chaque élément du béton conserve sa section réelle dans la zone
comprimée et a une section nulle dans la zone tendue

Dans ces conditions, si nous appelons :

B0 aire de la section homogénéisée


45
B aire de la section du béton comprimée

A section totale des armatures tendues

A’ section totale des armatures comprimées

Nous aurons :

- Cas d’une section entièrement comprimée B0=B+15A’


- Cas d’une section partiellement comprimée B0=B+15A+15A’

4- La contrainte dans une fibre d’acier est égale à 15 fois la contrainte qui existerait dans
la fibre du béton ayant le même centre de gravité que cette fibre d’acier.

C. VERIFICATIONS A EFFECTUER- CONTRAINTES


ADMISSIBLES:
Ces vérifications concernent la contrainte du béton comprimé σb, celle des aciers tendus σs et
les déformations.

1. Contrainte maximale du béton comprimé :

Lorsque la section étudiée présente une partie comprimée, la contrainte maximale du béton
sous la sollicitation de service la plus défavorable ne doit pas excéder :

σb≤ σb =0.6fcj

fcj : résistance à la compression du béton âgé de j jours.

La limitation de la compression du béton est destinée à éviter la formation des fissures


parallèles à la direction des contraintes de compression.

Lorsque la section est soumise à la traction simple ou si étant soumise à la flexion composée,
et elle est entièrement tendue, il n’y a aucune vérification à effectuer en ce qui concerne la
contrainte du béton.

Pour les poutres à sections rectangulaires soumises à la flexion simple dont les armatures sont
en acier Fe E400, il peut être admis de ne pas procéder à la vérification de la contrainte de
𝑦𝑢 𝛾−1
compression du béton lorsque : ≤ + 0.01𝑓𝑐𝑗
𝑑 2

𝑀𝑢
Avec : 𝛾 = et yu : la distance de l’axe neutre à la fibre la plus comprimée
𝑀𝑠

46
2. Contrainte maximale des armatures tendues : (Etat limite d’ouverture de
fissures)
Afin de réduire le risque de fissuration et pour diminuer l’importance de leur ouverture, on a été
amené à limiter les contraintes des armatures qui sous la sollicitation de service la plus défavorable
doivent demeurer inférieures aux limites suivantes :

2.1. Fissuration peu préjudiciable :

La fissuration est considérée comme peu préjudiciable lorsque :

- Cet élément est situé dans des locaux couverts et clos et n’est pas soumis à des condensations
- Les parements de cet élément susceptibles d’être fissurés ne sont pas visibles
- Cas des constructions courantes

Dans le cas où la fissuration est considérée comme peu préjudiciable il n’y a aucune vérification à
effectuer en ce qui concerne σs. En pratique on n’aura pas à déterminer les contraintes des
armatures tendues obtenues lors de l’étude à l’ELU.

2.2. Fissuration préjudiciable :

La fissuration est considérée comme préjudiciable lorsque cet élément est exposé aux
intempéries ou à des condensations ou peut être noyé et émergé en eau douce, dans ce cas il
est nécessaire d’observer les règles suivantes :

- La contrainte de traction des armatures est limitée à la plus faible des deux valeurs
σs≤ σs=min ( 2fe/3 ; 110 √ηftj )

Avec :

➢ fe limite élastique de l’acier utilisé


➢ η : coefficient de fissuration égal à 1 pour les ronds lisses et les treillis soudés et à
1.6 pour les armatures à haute adhérence.
➢ ftj : résistance caractéristique à la traction à j jours

- Le diamètre des armatures les plus poches des parois est au moins égal à 6mm
- Prévoir des armatures de peau pour les poutres à grandes hauteurs de section égale
au moins à 3cm² pour chaque mètre du parement
- Lorsque le diamètre des armatures tendues d’une poutre est supérieur à 20mm, la
distance entre axe de deux barres consécutives dans le sens horizontal ne doit pas
excéder 4 fois leurs diamètres

47
- Pour les dalles et les voiles faisant au plus 40cm d’épaisseur, la distance entre axes des
armatures d’une même nappe ne doit pas dépasser la plus petite des deux valeurs
(25cm ; 2h).
2.3. Fissuration très préjudiciable :

C’est le cas où l’élément est exposé à un milieu agressif (eau de mer, eau tès pure, sols
corrosifs…)et là ou on doit assurer une étanchéité.

On doit également vérifier le respect des conditions suivantes :

- σs ≤ σs=min (0.5fe ; 90√ηftj )


- Le diamètre des armatures les plus proches des parois est au moins égal à 8mm
- Prévoir des armatures de peau pour les poutres à grandes hauteurs de section égale
au moins à 3cm² pour chaque mètre du parement
- Si φ > 20mm, la distance entre axes de deux barres consécutives dans le sens horizontal
ne doit pas dépasser 3φ
- Pour les dalles ou les voiles d’épaisseur au plus égale à 40cm, la distance entre axes
des armatures d’une même nappe doit être inférieur à min(20cm ; 1.5h)

En pratique, après le calcul des aciers à l’ELU, deux méthodes peuvent être adoptées :

- Méthode 1 : calculer les valeurs des contraintes dans le béton et l’acier. Si les
conditions précédentes sont vérifiées, les armatures trouvées à l’ELU sont aussi
valables à l’ELS
- Méthode 2 : Calculer directement les sections d’aciers à l’ELU et à l’ELS et retenir la
plus grande des deux valeurs.

48
D. METHODE GENERAL DE CALCUL A L’ELS

La première étape de calcul consiste à vérifier les contraintes du béton et de l’acier. La RDM
nous permet d’avoir ces contraintes et par conséquent de déterminer le diagramme des
contraintes de la section, qui est un diagramme linéaire passant par le centre de gravité de la
section et de pente égale au moment de flexion divisé par l’inertie.
On sera donc amené à déterminer la position du centre de gravité, l’inertie de la section pour
en tirer la pente du diagramme et les contraintes maximales de compression du béton et de
traction de l’acier (Qu’on compare aux contraintes admissibles).
La deuxième étape serait de redimensionner la section, si au moins l’une des contraintes
dépasse la limite admissible, soit en changeant les dimensions de la section du béton soit en
augmentant les sections d’armatures.

2. Détermination du centre de gravité :

Soit y la distance de l’axe neutre à la fibre la plus comprimée


Soit x la distance d’une section inconnue de largeur b(x) à la fibre la plus comprimée
Soit Bc l’aire de la section du béton comprimé
On calcule l’ordonné XG du centre de gravité par rapport à l’axe neutre (XG=O l’axe neutre
passe par le centre de gravité) :
𝑦
S.XG= ∫0 𝑏(𝑥 ). 𝑥 𝑑𝑥 + 𝑛𝐴′ 𝑠(𝑦 − 𝑑 ′ ) − 𝑛𝐴𝑠(𝑑 − 𝑦) = 0
0=Bc XGbc+ nA’s(y-d’)-nAs(d-y)
Vu qu’en béton armé, on travaille avec des sections dont la géométrie est très bien connue,
on peut facilement calculer la position du centre de gravité et en tirer la position de l’axe
neutre.

3. Détermination de l’inertie de la section homogène réduite et des


contraintes :

Pour déterminer l’inertie de la section, on applique le théorème de Hyugens tout en


négligeant l’inertie des aciers par rapport à leur propre centre de gravité :

𝑦
𝐼 = ∫ 𝑏(𝑥 )𝑥²𝑑𝑥 + 𝑛𝐴′ 𝑠(𝑦 − 𝑑 ′ )2 + 𝑛𝐴𝑠(𝑑 − 𝑦)²
0

La contrainte à une distance x de l’axe neutre est :


𝑀𝑠
𝜎 (𝑥 ) = 𝑥
𝐼

49
On pose : K=Ms/I et on aura :
- Contrainte maximale dans le béton comprimé (x=y) : σbc=K.y
- Contrainte maximale dans l’acier tendu (x=d-y) : σs=15K(d-y)
- Contrainte maximale dans l’acier comprimé (x=y-d’) : σ’s=15K(y-d’)

De là, on peut établir des équations pour chaque type de section (rectangulaire ou en Té) et
les résoudre directement.

• Section rectangulaire :

XGbc=y/2 et Bc=b.y d’où : 0=Bc XGbc+ nA’s(y-d’)-nAs(d-y)= b.y²/2+nA’s(y-d’)-nAs(d-y)


On obtient une équation du deuxième degré :

𝑏𝑦² + 30(𝐴𝑠 + 𝐴′ 𝑠)𝑦 − 30(𝑑𝐴𝑠 + 𝑑 ′ 𝐴′ 𝑠) = 0


Pour résoudre l’équation on calcule :
D=15(As+A’s)/b et E=30/b (A’s. d’+As.d)

La solution est : 𝑦1 = −𝐷 + √𝐷² + 𝐸

Une fois la valeur de y trouvée, le moment d’inertie peut être calculé à partir de l’expression
suivante :
𝑏𝑦 3
𝐼= + 15[𝐴𝑠(𝑑 − 𝑦)2 + 𝐴′ 𝑠(𝑦 − 𝑑 ′ )2 ]
3
• Section en Té:

De la même façon, le moment d’inertie et la distance s’y calculent à partir des formules
suivantes :
𝑏𝑜. 𝑦² + [2(𝑏 − 𝑏𝑜)ℎ𝑜 + 30 (𝐴𝑠 + 𝐴′ 𝑠)]𝑦 − [(𝑏 − 𝑏𝑜)ℎ𝑜2 + 30(𝑑𝐴𝑠 + 𝑑 ′ 𝐴′ 𝑠)] = 0
𝑏𝑜𝑦 3 (𝑏 − 𝑏𝑜)ℎ𝑜3 ℎ𝑜 2
𝐼= + + (𝑏 − 𝑏𝑜)ℎ𝑜 (𝑦 − ) + 15[𝐴𝑠(𝑑 − 𝑦)2 + 𝐴′ 𝑠(𝑦 − 𝑑 ′ )2 ]
3 12 2

4. Calcul des sections dans le cas où l’ELS est le plus défavorable:

Après le dimensionnement de la section à l’ELU, on doit vérifier si les sections d’armatures


assurent une résistance à l’ELS. Si ce n’est pas le cas, on doit redimensionner ces sections à
l’ELS.
4.1. Section rectangulaire :
On distingue deux cas : le premier où seule la condition de compression de béton est assurée
(la condition de fissuration n’est pas assurée) et le deuxième où la condition de compression
de béton n’est pas assurée.

50
Cas 1 : Seule la condition de compression du béton est assurée :

σbc
Nbc
y=α.d

d-y/3

σs/n Fst

Si la condition de fissuration n’est pas remplie (σs>σs), on recalcule la section des armatures
tendues qui travaillent cette fois ci au maximum possible, c'est-à-dire à la contrainte limite de
service σs.

𝑏𝑦
Equation d’équilibre des forces: Nbc=Fst (𝜎𝑏𝑐) = 𝐴𝑠𝑡. 𝜎𝑠
2
Equation d’équilibre des moments (par rapport au centre de gravité des armatures tendues :
y 1 y
Ms = Nbc. (d − ) = by(d − )σbc
3 2 3
Le diagramme des contraintes donne :
𝛼
𝜎𝑏𝑐 = . 𝜎𝑠/𝑛
1−𝛼
Les trois équations donnent une équation du troisième degré :

6𝑛𝑀𝑠 6𝑛𝑀𝑠
𝜎𝑠. 𝛼 3 − 3𝜎𝑠𝛼² − 𝛼 + =0
𝑏𝑑 2 𝑏𝑑 2
Puisque 0 ≤α ≤1, la solution de l’équation est déterminée en calculant en premier temps
u=30Ms/bd²σs et λ=1+u et ensuite cos 𝜑 = 𝜆−3/2 =1/λ√𝜆
On en tire la valeur de 𝜑 (en degré) et on obtient α :
𝜑
𝛼 = 1 + 2√𝜆 cos (240° + )
3
On calcule par la suite :
𝛼
𝜎𝑏𝑐 = . 𝜎𝑠/𝑛
1−𝛼
et on vérifie que σbc ≤ σbc=0,6fcj

51
Si ce n’est pas vérifié, on applique la méthode du paragraphe suivant.

Puis on obtient :
𝛼2
𝐴𝑠 = . 𝑏𝑑
30(1 − 𝛼)

Cas 2 : La condition de compression du béton n’est pas assurée :

On doit soit redimensionner la section du béton, soit introduire des armatures comprimées
(ou augmenter la section des armatures comprimées si elles existent déjà)

➢ Si on choisit de redimensionner la section du béton, on considère les contraintes


maximales du béton et de l’acier σs et σbc.
Le diagramme des contrainte donne : σbc/( σs/n)=α/(1-α)
D’où :
𝛼 = 9𝑓𝑐𝑗/(9𝑓𝑐𝑗 + 𝜎𝑠)

Le tableau en annexe donne les valeurs de α en fonction des matériaux utilisés.


L’équation d’équilibre s’écrit :

y 1 y 1 α
Ms = Nbc. (d − ) = by (d − ) σbc = bαd σbc [d (1 − )]
3 2 3 2 3

Ms = 0,1α(3 − α)bd²fcj
Ainsi, on peut choisir des dimensions de la section b, d qui vérifie l’équation :
10𝑀𝑠
𝑏𝑑 2 =
𝛼(3 − 𝛼 )𝑓𝑐𝑗
La section d’armatures tendues vaut :
𝐴𝑠 = 0,3𝛼 𝑏𝑑 𝑓𝑐𝑗/𝜎𝑠

➢ Si on choisit d’introduire des armatures comprimées, on doit calculer le moment repris


par le béton (en absence d’armatures) et celui qui doit être repris par les armatures
comprimées.
- Le moment repris par le béton seul est bien celui trouvé précédemment :
Mbc=0,1α(3-α)bd²fcj
- La position de l’axe neutre est donnée : σbc/( σs/n)=α/(1-α)

52
Donc on aura :
𝛼 = 9𝑓𝑐𝑗/(9𝑓𝑐𝑗 + 𝜎𝑠)

(On fait travailler les matériaux au maximum de leur résistance)


- Les armatures comprimées doivent reprendre un moment M’ s=Ms-Mbc
- La section des armatures comprimées A’s (ayant une contrainte σ’s) vaut :

𝐴′𝑠 = 𝑀′𝑠/𝜎′𝑠(𝑑 − 𝑑 ′ )
- La valeur de σ’s est donnée par le diagramme des contraintes :
𝜎𝑠 ′ ′
𝑛 = 𝑦 − 𝑑 = 1 − 𝑑 ′ /𝛼𝑑
𝜎𝑏𝑐 𝑦
On trouve finalement :

𝜎𝑠′ = 9𝑓𝑐𝑗(1 − 𝑑 ′ /𝛼𝑑)


[𝑀𝑠 − 0,1𝛼(3 − 𝛼)𝑏𝑑 2 𝑓𝑐𝑗]
𝐴𝑠=
[𝜎 ′ 𝑠(𝑑 − 𝑑 ′ )]

[𝐴′ 𝑠𝜎 ′ 𝑠 + 0,3𝛼𝑏𝑑𝑓𝑐𝑗]
𝐴𝑠 =
𝜎𝑠

53
4.2. Section en Té :

De même que pour l’état limite ultime, on détermine en premier temps la position de l’axe
neutre par rapport à la table de compression.
- Si l’axe neutre est dans la table de compression et si au moins une des conditions des
contraintes n’est pas vérifiée, on redimensionne en suivant la même méthode adoptée
pour une section rectangulaire (bxd) ( On doit avoir y ≤ h0 )
- Si l’axe neutre est dans la nervure et si la contrainte limite de fissuration des aciers est
dépassée, on suppose que l’effort interne de compression se trouve à une distance des
armatures tendues égales à d-h0/2 et la section des armatures tendues sera :
𝑀𝑠
𝐴𝑠 =
ℎ0
(𝑑 − ) 𝜎𝑠
2

- Si l’axe neutre est dans la nervure et l’état limite de compression du béton est dépassé,
on adopte le même calcul que pour une section rectangulaire

54
CHAPITRE 10 :
FLEXION COMPOSEE SECTION
RECTANGULAIRE
A. Hypothèses et définitions :

C Nu, Ns C
e M u, M s
Nu, Ns
G0 G0

Une section est soumise à la flexion composée lorsqu’elle subit :

- Un effort normal appliqué en son centre de gravité G0 et un moment de flexion MG par


rapport à G0.
Le système (MG0, N) est équivalent à une force unique équivalent à N et appliquée en
un point C, appelé centre de pression ou centre de traction, contenu dans le plan
moyen.
La distance CG0=e est appelée excentricité par rapport à G0
- Un effort normal N excentré par rapport au centre de gravité G 0 d’une distance e, le
moment induit vaut MG=N.e

Selon les cas, la section sera entièrement comprimée, partiellement comprimée (ou tendue)
ou entièrement tendue.

55
B. Section entièrement tendue :
Une section est entièrement tendue si elle est soumise à un effort normal de traction et si le
centre de traction est situé entre les nappes d’armatures.

A1
Fst1
ea1
d
G0 e G0
C Nu
Fst2
ea2
A2

1. Etat limite ultime :


Le béton étant entièrement tendu, il n’intervient pas dans la résistance de la section et par
conséquent dans les calculs.

L’état limite ultime est atteint lorsque la déformation des aciers de la nappe la plus tendue
vaut 10‰. La contrainte vaut alors σs=fe/γs.

Le règlement impose pour les aciers inférieurs et supérieurs A2 et A1, une section minimale
Amin=B ft28/fe où B est la section de béton.

Les équations d’équilibre : Nu=A1σs1+A2σs2 MA2=A1 σs1(d-d’)


MA2 le moment exprimé par rapport au centre de gravité des aciers A2.

Les sections A1 et A2 sont inconnues, on aura à choisir entre :

- La solution la plus économique qui correspond à σs=fe/γs dans A 1. Le point


d’application de Nu est le centre de gravité des armatures. On obtient :

A1=Max { Nu ea2/ ((d-d’)fe/γs); Amin= B ft28/fe }

A2=Max { Nu ea1/ ((d-d’)fe/γs); Amin= B ft28/fe }

56
- La solution avec armatures symétriques: A1=A2= Max { Nu/2fe/γs ; Amin}
En général, on retient la solution économique vue qu’elle tienne compte de la section
minimale des aciers.

2. Etat limite de service :


La résistance des aciers étant seule considérée, l’ELS n’intervient que si la fissuration est
préjudiciable ou très préjudiciable. Il suffit de vérifier que les contraintes dans l’acier sont
inférieures à σs.

- Solution économique :

A1=Max { Ns ea2/ ((d-d’)σs); Amin= B ft28/fe }

A2=Max { Ns ea1/ ((d-d’)σs); Amin= B ft28/fe }

- Solution symétrique :

A1=A2= Max { Nu/2 σs; Amin}

C. Flexion composée avec compression à l’ELU :


1. Partiellement/ entièrement comprimée :
La section étant soumise au moment et à l’effort normal ultimes, il faut savoir si la section est
entièrement ou partiellement comprimée et si l’état limite ultime est atteint.

Généralement, l’état de compression de la section dépend de la valeur relative du moment et


de l’effort normal d’où la nécessité de calculer l’excentricité qui prend en compte ces deux
paramètres.

Pour résoudre un problème pareil, on fait appel à des calculs relativement complexes, seule
la démarche sera exposée pour faciliter le calcul et le dimensionnement des sections soumises
à la compression.

• Données du problème :

Soit une section rectangulaire dont les dimensions b x h (d : hauteur utile) suivent les mêmes
définitions que celles présentées dans les chapitres précédents.

As : section des armatures inférieures tendues ou la moins comprimée

A’s : section des armatures supérieures la plus comprimée

57
Cette section est soumise à :

- Un effort normal centré Nu et un moment de flexion Mu d’axe parallèle à l’axe central


- Ou un effort normal excentré Nu de e=Mu/Nu

• Démarche à suivre:
a. On calcule l’effort de compression centré maximal appliqué au béton :

Nbmax=bhσbc
b. On calcule le coefficient de remplissage ψ1 égal au rapport entre l’effort normal réel et
l’effort maximal supporté par le béton :

ψ1=Nu/Nbmax
c. On compare ce coefficient à 0.81 :

➢ Si ψ1 ≤0.81 :

On calcule l’excentricité critique relative ζ

1+√9−12ψ1
Si : ψ1 ≤2/3 : ζ=
4(3+√9−12ψ1)

(3ψ1− 1) (1−ψ1 )
Si : ψ1 ≥ 2/3 : ζ=
4 ψ1

Les valeurs de ce coefficient sont données dans le tableau en annexe.

Ensuite, on calcule eNC=ζ x h

- Si e ≤ eNC : la section est entièrement comprimée et l’état limite ultime n’est pas
atteint : on place un pourcentage minimale d’armatures comme celui des poteaux
(voir cours Poteaux) A=4cm²x le périmètre de la section. Le taux d’armatures dans la
section de béton devant être compris entre 0.2% et 5%
- Si e > eNC : la section est partiellement comprimée et l’état limite ultime peut ne pas
être atteint

58
➢ Si ψ1 > 0.81 : On détermine le coefficient χ

𝑑′ 𝑑′ 𝑒
0.5 − ℎ − ψ1(0.5 − ℎ − ℎ)
𝜒=
6 𝑑′
7− ℎ

En faisant l’approximation d’=h/10 et en posant ξ=e/h, le coefficient χ se simplifie en :

𝜒 = 1.32[0.4 − (0.4 − ξ)ψ1]

- Si χ ≥ 0.19 la section est partiellement comprimée


- Si 0 ≤ χ < 0.19 la section est entièrement comprimée (Pas de lits d’armatures inférieurs
As )
- Si χ < 0 la section d’armatures est entièrement comprimée (As et A’s)

3. Dimensionnement des sections partiellement comprimées :

- Calculer le moment de flexion fictif :

ℎ ℎ
Mufictif= 𝑀𝑢 + 𝑁𝑢 (𝑑 − ) = 𝑁𝑢(𝑒 + 𝑑 − )
2 2
- Calculer les armatures de la section étudiée soumise à une flexion simple de moment
Mufictif ( Voir cours flexion simple). On obtient la section d’armatures tendues As fictif et
la section d’armatures comprimées A’s fictif.
- La section finale des aciers tendus est : As=As fictif-Nu/σs
- La section finale des aciers comprimés est : A’s= A’s fictif
- La section minimale est : Amin=max { bh/1000 ; 0.23bd ft28/fe}

4. Dimensionnement des sections entièrement comprimées :


4.3. Le cas où 0 ≤ χ < 0.19 :

Il n’est pas nécessaire d’avoir des armatures inférieures.

- On calcule la contrainte de compression des aciers selon leur nuance et la valeur de χ


:
• Les aciers HAfe E400 : σ’s=fe/γs=348MPa
• Les aciers Ha fe E500 :
Si χ ≥0.004 : σ’s=fe/γs=435MPa
Si χ < 0.004 : σ’s=400+526√χ MPa

59
𝑁𝑢−(1−χ )bh(σbc)
Dans ce cas : 𝐴𝑠 = 0 et 𝐴′ 𝑠 =
σ’s
4.4. Le cas où χ < 0 :

On note σ’s2 la contrainte de compression des aciers inférieures et supérieurs correspondant


à une déformation de ε’s =2% (Pivot C)

• HA fe E400 : σ’s2=fe/γs=348MPa
• HA fe E500 : σ’s2=Es ε’s=400MPa

ℎ h
𝑁𝑢(𝑑− +𝑒)−bh(σbc)(d− )
𝐴′ 𝑠 = 2 2
(d−d′ )σ’s

𝑁𝑢 − 𝑏ℎ(σbc)
𝐴𝑠 = − 𝐴′ 𝑠
σ’s

D. Flexion composée avec compression à l’ELS :


1. Vérifications à l’état limite de service
Soit une section rectangulaire soumise à un moment de flexion Ms et un effort normal Ns.

Si l’effort normal Ns est un effort de compression il sera compté positivement et e est positive
et si Ns est un effort de traction il sera compté négativement et e est négative

Vérification n°1 : si la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable, la contrainte dans les
aciers tendus ne doit pas dépasser la limite admissible :

- Fissuration préjudiciable : σs ≤ σs=ξ=min { 2fe/3 ; max (0.5fe ; 110√𝜂𝑓𝑡𝑗 )}


- Fissuration très préjudiciable : σs ≤ σs=0.8 ξ

Vérification n°2 : Il faut vérifier que la contrainte maximale de compression de béton satisfait
la condition suivante : σbc ≤ σbc=0.6fc28

Vérification n°3 : Vérification d’une section partiellement comprimée

Le calcul est relativement complexe :

ℎ 𝑐−𝑑′
- On calcule 𝑐 = − 𝑒 𝑝 = −3𝑐² − 90𝐴′ 𝑠 + 90𝐴𝑠 (𝑑 − 𝑐)/𝑏
2 𝑏
(𝑐−𝑑 ′)²
𝑞 = −2𝑐 3 − 90𝐴′ 𝑠 − 90𝐴𝑠 (𝑑 − 𝑐)²/𝑏
𝑏

60
Et on résout l’équation du 3ème degré z3+pz+q=0

- Pour un calcul manuel : Δ=q²+4p3/27


𝑝
- Si Δ ≥0 : 𝑡 = 0.5(√∆ − 𝑞) 𝑢 = 3√𝑡 𝑧 = 𝑢 − 3𝑢
3𝑞 3
Si 𝛥 < 0 : ϕ=Arc co𝜑 = 𝐴𝑟𝑐 cos( 2𝑝 √− 𝑝 ) a=2√−𝑝/3

z1=a cos (ϕ/3) z2= a cos (ϕ/3+120°) z3= a cos (ϕ/3+240°) avec ϕ en degrés

- ys=z+c la distance du centre de pression à l’axe neutre à la fibre supérieure de la


section. Si le calcul de z s’est effectué dans le cas Δ<0 on choisit parmi les trois solutions
z1, z2 et z3 celle qui donne 0≤ys ≤ d.
- On calcule l’inertie de la section homogène réduite :

𝑏𝑦𝑠 3
𝐼= + 15 [𝐴𝑠(𝑑 − 𝑦𝑠)2 + 𝐴′ 𝑠(𝑦𝑠 − 𝑑 ′ )2 ]
3
𝑦𝑠
- Les contraintes sont : 𝜎𝑏𝑐 = 𝑧𝑁𝑠 et 𝜎𝑠 = 15 𝑧𝑁𝑠(𝑑 − 𝑦𝑠)/𝐼
𝐼

La section est partiellement comprimée si σs ≥ 0 ; sinon on recommence le calcul avec une


section entièrement comprimée

- On vérifie que les contraintes ne dépassent pas les limites admissibles

Vérification n°4 : Vérification d’une section entièrement comprimée

- On calcule l’aire de la section homogène totale : S=bh+15(As+A’s)


- On calcule l’inertie I de la section homogène totale :

ℎ ℎ
𝐴′ 𝑠 (2 − 𝑑 ′ ) − 𝐴𝑠(𝑑 − 2)
𝑋𝐺 = 15
𝑏ℎ + 15 (𝐴𝑠 + 𝐴′ 𝑠)
2 2
𝑏ℎ3 ′
ℎ ′

𝐼= + 𝑏ℎ𝑋𝐺² + 15 [ 𝐴 𝑠 ( − 𝑑 − 𝑋𝐺) + 𝐴𝑠 (𝑑 − + 𝑋𝐺) ]
12 2 2
- Les contraintes du béton ont pour valeur :
Contrainte dans le béton sur la fibre supérieure :

𝑁𝑠 𝑁𝑠(𝑒 − 𝑋𝐺 ) (2 − 𝑋𝐺)
𝜎𝑏𝑐. 𝑠𝑢𝑝 = +
𝑆 𝐼

61
Contrainte dans le béton sur la fibre inférieure :

𝑁𝑠 𝑁𝑠(𝑒 − 𝑋𝐺 ) (2 + 𝑋𝐺)
𝜎𝑏𝑐. 𝑖𝑛𝑓 = −
𝑆 𝐼
La section est entièrement comprimée si ces deux contraintes sont positives ; sinon on
recommence le calcul avec une section partiellement comprimée.

- On vérifie que la plus grande de ces contraintes ne dépasse pas la contrainte admissible du
béton

2. Dimensionnement des sections partiellement comprimées :

- On calcule le moment de flexion fictif

ℎ ℎ
Msfictif= 𝑀𝑠 + 𝑁𝑠 (𝑑 − ) = 𝑁𝑠(𝑒 + 𝑑 − )
2 2

- On calcule les armatures de la section étudiée soumise à une flexion simple de moment
Ms fictif :
• Si la condition de traction des aciers était seule non vérifiée, on calcule α à
partir de u=30Ms/bd²σs (voir flexion simple à l’ELS)
• Si la condition de compression du béton n’est pas assurée, on fait recours au
9𝑓𝑐𝑗
chapitre flexion simple à l’ELS avec 𝛼 =
9𝑓𝑐𝑗+𝜎𝑠
• De même que l’ELU, on obtient la section d’armatures tendues As fictif et la
section d’armatures comprimées A’s fictif.
• La section finale des aciers tendus est : As=As fictif-Ns/σs
• La section finale des aciers comprimés est : A’s= A’s fictif

3. Dimensionnement des sections entièrement comprimées :


Les expressions des armatures supérieures et inférieures sont :


𝑀𝑠 + (𝑁𝑠 − 𝑏ℎ𝜎𝑏𝑐 )(𝑑 − )
𝐴′ 𝑠 = 2

15𝜎𝑏𝑐(𝑑 − 𝑑 )
𝑁𝑠 − 𝑏ℎ𝜎𝑏𝑐
𝐴𝑠 = − 𝐴′𝑠
15𝜎𝑏𝑐

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