IV.1 Introduction
Les lignes à haute tension sont les lignes principales des réseaux de transport d'électricité. Elles peuvent
être aussi bien aériennes que souterraines ou sous-marines, quoique les professionnels réservent plutôt le
terme aux liaisons aériennes. Elles servent au transport sur les longues distances de l'électricité produite
par les diverses centrales électriques, ainsi qu'à l'interconnexion des réseaux électriques.
Dans l'immense majorité des cas, ces lignes à haute tension sont alimentées en courant alternatif triphasé
; mais dans le cadre particulier de certaines traversées sous-marines ou de lignes enterrées, le transport
se fait en courant continu (HVDC) pour des raisons d'économie, d'encombrement et de fiabilité.
Tension Très Basse Tension Basse Tension A Basse Tension B Haute Tension A Haute Tension B
Courant alternatif U ≤ 50 volts 50 < U ≤ 500 volts 500 < U ≤ 1000 volts 1000 < U ≤ 50 kV U > 50 kV
Courant continu U ≤ 120 volts 120 < U ≤ 750 volts 750 < U ≤ 1500 volts 1500 < U ≤ 75 kV U > 75 kV
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
Domaine Application
Réseaux - lignes aériennes ; câbles
- isolateurs ; sectionneurs ; disjoncteurs
- parafoudres ; paratonnerre ; éclateurs,
- mises à la terre ; condensateurs
compatibilité électromagnétique
- transformateurs de mesure et de puissance
Electricité statique - générateurs électrostatiques
- moteurs électrostatiques
- filtres électrostatiques
- imprimante électrostatique
- peinture électrostatique
Physique - microscope électronique
- accélérateurs de particules
Médecine - effets biologiques des champs électriques
- diagnostique par rayons X , ozonothérapie
Electronique - tube cathodique ; lampe à décharge
- générateurs piézo-électriques
- allumage électrique
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
Exemple de pylône.
IV.9.2 Conducteurs
Le courant électrique est transporté dans des conducteurs. L'énergie électrique étant transportée sous
forme triphasée, on trouvera au moins 3 conducteurs par ligne. Pour une phase, on peut aussi trouver un
faisceau de conducteurs (de 2 à 4) à la place d'un simple conducteur afin de limiter les pertes. Les
conducteurs en cuivre sont de moins en moins utilisés. On utilise en général des conducteurs en
aluminium, ou en alliage aluminium-acier ; on trouve aussi des conducteurs composés d'une âme
centrale en acier sur laquelle sont tressés des brins d'aluminium. Les conducteurs sont nus, c'est-à-dire
non revêtus d'un isolant.
La comparaison Cu/Al :
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
IV.9.3 Isolateurs
L'isolation entre les conducteurs et les pylônes est assurée par des isolateurs. Ceux-ci sont réalisés en
verre, en céramique, ou en matériau synthétique. Les isolateurs en verre ou céramique ont en général la
forme d'une assiette. On les associe entre eux pour former des chaînes d'isolateurs. Plus la tension de la
ligne est élevée, plus le nombre d'isolateurs dans la chaîne est important. Sur une ligne 400 kV (400
000V), les chaînes d'isolateurs comportent 19 assiettes. On peut alors deviner la tension des lignes avec
leur nombre d'isolateurs.
Le schéma ci-dessus représente un modèle sommaire mais simple d'emploi pour une phase d'une ligne
pas trop longue : il constitue une approximation suffisante pour des longueurs de 200 à 300 km. Une
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
ligne plus longue pourra être assimilée à une succession de cellules élémentaires de ce type. On pourra
remarquer que la ligne électrique de ce type s'apparente à un filtre passe-bas.
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
Pertes de puissance :
Malgré l'effort entrepris pour limiter la résistance, le transport de l'électricité engendre des pertes
d’énergie importantes, principalement par effet Joule. À titre d'exemple, ces pertes sont estimées
en moyenne à 2,5 % de la consommation globale.
Pour ne pas subir de pertes importantes, on utilise donc deux techniques :
• augmenter le nombre de conducteurs : certaines lignes comportent pour chacune des phases jusqu’à
quatre câbles distants de quelques centimètres ;
• diminuer l'intensité du courant en élevant la tension : pour une puissance transportée identique, si on
augmente la tension, l'intensité du courant diminue et les pertes dues au passage du courant dans le
fil seront réduites selon le carré de l'intensité.
Il faut également prendre en compte le risque d'arc électrique entre deux conducteurs. Ce risque est
d'autant plus important que la tension est élevée. Cela impose des contraintes d'isolement plus fortes et
nécessite notamment :
• pour les lignes aériennes, d'écarter suffisamment les conducteurs, (typiquement 1 cm/kV), ce qui a
pour conséquence d'augmenter proportionnellement la dimension des matériels associés (isolateurs,
pylônes...) ;
• pour les câbles (enterrés ou non), d'augmenter les épaisseurs d'isolants, d'ajouter des écrans
de masse, voire de recourir à des technologies différentes (par exemple câbles à isolation gazeuse).
Ue Us ZL + ZR
= soit U e = U s + .U s
Z L + Z R + ZC ZC ZC
D'où l'on tire :
Ue −Us
= Yc .Z C = RC − jLC 2
Us
Pour une ligne aérienne, nous avons vu que R L , donc le deuxième terme est prédominant, ce qui
conduit à une tension de sortie supérieure de quelques pour cent à la tension d'entrée. Ce phénomène est
appelé effet Ferranti.
b) En charge
La f.é.m d'un alternateur est constante et égale à la somme vectorielle de la résistance interne fois le
courant qui la traverse plus l'impédance interne fois le même courant plus la somme (résistance et
impédance) de la ligne fois le courant plus la tension au bornes de la charge qui est en parallèle avec la
capacité de la ligne.
E = (r + jl ).I − ( R + jL ).I + U s soit E = (r + R).I − j (l + L ).I + U s
Si l'intensité appelée I augmente les deux termes : (r + R).I et j(l + L).I augmentent
donc U s diminue à l’extrémité de la ligne. Pour y remédier, il y a deux possibilités : soit demander
aux groupes de fournir plus de réactif soit insérer les batteries de condensateurs dans le réseau ou bien
les deux solutions à la fois.
2) De matériel d'installation :
charpentes, supports métalliques des appareils HT, isolateurs posés.
✓ câbles nus aériens et câbles isolés multiconducteurs
✓ raccords HT/MT, armements (isolateurs de lignes)
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
✓ circuit de terre
3) Du génie civil associé : fondations, caniveaux, clôtures, bâtiments, drainage, piste, accès
4) D’équipement basse tension :
✓ système de conduite et surveillance (contrôle commande)
✓ système de protection
✓ auxiliaires et servitudes (éclairage...)
1) D'interface avec le monde extérieur
✓ téléphone
✓ synchro satellite
✓ télécommunications
✓ etc.
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
IV.12 Conclusion
La ligne à haute tension est le composant principal des grands réseaux de transport d'électricité. Elle
transporte l'énergie par l'intermédiaire de l'électricité de la centrale électrique aux consommateurs. Ces
lignes sont aériennes, souterraines ou sous-marines. Les lignes à haute tension aériennes sont composées
de câbles conducteurs, généralement en alliage D’aluminium, suspendus à des supports, pylônes. Ces
supports peuvent être faits de bois, d'acier ou de béton.
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
LET64 _ TD4
Exercice 1 :
La plupart des lignes électriques font circuler du courant alternatif. Certaines font circuler du courant continu à
très haute tension qui occasionne moins de pertes que le courant alternatif, notamment lorsque les lignes sont
immergées, mais aussi lorsque les distances sont très importantes.
La plus longue liaison électrique à courant continu en service dans le monde relie la centrale hydro-électrique de
Xiangjiaba à la ville de Shanghai. Elle mesure environ 1900 km ; sa puissance électrique initiale est de 6400 MW
; le courant est transporté sous une tension de 800 kV.
Lorsque du courant électrique circule dans un câble, une partie de la puissance électrique est perdue. On estime
les pertes de puissance électrique d'un courant continu à très haute tension à 0,3 % pour une distance de 100
kilomètres.
On note P0 = 6400 MW. Pour tout nombre entier naturel non nul n, on note Pn la puissance électrique restante
dans la ligne Xiangjiaba-Shanghai au bout d'une distance de n centaines de kilomètres. Ainsi P1 est la puissance
électrique restante dans la ligne au bout de 100 km.
a) Montrer que P1= 0,997 P0.
b) Quelle est la puissance électrique au MW près par défaut restant dans la ligne Xiangjiaba-Shanghai au
bout de 200 km ?
c) Déterminer la nature de la suite (Pn) puis exprimer Pn en fonction de n.
Exercice 2:
Calculer le coût des lignes 400 kV (2 ternes) selon les données du cahier de charge :
** Conducteur : Câble de 621 mm2 pour un prix d’aluminium de 1,3 €/kg
** pylônes :
▪ Le prix des pylônes en treillis peut être estimé (grandes séries) à environ 4,5€/kg. (acier mis à forme,
fondation, montage inclus)
▪ Les pylônes de suspension de 65/80/100 mètres pèsent de l’ordre de 50/70/95 tonnes. Le poids augmente
pratiquement d’un facteur 2 pour les pylônes d’arrêt.
▪ On peut fixer la portée moyenne à environ 400 m, soit 2,5 pylônes/km.
▪ Il faut compter environ 80 % de pylônes de suspension, 10% de pylônes d’angle (max 30°), 5% avec
des angles jusqu’à 60° et 5% d’arrêt.
**Conducteurs et câble de garde: 2 ternes x 3 phases x 2 conducteurs/phase + 2 câbles de garde, à 6 €/m
** Isolateurs et accessoires : capots-tiges en verre trempé, chaînes en V: 0,05 M€/km
(Accessoires = pinces, palonniers, éclateurs, manchons)
**Tirage: (avec placement des chaînes, pinces, isolateurs, éclateurs) : 0,08 M€/km
** Divers : (signalisation, mesure d’impédance, contrôle, suppléments) 8% : 0,1 M€/km
**Études, essais, consultations, rapport d’incidence, marge : (20%) : 0,3 M€/km
Exercice 3 : (Devoir)
Une ligne aérienne à haute tension 380 kV, est suspendue entre deux pylônes séparés par une distance D. La
hauteur des points de suspension est Y. En l’absence de courant, le conducteur le plus bas, de rayon R, passe à
une hauteur H au-dessus du sol, la température ambiante étant de 0°C.
Question: Quel courant peut-on faire circuler dans ce conducteur lorsque la température ambiante est égala à :
a) T1 = 0°C ; b) T2 = 20°C
On donne : H = 16 m ; Y = 23,50 m ; R = 1,6 cm ; = 2,310-4 °C-1 : coefficient de dilatation du conducteur
ko = 8 W m-2 °C-1 : coefficient de transfert de chaleur ; o = 1,810-8 m : résistivité électrique.
La relation paramétrique entre la flèche h du conducteur et son allongement sur la demi-longueur, L – d, est
donnée par le graphique ci-contre pour un écartement des pylônes D = 150 m (d = 75 m) .
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Chapitre IV Généralités sur la haute tension
Exercice 4 : (Devoir)
Soit une ligne de transport de l’énergie électrique en haute tension de 400 kV à un seul terne en drapeau. Chaque
phase est constituée d'un faisceau horizontal de deux conducteurs séparés de 45 cm. La section utilisée est un
câble en AMS à 61 brins de diamètre extérieur de 31,68 mm. La section totale d'un sous-conducteur est de 593,5
mm2. Pour rappel, l'AMS possède une résistivité de 0,325.10-7 m à 20°C et son coefficient de température « α »
vaut 0,004 K-1.
La console inférieure du pylône est à 34 m du sol (et à 7,4 m du plan de symétrie du pylône), la médiane à 43 m
du sol (et à 7 m du plan de symétrie du pylône), et la supérieure à 52 m du sol (et à 6,7 m du plan de symétrie du
pylône). Le câble de garde (section 298 mm2 AMS, diamètre 22,4 mm) est à une hauteur de 59,5 m (et à 3 m du
plan de symétrie du pylône). Les chaînes d'isolateurs de suspension ont une longueur de 4,7 m, la portée moyenne
de 300 m. Les conducteurs sont posés de manière à respecter une flèche de 3% de la portée en service "normal" (à
75°C).
1) Evaluer l'impédance effective de la ligne pour un régime triphasé équilibré en supposant que les
conducteurs sont parallèles au sol et passent par les centres de gravité des paraboles, formées entre les
pylônes de suspension.
2) calculer la chute de tension résistive et inductive, par kilomètre, pour un transit de 660 MW (facteur de
puissance 0,9 inductif). Donnez la distance au-delà de laquelle cette chute de tension sera supérieure à
8%.
3) Quelle sera l'influence d'une modification de la distance entre sous-conducteurs et entre phases ?
4) En quoi la présence d'un deuxième terne sur le même pylône influencerait-il la chute de tension ?
5) Que devient l'impédance effective en cas de régime inverse ou homopolaire ?
6) Dans quel sens l'inductance évoluerait-elle en cas de liaison souterraine ?
7) Calculez l'admittance effective de la ligne Brume-Gramme, ainsi que la chute de tension correspondant au
schéma équivalent (R, L, C) de la ligne.
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Chapitre 4 Généralités sur la haute tension
LET64 _ TD4_Corrigé
Exercice 1 :
a) On estime les pertes de puissance électrique d'un courant continu à très haute tension à 0,3 %
pour une distance de 100 kilomètres d'où : P1 =(1-0.3/100)p0 = 0.997 P1
b) P2 = 0,997 P1 = (0,997) 2 P0 = (0,997) 2*6400 = 6361 MW
c) Pour tout entier n, Pn +1= 0,997 Pn
d'où : (Pn) est une suite géométrique de raison 0,997 et de premier terme P0 =6400 MW. Donc pour
tout entier naturel n, Pn =6400×0,997n
Exercice 2:
Pylônes :
À 65 m de haut :
50 tonnes x (1 x 80% + 1.5 x 10% + 2 x 5 % + 2 x 5%) x 4,5€ /kg = 0,26 M€/pylône
soit 0,65 M€/km (treillis)
A 100 m de haut :
95 tonnes x (1 x 80% + 1.5 x 10% + 2 x 5% + 2 x 5%) x 4,5 €/kg = 0,5 M€/pylône
soit 1,2 M€/km (treillis)
Donc, une moyenne de environ 0,9 M€/km pour les pylônes en treillis (avec fondation et montage).
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