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H1.

Moments et actes fondateurs de la IIIe République (1880-1945) Activité 2


L’Affaire Dreyfus (1894-1906) : la contestation des valeurs républicaines

Consignes :
Etape 1. Relevez les arguments employés par les dreyfusards et identifiez les principes républicains
auxquels ils font référence.
Etape 2. Rédigez un paragraphe argumenté qui répond à la question suivante : en quoi les débats
autour de l’affaire Dreyfus sont-ils révélateurs d’une opposition de valeurs (entre républicains et
anti-républicains) à la fin du XIXe s. ?

DOC. 1. EMILE ZOLA, LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DOCUMENT 2. L’ENGAGEMENT D’UN UNIVERSITAIRE, 1898. 1898.
E. Zola est un écrivain et journaliste français. Il s’engage en H. Hauser, professeur à l’université de Clermont-Ferrand, explique
faveur de Dreyfus et relance l’ « Affaire » avec son article « pourquoi il demande la révision du procès de Dreyfus.
J’accuse ».
« … J’accuse le général Billot1 d’avoir eu entre les mains les « Ceux qui me connaissent savent assez que si j’ai signé les petits
preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir demandant la révision du procès Dreyfus, c’est pour obéir à un
étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse- impérieux devoir de conscience, en dehors de toute passion
humanité et de lèse-justice dans un but politique et pour religieuse ou politique….
sauver l’état-major compromis. Il ne s’agit ni de sa personne, ni du crime épouvantable dont on
J’accuse le général de Boisdeffre2 et le général Gonse3 de l’accuse. Il s’agit de la liberté individuelle de tous les citoyens, il
s’être rendus coupable du même crime, l’un sans doute par s’agit des formes tutélaires de la loi : la Révolution française nous
passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui les a données, on ne nous les arrachera pas. »
fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, l’inattaquable. …
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets Henri Hauser, Lettre adressée à L’Avenir du Puy-de-Dôme, janvier 1898.
Texte cité par E. de Haime, Les Faits acquis à l’histoire, Stock, 1898, p. 301
sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29
juillet 1881 qui punit les délits de diffamation. Et c’est
volontairement que je m’expose. … DOCUMENT 3. L’ANTISEMITISME DE LEON DAUDET
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Ministre de la Guerre Chef d’Etat major. Général de l’Armée L. Daudet est un écrivain et homme politique français, fondateur
Source : L’Aurore, Journal de Clémenceau, 13 Janvier 1898 avec C. Maurras du quotidien nationaliste l’Action française en
1908.
4. LE NATIONALISME DE BARRES
« Sur les débris de tant de croyances, une seule foi reste réelle et
M. Barrès est un écrivain et homme politique français, figure
sincère : celle qui sauvegarde notre race, notre langue, notre sang
de proue du nationalisme français.
et qui nous rend tous solidaires. Ces rangs serrés, ce sont les
« Les amis de Dreyfus, quelle présomption de sa culpabilité !
nôtres. Le misérable n’était pas Français. Nous l’avions tous
(…) Ils injurient tout ce qui nous est cher, notamment la patrie,
compris par son acte, par son allure, par son visage. »
l’armée …. Leur complot désarme et divise la France, et ils Source : Léon Daudet, Le Figaro, 6 janvier 1895
s’en réjouissent. Quand même leur client serait un innocent,
ils demeureraient des criminels. »
Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme, 1902
RESUME
En 1894, Alfred Dreyfus, capitaine dans l’armée française, juif alsacien, est condamné pour espionnage au profit de l’Allemagne suite à
l’interception d’un document prouvant qu’un officier français transmet des informations aux Allemands. Devant la nécessité de trouver
un coupable pour ne pas ternir l’honneur de l’armée, Dreyfus apparaît comme le coupable idéal, compte tenu de l’antisémitisme
régnant dans la France de l’époque. Il est condamné par un tribunal militaire pour haute trahison, dégradé et condamné à la déportation
à vie sur l’île du Diable en Guyane.
Il est pourtant innocent, ce que ces défenseurs parviennent à prouver en 1896, en démasquant le coupable, le commandant Esterhazy.
Ce dernier est cependant acquitté en 1898 par une justice militaire soucieuse de ne pas porter atteinte à la crédibilité de l’armée. C’est à
ce moment là que l’affaire judiciaire prend un tour politique et divise la France en deux camps : d’un côté les dreyfusards qui, au nom
des droits de l’homme, réclament la réhabilitation de Dreyfus, de l’autre, les antidreyfusards, souvent antisémites, pour qui la
préservation de l’honneur de l’armée vaut bien une erreur judiciaire.
CHRONOLOGIE
26 septembre 1894 : interception d’un document prouvant qu’un officier français transmet des informations à l’Allemagne.
22 décembre 1894 : Dreyfus est condamné par un tribunal militaire pour haute trahison à la déportation à vie sur l’île du Diable en
Guyane.
Septembre 1896 : le colonel Picquart prouve la culpabilité d’Esterhazy. Picquart est écarté et son adjoint, le commandant Henry, forge
un faux pour empêcher la révision du procès.
11 janvier 1898 : Esterhazy est acquitté par un conseil de guerre.
13 janvier 1898 : Emile Zola publie J’accuse.
30 août 1898 : Henry avoue avoir réalisé un faux et se suicide.
9 septembre 1898 : Dreyfus est rejugé et condamné à 10 ans de prison.
19 septembre 1899 : Le président de la République gracie Dreyfus.
12 juillet 1906 : la Cour de cassation réhabilite Dreyfus qui peut réintégrer l’armée.

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