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ROYAUME DU MAROC FORCES ARMEES

ROYALES FORCES ROYALES AIR ECOLE

ROYALE DE L’AIR

Résistance des Matériaux

Pr. Mustafa Benyoucef

Laboratoire LR2DS, Equipe Caractérisation et Modélisation des Matériaux


Innovants

Université Cadi Ayyad - Marrakech

Cycle Ingénieur Ecole Royale de l’air

Année universitaire : 2020 - 2021

Cours résistance des matériaux Mustafa Benyoucef


Chapitre 6
Contraintes – Déformations

I. Hypothèse sur la nature et le comportement des matériaux


Les relations entre contraintes et déformations portent le nom de lois de comportement. Elles sont
déterminées par le principe de superposition à partir de résultats expérimentaux simples.
Pour toutes les études que nous mènerons en résistance des matériaux (RdM ), nous nous plaçons dans
l’hypothèse des solides homogènes, isotropes et ne subissant que des déformations infiniment petites
(élasticité) proportionnalité entre contraintes de déformations dans le cas des matériaux usuels : Acier,
fontes, métaux et alliages...

Homogénéité
Un matériau est homogène s’il présente des propriétés constantes dans toute son étendue. Bien
sûr, l’homogénéité ne peut être dissociée de la notion d’échelle. En effet, un milieu, quel qu’il soit,
ne peut être considéré comme homogène qu’au dessus d’une certaine échelle dimensionnelle qui lui
est propre. Il peut être homogène à l’échelle macroscopique ou mesoscopique et hétérogène à l’échelle
microscopique (donner exemple).

Isotropie
Un matériau est dit isotrope s’il présente les mêmes propriétés dans toutes les directions de l’espace.
De même que l’homogénéité, l’isotropie n’apparaît qu’au-dessus d’une certaine échelle dimensionnelle :
par exemple, un polycristal formé d’un grand nombre de grains anisotropes disposés aléatoirement
paraît isotrope, à grande échelle.

Élasticité linéaire
Un matériau est dit élastique s’il retrouve entièrement sa forme ou son volume après suppression
des sollicitations qui lui sont appliquées. Cette notion est implicitement liée à la réversibilité totale et
au fait qu’au cours du chargement et du déchargement le matériau ne dissipe aucune énergie. Cela
veut dire que lors du chargement, le chemin suivi sera le même que lors de la décharge. L’état actuel
du matériau ne dépend donc que des charges appliquées à l’instant considéré et non du chemin suivi.

II. Bases expérimentales du Comportement mécanique des matériaux


Principe de superposition
Si n systèmes d’actions extérieures indépendants produisent séparément des déformations élastiques
et des contraintes. Leur application simultanée ou successive dans un ordre quelconque (à condition
de rester dans le domaine élastique) produit des déformations élastiques et des contraintes qui seront
les sommes géométriques des déformations et des contraintes prises séparément.

1
II.1 Essai de traction
Lorsqu’on désire examiner les propriétés mécaniques d’un matériau, on réalise un ensemble d’essais
mécaniques simples tels que la traction, la compression, la flexion, la torsion ou le cisaillement. Pour
cela, on prélève au sein du matériau une éprouvette (échantillon sur lequel on effectue le test). Pour que
les essais soient reproductibles et comparables entre les différents expérimentateurs, ces éprouvettes
doivent respecter des géométries et des dimensions bien spécifiques. La figure 6-1 donne un exemple
d’éprouvette utilisée en traction.

Lors d’un essai de traction, l’éprouvette est tenue en deux points par une pince ou un crochet (Figure 6-
~ Y
1a et 6-2). On choisit au centre de l’éprouvette le repère principal (O, X, ~ ) tel que X
~ Q F~ . L’éprouvette
étirée à vitesse constante, subit un allongement εX ou εl (déformation longitudinale) dans la direction
~ et une contraction εy ou εt (déformation transversale) dans la direction perpendiculaire (O, Y
(O, X) ~)
proportionnelle à l’allongement suivant (O, ~x) .

σX = EεX [6 − 1]

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εY = −νεX [6 − 2]
Les constantes E et ν sont caractéristiques du matériau. Cette loi reste valable en compression en
tenant compte que εX et εy sont de signes opposés.
F orce
E est le module d’élasticité longitudinal ou module d’Young [E] = Surf ace = M P a
ν est le coefficient de Poisson (sans dimension) avec 0 < ν < 0.3. Le tableau 6-1 donne quelques
valeurs de E et ν pour quelques matériaux.

Tableau 6-1 : valeurs de E et ν pour quelques matériaux

Au-delà du point A le matériau se déforme de façon plastique, c’est-à-dire de manière irréversible.


Lorsque la charge FS devient importante, la déformation se concentre dans une zone. IL y a striction
puis séparation de l’éprouvette en deux morceaux

Figure 6-3 : Striction d’une éprouvette

II.2 Traction ou compression suivant deux directions perpendiculaires


Considérons une plaque rectangulaire, d’épaisseur unité, soumise à une traction (compression)
~ et une traction (compression) parallèlement à l’axe principal
parallèlement à l’axe principal (O, X
~
(O, Y )(figure 6-5) :
Déformations dues à F~1
(
~ : ε1x = σx
(O, X) E
~ ) : ε1y = −νε1x = −ν σx
(O, Y [6 − 3]
E

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Déformations dues à F~2
σ
(
~ : ε2x = −νε2y = −ν y
(O, X) E
~ ) : ε2y = σy
(O, Y [6 − 4]
E

Appliquons le principe de superposition :


(
~ : εx = ε1x + ε2x = σx − ν σY
(O, X) E E
~ ) : εy = ε1y + ε2y = −ν σx + σy
(O, Y [6 − 5]
E E

Ou encore 
1
 εx = E (σx − νσy )

1
εy = E (σy − νσx )
[6 − 6]

II.3 Cisaillement pur


~
On applique à la plaque précédente une traction σX suivant (O, X)et une compression σY suivant
~
(O, Y ) (figure 6-6) on a donc σX = −σY = τ . D’après la relation [4-30] :
]

" #
~ ~n) = σn = σX +σ
2
Y
+ σX −σ
2
Y
cos(2φ)
Σ(M, σX −σY
τnt = 2 sin(2φ)

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On obtient un état de cisaillement pur sur les facettes orientées de ± π4 par rapport aux directions de
chargement :
pour + π4 : " #
P ~ 0
(M, ~n1) =
τn1t1 = −τ

pour − π4 : " #
P ~ 0
(M, ~n2) =
τn2t2 = τ

Figure 6-6 : Plaque rectangulaire soumise à l’action combinée d’une traction et d’une compression
orthogonales

Considérons à l’intérieur de la plaque un carré élémentaire ABCD de centre O et dont les faces sont
inclinée de − π4 par rapport aux directions principales. Ce carré est en équilibre uniquement sous l’effet
des efforts de cohésion tangentiels, il subit les déformations schématisées sur la figure 6-7.
0
"
−OA
εx = OAOA = E1 (σx − νσy ) = Eτ (1 + ν)
OB 0 −OB
εy = OB = E1 (σy − νσx ) = − Eτ (1 + ν)

D’autre part
γ
0 0 OA0 π γ 1+ 2
tg(B O, B A) = = tg( + ) ' γ
OB 0 4 2 1− 2
or γ ⇒ tg( γ2 ) = γ2 , si a désigne les cotés du carré et du losange on aura :
τ
OA0 = a(1 + (1 + ν))
E
et
τ
OB 0 = a(1 + (1 − ν))
E
γ
1+ 2 1 + Eτ (1 + ν))
⇒ γ =
1− 2 1 − Eτ (1 + ν))
On déduit alors :
γ
= τ E(1 + ν)
2
En posant :
E
G=
2(1 + ν)

Cours résistance des matériaux 5 Mustafa Benyoucef


On aura :
τ = Gγ [6 − 8]

La grandeur G, caractéristique du matériau, est le module d’élasticité transversal ou module d’élasticité


en cisaillement ou encore module de Coulomb. Les dimensions de G[G] = [M P a].
L’expression [6-8] définit la loi de Hooke élémentaire relative aux contraintes tangentielles.

III. Loi de Hooke généralisée


Considérons un cube élémentaire soumis à des sollicitations de traction et de compression suivant
les trois normales aux faces. La de Hooke généralisée à trois dimensions s’obtient en appliquant le
principe de superposition :

1 τxy
x = [σx − ν(σy + σz )] γxy =
E G
1 τxy
y = [σy − ν(σz + σx )] γyz = [6 − 9]
E G
1 τxy
z = E [σz − ν(σx + σy )] γzx =
G

σx = 2µεx + λ(εx + εy + εz ) τxy = Gγxy

σy = 2µεy + λ(εx + εy + εz ) τyz = Gγyz [6 − 10]

σz = 2µεz + λ(εx + εy + εz ) τzx = Gγzx

Cours résistance des matériaux 6 Mustafa Benyoucef


E Eν
µ= 2(1+ν) et λ= (1+ν)(1−2ν)

λ et µ(µ = G) sont appelés les coefficients de Lamé :[λ] = [µ] = M P a

IV. Problèmes particuliers de l’élasticité


Les problèmes posés par l’industrie sont en général complexes, mais dans beaucoup de situations
on utilise l’approximation à état plane ou à symétrie à révolution.

IV.1 Etat plane


Contraintes planes
On se place dans le repère (R, O, e~x , e~y , e~z ) la matrice de contrainte prend la forme :
 
hX i σx τxy 0
(M ) =  τyx σy 0  [6 − 11]
 
0 0 0

σx , σy , σz , τxy , τyz sont indépendants de z, la direction Oz est direction principale.

Lois de comportement

1 τxy
εx = (σx − νσy ) γxy =
E G
1 [6 − 12]
εy = (σy − νσx ) γyz = 0
E
−ν −ν
εz = E (σx + σy ) = 1−ν (εx + εy ) γzx = 0

Les relations inverses

E
σx = (ε
1−ν 2 x
+ νεy ) τxy = Gγxy

E
σy = (ε
1−ν 2 y
+ νεx ) τyz = 0 [6 − 13]

σz = 0 τzx = 0

Ecriture matricielle

1 ν 0
    
σx εx
    
 
  E  ν 1 0 

 σy  =   εy  [6 − 14]
   
1 − ν2   
    
1−ν 
   
σz 0 0 εz
2

Cet état de contraintes convient aux plaques minces sollicitées dans leurs plans, le plan (O, ~ex , ~ey ) est
le plan moyen de la plaque.

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Déformation plane par rapport au plan (O, ~ex , ~ey )
−−−→0
Dans le repère R(O, ~ex , ~ey , ~ez ) lié au solide le vecteur déplacement M M est de la forme :
 
−−−→0  u = u(x, y) 
M M  ν = ν(x, y)  [6 − 15]
ω=0

Loi de Comportement

1 τxy
x = [σx − ν(σy + σz )] γxy =
E G
1 [6 − 16]
y = [σy − ν(σz + σx )] γyz = 0
E

z = σz − ν(σx + σy )] γzx = 0

En éliminant ν(σx + σy )]

1+ν τxy
εx = [(1 − ν)σx − νσy ] γxy =
E G
[6 − 17]
1+ν
εy = [(1 − ν)σy − νσx ]
E

L’inversion des relations [6-17] donne :

E
σx = [(1 − ν)εx + νεy ] τxy = Gγxy
(1 + ν)(1 − 2ν)

E [6 − 18]
σy = [(1 − ν)εy + νεx )] τyz = 0
(1 + ν)(1 − 2ν)

σz = ν(σx + σy ) = λ(εx + εy ) τzx = 0

Ecriture matricielle
    
σx λ + 2µ λ 0 εx
    
    
 σy = λ λ + 2µ 0   εy [6 − 19]
    

    
    
σz 0 0 µ γxy

~
Cette approximation s’applique au cas d’un cylindre d’axe (O, Z)très long dont les bases sont fixes et
~ .
soumis à des forces indépendantes de la cote z et normales à l’axe (O, Z)

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