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La Revue hebdomadaire :

romans, histoire, voyages

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. La Revue hebdomadaire : romans, histoire, voyages. 1937-11-13.

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£3.novembre iâSf
LA REVUE
HEBDOMADAIRE
Fondée par Pion-Nourrît et C"

Dl)p(~T:È$|fe:-:,'•¥ RÀNÇOIS ht ÔÏIÏ2C

S, RUE GARANCIÈRE, PARU (6e)


GOYA
PIÈCE EN QUATRE ACTES

PERSONNAGES
GOYA.
L'EMPEREUR NAPOLÉON Ier.
CARLOS IV, roi d'Espagne.
JOSEPH, roi d'Espagne.
GODOY, duc de l'Àlcudia.
LE COMTE D'ARANDA, ministre d'État.
LE COMTE DE LAFOREST. ambassadeur deFrance àMadrid.
LE CHEVALIER D'OCARIZ, envoyé d'Espagne à Paris,
ANTONIO DE BRUGADA. peintre, ami de Goya.
MARIANO. neveu dé Goya.
AGUSTIN, domestique du palais.
LE COLONEL MARBOT.
LE MAJORDOME DU PALAIS.
COSTILLARES, i
j tOTer°S-
,
ROMERO, -

POSTILLONS.
GRENADIERS.
UN CURÉ.
MARIA LUISA, reine d'Espagne.
LA DUCHESSE D'ALBE.
LA DUCHESSE DE BENAVENTE.
MARIA DE LA LUZ., petite négresse de la duchesse d'Albe.
i34>r;'— :;- ::::-^'-^QOYA

.- PREMIER ACTE

En décembre 1792,, à Madrid, Manuel Godoy, duc de


l'Alcudia, donne dans son palais, un bal de fin d'année
au roi Carlos IV et à la reine Maria-Luisa. Le jeune favori
-— il a vingt-cinq ans — vient d'être nommé premier
ministre : il est dans l'éclat de sa jeunesse, de son triomphe.
Mais, sur cette allégresse, sur toutes ces têtes joyeuses,
encore brillantes de. la poudre blanche du dix-huitième siècle
finissant, les nuages qui montent à l'horizon de France
viennent poser une ombre sanglante... 'Sur les hommes
d'Etat et sur les mondains, sur ceux qui savent et sur ceux
qui ne savent pas, conscients ou inconscients, l'Inquiétude
plane. L'Inquiétude de la Grande Révolution, inaugurant
un monde nouveau.
Mais en cette fête troublée par une sourde angoisse^
un homme accomplit le miracle de ramener, au moins pour
quelques heures,l'insouciance du bonheur. Auprès du triom-
phateur politique,.niais qui n'échappe pas aux soucis du
pouvoir, il se dresse, lui, cet homme, comme le triomphateur
de l'Art. De ses sommets resplendissants et purs, l'homme
débordant de force, le créateur de beauté, tout rempli d'opti-
misme, apportera avec lui, par,sa seule présence, un souffle
vif de joie comme lorsque, sur les mers d'Espagne, le veh%^
venu des monts sereins, fait naître d'innombrables sourifësX ;

SCÈNE I :-.'v.;;:
,

Les salons de réception du palais de. Godoy, brillamment


éclairés pour le bal. Le devant de la scène représenté'iM:i:
salon plus petit oit, le duçdeVAlcufàq,rencost4^e$eï
'cour, va et vient avec un air préoccupé. Èdns les

salons du fond il y à déjà quelques invités-et desmusiques.
GOYÀ 135

GODOY ET UN DOMESTIQUE, grande livrée.

GODOY (appelant). — Agustin!


AGUSTIN (approchant).
— Excellence...
GODOY, — As-tu été prendre des nouvelles de M. de
Goya?
AGUSTIN. •— Oui,' Excellence, cet après-midi même.
GODOY. — Eb bien, comment va-t-il?
AGUSTIN. — Beaucoup mieux, Excellence, il s'est levé
aujourd'hui.
GODOY. — Viendra-t-il ce soir?
AGUSTIN.
— Il m'a dit qu'il ferait son possible.
GODOY. — Il faut qu'il vienne ! Retourne chez lui.
Prends une voiture. Ramène-le.
AGUSTIN. —Bien, Excellence.
(IlTsoriJy-:':f:\
(Godoy. seul, prèoàmpé.).--.-.,
GODOY. — Il faut que Goya vienne...[7fc;i7;'-'^77;
(Entreunvalet;), -
LE VALET. — Excellence, M. le chevalier d'Ocariz est,
là et demande à être reçu. ''77-\ i. v
GODOY. — Ocariz! oui, oui,"qu'ilentreI :'V;.^;v7\''''C'77

(Entre Ocariz. Il est en costiinieMe voyagé^


botté, poussiéreux. Il porte "sur son yi-J
sage tiré les traces de la .fatigue^ et }de;:
l'angoisse. — Godoy va ait-dëvànt de
lui avec animation:) :'-;7;:

GODOY. — Cher Ocariz! Tu arrives de Parisî..7:


OCARIZ. — A l'instant même, Excellehcé75" 77' '7'
GODOY (anxieusement); — Eh bien ! quelles .nbu->
velles?... 7-77
OCARIZ... Oh! terribles, terribles, Excellence.

GODOY. — Mon Dieu! parle... -%?'H :7'v'
;tg6;'V: GOYA

OCARIZ (lentement, gravement, en scandant les mots


comme un halluciné). —La Convention a décrété l'accu-
sation du roi Louis XVI et qu'il sera jugé par elle.
GODOY (atterré). — C'en est donc fait !... (Long silence
des deux hommes.) Alors, lu n'as rien pu !... Et les millions
distraits à grand'peine de notre pauvre trésor?...
OCARIZ. — Ah ! Excellence, vous ne pouvez pas sa-
voir.. un peu de sel jeté dans la nier, un morceau de
plomb dans, une fournaisf; une fumée dans la tempête...
Non, quand on n'a pas vu, on ne petit pas savoir... Le
beau et doux royaume de France; ce vaste et profond
jardin qui embaumait et enchantait le monde..., une
horde de sangliers sortis tout à coup d'on ne sait quels
repaires a tout piétiné, détruit... Et s'il ne s'agissait
que de fleurs!... Mais la sève humaine, le-sang, a déjà
coulé à flots, et ses sources ne font que de s'ouvrir...
GODOY. —» Mais cet argent a-t-il été distribué, ac-
cepté? Il semble que cette tourbe doive être essentielle-
ment corruptible?
OCARIZ. — Oui, il a été non seulement accepté, mais
aspiré comme une pierre par le vide- Mais le résul-
tat!... A des hommes qui renversent un ordre de
choses — nous pouvons encore dire, nous autres, l'Ordre
des Choses, l'Ordre divin, n'est-ce pas, monsieur le duc?...
à
— ces hommes peut-on demander dé respecter la logique
de notre vieil honneur, de notre vieme morale?... Car, à qui
vient de la-bas ces concepts semblent déjà bien vétustés,
pour ne pas dire morts...
GoDOY. — Il est vrai, chevalier, que tu semblés revenir
d'un autre monde... Maig quels sont ces traîtres?
OCARIZ. — Oh ! il ne s'agissait pas d'approcher les
grands fauves, ni d'oser rien leur présenter à travers les
barreaux de leur incorruptibilité... Alors je m'adressai
à ce que j'appellerai un valet de ménagerie, personnage
intermédiaires entre le public et les fauves, et les appro-
chant tous les deux... un de ces personnages à la fois impor-
GOYA 137
tants et -obscurs, d'autant plus remuants et actifs qu'ils
restent dans la foule sans pouvoir en sortir. Je m'abouchai
donc avec un conventionnel nommé Chabot, qui était
un moine défroqué. Malgré l'horreur qu'aurait du m'ins-
pirer ce renégat, son ancien caractère — il avait été prêtre
— m'en imposa. Malgré aussi un extérieur d'une négli-
gence horrible, il avait conservé, de sa formation pre-
mière, un reste d'humanisme, qui pouvait ressembler à
une sorte d'humanité. On disait que, pendant les journées
du 10 août et du 2 septembre, il. avait arraché des prêtres
à la mort. Enfin, parmi ces monstres, il me parut moins
monstre que les autres...
GODOY.
— II l'était sans doute davantage.,.
OCARIZ. — Oui. Pour-qui a trahi Dieu, il n'est plus
de crimes. Il parut entrer dans mes vues ; il prit l'argent,
me promit que la motion où j'implorais l'Assemblée,
au nom de mon gouvernement, d'avoir pitié d'un prince
connu au moins pour la dignité de son caractère, sa bonté,
sa douceur, serait lue à la tribune. Elle le fut en
effet:
GODOY. — Tu assistais à la séance?
OCARIZ.
— Pendant ce terrible décembre, je ne suis
pas sorti du cercle infernal, et 3 'y étais seul !...
GODOY. Courageux Ocariz ! Et l'Angleterre, l'Au-
. —
triche, la Prusse?...
OCARIZ.
— Le silence des rois fut si profond qu'il sur-
prit les révolutionnaires eux-mêmes et le conventionnel
Salles émit cette proposition hardie : « Croirons-nous,
parce qu'ils se taisent, qu'ils soient indifférents au sort
d'un de leurs semblables? Non, ils ont des vues plus pro-
fondes. Ce n'est pas Louis qu'ils veulent sauver, c'est la
royauté. Le supplice de Louis est nécessaire à leur sys-
tème. Ils veulent sa mort ! »
GODOY. *— Comment venir à bout de ces sophistes?
.
OCARIZ.
— Qu'on parle ou qu'on se taise, c'était la
mort ! Et pourtant ma lettre fut lue !...
î3& "777;77 7-'fipYÀ!:77 7;'7s*7^ yy "'-\7 ,; >;
GODOY.— Lâ-mônarchie espagnole auraT sauvé"l'hon-
neur des rois...
OCARIZ.
— La Convention siégeait en permanence. Le:
soir était venu.La salle bouillonnait et semblait prête à,
éclater comme une chaudière surchauffée..:. On pariâity
onchantait, on? buvait; on mangeait, ordonnait... J'en
ai vu vomissant dans les coins,' épuisés-de -fatigue ou :

d'ivresse... Il y avait le clan des Robespierre, des Saint-:


Just, des Barrère, des Vergniaud, pâles et froids comme
le couperet ; il y avait le clan des Marat, des Danton, des
Chabot, des Fouquier, bouillants, agités comme le sang.
Mais ils étaient tous d'accord lorsque.le sort du roi
venait en discussion. Comment est-ce que la motion du
roi Carlos fut lue et entendue daris cet orage? Un foi
parlait... Peut-être eurent-ils la curiosité, la 'coquetterie
de l'écouter, une dernière fois... Mais, sitôtia lecture ter-
-

minée, — et pourtant qu'en termes modérés je deman-


dais,non pas justice, mais seulement pitié ! — Robespierre
s'élança à la tribune comme un trait d'acier projeté par
tous ces nerfs tendus à se briser... Que dit-il? Je ne me
souviens que de phrases hachées, dans le tumulte, comme L

d'éclairs dans le tonnerre : « Tyrannie des brigands


....
couronnés... le Sénat romain... nous ne traitons qu'avec 5
les peuples... la clémence qui compose avec là tyrairriie:
est barbare... les vainqueurs de Jemmapes... » Dans la
foule hurlante des députés j'aperçus le défroqué Chabot,
plus horrible que jamais, hirsute, dépenaillé, rouge et
suant la haine... Il m'aperçut dans la tribune et son
masque, à l'instant, se contracta dans une grimace féroce, :

sa bouche tordue dans l'injure vomit vers moi : « Mort


aux-Bourbons ! Mort aux Bourbons!... » et, saisissant,,
dans la poche de sa. veste en haillons une poignée d'or,!
— mon or — il le jeta à la volée dans ma direction.;»-';.:
Alors, je m'en allai,' je sortis, j'errai longtemps dans
Paris, sans pensées, épuisé, vaincu...
GODOY.—Vaincu...
GOYA 139
(On frappe à la porte. Godoy va ouvrir -lui-même
et fait entrer Agustin.)

7ft7i7 7.777'777-
Ù.^!<^^o^':'^::Sli\îxéÀf.^^^eùt- se porte Goya? Vien-
:^a7fc-il?7777v6;C ..-.
::7;:AGifôTïN.;:;-^Mv désGoya^e sent beaucoup mieux. Il
Sm^â; chargé de; dirèjà:;m.(^ièu|le duc que le désir de mon-
Ysieuf;' lèSducTravail ::ètitierement guéri et qu'il viendra
-sans f^teJàn.bal:dé :çe ;Soirv: v'
7: ;GODOY.:—-:-Merci," A^stin.; J'en suis bien aise... Ex-
-cûsëz-moi^fcheri;<^valier,vjeiyôudrais que cette fête que
l2¥^^WP-^^z^^T^^i&^'0^n^e (car quelle sera celle
':qui;vient?;,),;77 "7777''7
% V'OCARIZ./jfWOjoi.:,ï quelï&sëra-t-elle?
^i-GoboY. —T-tî;.:?;je: voudrais"que cette fête fût toute
joyèuséy sâ^^r^ré,".,.:Nôfeë;,.exçellent monarque n'a déjà
;:i^ê;;tfpp;:€ë 'sbuçis^trop ^'ïStijets d'inquiétude et, avec
sa ;grahde; finesse, avec son sens profond des affaires —
;
:
^tràp/meconmis!—-..ilvoitflë; danger universel de cette
révolution: frar^aise.:..;vMâis,H;ce soir, encore une fois, je
:/;Soeux;qu;iLy ;^
trê^ë pbur'Mij;pour la reine, pour tous,
èt7quê là fêtépsôit::»splèndiâe7. Or il n'y a pas de fête
splendide sans; ,Gôya7. Leriôhnais-tu?
-"OCARIZ. —':Nbn^Exce]l&c'e. Je vis si peu à Madrid!...
GODOY.
— Le roi Ta Sommé premier peintre de la
Chambre. C'est Tin.;gaiÇpïtfpî^n de talent. Il a peint des
cartons pour ndt^yin^ûfaG|ure de tapisseries, qui sont
d'une fantaisie, exquise j et.sa décoration de la Folie des
ducs d'Osuna7est une pure merveille... cela rappelle
Watteau. Mals].ii^0iitj'^a^;iin entrain endiablé, et nos
duchesses raffolent: de >!ûi77Âh voici nos premiers in-
!

vités... 777''.'-''. '-: 7:7:77'''


OCARIZ. —Je demanderai à Votre Excellence la per-
mission de me retirer, 7
.
140 GOYA

GODOY.
— Quoi, chevalier?
OCARIZ.
— Cette tenue de voyage...
GODOY. — Cher Ocariz, allez en changer et revenez ; je
tiendrais beaucoup...
ï OCARIZ. — Votre Excellence voudra bien m'excuser,...
Ma présence dans cette fête ferait un pendant fâcheux
à celle du joyeux Goya. Et vis-à-vis. de :Sa Majesté et;-
de tout ce monde, j'aurais peine à feindre l'insouciance
et la gaieté...
-GODOY. —- Je comprends... Cher cheyâher, vous vous
êtes conduit en Espagnol, en homme. Vous savez mon
amitié. Comptez sur ma reconnaissance. Mais encore un ;:
:mot avant de nous séparer : pour lutter contre cette •
;

Révolution menaçante, pour écarter ce fléau, l'or est;


donc impuissant?
OCARIZ.
— Je le crois.
GODOY.
— Quand l'or ne suffit pas, il faut donc em-|
ployer le fer...
OCARIZ. — La guerre, alors?
— Oui, la.guerre... Qu'en pensez-vous?
-.;.
GODOY.
OCARIZ. (avec une hésitation, avec un trouble ^profondrl
qui a,pparaissent dans ses yeux encore tout pleins du spéo-j
:
tacle de la Convention...). — La guerre?... Je ne sais?
pas... Pardonnez-moi... Adieu, Excellence.., (Il sort.)
GODOY. — Dans le regard de cet homme, il y a Ta
défaite...

GODOY, LA DUCHESSE D'ALBE, puis LA DUCHESSE


DE BENAVENTE.

(Entre la duchesse d'Albe dans tout l'éclat de sa jeu-;,


nesse, de sa beauté, et telle que l'a peinte souventL
Goya à..cette époque : elle a trente ans.)
,
GODOY (s'inclinant).
— Madaïhe la duçhesseyCQmmç
c'est aimable..,
.
GOYA 141
L'ALBE. — Mon cher duc... (Viveme$tJ^^$^^;4p&:
vous avez invité Costillarès... 7-;;777' ":-;- '-7';--

GODOY.
— Madame la duchesse, je n?y:ai:;pasinan-
qué... 7;7 ;,
L'ALBE. —Ah ! la Benavente... •-'-;'.:
(Entre la duchesse de Benavente. Godoy va
au-devant d'elle;.):;:/;;;77''
GODOY. — Madame la duchesse. (n:s'mçlinë.'Èaiséf::
mains.) ''',;; ''.'.
LA BENAVENTE. — Cher duc,... j'espère que vous
avez invité Romero?...
GODOY. — Madame la duchesse, je n'aurais eu îgàrde
de l'oublier... 7;'''.;.;
(Les deux duchesses vont aUrdé0ni:VUne de-
*

l'autre et s'embrassent}.) :

LA BENAVENTE. — Chère Cayetana, qqand;es-tu ren-


trée de Séville? ^
7;J
L'ALBE. •— Hier, chérie. Un séjour exquis. J'ai passé :
,

mon temps avec les toreros. 7;>77:


LA BENAVENTE. — Quoi de nouveau:$?& la: 'sâisori-:
prochaine? 77:
L'ALBE. — Une grande nouveauté ! Figure-toi que
Costillarès a inventé une nouvelle manièje'rdé tuer, une
nouvelle passe de cape...
LA BENAVENTE. — Comment?...
GODOY.
— Mesdames, veuillez avoir la bç^e7dërnjex-;
cuser, des devoù's m'appellent...
L'ALBE ET LA BENAVENTE (ncgligemmeiitp —- Allez,-
allez...
(Godoy va dans les salons -du/fond-, parmi :
la foule des invités.) ,.'
L'ALBE. — Il n'a pas l'air très andonaâo; çë rnignôn.,.
LA BENAVENTE. — Tu ne crois pas si bîênïîioe, CàyeWJ
tana, il paraît qu'il veut supprimer les courses... 7
L'ALBE (riant). — Ah! Ah! An!... MV;Te Premier
142--. :;:;" GOYA/:// .: :7/'~/:
jypnistreîaf^iitrè^fis.de^ srérp|ah^r/:ïEspaghéj.77pâArVre
:peti;Ê1!f.£7':.;7^
Nous Savons:, toutes pourvoi la- ;
;LÀ7BENAVENTE. ;—- :
-,
reine a faitde ce joli garçon ûh-premiefmmistrë;..;.;Mâis:'
le roi?... 77-7,.:
L'ALBE. — Le roi? Quand on: a passé sa jeunesse à ;
s'entendre dire par son propre-père ; ft'T^is^Qi,/Çà/ri6s,:/
tu n'es.qu'une bête.;. ». 7/7. 7.7.-,//7'/7/7-/-i--.::..
:

-' ';. LA^BENÂV'ENTÉ; : —-"On •c^&tînjjï'è-';âï_s'é;j.^^"e>y1^


L'ALBE. -— et a n'être-qù'ime;;bêfe.7 7 /: 7S';
.;. \
:; LÀ BENAVENTE. — Mais laissons ilà^ces/riâiGulès...:
Parle-moi plutôt de Costillarès/et de ses inventions....
L'ALBE. "'—'.Oh ! chérie ! me-merveille ! Une révolu-
tion dans l'art de tuer. /;.. 7'/.'*-;./.:,./-:
LA BENAVENTE.
— Je h'âiiite:;p.as:beàuçoiip71es;réyo-:
lÛrioris7: nulle, part..:.'.. [' ''"'^f;^ :'J:- ' '• t::-.\:;^'' V^:,(:f^i
^L'ALBE. —-Mettons que ce soit/une décpuyerte.i^si
tu as peur des-mots... .:V

LA BENAVENTE. — Eh bien/! qu'est-ce que c'est? - 1


:

L'ALBE. — Le « vplapië »...-~; au moment de Tèstdcadej


Ta matador, au lieu de citer i\et de- recevoir le toro, va
:
;
à sa rencontre et entre dans les cornes...':':// /: 7//'.'"
7' LA/BÈNAVËNTË,'-— QueTest fe progrès ?7;:; 7-s ,7>'/.7:
":.'r L'ALBE.
— De tuervite etWen n'importe,qiieltord;..-
LÀ BENAVENTE.— Plus de,mauvais tpros ! Invention/:
merveilleuse en effet TOD Cp.stiuafès est dëcidemèht un
!

grand homme... :/'.--./:.-//.


/ (Pendant ces dernières répljqueSi les tofëros.Gpsiihl
-
'.. '/., larès\WJvsé"Roméi'o:^;'su^efMp
'/• arrivés iras dessinï'irtis dessousi:jà la^^porie 'iM'
salon où causent et'discutent les].deux, duchesses.
Mais, comprenant qu'on,parle d'eux,'ïls 'sésont
arrêtés à la porte auprès'd'une grande-draperié.
derrière IçiquelU ils se.::âissimulën^
;. aperçus, du public. F'endwnt toute .cette-scjmë^àk.
7.7."-:/-::-' .-:/;.7/: TGOYA/'-.-:7-\/.'•- :: -Î43.,
Jt^^^les
.

..^.;^:.^ pareille,feront mie;:


:- ;i:,:^:-:plaisjmte.inïimqûe,) /"..--'-.. ..-/'.//::;.-'
VL^J^jÉ.^^;.ÉÏ7saJnpuyeIlé'- passe .dé cape, à; deux
:ihàinëi le: manteâu/dépliê face au toro...ïl â/npmmé-Cela.';
/.^/à/la/yerphi^e; ;77:./:/7;.:/7777/.
7LA/BENÀvENTEifriarërironiquement).' '-7; Ah/! .Ah/!/..;
de/plus: curieux enplus ;cûrieûx... à deux'.mains/..^JSïéiT
câché-derrière, laïça£è;.7:maintenant on vatâuréf sousje:
manteau..; Il me sëmble-que CpStillarès devieïit prudent/
ayeç/£âge! Et, par/dessus.le marché, uVrnet; ses trou--:
;yailles; spus:la;protëcïipn des:saints !..,/Cpmme;celava;;âû/:
.

;:plaif^&;Sévl31èl.',;.;/:77/.77/:';//:,. •::-'; /./:


/ ; L'ALBE/ —- Tu/ne^yas pas'contester son courage:!.,;.;:-/
/ -/LÀ/BENAyENTE :(hiiûssqnt lès épaules).. >—?. Il ne s'agit ;
/pas/dç; corn'âge.;.;Oîi::iie:dpit;pas plus parler/de/cpurage
pour:;un/tprerd que,:pô/ur un soldât, que.ppuf.mhpriune,;
tout-Mn^leme^^ !... .Ppm/.ïes^maltre's,:/
il/s^git/de: l'art..71%r.t/de ïa/guerre, l'art taurPmachique^>;
/Romerô/cprmaît:SQ&!aft, il n'a pas besoin d'inventer-de;
.nouvelles passés/pour: les .niauvais toros.../Avec lui,../le"--
-Spectacle èsitoujoûrs/ibean, ettoujours bon, .parce/qu'il;
/saitj7/,/f ':,,...7,'..-/777.7i/7''-':; ;:- -::.:;•././''://-'.
...;
•7",/L'ALBE,. -—/Savoir,;!a;Et, sil'pn ne plaît/pas?./.lls'agit-
:de/plane;-Romêra iâiï;-/îffiis/Costillarès plaît...
.

LÀ-KENAVENTEV^-Sensuelle!.... Il plait au peuplé,/ .

,qui' ne comprend rien;../On ne T'applaudit .qu'au soleil,..


-:.l:ÎJÂJJËÊ.:~ Bon...;/renonçons au, soleil/età-Cpstillafês,
et ne/gardons quë/ïtemeïp/et l'ombre... Cela ne;sërà,pas
:
trfiS'::gâi,vinais:/la. :,steiêrïGê7l^mtelligèncë as:s^i;tf^^0^î :

;- LÀTBENÀVENTE;
7-,/Ma,pauvre Cayetanà-: tu /deviens.9
de-phis en;plus « peuple »!... Il paraît que,,l'autre: jpur,
tu as; embrassé sur ; lès /deux joues un, affreux'càpùciri,
borgne.et boiteux, pajrcé .qtfii/ayait-;sàuvë:.ïin.''VèiÈLÙ;'';4uï'-:-
7§ë/;ndya|t.,.;-', 77,7777';;7./-;
' '
:'-/77;7::-77;,;/'77:'
144 GOYA
L'ALBE (sérieuse et rêveuse tout à coup). '—•/Oui,- c'est
vrai, et si c'était à refaire, je le referais...
LÀ BENAVENTE. —- Tu es folle ! Tu perds ta dignité !
L'ALBE. — Folle, peut-être, ô très sage, mais ma
dignité... la duchesse d'Albe ne la perd ni pour cela, ni
pour beaucoup plus... ....'„,..
LA BENAVENTE (vivement). — Enfin, tout cela n'em-
.

pêche pas que Romero...


L'ALBE. — Et moi je t'affirme que Costillarès,..
(A ce moment les deux maestros se décident à sortir
de leur cachette et ils s'avancent vers les duchesses
avec force saints et courbettes.)
_ ENSEMBLE. — Madame la duchesse! Madame la du-
chesse ! Nous vous en prions ! Nous vous en supplions !
Par la Vierge de l'Espérance! Parla sainte Macarena!
Il faut aux toros du soleil et de l'ombre! Et nous vous
jurons qu'ombre et soleil s'entendront fort bien....
LA BENAVENTE. •— Ah! les canailles! ils étaient ca-
chés, ils ont tout entendu... (A part.) Ils ont bien raison,,
sommes-nous bêtes!... (A la duchesse d'Albe.) Chère
Cayetana, j'ai été un peu vive... Pardonne-moi...
L'ALBE. — De tout coeur, chère... (Elles s'embrassent.)
Et maintenant allons danser avec le soleil et l'ombre ;
comment les séparer!... Maîtres, suivez-nous. -
LES DEUX MATADORS' —• Comme vos ombres, ô so-
' leils...
(Les deux duchesses se tenant par le bras, suivies,
des deux diestros, vont vers le fond, et tout en
marchant échangent les'répliques suivantes.)
LA BENAVENTA. — As-tu vu mon portrait par Goya?
Une merveille...
L'ALBE. — Et le mien?
COSTILLARÈS.
,— Et le mien !
ROMERO. -- Et le mien |
LA BENAVENTE. — Viendra-t-il ce soir?
GOYA I45
L'ALBE.-.— Je l'espère bien.
COSTILLARÈS. — Moi aussi!
ROMERO. Moi aussi !

(Au moment ok ils vont sortir la grande porte de
droite s'ouvre à deux battants et on annonce Leurs
Majestés qui entrent, précédées dé laquais avec des >
,

flambeaux. Godoy s'empresse àu-dëvantd'.Elles,


suivi, à distance, par la foule des invités., Révé-
rences. Sahtls, Baise-mains. La reine, avec .son
air maussade, a tout de suite-remarqué le groupe
des duchesses et des toreros; et, de maussade, sa
physimiomie est devenue tout à fait renfrognée.)
-

LE ROI CARLOS IV, LA REINE MARIÀ^UÏSA,/ '

GODOY, LE COMTE D'ARANDA. 7/


(La foule des invités, après les salufs d'usage,,se
retire et s'écoule dans les salons, laissant seuls,
dans le salon du devant les personnages ci-dessus,)
LE ROI (à Godoy). — Cher Manuel, quelle: belle: fête
tu donnes à ton roi!... //-/
LA REINE (regardant avec humeur du côté de la. duchesse.
d'Albe et des toreros). —• Oui, on a même Fair':'de s'y
amuser fort...
LE ROI. — Laissez donc, ma chère amie, nos plaisirs
ne seront plus, peut-être, de bien longue durée...
LA REINE. — Vous n'avez d'assurance que dans le
découragement, mon bon ami... 7-7/.-'
GODOY.
— Sire, il n'y a pas lieu de voir les événements
trop en noir. ;:'//.//:-.-„/;,-,':
LE ROI. — Si, mon cher Manuel... si..7 il y à lieti-l
Vous ne percevez pas les craquements de liptre vieux
monde? Ils commencent à se faire sentir non loin de
nous pourtant...
GODOY (à part). Si je ne faisais que les percevoiry.î

146,. /:/',-:- ---"77:/''GôyÀ-//'.
LE COMTE D-ARANDÀ^|efcî?wîJs&/e, le typé de l'esprit
libéral, de V'optimisme niais-, 'vieil iddiniratéur de,l'Ency-
,

clopédie et pacifiste sangldiit (avec, importance- et solen-


nité). ..T-T-Une -réyoIt^ionTn'ëst/ pas -nécessairement, /uii,
cataclysme... 7/7- ./'///
;LA REINE. {Fintefrôi^mït)).;. /--^Si/c'est .un Conseil de ;
cabinet, Votre Majesté)rne;përrnettrà7de/ine retirer... ,/
/(Personne né la rèUéM'^-^ë^ên^va vers lé L>âl„,
',: :"
7 en s'éventant-• çomMè.'< ''^e/j^ùsûnne. ":en' ,-cplère, ;
}\'x'''^-''stiw$effi
-v:
LE:;COMTE, D/ÂRANDA (reprenant),;/'7-77,. H/y a/dans.-
:

,1a vié:dù monde/dés Tëvblûfibnsjiatài^


des hommes vivent, .vièilh^ënt,7meurént coinme éûx;..
Le roi de France à admis/lui-rnênië/là nécèssfe d'une
constitution. - /;'•-•/. ',;7' /- 7 ' 7 /.:/:: 7
GODOY (avec ironie)./-—: En désireriez-vous une pour/ .

l'Espagne, monsieur le. comte? /-/ '/7 / .;/


ARANDA. --— je ne dis pàs'çelâ...; /
GODOY.'—Mais vous le ..pensez./,/
-.LE Roi. —.-Manuel... -7-/,/// '//
ARANDA (souriant avec suffisante). -^ Siréi excusèz-lë.;, :

M.: le duc est:jeune, il;est:.nouveau:/dans, .lè/poùvpir,..;-


j'admiré, je puis même/ dire/que ?j'envie ::é^
-ardeur qui s'magmé/qn'en/p5bhiigr;e:Ù yi>a;;plâee/ppur;îa/:
/génërbsité... 'pour lés ,beaux:/sfei^irnèn^
—'Pour moiy-là-s^rême/iiàpilëté est l'hon-
;/GODOY. '

nêteté stricte.,je n'ai, pas7d-au|re système. // ';'_:77 '


ARANDA(indulgent),-—;7Bràyp,/jeune homme! Mais7
dites-mpi, âvez^vous, des nouvelles de/. la /médiation /de,
Sa Majesté en faveur du .roi/de France auprès, de/.là-
Convention?- '.•/. -;:/. ;:77/::7-.'.
LE ROI. — Il est vrai. Lé chevalier d'Ocariz devait là
:

présenter ces joùrs-bi. / ;;,v;.-77'; 7:';';:


GODOY (hésitant, à partes—-Ah! ne commençons pas
par mentir,.,' 7,7- .77-7//: 7"//,.-
-' 77-7/// /'GOYA////; ;
-;xi4r%
7';-;;ËÈ|ïij^ 7=:'-7--::/;'r77'7//'}''/:/
/ GODOY (^ecyçonfusion). :^— La médiation dé/Sià^MaK
jeSté^;â oeté repousséè-Jpar la: Convention... / / -
//.: AEÀNTRA;- —-: Abi;7/v, 7 777 y 7
/ ;LE;JR.01, (avec tristesse)-, r^-. ..:.-Je n'avais:.guëre/d'es-;:
/ppte^/MàiSi.du;, moins7j-aurai .fait mon deypir77:Cpm/-/
/ment/às-tu appris;cette,/nouvelle? ' :..//',7//// -
./G^OY;,-—OcatizTest arrivé.ce soir.
^
.

- LE: ROI. Ët/ttonë/m'en, avais rien dit? 7


/// GoppY;, —:. Sirê^jSaurais tant désiré que. Votre Majesté
passât paisiblement/ceS: 'courtes : heures de fête.... 7 '.
"
;:/V:LÈ7ROÏ.:: Ëhiàûtl7Çrbisrtû donc qu'il 7p/uisse7 y
— ':

;a^h7dë?plaisir,trahqiMe/poùr un roi?,.. Les/noûVellës'


:
soht/dprie mauvaises?/ La; Révolution fait des. progrès/?
-: -GpppY.''-*- EUë:iiiarchè;à pas de géant Ce sont des !

titres:altérés dé sangj/Cgs, séances sont affreuses! Il a,


suffi/qûfûïi/rpi sbitd autre roi /p/pûîv/être -
Tëphd&nrné/;^ de juger.LbWs:3CVL/
/LE/ÏROI./^—; Ah:! -malheureux frère! Lui si-bon !.;> 7'.7
/ GOBOY. -—-Trop bqn,; Sire./: /
--'7';.'L^';:-Roï7^^.'-Maniielîv.tù:'n.e/.sais pas ce que-c-ést :que":
^êfe;:rpi... Et:rnêmë/voUSj/rnon vieil Aranda,/malgré :

;.1;qù^i;y6tie'iéxpéri^^;',-'Vow:ne pouvez pas savoir,,ypus/


^/ppuvëz corn^ënârë/eé^quë, c'est que de se/sentir: chef
et pèj?e/d'ùnë grande nation qui: vous est confiées. G^est
impossible,. c'est inexplicable. Vous remarquiez tbut. à
l'heure; comte, que Louis XVI avait accepté ^Une Cphs-
/ fiction../Crpyêz-vpù^ par raison?/©ri/papë-.
;
/tiétïy/lë: plus faible: ;di7oarâétère et d'esprit; ne: commettra
jamais -une parëihe-ëireûr,,une telle faute; Çroyëz-vous
que cela soit, par peur? Le. geste du Bourbon, le ïp/apût,
posant, la/rnam du/grënadier sur son coeur impavide,
:/npus/sûrfit7Nbn,.;:m XVTa cédë,/c'est:
/pàr.;<|moru\ - -:7ï|7//7 ."':,7- -77/7,7/
/: ''GoDOY; ^Fàitde|'coupable amour qui comp/iprnëtén/
..

inêmë-temps que la cause des /rois celle des peuples7car,:


1489/- " GOYA

il faut le reconnaître, le mal révolutionnaire est terrible-


ment ëpidémique...
LE ROI. — Te sens-tu capable de l'enrayer? Faisons
notre devoir et laissons faire à Dieu ! Ne croyez pas que
je sois fataliste... Non, mais... écoutez! A toi, Mânuelà,
vous, comte d'Aranda, mes chers amis, en ce soir ou/
nous assistons probablement, parmi ces musiques, ces
fleurs, ces lumières, à la fin d'un inonde, je veux dire le
fond de ma pensée — le fond de la pensée d'un roi :
c'est là un rare et triste privilège... (Un peu plus bas).
Je crois que le temps des rois — des vrais rois —^ est
fini. Une idée, fausse et malfaisante, irréalisable d'ail-
leurs, mais qui germait depuis longtemps, a éclaté, enfin,
avec une violence et une puissance inouïes ; l'idée de la
souveraineté des peuples. Non seulement la force des
canons et des baïonnettes ne l'arrêtera pas, mais elle la
propagera au contraire. Voyez, l'Autriche et la Prusse
sont déjà vaincues et le drapeau tricolore flotte au delà
du Rhin...
GODOY. — Il y a l'Angleterre...
ARANDA (ironique). — L'Angleterre... ô jeunesse!..
LE ROI. — Trop honnête Godoy ! Ignores-tu le mot
de M. Pitt : '« Le sort des individus de la maison deBour-
bon n'intéresse l'Angleterre que fort secondairement... »/
ARANDA. — Si nous luttions, nous lutterions seuls, ce
qui serait une absurdité.
GODOY. — Eh 5 S'il n'en reste qu'un je serai celui-là !...
ARANDA. — Politique de théâtre!...
GODOY. — Monsieur.!...
LE ROI. — Mes amis ! Au milieu de tous ces déchaî-
nements, tâchons de garder la paix et la pureté de nos
coeurs. Sauvegardons la dignité et la majesté royales. Si
le temps des rois doit revenir un jour — ce que jp crois
fermement, même si cette crise est longue, car ce sera
toujours un état de crise — laissons, pour cet avenir de/
justice, une mémoire digne de nous, une mémoire sacrée...
GOYA 149
Mais quittons ces hauteurs, ou plutôt remontons de ces
abîmes pour regagner notre sol, et voir les choses de plus
près. Soyons réalistes, comme il convient à des hommes
d'État. Il faut reconnaître cette chose extraordinaire :
c'est que l'anarchie française n'a pas atteint l'armée fran-
çaise.
ARANDA. — C'est juste.
LE ROI. — Les vieilles troupes royales, avec leurs
cadres à peu près intacts, leur discipline, leur instruction
solides, leur esprit guerrier, unique au monde, n'ont pas
bronché.
ARANDA. — Il est vrai...
LE ROI. — Qu'avons-nous à opposer à cette force
que ses dernières victoires ont rendue formidable : Du-
mouriez à Bruxelles, Custine à Mayence, Montesquiou à
Chambéiy et à Nice !
GODOY.
— Trois généraux de l'ancien régime...
LE ROI. — Tu sais dans quel état la guerre d'Amé-
rique nous a mis, hélas ! Le trésor vide, l'armée diminuée,
_

une cavalerie sans chevaux, nos arsenaux fermés... Vous


n'ignorez pas non plus que la République n'a pas observé
vis-à-vis de nous le pacte de neutralité et que la garnison
de Bayonne a été renforcée...
ARANDA. — D'un côté la puissance et la mauvaise foi,
de l'autre la faiblesse et l'honnêteté. La partie n'est pas
égale...
GODOY (avec feu).
— Il y a le peuple espagnol!...
LE ROI (sévèrement). — Duc de l'Alcudia, air ! c'est
trop de jeunesse ! Je ne vous ai pas nommé premier
ministre pour m'entendre faire d'aussi folles réponses,
quand je venais de vous ramener sur le terrain du réel.
Oseriez-vous me présenter à signer un ordre de mas-
sacre?... Mais laissons tout cela, du moins pour ce soir,
et essayons, nous-mêmes de nous souvenir de notre jeu-
nesse... D'autant plus que ma journée a été fort mau-
vaise, tout à fait ennuyeuse, complètement gâchée,
150 GOYA
ARANDA.
— Et pourquoi, Sire? 7
LE ROI. •— Ce matin, j'ai attendu Goya pour mon/
portrait; cet après-midi, je l'ai attendu pour la chasse;7
et il n'est pas: venu. Ce charmant artiste pousse/un peû7
loin Ta fantaisie...
GODOY.
— Sire, veuillez l'excuser, il a été souffrant,*
LE ROI. — Ah! ne viendra--t-il pas ce soir? - 7/
GODOY.
— Oui, Sire, il m'a fait dire qu'il était remis/::
LE ROI. —Ah! bien... Tu me: l'enverras, dès qu'il/:
sera là, pour que jele gronde. Ce garçon/a tant-de-mou%
vement et de couleur dans l'esprit et dans l'âmè qu'il/i:
décore la vie et la colore et l'embellit,/ comme uii tà7/
bleau... Et il tire très bien, vous savez,,il est adroit, le--
gaillard! Un "vrai braconnier aragoriais... •Envoie-le-mpî/:
sans faute, Manuel.- Je vais faire un tour dans le-bai;:;
parmi toutes ces beautés, avec hr&Yià^.~...(ApercevantW:
reine qui vient.) Oh ! là reine... Comte; fuyons !
(Le roi sort avec le comte d'Aranda qu'il tient dmi-'v
calcinent sous le bras et passe'dans les grands*
salons de danse et de jeux où il's'arfêié et cause}
bénévolement parmi les groupes;)' 7-7

GODOY,: LA: REINE."'"

(La reine a l'aspect qu'a si souvent représenté Goya dans


ses portraits. Vêtue comme uhe reine de théâtre, avec un
air renfrogné de vieille chouette oit, à la laideur et à
l'humeur, se mêlent beaucoup d'intelligence, de volonté
: et d'esprit.) ;'
LA REINE (entrant vivement et toujours contrariée). —
Ah! c'est terminé cette conversation? Nous âs-tu invités-
a un Conseil de cabinet ou à un bal? '
GODOY. — Madame...
LA REINE, — Il est vrai qu'il y en a qui savent
GOYA 15I
s'amuser ! As-tu vu cette d'Albe avec les toreros? Quelle
grue!...
GODOY. — Madame !...
LA REINE. — De quoi avez-vous parlé avec le roi
et Aranda?
GODOY. — Madame...
LA REINE. — Des affaires de France, je sais. Oh ! je
suis renseignée.' La Convention a inondé la Belgique
d'agents qui y sont entrés à la suite de Dumouricz. Il
y a eu des échauffourées, des églises pillées. Si nous ne
prenons pas des mesures, nous y passerons nous aussi.
Que dit le roi, que dit Aranda, qu'en dis-tu?
GODOY.
— Madame...
LA REINE. — Il faut faire la coalition des rois contre
la Révolution... La Prusse...
GODOY.
— Battue.
LA REINE.'— L'Autriche...
GODOY.
— Battue.
LA REINE. — La Savoie...
GODOY.
— Battue.
LA REINE.
— L'Angleterre...
GODOY.
— II n'y a pas de roi en Angleterre.
LA REINE. — Quoi?
GODOY.
— I] y a M. Pitt.
LA REINE.
— Eh bien ! Et nous ! L'Espagne, le
peuple espagnol, fidèle, religieux, indomptable! Les vo-
lontaires en haillons de la Convention ne tiendront
pas... -.-„.,,.
GODOY. Il
— y âl'armëë. française... / "-/- ;.//".//7
.

LA REINE.
— Et/hpus, -n'âvons-nous pàs; d'aimée? :
GODOY.
— Non,:,/Madame... •-' -7;- -,/
LA REINE. — Oh/!;.vEtmoije te répète, Manuèl7que '
.

le peuple espagnol f^cincrala/Révolution..;-:///Z7/777.7'


GODOY.
— Le roî/ïië.: veut, pas d'une guerre natio':/:
nale. ./77 / :.-777"
LA REINE. — Imbécile!:Idiot! Son père//avàit;biën
.
J52 GOYA

raison ! Un autre Louis XVI! Veux-tu que je te dise :


Carlos n'est qu'une nouille...
GODOY. — Madame...
LA REINE. -^ Toi aussi, d'ailleurs, tu n'es qu'une
nouille ! Pas un homme, nulle part ! Où découvrir un
homme, un homme, un homme, un homme !...
(A ce moment, on entend un tintamarre à l'extérieur,;
auprès des portes d'entrée, une discussion avec.dèsA
éclats de voix. Puis la porte s'ouvre brusquèpieni
et l'on voit entrer Goya tenant entre ses bras un
mannequin et poursuivi par le majordome du
palais. En voyant la reine, Goya et le majordome
s'arrêtent, décontenancés, et saluent.)
LA REINE.
— Qu'est-ce?
GOYA. — Madame... Que Votre Majéstème pardonne...
Votre majordome prétend m'ihterdire l'entrée de ce
palais, parce que j'ai amené avec moi ce gentil compa-
gnon... Il s'appelle « Pélélé (i) »...
LE MAJORDOME. — Un pantin ridicule... C'est indé-
cent...
GOYA. — Oh ! Pélélé, tu entends comme l'on te traite...-
Mais, c'est vous, Monsieur, le pantiû ridicule... Lui, c'est;:
un homme, c'est même l'homme par excellence, puisque
c'est l'homme à femmes...
LA REINE (riant).— Àhl Ah!...
GÙYA. — La reine a ri... Monsieur le majordome, vous
pouvez vous retirer...
LE MAJORDOME. — L'étiquette...
GOYA. — Vous pouvez vous en aller avec votre éti-
quette dans le dos... Je vous dirai même ce qu'il y a
d'écrit sur votre étiquette...
LE MAJORDOME. — Oh ! Oh ! c'est inadmissible».
LA REINE (riant). — Ah! Ah! Ah!

(t) Mannequia.
GOYA 153
LE ROI (revenant, attiré par les éclats de rire de la
reine). — Marie-Louise qui rit?... Que se passe-t-il?
(Apercevant Goya.) Ah ! Goya ! (Remarquant le visage
courroucé du majordome.) Vous êtes bien rouge, monsieur
le majordome, que se passe-t-il?
LE MAJORDOME. — Il se passe que le majordome de
Votre Majesté est berné. Que votre Majesté veuille bien
considérer ce que S. E. M. de Goya porte sans ses bras...
GOYA.
— « Pélélé. »
LE ROI. — Où est le mal?
LE MAJORDOME (découragé).
— Alors que Votre Ma-
jesté veuille bien abaisser ses augustes regards jusque sûr
les mollets de S. E. M. de Goya...
(Peu à peu, pendant cette scène, la foule des invités
est entrée dans le premier salon, à la suite du
roi et fait cercle autour de Goya.)
LE ROI (indulgent et amusé). -- Abaissons nos au-
gustes regards...
(Sans se décontenancer, Goya tourne sur lui-même
et on aperçoit, dessiné à l'encre sur ses mollets
chaussés de bas blancs, la caricature du major-
dome. Tout le monde s'esclaffe, le roi le premier.)
GOYA.
— Vous reconnaissez?... Figurez-vous que M. le
majordome m'a enfermé, tout à l'heure, dans le corps
de garde, avec « Pélélé ». Et quand je suis seul, vous savez,
il faut que je dessine. Et voilà? N'est-ce pas ressem-
blant?...
(Goya continue à tourner sur lui-même, tendant la
jambe et finit par esquisser un pas de danse. Et,
comme pris d'une inspiration :)
GOYA.
— Oh ! M. le majordome va danser un fan*
dango ! Qui le danse avec lui... et avec moi?
L'ALBE (s'avançant, vivement). — Moi !
/ÏS47- '-/ 7 -..' '-/. ;SpïA.7:7'; ,7 7;7 7/
/7;:;to'-,MÀ7:<ÏRto^
/ assister :à:/céla 7777 .;'- 7-: -/ '777- ' /^/////.//g /,-//,
(Goya, câpres,; lavoir/jeté/ le;;mannëqum ûxq/Uàtre^
/•- ' ddtne^qùfidâiisWj
à la couverte-comme/, ddnsyl'eslaiiïpè'célèbre,,se/
/ 'metenposMondèdanse'fâeeàtë^
77.- 7 'La;jbulé'br'ie'u':Vorçliestreî:^
et'la. reine,prennent -place, 'dans Ydes faulmils/'
7 Chez celle-ci là gaïetëqÙlapaWfajti
-santé entrée .de Goy0faitsdï
/ ;: : vaise humeur habituelle quand elle a vu la duchesse

7/ d'Albe se préparant/à danser avec Goya. A mesure


"':';/» ./ que,la danse se'd^àùle,;âlë::né^eut.retenir les
/. manifestations dé-sa.conirafiétéjnalgréles efforts
,

..../' du roi pourles. çdMner. ^gur/eviter un éclat mena-


;:'/;/ //'..; çant'^Sdilos se dëcW^
foule, y. compris:lëroi, reiôurnèldans' les autres
./////. salons, tandis que la .reine dit sèchement •')
:.'"/LÀ: REINE. —;/Madairiê: la/ dûchëssë7d'Albe, veuillez
demeurez un msta^,,jW.Uh/mot:â:vpùs'àire.

'//:' LA REINE, LA -DUCHESSE/ ;D7ABBÉ.


.

//LÀ .REINE (avec iMelwonjeypuMè),;^


duchesse, -sayez-Voùs que je ybùs/trouve fort mauvaise
iïiine,../ 7.-/.'- .7/777'7.7:7;7'"
'

; J^Ali sur les joues,


sans compter Z'^u^fooK/'^''.^^^ë;.-5^'yi^ân^-:'4«^sun
Miroir de. poche avec un étphnement comique). — Mau-
...
vaise mine?,;,; /enfin, ,mâdame,-Wc-est;' comme -il-yous-
:

plâira. (Révérence.) 7/7'


/LA. REINE. ^; Je, fais ja"parfc/J|u/^^
Gpyâlùi-même:qùi,/fà^ joûës;î-Aù7
fond, vous êtes très pâle, j'en^ -sûiSsûre,; madamel§./dû--
chésse./Ce qui-n'a rien ;d^tphn^7:ëtaiit,/dpnié^
^7;7'7 77'0777'7';^
/que .vous ; Menez âvéçZles/pehitrës-èt avec lês/ïnatadors7
.Çeùx-ci ifiiiifont. par vous tuer;;;,-Aussi, je ypûs: Conseille /
/très/ yivem§nt/ûh; séjbûr,-dàns/yptre beau domaine d'Ah7
:;

-dâlpûsiê7L'air:de lamèpét un:peû de sphïiïdë/^


/je. vous: assure,.-le.plùs grand/bien/, je vous, relève de votre/
^service à la/cpùi'dès •'demain ; vous pourrez: dëhc partir;;,;/
:/dès/demain; ma :chèÉe7duchessë.
,
'"7-77.7.-/y/'7
7':: LÀ/©uèHÉssÈ.-,77x
'.plàifa./ •//'// "/":;/;:..-:,/ //;,/• ':' '"--/: .:././ ;:,./..
.7/ LÀ REINE.. :^- Bonsoir/ Cayetana, et bon voyage.
-

:/7LA:pucffissE7;77Bp;nspir,/MA (Révérence.)
7/7/7'/'7:7/77'"'7 ''//./;;7-:;Ï-:7/.,:'-''' (La reine sort.)

7:7/ :7 LA DUCHESSE D'ALBE (seule).


j|i:^:î^à^ssÈ;''^^t^là;'Tpsse... Comment me ven-
ger... (Elle, Réfléchit im moment, puis, triomphalement.)
;'/.; je Crois, que j'^/trouvé !-fË/fe appelle un valet.) Vou-
^lez-vqusdirë; je vpùs/;grie, À.S..E. M. de Goya de venir
Sittë=pàJlër ?7fis .palet-i^piçline et soft.)
.(Lâ0uçhessé d'Albe s'assied dans un fauteuil. Elle
77777- féMeyêveuseï'Iwjôue'-surla main, le regard perdu
77. .•;;/;;..;;^%/'fe/^g^'^^w^'-Goy« entre, elle ne change
.pas/d'attitude)/: 7
V/'GOYÀ: (s'iiièlmaM);/^- Madame...
:;;'jL'Ai^;;(ioitjow$?aJis regarder Goya). — Franchito
;.:;de/mpnâmè,tt
,...,,,.,.........
/:;:; 0ÔYÂ;(J0erdit)ï;-^Mc>i;.. 'Madame... sijëï;/ '" 7 77/
....
///L'ALBE,--^-: C'est:, que,- yois-tu, mon petitiGôyà, j'aux
•rais grand/besoin de t^/amitié,/en ce moment... 7 7.7'
7;,/G-OYÀ;:•-#:Be;imoh;;7àh:!/ oui,. de mon .amitié.;,; vbpttr7>
/ 7L'ALBE/ -7-./La/reine-m'envoie prômerier//-.-7. -7-77/
1

;7/GpYÀ.v'-^Vpus;envoie promener? / //v /;/ /-/"/


;;vL'ÂLBE,.^/Çhaiigër/d'air..,- -:-/7/: 7:-7
7?: GpYÀ.:;™::Changer7d-âir?, 7 /7:77/7 7:/:„7
ï$6 GOYA

L'ALBE. — Eh oui La bonne dame s'intéresse fort à


!

ma santé plrysique et... morale... Il paraît que je suis en


train de perdre l'une et l'autre à Madrid. Je pars demain
pour Sanlucar.
GOYA. — Vous partez ! Mais c'est absurde ! Ce ne
sont pas des raisons, tout cela !
L'ALBE. —- C'est vrai... Mais il y a une raison : c'est/
que la reine est jalouse de moi ' /
GOYA.
— Ça, je comprends...
L'ALBE. --- Elle est jalouse à:Cause.de ma jeunesse, à
causé de ma beauté, à cause de mpn élégance, à câusedë
ma popularité, à cause du fandango, à cause de Costil--.
larès, à cause de toi!...
GOYA. — A cause de moi... S'il y avait, au moins,'dé
quoi...
L'ALBE. — Veux-tu qu'il y ait de.quoi?....
GOYA.
—-
Madame, je vous en conjure, hë plaisantons :
pas...
L'ALBE. Écoute, Paco; je te parle sérieusement..;

GOYA.
— .... '
L'ALBE. — Ne souris pas. On ne me connaît'pas. Toi- /
même, qui as tenu si souvent, au bout de ton pinceau,
qui a observé et scruté, pendant des heures, avec ton
oeil aigu de peintre/ce front, ces yeux; ce nez, cette
bouche, toute cette façade... crois-tu mê:connaître?...
GOYA.
— ... Non...
.

L'ALBE. — La maison la plus claire et la plus simple


en apparence, si on pouvait y pénétrer, quels recoins
d'ombre... quelle poussière... et souvent des toiles d'arai-:
gnées... repoussantes, horribles...
GOYA. — Oh!... il est vrai...
L'ALBE (avec gravité). — Tu nie crois'heureuse, n'est-
ce pas? Comme tout le monde.;, tu me crois au comblé :

du bonheur, parce que je suis,dix fois duchesse, dix fois


Grande d'Espagne, par ce que j'ai vingt palais et trois
cents domestiques, parce que je suis belle, parce que je
GOYA I57
danse... Notre;Dame du fandango ! comme on m'ap-
pelle... Ah! Notre-Dame des Douleurs, plutôt... Et j'ou-
bliais une autre richesse : j'ai trente prénoms. Barbara,
Françoise de Paule, Françoise Xavier, Françoise d'As-
sise, Françoise Borja, Françoise de Sales, Pétronille d'Al-
cantara, Viviane... Oui, on pourrait remplacer tout cela
par Dolorès...
GOYA. — Pourrait-on croire...
L'ALBE. — Ah! encore autre chose... J'ai un mari.
Dire que je l'oubliais, et il est si joli, charmant et bonj
et tellement musicien! Je crois que, cette fois-ci, c'est
bien tout... Et si tu savais, Paco, comme je suis seule !...
Peut-être est-ce parce que je n'ai pas d'enfants... Une
femme sans enfants, cela n'est pas grand'chose, quelque
chose'd'incomplet, de stérile, une espèce de monstre...
Et pourtant il me semble qu'ils me gêneraient beaucoup,
dans la vie, ces pauvres petits... Au fondf-le petit Luisito
•de Berganza, tu sais, le fils de mon majordome, et ma
petite négresse Marie de la Lumière, me suffisent... (Dis-
traitement.) Je les adore... (Tout cela sur un ton désa-
...
busé.) J'aime bien aussi Costillarès. Cette belle brute,
...
dans de la soie, donnant ou recevant la mort, dans du
soleil, m'excite. Cela fait passer les dimanches. Mais il
y a tout le reste des jours, tout le reste des nuits. Je pos-
sède tout, et je n'ai rien... je me sens si seule.., quel
ennui!..,
GOYA. — Je comprends...
L'AXBE, — En somme, je n'ai que toi...
GOYA. — Moi?...
L'ALBE. — Oui, parce que tu es un génie, tu es mon
génie» Rencontrer, un génie dans sa vie, c'est trouver une
_source jaillissante dans le désert.,,
GOYA. — Je ne suis pas un génie...
L'ALBE.
— Tu ne le sais pas encore, mais moi je le
sais... Car ceux qui doivent mourir jeunes savent, des
choses...
/ÏS87./'....' :/7':.v ;i"/':/7'^^7/;/;/;777//:-/^;/:;''.;'.;'7?.777^

- GrOYA;
— Mourir 'jeune?; '... ';7; /77 77 ;,-'---'7'77/
L'ALBE.
— Oui; une gitane de Grënade71à, elle l'à-yu, 7
dans ma main...
GOYA (protestant). Quelle bêtise ! Nous voguons en

pleine illusion!... ï ;

L'ALBE. —Bon. Revenons à la réalité. Je pars.de- :

main. Je quitte Madrid, la cour, toutes ces femmes stu-


pides, tous ces hommes oisifs. Je vais retrouver ma soli- /
tude de Sanlucar, ma chère solitude, ma bien-aimée soli-
tude... Mais Voilà, j'aimerais: bien ne pas y être toute, ,/
toute seule... Goya...
GOYA.
— Oh! Madame, ne savez-vous pas que je lais-
serais tout pour vous !... 7
L'ALBE. — Tu. ferais cela? (Avec enthousiasme.) Oh!/
si tu savais comme c'est beau,là-bas, chez moi, entre le
Guadalquivir, l'Océan, les dunes et les marais ! On quitte:
Madrid par le froid de l'hiver et on se réveille dans l'été.
Aimes-tu la chasse? Ton coup de fusil obscurcira le ciel
de milliers d'ailes, fera trembler la terre d'un vaste bondis-
sement de bêtes variées et innombrables. Aimes-tu: les
toros? Nous sellerons nos chevaux efla pique à la main, ;
nous renverserons les encornés dans les sables où poussent
les aloès... Aimes-tu la couleur? Nous monterons dans
mon attelage de mules noires avec mes postillons vêtus
de panne écarlate et nous irons, la nuit, au pèlerinage de
Notre-Dame de la Rosée, avec son manteau de velours,
cramoisi brodé d'or, parmi les: torches, les lys, les flûtes, -
les tambourins et les guitares, et les oraisons délirantes,;
des belles filles... Et le soir, nous souperpns de faisans
au Xérès dans le patio où le jet d'eau rebondit sur: de/
gros oeillets de Cordoue... Et un jour qu'il fera très beau/
et très chaud, et que nous serons bien seuls... tu me pein7-
dras, qui sait? comme le Titien a peint Laura de Dianti...
GOYA.
— Le rêve -continue...
L'ALBE (sortant, elle-même, comme d'un rêve). Rêvé-je-

pas moi-même? Suis-je pas folle)? La reine a raison.:
.7'-//-/:;. -77 7- //"'•:/, x.Mx ,,
GOYA:./^/;;;:::'.-.:-,7V:;/,:/::;'/://;';I59/
/Je ne suis; qu'une pauvre folle. ;Pac0;jë n'ai ri^i dit
.;' /GOYA. :7^/Jë'.vpfis/7suiyrài^77/7 7/77 .'77
,7 L'A!LBÉ77"L-Noii i/ïfpïi:!/Jë/irën suppUè^jéTn'ai-irieh/
-d\tj,riën!;;7Tii nëjë//p^tix pàs;/tu ne le dois pas/;/le/rpi,
/tacàmère^ta-feîrnné,- tes/enfànts... et aussi /à- cause de
.-mbi-même;.;/,:';;/...: 7l77'/.77/7/7, --7/7/777/7 //

...
.//: /GO"?A:/7|^;/C;éstv;ti^//tiird;7i/Maintehant làissé-mpi te :

parler à/mon,'toUr,7Càyetanâ7/Tout a l'heure tu; m'as


./parlé de génie.;; dergenie : pui7peut-être/:si le génie :est,:
/au dédahi;de;;sbi;:;uhelpfGé;ëtâ^ante, etqùi/dpitéclatër, /
-fatalemeût^un jbùrS^Déjà/trpp'de temps à:pâséè;;. Que.
m'importent rois,,acà/dérniès,;h/onneurs, femme, enfants?
là; seule-règle,: le/èëM;deVoii7du génie est la /Fantaisie ;
/diymë/lâ;Fahtàisië: m'as'dit. que: j'étais; ton
/Géme.7:eh/bien;! nia Fantaisie, c'est toi;.;;je tesuivrài.;,
/lii-seras Lânre, et je/serai.Titien !
7/L'i^BB: 77: Tû/sètes/Gpyai!;:; .//..;; -/; ////

-7:/77//'7 ;:7|:/.:;7: //^/JEAN D^ELBÉË7


-

,,(A'.suivre.) //;7/;://7/777/ : ' -:'77:7,7


NUAGES S!JR:LlUWf:;GENfftÂE|
ALLEMANDS, TCHÈQUES,, SLOVAQUES ET RMGRGÏS7

L'Histoire offre parfois d'étranges coïncidences.


Ainsi, à l'heure précise oùle parti allemand des SUIT/.:
dètes, sous la conduite de son chef Heùlein, tenté, une
fois de plus, un assaut contre l'unité de la Tchécoslo-
vaquie en attendant de le diriger contre l'intégrité dé:
son territoire, on pouvait lire dans les-journaux parisiens
un écho qui rappelait que, durant la guerre le Conseil
national tchécoslovaque qui devait, ayant la fin des hosti--
lités, être reconnu par les Alliés comme gouvernement pro-
visoire de la République tchécoslovaque, siégea au n° i87
de la rue Bonaparte.
Ce Conseil national eut pour président Thomas-G.
Masarj^k, et pour secrétaire général, M. Edouard Benès,
actuel président de la République. Deux Slovaques :
Milan Stefanik, futur général et premier ministre de la
guerre du nouvel État, et M. Stefan Osusky, en étaient
les principaux membres.
Agissant au nom de son gouvernement, M. Osusky,
ministre de Tchécoslovaquie à Paris, vient de signer un/
acte rendant l'État tchécoslovaque propriétaire de cette-
demeure historique qui fut le berceau de la République
tchécoslovaque, et où sera installé un musée des souvenirs/
se rattachant à l'action entreprise par le Conseil national
pour la résurrection de la nation tchécoslovaque et son
indépendance.
Or c'est justemem71a manière^ dont jcette~ nation
NUAGES,SUR L'EURORE CENTRALE l6l
.

tchécoslovaque naquit à l'indépendance qui; a souvent


donné lieu à des commentaires, qui; s'ils sont/moins vio-
lents, moins haineux et moins provocateurs que ceux du
Vôlkischer Beobachier où l'on pouvait lire récemment
que « la calomnie, le mensonge et la haine; le meurtre
et la terreur lurent les .parrains de la République tché-
coslovaque » n'en restent pas moins très sévères envers les
préliminaires des traités d'où sortit la Tchécoslovaquie.
Car TAllemagne hitlérienne, qui profite d'un incident
mmee en apparence pour déclencher une tonitruante et
menaçante offensive de presse contre les dirigeants tché-
coslovaques, n'est pas la seule à élever des critiques contre
la République présidée par M. Benès.
Le mal est en effet plus profond, la situation plus cri-
tique, le chancre des revendications plus étendu, qu'on
ne le croit communément dans cette Europe centrale qui,
depuis l'effondrement de sa double monarchie austro-
hongroise, depuis les traités de Saint-Germain et de
Trianon, constitue le plus caractérisé des casus belli que
l'Histoire ait eu à enregistrer.
Que les temps présents ne soient pas précisément
propices à faire se cicatriser la plaie, souvent puru-
lente, que l'Europe centrale, inquiète et divisée, porte
;
à son flanc, les. événements tchécoslovaques viennent
de le prouver, une fois dé plus, ;avec une tragique élo-
quence. De quelque côté que l'on se tourné,, en effet,
-on sent la nécessité d'une « liquidation », à plus ou
moins brève /échéance, de cette question, danubienne,
question vitale pour le maintien de la paix dans notre
monde tourmenté.
; Ce qu'il y a là de tragique, c'est que l'heure de cette
«liquidation » pourrait bien venir à sonner alors même
qu'en Espagne et en Extrême-Orient des conflits meur-
triers n'auraient pas encore cessé de créer un « climat »
peu propice à des spéculations pacifiques ou-pacifistes.
D'un récent séjour dans la capitale de cette Hongrie dont
—;i • •>.- ' •''.'' '' ' -
S, H., n° 46, 1937.- ^- XI, 2. 6
IÔ2 NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE
les mutilations servirent précisément à constituer la
République tchécoslovaque en même temps que la Rou-
manie et la Yougoslavie, j'ai pourtant rapporté quelques
indices certains, d'une part, de la volonté absolue du
peuple hongrois et de ses dirigeants de se faire rendre
justice pour les erreurs de Trianon, d'autre part d'un désir,
non moins absolu, de voir se régler à l'amiable ce pro-
blême dont la solution est primordiale pour son existence./:
Désir dont on peut aujourd'hui trouver la preuve chez,;
les dirigeants de certains partis politiques hongrois qui/
cherchent un rapprochement avec la Tchécoslovaquie,
l'État successeur que le peuple magyar rend particulier-^
rement responsable des mutilations exercées sur son pays.
Or sur ce point précis là Hongrie revient de loin, et il/;
n'est peut-être pas ihutile,'pourune meilleure compréhen-
sibn du problème danubien, de fixer ici, en toute objeÇ- < 1
,

tivité, quelques-uns des chefs d'accusation dressés, par ;


elle contre les créateurs de la République tchécoslovaque; /
Voyons, par exemple, ce que l'on reproche en Hongrie «:
aux cartes et aux mémoires tchécoslovaques préseiitës:,-
par la délégation tchèque à la Conférence de la Paix et
relisons, à cet effet, l'étude publié au début de cette-
année par [M. B. K. Both dans la Nouvelle Revue-.de/'
Hongrie :
« Cette délégation, écrit-il, avait présenté à la Con-
férence de la Paix, réunie à Paris en 1919, onze mémoires/:;:
accompagnés de nombreuses cartes géographiques. C'est--;
sur la base de cette documentation qu;a été fixée, unila- f,
téralement, la frontière hungaro-tchécoslovaque. Cette/;
documentation fut imprimée, mais lorsque la Conférence/:
de la Paix en eut faitusage, la délégation tchèque s'abstint-
de. la rendre publique, alors qu'au contraire, les travaux,;
de la délégation hongroise publiés en quatre gros voliïmèS; /
peuvent aujourd'hui encore être achetés par qui que/Ce,
soit.
« L'auteur de ces lignes a eu récemment entre les mains/
NUÀQES: SUR,L'EUROPE CENTRALE 7" /."./"163 :

les onze mémorandums ci-dessus mentionnés et les Cartes


géographiques de la délégation tchèque. ,11 lui a été
'donné: de les trouver dans une des plus importantes bir
bliothêques publiques/ des Ëtâts-Uiiis. Ce recueil à. été
' :

envoyé en présent à ladite bibliothèque par YAmerican


Commission to Negotiate Peace, et il porte également
le sceau de la « Délégation tchécoslovaque, Congrès- de
la Paix ». Son authenticité rie fait donc aucun douté ;elkv
se trouve étayée d'ailleurs par le fait qu'un des membres
slovaques de la délégation,- Fedor Houdek, dans son ou-
vrage sur la genèse des frontières de la Slovaquie,
publié une des cartes principales utilisées par la déléga-
tion tchèque et que cette carte est identique à celle que
nous avons vue en Amérique.
«M: Benès écrit dans ses'Souvenirs, au sujet dèsmé-
moires tchécoslovaques présentés à la Conférence-de la
PaiXj que pour la plupart c'est lui-même qui les a rédigés
« rapidement » et « en improvisant ». Il n'attendit pas
l'arrivée de la délégation d'experts tchèque partie de
Prague et comprenant soixante-trois membres, dont cinq
seulement étaient Slovaques et un Ruthène, -—mais
il se mit lui-même à écrire. ;
«Conscients des- dangers'---.qui nous entouraient —
« écrit M. Benès — et ignorant ce qu'apporterait à Paris
« la délégation que Prague.se préparait à envoyer à la
« Conférence, je comihençàî seul, sans plus attendre, à
« préparer notre action future...
«
je commençai donc à écrire rapidement, en impro-
« visant à peu près tout, et sans documents, ni bibliogra-
« phie pour m'aider, laplupart des rnémoires relatifs à la
« paix que Ton connaît
aujourd'hui et dans lesquels j'ex-
« posais toutes nos revendications. Quandnotre délégation
« arriva à Paris, je les soumis à son approbation. Quelques-
« unsfurent complétés, d'autres rectifiés par ses membres,;
« et lorsque plus tard la Conférence demanda inopinément
« aux délégations des divers peuples de lui présenter par
164/ NUAOESJSUR; I^EURÔRË CENÏRÀLE 7:i-

« écrit un exppsé de leurs voeux,, je pus dès le lendemain


« «fournir
à peu près, tout Ce qu'il fallait. Cette rapidité
«porta aussi.ses fruits lors des décisions des commissions ,
« de la
Conférence sur les questions qurnous touchaient;.: »
« Est-ce cette
grande hâte, poursuit M- Both qui
en est la cause ou bien est-ce parce que, à l'excep-
tion de six,, les délégués arrivés plus tard étaient :

tous des Tchèques qui:,, comme M^ Benès lui-même,


;

.
n'avaient que des idées, très vagues sur la Hongrie
et sur le. peuple slovaque, les .conditions de leur
vie publique, leur histoire,, les problèmes territoriaux.
ethniques, les problèmes des communications qui les
concernaient,, les sources- statistiques y relatives,, e.tc?
Toujours est-il que les cartes géographiques, tout
comme les textes, renfermentdes .contre-vérités, inexac-
titudes et erreurs fondamentales et. qu'en outre, bien sou-
vent, les assertions et indications se contredisent les unes
les autres, »
Mais à quelles inexactitudes, à quelles erreurs fonda-,
mentales l'auteur de cette étude parue à Budapest à là
Société de la., Nouvelle. Revue de Hongrie, fait-il donc allu-
sion?
Ouvrons, ppur y trouver une réponse présentée, par
le docteur Etienne Czako aux éditions « Danubia» deBu^
dapest, la brochure intitulée La vérité sur les délibérations,
préliminaires du Traité de Trianon,
Cette étude est, commelaprécédente, basée sur une,:
trouvaille, faite par son auteur en Amérique à la biblio-
thèque de l'École de Droit/de l'Université Harvard à
Cambridge, II s'agit d'un ouvrage en vingt-deux volumes
de M. Hunier-Miller,. intitulée :: My diary at the. Çonfe-r
renée of Paris with documents. Grâce à des. notes, sténo-,
graphiées réunies sous forme de journal, Hunter-Miller,
quroccupait. alors un.poste très en. vue au.Ministère des:
Affaires étrangères ;de,.Washingtoni et quiv&t en;Fran;ce/;
comme membre de 1! « Expert Comittee » américain
NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE .
165
dès le ÏQ novembre Ïp8, ëclàrré d'une lumière pàrtiCil>
lièfëmerit saisissante Tëttsëmblë dès discussions qui
aboutirent au traité de Trianon. Un jour —le 5 fé-
vrier 1919, à 15 heuïes, âû Quai d'Orsay, pour Btre très
précis ±— là question des frontières entre la Hongrie et
la 'République tchèque •fut abordée, et MM. Ï3ënès et
IKràriiâfz furent admis dàriëla sâllê. L'auteur delà bro-
chure note ici que le délégué, delà Hongrie né fut jamais
àdffiis/vânx séances, rii àééttè bccasibn-là rii aux « négo-
ciations » ultérieures au cours desquelles on délibéra
toujours saris entendrele .délégué de la Hongrie.
M.-Bèhès, Ce j oufTa, retraça rhistbiréde la Slovaquie;
qui, dit-il, fit partie à ùriè époque reculée du grand État
tchécoslovaque,-db'nt là population eût de tout tënîpS des
sentiments tchèques. M. Benès parla de « langue corri-
munè ,», d' « affinités mpfàlës » et de. -« liens ëpristitûes
par les conditions religieuses identiques »,
Or, noté le docteur Étiëririè Czakb eri réponse à ces
affirmations sténographiées, par David Hunter^Milier, « Ces
allégations de M. Bëriès sont,, à maints points-de vue,
absolument contraires à la vérité historique ». «En réa-
lité, souligne-t-il, la Slovaquie n'a jamais été uij. pays
défini et elle n'a jamais'-fait partie de l'État « tchécoslo-
vaque » pour la simple fâïsori qu'un tel Ëtat.ri'a jairiais
existe :. Il n'est pas vrai rioriplùs que les Slovaques dési-
raient s'unir aux Tchèques. Seuls quelques panslâvistès
renégats ëxpririiërerit un tel désir, inais lé peuple Irii-
riiêmé ri'â jamais été consulté. Il n'y a aucririe/commu-
..

nauté de langage entre Slovaques et Tchèques pour- ^


quoi serait-il alors nécessaire d'employer dés diction-
naires tchèquë-slovaque? ^- et encore moins identité
d'esprit et rribiris encore dé sirriilitude de féligiori entré,
lès deux peuples. Au contraire^ c'est un fait acquis que là
plupart dés Slovaques rie peuvent supporter les Tchèques
et gëhëraleriierit les redoutent. C'est également/un fait
que là plupart des Tchèques propagent la rengiori'hussîtèj
l66 NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE
tandis que les Slovaques appartiennent en majeure
partie à l'Église catholique romaine et le reste à la con-
fession luthérienne. »
Et l'auteur de la brochure de conclure, avant de citer
d'autres « approximations » du docteur Benès : « Il est
sans précédent dans l'histoire des conférences de paix que
l'on ait attaché quelque crédit à de telles assertions
arbitraires et fausses. »
Et un peu plus loin : « Si nous opposons l'argumenta-
tion de M. Benès à. la pure évidence qui vient pratique-
ment démentir toutes ses affirmations, nous voyons la
manière dont la Conférence de la Paix a décidé du destin
et de l'avenir de millions d'âmes. Cela n'aurait jamais
pu se produire si les auteurs du Traité de Paix avaient
admis aux discussions les représentants des vaincus —
l'Autriche et la Hongrie — et prêté une oreille attentive
à leurs arguments.
« Malheureusement M. Benès eut la possibilité de faire
ses déclarations sans contrôle efficace et sans être con-
tredit. »

Ce n'est certes pas pour ressasser de vieux griefs, pour


monter à l'assaut de « moulins à vent », ni pour répandre
de l'huile sur un foyer où couvent toujours, hélas,! des
flammes prêtes à se ranimer, que nous-donnons aujour-
d'hui un regain de nouveauté à ces « erreurs » passées.
A l'heure où tous les regards se tournent, une fois de plus,
vers ce bassin danubien, vers cet enchevêtrement de
problèmes ethniques, politiques, économiques et histo-
riques, à l'heure aussi où, plus "que jamais, l'on sent
que si un jour un .incendie venait à éclater en
Europe il pourrait bien, une fois encore, naître là-
bas, .ou trouver à s'y alimenter, il n'est pourtant
pas inutile de dresser la liste dés responsabilités.
NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE ±67
qui incomberaient à chacune des nations européennes
dans les origines de ce conflit.
Car les difficultés nées avec le traité de Trianon et le
traité de Saint-Germain n'ont fait que croître d'année en
année dans le bassin danubien, et les mécontentements
s'ajoutant aux mécontentements, les injustices aux
provocations et aux crises de toutes espèces, ont rendu la
situation de jour en jour plus critique.
Aujourd'hui si la Hongrie, si l'Autriche, si même l'Alle-
magne continuent à réclamer justice contre les États
successeurs, la Petite Entente elle-même ne semble-
t-elle pas vaciller sur ses bases fragiles?
A l'intérieur la Tchécoslovaquie n'est-elle pas minée
par un mal qui fait des progrès quotidiens et qui trouve
toujours de nouvelles raisons de gagner du terrain dans
le « climat » même du pays : composition hétéroclite de
nationalités avec ses Tchèques, ses Slovaques, ses Ru-
thènes, ses Allemands, ses Hongrois, ses Juifs et ses Polo-
nais — irrédentistes allemands groupés autour de Heu-
lein — Slovaques « autonomisants » — Hongrois qui
portent le deuil de la patrie absente. « Divisez la Tchéco-
slovaquie », crient les Slovaques « à la Nation Française »
dans une brochure éditée naguère à Vienne (d'aucuns
prétendent sur les fonds de la propagande allemande),
brochure qui fait un singulier et saisissant écho à ce
« Détruisez l'Autriche-Hongrie » que le docteur Benès
lui-même lançait en 1916 lors de son exil à Paris.
« Nous ne sommes ni Tchèques, ni Tchécoslovaques,
mais Slovaques. Nous voulons rester Slovaques », crient
les patriotes slovaques émigrés qui, en France, en Po-
logne, en Autriche, en Hongrie, en Amérique ont créé le
« Conseil slovaque » pour faire entendre leurs doléances.
L'on prétend d'ailleurs qu'à leur appel répondent de
nombreuses voix parmi les 2128 000 Slovaques de
Tchécoslovaquie.
Ne se souvient-on pas, de plus, qu'un certain traité de
TÔ8 NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE
Pittsburgh, signé, en Amérique, par les représentants des
Tchèques et des Slovaques émigrés, déclarait que les pro-
vinces tchèques (Bohême, Moravie, Silésie) d'une part et
la Slovaquie d'autre part formeraient,une sprte, d'État
binaire, dont chacune des parties jouirait d'une pleine
autonomie.
Dans son ouvrage Destin des Minorités, M. Aldo Dami
souligne que ce traité devait devenir aux yeux des signa-
taires « la charte fondamentale du nouvel État reconnue
d'ailleurs solennellement par MM. Masaryk et Benès. La
Slovaquie devait avoir une diète slovaque souveraine
pour toutes les questions intérieures. » M. Aldo Dami
ajoute que les délégués tchèques, une fois l'annexion
faite, dénièrent toute valeur au traité de Pittsburgh
« sous prétexte qu'il avait été signé un dimanche et que
le droit américain considère comme nulles les démarches
effectuées ce jour-là. »
Nous ne nous attarderons pas plus longuement aux
griefs slovaques, de même que nous ne citerons que pour
mémoire — puisque, sans doute, il nous faudra y revenir
en parlant des griefs des Hongrois en Tchécoslovaquie —
les revendications de la Ruthënie subcarpathique.

Tous les regards sont aujourd'hui tournés vers les;:


Allemands de Tchécoslovaquie, vers ces Allemands dits
« des Sudètes » qui, groupés derrière Heulein, le créateur
du « Front patriotique », viennent, une fois de plus, de
manifester hautement leur irrédentisme.
.
Prenant prétexte du banal incident de Teplice, les/
Allemands des Monts Sudète, qui sont au nombre de:
plus de trois millions sur une population totale de seize
millions, réclament aujourd'hui leur autonomie, et avec;
une force plus que jamais accrue grâce à leur masse unie;-;
à l'exception des socialistes, en un seul parti national se
NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE ..'.
ïéd
substituant aux anciens partis; constitués sur une basé
pohtique," économique pu sociale, ils constituent autour
des Tchèques un anneau presque complètement fermé.
« On ;ne saurait mieux Caractériser -Cette situation,
. écrit
M. Aldo Dami, qu'en fappelaùt qu'à une heure, à
peine de Prague commence déjà une région peuplée
exclusivement d'Allemands, »
Géographiquément, ces Allemands sont donc dès
frontaliers qu'une simple ligne frontière sépare de leurs
. .

«
frères » du, Troisième Reich, A qui corinait la force ëx-
pansive du national-socialisme, cette situation apparaît
dans toute sa .tragique gravité. D'autant plus que la
minorité allemande elle-même se livré à un puissant
travail de propagande aussi bien sur le plan parlemen-
taire que surle plan extrapariementaire.:
Aussi est-ce avec raison que M. Kroftà, ministre des
Affaires étrangères de Tchécoslovaquie, a pu dire: «Une
des tâches les plus importantes qui s'impose à Ceux qui
dirigent les affaires de la République est, d'obtenir que
la présence d'un si grand nombre de citoyens allemands
ne constitue pas, pour l'État, un danger où une cause dé
faiblesse.» 7
Une fois de plus Hitler et son infernale machiné de
propagande sont passéspar là et ont semé l'irrédentisme
dans une population allemande que le dynamisme du
régime national-socialiste attire comme mi maléfique
aimant.

Aux revendications des Slovaques qui constituent,


rappelons-le, plus de 25 pour 100 de la; population de là;
République tchécoslovaque, aux récentes: agitations dés
Allemands dés Sudètes — plus de 22 pour 100 de la
.,

population, delà Tchécoslovaquie — il faut joindre, pour


être complet, les doléaricës de la Hongrie qui dans ses
;:î^0': ,': '/ 77%UA0ËS/,STO:'.^EUR^
;
:7;7;7'7
"étroites frontières tracées, par le timté-dé^iànbii,pleuré "~

la perte de 67,8 pour ïob de son territoire;dë/|8,3T°ûr ÏOP. :


;de sa population et dont les minorités annexées aux États
successeurs forment en Tchécoslovaquie, en Roumanie ; J

et en Yougoslavie d'importants îlots irrédentistes.


Sur les 18 millions d'habitants qui trouvaient abri
:en.i9i8 sur un territoire de 325 411 kilomètres, carrés,
il ne lui en reste plus aujourd'hui que.8 millions sur :
une superficie de 92 720 kilomètres carrés. Voilà en peu
;: de chiffres tout le drame de la Hongrie mutilée.:

Pour nous en tenu- à la seule République tchéco-


slovaque la bande de territoire magyare à. elle annexée
s'étend sur 12 104 kilomètres carrés et contient selon le
dernier recensement hongrois, d'avant le démembrement,
-945 471 habitants, dont 813 501 Hongrois;
.-;-..
Le 10 septembre 1919 à Saint-Germain-en-Laye était
signé « entre les principales puissances alliées et asso-
ciées » (États-Unis, Empire britannique, France, Italie
et Japon) d'une part, et la Tchécoslovaquie d'autre part,
un traité qui déclarait que l'union qui existait autrefois
entre les anciens royaumes de Bohême, Margraviat de
Moravie et duché de Silésie et les autres territoires de
l'ancienne monarchie austro-hongroise, avait pris fin et
que les peuples de la Bohême, de la Moravie et d'une partie
; de la
Silésiè, ainsi que le peuple de la Slovaquie et le peuple
xuthène au sud des Carpathes, « ont décidé de leur propre
.
volonté de s'unir et se sont en fait unis, par une union
permanente, dans le but de constituer un État unique,
souverain et indépendant, sous le titre de République
tchécoslovaque. » ""

Ce même traité accordait entre autres aux' ressortis-/


-.-.
sants tchécoslovaques « appartenant à des mmorités
infimes, de religion ou de langue, le même traitement
/...et les mêmes garanties en droit et en fait qu'aux autres
ressortissants tchécoslovaques. Ils auront notamment
un droit égal à créer, diriger et contrôler, à leurs frais
'/.NUAGES; SUR xmuROPE:cçKïRAp;:„/// ,*T7I:
desTinstit^ipiis ;^arita;M des
écoles et;autres établisséinents d'éducation:'ayee le droit
dTy/ faire: /hlireinëM ;ûsage/dë leur proprëlarigUe/ët:d;y
/exercer hlirèriiërit leur/religion. » -"77 :'::7 7 7/
::7,Étplùs;loin:Taa:ticle§ du traité précisaitqùe;^«:erimàr
.,,-tièie/ d'énseign'emerit, public, le gouvernement /tchéCQ-;
;

/slovaque accordera ; dans les.yilles et districts/où réside


:une„. proportion ;;Corisidérâbie de rêssortissarits : tçhëÇP-
isipyàques7de;languë antre que la languë^chëque;/des
lacilités/âpprbp^ que liristrûctibii,;:soit'
"doimëe^dàns/lèûrpfpprê langue aux enfants, de ees/rëssor-
..tisstots. tchécoslovaques;/*;,; 7" ;-7:/.:.//-
Qr,que^itâÙJPÛS:huila/Hongriemutilée dècés stipu-,
;-,:
jàtions7. «Injuste ;Pu ttOri, le traité lui-riiêirien-a: pas-été
/appliqué;» Et de citër/uriëlongue hste.de/niauqueineiifs
.aux différentes Clauses du traité, favorables,' en; appa-
'•'

ïïénçë;:àux::ririnoritës/hbrigroises : entraves;àTà pàrticipa-


iion, des Hongrpis'aux-affaires publiques7misë à.fécàrt:

de /la :Républiqûe ;dé perSprinalités politiques- éf!- spcialés :


:
dirigeantes de la; minorité hongroise, refus/d'accorder
,aùx.mëmbrës des;rirmorités, dans les territoires/autrefois
/hongrois, les ineptes .'droits qu'aux dto^n.s;majoritàireS;
7/«TA tous les égar^i; écrit Aldo Dami, dans spn ouvrage
/déjà Cité, .lés;; Hprigrpis. spiit considérés en/Tehéçpsloya/-:
/quié epïrime lâ/dertiière des minorités et ils;passent,après,
lés/Ahemands/etles: Polonais. Bien souvent :lês-Hongrois
.qui;habitent le pays,slovaque n'ont pas même/le droit de,
/parler:horigrois. »/7: '77.7: 7'
7 En/ce qui/epricëinél'article g du tràité^^-.Sàint-Gër-
inain sûr /Tbrgâriisàtipri dé l'enseignement,là Hongrie-
-se/plairit entré autre de, Toutillage défectueux;dès écoles'
/élémentaires/hongroises;/ ///. ;;/,:,;:;/;/./
7/fcC'est ..ainsi/que/.cinquante-quatre• écoles primaires,
hpngrpi'ses de Slovaquie n'ont pas de bibliothèques; Lés
ëcclés, lionigrpisfâ//sbnt d'élèves. : Dans les :
.
:eçbjestègrië un ëspit'^tihpngrois et ,pritrb^Ç d^S'toï
172 7 NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE
.

livre de chants réunis par Emile Huila et autorisé par


le ministère de l'Instruction publique, un chant dont le
refrain se termine par ces paroles édifiantes : « Que la
« foudi-e écrase ceux qui aiment les Hongrois. » (Aldo
DAMI, Destin des Minorités. Fernand Sorlot, éditeur.)
Sur le cas particulier de la Ruthénie qui n'a jamais
rien eu à von avec Prague dont elle est séparée par mille
kilomètres de montagnes, ce qui rend les communica-
tions à peu près impossibles entre la capitale et la nouvelle
province, le même auteur rassemble en plus de trente
pages, dont l'analyse déborderait le cadre de la présente
"étude, les plaintes et les griefs ruthènes formulées contré
la manière de gouverner de la Tchécoslovaquie.

A Budapest, sur la vaste place de la Liberté, un ensemble


symbolique rappelle les mutilations imposées à la Hongrie
millénaire par le traité de Trianon : voici en son milieu
un mât où flottent, toujours en berne, en signe de deuil,
les couleurs magyares. A leur pied, un massif —r~ fleurs
et verdure curieusement assemblées en forme de carte
géographique — représente autour de la petite Hongrie,
d'aujourd'hui, les territoires que s'annexèrent la Tchéco-
slovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie et celui qui fut
offert à l'Autriche. Quatre statues de pierre, mie carte
fleurie, un drapeau en berne : rappel des grandeurs
passées, écho, semble-t-il, de la lancinante douleur d'une
nation millénaire.
C'est là, quand tombe la nuit sur la capitale qui vit
couronner saint Etienne, quand les eaux verdâtres du
/Danube semblent à leur tour exhaler les plaintes de la
Hongrie mutilée au pied du majestueux château royal
et de la vénérable église du Couronnement, poignants
rappels du dernier et du premier roi des Magyars, que la
prière récitée depuis 1919- par la Hongrie prend toute sa
tragique signification.
NUAGES SUR L'EUROPE CENTRALE I73
« Je crois eh un Dieu.
« Je crois en une patrie.
«Je crois en une justice divine éternelle.
« je crois àla résurrection de la Hongrie. ».
/.La résurrection de la Hongrie... grave/point d'inter-
rogation à l'horizon'de cette Europe centrale qu'un écri-
vain français, qui fut naguère un clairvoyant diplomate,
qualifie de «guêpier », au sujet de laquelle unautre Fran-
çais, un normalien envoyé en ambassade auprès de l'Uni-
versité de Hongiie, M. Sauvageot, écrit ces phrases lourdes
de sens,: « Le traité de Trianpn offrait l'occasion d'établir,
un règlement équitable, On à choisi d'en faire un .'instru-
ment de vengeance, et il faut le dire, d'oppression impé-
rialiste, .....;
« Lés importantes minorités hongroises annexées par la
Roumanie, par la Tchécoslovaquie et par la Yougoslavie
sont persécutées, en violation flagrante des causes mêmes
du traité de paix. Les -protestations qu'elles font périb-
diqueirient entendre à Genève sont étouffées régulière-
ment par la Société des Nations, chargée de farie respecter
et appliquerles traités, avec, naturellement, le consente-
ment tacite des représentants de la France qui rie
manquent pas, une fois de plus, d'affirmer qu'ils sont
.

pour là paix dans le respect intégral des traités.» /


Puisse cette « paix dans lé respect intégral des traités »,
ne jamais conduire à une guerre née d'un trop intégral
respect: des traités, surtout si ces traités, tels ceux de
Trianon et.de Saint-Germain, portent en eux; d'incontes-
tables germes de discorde, et de conflits.

.
7 RENÉ HOMBOURGER.
_
POURSIJJTE;:
(ROMAN)

(Suite

II
D'un petit doigt prudent, Maryan atténua l'éclat trop
vif du rouge de ses lèvres. Elle éclaircit ensuite le rose de
;,ses,jbueset regretta qu'il fût trop tard pour enlever le
sbupcbii.de bleu avec lequel .ëlle:l:s'était'briibré les pau-
pières. Mais cela aurait été tout un démaquillage et /Mi- ,

chel allait venir la chercher dans quelques minutes pour


l'emmener au théâtre des Boulevards où l'Pn jouait la
Houle. .7 7. -:
'

Elle ne voulait pas donner un caractère exceptionnel '


à cette soirée, ni surtout que Claude pût penser qu'elle
attachait à cette sortie avec-Michel Arnbult une impor-
tance supérieurej ou même.égalé, à celle de ses sorties
avec-son père.
C'est ainsi qu'elle avait jugé préférable de garder, une
robe d'après-midi plutôt que dé. se mettre,, en. toiletté;, du
soir. C'était un fourreau de crêpe noir, travaillé en biais,
qui moulait son buste et ses hanches, accusant ses formes
; pleines; sans que pour cela sa ligne en fût affectée./ Le
tissu, légèrement drapé vers les épaules, montait/jus-
qu'au ras du cou, exactement/encerclé d'un -gros collier
POURSUITE 7 / 175
de corail rouge. Un « clip » de diamant pinçait d'une
manière à-là fois négligée et savante un groupe de fronces
qui se perdait au-dessus du sein droit. Des manches sobres,
mais de coupe compliquée, laissaient à nu le poignet et
la moitié de Tavant-bras.
Maryan regarda l'heure. Il était neuf hèùfes moins lé
quart. EËe alla embrasser son fils dans sa chambre.
— Bonne soirée, maman, fit-il, un peu dépité que sa
mère ne passât pas avec lui l'unique soir où son père
était absent. 7 - -
'— Oh ! C'est bien pour rie pas laisser perdre les places,
répondit-elle, comme pour donner un air d'obligation à
cette sortie. Couche-toi bientôt. Jeanne mé.dira à quelle
heure tu as éteint. Pas après neuf heures et demie, n'est-ce
pas? Je te rapporterai le programme. 7
:
7 EUeTembrassà/urie seconde fois, puis revint dans son
cabinet de toilette pour donner un dernier regard à son
miroir. Elle n'était coquette que. par accès et -n'avait
aucun orgueil. Elle ne se trouvait pas jolie et aurait
/volontiers troque ses traits réguliers et le caractère qu'ils,
imprimaient à sa physionomie, pour ce qu'on appelle
« une petite figuré rigolote», où il semble que l'âme soit
: à fleur de peau. Elle constata néanmoins avec un certain,
plaisir que,' ce soir, elle était à son avantage, bien qu'elle
eût, pour son goût, trop de fard. Comment Michel allait-il
retrouver son vrai visage "sous cette étude si bien retou-
chée?/ - 7 7
Aussi facilement, sans doute, qu'il démasquait son âmé,
sous le fatras d'idées ou de scrupules nouveaux qu'elle
lui apportait: à chaque entrevue...
/ Car Michel la connaissait bien. Il la découvrait mêine
chaque jour davantage, avec cette clairvoyance que
donne l'amour lorsqu'ilestlucide et désespéré.
Il y avait dix ans que Maryan avait rencontré Colette
Arnoult pour la première fois chez une ancienne
relation de ses parents, Elle venait d'épouser Michel et
176 '
"'-''' ' ;,
POURSUÏTE/'; .77/
n'avait, encore que-très peu d'amië. q: Paris, ayanttou^ :
jours habité Lille où son père avait Uri! tissage. Une sym-
pathie réciproque était née de ce premier contact, une
attirance calme, maïs forte. Elles se revirent une nouvelle
fois dans la même maison, puis se reçurent chez elles et
se présentèrent leurs maris. Le hasard d'une villégiature
d'été firent que les deux ménages devinrent vraiment amis ;
en dehors de toute convention et de toute contrainte
mondaine. Malheureusement, Colette, d'une santé déli-
cate après une grossesse malheureuse, fut assez Vite
obligée de quitter Paris tous les. hivers. Les Arnoult
louèrent une villa à Arcachon OÙ Michel installait sa
femme vers le 15 novembre pour retourner la chercher
vers la fin du mois de février. Seul à Paris, il continuait
à être reçu chez les Studler dont il devint le familier.
C'était un garçon un peu taciturne, avec des crises de
gaieté sauvage et une sensibilité très aiguisée qui le fai-
7sait souffrir. Il sortait de Normale, mais avait renoncé au
professorat pour se lancer dans le journalisme. Il était
depuis trois ans le directeur d'une feuille indépendante
à laquelle il avait apporté des capitaux, des idées neuves
et des mains nettes. Il travaillait beaucoup.
Lorsqu'il y a deux ans, il s'était décidé à avouer à
Maryan qu'il l'aimait depuis longtemps, elle n'en avait
été'qu'à moitié surprise, bien qu'elle n'eût rien fait pour
provoquer chez lui une passion née vraiment dans le
silence d'une amitié respectueuse. Mais quand il lui parla
du désir qu'il avait d'elle et qui anéantissait dans le même
gouffre d'indifférence sa tendresse pour sa femme et son
amitié, pour Cari, elle comprit qu'une ère périlleuse allait
: commencer pour eux.
L'adultère qui s'offrait à elle lui répugnait par sa bana-
lité même. L'ami du mari qui devient l'amant de la femme,
les'petits rendez-vous, les gros mensonges, le baiser légi-
time après les baisers coupables, autant de choses qu'elle'
ne pouvait envisager sans un sourire d'écoeurement. Elle
:;,/ '
.'/Z - '; POURSUITE :/; .
/",.: Ï77 •
:né-çéderait'jarriàls:àIffichélÀrribrilt, mêtnéltuplMMtMl/
iriilMÎois plus. /;;.//
7 ;-,:.;,- ..-7; '-{.
7/Mais, .justérrient./ïui. plaisaït-il? Poser la7: question,:
clétaitla résoudre;-car elle; pensa que lorsqu/pn.aime, on,
né se posepas de questions;,/ .-'
j;;/ :Cefte servitude de;
l'amour,, cette fièvre à la lois délir
s
çieiisè et tdrtùrarité/flont; Miqhèt lui doririait l'exemple,
-finissaientçependâritparla troubler étrangement; Njétait-,
elle donc pas capable, elle aussi, de vibrer/-ëbmrrie lés
autres?:Gbriltrieelle ârir^tvoulril'aimer, l'aimërde toutes
; ses forces,. ;pour avoir à :
lutter, contre cet afnour. ! Car

lutter; C'est vivre;-/7: ' :7-/-/- 7;/ ':///:;-|:-


?;: Pour se consoler; dé ne: resseritir aucun émoi dans, sa
châir:âi'é^rpclie delMichëli elle voua un cultèpâssibnrië-
:

//âT^ësprit de cet ami; Elle se découvrit ayeçlui dés: àffo


Tuités iritellectûellesTirisoùp/çpririéës ou laissées en friche; ;

depuis/ qu'ps se^eonriàissàierit.; Ils se rencontrèrent/ son-,


yeat/saris, que Çarl lé sût,-:daris les musées,.lés/sa31es-de/
,:;Cpncert, -où siri^IeiMirt.;dans7m des grarids/jardins, dé
Paris/ Elle acceptait .du/il: y; eût ce secret entré eux; pùis-
7oji'elle;;.ne,Trompa^ parlaient-de; tout; et
/d'eux-mêmes. ËUè se Hvràit, entière, en dehors' de toute
:

'idée-charnelle.'/'/: 777 777. 7/ /7'7'7/


/'';,/ Il là, sentait:-têtue et pourtant incertaine,vioujours./à
/làrecherché dël'inacëessible. Dé son côté,.èllë.;savaitqù-il;
rie cessait de là/désirer et -bien qu'elle eût cru jusqu'à ce
-
/jour/à la/précarité de; tout arnour, elle coiriprënait /que "
Cèïui/de Michel n'en était paS:;.ëncore à la phase où Ton
/ptend pour-de llmpatiéi^
,
n'est dejà/plus/què-dë
/la,lassitude; '--;."77.:, 7.77/
/Leurs conversations se; poursuivaient-rue Franklin;, où
il •continuait a. venir ; aussi- souvent. Lorsqu'il arrivait
avant que: Garl; ne :fût rentré, ; celui-ci ne s/étbnnait pas.
/de lé/ trouver la. Tl/acceptâlt que Michel eût/autant.dé
plaisir à causer avec Maryan qu'avec lui et il/étaitanême, .

-âssez^fier qu'il rendîthbmiriagë a son intélligericë. Il pou-


I78 .POURSUITE/.;/
vait se permettre, sans aucun ridicule, de n'être pas/
jaloux. Quelles raisons avait-il de l'être? Était!! jaloux
d'Yvonne? ..;/'
— Ne m'aimerez-vous jamais autrement? demanda un
jour Michel à Maryan.
Elle lui répondit par mie autre question : 7
— Ne croyez-vous pas que je vous donne le meilleur-i,
de moi-même?
— Non, dit-il, sans la moindre hésitation.
Lorsqu'elle entendit sonner, elle avait déjà mis son
manteau. Ils partirent immédiatement.
La voiture de Michel était là, rangée'contre le trottoir.
Il conduisait sans chapeau, et son profil se découpait sur
lé fond changeant de la rue vivante, avec ses boutiques
encore allumées, ses coins d'ombre, toute la diversité de 7
ses passants ou de ses véhicules. Maryan s'était assise à
son côté. Alors "seulement elle le regarda, vit son front uri/
peu fuyant, ses cheveux déjà gris sur les tempes, ses yeux :
nostalgiques; Elle éprouva une joie profonde et calme à
se trouver si près de lui, à sentir contre la. sienne son
épaule matelassée par l'épaisseur du pardessus. Comme,;
dès le départ, il s'arrêtait à un passage clouté, il se pencha
vers elle, et, d'un baiser, lui effleura les yeux. Elle ne lui
rendit qu'un sourire. Elle avait fait profession de mé-
' priser et de rayer de ses préoccupations coutumières toutes,
celles qui touchaient aux joies physiques. Étant spbré/
de nature, ou tout au moins l'imaginant, elle n'admettait ;
pas que l'on pût avoir faim, près d'elle. Or, Michel avait;:
faim ; mais comme il savait que le lui laisser voir serait
la perdre, il feignait maintenant de se trouver satisfait
de la place qu'il occupait dans sa vie. Elle n'en était pas
dupe, mais trouvait encore qu'il avait la meilleure part,
car, à vrai dire, son propre dénuement lui paraissait "
d'autant plus effectif et irrémédiable que Michel —- ou
Cari — l'aimait davantage.
' ;//;/;;/ •7': -EQÛRSUITE..-." //Tjt)
77:77;Bpnnes,, ribrivëÛes- -dé, ; Colette? lui /demarid#-tTellë;
/çbmmeîls'àriiyaiéntprèsidel'Étoile. EUe.ne/s'erintifepàs;/
/frpp? 7/-., /;.
' '/'
:7,-7 ;Èilé aretrpuyé:dcs/^mies.;Elle sort bëWcpùp.;Elle/
-lit.Étptiis,elle>à;voslettros;.. / '""/'"
? --—Qhlmés lettres !,;7 je lui parle de vous,/.
7--H/Cë ^estdéjà/pas isi/riiall Et qu'est-ce;que vous lui;
^ëri;dites? ;;:"'//"77/77777;/:./
77-^ Mais... presque toutlebiéri que j'en pense. 7 / ;l
7// Ils/ descendàierit maintenant les Champs-Elysées que; ;
rioyâitune'bruirié lumineuse: et blanche. L'obélisque, au
/loin, semblait un. grând/doigt phosphorescent: levé: vers.
le ;eieL;;:Lâ/chaxisséé/était noire et briEanté/cpmmé de;
;/Tëbënë;7;/ ,/'77'/:77/'77/7' '7 / .{'- 7,77.7/7 ;,7; V
//,rr--Tl;paraît que/cëqi^riPus;allons voir est très bien,:;
/:fit Maryan., -• ;;// -'/.7 7/ 7,7
77-7-;Quëlsvspnt;;lës;.intérpr^^ '"7/:'"77;:-
,/:.-—.Cpinmeritl Vous;në/savezpas? Vous, siParisiën! 7
7:/—-/Attendez;en cliërêhânt bien... Madeleine;"Renoir..
7 --^/Qûvriiàiss^^ '.' 7>7 '7/7:/ /}: 1•

7/.— Pdurqubijsurtout?/ ."' '7 7 -7; -


/'-Elle rit en/disant qu'ene ne savait pas pourquoi/« 5ur7
Stout »7Elle' ava&..déja!S^/jpÙér/ plusieurs fois/Berriard: 1

/T^rniefedaris des pièces de Gheyàûnes et illui plaisaitinfi-


/riiirioet.7Élle' n'aurait pas su dire d^aineurs pour quelles
/fàisbns;7/7"///-/'ï;;:;): ::,/7'7:'///' / 77/7:'/77 '

/ L'encombrement : des /Boulevards, puis-là difficulté/


;b^'eUtlffichei;à,/ranger/sa/;voiture les mirent/un ppu en,
^tétard/ët^ïidéâu,vënaitde selevér lorsquils périëtrèrënt-
-dans là: sâllë. Dàris l'ombre,: uiië ouvreuse les. Coridùisit-
: àleurs places, au deuxième rangde l'orchestre. Ilsy'accé- :

/dèreritisâns/ tap/^e/malpë la mauvaise volonté dés per7:


;
spnries devant lesquelles ils durent passer. 7

Màfyàn était ëricorë.debout, ëh train d'arranger sa robe


-,
' 1-8,0 ' P0URSUITE//7 7
qui collait au velours dû: fàuteufllOTsqùê, sbuda,iri,:Bëf-:
nard'Bernier entra en scène,
Il semblait venir à sa rencontre, Comme si rierine les;:,;
séparait, ni la rampe, ni leurs destins qui, s'ignoraient. 7/
L'espace d'une seconde, ehe eut l'impression que,;
soulevée au-dessus de la foule silencieuse qui l'en-
tourait, il n'y avait, qu'elle, dans cette salle, et qu'il, n'y
avait que lui. Elle se sentit prête à avancer la main-dans
un geste de bienvenue; à sourire comme à un ami; perdu,
enfin retrouvé; Mais elle ne ppuvaitqùe rester là,.immo-/
bile, la bouche entr-'ouverte,. tandis qu'elle pensait à Ce:
visage qu'elle, voyait parfois en. songe, ce visage dont-
les traits restaient flous et ne lui rappelaient rien et qui; -,

se dessinait, comme en arrière-plan, dans un cadre qu'elle:


.ne déhmitait pas.-Un front, et derrière ce front.,. Ber-
nard Bernier avait ce front-là...
Soudant, il parla et elle ne vit plus que son,profil, penché/
sur la main qui se tendait vers M, la maia de: l'ami qu'il
venait voir et qu'il serrait chaleureusement. Elle se rap-/
pela alors qu'elle, était venue voir une pièce.;.,.
— Asseyez-vous donc, Maryan,. murmura1 Michel en:
lui touchant légèrement le bras.
Elle obéit, comme un automate.

Tout Paris, cet hiver-là, venait voirjouer la, ligule; et.'


ce drame moderne à tendances sociales, ,dâns lequel un./
chirurgien connu, Florent Duryem, essaie ;dé. mettre sa.
'• vie privée au niveau moral•de sa vie publique; a laissé tin;,
souvenir aigu dans toutes les mémoires. Le savant s'est-
doublé depuis longtemps, chez Florent, d'un homme d'ai>
gent et d'un homme à la mode. Le. taux de ses honoraires;/
le rend aussi célèbre que sa science, pourtant indiscutable. /
Son prestige a fait de. lui l'ami des femmes. Il, est/
encore jeune et le succès lui sourit sous toutes ses/
formes. Et pourtant, il est las de ce flot d'adulations, :

de caresses, de chèques... Il veut dépouiller l'homme;;;


:;;7y7/'7,.77;77^
quMl:est, de, tout-ce qui ,étéûSè-imlmiJfen^ë'qn®'^0ii': '','.
feitétré.; Sa/pLâce est au laboratoire ou à l'hôpital, non '
dàrisjdés sâlons/pu dans,des .àlcôyes. C'est le .dësir/d%tie
/.oprivrasipn ^
7é7Mais pourquoi cêfe
maîtreétâmi; ;,.7
Laisse-toiporter'par 7
;-.
là'yie fëllè té Comble, fait le vieillard, surpris.
/T^iHbn. .L^té,/en:/sbi;/;Comprenez-yous?...Sa .valeur
/et js^ reGompj^ /
l-pii':;Sauyé;,;:oeiâ;Uésë:;pàM billets; dèibteqùe.
,Gëjri^sTpâs:surlê::niêriiej4&^
.Tamour.,.;. .//;//.,:.; :;;/;//.: ' 7-7'
7;Éà voix qm':p/roriorice.;;cës paroles a des/. ihfiexioris;./";•..

;;eh^âes-êr7p^ lë::sOuK::d'ùri :.
^ént'd'orageqlii hésité/èftcbrë à. révëmer,.pâr/ùn:ëclat, '/:
/tPutùhmprifcCT^ voix; quêThbmnie
commence à:,dxtoier-Urie/ïbrpië quasi matérielle et/pal-/ ;
-pâble/à/sa pensées/Ses/vib/ralibris. corre .'. /

nient avec éellës/del'âmë7La voix de Bernard Bernier


donrië au cas dû. professeur .Florent Duryem/un^iiitérêt
inusité, Elle fait/de lui, non-pâs une création: théâtrale, : ;

;niais-riri,être/laieri:/ il prête sa'stttiEtUré/;,,


-physiiqùe, pour ,çn recèypiÉj ;;ëri retour, une rûaniêre de '-.'
'sêritir/ët dé: penser qui parâît-si bien devenir sienne qu'il
ii'y, à plus qu'un,seul homme. Mais cet homme, qui ëstll?.
/Morent Duryem.?.: 7: .'-../
.

7Pehâànt trois heures; .Màryari s'attache à/cette ;des-,77'


tiriëë obmirie-si^sotiL propre/bbriheur était en jeu. .-Dans le; -

conflit qui; va/rpéttre Florent aux prises avec ses pâssibris.


-—/passion -du/luxe;etpassion pour une maîtrëssé/fari-..'."'
'/tà^ûë'et/riiori'âairië.qu/Convaincrede/laSâéëës- '.;.; :';
site de donner/«ri birt humanitaire à ses. forcés d^âmour
dispersées,>7-: elle va; vivre;;avec lui, partager soii/tour- ,.'
ïrierit.7 /"-"//// .:..'/:-//-'/7 7
;ErieetMstarit;pbureile^toutest vérité :la/jbùissâncé;/
,
et le sacrifice,: cë^ deux courants inverses entré: lesquels -
Florent Duryem, libéré dans son âme, mais esciavèjàns sa '-.
-,
Sï82:7:/7 77';/':;//!„:'7 -;pouR#i;^/7/:;i7/7'!7

chair, hésite encore. Pourtant, srlout est vérité, qtiim>-/


porte le choix?....Mais il n'y a-déjà plus de choix posi:
sible pour Florent Duryem. Il sait quel est le courant//
régénérateur, et il coupera les amarres, dût-il en être;;
déchiré... 7;

Les entr'actes n'ont pas sorti Maryan de cette• sorte de...


fièvre qui l'a saisie dès l'entrée en scène de Bernard Bér7
nier. Elle a attendu chaque nouveau lever du rideau avec-
une impatience qui n'a pas manqué de surprendre Michel,/
habitué à lui Voir moins d'enthousiasme. Maintenant que
le troisième acte vient de finir, il rie craint pas de faire;:
irruption dans un esprit qui a vogué depuis quelques,
heures si loin de lui. ' 7
-^ Et dire que vous yous croyez incapable de vibrérS/
Maryan ! Mais je m'estimerais le plus heureux des hommes-
si vous m'aviez regardé une seule fois, une seule fois,
entendez-vous, depuis que nous nous connaissons, comme
vous avez regardé ce soir BernardBernier. 7/
-— Ce n'était pas
Bernard Bernier .que je regardais;';*
répond Maryan, sincère ; c'est, à travers lui, l'âme de son
personnage. 7
— Et ce sont aussi les mots de Florent Duryem que/
vous écoutiez?
— Naturellement.
Les mots* de Florent Duryem dans la bouché de

Bernard Bernier, la bouche de Bernard Bernier que vous:
n'avez pas cessé de regarder pendant trois heures...
— Sa bouche? Vous êtes fou !
Il lui propose d'aller dans un bar des Champs-Elysées
avant de l'accompagner chez elle, à moins qu'elle ne prér
ïère venir prendre une coupé de Champagne chéz: luiy/
Mais elle refusé, trouve un prétexte pour rentrer plus tôt./
Si Claude s'était mis dans la tête de ne pas dormir polir
l'attendre!... '
.
Ils refont, en sens inverse, le même trajet que tout/à'/
POURSUITE 183
l'heure, dans un Paris qui commence à souffler ses lumières,
à étouffer ses bruits. Des cabarets retiennent de longues
files d'autos devant leurs portes capitonnées. Celles qui
circulent vont plus vite, jetant la brusque lueur de leurs
phares aux carrefours où grince un frein, soudain, tandis
que deux pare-chocs se frôlent. Des couples en tenue de
soirée hèlent le premier taxi qui passe en maraude et s'y
engouffrent, avec des rires un peu fêlés. Un pauvre type,
avec une barbe de quinze jours, courbe le dos et relève
le col d'un veston élimé, pour croiser deux agents cyclistes
qui font une ronde.
La rue Franklin est calme comme une rue de province,
mais le passage d'un autobus dévalant vers Passy lui
donne bientôt cette sonorité de fer et de vitres si parti-
culière au Paris nocturne.
— Merci d'avoir bien voulu passer cette soirée avec
moi, Michel, fait Maryan, un pied déjà sur la chaussée.
— J'étais avec vous. Mais vous? Étiez-vous vraiment
avec moi?
— En doutez-vous?
— Oui. Absolument dans la lune, ce soir, Maryan, avec
interdiction de vous y suivre, si j'ai bien compris.
— Alors, déçu? Vous regrettez vos pantoufles?
— Je vous regrette, vous. .
Il retient ses doigts et les serre si fort qu'elle en est
toute meurtrie.
— Pourquoi me faites-vous mal? dit-elle en le regar-
dant sans comprendre.
— Pour vous réveiller, pour vous arracher à votre rêve.
— Mais c'est l'heure de dormir, au contraire. Allons,
Michel, bonsoir... et merci... j'ai passé une soirée très
agréable... si, très agréable...
Elle est déjà contre la porte de l'immeuble qui s'ouvre
au coup de sonnette. Michel la suit des yeux comme il
ferait d'oiseau qu'il aurait apprivoisé et qui vient de
s'échapper de ses mains, le laissant d'autant plus seul
i847 -POURSUITE 7// '/..,: /, 7

qu'il sait, par Un secret/avertissement,': qu'il'rie ppUrra7


jamais, le rattraper.

Dans la chambre qui l'accueille,avec toute la blan-


cheur de son lit entr'ouvert, Maryan, qui n'a, nullement-:
envie de dormir, se déshabille lentement avec l'incohe-::
rence qui semble présider aux plus petits.gesles d'une/:'
femme qui se sait seule. Le silence qui enveloppeTàppar-7
tement donne une résonance inhabituelle aux moindres/
bruits qu'elle provoque et qui rayent sa pensée d'un trait
dé vie : l'hésitation d'un tiroir, la note sèche d'un écriri :

qui se ferme, le crissement doux d'une lingerie de soie


qu'elle ramasse.
D'où vient qu'elle attendait avec tant d'impatience/;
le moment où elle se séparerait de Michel? Elle sait pour-:/
tant qu'il aurait été heureux de prolonger une soirée/:
dont il s'était sans doute réjoui et qu'elle n'a marquée;;
d'aucun mot plus tendre. Pourquoi l'a-t-ellé quitté si ;
vite? Ce n'était pas la crainte qu'il insistât pour l'em- /
mener chez lui. Et même y serait-elle allée? Elle connaît
assez Michel pour n'avoir pas à craindre de sa part une
surprise. Il veut trop la tenir d'elle-même pour essayer
-

même de la tenter. Elle n'avait à se mettre en garde/


contre rien et d'ailleurs elle n'a pas songé à tout cela.
Non. Elle sait très bien que le besoin impérieux qu'elle;;
a de se retrouver seule n'est fait que du désir: de reformer/;
pour un temps et le plus parfaitement possible, rirhagè!
du professeur Florent Duryem. La connaissance qu'elle ;'

vient de faire de sa nature tourmentée la laisse trop inas-/,


souvie pour qu'elle songe à abandonner si vite cette proie/;
qu'elle' donne à. son esprit.
Dans cette volonté en marche,, dont elle, vient de suivre;
pendant trois heures les itinéraires dangereux, elle trouve
un incomparable,aliment pour son inquiétude, personnelle:.;,,
Elle voudrait vouloir. Elle aimerait aimer. Elle désire ce/
désir de quelque chose ou de quelqu'un,, qui n'a jamais-
7 .''..'; -./.POURSUITE // ' /' i%'
/ébranlé sa^përsonnalité un .peu grêle.:et qu'elle.vient de
/;y6^.s*i^t^^..:d^$i^âirie7de7cét hbriimè, pçmr-eri" 'faire'
presqùeuri héros ou;presque un.saint. Elle n?a;jamais vu
;çbëz;perspimë;;untelj^ Les forcés,de l'iritèl-:
- ligëridë /qu'elle :serit/jpùer: chez-Michel ^ où: citez: Çâfl/—-'
n'ontrien de cpntmun avec Cette puissancemystérieuse/qui
.
n'est-déjà plus, du domaine;^:Cerveau, nidu/ccëur, ;mâis
:::paràît;:étré;:uhé:emai^îori,;:dë l'âme mêmè,/L?ëvpIùtïqri/
/du professeur: Ilbrerit'/Duryem est seùlement/ïrioràle et-
d'aùtant plus.difficile qu'il":est plus imprégné dintellec-
tùalité;: LaybIontë/r-*ét:lâ force de secouer; Cette.àiiria-
, —
ture;de:plpmb;qui'le,Tecouyrë;.cornme.ellenous recouvre '
tous/.et sous laquelle/semble si accessible, et.srproché/la
.limité de toutes /choses,; Florent Duryeiri.:rié7juge pas 1

incessible/dé/lés;posséder/ Il a senti lé magnifique, élan -


intérieur qui/fait,craquer,toutes les servitudes: 7
/*/ Ma^yari/rêve d'urie/sëntblàble libération7Ëllè:y^ iêyë-
OQmmetme petite: fille'rêvé d'un grand voyagé, qui: ne. se
Résume encore qu'en/imagés et en mots. Il y; a/des. pays
-/qu'elle :n'a j^àis/vms^ct qu'elle sait pourtantidentiques;:
àTidëêqu'elle.s'enest/fabriquéedans ses Songes d'enfant.
II y a/aussi des,êtres àMclesquels elle se sent urië parenté
lointaine,; triais :ellëriêppurrâ les reconnaître que si/elle eët;
embrasée dû même fëu, 7
:EtjC'est/ceieU;quijui est refusé. Ce feu? Mais qu'at-/
/.tërifelle dpriC?,..7.77'.;'- ',-, 7-7'7::' ''.:/'/ 7'

.-/N/fes^ faire jlé|bur dëTàp-


'parlement ; endormi,'/jette un coup d'oeil sut;/Claude,
sourit;envoyant/sa/pose; abandonnée.-.avec uri,brà.s:,7-
dëj^jsi, long ;7-/qui sort /des draps, tandis que<les trois
quarts dé sa ligure restent enfouis dans ToréiUçrlourdér:
ntërit'écrasé. /EËe le/borde;distraitement et déposé un
baiserj:l<^r;;ët;machm ;sùr/ses cheveux, en/désordre./
i^s^lle. retourne:,dàris sa chambre, se, glisse dahsleljt,^
l86 7 /PotrRsùrnl;; ./ .,.' X-x:
7 trop large où la place de GàxI'.:senlblè"più4''''Vâsïé.'d/êfté :

7inoccupée, éteint la lumière et reste les yeux: grands


„/, ouverts dans la pénombre. La fraîcheur des drapslui. a
; donné/un petit frisson. Les absences
de Cari sont rares.
/Elle est habituée à la chaleur de son corps contre le sien,
/Triais cette sensation' plus iriusitéë du lit vide conviëtit
/mieux à son envie de solitude. Il lui serait même désa-:
;/ gréable de ne pas être, ce soir, entièrement maîtresse de
sori corps, comme elle l'est de sori esprit, qui ne donne
rien, ne veut rien donner de lui-même à des sentiments ou
à des impressions connues.
,

En marge de sa vie, elle construit l'édifice merveilleux


de bonheurs multiples. Devant ses.yeux, ou plutôt der-
rière ses yeux, sur cette sorte d'écran lumineux et intime
:
Où se marquent les images de ses souvenirs et de ses rêves,
7 elle voit se mélanger les visages de Cari et de Michel. Ils
/joignent leurs deux valeurs pour former un être nouveau
;
-qui prend peu à peu les traits de Florent Duryem et reçoit
7 de lui sa puissance et son tourment.
Maryan sent que, de toutes ses forces, elle pourrait aimer
7 un tel homme, un homme qu'elle ne Connaîtrait jamais
entièrement, puisqu'il lui apporterait tour à tour la per-
7 sonnahté et le désir d'un autre. Elle pourrait aimer un tel
homme... elle pourrait...
Elle entend sa voix qui parle déjà à son oreille, une voix
-aux inflexions chaudes et profondes. Mais cette voix, ce
: n'est ni celle de Cari, ni celle de Michel, ni celle de Flo-

- rent Duryem ; c'est la voix de Bernard Bernier; Elle fait


: courir sur sa peau des frémissements inattendus, dans ses
veines une chaleur qui l'oblige à rejeter loin d'elle les cou-
_
vertures qui l'étouffent comme un carcan. Cette voix
n'est pas.imaginaire, c'est celle d'un homme bien vivant,
fait de chair et de sang. Florent Duryem n'existe que par
-lui, qui le crée tous les soirs, l'anime de son souffle. C'est
parce que, lui, Bernard Bernier, veut bien lui communi-
quer sa propre flamme, qu'il prend figure d'un personnage
;7;'/7 7j>ûrasuiïÈ '-".: 77/7 '' x®7
htmiâiri dont lés actes, lés pensées, les souffrances, ont une
:,^euf;rëe11e;-77.:''':''',A:::7//:.:'/;''''," 7'7/7 7:77:7 ."'
;-
Sinon, que sëràit-il? Une pure spéculation. de l'esprit,
:

des mots sur un livret, un fantôme qui s'évanouirait lors-


-qù'onja. tourné la dernière page, -,
//,7-/. 77:: //7:
/Telle une ombre.absorbée par la nmt/zlè professeur
Dùryèm disparaît peu à peu de la pensée de Maryan:;—;
une pensée quelé sommeil n'a pas encore, ùbyée dans ses
/ brumeset qui,cpntiriuësbnrêvé -lucide —pourfaireplaceà
Bërriàrd Bernier. C'est lui, en somme, plus que Chevàrines
-,
qui aïaitlàpièce, le çrëàtèUr d'illusions. C'est à cause de lui
:
que,/ce,soir; contré toute attente, elle a vécu dés'ïriiinutès
d'exaltation comme ellê/ri'en a jamais connues jusqu'ici,
;:
Et pourtant, d'avoir « Crûque c'était arriyé », Maryan est
;'déjâprête,àrirè,,Urie jërtne fille qui irait ppurla prëniière/.
fois au théâtre rie serait pas plus bête. Comme Michel a
:
'dû se.moquer d'elle ! Lorsqu'elle le reverra;,ils n'prit pas.
/fini d'çn parler et élle/lé dira à Cari, qui sourira;d'un,petit -
-sbutire protecteur en/périsarit qu'elle est encore,., une
grande e&ïant,
7 Le; timbre grêle, d'Uné/pëndule qui sonne, trois heures/
Tinyite/â dormir. Elle sëJetourne dans le/lit tièdè-tout ;
iroprégné du parfum dé/ sa chair. Demairi, Cari sera là,
qui cherchera suf/son'oqrpsles mêmes places pour -y dë-
; poser les mêmes baisets,/en disant les mêmes mots. Elle ;
se déténdldans un mouvernent d'impatience;,, puis, comme
s'il avait pu voir Ce/geste; elle, pense à luiavecune ten-
/aressë/un péri-triste; Pourquoi lui en vôudràit-ëlle de
/n'êtreque ce; qu'il; est?; Yà-t-il des hommes qui savent
suffisàirimént se renouveler pour qu'une femme ne çon-
: naisse/jamais/.près-.d^euxlâ lassitude? Pourquoi:/Têye-
t-ëile; d'un être; multiplë,;alors qu'elle sait très bien qu'il
.ne porarait être qu'urie marionnette? ,7; 7'
Même lorsqu'il devieritjTpeur quelques heures tous .les/
soiré; Florent Duryem; :S
.,
Bernier reste Bernard
gernier,' Et/même lorsqu'il était l'avocat Letçlrij de
.188:77- ,:i©UR?pTE/-7/ //
Sa faute, la pièce qu'il jouait ayant Celle-ci, où biëfi
Richard Werdt, la financier avide .'dé Gouffre, il était
ericore lui-même,. strictement lui-même;.; Strictement?
En est-elle si sûre? Ses personnages successifs ne lui out-
ils laissé aucune empreinte? S'il a pu les rendre à ce point
vivants, c'est sans doute parce qu'il les a compris avec
passion et ce n'est qu'en se dépouillant un peu lui-même
qu'il est arrivé à faire couler en euxcette sève animatrice;
L'art de Bernard Bernier n'est pas seulement un art dé
composition. S'Ë possède celui-ci accessoirement, et jus-
qu'à la perfection, ce n'est qu'un don de lui, toujours
renouvelé, toujours fécond, qui peut communiquer à ses
personnages cette vérité accablante.
De quelle substance eSt-il donc fait? Riche de tout l'ap-
port de ses personnages — et quels personnages : un
Florent Duryem, un Létchi, un Richard Werdt, et
combien d'autres! — ou pauvre dé leur avoir donné,
morceau par morceau, son intelligence et sa sensibilité;
La curiosité de Maryan s'enfle jusqu'à l'angoisse. Elle
imagnre la vie ardente de Bernard Bernier, le lent travail
de transmutation de son être en un autre, l'abandon pro-
gressif de tout ce qui fait qu'il est « lui », et non. pas
l'homme qu'on veut qu'il soit, sur une scène, pendant
quelques mois. Sans compter que pendant qu'il joué une
pièce, il en répète sans doute une autre. Partagé entre ces
divers spécimens d'humanité, est-il possible qu'il y ait
encore un Bernard Bernier qui pense; aime, souffre, pleure,
et qui soit autre chose qu'une éùveloppe physique infi-
niment séduisante, mais vidée de toute personnalité?
.Tout s'efface -maintenant pour Maryan devant le
souvenir de l'homme qu'elle n'a cru régarder ce soir
qu'à travers un autre.
D'une main hésitante, elle cherche l'interrupteur de sa
lariipe de chevet et donne la lumière dans la chambre. Le
programme de la Houle est à quelques mètres d'elle, sur
.
sa coiffeuse. Elle se lève pour le saisir, puis, revenue dans

777 ; 7 ROURSUITE/ •-.-// ,:.:.:'/;/î:89 :,

son lit, elle çqmtnëhCe à 1§ -feuilleter sur l'oreiller, TJû,


portrait/dé Bernard Bernier/, en première page; étale sa
/grisaille-au-dessus de: là /signature d'un photographe
-connu. Jïàryari est .d'âbprd-frappée par/son regard qui
Tâttemt eomïhë; une ;;flèchë7:en pleine chair; tin -regard
émergeant d'yn/flot-dé. spureils touffus,.sous un front
:

:/lM:ge et lumineux, :un regarçj. chargé de- toutlë; ppids.de


là passion des/autres'et.peutrêtre vide de;sens,si l'on M;y
-éîffbnçe/;jusqù?au/ vettige^/ùh: regard dont MAryariTrie;
/peut supporter/ pendant pltè -d'une minute/ ï'é^eryante;
ënigrne;.,: /- „7;
i; ,/Ellé;ërirporté;:dàris/là;nuittrouée des premières;rumeurs
-dumafin sa curiosité/insatisfaite, qui lasëCoué coriurie
une, souffrance. Par un dangereux tournant de sa penséej
-cièst sur/sa pfipprë énigirie- qu'elle s'appesàntit;,.l'énigme :

d'une pauvre feriiirie qui «se cherche au milieu des divers


.
rôlesqù-ellè joue;//;-7/
''/•?, Et les heurés/passerit; elles semblent courtes comme ]dès
;riiinutes,/Enfiri un peu engourdie par le sommefl qui-la.
the lourdement :vers-^sës; abîmes mystérieux, tandis qiië
Faùbë blanchit lès fenêtres; elle voit sa;:destiriéé rejpi-
griântjpat/tmrrniraciè;; Celle çle Bernard Bërnier>. Elle: se :

laisse glisser vers ces dëHces/iùcomparablesqui,consistent


Ji/erpiréqU'fl'ëâ^ pour soi7èt:que/cet être,;
:
vous recpnnaît7et qujil yotls tend les bras.7
-/Sur ses lèvres/un peu sèches; — et si chaudes !;;-— illui
/semblé recevoirla Caressé apaisante d'unpàisër-qtuu'ëst
peut-être; qu'un-; mot d'amour murmuré plus près; et qui
s^chèyë:; sans ^malentendu./ Son corps appelle l'ëtïéiritè.
idéale qu'elle: -méprisé, ét'/rëdoute sans "doute, qu'elle:'
déteste; et souhaite peut-être..-. -7;/
A huit;heures/,du matin;: constatant que contre/son
habitude/sa mère n'était pas. encore levée;; Glfride;-rniï ;
voulait Tembrâssef/avant/de partir pouf le lycée,; .se ;
permit, -après ;avpir/i:îrappé/légèrement,,;-de/ pousser :1a/

Ï0^'/?^7--H;\:,^
porte entre-bâûlëe de/sa chambré;Tlpassa avec précaution:-
sa tête ;(ïë Tàùtrè côte .du:,b;attant êt^rilalgre/I'opscùrité";
relative; de: la,pièce/dont, les contrevents n'étaient pas;
encore ouverts, ilIs'aperçut 'que sa mère/.dormaitîtoujours/;
Au pied,àa -lit, le programme gisait, froissé. 7
.Sur làpointe des pieds,ll:^^aïrcà;;ppùt lë;;râimsser,,:càr^
il y aurait volontiers jeté uncbupd-oén. Mais, pressé pâr,
,i,l'heure,:;il le -remit; sàgëmoet;.|ur7:la:;t^
près dé la petite lampe. Il ne spupçpimàit -pâsque lors-
quil; ledemanderait, à midi, Maryan/déclarerait/l'avoir,,
dëjà déchiré, la pièce qu'il analysait « n'étantpas dri tout/;
pour lui.» 77 ;
PHILIPPE DARGIAT; 7
(A suivre.)
V/BN;;.GRAND FRANÇAIS i.7
L'HOMME DU':." POURQUOI PAS ?S5(I)

(Suite)

PREMIERE CROISIERE SCIENTIFIQUE :


« ROSE-MARINE » A JAN MAYEN

En collaboration avec Clerc Rampai, Jean Chareot


publia, pendant l'hiver de; 1901-1902, chez Rueff^un
; petit
traité intitulé la Navigation mise à la portée de tous.
Comme il le dit dans une préface écrit sur le ton familier
le-but de cet ouvrage est double ::

« Permettre à ceux qui n'ont pour tout


bagagenîathë-
matique que l'addition, la soustraction, la multiplica^
tion, d'apprendre la navigation. »
« Servir d'aide-mémoire à ceux qui savent, mais qui
peuvent oublier. »
L'étude de là navigation y est présentée sous forme
de problèmes. '
Ce traité, Charcbt l'avait entièrement coriçu et Clerc
'
Rampai raconte qu'il l'aida seulement à le rédiger. « Au
sortir de table, m'emmenant dans son bureau, il me pré-
senta toute une liasse de papiers, me la mit dans les bras,
et avec sa rondeur si charmante, il me dit : « Mon vieux,
voilà en vrac toutes mes notes, tous mes essais de cha-
pitres, faites de ce fatras tout ce que vous voudrez, taillez,
recousez, complétez... moi jje vais chercher l'éditeur... Et
.,:(i)- Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Copy-
right 1937 by Marthe Oulié.
'fgz-'y"""."-' "" '7trS/cÉANrJ.:'"ffi^i^S':7v''''"v?S^
<;-"/:' 'T" 77 "/"/''- 7 7" -"-."- 7 7
employant la locution traditionnelle dés officiers qui se
-

passent le quart : maintenant, à vous le sbin!»


Le traité, si clan et si simple, fut mis'entre les mains
des élèves de l'École navale de la République argentine
et des officiers de la Marine marchande de chez nous: y
eurent recours pour préparer leurs examens de capitaines
au long cours.
Charcot a vendu le Pourquoi pas II pour acquérir une
goélette en fer de 214 tonneaux, Rose-Marine.
~L'été suivant, de conserve avec l'Harlequin, de M. Den-
iert-Rochereau, il veut tenter d'atteindre l'Islande et
l'île Jan Mayen. Mais il se sent mûr maintenant pour
donner à sa croisière un but scientifique. Il emporte un
appareil de son invention pour faire des recherches sur
l'étiologie du cancer, et il emmène J. Bonnier, dirëcteur
du laboratoire de Wimereux comme collaborateur. Il
est pourvu d'une mission du ministère de la Marine
,
pour étudier les pêcheries de baleines et les hôpitaux des-
'
tiriés aux pêcheurs. De plus, le gouvernement autrichien,
qui s'intéresse à Jan Mayen, depuis l'expédition du Pola,
a posé certaines questions qu'on l'a chargé de résoudre :
le cratère de l'Ile aux OEufs est-il éteint? Le bois flotté
continue-t-il d'affluer sur la côte?
,
Jean avait espéré que sa femme partagerait son goût
pour la navigation. Cet espoir fut déçu. Mais il n'aurait
pu renoncer à aucun prix à ces croisières, qui prenaient
de plus en plus d'envergure. Mme Charcot préfère les
péniches. Quel dommage ! Elle a, à bord de Rose-Marine,
une si belle cabine ! Georges Hugo et sa femme (Dora
Doriari) en profiteront à sa place.
Cap au Nord ! De nouveau, la houle grise, le vent amer,
la lutte. L'enthousiasme de Charcot ne fait que croître. « Je
suis de plus en plus amoureux de ce pays, écrit-il. Aucune
désillusion,, au contraire. Le premier jour, nous avons été
favorisés par une tempête de neige très couleur locale. »
Ses compagnons partagent son entrain. « Quelque chose
"'|77:/7 /7i'HQMME/iï[7 PAs:?/;77/:-77 ;:''i;9i',:
délrurlânt et d'irinoiniriable, écrit la passagère, bondit
dans/m'a chambre et dans la 'stupeur du réveil, je rëcbri-
...

; n^s
Jëari/ètjéconxpte^^ »
.

/
Qn/se précipite sur lé.pbrit pour apercevoir l'île étrange,
Aritësure qu'on approche, on'sent mieux l'impression de.
.désplation, de grandeur et de beauté qui s'en dégage. Uri
imtnënse glacier, le Béerênberg qui « montre son auguste
tête/Manche;» au-dessus: des nuages, semble en défëridrë;
l'approche. Ppurtant,'on met un canot à la mer et malgré
le/ressac,, on parvient-à-débarquer à la baie de Màfy/
-Miiss/i/longeant la côté jusqu'aux sept récifs,/Dora en/
tête, sur une/immense; plage/de sable non daris laquelle
pri.enfonce jusqu'à mi-jairibê, et couverte de bois flotté,
((bayant l'aspect gigantesques dé ossements. » De. quelle
.Norvège viennent ces/épaves?;"La jeune feinmcëçrit 7/
7;«-Parfois les longues!^ de lave nous permettaient;,
dé nous tenir en équihprè. Un cirque de hautes iriontagnes,
.neigeuses entourait une plâmelugubre. Nous nous sommes..
prpïnenés pendant trpis/lïëures, dans le vent, féroce, urié;:
,
-tourmente dé neige, et là figure labourée de milliers, de
coups d'épingles glacées; n'en pouvant plus de fatigue;
/rnàis si enthousiasmés que nous, puisions des forces dans
/nôtre enthousiasme; ». // ;/ 7 7 ';"'
; Jean écrit de son côté; le 18 juillet : « Nous arrivons de
Jàri Màyên, parfaitement; comme on revient de' Monaco
et/c'est même là que j'ai eu mes trente-cinq ans. » Rose-
Marine.;y a flté-Ie 14 juillet avec son grand pavois et le
pàvillori autrichiéri en tête de niât. .; ..... 7

Cap sur l'Islande L'équipage est pivt à suivre Charcot


;

au/pôle Nord. Qn va faire du charbon à Akuréyri. /.


,pùur la prèriiière fois, -il aborde dans ce petit port qu'il
:

devait revoir si souvent par la suite. Cette sèmaine-là


rrnaxque pour lui le baptême des glaces. Une, nouvelle,
lettré,dàfée du 25 juilletdit:; « Nous venons d'achever le:
tour, de l'Islande, arrêtés/par la-banquise. Vingt-quatre
7/// fi. H.> np.46, 193?. 7*7x1, 2. ;- ?
,
Î947 77 .USrG-RANB/ERANC'ÂIs; -7-/ - '7:7
rhéufës7âprës;; nous ;y;^
franchie. J'en/rapporte une/bputeilïe;ét vous avoris'bu du/
/Champagne frappé avec.;, (Sic):, C?estlé.p;lus:inër'oeiïïéU?7:
Voyage qu'on puisse faire. »/ / '-'•>'. /;7
/Dora, de son côté, écrit 7«,Trois jours/de brunie, très;/'
.
.

Pêcheur d'Islande. L'Islande nous apparaît férûce, désolée"


.

et neigeuse. Nous avons visité le.Saint-Pierre, bateau-/,


hôpital des pêcheurs français et npus partons en Vbyàgè7
avec le consul de France, le docteur Belariiî,:et lë'démes7:
tique Auguste, et huit poneys. Le/huitième poney; porte-
les brosses à dents et les pantoufles, J'épate la pppulàtipn;;.
en montant sur une selle d'homme.' ».
L'île de glace et de feu së/déroule aux yeux des .yoyâ-;;.
-geUrs dans ses contrastes étranges; Ici, un volcan :qiu;/âe7
temps à autre, se réveille. Et tout à côté,: un glacier, le-
plus grand de l'Europe,/lé VatnaJokuU./De la-nejgé-;"
sur les montagnes et del'eau bouillante: dans les caseades7
Des rochers hérissés comme' des casqués dez/prinçes//
/khtriers, et des; plaines aux lacs paisibles.;Des vallées sali-//
vages, hirsutes, des landes désertiques et; tout à coup, là-
douceur de villages baignés par le Qulf..Streàm où/
croissent les tulipes. Des paysans très pauvres, maisZ:uriè7
bibliothèque dans chaque ferme. Une xaee qui s'enor-7
guéillit dé descendre de l'élite norvégienne ïëvpltéç/
contre Harold Harfagar, et croiséede Celtesdes Hébrides7
Un petit peuple qui a profité de Ce qu'on l'avait/oublié/.
/lors du divorce entre Danemark et TNForvège, pour sëï,
considérer comme indépendant et qui continue de parler/:
la plus pure des langues Scandinaves.
Les chevauchées à dos de poney" entraînent nos'vpyaT;-
geurs vers là Gullfoss, la Cascade d'Or, que Charcot dé-7
clare préférer au Niagara. Auxapproches/du soir,;qiiarid;;.
Te soleil dore lfécume, deux:àrcs-en-ciel-àpparaisserit auf?
-dessus du gouffre comme unpprit magique. ..7
Il leur tarde surtout de ypirbondir à 6 o mètres/dé hàiir;/
teUr les célèbres « geyser s./'ns^'rie'-s^vèrit-.pàs-çômBièii/'ÏC'

'77:/"7'. 7"/17HOM&E/|M:Ï RÔU^UÔI-'ÏAS?/»//;'.; //7:XÛ3i'

geyser; est: capricieux/;:îl:n'est-p/às- obéissàrit\cbinriié/i.uri


;/simple' jèt.d'eàudpritll suffit de; tourner"le ïobinêtS/Pat-;
:::foiè7il-s'ëndbrt pour :\ili^: àritteës, mais gënéralenterit;!! :

ebnsërit à; së'riiontrer dans toute sa splendeur pour, deux


/^u7i±ôis'::jpùrs'...'Il':est'.'/\T^-'/qu?i lui faut des offrandes. ;
T^sï un/monstre qui sé/riburiit... de savon. Il faut lui;
/eri: jeter: quelques kilos dans la gueule (un petitTbassirf)
et/attendrê qu'il l'aitîâigëré: Alors l'éruption s'annonce
pair/un.bruit de tonnerre. L'êàu bouillante déborde -du
/bassin etjaillit puissamment;:irisée par le soleil.;,7
/77Èes Islandais ont léur^huitièriiemerveille du monde'»....
C'est Thnigyellir, 'dont: ils prononcent le nom âyeC res-
pect .Imaginez un iin/rnènseTac entouré de montagnes,
/zfeiibrdv/uri diadème/dé volcans. Au sud, des/colonnes
/dp-vaipëtit jaillissent' sans, trêve des flancs' du mont
;ÎIërigill. Et c'est sur//iïri£ lagune de ce cadré grandiose,
:/quë;së;réunissàit'jàdis;;ëri-plein/aw le Parlement/dés chefs
7dél'ïslàride;/Ôny vott/ehcprëles ruines d'huritbles ca-
bariéSjCëliesdes chefs.'Tous les rochers alentour porterit
des; nonts .syiriboliques,71a Crevasse à tout le monde, le
;;Rpcher; aux lois, le Président:,,dé l'Alpingi (Parlement)./
/;/7^iréstlë'/rudé pays/que /Charcot allait aiiriçr siprb-
.fondémerit pour sasaùvàge grandeur et sa poésie grave,
sâris.prévoir-qu'mi joiri/il deviendrait son tombeau et que
Tà/âêtnièreTision qu/jl: emporterait de ce monde serait;
;:cétte/rad.ë:âeRejkjayik,/siaccueillante et si belle; avec
-ses-hautes montagnesbu s'attarde la neige...
r^Rùse-Marinè a bien travaillé. Elle rapporte une étude
:sur lés :«'pays à glàCëS>flbttarites'», sur les «-vapeurs; »' des
yqlcàns/dë Jan Mayën/qui sorit,en réalité, des poussières/
constituant lestr^spprtséblitiqueset aussi sur le cancer,
Tàïèprë,lés7éçhihocoqucs les: moutons),, et
/surleS'péchés dans/ces hautes^ régions. Elle était pourvue
/d'une collection de 500-photographies. C'était une belle,
r.ëçbïtë; et Ta réputation; du j ëune navigateur' bommën-
:
,-
;5ait:^s'àffitmer, à.dépasser,lé/mOnde du yachting; 77. ; ; ;
'/tûê',"''":."'i:;:;'/// '''7':/to';GEANff/FRÀNÇkis/'/.'7'/77"7'',""!;',/77;

' Le xg'&out, il était de retour. 'Un âtramelntimë éclaté,;'


.qui ne sera pentétré,pasetr^riger/àlà,grànde/déçisicp,/
qu'ilprendra bientôt. Il s'efforcedë^lâisantèr ;;<i Mrrië dé/:
,
/Thèbés avait raison, je suis né sous SatUrrié, mais; je/
méritais tout de même d'être heureux;;J'ai besoin dé cou»; :'

rage et beaucoup. » '""'."7;7'7


; « Je donnerais 500 000 francs —- que je n'ai pas ! 7"
pour être moins sentimental, mais rnalheiùeuseiriërit prT;
, ne se change pas;,» Toute sa vie, le marin énergique qu'est';
Charcot sera un tendre et jantaisff ri'àffëçteraVpbui-
"donner le change, un cynisme cruel;
II doit s'incliner devant T'évideriçe qui lui serre fe-
/ coeur : le désaccord s'acCentuë entïé'sà femnié/ët:lui.7
(jhez les faibles, et le plus souvent, chez les fèmrn'es,: là;
souffrance morale' paralyse le désir d'agir et le, goût de; :
la;vie. Mais chez les forts/là.dbuleutestquëlquëfpis/^^
stimulant, un tremplin d'oùTon rebondit avec ^ës-forecf
rieuves. Charcot est de ceux-là.
// Chaque jour s'accentue en lui, soutenu par/Une vbes|7,Z
tioh impérieuse, par le désir de faire 'oeuvre; qui corripte;;:
l'idée du grand départ pour une expédition; d'envergure,-
/et dans le domaine où la France.risque de, rie pas;riiarquer;;,
saplace de façon digne d'elle":les.régiorispoTàifës^ ""'

VEILI-E D'ARMÉS^/ ,-7: "/ "7'7-/,


,

Son père et sa mère sont, morts.. Il rtô compte plus/sur.


/..

l'amour de salenune. Rien né;l'empêché, /fût-cedelà :


-plus tendre façon, de regarder en, îâçëlëdéstiri/teTqu'ii/
l'a rêvé, de partir pour la grande et utile aventure, dé
/faire, s'il le faut; le sacrifice de. sa, vie/à spn idéal,.
- II, partira «régnante pour'riïie C|*oisade/;»7:SQn7aiïii/
MoigêTa bien jugé. 77
Ses sosurs sontmàriéês. Marié, qui avait, d'abord épousé; -

à vingt-quatre ans, l'avocat: i^uyillé, (iontëlle, avait'eu-


.
'
J^HOMpg Ï>Û ;7 PÔpRigUÔI PAS? ;»/":/ ï§7
.-urilils (î)^^
;yagê;/àVee- rin gïâûd; garçon distingué et tiàeiturriê,
-Walde^Ro^séaUi;;Jetone;;à^ mort de sori,péKé,;
s'ëtâitlàissëè/marieï à ùri: des hommes les plus, eh yué.
de Paris. Alfred Ëdwàrds7Sa fortune était/proverbiale:.
Il avait fondé: le Matm^.ei.,guis; pour ennuyer/Son bëàur
/frère Wâldeck. qu'iln'airiiait pas,-il avait érêéun journal
.socialiste; lë.Petit Sou, / :7
:'•• ;jéSrihé Ed^ards/ppssèdë/Tà /première péniçhè-yàéht,
l&DâmërJmnm..t)è sa.jeunesse joyeuse, fantaisiste; elle
a;gàfl|éIe:goèt desxéeeptiphs originales. Au bal dès cartes
à jouer, ou elle est éri «damé de coeur », Jean est yênuéh
: foi:IhâUre, -accompagné du
molbssè, Sigurd, déguise en
/librij#yëcu^e.fâussè.crlhièié qu'un agent;-âàriëla/rtie,
/a failli arrêter, sous prétexté que le « transport dès fauves
/ri-est pas autorisé djihs, lés,/fiacfes ». ;;.-
;/ Cette époque quèTàritéur de « 1900 » â analysée et
/flagellée; çéttë époque précieuse, névrosée, lassé;; cet
«âgé ;d'ôf » aveuglé par sori monocle, qui ne croit à rien,
înais. gôbè tout, où i'ôh pratique «le footing en tube et eh
jaquette bat son plein,,L'Exposition universelle;eri à/
>><

7rhâriqué l'apogée. / .77


...
Jean pourrait mener Cette yiè de « clubmari » qui. paraît
réncoié: un paradis à çêUx;qui l'ont connue, laisser à/là
.postérité le souvenir d'un7«;beàu » décadent: qui a tout
effleuré, idole de « belles»;aux grâces d'orchidées. Charme,
rnëgh^ë et légère mélancolie dont Boldini nous àlaisséle
reflet! Des Cheveux fous,;dés « frisons » sous des ailés
àGrbbàtiqùés, des niânçnoris dé zibeline, dès tàillêsmiricès
.,

;
encore àrilénùiséés par lé peintre !
; / -
Dans çê milieu trop raffirié, sa personnalité/fait senr-
rsàtibri. Il suffit qu'il "paraisse pour qu'on, croie voir
s'ouvrir, des- fenêtfés. sur-le large. Ah! ce n'est.paslùi

îi):Âujôiïr<i'hui ié docteur./Jacques Liouville, directeur de l'Institut.


scientifique chérifién, à Rabat;;,.;".-
;ZÏ98 77:7.&<.:-.V'7;.7.PΣ
/«quiprë^d lê;.ï^ais/de:^àcë/pbur/le/pôle
; :IIpbrtë, à'spri insu;TMrépIè/dècèltxqrië^ */
marqués pour un destin plus vaste; Je, ne peuxTimaginer /
M cette époque décisive de sa vie"sans/ spriger à/uri/ autre/
/visage, si proche dusien par bien/des" côtés, et quiétorihè -

.aussi un monde confiné dans sa médiocrité ./cprifortaile/ /


par ses explorations au Maroc-mtèrdit; Un.mêmeidéal
:
met une lueur de rêve dans/lesyeux noirspàreillemëât ;;
arderits, pareillement Volontaires. La, yôix grave : de
l'Islam fait résonner à son, oreille l'appel;patient/dès; /
;
muezzins et le chant rauque du. simoun sur les palmés /
froissées, de même qu'à éelle;de Jean bourdonnent:-saris/"
cesse les craquemerits de la mâture et le .gémissemèrit '/
des poulies, le sifflement du vent d'Islande dans lés hau-:'.:;
bans d'acier.
\
L'homme des glaces ne peut oublier; la grande, pitié:

.
des pêcheurs de morues auxpoignets entaillés par le suroît; ;
et par le sel, les doris chavirant: dans la brume; L'homme//
.des Sables revoit sans cesse la misère deS: ghettos et dès
/.gourbis au soleil cruel de l'Afrique./ Celui-là .sorigësaux / .

déserts polaires, aux banquises inexplorées;, aux-réCifs,


inconnus qui gardent prisonniers les7;baleiniers âuda-;7
; ciëux... Celui-ci pense aux/déserts sahariens: dont on rie
.sait/presque rien encore, où souffrent/des infidèles/éri7
guenilles, aux razzias des Maures dans les oasis mal-dé-
fendues... Deux domaines qu'il faut conquérir /a, la//
France, de cette conquête morale qui dépasse.en /beauté ,
et en durée les victoires de la force et;d.èS/aTmes,.,Cpîriîhë'7
ils sont proches, ces deux êtres d'élite qui ne. se;cPn-,.-.
naissent pas, Jean Charcot et Charles; de Ëoùeauldl / 7-
Tous deux gâtés par la fortune, héritiers dé noms qui /
suffiraient à leur assurer tous les/:privilèges, tous, dëîux7;
.
/brillants, jeunes, ils préfèréntla « vie rude.», la'fëaîité ;
/dure ; tous deux s'embarquent/sur la .route sans,ombrer;,;
et tous deux, par des voies différentes etpourtant proches; '
;
s'élèvent sans défaillance jusqu'au sommet dejeur; idéal,;/
; t'HoivTHE^DtJ"7po§ït§uOi/PAS?;»:/; i^gr
Jusqu'au sàcrifiçéSuprême; jùsç(ù;à"cë ppinï/pùse.cpnr./
fondent; aiorce de dépptrillemëirt.la: vie temporaire:et;
:1a vie éternelle; - 7 - 7-
.

;/ pëpùislédëbût/âé/ce,très/jëune:siècle,;qùatre,'graridés;
expéditions étaient/ parties ;â Tassaut du pplé Sud; ou/
'

toutau moins dé I^^târctiqrié:: SCott, àbqrd de Ïa/Dïsr-;


covéry, coiririta-ridàit/l'expédition anglaise ;;Erik Vori-
:

:
Drygâlski, à bord/du Sauss^Tallëmànde ;;W/7S. Bruee,:à
bPrd'delà ScôMa;i'ëçbssâise;ët/©ttoNôrdenskjblâ;à:bord/
del'Ë^arc^ç,là,sùedbise,..': 7,;;/ ' ,;/;7;,://"-/.';"; 7
/ La/France était"restée en dehors 'de- cette tentative;;
d'exploratiori, qui était en même temps une.'compétition-,
iriterriâtionàle. ;/-:/7- : '"7-,/; -777//' '7-'7/'-
'- Citaient ; eèpe^^ qui7fe/prémîërs,7
-avaient été à la déçouyërté decës régions. 7; : / ;
7.7
/-. I/.-4-iglë, dé Bouvet, reconnut les preririërés terres/
;
antarctiques en;3:^8,,et tréntè-ciriq ans plus tard Ker-/
guèlen-TrérriàféçK avec' les « .flûtes », lé Grp%//Yentre,.etla/
.Êof^e,/découvrit lès/zues^qùr-portént :sbri;;#^ :
7-/;/;
Cent ans aptes/Bouvet; Du/mont d'Urvillé; découvrait
les terres Lbuis-P}iih^pê,./jomville, Adélie-ët Çiary. Pèr-
squrièn'avait repris ses traces./:./;" -7:// 7 7 7,
:

' JcàuCharcptr^olut-âe poursuivre rosuvre/de'cëspipn-v/;


;rilersîïl
fallait ùnriàviré; unëéquipë, une riussiori-et tbùt/:
d'ahprd de l'argent. ;;/- :/;;;77 :
7,/;7- '
; Certes, il âvait/Unë fortune personnelle, rnai§ pas aussi
:
:

eorisidèrablequ-phlésuppps:ait.Tl.àva:it reçu ^.pp poo franCs


vdë/dot à iâ: mprt/iâe/spn pèrë;;fermi les /objets- d'art;qui i
l'avaient suivi àù:8b;dê la rué/âèTUniyersitéjÇÙ il/halji-;
tait/maintëriàrit, :un Fragoriard, le Pacha, ,s'îl; était bien ;
Vendu;pourraitàJrrondirlaspmme.On levendrait. ' ;
:Ëri/togleterrë;ies;expêditibrisdisp^ toujours d'ifn-;;
portantesressourcesgrâce à dés souscriptions étdes'oamf;;
pagriëS: de ^pressé -bien mènéés./.L'opûiibri/publique :ne
déiriâride-qù'à sëpâssionner;pourvu qû'ëUé/sbit Ténsëi-
200 .
;UM. GRAΫ5/FRANÇAIS .-.
gnée. En France, on exigeque tout cequi a un caractère
scientifique garde une réservé farouche, et il est de bon
ton que les savants échouent, faute de, subsides, plutôt
que d'intéresser à leur oeuvre ceux qui pourraient les leur
procurer mais qui l'ignorent.
Charcot résolut d'employer la méthode anglaisé dans là
mesure où elle était utile- Plus tard; ati contraire, quand
la situation du Pourquoi pas? changea, il se dérobait aux;
interviews personnelles, et ne voulait, jamais emmener
à bord de cinéaste professionnel. -
.
Néanmoins, il n'était pour rien dans un certain article
de l'Intransigeant, qui parut dans les premiers jours de.
décembre 1903, et qui commençait ainsi ;
« Bon sang ne saurait mentir,... Nous apprenons que le
docteur Jean Charcot, fils du célèbre professeur, à la Sal7
pêtrière, prépare une expédition pour aller vers le pôle:
Nord. Il veut ramener le drapeau français dans ces
régions d'où il a disparu depuis la mort dé Blosse-;
ville, etc.. »
Or, cet après-midi-la, un jeune ingénieur,
*./'/./
Paul Ple-
neau, feuilletait machinalement le journal lorsqu'il tomba;
en arrêt devant l'article.
Il avait alors trente-trois ans, et déjà il ; était
directeur d'une société de construction de machines
à vapeur. Il avait fait pas mal la fêté. Peut-être
inconsciemment était-il las de sa vie boulevardière...
Comment expliquer l'attrait que revêt soudairi l'idée d'un':
départ, d'un grand'départ?
Il va trouver Charcot, abasourdi de cette nouvelle
imprévue ! « Ces journalistes, lui dit-il, en savent plus
long que moi. Ce n'est encore qu'un projet... »
Pleneau a été tout de suite conquis par l'aspect sympa-
thique, franc, ouvert, du jeune docteur. Et Charcot, dé
son côté, apprécie la bonne humeur ayec laquelle son
interlocuteur lui fait ses offres de service : JJ '//'.
, „
7/ ;/7 L"fipiME:;pu -^;-EpURr|pot:i^?7»;;'; 7/ 2ÛÏ,
:«;Je. suis ingénieur; je connais/lés machines à vapeur-,
:

/jê/eonriaiS Ià.mer.-SàÙî/pbûrsfairela cuisirie;,je/crois que;


''je;'p_ôui^€ti;..YQ^'êtré;utilè>".Si.ydasme le petiriettez^pour.
/garder .le/cpritàçt, je vousléléphonerai pour-savoir éù ai,;
sorit vos projets le; dimanche iriatin, vers dix heures. » 7
//Ciiareqt sourit, tend: la main : « C'est entendu./»/.77/';
'" TJrie grande amitié/vient/dé:naître. Et de dimanche eri
dimanche.le dialogue reprend :
.
'-," /T7 Allô. Ici, IPleneàù; Je;suistoujoursvivant et toujours

à Votre disposition. /;
y 7^/Rien n'est changé/depuis dimanche, rieri n'est plus
avancé." -7//7';7,:'
/Ala/fin de janviér/Charcpt,s'est mis en rapport avec-
l'explorateur belge Gerlache, qui avait hiverné avec la
Belgiça/âaxis l-Àntactique;|rois ans de suite. :(i897; 1898,
ÏS99). Il,venait, de,déciderde faire construrié ùri navire
en: bois/Capable d'affrpnterlës glaces et de l'essayer dans.
: une première expédition au/riord de l'Islande;
/;Il-.-.avait' étudié les plansde son ami Bôyn, difeCteur
du:journal le Yacht,.etrésolude confier la construction
;
aux chantiers de SaintTMâlp.: ."
.711 s'agiss,ait-dé mettre à/not, en cinq mois, un/trois^.
mâts goélette d'une résistance à toute épreuve, habitable
pour ..delbngs moisefTppurvu-d'unlaboratoire.' 7.7 '
,/Le père Gauthier y;mit toute son âme. Toutes les pièces;
..
entrant dans sa construction étaient de qualité trois fois
-supérieure à ce qu'exigèaitle bureau Veritas7:'la/coque;
ét^:reriforcée;au niyeau delà flottaison par des:ferrots
transversaux.. L'étrave était garnie d'une armature eri
bronze, qui fut renforcée par des ferrures en-Y.. Un souf-
flage; était destiné à protégerlà coque contre lé choc dés
glacés. L'hélice pouvait: au; besoin être remontée dans un,
puits.Pbur éviterlà/formâtibri de glaces sur.lës parois :
,
intérieures un feutrage de/deux centimètres garnissait lé
ïvaigrage.;,; /7/'777;: .:7 7:,. :77 7.7
';'- :Malheurèusemênt;.bn dut économiser
sur l'achat de la;
202 /: 77":7; "''"'/ W 'fâ^NB'EïiANCAlâ; ;.;;-..-;-;' y; /-;»<:

machine atixniàire de I2§ G


déboires!:
.,
:; 77 '7 "7/; /'/-" '-;/
"7 C'était un très
1 petit riayirë pbttr.: tenter païeilles entrée-
prises 1 Là encore la question d'économie ;se posait^: Qi£,,
Sacrifiait le tonnage à la solidité. Il/àvàit 32 •métrés dë-
:
long,, jaugeaitj250 tonnes. 'Quant à son riom, il'exprimait;:
l'intention patriotique avant tout, qui:guidait sori:jéurie;
Comïnandant. /Il s'appeffait simplement: : :1e Français,/
'Le dévoué Pleneau, compagnon,delàpremière heure,;;
avait obtenu un congé de quatre mois pour l'été suivant;
;Un Coup de/théâtre, se produit alors. On /apprend,que/
le gouvernement suédois se prépare à envoyer une expér-
/dition de secours à la recherche de Otto/Nordenskjold et:;
de son navire, YAntarctica, dont on est;sans nouvelle;
'depuis 1900 et qui aurait dû rentrer en icjoi.7
; L'entr'aide, dans le domauie .international des ëxplo7
rations polaires, est mie loi à laquelle on ne se dérobe pas;;-:
Cette fois, c'est peut-être le moyen de réaliser plus yitè/
un projet de longue haleine. Le parttde Charcot estvife:
prisi/et il le confie à Plëneau. .- "
'"!''
« Le 8 éoril'iqos.
« Cher àmi, -
' /// !
--/

/- '« J'arrive de Saint-Malo et il est presque certain;


...
que le bateau sera prêt le Ier juin, mâis/ijri'y aura pas:
-eu dessais suffisants, pas assez de préparation et d'âutre-
.party jamais nous n'aurons réuni à-vant la-fin. d'avril les-
fonds nécessaires. Nous risquerons dans/ ces mauvaises:
.

conditions de faire Une expédition tronquée,;mal réussie;/


,
d'autant que dans le Nord on en a déjà tarit fait/qu'il
faudrait se hmiter à des pêches et observations quijï^àu7;
raient de bons résultats qu'à la condition, de faire rnieux
queTes autres. Je Crois qu'il vaut mieux retarder le départ,-
, ,

jusqu'au 15 juillet. Nous : aurons de cette: façon tout,:le.


temps de nous bien préparer. Mais alorsTari heu d'aller.;
7- L'HOMME DU/«/POURQUOI PAS?,;»/- 203
.

dans Je Nprdj/npus irions ;ââns le' Sud. Ne vous effrayez


pas/et hsezlâsùite aveç/calme.;; ; 7'7;-,
/ :«7Eri; àflant ;dans'lë;^ '
/nous iengàger; très -ayant et Mus étions' à peu*près sûrs dé
T'hiyernàgë.Dans le: Sud,/noussommes sûrs/ de. réussii-,
de très: bien réussir, car il y a eu très, peu, d'explorations
et il suffit/pour ainsi dùë-d'y;aller pour trouver du; nou-
veau ëtïaueunégrancte^
,
guère Thiyeruagè'éKjîbu '

/ «Nbùs/sérions/à:;rMerios^yres: fin .octobre, c'est-,


à-dire au;printemps, Dix jours après, nous/serions dans
les glaces : où nous travaillerions. de novembre a mars.
Quant au retour, nous, discuterionsla route à suivre mais
:;npus-/ppùmpns:étre:en7lTance en juillet; c'est-à-dire .

doùzémois/aprèslè /départ; et nous aurions fait /quelque


.;:çhbse':dë:;trës';parid/'7v/'';7;''7//::5:*/ -'7'7 7v^'7:77.'» ,.'/
-

'

« Né, parlez ,dë ceci à pefsbririe, çaravârit/dé; modifier /


le projet/publiquement, J'ai des' démarches-personnelles
à faire. Je -compte bien que ce changement'deprogramme
ne modifiera en rien votre: décision. D'ailleurs en dix/"
/minutes 3e: coriyersation, je vous aurai cbrivàffieu ./Cepen-
dant ;pou:rme/rassurer, :^ cette iettre^enyOyèz-
;:moiun;;télégrajrime nie disant que Vous êtes tpujpùrsâësv
nôtres et. je vous promets que Vous ne lé regretterez pas.
-
.Le Nord;x?était l'alëa, le Sud, C'est la réussite. Et puis
je vous; réserve eriepre une. surprise qui, j'ëri/suis sûr,
vous tentera niais neTrriodiÈera/,rien au prpgrâîiriné ei-
.
,-dessUs, /7/;-/
,,
;.''7;,7. ;//";;/-. .-:-;.7,.7/
/« Dès:votre^ retot^! nbùs/filpns à: SarntT3Î^p;:oùiri,PUSi,:
organisons une pëtitëcpjoriîe^afin de pouyoïr/ëtrë tout le
.tempssûrjè dos p^s/constructeurs;» ' ; /.,/7// :,7

Plénéau-est. bien .embarrassé. S'il se décidé;au départ,:


, ybilà
le /contraint de'donner.sa démission..-0'est:T'aléa
pour l^ayènir. Maislàissonslë parler. Sa réponse est d'une
';^^dè^.;;jô|n^:e,/;7.;''/'-/;'"/77;/». ; ;' 7'777777/;/;/7/7,/
204 VN GRAND FRANÇAIS
Je pensai que l'occasion de partir dans une expédition
«
antarctique ne se présentait qu'une fois dans la vie, que
depuis quatre mois que je connaissais Charcot, j'avais été
le confident de ses pensées, de ses espoirs, qu'il avait mis
sa fortune dans l'organisation de cette expédition pour
la gloire de son pays. Je pensai qu'il m'avait donné sa
confiance, qu'il était devenu mon ami... et je partis vite
à la poste où je lui envoyai ce télégramme : « Où vous
voudrez. Quand vous voudrez. Tant que vous voudrez. »
A quoi Charcot répondit :
« J'en étais sûr. Merci. »
Alors l'expédition devint : l'Expédition Antarctique
française, sous le patronage du président Loubet et de
l'Académie des Sciences, qui avait adopté le procès-verbal
suivant : ;
,
'« Devant les importants résultats qui viennent
d'être :

communiqués aux Sociétés savantes d'Europe: et qui, ont <

été obtenus dans l'Antarctique par l'expédition anglaise,.


et devant le grand effort tenté simultanément dans ces
régions par l'Angleterre, l'Ecosse; l'Allemagne et la :
/Suède, le Comité de patronage de l'Expéditibn Charcot;
émet le voeu.que la France s'associe sans retard a;ce
grand mouvement scientifique qui promet d'être si
fécond en résultats. Si, n'hésitant pas devant: le surcroît
de fatigues, de dangers et de. temps; qui leur est imposé,
lé docteur Charcot et ses -collaborateurs abandonnent;
leur expédition dans le Nord pour adopter ce nouveau/
programme, ils auront droit à la reconnaissance du monde
scientifique et dé la France,
«: L'Expédition devra-gagner la Terre de Feu et delà:/
:

se diriger vers les/Terres dé Grahàm et d/Alexandré jffi7


Le pôle Sud sera ainsi atteint du côté dé laTerre de/Viç7
.

torià par les Anglais, de la Terre Énderby et.dè Kemp;


-par-les Allemands, de la mer de Wëdel.pàrles-Écossais,/
dé Ta Terre du roi Oscar par les Suédois, et enfin par les'
Français du côté des.Terres de Crahamet d'AlexàndrëTe?7:
/'//*777,; ..' 0àmi^;'WW:S/'S6Ufl^Jf3X RAS?,;»-l; :/:7'';;/^P5;;
/:/ «/Cette 'Expéditibn/idevra//se livrer à dés explorations
sirr/lè continerit-ântarctiqùe.et à des recherches séienti*
fiquës-...portant.sur.l'ocëànpgrâphie, la géographie,; là
ph^ique,du^/glpbe/et'tbut^/les branches de l'Histoire;
'•naturelle. ». .-7 -! ""-,',//V 7 •;"

-Mais, avant fout, 11 s'agissait d'aller à la recherche de


.Nprdenskjold.7 7/7 7 7-7.7
,-//Silës/encburagements ëtles titres de missionsi affluaient
(Société de {^ographie;7bjjréau des Longitudes, minis^
tèresdelà Marme et; de l'Instruction publique, Muséum),
;

les/subventions étaient maigres. Pourtant, le devis était •


blëri:modeste. Tous.les collaborateurs ëtaient.des-.volPn-,
:tàirés;7ioùs les meiribres;delà/rnission des bénëyoies, les/
deux; officiers de marinene:réeevàient que là soldé ordi-
naire et l'équipage, celui-déRose-Marine, n'en demandait
pas; davantage. ,
./;/%^:Matvn donna un;SoIide/coup d'épaule en ouvrant
:trne7 souscription qui; rapp/otta .150000 francs, sans:
compter les; dons en riâturë.. Eri tout la mission disposait,
dè.^go bpp francs. 7 '7
/y L-heufe duq/ëpart approchait.
//-;:. LE «^ERANÇpsT); APPAREILLE

7 /Au début dufriioisd'âaut;;ùri petit trois-mâts peint en :

:
blanpyierit accostetàu/bà^siri du Roi dans le port-du
•Havre. Il vient d'effectuer sa première traversée,: aîa
sbrtir.des chantiers dé Sàint-Malo, et son équipage (1)
est/tout fier de naviguer sur/un navire dont tous lès;jour-
.Uaux-ont parlé. Surleùrs/ihaillots s'étale le nom/déjà
éomiu :1e Français. ' 7,

:{i); Composé de E.Çhôlet, patron;; E- Goudier, ché7mécanicien:;


j. Japé't,; maître d'équipage; J, Giieguen;
G, Êpste, second mécanicien;,
E; Rolland, F. Hervéôu,.AïBépùa^d; matelots ; F. Libois,, charpentier-/
châtjBèur; F, Gueguen,:chàûffièur:;*Ràllîer du Baty, élève dé & mariné
marchande, qoe s'illustra de nouveau, piir son espéditipn. aux Kergttêleri. /
2067 7 UN/;6RAND /FRANÇAIS; 7;/// ' 7,
Bientôt «Tetàt-màjor » arrive de Paris àyeç le comiriàii7y
.'/; ,;
:dârit*Chareot:;^;;ëri/p^
gnon "dé la première heure, et desdeux-pfficiers de,mar7
riïie/ (le lieutenant de, vaisseau Mathâ/etT'enseigné de;;/
vaisseau Rey) un navigateur déjà célébré va prèndre/f;.
passage à bord, le: commandant de G^lache, BorinierT/
etPerez. " .//7;/77
'
,
Qn emmène P. Dayné, un-guide dés Alpes.'Un gars,;à;y,
là figure ronde et enluminée, suit avec ses:bagages;:c'est/;/
Paumelle, le maître d'hôtel. '-.'/ 77
Viens-tu, Paumelle? lui-jà;demandé son maître././7
— —
Ah! Monsieur le doetèûr7,ce n'est: pas que j'aime;7;
la mer : j'y suis malade et je/détésie les. voyages..Mais que /
feriez-vous sans moi? Qui Veillerait sur vos affaires? Jêy ;,
:n'ai;pas le coeur de vous laisser f 7 .:'""'' /-77
Et- Paumelle, sans s'en douter, s'engageait /dans là7/
voie de l'héroïsme. -

7 Le 15 août, par gros temps,;on:appareille. Refoule ény'/,


déhre acclame le bateau.. Charcot se tient près du taquét/7
: de là remorqueet dit au matelot.Maïgnàn,: « :Quèl sera le 7
.retour après un départ pareil?'»; Deux rilinutësplus tardyg/
dans un coup de tangage, la remorque arrache le taquet7/
-f Commandant, Maignan est tué. 7 7/
7 Le corps gît, privé de vie, les-yeux tout grands ouverts:7,
"'encore.
Le pavillon berne,
.77
faut.virer
'/'/ ' ' "77;
-
en n de bord, et, la Cas-7
quette à la main, passer entre les j etées OÙ la foule, -riiainf7

tenant angoissée; s'incline devantie,draine; qu'elleéleviné7f


Charcot tient à accompagner lui-îriêirie le corps jus7/
.qu'au petit village breton où la veuve ne sait que répéter.77
; «Monsieur Charcot, monsieur Chàreot,ilyb.us aimait tant.» 7

Mauvais début, mauvais présage: pour dès-marins7;


superstitieux. On imagine ce que dût être.cettepréritièré 7
nuit: pour Jean Charcot. Devant les autres, tout aux/,/
ordres qu'il fallait donner, 'il; à, fait bonne. contenànceM:
Mais, seul maintenant dans son étroite cabine, le front/;
" ':-;; L'HOMME ,DU/« POURQUOI PAS? »; ;:""'.. 20?
dans les mains, il s'abandonne à son chagrin. Là viè^qùi
lui refuse lé bonheur intime va-t-elle aussi lui refuser
celui de la réussite? Après tant de démarches,-de prépa-
ràtifs; d'ësppirs, va-t-dn-rester sur ce faux départ?
; Quinze jours plus tard, nouvel appareillage. A ceux
qui lui souhaitent bonne chance : « Ah ! non, je vous en
prie... On rie souhaite pas bonne chasse aux Chasseurs ! »
Ses, huniers bien établis, le Français navigue dans la
Manche assagie; les feux que Charcot relève lui sont,
encore familiers — Guernesey — puis on double le Finis-.,
t<ère. et Ouessant; adieu France! Maintenant, c'est le,
large. Cap au S. O. S, jusqu'à ce qu'on trouve l'Amé-
rique du Sud. Au rythme de la houle atlantique, la vie
de bord s'organise.
Avec sa compréhension si, humaine, Charcot s'est
éyeftuë à doriner à chacun,; à bord, malgré lés;dimensions
restreintes du bateau, son petit coin à part. C'est une
condition indispensable pour maintenir le moral, malgré
les.heurts inévitables dûs à la promiscuité de la prison
/flottante. Dans le poste d'équipage les couchettes sont à
coulisse, formant lits bretons, et dans le carré s'ouvrent de
minuscules cabines, oùle lavabo joue le rôle, en même
temps, de table à écrire/Une encoche à dû être pratiquée
"dans la cloison au pied/dû; lit de Matha, qui est très grand,/
ppûrlui permettre d'allonger ses jambes.. Seule, la cabine;
du: commandant est fermée par une porte au Heu d'un
rideau. « Elle est placée, raconte un des passagers, sous
l'enseigne de la « Baleine qui fume », comme en .'témoigne/,
un cétacé de bronze "taillé de la main du commandant. »
De sa couchette, il n'a qu'à entr'ouvrir un oeil pour savoir
; la route qu'on fait, car une boussole renversée est fixée
!
au plafond. Sur les rayons ont pris place les auteurs pré-
férés, les grands classiques, chers à son père, et... tout
Alexandre Dumas. L'abat-jour de la lampe est l'oeuvre
-
„;de sa sosur Jeanne, et, sur la cloison, les photos dés
siens lui sourient. / ""./•' :
2o8 ' UN GRAND::'FRA%AIS/:;77Ï;77',/'/;/'-'/;7'7
En route, on achève l'aménagement du bateau, Tins=
tallation du laboratoire surleporitv Jour âpres jour,;
quart après quart, la traversée/se ppÛTBuit/Les dundèëë/,
des pêcheurs ont disparu, et puis lescabotëursqui étaient'
assez nombreux tant qu'on suivait la Toute d'Angleterre;
en-Espagne»
La chaleur augmente rapidement â mesure,qu'on âp7B
,,
proche du Tropique, Charcot vëille/à tout; eritretièrit là-
gaieté; Pourtant l'air mélancolique de Gèrlache le rend;'
soucieux, Gèrlache s'est fiancé avant-son départ, et il
ne semble pasprendre son parti -de cet élôignement.LesJ
facéties de Pléneau-rie le dérident pas. -7
Charcot préfère à tout ses quarts de nuit. Il grimpe sur/ ,

l'étroite passerelle et Matha, toujours un peu"'cérériip-;/


nieux; l'accueille d'un rapide yi-Â youslesbin; cpmmanr-;
.

dant. » Alors, perdu,dans.la contemplation des vagues:;


.
sombres que révèle la frange;d'écume brisant contré lâf
epque; il abandprine toute attitude et selaisse âller-à, séfe;
pensées. Comme il aime son navire; cette fine .mâture-
découpée sur Iè ciel, cette impression :de vitesse extrâor-::
dinaire, de chevauchée fantastiqne qu'onà' la/nuit sur un/
voilier!
,
./ /.'; '. ,'. 7/
-

A côté de lui, silencieux, le visage éclairé par la lumière-


:"

du compas; le. petit matelot lutte contre le sommeil, les


..mains crispées sur la xoue du gouvernail. «.Attentiori,/
: petit, tu vas masquer les huniers dit, la voix bienyeiïjj:
!

lante. du commandant. » Parfois,; c'est ChoUet, son vièuX;/


compagnon de la Rose-Marine et-.desprërniers Pourquoi/
^>«s?-Pas un mot n'est échangé, mais la présence de cet/
..homme simple et sûr, comme celle d'un bon chien,-lë/:
.réconforte.
Peu à peu la griserie du large endort la douleur. Il ne
veut plus penser qu'à l'expédition, à sa /responsabilité/
.
de: chef.,, Le. départ est facile/ à celui-qui sait que/
son-absence .est indifférente à'Têtre aimé,, et la trier;/
pour lui, n'est pas plus cruelle que Târitôur.; Escale à/:.
/ "-/,'. L'HOMME DU7( POURQUOI PAS? » ; ^20Q
Madêrë.; Lë-duC,;,desyi^ru/zzes"/est venu Visiterle^bprd. ;
/ ~k Câhin-Çaha »; selon: -sa; propre expfessiori, ôri ;par-
/vient;entroismois à Pernambouç, Dans lapassëiTlfaut
recouru" aux pilotes.'Ils/ont.'lu-, sur les papiers du bbrd,
le nom du commandant. Celui-ci s'apprête àrëgler la taxe
/dëlpilotàge (elle est/assez;élevée), mais ils/réfusènt7dë
laisser payer le fils de.Tillustre médecin qui donna ses
;soins-à leur ancien, erripefeûr! •

Depuis quelques jours;;Chârcot sait qu'ff ,


né faut/plus ;

Compter sur Gèrlache, TBonniêr, ni Perez, Ils lui: ont


;sigiïifiëlë#;vblonté dé/rëritrér. Alors, dans sa modestie,
Çhàrçot 'se demandé si;; privé de l'expérience dé son
:deyariGier, il va pouvoir iïerier à bien l'expédition, /Dçdt^il
./préridrelârespbnsàbilité/dë'toutes ces vièsTàorit il a là
charge?/ ./;7-. - "
,-.
;Tl;rëunit:MàthasIiey7pieneâU;
; et leur pose.franchehïént/
la question,. Ils se déclarent prêts à le suivre. « Si on/rie
peut revenir parici. dit. Pleneâu avec sa «blague » habt
tuélïë, on.reviendra de Tàutre côté du pôle7» « Et puis-"

qu'il/nous.faut des naturâlisteSi nous allons Télégraphier
au/Muséurii qu'ori nous/en envoie ; par le paquebot;/ ils
arriveront à temps.-» Alors, Charcot, par un excès de
scrupule, rassemble l'équipage. Il lui expose la .situation.
Personne .à/bDrdri'a Jamais affronté les glacés./C'est;
Tâyenturë et- les risques, .S'ils le désirent^ .ils peuvent
reprendre leur engagement....
,
/-^ Ori est parti pour/voir du nouveau,'commandant,
orivôus suivra jusqu'au.bout. 7
yÇhàrcot les latines/âùx/yeux, serre vigoureusement ces/
faïamsconfiantes., /:///
Trois, places sont vides, au carré, quand, le Français
pàltpoùr Buenos;Ayres;;:Al'entrée du Rio:de laPÏàta, '

l'arbre de couche casse.; Là manoeuvre à là-ybilé seule


devient difficile. On /signale l'avarie. ;Uh. /rétriorquèur
s'approche et jette un-cable, L'accueil Ië- plus Cordial
:
attërid les- Français, que leurréputation à précédés, La
2lo;.;;y.; ,-;//,;;;..., /./UN /ÇRAND ERANGM.s,;:7y,/,;,; /.-,
;.

:RépùbHqûe;^rgentinë prend a; sa charge toutes lés répa-


rations; Les Sociétés;^anÇaisës/;dg,;la' Capitale :pffreritun;,
banquet aux explorateurs le/;2b décëriibrëTtQPS/Xîlriiy
en apas moins devingt-quatre/depuis làLoge âinie dés
; Naufragés à/la Lyre fraternelle eri passant par les Enfants
deLutèce et les Enfants de Béranger.) Le/menu est orné
d'une profusion de vignettes, sans oublier 'les .ieébergs;lë;s;
pingouins, la drague et.la devise «'Honneur et Patrie;;«.;.:
.On: attend l'arrivée, dés deux savants;réelaniés par.
télégraphe et prpmis par le Muséum. Que seront-ils, ces
compagnons de/hasard? Maison n'a pas, le chpix;/il;
:

îaudfa les accepter tels qu'ils seront. Un j ont dé janvier,


;
débarquent enfin deux docteurs ès.soiences.à l'air, effacé,
timide, correct,, qui ne correspondent ëri rien au typé cpri-;
ventionnel de l'explorateur-. Ils se nomment TUrquet;ët
;.
Gourdon. Gourdon séduit toutle riîoride par ^a gentillesse;::
/« J'avais toujours, rêvé de voyages aux. pays châudsy»
tâchê-t-il d'expliquer... mais c'est alors un.tel;éclat de
/rireCollectif qu'on ne saura jamais comment, en fait/de'
paysohàuds, il se trouve en route pour les régions polaires.
Sur ces entrefaites, on apprend que Nprdenskjbld'çst 5

.retrouvé. Le navire argentin G^Mgway./Coriim.aridé parlé


coriimàndant Itizar, le ramené/ «L'afrivéëde NprderiSk-/
joid, écrit Charcot à sa soeur, a été magnifique,"extraor-
dinaire; une véritable apothéose -au milieu ;d?urie. pluie;
de fleurs. Les Argentins, avec une galanterie et un tact,
charmants, m'ont toujours placé de forcé au preririër rang
et à fous les banquets, ils criaient jusqu'à ce que j'aie
porté un toast. »
'Nordenskjold visite le Français, donne son avis et fait
don à celui qui s'était inscrit parmi ses sauveteurs,; de
/magnifiques chiens de traîneau groërilandais/ 7 77.';.,:
Les récits de l'explorateur suédois préparent nos neb- :

phytes aux risques énormes qu'ils vont courir. Nprdénsk-;


.

joid et son second Larseri, n'étaient pas des novices. Mais


yAntarciic, écrasé par les icebergs, avait/sombré après
,7-7 /i/'HÔSaîE i3u,7;Pôufiâuoï PÂS?:J7;/;7.72II ;
;iqu'pn/ëûttout/,justeéu/fë temps de hisser/au grand;:ttlât;:
là flamme/suédoise. Nprdénskjold, instaïlé/avèç cinq de;;
/ses compagnons à rîlé/.Seymour, né souffrit pas", trop;
':Ma.is;Cërix/qui ayaient débarqué sur la terré/LpUis-l?hi-/;
;slipJ)ëj;^ns prévisioris/êt; eu vêtements d'été et les résûàpës;/
:/dunàùffagë, formant de pauvres groupes isolés, endîufèrént
'Jiendarit.neufinoisUhTrériti^lèmartyre. 7/../;
nous àvibris7trqp froid, nous:
;77;'.« ..Quanâ-. ouvrions un/
:
phoque et nous buVioris^Sojtsàng. — J'ai porté, racontait
/Larsêri; les mêmes chaussettes pendant, neuf mois et.je;
'/lès! àii/tâyëes une seule/fois;..; dans l'urine. C'était pour
/Duse.deS courses âyeç tin; pied gelé, tuant sur- le traîneau,.
/Trente kilomètres par jour./»' . 7 7" ./'-..,:./.
/:;;/ Le:pr©Jet de.Nordèris&jpld était de fanelà/cartbgtâphie:/
-delaTerredëGrâhârh/ïSi je réussissais, lui dit Charcot,,
//ârioûs deux, nous aurions fait une exploration/très corn-/
;/plète;Se:tout cécbiri::déTAntarctide. » :///
::
Car ces:récits terriffaits n'ont pas abattu son-courage.
/Il; n'a puisé: dans cètterericontre que le sentiment de la
: fràrérnité entrégens attaches àunê même recheréhedésin7

; térêssëe,:queUè;quë.sbit,lëur patrie. 7;:;': ;;

/',;; «jl'hë s'agit ïriêriiê paSlçi/dë vaincre bu;mourir,ilIaut;


à tout prix réussir car ribtré perte même justifierait tout,
cëqûia pu être dit et;rié Compenserait pas les/sacrifices
'Consentis,»: -.-;;/,77./ ;//
"Le^Français,,ch2a:^:ïi&/cadeaux.etde souhaits, reprend .

/sa routé vers là TêrréTde/Feû.'La dernière;escale, c-est


"Xlshuàiâ; ïïh petit"/pùrt/âé/baleiniers et/de caboteurs;/'
Sans doute, aucmi bàtiritërit français né hante Ces parages. :

Pourtant Charcot est subitement attiré par l'exclamation


;'d;Uri;lhàtelot :/» -7 ;/:''77';-. '

' ""' '/ ' ..'"
'

/ 7^ Ah' bien ! commandant, celui-là en a un rioïù..'. c'est,


.

un Français !
ï-Et/Chârçof, a travers la longue-vue. déehifte 7:ë«»fe/
2Ï2:: / '/UN.GRAND FRÀNÇAIS7
bmime:lJné heure, plus tard, il reçoit la visité 'd'un élë-
gant, capitaine ci-devant officier/de câyàleriéqui a opté
pourla vie d'aventure,.entram^tïàveelmto
côrripatriote. Ce soir-là-le Champagne coula à .flots, dans
les coupes du Francais!
; Et le 24 janvier 1504; on appareille pour ,.le;Sud.. C'est ;
le vrai départ cette fois. Charcot rassemble l'équipage et.
lui tient ce petit discours :
.
-/^ Mes garçons, à partir dé maintenant, je Vous: pré-
viens que si vous ybus conduisez mal, ça sera de la lâcheté
de/votre part, car je n'ai pas de::moyen de vous punir y
je rie peux pas vous mettre aux fers, vous savez qu'il n'y
en a pas à bord et l'équipage est trop réduit/pour cela.;
Je nepeux pas-vous priver de vôtre quart déyiri,. vous/en
aurez besoin pour votre santé, je né peux pas yoUste--
trancher sur vos gagés,, vous yqusen fichez. Je m'adresse;:
donc simplement,à votre conscience, et je compte: que.
vous ferez votre devoir, un peu, par affection pour moi,
beaucoup pour lamission dont nous nous sommes.chargés; /
en n'oubliantjamais que vous tenez entre vos mains l'hon-
neur de votre pays.
'Jean Charcot, dont nous avons déjà;pu/âpprécierTës
qualités d'écrivain maritime, a- raconté luiririême /en
détails son expédition: dàns!.u.n/:ouvxage.iifltji^iJë/;:.4.0^''
du -pôle Sud (1). Nous ne pouvons que résumer ici Ces/
vingt-deux mois de succès et d'épreuves et -suivre, à tra-
vers ces épisodes, l'évolution de: ses, pensées. ;7/ '
Avec son extrême sensibilité, il éprouve auplùs haut
point la solennité:de l'heure. « C'est une/nouvelle,page/de
mâ'yiequë je tourne lentement:et gravement, et j eue: puis,
déchiffrer la suivante dans le grand calme dé/cette nuit;
dans la pénombre des hautes/falaises/des.Terres riiagejr
.
laniqués. » 77 7 -
Songe-t-il, avec un sourire, "au romari qu'il composait,

(1) /Flammarion, éditeur. ; :


7 -// :: L'HOSOIÎE-sv « POURQÏTOÎ-RAS? »; : 7/213 /
^tjnze/àrisyTln^
la;Palagbriiê?;Eri:sbnnîie;ilri'y;à peut-être que deux;catér /
/gonés d'hùhiaùis;;vçéux;chez qui les rêves; djenfance sont 7
assé? puissants pour se réaliser-dans la maturité,; étceUx-;;
qui,-n'ayant rien rêvé pu pas assez voulu, sont ballottes:
parties cireoristanceS.;/Pour les êtres d'élite;leS circbns- ;
tances n'existent pas.: Ils les; créent. •'•'.'; 7- ;7
7Le roulis leur/doririéuri rude baptême. Le,ï*.''février./
apparaît le premier iceberg. Tout le mondê;;sùrie porit,;,.
le contemple silencieusement. C'est un magnifique spëc- -
ftâelè/qûe-«la teiâtë-blàriC bleuté, de ses parois ri, pic ;SU77
lôiiriées dé fentes et de/çrëvasses d'un bleu d^utré-iner... /
se défachant sûr un arrièrerplan de falaises riaçréès, énca- ,
drees; d'énormes glaciers: qui descendent- jusqu'à•-la";
mer. » ,7 ;7:/,
/- .Certains Icebergs àffectèntla forme de yëritaMes/cbâ- /
teaûx forts, avec des tourelles, des meurtrières, [des ogives, •
ët,;dans lanuit,sombré,ilen;« émane une sorte ayatriips-/
/phèré bleutée et luriririéusë »/
; Charcot né tarit pas en descriptions enthousiastes. Les
.-photographies fte nous, dbnnérit malheureusement /de ces :

paysages glacés que dé, tristes visions de Mànc et noir. 7


Au/Contraire, c'estia/vivacité des couleursteflétéés; par
Ta;^àce qûilefrappe/7, 7 -
//',./
/;-. Tel estlë: décor/féerique au milieu duquel ils vont évo^ ;
;

Tuer/pendant des mois ytél.est aussi le monstre/en équi-;/


libre-' instable avec lequel il faudra ruser et lutter; sans
cesse. On navigue dansTinconnu et d'un instant à l'autre,
bnjpëut heurter un.setiilMe glace, brèche insoùpèonriëë '/
d'un iceberg. Il s'agit de s'engager entre tes ,«,, corridors/
ëtrbits qui n'ont pàsplus/dequatre à cinq fois la largeur-;
àa Français et dont lès parois lisses dépassèrit de bëàU—:
cOuplahàutèur du.grarid.mât. »
':'. /C'è^tunenavigatibn/én plein rêve, où l'onést,/si;ëmer7;;
veillé qu'on bublieië danger, distrait par « les/choCs sourds /
delà nier dans les créyàssëset lés grottes, :1e bruissêrnent 7
/;2i4:/;:;'ï't':/;,'/1.,::'':/::;;Ï-;,UN;:*G«AND/

cristallin de/laglacequ^
presque Chaud ».'; /: ",-' 77// /'77
/Le;jeu de « carambolage »/ayëç;leSjglaoens;,cbfitrnerice7/
Charcot découvre que pour ce genre de'navigation;il faut;
/être installé aussi haut que possible etgrimpesur la vergue;/:
du, yolânt... Bientôt, il/y installera, uri nid de corbeau' enJ
ipilë- De là, on,;,distingue:,mieûx;les- chenaux/ libres;,les;/
points faibles de la glace. ; ; ;-7
; Des baleinoptêres passent autour du petit navire blanc;
..sans y prêter attention, vision; digrie des/temps préhis7"
/toriques. /; .-. ;-.-•.' .//'';:"-/'--7/
7 Des îles surgissent aux/profils dentelés comme-des7;
.

;scies^ ou bien la 'falaise transparente :d;un;glàcier;. AT'âpy /


proche du détroit de Gèrlache, Ticeblink, « ce reflet blanc/;,
/particulier, caractéristique de toute éteridue de riêige ott;
déglace », indique les terres/dont"lé contour'demeure/;
imprécis, et qu'il s'agit de déliniiter.. -" 7-
Cai'le but de l'expédition n'est pas .de faire un raid;,,
/vers le Pôle, mais bien d'augmenter le norribre des tëfrés//
connues dans ce secteur de l'Antarctide.et d'enregistrer/;
.des observations.scientifiques de tout ordre sûr les pro-//
blèrnës que posent les régions polaires. ;,,, /./•
-
7/
..
,
On fait chavirer avec l'avant du navire les gros blocs,;/ .

on les chasse, sans s'effrayer des commotions violentes*;,


qui font vibrer toute la mâture. ;-7- //
;/ La/machine n'a pas attendu pour donner/dës/débôires:;;';
les tubes crèvent l'un après l'autre,- On rie peut arrive^
/à maintenir la pression dans la. chaudière. L'hélice; në7
tourne que para-coups. : / : / - -7;
•'..Il faut stopper clans la baie des Flandres ppur réparer;;/
./Ici oh ne mouille pas les ancrés. On accosté là banquise^
/on frappe des amarres sur des .ancres à/§laeë^en:lôrmëK:
dë^grappins, et on hisse sur/les palans//lés: embarça-//
/tioris/. chargées des provisions, au Cas; où/ il; Taùdrélt/;
évacuer le navire d'urgence. Tandis /que ; l'équipage
/travaille: en chantant, jour, et nuit, dans 1-éaù; glacée-
/77-;yy;y: -;^
/déla cale,: lès7çbienS"bôndissent dans là rieige inolle..
;/- £-; Jè/riiê/sbùviëris/des/jours/bien ëloignës/joù/jë/goùais/
-a Tëxpïbrateûr/yoIâuë7làris/u^ jardin "plein de /soleil, :
assis/sur/une Chaise rêriyèrsée en guise de' traîneau;..7
;,j'épréuye;;là;SëhSàtipn/délicieuse de me retrouver un iris-;
;tàrit/tout énfarit./. la réalité ressemblerait-elle; dorie quel-:
/qûefois.auxrêVes et non,p/às. toujours aux cauchemars? ».
'.:• Déjà une: fente; est disposée pour les obServàtiorisma-. ;

//ghetiqùësj mais/tme/créyâssë.apparaît et il/faut /dérhë-/


nâgër/eri hâte. "Lecorrariaridant paie de sa, personne;.
/arnié/d'unlDalài,,M-déblaie la neige autour des. amarrés
.

;ïàidés'feomme/des bàrres/plé1er, et veille toute une 'nuit : :

7/ Chacun est àTôuvràge : Mathainstalle sonmarégraphe,


Tfurqùet empaille des; oiseaux, Gourdon s'arme, de son
/;;màrteau de géPlogûëyMey: observe ses thermomètres;/
.AveC;Plenèâu et les,m.àtëlbts, Charcot veihe-àla sécurité.
/ « Je né trouve de vrai repos que dans la fatigue physique;;
;;:de;cé,eôté, ,je^ n'ai pasj'à/irie plaindre ; j'en/ai,plus /qu'il-..
7ne,:.m'èri faut;'-».-- : ' --'7- - "
/;:/;t7n';':,bèau'temps'seç.;et,.froid ranime tout/le riionde. Le;
:;silënCe:des;nuits lUritineûsès/n'ëst troublé que par le souffle/;
/des baleines et le rpûlêniérit'des avalanches;/-.
'.

;
7Qntênte quelques randbnriées à skis —simple entrai-/
/nemêrit et distràctipri/ppjir l'équipage ; lès chutes/pror/
Tiquent une franche: ;gâiètë. Mardi-gras;-sâhs7crepes!/
/Hachirialement, onenlèveles feuilles du calendrier...
--Le ;X;9 février, .oit appareille pour l'île /Wierickey et Te
'chëhal/dê Roosehï' Lës:/terreS, ici, ont encore des/npriis,- .

màisdéjà les côtés sont .inarquées de pointillésincertâiris.


Lapfudence corinriandë de/Se mettre en quête d'un abri y
c'est l'pçcasiori de céder;âu plaisir de baptiser la petite:;
-
/çriqueyPbrtrLockrpy./'-/ 7
./Alors, un nouvel-élémerit fait irruption .dans la vie dû
/Français, DeeejoùrydatéT-amitié de Charcot pour; ,lés.;
/pingouins. Pour là première/fois, il aperçoit une roëkêriel.;. /
.dontla-présence,est trahie par l'odeur..Adieu silence!'
2l6 // "./UN GI^rj/'ERANÇAÎS^ -'7
riemde plus'brùyânt/qué: cetré population éh habit nbny
qui vient à vous en. agitant ses/aiïerprisetén.Puyràtvtlar-, ;
gement le bec. Quel donrihagéidè lié/pas çérirprëridrë:ces: 1 :

discours aux intonations si /variées;. -Ces;/petits êtres:


riieublent agréablement la sohtùdë.Tis/rèçoiyent poliment; ;
le visiteur qui s'efforce de péhëtref leurs coutumes;
/Charcot observe le passage dès/consignes aux sentinelles,;/
la becquée dès petits, la grave.opération dé:là confection
des nids au moyen de pierrestrarisportées une à Une dans;
le bec du père, et il lui arrivë/dèlès aider/à; ce'transport;
pénible. Il distingue, parmi eùx,/dans cette petite répû7
bliquè, des chefs, des soldats ef/dés bonnes' d^enfants. Au/;
bout de quelques jours, on est si bons amis, qûëiès pin-
gouins viennent se réfugier dansjes jambes/des hommes:si:
lés chiens font mine de les attaquer.
Car Charcot, fidèle à son amour dès bêtes, défend qu'ori, :

"tue sans nécessité les pingouins"et/lés phoques:âont Tes


.yeux ronds le contemplent sans méfiance.
De murs de glace eri falaise ipcheùsè.lé Français ga,gm
.
lé chenal de Lemâlre.. Déjà I'èëu,;;àyÈrti:dû epnMàndànt;
distingue la glace déterre, bléuë,;lis5è, dureetirrëgùhèrê,
de la glace de mer. Quand les blocs se resserrent., le râcïey
merit contre la coque imite lë/bruit d-ûn-térteWt/Na^-:
: gation angoissante entre toutes !,; / 77."
placé:çte yiret7.« Machine'cri
,/ «'Nous avons à peine la
«. arrière ! » Un choc, un grincëriient, notre/arrière se sou--
lève.ûri peu,puis retombe, lè:glaçpria pààsë. «En avant,.
.

«
droite toute ! » Montent d'angoissé où le corps tout
entier-se contracté en faisant Cbrrûrie rëffprt,.du mouyê-
.ment/que je voudrais; voir faire au batëaû,'Un instant*
,

d'hésitation peut nous perdre,il faut risquer le coûp,/il


y a/dès-mains contractées sut laTisse, mais-là'yoix/de
l'homme de barre, claire et calme, répond : «/Droitetoute;! » :

;,' «/Lentement la grande falaise abrupte quinpus; menace,


et npus domine, défile devant le beaupré; qui la rase àuh.
/-//L'HOMME bïx «POURQUOI; PAS?/!)// 77. -217;;
mètre /à peine. Aûcùné/glaCëri'arrêfë notre/arrière. C'est/
paré; 777
- •
;77 7-/„
;:.'y:0éro-Zerp,! / »;;:réppnd-le/ timonier, et/rapidemérit/
maintenant, avec le-courant; nous glissons le long de cette:
/grande muraille noire qui, heureusement,/se Continué;;
verticale; à d'imrnensès/profondeurs... » ;>;;/.;; ;;
;/ -Le commandant se /préoccupe maintenant;dé trouver
,:
«/des; riivérr^ regagne lagraridê baie/
N.JÎeWandèl, avarit de se lancer dans le labyrinthe des;;
îlés/pliis aU,;sud; et d-irispeetëï' la côte « mquiétah'te^.ïl/
fâit-si beau qu'on.s?âttârdë;le sori, sur le pont « taudis/
qûe.ï'êàu clapote;doUoemént/sous les banquettes de glace
qm/surploriibëntTes/rpëhërs; que les pingouins noctàmy
butes bavardent et: que leurs' sentinelles jettent, leur /cri
'deSyeîllë, que, lês/cormorâris Cïoasserit gravement/et-, que;
quélqûèsiphoques curieux viennent souffler/autour d'eux
enrs'ébattant. » - ,77; ,":7.
/iiépac%4ce èst/si/sériîé-qu'ori rie voit presque plus d'eau/
.

libre entré les glàcoris, sauf lé. sillage du navire,


,
Tl.fàut bf^n se :décidér;à/sacrifier des pingouins pour les/
"brûler sous la lessiveuse remplie de glace. Ainsi, on .-aura
^

"dél'eau douce. On mêle à /cet étrange combustible dé la-


gràisse de phoque qùrëlririèstë;, .''' -:/;/::;;/
//Le 26 février,/ bri est par le travers des îles : Biscde,;
;Maîs,Ia condition dés glacés: est si mauvaise /qu'il faut se;
décider à virer de bord pour être sûr d'un bon hivernage,;
LâTiôulêést énorme. ySur lé fond noir .duciel nocturne
séBëtachë. la plaine blanche qui, dans l'obscurité, /parait;
,compacte; maintenant toute en mouvement par.de hautes,
-et longues; ondes; sorte 'dé.liquide solide. Puis; uri grand-
talus blanc s'élève ;à Bavant du bateau, plus haut "que
notre; hune,, et lui barréTa-route, s'avançânt, ;meriaçarit;-
: Mais sur ce talus, qui luit opliquement sûûsîùi, le'bateau
1

semble monter, monter;; etThorizon s'élargit; puis Tar-/


riète se rëleye:ét;riûus:desceridbns, toujours dans'Ië:fràcâs::
,
etlè:bruit que.cependantla nuit, de plus en plus épaisse,,.
;2ife./' /'/yy,/ ,;/7^N//ë^c;|?fiMgA|s .y;yy /./7l7;7:/:/y7/
;
semBle;/assourdir ;; ppùryePùrfr/aurl^
/ talusqûi se.rédresse-^/prerid e^prilèyé,;np/tre;,âyârii, /passe:;
/spùsTrioùs de riptséâuM ribùs;lâissé;êhccië;.ghssMt;c^s;!;
..le créux pour renionterérisùitë;:.;;.>'- :7 ; 7^" ' / -'17-
7;7 Pour; la première fois;Tls;::réricbniréi;tlë;*r«? :mauyàis.
;;tëriips;/si dur qu'ils.ne poûyàiënt: même/pas.Timaginer;
-malgré leur expérience de:la/hl^yy:La; nèïge/ën/petits ;

Cristaux durs et serrés, en /aiguihèsSfin^


/npiré peau, dans/npS yeux, proyoquarit ùnë/hpi^ible doit-:;
'lèùr.y/Nous somrriés à là capèetlëpetit/b^auéstmagni--
,-fidue. : """. ',-/';.".. ,7/, 7-77.,7/7y./
/;'"'. «"Les hommes;et l'ofiicierde' quart7;en|niitbuflés dàri|'
les cirés et les anoraks, sont/cramponnés/à: leur"poste,/
/transis de froid;/çbUrbatus etirisës/patl/ëto
/.crispée, la barbevrempliê de /Cristaux; blancs.- •« :/S^il;y ; a
; .«• deslcebergs par ici,, c'est, eux qui auront:,tortt;»':Ce;qùi:;
;eSt certain, c'est que si nous eri ;réricbntro^ uri,;Ce^;:liii"
:
qui aura raison: de,' nous, -maisla. corisplafibri est/dâns urië/:
/ solution rapide, hierique nous soyonsprétE^ihàri^vrër/:»; '<

/ « Malgré là souffrance, mal^él'àrigbissé/qùiéte


/hïoiris/nerveux à-eausé de toût/celà/ même; ces/hèûrèslsi/;
; longues; sont belles à vivre. .
; 7 77";7/7
/ «A/la barre,;tm matelot, ûri:dcs:plûs;ëuërgio^es/ét;dès/
;
plus: Courageux, souffreieuètrieht qu'u-pïejité de-doulëttr,/
/frappant rageusement ses. pauvres/: mains, engourdies,;,
tapant ses pieds que le froid brûle.-A lâlûeur/roSe/deTà;
lariipe,de l'habitacle qui fait briller/ia riëigè^jje distingue
sa figure toUrmeritëëçties grosseslàrmeé;qmlà:sihbnnént;>f
/Mats- /lorsque j'approche, d'ûn/inouvénîimtlîriïsqUëyii.-'.
.pasSë-sa mitainesur ses,yeuX:,et;;ëss;àyarit;4e:^rii5e;;:-Ï7*";;
/.; «71- C'est du/beautemps pôùrlàlrepbhmêrffis-chbùx//
-commandant -;/-/7 -"'-/ 7;7\:/7:/;
-

;
;;«;Jë me mëts7à, côté de lui;, et jê/prërite:de/rémps;*pi-
-tempsla barre pourle .laisser/profiter; de là plus/exqûisë
/jouissance, mettre.'ses marris:;dàns'sés/pq^
//nuit et dans la tempête, dans la riéigé et/dans là;bruméy.
7:7 7/77;/;I;:'H0Mfi|;/:BU/«;Pj^QUÔt/:||àS?7»7/:777:;2IQ/

/ ïibus; àvoris plaisanté; puis .nous avoris causé grayement ;


il m'a; corité sës/,/àfïeetionsysès ambitions,: ses; rêves j;
1

'/tantôtiùi^È^têt#lQÎj: i.oris ;trébuchions, nouslàCCrpcharit/


/lPurdèmèrit TÙri à l'âulre; etlê vent hurlait et le/bâtèâu
/gémissait; ,Au:/bout'/d'une/heure, lorsqu'une silhouetté.
;;hqire allant d'un bpfd/a Tâutre,/se rattraparit/en/glissant,;
;;èt/pùpuéttànt sur,;lë;pbrit/glacé, est venue de l'àyatttjsbûr:/
/ prendre; son quart a-ja barré 7
//:;«.—• Bonsoir, commandant, me dit-il, en /partant;
/djre qu'on là,trouve;durë7npûs autres, et qù^pu va trari-,
;;qiaillëniënt briquer;;:spri ht'et/ dormir pendant que .vous;:
./faites le riîême métier que. nous et que, de plus, sur le
Tppni ou en.' bas, votte/têté.travaille »!

y £ jtey/ est':,mâlade7Ghareot ,est seul avec ;Matha pour -


/assurer,'les quarts; /Quatre jours passent, saris qu'il ,Se,
/.déshabillé, ni qull/puisse. même retirer, ses //bottes.
TLë;,3::riiars,,le rideau/de;;brûme se déchue subitement;/
ydèvarit le cap Renard et/le mont du Français :; tutë yirigi;
/taine d'icebergs montent là garde comme poûr/bàrrër la
/route aux abords dël'ile;Wândel. -
7/,;—.'Faites .marcher.;lê7tpurne-broche, Goudier, 'âuSsi;
Tyitë que possible. -//'// :-:/''
.7 Là/ damnée machine consent. Comme une divinité
/bienfaisante, la lùrie;71'Artériiis Mounyëhia/des .Grées;/
/ gàîx|ienne/deS:portS;|^ait/etbientôt,le i*rawGaïS;s'amarré ;
/sous lé vent de i'îlè^àndel, protégé par un barrage improy
^.visé demâts, mâtsTie; flèches ëtvergues de rechange. C'est
:ïlâqu'ii va hiverner;7 par ;p/5°5 de latitude Sud et 6^ .-dé/
/longitude W. de Pàrisy^ lalnnite des découvertes rie la ;
TBelgiça, sur la côteTW. :délâ;Terre de Graharri,,dans une
-région pu aucune,pbsërvâtibn.iréguhère de quelque durée :

i/n'aétééritréprise,/à;;iun degré plus au Sudquelà,:siatiori/


/d^hivèrriage: de Nordènskjpld "sur la côte E/ de la mêtaiê/
-terre». ',;; / - ..7777 --7,-; -
7777/
777 y 7... ;,//;- ;,y77MARTHE;0ULIÉy /.7,-7:
X/ff:}y'(A'-suivfè,) '_.7.;:.';1,.://:/;';'/,; ". !7/7-/y 7; 77,
LES CONEilTS 7RIIHGÏECX
'

EN ,Â1LËMA:CSNE;-:-7: ,'::.:'
-7::

(Suite)

LE NOUVEAU /PAGANISME
./Dans les deux articles précédents nous ayons essayé
d'esquisser. les luttes entré l'Etat, riàtionàirsocialiste, et
lesTÉglises allemandes, cathbHqùe et protestante./Nbus
-

avons pu réduire cette lutte au choc de deux religions :.


religion nationalrsocialistë et religion chrëtiennei Çhris-
tianisriteou paganisme, tel e|t l'alternative, /
Après avoir, montré la défense du christianisme, il,
; nbus reste à parler de l'assaut dû paganisme "nouveau,:
de la religion-dé la.racé, du sang et du sol. f

/ Nous ne fatiguerons pas-le ' lecteur, par l'énUméray


tion de ces mouvements îriultiplës et très'; divers.-Pour-
cette/vue rapide il nous suffit dé savon;/que leur bri--,
gine doctrinale remonte au dix-neuvièmè siècle et tient/
aux noms dé deux étrangers,/doritrùn est Français; lé
comte Gobineau (1), l'autre .Anglais, H. T.. Cliambèrlâin.
'Tous-les deux .exaltent rhotrime aryen et nordique,
affirmerit que tout ce qui s'est fait de grand clans; le :

monde-est dû aux aryens ""et postulent que la sùpré-:.


matié/politique et spirituelle /appart à; ces frbmmes/nory

(1.) Of, son « Essai sur l'inégalité des faces humaines,?'.{18^3^1855). ...
. _
;".;': ;- '•iSs/CONRMil-S REHGIEUX.ÈN/AliEMAeNE' 221
cliques en yertu;/dës/qualités supérieures de/leûr. /sarig,
7,, L'tirigifoé'Msîorjqùë;/ là /constitution de '/mouvements ,
inspirés; pârces dpcttinés, rie remonte en général pas; au
/delà de/là. guerre. Tous,ces groupements nouveaux/ sont
;hés dans;!'inquiétude religieuse des années de/guerre: et
d'après-guerre;- 7/,
' '.Dans l'écroulement général/de la défaite, .devant le
/Néant, resté, à la place •dël'édifi.cé sipiritûel'èt.-sp.çâal'qpë/'
T'bn avait,habité jusquélà^it fallait croire ou désespérer-
/—•croiréà n'importe-qubiys'accrocher à quelque chose,
dàyoir une/foi.., 7,77/77
y Pour des raisons auxquelles nous avons /fait allùsiori
:•

/dans l'article sûr, le protestantisme, celui-ci n'avait-pas


;/àssez dériehessë.pour offrir le pain spirituel/à ces/âmes
/en quête d'une, vérité, nouvelle.
7/Manque de noutritûre. spirituelle, manque de nourri-,,
/ture/rnatériélle. La faim; partout...
y/Mais l'homme trouye./un,reniède à toût>/L'Allemagne/
;/à inventé, les' succëdanésy X «Ersatz ». .Tandis que lés
^chimistes/ s'évertuent à remplacer par d'autres matières
.

/moins coûteuses làlarinëylé sucre, le beurre, quelques


;profëssëûrs7;(l),et intellectuels inventent lës/sùceëdâriés,
/spirituels,: ' 7.7 ./": 7.;/-:
' ././:/; ;.;//,
7 L0viriystique$%iïouvelies_sontV « Ersatz » delà religion,
:
-
yÇpurtant ces mouvements vivent dans l'obscurité jus-
:/qu'au jour bu le parti nafiônai-socialiste leùr-dbnriëririé
yéritablê raison,,; d'être et; une importance croissante,
.
yjusqu'éri iQ32 leur irnpprtànce réelle est ;éri;p;roportion;
/rhyërsë/du bruit -qu'ils font./ En juillet Ï9|3":toûs/Ces
//groupes/fusionnent pour former le «mouvement delà ;fpi

7 :/ïi): Presque toutes iées; doctrines /—'ramassis confus'd'éléments ;êiïi-


.-pruntës aux mystiques allemandes, aii rationalisme et, au libéralisme
-xlu dix-nenvième siècle,: a l'idéàllgnie allemand
-7- ont. :germé dans'les
cgrveàuk Se quélctijes. professeurs: de « théologie » : Âlthans, Hanef,
.Hifsch;-Bergmann, Wirth'sbnt tausprofesseurs d'université. Il- faut, y
/aJouterSpéngler,/proï^sèttr dé gMIpsophie, Arthur pinisr; le comte de
/EëTCntloy^t'Alfrêd Rosènberg. 77
,'2227 ...
LES/CONFLITS; REUGIEUXEN-AiLEteAGNE- / 7'7;7,
allemande » ; (déutsche ^'ÙlaMJens-béwéguiig^ët depuis '/
lors;;;réclament la reconnaissancë/pfeciellè. '"/;,
/ /'Mais: le nâtioriaMoCiahsmë/ffflciël/ri'â/pbûrtant^
nettement rompu avec le. christiariisirie7;il prétend
dpnner une nouvelle ritteiprétâfion 'i/Le.:, christianisme./;
.
positif, dont nous trouvons uri. exposé/complél/daris; le
célèbre Mythe dû vingtième siècle/àe M.,,Alfred/Rpseribérg.; ;
Ce: livre, paru eri I930,.est7à tôtê;dè/&OT;i&7^|^;la::::
deuxième révélation de la rehgion.riatibùâl'.socialîstë.,
C'est d'après lui surtout que nous allons/ analyser//{1)7
cechristianismepositif; Beaucoup'de choses/Vont paraître/"
étranges — pour ne pas dite davantage —' à/ un lecteur
non; prévenu. Nous rappelons donC que/nous;;rafo^/OT /:
résumons l'ouvrage du « chef dés; questions culturelles/».
du Reich. -'•.. 7 "' "; .

Ala destruction et àTairarclrie qu'ilvoit, dans tous/les;:


domaines de la vie modeniè, M/Rosëribërg vêtit opposer :
,

r
une; «conception du monde », une valeur/;» .suprême
«devant laqûëhe/fcws les Allènlaiids puissént/s'incliriery / :

Cette « foi nouvelle », c'est «le mythe dit :sang,la conViC-


tiori qu'en défendant le sang ;bri;déferid: en niêmë temps
l'être divin de l'homme, l'homme en spi », ;là7eoriviciibn.
« que le sang nordique représentë/lé/mystèrë qui % rém- '
place et vanicules sacrements;:ançiënS/»;(p7ii;4).7 'J

:,
'«L'historié du monde est l'histoire /dès races; » Ceci;
est/la condamnation d'une pàrt:de Tiriduadûalisme/:qtii
détruit l'organisme et la corrimuriaûtë; "dé Tûriivérsa-
lisme d'autre part qui postûlé'/unè « humanité'» inexis-
tante, (2). L'histoire est la lutteyëternellé entré:, le enfis-:,

(i) Toutes les Citations sont empruntées au livre .: Aitfwoft ,àuf'den,


"MythUs '{Réponse au Mythe) de W. KUSNETH, BerHn, 193^ 5® édït;/ 7;
(2) C'est le formule Mensch ïst niçhf,:gleih Mensch Z-7l'hoiiiriie eh.
soi'n'existe pas. —-M. Rosènberg à-précisé cette doctrine dès: 1932, .
à l'occasion du « procès de Beuthen » en Ïta:ùte-Silêsie, « Cinq/Allemands/
-77 / "TcES COÎÎFLITS -RELreLËUX;ÊN ALLEMAGNE ' ,'X^ZZ
tianisme/[nëgatif/J& positif,.: L'uti/y; se/
/réçlànië/ ;dë 7sâ;/tra^itibri/syriacb
/abstraits et vieilles.coùtûriies; Sacrées, le/(christiànisrne)
/ positif;lui, fait appel, Mxlprces du sang nordique» ti?' .79)'
7/Ceisang nordique'se révèle dans la noblesse d'une âriie7
1

:
esseritieUëment libre et soumise à Yhonneur seul (i), sans -
/lequel iljt'y a pas <& liberté. A:cette valeur suprêîriè de/
XYLionnewr. nordique,,."le christianisme opposé 171 moUr, la
'\Ç^'iïey'^'i^d3^^à.%^]''êMiy^ffxe pas les deux termes);
NC Or, .dès l'instant ou l'amour ou la compassion prédo-,,
/,miiient,; commeneent/;là7dissomtion des races et dés.
/peuples et celle de là -culture... » (147.) Devant cette ;
/.constatation T'hoUme/nordique devra choisir entre :
: « Amour, humilité, renoncement, suj étion;.et; honneur,
.

:/dignité;/affirmation de.soi-même, fierté » (168); : ;

: "Pas: plus que l'idée;


dë/l'amour chrétien,« exsangue y
-içririié:contre la.nation,; et.contre la race (214), l'homme
/nordique ;në pourra accepter: la différence essentielle du;
ychristiânisme entre le roi et Dieu (396). Car: «-,.1'héri- :
"tage de l'âme nordique '/était dans la conviction/non -dé.
/'écrivait alors l'auteur du MjitM-fy cinq Allemands, parmi eux d'anciens ;
/combattants; seront fusillés, parce qu'un Polonais, qui en plus était
:bolçhéyiste, a.été assommé x/(Lisez : n parce qu'iLS ont assommé un
/ Polonais... i). Et M.. Rosènberg continue : « Une telle cjusticé u est çon-r
.;tràire .aux instincts lés plus/élémentaires d'une natiph-qui/veiit assurer :
//son existence. Dans un cas cérrime .celui-ci le national-socialisme, fait
appel.,à-la Doctrine (Selzt weïtànschaulichein). Pouf le. national^soGia-
L-:-Ji^ë;iîiuj;-âi^Â'én:^alè.'-pàS'.wiè autre, un homme n'en égaleras ,un
:
'autre-fyicht Seele glèich S' eèlé,-;niçht Mensch gleich Mensch),;pour lui
/«Droit «h/soi s, n'existe pas, .mais îè but est la force; de l'homme allé-
inand. Ta confession, national-Socialiste est la protection, du peuple
^ein^d (Deutschtum),— la, justice et la vie sociale, la politique et .
:

: l'économie doivent a'giren fonction de ce but. Les déclarations suivantes


yâÈ\-MirWi''Siàpel-voai:'àa^;ïeiiâêmesens : « Le rang que doit tenir dé ;
peuple,allemand n'est pas conditionné par le nombre et'.la quantité,:
mais par là qualité de l'être. S'il/in'y'avait en Pologne que dettx Allemands,
^vaudraientplus- que les millions de Polonais; car ce sont des Alle-
//mands/»/ -.';'' /-//'.././/-y'/, - '
:/'/-, :/'"/" ;'
..'
; ;(i) La race n'est donc.: pas; basée sur des cohsïdéfatidris;,antnro-,
-' poîogiques; (Ni Hitler, rdGoebbels n'ont les cheveux blonds 0t les yeux
bleus). C'est nnè attitude.
224 LES CONFLITS RELIGIEUX EN ALLEMAGNE ;
là similitude; mais de l'identité/ entré Diétr et "l'âme /
humaine ( Gottgleichheit) » (246). « Le Dieu que nous
avons, ne serait pas si notre âme et notre sang n'exis-
taient pas » (ioi).
« Les confessions ne sont pasune fin en soi, mais des
moyens changeants au service du sentiment vital dé la.
nation et des valeurs du caractère germanique » (635).
Tout tend donc vers une religion nouvelle, cristallisée,
dans une Église nationale. Créer cette Église sera là ,,
tâche d'un « réformateur » d'un « génie religieux » à"
venir qui créera « le cinquième Évangile indispensable »
(603-04); C'est à lui que le livre de M/ Rosènberg prépare
les voies. Car Rosènberg, lui, ne croit pas à un réveil
possible de la vieille réhgion germanique : « Odin était et
est mort » (219). Mais l'âme nordique saura « Créer l'idée
de Dieu » (222)./ .7 :-, „;
;,
,
L'Église nationale à venir peut pourtant être définie
,

dès maintenant dans ses grandes lignes. Elle. ignorera


les- dogmes (610). Ses membres seront de ; race nor'-
dique (621). Elle protégera, et cultivera l'honneur
:

-national (620). L'Église nationale « devra déclarer que


l'idéal de l'amour, du prochain devra être absolument
subordonné à l'idée de l'honneur, national ; qu'une Éghse
allemandeiie pourra consentir Û..aucun acte rie servarit
en première ligné à protéger là nation » (Volkstum) (608).
Il s'agira donc « de la création d'un sens élevé des va-
leurs », de là « sélection » d'âmes « héroïques » (6iï).
L'Église allemande sera « la forme de l'âme. |de la race
nordique sous le signe du mythe national » (614-15).,
Progressivement disparaîtront « les crucifix » (616)
pour fane place à l'image du « dieu armé de la lance » ;'-.
« les psautiers seront purgés des Cantiques ^adressés à
jéhovâh » (617). « Une fois pour toutes, il faut abolir
l'Ancien Testament... » par lequel oit a essayé « de nous
judâïsef spirituellement... et. auquel rioûs devons la ter-
rible domination matérielle des/Juifs.., ».(6o3). Que faire
/,//,;-,/ LÉS/gOiiiFitiTS /ÎOELIGÏEPX: EN - ALI^MAGNE/:/ 7 225
:
,

/dMllèurë d'un hvre?qui-ne/çèntiënt que déS: «/histoires '


vdé; souteflèms et de,:;mafcharids;de bétail »?• (614)7 /
7 ïî; faudra /aussi riëtfoyer:lê/;>r>rotiveaU Testam^îit dés-
.. ,

influences /juives, surtout dé celle de sairit Paul, ce -


«/rabbin matérialiste:» (13),/créateur de « l'idée; de l'in-'
;
Tëtriàtibrialismé qui ignore là'face » (480) (i); Sairit /Paul,
-par sa; doctrine du péché, dé l'humilité nécessaire au
' «/serviteur dé Dieu »; et surtout par celle dé là grâce,

/incarne le christianisme négatif (235-236). Il faudra/faire.


disparaître « lesr sermons /sûr le « serviteur » et le bouc
émissaire, agneau de Dieu » (615), ainsi que « le dogme
/matérialiste de la Résufrectibri, (qui) montre là judaï- 1

sàtipri ;désëspérante dés Ëglisës/(243) ».


:

7/Tlri jbûr « l'Allemagne se "réveillera vraiment, et les


-
yfflagebis s'assemblerPrit/nbû/plus autour des colonnes de .

;Ià/Mergé,7mais autour dés/rnpnuments des soldats alle-


M^hàs.'^ (Héldgrauçn) (619).:;/7"
; /.« Et l'heure sainte sorinëràpour les Allemands, quand
le/sjmtbole du réveil, le dràpéàu orné ou signé dé la vie
qtri :tnontêj(la croix gàmnrëé)-sera devenu la seule con-
.fessiori dominante du Reiéh ». (701).
7./«- L'âme sociale » {die Rassensèéle) est « la valeur su-
préine-j),; Elle assignera leur/placé dans l'ensemble aux
:
autres Valeurs « daris"l'Étâti/Tart, et là religion. C'est
làlà.'tâchede notre siècle : créer d'un mythe nouveau de
yié;un typé nouveau d'homme ». (2, 481). Il n'y à pas de
cbmptbmis (699), sion;yeut;<7élever » (2) « le type noû- ;'.

yëàû de l'Allemand » (699,/52î). « Le refus de cet idéal


germanique est en Allërnagné la trahison pUrë (nackte
:
ViolJksverràt) » (635)* .,,//,/ .

; .(r) Ce.rëprochë se trouve déjà chez Paul de Lagarde, Nietzsche, et


Arthur. Dinter:
; ,'{2} Ziiéhten (élever) est .'.un terme .qui jusqu'alors ne s'appliquait
/gu^aîixplantés et aux anitùaux././;::
.

-Jï. Bërgmariii) chef de la « foi allemande », nous apprendcependant çjue


«non seulement les animâtfx et les plantes peuvent être « élevés » et
:
cffltivés, mais aussi l'homme<Dièù i."(p; 63.)

; y/'/S./fl'., if 46, 1937.-^ XÎ,/,2.- ..8 / /''•'


/226 TEES: CONFLITS TOELIGIEÙX/EN-^IEMAGNË / .

/--C'est les, jetoes/qu^


/Aussi « riialgré/sa7réïérahéë;/yis7à^
croyances aucun; homme d'État; allemandliYa. le droit-
/decpnfier à une Église l'éduCâtionde là .jeunesse »;(6j47y,,
Nouvelles confirmations dé ce que ripus disions dans
les articles précédents et qu'on ne peut se lasser de-ré-/
peter. Le national-socialisme est une/religion;;,l'État:;
incarné dans son chef est un Dieu qui: ne-souffre pas/:
;d'autres dieux à côté de lui. Or, tous/les chrétiens ne;
peuvent que «refuser cet idéal germanique» : ils sprit;p$§{
c'oriséquent tous des « traîtres "à la paJÉrie ». C'est/là; ië;'
sens profond de la lutte contre le catholicisme : « ppliy;
Tique », contre le protestantisme « htdividualiste et; libëy
raiiste ». 7 y-
Pour gagner la jeunesse, l'État devra.anéantir le:éhrisy
-

tiariisme. /-.//y;:
« Un homme ou un mouvement qui"veulent assurer/:
là victoire totale de ces, valeurs (de la race), ont le droit
.

moral de ne pas épargner l'adversaire '(Mas Gegnerisch0$/


Ils ont le devoir de le vaincre spirituenemeritidele laisser;/
s'atrophier (verkummern) organiquement, de l'asservit/
politiquement» (636) (1).
Le combat spirituel n'est pas encore décidé. Mais les
autres points du programme*sont|d'orês,.et déjà une réây
lité. Nous nous arrêtons là pour l'analyse de Mythe: ^}M;
n'est besoin, croyons-nous, .de démonter que :'ce chris?.
tianisme positif n'a de chrétien que le nom. Pourtant|;;
..dans la lutte religieuse actuelle, il créé dans les ësjprits;
(1) 0Nonobstant là tolérance complète, -un État allemand ne peut -
accorder aux communautés religieuses/actuellement'existantesle droit:;
à des, subventions politiques et financières que dans la mesuré où leurs /
doctrines et leurs activités pratiques tendent à/fortifier l'âme » (663);'
Cette seule phrase suffit à expliquer d'une part les mesures; financières
prises contre le christianisme. « négatif » et E débilitant .iiVdesÉgiisfe
"officielles; d'autre part les sucçès'des/chrétiens-àlemânâs; « fortifiât:
l'âme »; succès dus aux * subventions politiques èt.fiiïancières E de l'État.:
Elle prouve en plus que les doctrines de M. Rosènberg ne restent pas
.confinées dans son livre, niais sont appliquées méthodiquement; -777
J77 ;
:'LES":;ëbipxÉrs' ftÈL:ïÇji:tJx::^

entré un / paganisme camoufle


'"tme;:;-çatrfusiûri'*-'îtirieste
derrière un,; vocabulaire en partie Chrétien et; le chris-
: ;

tiaMsînë/authèntique;/Confia
matibri; de fe :
nétté/dû 'yëritàblë"
problème : christianisme -pu pâgâtiisme. ",;-////,

//Étudions' fe deuxième mouvement, celui de la/«foi,


allëmande », riéttement/anti-Chrétienne. Sori.représëri-.
tant le plus/autorisé; est/lé professeur Bei'gmànri;;de
Tut^èrsité ;dê:Leipzig;; qiu^
Cinq/ thèses dê;ià réligipri /allemaride, un ' çâtëchisirië ».
(Bréslàu, Hirfh,/:L934.)7Nbus donnerons dans fesTigries
suivantes ûù résumé de cës/thëses 7 ;;*/.;
;,/TBèsej:,; a:L'Alïemand:â:sa.religion propre.,; nbus/l'àp-
pêlbris là religion' allemande;nationale et nbus/Cb)npfe-
nohs par là laloi, basée sûr la. race, etlàpatrie aïïëinâhde.;»
'/. /LTêxplication/de: Cette thèse; donné entre/autres, la
phlâsèsuiVantë/: :«. Lé christianisme... est une /religion.
lëspoints-il est
ët;rârigère;/îl/(py^6),; :«-Sur;presqûé'..' tous 1

çbntràire à là .conception: allemande dé là décence et


/dé-la;inpràle:(p77).:»;,/
Wièse 37 « L'Allemand' ritpdérne a besoin/d'ûné réli-
,

-gipîi, saine :èt/n^ûréUe,;;qui lé/rendrâ cbûrageuxy fidèle,


et Tort dans la lutté pour ;sPn peuple et sa patrie./lelle
ëstla;rehgiori ailërnànde; 77/ -///
.; ;ExpMcaliori^/«iLe cbristiàriisirië est l'exemple d'une

religion malsaine, ,/naturellé,, /débilitante;»/://;/ yy/;;..,


"
,.
';'• Thèse 4 :-«/Lâ-réhgiori/âllémàride ignoré les';dbgtriës
pafeëqû'eUe est^éréligibn. » ; :7;
//Thèse 5 : EÉe: «est basée/sur une « révélationynatuféîle .

dèiôrCés divines;dàns le mpridé et dansi'esprit humant. » ;


z/ithèse 6/7;:Éïlé;ést7« complété /». ét/y;ppsitive/y^plûs/
honriêté. que les chrétiens/y positifs » elle: se déclaré, ou-.
vertement anti-chrétiennë); /« Christianisme:' et religion .
228 MS/OON^ -y/
sont à. l'heure aCtù^e une contradiction datisiÉ,térni^;|);
;:fp;,ig). « Nbtrëréligibri .riëréçp/nnàît:;^ûslëDiëw'Mtér^^..
lignai des chrétiens qui'étaitincapable dé prévenir'VerU'
Milles » ,(p, 2Ï,). (j). 7:
Thèse 7 : réclame pour l'Église allemande « des sëK/
Vices religieux... des cours dans les écoles et là formation;
de prédicateurs, prêtres et travailleurs sociaux assurée
par des facultés théologiques et des séminaires à Créer,/
dans ksuniversités » (p, 23,) '' '" 7y/
Thèse 8 : .«Dieu est une Idée morale, que nous reconnais^/
sons dans là force éterneUemënt créatrice -de la nature,y:
Thèse g : parie de l'Esprit comme éternel'deyehiviP//
Thèse 10 : Dieu est essentieUeiriêht .« volonté, ràispn/;
et personnalité ». Et voici l'homme : « la demeure de
...
Dieu sur terre. » 7
Thèse n L'homme n'est pas Dieu, Mais, il ;estla7
: .«
place où Dieu naît... C'est pourquoi là religion àllemaudé
représente la religion suprême de la/fpi en rhomme7?/
Thèse 12 ; rejette le « dualisme amé .et' cpjps;7>y
M. Bergntann conclut ; « Ceux qui veulent extirper;

les faibles et sélectionner les êtres supérieurs, .(ï), ceux qui
veulent une aristocratie sociale, ne peuvent, plus rester;/
des chrétiens, car lé christianisme est la fprnte réliS
-
gieuse de la soçiâl-démoçratie. Tous: les deux sont;
internationaux, démocratiques et / pour l'égalité-dés/
-hommes » (p. 41.) 77/
Thèse 14 : « Le sens chrétien du péché et de la pénir:
tence ne sont pas âes sentiments .rehgieux, rqg|s ides ,cbm-/
plexes artificiels.., » •
/,,": y//'
Thèse 15 : déclare nettement que «la Croyance dansTé.
péché originel... est... immorale et.a-réligieuse; Ceux/qui;
là prêchent inettént en danger la morale/clu-peupleyyyy
"« Le péché le plus pandTçontre l'humanité-est là foi:
judéo-chrétienne dans le péché»;(p>|l.)

(jj C'est nous qui^ojiIignons.C. C;


7 zîSs7eô^MTs7^£îG-îËtJX/^ ."77229:
: ; Thèse,Ï6' 7« Ceix quipardbfHîent les péchés, lés,s'àiié-
".-.

7t^nënt7i:C'ést;pbûrqûoi;«^ pârdbri chrétieri:dés/;péchés;/


et là justification pat.là; fpi sont... ce qu'u y à de/plûè /
répréhërisiblé dans lé mondé » (p. 55-)« La réhgiori aile-
rfflàitde cc^daa^éyigoùïêû^merit Une éthiquësettiblâblë,j
elle croit,, que le têrtible déeliri moral des hommes doit ,

/étire attribué sèulériierit àl'eduCâtion moràlëriierit:faussé


-quëThÛinànite/âyêÇuéd^ pendant lesder^
/niers 2 bbo ans » (p. 35 •) y Si/ l'Allemagne, lé /p'ays.cpri'- ..-'

;;dûetêur,déU'humà^ avait pu éviter là doc- ;

^mëjûdéprchrëtiermëdui^ché^ la face îHoràlë du mbridé


,.
/aurait/âetûéllémerit un aspect bien différent », (p. 36.)
Nous n'en. doutons pas;...7
//- Thès/exvj :.La rehgion;/allemande ne s'intéresse pas « au.
//sàlut individuel mais^àû;bien-être du peuple et, de la
1

pkt/as p.^ExpUpa^ chrétienne ë§t> éri


/.réàhréyurie môfâlê typiquëmerit égoïste...-» (p. .57)'-,... .

;;MÛ'aiê/iiiiïionjdé^Qcia^ chrétiennesoM/irre".
;Concilidblés{p, 59). ../.-;; :•/:.'
;;/Thèse 18 ; « Lé croyarit«n%st pas un serviteur dé Dieu
/-niais/ lërhàîtré dé là'divinité en lui-même. » «.L'homme,'
; /héroïque n'attend, pas le: sàlut de la grâce, mais procure

irii-mêmèson sàlut moral saris la grâce. » (p. Pi.) « Je suis


/hphôrépàr là guerreque/jelâis, non pas par la grâCé »
7(p7o2.) T/-K peuple qui.désire l'honneur né peut plus rester
chf0en (P.-63),
;^;0hêseïg : « ...Nôusnévoûloris plus croire seulement Cri
7Jésus-Christ, mais nous.Voulons être riôus-thêmes le.
Christ, agir çômrrie le Christ : pour nous-mêmes, //pour
libtrëvP/éupië, et pour/l'hturianité. »
y/: Thèse'Mo ; (( Là iriôfâië de là rehgion allemande: est
,

.héroïque. »EUë est baséë'sur « ie Courage, là chevalerie,


/la fidélité, tous .trois enfants de l'honneur ». ,7-. «,iLe;
-

ychristiânismé à signifié: pp/ur T'ÂUeffiagûë mille ans-de


Versailles religieux» ;(p. 70/)
7 Thèse 21 : « Le ehristiaMisme ne peut plus:'être CPnsi».
;230 7XES. GÔNFIJÏS7RELIGIEUX; EN; ALLEMAGNE.7/
Sdéré;."-comme7une yeligioriyj^
ajoute/« comme nous^l'entendons '•^MxpWàUm <i Un

i
peuple qui retourne au- sang; et au splet qûi-à pleinêment-
réalisé le. danger riipridial dé/là, jùlyerié. internationale;::;
ne peut plus permettre une religion; qui: fait sa Bible des/
/Écritures sacràmentàles juives...» (p.74,) T>onc : «;Sép;ay;
.irons-nous de Rome etde Jérusalem»,(p., ..74.) 7; 7;/7
7 Thèse 22 : Les symboles du,mouyemeut.sont «-le typé,'
.héroïco-viril pu le « héros/nordique dé la lumière,,» -7
(thèse 23) et le type de la femme-maternelle ». -^ Ces \
symboles doivent être partout si;, l'Église. aUerilaride;-
.veut être une Église du peuple basée sûr les lois/delà:4
vie». (Thèse 24.J

Ce.« mouvement de la. foi allemande .», que rien rie'


.,
distingue pour l'essentiel du christianisme « positif »,:/
a. du moins l'avantage: d'être nettement anti-cBrétieri/
etde le dire. Il rejette, le christianisme qui «nous apprend:
à considérer le hottentot comme.notré « frère en Christ.»/;
'((Neues Leben, aimée 17, fâsc. 8).,Il-', demandéà ses.pâfti-7
sans : « Adores-tu de toute ton âme le grand esprit/de ta.:
:ràce? Ou rejoins-tu ceux qui, dans leurs/ habits du d!7
manche, les mains enchaînées, courbent leurs nuques au';
son des cloches, et rampent devant là croix d'un/dieu
-étranger? » (Nordungenblàtter, 1934, fasç;/2,). Enfin/Ils/
déclarent carrément, et M. Rosenbetg ferait bien dé lé
lire.: Ou chrétien ou Allemand! Il n'y a.pas dei.Chrisï:
aryen », iln'yapas.d'Allemand chrétien. Lis s'ont ihcompa-/
tibles. (Nordu^genblàtler, 1929.) Les mêmes - affirmations,:;
Catégoriques se trouvent dans la bouche et sous la/plume; ;

du général Ludendorfï et de sa. femme.-Ce mariëxeril--;


plaire n'hésitait pas à écrire : « Le inonde aura à choisir

(1) c Le Sauveur ne peut pas.avoir été Juif, il doit avoir été aryen, i /
Axthur.DiNTER : « Jésus était-il juif? 1 A.sa suite M. GOEBBELs/déclare-
dans soniroman Michael : « Le Christ né peut pas/aypir été juif. Je n'ai:;
pas besoin de le prouver scientifiquement, s 7:7'7 7:
7/7;:77Zi£s,;6§fe '%&?/

entre le Christ et la/phnosopIrie7de /Mathildè: Ludenr,;


dbrff/(i)y» ; y77 7-77 7" 77.7'7, ' 7/-/
;;/pêjà: eri/iggs;/d'après une te ;
chefs,/ cës/riibûyéinên}ts7néo-pàyéîis cbrirptàient/ près:
"dé idp opo adhérentsydëpûis lors ils/ont peut-être triplé,/'
grâce aux,' forids de. prppàgâiidé/dbnt ils disposent ëri
fMtque:rirOÛyemerityfe ». Ils/cbristitûërit;
donc d'orêS;etdéjà urtdànger réèl7
,

- 7" /.
7 -fflais' Combien/plus gravé' est lé/dangër qûé/rëpréséritë :

le' christianisme /«/positif :» 'prô%é-:'par.ië's:/di^eàiits,:î/-


/;;/Le. livre :de7M.' Rosènberg est/répandu..;tàii;Allemagne-;
gràcê à dés éditions yptijburs renouvelées;/ Les; doctrines ;
qu'il Contient sorit inculquées à là jeunesse dans toutes
les formatipris:hitlériennes et jusqu'à l'école, Par contre,
771e pbisbri jd^/christiânismè négatif;» péhètré,7$ô riloihs;:
eii /rnoins dans ; les eçolës et/dàris TédûCàtibn, pour
les raisons que; rioris àyoris expHqûéës auparavant..Si
là"grande/masse :de:T^
sera ; 1-attiiûdé dés / générations: ./nouvelles, /formées par,;
'

dé tels maîtres? C'est ; un tembié /point d'iritérrOgàtiOn,-'


.non"seulement pour l'Allemagne, mais pour l'Europe?', -y

.:;;;,..,-.-, ,;-
^
,;/,//;. ;$.- % ,-•-;. .
-,;...-;;.. ;;•.•;-;;-;.

,./ Dans ces études


; sûrlés/luttes/réh^eusés'enAnemagnè;
ribûs ayons;'laissé paHërles documents et Teslaits.. -Nous;
ri'avoiis chbisT que; 'les/ plus :/sigriIficatif$v/:lîoûs:/ nous /
sommes abstenu de tout: çoiûmeùtaire. /Mais: peui^où
tërrriiner cette;: sérié, d'atticlés saris taire appel à' ï'imàgi-
jiàtipn et; à/là :sympathie, sans/essayer: dé/:découypr/
dêrrièrelà; nudité des laits les huriiains qtuysbûïïrërit7:/
les; fidèles .morts pour leur foi; ; les -fidèles souffrant 'dans
les, camps, de concentration et les prisons;;; les /fidèles

(i) Cité dans ïeTemps du 16 juin 1937, résumant un article de M. Ro-


bert d'HARCODRT paru dans la Revue des Deux Mondes.
232/ LES CONFLjfTS EEKGIËUX & ALEEMAGaSÎE/- /
.vivant dTOs,,/l'àngpisse; /Quotidienne,- "mais .surtout' la/
grande tragédie de parents Chrëtieris /Voyant se^détacher;
pas; à pas leurs enfants qui vont rejoindre les doctrines/
nouvelles? Ces, chrétiens voudraient çprnrrgnriquër leûrf
foi, mais souvent hésitent pu renoncent ; Es-pensent à la
torture qu'est pour tant d'enfants ce tiraillement qùoy
tidien entre l'éducation familiale et les doctrinesripuyellësy
Le christianisme semblé gravement menacé. Déjà on./
parie d'un « ghetto » chrétien.
Christianisme: oit paganisme? A qui là vietpire? ;;7

CONRAD dGNÉ, 7 t
e;HR:Q:^N/ï©;^/;E;S

E N;M mm M U E Xi P G SI TIO É
7; UNE ASSEZ"PAUVRE AUDACE//;./ ,-....
y VOYAGE:-AU,P. T...N..7.7 ;/ /
Dansl'aile du nouveau Trpçadéro, consacrée, pendant
;i'Exppgition; a l'u^rimërié, airix livres .et aux lettres, on
à-dressé, comme dès écrans qui interposent de grandes
figures; spirituelles entre le mpiide et le/visiteur, des
tableaux, et des graphiques qiuvprétendent:résûmef, dans
leur essence, l'oeuvre et la vie d'un écrivain.
,
7 Seuls, y sont :répréserités des romanciers^ des,poètes,
des critiques-dû dernier siècle et de çelui-çi;: ViCtpr Hugo,
Zola,;Sâinte^euVé;.MaTuiçeBàrrèsf;A^ fronce.,:..
/Certes; leur: proximité et l'impudence/ rorriâùtique,
dont ils furent plus PU moins atteints, laissent au comment
.tateur;;toutë:/liberté: de. cprifondré leurs imyaûX;et leur
existence. .7
.Il n'eût pas: été/mauvais,/cependant, -Tr p'eûtrCe";été
:

que pour le principe, •-— d'apprendre a çeuxqui passeront


:
devantces panneaux de publicité littéràire,;qu'avant 1789
,
avaient vécu' un dénommé /Rabelais, un certain Mon-
taigne; pu un Racine (Jean), /.
r ;-Là diversité dey.mPyëns;et des" intërprétàtidris Cor*
:

-
rêsppridant à raffluence: ou à'la rareté/.des sources, à
TuniyersaHté; ou; àl'mdiyidualité des oeuyrës;Tà variété
des résultats obterius eût présenté quelque intérêt. .

/Si quelque intérêt... Car/rien n'assure, en .dépit 4é


:

T'estime,que l%n gàrde.âûx exécuteurs désordres officiels,/


que ces grandes machines de carton ou de toile, couvertes
de portraits horsiiàtûre/qui rapprochentBalzac et Stëri-
dhal d'un Mussplini pu d'un. Lénine d'agraridisseinent
politique, soient /inême de boiine propagande, V.\. '-.
234';'-7/7'777/7.7-; OH&OlJïQXJE.fe/,,,,;77i:.,:7y-/7-;:.7-//7,,;l;.;
;Touslës domaines de la vie et :de l'esprit rie yëuîerit./
pàiTà même pro^
ne convient pas. './ '
7Ceque les Soviets font avec, la démesure du mèn-Z7
songe, l'Italie, avec une fastueuse outrance photogra-
phique, l'Allemagne, avec une magnifique brutalité/,:
charnelle, seul, semble-t-il, le Portugal l'a/réussi, si l'on;
en juge, justement, par son pavillon des rives de laSèiney ;
il a subordonné les moyens aux fins; pour incarner lès7
données de son idéologie, de ses statistiques et de ses/ ;

effets sociaux, économiques, financiers, etc., il a choisi//


des matières qui, ayant, en elles-mêmes, une-réalité,
une forme, sinon une beauté physique, aiguisent, par les/;/
sens, l'intelligence d'un ordre, d'un esprit, d'une création 7
politiques. y'
Mais, des arts, il en est autrement. Les moyens de la :

propagande y sont vains, quand, ils ne-deviennent pas-


ridicules. Les simplifications et les affirmations y vpût
à l'encontre de l'unité et de la complexité que repréy ;
sentent une oeuvre d'art ou Un artiste. Exprimer, docu7 :
mënter, paraissent alors aussi'dangereux qu'exposer ou 7;
définir.
Ni des lignes, ni des nombres, ni des signes, — qu'ils": ;
soient abstraits ou que des phrases et des formules pré7/
tendûment typiques les remplacent, — ne sauraient maté-
rialiser sans grossièreté une part de l'inexprimable, en7;
approximations, qui ne sont qu'apparences, c'est-à-dire, "'-.
erreurs. ;
"Au mieux, oserait-on représenter par figures ou schémas 7
des influences, des courants spirituels, des états de la//;
.

culture et de la connaissance, des recherches de la science; 7


et. des théories de l'art. Mais des personnes. : êtres et7
oeuvres...
Les tableaux de la Classe X (Classe n'est pas volé);
parleur proportion même, perdent le caractère éducatif: -
qu'ils pourraient avoir, distraire l'attention, ainsi-7
pour
que le fait une affiche. ;
Dans cette disproportion, qui creuse comme un fossé,
.infranchissable à l'esprit, entre le sujet et l'objet, appa-;;
raît l'erreur du genre : construction d'intellectuel dans/
EN MARGE DE L EXPOSITION 235
les nuées, déduction (si terriblement cartésienne) de cri-
tique ou .de professeur en mal de méthode-avant-toutes-
choses et de logique, grâce à laquelle la-Science et lé
Progrès doivent ouvrir toutes les portes du ciel, de l'enfer
et de la terre.
En vérité, si l'on ne considère que les hommes, —
ceux qui lisent, regardent, essaient de comprendre par-
fois, comme nous faisons tous, vous, moi, n'importe qui,
— l'on s'aperçoit- que ces fabriques, merveilleuses en
théorie, n'intéressent personne, parce qu'elles ne con-
viennent à personne.
Quel amateur de livres, quel écrivain, quel artiste, quel
collégien même, s'arrêtera devant un affichage, accom-
pagné de phrases définitives, de graphiques en tous sens
et de « pensées » qui font dire à un Balzac ou un Stendhal :
— Moi, on me lira... — Moi, j'écris pour... comme un
coureur cycliste, abruti par sa victoire, devant le micro?
Quant aux autres, ceux que le mépris, à peine caché,
de leurs maîtres s'obstine à appeler le peuple? S'ils
regardent, ils se sentiront, matériellement,physiquementj
peut-on due, incapables de rien comprendre.
Les plus hauts' mystères de l'homme ne se révèlent pas
sans recherche, sans efforts, sans un afitnement de l'esprit
et des sens qui résulte d'un long travail intérieur, d'une
profonde connaissance et méditation. ' "
Ignorant tout d'un art et d'un siècle, quel homme s'ar-
rêtera aux comparaisons, aussi fastidieuses que savantes,
qui sont établies, sous son nez, entre un Millet ou un
"dessin japonais et une copie ou une interprétation de
van Gogh? Que retiendra-t-il d'une suite de portraits
des contemporains de Marcel Proust, dont le commen-
tateur assure que celui-ci se servit pour composer Chaxlus,
Elstir ou Bergotte? II. ne retiendra que l'anecdote, le
« potin », la part la plus basse et l'interprétation la plus
vulgaire, qui nient, par elles-mêmes, la composition
véritable et la création de l'artiste.
Certes, que l'on mette, à la disposition du plus grand
nombre, les merveilleux moyens de reproduction, d'étude
et de comparaison que permettent, aujourd'hui, telles
facilités techniques et tels arts mécaniques.
230 CHRONIQUES
Et le reste... tous ceux qui aiment, qui désirent; qui
aspirent à connaître, â comprendre, à voir? Que l'on ne
tente point, à leur propos, de reprendre l'imposture dë-
m'agogique du simple, qui reste privé des moyens de
s'accomplir et de participer aux joies les plus hautes dû
regaïd ou dé rêsprit..
Laïgâuvreïé n'a jaïriâîs 'interdît'à personne 'ni de voû-
feiJf, rit dé sâvoif; ni d'être grand;

,*
-Des pputrèîlés retenues pàr.dès.piliêfs7Dës bâches .:,,
C'éSt, au Centre Rûïâl, qû'Ë ïàût[àllêr voir Ce Pavillon dès: ;

Tëriips Nouveaux-.
Pàrtpût, des sentences sont peintes. Presque aussi
,,
belles, bien eritëûdu; que celles que notre Apollon vient
d'hïsérifè. aux ïroritpns du Tfbcàdérp. Ah! ces Tèrrips:
Nouveaux ! Si nous en CroyonsTà porte « è'ëstîeila science/
sévère de l'ùrbànisnlë,-.-. porteur (sic) dû riïàlheur dés
villes et dès caïripàghës, Ou porteur ^- demain — dés
joies essentielles/». Je Vous sëns.déjài'riiprëssibnné;.
Un «gràttë'Cièl cartésien. » dressé aussitôt sa silhouette
photographique çt vous apprenez que « Depuis èëùt:
âriS Tarchitecture est entrée â nouveau dans là vie;»
Affirmation, doublement démentie, d'àffiëûrs;ûh peu plus
bâëi par dés Tour Eiffel que des enfants dé riëûf et-dix
ans; bût coloriées, mais qui déflérit lès Ibis/du fil àplPriib/
et, un peu plrislbifi; par Ce jugement: historique 7« Lé
dix-nëûvièïnê Siècle n'a pas construit pour lés hbmmès ;
il â Construit pour l'argent » -, .•_,,
/Deux Curieuses offerisives se dessinent dans Ce P. T. N.,
riéçéssitéës, sans douté, par l'évidence dés faits qui
risquent, dé plus en plus, d'ouvrir les "fevS. mêmes: dû-
e Peuple » auquel le pàvillori est dédié tPiit entier « pour
çPrn'prëridrè, juger; revendiquer »...
La première offensive est cpridûitë coritre le dix-
riëûvièriiê siècle, bourgeois, égôïstëi Capitaliste et qui
m.âhitiènt pàf « paradoxe, là notion romaine dé prbjpriétê,/
rés'tëe idèritiq'Ué a ellè^mêmêi dans sa racine juridique,
presque inchangée dans son ûSàge »... Gè diX-rieûvièmè/
EN/MARGE DE L EXPOSITION 237
/siècle contre lequel, -riptrpvtetiiipS se révolte, justement,
;.pàrcë /qu'il est le /fils de-là, révolution et le père de nos
:
socialismës, du conmtûni|me au Front populaire.
; Donc, une vertueu.se/;réprobation de l'argent s'étale
/sûr ces panneaux depar'tbn, qui doit véritablement faire,
/pleurer de joie et de;rërionnaissânçe ces grands et philan-
thropes ministres que.nous a légués Stayisky : « Les
valeurs de l'homme :seront subordonnées aux valeurs
/humaines. La seule voie: possible est l'enthousiasme.
/Tout,est présent, dans le inonde ; hommes, dévouement
; et. outillage, il. suffit d'un souffle d'amour terrassant l'ar-
-gent;9:Pâr;parenthèse,:^él:;éehappé de Tel-Aviv ou du
CâuCàse.a pu rédiger Ces/inscriptions, qui rivalisent avec
,T'antique? - .. /
7 Certes, nous ayons mieux que l'argent : « Le génie
humain a créé des machines pour soulager sa peine :
ce qui fut pêrriris, autrefois, .{*?c0utez bien) aux rois et
/aux princes seulement, peut, devenir aujourd'hui le bien
-detous. Nos esclaves, çefpst les machines. »
'"' L'autre pfferisive ès%/dirigée vers l'avenir, marche
-héroïque sur laquelle;souffle un vent d'allégresse, à l'imi-
tation de la Russie, voire/de l'Italie ou de l'Allemagne.
Ici, l'urbanisme est «"lyrique.», Et les plans sont « le
monument ratipnnel.et lyrique dressé au centre des con-
/tingences ». (Refrain ; quel'échappé de Tel-Aviv ou du Cau-
;casë,,l) /;. "///'
Alors Tivresse nous, emporte, à travers sables et toiles
;—«nous, nous autres ;.une biologie, une psychologie, » —
jusqu'à ce rpgnpn dc/teispeint, où s'étend une tache de
couleur .sombre {sans 4bùte un nuage, dû au talent de
.M. Lùrçat), qui porte-en'exergue ces paroles : « UNE NOU-
VELLE ÈRE Â COMMENCÉ. — UNE ÈRE DE SOLIDARITÉ, »
/Plus >,lpin, une tablë,/;sûr ;làquelle une pancarte, bêlas,
interdit de: s'asseoir, parle: à yps yeux : « La journée so-
laire/de yingt-quàtre heures est la raison même de toutes
/lés/,entreprises urbariistiqués (sic). La journée harmo-
nieuse ou la journée <dë|ieiente.. a
/ Tout/rie s'éclaire-t-^;pas? Il suffit de suivre, dè§ lors,
.les/dessins et les phoit/ompntages qui illustrent les « propres
sociaux,»,.nous.éon^reribns :
-
238 / ' :"';,
7 /. .;.;
7fiHftoNï8^S/7/ 7'/7/,7-,/ 7 ,7'77/7"'
710 « Au moyen âgé; malgrélès triisèrës: etlës/gUefirês
,continuelles, le peuple organise, pàrfbis/ayec le epncbuts :

dé l'Éghse, des représentations.,»/ Ici, une tiare est sus- ;

pendue entre les tours d'une cathédrale.


29; « La féodalité accable de multiples impôts la pro-
duction et les échanges. » Ici, un dessin, échappé du Rire
sans doute, montre un paysan et un forgeron qui, partis/
pour vendre leurs produits .àla ville, sont contraints/de
donner, au passage, qui de sa gerbe, qui de ses fers,/à
un seigneur Croquernitaine, puis à un évêque rubicond,
et parviennent, au marché, en tenant dans leurs mains/•
l'un un épi de blé, l'autre un fer à cheval.
3°« Pourtant, l'homme, c'est -c'a,! » Trois planches arià-.;
tomiques s'offrent aux délices de vos yeux.
De là, à ttavers les projets d'une ville verte et d'un Paris
rendu à sa « fonction intellectuelle », qui ne sont que-
l'exploitation des plans de Le Corbusier, refusés parla
sainte Russie et dédaignés par le,Front populaire, vous,
atteignez à ce « village radieux », composé de « fermes
radieuses » que 1' « ouvrier agricole, Norbert BérardS
à tracé quelque part modèle communiste, de là France,
rurale de demain.
Mais comment réaliser tout cela? diront avec .habileté;
les mauvaises têtes. Avant tout, la haute direction: de
l'ûrbànisme, affirme un panneau, doit « échapper au muûi-
,cipe»(Ah! qu'entetmes galants...)
La condition primordiale est ensuite de « tuer l'argent »/
(sic), qui « sera;du jour au lendemain, remplacé par.une
monnaie-travail ou par un témoignage dé travail». Mais,'
explique qui pourra : « Les moyens techniques et finan-
ciers? lit-on ailleurs. Ils existeront dès.qu'on en ferale.
rappel. »
...
L'essentiel est de faire le plan. « Ce qu'il fallait établir,;
/c'est la thèse de l'abri digne des hommes, un abri porteur: ;

des. joies essentielles : moment créatif décisif (sic), solu-


tions a faire admettre, dans ces principes, par l'autorité.,7» ;

(Refrain: Mais quel échappéde Tel-Aviv..) 77


Et encore : « Établir le plan des communications licites,
proscrire, interdire, avec une fermeté stoïque, les con-,
sommations stériles (sic), employer les forces, ainsi
EN;MARGE DE L'EXPOSITION 7239
libérées, à reconstruire la ville et le pays. La cessation
du gaspillage (resic) met à disposition (feresic) les puis-
sances utiles, à l'heure où l'industrie,moderne est à
l'impasse (trois fois sic). Dire : tournez-vous vers les
buts humains (quatre fois sic), sinon le pays croulera dans
Ta débâcle, la guerre et le désespoir, parmi les villes et
/les maisons vétustés. » (Refrain : Mais quel échappé...
À moins que ce ne soit un extrait du Colonel).
; Le plan/enfin, le plan est seul à s'opposer à'ia guerre.
Des figures, tracées à. la. main par quelque analphabète,
sont là pour vous l'expliquer. ;
7 D'un' côté..: Poudre d'hommes (sic). Puis : le Décret de
.mobilisation. Grandes notions :. Patrie, famille, honneur.
Plus haut :.Bilan : mort, faillite,honte.^Lnnn : objectif :
destruction =.guerre. Voilà LA GUERRE PAR L'ARGENT.
Voici,'a droite, LA. PAIX PAR LES PLANS. —En bas : :

Poudré d'énergie (sic). Au-dessus : lePlan. Grande notion :


.
humanité. Et la perle, soufflée sans doute, si j'ose dire,
par MM. Blum et Auriol : l'Ère des grands travaux (tech-
inique, finances), suivie de : Bilan : une nouvelle époque s'est
équipée (resic). Au sommet : objectif : construction =paix.

Pour ma part, je suis sorti rassuré. On dit notre époque


barbare et fasciste. On assure que l'argent y. possède une
valeur ; que l'intelligence y est, tantôt à/droite, et tantôt
à gauche, commeleçoeur chezilohère. Et voici que, dans
tous les ordres de la technique et du génie, de grandes
; pensées/s'envolent;.;:, après;, le Vendredi, aujourd'hui de
rigueur chez nos plus laïques intellectuels; après un heb-
domadaire de modes qui montre sur sa couverture, lés
cinquante-deux, manières d'accommoder la tête de
femme; voici, enfin, -pour notre paix et notre gloire,
le P. T. N., que voulut élever, à la station Maillot, l'un
de nos ministres. /
On aies Sully et les Colbert que l'on mérite.
.

7 JEAN BAUDRY.
L'HiSTÔIRE

; A PROPOS DE L' « ALEXANDRE I« »


DE M. MAURICE PALÈOLOGUE

Dans la nuit du 23 mars 1800, au palais Michel, tandis;


qu'à l'étage en dessous le Tsarévitch faisait semblant de: :

dormir, une troupe de conjurés à moitié ivres forcèrent/


la porte de la chambre impériale, se précipitèrent suri
Paul Ier et lui défoncèrent le crâne à coups d'épéé, à/
coups de poing, à coups de botté,. Minute de.sahg qui
mettait fin au règne d'un demi-fou, mais -marquait/;
l'héritier d'un signe non moins indélébile; que celui de:
la folie.
Lé remords de sa complicité tacite obséda toujours;
Alexandre Ier. A travers d'étranges fièvres ..de. plaisir.
il en porta partout en lui le/tourment, partout, et ;

jusque dans les péripéties d'un autre drame, celui de sa;
lutte avec Napoléon. Quand, .séparé de son état-màjor,
brisé de fatigue et d'humiliation, -éperdu, pleurant^ le
vaincu d'Ausférlitz fuyait avec trois cosaques les ayant-,;
gardes françaises, l'affreux souvenir sle harcelait dans là,
nuit glacée. Et quand le chef de la coalition enfin/triom-
phante, le 30 mars 1814, poussait son cheval au sommet
des Buttes-Chaumont. pour découvrir le, .panorama dé;
Paris où il entrerait le lendemain, peut-être le spectre;'
inapaisé chevauchait-il en croupe.
Il est plus facile de se débarrasser de Napoléon que de
l'ombre d'un père assassiné. Celle-ci, Alexandre ne la,;
vâinquit jamais. C'est elle qui, de crises de neurasthénie
en crises de mysticisme, jeta finalement l'autocrate aux :

pieds d'un moine malpropre, visionnaire .à'la -façon de


Raspoutine. Et on ne saura jamais jusqu'où elle le cpn-
duisit; puisqu'il y a lieu de croire, d'après des historiens
sérieux, que ce fut un cercueil vide qui fut rithmiié,
après la mort d'Alexandredans la nécropoledes RbmânPv
et que le Tsar, descendu secrètement du trône, termina ses
jours dans un couvent de Palestine pour expier ses fautes..
LHISTOIRE 241

M/Maurice pàléologue était-tbut à .fàit-qualifiépour/;


-.,;
retracer; cette;yie étonnante,.parce;qu'il/jbnrt;É-:d'indé7/
:
niables-facultés: d'historien une science;, plus rare que-.
celle /qui s'exerce dans les archives et dans, lescharicel-
::lèriesy*celle-de^âriièslàve. On/sait, cotnîrient ses études ;
sur la Russie dès derniers Tsars reconstituent une àtmosr :

phére/que les-Latuis que nous sommes ont peine à évp.-


; quer;. Le mérite 'de
s^: Alexandre: J^1 (ï|, étant du riiême/
ordre,'.ce livre ne;dëCévra pâsvçëûx qui ont/lé goût des; ;
enquêtes psychologiques et là curiosité, pârticuiiërè dès,;
âmes énigrnatïques et /paradoxales. ;; ;- - / .;
Le/inêriie flambeau qui éclâiré/Ie fond des etrês;fait -
^découvrir bien, des /enchaînements de causes età effets /
dans les ténèbres de l'histoire;- Napolébri lût. /coristarn-
-hientabùsé pârJAlexàridre parce ;qu'u;né=eomptit,jànïais';);
la nature ambiguë de celui-ci. Il lé jugeait seulement chi7
mériqûe ef versatile. Eiréur fatale quelui"faisaient coin-;
.rnêttre: son atavisme méditerranéen, son besoin/ de lp7/
,.

.giquéet d'unité morâlè./Lé tsâr/ëtait.tprtueûxymais ter-/


:riblemerit obstiné, L'un des deux amis-de Tilsitt croyait -
encore-àla borinè Toi de-T'autrë-quand celui-ci,rie eber^;/
'chàit-déjà qu'à; «; l'eridorrnir.J» et, de son propre, tavéu;"
à « gagrier du/temps »Î Dès-les embrassades d'ErfUrt
•Alexandre écrivait cyniquement à sa propre soeur : « Rira
,1e mieux qui ri-taie/dernier. » 7 '7'77- 7 ;-/
Il yiavait chez Napoléon urié partTiingénùité- Elle;/
lui coûta cher,.:mais ne le diminue pas. 7

Tilsitt et Erfurt orit .offert à un diplomate la/matière;':


de bien intéressants chapitrés,;qûi montéght àTëvidëncë;
.

comment la perfidie de/Tâlleyrârid et les intrigues de


Caulainçourt ont machtaélé dûëide l'entpereûr^d-Orient .

et del'emperëûrd'pccidént, et :presque décidé par avarice,,,:


(1) ChezTlon;:;-/,/,:: -,
242. /CHRONIQUES,-,, .'.7,7,7/
/dé son issue et dû sprt/de l'Europe;: Malgré les explica-
tions que M.-deSairit-Aulaire,nouS:ën:;dbnnaTan/deiMèr;;
dans un livré étincelant dont illût pàrièlei/eririiêmërémps:
que du remarquable Talleyrand de M.. Dard, le-doublé
;
jeu du prince de Bénévënt n'a pas firilde rious .soulever
le coeur. ..'
-,:. 7/ :

.Cette entrevue d'Erfurt permet d'explorer assezprpfpn- .

dément les abîmes de la bassesse, humaine. y Pour/en'/


dégager tout ce qu'elle contient de vérité morale, fput
ce qu'elle nous apprend sut le mécanisme; la mascarade
et le huis Clos des ambitions humâmes, il né faudrait;
pas moins que Machiavel et Saint-Simon.-»; Sans doute,
mais M; Maurice Paléologue, //après d'autres, prouve
que l'on peut, sans être Machiavel riiSaint-Simon, /en:
;

tracer tout de même un tableau inoubliable;

ANTOINE HADENGUE. 7 7

N. B. — Un certain nombre d'erreurs se sont glissées


dans la dernière chronique de notre collaborât ur Robert de.
Traz. Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs. ;-'
'eFÎ-R:OM;î;Q.ËJl;.

;/7/ LA;ÇRQISAT)E ANTICOMMUNISTE./; ;:;/

; Un jouinâl imprimait dimanchei en caractères d'àf-'


./fiche: s Ciniqiwnte,nafip0,;tyois;w
^anticommuniste1 » ;Qu'èst-ce;.â dire? Nbus sûrprenonslei,
dans une occasion qu.pourtarit le sérieux serait de/rriise,
l'unjâêsprpçédés. les plus usuels dans une eërtairié;presse,:
.
assurément beaucoup. morns/souCieuse dû bienpubliequé
d'un record detirageyprocédé çù.se combineTéquivoque
/parfoisla plussburnoise.âyeclà recherche duslogaripubli-
/citairé,, Dàns//cèttè /Eurppe/ybloanique, pu/la moindre '
étincelle pourrait tout faire ; sauter, croyez-vous qu'une
/telle/presse se préoccupe d'abord de dissiper des mâleri-
-/tendùs, de; Câlinerla :fièvre/;â'une opiniori/mâl avertie,
dépassée par la compïexitë dés problèmes d'aujourd'hui?
Point.. It s'agit ;d'abopd .de/lui jeter en pâture du sensa-
tionnel- La nbûvëUe vériàitàpëirié dé parvenir à Paris dé-
Tâdhésion itàliennë/àu pacte germano-nippon, et la) plus
prudente réserve s'imposait donc encore dans l;appréçia--
; tion /d'une ribuveàtïré/diplomàtîque lourde;-de; si/grà/ves
conséquences,'que déjà des titres analogues flamboyaient
aux machettes de phisieurs:journaux. Qui donC/gou-
:
vetriëT, chez/'nous Tbpiriibn/pùbhque?/ Oû7:blus: simple-:
ment, qui nous gouverne? Au premier coup d'oeil jeté sur
le titré, que j'ai rapporte, .vous pouviez croire que: « cin-.
/qUàntë/riatioris/et;trois coritîrierits » s'étaient ÀëClàrés,:
avaient pris position contre le pacte anticoriuriuriiste8 que
/décidémentlà guerre civile dumbride avait commencé. Il
n'en était heûreûsëinerit rieri^.vous le Savez7 Ce /titre à/
dessein sibyllin revenait à. dire : « Voici chiquante nations
placées (levant le /fait acCPiripli:' du pacte ; anticoriûriu-
':,nisie.:coiriment vorit-ëllës réagir? » Mais/encore ûùë fois;
dans espaceail, employé: pour devant le, que de perfidie
et qui pourrait deveriir si affreusement meurtrière?/
'.;,244 77 :7r .-GffilOHI'QtîES;:/'//;:,/:7/7;/'
/Ce pacte, que signineit-ii;; en /effet? Çbntporte-tli bu
non-dès accords :riiurtairés? ,Sà;:poirite/offensive-ëstrëlle-
dtrigée seuleritent contre l'intrigue inlassable àxi;Kànypn-
,,tem, qui, ayant échoué àbolcheyiserl'Espagne, nerenotiee
pas à bolcheviser le monde? Ou bien, quoiqueTRômè,
Berlin et Tokio s'en défendent, cette ppinte vise-t-ellé/
aussi le gouvernement de Moscou, devenu étrangement:
conservateur et même réactionriairé pour l'usage inté-
rieur ? N'est-il enfin, ce pacte, qu'un trompe-l'oeil ppûr
masquer une entreprise beaucoup moins.idéologique pu
,

politique que commerciale, et qui assureraitau corisortium.


des Trois Puissances le contrôlé éeonofriique dés; tefiri-;
toires chinois actuellement conquis par le Japon, au détri-
ment d'abord, naturellement, de YAngleterre; et des
,
États-Unis : ce qui expliquerait le ressentiment de Ceux-ci
,

étles alarmes de celle-là.


Le président Roosevelt, paraît-il, en effets fulmine.TJn-
essaie de nous inquiéter aveçson froneeméiitde sourcils :
« Dans l'entourage du Département
d'État!, "à Wàshîngr7
ton, pouvait-on. lire dimanche dans le même journal,' on
considère ce pacte comme ayant une-pprtéè:iric.alçûl.àble,
et marquant une; brusque aggravation dp: la situation
mondiale, déj à fort mauvaise. La formation de cette nou-
velle Triplice est Considérée comme une riposte au prin-
cipe, d'un Front des démocraties, tel que le préconisa
M; Roosevelt à Chicago. » ?7
Mais quand eessera-t-on de nous la bâiller belle avec
ce Front des Dëmoeraties opposé au Front des Fàscismes,:
avec cet univers disputé entre là Liberté et la Tyrannie?'
Si cette situation mondiale, qu'on nous donne comme-fort
mauvaise,- ou plutôt comme détestable, devait en effet
s'aggraver, du fait de la croisade anticommuniste qui ;
commence, jusqu'à cet aboutissement que quelques-uns/
considèrent déjà comme inévitable, là guerre, combien;dë/
millioris d'hommes né seraient pas offerts en holoeaustè à.
ce vocabulaire aussi mensonger que tout-pùissant:qui:
tient lieu d'idées à not-të absurde époque?

/Continent les militants de-notre Front populaire ne/;
sont-ils pas aveuglés par cette évidence que le Front dés.
Démocraties, celui qu'ils souhaitent, tout- au/moins,
7" 77 ,,.//; ISRÔNÏOÇfi, ' '';,/7//:J 24|
? Constituer/ c'ës'fcrallîànËè de inôtrê République |fëri£âisêy
yde noire:Répûl?hqÙë. rouget avec les deux gfândsyEtats/
; lés
plus Capitalistes duriipndé; ceux où lé Câpitàtest resté
/'sbùyëràin:. coritré les/deux Ëtâtsles plus vraiment spçiàr.
/iistëydù:tnbride, ceux qù/le capital est le. plus-contrôlé/:
/;drrigé,;:îïriiné? .

-,
On essaie de nous Hypnotiser sûr la formUledes « trois
;/gfândés démocfâties »>ïpr, :qii'y a-t-il de Commuti éritfè
/Ces^^trbis/démbcrâtiës? LësÉtats-Unis rious offrent là coiri-
;
binâisôri d'une dictàtûréi réhipprâiré il est vrai .(puisque
/Tes, pouvoirs dû président riê/pëUvënt excéder huit ails;;
/ îriàis/M., ifëbôsëvëlt chàrigerà: pëùt-êtrè même Cela), avec,
yïë cbritfôle dû le veto d'une Cour suprême (que M. fiqoser
:
:yélt est d'âillëûrs en train de pas mal molester), L'Ângley
/jtéErë/ëst à la fbis/urië/riioriàphie de droit divin, et Un
parlementarisme aristocratique dont le prestige de là
couronne,et une longue/tradition de respectabilité pré-
yyiënriërit les excès., ou les,abus. Seule là France, ttiO-:
./nàrçhié /cbristitutionnélje:. sans monarque, vieux pays
/Cbupé dé sa tradition,7a cessé d'être gouvernée .depuis/
/spixantê: arispâr ûri/hpinmé' OU par des hommes, bu par/
; des principes, et rié l'ést/plùs que par un mythe, celui du
/progrès à.gàùchè ; seule, parrûi ses deux « grandes scëur'sj),
/elle est abandonnée bu's'âbaridprine sans irièsùre ni frein;
/àlàijjàrinié dû:Nbmhré7ètmérite bien plus d'être appelée/
ùfié dëritâgpgié qu'une démbcr'àtie.
/.Ëti .face des « trois/grandes », ou « face aux Trois.
-GràndéM, Cbmirie,.dirait lé.jbùrnâl Cité plus haut,.,voici/
;vd'àutré part, les « trois/gfàrids », ies États totalitaires'/;
;:|îtaïïë, l'AlléJriàgne,7Ïà:Rûssie, ou plutôtTU.7R. S. S,/
/(car TU, R. S. S. n'estpâslâ Russie). Nos mintarits rioùs;
/vè^Hqûërôrit-ils par quëTsiflgûlier tour de pâssê-passélè *;

/qualificatif de fasciste-(dâris le sens de libêrtiCide). est.


; rës.ëfyé aux deux premiers,,tandis que, si l'on écoutait
/làÉfance, toutes lés. dërijpCrâties du mondé sëlèvërâiënï/'
/jMàûf là défënse-dû'troisième? L'U. R. %S. S.sépâit-éïlë;/
dottc, redevenue un parlementarisme, une dëriibcràtiê?
//L'oùyfiér, le pâysari/;y;,àeïàiérh>ils mieux traités qu'eri;
AllëiriàgÛë Où en Italie?. L'oppression dé là pêriséêTy:
!

sëfâit-ëlié riibiris. rigoureuse, la tyrannie moins pësâritè;, /


246//..: "7; .J/ .' 7CHRONIO/CJES,;./; '7.77/
.

les ériiptisorinëmerifs et les ë/xécutibris;pMs:rarësj>; le chef/-


moins, divinisé?/ ; ,//'
"'''. Non;, et il nous/faut bien/adntettre.qùe:cë/qui/dalêë ;7
les États, ce qui les range dans lui camp bu dansl'autre/ 7
parmi l'universel bouleversement auquel,nous:assistons,:;,
ce n'est pas leur régime, ce n'est pas le plus ou moins77
de capitalisme, ou dé socialisme, ou;' de parlementa-- /
ristne qui les imprègne ; c'est.moins encore leur voçabûy: ":
làire idéologique; qui, dans là plupart, des cas ne veut plus ;
rien dire, mais la conception qu'ils se.font du-principe;;/;
d'autorité, de la nature de Innomme. Celui-ci n'est-il qù/un ';
pur: mécanisme, une machine qu'il s'agit, seulement/de 7
bien régler, en yue du meilleur rendement;? Ou bien est-il,:;;
ce mystérieux amalgame d'ëxigenCëS' spirituelles ...et
matérielles qu-il faut satisfaire, également, cet individu
dont il faut obtenir et méritërl'assentiriient pouï/leZ-,„-
subordonner, l'asservir à l'État? 7: ;!7 7
Selon la réponse qu'ils offrirQnt;à CéS: ,p^estions,7Ïes ;, /
gouvernements, et les États .se/rangeront deT'un ou/de •;
l'autre côté d'une frontière/idéale, qui sera bientôt:1a /
seule à les séparer absolument. Tout ce à/quoi nous assis-;7
tons aujourd'hui m'en convainc:davantage. Est-ce à/dire:
/que cette nouvelle conception d'une frontière qui sëp/ayy
rera plutôt des civilisations inconcihables que des États. .'
/rivaux ou concurrents, suppfintera ou rendra-Caduques,/':
.Ces.: «. guerres d'Enfer » dont riotre génération connut! ;;
quelques tenifiants épisodes? Je craindrais plutôt qn-ehe/.:
ne les multipliât. Et le remuertnénage qui selait temar-7;
quer partout autour de nous nous le donne à craindre,.; :
en-effet. L'homme est un animal idéologique qui sëjbàt /;.-
encore plus volontiers pûur un système que pour du pâiri!/'
ou de l'or. A moins qu'une de ces; deux formes de ciViTr- -
sàtion — et cellelà seulement qui en onérite: lé nom-y/;,;
n'élimine l'autre complètement de la surface du globe.
D'où l'idée delà croisade anticommuniste dont M. Mus^7- ,

solini,. M. Hitler et lé Mikado viennent dèlevef ensemble 7;



l'étendard;
Au désarroi que cette nouvelle, sème soudain au camp;,;:
dès-démocraties, nous pouvons mesurer combien celles-ci :

se /sentent menacées dans leur .statut de famille, dans/


CHRONIQUE : 247
leurs alliances, par Tùivitâtion qu'on leur adresse. N'an^
nonce-t-on pas qu'après le Portugal (évidemment guetté
par le « totalitarisme » et. la tyrannie, lui aussi, clameront
nos démagogues au désespoir), nous verrions l'Autriche,
la Hongrie, la Pologne, la Yougoslavie, là Roumanie,
et les États de l'Amérique latine adhérer prochainement
au pacte? S'il en était ainsi combien de « démocraties »
lâcheraient donc le Front démocratique cher à M. Roo-
sévelt! Méditez là-dessus :.ne, sbnt-ce pas autant de pays
1

catholiques, ou orthodoxes? Je ne dis pas chrétiens :


je dis, à dessein, catholiques ou orthodoxes. L'explication
de ce nouveau rassemblement, antimoscoutaire netien-:
drait-elle pas là? Une des femmes les plus intelligentes
de çè temps.et qui a beaucoup vécu « en politique », et
même à Genève-(où le surnaturel préoccupe peu de gens),
me disait il y a quelques mois : « Je ne divise pas les na-
tionj'en royaumes ou, en républiques, en démocraties
ou en dictatures, mais en-peuples qui Croient à la Pré-
sence réelle.ou qui n'y croient pas..7» Parole qui semble
.

à première vue un paradoxe, mais dont on ri'â pas fini


d'épuiser la profondeur et le sens fécond, et grâce à
laquelle nous pourrions ; entrevoir pourquoi/parmi les
peuples chrétiens/ les peuples catholiques ou orthodoxes
sont les premiers à s'ébranler pour la croisade anti-
communiste.
Sans aller, jusqu'à tant de rigueur, on volt très bien
comment seule une société ordonnée vers des fins spi-
rituelles peut admettre une hiérarchie des valeurs et Té
bien-fondé du principe d'autorité. Sur quoi le fonder, ce
principe, dans une société uniquement matérialiste, où
l'horinrie vaut l'homme et manque de toute autre ràisoiï/
pour se subordonner que le rendement de l'individu ou
du groupe? 7'
Le monde est à la recherche d'une autorité,;d'un autre
droit- .divin (puisqu'il croit avoir trié le droit divin ori-
ginel); 7 7
L'étonitement est seulement de voir l'Allemagne hit-
lérienne prendre la tête de cette croisade anticommuniste
avant l'Italie, ayant toutes les autres nations/Catholiques.
N'est-elle pas elle-même,/en effet, elle aussi, un commu-
248 :-..* CHRONIQUES
nisme, ..mais uri communisme racial, C'est-àrdûé dé-
pourvu de signification universelle, réservé à; l'usage
.

interne de la race élue?...

Je disais que le monde est à la recherche d'une auto-


rité, d'un autre droit divin, Mais, alors que tant de
peuples s'en avisent, remettent en effet tout en question,
s'emploient tout entiers dans, cette-recherche, là France
refuse l'effort, semble frappée de stupeur autant que d'in-
capacité devant l'urgence d'une reconstruction morale,
s'obstine à considérer qu'il lui suffit de remettre de l'ordre
dans ses comptes, dans son livre de cuisine, où les chiffres
s'enflent démesurément.
Je vous entretenais samedi dernier de la physionomie
morale du Congrès radical, en attendant de pouvoir vous
donner mon sentiment sur celle du Congrès soeiaHste.-pù
l'on palabrera quand vous me lirez. Nous n'avons pas de
sutprise à en attendre. Ici comme là, sous la draperie
des mots, il ne sera question que de « la combine ». qui-
pourra permettre à ces associes malgré eux de prolonger
une. expérience condamnée, mais-encore bénéficiaire...
pour eux seuls. En désaccord absolu sur les principes.—
M. Chautemps n'étant placé là que pour sauver le sys-
tème capitaliste et M. Léon Blum pour le détruire, théori-
quement du moins — ils ne s'entendent que sur la mé-
thode qui leur conservera quelque temps encore le pou-
voir. Sur sa droite le parti de M. Chautemps compté de
vieux irréductibles ou -de jeunes agités,; qu'indigne
l'équivoque du Rassemblement populaire, pressés de .

reprendre leur liberté, d'en,/revenir à l'attitude d'un


jacobinisme vraiment national. Il s'agit de les neutra-
liser, M. Chautemps s'y emploie. Il n'ouvrira que le plus
tard possible la porte à cet avenir inconnu, qui commen-
cerait par le renverser. Sur sa gauche le parti de M. Blum
compte des révolutionnaires bon teint, et non plus seu-
lement des socialistes en peau de lapin, que « la pause »
itrite comme une imposture —' elle est bien cela, en effet —
et que « l'avenant » même, que M; Blum continue à ré-
7/ ';;•/; 7/77CHRONIQUE 2497
clamer pouf! demain,;'exaspérerait par ;sa lenteur/et: sPri,
/;équivoque; Ilvs'ag^%â!leirierit/delesrieûtràlisôy;%/BîlûJri-
:y parvient. Il ne fient pas, à se voir écarté si tôt/des çonoi-
;. liabules <îe l'hôtel Matignon, C'est du moins-ce que.
,.slgnifië'de plus çlafclà.rnotion finale du Conseil/national,
/du partiS. F. .1. O,, qui tint séance la semaine dëntièré
pour préparer Te Gpngrès du Parti. Tous lès orateurs: y;
//fjirent. d'àccôr'd' pour vitupérer la politique financière de
/M.! Bonnet- grand. argentier du deuxième Cabinet de
;.Ffprit populaire, et/.grand démolisseur de ,M7/Auriol,,
argentier dû premiery.pouf réclamer ces fameuses «"Tpé-:v
/fbrtnei de: structure :»:;:qui doivent tout sauver, ainsi que ;
l'ouverture immé^àtë/âe là frontière pyrénéenne ; mais/
/ d'àCCOfd aussi pouf tolérer la participatîbn cohdition--
;nélle-éa /Parti au ministère/qui leur refusé tout cela.. On
.sait; le c^• qu'il f^t: faire! de cette épithèté.7
Trouyerpns-npus un/spuci riipral plus haut, une plus;
exacte cbmpréherision des; difficultés dé l'heUrëTchéz lés!
/§ens;âe.YAJMance démÔPraiique, ou chez eéùx'4è¥'Union;
; socialiste et républicaine ()),: S, R, : socialistes iridépéri-;-
/darits ét/nép-soçialistes), qui clôturaient leurs Çpitgrès
respectifs ce même dimanche : car la chutê/dès/feuilles/;:
amène mvariâblerrientûrié ffpraispn incroyable -de Çpn-/
' grès- dans notre pays jamais,repu de bavardage et dé
/vérités premières. Par*ce temps de bourrasque, le grand!
/public s'occupétnoins^ëçes genslà que dés radicaux-et;:
dès socialistes, parce qu'ils ne sont pas le plus grand;
.nombre; qu'ils tiennent/moins dé place sur l'estrade. Mais ;
/qùsait;qu'ils se donnent pourl'élite, le sel du;/PâîfeJ»erit j;,
-les tm| réfpnnistes résolus^ ceux de l'U. S. R,, les autres
ântiréfprmistes impénitents, ceux de l'Alh^ce.-Mais les
uns et les autré§7;SHr//qûèîlé profonde ré^té/îrioràlé;;
fpndeiifrils! be qu'ils! /voudraient nous faire accepter
comme une espérance? / ' " ' ''- ;
Les penseurs de TU,, S. R., eé sont MM. Mpntagnpn et,;
'Dëat Ils se sont irigérijés.âjaous prouver qsje ai le prë-7
-

mieret le deuxième cabinet de Front populaire ont


échoué, c'est faute de/plan, faute de leur Plauj /Possible, ;
/'^ais un/plan, c'est Ung/yùe/de l'esprit, Oé/Kesïpas/ujiê/
atrijpri|e;:cen'est pas'ûn/ehéf, Ûjiplan neg^posepasdë;
250 //-, 7;/ .;;' CHRÔNÏQUEJ,; / 7/77/" /7
Tùi-riiêihë. Qui/persuadera. ià/F^
du Plan de M. Marcel Déàt? IlTaUdrait/conûriériÇër par- /
la.;Après quoi, quelle ritajorité le'sputieripïa/.s'abstiendra: 7
;dé lé démolir au bout de six rriois.;', ou dé six seriiâines? "
A l'Alliance, MM. Paul Reynaud et Pierre-ÉtienUe FÏân-
;
din, ont,prononcé des disCOuts magnifiques, et qui feront"'"'''
époque, une fois de plus, dans les annales du Parti. Mais;
là compétence me fait défaut pour/peser à leur vàleurlës/ /
: arguments de ces augurés. J'entrevois bien qùé/M;Paul7:>
Reyriaud, apôtre longtemps méconnu de là dévaluation,
/était plus quahfié qu'aucun autre pour, nous/expliquer:, !.
coiriment, faute de quelle politique concomitante, deux 7-
dévaluations successives ont précipité la.ruine de nptïë !

/économie, au heu del'enrayer.;Màis:;je sautais moinsMèir 7,


; dire par quelle nouveauté, parquèl accent, son orthodoxie
financière, son système, différent de l'orthodoxie -dû 7
-système de M. Bonnet, nous./autorisent à;plus d'ëspë-7/
rance, sinon par le" fait de n'émaner- point d'un ministre
de Front populaire. Ce qui est bien quelque chose. Et je
saurais-moins encore vous exphqùer eommëritië ;« pro-7/
duisons. plus, à meilleur marché » de M. Paul Reynàùd
,
/ s'àCcc-rde avec le « produisons moins » qui fut le thème de ! !

:M;!Flandin il n'y a pas si longtemps!


Quant à celui-ci, j'en démeure pantois.'Comment peùt-
on a ce point, dans l'exercice'des plus hautes chargés, 7
:
n'avoir rien appris, avoir* tout publié? Sbn'discoûrs'fsé '
..résume à ceci (je ne crois pas le trahir) : M. Flâridin reste
.libéral à l'encontre de toutes lés/expériences ;d'hier;:/uri;7
/'libéralisme écoitomique bieti entendu peut; selon lui,
suffire à tout remettre en ordre et à nous ramener...là
/prospérité. IT demeure centriste/et cpnceritratibnnistë,!;:
en dépit de toutes ses déceptions parlentéritairës. II tend
la main aux radicaux. En un mot, M., Flandm!n'admet 7
;dè salut pour la France que surlè plan dp rêcoriomiqùë;;7
et parla voie parlementaire.
Je Veux bien que l'enthousiasme ou la compétence me ;
7fâsseritiCi par trop défaut. Mais tbutde.mênië, âentendré/
Ces messieurs mon impression rie saurait me. trornper; 7:
Se montrer à ce point htégalàspn sujet/C'est presque une
gajëùre. Comment M. Flandin,/stu- qui ont pesé, sur qui 7
-
:
''"'.!-77;://;-;' /;/""-,-. 7j^i|^N»3î^7':'"77-;:yyr"-;-/''y'i^5i.;
/pèserit'encore, tarit de responsabilités, n'âperçoit-il pas
/que i'éçpnorriique :nê;,compose qu'un des /aspects /pTûne:
7crise; sàûs: prëcêdêrit-:dans l'histoire du tnbùâe7qûi;;est;
/surtout une crise triprâle,une crise de conscience de Thu-
v,manité/';;que le: problèmé-de l'autorité ne se résout pas
yâvëC/dêychiffres et;des;statistiques; que .^capitalisme/
libéfâl;auteur principal des désordres que/nous, alégùés.
lé .dix/rierivièine siècle, .fié saurait les guérir; enfui et
//surtout qu'il n'est au.pouvoir de personne,/en France, ;
y!àûj0ûrd'h^,7d'iin;agûiëry Comment un système quel-/
/conque pourrait rernëdiè/t/àquoi que ce soit à moins;de
/durer;; et comment,; pourtant, un système quelcoùqué
7ppurràit durer plus:dëfiStnpis, avant que le systèrire,/que:
/Te rëgiine n'aient/été chârigês de fond en comble et n'aient!
/reconstruit chez nous, précisément, une autorité? M.:Flan-^
./.dinne-sespuvienHlpâsTd/avpirété preim^t:ministre en
/déstemps àlafPis/bièri/prPçhes et bien lointains,, en tbût
/cas moins périlleux! et/trioins chaotiques ./que ceux-ci?;
Que n2a-t-il alors réussi ;sà concentration?/Que n'a-t-il
; su/là prolonger assez pourla rendre efficace?' ; :
';
77/Gèlibërài a-t-il-oûbhë/aqùe pour essayet de! durer,;iî;a
7dû demander Tes pléins7pouvoirs, et qu'il est tombé
//parce qu'on les rui'refusâ?;/:
77 Étonnante incapacité;--je ; le répète, de/se hausser
.

véritable .sujet, au-dessus de la pensée par-


:

: jùsqû'à.son.
lementaire jusqu'à là Conception du salut public! Mais,
7M,;Flaridiri n'est ici, hélas! .quele symbole d'une France
.
//qui ye.croit encorë/;à Tavant-garde, et. qui n-est que ;

./routinière et fatiguée/,,:/' ;/,-;.'


7;:I1 en est une autre./!Il-ëst. une France jeune, prête à
.

/.toutes;tes .yrâiës hardiëssës/et à toutes les sages, nop-,


/yéaùtés; ;EUe atteridla voix! qui lui rendra la confiance; :
7;-Çettéivoixdà,në/vièndrâ pas, des Congrès. Mais; en
//dépit de toutes celles qui nous ont abusés, même en dehors
/;âës Congrès, elle viendra/// :
:-
7//;--' ./
-7;/FRANÇOIS LE/GRIX;

///Nous/approchons:dûi^bmerit, toujouts ùn/pëu" chatgé


'd'incbûriu, des renouyëliëmerits d'abonnementlie-fin
i'âniiée: Un petipliïsVciïâfgê'.S'înc^niî,: eètté ioià !; Com#-
rtiéiit ëh é'îfët h'àufâis-jfe pW égard: àu^-^àl^s crois-
santes dû budget de elïàéûh; né &ii^àiifâfejë; p'as âùx:
difficultés ^ûè.Wexpôgàiénïj.dâisidei lëtp;ës arfiicâlêë,
tâiit de xids abciith.es, -qui « renouvellent », Cependant, f V.
/&.ttius, j'adresse des àûjôliM'lïurM.Sollicitation;iâ
plus.prèssàllte. Vous lé dirai^ë? Vous lesàyë2., d'ailleurs:
Si ié-nê pouvais, ënedùrâgë pal beaucoup,d-ëitiffé yduë;;
rilë rendre le témoignage que hoiis tràvâmons ici; à; nôtre
très mddëstê,fàng, mais dë/^iioIré^-'^ëiix^-à'M^^ér^^..;
pliblic, j'abandonnerais péut-êtrë.la pârliéJ /Sétrë Cala-
rhiïeûsë époque accablé trop des. entreprises éômmë; là
riêtre, vbûéës seulement âii/service de/l'esprit.-. Mais
il ïàiit tériir a tout prix. Tenir justement parce; que
d'àùtre's disparaissent, parce1.que nous sommés' cMd_uë:=
jour moins nombreux. '.'''
Çé'îh'a été un: grand réconfort de Constater êjûë.cette
''-''
àliîiéè, en dépit dé cette ci crise iën rafale «; le pëurëéntâgê :

dël'âbùrinéihënt hdûvéâua étélégërfi'mentsûpériéTirâéëiui


dépannées précédentes. J'eii:;rërhêrciê prcttdndémëht-îjds
fidèles. Il faut èôiitiiiuër ërifeëinblë./Ilfaut faire mieux?
' Je vous dirai, au cours de mes prOclïâins articles,, ëômmeiit

: nous essaierons,. pour notre: part; de dbnîièr une voix ; ;

'à-S cette France qui se cherché:i>; Restez .nos abonnés


eh décembre prochain. Alilènez-hôus cJiâcUiï Voire abonné;
itoïivèàu avant la'fin de l'année. ï-^i
'F. t. G.
JJLWÎM FINàNCIÎftI

NrB.'^ Les. nécessités, de. tiragède,' « la Keyjie ïeb.Smmiîàjre s


.
ta'oWigeaâtà lui adresser le-bifflétmci^esso«s plusieurs |6^sayshÈ
sa parution, je me-borné à y insérer des aperçus d'orientation gêné»
/anale.;:Mais..moi SERVB3E BE^RENSEIGNEMENTS .HNMCIERS
J;^frïà;Ia;;d|^ositiQn^ pour îaut çeVqùi:-çoïçerne';
Aleur portefeuille, valeurs à acheter, .à vendre pu'à .conserver, .arfci» '
trages d'untitrecontrelitti autre, placements de fonds, iptc.
Adresser lés lettres a M. ^dré.Pïy, 4, rue devienne, Paris (8e).

POSITION D'ATTENTE
Lr Après quatre |purs. d^mterruptipn à l'occasion des.;
:

^EongëS; de la Toussaint, —- et dire que certains pays prë^


tendent que notre pays n'échappera à la. ruiné'que par
'le Irayaili! — la Bourse de Paris' a repris ses occupations
/dans une tonalité;dêgrlsajllë. -.,-"-'. '
"';;Ellen<iété, sëiônies expressions courantes, niîboniïe ni;
mauvaise.
^'..'Elie-'aur^t pu être .'bonne, parce que, durant cette
^interruption "a.çcMen^He,.'nen de grave ne s'était pro-
\duit de nature aîln^Uiëtér.V -.l; ....
;; ''Elle aurait pu [être mauvaise parce .que: dès.menacés-
d'une. recrudescence d'agitation ouvrière pointaient
:.
/comme; prologue à la prochaine .
reprise des trayaux par-
tlemèntah/es, ..'..^''';": •
// /La réouverture des occupations boursières se trouvait,
"
/d'antre part, coïncider avec la liquidation mensuelle .qui
;^t^'pé^ôfflquemelnti^,imé sorte de pierre de touche. On ',

iâ'gurâgremént de voirie «taux,des reports,/»s.è détendre


.assez sensiblement; eh même temps que l'on apprenait
-qu'un xetournemeht. assez inattendu semblait tendre, à
;ëtàJ3lir —- 'ce que d'ailleurs j'avais fait prévoir — un léger
;T,apà^<m<gat de capitaux: préoedeniment éniigrés,
K; ' En outre, ,un çôjnmençement de détehtë paraissait
'pouvoir être envisagé dans l'écheveau si/embrouillé des
Controverses ^ternationales..'
;-; Si les capitaux déplacement ne boudaient pas;\dbsti- ;
254;-.;;/..>'/-? ' ' CHRONIQUES./ "->"/.;: / .v/.ï-
hément;la Bourse, il ;est/cërtaurl^ê:oeUë7^
très ferme. f- " ;'';'';;:/';/;;''"'/;: :.,:*/"; /"s/^f/f %//:/,
Il n'en est pas ainsi à l'heure où'j'écris .oeslignës',; mais/f/'
ce n'est peut-être, plus très éloigné. ;v. v"i;;
En laissant dé côté les vicissitudes quptidlehhesïdëlà.*/;;/
:
,

politique nationale ou internationale deux'/faitsd'ordre';.;/


technique, et d'importance réeUç, retiennent plus parti-; .///
cuHèrement mon attention. :- ' ''</'' ;./-;.-;':.;-/./i" ;
.
C'est"d'abord que de nombreuses sociétés.mdùsfeéllës?/If
.'

qui publient, en ce moment, leurs, comptes.de'l'exercice;;;/


social-écoulé, peuvent procéder'a/une augmentation ^—:-c.
modeste mais néanmoins précieusementIndicative r--:de/rï{
-leur dividende. ' -.>'-.'"/".
D'autre part, je constate aussi que les appels de oapi-'/?;;
;

taux nouveaux, par des entreprises de qualité ou ;pâr -"if


d'importantes collectivités, se multiplient depuis: quelques' /lï
semaines et sont accueillis avec une faveur manifeste- Vh
Ces deux faits me paraissent extrêmement favorables.;/.:i;'*
et fout à fait encourageants .pour/redonner aux capitaux f/i/
.-

inertes disponibles le goût de l'action reyiyifianteif :

Bien que l'on travaille très msu&sardment chez nous, .-;


en ce; moment, ce qui. est, une, cause fondamentale; de,r ;S
déchéance très apparente dans le, mouyèmënt de notre F/f
commerce extérieur, il y a incontestablement, d'une part,; f/
des. entreprises industrielles importantes, d'autre part, */
certaines catégories artisanales {celles-ci du fait, de la;/;//
modicité de leurs frais généraux) qui continuent de pro-///;'
dune avec fruit. Il s'agit donc de les découvrir... C'est s;*?
délicat et difficile, je le sais. Mais il vaut la peine que,Ton//
s'en préoccupe parce que c'est là qu'est Eayënk et que//;/;/

:
,,i '
c'est de là que jaillira la prospérité que tous nous appe-.. ;;;
Ions de nos voeux, prospérité dont, les plus avisés sauront. ;;/
bénéficier. /^' '[tM;]
Le rôle de la Bpurse est de faire ces découvertes et ces ;'?;;;/
discriminations. Ne doutons pas .qu'elle s'en préoccupe et. ::/
qu'aumoment jugé opportun ehë'saura y.participer. A'V*"-
/C'est pourquoi, il convient delà sùrveillfir;attentive-/';;:-:
menti: Sans abandonner encore les tactiques satisfai-;,;:/;
santés-du passé, tactiques qui demeurent'^yalablescomrae <
en témoigne la fermeté des valeurs de/Mines d'or,, le;0,/;-
^?V-.;.-"^;v."\::-:.vjiv-":^^..-.t-iiA.--;:'VïiS>'l^i^?â^iq^a^..:v;:-^:/^irs
" ;;:=- ';'V,255/
%S:/j;-

-,monïent: parait "donc venir oùles capitaux,pourront, sans


"Ctainte/ét ;;avec% perspectives de satisfaction'; ^'orienter ;
'

/vers:d'autres horizons...- :;/;:/: '/'/ '-' ',


:^BotiESE"DE LoNBï^s/;T^/;innuencé par les rayâîârs:
persistants ;;cle la.Bourse' de New-York lé marché;;de
Eondrës est demeuré.;hésitant ces temps...derhiêrs. -tes
"Éohds^:britaiiniquësiët lês/yalëurs de Mmes :d or ont été:
a peu près les' seuls compartiments ayant retenu l'aftën-
^tipnjdes"capitauxc'de.jâacernènt. La plupart dès:autres;
;
catégories de valeurs seront alourdies dans,une atmosphère
/quasiment générale/d'indifférence. :/ .

ê:/; ;V-J/-'":'' ANDRÉ PLY, ;//V


./';'; ï;;;';;,;',' delà; Banque de rUnion industrielle,française}
,

Tv:/;///;///, / /PETIT COURRIER / ' •


. .

f ;ÀB0KNÊ, RHÔNE. ^JL/e groupe des Produits :chi-


:

'^^Çs^contient^ëvidénniiént des valeurs de qualité;./fet;


^jduit le la:faveur clë beaucoup de capitalistes,:Mais cette
:lâyeur;;sê traduit ènlSoursepardes cotations; telles quëles
/fcfêvldehdes dé Saîn;i-Gq'hdin,:jÈuhlmann où ÈLdlà, comme
"de bien d'autres,;se capitalisent à des taux extrêmement
réduits.' Si .Vous êtes eh/bénéfice, arbitrez une pàrtie|ie
yos titrés contre d^âûtrés, d'un meilleur rendement. ;/. ;

Le Virèiiieur-Gérant : FRANÇOIS, LE. GRIX.

;:*ÀJÙS,^.TYPbÔSAEHm;PI^Nj';8,'BOEGARANCIÈRE.;-^1937;50342.

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