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VALOIS DISTRIBUTION

Château de Noue - 02600 VILLERS-COTTERETS


Tél. 03 23 96 56 57 - Fax 03 23 72 75 52
e-mail : valdist@pepival.com
Supplément au N° 247 . Janvier 2006 [ SOMMAIRE ]

[ Préambule ] [ Dans les régions ] [ économie ]


[ sud-ouest ] [ interview ] [ mise en oeuvre
Un concept qui a initié Claude Menetrey, et prix de revient ]
Ce numéro a pour objec- une réussite arboriculteur
tif de faire un point d’étape commerciale 6 en Suisse Quel coût pour
après plus de 10 ans d’exis-
tence des réseaux Mafcot.
[ sud-est ] 13 la conduite
Une meilleure réponse
C’est une oeuvre commune. aux exigences centrifuge 32
Chacun s’y exprime libre-
de la filière 8
ment à partir de son expé-
rience et avec ses propres
[val-de-loire ]
[ Prospectives ]
mots. Certaines diver-
Une évolution
gences existent dans les de la conduite de l'axe [ Arbres sur
manières d’aborder les pro- dans les vergers propres racines ]
blèmes et dans les solu- commerciaux 11 Vers un
tions préconisées. Elles
sont certes liées au fait que [ Agriculture Bio ] [ Environnement ] nouveau type
le comportement de l’ar-
bre varie en fonction du
[ protection du verger ] [ climat lumineux ] de verger 34
contexte pédo -climatique,
La conduite centrifuge Une meilleure [ un verger
mais elles tiennent éga- a des effets sur distribution de la plus libre ]
les Bio agresseurs 15 lumière dans l'arbre 17
lement à notre volonté de
maintenir un réel débat. Il
SALSA ou le
n’y a pas de pensée unique [ Dossier ] Système d'Arbre
en la matière.
Le pommier y a une large
Libre Sans
place, mais aussi quatre Artifice 36
autres espèces d’impor-
tance économique, pêcher,
cerisier, poirier et noyer. [ Sociologie ]
Différents aspects y sont
développés, techniques
[ recherche
mais aussi économiques et filière ]
avec une réflexion plus Pour de
large sur les relations entre
recherche et monde pro- nouvelles
fessionnel. Mafcot, ce sont
certes des concepts origi-
formes de
naux et des résultats prati- [ applications à d'autres espèces ] 19 coopération 38
ques en verger de produc-
tion, mais à la base c’est un
Mafcot élargit ses horizons
ensemble d’hommes et de
Le concept Mafcot est mis Il s'inscrit dans des contextes [ innovations ]
à l'épreuve sur d'autres différents et, de fait, enrichit
femmes travaillant dans la
espèces fruitières que le la réflexion générale sur la
[ marges de progrès ]
recherche, l’expérimenta-
tion et le développement,
pommier. conduite des arbres. Une démarche
qui mettent en œuvre leurs [ cerisier ]
L'extinction au coeur
[ poirier ]
Une évolution de la
finalisée et
compétences variées et
leurs complémentarités. des préoccupations p.20 conduite p.26 prospective 40
[ noyer ] [ pommier à cidre ]
Une autre façon de L'intérêt et la faisabilité Retrouvez tous les auteurs
[ Recherche & conduire l'arbre p.22 d'une conduite d'inspira- et co-auteurs en p.42
Développement ] [ PÊCHER ] tion Mafcot p.28 Répertoire des annonceurs
[ l'arbre fruitier ] Une alternative pour ARBO MECA P.23
la Production Fruitière
Pourquoi Intégrée p.24
CERTIS EUROPE BV
DOMAINE DE CASTANG
P.7
P.33

et comment [ Vulgarisation ]
ID MAT
LABORATOIRE GOEMAR
P.15
P.43
mieux connaître MILON
PÉPINIÈRES DEMOLS
P.40
P.37
l'arbre [ transmettre mafcot ]
Comment diffuser
PÉPINIÈRES ESCANDE
PÉPINIÈRES LAFOND
P.11
P.21
Les réseaux Mafcot ont ouvert
des relations constructives auprès des salariés PÉPINIÈRES TOUTLEMONDE P.41
STARFRUIT P.44
entre la recherche et la mise agricoles 30 UNIMED P.32
en pratique p.4 VALOIS DISTRIBUTION P.2

Janvier 2006 • Supplément au N°247 


[ Recherche et développement ]

[ L’arbre fruitier ]

Pourquoi et comment mieux


connaître l’arbre
Les réseaux Mafcot ont ouvert des
pistes de relations constructives entre
la recherche et la mise en pratique de la
connaissance de l’arbre fruitier. Expérimentation/

L
Développement
a conduite de l’arbre points de fructification eux- Recherche
fruitier est traditionnel- mêmes. Comprendre les mé-
lement conçue comme canismes de la mise à fruit et
un ensemble de manipula- les conditions de sa pérenni-
tions du végétal dans le but sation deviennent les objec- Producteur
de faire fructifier l’arbre sur tifs principaux.
la base d’une forme prédé- mise à fruit, et applications à tré par ‘Granny Smith’ (Lauri
terminée (Gobelet, Tatura…). t Une approche l’amélioration de la conduite et al. 1996a, 1996b).
Elle est basée sur deux types qui reste originale de l’arbre en verger. Cette ap- - Intérêt agronomique de
d’opérations successives : la proche reste originale sur le l’extinction artificielle com-
taille de formation et la taille C’est pourquoi des cher- plan international. me outil de conduite pour
de fructification. Les systè- cheurs de l’Inra (centres de améliorer la qualité et la ré-
mes de verger qui en résul- recherche de Bordeaux puis t Des concepts de base gularité de la fructification
tent ne permettent pas une de Montpellier) ont privilé- et des résultats en verger (Larrive et al. 2001 ; Larrive,
entrée en fructification ra- gié, depuis une quarantaine 2002 ; Lauri et al. 2000 ;
pide et ne garantissent pas la d’années, la recherche sur la Différentes étapes ont mar- Mafcot 1999).
régularité de production. Ils biologie de l’arbre en consi- qué l’évolution des travaux. - Caractéristiques variétales
n’ont pas pour objectifs une dérant qu’une meilleure Elles s’inscrivent toutes et choix raisonné des diffé-
bonne maîtrise de la charge connaissance de ses capaci- dans une progression de la rents «outils de conduite» :
en fruits, élément pourtant tés naturelles est nécessaire connaissance de l’arbre et de arcure, élagage de branche,
majeur dans la recherche de à la mise au point d’actions ses réactions aux différentes extinction… (Hucbourg
l’équilibre entre croissance de conduite plus efficaces. manipulations. Pour en res- 2003 ; Lauri 2003 ; voir les
et fructification. Chercher de Les évolutions ont été mar- ter aux évolutions en cours différentes fiches de conduite
nouvelles «formes d’arbre» quées par la contribution sur pommier on retiendra adaptées aux variétés, ex.
ne semble donc pas un enjeu de différentes personnalités quelques résultats récents «Pink Lady» par Hucbourg et
prioritaire en terme d’amélio- parmi lesquelles Bernhard ouvrant sur des applications al. 2004).
ration de la qualité et de la et Marénaud pour les types au verger : - Mise au point de la Condui-
régularité de la production. de fructification du pommier - Intérêt agronomique de la te Centrifuge (extinction arti-
De nombreux travaux, y (Bernhard 1961), Hermann branche fruitière libre avec ficielle réalisée en priorité au
compris anciens (Lepage pour la mise en évidence de suppression des réitérations. centre de l’arbre pour créer
1946), montrent qu’il y a un l’intérêt de la taille longue En laissant se développer la un puits de lumière) pour
intérêt économique à accom- avec conservation du bour- branche librement on favori- améliorer la pénétration de
pagner l’arbre plutôt qu’à le geon terminal sur poirier se l’équilibre entre croissance la lumière dans l’arbre, la
contraindre dans un format (Hermann 1970a, 1970b, et fructification. On améliore coloration des fruits et la pé-
ne prenant pas en compte les 1971), et Lespinasse (1977, donc la qualité et la régula- rennité des organes de fructi-
particularités de l’espèce et 1980) pour l’approfondisse- rité de la fructification (Les- fication (Larrive et al. 2000 ;
de la variété. On retrouve ici ment de ces notions et la for- pinasse 1990 ; Hucbourg et Mafcot 2000).
l’idée de ce que devrait être malisation de concepts inno- Aymard 1996).
la conduite. La réalisation vants en conduite de l’arbre - Intérêt de la bourse termi- t Des voies nouvelles
d’une forme d’arbre (pyrami- en verger. Ces travaux ont été nale et de la brindille couron- La mise en pratique au verger
de, cylindre, plan etc.), basée repris et amplifiés à partir de née pour améliorer la de la Conduite Centrifuge a
sur des contraintes impor- 1989 avec l’ouverture d’une régularité de la fructification été travaillée sous différents
tantes appliquées à la struc- thématique architecture de (Lespinasse et Delort 1993). aspects : détermination de
ture de l’arbre (construction l’arbre fruitier à l’Inra de - Relation positive entre la période optimale d’inter-
d’un tronc, de charpentières, Montpellier avec deux objec- l’extinction naturelle et vention dans l’année (Crété
de sous -mères etc.), devient tifs principaux : analyse de la la régularité de la fructifi- et al., 2002, 2003), intérêt
alors secondaire par rapport diversité génétique en terme cation bourse-sur-bourse. pour la maîtrise de la charge
aux actions menées sur les de croissance, ramification et Ce phénomène est bien illus- en fruits (Ferré et al., 2002),
 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247
[ Recherche et développement ]

relation avec l’éclaircissage validés sur le plan technique 1998, le second à Agen le 20 tion des connaissances sur
(Dupont et al., 2002). Ces et économique à échelle réel- novembre 2003. l’arbre et son milieu portées
travaux et d’autres non pu- le. La démarche s’est étendue par des individus aux compé-
bliés ouvrent des voies nou- à d’autres espèces : poirier, t Recherche, tences complémentaires. À ce
velles qui restent à approfon- cerisier et plus récemment expérimentation et titre, si la démarche a jusqu’à
dir tant sur le plan physio- noyer et pêcher. présent été essentiellement
logique que sur le plan de
développement pour
D’autres groupes Mafcot se une réflexion commune tournée vers la conduite pro-
l’intérêt agronomique. Ainsi, sont créés pour prendre en prement dite elle s’étend éga-
sur ‘Galaxy’, une extinction charge plus particulièrement Pour être opérationnel les lement à d’autres aspects tels
forte conjuguée à 2 fruits par ces espèces. L’originalité de travaux incluent deux étapes que les relations arbres-ma-
inflorescence donne de bons ces groupes est de parta- successives : ladies (Action Transversale
résultats de calibre et de re- ger dans des délais courts - Les connaissances théori- Inra «Protection Intégrée des
tour à fruit sans pénaliser la les connaissances nouvelles ques issues de la recherche Cultures», sur pommier) et
coloration (Ramonguilhem issues de la recherche, de sont confrontées aux connais- irrigation-fertilisation (Colla-
et Bordes, non publié ; Ferré l’expérimentation et des ob- sances issues des observations boration Inra-Profession sur
et al., 2002). servations en verger de pro- et du savoir-faire développés pêcher).
duction des principaux bas- en verger. De nouvelles pistes Pierre-Eric Lauri
t La mise en place et le sins de production au niveau d’application sont imaginées. Et André Belouin, Jean-
fonctionnement des grou- national. La diffusion des - Des protocoles sont élabo- Charles Cardon, Pascal CO-
pes Mafcot résultats est réalisée dans des rés permettant à chacun de CHET, Bernard Crespel, Xa-
Les travaux sur l’extinction revues françaises spécialisées participer à leur évaluation vier Crété, Francis Delort
et la Conduite Centrifuge en (Réussir Fruits et Légumes, pratique. Les résultats sont Nathalie Dupont, Gérard
pommier ont été développés L’arboriculture fruitière, pres- discutés en commun et si la Ferré, Bernard Florens,
à partir de 1995, dans le ca- se particulière aux différents technique apporte une ré- Bruno Hucbourg, Jean-
dre d’échanges réguliers au bassins de productions), et ponse intéressante pour la Marie Lespinasse, Pascal
sein d’un réseau de travail des revues scientifiques, ainsi production, elle est diffusée Mayor, Didier Méry, Eric
informel. En 1998, ce réseau que dans des colloques scien- sous l’acronyme Mafcot. Navarro, Gilles ORAIN, Da-
devient le groupe Mafcot tifiques, notamment ISHS. Chaque participant aux grou- niel Plenet, Michel Ramon-
(Maîtrise de la Fructification - Deux réunions à ouverture pes s’implique concrètement guilhem, Valérie Simard,
Concepts et Technique)-pom- nationale ont par ailleurs dans la réflexion, la mise Dominique Thiéry
mier. Il répond au besoin été organisées par les grou- en place d’essais et, si il est
exprimé par quelques cher- pes Mafcot en collaboration concerné, dans la diffusion Références bibliographiques
cheurs ainsi que par des tech- avec la profession, le premier auprès du producteur. L’ac- disponibles auprès
niciens de développement, à Montauban le 18 mars cent est mis sur la co-construc- de Pierre Eric Lauri
d’expérimentation et de l’in-
terprofession de travailler
ensemble pour développer
l L’originalité de la démarche
des solutions innovantes aux A la suite des réseaux informels - une demande de groupes pro- bicolore, que l’extinction artifi-
problèmes de la conduite de existant depuis les années 1970 fessionnels pour tester, amen- cielle peut améliorer significa-
l’arbre en verger de produc- sous l’impulsion de Jean-Marie der et s’approprier les itiné- tivement la coloration du fruit
tion. L’ensemble des bassins Lespinasse, la démarche Maf- raires techniques proposés. si elle est réalisée en priorité le
français de production de cot est née de la rencontre en- Par la suite, la mise au point long du tronc et à la base des
pomme de table et à cidre, tre quatre éléments : et la validation de la Condui- branches et si elle enlève tous
est représenté. - une prise de connaissances te Centrifuge s’est réalisée en les sites de fructification de fai-
La voie choisie par le groupe par le chercheur d’une problé- deux étapes successives qui il- ble potentiel. Cette proposition,
Mafcot est d’explorer une matique agronomique identi- lustrent bien le schéma de co- issue de la pratique en verger,
conduite plus respectueuse fiée et reconnue comme perti- construction des objectifs et a constitué une amélioration si-
de la stratégie naturelle de nente (l’alternance de produc- des moyens évoqué plus haut. gnificative de la préconisation
croissance et de fructification tion et sa variabilité au sein La diffusion de la technique de initiale d’extinction artificielle,
de l’arbre et de vérifier son d’une espèce), l’extinction artificielle dans les réalisée de façon linéaire sur
intérêt économique, le but - l’application de concepts scien- vergers de production a été une la branche. Elle a conduit à la
premier étant d’améliorer la tifiques (architecture de l’arbre) première étape de la collabora- mise en place d’expérimenta-
qualité et la régularité de la à la mise au point d’une métho- tion dans le sens Recherche -> tions destinées à en quantifier
récolte pour augmenter la dologie d’analyse et la produc- Mise en pratique. L’intérêt était le bénéfice sur le plan agrono-
rentabilité du verger. Les tra- tion de résultats originaux (ex. alors mis sur le contrôle de la mique (calibre, coloration; Fer-
vaux s’appuient sur des pro- sur pommier, la relation entre densité de ramification com- ré et al. 2002). Elle a aussi ali-
tocoles d’essais rigoureux en l’extinction naturelle et la régu- me outil efficace de contrôle menté une démarche scientifi-
stations expérimentales et en larité de la fructification), de la charge en fruit (complété que, par l’analyse de l’effet de
parcelles de production. Ils - des idées de mise en prati- par l’éclaircissage chimique, et la structuration de la frondaison
reposent aussi sur la partici- que (ex. sur pommier, réalisa- éventuellement manuel). Dans sur le bilan de lumière intercep-
pation active de nombreux tion artificielle de cette extinc- un deuxième temps, il est ap- tée par le feuillage (Willaume et
professionnels sans lesquels tion sur cultivars alternants) paru, notamment sur pomme al. 2004).
les résultats ne peuvent être
[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 
[ Dans les régions ]
[ Dans les régions ]
[ Sud-Ouest ]

Un concept qui a initié une réussite


commerciale
L’apport du concept Mafcot dans sa
globalité, dont la Conduite Centrifuge est
l’aboutissement actuel, a permis de pérenniser
de manière sensible le potentiel quantitatif et

Michel RAMONGUILHEM
qualitatif de la production.

L
a maîtrise du tonnage, - En considérant, d’une ma
de la gamme de cali- nière globale, le temps de
bre et la diminution, main-d’œuvre consacré à la
voire l’annulation, de l’al- conduite et le lien très fort
ternance sont obtenues par (qui fluctue en intensité et
l’autonomie de coursonnes au cours de la vie du ver- Verger de Galaxy 6ème feuille , concept Mafcot
globalisé avec élagage des branches et extinction
de qualité. La coloration est ger) qui existe entre chacun
maîtrisée par une meilleure des trois postes : élagage,
gestion de la lumière dans extinction, éclaircissage ma- n’a pas l’habitude de ce tra- La variété Pink Lady de-
l’arbre. Ces améliorations nuel. Avec les techniques vail, donc sans a priori. Sauf mande peu d’extinction et
n’ont pas laissé insensibles traditionnelles, la comparai- accident climatique, l’équili- peu d’arcure
les producteurs curieux, in- son ne peut s’effectuer que bre du verger semble acquis
novants et exigeants. poste par poste et sur plu- de manière durable, si l’on t Une vulgarisation aisée
Pour autant, le concept ne sieurs années. observe « de visu » la lon- Parce que le concept global
fait pas que des adeptes ; il - En lui reconnaissant la gueur de la pousse annuelle est en définitive, très visible
n’est pas toujours bien com- qualité d’être le seul lien fia- (longueur des brindilles et tactile, son explication
pris du fait qu’il faut l’utili- ble entre la technique et le couronnées). est d’autant plus facilement
ser dans sa globalité et ne commerce : pérennité d’un compréhensible.
pas prendre que les points produit de qualité identique t Un investissement Le calcul simple de relation
paraissant comme essentiels. et maîtrise de la gamme de et non pas un coût entre diamètre de branche
L’amalgame est souvent calibre sont essentiels pour Il peut être considéré que et nombre de points de fruc-
effectué entre « Solaxe » et fidéliser une clientèle de la préparation et l’établis- tification facilite la décision
« extinction » ou bien entre plus en plus exigeante. sement de l’arbre conduits et la transmission du mes-
« Mafcot » et « extinction » Face au « nombre de fruit/ selon ce concept globalisé, sage sur le terrain, pour un
en créant des raccourcis kg » que veut le commercial, génèrent un surcoût d’envi- maximum d’efficacité.
dans le raisonnement et les la technique répond main- ron +13% par rapport à l’in- La logique proposée facilite
applications, qui peuvent tenant par un « nombre de vestissement global initial la transmission du message
devenir préjudiciables. fruits/cm2 de section de d’un verger de pommier en (initiation au concept, per-
Le concept s’est avéré ef- branche fruitière ». conduite classique. fectionnement) au personnel
ficace sur toutes les varié- - En démystifiant l’extinc- Ce surcoût est surtout occa- saisonnier ou permanent.
tés où il a été appliqué. Le tion : l’extinction est un sionné par les 1 à 2 années
plus remarquable et au delà moyen mais certainement d’extinction nécessaires t Des points à améliorer
de toute attente, est bien pas un objectif. Elle demeu- pour réguler la fructification Il est remarqué, notamment
qu’il a donné des résultats re, et seulement sur certai- dans le volume de l’arbre. avec la variété Gala, des
technico-commerciaux par- nes variétés, un outil pour C’est en réalité un investis- modifications de comporte-
ticulièrement intéressants accéder à l’équilibre de l’ar- sement car il est lié à une ment sous climat différent.
sur 2 variétés morphologi- bre par un bon ajustement diminution des temps de Sous climat océanique par
quement très éloignées Bel- de la densité de la ramifica- travaux sur l’arbre adulte. exemple, la croissance vé-
chard (Chantecler) et Gala. tion et donc des points de Certaines variétés comme gétative après récolte est
fructification. Belchard Chantecler n’exi- plus courte que sous climat
t Un concept global L’extinction est trop souvent gent que très peu, voire pas méditerranéen.
Pourquoi certains produc- jugée comme une affaire de du tout d’extinction, mais Ceci peut induire, dans le
teurs acceptent-ils le concept spécialistes. Il n’en est rien ! demandent par contre une Sud-Est notamment, une in-
dans son entier et non pas Facilement compréhensible, arcure importante. duction florale moins forte
en partie ? à condition d’être bien ex- La variété Gala, au contrai- avec pour incidence, une
Il existe trois raisons pliquée, elle est utilisable re demande de l’extinction alternance plus difficile à
principales : même par une personne qui et de l’arcure. maîtriser.

 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


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dans leurs vergers. Et comme les solutions se font rares, il est temps
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comme, par exemple, le puceron cendré
du pommier.

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ment, où les pucerons sont les plus sensibles : TRAITEZ TÔT ! effet secondaire ovicide, pourrait expliquer sa
les qualités de Suprême® sont ainsi encore • Sur Pommier : en pré-floraison (D-E) sur
remarquable persistance d’action.
davantage mises en valeur. fondatrices et en post-floraison précoce (H) à
partir de la chute des pétales
et avant l'apparition de
feuilles enroulées.
CE QUE DISENT
• Sur Pêcher : en traitement
LES ARBORICULTEURS (*)
pré-floraison (BC-D) sur fonda-
“dans la stratégie de traitement, le nombre
trices et en post-floraison et la qualité des passages avant fleur sont
précoce (GH-I) à partir de la primordiaux”
chute des pétales. “… le puceron cendré du pommier est
depuis longtemps plus difficile à maîtriser”
• Autres arbres fruitiers,
“le respect des bonnes pratiques agricoles
cultures légumières et est de plus en plus important”
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[ Dans les régions ]

bles d’autres techniques [ Sud-Est ]

Une meille
culturales jugées essentiel-
les, comme la nutrition et
l’irrigation.

aux exigen
Par exemple, un essai
conduit au Cirea, sur 6 an-
nées consécutives, sur la
variété Fuji en conduite cen-
Développement de la
Michel RAMONGUILHEM

trifuge, a démontré qu’un


apport annuel variant de 0 conduite centrifuge
à 60 unités d’azote permet, du pommier et du
jusqu’à ce jour, en sol d’allu-
vions bien pourvu en matiè- poirier

L
res organiques, un très bon es expérimentations et
équilibre entre croissance et les premiers résultats
Verger de Galaxy 4ème feuille à la récolte (charge de 4, 5 fruits/cm2
de section de branche)
fructification. obtenus sur les vergers
La régularité des résul- « pilotes » de la région, ont
Le fait d’avoir un arbre toujours un thème provo- tats sur les parcelles où le rapidement encouragé son
établi avec des branches cateur et récurrent. Il y a concept a été mis en place développement en verger de
centrifuges, qui demandent des équipes rapides et des depuis plus de 5 ans, n’est production de pommier et
« une dose d’extinction an- équipes lentes ! Plusieurs plus à démontrer. Il n’en donné des idées de transfert
nuelle » peut aboutir à une méthodes d’extinction et demeure pas moins que sur d’autres espèces comme
augmentation du volume de d’éclaircissage manuel sont certains producteurs du le cerisier et le poirier. Un
l’arbre dans le temps. Aussi, applicables en fonction de Sud-Ouest ont encore une premier bilan après quel-
dès lors que l’on a atteint la parcelle. La méthodologie certaine réticence à changer ques campagnes fait appa-
la largeur de la canopée adéquate permettra d’opti- leurs habitudes en mettant raître quelques difficultés de
admissible pour le passage miser ces temps de travaux, en place une méthode qui mise en place, entraînant des
du matériel dans le rang, on dans des proportions par- n’est pas une recette, mais résultats très variables au ni-
doit inverser les lieux d’ex- fois étonnantes. Il est aussi bien un concept basé sur veau des vergers. En effet :
tinction et de croissance sur facile de gagner comme de les capacités naturelles de • Les différentes étapes de la
la branche. Tant que l’on a perdre 50 à 70h/ha. la variété et sur la capacité conduite centrifuge nécessi-
de la place et que l’on veut d’observation des acteurs tent des adaptations à cha-
« avancer en volume », on t La pertinence sur le verger, à tout niveau que cas de figure : variété,
enlève en priorité les cour- du concept découle de responsabilité. Les struc- vigueur, objectif de produc-
sonnes et rameaux jeunes d’un même langage tures de conditionnement, tion… La définition de ces
situés sur la face inférieure La conduite de l’arbre n’est quant à elles, ont bien noté adaptations et leur traduc-
des branches ; dès que l’on pas le seul paramètre mais le changement. tion en termes de consignes
« ne veut plus avancer », on reste un des aspects majeurs La pertinence du concept de travail pour les opérateurs
fait le contraire, on enlève de la gestion du verger. La découle aussi, d’un même n’est pas toujours évidente.
la croissance située à la face notion d’équilibre de l’arbre langage, dans la hié- • Dans un contexte économi-
supérieure des branches. est fondamentale et prévaut rarchie de tous les acteurs, que difficile, des « raccourcis »
Les temps de travaux sont sur les fluctuations possi- de la production à la sont réalisés dans l’itinéraire
commercialisation. technique. Mise en place par-
l Essai sur Belchard (Chantecler) tiellement, la conduite cen-
Didier MERY, trifuge perd de son intérêt et
Michel RAMONGUILHEM peut même avoir des consé-
quences négatives.
• L’organisation des interven-
tions manuelles au cours de
[a] la saison, est modifiée et peut
également aboutir à des im-
noter passes. Certaines précisions
et adaptations, parfois « ré-
La baisse de tonnage récolté
en 2003 est due à une chute
gionales », sont nécessaires.
prématurée avant récolte,
du fait des conditions t Conserver le potentiel
climatiques caniculaires. Le de ramification de l’arbre
tonnage chuté a été estimé Si l’intérêt de supprimer les
à 9 tonnes/ha, ce qui donne
un tonnage produit de anticipés de plantation en-
Essai sur Belchard (Chantecler). Evolution de la gamme de dessous de 80 cm de haut est
calibre, sur 3 années consécutives, sur une parcelle restructurée 58,8tonnes/ha. Le maintien
en conduite centrifuge. Tonnage/Ha linéaire et gamme de dans le temps du tonnage est confirmé, celui de conserver
calibre remarquable. donc bien effectif. l’ensemble de la ramifica-

 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Dans les régions ]

ure réponse
ces de la filière

tion de l’arbre dans sa phase


d’installation l’est moins,
notamment dans les cas
suivants :
dessin JM Lespinasse.

• Les variétés très acrotones


(Elstar) étagent fortement
leurs ramifications (mise en
place d’un verticille) contra-
riant, ainsi, la dominance 3 Retour
de l’axe, son acrotonie. Sur
jeune arbre en formation,
1 Arbre de Pink
Lady®. 2 Arbre
d’Ariane®
à fleur
sur bourse.

l’ébourgeonnage de quel- (>35mm) se développent et sions des branches fruitières aux branches très linéaires
ques yeux sub-terminaux restent difficiles à gérer mal- et leur intensité (stratégie comme Belchard® Chan-
sur l’axe principal après dé- gré l’utilisation de l’arcure. GBL, article …). tecler, Reine des reinettes ou
bourrement (sur une largeur Elles ont tendance à pro- Ariane® (dessin 2) amènent
de main), limite en partie duire sur des rameaux longs t L’établissement de bran- l’arboriculteur à utiliser le
ce problème. Une sélection et à dynamiser le tronc et le ches fruitières complexes peu de ramifications émises
d’une ou deux ramifications système racinaire. Leur sup- Le potentiel de ramification pour les complexifier.
du verticille, peut être dans ce pression doit être anticipée, important de certaines varié-
cas nécessaire. sous peine de déséquilibrer tés comme Pink Lady®, Els- t L’amélioration de la mise
• Dans les conditions de l’arbre. Le grossissement du tar ou Gala (dessin 1), peut à fruit et le contrôle du ga-
l’expérimentation et surtout tronc, l’importance de l’acro- amener une complexification barit par l’arcure
en verger bas, le diamètre des tonie de l’arbre et son bon excessive des branches et né- Pour certaines variétés com-
branches est hétérogène. Des éclairement, déterminent le cessiter leur simplification. me Pink Lady®, l’arcure n’est
branches de fort diamètre déclenchement des suppres- Au contraire des variétés utilisée que pour maîtriser
l extinctions de bourgeons florifères

Un tri quantitatif et qualitatif !


t Un tri quantitatif : elles sont vigorisantes. les opérateurs. Les extinctions tées sont ici :
L’intensité d’extinction est dé- Le potentiel de production des doivent enlever les courson- • Certains arboriculteurs ne
terminée par les objectifs de branches, la charge en fruits nes à faible potentiel de crois- retiennent dans un premier
production ainsi que par les ca- est répartie sur chaque bran- sance (intérieur de l’arbre, fai- temps que les aspects de ré-
ractéristiques de l’arbre : che en fonction de son poten- ble éclairement) de façon à sé- duction des temps de taille,
La variété : Granny Smith ou tiel (diamètre). L’utilisation de lectionner les coursonnes de faisant abstraction des extinc-
Belchard® Chantecler, réali- l’équilifruit (photo 2) permet qualité. tions. Les risques de surchar-
sent naturellement de nom- de vérifier cette adéquation. L’amélioration de la qualité des ges en fruits deviennent alors
breuses extinctions et néces- Eclairement, le décompactage coursonnes se fait sentir dès importants.
sitent peu ou pas d’interven- des coursonnes et la mise en la première année de réalisa- • Assez peu de producteurs
tions. D’autres au contraire place d’une cheminée de lu- tion mais n’est complètement prêtent suffisamment d’at-
comme Gala conservent de mière induit une porosité de aboutie qu’après quelques sai- tention à l’aspect qualitatif de
nombreux bourgeons actifs et l’arbre à la lumière importante sons et débouche alors sur des l’extinction.
nécessitent des interventions (photo 3). résultats assez remarquables. • Quelques cas de sur extinc-
plus importantes. A chacun, en fonction de son tions, par manque de suivi
L’âge et l’équilibre de l’arbre : t Un tri qualitatif : contexte, d’évaluer la pertinen- des chantiers (pas de calcul de
les extinctions demandent une Le volume de la bourse (des- ce financière de cet « investis- charge, pas de contrôle à l’aide
certaine prudence et progressi- sin 3) est un indicateur très vi- sement » … de l’équilifruit).
vité dans sa mise en place, car suel, facilement repérable par Les principales erreurs consta-

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 


[ Dans les régions ]
Bruno hucbourg

• Equilifruit (ci-dessus).
• Blocage de l’axe
en Elista®, acrotonie
marquée (à gauche).
• Cheminée de lumière
(à droite)
Bruno hucbourg philippe toutlemonde

le gabarit de l’arbre et n’a l’espace et produire ». jusqu’au bout des choses et une formation et un enca-
que peut d’influence sur la • L’arcure de branches sur le assurer une partie de la maî- drement des opérateurs sont
fructification. Pour d’autres, fil de palissage. trise de la charge par des ex- nécessaires. Les contextes et
comme Ariane®, l’arcure est • L’arcure de branches qui ne tinctions lorsque c’est néces- objectifs de production en
obligatoire pour développer le nécessitent pas. saire. Dans le cas contraire, pommier sont divers et va-
une fructification sur brin- • La conservation d’un li- il est préférable de revenir à riés, la conduite centrifuge
dilles couronnées. néaire de branches fruitières une intensité de taille plus peut s’adapter à chaque cas
par arbre important, sans élevée, avec les conséquences de figure et apporter un plus
t Les principales erreurs extinctions. que l’on connaît. La condui- indéniable, c’est certaine-
dans la gestion te centrifuge est basée sur la ment une de ses principales
de la ramification t Ce qu’il faut retenir compréhension du compor- qualités mais également sa
• La conservation de bran- Le plus important est de ne tement naturel du pommier. principale difficulté.
ches surpuissantes vigo- pas rester dans une situation Pour être correctement mise Bruno Hucbourg
risantes, pour « occuper intermédiaire : il faut aller en place, un appui technique, et Pascal Borioli

l Vergers de poiriers dans la région provençale

Bilan du développement de la conduite centrifuge


Avec le développement de la né le gabarit des arbres, l’ex- viennent prohibitifs. De fait, Ainsi, seule la possibilité
taille longue en verger de poi- tinction n’est peu ou pas pra- seul l’éclaircissage manuel d’éclaircir chimiquement en
rier, la progression des ren- tiquée. Par conséquent, le (de 120 à 200 h/ha) complète complément de l’extinction,
dements cumulés (réduction calibre final des fruits peut, la taille d’hiver, pour un cumul relancerait l’intérêt économi-
du phénomène d’alternance) certaines années, en pâtir, de temps de travaux de 300 à que de cette dernière.
et la meilleure maîtrise de la d’autant plus que les éclaircis- 350 h/ha/an. Concernant William’s (blanche
vigueur constituent les deux sages manuels ne sont jamais Par contre, dans les parcel- et rouge), sa capacité d’auto
points établis pour ce type réalisés. les d’essai avec extinction, la régulation et le port naturel de
de conduite. Pour optimiser Pour Jules Guyot et Harrow qualité de la bourse semble la branche s’adaptent parfaite-
le calibre des fruits récoltés, sweet, la complexification de s’améliorer, notamment sur ment à la conduite centrifuge.
les travaux comparatifs à ceux la branche fruitière complétée bois de 2 et 3 ans. L’entretien du puits de lumiè-
aboutis en pommier ont alors par l’extinction pour ajuster le Sur un plan expérimental (Sta- re, le maintien de la porosité
été lancés à la fin des années nombre de boutons au poten- tion la Pugère, Mafcot Sud- et la suppression des cour-
90 sur cette espèce, dans un tiel de l’arbre, n’est pas réalis- Est), la réalisation de l’extinc- sonnes affaiblies constituent
cadre à la fois expérimental te eu égard les temps de tra- tion, même sévère, sur toutes les 3 consignes de base lors
(expérimentations régionales vaux nécessaires. les variétés étudiées (Guyot, des chantiers de taille d’hi-
Pugère et Mafcot) et à l’échel- En effet, l’extinction a pour Williams , Harrow sweet et Co- ver, pour un temps de travail à
le de la parcelle. conséquence une augmen- mice) présente le handicap l’hectare de moins de 100 h.
Concernant Alexandrine Douil- tation du nombre moyen de suivant : la capacité de la va- Parmi les travaux exploratoires
lard, la complexification de fruits par corymbe fructifè- riété à revenir à fleurs l’année menés dans le cadre de la Sta-
la branche fruitière conduit à re. L’éclaircissage manuel de- suivante est élevée. On retrou- tion expérimentale régionale
une désynchronisation par- vient alors incontournable ve facilement 12 boutons / cm² de la Pugère, la suppression
tielle des coursonnes insérées pour répondre à des exigen- même après une extinction à des points végétatifs l’année
sur bois de 4 ans et plus. Le re- ces de calibre minimum. Ain- 3 points / cm². L’intervention de faible floraison constitue
tour à fleurs s’en trouve donc si, les temps de travaux cumu- l’année N+1 concerne à nou- sur les variétés Jules Guyot et
amélioré et les consignes de lés (Taille d’hiver + Extinction veau les parties travaillées Doyenné du comice, une base
taille simplifiées. Etant don- + Eclaircissage manuel) de- l’année N. de réflexion intéressante.

10 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Dans les régions ]

[ Val de Loire ]

Une évolution de la conduite de


l’axe dans les vergers commerciaux
Les arboriculteurs et leurs techniciens n’ont t Maintenir un tronc périeure au diamètre du
cessé de faire évoluer la conduite en axe bien droit tronc tout en haut de l’ar-
central pour améliorer les performances du Il faut le maintenir jusqu’à bre. Une fois la tête consti-
verger. sa hauteur définitive. De tuée par des branches frui-
cette façon la couronne est tières prêtes à produire,

C
ette adaptation de avec l’élimination progres- composée, au final, de deux la plus grande part de la
la conduite en axe a sive des zones défavorisées. à trois branches fruitières. sève sera répartie dans les
transformé la mor- Par ailleurs, le développe- Un axe bien droit réitère fruits proches de la coupe.
phologie des vergers com- ment à grande échelle des moins au niveau des arcures Les gourmands seront
merciaux. Les arbres gar- filets paragrêle a permis de branches. Sa « tendance alors peu nombreux,
dent ainsi une très grande la conception d’un verger basitone» (à repartir plus d’ailleurs leur nombre di-
porosité durant tout l’été plus haut impliquant l’uti- bas) est ainsi réduite. minuera au fur à mesure
avec, paradoxalement, plus lisation de plates-formes Par ailleurs, la pénétration du vieillissement du bois.
de hauteur. d’assistance. de la lumière est alors bien Pour cela, le rabattage
Cette évolution était Cet article décrit l’état plus aisée sans zone défa- du tronc se fera en deux
d’autant plus nécessaire sa- d’avancement de cette dé- vorisée (comme sur un axe temps :
chant que l’utilisation du marche de terrain jusqu’à arqué en tête sur le fil). La • Le premier hiver : à
filet paragrêle réduit déjà le un modèle d’axe droit (sans lumière peut atteindre sans 60-80 cm au dessus du
passage de la lumière. arcure de la tête) avec un mi- aucun écran préalable les dernier fil de palissage
Par ailleurs, l’amélioration nimum de branches insérées étages inférieurs. sur bois de deux ans
de l’efficacité des actions en hélice implantées avec un Il est ainsi préférable d’étê- ou à 20 cm sous le filet
de conduite (réponse aux large intervalle entre elles. ter l’axe droit au-dessus du • Au mois de juin suivant :
éclaircissages chimiques, Cette évolution a été réalisée dernier fil de fer en plusieurs on procèdera à un deuxième
visibilité des fruits à la ré- de façon concomitante dans étapes pour arriver peu à rabattage 20 cm au-dessous
colte, moindre réaction plusieurs bassins de pro- peu à une couronne de deux du premier pour éliminer,
végétative en tête,…) s’est duction par des conseillers ou trois branches fruitières d’un coup, les départs vi-
traduite par une homo- techniques du groupe Maf- près de la coupe terminale. goureux à angles fermés.
généisation de la qualité cot. Ils se rejoignent ici pour La section cumulée de ces Vu de dessus, la couronne
des fruits dans le pallox exposer leur point de vue branches devra être su- de chaque arbre s’insère

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 11


[ Dans les régions ]

dans le voisin tout en pré- horizontal (12 branches x Les organes constituant l’arbre fruitier
l
servant des espaces vides. 30°=360°). Dans la pra-
Il y a donc à la fois, la no- tique , il ne pourra donc • Le tronc : distributeur de pour permettre l’obtention
tion de « puits de lumière » être accepté, en moyenne, sève (pivot entre les raci- d’un très beau bouton floral
autour de chaque tronc, qu’une seule superposition, nes et les branches donc l'année suivante (retour fruit
et celle d’un « couloir vide si l’on ne souhaite pas pé- les feuilles) et support de sur fruit) Nous parlons ici
de branche » entre chaque naliser l’éclairement du bas la charpente ; il doit être le bien évidemment de la brin-
arbre le long du fil de pa- des arbres. plus rectiligne possible pour dille couronnée courte indui-
lissage (sur environ 50 cm) laisser circuler la sève sans à te au début de chaque été.
pour conserver une porosité t Un espacement optimal coups et à pression constan- • Les pousses annuelles :
à la lumière dans le sens du entre branches te (initiant ainsi moins de ce sont les rameaux longs
rang. Plus l’arbre sera haut mais réitérations) non couronnés qui assurent
avec une hauteur toujours • Les branches fruitières le volume de production de
t Limiter et répartir inférieure à la largeur du (BF):supports des organes l’arbre dans ses 1ères an-
les branches fruitières rang d’environ 20%, plus fructifères, elles doivent nées jusqu'au gabarit final
Au fur à mesure de son l’intervalle entre chaque être indépendantes dans souhaité. Par la suite, elles
vieillissement, l’arbre for- branche sera important et leur comportement inter- ne sont plus recherchées
cit au niveau du tronc et les risques de superposi- ne par rapport à leur envi- hormis pour le remplace-
des branches. La lumière tions moindres. ronnement. La position ar- ment éventuel d'une bran-
a de plus en plus de mal à Il a été alors constaté que quée sous l'horizontale (< che fruitière endommagée.
traverser la canopée. Il est chaque départ de bran- 120°) et la forme centrifu- En effet, quand l’arbre a at-
donc nécessaire de suivre che devra être espacé d’au ge sont un préalable à tout teint le volume imposé par
cette évolution naturelle moins 20 cm pour que la fonctionnement. la densité de plantation,
de la croissance en suppri- lumière puisse traverser en • Les coursonnes : seuls or- il s’agit alors de favoriser
mant progressivement des pleine végétation. L’espace ganes productifs. Elles doi- la production de brindilles
branches. Le choix dans les entre deux branches qui se vent avoir un maximum de couronnées courtes par la
ablations se fait en tenant superposent doit alors être feuilles autour des fruits maîtrise de la vigueur.
compte des superpositions, au minimum de 60 cm
mais on supprimera égale-
ment les branches qui ne t L’ablation progressive visées en NW ; NE ; SW; SE. faiblies. La taille consistera
sont plus assez alimentées des branches, A partir de ce moment, la alors à supprimer ces cour-
ou mal exposées. En effet, selon quels critères ? taille devient une simple en- sonnes qui seront avanta-
ces branches survivent sans - Diamètre de la branche in- treprise de nettoyage qu’il geusement remplacées par
se développer et surchargent férieur à 8-10 mm : ces sup- est bon de faire en roule- celles situées au dessus.
inutilement le tronc. ports ne permettent pas un ment entre haut et bas tous • Le tailleur devra donc sa-
Le nombre de branches-maî- éclaircissage chimique suffi- les 2 ans. voir distinguer une réitéra-
tresses doit ainsi diminuer sant, les fruits restent alors tion d’un renouvellement
jusqu’à l’âge adulte (10-15 petits car mal alimentés t Il est nécessaire La 1ère est un concurrent de
ans) pour arriver à un chif- - Superposition par rapport d’entretenir des la branche fruitière. Elle se
fre quasi-immuable de 10- à une autre branche mieux coursonnes de qualité situe en amont de la bran-
12 bramche fruitière. placée . C’est la brindille couronnée che, le plus souvent dans le
- Position intermédiaire qui assure un meilleur cali- 1er tiers de la longueur.
t Des branches fruitières entre deux branches frui- bre par son rapport feuille / Le 2ème assure le rajeunis-
en hélice sur le tronc tières de même orientation fruits optimal mais il faut sement de la branche frui-
Au moment où l’arbre - Déblocage d’un «nœud» assurer son renouvellement tière et doit être conservé
s’équilibre par une charge (surtout en tête avec forma- tous les ans par une vigueur même très érigé car il est le
régulière, il faut réduire tion insidieuse d’un «cha- suffisante au niveau de la «moteur de la branche cen-
peu à peu les «plateaux» de peau» ) bourse. trifuge». Il est souvent plus
branches insérées au même - Arcure ou suppression En fait, ce renouvellement se court et plus en aval sur la
niveau et évoluer plutôt d’une trop grosse branche fait automatiquement par le branche que la réitération.
vers une disposition en hé- fruitière de diamètre su- basculement de la branche Confondre l’un avec l’autre
lice pour gagner en fluidité. périeur à 30 mm car trop fruitière si la charge n’est peut conduire de la branche
On améliorera ainsi la pé- sensible à l’éclaircissage et pas excessive par rapport à ramifiée au retour vers la
nétration de la lumière et souvent sous-chargée, la vi- sa section branche «tube»
la circulation de la sève. gueur y étant toujours trop • La branche fruitière n'est
Toute superposition étant forte. jamais éboutée dans son
préjudiciable à la branche La finalité est d’obtenir 10- prolongement. Elle s'affaisse
du dessous (50% de lumière 12 branches de 20-30 mm tous les ans par la charge et
en moins) , il faut décaler insérées en vrille autour du "fait passer en arrière" (sous Dominique THIERY
chaque départ d’insertion tronc, orientées dans les 4 di- la barre des 130°) toutes avec la collaboration
de 30° environ sur un plan rections S-E-W-N puis subdi- les vieilles coursonnes af- de Bernard CRESPEL

12 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Dans les régions ]

[ Claude Menetrey, arboriculteur à Meiner ]

Le Mafcot rayonne en Suisse

gilles andrey
Les techniques développées par le Mafcot : des outils en
parfaite adéquation avec la réputation qualitative de la
production fruitière de Suisse romande.

L
es techniques déve- pommiers avec les variétés
loppées par le Mafcot Golden, Gala, Maigold et
sont mises en oeuvre Tentation® Delblush.
depuis plusieurs années en La production de C. Me-
Suisse occidentale. La par- netrey, respectant depuis
ticipation et l’implication de nombreuses années les
de la Station cantonale directives de la production
vaudoise d’arboriculture, intégrée suisse (PI), est prise
“ Les Rencontres nationales Mafcot qui ont eu lieu à Agen en
active notamment au sein en charge et commerciali- 2003, m’ont permis de mieux percevoir l’ampleur du travail
des groupes Mafcot-pom- sée par le Centre fruitier des différents groupes Mafcot et leurs perspectives futures. ”
me et cerise, ont permis de Perroy. Par ailleurs, C.
l’application et la vulgari- Menetrey est membre du
sation de nouveaux princi- conseil d’administration de suisse et active au sein du nution de la longueur des
pes de conduite auprès de cette coopérative du Bassin groupe Mafcot-pomme, a pousses annuelles et une
nombreux arboriculteurs lémanique. Mais l’engage- été le catalyseur pour la accélération de l’entrée en
suisses. ment de C. Menetrey pour mise en pratique de cette production. L’extinction est
La production de pommes sa filière ne s’arrête pas là : approche. De plus, Philippe un complément qui permet
représente la majorité des responsable du groupement Monney, spécialiste de la de maintenir un équilibre
surfaces du Bassin lémani- local des arboriculteurs pra- conduite des arbres fruitiers physiologique garantissant
que. Cette espèce a donc été tiquant la PI, impliqué dans à la Station fédérale de re- un retour à fruits satisfai-
la première à bénéficier des la promotion régionale des cherches agronomiques de sant et une qualité de pro-
évolutions proposées par produits du terroir, ce pro- Changins, a été dès le début duction en phase avec les
le groupe Mafcot pomme. ducteur se lance cette année conquis et persuadé de l’in- exigences du marché.
Avant même l’existence de dans la construction d’une térêt de la conduite longue Après quelques années
ce dernier, les idées nova- cidrerie. centrifuge de la branche de recul, quels intérêts
trices de Jean-Marie Lespi- Malgré ses activités mul- fruitière. Après une brève effectifs retirez-vous
nasse ont suscité beaucoup tiples, C. Menetrey gère réflexion sur les répercus- de ces techniques?
d’émulation parmi les pro- brillamment son exploita- sions que l’application de Hormis la réduction des
ducteurs de Suisse occiden- tion, secondé dans sa tâche ces nouvelles techniques à heures de taille d’hiver, je
tale. L’évolution de la taille par son père et un employé mon verger pouvait engen- constate surtout une plus
longue, de la branche tube à présent huit mois par année. drer, j’ai décidé de franchir grande homogénéité de la
la conduite libre, en passant Soucieux d’une conduite le pas. production et une amélio-
par la conduite centrifuge et «intelligente» du verger, C. ration générale de la qua-
l’extinction, interpelle et in- Menetrey s’est rapidement Quelles étaient vos at- lité des fruits. En effet, la
téresse bon nombre d’arbo- intéressé à l’approche dé- tentes du début? suppression des points de
riculteurs lémaniques dési- veloppée par le Mafcot L’approche du concept, qui fructification positionnés
reux de concilier rentabilité pomme. respecte certains aspects à l’intérieur des couronnes
et qualité de la production, physiologiques de l’arbre - formant ainsi le puit de
emblème reconnu de leur Gilles Andrey : Sous afin d’en optimiser le tra- lumière - permet d’éliminer
région. quelle impulsion avez- vail, m’a séduit dès le dé- définitivement des fruits qui
Exemple avec Claude Mene- vous décidé de mettre part. En effet, la manière de seraient situés à l’ombre,
trey, arboriculteur à Meinier en pratique les techni- conduire l’arbre vise à s’ap- donc susceptibles de présen-
près de Genève. Titulaire ques développées par procher de son port naturel ter une mauvaise coloration,
de la patente arboricole le Mafcot-pomme? ; l’idée consistait à diminuer un taux de sucre déficient
depuis 1980, il exploite Claude Menetrey : Dans les contraintes afin que le et parfois une forme poin-
un domaine de production mes cultures, les premières verger bascule rapidement tue atypique et indésirable
fruitière de 10 hectares de applications des idées re- en production. comme sur Golden. L’inté-
pommiers et poiriers. Hor- latives à une conduite du Dans ce contexte, l’arbori- rêt de la conduite centrifuge
mis la poire représentée verger basée sur un raison- culteur ne fait qu’accélérer visant à produire sur la pé-
par les variétés Conférence nement physiologique da- le processus de vieillisse- riphérie des couronnes est
et Beurré Bosc à raison de tent d’environ sept ans. La ment de l’arbre, notamment donc évident. D’autre part,
0.8 ha, la majeure partie de Station cantonale vaudoise par l’arcure de branches, l’adaptation du nombre de
ses vergers est constituée de d’arboriculture, partenaire qui s’exprime par une dimi- coursonnes au potentiel de

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 13


[ Dans les régions ]

mon verger a engendré une chines entre les rangs. En


diminution de l’alternance, effet, la transformation du
principalement dans mes mode de conduite engendre
parcelles de Golden. De un élargissement de la haie
plus, l’extinction en com- fruitière. Suivant la vigueur
plément à la conduite cen- et le port des variétés, on
trifuge présente l’intérêt de se retrouve rapidement en
la pérennité par rapport à situation d’encombrement
l’éclaircissage manuel. entre les lignes. Lors de la
création de nouveaux ver-

gilles andrey
Quelles difficultés gers, il est impératif de tenir
avez-vous rencontrées compte de cet aspect et de
lors de la mise en ap- prévoir un espacement des
plication de ces nou- lignes suffisant.
velles techniques sur Deux bourses successives
surmontées de bourgeons fructifères
votre exploitation? Les connaissances et
La façon de concevoir le outils développés par le dont on connaît la moindre vous voir développer
verger est fondamentale- groupe Mafcot-pomme qualité. par le groupe Mafcot-
ment différente. Le premier vous semblent-ils être pomme à l’avenir?
effort consiste donc à chan- en adéquation avec les Mafcot, une concep- L’objectif principal consiste
ger radicalement sa vision exigences qualitatives tion qui bouge. Par à diminuer les heures de
de la conduite d’un verger, et quantitatives de vo- quel biais restez- main-d’œuvre dans nos
perspective pas forcément tre acheteur? vous informé de cette parcelles. Dans ce contexte,
évidente lorsque les années Mon acheteur, le Centre évolution? la piste du port libre est à
de taille de renouvellement fruitier de Perroy, a défini Des réunions périodiques suivre, avec éventuellement
ont créé des habitudes. En une politique commerciale en vergers sont organisées un retour à des distances
terme de main-d’œuvre, très claire : vu les coûts de en cours d’années, soit en de plantation plus exten-
le principal effort doit être production très élevés en hiver, avant la floraison, en sives et une diminution du
fourni durant les premières Suisse, l’accent est donné juin et avant la récolte. Pour travail d’arcure à la clé. Je
années de la culture. En ef- sur la production de fruits les aspects liés à la conduite fonde également beaucoup
fet, l’arcure d’une partie des de haut de gamme. Ces des arbres et à l’éclaircissa- d’espoir sur l’utilisation de
branches devient indispen- derniers doivent permettre ge, ces rencontres entre pro- systèmes ouverts de verger,
sable sur certaines variétés aux producteurs de toucher ducteurs de la région sont type drilling. Ils ont l’avan-
érigées ou semi érigées. Je un prix rémunérateur et sa- animées par un technicien tage d’offrir un volume de
pratique cette intervention tisfaisant pour leur récolte. de la Station cantonale vau- production conséquent tout
principalement en 2ème N’oublions pas que nous doise d’arboriculture (SCA) en maintenant les arbres à
et 3ème feuille, voir 4ème bénéficions d’un atout que et Patrick Monnard, techni- une hauteur qui permette
feuille si le développement beaucoup nous envient : cien du Centre fruitier de de travailler depuis le sol
des arbres est réduit. Bien notre terroir lémanique pri- Perroy. Ces rencontres per- pour un maximum d’inter-
que gourmande en heure de vilégié est particulièrement mettent de rester en contact ventions. De plus, ces systè-
travail, cette tâche est essen- propice à la production avec l’évolution du concept mes exploitent idéalement
tielle; elle accélère le proces- de fruits à pépins de haute et de présenter leur appli- la lumière, ce qui permet de
sus de mise à fruits, restreint qualité. De bons résultats cation sur le terrain. Par concilier bons rendements
la croissance annuelle et sont obtenus avec des varié- ailleurs, la SCA participe et bonne qualité. Enfin, l’ar-
permet par la suite un gain tés traditionnelles comme aux activités et échanges rosage et notamment son
de temps substantiel et un Golden, mais également d’observations des groupes pilotage restent en zone
équilibre végétatif optimal. avec de nouvelles variétés Mafcot-pomme et cerise. La ombrageuse. Les relations
Mon objectif est d’obtenir de niche type Tentation® lecture de journaux profes- entre croissance végétative,
de nombreuses coursonnes Delblush. La conduite cen- sionnels français m’informe calibre des fruits, fréquence
courtes et autonomes (pho- trifuge favorise une fructi- également sur différentes et moments opportuns des
to), réparties en périphérie fication sur la périphérie techniques culturales suscep- apports d’eau, demeurent
du volume de production des couronnes. Associée à tibles de m’intéresser. Enfin, difficiles à cerner pour la
constitué par les arbres. Par l’extinction, qui améliore la le déplacement à Agen en pratique. D’autant que cha-
la suite, il ne me reste plus porosité du feuillage à la lu- 2003 à l’occasion des Ren- que sol est différent! Les
qu’à ajuster par extinction mière, la coloration, le taux contres nationales Mafcot pistes à explorer sont donc
le nombre d’organes fruc- de sucre et la fermeté des m’a permis de mieux perce- nombreuses et justifient la
tifères au potentiel de la fruits y gagnent. voir l’ampleur du travail des pérennité des groupes Maf-
branche et de l’arbre. Autre D’autre part, le Mafcot en- différents groupes Mafcot et cot. Espérons qu’on leur en
difficulté rencontrée lors du courage la suppression, leurs perspectives futures. donne les moyens.
passage de la taille longue du moins partielle, de la
à la taille de renouvelle- production sur les organes Quels éléments im- Propos recueillis par
ment : le passage des ma- latéraux au bois d’un an, portants souhaitez- Gilles Andrey

14 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Agriculture Bio ]
[ Agriculture Bio ]
[ protection du verger ]

La conduite centrifuge a des


effets sur les Bio agresseurs
La conduite centrifuge est actuellement développée en verger de pommiers pour son
intérêt agronomique. Dans un verger expérimental conduit en Agriculture Biologique
(AB), l’introduction de cette innovation dans l’itinéraire technique a été étudiée depuis
2002, pour ses effets potentiels sur le développement des bio-agresseurs.

D
u fait de la suppression le végétal (diffusion de phé- t Des résultats variables la récolte 2005). En début de
sélective d’organes vé- romone, pénétration des pro- pour la tavelure végétation et jusqu’en fin de
gétatifs et fructifères, duits de contact). contamination primaire, l’in-
la conduite centrifuge permet La protection contre la ta- festation par la tavelure sur
une meilleure pénétration de t Une infestation moindre velure Venturia inaequalis feuilles de pousse est moindre
la lumière à l’intérieur de l’ar- pour le puceron cendré, des est satisfaisante en 2003 et pour la conduite centrifuge
bre. Il est donc vraisemblable résultats plus hétérogènes 2004. En 2002 et 2005, des en 2002 et 2004, mais elle
qu’elle induise d’autres mo- pour le puceron vert contaminations primaires est supérieure en 2005. En
difications du microclimat Les niveaux d’infestation par mal protégées (lessivage du présence de taches de tavelure
au sein de la frondaison. Une le puceron cendré Dysaphis soufre) sont responsables de en fin de contamination pri-
meilleure aération de la fron- plantaginea sont élevés pour taches sur feuilles début mai, maire, une progression plus
daison réduirait les durées les quatre années d’étude. Le s’accompagnant de dégâts importante de la tavelure sur
d’humectation et, ainsi, le dé- puceron vert Aphis pomi est sur fruits (70% de fruits tave- feuille est notée au cours de
veloppement de la tavelure. également présent, principa- lés à la récolte 2002 et 46% à l’été 2004 pour la conduite
La modification de la tem- lement en juin.
pérature, de l’hygrométrie En 2002 et 2004, l’infesta-
dans la frondaison pourrait tion par le puceron cendré
également affecter la dyna- est moindre et plus tardive
mique des populations des pour la conduite centrifuge
pucerons. par rapport au témoin. A la
La modification du rythme récolte 2002, les dégâts de
de croissance par l’induc- puceron cendré sur fruits
tion de vagues de croissan- (petits fruits déformés) sont
ce successives peut décaler également inférieurs pour la
dans le temps la disponibi- conduite centrifuge (tableau).
lité des ressources alimen- Les niveaux d’infestation par
taires (pousses en croissan- le puceron vert A. pomi sont
ce) pour les pucerons. supérieurs pour la conduite
La modification de la struc- centrifuge fin juin 2002 et fin
ture de l’arbre peut limiter juin 2004.
sa vitesse de colonisation par En revanche, en juin 2003,
les pucerons, du fait de l’es- la situation inverse est ob-
pacement des rameaux sur la servée, avec une infestation
branche. moindre pour la condui-
Lors de la réalisation de te centrifuge (tableau).
l’extinction, la suppression Une hypothèse supplémen-
d’organes (dont rosettes de taire relative à la concurrence
feuilles) peut également per- entre les 2 espèces de puce-
mettre la suppression d’ino- rons peut être émise : une
culum (fondatrices de puce- moindre infestation par le
rons, premières taches de ta- puceron cendré en conduite
velure). Enfin, la porosité de centrifuge, en 2002 et 2004,
la frondaison induite par une laisse davantage de pousses
moindre densité de pousses en croissance, au bénéfice
est susceptible de permettre du puceron vert qui colonise
une meilleure diffusion des le verger depuis l’environne-
produits de protection dans ment dès le mois de mai.

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 15


[ Agriculture Bio ]

l TABLEAU
centrifuge, probablement ex- Fréquence d’occurrence des bio-agresseurs étudiés
pliquée par l’apparition de et différences entre conduites de l’arbre
nouvelles feuilles (très sensi- Nombre d’années avec : nombre d’années avec dégâts centrifuge dégâts centrifuge
bles à la tavelure) dans cette dégâts ou infestation (CTR) moindres* (CTR) plus elevés*
modalité. Toutefois, le niveau importante / nombre dégâts CTR < témoin dégâts CTR > témoin
d’infestation sur fruits pour d’années d’étude
les 2 modalités est équivalent
à la récolte (tableau). puceron cendré 4 ans / 4 2 ans -
puceron vert 3/4 1 an 2 ans
t Des effets partiels pour
limiter le développement tavelure feuille printemps 3/4 2 ans 1 an
des bio-agresseurs puceron cendré récolte
4/4 1 an -
Après 4 années d’expéri- (dégâts sur fruits)
mentation et au cours d’an- tavelure récolte
(dégâts sur fruits) 2/4 - -
nées climatiques variées, la
conduite centrifuge s’accom- Différence significative (p = 0.05) pour au moins une date de contrôle par saison
pagne de niveaux d’infesta-
tion équivalents ou moindres
pour le puceron cendré par gne simple d’éclaircissage poursuivre les travaux sur la S. Simon, L. Brun,
rapport à une conduite clas- manuel (1 fruit par corymbe conduite centrifuge en vue B. Sauphanor,
sique en Solaxe. Les résultats restant) au stade petits fruits. de : H. Defrance, T. Girard,
sont plus hétérogènes pour - confirmer dans d’autres si- L. Flachaire,
la tavelure sur feuille. Les dé- t Potentiellement tuations l’effet partiel observé Pierre Eric Lauri.
gâts de tavelure sur fruits à la une moindre alternance sur le puceron cendré ;
récolte sont équivalents. Tou- en verger AB - valider en verger AB com-
tefois, l’effet partiel constaté Pour la conduite centrifuge, la mercial la maîtrise plus aisée [ bibliographie ]
se pérennise d’une année sur suppression de points de fruc- de la charge (temps de tra-
ACTA, 1988. Guide de
l’autre pour le puceron cen- tification (extinction à la flo- vaux liés à ce poste : répar- protection raisonnée pommier
dré (pas d’extinction artifi- raison) se fait avant la nouai- tition et durée totale) ; - pré- poirier. ACTA, 64 p.
cielle en 2003, uniquement son du fruit et donc avant la ciser les bénéfices potentiels M. Giraud, O. Baudry, R.
un complément d’extinction phase d’induction florale des pour la régularité de produc- Orts, J.P Gendrier, 1996.
en 2004). En verger AB, vu bourgeons pour l’année sui- tion (limitation de l’amplitu- Mémento protection intégrée
la difficulté pour gérer les vante et pourrait donc limiter de de l’alternance, pérennité pommier – poirier. Ctifl, Paris.
pressions parasitaires, l’inté- le phénomène d’alternance de l’effet).
gration de méthodes cultura- de production. Après l’année
les pouvant présenter un effet
partiel sur un ravageur-clé
de forte production 2002,
89% des arbres ont alterné en
l Verger expérimental et protection
présente un intérêt certain. 2003 dans le témoin Solaxe Le verger support de 0,25 ha 2003. Il n’y a pas eu d’extinc-
contre 69% pour la conduite conduit en AB a été planté en tion en 2003 et en 2005.
t Une meilleure régulation centrifuge. Cependant, nous 1994 avec la variété Smoo- - conduite en Solaxe prise
de la charge ne pouvons exclure que ce thee2832T greffée sur EMLA ; comme témoin, avec régu-
Dans notre verger expé- meilleur retour à fleur en les arbres ont été conduits en lation de la charge en fruits
rimental AB, la mise en 2003 pour la conduite cen- Solaxe. Ce verger présente uniquement par éclaircissage
œuvre de la conduite cen- trifuge ne soit pas également un problème récurrent de pu- manuel.
trifuge nous a permis : lié à la moindre infestation ceron cendré et la forte infes- Pour les 2 modalités, l’objectif
- de commencer précocement du puceron cendré en 2002 tation observée en 2000 est de charge a été de 4 fruits/cm²
la régulation de la charge en pour cette modalité. En re- probablement à l’origine de de section de branche frui-
fruits (extinction artificielle à vanche, après l’année de l’alternance de production de- tière ; l’éclaircissage manuel
la fleur) ; forte floraison 2004, une puis 2001. En 2002, année de a été réalisé au stade petits
- de répartir le temps de alternance équivalente est forte floraison, le dispositif ex- fruits après la chute physiolo-
travail lié à ce poste sur observée en 2005 pour les 2 périmental (4 blocs complets) gique. Les niveaux d’infesta-
deux périodes (floraison ; modalités. La mise en place a été mis en place, avec 2 mo- tion des principaux ravageurs
puis éclaircissage manuel tardive dans la vie de l’arbre dalités : (ACTA, 1988) et maladies (Gi-
au stade petits fruits après (en 9e pousse) de la conduite - conduite centrifuge, réalisée raud et al., 1996) ont été re-
chute physiologique) ; centrifuge par extinction arti- sur des arbres en 9e pousse censés de 2002 à 2005. La
- d’obtenir plus facilement la ficielle, après entrée en alter- où la charge est ajustée par ex- protection phytosanitaire est
charge en fruits objectif, grâ- nance du verger (2001), peut tinction artificielle, complétée basée sur l’utilisation d’huiles
ce à l’utilisation de l’abaque toutefois limiter l’intérêt de par éclaircissage manuel ; un en hiver, de roténone contre
Equilifruit lors de l’extinction cette conduite pour améliorer complément d’extinction a été les pucerons avant fleur, de
(4 points de fructification par la régularité de production. réalisé si nécessaire en 2004 cuivre et de soufre contre la
cm² de section de branche Dans le cadre du verger AB, sur les branches ayant pous- tavelure, et de virus de la gra-
fruitière), puis d’une consi- il paraît très intéressant de sé pendant la période 2002- nulose contre le carpocapse.

16 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[Environnement] [ Environnement ]

[ Climat lumineux ]

Une meilleure distribution


de la lumière dans l’arbre
La conduite centrifuge améliore la porosité à la lumière de l’arbre.

T
ous les systèmes de rameaux végétatifs, non
conduite développés porteurs de fruits, et d’autre
en verger ont pour part, les zones à fruit sont
objectif d’améliorer la qua- davantage ombrées car sou-
lité et la régularité de la vent en dessous de cette
production. Un facteur-clé zone végétative favorisée.
est l’optimisation de l’in- En d’autres termes, ces
terception de la lumière par systèmes n’arrivent pas à
le verger. La voie classique conjuguer augmentation de
d’amélioration porte sur la l’interception de la lumière
forme de l’arbre et les dis- et bonne gestion architectu-
tances de plantation entre rale de l’arbre : ils n’orien-

Photo P.E. LAURI


rangs et dans le rang. tent pas la lumière sur les
axes porteurs de fruits qui
t Architecture de l’arbre sont en réalité ceux qui doi-
et lumière : un dilemme vent être favorisés.
difficile à résoudre
C’est ainsi que sont dévelop-
pés nombre de systèmes ba-
t L’intérêt agronomique
de la conduite centri-
1 Le puit de lumière pour un meilleur
éclairement à l’intérieur de l’arbre.

sés sur des formes d’arbres fuge : une collaboration Dans le cadre d’un par- par inflorescence. Il ainsi
constituées de plans incli- Inra-CEHM tenariata Inra Montpel- pu être montré les résultats
nés nécessitant un palissage C’est notamment pour ten- lier- CEHM (34), une ex- agronomiques positifs de
important, et donc un coût ter de résoudre ce dilemme périmentation (localisée la conduite centrifuge par
élevé de plantation (ex., Ta- que le groupe Mafcot a pro- au CEHM) sur le cultivar rapport au Solaxe classique,
tura plus ou moins ouvert), posé la conduite centrifu- Galaxy greffé sur Pajam 2, en 2001 et 2002, en terme
ou sur des formes plus tra- ge (photo 1) : a été mise en place. Les ar- de qualité de la production
ditionnelles en gobelet, à - en maintenant un tronc bres étaient âgés de 4 ans (augmentation des calibres
moindre coût. D’autres vertical, on limite les reper- en 2001. L’objectif était de rémunérateurs) et de retour
systèmes sont basés sur la cements sur la structure de comparer, à charge en fruit à fruitb.
recherche d’une forme pyra- l’arbre, égale (4 fruits par cm² de Il a donc été cherché à ca-
midale, qui augmente la pé- - en pratiquant le puits de section de branches), une ractériser l’interception de
nétration de la lumière en- lumière, on améliore la conduite Solaxe classique la lumière sur ces deux sys-
tre les arbres, dans la partie pénétration de la lumière sans extinction artificielle, tèmes de conduite. Les ré-
supérieure tout au moins. à l’intérieur même de la avec une conduite centri- sultats présentés ici ont été
Ces systèmes augmentent frondaison, fuge. Dans ce dernier cas, obtenus en 2002 sur 2 ar-
l’interception globale de la - en favorisant le dévelop- 2 traitements différents ont bres pour chacun des trois
lumière par l’arbre, mais pement des branches frui- été considérés : 1 et 2 fruits traitements.
provoquent également la tières, notamment par la
formation de rejets (phé- réalisation d’extinctions, on
nomène de réitération) qui recherche un équilibre opti- Puit de lumière
contrecarrent les effets bé- mal entre croissance végéta-
néfiques de la forme initiale. tive et fructification.
Dans le cas des formes py- En pommier, la conduite
ramidales, on note souvent centrifuge est diffusée en
un ombrage important du verger depuis plusieurs an-
Photo INRA

bas de l’arbre qui s’accroît nées. La pertinence de ces


quand l’arbre vieillit. Notre principes de base a ainsi
critique de ces systèmes tient pu être éprouvée. Comme
aux deux points suivants : il est décrit dans ce numéro,
d’une part, l’augmentation
de la lumière globalement
l’adaptation aux variétés est
bien entendu primordiale et
2 “Galaxy” 5 ans. Représentation 3D d’un arbre en conduite
centrifuge vu de côté (gauche) et vu de dessus (droite) (M
Willaume). Chaque catégorie de pousse a une couleur différente.
interceptée par l’arbre bé- les améliorations techniques Les points de fructification sont en rouge.
néficie essentiellement aux doivent encore être réalisées.
[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 17
[ Environnement ]

l Tableau 1
STAR moyen des arbres et STAR des points de fructification pour les trois traitements « Solaxe classique»,
« Conduite centrifuge à 1 fruit par inflorescence » et « Conduite centrifuge à 2 fruits par inflorescence ».
Conduite de l’arbre Arbres STAR moyen STAR des points de colonne (2) Valeur du test
individuels (1) fructification – colonne (1) statistique **
(2)
1 0.273 d* 0.238 d* - 0.035 P<0.01
Solaxe classique
2 0.282 d 0.248 d - 0.034 P<0.01

Conduite centrifuge 1 fruit par 1 0.368 a 0.388 a 0.020


NS
inflorescence
2 0.315 bc 0.330 bc 0.015 NS

Conduite centrifuge 2 fruits par 1 0.306 c 0.303 c - 0.003


NS
inflorescence
2 0.323 b 0.332 b 0.009 NS
* Test de comparaison des moyennes (Kolmogorov-Smirnov). Dans une même colonne, les valeurs portant des lettres différentes sont
significativement différentes (P<0.05).
** Test de comparaison des différences de valeurs entre colonne (1) et colonne (2) (Kolmogorov-Smirnov).
a- Dans le cadre de l’Action
Transversale INRA PFI, 2000-2003.
b- Crété X, Lauri PÉ, Ferré G.
t Une meilleure que la moyenne de l’arbre sites de fructification et ceci 2002. Pommier - Influence de la
date d’extinction sur les résultats
interception de la lumière (- 12%) ; pour la conduite quelles que soient leurs po- agronomiques. Réussir Fruits &
par l’arbre centrifuge, ils interceptent sitions dans la frondaison. Légumes 206 : 53-54.
autant de lumière que la Ce système de conduite Ferré G, Lauri PÉ, Crété X, Tarisse S.
2002. Pommier - Extinction, branche
(Voir encadré pour la mé- moyenne de l’arbre (pas de améliore donc globalement fruitière et maîtrise de la charge.
thode d’étude et la notion différence significative). le « climat lumineux » de RF&L 206 : 54-55.
Crété X, Lauri PÉ, Ferré G, Tronel C.
de STAR qui mesure l’éclai- La figure 1 montre par l’arbre et limite la présence 2003. Conduite/Galaxy - La date de
rement relatif du feuillage.) ailleurs que le gain de lu- de points de fructification l’extinction influence les résultats
Le tableau 1 montre les mière interceptée est obtenu peu éclairés qui sont ceux agronomiques. R F&L 218 : 34-35.
Crété X, Lauri PÉ, Ferré G. 2002.
deux points suivants : à toutes les hauteurs dans où se trouvent les fruits de Pommier - Influence de la date
- L’arbre centrifuge aug- l’arbre. Les résultats obtenus faible valeur commerciale d’extinction sur les résultats
agronomiques. R F&L206 : 53-54.
mente globalement l’inter- montrent donc que contrai- et où le retour à fruit est le Ferré G, Lauri PÉ, Crété X, Tarisse S.
ception de la lumière par rement au Solaxe classique, plus faible. 2002. Pommier - Extinction, branche
fruitière et maîtrise de la charge.
les feuilles (colonne « STAR sans puits de lumière et sans Pierre-Eric Lauri, Magali RF&L 206 : 54-55.
moyen »). extinction, la Conduite cen- Willaume, Hervé Sinoquet, c- Un article en anglais expose plus
en détail la démarche et les résultats:
- Ce phénomène est encore trifuge à 1 ou 2 fruits par Xavier Crété, Gérard Ferré Willaume M, Lauri PÉ, Sinoquet H.
plus évident si on regarde inflorescence favorise les et Jean-claude Salles 2004. Light interception in apple trees
l’interception de la lumière influenced by canopy architecture
manipulation. Trees - Structure and
par les points de fructifica-
tion. Pour le Solaxe classi-
l Quelques éléments sur la méthode Function 18: 705-713.

que, ils interceptent relati- Mesurer l’interception de la ses sont classifiées en végé- gé vers l’arbre.
vement moins de lumière lumière dans un arbre est tatif, inflorescence sans fruit Pour chaque source, on cal-
complexe. L’usage de cellules et inflorescence avec fruit. cule à partir d’une image de
l Figure 1 photo-électriques en diffé- Une deuxième étape consis- la maquette le rapport entre
rents points de la frondaison te à « habiller » ces axes par la surface foliaire éclairée de
(maillages vertical et horizon- un nombre de feuilles et une l’arbre (ou de la catégorie de
tal) et à différents moments surface foliaire, déduites de pousse) et la surface foliai-
du cycle végétatif s’avère ex- relations statistiques obte- re totale. Ce rapport est ap-
trêmement lourd et peu réali- nues sur des échantillons de pelé STAR (Silhouette to To-
sable dans la pratique. Nous rameaux. tal Area Ratio). On considè-
avons donc opté pour la so- La maquette est donc semi- re ici le STAR moyen obtenu
lution mise au point par une réelle dans la mesure où la pour les 46 sources. Il corres-
unité de recherche Inra de première étape conduit à pond à l’éclairement relatif
Clermont-Ferrand (UMR PIAF, une reconstruction fidèle des du feuillage, par rapport à la
http://www.clermont.inra. axes, alors que la seconde quantité de lumière arrivant
fr/piaf) spécialisée dans la étape ne donne que des nom- au-dessus du verger.
mesure du rayonnement lu- bres et surfaces de feuilles La comparaison des valeurs
mineux et sa modélisation. statistiquement probables. de STAR obtenus pour les
Une première étape consiste Une fois la maquette réalisée deux systèmes de conduite
à créer une maquette infor- (photo 2), il est alors possi- donne donc une bonne idée
matique de l’arbre en effec- ble de simuler l’interception de l’efficacité d’interception
Valeurs du Star des points fructification tuant un pointage dans un de la lumière en considérant de chaque systèmec, non seu-
en fonction de la hauteur dans l’arbre (par champ magnétique des coor- la voûte céleste comme une lement à l’échelle de l’arbre
tranches de 20 cm). On a regroupé ici tous données spatiales de tous les demi-sphère constituée de entier mais aussi à l’échelle
les arbres en conduite centrifuge à 1 et 2 points base et sommet des 46 sources ponctuelles, cha- des catégories de pousses
fruits par inflorescence.
pousses feuillées. Ces pous- cune émettant un rayon diri- dans l’arbre.

18 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces
[ cerisier ] 20
L’extinction au coeur
des préoccupations
[ noyer ] 22
Une autre façon
de conduire l’arbre

[pêcher ] 24
Une alternative
pour la Production
Fruitière Intégrée
[ poirier ] 26
Une évolution

Mafcot élargit dans la conduite

ses horizons
Le concept Mafcot est mis à l’épreuve
sur d’autres espèces fruitières que
le pommier. Il s’inscrit dans des
contextes différents et, de fait,
enrichi la réflexion générale [ pommier a cidre ]
sur la conduite des arbres. L’intérêt et
28

la faisabilité
d’une conduite
d’inspiration Mafcot
[[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 19
[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

[ Cerisier ]

L’extinction
au cœur des
préoccupations
L’extinction confirme son intérêt pour le
cerisier. Des travaux sont en cours pour
préciser les préconisations au verger.
Valérie Simard
Un objectif à atteindre par la conduite :
pérenniser un fruit de qualité

L
es travaux conduits cette technique. Ils devraient conduits en taille longue, où points de fructification fa-
sur cerisier depuis également aider à établir le l’extinction est utilisée com- vorisant directement les
plusieurs années par bon diagnostic concernant me outil de régulation de la bouquets de mai restants et
le groupe Mafcot cerisier l’arbre (variétés/porte- charge. Dans le second cas, donc les fruits à venir.
ont montré l’intérêt d’une greffe/pédoclimat) et nous sur vergers « modernes »,
conception globale de la permettre ensuite de définir on intègre l’extinction dans t Conduite libre :
conduite de cette espèce en dans chaque cas les bons un concept de conduite « li- rechercher l’équilibre
taille longue, dans laquelle outils pour améliorer la bre » comme unique moyen parfait
l’extinction est l’outil prin- production. de taille, à quelques excep- L’objectif de cette conduite
cipal voire unique de régu- - Quand intervenir ? Pen- tions près. est d’utiliser tout le linéaire
lation de la charge. dant la période de repos vé- de bois que l’arbre est ca-
Cela dit, le travail est loin gétatif jusqu’à la floraison. t Une technique adaptée pable de développer. L’ex-
d’être terminé. L’étude de la - Quels bouquets de mai à la physiologie de l’arbre tinction permet de répartir
pérennité de la technique, doit-on enlever ? En priori- Il existe un outil de régula- et de limiter le nombre de
ainsi que la définition pré- té, la jonction bois de 1 an/ tion de la charge « plus mo- bouquets de mai (BM) sur
cise des conditions optima- bois de 2 ans puis les bour- déré » que la taille courte. ce linéaire.
les d’utilisation et surtout geons mal éclairés situés en La taille longue classique Dans ce concept, la crois-
de ses limites, doivent être dessous des branches. Enfin, a été développée essen- sance terminale se réduit
approfondis. les bourgeons aux endroits tiellement pour améliorer fortement d’année en année
où ils sont trop concentrés l’entrée en production des limitant ainsi la longueur du
t Les acquis en vergers (permet d’augmenter « la arbres conduits en taille bois de un an et par consé-
de production porosité » de l’arbre à la courte. quent le linéaire à éteindre.
L’extinction fait désormais lumière). Cependant, elle pose sou- Il faut savoir ici oublier le
partie des méthodes cou- - Quelle intensité ? D’après vent des problèmes de sur- sécateur, apprendre à visua-
ramment utilisées dans de les différents essais et expé- charge lorsque les arbres liser la croissance utile et
nombreux vergers commer- riences pratiques, la pres- sont en pleine production. utiliser l’intégralité du bois
ciaux menés en taille longue sion d’extinction se situe Deux solutions sont alors produit par l’arbre comme
pour réguler la production. entre 4 et 5 bouquets de envisageables : la taille cour- support de fructification.
Cependant, elle n’apparaît mai (BM)/cm2 de section te ou l’extinction. La taille Cette conduite peut être
pas comme une solution de branche. L’utilisation courte reste difficile à maî- développée sur de l’axe ou
« universelle » et s’avère in- de l’équilifruit comme outil triser. Elle peut provoquer du gobelet mais n’est pas
suffisante dans le temps, d’aide à la définition d’une des déséquilibres impor- adaptée à des arbres trop
notamment pour les situa- consigne permet de s’adap- tants entre vigueur et fruc- vigoureux dont le contrôle
tions de trop faible vigueur ter au verger. tification et par conséquent du gabarit par la taille est
et de très forte production. - Pour quels types de ver- pénaliser le rendement. nécessaire.
Les travaux développés de- gers ? En pratique, on L’extinction est une forme
puis un an pour acquérir distingue deux types de de taille plus adaptée. En t Des axes de travail
une meilleure connaissance situations. effet, elle relance la pousse en cours
des organes fructifères de- La première concerne végétative de façon modé- Si l’extinction doit permettre
vraient aider à optimiser les vergers traditionnels rée et régulière sur plusieurs de réguler le nombre de BM

20 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

Le cerisier, une variabilité de bouquets


de mai qu’il faut mieux exploiter

Valérie Simard et guilhem severac


l La diversification
des axes de travail
Mafcot cerisier ne se limi-
te pas à l’étude du concept
taille longue + extinction.
D’autres travaux sont me-
nés en parallèle concer-
nant, notamment, l’étude
de techniques complémen-
taires comme l’éclaircissage
manuel ou chimique.

par branche fruitière, on ne ser la charge…Les premiers


maîtrise pas le nombre de résultats de ce référentiel
fruits par BM. Le potentiel montrent, entre autre, que
de production par organe l’extinction provoque, dans
fructifère est nettement plus la majorité des situations,
important que pour d’autres une augmentation du nom-
espèces comme le pommier bre de fruits par BM liée
ou le poirier, et très varia- essentiellement à un plus
ble (de 0 fruits à plus de 20 grand nombre de fleurs.
fruits par Bouquets de Mai)
ce qui rend la maîtrise du t Qualité de la production
nombre de fruits par BM en fonction du type d’or-
beaucoup plus difficile. De ganes de fructification
plus, les résultats des diffé- Ce travail consiste à définir
rents essais montrent que la des grands types d’organes
gestion globale de la charge de fructification en fonction
par l’extinction est manifes- de leur âge, de leur croissan-
tement plus complexe que ce de l’année précédente, de
ce qu’on espérait au début. l’organisation de la fructifi-
De de fait, des observations cation et de leur localisation
plus fines au niveau des BM dans l’arbre (différents BM,
sont en cours. rameaux long-courts, base
des rameaux de 1 an…).
t Un référentiel Il s’agit ensuite d’observer
sur les taux de nouaison s’il existe des différences de
Ce référentiel mis en place qualité des fruits en fonc-
pour au moins trois ans a tion de ces types. L’objectif
pour objectif de mieux ap- est en définitive, de savoir
préhender la variabilité, en quels types d’organes il faut
terme de nombre de fleurs, favoriser sur un arbre pour
nombre de fruits et taux de obtenir une qualité optima-
nouaison par BM en fonc- le de la production.
tion des variétés, des an- Valérie Simard,
nées, des P-G, des interven- en collaboration avec
tions utilisées pour maîtri- le groupe Mafcot-Cerisier

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 21


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

[ noyer ]

Une autre façon


de conduire l’arbre
La conduite du noyer peut être améliorée
sur la base d’une meilleure connaissance
de sa physiologie.

L
e noyer est une es- mètre inférieur à celui du
pèce très basitone. tronc. Dans le cas contraire,
La conduite en go- on passe d’une forme axiale
belet, pratiquée depuis des à une forme en gobelet.
décennies, favorise cette
expression. Dans un verger
adulte ainsi conduit, seul t Trois principes
le haut des arbres reçoit le de conduite :
maximum de lumière. De 1- Priorité à

Francis Delort
plus, la ramification de cet l’installation du plant
arbre s’exprime par l’hypo- Les premiers travaux du
tonie de ses branches (les Mafcot noyer ont porté sur
rameaux les plus vigoureux l’installation des branches
se situent sous la branche)
ce qui provoque un élargis-
fruitières sur le tronc.
Le scion est planté entier,
1 Pliage en-dessous de l’horizontale

sement de la canopée. sans rabattage. Sa croissan-


D’autre part, la faible péné- ce en 1ère année est souvent branches latérales présen- tone, le gabarit de l’arbre
tration de la lumière à l’in- faible, mais dans cette si- tent un angle ouvert. Cette s’en trouve diminué et l’in-
térieur de l’arbre provoque tuation, grâce à la présence technique permet d’avoir terception de la lumière par
plusieurs symptômes tels d’un feuillage important, le un tronc avec une croissan- les branches est améliorée.
que : nombreux rameaux système racinaire se déve- ce régulière (Photo 2) Il est nécessaire, au cours
morts, petit calibre des loppe de façon optimale. Les variétés ainsi traitées des trois premières années
fruits, plus grande sensibilité Cette phase d’installation vont rapidement passer de en verger, de plier l’ensem-
aux attaques bactériennes. est essentielle. la phase d’installation des ble des branches le long
Par ailleurs, cette technique En fin de 1ère pousse, deux branches fruitières à la pha- du tronc. Par la suite il faut
de taille qui consiste dans situations peuvent apparaî- se d’installation des orga- laisser les premières fruc-
un premier temps à former tre: Soit la croissance est nes de fructification sur ces tifications se développer.
un arbre, retarde la mise à forte, et l’année suivante dernières. Lorsque leur densité sera
fruit. toutes les pousses émises Pour «Franquette», à fructi- trop importante c’est à dire
par cet axe seront utilisables fication terminale, la réali- vers la sixième, voire septiè-
t La ramification du noyer pour former l’arbre. Soit la sation de l’axe vertical sera me année, il faudra passer
Le noyer, dans son compor- pousse est insuffisante, il est facilitée par son acrotonie. dans la phase entretien de
tement naturel, possède un dans ce cas nécessaire de Par ailleurs, les angles d’in- l’arbre.
tronc marqué avec des bran- rabattre à 20 cm au-dessus sertion, bien ouverts, obte-
ches plus ou moins déve- du point de greffe. Dans la nus par pliage des branches 3- L’extinction pour
loppées qui lui permettent même année, il est possible latérales en-dessous de l’ho- favoriser la lumière
de former une boule volu- d’élaborer à la fois le tronc rizontal, favorisent une ins- et la sélection des
mineuse. C’est une espèce et l’installation des bran- tallation de ramifications ramifications
pour laquelle la conduite en ches fruitières. latérales précoces. En architecture des arbres
axe convient très bien. Pour cela il a été recherché fruitiers, la mort physiologi-
Il a été constaté que la struc- 2- Le pliage des bran- l’angle d’inclinaison des que des rameaux fructifères
ture de noyers conduits sans ches pour installer branches le plus favorable est appelée extinction na-
taille se compose d’une la fructification à une mise à fruit rapide turelle. Sur le noyer, arbre
vingtaine de branches. Du Cette opération, qui consis- et un bon contrôle de la très sensible au manque
fait de la basitonie de cette te à disposer les branches croissance de l’arbre. Pour de lumière, cette extinc-
espèce, il est important que en dessous de l’horizon- la variété «Lara®» l’inclinai- tion naturelle est accompa-
ses branches, quel que soit tale, sera réalisée entre fin son des branches à 130° est gnée par le dégarnissement
leur niveau d’insertion, juillet et début septembre une solution intéressante : (mort des rameaux due
conservent toujours un dia- (Photo1.) Après pliage, les la ramification devient épi- au manque de lumière) à

22 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces
l Le Mafcot Noyer

Le Mafcot noyer a été créé


en 2002. Il se compose
d’une dizaine de techni-
ciens spécialisés sur cette
espèce, et appartenant aux
deux bassins de produc-
tion BGSO et BRM. Il est co-
animé par Francis Delort de
l’Inra de Bordeaux et par
Jean-Pierre Prunet du Ctifl -
station expérimentale de la
noix de Creysse (Lot).

l’intérieur de la canopée.
Afin de favoriser la crois-
sance sur les points de fruc-
Francis Delort

tification, il est nécessaire


de pratiquer un élagage
des rameaux courts, en
surnombre ou mal placés.
Cette opération est appe-
lée extinction artificielle. Le 3 etArbres de ‘Lara®’ avec (droite)
sans (gauche) extinction
fait d’arracher les rameaux
ne présente aucun danger temps, de façon centrifuge, nombre assez important
pour la cicatrisation. De c’est à dire sur le tronc et de petits rameaux fructifè-
plus, l’arrachage ne provo- sur le premier tiers basal des res est supprimé mais très
que pratiquement pas de branches fruitières, (Pho- peu de gros bois. L’arbre
gourmands. to 3 ) où se situent l’essen- conserve donc son organi-
L’organisation en axe ver- tiel des rameaux fructifères sation architecturale natu-
tical facilite cette interven- affaiblis par les productions relle. Des travaux complé-
tion. L’extinction se prati- antérieures, porteur de fruits mentaires sont envisagés
que pendant le repos végé- de petits calibres, fortement pour déterminer le nombre
tatif, de la chute des feuilles sensibles à la bactériose. de rameaux à enlever par
(novembre) à février. L’in- Cette méthode est très pro- extinction artificielle. Il est
tervention est réalisée au che du respect du compor- notamment recherché une

Francis Delort
moment où l’arbre com- tement naturel, puisqu’elle relation entre la surface de
mence à produire des fruits ne fait qu’anticiper l’extinc- la section de la branche et
de petits calibres, souvent tion naturelle. La porosité le nombre de points fructi-
vers la 6ème feuille. A cet ainsi créée favorise la pé- fères à laisser pour obtenir
âge, l’intervention, bien que nétration des produits de une bonne relation entre vi-
peu importante permet de
stimuler significativement
traitement et peut diminuer
le taux de bactériose grâce
gueur et production.
Francis Delort 2 Arbre de ‘Franquette’ branches
pliées à l’horizontale
la croissance des rameaux à une meilleure ventilation Jean Pierre Prunet,
fructifères. Pour des raisons diminuant l’hygrométrie à Alain Buffière
d’éclairement, l’interven- l’intérieur de la frondaison. Les membres du groupe
tion se fait, dans un premier Par cette technique, un Mafcot Noyer

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 23


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

[ pêcher ]

Une alternative
pour la Production
Fruitière Intégrée
La conduite en branches fruitières permet

daniel plénet
une meilleure répartition de la lumière
dans l’arbre, une augmentation des taux de
fructification, une amélioration de la qualité
des fruits. 1   La conduite actuelle : respect de la conicité des
charpentières et taille assez courte privilégiant les rameaux
mixtes en insertion directe sur les charpentières ou sur des

L
e contexte économi- des impasses sur certaines
que de la production opérations sans pénaliser
de pêche en Europe rapidement la qualité des puits de lumière autour des cours de l’été.
est actuellement très concur- rameaux et des fruits. Dans charpentières et au point
rentiel ce qui a tendance à le contexte actuel d’une dis- de jonction des rameaux t Une répartition de la
orienter les systèmes de pro- ponibilité réduite de main- (commissure). On peut croissance équilibrée grâ-
duction vers la recherche de d’œuvre qualifiée et de la ainsi positionner librement ce à la branche fruitière.
la productivité, parfois au recherche de faibles coûts les rameaux fructifères dans Par rapport au système de
détriment de la qualité gus- de production, on conçoit les parties juvéniles et très conduite actuel, décrit pré-
tative des fruits. que très rapidement certains bien exposées à la lumière cédemment, l’idée est de
Les systèmes de conduite vergers « sans contrôles » dans le haut de l’arbre. Cet- tester le concept d’une nou-
actuels cherchent à favori- basculent vers des excès de te création de « porosité » velle entité de production :
ser au maximum la vigueur croissance végétative avec commence lors de la taille la branche fruitière (BF). Il
pour obtenir de bonnes per- tous ses effets défavorables, d’hiver en dégageant le plus s’agit d’un bois porteur âgé
formances agronomiques expliquant leurs faibles per- possible les charpentières. de 3 ans et plus sur lequel
(rendement et calibre) tout formances agronomiques Elle est poursuivie par une on positionne directement
en essayant de contrôler ces ou qualitatives. intervention beaucoup plus ou par l’intermédiaire de
effets négatifs par de nom- précoce (début à fin mai bois de 2 ans, les rameaux
breuses interventions de t La branche fruitière selon la précocité des va- fructifères (figure 3).
taille. Ces systèmes peuvent pour un meilleur équilibre riétés) que la taille en vert Dans la mesure du possi-
cependant présenter quel- croissance / fructification traditionnelle, et qui a pour ble, son prolongement est
ques limites. Le maintien Pour favoriser une meilleure but de supprimer toutes les conservé. La branche frui-
d’une conicité artificielle répartition de la croissance pousses en insertion directe tière se différencie claire-
des arbres (figure 1) peut entre les différents organes sur les charpentières et à la ment de la coursonne par sa
engendrer la production de de l’arbre afin d’éviter le cy- base des branches c’est-à- dimension et sa complexité
fruits sur des rameaux de cle réitération / taille sévère, dire dans des zones poten- (ramification). Son installa-
médiocre qualité, situés au deux concepts ont été utili- tiellement favorables à la tion, surtout quand elle est
bas de l’arbre, alors que de sés pour définir la « condui- fabrication de gourmands. jeune (bois de 2 ans) peut
nombreux beaux rameaux te en branches fruitières » Cette opération dénommée nécessiter une arcure artifi-
ont été supprimés au som- (figure 2). arrachage manuel précoce cielle (attachage). Ensuite,
met. Ceci impose également des pousses végétatives le poids des fruits et l’éloi-
la suppression de nombreu- t Une nouvelle gestion (Navarro et Plénet, 2002) gnement par rapport aux
ses pousses vigoureuses se de la lumière au sein permet « d’éclairer » très structures, favorisent l’ar-
développant dans les par- de l’arbre. tôt l’ensemble des organes cure naturelle.
ties bien éclairées par des Plutôt que d’essayer d’éclai- avec toutes les conséquen- Selon les variétés, les pro-
interventions de taille en rer les parties basses de ces positives que l’on peut longements en position
vert favorisant la formation l’arbre grâce à un maintien en attendre. L’arrachage plongeante peuvent s’inhi-
de complexes réitérés. Ces de la conicité des charpen- supprime très souvent la né- ber au cours du temps. Le
systèmes de conduite sont tières, l’objectif est de faire cessité de réaliser des inter- renouvellement se fait en re-
en fait assez techniques et pénétrer la lumière dans la ventions de taille en vert du venant sur le rameau le plus
ils supportent difficilement frondaison en créant des type égourmandage au vigoureux mais en position

24 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

la plus distale possible par Des expérimentations réa- par Pépista® sont réalisées
[ bibliographie ]
rapport à la charpentière. lisées au Ctifl de Balandran depuis 2003 en partenariat
P. Giauque, 2003. Conduite
L’intérêt de la branche frui- et à la Serfel depuis 2002 avec AgroRessources dans du verger de pêcher : recherche
tière est de créer une zone confirment l’intérêt de la des vergers de producteurs de la performance. Editions Ctifl,
de production où la crois- conduite en branches frui- (Plénet, et al. 2005) et à 173 p.
sance se répartit de manière tières pour les performances l’INRA de Gotheron (effet C. Hilaire, P. Giauque, 1994.
plus équilibrée entre les dif- agronomiques et la qualité sur la sensibilité du verger Pêche : les variétés et leur
férents organes (pousses, des fruits : une améliora- aux monilioses, Mercier et conduite. Editions Ctifl, 307 p.
V. Mercier, C. Bussi, J.
fruits). tion de la répartition de la al., 2004).
Besset, D. Plénet, 2004.
Cet équilibre ne doit pas être lumière au sein de la fron- Sans vouloir opposer les Rapport contrat INRA -
perturbé en cours de saison daison, une augmentation systèmes de conduite actuels Ministère de l’Ecologie et du
par des interventions au sé- des taux de fructification, et la conduite en branches Développement Durable, 8 p.
cateur sur des pousses déjà une nette amélioration de la fruitières, les premiers résul- Navarro et Plénet, 2002.
trop vigoureuses : d’où la qualité des fruits. tats associant une conduite Taille en vert du pêcher :
nécessité d’utiliser la techni- de l’arbre plus équilibrée L’arrachage manuel précoce des
que d’arrachage manuel qui t Meilleure combinaison et une gestion raisonnée de
pousses végétatives est-il une
conduite – gestion technique alternative ? RF&L N°
permet de supprimer très l’irrigation, visant à contrô- 209, 38-41
tôt en saison les pousses si- des intrants pour une ler les excès de vigueur et à D. Plénet, E. Navarro,
tuées potentiellement dans démarche PFI moduler les disponibilités F. Debruyne, P. Guinet,
des zones favorables à la L’amélioration de l’équili- en eau pendant la phase Ph. Blanc. 2005. Nouvelle
fabrication des gourmands bre vigueur – fructification de croissance des fruits, combinaison pour le pêcher :
(base de la branche, sommet ne peut cependant pas être montrent qu’un nouveau conduite des arbres et irrigation
raisonnée. Objectifs info Arbo,
de l’arcure, ancien point de raisonnée sans tenir compte fonctionnement des arbres Dossier technique 2005, 19-21
taille de gourmands,…). des autres techniques cultu- s’instaure progressivement.
Dans le courant de l’été, rales jouant un rôle clé sur A performances agronomi- proportion de rameaux très
l’arrachage précoce des la croissance des pousses et ques identiques par rapport florifères peut augmenter les
pousses végétatives peut des fruits. aux systèmes actuels, cette temps de travaux du chan-
être complété par une ar- L’objectif est donc d’explo- nouvelle conduite se carac- tier d’éclaircissage manuel
cure de gourmands apparus rer de nouvelles voies asso- térise par une diminution sur certaines variétés. De
tardivement. Cette interven- ciant une conduite de l’ar- des réactions violentes de même, les formes ouvertes
tion est préférable à une bre plus équilibrée et des l’arbre (gourmands, pous- ne semblent pas adaptées à
taille en vert car elle permet techniques culturales mieux ses excessives), une amélio- ce mode de conduite du fait
de ne pas rompre l’équilibre raisonnées (irrigation, fer- ration de la répartition de la du risque de l’occupation de
instauré. tilisation azotée) vis-à-vis lumière au sein de la fron- l’inter rang par les branches
Par contre, vers la fin de de la sensibilité des vergers daison, une augmentation fruitières. Des expérimenta-
l’été, il est possible de réa- aux bioagresseurs pour pro- des taux de fructification, tions sont en cours au Ctifl
liser une intervention de poser des itinéraires techni- une nette amélioration de (Centre de Balandran) et à
taille (ou d’arrachage) pour ques répondant mieux aux la qualité des fruits (taux l’INRA pour apporter des
supprimer toutes les pe- objectifs souvent multicri- de sucre) et une diminution réponses à ces questions.
tites pousses ou les petits tères de la Production Frui- de la sensibilité des fruits
bois au sein de la branche tière Intégrée. aux attaques de monilioses. D. Plénet, E. Navarro,
fruitière (« nettoyer la bran- Des expérimentations sur Ces résultats nettement po- J. Besset, Ph. Blanc, G.
che ») pour améliorer la une combinaison associant sitifs ne doivent cependant Clauzel, F. Debruyne, J.
qualité des futurs rameaux conduite en branches frui- pas cacher quelques interro- Fauriel, C. Hilaire, V. Ma-
fructifères. tières et irrigation contrôlée gations. L’amélioration de la thieu, V. Mercier

3
2
La conduite en
branches fruitières :
création d’un
puits de lumière
grâce à l’arrachage
manuel précoces
des pousses
végétatives sur
les charpentières
et à la base des
branches et
installation d’unités
daniel plénet

de production, les
daniel plénet

branches fruitières, La branche fruitière : un bois de 3 ans et plus, dont


permettant on essaye de conserver le prolongement et qui
d’équilibrer la porte des rameaux fructifères en insertion directe
ou par l’intermédiaire de bois de 2 ans

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 25


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

[ POIRIER ]

Une évolution
dans la
conduite
Face à une régression des surfaces
cultivées du poirier en France, le
renouvellement des principes de conduite
du poirier s’impose. “Doyenné du Comice”. Retour à fruit bourse-sur-bourse
sur arbre égourmandé (PE Lauri)

L
e délai important ils ont montré la forte va-
de mise à fruits du riabilité entre les cultivars tes pour aboutir à un verger développement de la forme
poirier provoque un pour la vigueur, le port et de poirier à production pré- axiale sur le poirier.
découragement des jeunes l’aptitude naturelle à la ré- coce et régulière.
arboriculteurs qui souhai- gularité de la fructification. - A la plantation : le scion t L’arcure
tent implanter un verger. Par ailleurs, une relation est planté en entier, sans En 2ème et 3ème feuille, lors-
Les techniques anciennes entre la mise en place de la rabattage, avec suppression que la croissance de l’arbre
de culture ne permettent ramification au cours des des anticipés les plus bas est suffisante, on arque les
pas d’espérer les premiers deux premières années de entre 0,70 m et 1 m du sol, rameaux les plus vigoureux,
fruits avant 5 ans, pour croissance de l’arbre et la Ces rameaux n’ont aucun sous l’horizontale en cas
obtenir une première vraie précocité de mise à fruit a avenir et sont concurrentiels de croissance forte (Val-de-
récolte à 7 ans et, comme été mise en évidence1. des futures sorties sur l’axe. Loire) à l’horizontale dans
c’est typiquement le cas sur A l’échelle de la branche La plantation du scion en- les conditions Sud-Est.
« Doyenné du Comice », fruitière, il a été montré tier permet de mieux ré- Lors de la première fructi-
enclencher ensuite un cycle que, comme pour le pom- partir, et de manière plus fication, on poursuit les ar-
d’alternance de production. mier, la forte densité de progressive, les émissions cures en juin accompagnées
Les contraintes commercia- ramification et la faible ex- de rameaux avec une crois- d’égourmandages (suppres-
les et économiques actuel- tinction naturelle de culti- sance plus modérée tout au sion de toutes les réitéra-
les ne permettent désormais vars tels que « Doyenné du long de l’axe. Il n’y a aucu- tions2) et de suppression des
plus cette situation. Comice » pouvait expliquer ne intervention la première points végétatifs à la base
C’est pour tenter d’amélio- leur incapacité à produire année de pousse, très peu
rer la culture de cette espèce fruit sur fruit sur une même la deuxième année, excepté
que le groupe Mafcot poi- coursonne. Mais il est éga- un pliage des branches les
rier s’est créé en 1996. Ce lement ressorti que certains plus vigoureuses au mois
groupe de travail est consti- cultivars pouvaient très vite de juin – juillet ce qui faci-
tué d’agents de l’INRA et désynchroniser leur fructifi- lite l’induction florale. On
de techniciens de dévelop- cation et ainsi limiter l’alter- conserve un développement
pement et d’expérimenta- nance de production. important de jeunes pous-
tion (Stations Régionales, C’est le cas d’ « Angélys » ses qui favorisent le bon
Ceta) répartis dans les trois qui a une forte alternance à développement du système
bassins de production. la coursonne mais qui main- racinaire.
tient chaque année une cer- - Sur arbre adulte : les inter-
t Une grande variabilité taine proportion de points ventions réalisées sur l’ar-
d’architectures d’arbres de croissance à fruits tandis bre et les branches : arcure,
Les travaux ont été me- que d’autres sont végétatifs égourmandage, extinction
nés sur l’architecture du ont pour but de maîtriser
poirier à l’INRA d’An- t Des propositions la croissance et la fructifica-
gers, en collaboration avec pour la conduite tion. Inspirées des métho- “Doyenné du Comice” de 8
l’INRA de Montpellier. Les travaux conduisent à des développées sur pom- ans avec égourmandage (PE
Lauri)
A l’échelle de l’arbre entier proposer les étapes suivan- mier elles contribuent au

26 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

des branches sur environ Dans les conditions du Val-


30 cm pour créer un puits de-Loire cette combinaison
de lumière. Sur les variétés arcure - égourmandage - ex-
vigoureuses la croissance tinction donne des résultats
de l’axe est également maî- satisfaisants sur « Doyenné
trisée par une arcure sur le du Comice » et « Angélys »
dernier fil à 2,50m ou 3m. avec des retours à fruits
Lorsque la fructification est bourse-sur-bourse plus éle-
bien installée il est impor- vés et une augmentation
tant de raisonner la charge. de la désynchronisation
des coursonnes alternantes
t L’égourmandage dans la frondaison (essai
L’arrachage des réitérations INRA Angers).
sur l’arcure de l’axe, ou au
départ des branches fruitiè- t L’éclaircissage manuel
res améliore leur croissance Sur les variétés fertiles
et augmente la porosité à l’éclaircissage manuel reste
la lumière des arbres. Cette nécessaire car il n’y a pas
intervention faite en juin et de produits homologués.
août2, favorise l’équilibre Les différentes intensités
entre croissance végétative d’éclaircissage manuel tes-
et fructification. E tées démontrent un bon
lle induit à terme une dimi- compromis entre produc-
nution des temps de travaux tion et calibre avec un indi-
car elle empêche pratique- ce de charge compris entre
ment tout redémarrage de 3 et 4 fruits / cm2.
rameaux. A cet indice de charge, on
De plus la mise en œuvre améliore significativement
de cet égourmandage freine le calibre de « Guyot »,
le développement des popu- « Harrow Sweet », « Louise
lations de psylles en détrui- Bonne » et « Conférence ».
sant la majorité des pontes
qui sont concentrés sur ces t Proposer des préconisa-
pousses actives. tions de conduite “Williams” branche complexe (B Florens)
aux producteurs
t L’extinction La mise en place de bran-
L’extinction homogénéise ches fruitières complexes la mise en place à l’INRA [ bibliographie ]
la répartition des zones de permet d’absorber et de Angers d’un essai sur
1. Pierre Eric Lauri,
fructification dans l’arbre mieux maîtriser la vigueur « Doyenné du Comice » et
Evelyne Costes, André
et améliore la qualité des des arbres. Sa mise en œu- « Angélys » où sont étudiées Belouin 2002. European
organes de fructification vre sur les exploitations a les interactions entre porte- Pear architecture and fruiting
en favorisant un meilleur contribué à augmenter la greffe (BA29, CEM, Adams), branch management. An
éclairement et une meilleure performance et la régularité égourmandage et nombre overview of an INRA French
alimentation des courson- de production du verger. de branches par arbre. research program. Acta
nes restantes. Il est toute- Elle a également permis Outre l’objectif scientifique Horticulturae 596 : 621-626.
Evelyne Costes, André
fois montré que le contexte d’homogénéiser les techni- de connaissance de la phy- Belouin, Lene Brouard,
pédo-climatique peut modi- ques de taille et de forma- siologie de l’arbre, nous Marcel Le lezec 2004.
fier les résultats. tion entre le pommier et le cherchons également à éta- Development of young
Ainsi, dans les conditions poirier, facilitant ainsi les blir des relations optima- pear trees and occurrence
du Sud-Est l’extinction consignes aux équipes de les entre ces 3 paramètres of first flowering: A varietal
tend à augmenter le taux terrain. afin de proposer des pré- comparison. Journal of
de nouaison des inflores- Dans les conditions du Sud- conisations de conduite au Horticultural Science §
Biotechnology (2004) 79 (1)
cences restantes, et, dans Est, les vergers affranchis ou producteur. 67-74.
la majorité des cas, a peu sur les nouveaux porte-gref- 2.André Belouin, Pierre
d’effet sur le calibre des fe plus vigoureux Pyriam et Eric Lauri 2003. Poire
fruits. Par ailleurs, elle Farold 87® Daytor, favo- - Conduite de l’arbre -
n’augmente pas significa- risent la mise en œuvre de L’égourmandage permet
tivement le retour à fleurs ces principes de conduite. André Belouin, de réguler la production.
Réussir Fruits & Légumes
(nombre de bourgeons ini- Ces résultats sont actuel- Bernard Florens,
224 : 56-58.
tiés pour l’année suivante). lement approfondis par Pierre-Eric Lauri

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 27


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces
[ POMMiEr A CIDRE ]

L’intérêt et la
faisabilité d’une
conduite d’inspiration
Mafcot
La conduite Mafcot sur pommier à cidre donne
des résultats encourageants. La mécanisation
possible des opérations culturales est un
objectif afin de réduire les coûts.
ctpc
Variété Douce Moen : Branche avec grappe de fruits

L
a production française ceux à formes érigées et été initiés par le CTPC et le nombreux cidriculteurs ont
de pomme à cidre est basitones… Service Régional Cidricole entrepris de restructurer
actuellement d’envi- de la CRAN. Les premiers leur verger par de simples
ron 230 000 tonnes. Cette t Les limites du « simple » résultats présentés lors coups de scie, accompagné
production très caractéris- éclaircissage dans de la réunion du 18 mars d’un mouvement de trac-
tique du Nord Ouest de la la gestion de l’alternance 1998 à Agen étaient très tion pour faire basculer la
France est historiquement Il n’est économiquement encourageants. Pratiquée branche fruitière sous l’ho-
issue d’un verger haute-tige pas concevable dans le sur arbres adultes équili- rizontale. Cette opération
associant le plus souvent contexte du verger cidricole brés, l’extinction a permis de mise en port pleureur a
l’élevage bovin ou laitier. d’intervenir en manuel. Aus- de réguler la production sur du même coup permis de
Sous l’effet d’une régression si, depuis plus de 20 ans, de 2 ans. Ainsi, la suppression résoudre le problème pra-
régulière depuis 40 ans, un nombreux essais d’éclair- de 2/3 des inflorescences tique de circulation entre
autre type de plantation dite cissage chimique ont été par extinction manuelle sur les rangs, que l’excès de
« spécialisée » a progressive- menés et de nombreux pro- la variété Petit jaune a dimi- développement des arbres
ment pris le relais à partir grammes mis en oeuvre sur nué la charge de l’arbre de à l’état adulte commençait
de la fin des années 80. le terrain afin de résoudre 50 % l’année de l’extinction parfois à poser.
Ce verger semi-inten- cette alternance. (53,4 kg contre 109,1 kg Si, au stade de l’expérimen-
sif, conduit en axe verti- Force est de constater que sur le témoin) et a permis tation, l’extinction s’est ra-
cal, est planté sur por- malgré la « lourdeur » de un retour à fruit conséquent pidement révélée comme
te-greffe MM106 à une certaines pratiques, la l’année suivante (110,7 kg une voie intéressante, deux
densité moyenne de constance des résultats n’est contre 0 kg sur le témoin). points restaient à travailler
650 arbres par hectare. pas encore systématique- A l’opposé, les échecs ob- en vue d’une vulgarisation.
Les variétés qui le compo- ment au rendez-vous à ce tenus sur des sujets plus Son intensité, d'une part,
sent proviennent pour la plu- jour. Une diminution certes jeunes de la variété Douce pour obtenir le juste équi-
part de l’ancien verger. Elles significative du nombre de Moën, moins installés dans libre entre charge et crois-
se caractérisent d’abord par fruits présents est souvent l’équilibre, ont confirmé sance végétative.
leur rusticité et leurs saveurs obtenue, mais elle reste trop toute la nécessité de mettre Sa réalisation pratique,
typées (très acides ou amè- régulièrement insuffisante préalablement en place un d'autre part, afin de la ren-
res ou sucrées). pour permettre un retour à port pleureur et de promou- dre économiquement réa-
Mais elles se distinguent fleurs de qualité l’année sui- voir le déroulement intégral lisable en verger commer-
aussi et par-dessus tout par vante (photo ci-dessus). de la branche fruitière sans cial, ce qui laissait supposer
une alternance de produc- Ainsi, et aux vues de l’intérêt simplification de celle-ci. une mécanisation au moins
tion à l’arbre très marquée. présenté par les 1ères conclu- partielle.
Il s’agit là d’un héritage du sions sur Pomme de table, t Application des A partir de 1998, une re-
passé, la sélection s’étant c’est tout naturellement que fondamentaux Mafcot cherche s'est mise plus
d’abord faite sur des critè- « l’approche » Mafcot a été au verger cidricole spécifiquement en place
res de compatibilité entre considérée avec attention. La recherche d’un contrôle afin de répondre à ces 2
l’arbre et l’animal. Les travaux concernant de la croissance par arcure préoccupations.
Les cultivars à tendance l’extinction, spécifiques à est rapidement passée du En pomme à cidre, les ob-
« port retombant » ont ain- la pomme à cidre, ont ainsi stade expérimental au do- jectifs de « qualité » sont dif-
si été écartés au profit de démarré en 1996. Ils ont maine pratique. Ainsi, de férents de la Pomme de ta-

28 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247


[ Dossier ]
applications a d’autres espèces

l La mécanisation de l’extinction en pomme à cidre :


une mise au point difficile mais pourtant incontournable
Le verger cidricole s’est déve- volume des arbres, l’appareil
loppé dans un environnement n’accédait pas à l’intérieur de
socio-économique (concur- la canopée, contrairement à
rence de travaux à certaines l’objectif recherché (puits de
époques de l’année sur une lumière).
exploitation avec, en général, Une première évolution a été

cran service régional cidricole


plusieurs secteurs d’activités) réalisée à partir de cet appa-
et selon des bases techniques reil allemand dès 1999 : axe
(arbres de grand gabarit) qui plus court et plus mobile. Les
ne permettent pas, à l’image résultats n’ont pas été plus sa-
de l’éclaircissage, la faisabi- tisfaisants : seulement 17,5 %
lité de l’extinction par seule des coursonnes présentes sur
voie manuelle. En pomme à bois âgé sont atteintes par les
cidre, la mécanisation de l’ex- fils.
tinction et son époque de réa- En 2000, sur la base du modè- Prototype avec brosses, adaptable sur tracteur
lisation dans l’année s’avè- le de 1999, les fils ont été rem-
rent ainsi comme des adapta- placés par des brosses (pho-
tions indispensables. to ci-dessous). Ce système mes travaux ont été conduits jusqu’à fin mars. Les brosses
Le premier essai d’extinc- a permis de mieux atteindre pour la mise au point d’une adaptables sur tracteur pour-
tion mécanisée a été réalisé l’intérieur de l’arbre en provo- petite brosse adaptable sur raient permettre quant à el-
en mai 1998 avec un proto- quant moins de blessures que un matériel de type débrous- les d’intervenir de façon plus
type mis au point par un al- les fils : le taux de coursonnes sailleuse afin d’apporter cet- rapide sur les années ulté-
lemand (Monsieur Gessler – atteintes sur bois âgé est ain- te précision. Avec cette der- rieures de forte floraison. Ce
Friedrichshafen). Cet outil est si passé à plus de 50 %. nière étape, c’est la réalité du concept reste à valider à gran-
constitué d’un axe rotatif avec Malgré ces améliorations, des concept d’extinction mécani- de échelle.
fils. Il est installé sur trac- imperfections ont subsisté. que en pomme à cidre qui se A l’évidence, il ne semble
teur, a été initialement ima- Si une partie des très nom- dégage peu à peu. pas irréaliste, si il est mis en
giné pour éclaircir mécani- breuses coursonnes présen- Ainsi la « petite brosse » oeuvre dès la phase de jeu-
quement les vergers de pom- tes l’année de forte floraison adaptable sur tout type de nesse de l’arbre. A l’opposé,
me de table après la suppres- pouvait ainsi être éliminée, perche serait la solution d’in- il permettra difficilement d’at-
sion de l’homologation du Se- le travail n’est pas encore ap- tervention fine sur jeune ver- teindre l’objectif d’extinction
vin en Allemagne. Il s’est ra- paru suffisamment fin à l’in- ger. Dans le contexte des ex- adéquat et souhaitable en
pidement révélé inadapté au térieur de l’arbre. C’est pour- ploitations cidricoles, ce tra- plantation adulte, sans pré-
verger cidricole. En raison du quoi, à partir de 2001, d’ulti- vail serait à réaliser en hiver, paration préalable.

ble. Le calibre du fruit, par fruits par cm2 paraît se dé- dans le cadre du groupe sujet sont encourageantes.
exemple, ne constitue pas gager comme le compromis Mafcot ont incontestable- Pour autant, la pleine vul-
une finalité en soi, même souhaitable. Sur quelques ment apporté des éléments garisation du concept de
s’il est le reflet d'une cer- autres variétés cependant, de réponse au problème de conduite centrifuge se heur-
taine qualité intrinsèque à elle reste à préciser tant l’alternance de production te encore à la démonstra-
rechercher. dans son intensité que dans en Pomme à cidre. tion de la faisabilité de l’ex-
De plus, le potentiel de sa phase de mise en oeuvre Ces améliorations sont, en tinction en terme de temps
grossissement est assez fai- à l’échelle de l’âge de l’arbre outre, pressenties avec effet de travail.
ble notamment sur certai- (réaction végétative exacer- induit sur une relative réduc- C’est là tout l’enjeu des tra-
nes variétés. Exemple : 100 bée en phase de jeunesse). tion des intrants : constat vaux actuels concernant une
g par fruit maximum pour d’un besoin d’éclaircissage approche mécanisée.
Douce Moën. t Vers une approche chimique souvent plus ré-
La réponse concernant le mécanisée duit que dans le cas d’une
dosage d'extinction est La mécanisation de l’ex- conduite « classique » ; pers-
aujourd'hui quasiment vali- tinction est, quant à elle, pective d’utilisation ponc-
dée pour la plupart des va- encore dans une phase tuelle du matériel de se-
riétés. Pour garantir un ton- de mise au point et de couage de récolte à des fins
nage satisfaisant et régulier, validation (cf. encadré). d’éclaircissage mécanique. Nathalie Dupont,
une extinction entre 8 à 10 Les travaux développés Les recherches en cours à ce Jean-Charles Cardon

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • Supplément au Nº 247 29


[ Vulgarisation ]
[ Vulgarisation ]
[ transmettre mafcot ]

Comment diffuser auprès


des salariés agricoles
Mafcot s’appuie sur des principes de base qu’il faut savoir
transmettre aux salariés agricoles.

L
a vulgarisation d’une rut vite que le concept était ger jusqu’aux salariés per- lors, il était sans doute ju-
nouvelle méthode de « tactile » et « visible ». Un manents et/ou saisonniers dicieux d’imaginer des stra-
conduite n’est jamais tronc, des branches et des c’est à dire les opérateurs, tégies fondamentales et un
facile, d’autant plus que le coursonnes ou brindilles en passant par l’exploitant lexique spécifique, basé sur
concept Mafcot exige de (canalisations 1, 2 et 3) for- et son personnel d’encadre- des formules et des mots qui
« laisser de coté » ou de limi- mant l’essentiel du squelette ment. La compréhension imagent bien les messages à
ter l’utilisation du sécateur sur lequel tous les principes doit être rapide, donc fa- faire passer. L’information
et de par cela même, une du concept étaient à mettre cile et concrète ; il n’en de- et la formation des hommes
habitude ancestrale bien an- en place. La compréhension meure pas moins que dans restent les pivots de la réus-
crée, celle de trop tailler. doit toucher l’ensemble des le concept, le détail faisant site de la vulgarisation du
En partant de la forme de acteurs, du technicien qui la différence, l’explication concept qui n’est pas « une
l’arbre en Solaxe, il appa- opère au niveau suivi du ver- se veut sans ambiguïté. Dès recette ».

l Deux stratégies fondamentales


t Phase de formation de l’arbre : la stratégie GBL
Il s’agit d’établir le plus trop Basses (basitonie)
rapidement un arbre sont supprimées ; dans
de forme cylindrique un second temps, les
Dessin de Jean-Marie Lespinasse

avec des ramifications branches positionnées


similaires. Pour cela, sur la Ligne (à l’ombre
dans un premier temps et dans le sens du fil
(dans les 2 premières de fer) sont également
années) et progressi- supprimées.
vement, les grosses On considèrera comme
branches (concurrence Grosse branche, une
avec l’axe) quelle que branche ayant un dia-
soit leur situation sur mètre supérieur à 30-
l’arbre et les branches 35 mm
La stratégie GBL

t Phase de maintenance de l’arbre : la stratégie 3E

Il s’agit de réguler la fructifi- En effet, en fonction de l’ur-


cation en utilisant, selon les gence, on peut étudier des
variétés et les circonstances, méthodologies adaptées à la
Dessin de Jean-Marie Lespinasse

le fait de pouvoir « jouer » parcelle en « puisant » indi-


avec les trois moyens es- viduellement ou simultané-
sentiels qui sont à notre ment dans ces trois possibi-
disposition : l’Elagage, l’Ex- lités. L’acceptation et la mise
tinction et l’Eclaircissage. en place de ces deux straté-
On ne parle plus de Taille, gies conditionnent la péren-
mais on élague et/ou on nité du concept et le résultat
La stratégie 3E éteint et/ou on éclaircit ! technico-économique.

30 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Vulgarisation ]

t Formation et pédagogie
Aujourd’hui, des pro-
ducteurs qui ont mis en
l Des formules et un lexique approprié
place le concept sur leurs Il s’agit de créer des images fortes et
parcelles peuvent témoi- mémorisables, un même langage utilisable
gner des facilités et des
contraintes inhérentes à par la totalité des acteurs.
la vulgarisation de cette C’est comme si nous avions un trousseau
nouvelle vision de la de clefs, dont chacune d’entre elles
conduite de l’arbre. permettrait de résoudre une problématique
La formation des hom-
mes reste obligatoire et particulière. A ce jour, la liste « des clefs
la pédagogie employée se existantes » comme moyen d’agir est

Dessin de Jean-Marie Lespinasse


doit d’être conviviale. importante et rassurante.
Il en résulte un effet di-
rect sur les temps de t Des formules déjà utilisées
travaux qui peuvent être Une coursonne de qualité
très fluctuants d’une ex- Grosse bourse = gros fruit
ploitation ou d’une par- Une branche fruitière c’est
celle à l’autre. Avec les un bras, une main et des
densités de plantation doigts.
couramment utilisées Pour avoir une main, il faut
aujourd’hui, il est aussi un bras ! ; pour avoir des
facile de gagner 60h/ha doigts, il faut une main !
que de les perdre. La main, c’est la force l’homme mais l’arbre ne la même gâteau, les parts sont
centrifuge veut pas plus grosses !
Bruno HUCBOURG La branche fruitière est Chaque brindille est « un as- L’observation, c’est 80% du
Michel RAMONGUILHEM l’unité de réflexion et de pirateur » ou « une pompe ». travail
travail Face à la faiblesse, on Ne pas confondre « nom-
La dominance apicale, éteint ! bre de points d’insertion » et
c’est « le chef » ; quand il y Face à la vigueur, on élague, « nombre de branches fruitiè-
a plusieurs dominances, il y on supprime du bois, de la res » sur le tronc
[ en savoir ] plusieurs chefs et c’est pas feuille, du poumon ! L’arbre a besoin de lumière,

plus bon !
Les branches qui ont un
diamètre < 10mm sont « des
L’arbre a deux parties, une
partie productive (branches
fruitières) et une partie fores-
le fruit a besoin de la porosité
à la lumière ; L’eau, l’air, la lu-
mière = la vie.
8 points merdouilles ! » qu’il faut tière (réitérations) L’ombre des arbres au sol
sur lesquels supprimer
L’horizontalité est la pire
Quand il y a trop de boutons à
fruits rapprochés, c’est comme
est tachée de lumière ; il faut
voir « le léopard » couché sur
le concept des arcures ; une branche une conduite de goutte à gout- la ligne.
permet d’agir ou bien la terminaison de
l’arbre à l’horizontale, peut
te avec trop de goutteurs et
une faible pression ; en dimi-
C’est bien joli d’avoir une
cheminée ou un puits de lu-
1 L’alternance de production
provoquer l’apparition d’un
bosquet ! (trop plein de
nuant le nombre de goutteurs
(entendre : si l’on fait de l’ex-
mière, mais il faut faire atten-
tion qu’ils ne soient pas bou-
2 La trop grande faiblesse réitérations)
On arque une branche
tinction) on augmente la pres-
sion sur les goutteurs restants
chés à l’entrée
La lumière doit passer hori-
3 La trop grande vigueur quand sa longueur atteint ± (entendre : sur les boutons zontalement et verticalement

4
le milieu de la distance en- restants). entre les structures de l’arbre
L’équilibre de l’arbre tre 2 arbres Dans le même sens : Quand L’élagage fabrique de la

5
La taille est une idée de on est moins à manger sur le lumière
La régulation de la
fructification pour une t Des mots qui sont entrés dans le jargon au verger :
pérennité de la production Satellisation : répartition lumière » : Nettoyage des 1ers branche fruitière. Au même

6 La restructuration
de parcelles
spatiale des sites de pro-
duction ; distribution ou dis-
centimètres de chaque bran-
che et des petites branches
titre qu’il faut une cheminée
ou puits de lumière, il faut
persion homogène des si- directement insérées sur le également nettoyer les com-

7 La coloration et le calibre
tes de production avec suf-
fisamment de distance entre
tronc, créant un centre de
l’arbre propre pour le passa-
missures pour le passage de
la lumière, verticalement et
eux, dans tout le volume de ge de la lumière. horizontalement.
8 L’homogénéité
de la récolte
l’arbre.
« Cheminée » ou « puits de
Commissures : Toutes les
bifurcations présentes sur la
Egourmandage : supprimer
les gourmands

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 31


[ Economie ]
[ Economie ]
[ mise en oeuvre et prix de revient ]

Quel coût pour la conduite


centrifuge
La technique de taille avec extinction manuelle implique de modifier l’approche traditionnelle
de la taille et conduit à une redéfinition des temps d’intervention en verger et des coûts.

L
e déroulement de la de marché où la concur- teur soit convaincu de sa centre de l’arbre, le choix
dernière campagne, rence des pays à faible coût faisabilité mais il faut aussi judicieux des branches frui-
avec ses incohérences de production est beaucoup dégager des priorités (va- tières, l’extinction de bour-
amène interrogations et in- plus forte). riété, zone de l’arbre). Il geons floraux.
quiétudes pour le proche Il faut donc tenter d’amélio- faut enfin garder à l’esprit Si les deux premiers points
avenir. Dans le contexte rer la qualité de notre pro- lors de la réalisation que le sont réalisables et faciles à
fortement concurrentiel de duction, sans pour autant mieux peut devenir l’ennemi mettre en œuvre avec les
la production actuelle, il en augmenter le coût de du bien, ceci afin de rester outils traditionnels de la
est tentant de vouloir «res- revient, et cela, même si dans des temps de travaux taille (scies, sécateurs), le
serrer les boulons» pour l’énoncé de ce principe nous acceptables dans la réalité dernier impose quant à lui,
réaliser des économies et rapproche de la quadrature du contexte de production. de travailler directement
limiter ainsi le coût de pro- du cercle ! avec les mains et représente
duction. Mais n’est-il pas La technique de taille avec t Les trois principes un obstacle nettement plus
illusoire de vouloir se bat- extinction manuelle impli- de la conduite difficile à franchir. Ceci à
tre sur ce critère ? sachant que de modifier l’approche La conduite proposée par 2 niveaux : d’un point de
qu’à ce jeu, on trouve tou- traditionnelle de la taille Mafcot a démontré tout son vue culturel, car certains
jours moins cher que soi, en exigeant l’usage des intérêt quant à l’augmenta- tailleurs acceptent mal de
y compris chez nos plus mains pour peaufiner le tion de critères qualitatifs devoir travailler sans séca-
proches voisins européens. travail réalisé avec les outils tels que calibre et colora- teur, mais également d’un
Alors que faire ? Par une classiques. tion. Elle apporte sur ces point de vue économique
analyse plus fine du mar- Même si cette technique points un réel progrès grâce car on imagine que sans les
ché, nous constatons ac- peut paraître déroutante à une meilleure répartition outils, le temps passé peut
tuellement une dévalorisa- lors de sa mise en oeuvre, de la vigueur dans l’arbre. devenir prohibitif. Dans
tion beaucoup plus impor- elle est réalisable à grande Elle repose sur plusieurs tous les cas, néanmoins, la
tante des marchandises de échelle. Pour cela, il faut principes : la réalisation première étape consiste à
deuxième choix (segment avant tout que le produc- d’un puits de lumière au convaincre le producteur

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32 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247
[ Economie ]

@KI=EJA@A?=OP=JCO*=*O*).0-,,>ANCAN=?(BN=J?A)P‰h*,11/./1,,4)B]t,11/.0,.54
lui-même. Quand celle-ci est a été développée. Un pre- ceux disposés en latéral des
franchie, beaucoup de cho- mier passage pour réaliser brindilles de 2 ans, sont >q_gauaC]h]£
Oeiikjo_kr
ses deviennent possibles. l’intervention au sécateur souvent trop nombreux.
(ablation des branches et Quels sont les temps de
t Techniques de mise des réitérations, nettoyage travaux générés par ce type
en œuvre et temps du puits de lumière), suivi, d’intervention ? Les relevés
d’intervention dans un deuxième temps, réalisés sur de nombreuses
Connaissant les obstacles par une autre équipe (non parcelles de pommiers pour
au développement de cette équipée de sécateurs mais la variété Gala permettent
conduite, il s’agissait de seulement de gants) spécia- d’afficher les temps de taille
proposer une mise en œu- lisée sur l’extinction. Cette suivants pour le bas des ar-
vre qui la rende réalisable technique d’intervention en bres :
à grande échelle. Il a fallu 2 temps a permis de réaliser - taille d’élagage, entretien
pour cela dégager des prio- un travail plus soigné mais du puits de lumière : 35 à
rités, tant en terme de va- également d’employer du 40 h/ha ?d]hhajcan£
riétés qu’en zones d’arbre personnel pour la pratique - extinction manuelle des @]her]en_kr
à traiter. Les gains escomp- de l’extinction qui n’avait bourgeons à fleurs : 40 à
tés avec cette conduite de pas de qualification et 80 h/ha
l’arbre ont amené à privilé- n’aurait pu réaliser la taille La variation dans les heu-
gier son application sur la des arbres. Le temps d’in- res passées à l’extinction
variété Gala, variété pour tervention s’est avéré être manuelle, s’explique par
laquelle tout gain de colo- le même que l’on choisisse la rigueur plus ou moins
ration et de calibre amène d’intervenir en un ou deux poussée apportée à ce tra-
une nette amélioration de temps. vail. Une parcelle où le
la valorisation. Par ailleurs travail d’extinction a été
afin de limiter les temps t Un investissement réalisée en 80 h/ha pour le
d’intervention, il est apparu rentable pour certaines bas des arbres supportera
judicieux de focaliser notre variétés facilement un intermède de
BqfeVdaj£
=vpa__kr
intervention, au moins dans Depuis la mise en place de 2 ans avant l’intervention
Ñ

un premier temps, dans la taille longue, l’évolution manuelle suivante. Il faudra


le bas des arbres, zone où s’est progressivement faite donc compter en moyenne
les critères de coloration et vers une conduite avec des 40 h/ha/an de travail sup-
de calibre méritent souvent branches très simplifiées ap- plémentaire. Ce surcoût de
d’être améliorés. pelées «branches tubes». La travail pour une production ^pŠib`qflkkŠmlroslrpÅ
Différentes approches de mise en œuvre du processus de 60 000 kg par hectare
réalisations pratiques ont de transformation du verger est alors estimé en moyenne
lale<_]op]jc*bn sss*_]op]jc*bn

été essayées mais toujours de la taille en branches tu- à 0,6 centimes d’euro par
en période hivernale. Soit bes jusqu’à la conduite cen- kilo. Nous pensons, dans
passer en un seul temps, trifuge s’est le plus souvent ces conditions, que cet in-
dans ce cas le travail au sé- étalée sur 2 campagnes. Le vestissement est largement
cateur est d’abord réalisé premier hiver, le puits de lu- rentable pour une variété
sur l’arbre puis le tailleur mière est réalisé, les ramifi- comme Gala. Par ailleurs,
travaille directement avec cations sur les branches sont nous avons constaté que
ses mains, afin de pratiquer préservées, on commence à la pratique de l’extinction
l’extinction. Avec cette for- diminuer le nombre de bran- permettait de réduire le plus
mule, il a été constaté que ches par l’ablation des plus souvent le temps d’interven-
l’opérateur est moins libre frêles. Le deuxième hiver, les tion consacré à l’éclaircis-
de ses mouvements puis- principes appliqués la pre- sage manuel.
qu’il remet difficilement mière année sont maintenus
son sécateur au baudrier. Le et intensifiés, l’extinction
travail d’extinction est alors manuelle est réalisée. Elle
moins soigné. Pour pal- concerne principalement le Bernard CRESPEL
lier à cet inconvénient, une bout des branches, zone où avec la collaboration
mise en oeuvre en 2 temps les corymbes, en particulier de Dominique THIERY

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 33


[Prospectives]
[ Prospectives ]

[ Arbres sur propres racines ]

Vers un nouveau type de verger


Certaines variétés cultivées sur leurs propres racines peuvent donner des résultats
agronomiques satisfaisants dans un contexte de verger à faibles intrants.
Le système racinaire est le
meilleur moyen de maîtriser
de façon pérenne le volume
de l’arbre et la précocité de
production. Les porte-greffe
faibles permettent la mise
en place d’un verger dense,
à mise à fruit rapide et donc
un retour sur investissement
rapide. Le corollaire de cette
réduction de croissance de
l’arbre est une plus grande
fragilité à la casse au vent,
notamment quand l’arbre
est chargé en fruit, et donc
l’obligation du palissage.
Par ailleurs, pour la plupart

(Crédit PE Lauri)
des porte-greffe conven-
tionnels, notamment peu
vigoureux, la maîtrise de la
charge en fruits est cruciale
sous peine d’entraîner ra-
X.3426 de greffé sur Pajam 2 (gauche) et sur propres racines (droite). Les arbres sont âgés de 5 ans
pidement une baisse de la
qualité des fruits et une al- pays émergents, à faibles - une floraison terminale stations CIREA de Fran-
ternance de production. coûts de production en pri- fréquente, régulière et puis- chemont et de Frégimont
vilégiant la production de sante qui est un moyen (Bassin Grand Sud-Ouest),
t Une idée incongrue ? fruits de qualité. Il pourrait de contrôler la vigueur de l’INRA de Montpellier a
C’est à la suite de ces ainsi être particulièrement l’arbre, mis en place, en 2000, un
constats que l’intérêt agro- adapté à différents profils - une fructification naturel- essai comparatif2 d’une col-
nomique pour des arbres de marchés : marchés de lement modérée, lection de génotypes (dont
plus vigoureux, voire sur niche, à circuit commercial - une forte aptitude naturel- 3 nommés depuis, Ariane,
propres racines, s’est dé- court, valorisant des varié- le à l’auto-éclaircissage des Pitchounette, Verline) issus
veloppé. Ces arbres pour- tés de pommes de qualité fleurs et jeunes fruits dans des schémas de sélection
raient être intégrés à un et rustiques ; Agriculture le corymbe (« caractère un INRA (Bordeaux, Angers)
type de verger différent du Biologique, jus de fruit et fruit par inflorescence »). greffés sur porte-greffe Pa-
verger actuel : faible densité pommes à couteau. D’autres caractères (résis- jam 2 et Sur Propres Raci-
de plantation (4 à 5 m x 2 tance aux maladies et ra- nes (SPR). Chaque combi-
à 2,5 m, soit 800 à 1250 t L’impératif du choix vageurs, qualité des fruits) naison génotype/système
arbres/ha), probablement du matériel végétal1 doivent bien entendu être racinaire compte 10 arbres.
moins exigeant en intrants Un tel verger ne peut se associés pour confirmer Les résultats de production
(eau, azote), nécessitant un concevoir que si il est basé l’intérêt agronomique et la sont présentés ici par un
palissage léger, entrée en sur un matériel végétal pertinence économique de nombre moyen pour les
production plus lente. Ce adapté. En 2000 Jean-ma- ce type de verger. 10 arbres. Les distances de
concept de verger ne répond rie Lespinasse et collègues plantation sont les mêmes
pas forcément au contexte déterminait 4 critères mor- t Un essai mis en place pour tous les arbres : 5 m
de productivité lié à la gam- phologiques à prendre en pour étudier le comporte- x 2 m. Les arbres n’ont
me variétale actuelle. Il peut compte pour la réussite agro- ment physiologique subi aucune opération de
toutefois être envisagé en nomique d’un tel verger : et agronomique2 taille depuis la plantation,
réponse à l’augmentation - une ramification acrotone Parallèlement à des implan- excepté la suppression des
de la production venant de et un port étalé / retombant, tations réalisées dans les branches en-dessous de 80

34 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Prospectives ]

l Graphique 1 l Graphique 2

Différence de production SPR - greffé


Production cumulée 2001 - 2004 sur propres

sur Pajam 2 (kg/arbre)


racines (kg / arbre)

Différence de production entre arbres SPR et arbres greffés


Production cumulée de pommes pour les années 2001 à sur Pajam 2, par année et pour 8 génotypes. La ligne en gras
2004, pour 8 génotypes SPR et greffés sur Pajam 2 (INRA d’ordonnée 0 indique une production identique entre les arbres
Montpellier). La diagonale indique une production cumulée sur les 2 systèmes racinaires ; les valeurs positives indiquent une
identique pour les arbres greffés et SPR. production plus élevée pour SPR.

cm en 2000 et 2001 sus- que distingue clairement les concept d’arbre sur leurs [ bibliographie ]
ceptibles de gêner le désher- génotypes à fort potentiel propres racines dans un ver- 1 J M Lespinasse, L.
bage sur le rang. Un éclair- de production en SPR des ger plus extensif n’est inté- Fouilhaux, PE Lauri 2000.
cissage chimique léger a été génotypes à faible poten- ressant agronomiquement Pommier - Cultivé sur ses
réalisé uniquement en 2001 tiel, ex. X.3263 opposé à que pour certains génoty- propres racines? Réussir Fruits
& Légumes 183 p.56-57.
et 2002. X.3454. Il confirme égale- pes. Ces génotypes sont 2 Cet essai a également servi
En cinquième année de ment l’entrée en production plutôt à type retombant de support à deux thèses
croissance au verger (2004) plus tardive des arbres SPR: (Type de fructification IV) approfondissant des aspects
le volume des arbres SPR excepté X.3263, tous les gé- et sont caractérisés par une plus physiologiques entre
était 3 à 4 fois plus impor- notypes ont moins de fruit bonne aptitude au retour à 2001 et 2004 : fonctionnement
tants que les arbres greffés en SPR que sur arbres gref- fruit bourse-sur-bourse4. On foliaire, par C. Massonnet,
(voir photo). Pour les SPR il fés en 3ème année en verger. montre dans le même temps (directeur de thèse J.L.
Regnard) ; interactions
apparaît alors que la distan- On note par ailleurs que que d’autres génotypes ne appareil racinaire - appareil
ce de 2 m sur le rang devrait les écarts, positifs ou néga- sont pas adaptés à ce type aérien, par E. Villanueva
être augmentée à 2,3 ou 2,5 tifs, entre SPR et greffé sur de verger. (directeur de thèse E. Costes).
m selon le génotype. Pajam 2 ont tendance à se Bien entendu, ces résultats 3 Voir la série de fiches
Le graphique 1 montre le creuser avec le temps. En sont à relativiser car ils n’in- sur la conduite des variétés,
cumul de production 2001- d’autre terme, un diagnos- tègrent pas les manipula- parues depuis 2003. Une des
dernières porte sur « Reine des
2004. Nous pouvons distin- tic précoce de production, tions agronomiques (arcure,
Reinettes », Réussir Fruits et
guer 3 groupes. Le premier en 3ème année, donne une extinction etc.) qui permet- Légumes, n°233, octobre 2004.
est constitué de génotypes bonne idée des évolutions tent de maîtriser en partie 4 Ce travail se poursuit
à plus fort potentiel en futures. vigueur et mise à fruit de dans le cadre d’un diplôme
SPR que greffé : X.3263, l’arbre. Il nous paraît donc d’ingénieur diplômé par
X.3424, X.3426. Le second t Une recherche en cours important de poursuivre ce l’état (DPE ; Jean-Marc Ebel,
groupe est constitué de gé- Les groupes MAFCOT met- travail dans un cadre expéri- INRA Montpellier). 2 articles
scientifiques sont en cours
notypes à potentiel relati- tent l’accent sur l’importan- mental en intégrant notam- de publication sur le sujet :
vement équivalent sur les ce d’une conduite adaptée ment notre réflexion actuel- K Maguylo, PE Lauri
deux systèmes racinaires : au cultivar3 : selon les par- le sur la conduite SALSA 2005. Growth and Fruiting
X.3305, Ariane, Pitchou- ticularités de croissance, de travaillée actuellement par Characteristics of Eight
nette, Verline. Le troisième ramification et de floraison quelques collègues Mafcot Untrained Genotypes Assessed
est constitué de génotypes de l’arbre, certains éléments et qui semble particulière- on Both M.9 and Own-Rooted
à plus faible potentiel en de la conduite sont plus ou ment adaptée à ce matériel Trees in Southern France. Acta
Horticulturae (Colloque ISHS
SPR que pour l’arbre greffé moins importants. Nous végétal (voir article SALSA - Hongrie, Juin 2004).
: X.3423, X.3454. montrons clairement ici que p 36). PE Lauri, K Maguylo, Trottier
Le graphique 2 montre les le choix initial du système C. 2005. Architecture and size
différences de production racinaire et des distances de Pierre-Eric Lauri, Jean-Marie relations – An essay on apple
entre l’arbre SPR et l’ar- plantation est primordial. Lespinasse, Karen Maguy- (Malus Xdomestica Borkh.)
bre greffé, pour les années Ces résultats sur arbres en lo, Didier Pouzoulet, Didier tree. American Journal of
Botany.
2001 à 2004. Ce graphi- port libre montrent que le Méry, Jean-Marc Ebel

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 35


[ Prospectives ]

[ UN VERGER PLUS LIBRE ]

SALSA ou le Système d’Arbre


Libre Sans Artifice .
Les évolutions depuis 30 ans conduisent à
proposer des concepts de gestion de l’arbre
en verger plus respectueux de sa physiologie

A
ujourd’hui, la renta- des producteurs : que faire,
bilité d’une parcelle pour être là demain en vi-
de pommier quelle vant de son activité ?
que soit la variété, est étroi-
tement liée au modèle de t Peut-on aller plus
plantation à haute densité : loin que la conduite
des densités comprises en- centrifuge ?
tre 1600 à 2500 arbres/ha Les réflexions du groupe
sont courantes et semblent Mafcot se sont développées
consensuelles depuis déjà jusqu’ici à partir d’un prin-
plusieurs années, en Fran- cipe de base, mieux com-
ce comme à l’étranger. En prendre le fonctionnement
terme de retour d’investisse- de la plante dans son état
La variété Pitchounette en SALSA : un volume
ment, l’objectif est d’obtenir originel (sans intervention maîtrisé et producteur de fruits
un tonnage cumulé de 100 de l’homme), pour mieux
à 120t/ha dans les 5 ans appréhender ses réactions l’unanimité dans le verger - Evaluer dans le temps
après la plantation. aux techniques de conduite dit « moderne ». Pourtant, le l’évolution d’un arbre
Le marché et le prix de la classique (taille, arcure,…) comportement buissonnant moins « formé » (vigueur,
pomme sans perspective mais également pour déve- naturel de certaines variétés volume, valeur et pérennité
d’amélioration, le coût de la lopper de nouvelles inter- avec une mise en place ra- des coursonnes, etc…).
main d’œuvre et de l’éner- ventions, comme les extinc- pide de la fructification ter- - Réduire les coûts d’in-
gie (donc le coût de pro- tions artificielles. La condui- minale laisse à penser que vestissement et sur-
duction) en augmentation te centrifuge, à elle seule, a les contraintes (un seul axe, tout de production.
constante, l’incidence des su synthétiser et créer une arcures, formation rigoureu- - Un arbre « plus libre » qu’il
risques climatiques sur l’in- véritable synergie entre se) deviennent pénalisantes
vestissement, « l’élection du ces différentes évolutions : en terme de comportement
producteur » pour produire nouvelle gestion de l’arbre physiologique de l’arbre
une variété de club et les (recherche de l’acrotonie, (réactions végétatives) et
indices qui font apparaître cheminée de lumière,…), de dépense d’énergie pour
des concurrences de plus nouvelle gestion de la bran- le producteur (temps de
en plus importantes sur un che (complexe), de la cour- travail).
marché mondialisé, autant sonne (extinctions), du fruit
de paramètres susceptibles (périphérique) … Son adap- t Des connaissances
de provoquer un change- tation aux différents contex- à approfondir et des pis-
ment radical dans les pro- tes de production est main- tes à expérimenter
chaines années, voire à très tenant aux mains des tech- - Aller plus loin dans la
court terme, notamment en niciens de développement connaissance du com-
ce qui concerne la notion de et de leurs producteurs. portement naturel de
« type de verger rentable ». Mais la réflexion amont a- l’arbre en fonction de la
Autant dire qu’il serait sans t-elle été complètement dé- variété et de l’environne-
doute temps de réfléchir à veloppée ? Et plus particu- ment (pédo-climat mais
des solutions techniques lièrement celle concernant aussi type de verger).
ou plutôt technico-écono- la gestion naturelle de la
miques, qui permettraient ramification de l’arbre et Granny Smith
de donner des réponses co- l’arrivée de la fructification. en port libre :
une ramification
hérentes à un souci de plus En effet l’axe vertical et tou- naturelle à exploiter
en plus présent dans l’esprit tes ses déclinaisons, font
pierre eric lauri

36 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Prospectives ]

Bruno HUCBOURG
Bruno HUCBOURG

nous faut apprendre à gérer


dans le temps et l’espace.
- Une densité de planta-
tion en adéquation avec le
comportement naturel de la
variété et la vigueur confé-
rée par le système racinaire.
- Un verger avec le moins
d’intrants possibles, en ter-
me d’investissement et de
maintenance, et permettant
une assistance mécanique
facilitant la mise en œuvre
des méthodes culturales.
Pitchounette en forme libre Granny Smith en deuxième feuille : une
t Imaginons occupation naturelle et rapide de l’espace
de nouvelles formules
Le concept SALSA : un Sys- riétés présentant des carac- Ce verger pourrait être de plus en plus discutable.
tème où l’Arbre est conduit tères particuliers et qui sont adapté à plusieurs marchés Laissons le mot de la fin à
de façon plus Libre, Sans intégrés à des degrés divers (frais, transformation). Chateaubriand, « Qui vit
méthodes Artificielles trop dans les schémas actuels de sans folie n’est pas si sage
contraignantes. sélection : port acrotone, t Mythe ou réalité ? qu’on croit ».
- Un arbre où le nombre tendance à un fruit/inflores- Un groupe de travail, au
d’axes n’est pas imposé par cence, résistances diverses sein de MAFCOT, travaille
l’homme mais varie en fonc- vis à vis de maladies et de dans ce sens, avec l’humi-
tion de ses caractéristiques parasites majeurs, système lité et le temps qu’il faudra,
variétales et de son poten- racinaire plus autonome mais en étant convaincu que Bruno HUCBOURG
tiel de vigueur. Cette rami- permettant un moindre ap- le modèle du verger actuel Michel RAMONGUILHEM
fication naturelle s’exprime port d’eau. peut devenir rapidement Pierre-Eric LAURI
dans un plan ou un volume,
dans lequel il s’agira d’éla-
guer ponctuellement des
branches, pour améliorer la
pénétration de la lumière et
l’occupation de l’espace ou
pour contrôler la charge en
fruit.
- Un arbre sur porte-greffe
de vigueur moyenne, fa-
cilitant l’installation du
verger dans plusieurs ty-
pes de sol, et pourquoi
pas sur ses propres racines
avec mise à fruit rapide.
- Un verger d’une hauteur
maximale de 3,00m avec
une densité de 1000 à 1200
arbres capable de produire
autant que le verger actuel à
haute densité.
Ce concept pourrait être op-
timisé par la sélection de va-

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 37


[ Sociologie ]
[ Sociologie ]
[ Recherche et filière ]

Pour de nouvelles formes


de coopération
Mafcot est un exemple de relation dynamique constructive
entre la recherche et le monde professionnel. Regard sociologique.

L
a transformation des en tant que tel. En effet, si aucune entité juridique. sultats obtenus en verger ou
systèmes de conduite le groupe se réunit, ce n’est Mafcot se veut un groupe tester des idées nouvelles.
en verger ne peut pas pour développer des re- restreint, composé de per-
s’expliquer sans le travail, cettes de conduite ou pour sonnes disposées à être acti- t Renouveler les
le dialogue et les efforts faire du développement, ves aussi bien sur le plan de modalités d’innovations
d’individus et de collectifs. mais pour arriver à une la réflexion que sur le terrain et de partenariats
Les groupes Mafcot y ont meilleure connaissance de dans la mise en place d’es- La coopération entre cher-
contribué ces dix dernières l’arbre afin de mieux agir. sais et la mise à l’épreuve de cheurs et acteurs du monde
années grâce aux échanges Ce point n’est pas incom- connaissances. Chacun est professionnel est en crise,
entre chercheurs, techni- patible avec un devoir de là à titre individuel et non disions-nous au début de
ciens de développement suivi sur le terrain, qui dé- pour représenter sa structu- cet article. « L’INRA se sent,
et de l’expérimentation. A coule du travail de chaque re. Chacun doit donc s’im- d’une certaine façon, orphe-
l’heure d’une crise de coo- membre du groupe dans sa pliquer personnellement et lin du monde agricole et, de
pération entre scientifiques structure professionnelle. concrètement. L’animation, son côté, le monde agricole
et acteurs du monde pro- Pour atteindre cet objectif, assurée depuis l’origine se sent coupé de la science »
fessionnel1, c’est aux condi- un accord sur des présuppo- par un chercheur, INRA en (B. Hervieu, ex-président
tions d’émergence et aux sés de base est nécessaire. l’occurrence, bien loin de de l’INRA3). Recherche et
modalités de tels échanges Tous partagent l’idée selon refléter des rapports hiérar- monde agricole sont sou-
que nous devons réfléchir. laquelle conduire un arbre chiques, est au contraire ga- vent séparés par un « fossé
Pour ce faire, nous nous ap- signifie l’accompagner, et rante d’un fonctionnement culturel » : connaissances
puierons sur l’expérience du non le contraindre dans collégial. pointues mais parcellaires
groupe Mafcot pommier. une forme géométrique et Un consensus n’est pas im- pour la première, approche
structurée parfois éloignée posé, il se dégage à partir globale et donc confron-
t Les conditions d’émer- de son port naturel2. Cette des confrontations et des tation à la complexité des
gence d’une dynamique approche développée de- discussions. Tous les partici- interactions pour le second.
d’échanges au sein du puis une trentaine d’années pants n’ont pas les mêmes Or, la nécessité pour le
groupe MAFCOT pommier par J-M Lespinasse (INRA fonctions, mais chacun re- chercheur de contribuer au
Pour créer puis proposer Bordeaux) puis en collabo- connaît la complémentarité développement est réguliè-
quelque chose, il faut au ration avec P-E Lauri (INRA de l’autre. rement rappelée4. Une rela-
départ un objectif com- Montpellier) fait suite à Les chercheurs apportent tion classique entre recher-
mun. Celui-ci est double : de nombreuses observa- leurs connaissances scienti- che et acteurs du monde
expérimenter de nouvelles tions du « comportement » fiques de la biologie et de professionnel relève d’une
formes de collaborations des différentes variétés de la physiologie de l’arbre, les « démarche descendante »
entre personnes provenant pommiers. techniciens de développe- (de la recherche vers les
de disciplines et d’orga- C’est à partir des réseaux de ment, de par leurs contacts utilisateurs) de transmis-
nismes divers et, sur le J-M Lespinasse (qui aimait journaliers avec les produc- sion des connaissances et
plan technique, améliorer confronter ses idées de teurs, connaissent les soucis résultats. L’hypothèse sous-
la qualité et la régularité conduite auprès des techni- et les besoins de ces der- jacente est que la produc-
de la production. Pendant ciens et des producteurs), et niers, et mènent des essais tion de connaissances théo-
plusieurs années, les idées autour de fortes personna- chez eux. riques trouvera au final des
fortes du groupe ont tourné lités, que Mafcot s’est créé. Quant aux techniciens applications indépendam-
autour de l’extinction et L’antériorité des relations à d’expérimentation, intégrés ment de l’état des connais-
de la conduite centrifuge. la création du groupe expli- dans un second temps, ils sances ou des questions des
Si tous les problèmes ne que probablement les rela- mettent en place, en station praticiens. Dans ce schéma,
sont pas encore résolus, ils tions durables entre les diffé- expérimentale ou chez les on ne considère comme
concernent désormais plus rents participants, marquées producteurs, des protocoles questions pertinentes, en
une problématique de dé- par la confiance et l’absence plus lourds afin de valider terme de recherche ou d’ex-
veloppement que le groupe de contrat, Mafcot n’ayant expérimentalement des ré- périmentation, que celles

38 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Sociologie ]

dont on sait a priori qu’il t Mafcot : un exemple et d’autres trajectoires, s’impliquer. Le jour où ces
existe des outils concep- de coopération efficace notamment celles des conditions ne seront plus
tuels et/ou techniques pour Tout d’abord, il s’est créé et producteurs, des techniciens réunies, le groupe n’aura
y répondre. a fonctionné quelque peu et des chercheurs (pour plus de raison d’être, car
Jusqu’à présent, l’innovation en marge des institutions, et ne citer que les acteurs comme il le rappelle lui-
s’est développée en lien parfois malgré elles, ce qui mentionnés dans ce texte). même, c’est la structure qui
étroit avec ce « modèle », issu lui a donné une certaine in- Un enjeu majeur d’une doit être au service des êtres
du productivisme. Les fortes dépendance, peu commune recherche agronomique humains et non l’inverse.
critiques, d’origines diverses, en arboriculture. Il a ainsi intégrée au monde agricole Réjane Paratte,
dont ce dernier a fait l’objet, pu se doter d’un mode de n’est-il pas de réarticuler Stéphane Bellon,
impliquent de reconsidérer fonctionnement propre. En- ces différentes trajectoires ? Pierre Eric Lauri
complètement les relations fin, le collectif ne vise pas En s’y efforçant, Mafcot
entre les chercheurs et en premier lieu à transférer redonne une certaine [ bibliographie ]
leurs partenaires, ainsi que des résultats déjà acquis légitimité aux techniciens de 1. C. Chazoule 2001. Les
processus d’innovation dans
l’orientation et les modalités d’un groupe d’acteurs vers développement souhaitant l’agriculture. Etude comparative
de mise en œuvre de un autre, ni à construire des conserver une dimension à partir de deux mises en
l’innovation en agriculture5. outils d’aide à la décision, technique dans leur culture, les cas de la trufficulture
Or l’invention comme mais plutôt à confronter métier, malgré une dérive et de l’arboriculture fruitière.
l’innovation sont par leurs idées, à réfléchir en- possible de celui-ci vers une Ecole Nationale Supérieure
définition peu prévisibles, semble à de nouvelles pis- bureaucratisation. Mafcot Agronomique de Montpellier,
Montpellier (thèse).
dérangeantes, et d’ailleurs tes en matière de conduite donne aussi un espace de
2. J-M Lespinasse , Leterme
souvent combattues avant du pommier, tout en les créativité et d’action aux E. 2005. in De la taille à la
d’être éventuellement mettant à l’épreuve sur le chercheurs souhaitant mener conduite des arbres fruitiers,
acceptées puis défendues. terrain. une recherche finalisée sur J-M Lespinasse, E. Leterme
Toutefois, il est désormais Un dernier élément mérite l’arbre en verger. éditeurs, Editions du Rouergue,
admis que l’innovation est le notre attention : l’absence Paris.
résultat d’un apprentissage des producteurs dans le t Ne pas trop structurer  3. B. Hervieu 2003. « Un
l’arbre…ni le groupe sociologue à la présidence de
interactif. Face aux multiples groupe. Ceux-ci étant les l’INRA : hasard et nécessité ».
enjeux et objectifs auxquels plus concernés et les pre- La constitution du groupe Entretien avec B. Hervieu.
l’agriculture est confrontée, miers à prendre des risques, a été possible, nous l’avons Propos recueillis par M. Jollivet,
il est normal et nécessaire pourquoi ne participent-ils vu, grâce à des éléments Natures Sciences Sociétés 11, p.
que cet apprentissage pas aux réunions Mafcot ? historiques, techniques 179-189.
interactif prenne de multiples Le groupe craint que leur et relationnels, qui sont 4. M. Sebillotte 1996.
formes, avec des degrés vision des choses, détermi- difficilement prévisibles ou Les mondes de l’agriculture.
Une recherche pour demain.
variables d’implication des née par des conditions éco- reproductibles à l’identique Sciences en questions. INRA
acteurs, d’interactivité entre nomiques et agronomiques, mais qui ont essaimé sur éditions, Paris ; Hervieu B. 2003.
partenaires et de durée soit un frein à des idées au d’autres espèces fruitières et Enseignements, convictions et
de l’engagement6. Ces premier abord un peu « far- fécondé d’autres groupes. Il ambition : de la prospective à la
partenariats débouchent felues ». Si le groupe élabo- est toutefois probable que ce stratégie. INRA Mensuel, octobre
généralement sur la diffusion re des propositions concrè- type d’organisation n’a pas 2003, p.12-30.
5. C. Béranger, C.
des acquis de la recherche tes en verger, il se veut avant avantage à trop se structurer.
Compagnone, P. Evrard,
vers les acteurs concernés, tout un groupe de réflexion, Mafcot craint qu’une J. Bonnemaire 2001. Bilan
et/ou la mise au point, pour dont les débats parfois vi- institutionnalisation du et prospectives. Recherche-
les usagers, d’expertises, rulents ne concernent pas groupe s’accompagne d’une Agriculture-Territoires : quels
de recommandations, voire toujours les producteurs lourdeur administrative partenariats ?. INRA ; J. Boiffin,
de normalisations. Si la dans l’immédiat. Cepen- et par conséquent d’une N. Durand, B. Hubert 2004.
démarche descendante reste dant, la mise en place d’es- réactivité et d’une capacité « La transformation des
systèmes d’innovation, de
très présente, des expérien- sais chez les producteurs et d’innovation moindre. Une recherche-développement et de
ces avec une forte interac- l’adaptation à grande échel- idée pour être reconnue développement », Alimentation
tivité entre chercheurs et le des propositions Maf- devrait alors passer par le Agriculture Environnement
acteurs du développement cot permettent d’intégrer schéma développé par les INRA : Agriculture et
agricole existent, en particu- leurs commentaires et leurs organismes plus officiels Développement Durable. Enjeux
lier dans le domaine de la interrogations. et ne serait validée que et questions de recherche.
génétique et la sélection des Cet exemple est une plusieurs années plus tard. 6.Cette typologie a été
établie par C. Béranger, C.
plantes et des animaux, et illustration de la forme D’autre part, ce genre de Compagnone, P. Evrard,
de l’aménagement forestier. que peut prendre un collectif n’a pas forcément J. Bonnemaire 2001. Bilan
C’est, semble-t-il, ce second partenariat véritablement vocation à se pérenniser, et prospectives. Recherche-
type de partenariat que interactif entre recherche car il fonctionne grâce à Agriculture-Territoires : quels
l’INRA souhaite renforcer7. et monde professionnel. Il la convergence entre un partenariats ?.- INRA.
La spécificité du groupe met également en lumière questionnement précis, 7. P. Evrard, G. Vedel. 2003.
Développement agricole:
Mafcot semble tenir aux élé- le lien très étroit entre la des réponses potentielles
réinventer le modèle à la
ments suivants. transformation des vergers et des personnes prêtes à française, Demeter.

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 39


[ Innovations ]
[ Innovations ]
[ marges de progrès ]

Une démarche finalisée


et prospective
L’évolution vers une agriculture durable doit explorer et valoriser la
diversité génétique, mais également accroître les connaissances sur
l’arbre dans son milieu.

D
e nombreux thèmes maîtrise de la régularité de (système racinaire, cultivar), ajustement entre différents
ont été traités dans la production et de la qua- des distances de plantation, éléments ayant chacun un
ce numéro. Ils sont lité du fruit. Cette dernière des stratégies de conduite effet partiel. Au-delà des ef-
déclinés à des degrés divers s’entend d’ailleurs différem- de l’arbre ne suffisent pas. fets de mode, notre contri-
sur plusieurs espèces frui- ment selon la production Ce numéro spécial déve- bution s’inclut pleinement
tières de climat tempéré, considérée : calibre, colora- loppe notamment l’intérêt dans le mouvement actuel
abordant des aspects techni- tion, fermeté, aptitude à la économique et écologique vers une arboriculture ren-
ques mais aussi des aspects conservation pour les fruits (réduction des intrants no- table, plus économe, respec-
sociologiques, validant des de table en général ; richesse tamment phytosanitaires) tueuse de l’environnement
acquis mais aussi posant de en sucre, acidité, amertume d’un meilleur couplage en- et de sa biodiversité pour
nouvelles questions. pour la pomme à cidre par tre conduite et irrigation- préserver notre futur.
Et maintenant ? Il semble exemple. fertilisation (p.24) ou de
important de rappeler ici Les réseaux Mafcot, tra- la maîtrise des intéractions t Une démarche
que si l’essentiel du travail a vaillant sur différentes espè- entre architecture de l’arbre, prospective
été développé sur l’existant, ces, ont proposé des pistes phénologie et maladies, et Doit-on en rester là ? Non.
une part de notre réflexion innovantes de conduite. Sur ravageurs (p.15). L’enjeu est d’ouvrir d’autres
est également prospective. verger commercial à haut Le bon ajustement des dif- voies en stimulant créativi-
potentiel de production les férentes pièces du puzzle té, esprit de recherche et va-
t Un travail sur l’existant itinéraires proposés redis- que constituent le verger et lidation en situation réelle.
En 1946, Lepage rappelait tribuent le temps de travail son environnement est un Le défi est parallèlement de
déjà la nécessité de «l’abais- dans la saison et dans la vie objectif essentiel de notre proposer dès maintenant
sement du prix de revient du verger, ouvrant sur des recherche appliquée aux des choix techniquement
à la production… pour perspectives technico-éco- arbres fruitiers. Il s’agit possibles en confortant les
concurrencer le fruit étran- nomiques nouvelles (p.6 et d’une approche intégrée compétences techniques.
ger». La situation actuelle 32). Par ailleurs, nous pou- au sens premier du terme C’est bien le sens des mots
n’est donc pas nouvelle. Il vons envisager pour cer- où le meilleur bénéfice est « concept » et « technique »
est toutefois certain que le tains cultivars des modes de apporté non pas par une composant l’acronyme
rendement à l’hectare en conduite préservant l’archi- méthode miracle (par exem- Mafcot.
tant que tel ne suffit plus tecture naturelle de l’arbre, ple un mode de conduite) L’exemple du pommier
pour assurer l’équilibre éco- et donc économes en main- ou un produit définitif (par montre clairement l’inté-
nomique de l’exploitation. d’œuvre (p.36). Toutefois, exemple un régulateur de rêt d’explorer davantage la
Il doit s’accompagner de la les choix du matériel végétal croissance), mais par le bon variabilité génétique tant

40 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


[ Innovations ]

au niveau des caractères également être sélectionné velles variétés en parcelle de tiel génétique, méthode de
du fruit et des résistances pour ces caractéristiques sélection et d’observation, conduite de l’arbre, basée
aux maladies que des ca- propres (qualité de la pros- ou en verger de production. sur une meilleure connais-
ractéristiques de l’arbre en pection racinaire particuliè- C’est la vocation des fiches sance de sa biologie, maî-
lien avec la régularité de la rement importante dans un variétales orientées sur la trise de l’environnement du
production. contexte d’adaptation à la conduite parues dans cette verger et de la protection
sècheresse) mais aussi dans revue depuis 2003. Mais intégrée.
t Explorer et valoriser ses interactions avec la par- la connaissance sur l’arbre Ces orientations sont à la
la diversité génétique tie aérienne. La variabilité ne suffit pas. Il convient de base des actions déjà enga-
Il est frappant de constater observée dans l’influence prendre en compte, de plus gées par les groupes Maf-
que certaines notions, com- du porte-greffe sur les phé- en plus, l’environnement, cot et se situent pleinement
me celle de l’antagonisme nomènes de croissance et non seulement dans le souci dans cette interface qu’il
entre « vigueur » et fructifi- de fructification indiquent d’une agriculture préservant faut faire vivre entre recher-
cation, perdurent, alors que la nécessité d’approfon- le mileu mais aussi dans la che agronomique, expéri-
l’accès à la diversité généti- dir les connaissance dans recherche d’un matériel vé- mentation, développement
que montre clairement que ce domaine. Cette voie gétal plus robuste vis-à-vis et production. Le regard du
le caractère de fructification reste originale sur le plan des conditions de culture sociologue montre que l’ini-
terminale peut être observée international. (eau, fertilisants, bio-agres- tiative Mafcot s’inscrit dans
sur des rameaux à forte dy- seurs) et adapté à la diver- une ligne générale de par-
namique de croissance. t Accroître les sité pédo-climatique des tenariat entre recherche et
Celle-ci est même nécessaire connaissances sur l’arbre vergers. développement (voir p.38)
pour pérenniser une pro- dans son milieu Dans les deux cas, il est qui existe dans ou parallè-
duction de qualité. La voie Le gain génétique ne peut probable que l’avenir est lement aux structures éta-
développée sur le thème des être pleinement exploité dans la recherche de syner- blies. Cela semble l’élément
arbres plus vigoureux (ar- que si la recherche sur l’ar- gies optimales entre trois indispensable pour mainte-
bres sur propres racines no- bre débouche sur des outils facteurs ayant chacun un nir créativité et innovation
tamment) indique aussi que opérationnels de diagnostic effet partiel sur le résultat en arboriculture fruitière.
le système racinaire doit du comportement des nou- agronomique final : poten- Pierre-Eric Lauri

[ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247 41


[ Mafcot ]

[ références ]

Auteurs et co-auteurs
Nous tenons à remercier les personnes qui ont collaboré à la réalisation de ce
numéro, coordonné par Pierre Eric Lauri et Michel Bru
Gilles Andrey, Station cantonale d’arboriculture, St Rémy de Provence, bruno.hucbourg@grceta.fr
Morges, Suisse, gilles.andrey@ecam.vd.ch Pierre-Eric Lauri, INRA, Montpellier,
Stéphane Bellon, INRA, Avignon, lauri@ensam.inra.fr
bellon@avignon.inra.fr Jean-Marie Lespinasse, bénévole au conservatoire
André Belouin, INRA, Angers, belouin@angers.inra.fr végétal d’Aquitaine,
Jacques Besset, INRA, Gotheron, Jacques. jean-marie.lespinasse@wanadoo.fr
Besset@avignon.inra.fr Karen Maguylo, Université de Stellenbosch,
Philippe Blanc, SERFEL, St Gilles, ph-blanc@serfel.fr Afrique du Sud, karen@sun.ac.za
Pascal Borioli, GRCETA de Basse Durance, Vincent Mathieu, Ctifl, Balandran, mathieu@ctifl.fr
St Rémy de Provence, pascal.borioli@@grceta.fr Pascal Mayor, Station cantonale d’arboriculture,
Laurent Brun, INRA, Gotheron, lbrun@avignon.inra.fr Morges, Suisse, pascal.mayor@ecam.vd.ch
Alain Buffière, Chambre d’agriculture 24, Vincent Mercier, INRA, Gotheron,
Périgueux, suad.cda-24@wanadoo.fr mercier@avignon.inra.fr
Jean-Charles Cardon, Chambre régionale d’agriculture de Didier Méry, CIREA, Bergerac,
Normandie, jccardon@manche.chambagri.fr cirea-franchemont@wanadoo.fr
Guy Clauzel, INRA, Gotheron, Guy. Eric Navarro, Terroir de Crau, terroirdecrau@free.fr
Clauzel@avignon.inra.fr Gilles Orain, INRA, Angers, orain@angers.inra.fr,
Jacques Claverie, INRA, Bordeaux, Réjane Paratte, INRA, Avignon, rejane7@yahoo.com
claverie@bordeaux.inra.fr Jean Pierre Prunet, Ctifl, Creysse,
Pascal Cochet, INRA, Angers, cochet@angers.inra.fr jp.prunet.creysse@wanadoo.fr
Bernard Crespel, STANOR, Moissac, Daniel Plénet, INRA, Avignon, plenet@avignon.inra.fr
bc-stanor@wanadoo.fr Didier Pouzoulet, CIREA, Prayssas,
Xavier Crété, CEHM, Marsillargues, mr.cirea47@wanadoo.fr
xcrete@cehm.net Michel Ramonguilhem, Aquifruit, Marmande,
François Debruyne, INRA, Avignon, aquifruit@wanadoo.fr
debruyne@avignon.inra.fr Jean-claude Salles, INRA, Montpellier,
Hubert Defrance, INRA, Gotheron, salles@ensam.inra.fr
defrance@avignon.inra.fr Benoît Sauphanor, INRA, Avignon,
Francis Delort, INRA, Bordeaux, sauphano@avignon.inra.fr
delort@bordeaux.inra.fr Valérie Simard, Domaine expérimental La Tapy,
Nathalie Dupont, CTPC, Sées, nathalie.dupont@ctpc.fr vsimard@domainelatapy.com
Jean-Marc Ebel, INRA, Montpellier, ebel@ensam.inra.fr Sylvaine Simon, INRA, Gotheron, Sylvaine.
Joël Fauriel, INRA, Avignon, Simon@avignon.inra.fr
Joel.Fauriel@avignon.inra.fr Hervé Sinoquet, INRA, Clermont-Ferrand,
Gérard Ferré, CEHM, Marsillargues, gferre@cehm.net sinoquet@clermont.inra.fr
Laurence Flachaire, INRA, Gotheron Dominique Thiéry, Cabinet Fruits Conseil,
Bernard Florens, Station La Pugère, Mallemort, Notre Dame d’Allençon, fruit.
florens.lapugere@wanadoo.fr cons@wanadoo.fr
Thierry Girard, INRA, Gotheron, Magali Willaume, INRA,
girardt@avignon.inra.fr Avignon,
Christian Hilaire, Ctifl, Balandran, Hilaire@ctifl.fr willaume@avignon.inra.fr
Bruno Hucbourg, GRCETA de Basse Durance,

42 [ RÉUSSIR FRUITS & LÉGUMES ] Janvier 2006 • supplément au Nº 247


G A M M E GOËMAR ARBORICULTURE

Solution de chlorure de calcium pour pulvérisation foliaire (CaO : 15 %) soluble dans l’eau – GA 14 – Marques déposées des Laboratoires Goëmar – Engrais CE – Crème d’algue GA14 (Brevet Goëmar) – LM Y&R 2005. Crédit photo : Studio de l’Erdre.
Goëmar BM 86 E : Mélange d’oligo-éléments Bore (B) : 2.1 % et Molybdène (Mo) : 0.02 % – GA 14 – Goëmar Foliphos E : Anhydride phosphorique (P2O5) : 26.2 % et Oxyde de potassium (K2O) : 5.0 % solubles dans l’eau – GA 14 – Goëmar Folical E :
La performance n’est jamais
le fruit du hasard.
La valeur ajoutée Goëmar Arboriculture La différence Goëmar Arboriculture :
engagement responsable avec ADIVALOR pour
L’expertise Goëmar : 30 ans de passion de l’algue pour assurer la collecte et la valorisation de l’ensemble
élaborer une gamme spécifique de biostimulants à base de crème de ses emballages plastiques.
d’algue GA14® (brevet Goëmar).
La crédibilité Goëmar : la caution de nombreux travaux de
recherche avec des organismes scientifiques de haut niveau pour
des solutions agronomiques pertinentes.
La sécurité Goëmar : pas de concession sur la qualité de la
production, pour être le partenaire privilégié des producteurs
attentifs à la valorisation d’une belle récolte.

La nature qui stimule la nature.

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