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COMMENT CRÉER SA MICROFERME

EN AGROÉCOLOGIE ET PERMACULTURE

MÊME SI VOUS N’ÊTES PAS DU MILIEU AGRICOLE

Faîtes que vos rêves


deviennent des projets
HTTPS://BLOG-LAPETITEVALLEE.COM/
SOMMAIRE

I. POURQUOI CRÉER SA MICROFERME ? POURQUOI L’AGROÉCOLOGIE ET LA p3


PERMACULTURE ?

A. Les microfermes, un nouveau modèle agricole ? p3


B. Microferme ne signifie pas microprojet p4
C. Pourquoi la permaculture? p4
D. Et l'agroécologie dans tout ça? p5

II. DES EXEMPLES DE FERME QUI FONCTIONNENT p6

III. ETAPES DE CRÉATION D'UNE MICROFERME p8

Etape 1 : Se connaître p8
Etape 2 : Acquérir des connaissances globales sur le monde agricole p9
Etape 3 : Développer des connaissances plus spécifiques p9
Etape 4 : Acquérir des compétences en pratiquant p10
Etape 5 : Déterminer la ou les spécialités qui vous passionnent le plus p11
Etape 6 : Construisez votre projet de microferme p12
Etape 7 : Point rencontre installation à la chambre d’agriculture (PAI) p13
Etape 8 : Se former p14
Etape 9 : Parcours PPP (optionnel) p15
Etape 10 : Prendre de l’expérience p16
Etape 11 : Recherche de foncier agricole p16
Etape 12 : Financement p17
Etape 13 : Design de la ferme p18
Etape 14 : Démarrage 1ère année p20
Etape 15 : Améliorer sa productivité et sa viabilité p21

IV. FÉLICITATIONS ! VOUS ÊTES ALLÉS JUSQU’AU BOUT ! p24


1. Pourquoi créer sa microferme ? Pourquoi l’agroécologie et la permaculture ?
A. LES MICROFERMES, UN NOUVEAU MODÈLE AGRICOLE ?

Le monde agricole est en déclin. Abandonnant la vie rurale, diminuant les emplois, polluant
l’air, l’eau et les sols, désertifie les champs, détruit la biodiversité etc. Le tout pour répondre à
une mondialisation qui tire ses bénéfices de l’import-export, d’une consommation accrue de
malbouffe et de la création de toujours plus d’intermédiaires et de lois anéantissant toute
bonne volonté de changer un des rouages de notre modèle sociétal.

Heureusement la Terre est riche. La nature a su s’adapter jusqu’à là et si nous voulons nous
adapter également il faut agir. Agir bien et vite. Sans attendre que des mesures politiques
nous montre le droit chemin.

La résilience n’est pas un concept pris en compte par nos dirigeants pourtant elle est
primordiale pour la durabilité de notre espèce. Et je parle bien ici de résilience collective et
non de recherche d’une autonomie individuelle. Un projet agricole est ancré dans un
territoire et il n’a de sens qu’avec les interactions qu’il fait avec d’autres acteurs du milieu
(autres agriculteurs, voisins, écoles, mairies, collectivités, groupes d’entraides, associations,
clients, fournisseurs…).

Différentes personnalités du monde agricole ont montré que l’on peut reconstruire des
écosystèmes complexes et résilient à partir de terrains longuement maltraités. La
reconstruction des sols est encore possible et l’aggradation du sol tout en le
cultivant est également possible.

Les microfermes est un moyen de résoudre beaucoup des problématiques actuelles.


Elles permettent :

Une redynamisation des territoires ruraux par la venue de main d’œuvre, l’utilisation
de ressources locales (saisonniers locaux, matière organique d’entreprises locales,
mutualisation d’équipements avec des locaux…)
La réduction de l’endettement lors de leur création avec une installation à moindre
coût et souvent progressive,
Une meilleure surveillance de son espace du fait de sa petite taille et donc des
meilleures observations et analyses qui permettent d’agir rapidement lors de
problèmes (sanitaires, ravageurs…),
Une meilleure gestion : une petite structure pourra être organisée pour être
totalement optimisée (design de la ferme, déplacements moindres, pas de superflu…),
De meilleurs rendements à l’hectare : le travail essentiellement manuel dans une
microferme permet des designs plus complexes (cultures plus serrées, plantes multi-
étagères…),
De créer des réseaux de microfermes : une multitude de voies possibles autant en
production principale qu’en diversification qui permet d’avoir plusieurs microfermes
dans une même commune sans qu’il y ait une quelconque concurrence mais plutôt de
l’entraide (échange de main d’œuvre, de matériel, de matières premières, de
connaissances …),
Une meilleure résilience : à la fois pour la ferme elle-même qui pourra s’adapter
rapidement en cas de changement (événement climatique ou changement dans le
marché) et une meilleure résilience locale (dans le territoire par la relocalisation de la
production),
Et bien d’autres avantages !

B. MICROFERME NE SIGNIFIE PAS MICROPROJET

C’est un projet de vie qui prend du temps à se concrétiser et qui demande de bien se former.
Il ne faut pas sous-estimer les connaissances et compétences nécessaires à la réussite d’une
microferme. L’univers des microfermes est complexe et passionnant. Si vous êtes un
passionné vous êtes au bon endroit.

Vouloir changer de vie n’est pas facile. Surtout dans un milieu qu’on ne connaît pas. Mais
c’est une aventure incroyable qui vous en apprendra autant sur ce qui vous entoure que sur
vous-même.

C. POURQUOI LA PERMACULTURE ?

Pourquoi intégrer la permaculture dans notre microferme ? La permaculture conduit à une


meilleure résilience et durabilité de votre ferme. Elle permet par des outils simples de
repenser tout votre système, votre organisation, design et vision long terme pour créer une
succession d’écosystèmes équilibrés. Cela permet de créer un lieu qui vous soit propre,
cohérent avec votre contexte, ergonomique, très productif et évolutif.

La permaculture est un courant de pensée qui nous vient d’Australie à une période de
crainte d’un crash pétrolier (et du chaos en découlant) et d’une écologie non reconnue.
Bien qu’elle soit appliquée au domaine agricole en premier lieu, les fondateurs de ce terme
(Bill Mollison et David Holmgren) posent la permaculture comme permettant une
réorganisation de notre société pour une plus grande résilience et durabilité.
Les trois principes éthiques de la permaculture sont :
Prendre soin de la terre - Prendre soin de l’humain - Partager équitablement

Aujourd’hui la permaculture a montré des prouesses dans une multitudes de fermes avec
des contextes et objectifs bien différents.

Pour intégrer la permaculture à votre microferme, cela implique :


Une bonne connaissance de votre territoire et de votre contexte spécifique,
Un design réfléchi basé sur différents principes et concepts,
Un entretien de votre plan (vision long terme) et
Une remise en question de vos choix lors d’événements divers (climatiques ou autre).

En plus d’une plus grande résilience et durabilité de votre microferme, l’application des
principes de la permaculture vous apportera une richesse incroyable en termes
de biodiversité, des rapports humains, un esthétisme propre à votre vision des
choses et donc une qualité de vie incomparable.

Pour en savoir plus sur la permaculture, allez voir l’article de blog :


https://blog-lapetitevallee.com/definitions/permaculture/

D. ET L'AGROÉCOLOGIE DANS TOUT ÇA ?


Dans le même ordre d’idée que la permaculture, l’agroécologie est une démarche basée
sur le fonctionnement des écosystèmes naturels.

L’agroécologie n’est pas juste un changement technique mais est également philosophique.
Ce n’est pas un substitut de certaines pratiques mais une manière de repenser notre façon
de faire. L’agroécologie permet de repenser le système agricole de manière systémique et
d’avoir toutes les répercussions positives sur les autres secteurs : santé, gestion de l’eau,
chômage, dynamisme rural, changement climatique…

Et pas seulement au sein de votre ferme. Elle permet de vous placer dans le territoire en
interaction avec tous les autres acteurs.

Pour en savoir plus sur l’agroécologie appliquée au microfermes, allez voir l’article de blog :
https://blog-lapetitevallee.com/definitions/agroecologie/

Alors oui beaucoup de gens voient la création de microfermes en agroécologie et


permaculture par des néoruraux comme le nouveau truc de bobo. Mais comme toute
révolution dans l’histoire de l’humanité cela passera par trois phases :
Ridicule : Toute nouvelle idée semble ridicule et est vivement décrié,
Dangereuse : Elle devient dangereuse pour la société,
Evidente : Et quand l’idée s’impose, ce qui était ridicule devient évident !

Alors si c’est ce qui vous fait vibrer ne vous découragez pas !


2. DES EXEMPLES DE FERME QUI FONCTIONNENT

Est-ce que la création d’une microferme en permaculture n’est pas juste une utopie ?
Est-ce vraiment viable ? La viabilité économique est importante. Même si elle n’est pas au
centre du projet il faut en tenir compte. C’est une condition obligatoire à la durabilité d’un
projet. Différents modèles économiques existent. Ils dépendent de vous (envies,
compétences) et du marché.

Certaines fermes sont basées sur de la formation comme la ferme du Bec Hellouin ou la
ferme de la Bourdaisière. D’autres sont basées sur la production et la vente de Légumes et
fruits comme la ferme de la Mare des Rufaux et la Ferme de Cagnolle, ou exclusivement en
légumes comme le Jardin de Deux’main.

Petit zoom sur la ferme de la Mare des Rufaux

La ferme de la Mare des Rufaux en Normandie a La ferme a été rentable dès la première année. Le
été créée en 2013. C’est une microferme modèle économique reste sur la production
maraîchère conduite en agroforesterie sur 2.8ha. maraîchère et fruitière.
Les fruitiers choisis sont essentiellement des
pommiers et poiriers. Des haies tout autour de leur Elle compte 2 UTH (unité de travail humain) et entre
terrain ont été réimplantées en plus d’une haie 2 et 3 stagiaires presque en permanence. Il ne faut
centrale pour pallier aux vents dominants qui pas considérer les stagiaires comme des temps
surplombent la pleine et pour apporter refuge à plein puisque le chef d’exploitation, Edouard Stalin,
une biodiversité aujourd’hui bien présente. passe beaucoup de temps à les former, l’efficacité
est bien moindre qu’un UTH et certaines erreurs de
Le maraîchage est inspiré du maraichage sur sol leur part peut faire perdre du temps ou des
vivant c’est-à-dire avec une couverture végétale rendements par la suite.
permanente (généralement de la paille) et sans
travail de sol. Concernant la partie agroforestière, C’est une ferme très dynamique qui a mis l’accent
les arbres sont espacés de 8 mètres dans les deux sur une installation progressive en ajoutant chaque
sens. Entre les arbres sur la ligne sont implantés année de nouvelles choses (infrastructures,
des petits fruits et de la rhubarbe. Et entre les aménagements, variétés, techniques…).
rangées quatre planches de maraîchage.
Pour avoir d’autres exemples de fermes, des fascicules (« Portraits de fermes ») réalisés par
le réseau Maraîchage sur sol vivant (MSV) regroupent chaque année une dizaine de fermes
en mettant en évidence leurs résultats économiques, pratiques agricoles et différentes
données (pédologiques…). Ces dizaines d’exemples montrent que l’installation sur petite
surface possible en gardant ses valeurs est bien entendu possible. On voit aussi que
chaque ferme est différente et qu’elles sont à l’image de leurs exploitants.

Des exemples existent également à l’étranger. On peut citer la ferme de la Grelinette au


Québec (de Jean-Martin Fortier) qui génère 150 000$ de CA par an sur mois d’un hectare de
maraîchage dit bio-intensif. Mais également la ferme d’Eliot Coleman aux Etats-Unis (Four
Season Farm), celle de Conor Crickmore aux Etats-Unis (Neversink Farm), celle de Ben
Hartman (The Clay Bottom Farm), la ferme urbaine de Curtis Stone et bien d’autres.

Pour la plupart de ces derniers, en plus de leur production leur modèle économique a
évolué et repose désormais sur des formations, prestations, livres, chaînes
YouTube ou autre.

Il existe aujourd’hui beaucoup d’exemples différents. Certains vous inspireront et d’autres


vous rebuteront. Mais dans tous les cas cela vous permettra d’avancer dans votre réflexion
sur ce qui vous intéresse.

Pour créer sa microferme plusieurs étapes d’avant-projet sont à effectuer pour mettre
toutes les chances de son côté et faire les bons choix. Créer sa microferme est un
changement de vie souvent radical. Il ne faut pas que ce rêve se transforme en cauchemar.
3. étapes de création d'une microferme

1ÈRE ÉTAPE : SE CONNAÎTRE

C’est l’étape la plus négligée et pourtant la plus importante. Il s’agit de se rendre compte de
sa personnalité, être conscient de ses forces et faiblesses, connaître ses motivations
profondes et ses valeurs. C’est un réel travail d’introspection. Il faut prendre le temps pour
avoir assez de recul sur votre vie professionnelle, sur votre éducation et sur vos choix vous
en amenés à ce que vous êtes et ce que vous faites.

Certains livres peuvent vous aidez à faire cet exercice pas toujours évident et parfois très
dérangeant.

Ce travail est non seulement bien pour savoir si vous êtes fait pour ce métier mais
également pour construire une ferme cohérente avec vous-même. La cohérence est le
premier facteur de durabilité d’une ferme.

Beaucoup de compétences différentes sont indispensables pour le ou les créateurs d’une


ferme : être déterminé, avoir une bonne tenue au stress, savoir s’adapter, savoir prendre
des décisions au bon moment et rapidement, avoir une bonne gestion (au niveau de
l’organisation, de la planification et du suivi). Il faut être un bon communicant et être fiable
pour fidéliser sa clientèle et ses partenaires.

L’écoute est un point très important. C’est ce qui fera que vos employés, stagiaires ou
Woofeurs passent un bon moment à travailler avec vous. C’est ce qu’il fera que vos clients
se sentent impliqués dans votre progression et continueront d’acheter chez vous et de
parler de vous en bien. Le lien social avec toutes ces personnes est indispensable à la
durabilité de votre ferme et est bénéfique pour tous.
Le dernier point est une bonne condition physique. Mais pas besoin d’avoir fait de la
musculation depuis 10ans ou de pouvoir courir un marathon, tout est dans les bons gestes
et l’utilisation des bons outils. Vous devez avant tout vous préserver au maximum. Pensez
long terme.

Si votre projet est collectif, faîtes en sorte que tous les membre du projet fasse la même
démarche.

Il est également important de discuter de ça avec votre conjoint, même s’il ne participera
pas à la ferme, et qu’il se projette tout comme vous. Le stress et la surcharge de travail sont
une réalité et il faut être deux pour supporter le poids psychologique.

2ÈME ÉTAPE : ACQUÉRIR DES CONNAISSANCES GLOBALES SUR LE MONDE AGRICOLE

Avoir des connaissances de base du milieu agricole et des évolutions de l’agriculture au


cours des derniers siècles est très importante. Cela vous permettra d’avoir un projet avec
des directions en accord avec vos principes et de travailler avec d’autres agriculteurs sans
juger leurs pratiques si elles ne sont pas similaires aux vôtres.

Dans cette étape il vous faudra lire différents livres, ressources internet sur les différents
aspects de l’agriculture. Il est nécessaire de rester ouvert et de comprendre les raisons des
différents choix qui ont été fait. La liste de livres qui m’ont marqué est visible dans cet
article.

Beaucoup d’informations sont disponibles sur Internet mais le livre de Bruno Parmentier :
« Nourrir l’humanité » est vraiment intéressant. Il retrace l’évolution de l’agriculture et
permet de comprendre les différents choix et les nouveaux défis qui s’offrent à notre
génération.

Une fois que vous avez assez d’information pour avoir une vue d’ensemble sur le milieu
agricole, il y a de grandes chances que votre vision d’un projet qui vous corresponde
s’affine. Vous avez alors certaines cultures qui vous passionnent plus que d’autres. C’est le
moment d’approfondir certains sujets, comme nous allons le voir dans la prochaine étape.

3ÈME ÉTAPE : DÉVELOPPER DES CONNAISSANCES PLUS SPÉCIFIQUES

Avec assez des connaissances sur le milieu agricole et sur vous, vous êtes capable d’avoir
une idée des cultures que vous préférez. Même si c’est encore flou, il est intéressant
d’approfondir certains sujets pour voir réellement de quoi il s’agit et quelles sont les
avantages et inconvénients de chacun. L’amour pour les animaux ou la lourdeur du
quotidien d’éleveur, la passion des légumes ou la dureté physique d’un travail proche du
sol, l’amour de faire son pain avec ses céréales ou le refus complet de monter sur un
tracteur, la fascination des arbres ou l’impatience et le stress d’une production long terme
etc.

Même si ces dualités sont caricaturées, chacune des cultures porte des satisfactions et des
obligations qui sont perçues différemment suivant vos personnalités. Concernant les
compétences, tout s’apprend! Ça ne doit pas être un facteur limitant.

Pour approfondir vos connaissances et vous rapprocher d’un projet viable et qui vous
correspond, différents moyens s’offrent à vous. Vous pouvez bien sûr lire davantage sur
ces sujets plus spécifiques. Vous retrouverez des résumés de livres dans cet article.
Mais le mieux dans cette étape est de rencontrer des gens, des professionnels ou
passionnés et de discuter et échanger sur vos projets et questionnements.

Il est important dans cette étape de se rendre compte du terrain. Balader vous vers le lieu
que vous visez, observer et analyser les problématiques spécifiques au territoire rural non
mises en avant. Si vous visez un lieu précis, allez-y aussi quand la météo n’est pas idéale ou
la saison pas propice, vous vous rendrez d’autant plus compte de la réalité. Passez du
temps dans les bourgs avoisinants et voyez si vous vous sentez bien.

Créer une microferme, c’est contribuer au dynamisme d’un territoire et à la vie locale. Cela
doit aller dans les deux sens : le voisinage doit être à l’écoute de projets tels que le vôtre et
vous devez vous sentir bien dans le lieu que vous viser pour participer activement à votre
échelle.

Avec des connaissances approfondies sur les sujets qui vous intéressent le plus et une
vision terrain, il vous faut encore pratiquer. La pratique vous permettra de passer d’une
idée théorique à une réelle expérience qui vous éclairera encore plus sur ce que vous
aimez faire. Vous pourrez alors différencier les activités qui vous intéressent à titre
personnel de celles commerciales.

4ÈME ÉTAPE : ACQUÉRIR DES COMPÉTENCES EN PRATIQUANT

La pratique est essentielle pour réellement savoir si vous êtes fait pour le milieu agricole
et pour vous diriger vers la bonne branche dans laquelle vous pourrez vous épanouir.
Une multitude d’options s’offrent à vous suivant vos disponibilités en temps et
géographiques. Vous pourrez alors exercer par le biais de : Wwofing (permet de s’initier
bénévolement au travail dans des formes contre le gîte et le couvert) https://wwoof.fr/ en
France et https://wwoof.net/ à l’étranger,
Jardins collectifs ou partagés,
Associations,
Stages,
Pratiquer chez vos voisins, familles, amis…
Cette étape est très importante, même cruciale. Plus votre expérience sera longue mieux
ce sera. Il faut au minimum faire une saison compète chez quelqu’un d’autre avant de
s’installer. Mais même pour faire mûrir votre projet et voir votre comportement dans la
durée pratiquer est très important.

Cela vous permettra de mettre en évidence les aspects que vous n’avez pas envisagé.
Essayez de voir le plus d’endroits différents, ne vous buttez pas à travailler chez quelqu’un
avec qui le relationnel ne se passe pas bien. Profitez de chaque instant, il y a tellement de
belles fermes à voir et de personnes inspirantes à rencontrer, ne perdez pas votre temps.

Avec ces expériences sur le terrain, vous avez pu confronter vos idées avec la réalité.
Vous êtes désormais capable de déterminer les productions qui vous passionnent.

5ÈME ÉTAPE : DÉTERMINER LA OU LES SPÉCIALITÉS QUI VOUS PASSIONNENT LE PLUS

Pratiquer permet de se rapprocher de la réalité d’un métier. Cela a même dévoilé des
côtés que vous ne connaissiez pas chez vous. En tout cas le fait de sortir de sa zone de
confort est une chose bénéfique même si cela ne vous a pas mené là où c’était prévu.

La tendance des reconversions est au maraîchage diversifié mais beaucoup d’autres


activités sont possibles et beaucoup de diversifications différentes sont envisageables. Il
vous faut en revanche choisir un domaine principal et devenir expert dans celui-ci. Ensuite
seulement vous pourrez diversifier votre activité progressivement et augmenter votre
éventail de compétences.
Dans cette étape il faut différencier ce que vous aimez faire de ce que vous voulez
commercialiser. Par exemple vous pouvez avoir un potager pour vous et votre famille
mais choisir de commercialiser une production animale. Ou l’inverse avoir une activité
maraîchère mais avoir quelques poules qui produiront des œufs pour votre famille voire
quelques moutons pour pâturer si la surface vous le permet.

L’idée est bien de différencier une activité loisir, domestique d’une activité commerciale.
L’approche est bien différente entre les deux : les besoins en compétences, surface,
infrastructure, matériel et en temps sont radicalement opposés.

Pour y arriver faites plusieurs scénarios avec les pours et les contres. Imaginez-vous dans
telle ou telle situation pour vérifier ce qui vous motive réellement dans ce nouveau choix
de vie. Prenez le temps, ne partez pas trop vite sur une idée arrêtée mais écoutez-vous
bien et restez ouvert à toute possibilité. Le cheminement pour définir son projet de vie
prend du temps.

A ce stade-là, vous avez une idée réaliste de vous-même, du milieu agricole, des
connaissances sur les productions qui vous motivent, un peu d’expérience et une vision
bien plus claire de votre projet. Il s’agit maintenant de mettre cette vision à plat, sur papier
et de l’ordonner pour enfin avoir un projet dont vous serez fier de porter.

6ÈME ÉTAPE : CONSTRUISEZ VOTRE PROJET DE MICROFERME

Il est temps de mettre votre projet à plat et de fixer certains critères importants pour vous
tout en restant flexible sur d’autres. Et oui le parcours à l’installation n’a pas officiellement
commencé ! Encore plein de choses peuvent ne pas se passer comme prévu.

Pour construire votre projet, faites appel aux différents livres et témoignages. En effet les
chiffres sur les plaquettes officielles sont adaptés à une agriculture conventionnelle ou bio
mais dans tous les cas avec une mécanisation importante et des pratiques liées à celle-ci.
Mais selon les pratiques agricoles visées, le dimensionnement et les investissements sont
totalement différents.

En voici trois exemples concernant une production maraîchère :

Dans un modèle conventionnel : moyenne cultivée de 3.7ha, un investissement de 100


000€ (hors foncier et habitat) et un chiffre d’affaire de 46 250€ (12500€/ha – chiffres de
2013 : http://agreste.agriculture.gouv.fr/).
Dans le modèle de JM Fortier (Résumé de son livre et de sa méthode : https://blog-
lapetitevallee.com/livres/jardinier-maraicher-fortier/) : surface cultivée 0.8ha, un
investissement de 27 000€ (39000$ca) et un chiffre d’affaire de 100 000€ (chiffres de
2012).
Dans le modèle de Curtis Stone (Résumé de son livre et de sa méthode : https://blog-
lapetitevallee.com/livres/the-urban-farmer-curtis-
stone/https://bloglapetitevallee.com/livres/the-urban-farmer-curtis-stone/ : surface
cultivée 1500m² en zone urbaine, un investissement de 6300€ (7000$us) et un chiffre
d’affaire de 67 000€ (75000$us).
Ces trois modèles sont bien différents, il en existe bien sûr d’autres et toutes les
déclinaisons sont possibles. Chaque microferme est unique. Il est bien de se documenter
sur différents modèles et de prendre ce qu’il vous plait et correspond à vos valeurs. La
performance de ces deux derniers modèles sont très liées à la bonne adaptation à leur
situation géographique et à la parfaite compréhension de leur clientèle.

Vous devez alors déterminer vos objectifs personnels. Quel temps vous voulez y passer ?
Quel rythme voulez-vous avoir (saisonnier…) ? Voulez-vous travailler seul ou en équipe
(partenaire, co-exploitant, salarié, saisonnier…) ? Quel est le niveau de vie recherché
(revenus…) ? Et son évolution dans le temps (atteindre un certain niveau avant d’avoir des
enfants, préparer sa retraite…).

Dans cette étape il est également important de réfléchir à vos débouchés. Le choix de
celles-ci influencera énormément la conception de votre microferme. Travailler pour des
grands chefs ou faire du semi gros sont deux approches totalement différentes.

D’un côté les quantités seront faibles et la gamme sera élevée (avec des variétés
anciennes, méconnues et des goûts uniques). De l’autre les quantités seront élevées donc
mieux vaut se focaliser sur certains légumes qui donnent de hauts rendements et
standardiser au maximum vos pratiques. Dans ce deuxième cas une main d’œuvre non
qualifiée pourra faire l’affaire pendant la saison contrairement au premier qui nécessite
beaucoup plus de technicité et de connaissances spécifiques.

De même le temps passé sur les marchés n’est pas négligeable par rapport à d’autres
moyens de distribution. Une multitude de moyens s’offrent à vous et dépendent de deux
choses : ce que veut le marché localement et ce que vous voulez vous.

Il faudra alors passer en revue toutes les possibilités et étudier leur faisabilité : marchés,
vente directe à la ferme, magasin producteur, AMAP, intermédiaires (Biocoop ou autre),
semi-gros, en gros, vente sur Internet, restaurateurs…

Vous pouvez bien sûr combiner plusieurs moyens différents ce qui permettra d’améliorer
la résilience de votre ferme. Et vous pouvez également tester certains d’entre eux pour
voir ce qu’il vous convient. Faire des marchés les premières années pour se faire connaître
localement et bifurquer sur une AMAP par la suite est une voie qui a été prise par de
nombreux maraîchers et qui fonctionne bien. En plus de livraison à des restaurateurs et si
l’infrastructure le permet de la vente sur place à certains horaires.

Une fois vos objectifs globaux mis au clair, il est temps d’officialiser les choses et de faire
encore un pas en avant.

7ÈME ÉTAPE : POINT RENCONTRE INSTALLATION À LA CHAMBRE D’AGRICULTURE (PAI)

Les chambres d’agriculture de chaque département disposent d’un service gratuit qui
accueille tous les porteurs de projet en agriculture. Le premier rendez-vous permet de
cerner son projet et d’aborder les étapes essentielles à la réalisation de celui-ci. Vous
pourrez alors parler de votre cas particulier.
Pendant ce point vous aurez également accès aux contacts des différents conseillers sur
différents domaines (urbanisme, bâtiment, société, juridique…). Cela vous permettre
d’avoir réponse à toutes vos questions. Pour ma part ils ont été très réactifs et donnent de
très bons conseils alors n’hésitez pas à les contacter !

Avec ce rendez-vous et les recherches faites précédemment vous aurez déjà une vision
bien plus claire sur vos différentes possibilités et sur le réalisme de votre projet par
rapport à votre situation. Si votre projet est très alternatif, il se peut que les conseillers
n’aient pas réponse à vos questions ou en tout cas ne peuvent pas vraiment vous aider sur
la viabilité de votre projet.

Dans ce cas et même dans les autres d’ailleurs n’hésitez pas à contacter des personnes qui
ont déjà réalisé un projet similaire au votre pour leur poser des questions. Les réseaux
sociaux sont également un bon endroit pour partager vos problématiques !

Si vous n’êtes pas issu du milieu agricole il y a de grandes chances que vous deviez passer
par la formation. Et c’est l’objet du prochain paragraphe.

8ÈME ÉTAPE : SE FORMER

Se former permet d’une part d’avoir les compétences et l’expérience nécessaire pour la
réussite de votre projet. C’est un métier complexe qui fait intervenir beaucoup de
compétences différentes et souvent nouvelles pour des néoruraux.

D’autre part une formation qualifiante vous donnera la capacité professionnelle agricole
(CPA). Ce dernier vous permet d’obtenir le droit d’exploiter des terres agricoles. Une
qualification vous donnera également un accès facilité au foncier.

Chaque situation est différente. Faites d’abord le point sur vos acquis. Et en fonction de ces
derniers, de votre temps disponible, de vos objectifs, des retours du rendez-vous au PAI, il
vous faudra faire un choix entre une multitude de formations.

Chaque formation a ses avantages et inconvénients. Certaines peuvent être faites à


distance, d’autres possèdent beaucoup de pratique.

Les formations qualifiantes :


Bac professionnel sur 2 ans, niveau bac,
BPREA sur 1 an, niveau bac,
BTS Agricole sur 2 ans, niveau bac+2 (ou sur 1 ans si vous avez déjà un diplôme bac+2).

Une validation des acquis est également possible si vous justifier de suffisamment
d’expérience.

Des structures proposant des formations courtes ou d’un an existent. Elles ont souvent la
particularité d’aborder des thèmes peu enseignés dans les formations de bases
(permaculture, agroécologie…). On peut citer Fermes d’Avenir, la ferme de Sainte Marthe,
le GRAB, la CIVAM, les ADEAR, AgriBio, Terre Humanisme, les CCP (cours certifiés
permaculture), l’Atelier Paysan…
Ces formations sont payantes, le financement de ces dernières peuvent se faire avec votre
compte CPF ou VIVEA ou par pôle emploi selon votre cas.

Il faut également prendre en compte tous les aspects de votre métier et vous former sur
tous et pas uniquement à la production. Il est indispensable d’avoir des notions de
comptabilité, de communication, de marketing ou autre. Sans être un expert dans tous ces
domaines, avoir de bonnes notions permet de ne pas suivre bêtement les avis des
conseillers. Avec tous des intérêts et opinions différents. Ces notions vous permettront
aussi de faire de meilleurs choix et d’explorer différentes possibilités face à une difficulté.
Restez maître de votre ferme !

9ÈME ÉTAPE : PARCOURS PPP (OPTIONNEL)

Le parcours PPP : plan de professionnalisation personnalisé. C’est un dispositif accessible


aux porteurs de projet qui demandent les aides ou non. Mais il est obligatoire pour ceux
voulant les aides à l’installation (DJA : dotation jeune agriculteur notamment).

Ce parcours peut s’effectuer sur plusieurs années vous permettant d’effectuer les
formations nécessaires, stages, démarches administratives et un Plan d’Entreprise (PE :
une sorte de business plan avec un prévisionnel sur 5ans qu’il faudra respecter pour
continuer de toucher les aides).

Vous pourrez discuter de ce parcours au point accueil installation pour les différentes
modalités. Il sera repris en détail au début de celui-ci pendant le stage de 21h.

Démarrer ce parcours est formateur même si vous ne souhaitez pas solliciter les aides.
Vous rencontrerez d’autres porteurs de projet pour échanger et vous vous forcerez à bien
cerner votre projet.

Pendant cette période vous pourrez vous intéresser aux choix de statut de votre
microferme :

Statuts juridiques : entreprise individuelle, entreprise individuelle à responsabilité


limité (EIRL) ou une société : GAEC, EARL, GFA (pour le foncier) et SCEA (activité non
commerciale). Toutes ces structures ont des avantages et des inconvénients. Il faut
alors bien être au clair sur son projet avant de la créer. Les Chambres d’agriculture
peuvent vous aider dans ce choix.

Régime social : cotisant de solidarité, agriculteur à titre principal, à titre secondaire.

Choix fiscaux et comptables : régimes d’imposition (réel ou au forfait) et TVA. La


Chambre d’agriculture peut vous aider (surtout avec le début du parcours PPP). Des
professionnels peuvent également vous aider dans le cas de situations complexes.
10ÈME ÉTAPE : PRENDRE DE L’EXPÉRIENCE

Plus vous aurez cumuler de l’expérience avant de vous lancer mieux ça sera. En
maraîchage on dit qu’il faut au moins faire une saison complète. Et c’est bien de pouvoir
voire différentes structures fonctionnant différemment. Il vous sera d’autant plus facile de
construire votre système qui vous convient le mieux.

Différentes possibilités s’offrent à vous suivant votre situation :


Job d’été,
Saison,
Stage (certains organismes peuvent vous délivrer une attestation de stage même si
vous n’êtes pas en formation),
Wwoofing (https://wwoof.fr/) ou HelpX (https://www.helpx.net/),
Associations, bénévolat,
Les espaces tests agricoles (ETA, pour cela contacter le CIAP),
Formations.

11ÈME ÉTAPE : RECHERCHE DE FONCIER AGRICOLE

La recherche de foncier est un point bloquant pour beaucoup de porteurs de projets.


Différentes options s’offrent à vous suivant votre situation.

Pour les maraîchers, les espaces tests sont géniaux. Ils permettent de vous faire la main et
d’apprendre un maximum sans prendre de risque. Vous pourrez continuer à chercher
votre terrain en parallèle sans avoir de pression au niveau des délais ou l’impatience qui
pousse à faire des mauvais choix.

Différents sites Internet vous permettent de trouver des opportunités de terrain :


Le Bon Coin,
RDI : Répertoire Départ Installation,
La SAFER,
Propriétés-rurales,
Les CIVAM,
Terre de Liens.

Il est également intéressant de contacter les notaires, agences immobilières (certaines


sont spécialisés dans les biens agricoles) et collectivités locales (l’adjoint à l’urbanisme est
souvent la bonne personne à rencontrer dans les mairies).

Il est important de se faire connaître des institutions locales. Le point rencontre installation
(PAI) de la chambre d’agriculture vous aura normalement mis en relation avec le service lié
à recherche de
foncier. Même si les offres apparaissent à la RDI, le site n’est pas forcément tout le temps
mis à jour (suivant les départements) et en discuter vous permettra d’avoir plus d’info sur les
éventuelles opportunités

Contacter la SAFER peut être intéressant également. Au moins vous serez considéré comme
porteur de projet et peuvent, en théorie, vous joindre quand du terrain est en vente. Ils ont
normalement connaissance de toutes les transactions supérieures à 2ha.

Faites-vous connaître des mairies. Certaines ont même du foncier à disposition. Cela est
également très bien pour vous faire connaître et pour rencontrer les élus et voir la
dynamique locale vis-à-vis de votre projet.

Certains sont très réceptifs et d’autres moins. Il est toujours préférable d’avoir le soutien de
la mairie pour un projet qui peut solliciter de nombreuses autorisations (construction d’un
bâtiment agricole, de serres, création d’un bassin…) et des éventuelles aides. Elles
recherchent de plus en plus des producteurs sur petite surface qui dynamise le territoire
tout en proposant une production saine de proximité.

12ÈME ÉTAPE : FINANCEMENT

Avec le parcours PPP vous aurez accès aux aides à l’installation DJA (dotation jeune
agriculteur). Vous pouvez penser également aux prêts bonifiés, prêts bancaires standard,
les aides à l’agriculture biologique, le financement participatif ou les appels à projet.

Vous pouvez faire également appel au conseil régional et au conseil général. N’hésitez pas
à parler de votre projet localement pour en connaître plus sur les aides propres à votre
situation géographique et à votre projet. Différentes aides sont également possibles pour
les aménagements (pour l’eau, les bâtiments, les haies…).

Quoi qu’il en soit le chiffrage de votre projet doit être bien réfléchi. Dans beaucoup de cas
une installation à moindre coût et progressive vous permettra d’augmenter votre
autonomie financière et donc d’une part d’avoir moins de pression (surtout lors du
démarrage) et d’autre part d’être plus réactif lors de prises de décisions lorsque le marché
le demande ou les conditions météorologiques l’imposent.

Avoir peu d’endettement vous laissera maître de vos choix sur votre exploitation et donc
sur votre vie !

Il est important de faire un business plan pour votre microferme. Et de détailler le plan de
culture.
13ÈME ÉTAPE : DESIGN DE LA FERME

Une fois plus au clair avec votre projet vous pourrez entamer le design de celui-ci. Si vous
n’avez pas de terrain, il est intéressant de faire cette étape de manière fictive. Cela
permettra de voir où vous en êtes dans vos connaissances. Vous irez d’autant plus vite
quand il faudra le faire avec votre propre terrain.

Designer une microferme de manière hypothétique permet également de se rendre


compte de la surface réellement souhaitée et de mettre en évidence certains critères
indispensables quand vous irez visiter des lieux.

Différentes méthodes existent. La permaculture est certainement la discipline qui a le plus


exploré cet aspect. Je vous conseille donc d’utiliser la méthode OBREDIM tirée de livres sur
le sujet :
Observation : pour les puristes, cette phase doit durer au moins 1 an pour voir
l’influence de tous les différents facteurs au cours des quatre saisons (topographie,
cycles biologiques de la faune, flore du sol, eau et son écoulement, vent, soleil…),
Bordures : matérielles (limites géographiques, financières…) et immatérielles
(compétences, législation, voisinage…)
Ressources : ressources du terrain, plantes, points d’eau, sol, matériel, personnes,
financement…
Évaluation : bilan des trois premiers points et mise en relation avec ses propres
besoins,
Design : processus créatif d’aménagement devant trouver l’équilibre entre les points
précédents et ses besoins,
Implémentation : mise en place du plan de design,
Maintenance : ajustements pour conserver le système en place et suivre le plan des
différentes successions.

Pendant la phase de design, on se concentre sur l’agencement des éléments dans l’espace
et dans le temps. L’agencement dans l’espace passe par la notion essentielle de zonage. Ce
concept est basé sur la fréquence d’utilisation d’une zone : plus celle-ci est fréquentée plus
elle doit être proche de son habitation. Voici les 6 zones :

Zone 0 : Sa maison d’habitation


Zone 1 : La culture intensive, le jardin, lesserres
Zone 2 : Le verger et la basse-cour
Zone 3 : Le pâturage et les grandes cultures (céréales)
Zone 4 : La sylviculture (bois d’œuvre, de construction, de chauffage)
Zone 5 : La zone sauvage, exclusivement dédiée à l’observation voire la cueillette de
certaines plantes.

Les 9 principes de Bill Mollison (l’un des co-fondateurs de la permaculture) :


Prévoir l’efficacité énergétique de notre design
Emplacement relatif
Circulation d’énergie
Effet de bordure
Chaque élément doit avoir plusieurs fonctions
Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments
Travailler avec la nature plutôt que contre elle
Faire le plus petit effort pour le plus grand changement
Le problème est la solution

Les 12 principes de conception de David Holmgren (l’un des co-fondateurs de la


permaculture) :
Observer et interagir
Collecter et stocker l’énergie
Créer une production
Appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction
Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables
Ne pas produire de déchets
Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails
Intégrer plutôt que séparer
Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience
Utiliser et valoriser la diversité
Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordures
Utiliser le changement et y réagir de manière créative

J’en parle dans cet article : https://bloglapetitevallee.com/definitions/permaculture/


Un design bien réfléchi doit également permettre de s’adapter en cours de route. Vous ne
devrez pas tout mettre en place la première année mais au contraire commencer petit et
s’agrandir. Cela permettra de limiter les erreurs, l’investissement de départ et de dupliquer
ce qui fonctionne et ce qui se vend. Cela vous permettra également de vous laisser le
temps pour vous améliorer techniquement.

14ÈME ÉTAPE : DÉMARRAGE 1ÈRE ANNÉE

Une fois votre design réalisé vous pouvez mettre en place progressivement tous les
éléments. Le premier élément le plus important à gérer est celui de l’eau. Puits, bassin
versant, cuves de récupération d’eau de pluie, talus… Même si tous ces éléments ne sont
pas à mettre directement il faut faire en sorte d’avoir la place pour les installer plus tard
sans devoir déplacer votre bâtiment ou traverser au tracteur vos belles buttes bien
établies !

Le bâtiment est la seconde chose à considérer. Même si sa capacité peut évoluer au cours
des années, son emplacement ne changera pas. Donc s’il a été bien réfléchi il faut le placer
dès la première année. Un cabanon avec le matériel essentiel peut être mis en attendant.
Dans le cas d’un projet en maraîchage sur petite surface, cela est complètement possible.
Pour un petit élevage, il ne faut pas négliger ce point. L’ergonomie est primordiale pour
que vos animaux se portent bien et ne soient pas stressés.

L’aménagement des chemins n’est pas à négliger. Être au sec l’hiver pour travailler change
tout ! Vous n’aurez plus de problème pour le transport de vos produits ou matières
organiques. Vous pourrez utiliser votre tracteur pour des tâches de manutention sans vous
embourber et perdre une journée à résoudre le problème.Cet aménagement ne coûte pas
forcément cher. Vous pourriez faire un tour dans les chantiers avoisinant. L’évacuation de
matériaux coûte très cher aux entreprises du bâtiment. Et il est souvent
plus avantageux pour eux financièrement de déplacer le remblai chez vous et même de
vous offrir la main d’œuvre avec un tractopelle qui vous fera une belle allée entre votre
bâtiment et vos champs !

Pour la plantation des haies et des arbres dans un projet agroforestier ou arboricole, le
premier hiver est souvent le moment le plus intéressant. Ou le second selon vos priorités,
si vous n’avez pas complètement eu le temps d’observer les différentes essences natives
pendant la phase du design ou si vous commandez des plants auprès d’un pépiniériste.
Mais il est souvent plus intéressant de le faire dès le début avant d’avoir beaucoup d’autres
choses auquel penser.

Une implantation sur plusieurs années est complètement envisageable. Surtout pour les
haies où les variétés se multiplient généralement facilement. Vous pourrez alors faire des
économies lors de votre lancement en acheter que la moitié ou le quart des arbres désirés
puis les reproduire vous-même chaque année. Cela vous permettra également de corriger
vos erreurs de design ou d’espèces choisies.

Une fois le milieu en cours d’implantation, votre activité peut commencer. Il est important
de garder en tête que commencer petit est très souvent la meilleure idée. Dans certains
cas particuliers, votre système de vente choisi vous imposera des volumes minimaux ou
une gamme suffisante mais globalement y aller progressivement est bénéfique. Vos clients
seront compréhensifs si vous n’avez pas tous les légumes possibles au marché ou si vous
n’avez pas assez d’œufs cette semaine-là. La vente directe permet de discuter et vos clients
seront, pour la grande majorité, très compréhensifs.

15ÈME ÉTAPE : AMÉLIORER SA PRODUCTIVITÉ ET SA VIABILITÉ

La phase de démarrage de votre microferme est passionnante ! Vous êtes partagé entre
excitation et épuisement. Vous vous rendez compte que vous passez beaucoup plus de
temps que prévu sur des tâches simples et que votre temps de travail est bien loin de celui
initialement prévu.

On prend généralement 5ans pour bien connaître son outil de travail et 10ans pour
atteindre son rythme de croisière.

Alors comment augmenter sa productivité sans partir dans une démarche de


productivisme court-terme ou en vous écartant de votre vision initiale ou encore en
abandonnant votre éthique.

Et bien tout simplement par l’utilisation de la loi de Pareto et de quelques principes de


« lean management ».

a. La loi de Pareto (loi 80/20)

La loi de Pareto est un phénomène présent dans de nombreux domaines qui dit que 80%
des effets sont le produit de 20% des causes. Par exemple :
20% de vos clients vont générer 80% de vos ventes,
20% de vos produits va générer 80% de votrechiffre d’affaire,
80% des résultats découlent de 20% du travailréalisé
Etc.
L’idée est donc d’identifier et de se focaliser sur les 20% qui font du résultat. Pour cela, il ne
faut pas hésiter à déléguer (ne pas tout faire, on ne peut pas être expert en tout). Mais tout
en gardant toujours la main et les connaissances sur l’ensemble.

Pour améliorer la viabilité de votre ferme deux voies sont possibles :


Optimiser vos charges,
Utiliser certains principes du « lean management ».

C’est ce que nous allons voir dans les prochains paragraphes.

b. Optimiser vos charges

Pour optimiser vos charges il est très intéressant d’avoir des notions de comptabilité.
Et tout est négociable. Recomparer et négocier chaque année vos assurances, frais
bancaires, terminal de carte bleue etc. peut vous faire faire beaucoup d’économies.

Ne baissez pas pour autant vos garanties et niveau d’assurance. Les risques dans une
ferme sont bien réels.

Les faibles investissements de départ sont une bonne option pour limiter vos charges
financières. Donc continuer de limiter vos investissements. Pensez à la location ou la
mutualisation de matériel. Sans aller dans l’extrême bien sûr : du bon matériel peut vous
faire gagner beaucoup de temps et vous préserver physiquement.

c. Le " lean management "

Cette démarche a été créée par le fondateur de la production de Toyota. Pour expliquer
simplement ce qu’est une approche lean, il l’explique comme suit : regarder le temps de
parcours entre le moment où le client donne un ordre au moment où l’on est payé.
L’approche lean a pour but de réduire ce temps par la suppression des pertes et déchets
n’apportant pas de valeur.

L’outil principal de la méthode lean vient du Japon et est le 5S : seiri, seiton, seiso,
seiketsu, shitsuke. Ce qui peut être traduit et expliqué par :

Trier : élimination tout ce qui n’est pas absolument nécessaire à votre système de
production et simplification de vos techniques
Ordonner : chaque outil a une place (bien choisie) et doit être remis à celle-ci après
chaque utilisation,
Nettoyer : le faire régulièrement permetde ne jamais atteindre le chaos,
Standardiser (dans le sens industrialiser) : établir une routine des actions précédentes
pour qu’elles soient faites par petites étapes et régulièrement,
Maintenir : l’utilisation de photos peut aider à conserver une pièce ou des rangements
dans l’état où ils doivent être.
Les principes du lean adaptés à une ferme sont :
Spécifier précisément la valeur (vous devez être guidé par le produit ou service que
recherche précisément le client : bien définir son besoin),
Trouver la chaîne de valeur de production (de la commande à la vente en passant par la
production),
Créer un flux sans interruption ni action qui n’apporte pas de valeur,
Vendre suivant la demande,
Rechercher la perfection (par l’amélioration continue).

Il faut voir le lean comme un système et non comme une intuition pour profiter pleinement
de son potentiel.

L’application de ce système a permis à Ben Hartman (ferme The Clay Bottom Farm aux
Etats-Unis) de vivre confortablement de son activité sur 4000m² de culture (dont environ
836m² de serres) avec sa femme et une personne à mi-temps.

Retrouvez un article complet sur ce sujet ici : https://blog-lapetitevallee.com/livres/the-lean-


farm-ben-hartman/
4. FÉLICITATIONS ! VOUS ÊTES ALLÉS JUSQU’AU BOUT !

Il y a beaucoup d’informations différentes dans ce document. Vous ne pourrez pas tout


appliquer tout de suite. L’idée est d’identifier l’étape où vous en êtes et d’approfondir la
suivante.

Beaucoup de notions ont été abordés dans ce document, vous pourrez retrouver une liste
des livres incontournables pour approfondir les sujets qui vous intéressent ici :
https://blog-lapetitevallee.com/livres/liste-de-livres/

Si vous avez des blocages ou des questions n’hésitez pas à m’en faire part. Différents
groupes Facebook existent sur le sujet et permettent de discuter de vos problématiques ou
de juste s’encourager. En partageant ses expériences on se sent moins seul !

N’oubliez pas de visiter mon blog pour tout un tas de sujets liés aux microfermes en
permaculture et agroécologie.

Alors pour finir, dites-moi où vous en êtes dans votre parcours ! Je pourrai adapter le
contenu de mon blog pour vous aider dans vos démarches.

A bientôt sur le blog : https://blog-lapetitevallee.com/

Retrouvez moi aussi sur Facebook : https://www.facebook.com/Dimitri.LaPetiteVallee/


Et sur YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCIDqOxLtnHdlgOHr6Yyj8ew?
view_as=subscriber (Nom de la chaîne : Microferme - La Petite Vallée)

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