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-Ne produire aucun déchet : les déchets des uns sont les trésors des autres
-Agir en bordure, valoriser les marges : entre des milieux, des éléments
différents…
Il est donc assez clair que le modèle agricole fondé sur les principes de la
permaculture présente dans tout les domaines, des avantages considérables sur
l’agriculture telle que pratiquée actuellement. Orienter la production vers ce
modèle agricole serait alors bénéfique, mais qu’en est il de la faisabilité d’une
telle entreprise ?
Tout d’abord, ce modèle agricole demande une main d’œuvre qualifiée beaucoup
plus importante que le modelé actuel, ce qui obligeraient les sociétés à former
de nombreux permaculteurs. Cependant, la formation dans un cadre scolaire est
assez complexe, puisqu’un modèle permaculturel n’est pas réplicable : il faut en
concevoir un adapté à chaque cas. L’enseignement constituerait donc un défi de
plus et nécessiterait beaucoup de moyens, puisque l’expérience du terrain est
absolument fondamentale.
La transition devra être progressive afin d’assurer une production constante de
nourriture, puisque les rendements en approche permaculturelle sont
exponentiels, a condition d’avoir bien désigné son projet. Le processus risque
donc d’être long et fastidieux.
Économiquement, la permaculture est avantageuse, puisqu’elle nécessite des
investissements bien moins importants qu’en agriculture traditionnelle, du fait de
l’absence de mécanisation, d’engrais commerciaux ou de traitements chimiques.
La rémunération et les conditions de travail étant supérieurs, il est probable que
si on leur en donne les moyens, les agriculteurs accepteront de changer de
technique.
De plus, puisqu’elle rentabilise au maximum la surface cultivée et présente des
rendements exceptionnels, les terres arables nécessaires sont moins importantes,
ce qui pourrait par la même occasion constituer une solution efficace a ce
problème, qui n’en serait alors plus un. De même, la question géographique et les
problématiques climatologiques ou pédologiques qui en découlent n’ont que peu
d’impact sur la viabilité du système. En effet, la permaculture est praticable sous
toutes les latitudes, dans presque tout les milieux et climats.
https://www.permaculturedesign.fr/ferme-permaculture-sepp-holzer-
krameterhof-autriche-modele/
En Autriche, dans la ferme permaculturelle du Kramerthof, la mise en
application des principes de la permaculture a permis à Sepp Holzer de cultiver
très efficacement à flanc de montagnes, dans une des régions les plus froide de
l’Autriche. Les productions sont très variées : légumes, bovins, canards, poissons,
écrevisses, moutons, et même des cerises, à plus de 1500m d’altitude. De même,
un projet de verdification d’une parcelle du désert de Jordanie a conduit à la
création d’un oasis dans lequel sont produits des fruits et légumes en abondance.
D’autre part, comme on le montre le rapport de l’INRA sur la ferme du Bec
Hellouin, le maraîchage permaculturel a un très grand potentiel de fertilisation et
de réhabilitation des sols, ce qui couplé à la résilience climatique, rends possible
la culture dans un très large panel de régions du monde. Ces exemples
témoignent donc de la viabilité de ces systèmes, même dans des milieux à priori
peu propices à l’agriculture. Malgré les contraintes techniques que cela
représenterait, le passage au micro maraîchage bio-intensif diversifié comme
base de la production alimentaires semble être un objectif réalisable, à condition
qu’on y investisse les moyens nécessaire. Cependant, cela impliquerait
obligatoirement une remise en question des modes de vies contemporains, et par
la même occasion, une extension des principes de la permaculture aux autres
domaines de l’organisation des sociétés humaines. Il serait en effet assez
incohérent d’opter pour une agriculture respectueuse de l'environnement et des
hommes, tout en conservant les mode de vie actuels, qui posent de nombreux
problèmes sociaux et environnementaux.
Parmi celles ci, la notion de ville serait entièrement revue. En effet, la ville
moderne et thermodynamique n’est pas soutenable, compte tenue des
conséquences liées au réchauffement climatique, à l’épuisement des ressources
et l’augmentation des populations. De plus, dans le cas de l’adoption d’un mode
de production permaculturel, elle ne serait pas non plus compatible avec celui ci.
En effet, ce dernier favorise la petite échelle, le local, les liens sociaux entre les
acteurs de la communauté, autosuffisance etc.… On peut donc supposer que dans
le cas ou 4millions de micro fermes verraient le jour, une « exode urbaine »
s’oppererait . L’agriculture local étant devenu l’un des piliers de la société, les
populations s’organiseraient ainsi autour de ces fermes, pour former des villages
ou des villes de moyenne envergure, et dans lesquelles la relocalisation des
populations impliquerait aussi une relocalisation des bassins d’emploi, avec bien
sur une place importante de l’artisanat et de l’agriculture. Si des villes de plus
grande envergure se maintiennent, leur fonctionnement sera radicalement
différent de celles de maintenant. Pour s’inscrire dans une logique
permaculturelle, elles devront donc devenir autosuffisante énergétiquement,
alimentairement et ne produire aucun déchet. Il faudrait donc pour cela
relocaliser la production d’énergie et de nourriture au sein même de la ville,
revegetaliser l’espace urbain, limiter les déplacements aux moyens de transports
non polluants, encadrer strictement la gestion des ordures, et si possible
l’intégrer au fonctionnement de la ville (compost, production d’énergie grâce à la
biomasse, construction…).
Si la répartition des population sur le territoire changerait radicalement, les
formes d’habitat serait aussi profondément bouleversée par l’adoption de
l’approche permaculturel. L’espace libéré par la réduction de la surface agricole
nécessaire a la production de nourriture permettrait a beaucoup plus de gens si
ce n’est a la quasi totalité de la population de vivre dans un logement individuel,
probablement avec un bout de terrain. Or la plupart des habitations construites a
l’heure actuelle sont loin d’être écologiques. Parmi les alternatives proposées par
l’application de la permaculture a l’habitat, on trouve par exemple les Earthship,
parfois appelées Géonefs en Français. Ce sont des maisons semi enterrées,
construites a partir de matériaux naturels ou recyclés, tels que la terre, la paille,
les pneus, les bouteilles en verre, les canettes etc.….. Elles présentent la
particularité d’être autonomes en eau grâce a un système de traitement et de
récupération des eaux usés et des eaux de pluie, de produire leur propre
électricité grâce a l’intégration de panneaux solaires à leur structure ou à
l’adjonction d’une petite éolienne. De plus, la structure en pneus et le fait d’être
semi enterré leur accorde une isolation thermique exceptionnelle, qui rends un
système de chauffage superflu, dans les climats tempérés du moins. Elles
disposent aussi souvent d’un espace dédié a la production de nourriture, qui
réutilise les déchets de l’habitat (eaux grises, toilettes sèches….). Elles sont aussi
conçues pour s’intégrer le mieux possible dans le paysage, et ne pas perturber la
biodiversité environnante, notamment du fait de leur faible hauteur, et du toit
végétalisé qu’elles arborent souvent. Ce modèle n’est qu’un exemple parmi les
possibilités qu’offrent l’écoconstruction, mais il est assez représentatif de ce que
donnerait la permaculture en matière d’habitat. Si les estimations de
reboisement formulées ci dessus s’avèrent exactes, on peut aussi penser que les
constructions en bois reviendraient au goût du jour, grâce à l’abondance de la
ressource et à la revalorisation de l’artisanat qui serait sûrement importante dans
ce secteur.
http://www.imagiter.fr/2017/01/la-permaculture-n-est-pas-un-commerce-mais-
une-economie.html
Le fondement de nos sociétés modernes est le capitalisme financiarisé et
mondialisé, dans le cadre de la division internationale du travail. Ainsi, les
sociétés sont organisées de manière à servir ses intérêts. Afin de maximiser
« l’avantage comparatif »(cf Ricardo) des pays et la productivité des travailleurs,
les différentes étapes de la production des biens sont réparties a l’échelle
mondiale et effectuée par des travailleurs extrêmement spécialisés qui
n’exécutent souvent qu’une seule tache. Désormais, une marchandise peut ainsi
avoir fait le tour du monde avant d’être achetée ou consommée. On comprends
que le système est le parfait opposé de la permaculture, qui favorise les circuits
courts et la localité. D’autre part, le centre de la vie économique est la sphère
financière, et les villes sont organisées selon ce principe. En témoigne
l’importance du Central Business District dans les villes moderne. Les répartitions
des habitants sur le territoire d’un pays sont eux aussi soumis a la force
organisationnelle du capitalisme, les différentes dynamiques de logement en sont
la preuve (périurbanisation, gentrification….). Les modes de vies actuels sont
défini par le capitalisme, et personne n’y échappe. Il en va de même pour le
changement du modèle agricole. La déconnexion de la terre est l’une des
conséquences de l’exode rurale provoquée par l’industrialisation des sociétés.
D’autre part, c’est bien contre le modèle de l’agriculture mécanisée, intensive et
non naturelle que se bat la permaculture. Or ce même modèle est un pur produit
du capitalisme, puisqu’il met l’accent sur les rendements immédiats, la quantité
plutôt que la qualité, et permet de faire vivre d’autres secteurs de l’économie
capitaliste, telle que les entreprises phytosanitaires, ou d’engins agricoles. De
plus, la ou le capitalisme repose sur la concurrence entre les acteurs de
l’économie, la permaculture prône le partage et la coopération entre les
membres de la société. Les intérêts du capitalisme et de la permaculture sont
ainsi tellement opposés qu’il est impossible que les deux cohabitent. Or, un
système avec une capacité d’organisation des société aussi puissante que le
capitalisme n’a pas de raison de concéder le pouvoir, et risque même d’être
favorable à l’empêchement de la prise de contrôle de ce qui constitue pour lui un
antagoniste. Dès lors, il nous faut inévitablement nous interroger sur l’action du
système capitaliste sur l’entreprise de transition systémique, dans le cas ou celle
ci aurait lieu.
Le Bec-Hellouin (France) (AFP) - Avec ses îlots potagers luxuriants entourés d'une eau limpide,
ses forêts-jardins habitées d'oiseaux, la Ferme du Bec Hellouin, en France, fait figure de
pionnière d'une agriculture qui attire de plus en plus: de petites fermes cultivées intensivement
sans tracteur ni pesticide, sur la base de techniques glanées ici et là dans le monde et à travers
l'histoire.
"Le truc que je trouve le plus jubilatoire, c'est le constat qu'on peut produire beaucoup, sans
pétrole, et régénérer l'environnement rapidement. Ici c'était un pré tout nu avec une terre de
mauvaise qualité. Maintenant c'est plein d'oiseaux", s'enthousiasme Charles Hervé-Gruyer, un
ancien navigateur qui a créé la ferme en 2006 avec sa femme Perrine, ex-juriste pour une
multinationale.
Ils ont vendu ensuite 40.000 exemplaires de leur livre "Permaculture, guérir la terre, nourrir les
hommes" (Actes Sud) en France, aux États-Unis, en Chine, en Grèce, en Amérique latine, aux
Pays-bas. Et un manuel de 800 pages est prévu début 2019 chez le même éditeur.
Entretemps, ces néoruraux ont beaucoup lu les pères fondateurs anglosaxons de la
permaculture, cet "art de s'inspirer de la nature". Charles Hervé-Gruyer, 60 ans, a puisé dans
ses souvenirs de voyages auprès de peuples premiers et son épouse, 44 ans, dans ses années
en Asie.
"On a synthétisé des techniques et après beaucoup beaucoup d'années de dur labeur, on est
arrivé à des niveaux de production qui semblaient impensables sans tracteurs", explique ce père
de quatre filles, persuadé qu'avec "la fin du pétrole" les microagriculteurs vont se multiplier
considérablement.
D'après une étude AgroParistech/Inra, sur 1.000 m2 de culture intensive au c?ur de cet espace
de 20 hectares, "la microferme apparaît comme un modèle économique réaliste pour
l'installation de porteurs de projets sans assise foncière et disposant d'une capacité
d'investissement limitée".
- "Small is beautiful" -
La recette passe par une culture très dense où les légumes poussent presque imbriqués les uns
dans les autres, sur des buttes de terres (comme le faisaient les Chinois il y a 4.000 ans)
enrichies, par exemple de terra preta, du biocharbon, une idée venue d'Amazonie.
La production repose sur une mosaïque d'espaces interdépendants. Les mares font office de
tampon thermique, accentuant le rayonnement solaire sur le potager, les légumes montés en
graine servent à pailler et donc maintenir l'humidité dans le sol, les déjections des animaux sont
utilisées comme fertilisants. Le verger protège les cultures du vent.
"Ça exige un niveau de savoir-faire technique considérable. Et de savoir vendre ses produits.
Mais ce n'est pas non plus impossible", assure François Léger, enseignant-chercheur et auteur
de l'étude AgroParistech/Inra.
En dépit de l'ampleur de la tâche et des revenus modestes en perspective --l'étude évoque des
revenus de 900 à 1.570 euros par mois pour 43 heures de travail par semaine--, ils sont
nombreux à venir au Bec Hellouin pour se former, avec la volonté de "faire de l'utile, du beau, de
l'écologique", sans passer pour des "délurés".
Ce jeudi de printemps, ils sont une cinquantaine de stagiaires. "Les rendements, ce n'est pas la
quête première. La volonté première, c'est de redonner du sens à une vie", explique Thierry
Pégard, 40 ans, qui a travaillé 15 ans dans la finance avant de devenir paysagiste il y a trois ans
et de lancer cette année sa ferme en région parisienne. Il croule aujourd'hui sous les demandes,
de la part de restaurants notamment.
"On a des résultats que je n'avais pas quand j'étais dans la finance, enfermé dans les bureaux. Il
fallait faire du chiffre mais on ne savait pas trop pourquoi. Là on sème; trois mois après, on a
une récolte et des clients qui sont contents", poursuit l'ex-responsable financier.
Consultants indépendants en environnement, Betania et Frédéric Airaud ont quitté l'Afrique avec
leurs enfants pour acheter un terrain au Portugal. Ce couple de biologistes franco-portugais de
39 et 40 ans est venu se former au Bec Hellouin, "stimulé" par l'idée de lancer une ferme
"productive" et bio dans un pays où le bio "n'est pas très développé".
M. Léger estime à plusieurs milliers le nombre de fermes basées en France sur le "small is
beautiful", peu mécanisées et avec un souci écologique, avec une "grosse accélération depuis
2010". Mais il n'a pas de chiffre sur le taux d'échec
10Venant d’un tout autre horizon, le concept de permaculture apparaît dans la deuxième moitié des années soixante à partir d’un des
derniers grands territoires colonisé par l’occident, l’Australie, et même au bout de ce dernier nouveau monde, la Tasmanie. À ce
moment l’émergence de l’écologie comme science, mais aussi comme prise de conscience de notre impact sur les processus du vivant,
rencontre la première crise pétrolière et l’aspiration à construire un monde différent. Dans un saisissement de la destruction
programmée de notre humanité4, la situation excentrée de cette terre moins chargée matériellement et psychologiquement de
l’histoire récente de la culture occidentale, de même que l’esprit pionnier qui y persiste, ne sont sans doute pas étrangers à la mise en
action pratique et immédiate de solutions alternatives. En effet, bien que l’insoutenabilité d’une croissance infinie dans un monde fini
comme modèle de civilisation ait été établie en Europe et aux États-Unis il y a quarante ans par le Club de Rome et le rapport Meadows
and al. (1972), on ne peut que constater le déficit de vision organisée et active ayant émergé, depuis, sur ces continents. Peut-être
fallait-il, pour s’ouvrir à un avenir différent, être capable de mettre à distance un certain héritage, comme l’a fait la permaculture, en
s’éloignant du paradigme techno-industriel. Mais aussi, il faut bien le dire, en recouvrement d’une culture indigène dont les 40 000 ans
de permanence précoloniale semblent être considérés comme globalement révolus puisque, dans un premier mouvement, la
permaculture s’étend physiquement et intellectuellement sur l’ancien monde indigène.
11Alors que la permaculture cherche plutôt à s’ouvrir à tous ceux qui entreprennent de la pratiquer, l’urbanisme, du fait d’un certain
échec du citoyen à participer à l’aménagement urbain, est plutôt pratiqué par des spécialistes élus ou attitrés. Pour la permaculture,
l’expérimentation pratique d’accompagnement du vivant précède le théorique et l’idéel5. En cela c’est un mode de conception bien
éloigné d’un certain urbanisme qui théorise la vie, fragmente et zone. La permaculture ne fonctionne pas à partir de préceptes ou
d’objets techniques, mais renoue avec la culture traditionnelle des « principes ». Toute la force des « principes » comme figures
d’enseignement et de recherche réside dans le fait qu’ils se trouvent à mi-chemin entre le simple conseil d’aménagement et la
connaissance scientifique restreinte à un tout petit fragment du réel. Ces « principes » permaculturaux, qui se sont formalisés
différemment selon les pratiques séparées des deux auteurs d’origine6, sont conçus comme assez souples pour être, travaillés
intellectuellement ou pratiquement, et adaptés aux lieux et circonstances, sans être du domaine du procédé technique. Ainsi, loin de
méditations spécialisées et confisquées à tout un chacun par une certaine technicisation conduite par l’idéologie de l’urbanisme, la
permaculture se fonde dans l’action et le partage à partir d’une expérience de la pratique.
12Enfin, la permaculture, par sa revitalisation de l’initiative individuelle et par la possibilité d’autosuffisance partielle ou totale qu’elle
ambitionne, participe de l’autonomie au sein de l’urbain, là où l’urbanisme contemporain concourt à un certain assujettissement à
l’organisation spatiale qu’il produit. Car, même, si, depuis l’origine de l’urbanisme, certains engagements militants souhaitaient changer
la forme de la ville pour changer la relation sociale, l’urbanisme, structurant une ville thermodynamique s’est au final plutôt voué à une
certaine techno-spatialisation capitaliste7).
13On peut conclure ici que du fait de sa nature évolutive la permaculture est difficile à définir définitivement en propre. Cependant,
mise en relation avec les modes d’aménagement de l’écoumène contemporain que sont l’urbanisme et l’agriculture, il apparaît qu’elle
possède des caractéristiques liées à son but, à son développement interne et à son contexte, qui font d’elle autre chose qu’un nouveau
mode de perpétuation du système en place. En effet, l’ouverture originelle de la permaculture sur l’écosystème dans lequel elle
s’implante, engage, non pas à un questionnement de son adaptation à des pratiques et théories urbaines, mais plutôt, au regard de ses
aspirations et de son exercice, à la remise en question des modalités passées de la Ville. Après Fukuoka, un des grands inspirateurs des
auteurs originaux de la permaculture, qui titrait « La révolution d’un seul brin de paille » en 1975 (2005), Mollison annonce clairement
la permaculture comme une révolution silencieuse
La permaculture se présentant comme un projet de changement de la relation à l’urbain existant par rapport à l’écosystème, il est
important de cerner la pertinence éventuelle de la permaculture non plus comme méthode seule de recherche de plus grande
cohérence sociale et écologique dans les milieux où elle s’implante, mais comme une méthode à part entière de « design » local à
destination du global. Il y a donc à approfondir sa détermination relativement à l’agriculture et à l’urbanisme puis à examiner les modes
de conception et de pratique de la résilience qu’elle recherche.
15D’abord, il nous faut revenir à la représentation classique de l’agriculture urbaine pour pouvoir comprendre que la permaculture
urbaine relève d’une autre approche, de l’urbanisme dans son objet, de l’agriculture dans sa pratique, mais aussi, de l’agriculture
urbaine dans son concept. En effet, l’« agriculture » n’est peut-être pas ici le terme le plus approprié pour rendre étymologiquement,
mentalement, et procéduralement la façon dont la permaculture peut concevoir de cultiver la ville.
16Avant tout il nous faut noter, comme le rappelle son parcours dans la langue, que l’« agriculture », est la culture d’un ager. C’est-à-
dire la culture d’un « champ » puis un « domaine, territoire » qui s’oppose à urbs « ville » (Rey, 2000). Cette représentation d’une
juxtaposition fonctionnelle entre champs et villes présente au sein du langage avec lequel nous construisons le monde, tout en mettant,
par ailleurs, en relief l’aspect antithétique d’« agriculture urbaine », n’est pas pertinente au sein du processus écosystémique de la
permaculture. Plus fondamentalement, il nous faut aussi quitter abandonner l’idée de spatialité présente dans le grec agros, racine
de ager qui correspond à l’idée d’un espace cultivé spécialisé différent de l’espace de l’habitat. Ainsi dégagés de ces concepts agissant
en profondeur au sein d’un vocabulaire qui conduit notre représentation du monde, il nous est alors plus évident de se libérer, certes de
l’image de la ville classique entourée de champs, mais surtout de s’éloigner de la vision néomoderne d’un morcellement d’étendues
labourées métastasées par un bâti en progression.
17Ce que nous enseignent les sources systémiques sur lesquelles est basée la permaculture, c’est qu’il nous faut repenser cette
fragmentation en terme de lien. Le processus permaculturel, replaçant l’homme au sein de l’écosystème, s’emploie à réintroduire le
cycle écologique dans l’urbain. C’est-à-dire, à gommer partiellement la dichotomie urbs-ager que nous avons héritée de notre fond
culturel gréco-romain. Il s’agit ici, d’abord d’arrêter de dépenser de l’énergie dans des constructions nouvelles consommant toujours
plus de ressources spatiales et matérielles, pour réintroduire du vivant et du viable dans l’existant. Ce que permet la permaculture,
c’est de réimplanter tout de suite, visiblement et pratiquement, ce lien vivant entre l’homme et la nature. La permaculture imagine
ainsi réinvestir chaque espace de la rue par des arbres fruitiers, chaque parterre par des buissons à baies gourmandes, chaque façade
par des vignes, et même à réutiliser chaque poubelle comme composteur, afin de produire dans un rayon immédiatement disponible le
cycle nécessaire à la vie communautaire. Plus profondément qu’un simple changement spatial ou fonctionnel, il s’agit de se représenter,
de pratiquer et donc de repenser le monde à partir du lien et du système, là où, la séparation, l’enclos du champ, le morcellement de la
terre en parcelle par l’agriculture, nous avait amenés à organiser l’espace (Serres, 2005), puis le monde sur l’ordre du fractionnement.
Ainsi l’aménagement urbain doit se saisir au niveau épistémologique d’une dynamique des liens vivants, là où l’hypothèse
réductionniste nous a conduits à la production d’éléments d’études distincts si petits et si nombreux qu’aucun esprit humain ne peut en
faire la synthèse, replongeant ainsi le monde dans un chaos que ce système avait tenté d’organiser (Holmgren, 2002 :xv).
18Alors que les villes sont, dans leur essence et dans leur forme, liées à l’extériorisation hors de leurs murs de la puissance de la nature
dont elle se nourrissent, depuis l’agriculture mésopotamienne, jusqu’au puisement des ressources carbonées en passant par la main-
d’œuvre prolétarienne, la permaculture dans sa formation est un moyen de réintroduire la cité dans un cycle écologique.19Comme nous
l’avons montré, les principes que la permaculture énonce sont à la fois de nature mouvante et diverse, et imaginer la cité dans l’ordre
de la permaculture à partir de ces « principes » pourrait conduire à un certain trouble, en même temps qu’à un certain rétrécissement
philosophique. Il semble ainsi plus productif et plus ouvert de travailler aux sources des modes qui ont contribué à l’élaboration du
concept de permaculture, plutôt que sur les protocoles qu’elle formule dans un mouvement second.
20Mollison décrit , la permaculture est comme le résultat d’un « design »9. Et, du fait de la nature ambivalente de la permaculture
comme projet et pratique, ce « design » est certes le mode applicatif de la permaculture mais participe aussi de son propre mode
d’élaboration théorique interne10. Ce design , comme fondement du concept de la permaculture, est issu du mot
français dessein reprenant le designo italien qui signifiait, à la fois, dessin et but (Rey, 2000). Cependant, le design de la permaculture
ne s’arrête pas simplement au dessin, il se prolonge dans la mise en œuvre sur le terrain, en ajustant sa pratique « l’agriculture
permanente » à son but « la « permanence de l’agriculture ». Ce design en action qui en retour donne, par un résultat concret et
essentiel, sa substance à la permaculture et au permaculteur pour exister, rejoint une certaine philosophie de l’action qui tenait le vrai
par le fait (Vico, 1993 :77 [1710]). Ce mode de réflexion en action, se considérant comme partie d’un système en constant
réajustement, diffère d’un mode classique de développement de l’urbain où, toujours porteur de l’imaginaire de la neutralité de
l’opérateur scientifique, on se conçoit dans une extériorité contredisant les lois de l’écologie, comme « […] maîtres et possesseurs de la
nature. » (Descartes, 2000 :99 [1637]).
21À l’aube d’une crise de la ville thermodynamique, où la disparition de l’énergie fossile dans les airs parachèvera l’emballement
climatique à venir, il est peut-être moins temps de remettre en cause les théories courant sur cette ville, et ici l’urbanisme comme
idéologie, que de cultiver dans leurs interstices, comme le propose la permaculture. Cependant, au regard de notre sujet, il y a, après
avoir constaté l’échec global de la ville industrielle qui a fondé l’urbanisme, à montrer aussi que, malgré une prétention à changer nos
modes d’organisation matériels vers une plus grande pérennité, si nous ne changeons pas nos modes d’organisation mentale emprunts
de notre fond culturel ancien, nous aurons tendance à penser selon les mêmes principes pour arriver aux mêmes impasses. Par
exemple, comme type d’analyse externe assemblant mal des connaissances éparses, on peut s’attarder sur la théorie de la densification
du logement comme facteur de l’oxymore qu’est le développement durable (Méheust, 2009)22La nécessité d’un logement dense, telle
qu’elle est présentée, part du postulat que l’agriculture ne doit pas perdre d’espace, que le transport qui découle de l’étalement urbain
est source de dégradation de l’environnement mais qu’il est tout de même nécessaire de construire toujours plus du fait du dogme de la
croissance généralisée11. La seule densification de l’activité de « logement » est une densification ségréguée car elle externalise les
autres fonctions nécessaires à la vie sociale et biologique. En effet, la production de tout autre bien, à commencer par la nourriture, est
déplacée parfois jusqu’à l’autre bout du monde, les matériaux de construction de ces logements sont eux-mêmes exogènes et les
espaces d’épanouissement du corps, de l’esprit ou du lien social étant pensés comme une activité différente du « loger » sont conçus
dans la différenciation.
23Cette doctrine de la densité du logement est un trompe l’œil qui repose sur le présupposé de la perpétuation, d’une part d’une
agriculture industrielle intensive ayant totalement asséché la terre de toute vie pour cultiver sur un substrat issu de l’industrie
pétrochimique, et d’autre part sur la perpétuation de l’industrie du transport tout autant dépendante de l’énergie fossile.
24Ce qu’il faut ambitionner, bien entendu, c’est l’intensité du lien écologique et social à partir de l’existant. Ainsi, à l’inverse d’un type
ségrégatif de densification qui prive de toutes ressources biologiques et sociales immédiatement accessibles, ce que nous dit la
permaculture, c’est que la conception de l’habitat devrait comprendre, non le simple fait de se loger, mais aussi la possibilité de se
nourrir dans un certain « bon vivre » socialement partagé : c’est à dire la possibilité d’ « habiter ».
25Ainsi, bien que par ailleurs l’alibi de l’agriculture urbaine et le concept de ville-campagne soit parfois un autre moyen de continuer à
développer une agriculture enserrée dans un urbanisme proliférant, la réponse de densification du « logement » proposé comme
alternative ne semble pas plus pertinente.
26De plus, il y a deux façons de vivre la densification. Il y a la densification choisie et la densification prescrite. Le choix de vivre dans
des quartiers denses se fait rarement sur des principes écologiques, et plus couramment parce que l’on a les moyens culturels et
financiers d’échapper à cette densité lorsque le goût de la ville est satisfait12. Mais, il y a aussi une densification subie qui s’apparente
à un enfermement, quand en plus d’être aliéné spatialement, on est aliéné mentalement et économiquement à la loi de la
consommation13. Cette situation existe déjà dans des zones où la paupérisation tourne au ghetto, et où se trouvent « (…) des
individus qui sont des purs produits de la société industrielle, ségrégués et vidés d’eux-mêmes » (Blanquart, 1997 :146). À l’opposé de
cette fragmentation industrialisée qui s’est instituée au cœur des individus pour finalement ne plus les considérer que comme des
consommateurs, la permaculture dans sa volonté d’autoproduction locale favorise une cohérence trouvée dans le « faire » qui permet
de repenser la continuité du biologique au spatial en passant par le social. En effet la création de cultures et de jardiniers, base d’une
relation éco-systémique sociale viable, ainsi que ce qu’elle induit pratiquement, comme le réinvestissement dans l’espace public, la
possibilité personnelle de création, le tout ayant des résultats directement exploitables dans sa cuisine, est un des moyens personnels
et collectifs de ressaisissement de notre être.
27Dans un monde où les énergies non renouvelables s’épuisent et où notamment la force première nécessaire à notre logique
productiviste, le pétrole, disparaît, la séparation intellectuelle et formelle entre densité de logement et densité de production n’est plus
viable. Au moment où le déplacement des lieux de production ayant débuté à partir du centre des grandes villes européennes vers les
banlieues, puis vers la banlieue des banlieues, s’achève dans une délocalisation transnationale, le principe de sobriété que nous
enseigne la permaculture peut nous permettre d’accompagner ce démantèlement de la production, d’une éducation au démantèlement
mentale de la consommation des biens issus de ce type de production. Dès lors, en plus d’une réduction de la consommation futile et
dangereuse pour notre biotope, il pourrait être retrouvé, sans transports et sans intermédiaires de profit, la place nécessaire à la
production locale des biens de consommation essentiels comme la nourriture.
S’appuyant sur les cycles naturels, le permaculteur autrichien a réussi, contrairement aux
autres modes d’agriculture, à ce que son sol devienne plus riche année après année.
Transformant sa montagne en une succession de terrasses inspirées des rizières d’Asie,
Sepp Holzer a trouvé pour sa ferme des solutions permettant d’endiguer le ruissellement
des eaux de pluie et la perte des précieux éléments nutritifs. Cette technique de
permaculture a façonné le Schwarzenberg pour en faire un lieu de vie, un paradis fertile
où mares et terrasses regorgent de nourriture saine pour plusieurs générations .
La ferme en permaculture, une alternative qui marche face aux fermes conventionnelles
La ferme réalisée au Krameterhof aura permis à Sepp Holzer de prouver que l’agriculture
durable et la permaculture dans des conditions extrêmes sont possibles en s’appuyant sur
des semences de variétés anciennes reproductibles dont la robustesse et la valeur
nutritive ne sont plus à démontrer le tout en respectant l’environnement. L’autonomie
alimentaire et énergétique ont été acquises en maintenant un équilibre naturel où tous les
acteurs vivant dans les alpages (faune, flore, éléments, humains,) coopèrent en synergie
pour le respect de l’écosystème. Vous n’y trouverez aucune plante hybride (qui font de
l’agriculteur un otage des semenciers), ni mauvaise herbe (car toutes les plantes ont une
utilité), ni produit phytosanitaire et engrais chimiques. Aujourd’hui, plusieurs acteurs de la
communauté du Lungau convaincus souhaitent étendre ce paradis né de la permaculture
dans toute la région. Des expériences similaires de fermes en permaculture ont vu le jour
partout dans le monde. Pari gagné pour ce rebelle aux mains vertes !
Le capitalisme étroit ne sait que poser les mauvaises questions. A part sa rengaine, en effet, il ne
comprend rien au monde concret qui peut l’entourer. La permaculture n’y échappe pas. La
question inappropriée devient « est-ce que de gros profits y sont possibles ? ». La réponse courte
souligne qu’il s’agit de réduire tous les besoins extérieurs, donc ceux de l’argent, aussi.
L’autonomie étant un gain se suffit bien à elle-même La permaculture n’est pas un commerce
obsédé par les bénéfices – mais, tout autre chose. Quoi ? Nous allons le découvrir, en nous aidant
de divers documents, même d’un sketch.
« Cette question nous est régulièrement posée : à notre avis, la permaculture est-elle viable
économiquement ?
Nous devons tout d'abord dire que la formule se mord un peu la queue, attendu que la création
d'une permaculture, c'est-à-dire d'une culture soutenable, passe nécessairement par la mise en
place d'une économie soutenable.
Donc réponse courte : oui, nous pensons qu'une économie soutenable est viable économiquement
!
La-permaculture-est-elle-viable ?
Comme pour tous les autres domaines (habitat, alimentation, énergies, etc.), la permaculture
prône une économie respectueuse de tous les humains et de la planète dans son ensemble, une
économie basée sur l'autonomie et l'entraide, et non surl'épuisement des ressources et
l'asservissement des peuples. D'un point de vue pratique, il s'agit de privilégier une économie
de circuits courts et d'échanges directs, par exemple par le WWOOFing, la création de
monnaies locales, de marchés de producteurs, d'AMAPs, le troc, le covoiturage...
Mais bien souvent, la question cachée derrière la première [et qui n’ose pas trop se montrer !]
est : peut-on vivre de la vente de produits générés par une ferme en permaculture ? Alors oui, de
nombreux producteurs y parviennent. Leur production est généralement très variée pour un
meilleur équilibre écosystémique et, par conséquent, un meilleur équilibre économique : face à un
ravageur, une maladie ou une météo difficile, une ferme qui produit des fruits, des légumes, des
œufs, de la viande, des champignons, du miel, des aliments transformés (bocaux), etc., ne
perdra qu'une partie de ses revenus. Elle est ainsi beaucoup plus résiliente qu'un producteur en
monoculture condamné à dépendre des indemnisations.
Même s'il y a mille façons de faire, le plus gros du travail est généralement à fournir les premières
années puisque l'idée est de créer un système quasiment autonome. Pour faciliter le démarrage,
on peut solliciter l'aide de volontaires le temps de l'installation, par le biais de financements
participatifs, de chantiers collectifs, grâce à l'échange avec des stagiaires, des WWOOFers, etc.
La création d'un tel lieu peut obtenir le soutien de nombreuses personnes, en particulier si la
dimension pédagogique est prise en compte, car de plus en plus de monde cherche à se former
sur l'écohabitat, le jardin naturel, l'autonomie énergétique, les outils d'organisation
collective, etc. Par la suite, la ferme demandera moins de travail et, à surface égale, produira
plus qu'une ferme conventionnelle.
Pour rester dans le domaine agricole, rappelons que l'agriculture communément pratiquée dans
notre pays n'est pas du tout viable économiquement. De plus en plus dépendants des énergies
fossiles, des pesticides, des engrais et des subventions, bon nombre d'agriculteurs s'en sortent à
peine, tandis qu'une poignée de gens s'enrichissent à outrance : les banques bien sûr, les
compagnies pétrolières, l'industrie phytosanitaire qui, au passage, brevéte les semences, mais
aussi quelques très gros céréaliers qui captent l'essentiel des subventions européennes.
Il n'y a rien de viable là-dedans, et moins encore si l'on s'intéresse à l'ensemble du système : où et
comment sont extraits et transformés les composants des produits chimiques et des
machines ? Qui les fabrique et dans quelques conditions ? Quelle énergie est dépensée pour les
fabriquer, les transporter, les stocker, et les utiliser ? Comment sont-ils recyclés ? Rappelons qu'en
tenant compte de tous ces facteurs, l'agriculture industrielle dépense en moyenne quinze calories
pour en produire une. L'un des objectifs principaux d'une production en permaculture
étant d'inverser complètement cette tendance, elle devient forcément infiniment plus "viable".
Une multitude de micro-fermes autonomes, cela signifie une multitude de petits producteurs, donc
des créations de richesses et d'emplois localement, des circuits courts rendus solides par le
tissage de réseaux et la création de monnaies locales...
Il ne s'agit donc pas de remplacer des techniques polluantes et énergivores par des techniques
écologiques, mais plutôt de remplacer un modèle inefficace par un qui fonctionne durablement.
Rappelons au passage que dans une ferme en permaculture, les humains aussitendent vers
l'autonomie, ce qui passe nécessairement par l'adoption d'un mode de vie plus sobre, et donc vers
un besoin d'argent de moins en moins important, grâce à l'autoproduction d'aliments,
d'énergie, de matériaux de construction, voire d'outillage et de jeux, au recyclage (compost,
phytoépuration, récupération...), mais aussi grâce à des moyens d'échange alternatifs ou à la
simple entraide.
Il n'est donc même pas nécessaire de jardiner, surtout si l'on fait partie d'un collectif où l'on
échange volontiers les productions, les ressources et le temps libre. Ainsi, des milliers de
métiers peuvent être exercés en permaculture, que ce soit dans l'agriculture, l'enseignement,
l'artisanat, la santé, l'urbanisme, les technologies, les sciences, etc.
Pour chacun de ces domaines, il suffit de se demander comment pratiquer un métier qui prenne à
la fois soin des humains et de la planète, tout en favorisant le partage.
Fastoche, non ? »
Effectivement, c’est une mentalité tellement contraire à la dévastation capitaliste, qu’à moins d’y
entrer complètement dedans, il demeure impossible d’en comprendre lamoindre démarche. Et,
comme tout s’y tient, de saisir le projet global. Comme ce partage de tous les savoirs. Qui nous
fait sortir du gaspillage irrationnel d’énergies : nommé concurrences. Pour les remplacer par
l‘émulation. Toujours améliorer. Et chaque amélioration bénéficie à tout le monde. La société
économise tous ses gaspillages. Et ce sont les rapports humains et sociaux qui en sont
tous dépollués !
« L'un des objectifs de l'Université Populaire de Permaculture est de former de plus en plus de
formateurs pour répondre à une demande croissante et pour que les savoir-faire circulent. Par
ailleurs, pour un certain nombre de permaculteurs, la volonté est forte de proposer des stages,
formations, ateliers aux prix les plus bas possibles, voire gratuits, à prix libre ou en échange de
services.
Au delà de l'aspect financier, de plus en plus de projets se créent dans un but departage
intergénérationnel, mais aussi des jardins accessibles aux fauteuils roulants et que sais-je
encore... Des milliers de solutions sont encore à inventer pour que chacuntrouve sa place. Mais
la permaculture est simplement une science et, disons une façon d'agir, ce n'est pas un dogme
qui dira "contre l'exclusion nous allons agir comme-ci ou comme-ça", c'est à ceux qui veulent voir
le changement de chercher les solutions ! A partir de là, si l'on souhaite réduire telle exclusion, nos
actions la réduiront. » C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Et nul-le, en effet, ne peut
prétendre introduire des changements, sans être le changement soi-même. Observer
patiemment et comprendre en devient plus efficace que de semer des dogmes qui ne poussent
pas !
D’où surgissent, alors, les incompréhensions ? « On ne peut nier l'espoir gigantesque qu'il diffuse
dans le monde entier et ses résultats. Espoir que les mécanismes inhérents à la vie reprennent le
dessus sur la tendance générale au suicide de l'humanité.
Que certains continuent de faire de l'argent en vendant des lave-vaisselle, des bonbons ou du
publicitaire, ça se comprend, mais que soit réellement nés lesbusinessmen de la permaculture,
c'est beaucoup plus surprenant (et le mot est faible).
Quand un système touche à sa fin et quand les ressources vitales disparaissent, le savoir
permettant de continuer à envisager l'avenir ensemble ne peut pas être rendu rare par sa
soumission ou son indexation aux mécanismes de l'argent. »
Sur ces possibles dérives, qui ne touchent que très peu d’humains en permaculture, il demeure
préférable d’appeler un chat un chat et de voir les faits bien en face. Unsketch radio va faire, en
cela, économiser beaucoup de temps et de salive. Voyons déjà sa présentation..
« Cette petite séquence en direct sur une radio locale (www.descolarisation.org) veut dénoncer la
permaculture commerciale et ses fameux stages à 200, 1000 ou 5000 Euros (et l'attitude des
businessmen de la permaculture, auteur d'oasis business). Une intro de 5 minutes est suivie par
un sketch improvisé entre Michel Sapin, un stagiaire et Pascal, un businessman de la
permaculture. Il s'agit du moment fatidique du paiement.
Main d'oeuvre gratuite pour le maître des lieux (Cf "Maître et serviteur" de Tolstoï), les stagiaires
s'offrent à prix d'or un bien-vivre furtif et un savoir précieux au compte-goutte, qui ne feront
qu'augmenter leur frustration quand ils vont reprendre leur vie normale anormale. Ils seront si
pressés d'économiser pour se repayer un stage ! Un "stage de perma" ou bien malgré tout : une
nuit en yourte, dans une cabane dans un arbre, ou une promenade avec des ânes ou autres
truc qu'on-dirait-que-c'est-vrai ou qui-font-oublier-un-instant-la-misère morale et affective…
Dénonciation-de-la-permaculture-commerciale/
Ce qui est le plus de cette impro ? De saisir, à vif, les mécanismes mentaux…Genre, « Tiens, j'ai
deux chèvres qui aiment bien suivre en promenade... Et si je proposais des balades avec les
chèvres à 40 euros la journée ? ». Ou bien des comportements anachroniques– : oui des effusions
de bisous et d’amitiés au moment de la séparation finale. Oui mais juste dans le…
but d’enclencher un nouveau stage. Où est omis (dans le descriptif) de préciser tous les travaux
de bagnards effectués pendant ce-dit stage. Etc.
Alors si la permaculture n’est pas un commerce, qu’est-elle ? Décrivons-là, d’abord, d’un point de
vue tout extérieur
Stratégie : se faire le maximum d’alliés afin de travailler moins. Et que la terre travaille moins, elle
aussi. Elle n’en sera que plus fertile. Tactiques : réduire tous les besoins extérieurs donc l’argent.
Avec l’idéal pratique où tout le monde cultive ses propres aliments. Très futé. Stratégie et
pratiques qui font sortir du gaspillage irrationnel d’énergies : nommé concurrences. Pour la
remplacer par l‘émulation. Toujours améliorer. Et chaque amélioration bénéficie à tout le monde.
La société économise tous ses gaspillages. Et ce sont les rapports humains et sociaux qui en sont
tousdépollués !