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Le Magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 Numéro 47

Editorial

LES PREMIERES ASSISES NATIONALES


DES DECHETS ONT EU LIEU !

exergue l’urgence d’une nouvelle problé- ville exemplaire en France, qui, depuis
matique de développement, qui s’ap- le début de la décennie 90, accueille des
puie sur le fait que le déchet, matière Assises du même nom, qui servent de
première secondaire, génère des nou- boussole à la France et aux pays euro-
velles ressources - une fois traité, valo- péens pour mieux maitriser leurs poli-
risé et recyclé- sur lesquelles peut tiques environnementales, et mobiliser
s'appuyer une économie. C’est ainsi que les acteurs impliqués dans la pollution et
les éléments structurels de l’économie la protection de l’environnement.
circulaire ont été déclinés au cours de C’est sous l’impulsion de ces Assises
ces Assises, pour s'accorder sur un nou- Nationales de Nantes, alors suscitées
veau modèle de croissance, basé sur par des professionnels de la production
Par Michel NGAPANOUN l’économie verte. de déchets, qu’est née cette idée au Ca-
PDG D’Hysacam Ces Premières Assises Nationales des meroun. Construire un mur contre la
Déchets, sont une pierre à l’édifice dans destruction de la couche d’ozone et
es 27 et 28 Avril derniers, se sont d’autres facteurs dont certains industriels

L
‘‘
tenues à Yaoundé, capitale poli- avaient conscience sans qu’ils ne leur
tique du Cameroun, les Premières soit opposé leur devoir éco-citoyen.
Assises Nationales des Déchets. Cette Chose curieuse, ce sont encore des pro-
plateforme avait pour ambition de donner fessionnels qui ont été à l’origine de cette
l’opportunité aux politiques, aux profes- Ces Premières Assises ont alerte et qui ont mis en garde la société
sionnels, et aux organisations de la so- mis en exergue l’urgence contre les effets nuisibles d’un dévelop-
ciété civile, de faire un état des lieux des pement industriel non contrôlé avec ses
enjeux environnementaux de l’assainis-
d’une nouvelle probléma- effets nocifs.
sement pour la protection de l’environne- tique de développement, Cette expérience a inspiré les profes-
ment et la défense de la nature. qui s’appuie sur le fait que sionnels camerounais. Bien que les ni-
Comme pour toute expérience de ce veaux d’organisation et de coordination
type, il a fallu du temps. Le temps de la
le déchet, matière première ne soient pas les mêmes, nous nous
concertation, de l’élaboration, et de la secondaire, génère des sommes lancés dans une réflexion. Il fal-
réalisation. Cette première manche a été nouvelles ressources sur lait trouver un cadre, un tremplin, pour
remportée au mois d’Avril dernier. mobiliser et concilier les professionnels.
La réflexion entamée bien des années
lesquelles peut s'appuyer Nous avons rencontré l’adhésion des po-
auparavant, a été alimentée par une dé- une économie. litiques. Les étapes de cette construction

’’
marche: aller auprès de ceux qui sont détaillées dans le dossier que Bo-
avaient déjà une expérience de construc- sangi a consacré à cet évènement sans
tion collective et de réflexion participative. précédent en Afrique en Afrique centrale.
Le modèle retenu sera celui des Assises la lutte contre les changements clima- De la genèse aux conclusions. Tout y est.
de Nantes. tiques, que les professionnels des mé- Au terme des travaux, il a été convenu
Il a fallu s'en inspirer en tenant compte tiers de la propreté ont posée. Ils veulent que désormais, tous les deux ans, se
des réalités du continent. Ce fut tout à ainsi contribuer à doter les pays autre- tiendront les Assises Nationales des Dé-
l'honneur des politiques, des techniciens fois pauvres et très endettés, en res- chets au Cameroun. Il y a urgence à ins-
de l'Administration en passant par les sources nouvelles pour être de la partie tituer des programmes concertés de
professionnels des métiers de la propreté dans la préservation et la protection de résilience et d’adaptation aux change-
jusqu'aux usagers représentés par les or- la planète terre. ments climatiques. Ces Assises consti-
ganisations de la société civile et La plateforme dénommée Assises Natio- tuent ce mur d’airain, dont l’Afrique a
quelques associations. nales des Déchets au Cameroun, est le besoin pour maitriser son destin clima-
Ces Premières Assises ont mis en prolongement de l’esprit de Nantes. Une tique et assumer le futur de ses enfants.

Bosangi
Une publication de Hysacam Directeur de publication Secrétaire de rédaction Direction artistique
B.P : 1420 Douala. Michel NGAPANOUN Innocent EBODE Valentin OMBIBI
Tél. +237 233 37 44 14 Ont participé à ce numéro : Marque Plus
Fax : +237 233 37 47 73 Rédacteur en chef Jean Célestin Edjangue, Florine Tél : +237 696 69 84 02
B.P. : 781 Yaoundé Garba AHMADOU marqueplus@yahoo.com
Nseumi Léa, Janvier Ngwanza
Tél. +237 222 22 13 79
Fax : +237 222 22 53 44 Owono, Jean Loîc Amougou Impression : Print Industry
Eric Vincent Fomo, Julius Taloy Tél : +237 233 42 63 93

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 3


Sommaire

6-9
Actualité
6. HIGH-LEVEL SIGNING CEREMONY FOR PARIS
AGREEMENT By Julius Taylor
7-8. France, VA-T-ON FERMER LA CENTRALE NUCLEAIRE ?
Par Jean-Célestin EDJANGUE
9. Changements climatiques,
LE PLAIDOYER DE MACKY SALL Par Eric Vincent FOMO

11-18
Dossier
Premières Assises Nationales des Déchets
L’ECONOMIE CIRCULAIRE AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS
Les Assises Nationales des déchets qui se sont tenues à Yaoundé du 27 au 28
avril 2016, les premières jamais organisées en Afrique centrale. Les acteurs de
la filière ont notamment débattu de la question de l’économie circulaire.

12 11. Assises Nationales des Déchets, DE LA GENESE


A LA REALISATION Par Janvier NGWANZA OWONO
12. VERS UNE BOURSE NATIONALE DES DECHETS,
Par Eric Vincent FOMO
13. L’économie circulaire, FAIRE DU BUSINESS TOUT EN
PROTEGEANT L’ENVIRONNEMENT Par Jean-Loïc AMOUGOU
14-15. Gestion de déchets, LA MUTUALISATION, UNE AUTRE
SOLUTION Par Florine NSEUMI LEA
16. Energy from household waste,
CAMEROON TARGETS 100 MEGAWATTS By Julius Taylor
17. Cameroon, Path towards waste of non-circular economy
By Julius Taylor
18. Tri des déchets au Cameroun, ETAT DES LIEUX,
ENJEUX ET PERSPECTIVES par Jean Loïc AMOUGOU
19. LA TYPOLOGIE DES DECHETS ET LES TECHNIQUES
DE TRAITEMENT By Julius Taylor
20. Cameroun, ZOOM SUR LE CADRE REGLEMENTAIRE DE
LA GESTION ENVIRONNEMENTALE par Jean Loïc AMOUGOU

4 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


22-25
21 Evènement
22. LES PARLEMENTAIRES CAMEROUNAIS FACE A
L’ACCORD DE PARIS Par Janvier NGWANZA OWONO
23-24. FRANÇOIS HOLLANDE FACE AU PARLEMENT POUR
RATIFIER DE L’ACCORD DE PARIS Par Jean-Célestin EDJANGUE
25. Finances locales, LES MAIRES FRANCOPHONES
PLAIDENT POUR UN TRANSFERT COMPLET DE
COMPETENCES Par Florine NSEUMI Léa

26
Le Cameroun a récemment pris part à la 21ième
Conférence des Parties (COP 21) à la Convention- Nouvelles d’ailleurs
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques. La forte délégation conduite par le Tchernobyl, 30 ANS APRES, LES SEQUELLES
Président de République a défendu les positions RESTENT ENCORE VISIBLES Par Eric Vincent FOMO
du Cameroun au cours de cette conférence.
27
Parole à...
Adamou Ndam Njoya Propos recueillis par Florine NSEUMI Léa

28
Portrait
Célestine Ketcha Courtes, LA FEMME DU PEUPLE
Par Florine NSEUMI LEA

29-30
Réflexions
Le nucléaire, ARME DE DISSUASION OU DE PERSUASION
D'UNE GUERRE LARVEE ? Par Janvier NGWANZA OWONO

28 31
Note de lecture
LA MONDIALISATION, UNE CHANCE POUR L’AFRIQUE ?*
Par Jean-Célestin EDJANGUE

33
Célestine Ketcha Courtes Carte postale
LA FEMME DU PEUPLE

34
Forum lecteurs

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 5


Actualité

HIGH-LEVEL SIGNING CEREMONY FOR PARIS


AGREEMENT
175 countries signed the Agreement in New York 22 April 2016.

Julius Taylor

he Paris Agreement was representatives of all countries to pends its final entry into force.

T adopted by all 196 Parties to


the United Nations Frame-
work Convention on Climate
sign the Paris Agreement on cli-
mate change at a special Cere-
mony at the United Nations
Following each national comple-
tion of this process, instruments
are submitted to the Depositary
Change at COP21 in Paris on 12 Headquarters on 22 April. The Si- under the UN Secretary-General
December 2015. gning Ceremony took place on in New York. It is only once such
the first day that the Agreement an instrument is deposited that a
In the agreement, all 175 countries opened for signatures, and mar- country can be said to have rati-
agreed to work to limit global tem- ked the first step toward ensuring fied the Paris Agreement.
perature rise to well below 2 de- that the Agreement enters into The Paris Agreement will enter
grees Celsius, and given the grave legal force as quickly as possible. into force on the 30th day after
risks, to strive for 1.5 degrees The signing marks an important the date on which at least 55 Par-
Celsius. Implementation of the international push on the way to ties to the Convention accounting
Paris Agreement is essential for the agreement’s timely entry into in total for at least an estimated
the achievement of the Sustaina- force. Some 60 world leaders, 55 % of total global greenhouse
ble Development Goals, and pro- amongst them President Francois gas emissions have deposited
vides a roadmap for climate Hollande of France, the President their instruments of ratification,
actions that will reduce emissions of COP21, France’s Segolene acceptance, approval or acces-
and build climate resilience. Royal, and the Executive Secre- sion with the Depositary.
To keep the global spotlight focu- tary of the UNFCCC, Christiana
sed on climate change and build Figueres attended the event. To mark this special signing cere-
on the strong political momentum A country’s signature on the mony, a social media tree-planting
from Paris, United Nations Secre- agreement initiates the critical do- campaign has also been launched.
tary-General Ban Ki-moon invited mestic process, on which de-

6 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Actualité

France
VA-T-ON FERMER LA CENTRALE NUCLEAIRE ?
Le candidat François Hollande en avait fait l’un des points essentiels de son pro-
gramme pour la présidentielle en 2012, promettant de réduire de 50% la part du nu-
cléaire dans la production énergétique hexagonale. Une promesse faite quelques mois
après la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, le 11 mars 2011.

Jean-Célestin EDJANGUE

e débat occupe la classe po- vieux débat habituel autour du mo- logique qui, pour 65% des per-

L litique et une bonne partie de


la population dans l’hexa-
gone. Et pour cause ! Passé le
dèle énergétique.
Une enquête réalisée par l’Ex-
press-SIA Conseil-OpinionWay au
sonnes sondées justifieraient une
hausse des prix de l’électricité. Et
Matthieu Courtecuisse, directeur
temps de l’émotion suscitée par la lendemain de l’accident de Fukus- général de SIA Conseil, remarque
catastrophe de Fukushima, au hima, montre que les populations que : « En réalité, seuls 20% des
Japon, en mars 2011, dont plu- françaises sont préoccupées et Français qui souhaitent une sortie
sieurs explosions avaient abîmé s’interrogent sur une éventuelle du nucléaire acceptent une éléva-
les réacteurs et entraîné des rejets sortie du nucléaire mais ne veulent tion du niveau des émissions de
de matières radioactives dans l’air pas mettre la main dans la poche CO2. Dans l’inconscient collectif, le
et dans l’eau, la question de l’éner- pour financer l’alternative au nu- réchauffement climatique continue
gie nucléaire se pose de nouveau cléaire. Ainsi donc, si 57% des son- à être plus anxiogène que le nu-
avec acuité en France. C’est que le dés sont d’accord pour l’abandon cléaire ». Pour sa part, Jean-Marie
nucléaire fournit 80% de la du nucléaire civil, 64% des élec- Chevalier, professeur de géopoli-
consommation d’électricité en teurs de droite sont contre l’arrêt de tique à l’université de Paris-Dau-
France, à un prix de 30% inférieur la production nucléaire. phine, pense que « le problème
à la moyenne des pays européens. Le même sondage indiquait que les majeur, aujourd’hui, c’est l’équation
Mais le séisme provoqué par Fu- Français étaient prêts faire évoluer énergie-climat. Aucune source de
kushima a causé une onde de choc le mix énergétique en intégrant les production n’est parfaite. Plutôt que
qui a largement dépassé les fron- critères écologiques, 37% d’entre de s’interroger sur une sortie du nu-
tières du Japon. eux étaient favorables à payer cléaire, c’est à la composition du
En Europe, et particulièrement en deux fois plus cher leur électricité bouquet qu’il faut réfléchir. »
France, l’explosion des réacteurs pour avoir des modes de produc- Comme quoi, la question est loin
de la centrale nippone a relancé le tion écolo. Une préoccupation éco- d’être résolue.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 7


Actualité

« Objectif moins de 50% de nu- Cet état de choses a eu le don d’ailleurs à la fin de cette même
cléaire à l’horizon 2025 » d’exaspérer certaines associa- année 2018 que la mise en ser-
Alors que le président François tions, qui ont l’impression d’avoir vice de l’EPR de Flamanville dans
Hollande entame l’ultime année été flouées du fait du décalage la Manche est également prévue.
de son quinquennat, la question entre les promesses du candidat Pour Cyrille Cormier de Green-
de l’énergie nucléaire reste un vé- François Hollande lors de la pré- peace, rien d’étonnant dans les
ritable caillou dans la chaussure sidentielle 2012 et la réalité des tergiversations du gouvernement
du chef de l’Etat. Et ce malgré faits depuis son élection : « Nous qui s’expliquent par « une diffi-
l’Accord de Paris sur le Climat attendons du président de la Ré- culté à choisir entre la transition
adopté le 12 décembre 2015 au publique qu’il nous donne des énergétique et l’exportation du nu-
Bourget. gages sur le contenu de la PPE. cléaire français, qui nécessité de
La loi de transition énergétique Le scénario qui sera proposé doit conserver une vitrine nationale,
pour la croissance verte, votée prévoir de fermer un certain nom- un parc, des équipes et un savoir-
en août 2015, prévoit pourtant bre de réacteurs nucléaires. Nous faire ». L’opposition politique fran-
dans son article premier de « ré- n’allons pas refaire les trois an- çaise est encore plus sévère
duire la part du nucléaire dans la nées de débat que nous avons quant à l’attitude de l’exécutif : «
production d’électricité à l’horizon déjà eues. La PPE devra égale- Depuis le début, on nage en
2025 (contre 77% en 2014) ». Le ment intégrer des objectifs plus pleine hypocrisie, avec une loi de
sujet est revenu sur toutes les lè- élevés que ceux annoncés pour transition énergétique perçue par
vres lors de la quatrième confé- les énergies renouvelables », sou- beaucoup-parlementaires, mem-
rence environnementale du ligne Denis Voisin, le porte-parole bres du gouvernement, indus-
quinquennat de François Hol- de la Fondation Nicolas Hulot. triels- comme n’ayant pas
lande, les 25 et 26 avril 2016. vocation à être appliquée. La
Une conférence qui s’est tenue « Une question embarrassante » preuve en est qu’EDF ou Areva
trois jours après la signature de Dans son dernier rapport rendu n’intègrent pas d’évolution ma-
l’accord sur le climat à New York public le 10 février 2016, la Cour jeure du parc nucléaire dans leurs
par 175 pays dans un contexte de des comptes accorde une place calculs financiers. On est dans un
défiance avec les verts t les as- de choix à la question du nu- jeu de rôle, de feinte systématique
sociations environnementales de cléaire. L’avenir du parc nucléaire, du gouvernement. Sur le nu-
l’hexagone. L’objectif de cette les prolongations et fermetures cléaire, la transition énergétique
conférence environnementale, des réacteurs, est renvoyée à la réside dans la PPE, le reste n’est
instituée dans la lignée du Gre- deuxième période de la PPE que du baratin », estime Hervé
nelle de l’environnement du (2019-2023) suivant l’évolution Mariton, député Les Républicains
temps de Jean-Louis Borloo, est des énergies renouvelables et la de la Drôme et coauteur d’un rap-
d’arrêter une feuille de route an- demande en électricité. La Cour port1 sur le coût de la fermeture
nuelle du gouvernement en ma- des comptes pense que diminuer anticipée des réacteurs nu-
tière environnementale. Son la part de l’atome à 50% du bou- cléaires.
ambition principale étant non quet électrique revient à arrêter « La France n’en a décidément pas
seulement de réunir entreprises, de 17 à 20 réacteurs » sur les 58 terminé à se torturer les méninges
associations, syndicats, élus et que compte la France. Ce qui sup- sur la question du nucléaire. Ce
décideurs autour des enjeux éco- poserait un calendrier précis des d’autant plus que Areva, le géant
logiques et sanitaires majeurs ; fermetures. Or la question est tel- du nucléaire français, connaît une
mais aussi de « faire de la France lement embarrassante que le pou- situation financière extrêmement
la nation de l’excellence environ- voir actuel de l’Elysée semble tout compliquée qui a conduit son an-
nementale ». faire pour remettre cette « patate cienne patronne Anne Lauver-
Or, si les associations ont ap- chaude » entre les mains des pro- geon à être mise en examen au
prouvé la promulgation, en août chains gouvernements. mois de mai 2016 pour « présen-
2015, de la loi sur la transition La ministre de l’Ecologie, Ségo- tation et publication de comptes
énergétique, elles s’inquiètent au- lène Royal, a néanmoins promis inexacts » et « diffusion de
jourd’hui des retards dans son ap- l’abrogation de l’autorisation de fausses informations ». Elle est
plication, puisque 77% des fonctionnement de la centrale de en fait soupçonnée d’avoir sous-
décrets d’application restent en Fessenheim, la plus vieille cen- estimé les provisions pour dépré-
attente de publication. Par ail- trale nucléaire de France, avant le ciations d’actifs en 2010 et 2011
leurs, la programmation plurian- 1er juillet 2016, même si la cen- suite à l’acquisition calamiteuse
nuelle de l’énergie (PPE), a été trale alsacienne ne s’arrêtera défi- par Areva de la société minière
renvoyée au 1er juillet 2016. nitivement qu’en 2018. C’est canadienne Uramin.

8 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Actualité
Changements climatiques
LE PLAIDOYER DE MACKY SALL

Après la signature le 22
avril dernier de l’Accord de
Paris, le Président sénéga-
lais a appelé les signataires
à aller au-delà des inten-
tions, pour une planète
moins polluée.

Eric Vincent FOMO

175 pays se sont donné rendez- La préoccupation de Macky Sall Lors de son intervention à la plé-
vous au siège de l’Organisation s’inscrit dans la logique du respect nière des chefs d’Etat et de gou-
des Nations Unies à New York le des résolutions de la 21è confé- vernement de la COP 21 le 30
22 avril 2016, pour signer l’Accord rence de l’ONU sur le changement novembre 2015, Macky Sall plai-
sur le climat conclu à Paris en dé- climatique, COP 21 (tenue du 29 dait déjà pour la conclusion d’un
cembre 2015. En bonne place, le novembre au 12 décembre 2015). accord contraignant et applicable
Président du Sénégal Macky Sall. A l’issue de cette assise, 195 chefs à tous les pays. « La réduction de
A l’occasion de ce premier grand de délégations avaient adopté par la température mondiale d’au
rendez-vous de l’après COP 21, consensus un accord visant notam- moins 2° est une nécessité pour
Macky Sall a lancé un appel à la ment à contenir le réchauffement la planète », indiquait-il. Le docu-
poursuite des efforts de la commu- climatique « bien en dessous de ment signé à New York est
nauté internationale visant à ré- 2°C par rapport aux niveaux préin- constitué d’une quarantaine de
duire les effets des changements dustriels » et si possible « poursui- pages et comporte 29 articles. La
climatiques. « Nous avons signé vre les efforts pour limiter la hausse signature de l’Accord de Paris
l’Accord de Paris. Poursuivons les des températures à 1,5°C ». C’est s’est poursuivie poursuit jusqu’au
efforts de lutte contre les change- d’ailleurs sur ce deuxième point 21 avril 2017 mais tout n’est pas
ments climatiques », a-t-il réagi sur que le président sénégalais met un encore joué.
son compte Twitter officiel. point d’honneur.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 9


Premières Assises Nationales des Déchets

L’ECONOMIE CIRCULAIRE AU
CENTRE DES PREOCCUPATIONS
es Assises Nationales des Déchets qui qui porte déjà ses fruits en Occident, gagnerait à

L se sont tenues à Yaoundé du 27 au 28


avril 2016 sont les premières jamais or-
ganisées en Afrique centrale. Les ac-
teurs de la filière ont notamment débattu de la
question de l’économie circulaire. L’idée est de «
être implémenté dans un pays comme le Came-
roun, car il n’a que des avantages. En plus d’évi-
ter la surconsommation des matières premières,
l’économie circulaire est une économie alterna-
tive qui constitue une nouvelle niche d’opportu-
produire des biens et des services tout en limi- nités en termes de création d’entreprises, et
tant la consommation et le gaspillage des ma- donc d’emplois. Faire du business tout en pro-
tières premières, de l'eau et des sources tégeant l’environnement, tel est l’idéal que sous-
d'énergie. » Ce concept d’économie circulaire tend l’économie circulaire.
Dossier

Assises Nationales des Déchets


DE LA GENESE A LA REALISATION

Dans une interview accordée au journal Cameroun Tribune n° 11089/7288 du 06 mai 2016, en
page 20, Monsieur HELE Pierre, Ministre de l’environnement, de la protection de la nature et
du développement durable (MINEPDED), signifiait dans son propos introductif qu’il « tient
tout d’abord à remercier tous les partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation
de ces assises, et tout particulièrement Hysacam qui a activement participé à la conception
de ce projet, qu’ensemble nous avons porté à maturation jusqu’à sa réalisation ».
Janvier Ngwanza Owono De sa conception à sa réalisation, divers tion technique et pratique des Assises ;
mécanismes ont été tour à tour mis en de l’organisation des rencontres institu-
n effet, les 1ères œuvre. L’un des premiers jalons fut le tionnelles de concertation avec les opé-

E Assises nationales des déchets


tenues à Yaoundé du 27 au 28
avril 2016 sous l’égide du MINEPDED
lancement des activités préparatoires le
3 juin 2014 à Yaoundé à la salle des
conférences du Centre d'Information et
rateurs économiques et
concessionnaires ; la définition des
contenus des thèmes de travail, et du
les

sont le fruit de l’initiative singulière de la de Documentation sur l'Environnement choix des experts ; la planification et
société Hysacam. C’est dans la néces- (CIDE). La préparation s’est affinée en l’opérationnalisation des questions de lo-
sité d’intégrer des alternatives techniques 2015 grâce aux leçons apprises à la suite gistiques afférentes à l’organisation des
organisationnelles à l’assainissement de la participation d’une équipe technique assises ; l’organisation de la communica-
conventionnel de nos villes dont les sché- d’Hysacam à la 13e édition des Assises tion autour des assises ; l’élaboration et
mas d’urbanisation ne sont toujours pas sur les déchets tenues à Nantes (France) la validation du rapport des assises, et du
respectés, qu’une équipe technique du 23 au 24 septembre 2015. suivi de la mise en œuvre des résolutions
d’Hysacam a entrepris, dès 2014, des Rappelons que ces Assises sur les dé- des assises.
démarches auprès du gouvernement ca- chets (en France), lancées en 1991, se Pour l’accomplissement de ses mis-
merounais pour susciter son adhésion. tiennent tous les deux ans et constituent sions, le Comité était assisté d’une cel-
Au fil des échanges, le gouvernement un lieu de rencontres privilégié entre lule opérationnelle composée de quatre
par le biais du MINEPDED et différents tous les acteurs du monde des déchets. commissions : la commission accueil et
partenaires privés, ont marqué leur Cette expérience a largement inspiré logistique, la commission scientifique, la
adhésion à la mise en œuvre d’une pla- l’organisation des 1eres Assises natio- Commission protocole et communica-
teforme de dialogue et de sensibilisation nales des déchets. tion, et la commission de rédaction des
autour des enjeux et problématiques liés Le point culminant de la préparation a été rapports.
à la protection, la collecte, le transport, la création et l’organisation du Comité na- La cellule opérationnelle avait pour mis-
le traitement, la valorisation et/ou l’élimi- tional d’organisation des 1eres Assises sion de proposer au Comité l’organisa-
nation des déchets. nationales des déchets par arrêté tion et la programmation des travaux et
L’objectif commun était d’inciter la N°0001/MINEPDED/CAB du 07 mars des financements ; ainsi que le suivi des
confrontation et le partage de bonnes 2016 du MINEPDED. Le Comité avait activités des différentes commissions.
pratiques pour des politiques de ges- pour mission de préparer et d’organi- Par ailleurs, ledit Comité ayant mené le
tion des déchets plus vertes, plus res- ser les 1eres Assises nationales des projet jusqu’à son terme, était composé
ponsables et plus respectueuses de déchets. des membres de divers départements
l’environnement. A cet effet, il a été chargé de l’organisa- ministériels et partenaires privés.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 11


Dossier

VERS UNE BOURSE NATIONALE DES DECHETS


Les premières assises Nationales des Déchets en avril dernier ont jeté les bases
d’une gestion rationnelle des déchets afin d’en faire un vivier générateur de reve-
nus et d’emplois.
Eric Vincent FOMO

Du 27 au 28 avril 2016, le Palais mécanisme conçu pour minimi- noncé la mise en place d’une
des Congrès de Yaoundé a abrité ser la production des déchets et Bourse nationale des déchets,
les premières Assises Nationales réduire leur déversement dans qui va mettre en relation l’offre et
des Déchets, placées sous le l’environnement. la demande des déchets à valori-
thème « Gestion des déchets : ser ou susceptibles de l’être.
vers une économie circulaire ». Les assises portaient entre au- Convaincu de ce que le tri et le
tres sur le partage d’expé- recyclage de déchets constitue
Durant les débats, les partici- riences, exposés, animations, une mine d’emplois, le Minepded
pants ont planché sur la question ateliers techniques, salons d’ex- envisage de faire « des proposi-
de l’économie circulaire, que le position. Les cibles visées ici tions en vue de promouvoir le dé-
ministre de l’Environnement, de sont entre autres les collectivités veloppement de filières
la Protection de la nature et du territoriales décentralisées, les industrielles de l’amont à l’aval,
Développement durable (Minep- industriels, les administrations question d’accroître le rendement
ded), Pierre Hele, a qualifiée publiques, les chercheurs, ex- des filières de recyclage. »
comme étant « un concept éco- perts, ONG et associations de
nomique qui s’inscrit dans le défense des droits de l’environ- D’autre part, le gouvernement
cadre du développement durable nement, et enfin les PME enga- s’est engagé à booster l’utilisation
et dont l’objectif est de produire gées dans la voie du recyclage, des matières secondaires. Ce qui
des biens et services tout en limi- de la valorisation des déchets et passe par la mise en place des
tant la consommation et le gaspil- de la réduction de leur impact mesures et conditions encoura-
lage des matières premières ». sur l’environnement, etc. Au Pa- geant l’utilisation des matières re-
Pour faire simple, il s’agit d’un lais des Congrès, près de 3 000 cyclées et la collecte par les
système dans lequel les déchets participants ont échangé sur pré-collecteurs. La Bourse natio-
des uns constituent de la matière l’élaboration de politiques de dé- nale des déchets constitue dès
première pour les autres. Il en va chets plus vertes, plus respec- lors une aubaine, en tant que pla-
ainsi par exemple de la drêche tueuses de l’environnement et teforme électronique qui mettra en
issue des sociétés brassicoles potentiellement créatrices d’em- relation l’offre et la demande des
qui est recueillie et vendue aux plois et de richesses. déchets qui peuvent être valorisés
éleveurs pour la nutrition des par la réutilisation, le recyclage ou
poules, porcs, etc. Il s’agit d’un Le ministre Pierre Hele a an- la valorisation énergétique.

12 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Dossier

L’économie circulaire
FAIRE DU BUSINESS TOUT EN PROTEGEANT
L’ENVIRONNEMENT

Voilà un concept révolution-


naire qui constitue une al-
ternative à l’économie
classique en ce sens que le
citoyen lambda ou l’homme
d’affaires le plus avisé peut
y trouver son compte.
L’économie circulaire, en
plus de profiter potentielle-
ment à tous, contribue à
préserver la planète
puisqu’elle a recours aux
énergies décarbonées.

Jean-Loïc AMOUGOU

'économie circulaire désigne gé- dans son rapport présenté au Forum de velle filière économique pour les diffé-

L néralement « un concept écono-


mique qui s'inscrit dans le cadre
du développement durable et dont l'ob-
Davos en janvier 2013, « les avantages
de l’économie circulaire sont importants
: préservation des terres agricoles, éco-
rentes catégories sociales. ». La crise
économique en Occident a en effet ac-
céléré le développement de cette pra-
jectif est de produire des biens et des nomies de matériaux pour 700 milliards tique qui permet de gagner de l’argent
services tout en limitant la consomma- de dollars, soit 1,1 % du PIB annuel (en vendant des objets qui sont encore
tion et le gaspillage des matières pre- mondial (chiffres 2010), bénéfices en en bon état) ou d’en économiser (en bé-
mières, de l'eau et des sources termes d’innovation, création d’emplois néficiant de dons ou en achetant d’oc-
d'énergie. Il s'agit de déployer, une nou- locaux peu ou pas qualifiés… » casion des produits moins chers que
velle économie, circulaire, et non plus li- L’étude détaille divers modes de dans le circuit classique de distribution).
néaire, fondée sur le principe de « consommation « circulaires et régéné-
refermer le cycle de vie » des produits, ratifs » : réduction de l’impact sur les Qu’y pourrait gagner un pays comme
des services, des déchets, des maté- matières premières dans l’industrie du le Cameroun ?
riaux, de l'eau et de l'énergie. » vêtement, valorisation des déchets ali- D’après le rapport d’Ellen MacArthur
François Michel Lambert, président de mentaires des ménages, solutions évoqué plus haut, l’Europe qui est
l'Institut français de l'économie circulaire d’emballages plus durables dans le sec- déjà assez avancée dans l’économie
est plus précis : « L'économie circulaire teur de la boisson. circulaire, gagnerait d’ici 2030 plus
propose de transformer les déchets en 1800 milliards de dollars. C’est la
matière première réutilisée pour la ÿ Le réemploi, l’un des piliers de l’éco- preuve que ce secteur d’avenir est
conception des produits ou pour d'au- nomie circulaire : le réemploi, aussi ap- une niche de croissance et de res-
tres utilisations. En d'autres termes, ne pelé « seconde vie des produits », sources à explorer.
plus créer de résidus que les systèmes consiste à prolonger la durée de vie Le Cameroun qui vient d’organiser les
industriel et naturel ne puissent absor- d’un produit ou d’un objet, à lui donner Assises Nationales des Déchets de-
ber. La boucle est bouclée. Cela repré- une seconde vie en permettant qu’il soit vrait dès à présent s’engouffrer dans
sente bien entendu un gain de réutilisé par d’autres personnes. Il peut la brèche. D’ailleurs pendant les tra-
compétitivité énorme pour les industries s’agir du don d’objets ou de vaux, plusieurs experts ont suggéré
qui ont une maîtrise de leur flux de ma- l’achat/vente d’occasion. aux pouvoirs publics de mettre en
tières premières. » D’après MacArthur, « si le réemploi a route des politiques devant mettre en
longtemps souffert d’une image néga- œuvre cette économie alternative qui
Les avantages de l’économie circu- tive liée à une certaine stigmatisation pourrait constituer une réponse effi-
laire sont multiples : des bénéficiaires souvent en situation cace au le chômage, à la pauvreté ou
ÿ D’après la fondation Ellen MacArthur précaire, il fait aujourd’hui figure de nou- au déficit énergétique.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 13


Dossier

Gestion de déchets
LA MUTUALISATION, UNE AUTRE SOLUTION
De nouvelles synergies collaboratives se développent et proposent des solutions à l’épi-
neux problème de la gestion des déchets. En entreprise notamment.
Florine NSEUMI LEA

a gestion collective des déchets est damment les uns des autres. Il est donc quelque temps, la gestion des déchets de-

L la mise en place d'un service mutua-


lisé de collecte des déchets de plu-
sieurs entreprises, notamment sur une
rare que les sous-produits des uns soient
utilisables tels quels par les autres. La fai-
sabilité technique, l'étude des flux et des
meurait un centre de coût pour ne pas dire
une contrainte pesante sans véritable va-
leur ajoutée. Désormais source consé-
zone industrielle ou un parc d'activités. stocks de matière et d'énergie ainsi que quente de gains pour les entreprises, la
Cette gestion des déchets éco-responsa- l'identification de synergies de substitution gestion des déchets demeure le parent
ble permet de rendre accessible à toutes ou de mutualisation entre les entreprises pauvre dans les stratégies d'amélioration
les entreprises, le tri ainsi que la valorisa- doivent donc faire l'objet d'études au préa- de la supply-chain. Cela dit, les bonnes
tion des déchets. lable. Ces dernières impliquent des no- pratiques en termes de mutualisation des
Mutualiser la gestion des déchets permet tions en ingénierie et représentent donc déchets correspondent, en amont, à une
aux entreprises de dépenser moins mais un coût pour l'entreprise. Par conséquent, sensibilisation pour un meilleur tri et à la
dans la pratique, peu d'entreprises l'appli- “lorsqu'une multitude d'acteurs résident réduction des déchets grâce à l'établisse-
quent par manque de temps, de moyens sur le même site, une politique commune ment d'une éco-politique en concordance
ou tout simplement d'informations. doit être envisagée malgré l'écueil des dif- avec le dynamisme économique de la
Pourtant, cette pratique présente un férentes cultures d'entreprise en termes zone. Si les entreprises sont disposées à
grand nombre d’avantages. Outre le bé- de gestion des déchets”, explique Pierre- investir dans des projets de synergies,
néfice environnemental lié à une optimi- Henri Bernex, responsable PME-PMI chez l'avantage de services apportés ne suffit
sation des transports et de la collecte, Veolia Propreté. pas à les convaincre de se déplacer pour
mutualiser un service de gestion et de va- Peu demandeuses car peu informées, s'installer sur la même aire géographique.
lorisation des déchets permet à chaque faute de temps et parfois de moyens, les La réussite d'un projet repose avant tout
entreprise de baisser ses coûts par éco- PME entreprennent rarement la démarche sur une zone industrielle déjà existante.
nomies d'échelle, s'assurer d'une gestion de mutualisation de leur propre chef. Pour “Avant de penser à la mutualisation des
réglementaire et encourager la création parer à ces carences, les prestataires de déchets, il faut établir une typologie des
des filières de recyclage. Et par consé- services développent une offre pour simpli- entreprises par domaine d'activité, com-
quent, créer des emplois. fier la grille de lecture des différents dispo- prendre leur situation et analyser la den-
Par ailleurs, une structuration liée à la spé- sitifs de valorisation. Dans cette optique, sité des activités sur un même lieu”,
cificité des déchets permet aux prestataires des initiatives fleurissent à l'échelle asso- explique Pierre-Henri Bernex. Autrement
de services de proposer des solutions sur ciative : le club développement durable des dit, la mutualisation des déchets doit être
mesure et lisibles tant à destination des PME-PMI Ile-de-France, animé par Veolia, envisagée comme un projet transversal in-
PME que des grandes firmes. Ceci exige LVMH et Renault, récompense les entre- cluant également la validation du schéma
la mise sur pied d’une réglementation rela- prises innovantes et permet un benchmark des flux optimaux au niveau économique
tive aux spécificités des déchets impliquant efficace des pratiques. De même, Ecopal et environnemental lors des collectes (im-
un traitement particulier. association regroupant 6 zones d'activité, pact carbone, taux de remplissage et taux
Les pratiques de mutualisation entre ac- soit 306 entreprises dans le Nord-Pas-de- à vide…). Du point de vue logistique, il
teurs produisant la même typologie de dé- Calais, s'occupe du diagnostic des flux en- s'agit d'un processus complet dédié à une
chets, ou entre entreprises situées sur la trants et sortants de chacune des activité avec l'ensemble des phases, de la
même zone d'activités, développent des entreprises et propose des synergies entre collecte à la mise à disposition en passant
solutions partenariales de collecte, d'en- adhérents dans un objectif environnemen- par le stockage et la gestion du planning.
lèvement et de valorisation. Les synergies tal et économique. Elle induit aussi une double contractuali-
dans le traitement des déchets demeurent Dans cette optique, la mutualisation ne se sation de partenariats avec les acteurs
donc un mode de fonctionnement peu na- limite donc pas à la collecte mais corres- d'une zone d'activité définie, d'abord, et
turel pour de nombreux partenaires. Mal- pond aussi à un nécessaire diagnostic en les prestataires de services ensuite.
gré tout, une offre variée alimentée par amont et à la réutilisation des déchets en Autre facteur économique déterminant
des acteurs compétitifs existe : les presta- aval. Cette économie circulaire se concré- sur les projets collaboratifs, la taille du
taires tels que Sita, Theris ou Veolia, peu tise aussi par dispositifs complémentaires à groupement. Le nombre d'entreprises
nombreux, possèdent une taille critique et l'image des “alertes troc” chez Ecopal pour s'accroît progressivement. Il importe de
une avance qui les placent en position de échanger des matériaux réutilisables entre garder un suivi rigoureux du projet ; l'élec-
force pour la gestion des questions envi- adhérents. “Les associations permettent tion d'un coordinateur parmi les chefs
ronnementales. Comment, dès lors, fédé- donc une sensibilisation chez les entre- d'entreprise semble une condition favora-
rer les entreprises et articuler leurs projets prises dans une dynamique de structura- ble à l'élaboration de situations mutuali-
de mutualisation avec le prestataire de tion de site en proposant une mise en sées. Enfin, la contractualisation d'une
services idoine ? relation avec des acteurs – Ademe, Dir- grande entreprise – de fait productrice
recte, Agence de l’eau, etc. – en trouvant d'une quantité de déchets conséquente –
Dépasser les contraintes techniques les prestataires adaptés aux besoins de avec un prestataire avant la phase de mu-
Tout d'abord certaines filières profession- l'entreprise et en réalisant gratuitement des tualisation permet de faire baisser les
nelles ne facilitent pas les démarches de discussions thématiques”, explique Peggy coûts. En d'autres termes, une bonne mu-
mutualisation. Le système industriel n'est Ricart, directrice d'Ecopal. tualisation passe d'abord par le regroupe-
pas fait pour favoriser les échanges de ment raisonnable et réfléchi avec des
flux entre entreprises en raison des procé- Mieux connaître ses voisins entités plus importantes et complémen-
dés industriels qui s'établissent indépen- A l'instar de la logistique il y a encore taires en matière d'activités économiques.

14 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Dossier

Structurer sa zone d'activité, le principal fait du traitement papier/carton son prin- Passer outre les différences de cultures
obstacle cipal cheval de bataille en développant de d'entreprise, l'ultime épreuve
Peu nombreuses sont les entreprises qui nombreux moyens dédiés à l'image d'une Malgré tout, les résistances au sein des
décident de leur plein gré d'intégrer des offre de destruction confidentielle des do- entreprises demeurent nombreuses. Pre-
solutions de mutualisation des déchets. cuments ou le recyclage du papier éla- mier écueil à la mutualisation ? La culture
Pour pallier ce manque, les associations boré avec un processus de second tri d'entreprise et les craintes nourries à
et organismes publics œuvrent de concert amenant, in fine, à un papier de meilleure l'égard des autres entreprises parfois
pour sensibiliser les professionnels en qualité. “Sur la filière papier, cartons et concurrentes. Dans la grande majorité
transmettant l'information et en aiguillant emballages, nous avons fait appel à Veo- des projets de mutualisation, la planifica-
vers les prestataires de services. C'est lia Propreté et regroupons 98 participants tion, la création, la gestion d'un écosys-
dans ce contexte que l'Ademe (Agence pour une production de 170 tonnes par an tème industriel, l'information des
de l'environnement et de la maîtrise de avec une collecte mensuelle à la de- managers et des dirigeants, leur appren-
l'énergie) réalise des appels à candida- mande et une gratuité des services pour tissage de la collaboration sont des
tures et offre à des entreprises témoins les entreprises adhérentes en matière de tâches que les entreprises ne désirent
une analyse de leurs coûts selon une contenant, de transport et de traitement.” pas accomplir seules, notamment pour
nouvelle méthode de comptabilité par un Pour les cartouches d'impression, les to- des questions de confiance mutuelle ainsi
expert d'Ernst & Young. Sur chaque étape ners et le mobilier informatique, R2DEFI a qu'en raison des investissements en
du processus, l'expert et l'entreprise ré- été retenu comme partenaire. temps et en argent requis avant de béné-
partiront l'ensemble des coûts entre le Chaque filière répond à des besoins spéci- ficier des profits espérés.
produit et les déchets associés. fiques qui modifient la donne sur le choix Autre obstacle, l'utilisation des déchets in-
L'entreprise pourra ainsi connaître le vrai des prestataires et sur les modalités d'or- duit une procédure préfectorale longue et
coût de ses déchets et la répartition glo- ganisation : les matériaux dangereux feront complexe. Les exigences de traçabilité
bale de ses coûts entre le produit et les l'objet d'une traçabilité particulière par le peuvent freiner les velléités de mutualisa-
déchets. Cette méthode a été développée biais d'un bordereau de suivi des déchets tion. Enfin, “une méconnaissance des en-
au Japon et normalisée en 2011. Elle per- fournis aux entreprises. Le traitement des treprises sur le poste des déchets limite
met à l'entreprise d'identifier les leviers archives induira, dans la plupart des solu- leur plan d'action. Selon notre enquête
prioritaires de réduction des coûts et des tions, des frais de location de benne parta- menée sur plus de 1 000 entreprises, 74
déchets. Dans un autre registre, l'exten- gés et d'un coût de broyage % payeraient une redevance ou une taxe
sion du projet Ecopal, créé en 2001, dé- individuellement négocié avec la remise d'enlèvement des déchets alors que
montre que les synergies entre d'un certificat de destruction. Les boîtes seules 54 % bénéficieraient de ce service.
entreprises dépendent beaucoup de la boissons, elles, pourront être revendues au Et sur le volet de la prestation de ser-
massification des volumes. Menée profit d'associations caritatives. Le traite- vices, 74 % observent un manque de
d'abord sur les zones de Petite Synthe et ment de filières spécifiques peut s'opérer concurrence sur le marché local et seule-
de Grande Synthe avec 6 zones indus- sans aucune logique de site, contrairement ment un quart d'entre elles opèrent un
trielles (ZIP de Dunkerque), elle compor- aux collaborations d'entreprises d'une suivi de performance avec le prestataire
tait au départ une cinquantaine même zone d'activité. en question. Dernier chiffre édifiant, plus
d'entreprises de taille différente : d'Arce- “La mutualisation devient complexe de la moitié des entreprises ignoreraient
lor-Mittal aux PME locales pour désor- lorsqu'il s'agit de métiers à déchets spéci- leur tonnage annuel de déchets”, souligne
mais 303 entreprises dont 62 % de PME. fiques à l'image des artisans, des com- Eric Darlot, chargé de projets au sein du
La présence de la plateforme avec son merçants, du BTP ou des professionnels département de la gestion optimisée des
rôle d'intermédiaire entre les entreprises, de la mécanique. Dans ce cas de figure, déchets (Géode) à l'Ademe.
les institutions publiques et les presta- l'angle d'attaque de notre société revient
taires, participe aux succès des initiatives. à s'adapter à la spécificité de l'activité en Autant de chiffres exprimant le désinté-
Le rôle d'Ecopal s'inscrit donc dans une négociant avec les différentes fédéra- rêt pour la question environnementale.
démarche d'animation de réseaux d'en- tions. Plusieurs biais d'approche existent La mutualisation, étape incontournable
treprises. Ce système de guichet unique : pour les ateliers mécaniques, Veolia vers le développement d'une écologie in-
et référencé a réuni deux clubs d'entre- Propreté a établi un partenariat avec la dustrielle, revêt donc différentes réalités
prises et les informe des coûts de chaque CNPA (Conseil national des professions : système bottom-up lors d'une solution
prestation. Au total, il s'agit de 40 col- de l'automobile). De même avec les arti- de collaboration et de valorisation des
lectes de 9 types, des déchets classiques sans où nous avons signé une convention déchets sur un même site, ou dévelop-
(carton/papier, films étirables, archives, avec la Capeb (Confédération de l'artisa- pement top-down pour les entreprises
cartouches…) à d'autres plus délicats (sé- nat et des petites entreprises du bâti- sans proximité géographique produisant
parateurs d'hydrocarbures, D3E, DASRI, ment). Des contrats ad hoc impliquant des déchets spécifiques. Les projets in-
DID, etc.) proposés aux entreprises. “Au des moyens techniques et économiques terentreprises ne voient cependant le
terme de 10 années de coopération, nous sur mesure sont ensuite mis en œuvre”, jour qu'après la mise en place rigoureuse
parvenons à massifier les flux, mais de explique Pierre-Henri Bernex. d'une politique de développement dura-
manière diffuse. Les réflexions s'orientent Les prestataires s'engagent aussi dans la ble au sein de l'entreprise et un audit
vers un bouclage local, une économie cir- prospection de la valorisation des flux. Sita préalable en termes de production de dé-
culaire pour un meilleur coût logistique et Solving, filière de GDF Suez, a intégré chets. En définitive, la mutualisation
une compétitivité accrue”, analyse Peggy dans son offre un procédé qui autorise la n'est qu'une étape menant vers le
Ricart, directrice d'Ecopal. valorisation des boues issues du lavage concept d'écologie industrielle. Néan-
des fumées des hauts fourneaux dans le moins, ce concept collaboratif est pré-
Aborder le problème par filière de cadre de la production de fonte, afin de les senté par ses partisans comme étant
déchets réintroduire dans la production. La Cila une rupture avec le business model
Mais la mutualisation peut également se (Compagnie nationale des lubrifiants d'Aul- classique d'une entreprise dans la me-
structurer en fonction de la filière de dé- noye) a conçu également une offre de ré- sure où les activités économiques font
chets. L'offre s'adapte par exemple pour génération des huiles utilisées par partie intégrante de la biosphère : plus
les déchets du tertiaire. L'agence régio- l'industrie lourde pour les redistribuer en que la rentabilité, il s'agit avant tout d'un
nale tertiaire en Ile-de-France de Veolia a tant qu'huiles de base. défi culturel.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 15


Dossier

Energy from household waste


CAMEROON TARGETS 100 MEGAWATTS
Cameroon and the Spanish investors from the PIA Energy JVC Group signed an agree-
ment for feasibility studies for a project that will produce 100 Megawatts of energy from
household and industrial waste collected from Cameroon’s main cities of Yaounde and
Douala.

Julius TAYLOR

s a nation experiencing a sur- waste, was said to have created some covery is give a picture of the waste

A ging energy need, the Came-


roon government through its
Ministry of Energy and Water Re-
300 direct jobs and 1,500 indirect jobs.
The terms of the agreement specifies
that PIA Energy Jvc will undertake fi-
energy recovery in the country.
Innovations within collection systems
such as the introduction of household
sources and the PIA Energy JVC nancial and economic feasibility stu- bins and specialized collection of spe-
Group and PIA Cameroon, an affiliate dies in the first phase and pending cific waste could be quite beneficial to
of the Spanish Group, signed the government’s approval, continue with existing schemes. Waste electrical and
agreement in Yaounde, Cameroon, studies on the environmental and so- electronic equipment which constitute
September 2011. cial impacts and put in place house- one of the fastest growing waste
“The project involved the production hold waste collection points as well as streams presents greater manage-
of 100 megawatts of electricity from electrical energy production plants. ment challenges.
the combustion of household and in- The project falls in line with Came- Unfortunately, the consequences of
dustrial wastes at temperatures ave- roon’s policy to diversify sources of not addressing waste management
raging 4,000 degrees using energy supply. can be very costly to society and
state-of-the-art technology,” said the Recycling and material recovery are the economy as a whole. In the ab-
Director General of PIA Cameroon, gaining more grounds in applicability sence of waste regulations and their
Adolfo Costa Sanchez. as viable options to sustainable solid rigorous implementation and enfor-
The Spanish investors worked in part- waste management especially in mu- cement, the waste generator will
nership with Cameroon’s Hygiene and nicipal solid waste management tend to adopt the cheapest availa-
Sanitation Company, Hysacam the schemes. ble option: for example, household
household waste management com- Municipal solid waste management wastes may be dumped in the
pany in Cameroon, Mr Sanchez said. problem in Cameroon and an assess- street, on vacant ground, into
He added that besides ensuring the ment of the role Small- and Medium- drains, streams or water courses, or
cleanliness of cities and the proper Size Enterprises have been playing in burned to ‘reduce’ the nuisance of
treatment of household and industrial the area of recycling and material re- accumulated piles of waste.

16 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Dossier

Cameroon
PATH TOWARDS WASTE OF NON-CIRCULAR ECONOMY
Julius TAYLOR

aste management is one of the ganized collection systems may be shall be treated in an ecologically rational

W essential utility services - a basic


human need and a basic human
right - that underpins society in the 21st
lacking, individual components can still be
recovered through locally adaptable des-
igned approaches.
manner to eliminate or curb their harmful
effects on human health, natural re-
sources, the fauna and flora, and on the
century, particularly in urban areas. Ensu- quality of the environment in general
ring proper sanitation and solid waste ma- Effective Strategy (Chapter VI, Section 1, Article 42). The
nagement in Cameroon does not sit Waste disposal is a major problem the Ca- 1996 law imposes a duty decentralized ter-
alongside providing potable water, shelter, meroonian government faces. The Came- ritorial councils to eliminate household
food and energy, and also transport and roon government has not been able to waste, eliminate of all midnight dumping,
communications, as essential to society, successfully establish a mechanism or a eliminate of abandoned dumps with the as-
business and the economy. system of waste management that will ef- sistance of the competent State service or
However, the public and political profile of fectively reduce the amount of waste ge- authorized enterprises, when the owner or
(solid) waste management is often lower nerated in Cameroon. However, thanks to author of the dump is not known or identi-
than other utility services. If not properly the Hygiene and Sanitation Company of fied.(Article 46 (1)). Article 48. (1) of the
dealt with, waste poses a threat to public Cameroon, Hysacam, a lot is being done 1996 law, also provides that where waste
health and the environment. It is a growing and it the joint effort with city councils have is abandoned, dumped or processed in
problem that results from the way we pro- significantly reduced waste accumulation violation of the prescriptions of this law and
duce and consume. It concerns everyone. along streets and in homes. its enabling regulations, the authority ves-
Cameroon’s municipal solid waste mana- Another option has been to install large pu- ted with police powers shall automatically
gement policy is based on a public-private blic bins in strategic places in cities and eliminate the said waste at the expense of
partnership which ensures regular collec- towns, carry out a campaign and educate the said producer, after charging the pro-
tion and processing service for domestic people about the advantages of using ducer to pay.
waste in the major cities. The model has these bins. In the absence of these bins Additionally, the law provides that waste
proved successful: on a continent where people will dispose of their waste on the shall be discharged into dumps that are
many capitals struggle to provide a daily streets. When people see these bins even periodically inspected and which res-
waste collection service, it represents an on the cleanup campaigns the people will pect the minimum technical norms of
interesting solution even though questions dispose of their wastes in these public bins dump management. The delivery of
remain regarding the sustainability of its fi- rather than on the roads. waste management services is a statu-
nancing model. tory duty for Municipal Councils. They
In 1969, Douala became the first city in In all cities and most towns of Cameroon, are responsible for the provision and
Cameroon to outsource the management a day is set aside as Sanitation Day during maintenance of infrastructure, e.g.
of its municipal solid waste to a private which inhabitants are obliged to stay back waste disposal facilities; financing of all
operator, after having realised that the mu- home and/or go to their workplaces and activities related to waste management;
nicipal solid waste management system clean up their surroundings. For instance, street sweeping, collection, transporta-
was failing. every first Thursday of the month the peo- tion and disposal of household wastes
Recycling and material recovery are gai- ple of Bamenda, a small town in Bamenda, as well as the management of all public
ning more grounds in applicability as via- North West Region in Cameroon, engage spaces and infrastructure. This task has
ble options to sustainable solid waste in what they call a cleanup campaign. On however been handed to the people of
management especially in municipal solid this day the people of this town clean the Bamenda who clearly know nothing
waste management schemes. whole town. Particularly shops and busi- about waste management.
Municipal solid waste management pro- ness places only open their doors at 12pm
blem in Cameroon and an assessment of and every one cleans, sweeps and keeps While the Inter-Ministerial Commission
the role Small- and Medium-Size Enter- the town “tidy and clean” At the end of the for Municipal Waste Management in Ca-
prises have been playing in the area of day piles of dirt are left on the road waiting meroon, created under the direction of
recycling and material recovery is give a for the city council to clean up. As such at the Prime Minister by Decree No.
picture of the waste energy recovery in the end of the day the town is dirtier than it 95/230/PM of 31/04/95 is charged with
the country. was at the beginning of the campaign. developing strategies for the manage-
Innovations within collection systems such ment of municipal solid waste, five diffe-
as the introduction of household bins and Legal framework rent ministerial departments are
specialized collection of specific waste Several laws have been adopted to regu- responsible for the implementation of
could be quite beneficial to existing late waste generation and manage waste municipal waste management in Came-
schemes. Waste electrical and electronic in Cameroon. One of these laws is Law No roon. These ministries have adopted
equipment which constitute one of the fas- 96/12 of 5th August 1996 relating to Envi- and established several regulations dea-
test growing waste streams presents grea- ronmental management. This is the frame- ling with a wide range of waste genera-
ter management challenges. work law on environmental management ted in Cameroon. The fragmentation at
Although developing countries like Came- in Cameroon. According to this law, the level of institutions responsible for
roon still face several challenges in mana- “waste” shall be any residue from a pro- waste management in Cameroon with a
ging commingled wastes, recovering and duction, processing or utilization process, wide variety of laws and different minis-
recycling individual components of the any substance or material produced or, terial departments regulating different
waste stream for reuse and production of more generally, any movable and immova- types of waste in Cameroon had resul-
recycled-based products is economically ble goods abandoned or intended to be ted in an inefficient system of waste ma-
plausible. Despite the fact that suitably or- abandoned. Under the 1996 law, waste nagement in Cameroon.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 17


Dossier
Tri des déchets au Cameroun
ETAT DES LIEUX, ENJEUX ET PERSPECTIVES
La gestion des déchets dans les
villes camerounaises ne saurait
être efficace si elle n’intègre
pas la problématique du tri sé-
lectif. Malheureusement, il faut
bien reconnaitre que la pratique
du tri reste marginale au Came-
roun. Il est pourtant impératif
que les professionnels du sec-
teur des déchets et les pouvoirs
publics prennent d’urgence des
disposions coercitives pour im-
poser et généraliser le tri dans
la société.

Jean Loïc AMOUGOU

Le tri : une pratique marginale. a eu au moins pour effet de susciter l’in- fermentescibles aboutit à une réduction
Le concept du tri est encore loin d’être térêt de l’opinion sur la nécessité de sé- de 30% environ de la taille des poubelles
ancrée dans les habitudes des Camerou- parer les déchets ménagers et les : pourquoi incinérer des épluchures, des
nais. Ce constat est d’autant plus évident déchets plastiques. restes de repas, des tontes de pelouses
que depuis des décennies, en dépit des alors qu’ils peuvent engraisser les jar-
campagnes de sensibilisation, les mé- Le problème du tri reste donc entier. Tout dins, pour ne prendre que ce cas ? En
nages peinent à se procurer une simple reste à faire dans ce secteur dont tous apportant dans les centres de tri les piles
poubelle aux normes. Dans ces condi- les experts en économie environnemen- usagées, les solvants, les restes de pein-
tions, inviter ces ménages à s’investir tale disent qu’il est une niche d’opportuni- ture, les produits phytosanitaires, les bat-
dans le tri en disposant de plusieurs pou- tés en termes de création d’entreprises teries, on limite la pollution des nappes
belles comme cela se passe ailleurs, en et donc d’emplois. phréatiques et des boues des stations
fonction de des types de déchets (ména- d’épuration. Il en va de même en rappor-
gers, électroniques, plastiques, etc.), re- Le tri et ses enjeux tant à la pharmacie les vieux médica-
lève quasiment de l’utopie. Le tri est un geste apparemment banal, ments ou les anciennes radiographies.
Toutefois, quelques initiatives ayant mais dont les répercussions sont multi-
connu des fortunes diverses, ont été lan- ples sur les plans économique, social et Chacun doit jouer le jeu du tri
cées, notamment par quelques ONG, afin environnemental. Les déchets : un problème de taille…qu’il
de promouvoir le tri auprès des popula- Tous les déchets ne sont pas traités de la faut réduire ! Même si le tri des déchets
tions. C'est le cas de TAM-TAM MOBILE même façon. D’où l’intérêt de les séparer permet d’en recycler une partie, la ges-
et du GIC (Groupe d'Initiative Commune) pour pouvoir ensuite les envoyer vers tion des déchets reste complexe : les ins-
LE VERT à Yaoundé qui se sont investis des filières de recyclage spécifiques. tallations de traitement arrivent à
dans la pré-collecte des ordures auprès Grâce au recyclage des déchets, il est saturation, leur incinération, leur
des ménages pour les points de collecte possible de réutiliser des déchets pour stockage ou leur traitement participent à
d’Hysacam à Yaoundé. Les pré-collec- produire de l’acier, des papiers cartons, la pollution atmosphérique, des sols et de
teurs ont la possibilité de faire le tri, en des plastiques, du verre et des métaux l’eau et émettent des gaz à effet de serre.
récupérant les objets qu'ils peuvent direc- non ferreux. Cela permet ainsi d’écono- Il est donc important de produire moins
tement valoriser. Mais force est de miser les matières premières pour conce- de déchets. Comment faire ? Il faut com-
constater que près de 90% des ordures voir de nouveaux produits. mencer par mieux consommer. Par
collectées par les acteurs non-gouverne- De plus, Le tri sélectif des déchets ména- exemple, en achetant ce dont on a réel-
mentaux dans les ménages, repartent en gers permet de recycler différents maté- lement besoin, en privilégiant les produits
vrac dans les bacs à ordures d’Hysacam. riaux : verre, papier, cartons, métaux, en vrac et les formats familiaux plutôt
Mais l’initiative la plus structurée et la matières plastiques, pneus, huiles usa- qu’individuels pour limiter les embal-
plus aboutie, est sans doute PLASTIC gées…Il permet donc de limiter le re- lages, en compostant les déchets de la
Récup lancé en 2013 par les Brasseries cours aux ressources naturelles : cuisine et du jardin. Il faut également ap-
du Cameroun en partenariat avec Hysa- minerais, forêts, pétrole, gaz…Les dé- prendre à prendre soin de ses affaires
cam. Bien que les résultats de cette opé- chets triés ne seront pas incinérés, donc pour qu’elles durent plus longtemps et à
ration soient mitigés pour diverses il y aura économie de combustible ! penser à leur donner une seconde vie
raisons, il faut reconnaitre que le concept Le compostage individuel des déchets quand on n’en veut plus.

18 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Dossier

LA TYPOLOGIE DES DECHETS ET LES


TECHNIQUES DE TRAITEMENT
Janvier NGWANZA OWONO

es quantités de déchets subissent

L une augmentation sans cesse crois-


sante qui elle-même est liée à l’évo-
lution démographique. D’après Ives
Magloire KENGNE , en plus de l’évolution
quantitative, la composition des déchets
est très hétérogène et évolutive dans l’es-
pace et dans le temps. Ce caractère hété-
rogène rend difficile la généralisation d’un
choix de filière de traitement à tous les dé-
chets. Les techniques de traitement de ces
déchets varient en fonction de leur typolo-
gie et de leur origine.
Les déchets peuvent être classés selon
leurs états, leurs origines, leurs dangerosi- déchets des activités économiques (DAE) biologique. Ensuite les déchets banals, as-
tés. Selon leurs états, un déchet peut être sont les déchets, dangereux ou non dan- similables aux ordures ménagères. Enfin
classé en déchet gazeux, déchet liquide ou gereux, dont le producteur initial n'est pas les déchets dangereux, qui contiennent des
déchet solide. Les déchets gazeux sont des un ménage. Les activités économiques re- éléments polluants en concentration plus ou
effluents gazeux émis dans l'atmosphère. groupent l’ensemble des secteurs de pro- moins forte. En générale, les déchets
Les effluents gazeux sont habituellement duction (agriculture-pêche, construction, inertes sont constitués d'éléments minéraux
constitués d'air contaminé par des compo- secteur tertiaire, industrie). Une partie des stables ou inertes au sens de leur éco com-
sés organique volatils, des poussières, des déchets des activités économiques sont patibilité avec l'environnement. Ils résultent
composés nitreux ou sulfurés, du dioxyde des déchets assimilés. Les déchets dits de certaines activités d'extractions minières
ou du monoxyde de carbone et/ou des mé- assimilés regroupent les déchets des acti- ou de déblais de démolition (terre, gravats,
taux volatils. Tandis que les déchets li- vités économiques pouvant être collectés sables, etc.). Ils peuvent être utilisés pour
quides sont des rejets sous forme de fluide. avec ceux des ménages, eu égard à leurs le remblaiement et les travaux routiers. Tan-
Il s’agit très souvent d’une eau résiduaire caractéristiques et aux quantités pro- dis que les déchets banals regroupent es-
urbaine ou industrielle, et plus générale- duites, sans sujétions techniques particu- sentiellement des déchets non inertes et
ment tout rejet liquide véhiculant une cer- lières. Il s’agit des déchets des entreprises non dangereux générés par les entreprises,
taine charge polluante (dissoute, colloïdale et des déchets du secteur tertiaire collec- industriels, commerçants, artisans et pres-
ou particulaire). Le terme d’eau résiduaire tés dans les mêmes conditions que les or- tataires de services à l'exclusion des dé-
est couramment utilisé pour désigner aussi dures ménagères. Tertio, les déchets des chets présentant un risque particulier pour
les déchets liquides. Il s’agit d’une eau qui services publics sont issus des produits l’homme ou pour l’environnement. Ils sont
a fait l’objet d’une utilisation domestique, par les services municipaux, déchets de les produits par des activités industrielles et
agricole ou industrielle. On parle aussi l’assainissement collectif, déchets de net- commerciales. Ces déchets peuvent être
d’eaux brutes ou d’eaux usées. Enfin, Les toyage des rues, de marchés, etc. éliminés par les mêmes techniques que
déchets solides font référence aux rebus Selon leur origine, on a distingué les dé- celle utilisées pour les ordures ménagères.
qui sont massif ou fermes. Un corps solide chets urbains, qui regroupent les ordures A titre illustratif, on peut citer les pneus
conserve son volume (ou sa taille) et sa ménagères et les déchets des municipali- usés, métaux non ferreux, déchets verts,
forme constants grâce à la grande cohésion tés, les déchets industriels, et les déchets papiers-cartons, verre, textiles, bois, plas-
des molécules. agricoles. Les déchets municipaux se com- tiques, etc. Par ailleurs, les déchets sont
Selon leurs provenances, les déchets posent de déchets résultant de l’activité considérés comme dangereux lorsqu’il
peuvent être classés en déchets ména- usuelle des ménages, qu’ils soient collec- pose un risque pour la santé humaine ou
gers, déchets issues des activités écono- tés sélectivement ou non, et les de déchets l'environnement et doit être rendus inoffen-
miques et déchets des services publics. assimilés qui comprennent notamment les sifs ou moins dangereux au moyen de tech-
Primo, les déchets ménagers sont les dé- déchets dangereux générés par les mé- niques d'élimination spéciales.
chets issus de l'activité quotidienne des nages et les déchets industriels « banals » En outre, s’agissant du traitement des dé-
ménages et ceux des activités écono- générés par les très petites entreprises, chets, il y a une obligation de par notre lé-
miques collectés dans les mêmes condi- commerces, artisans, collectivités, si ceux- gislation, de traiter les déchets avant leur
tions que ceux-ci. Ces déchets sont ci sont pris en charge par les mêmes inter- rejet dans la nature. L’idéal serait d’arriver à
collectés par la collecte traditionnelle des venants que ceux habilités à assurer le un déchet ultime, c’est-à-dire un déchet ré-
ordures ménagères résiduelles, par les ramassage des déchets provenant des mé- sultant ou non du traitement d'un déchet qui
collectes sélectives, par les déchèteries, nages. Précisons que l’appellation « dé- n'est plus susceptible d'être traité dans les
les collectes d'encombrants et les col- chets ménagers » recouvre donc une conditions techniques et économiques du
lectes de déchets verts. Une partie de ces source plus large que les seuls ménages et moment, notamment par extraction de la
déchets peut ne pas être introduite dans correspond plutôt à un type de collecte bien part valorisable ou par réduction de son ca-
la collecte et être par exemple compostée défini et contrôlé. ractère polluant et dangereux. Les objectifs
ou utilisée pour nourrir des animaux do- Suivant leurs dangerosités, on distingue les visés par le traitement des déchets visent
mestiques ou d'élevage (volailles, chè- déchets inertes, qui ne sont susceptible leur valorisation énergétique pour tirer pro-
vres, porcs, lapins, etc.). Secundo, les d'aucune évolution physique, chimique ou fit du contenu énergétique des déchets.
1
Les arguments développés dans ce texte reprennent l’analyses de d’Ives Magloire KENGNE, « Typologie des déchets et leurs techniques de traitement »,
1er Assise nationale sur les déchets, Mai 2016.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 19


Dossier

Cameroun
ZOOM SUR LE CADRE REGLEMENTAIRE DE
LA GESTION ENVIRONNEMENTALE
La gestion des problématiques environnementales au Cameroun est régie par une
architecture juridique et légale qui s’abreuve à la source de la loi N°96/12 du 05 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
Jean Loïc AMOUGOU

a loi du 05 août 1996 est en effet plan national de gestion de l'environne- ménagers revient aux collectivités lo-

L la mère de toutes les normes qui


encadrent et structurent la poli-
tique de l’environnement au Came-
ment (Chapitre 1), l'étude d'impact envi-
ronnemental (Chapitre 2), la protection
des milieux récepteurs (Chapitre 3) que
cales. Ces dernières doivent élaborer un
plan communal ou intercommunal qui
définit les opérations de tri, de pré-col-
roun. Cette loi est donc la source à sont : l'atmosphère, les eaux continen- lecte, de collecte, de transport, de mise
laquelle s’abreuve la législation came- tales et les plaines d'inondation, le litto- en décharge, de traitement, de valorisa-
rounaise en matière de gestion envi- ral et les eaux marines, les sols et tion et d'élimination finale. Ce plan doit
ronnementale. sous-sols, les établissements humains. tenir compte des orientations de la stra-
Elle fixe le cadre juridique général de la Il porte également sur les établisse- tégie nationale de gestion des déchets.
gestion de l'environnement au Came- ments classés dangereux, insalubres Pour ce qui est de la collecte, du trans-
roun. Elle est la base juridique de la ges- ou incommodes et des activités pol- port et du stockage des déchets indus-
tion de l'environnement et des luantes (Chapitre 4). C’est ce qui ex- triels (toxiques et/ou dangereux) le
ressources naturelles au Cameroun. plique la précision apportée dans ce décret dispose qu’ils sont réservés aux
Elle constitue l'unique cadre réglemen- chapitre sur les déchets, les établisse- personnes physiques ou morales
taire général dans ce domaine. Elle avait ments classés, les substances chi- agréées par l'administration et disposant
été conçue pour couvrir l'ensemble des miques, nocives et/ou dangereuses, les en outre d'un permis environnemental
préoccupations environnementales. nuisances sonores et olfactives. délivré par celle-ci.
La loi N°96/12 du 05 août 1996 portant Le chapitre 5 réglemente la gestion Le décret réglemente en outre les
loi-cadre relative à la gestion de l'envi- des ressources naturelles et de la mouvements transfrontières des dé-
ronnement a été votée pour s’arrimer conservation de la diversité biolo- chets, la gestion des décharges contrô-
aux normes du droit international de gique, et son chapitre 6 envisage le lées et des installations de traitement,
l'environnement dont elle reprend les problème des risques et des catas- de valorisation, d'incinération, de
principes cardinaux. Elle couvre un large trophes naturelles. stockage et d'élimination.
spectre de secteurs de l’environnement: Le titre 4 quant à lui, porte sur la mise L’arrêté conjoint N°004 Minep-
l'atmosphère, les eaux continentales et en œuvre et le suivi des programmes, ded/Mincommerce du 24 octobre 2012
les plaines d'inondation, le littoral et les le titre 5 sur les mesures incitatives et portant réglementation de la fabrication,
eaux maritimes, les sols et sous-sol, les le titre 6 sur la responsabilité et les de l’importation et de la commercialisa-
établissements humains, les installa- sanctions en matière de gestion de tion des emballages non biodégrada-
tions classées dangereuses, insalubres l'environnement. bles, s’inscrit également en droite ligne
ou incommodes et des activités pol- La loi cadre plante donc le décor en du décret cadre sus-évoqué.
luantes, les établissements classés, les édictant les principes généraux de la L’article 4 l’arrêté met un terme au dés-
substances chimiques nocives et/ou gestion environnementale. Sa mise en ordre qui régnait jusque-là dans la pro-
dangereuses, les nuisance sonores et œuvre opérationnelle fait l’objet de dé- duction des déchets plastiques : « La
olfactives et la gestion des ressources crets d’application sectoriels. fabrication, l’importation et la commer-
naturelles et la conservation de la diver- C’est le cas du Décret N° 2012/280/PM cialisation ou la distribution des embal-
sité biologique… du 26 septembre 2012, fixant les lages non biodégradables sont
Cette loi cadre a la particularité d’être conditions de tri, de collecte, de soumises à l’obtention d’un permis en-
exhaustive dans la mesure où un en- stockage, de transport, de récupéra- vironnemental préalable en vue d’assu-
semble de principes fondamentaux sur tion, de recyclage, de traitement et rer la traçabilité de leur récupération,
l'environnement y sont présentés dans d'élimination finale des déchets. Ce recyclage et/ou destruction de façon
leurs contenus. Il s'agit des principes de décret s'applique aux déchets ména- écologiquement rationnelle.
précaution, pollueur-payeur, de partici- gers, hospitaliers, agricoles, indus-
pation, de prévention, de responsabilité triels, commerciaux et artisanaux. Les L’arsenal juridico-légal qui structure le
et de subsidiarité. déchets radioactifs, les épaves mari- champ de la gestion environnementale
Le titre 2 de ce texte fixe la question de times, les effluents gazeux ne sont au Cameroun, est suffisamment étoffé.
l'élaboration, de la coordination et du fi- pas concernés du champ d'application Sa mise en œuvre est progressive. Mais
nancement des politiques de l'environ- du décret. son impact est difficilement mesurable,
nement. Le titre 3 en rapport avec la Le décret précise que la compétence de tant il se heurte à des pesanteurs d’or-
Gestion de l'environnement, présente le la collecte et du stockage des déchets dre social et institutionnel.

20 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Evènement

LES PARLEMENTAIRES CAMEROUNAIS


FACE A L’ACCORD DE PARIS
Le Cameroun a récemment pris part à la 21ième Conférence des Parties (COP 21) à la
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La forte déléga-
tion conduite par le Président de République a défendu les positions du Cameroun au
cours de cette conférence.
Janvier NGWANZA OWONO

e plaidoyer du Chef de l’Etat a entrera en vigueur dès lors que cin- autres parties qu'elles consentent à

L ces assises était centré sur la si-


tuation du Lac Tchad qui a déjà
perdu 90% de sa surface initiale. «
quante-cinq Etats représentant au mi-
nimum 55 % des émissions mondiales
de gaz à effet de serre (GES) auront
être liées par le traité. Ceci est appelé
ratification. Le traité est désormais
obligatoire officiellement sur l'Etat.
Sauvons le Lac Tchad » avait-il alors ratifié le texte. Dans un communiqué daté du 21
lancé, appelant les uns et les autres à Théoriquement, rappelons qu’un cer- avril 2016 et signé du secrétaire gé-
faire preuve de beaucoup de détermi- tain nombre de mesures doivent être néral de la présidence, le Président
nation et de courage politique « Oui prises avant qu'un traité entre en vi- de la République annonçait qu’il a «
ayons de l’audace et de la sagesse » gueur. Tout d’abord les négociations décidé de soumettre l’accord de
avait déclaré le président de la Répu- qui précèdent un traité sont menées Paris à la ratification du parlement en
blique. L’accord final adopté par par les délégations représentant cha- sa session ordinaire du mois de juin
consensus après de difficiles négocia- cun des Etats concernés, réunis à une 2016. Le président de la République
tions prévoit de contenir le réchauffe- conférence. Ensemble, ils s’accordent appelle à la rapide entrée en vigueur
ment climatique « bien en dessous de sur les termes qui lient les États. En- de cet accord au regard des effets
2 °C par rapport aux niveaux préin- suite, une fois qu'ils parviennent à un dévastateurs des du dérèglement cli-
dustriels » et si possible de viser à « accord, le traité sera signé, habituel- matique sur l’environnement et la
poursuivre les efforts pour limiter la lement par les ministres compétents. santé des populations dans le
hausse des températures à 1,5 °C ». En signant un traité, un Etat exprime monde et tout particulièrement en
L'accord final a été ensuite signé en l'intention de se conformer aux dispo- Afrique ». C’est donc au cours de la
grande pompe au cours de la 30ème sitions du traité. Toutefois, cette ex- deuxième session ordinaire pour le
session extraordinaire de l'Assemblée pression d'intention en elle-même ne compte de l’année législative 2016,
Générale des Nations Unies le 22 avril soit pas obligatoire. Une fois que le que les parlementaires ont ratifié cet
2016 par cent soixante-quinze Etats traité a été signé, chaque Etat traitera Accord sur le climat. Notons que les
parties. Le ministre des relations exté- selon ses propres procédures natio- parlementaires camerounais s’étaient
rieures M. MBELLA MBELLA, a pro- nales. Au Cameroun, l'approbation du déjà montrés enthousiastes à
cédé à la signature pour le compte du Parlement est nécessaire. Après l'ap- l’idée d’apporter leur onction à cet
Cameroun. Mais la signature n’est probation accordée en vertu de procé- accord sur le climat dès sa signa-
qu’une première étape, l'accord final dures internes, l’Etat partie informe les ture par le Cameroun.

22 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Evènement

FRANÇOIS HOLLANDE FACE AU PARLEMENT POUR


RATIFIER DE L’ACCORD DE PARIS

L’Accord de Paris sur le climat, adopté le 12 décembre 2015 lors de la COP 21, a été ra-
tifié à New York vendredi 22 avril 2016 par 175 pays signataires, qui confirmaient ainsi
l’engagement pris au Bourget de limiter à deux degrés la hausse de la température à
l’échelle de la planète. Reste la ratification par les parlements nationaux.
Jean-Célestin EDJANGUE

’est l’une des conditions sine fement climatique a indiqué à ceux L’ONG World Ressources Institute

C qua non de l’Accord de Paris.


Le document sur le Climat
conclu le 12 décembre 2015, au Bour-
qui en doutaient encore que « les
mois qui viennent de s’écouler ont
été les plus chauds de ces cent der-
affirme d’ailleurs que les 175 pays qui
ont paraphé l’accord sur le climat à
l’ONU représentent 93% des émis-
get, en région parisienne, prévoit son nières années », ajoutant qu’« il faut sions de gaz à effet de serre, respon-
entrée en vigueur 30 jours après rati- aller vite, encore plus vite ». Mes- sables du réchauffement climatique.
fication par au moins 55 Etats parties sage visiblement bien reçu, si l’on en
à la Convention cadre des Nations croit le nombre de pays signataires Texte présenté « avant l’été » en
unies sur le changement climatique de l’accord de Paris sur le climat pré- France
(Ccnucc) représentant au moins 55% sents à New York : 175 pays dont une
des émissions totales de Gaz à effet soixantaine de chefs d’Etat et de gou- Parmi les pays signataires de l’Ac-
de serre (GES). Un cheminement vernement ont répondu par l’affirma- cord de Paris sur le climat, certains
long, qui ressemble à s’y méprendre tive au rendez-vous. Ce qui fait dire ont déjà ratifié le document. Ainsi en
à un véritable marathon dont le top à Ban Ki-Moon, le Secrétaire général est-il de la plupart des petits Etats in-
départ a été donné aux Nations unies, de l’Organisation des Nations unies sulaires. Le président français, Fran-
à New York, le 22 avril 2016. (ONU) que « C’est un moment histo- çois Hollande, a pour sa part assuré
rique ». Il est vrai que ce nombre de que l’accord serait ratifié par le Parle-
Le moment était donc solennel, iné- signataires en une journée n’avait ment hexagonal « avant l’été », pré-
dit, historique. En maître de cérémo- plus été atteint depuis 1982 lors de la cisant qu’il souhaite que l’Union
nie, François Hollande, le chef de Convention des Nations unies sur le européenne donne l’exemple de la
l’Etat français, a saisi l’occasion pour droit de la mer, qui avait alors réuni ratification d’ici la fin de l’année 2016.
inviter la planète à traduire en « actes quelques 119 pays signataires. Signe Car la signature du texte n’est qu’une
», la victoire théorique symbolisée probablement d’une prise de étape. Il y a encore un long chemin à
par l’adoption de l’Accord de Paris. conscience réelle sur la probléma- parcourir pour sa mise en application.
Le locataire de l’Elysée rappelant l’ur- tique de lutte contre le réchauffement L’accord ne peut entrer en vigueur
gence de la situation face au réchauf- climatique à l’échelle de la planète. que si cinquante-cinq pays responsa-

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 23


Evènement

bles de 55% des émissions de gaz à ment, il s’agissait d’amener


effet de serre l’auront ratifié. Un défi les pays à tenir la parole don-
de taille, mais pas impossible à rele- née lors de la COP 21 pour
ver et à atteindre avant la fin de l’an- maintenir le réchauffement cli-
née 2017. matique en-dessous de 1,5°C.
La ratification de l’Accord de Paris Un pari qui est loin d’être gagné
sur le climat par 175 pays à New : « L’Accord de Paris engage les
York, le 22 avril 2016, était aussi une pays à maintenir le réchauffement
sorte de pression mise sur les climatique en-dessous de 1,5°C
épaules des parlements des pays qui par rapport à la période pré-
sembleraient traîner les choses. industrielle. Cet objec-
C’est pourquoi Ban Ki-Moon a insisté tif de température
pour que les pays s’engagent rapide- constitue un seuil
ment à ratifier le texte pour « faire critique pour
comprendre aux gouvernements et les pays
au monde des affaires qu’il est temps vulnéra-
d’intensifier l’action sur le climat ». Le bles,
document entend promouvoir les l e s
énergies propres tout en incitant les com-
pays signataires à limiter la hausse
de la température « en deçà de 2° C
» et à « poursuivre leurs efforts »
pour stopper cette hausse à 1,5° C.
En ligne de mire de cette noble ambi-
tion, assurer la transition vers des
énergies propres. Restent la volonté munautés et les écosystèmes. Pour le climat de même qu’un plan en
politique et les moyens financiers né- tenir cet engagement, les pays doi- termes d’atténuation, d’adaptation
cessaires pour atteindre les objectifs vent au plus vite revoir à la hausse et de financement. Une coopération
visés. Ce sont des centaines de mil- leurs efforts nationaux pour réduire mondiale renforcée pour assurer un
liards de dollars qu’il faut investir leurs émissions, notamment en aug- avenir durable de la planète.
dans cette optique. Mais comme le mentant la part des énergies renou- Comme une véritable prise de
soulignait à New York, le 22 avril velables, en sortant des énergies conscience de l’urgence des enjeux
2016, l’acteur Léonardo Dicaprio, fossiles, en protégeant les forêts et ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est
ambassadeur de bonne volonté au- en développant les financements », en revanche certain, c’est qu’il en-
près des Nations unies sur le ré- prévient Samantha Smith, directrice core attendre au moins jusqu’à cet
chauffement climatique : « Le monde de l’Initiative mondiale Energie et Cli- été pour savoir si le Parlement
nous regarde. Le temps est venu mat au WWF. Français ratifiera l’Accord de Paris
d’une action sans précédent ». sur le climat, comme l’espère le pré-
La France doit donc maintenir la sident François Hollande. Le chef
Quoiqu’il en soit, le chrono- garde et rester vigilante tout au de l’Etat Français, qui selon toute
gramme semble suivre son petit long de la période intermédiaire vraisemblance devrait postuler en
bonhomme de chemin. En passant entre Paris et Marrakech. C’est en décembre 2016 pour un nouveau
par l’Allemagne. tous cas ce que pense le WWF : « mandat à la présidence de 2017, a
Reconnue pour sa maîtrise diplo- fait de la protection de l’environne-
Bonn balise le terrain en attendant matique des négociations entant ment un enjeu autant politique, éco-
Marrakech que présidente, la France doit donc nomique, culturel que de société.
Dans l’attente de la ratification de continuer à exceller dans ce do- Dès lors pour la France, cette ratifi-
l’Accord de Paris par le Parlement maine jusqu’à la COP 22. Elle a la cation par le Parlement conforterait
français, cet été, c’est à Bonn en Al- responsabilité de faire vivre pleine- l’idée d’un pays totalement mobilisé
lemagne que les pays se sont ren- ment « l’esprit de Paris » et de ba- pour lutter contre le réchauffement
contrés. La session de pourparlers a liser le terrain pour une bonne climatique et donnerait encore plus
eu lieu du 16 au 26 mai 2016. L’ob- entrée en application de l’Accord d’éclat au succès que représente
jectif de cette réunion, unique ren- de Paris », insiste Pascal Canfin, l’adoption de l’Accord du 12 décem-
dez-vous de négociations avant la directeur général du WWF France. bre 2015.
COP 22 prévue du 7 au 18 novem- Une fois ratifié, il faudra encore que
bre 2016 à Marrakech au Maroc, ba- A Bonn, un d’action a été adopté cet accord entre en vigueur. Son ap-
liser les contours du nouvel Accord avec des mécanismes pour la mise plication concrète ne devrait guère
de Paris sur le climat. Plus concrète- en œuvre de l’Accord de Paris sur intervenir avant… 2020 !

24 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Evènement

Finances locales
LES MAIRES FRANCOPHONES PLAIDENT POUR UN
TRANSFERT COMPLET DES COMPETENCES
Ils sont venus du Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et l’Union euro-
péenne. Ils sont venus échanger sur l’amélioration des finances locales et services es-
sentiels. Ils se sont réunis du 10 au 12 mai 2016 à Douala, dans le cadre de la 1ère
réunion de groupes de plaidoyer sur les finances locales et services essentiels au sein
de l’Association internationale des maires francophones (AIMF).

Florine NSEUMI Léa

a mise en place des processus de auprès du ministère de l’administration en œuvre de nos activités sur le terrain.

L décentralisation est effective dans


les pays francophones d’Afrique.
Toutefois, ce processus exigeant un
territoriale chargé des collectivités.
L’objectif final des travaux est de donner
aux autorités locales les moyens de faire
Mais il est question d’outiller les com-
munes, les magistrats municipaux dans
la conception des grands dossiers de
transfert effectif de compétences juri- entendre leur voix et d’améliorer l’envi- plaidoyer auprès des grands orga-
diques, techniques et financières de ronnement au niveau national et interna- nismes, des grands bailleurs de fonds et
l’Etat vers des autorités décentralisées tional «Il est question de poser les sur ce point bien précis, la ville de
est long et lent. problèmes à plat, de rechercher et iden- Douala est avancée dans le montage de
Par conséquent, les maires peinent à sa- tifier les solutions les plus appropriées, ce genre de dossier, par rapport à la
tisfaire les besoins de leurs populations, de façon à permettre à la voix des collec- banque mondiale, et l’Agence française
besoins liés à l’éducation, la santé, la voi- tivités locales d’être prise en compte et de développement et nos assises
rie, l’assainissement, l’accès à l’eau, l’en- de se faire entendre tant au plan natio- concerne l’Union européenne qui appuie
tretien des infrastructures. Cette situation nal qu’international. Et en perspective, il l’association des maires francophones»,
se complique avec l’évolution des modes est bon pour nous qu’à l’issue des tra- a déclaré le médecin.
de vies liées aux changements clima- vaux des solutions appropriées soient
tiques et au développement durable qui abordées et que les recommandations Aimf/Union
font naître de nouvelles problématiques. Il soient prises », a soutenu le ministre dé- Le partenariat stratégique Aimf/Union eu-
faudrait désormais adopter nos villes à ces légué. Il a estimé que ces réflexions sont ropéenne vient en appui aux magistrats
changements climatiques et s’armer pour susceptibles de proposer des idées qui municipaux. Ainsi les communes pourront
leurs conséquences. Le constat est géné- enrichiront les politiques publiques de mieux identifier les problèmes dans plu-
ral : les communes sont confrontées aux manière à les rendre plus efficientes. sieurs secteurs ; dans le cadre des deux
difficultés financières particulièrement pour Surtout quand elles s’appuient sur des thématiques structurantes « Ville durable,
accomplir les missions suscitées. En effet, expériences de terrain pour répondre ville pour tous », « Autonomisation des au-
les recettes sont mobilisées à un niveau aux besoins en eau, électricité, mobilité, torités locales et décentralisation », plu-
très faible du potentiel fiscal. Les budgets assainissement, santé qui proviennent sieurs axes de travail identifiés portent sur
des collectivités locales sont à moins de de nos villes les Finances locales, le Statut de l’élu local
5% du budget des administrations cen- Selon Pierre Baillet, secrétaire général et de la fonction publique territoriale ; Ser-
trales limitent et leur marge de manœuvre de l’AIMF, le but de ce plaidoyer est de vices essentiels ; Rôle des autorités lo-
en faveur de l’investissement. montrer la complémentarité entre les cales face au défi climatique. Ce
De même, les collectivités locales restent États et les collectivités locales. « Le partenariat stratégique signé par l’AIMF
en dehors des circuits de financements maire et les représentants locaux ont une avec l’Union européenne en janvier 2015
offerts par les banques et le secteur fi- parfaite connaissance des attentes et donne aux autorités locales francophones
nancier. Le rendement de la fiscalité lo- des besoins des populations et notre les moyens de développer des démarches
cale questionne les notions la pertinence souci c’est de renforcer leur autorité, leur et des actions de plaidoyer.
du modèle de décentralisation adopté par capacité de dialogue », a-t-il souligné. L’Association internationale des maires
les pays francophones. Pour porter leurs Pour Fritz Ntone Ntone, délégué auprès francophones (AIMF) a été créée en
préoccupations au niveau national et in- de la Communauté Urbaine de Douala, 1979. Elle est à la fois un forum de
ternational, les maires francophones réu- ces assises sont un moment de partage concertation entre les maires et un ré-
nis au sein de l’Aimf avec l’appui de d’expériences. « Nous allons porter le seau de coopération attaché à renforcer
l’Union européenne ont décidé de faire plaidoyer des maires francophones au- la démocratie locale. L’institution aide à
entendre leur voix afin d’améliorer l’envi- près des instances sous régionales pour la réalisation des projets qui favorisent le
ronnement dans lequel ils exercent leurs que les problématiques des villes soient bien-être des populations et la moderni-
compétences. Les travaux qui se sont ou- mieux prises en compte. Nous devons sation de la gestion municipale. L’AIMF
verts à Douala le 10 mai 2016, Sous le au niveau local être beaucoup plus in- accompagne les collectivités locales
thème « plaidoyer sur les finances locales ventifs et rechercher toutes les formes de dans les processus de décentralisation
et services essentiels » étaient présidés financements pour les ressources qui et dans la mise en œuvre des politiques
par Jules Doret Ndongo, ministre délégué peuvent amener nos capacités de mise d’aménagement urbain.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 25


Nouvelles d’ailleurs

Tchernobyl
30 ANS APRES, LES SEQUELLES RESTENT ENCORE VISIBLES

La catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986, a changé le destin d’une partie de


l’Ukraine qui reste encore irradiée aujourd’hui. Malgré la construction en cours d’une
arche de confinement, difficile de trouver une présence humaine dans les parages.
Eric Vincent FOMO 01 mai. Durant les dix jours d’émissions démantèlement du vieux sarcophage et
radioactives, il y a eu six directions princi- l’enlèvement de toutes les matières ra-
26 avril 1986-26 avril 2016. pales, en forme d’étoile. Ce qui explique le dioactives qu’il renferme, dans des condi-
Cela fait 30 ans déjà que la plus grande grand nombre de pays survolés. Jean- tions sécurisées. A Pripiat, les rues sont
catastrophe nucléaire du 20è siècle s’est Christophe Gariel, directeur de l’Environ- recouvertes de mousse. Les installations
produite à la centrale Lénine de Tcherno- nement à l’Institut de radioprotection et de du parc d’attractions qui devait être inau-
byl en Ukraine. A 1h23mn, un test de sû- sûreté nucléaire (IRSN), explique que « la guré le 01 mai 1986, pourrissent du fait
reté mal mené a déclenché une explosion contamination des territoires en ex-URSS des intempéries. 30 ans après, la zone est
qui a entièrement détruit le réacteur nu- suite à l’accident de Tchernobyl a toujours interdite, dans un rayon de 30 ki-
méro 4 du complexe de production élec- concerné environ 150 000 km²…réparties lomètres autour de la centrale sinistrée
trique. L’accident a été classé au niveau en Russie, Biélorussie et Ukraine, avec (soit 2 800 km²). En 1995, la zone d’exclu-
7 sur l’échelle internationale des évène- une extension de quelques 45 000 km² sion a été étendue à 4 300 km².
ments nucléaires (INES), c’est-à-dire le dans divers pays d’Europe ».
niveau le plus élevé. La mémoire collec- Des gens travaillent encore à Tchernobyl
tive garde surtout de Tchernobyl les 4000 Pripiat, ville fantôme Plusieurs milliers de travailleurs vivent à
personnes qui sont mortes des suites di- Après la catastrophe nucléaire, Pripiat, Tchernobyl. Il s’agit des responsables de
rectes de l’explosion, les 135 000 per- ville située à 3km de la centrale de Tcher- la mise à la ferraille des trois réacteurs
sonnes habitant dans un rayon de trente nobyl, et où vivaient les personnels de la qui n’avaient pas été détruits. Ils s’affai-
kilomètres autour de la centrale qui ont centrale et leurs familles, n’est plus que rent au démantèlement des installations,
été évacuées, les près de 60 000 soldats, l’ombre d’elle-même. Pas d’âme qui vive mais pas plus de quinze jours d’affilée. Ils
pompiers et civils qui ont travaillé sur la dans les parages. Elle est devenue au- y vivent en réalité dans la clandestinité.
zone au péril de leur vie. jourd’hui un no man’s land où le calme est Selon la journaliste écrivaine franco-
rompu par la construction en cours d’une russe Galia Ackerman, auteure de « Tra-
Une grande partie de l’Europe touchée nouvelle arche de confinement, pour ré- verser Tchernobyl », on trouve encore en
Le nuage de Tchernobyl issu de l’émana- pondre à trois objectifs définis par Michel ce moment à Pripiat 10 000 personnes
tion des gaz radioactifs a pris plusieurs di- Chouha, expert des réacteurs des pays de qui travaillent uniquement à contenir les
rections principales, à la faveur des vents l’Est à l’IRSN. Il s’agit de protéger le vieux conséquences de l’accident. « La ville a
d’altitude. Les rejets de la journée du 26 sarcophage des agressions climatiques reçu des particules lourdes de plutonium
avril 1986, les plus importants avec ceux pour se prémunir contre les éventuels dont l’activité ne s’estompera pas avant
du dixième jour, se sont dirigés vers l’Eu- risques de dégradation additionnelle pou- des dizaines de milliers d’années. Ici, il
rope de l’Ouest en premier. La Scandina- vant conduire à son effondrement ; d’as- est interdit de fumer, manger ou boire
vie sera la première touchée, dès le 27 surer une étanchéité parfaite entre les sous peine d’inhaler une particule
avril. Ensuite, c’est au tour de l’Europe de matières radioactives encore enfermées chaude…C’est finalement un endroit
l’Est le 29 avril. L’Allemagne, l’Autriche et dans le sarcophage et l’environnement ex- assez horrible, glauque, qui se détruira
l’Italie sont touchées le 30. La Belgique et térieur ; et enfin d’offrir les conditions opti- de lui-même », confiait-elle au journaliste
la partie est de la France sont atteintes le males devant permettre à terme le Vincent Nouyrigat lors d’une interview.

26 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Parole à...

Adamou Ndam Njoya


« Le transfert des compétences est effectif
partiellement, mais pas complètement »

Le maire de Foumban, vice-président des Communes et villes unies du Cameroun (CVUC) et


président de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) a participé aux « séminaires régio-
naux de renforcement des capacités des acteurs locaux de la décentralisation » organisés
par le Minatd à Douala les 23, 24 et 25 mai 2016. Il revient sur le transfert de compétences aux
communes plus de dix ans après l’instauration de la décentralisation au Cameroun.
Bosangi : Depuis 2004 on parle de ren- compétences aux communes. Ce Pouvez-vous nous présenter votre
forcement de la décentralisation au transfert existe-t-il uniquement dans commune ?
Cameroun. Pensez-vous qu’en 2016 les textes ou bien il est effectif sur le La commune de Foumban compte plus
on soit encore à parler de renforce- terrain ? de 2 50 000 âmes composées, d’artisans,
ments des capacités des acteurs lo- Le transfert de compétences est effectif secteur tertiaire... Foumban est la trei-
caux de la décentralisation ? partiellement, mais pas complètement. Il zième plus grande ville du Cameroun.
y a certains départements ministériels qui Les Bamoums sont la principale ethnie
Adamou Ndam Njoya : Effectivement ont bien transféré, et d’autres qui n’ont qui habite la ville de Foumban. Néan-
c’est tout un processus. Décentraliser pas complètement transféré. On arrive moins, Foumban regorge aujourd'hui
suppose qu’on puisse enlever certaines dans des situations où dans le budget d'une mosaïque d’ethnies qui composent
compétences, certaines attitudes à ceux d’investissement public, on a des projets la région de l’ouest Cameroun (Tikar et
qui exerçaient ces compétences, qui prioritaires, qui sont maintenant gérés par Bamiléké). La ville devant sa croissance
doivent revenir maintenant aux collectivi- les préfets. Ce qui veut dire qu’on écarte récente à l'exode rural qui a poussé des
tés locales décentralisées c’est-à-dire complètement les maires de la gestion de centaines de milliers de Camerounais à
aux communes. Ce n’est pas toujours ces projets. Ce qui pose problème. En quitter leurs campagnes pour s'installer
facile. Partir de l’Etat central au niveau matière de décentralisation les textes doi- dans les villes et aussi à la forte crois-
de l’Etat local dans la mesure où la Ré- vent être clairs en ce qui concerne les sance naturelle. L’artisanat est de loin la
publique du Cameroun est un Etat uni- ressources à transférer et les compé- principale source d’emplois dans la ville
taire décentralisé. La partie tences à transférer. Et il faut qu’il y ait un de Foumban. Elle emploie un nombre
décentralisée est composée par des contrôle, qu’il y ait des acteurs sur le ter- élevé de jeunes et de moins jeunes au
communes et des régions qui ne fonc- rain pour réglementer. quotidien. L’artisanat bamoun est réputé
tionnent pas encore. Alors, ceux qui sont au Cameroun et dans le monde entier
au niveau central, dans les ministères Quelles sont donc les conséquences pour sa qualité et sa longue histoire. Cela
font freiner la décentralisation. Cela les sur les services essentiels que vous a conduit les Foumbanais à prénommer
empêche de gérer certains fonds, d’être êtes censés rendre aux populations leur ville « Cité des arts ». De nombreux
à la base de certains projets et de leurs par rapport à tous ces blocages ? touristes viennent visiter les nombreux
réalisations. Mais je pense qu’on est en On aurait pu faire mieux, mais on fait ce sites touristiques disséminés dans la ville
train d’y arriver. Il suffit seulement que qu’on peut avec les moyens qui sont là et (palais des rois Bamouns, hall de la réu-
l’Etat puisse jouer pleinement son rôle et les techniciens qui sont là. Je pense que nification, etc.). La ville de Foumban
qu’il y ait cette volonté politique de dé- si on a organisé cette rencontre, c’est compte deux grands musées : le musée
centraliser. Il faut doter les communes pour prendre conscience de ce qu’on doit du palais des Rois bamouns et le musée
des personnels qualifiés, des ingénieurs, faire. C’est pour cette raison que les in- des arts et de la tradition du quartier arti-
des techniciens pour qu’on n’ait pas re- terventions des différents maires, des sanal. La Commune de Foumban est
cours aux services déconcentrés. Il y a sous-préfets, et des préfets nous amè- couverte par un hôpital de district, un cen-
aussi un problème de mentalité, il faut nent à nous rendre compte que les diffé- tre médical d’arrondissement et des cen-
qu’on sache que dans les communes, rents services qu’on doit rendre aux tres de santé intégrés disséminés dans la
on agit pour l’Etat, et dès lors, il doit y citoyens au niveau local sont encore ville. À ces formations sanitaires pu-
avoir une coopération et une complé- nombreux. Il faut que tout le monde soit bliques s’ajoutent l’hôpital du palais des
mentarité entre la tutelle, la municipalité mobilisé ; c’est pour cela que nous re- Rois Bamoun, l’hôpital protestant de
et les services déconcentrés. C’est très commandons qu’il y ait un réel dyna- Njissé, le Centre de Santé Médicalisé de
important, c’est un travail d’éducation, misme aussi bien du côté des acteurs Kueka d’ordre confessionnel catholique,
de formation et d’information. locaux, que de la tutelle et les services des dispensaires privés et une clinique
déconcentrés pour le bien-être de nos spécialisée dans l’ophtalmologie.
A vous entendre parler, on a l’impres- populations. Il faut que nous soyons ci-
sion qu’il y a un conflit de transfert de toyens et patriotes en même temps. Propos recueillis par Florine NSEUMI Léa

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 27


Portrait

Célestine Ketcha Courtes


LA FEMME DU PEUPLE

combre de vérification d’identité et au-


tres enquêtes préliminaires pour dé-
marrer une conversation avec une
personne qu’elle rencontre pour la
première fois. Et pourtant, les titres
honorifiques qu’elle traine lui aurait
donné une grosse tête et lui per-
‘‘ D’une humilité sans pa-
reille, celle qui a été pro-
pulsée à la tête de
l'exécutif municipal de
Bangangté en 2007, ne
mettrait de s’entourer
d’une cohorte de
s’encombre de vérifica-
gorilles comme tion d’identité et autres
cela s’observe
chez certains.
enquêtes préliminaires
Des titres, elle pour démarrer une
en a certaine-
ment : Maire
conversation avec une
de la Com- personne qu’elle rencon-
Florine NSEUMI Léa
mune de Bangangté, Présidente du tre pour la première fois.
Réseau des Femmes Elues Locales
d'Afrique (REFELA), Présidente Na-

’’
e contact facile sans protocole

D
tionale du Réseau des Femmes
ni tambour, La mairesse de Elues Locales d'Afrique du Came-
Bangangté permet à tout un roun (REFELA-Cam), Vice-prési-
chacun de comprendre qu’on a en dente de l'AEMF (Association pour Après moult renseignements, l’on dé-
face de soi une femme de terrain, qui l'entraide municipale et le développe- couvrira qu’elle est née le 13 Octobre
est à l’écoute de ses populations. ment) Ambassadrice de l'Afrique fran- 1964 à Maroua, au Nord Cameroun.
Sa taille imposante et son teint noir cophone dans les groupes de travail
d’ébène bien soigné, distingue aisé- de l'Union européenne portant « dia- Titulaire d'un Baccalauréat A4, men-
ment Mme Courtès du reste de la logue structure » sur l'aide, prési- tion bien, elle est aussi détentrice d'un
foule. Son image sur nos petits dente de la Commission aides brevet de technicien supérieur option
écrans ne trahit pas son physique humanitaires et gestion des risques techniques commerciales et d'un di-
réel. Et l’on n’a pas besoin de pré- de l’AIMF, championne CGLU de la plôme d'études supérieurs de com-
sentation pour la reconnaitre au mi- coopération au développement, Pré- merce et d'économie. Ses débuts
lieu des centaines ou des milliers sidente Départementale des Cités et dans le monde du travail l’ont
personnes. Villes Unies du Cameroun (CVUC - conduite, à la Cimencam comme
Elle affiche toujours un sourire qui NDE), ex-Présidente de la Panthère cadre commercial et marketing. Elle
vous laisse croire que vous êtes une sportive du Ndé, actuelle administra- va démissionner plus tard et s’adon-
vieille connaissance. Que non. C’est trice et présidente d'honneur de la ner entièrement aux affaires et à la po-
que Mme Célestine Ketcha épouse Panthère Sportive du Ndé. litique comme militante du RDPC,
Courtès a su capitaliser son statut de parti au pouvoir.
femme politique, toujours prête à solli- La mairesse de Bangangté est poly-
citer les suffrages de ses concitoyens glotte. Sa maîtrise du Fulfulde, Mme Ketcha est mariée et mère de
à chaque échéance électorale. D’une langue parlée dans le grand Nord du plusieurs enfants. Elle est Chevalier
humilité sans pareille, celle qui a été Cameroun, vous désoriente de de l'Ordre National de la Valeur, et
propulsée à la tête de l'exécutif muni- prime abord. D’autant plus qu’elle Chevalier de l'Ordre National du Mé-
cipal de Bangangté en 2007, ne s’en- est originaire de l’Ouest. rite Sportif.

28 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Réflexions

Le nucléaire
ARME DE DISSUASION OU DE PERSUASION
D'UNE GUERRE LARVEE ?

Janvier NGWANZA OWONO

a visite du président américain constitue la dissuasion nucléaire. jette est irrationnelle puisqu’il subira

L des villes japonaises d’Hiro-


shima et Nagasaki, les 26 et 27
mai derniers s’inscrivait dans la vi-
Relevant de la rhétorique militaire
plus que de la stratégie, il se ramène
à une thèse simple : " l’arme ato-
des conséquences sans commune
mesure avec les gains escomptés,
au vu du caractère apocalyptique et
sion pacifique de ce dernier. La forte mique est dissuasive précisément les effets différés de cette véritable
valeur symbolique de cette visite a parce que l’on ne s’en sert pas/plus. arme de destruction massive. Elle
sans doute permis de mettre en Il n’y a donc pas de guerre grâce à est un jeu dialectique entre le risque
exergue son engagement pour la elle. Elle garantit la paix." La seule (coût/bénéfice) et l’enjeu (proportion-
paix et la sécurité en général, et en accumulation quantitative du capital nalité).
particulier sa proposition phare en fa- de destruction tient lieu donc de stra- Par ailleurs, les Etats ont
veur d’une dénucléarisation totale, tégie militaire. La paix reposerait sur voulu/veulent disposer du nucléaire
impliquant à la fois les États prolifé- l’existence des armes nucléaires. pour plusieurs raisons, notamment la
rants et les puissances nucléaires re- Force est de constater que depuis protection contre les périls les plus
connues . Il n’en demeure pas moins son utilisation par les Etats unies extrêmes. C’est également un critère
que cet engagement du président pour faire plier le Japon en 1945, elle de souveraineté nationale qui place
Barack Obama peut être sujet à in- a contribué à la prévention de conflit ces détenteurs au rang de puissance
terrogation. majeur entre puissances nucléaires. politique (mondiale ou régionale). De
Tout en rendant hommage aux vic- La dissuasion nucléaire est une stra- plus, elle est aussi un objet de pres-
times de l’explosion de la bombe ato- tégie d'utilisation de menaces pour tige technologique (« l’excellence »)
mique du 06 aout 1945, et influencer le calcul stratégique de et une expression nationaliste pour
promouvant une dénucléarisation to- l'autre côté. La dissuasion nucléaire les élites. Enfin, c’est une contre-dis-
tale, les Etats Unis n’ont pour autant est une stratégie qui se donne pour suasion : éviter un chantage nu-
pas renoncé au corpus contextuel de but de détourner un adversaire d’une cléaire visant corps expéditionnaire.
la guerre froide, celui du dogme ad initiative en lui faisant prendre En outre, comme le souligne Dimitri
nauseam de « l’assurance vie » que conscience que l’entreprise qu’il pro- Adamsky , il existe un distinguo entre

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 29


Réflexions

« situation de dissuasion nucléaire menaces sans ambiguïté que le si- froide n’a pas ouvert l’ère post-nu-
», dans lequel un acteur est dis- gnal résolution crédible et capacité. cléaire, mais une deuxième phase
suadé sans que personne n’ait es- La dissuasion ne peut opérer que si de l’âge nucléaire ». Force est de
sayé d'envoyer un message de les signaux émis sur la volonté constater qu’en dépit de la fin de la
dissuasion, et une « stratégie de dis- d’emploi sont pertinents. A titre illus- guerre froide, et du discours aboli-
suasion nucléaire », quand un tel si- tratif, des centaines de milliards dé- tionniste actuel, les armes nucléaires
gnal est délibérément conçu et pensés et les milliers d’essais continueront, dans l’avenir prévisi-
envoyé. Une fois qu'un acteur se dé- nucléaires ont pour but de commu- ble, de jouer un rôle majeur au sein
place d'une « situation de dissuasion niquer un argument de persuasion des défenses nationales et des poli-
nucléaire », à une « stratégie de dis- négative. Au stade final, théorique- tiques de sécurité, et ce, parce que
suasion nucléaire », un type idéal de ment, les planificateurs cherchent à l’objectif de celles-ci n’est pas, en
programme de dissuasion spéci- établir un lien de causalité entre le soi, le désarmement, mais plutôt la
fique est guidé par un objectif poli- programme de dissuasion nucléaire production d’une sécurité sans cesse
tique particulier et repose sur des et de comportement stratégique ob- plus large. Le 21ième siècle verra
hypothèses de renseignement sur servé de l'adversaire et d'estimer probablement la « piraterie straté-
les intentions et les capacités de l'efficacité de leurs efforts, vers le gique » opérer, contestant l’ordre in-
l'adversaire et sur une estimation de prochain tour de l'interaction. ternational par l’accession au
la corrélation des forces. Théorique- En d’autres termes, la stratégie de nucléaire. il n’y a pas de relation au-
ment, à la première étape de ce pro- dissuasion nucléaire (réciproque) tomatique de cause à effet entre l’in-
gramme, les planificateurs de aura donc été en définitive une stra- tention d’éliminer toutes les armes
dissuasion nucléaire identifient la tégie de persuasion nucléaire ou de nucléaires et la prévention de la pro-
perception des menaces straté- non-guerre. Parce qu’en effet, cette lifération, au vu de l’examen de l’évo-
giques de l'adversaire et des valeurs stratégie de dissuasion désigne un lution historique du paysage
qui peuvent être tenues efficace- mode de persuasion. Elle consiste à nucléaire, des traités de réduction
ment à risque. Ensuite, les planifica- persuader de ne pas attaquer. des armements et l’argumentaire ré-
teurs cherchent les voies et moyens Comme tout mode de persuasion, gionaliste sécuritaire des Etats proli-
d'exploiter ces craintes de la ma- elle suppose un dialogue, une com- férateurs. La réduction des
nière la plus efficace, afin de façon- munication capable de diffuser une armements stratégiques russes et
ner le calcul stratégique de argumentation. américains n’a « aucun effet » ma-
l'adversaire. Idéalement, à ce stade, En définitive, comme le souligne Lu- jeur sur le Pakistan, l’Inde, la Corée
les planificateurs communiquent les cien Poirier « la fin de la guerre du Nord, Israël et l’Iran.

1
L’armement nucléaire figurait parmi les grands dossiers que le président Barack Obama entendait traiter dès son arrivée à la Maison-Blanche.
2
Les arguments développés dans ce paragraphe reprennent largement ceux de Dimitry Dima Adamsky, « The 1983 Nuclear Crisis – Lessons for Deterrence
Theory and Practice », Journal of Strategic Studies, 2013, p. 4-41,

30 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47


Note de lecture

LA MONDIALISATION, UNE CHANCE POUR


L’AFRIQUE ?*
Le continent africain, qui enregistre
une croissance économique de 5% en
moyenne depuis plus d’une décennie
peut-il profiter du contexte de la globa-
lisation pour accélérer son développe-
ment et son industrie ? C’est ce que
soutient Lucien Pambou, économiste
et politologue, professeur à l’univer-
sité de Paris XIII Villetaneuse, dans un
ouvrage paru en avril 2014 chez l’Har-
mattan.

Jean-Célestin EDJANGUE

errière le questionnement, « Sujets d’hier, acteurs de demain ? » l’importance du capital humain comme

D bien des certitudes. En 160


pages, l’auteur donne un re-
gard nouveau du rapport de l’Afrique
Pour Lucien Pambou, la mondialisation
est une chance pour les Etats d’Afrique
noire francophone du centre et de
source de développement économique
et de l’innovation.

à la mondialisation. Cette dernière l’ouest, à condition de passer au Enfin, la troisième partie « L’Afrique dans
n’est plus abordée uniquement sous peigne fin les avantages et les incon- la mondialisation : les propositions » in-
le prisme du Secrétaire d’Etat au tra- vénients de l’insertion dans cette glo- dique précisément les leviers sur les-
vail sous Bill Clinton, Robert Reich à balisation. L’auteur étale son quels le continent peut jouer pour gagner
la fin des années 19801, qui voyait la argumentaire en trois parties. le pari de la globalisation : un rapproche-
mondialisation comme un système ment plus étroit entre société civile afri-
voulu par le néolibéralisme sauvage La première partie marque un arrêt sur caine et indicateurs économiques, une
et écrasant de tout son poids les l’histoire du continent, pour permettre modernisation du secteur agricole et un
économies des pays en développe- d’analyser s « Le temps de la construc- investissement dans l’industrialisation,
ment. Elle est surtout scrutée avec le tion et de la quête d’identité des Etats sans oublier de valoriser les entreprises
regard de Joseph Stiglitz2 pour qui la d’Afrique noire francophone (1950-1990) africaines dans la mondialisation, d’amé-
mondialisation offre un intérêt com- ». L’histoire coloniale, les luttes pour les liorer la gouvernance politique et l’inté-
mun aux pays riches et à ceux en dé- indépendances, l’accession à la souve- gration régionale CEDEAO-UEMOA et
veloppement. Autant dire que c’est à raineté des pays et la crise des années CEEAC-CEMAC.
chacun d’en faire ce qu’il veut de 1980 qui a fortement impacté les écono-
cette mondialisation. mies nationales, sont revisitées. Surtout, l’auteur plaide pour une rééva-
luation conceptuelle de l’aide publique
Autre nouveauté de l’essai produit par Une crise particulièrement difficile, au développement et de la dette, ainsi
Lucien Pambou, l’approche qu’il a de conjuguant endettement des Etats, plans que la promotion d’un nouveau partena-
l’Afrique. Le continent est certes consi- d’ajustement structurel et la dévaluation riat gagnant-gagnant entre l’Afrique noire
déré comme une entité homogène en du franc CFA (en janvier 1994). La francophone et la Chine et avec les pays
matière de sous-développement. Mais deuxième partie de l’ouvrage étudie la émergents.
il analyse plusieurs zones continen- relation entre le politique et l’économie
tales pour ressortir la pertinence de en prenant en compte « La chute du mur En définitive, l’auteur est convaincu que
son propos, celui de montrer en quoi la de Berlin et le rappel à l’ordre des ce sont les Africains qui feront de la mon-
mondialisation peut être une chance contraintes du développement, comme dialisation ce qu’ils en attendent. S’ils y
pour l’Afrique : « Les Afriques dont il processus d’intégration dans la mondia- prennent activement leur part, en devien-
est question ici, sont l’Afrique de lisation (1990-2000) ». nent des acteurs, alors c’est tout le conti-
l’Ouest, ancienne Afrique occidentale nent qui en profitera.
française (AOF), et l’Afrique centrale, Cette partie insiste sur la nécessité pour
ancienne Afrique équatoriale française les pays d’Afrique noire francophone *Lucien Pambou, La mondialisation,
(AEF). Ces deux Afriques symbolisent d’intégrer le concept de la mondialisa- une chance pour l’Afrique ? Les
l’influence de la France sur le continent tion, s’appuie sur des indicateurs favora- Afriques noires francophones de
africain si on exclut le Maghreb », ex- bles à cette démarche, la construction l’ouest et du centre : sujets d’hier, ac-
plique l’auteur. des partenariats privé-public ou encore teurs de demain ? L’Harmattan, 2014

1
Cf. Robert Reich, « The works of nations » (1991), publié en français sous le titre « L’économie mondialisée », 1997, éd. Dunod.
2
Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, auteur notamment de « Un autre monde », Paris, éd. Fayard, 2006.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47 31


Carte postale

DAKAR
Forum lecteurs

« S’il fallait se fier à ma lecture se pose avec acuité, toute infor- ce magazine. Je vais m’arranger
de ce magazine, je vous conseil- mation susceptible d’aider à à ne manquer aucune édition.
lerai d’avoir un stylo et papier à comprendre chaque aspect de Bravo à l’ensemble de l’équipe
portée de main pour prendre des l’énigme est une excellente litté- rédactionnelle qui fait un travail
notes. J’ai personnellement rature. On sort de la lecture de de recherche remarquable. »
beaucoup appris en lisant cha- ce magazine, repu et enrichi.
cun numéro de BOSANGI. Dans Moi qui suis intéressé par les ELOUNDOU Parfait Noël, étudiant
le contexte qui est le notre où la questions liées à environnement, en lettres modernes françaises
problématique environnementale ignorais jusque-là l’existence de

34 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2016 / N°47

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