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Editorial
exergue l’urgence d’une nouvelle problé- ville exemplaire en France, qui, depuis
matique de développement, qui s’ap- le début de la décennie 90, accueille des
puie sur le fait que le déchet, matière Assises du même nom, qui servent de
première secondaire, génère des nou- boussole à la France et aux pays euro-
velles ressources - une fois traité, valo- péens pour mieux maitriser leurs poli-
risé et recyclé- sur lesquelles peut tiques environnementales, et mobiliser
s'appuyer une économie. C’est ainsi que les acteurs impliqués dans la pollution et
les éléments structurels de l’économie la protection de l’environnement.
circulaire ont été déclinés au cours de C’est sous l’impulsion de ces Assises
ces Assises, pour s'accorder sur un nou- Nationales de Nantes, alors suscitées
veau modèle de croissance, basé sur par des professionnels de la production
Par Michel NGAPANOUN l’économie verte. de déchets, qu’est née cette idée au Ca-
PDG D’Hysacam Ces Premières Assises Nationales des meroun. Construire un mur contre la
Déchets, sont une pierre à l’édifice dans destruction de la couche d’ozone et
es 27 et 28 Avril derniers, se sont d’autres facteurs dont certains industriels
L
‘‘
tenues à Yaoundé, capitale poli- avaient conscience sans qu’ils ne leur
tique du Cameroun, les Premières soit opposé leur devoir éco-citoyen.
Assises Nationales des Déchets. Cette Chose curieuse, ce sont encore des pro-
plateforme avait pour ambition de donner fessionnels qui ont été à l’origine de cette
l’opportunité aux politiques, aux profes- Ces Premières Assises ont alerte et qui ont mis en garde la société
sionnels, et aux organisations de la so- mis en exergue l’urgence contre les effets nuisibles d’un dévelop-
ciété civile, de faire un état des lieux des pement industriel non contrôlé avec ses
enjeux environnementaux de l’assainis-
d’une nouvelle probléma- effets nocifs.
sement pour la protection de l’environne- tique de développement, Cette expérience a inspiré les profes-
ment et la défense de la nature. qui s’appuie sur le fait que sionnels camerounais. Bien que les ni-
Comme pour toute expérience de ce veaux d’organisation et de coordination
type, il a fallu du temps. Le temps de la
le déchet, matière première ne soient pas les mêmes, nous nous
concertation, de l’élaboration, et de la secondaire, génère des sommes lancés dans une réflexion. Il fal-
réalisation. Cette première manche a été nouvelles ressources sur lait trouver un cadre, un tremplin, pour
remportée au mois d’Avril dernier. mobiliser et concilier les professionnels.
La réflexion entamée bien des années
lesquelles peut s'appuyer Nous avons rencontré l’adhésion des po-
auparavant, a été alimentée par une dé- une économie. litiques. Les étapes de cette construction
’’
marche: aller auprès de ceux qui sont détaillées dans le dossier que Bo-
avaient déjà une expérience de construc- sangi a consacré à cet évènement sans
tion collective et de réflexion participative. précédent en Afrique en Afrique centrale.
Le modèle retenu sera celui des Assises la lutte contre les changements clima- De la genèse aux conclusions. Tout y est.
de Nantes. tiques, que les professionnels des mé- Au terme des travaux, il a été convenu
Il a fallu s'en inspirer en tenant compte tiers de la propreté ont posée. Ils veulent que désormais, tous les deux ans, se
des réalités du continent. Ce fut tout à ainsi contribuer à doter les pays autre- tiendront les Assises Nationales des Dé-
l'honneur des politiques, des techniciens fois pauvres et très endettés, en res- chets au Cameroun. Il y a urgence à ins-
de l'Administration en passant par les sources nouvelles pour être de la partie tituer des programmes concertés de
professionnels des métiers de la propreté dans la préservation et la protection de résilience et d’adaptation aux change-
jusqu'aux usagers représentés par les or- la planète terre. ments climatiques. Ces Assises consti-
ganisations de la société civile et La plateforme dénommée Assises Natio- tuent ce mur d’airain, dont l’Afrique a
quelques associations. nales des Déchets au Cameroun, est le besoin pour maitriser son destin clima-
Ces Premières Assises ont mis en prolongement de l’esprit de Nantes. Une tique et assumer le futur de ses enfants.
Bosangi
Une publication de Hysacam Directeur de publication Secrétaire de rédaction Direction artistique
B.P : 1420 Douala. Michel NGAPANOUN Innocent EBODE Valentin OMBIBI
Tél. +237 233 37 44 14 Ont participé à ce numéro : Marque Plus
Fax : +237 233 37 47 73 Rédacteur en chef Jean Célestin Edjangue, Florine Tél : +237 696 69 84 02
B.P. : 781 Yaoundé Garba AHMADOU marqueplus@yahoo.com
Nseumi Léa, Janvier Ngwanza
Tél. +237 222 22 13 79
Fax : +237 222 22 53 44 Owono, Jean Loîc Amougou Impression : Print Industry
Eric Vincent Fomo, Julius Taloy Tél : +237 233 42 63 93
6-9
Actualité
6. HIGH-LEVEL SIGNING CEREMONY FOR PARIS
AGREEMENT By Julius Taylor
7-8. France, VA-T-ON FERMER LA CENTRALE NUCLEAIRE ?
Par Jean-Célestin EDJANGUE
9. Changements climatiques,
LE PLAIDOYER DE MACKY SALL Par Eric Vincent FOMO
11-18
Dossier
Premières Assises Nationales des Déchets
L’ECONOMIE CIRCULAIRE AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS
Les Assises Nationales des déchets qui se sont tenues à Yaoundé du 27 au 28
avril 2016, les premières jamais organisées en Afrique centrale. Les acteurs de
la filière ont notamment débattu de la question de l’économie circulaire.
26
Le Cameroun a récemment pris part à la 21ième
Conférence des Parties (COP 21) à la Convention- Nouvelles d’ailleurs
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques. La forte délégation conduite par le Tchernobyl, 30 ANS APRES, LES SEQUELLES
Président de République a défendu les positions RESTENT ENCORE VISIBLES Par Eric Vincent FOMO
du Cameroun au cours de cette conférence.
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Parole à...
Adamou Ndam Njoya Propos recueillis par Florine NSEUMI Léa
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Portrait
Célestine Ketcha Courtes, LA FEMME DU PEUPLE
Par Florine NSEUMI LEA
29-30
Réflexions
Le nucléaire, ARME DE DISSUASION OU DE PERSUASION
D'UNE GUERRE LARVEE ? Par Janvier NGWANZA OWONO
28 31
Note de lecture
LA MONDIALISATION, UNE CHANCE POUR L’AFRIQUE ?*
Par Jean-Célestin EDJANGUE
33
Célestine Ketcha Courtes Carte postale
LA FEMME DU PEUPLE
34
Forum lecteurs
Julius Taylor
he Paris Agreement was representatives of all countries to pends its final entry into force.
France
VA-T-ON FERMER LA CENTRALE NUCLEAIRE ?
Le candidat François Hollande en avait fait l’un des points essentiels de son pro-
gramme pour la présidentielle en 2012, promettant de réduire de 50% la part du nu-
cléaire dans la production énergétique hexagonale. Une promesse faite quelques mois
après la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, le 11 mars 2011.
Jean-Célestin EDJANGUE
e débat occupe la classe po- vieux débat habituel autour du mo- logique qui, pour 65% des per-
« Objectif moins de 50% de nu- Cet état de choses a eu le don d’ailleurs à la fin de cette même
cléaire à l’horizon 2025 » d’exaspérer certaines associa- année 2018 que la mise en ser-
Alors que le président François tions, qui ont l’impression d’avoir vice de l’EPR de Flamanville dans
Hollande entame l’ultime année été flouées du fait du décalage la Manche est également prévue.
de son quinquennat, la question entre les promesses du candidat Pour Cyrille Cormier de Green-
de l’énergie nucléaire reste un vé- François Hollande lors de la pré- peace, rien d’étonnant dans les
ritable caillou dans la chaussure sidentielle 2012 et la réalité des tergiversations du gouvernement
du chef de l’Etat. Et ce malgré faits depuis son élection : « Nous qui s’expliquent par « une diffi-
l’Accord de Paris sur le Climat attendons du président de la Ré- culté à choisir entre la transition
adopté le 12 décembre 2015 au publique qu’il nous donne des énergétique et l’exportation du nu-
Bourget. gages sur le contenu de la PPE. cléaire français, qui nécessité de
La loi de transition énergétique Le scénario qui sera proposé doit conserver une vitrine nationale,
pour la croissance verte, votée prévoir de fermer un certain nom- un parc, des équipes et un savoir-
en août 2015, prévoit pourtant bre de réacteurs nucléaires. Nous faire ». L’opposition politique fran-
dans son article premier de « ré- n’allons pas refaire les trois an- çaise est encore plus sévère
duire la part du nucléaire dans la nées de débat que nous avons quant à l’attitude de l’exécutif : «
production d’électricité à l’horizon déjà eues. La PPE devra égale- Depuis le début, on nage en
2025 (contre 77% en 2014) ». Le ment intégrer des objectifs plus pleine hypocrisie, avec une loi de
sujet est revenu sur toutes les lè- élevés que ceux annoncés pour transition énergétique perçue par
vres lors de la quatrième confé- les énergies renouvelables », sou- beaucoup-parlementaires, mem-
rence environnementale du ligne Denis Voisin, le porte-parole bres du gouvernement, indus-
quinquennat de François Hol- de la Fondation Nicolas Hulot. triels- comme n’ayant pas
lande, les 25 et 26 avril 2016. vocation à être appliquée. La
Une conférence qui s’est tenue « Une question embarrassante » preuve en est qu’EDF ou Areva
trois jours après la signature de Dans son dernier rapport rendu n’intègrent pas d’évolution ma-
l’accord sur le climat à New York public le 10 février 2016, la Cour jeure du parc nucléaire dans leurs
par 175 pays dans un contexte de des comptes accorde une place calculs financiers. On est dans un
défiance avec les verts t les as- de choix à la question du nu- jeu de rôle, de feinte systématique
sociations environnementales de cléaire. L’avenir du parc nucléaire, du gouvernement. Sur le nu-
l’hexagone. L’objectif de cette les prolongations et fermetures cléaire, la transition énergétique
conférence environnementale, des réacteurs, est renvoyée à la réside dans la PPE, le reste n’est
instituée dans la lignée du Gre- deuxième période de la PPE que du baratin », estime Hervé
nelle de l’environnement du (2019-2023) suivant l’évolution Mariton, député Les Républicains
temps de Jean-Louis Borloo, est des énergies renouvelables et la de la Drôme et coauteur d’un rap-
d’arrêter une feuille de route an- demande en électricité. La Cour port1 sur le coût de la fermeture
nuelle du gouvernement en ma- des comptes pense que diminuer anticipée des réacteurs nu-
tière environnementale. Son la part de l’atome à 50% du bou- cléaires.
ambition principale étant non quet électrique revient à arrêter « La France n’en a décidément pas
seulement de réunir entreprises, de 17 à 20 réacteurs » sur les 58 terminé à se torturer les méninges
associations, syndicats, élus et que compte la France. Ce qui sup- sur la question du nucléaire. Ce
décideurs autour des enjeux éco- poserait un calendrier précis des d’autant plus que Areva, le géant
logiques et sanitaires majeurs ; fermetures. Or la question est tel- du nucléaire français, connaît une
mais aussi de « faire de la France lement embarrassante que le pou- situation financière extrêmement
la nation de l’excellence environ- voir actuel de l’Elysée semble tout compliquée qui a conduit son an-
nementale ». faire pour remettre cette « patate cienne patronne Anne Lauver-
Or, si les associations ont ap- chaude » entre les mains des pro- geon à être mise en examen au
prouvé la promulgation, en août chains gouvernements. mois de mai 2016 pour « présen-
2015, de la loi sur la transition La ministre de l’Ecologie, Ségo- tation et publication de comptes
énergétique, elles s’inquiètent au- lène Royal, a néanmoins promis inexacts » et « diffusion de
jourd’hui des retards dans son ap- l’abrogation de l’autorisation de fausses informations ». Elle est
plication, puisque 77% des fonctionnement de la centrale de en fait soupçonnée d’avoir sous-
décrets d’application restent en Fessenheim, la plus vieille cen- estimé les provisions pour dépré-
attente de publication. Par ail- trale nucléaire de France, avant le ciations d’actifs en 2010 et 2011
leurs, la programmation plurian- 1er juillet 2016, même si la cen- suite à l’acquisition calamiteuse
nuelle de l’énergie (PPE), a été trale alsacienne ne s’arrêtera défi- par Areva de la société minière
renvoyée au 1er juillet 2016. nitivement qu’en 2018. C’est canadienne Uramin.
Après la signature le 22
avril dernier de l’Accord de
Paris, le Président sénéga-
lais a appelé les signataires
à aller au-delà des inten-
tions, pour une planète
moins polluée.
175 pays se sont donné rendez- La préoccupation de Macky Sall Lors de son intervention à la plé-
vous au siège de l’Organisation s’inscrit dans la logique du respect nière des chefs d’Etat et de gou-
des Nations Unies à New York le des résolutions de la 21è confé- vernement de la COP 21 le 30
22 avril 2016, pour signer l’Accord rence de l’ONU sur le changement novembre 2015, Macky Sall plai-
sur le climat conclu à Paris en dé- climatique, COP 21 (tenue du 29 dait déjà pour la conclusion d’un
cembre 2015. En bonne place, le novembre au 12 décembre 2015). accord contraignant et applicable
Président du Sénégal Macky Sall. A l’issue de cette assise, 195 chefs à tous les pays. « La réduction de
A l’occasion de ce premier grand de délégations avaient adopté par la température mondiale d’au
rendez-vous de l’après COP 21, consensus un accord visant notam- moins 2° est une nécessité pour
Macky Sall a lancé un appel à la ment à contenir le réchauffement la planète », indiquait-il. Le docu-
poursuite des efforts de la commu- climatique « bien en dessous de ment signé à New York est
nauté internationale visant à ré- 2°C par rapport aux niveaux préin- constitué d’une quarantaine de
duire les effets des changements dustriels » et si possible « poursui- pages et comporte 29 articles. La
climatiques. « Nous avons signé vre les efforts pour limiter la hausse signature de l’Accord de Paris
l’Accord de Paris. Poursuivons les des températures à 1,5°C ». C’est s’est poursuivie poursuit jusqu’au
efforts de lutte contre les change- d’ailleurs sur ce deuxième point 21 avril 2017 mais tout n’est pas
ments climatiques », a-t-il réagi sur que le président sénégalais met un encore joué.
son compte Twitter officiel. point d’honneur.
L’ECONOMIE CIRCULAIRE AU
CENTRE DES PREOCCUPATIONS
es Assises Nationales des Déchets qui qui porte déjà ses fruits en Occident, gagnerait à
Dans une interview accordée au journal Cameroun Tribune n° 11089/7288 du 06 mai 2016, en
page 20, Monsieur HELE Pierre, Ministre de l’environnement, de la protection de la nature et
du développement durable (MINEPDED), signifiait dans son propos introductif qu’il « tient
tout d’abord à remercier tous les partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation
de ces assises, et tout particulièrement Hysacam qui a activement participé à la conception
de ce projet, qu’ensemble nous avons porté à maturation jusqu’à sa réalisation ».
Janvier Ngwanza Owono De sa conception à sa réalisation, divers tion technique et pratique des Assises ;
mécanismes ont été tour à tour mis en de l’organisation des rencontres institu-
n effet, les 1ères œuvre. L’un des premiers jalons fut le tionnelles de concertation avec les opé-
sont le fruit de l’initiative singulière de la de Documentation sur l'Environnement choix des experts ; la planification et
société Hysacam. C’est dans la néces- (CIDE). La préparation s’est affinée en l’opérationnalisation des questions de lo-
sité d’intégrer des alternatives techniques 2015 grâce aux leçons apprises à la suite gistiques afférentes à l’organisation des
organisationnelles à l’assainissement de la participation d’une équipe technique assises ; l’organisation de la communica-
conventionnel de nos villes dont les sché- d’Hysacam à la 13e édition des Assises tion autour des assises ; l’élaboration et
mas d’urbanisation ne sont toujours pas sur les déchets tenues à Nantes (France) la validation du rapport des assises, et du
respectés, qu’une équipe technique du 23 au 24 septembre 2015. suivi de la mise en œuvre des résolutions
d’Hysacam a entrepris, dès 2014, des Rappelons que ces Assises sur les dé- des assises.
démarches auprès du gouvernement ca- chets (en France), lancées en 1991, se Pour l’accomplissement de ses mis-
merounais pour susciter son adhésion. tiennent tous les deux ans et constituent sions, le Comité était assisté d’une cel-
Au fil des échanges, le gouvernement un lieu de rencontres privilégié entre lule opérationnelle composée de quatre
par le biais du MINEPDED et différents tous les acteurs du monde des déchets. commissions : la commission accueil et
partenaires privés, ont marqué leur Cette expérience a largement inspiré logistique, la commission scientifique, la
adhésion à la mise en œuvre d’une pla- l’organisation des 1eres Assises natio- Commission protocole et communica-
teforme de dialogue et de sensibilisation nales des déchets. tion, et la commission de rédaction des
autour des enjeux et problématiques liés Le point culminant de la préparation a été rapports.
à la protection, la collecte, le transport, la création et l’organisation du Comité na- La cellule opérationnelle avait pour mis-
le traitement, la valorisation et/ou l’élimi- tional d’organisation des 1eres Assises sion de proposer au Comité l’organisa-
nation des déchets. nationales des déchets par arrêté tion et la programmation des travaux et
L’objectif commun était d’inciter la N°0001/MINEPDED/CAB du 07 mars des financements ; ainsi que le suivi des
confrontation et le partage de bonnes 2016 du MINEPDED. Le Comité avait activités des différentes commissions.
pratiques pour des politiques de ges- pour mission de préparer et d’organi- Par ailleurs, ledit Comité ayant mené le
tion des déchets plus vertes, plus res- ser les 1eres Assises nationales des projet jusqu’à son terme, était composé
ponsables et plus respectueuses de déchets. des membres de divers départements
l’environnement. A cet effet, il a été chargé de l’organisa- ministériels et partenaires privés.
Du 27 au 28 avril 2016, le Palais mécanisme conçu pour minimi- noncé la mise en place d’une
des Congrès de Yaoundé a abrité ser la production des déchets et Bourse nationale des déchets,
les premières Assises Nationales réduire leur déversement dans qui va mettre en relation l’offre et
des Déchets, placées sous le l’environnement. la demande des déchets à valori-
thème « Gestion des déchets : ser ou susceptibles de l’être.
vers une économie circulaire ». Les assises portaient entre au- Convaincu de ce que le tri et le
tres sur le partage d’expé- recyclage de déchets constitue
Durant les débats, les partici- riences, exposés, animations, une mine d’emplois, le Minepded
pants ont planché sur la question ateliers techniques, salons d’ex- envisage de faire « des proposi-
de l’économie circulaire, que le position. Les cibles visées ici tions en vue de promouvoir le dé-
ministre de l’Environnement, de sont entre autres les collectivités veloppement de filières
la Protection de la nature et du territoriales décentralisées, les industrielles de l’amont à l’aval,
Développement durable (Minep- industriels, les administrations question d’accroître le rendement
ded), Pierre Hele, a qualifiée publiques, les chercheurs, ex- des filières de recyclage. »
comme étant « un concept éco- perts, ONG et associations de
nomique qui s’inscrit dans le défense des droits de l’environ- D’autre part, le gouvernement
cadre du développement durable nement, et enfin les PME enga- s’est engagé à booster l’utilisation
et dont l’objectif est de produire gées dans la voie du recyclage, des matières secondaires. Ce qui
des biens et services tout en limi- de la valorisation des déchets et passe par la mise en place des
tant la consommation et le gaspil- de la réduction de leur impact mesures et conditions encoura-
lage des matières premières ». sur l’environnement, etc. Au Pa- geant l’utilisation des matières re-
Pour faire simple, il s’agit d’un lais des Congrès, près de 3 000 cyclées et la collecte par les
système dans lequel les déchets participants ont échangé sur pré-collecteurs. La Bourse natio-
des uns constituent de la matière l’élaboration de politiques de dé- nale des déchets constitue dès
première pour les autres. Il en va chets plus vertes, plus respec- lors une aubaine, en tant que pla-
ainsi par exemple de la drêche tueuses de l’environnement et teforme électronique qui mettra en
issue des sociétés brassicoles potentiellement créatrices d’em- relation l’offre et la demande des
qui est recueillie et vendue aux plois et de richesses. déchets qui peuvent être valorisés
éleveurs pour la nutrition des par la réutilisation, le recyclage ou
poules, porcs, etc. Il s’agit d’un Le ministre Pierre Hele a an- la valorisation énergétique.
L’économie circulaire
FAIRE DU BUSINESS TOUT EN PROTEGEANT
L’ENVIRONNEMENT
Jean-Loïc AMOUGOU
'économie circulaire désigne gé- dans son rapport présenté au Forum de velle filière économique pour les diffé-
Gestion de déchets
LA MUTUALISATION, UNE AUTRE SOLUTION
De nouvelles synergies collaboratives se développent et proposent des solutions à l’épi-
neux problème de la gestion des déchets. En entreprise notamment.
Florine NSEUMI LEA
a gestion collective des déchets est damment les uns des autres. Il est donc quelque temps, la gestion des déchets de-
Structurer sa zone d'activité, le principal fait du traitement papier/carton son prin- Passer outre les différences de cultures
obstacle cipal cheval de bataille en développant de d'entreprise, l'ultime épreuve
Peu nombreuses sont les entreprises qui nombreux moyens dédiés à l'image d'une Malgré tout, les résistances au sein des
décident de leur plein gré d'intégrer des offre de destruction confidentielle des do- entreprises demeurent nombreuses. Pre-
solutions de mutualisation des déchets. cuments ou le recyclage du papier éla- mier écueil à la mutualisation ? La culture
Pour pallier ce manque, les associations boré avec un processus de second tri d'entreprise et les craintes nourries à
et organismes publics œuvrent de concert amenant, in fine, à un papier de meilleure l'égard des autres entreprises parfois
pour sensibiliser les professionnels en qualité. “Sur la filière papier, cartons et concurrentes. Dans la grande majorité
transmettant l'information et en aiguillant emballages, nous avons fait appel à Veo- des projets de mutualisation, la planifica-
vers les prestataires de services. C'est lia Propreté et regroupons 98 participants tion, la création, la gestion d'un écosys-
dans ce contexte que l'Ademe (Agence pour une production de 170 tonnes par an tème industriel, l'information des
de l'environnement et de la maîtrise de avec une collecte mensuelle à la de- managers et des dirigeants, leur appren-
l'énergie) réalise des appels à candida- mande et une gratuité des services pour tissage de la collaboration sont des
tures et offre à des entreprises témoins les entreprises adhérentes en matière de tâches que les entreprises ne désirent
une analyse de leurs coûts selon une contenant, de transport et de traitement.” pas accomplir seules, notamment pour
nouvelle méthode de comptabilité par un Pour les cartouches d'impression, les to- des questions de confiance mutuelle ainsi
expert d'Ernst & Young. Sur chaque étape ners et le mobilier informatique, R2DEFI a qu'en raison des investissements en
du processus, l'expert et l'entreprise ré- été retenu comme partenaire. temps et en argent requis avant de béné-
partiront l'ensemble des coûts entre le Chaque filière répond à des besoins spéci- ficier des profits espérés.
produit et les déchets associés. fiques qui modifient la donne sur le choix Autre obstacle, l'utilisation des déchets in-
L'entreprise pourra ainsi connaître le vrai des prestataires et sur les modalités d'or- duit une procédure préfectorale longue et
coût de ses déchets et la répartition glo- ganisation : les matériaux dangereux feront complexe. Les exigences de traçabilité
bale de ses coûts entre le produit et les l'objet d'une traçabilité particulière par le peuvent freiner les velléités de mutualisa-
déchets. Cette méthode a été développée biais d'un bordereau de suivi des déchets tion. Enfin, “une méconnaissance des en-
au Japon et normalisée en 2011. Elle per- fournis aux entreprises. Le traitement des treprises sur le poste des déchets limite
met à l'entreprise d'identifier les leviers archives induira, dans la plupart des solu- leur plan d'action. Selon notre enquête
prioritaires de réduction des coûts et des tions, des frais de location de benne parta- menée sur plus de 1 000 entreprises, 74
déchets. Dans un autre registre, l'exten- gés et d'un coût de broyage % payeraient une redevance ou une taxe
sion du projet Ecopal, créé en 2001, dé- individuellement négocié avec la remise d'enlèvement des déchets alors que
montre que les synergies entre d'un certificat de destruction. Les boîtes seules 54 % bénéficieraient de ce service.
entreprises dépendent beaucoup de la boissons, elles, pourront être revendues au Et sur le volet de la prestation de ser-
massification des volumes. Menée profit d'associations caritatives. Le traite- vices, 74 % observent un manque de
d'abord sur les zones de Petite Synthe et ment de filières spécifiques peut s'opérer concurrence sur le marché local et seule-
de Grande Synthe avec 6 zones indus- sans aucune logique de site, contrairement ment un quart d'entre elles opèrent un
trielles (ZIP de Dunkerque), elle compor- aux collaborations d'entreprises d'une suivi de performance avec le prestataire
tait au départ une cinquantaine même zone d'activité. en question. Dernier chiffre édifiant, plus
d'entreprises de taille différente : d'Arce- “La mutualisation devient complexe de la moitié des entreprises ignoreraient
lor-Mittal aux PME locales pour désor- lorsqu'il s'agit de métiers à déchets spéci- leur tonnage annuel de déchets”, souligne
mais 303 entreprises dont 62 % de PME. fiques à l'image des artisans, des com- Eric Darlot, chargé de projets au sein du
La présence de la plateforme avec son merçants, du BTP ou des professionnels département de la gestion optimisée des
rôle d'intermédiaire entre les entreprises, de la mécanique. Dans ce cas de figure, déchets (Géode) à l'Ademe.
les institutions publiques et les presta- l'angle d'attaque de notre société revient
taires, participe aux succès des initiatives. à s'adapter à la spécificité de l'activité en Autant de chiffres exprimant le désinté-
Le rôle d'Ecopal s'inscrit donc dans une négociant avec les différentes fédéra- rêt pour la question environnementale.
démarche d'animation de réseaux d'en- tions. Plusieurs biais d'approche existent La mutualisation, étape incontournable
treprises. Ce système de guichet unique : pour les ateliers mécaniques, Veolia vers le développement d'une écologie in-
et référencé a réuni deux clubs d'entre- Propreté a établi un partenariat avec la dustrielle, revêt donc différentes réalités
prises et les informe des coûts de chaque CNPA (Conseil national des professions : système bottom-up lors d'une solution
prestation. Au total, il s'agit de 40 col- de l'automobile). De même avec les arti- de collaboration et de valorisation des
lectes de 9 types, des déchets classiques sans où nous avons signé une convention déchets sur un même site, ou dévelop-
(carton/papier, films étirables, archives, avec la Capeb (Confédération de l'artisa- pement top-down pour les entreprises
cartouches…) à d'autres plus délicats (sé- nat et des petites entreprises du bâti- sans proximité géographique produisant
parateurs d'hydrocarbures, D3E, DASRI, ment). Des contrats ad hoc impliquant des déchets spécifiques. Les projets in-
DID, etc.) proposés aux entreprises. “Au des moyens techniques et économiques terentreprises ne voient cependant le
terme de 10 années de coopération, nous sur mesure sont ensuite mis en œuvre”, jour qu'après la mise en place rigoureuse
parvenons à massifier les flux, mais de explique Pierre-Henri Bernex. d'une politique de développement dura-
manière diffuse. Les réflexions s'orientent Les prestataires s'engagent aussi dans la ble au sein de l'entreprise et un audit
vers un bouclage local, une économie cir- prospection de la valorisation des flux. Sita préalable en termes de production de dé-
culaire pour un meilleur coût logistique et Solving, filière de GDF Suez, a intégré chets. En définitive, la mutualisation
une compétitivité accrue”, analyse Peggy dans son offre un procédé qui autorise la n'est qu'une étape menant vers le
Ricart, directrice d'Ecopal. valorisation des boues issues du lavage concept d'écologie industrielle. Néan-
des fumées des hauts fourneaux dans le moins, ce concept collaboratif est pré-
Aborder le problème par filière de cadre de la production de fonte, afin de les senté par ses partisans comme étant
déchets réintroduire dans la production. La Cila une rupture avec le business model
Mais la mutualisation peut également se (Compagnie nationale des lubrifiants d'Aul- classique d'une entreprise dans la me-
structurer en fonction de la filière de dé- noye) a conçu également une offre de ré- sure où les activités économiques font
chets. L'offre s'adapte par exemple pour génération des huiles utilisées par partie intégrante de la biosphère : plus
les déchets du tertiaire. L'agence régio- l'industrie lourde pour les redistribuer en que la rentabilité, il s'agit avant tout d'un
nale tertiaire en Ile-de-France de Veolia a tant qu'huiles de base. défi culturel.
Julius TAYLOR
s a nation experiencing a sur- waste, was said to have created some covery is give a picture of the waste
Cameroon
PATH TOWARDS WASTE OF NON-CIRCULAR ECONOMY
Julius TAYLOR
aste management is one of the ganized collection systems may be shall be treated in an ecologically rational
Le tri : une pratique marginale. a eu au moins pour effet de susciter l’in- fermentescibles aboutit à une réduction
Le concept du tri est encore loin d’être térêt de l’opinion sur la nécessité de sé- de 30% environ de la taille des poubelles
ancrée dans les habitudes des Camerou- parer les déchets ménagers et les : pourquoi incinérer des épluchures, des
nais. Ce constat est d’autant plus évident déchets plastiques. restes de repas, des tontes de pelouses
que depuis des décennies, en dépit des alors qu’ils peuvent engraisser les jar-
campagnes de sensibilisation, les mé- Le problème du tri reste donc entier. Tout dins, pour ne prendre que ce cas ? En
nages peinent à se procurer une simple reste à faire dans ce secteur dont tous apportant dans les centres de tri les piles
poubelle aux normes. Dans ces condi- les experts en économie environnemen- usagées, les solvants, les restes de pein-
tions, inviter ces ménages à s’investir tale disent qu’il est une niche d’opportuni- ture, les produits phytosanitaires, les bat-
dans le tri en disposant de plusieurs pou- tés en termes de création d’entreprises teries, on limite la pollution des nappes
belles comme cela se passe ailleurs, en et donc d’emplois. phréatiques et des boues des stations
fonction de des types de déchets (ména- d’épuration. Il en va de même en rappor-
gers, électroniques, plastiques, etc.), re- Le tri et ses enjeux tant à la pharmacie les vieux médica-
lève quasiment de l’utopie. Le tri est un geste apparemment banal, ments ou les anciennes radiographies.
Toutefois, quelques initiatives ayant mais dont les répercussions sont multi-
connu des fortunes diverses, ont été lan- ples sur les plans économique, social et Chacun doit jouer le jeu du tri
cées, notamment par quelques ONG, afin environnemental. Les déchets : un problème de taille…qu’il
de promouvoir le tri auprès des popula- Tous les déchets ne sont pas traités de la faut réduire ! Même si le tri des déchets
tions. C'est le cas de TAM-TAM MOBILE même façon. D’où l’intérêt de les séparer permet d’en recycler une partie, la ges-
et du GIC (Groupe d'Initiative Commune) pour pouvoir ensuite les envoyer vers tion des déchets reste complexe : les ins-
LE VERT à Yaoundé qui se sont investis des filières de recyclage spécifiques. tallations de traitement arrivent à
dans la pré-collecte des ordures auprès Grâce au recyclage des déchets, il est saturation, leur incinération, leur
des ménages pour les points de collecte possible de réutiliser des déchets pour stockage ou leur traitement participent à
d’Hysacam à Yaoundé. Les pré-collec- produire de l’acier, des papiers cartons, la pollution atmosphérique, des sols et de
teurs ont la possibilité de faire le tri, en des plastiques, du verre et des métaux l’eau et émettent des gaz à effet de serre.
récupérant les objets qu'ils peuvent direc- non ferreux. Cela permet ainsi d’écono- Il est donc important de produire moins
tement valoriser. Mais force est de miser les matières premières pour conce- de déchets. Comment faire ? Il faut com-
constater que près de 90% des ordures voir de nouveaux produits. mencer par mieux consommer. Par
collectées par les acteurs non-gouverne- De plus, Le tri sélectif des déchets ména- exemple, en achetant ce dont on a réel-
mentaux dans les ménages, repartent en gers permet de recycler différents maté- lement besoin, en privilégiant les produits
vrac dans les bacs à ordures d’Hysacam. riaux : verre, papier, cartons, métaux, en vrac et les formats familiaux plutôt
Mais l’initiative la plus structurée et la matières plastiques, pneus, huiles usa- qu’individuels pour limiter les embal-
plus aboutie, est sans doute PLASTIC gées…Il permet donc de limiter le re- lages, en compostant les déchets de la
Récup lancé en 2013 par les Brasseries cours aux ressources naturelles : cuisine et du jardin. Il faut également ap-
du Cameroun en partenariat avec Hysa- minerais, forêts, pétrole, gaz…Les dé- prendre à prendre soin de ses affaires
cam. Bien que les résultats de cette opé- chets triés ne seront pas incinérés, donc pour qu’elles durent plus longtemps et à
ration soient mitigés pour diverses il y aura économie de combustible ! penser à leur donner une seconde vie
raisons, il faut reconnaitre que le concept Le compostage individuel des déchets quand on n’en veut plus.
Cameroun
ZOOM SUR LE CADRE REGLEMENTAIRE DE
LA GESTION ENVIRONNEMENTALE
La gestion des problématiques environnementales au Cameroun est régie par une
architecture juridique et légale qui s’abreuve à la source de la loi N°96/12 du 05 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
Jean Loïc AMOUGOU
a loi du 05 août 1996 est en effet plan national de gestion de l'environne- ménagers revient aux collectivités lo-
e plaidoyer du Chef de l’Etat a entrera en vigueur dès lors que cin- autres parties qu'elles consentent à
L’Accord de Paris sur le climat, adopté le 12 décembre 2015 lors de la COP 21, a été ra-
tifié à New York vendredi 22 avril 2016 par 175 pays signataires, qui confirmaient ainsi
l’engagement pris au Bourget de limiter à deux degrés la hausse de la température à
l’échelle de la planète. Reste la ratification par les parlements nationaux.
Jean-Célestin EDJANGUE
’est l’une des conditions sine fement climatique a indiqué à ceux L’ONG World Ressources Institute
Finances locales
LES MAIRES FRANCOPHONES PLAIDENT POUR UN
TRANSFERT COMPLET DES COMPETENCES
Ils sont venus du Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et l’Union euro-
péenne. Ils sont venus échanger sur l’amélioration des finances locales et services es-
sentiels. Ils se sont réunis du 10 au 12 mai 2016 à Douala, dans le cadre de la 1ère
réunion de groupes de plaidoyer sur les finances locales et services essentiels au sein
de l’Association internationale des maires francophones (AIMF).
a mise en place des processus de auprès du ministère de l’administration en œuvre de nos activités sur le terrain.
Tchernobyl
30 ANS APRES, LES SEQUELLES RESTENT ENCORE VISIBLES
’’
e contact facile sans protocole
D
tionale du Réseau des Femmes
ni tambour, La mairesse de Elues Locales d'Afrique du Came-
Bangangté permet à tout un roun (REFELA-Cam), Vice-prési-
chacun de comprendre qu’on a en dente de l'AEMF (Association pour Après moult renseignements, l’on dé-
face de soi une femme de terrain, qui l'entraide municipale et le développe- couvrira qu’elle est née le 13 Octobre
est à l’écoute de ses populations. ment) Ambassadrice de l'Afrique fran- 1964 à Maroua, au Nord Cameroun.
Sa taille imposante et son teint noir cophone dans les groupes de travail
d’ébène bien soigné, distingue aisé- de l'Union européenne portant « dia- Titulaire d'un Baccalauréat A4, men-
ment Mme Courtès du reste de la logue structure » sur l'aide, prési- tion bien, elle est aussi détentrice d'un
foule. Son image sur nos petits dente de la Commission aides brevet de technicien supérieur option
écrans ne trahit pas son physique humanitaires et gestion des risques techniques commerciales et d'un di-
réel. Et l’on n’a pas besoin de pré- de l’AIMF, championne CGLU de la plôme d'études supérieurs de com-
sentation pour la reconnaitre au mi- coopération au développement, Pré- merce et d'économie. Ses débuts
lieu des centaines ou des milliers sidente Départementale des Cités et dans le monde du travail l’ont
personnes. Villes Unies du Cameroun (CVUC - conduite, à la Cimencam comme
Elle affiche toujours un sourire qui NDE), ex-Présidente de la Panthère cadre commercial et marketing. Elle
vous laisse croire que vous êtes une sportive du Ndé, actuelle administra- va démissionner plus tard et s’adon-
vieille connaissance. Que non. C’est trice et présidente d'honneur de la ner entièrement aux affaires et à la po-
que Mme Célestine Ketcha épouse Panthère Sportive du Ndé. litique comme militante du RDPC,
Courtès a su capitaliser son statut de parti au pouvoir.
femme politique, toujours prête à solli- La mairesse de Bangangté est poly-
citer les suffrages de ses concitoyens glotte. Sa maîtrise du Fulfulde, Mme Ketcha est mariée et mère de
à chaque échéance électorale. D’une langue parlée dans le grand Nord du plusieurs enfants. Elle est Chevalier
humilité sans pareille, celle qui a été Cameroun, vous désoriente de de l'Ordre National de la Valeur, et
propulsée à la tête de l'exécutif muni- prime abord. D’autant plus qu’elle Chevalier de l'Ordre National du Mé-
cipal de Bangangté en 2007, ne s’en- est originaire de l’Ouest. rite Sportif.
Le nucléaire
ARME DE DISSUASION OU DE PERSUASION
D'UNE GUERRE LARVEE ?
a visite du président américain constitue la dissuasion nucléaire. jette est irrationnelle puisqu’il subira
« situation de dissuasion nucléaire menaces sans ambiguïté que le si- froide n’a pas ouvert l’ère post-nu-
», dans lequel un acteur est dis- gnal résolution crédible et capacité. cléaire, mais une deuxième phase
suadé sans que personne n’ait es- La dissuasion ne peut opérer que si de l’âge nucléaire ». Force est de
sayé d'envoyer un message de les signaux émis sur la volonté constater qu’en dépit de la fin de la
dissuasion, et une « stratégie de dis- d’emploi sont pertinents. A titre illus- guerre froide, et du discours aboli-
suasion nucléaire », quand un tel si- tratif, des centaines de milliards dé- tionniste actuel, les armes nucléaires
gnal est délibérément conçu et pensés et les milliers d’essais continueront, dans l’avenir prévisi-
envoyé. Une fois qu'un acteur se dé- nucléaires ont pour but de commu- ble, de jouer un rôle majeur au sein
place d'une « situation de dissuasion niquer un argument de persuasion des défenses nationales et des poli-
nucléaire », à une « stratégie de dis- négative. Au stade final, théorique- tiques de sécurité, et ce, parce que
suasion nucléaire », un type idéal de ment, les planificateurs cherchent à l’objectif de celles-ci n’est pas, en
programme de dissuasion spéci- établir un lien de causalité entre le soi, le désarmement, mais plutôt la
fique est guidé par un objectif poli- programme de dissuasion nucléaire production d’une sécurité sans cesse
tique particulier et repose sur des et de comportement stratégique ob- plus large. Le 21ième siècle verra
hypothèses de renseignement sur servé de l'adversaire et d'estimer probablement la « piraterie straté-
les intentions et les capacités de l'efficacité de leurs efforts, vers le gique » opérer, contestant l’ordre in-
l'adversaire et sur une estimation de prochain tour de l'interaction. ternational par l’accession au
la corrélation des forces. Théorique- En d’autres termes, la stratégie de nucléaire. il n’y a pas de relation au-
ment, à la première étape de ce pro- dissuasion nucléaire (réciproque) tomatique de cause à effet entre l’in-
gramme, les planificateurs de aura donc été en définitive une stra- tention d’éliminer toutes les armes
dissuasion nucléaire identifient la tégie de persuasion nucléaire ou de nucléaires et la prévention de la pro-
perception des menaces straté- non-guerre. Parce qu’en effet, cette lifération, au vu de l’examen de l’évo-
giques de l'adversaire et des valeurs stratégie de dissuasion désigne un lution historique du paysage
qui peuvent être tenues efficace- mode de persuasion. Elle consiste à nucléaire, des traités de réduction
ment à risque. Ensuite, les planifica- persuader de ne pas attaquer. des armements et l’argumentaire ré-
teurs cherchent les voies et moyens Comme tout mode de persuasion, gionaliste sécuritaire des Etats proli-
d'exploiter ces craintes de la ma- elle suppose un dialogue, une com- férateurs. La réduction des
nière la plus efficace, afin de façon- munication capable de diffuser une armements stratégiques russes et
ner le calcul stratégique de argumentation. américains n’a « aucun effet » ma-
l'adversaire. Idéalement, à ce stade, En définitive, comme le souligne Lu- jeur sur le Pakistan, l’Inde, la Corée
les planificateurs communiquent les cien Poirier « la fin de la guerre du Nord, Israël et l’Iran.
1
L’armement nucléaire figurait parmi les grands dossiers que le président Barack Obama entendait traiter dès son arrivée à la Maison-Blanche.
2
Les arguments développés dans ce paragraphe reprennent largement ceux de Dimitry Dima Adamsky, « The 1983 Nuclear Crisis – Lessons for Deterrence
Theory and Practice », Journal of Strategic Studies, 2013, p. 4-41,
Jean-Célestin EDJANGUE
errière le questionnement, « Sujets d’hier, acteurs de demain ? » l’importance du capital humain comme
à la mondialisation. Cette dernière l’ouest, à condition de passer au Enfin, la troisième partie « L’Afrique dans
n’est plus abordée uniquement sous peigne fin les avantages et les incon- la mondialisation : les propositions » in-
le prisme du Secrétaire d’Etat au tra- vénients de l’insertion dans cette glo- dique précisément les leviers sur les-
vail sous Bill Clinton, Robert Reich à balisation. L’auteur étale son quels le continent peut jouer pour gagner
la fin des années 19801, qui voyait la argumentaire en trois parties. le pari de la globalisation : un rapproche-
mondialisation comme un système ment plus étroit entre société civile afri-
voulu par le néolibéralisme sauvage La première partie marque un arrêt sur caine et indicateurs économiques, une
et écrasant de tout son poids les l’histoire du continent, pour permettre modernisation du secteur agricole et un
économies des pays en développe- d’analyser s « Le temps de la construc- investissement dans l’industrialisation,
ment. Elle est surtout scrutée avec le tion et de la quête d’identité des Etats sans oublier de valoriser les entreprises
regard de Joseph Stiglitz2 pour qui la d’Afrique noire francophone (1950-1990) africaines dans la mondialisation, d’amé-
mondialisation offre un intérêt com- ». L’histoire coloniale, les luttes pour les liorer la gouvernance politique et l’inté-
mun aux pays riches et à ceux en dé- indépendances, l’accession à la souve- gration régionale CEDEAO-UEMOA et
veloppement. Autant dire que c’est à raineté des pays et la crise des années CEEAC-CEMAC.
chacun d’en faire ce qu’il veut de 1980 qui a fortement impacté les écono-
cette mondialisation. mies nationales, sont revisitées. Surtout, l’auteur plaide pour une rééva-
luation conceptuelle de l’aide publique
Autre nouveauté de l’essai produit par Une crise particulièrement difficile, au développement et de la dette, ainsi
Lucien Pambou, l’approche qu’il a de conjuguant endettement des Etats, plans que la promotion d’un nouveau partena-
l’Afrique. Le continent est certes consi- d’ajustement structurel et la dévaluation riat gagnant-gagnant entre l’Afrique noire
déré comme une entité homogène en du franc CFA (en janvier 1994). La francophone et la Chine et avec les pays
matière de sous-développement. Mais deuxième partie de l’ouvrage étudie la émergents.
il analyse plusieurs zones continen- relation entre le politique et l’économie
tales pour ressortir la pertinence de en prenant en compte « La chute du mur En définitive, l’auteur est convaincu que
son propos, celui de montrer en quoi la de Berlin et le rappel à l’ordre des ce sont les Africains qui feront de la mon-
mondialisation peut être une chance contraintes du développement, comme dialisation ce qu’ils en attendent. S’ils y
pour l’Afrique : « Les Afriques dont il processus d’intégration dans la mondia- prennent activement leur part, en devien-
est question ici, sont l’Afrique de lisation (1990-2000) ». nent des acteurs, alors c’est tout le conti-
l’Ouest, ancienne Afrique occidentale nent qui en profitera.
française (AOF), et l’Afrique centrale, Cette partie insiste sur la nécessité pour
ancienne Afrique équatoriale française les pays d’Afrique noire francophone *Lucien Pambou, La mondialisation,
(AEF). Ces deux Afriques symbolisent d’intégrer le concept de la mondialisa- une chance pour l’Afrique ? Les
l’influence de la France sur le continent tion, s’appuie sur des indicateurs favora- Afriques noires francophones de
africain si on exclut le Maghreb », ex- bles à cette démarche, la construction l’ouest et du centre : sujets d’hier, ac-
plique l’auteur. des partenariats privé-public ou encore teurs de demain ? L’Harmattan, 2014
1
Cf. Robert Reich, « The works of nations » (1991), publié en français sous le titre « L’économie mondialisée », 1997, éd. Dunod.
2
Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, auteur notamment de « Un autre monde », Paris, éd. Fayard, 2006.
DAKAR
Forum lecteurs
« S’il fallait se fier à ma lecture se pose avec acuité, toute infor- ce magazine. Je vais m’arranger
de ce magazine, je vous conseil- mation susceptible d’aider à à ne manquer aucune édition.
lerai d’avoir un stylo et papier à comprendre chaque aspect de Bravo à l’ensemble de l’équipe
portée de main pour prendre des l’énigme est une excellente litté- rédactionnelle qui fait un travail
notes. J’ai personnellement rature. On sort de la lecture de de recherche remarquable. »
beaucoup appris en lisant cha- ce magazine, repu et enrichi.
cun numéro de BOSANGI. Dans Moi qui suis intéressé par les ELOUNDOU Parfait Noël, étudiant
le contexte qui est le notre où la questions liées à environnement, en lettres modernes françaises
problématique environnementale ignorais jusque-là l’existence de