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Année universitaire : 2018-2019

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY DE COCODY-ABIDJAN

UFR Sciences De l’Homme et de la Société (SHS)

Institut D’Ethno-Sociologie

MEMOIRE DE MASTER II
OPTION : SOCIOLOGIE DE L’ENVIRONNEMENT

POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE ET GESTION DES


RISQUES D’INCENDIES DANS LES MARCHES D’ABIDJAN :

Cas du Forum des Marchés d’Adjamé.

PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DU :

GBOKO Kouadio Roger Docteur KACOU Fato Patrice

Chargé de Recherches

SOUS LA SUPERVISION DU :

Professeur Souleymane YEO

Maître de Conférences

I
GBOKO KOUADIO ROGER

POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE ET GESTION DES


RISQUES D’INCENDIES DANS LES MARCHES D’ABIDJAN :

Cas du Forum des Marchés d’Adjamé.

Année Académique 2018 - 2019

II
SOMMAIRE
Sommaire ................................................................................................................................................ I

Résumé .................................................................................................................................................. II

Dedicace................................................................................................................................................ III

Avant-propos et remerciements ......................................................................................................... IV

Liste des photos.................................................................................................................................... VI

Liste des figures ................................................................................................................................... VI

Liste des tableaux ................................................................................................................................ VI

Sigles et abreviations ......................................................................................................................... VII

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 8

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ............................... 10

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ............................................................................................ 11

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE .................................................. 45

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ADJAME ............................ 58

CHAPITRE I : LA COMMUNE D’ADJAME ................................................................................. 59

CHAPITRE II : LE FORUM DES MARCHES D’ADJAME ......................................................... 67

TROISIEME PARTIE : LES LOGIQUES DE RECURRENCE DES INCENDIES AU FORUM


DES MARCHES D’ADJAME ........................................................................................................... 77

CHAPITRE I : LES STRATEGIES DE GESTION DU FORUM DES MARCHES


D’ADJAME.......................................................................................................................................... 78

CHAPITRE II : LES ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES ACTEURS DU FORUM


DES MARCHES D’ADJAME ........................................................................................................... 93

CHAPITRE III : LES ENJEUX RATTACHES AUX ATTITUDES ET COMPORTEMENTS


DES ACTEURS DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME ........................................................ 98

CONCLUSION .................................................................................................................................. 103

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 106

WEBOGRAPHIE .............................................................................................................................. 109

ANNEXES .......................................................................................................................................... 110

TABLE DES MATIERES ................................................................................................................ 111

I
RESUME

Les incendies de marchés dans le monde sont récurrents. En Côte d’Ivoire et


précisément dans les communes du district d’Abidjan, la phase exploratoire de
notre recherche a révélé que les marchés publics urbains sont pour la plupart
confrontés aux catastrophes des incendies. C’est le cas du Forum des Marchés
d’Adjamé.
Cette infrastructure publique faisant la fierté du pays et la sous-région se trouve
confronter au phénomène d’incendie à n’en point finir. Pour cela, des actions
sont entreprises par le gouvernement ivoirien en vue de freiner ce fléau.
Malgré toutes les actions menées, les incendies sont encore récurrents au Forum
des Marchés d’Adjamé.
Pourquoi, nonobstant les actions entreprises par l’Etat, les incendies sont
récurrents au Forum des Marchés d’Adjamé ?
L’objectif de cette étude a été d’analyser les logiques qui fondent la récurrence
des incendies au Forum des Marchés d’Adjamé.
Dans la réalisation de cette étude qui se veut qualitative, nous avons eu comme
techniques de collecte de données : l’observation directe, la recherche
documentaire et l’entretien semi-directif. L’entretien est réalisé auprès des
leaders communautaires, des élus locaux ainsi que les gestionnaires du Forum
des Marchés d’Adjamé. L’analyse de contenu thématique est choisie comme
méthode d’analyse des données.
Les résultats de cette recherche montrent que la récurrence des incendies est due
aux divergences des rapports de gestion des principaux acteurs du Forum des
Marchés d’Adjamé. Pour ce faire, il faut une synergie entre les différents acteurs
dans la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé.

Mots clés : politique environnementale, stratégie, gestion, risques, incendie,


marché

II
DEDICACE

Ce mémoire est dédié à DIEU, par qui toute chose est possible. Que son Esprit
Saint continue de nous habiter pour mener à bien nos études et nos projets.

III
AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS

Ce travail est une œuvre de longue haleine. Il est l’aboutissement d’un processus
qui a démarré dès notre entrée à l’Institut d’Ethno-Sociologie de l’Université
Félix Houphouët Boigny d’Abidjan-Cocody avec les enseignants et chercheurs
qui ont apporté leur contribution pour la réussite de nos études en général et
pour la réalisation du présent travail.
Selon Mills, « Tout travail, tout choix d’étude et de méthode en sociologie
suppose une théorie du progrès scientifique. Tout progrès scientifique est
cumulatif ; il n’est pas l’œuvre d’un homme, mais d’une quantité de gens, qui
révisent, qui critiquent, qui ajoutent et qui élaguent. Pour faire face, il faut
associer à ce qui a été fait et à ce qui se fait. Il le faut pour dialoguer, il le faut
pour l’objectivité » (Mills, 1959).
Par conséquent, cette étude, qui s’inscrit dans le cadre de l’obtention d’un
Master de Sociologie, veut contribuer à l’effort scientifique entrepris par nos
devanciers sur le phénomène des incendies au sein des marchés urbains.
Tout au long de cette recherche, plusieurs personnes nous ont apporté leur
soutien moral, matériel et intellectuel. Elles ont prodigué leurs conseils et nous
ont fait partager leurs connaissances afin d’aboutir aux modestes résultats que
nous présentons ici.
Au terme de cette étude, nous voulons exprimer notre reconnaissance à tout le
personnel de l’Institut d’Ethno-Sociologie. Un grand hommage mérité est rendu
aux différents intervenants pour la qualité de leurs enseignements.
Tout d’abord, au Professeur Souleymane YEO, Maître de Conférences de
Sociologie et Directeur de l’IES de l’Université Félix Houphouët Boigny
d’Abidjan-Cocody, notre superviseur, à qui nous reconnaissons notre dette
morale. Outre votre générosité intellectuelle, c’est votre personne, passionnée de
recherche, qui a forgé en nous une image durable. Nous vous devons l’entretien
de votre goût pour la recherche. Notre souhait le plus cher serait que ce dialogue

IV
scientifique amorcé dans ce contexte de Master s’enrichisse davantage à
l’avenir, qu’il puisse rendre hommage à l’énergie que vous avez déployée pour
nous permettre de mener cette étude dans les meilleures conditions matérielles,
scientifiques et humaines. Merci cher maître pour tout.
Notre gratitude va ensuite à l’endroit du Docteur KACOU Fato Patrice, Chargé
de Recherche à l’Institut d’Ethno-Sociologie de l’Université Félix Houphouët
Boigny d’Abidjan-Cocody, notre Directeur de Mémoire. Nous trouvons ici
l’expression de notre profonde reconnaissance pour sa disponibilité permanente,
ses critiques, ses conseils, ses encouragements, qui nous ont permis de produire
ces résultats. Merci cher maître.
Nos remerciements vont aussi à l’endroit des Docteurs VONAN Pierre Claver,
TRA Fulbert, AHUE, ZAMBLE BI, ADJE Pascal, MOUROUFIE KOUASSI
Vincent pour leurs apports appréciables et leurs encouragements.
Merci également à Docteur OUATTARA Adama, Attaché de Recherche à
l’Institut Pasteur du Centre Hospitalier d’Urgence (CHU) de Cocody dont
l’entière disponibilité nous a été bénéfique tout au long de la recherche. Merci
cher maître.
A l’ensemble des enseignants chercheurs de l’Institut d’ Ethno-Sociologie, qui a
contribué à notre formation depuis la première année jusqu’au Master, nous
tenons à vous dire merci.
A nos condisciples, nous réitérons nos remerciements.
Nous voulons présenter notre infinie gratitude au Colonel Major SAKHO Issa,
Commandant le GSPM qui nous a autorisé à renforcer nos capacités et ne cesse
de ménager aucun effort pour notre carrière.
Aussi, nous remercions le Colonel à la retraite KONE Naklan, cette boussole qui
a toujours usé de patience pour nous accompagner dans tout ce travail.
Nous manifestons une profonde reconnaissance à tous ceux qui nous ont aidés
pour la réalisation de ce travail, dont l’identité n’a pas été révélée.
Merci à tous ! Et que le TOUT-PUISSANT vous comble de ses grâces.

V
LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 : Rond-point d’Adjamé liberté vers les 220 logements .................... 51

Photo n°2 : Tronçon du boulevard Nangui Abrogoua ....................................... 57

Photo n°3 : Forum des Marchés d’Adjamé ........................................................ 59

Photo n°4 : Rez-de-chaussée du Forum des Marchés d’Adjamé ....................... 62

Photo n°5 : Mairie de la commune d’Adjamé ................................................... 71

Photo n°6 : Forum des Marchés d’Adjamé en feu le 22/06/2017 ...................... 73

Photo n°7 : Câbles électriques non fixés correctement au sein du Forum des
Marchés d’Adjamé .............................................................................................. 86

Photo n°8 : Feu dans le Forum des Marchés d’Adjamé du 12/09/2019 ............ 88

Photo n°9 : Intervention des sapeurs-pompiers au Forum des Marchés


d’Adjamé du 14/06/2019 ..................................................................................... 89

Photo n°10 : Pratiques d’activités culinaires au Forum des Marchés


d’Adjamé ............................................................................................................. 91

Photo n°11 : Incendie pendant la nuit au Forum des Marchés d’Adjamé


14/06/2019 ........................................................................................................... 92

LISTE DES FIGURES

Figure n°1 : Schéma explicatif du fonctionnement du système dans la gestion


du Forum des Marchés d’Adjamé ....................................................................... 34

Figure n°2 : Localisation du Forum des Marchés d’Adjamé............................. 38

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Tableau récapitulatif des variables, dimensions et indicateurs... 25

Tableau no2 : Tableau récapitulatif du nombre de participants ......................... 47

VI
SIGLES ET ABREVIATIONS

BCU : Bibliothèque Centrale de l’Université

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CCF : Centre Culturel Français

CIE : Compagnie Ivoirienne d’Electricité

FENACCI : Fédération Nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire

GSPM : Groupement de Sapeurs-Pompiers Militaires

IES : Institut d’Ethno-Sociologie

ONPC : Office Nationale de la Protection Civile

SICG : Société Ivoirienne de Concept et de Gestion

ST: Service Technique

SDC : Service du Domaine de Construction

SODECI : Société de Distribution d’Eau en Côte d’Ivoire

SVRDT: Service Voirie Réseaux Divers et Transport

SH : Service d’Hygiène

SM : Service des Marchés

SPJ : Service des Parcs et Jardins

SJ : Service Juridique

UCFA: Union des Commerçantes du Forum des Marchés d’Adjamé

VII
INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays du monde, dispose de plusieurs types
de marchés dont les marchés de détail. Ces espaces rapprochent les produits des
consommateurs pour satisfaire les besoins matériels de ceux-ci. En outre, ils
permettent l’insertion professionnelle des couches sociales défavorisées. Pour
mieux s’inscrire dans le plan du développement, et pour éviter la catastrophe des
incendies ainsi que les phénomènes de vols et d’insalubrité, les autorités
administratives s’activent à construire des marchés de détail aménagés.
Cependant, ces marchés connaissent de nombreuses difficultés en Côte d’Ivoire,
en l’occurrence le phénomène d’incendie. Ce phénomène a pris de l’ampleur
dans toutes les communes du pays, particulièrement à Abidjan. Afin de
permettre une meilleure compréhension de ce fait social, nous nous proposons
de porter notre étude sur le Forum des Marchés d’Adjamé, situé dans la
commune d’Adjamé.
Aujourd’hui, ce Forum des Marchés traverse des difficultés car la participation
des acteurs (la mairie, le ministère de la construction et de l’urbanisme, le
promoteur) ainsi que les différentes actions élaborées pour sa rénovation
demeurent un échec. Il n’y a pas d’engagement véritable pour l’intérieur du
bâtiment, ni même pour l’usage du marché. Cela donne au Forum des Marchés
d’Adjamé l’aspect d’un « tombeau blanchi ».
Cette étude consacrée à la gestion des risques d’incendies en milieu urbain veut
mettre en exergue l’implication des différents acteurs dans la gestion de ce
Forum des Marchés d’Adjamé et montrer les limites dans le processus de
gestion durable de cette infrastructure au sein de la commune d’Adjamé.
Pour cerner les différents aspects de ce phénomène, le présent travail s’articule
autour de trois (3) grandes parties.
Tout d’abord, dans la première partie, il s’agit pour nous d’exposer le cadre
théorique sur lequel s’appuie notre recherche. Nous posons la problématique

8
après avoir justifié la raison essentielle qui a motivé notre étude, faire une revue
critique de littérature, un modèle d’analyse, donner la définition des concepts de
l’étude. Nous émettons par ailleurs une hypothèse de recherche et des objectifs
nous permettant sa vérification.
Au niveau du cadre méthodologique, il s’agit d’abord pour nous de préciser le
cadre de référence théorique et les techniques d’enquête utilisées pour recueillir
les données nécessaires à la compréhension du phénomène de l’étude.
Ensuite, la seconde partie se consacre à la présentation de la zone d’étude y
compris le champ d’étude. Cette présentation permet à nos lecteurs d’avoir une
idée du champ de l’étude en vue d’une meilleure compréhension de notre
préoccupation et de notre choix.
Enfin, dans la troisième et dernière partie, nous présentons les résultats de notre
recherche en nous appuyant sur le cadre théorique, le modèle d’analyse et les
travaux antérieurs.

9
PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE
ET
METHODOLOGIQUE

10
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

La recherche en sociologie gravite autour des phénomènes sociaux qui suscitent


des interrogations, elles-mêmes résultant des constats. C’est pourquoi, en vue
d’appréhender ce phénomène, le chercheur élabore un énoncé cohérent qui
précise les différentes articulations et manifestations du phénomène observé. Ce
chapitre, outre les constats que nous construisons sous forme de problème de
recherche, en faisant référence à un champ théorique et en faisant l’état des
connaissances sur la politique publique de gestion des risques d’incendies dans
les marchés afin de dégager les acquis et les insuffisances des travaux antérieurs.
A la suite de cet exercice, nous élaborons les objectifs et hypothèses de la
recherche. Cette phase est suivie de la clarification des concepts essentiels à la
compréhension de l’étude et du modèle d’analyse afin d’établir son plan de
vérification.

I-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le choix du sujet « politique environnementale et gestion des risques


d’incendies dans les marchés d’Abidjan : Cas du Forum des Marchés
d’Adjamé » se justifie pour trois raisons : une motivation personnelle, un intérêt
social et un intérêt scientifique.

I- 1-1- Motivation personnelle

Le choix de ce sujet est motivé par plusieurs éléments. D'abord le phénomène


des incendies dans les marchés ivoiriens prend de plus en plus de l’ampleur dans
les villes de la Côte d’Ivoire.
Etant chaque fois interpellé, en tant qu’officier supérieur préventionniste sapeur-
pompier pour l’extinction des incendies de marchés en l’occurrence celui du
Forum des Marchés d’Adjamé, notre attention a été attirée afin de mener une

11
étude sur les déterminants sociaux de la récurrence des incendies de ces
marchés. Dès lors, nous avons posé la question rationnelle introspective pour
comprendre pourquoi les marchés qui possèdent des structures d’encadrement et
de gestion sont souvent confrontés à ces problèmes d’incendie.

I-1-2-Intérêt social

Les marchés constituent des domaines d’interventions privilégiées de la


puissance publique, puis ont un intérêt capital dans le monde entier depuis
l’avènement de la révolution industrielle (Poyau, 2000). Dans ce même
contexte, Defalvard affirme : « un consensus s’est aujourd’hui établi pour
considérer que le marché et ses mécanismes dessinent la seule voie d’accès
possible au développement économique ». Le marché devient alors une
institution incontournable qui régit le monde. Car, par le biais des échanges
commerciaux, les Etats se constituent des devises pour asseoir une politique de
développement économique et social. Le marché de détail revêt de ce fait, un
enjeu très important pour tout le pays.

En Côte d’Ivoire, le Forum des Marchés d’Adjamé situé au centre du district


d’Abidjan fait l’objet de notre étude à cause de l’ampleur du phénomène au sein
de celui-ci et du statut commercial de la commune d’Adjamé. Cette structure est
une source de revenus pour un grand nombre de commerçants qui pour la
plupart sont illettrés et même issus de toutes les communes du district
d’Abidjan. Ce sont des personnes à revenu moyen et faible en général. Ce forum
des Marchés, de par le rôle qu’il joue pour le bien-être des populations urbaines,
occupe une place importante dans l’économie ivoirienne et dans la sécurité
alimentaire.

12
Dans la mise en exécution des programmes de développement des marchés
publics urbains, cette étude peut servir à l’élaboration des reformes du secteur
informel pour sa redynamisation.
Du point de vue pratique, notre étude contribuera à éclairer les acteurs de
l’aménagement des marchés urbains (pouvoirs publics, la société civile, les
Organisations Non Gouvernementales…) afin de parvenir à une politique axée
sur les marchés urbains en vue de l’amélioration des conditions de vie des
commerçants dans les zones urbaines. Ainsi, les experts à savoir les opérateurs
économiques en charge d’élaboration et de réalisation des projets d’affaires de
grandes envergures pourraient s’appuyer sur les résultats de notre travail pour
définir des plans d’activités commerciales en vue de l’amélioration des marchés
publics.
Dans cette recherche, nous voulons donc aborder dans une optique sociologique,
l’étude sur les marchés en Côte d’Ivoire notamment dans le district d’Abidjan
afin de faire comprendre aux décideurs, aux personnalités politiques et
administratives la situation des marchés dans les zones urbaines.

I-1-3-La pertinence scientifique

L’incendie des marchés est devenu un véritable problème dans les zones
urbaines. Il a fait l’objet d’étude dans certaines disciplines scientifiques à
savoir : la sociologie, l’anthropologie, la géographie et les sciences
environnementales. A cet effet, plusieurs études (Lautier, 1991 ; Niango, 1994 ;
Oudin, 1998 ; Hubaud, 2011 ; Mbété, 2015) axées sur la question d’incendie
des marchés sont menées y compris des colloques, des rapports d’activités, des
séminaires ... Mais la question a été abordée sous divers angles. Ces travaux ont
permis non seulement une prise de conscience des attitudes et comportements
des commerçants au sein des marchés, mais aussi de cerner les politiques
publiques de gestion et des aménagements des marchés urbains, en particulier

13
dans les villes des pays en développement. Comme nous venons de le signaler,
des efforts pour accroître la connaissance sur le phénomène d’incendie des
marchés en Côte Ivoire, particulièrement dans le district d’Abidjan ont été
réalisés.
Malgré ces travaux qui ont été réalisés, les incendies sont encore récurrents au
sein des marchés urbains. De plus, après avoir parcouru les bibliothèques, les
centres de documentation, la lecture des travaux a permis de constater qu’il y a
des travaux qui présentent des limites, c’est-à-dire qu’il y a des aspects qui
n’ont pas été véritablement questionnés du point de vue sociologique et
anthropologique. Notre étude les a donc abordés et même approfondis. De ce
fait, cette étude s’inscrit dans une quête de gestion environnement, de
conservation et de protection des marchés dans les zones urbaines.
Toutefois, l’originalité de cette étude est une réflexion sociologique sur
l’incendie des marchés en milieu urbain et leur influence sur la vie des
commerçants tout en déterminant les stratégies endogènes de gestion pour la
conservation et la protection des marchés. Aussi, il s’agit à travers cette étude
de déterminer la relation existante entre les principaux acteurs de gestion des
marchés en général et particulièrement le Forum des Marchés d’Adjamé.

14
I-2-PROBLEMATIQUE

Les problèmes environnementaux constituent aujourd’hui une préoccupation


mondiale. Cette situation s’explique par le fait que la dégradation de
l’environnement prend de plus en plus de l’ampleur (Koua, 1995). Ainsi, après
la conférence des Nations Unies en 1992 sur l’environnement et le
développement durable, chaque nation s’est lancée dans une politique de
conservation et de protection durable de son environnement, en mettant
davantage l’accent sur les catastrophes des incendies dans les zones urbaines
(Edi, 2013). Dans ce même contexte, les acteurs de développement se sont
engagés depuis quelques années, dans un processus de réflexion et d’étude, en
vue de définir des schémas directeurs ou plans de gestion des risques
d’incendies au sein des marchés publics (Poyau, 2000).

En Europe, les médias nationaux ou internationaux ont toujours fait état de leur
inquiétude concernant les incendies (Vilmorin, 1976). En France par exemple,
des établissements publics ont été construits dans chaque région pour gérer les
catastrophes d’incendies, y compris la mise en place de textes législatifs qui
contribuent à l’émergence de l’expression dudit concept, telle que la Loi
d’Orientation Foncière (LOF) créée le 30 décembre 1967 et celle du 8 janvier
1993 sur la protection des domaines publics contre les incendies (Soulier,
1968). Il est à cet égard un fait incontestable que les marchés urbains
constituent des domaines d’intervention privilégiés de la puissance publique
(Stigsdotter et al, 2010).

En Afrique, notamment dans la sous-région de l’espace de la Communauté


Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les incendies des
marchés en milieu urbain continuent d’être au cœur des préoccupations des
politiques de plusieurs pays (Lebaron, 2010). Ce phénomène fut d’ailleurs
observé à travers plusieurs villes et pays de la sous-région tels que : Burkina-

15
Faso, Mali, Togo, Bénin. Au Burkina-Faso par exemple, de 1988 à 2018, il y a
quatre-vingt-huit (88) cas d’incendies de marchés selon le rapport 2018 du
cabinet de la Brigade Nationale de Sapeurs-Pompiers de Ouagadougou. Au
Mali, au cours de l’année 2017, il y a eu huit (8) cas d’incendies de marchés
dans les villes de Bamako la capitale, Mopti, Kayes, Ségou et Gao selon la
Brigade Nationale de Sapeurs-Pompiers de Bamako. A cela s’ajoute les
incendies des marchés enregistrés dans d’autres villes des pays de la sous-
région, à savoir Libreville en 2016, Cotonou en 2015, Lomé en 2013 puis
Douala en 2009 (Anna Syvestre-Treiner, 2017).

En Côte d’Ivoire, les incendies des marchés sont aussi perceptibles dans
plusieurs localités. C’est ainsi que dans la ville de Korhogo, neuf incendies sont
déclarés de 2014 à 2017. Dans la ville de Yamoussoukro, un incendie est
survenu le 24 décembre 2017 au marché du quartier habitat près de la gare de
Kossou. Dans la localité de N’Zianouan, le marché du rond-point de N’Douci a
fait l’objet d’un incendie le 2 mai 2016. Dans les villes de Ferkessédougou,
Duékoué, Bangolo, Djegonefla, San-Pédro, Alépé, Sinfra, Soubré et Katiola, les
incendies sont survenus suite aux manques de moyens de secours et de
ressources en eau utilisable en tout temps par les Sapeurs-Pompiers (Rapport
GSPM No2413/Indénié). Ces incendies de marchés proviennent pour la plupart
des court-circuits suivis de feu provoqués par d’innombrables branchements
sauvages, la vétusté des installations et le laxisme des autorités. Pourtant, les
collectivités locales tirent, en général, l’essentiel de leurs devises dans les taxes
et impôts prélevés sur les activités lucratives menées par les commerçants dans
les marchés. Ce faisant, les marchés urbains sont menacés par l’effet des
incendies, ce qui affecte parfois l’environnement urbain et menace son
existence (Zouhoula, 1997).

Dans ce contexte particulier, l’Etat ivoirien décide de protéger ces sites pour le
bien-être social des commerçants et de la population. A cet effet, une

16
réglementation en sécurité incendie est élaborée par l’action publique pour
encadrer les marchés. Elle prend en compte un certain nombre de mesures de
prévention notamment des dispositions constructives, la résistance et la réaction
au feu des matériaux, les installations de désenfumage, d’électricité, d’éclairage
et les moyens de secours. Au-delà de ces actions menées, la Côte d’Ivoire s’est
également dotée de certains outils sur le plan institutionnel : c’est le cas du
Ministère de la Construction et de l’Urbanisme, la Fédération Nationale des
Acteurs du Commerce de Côte d’Ivoire (FENACCI), le Bureau des Opérations
du Groupement de Sapeurs-Pompiers Militaire (GSPM).

En principe, vu toutes ces dispositions prises par l’Etat ivoirien, le phénomène


d’incendies des marchés ne devrait plus poser un problème véritable dans notre
pays.

Cependant, la réalité est d’une autre allure dans la ville d’Abidjan, d’autant plus
qu’il ressort du rapport de GSPM de 2017 que les marchés de certaines
communes sont encore victime des incendies. C’est le cas du marché d’Anono-
village situé dans la commune de Cocody, le marché d’Abobo, le marché de
Koumassi et ceux du Plateau, de Treichville puis de Yopougon.

Cette situation d’incendie survenue dans les marchés des localités précitées, est
aussi perceptible dans la commune d’Adjamé. Dans cette commune, le Forum
des Marchés n’échappe pas à ce phénomène d’incendies. Pour mieux cerner
cette réalité sociale, nous avons mené une enquête exploratoire en septembre
2019. Les constats issus des données de cette exploration relèvent que les
incendies sont à répétition de nuit comme de jour dans le Forum des Marchés de
cette commune, ce qui a même suscité l’intervention à mainte reprise des
Sapeurs-Pompiers Militaires de l’Indénié. Ceci a pour corollaire, des pertes en
vies humaines, des pertes d’emplois, des traumatismes psychologiques ainsi que
de nombreux dégâts matériels et environnementaux.

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Le Forum des Marchés d’Adjamé a été sujet d’incendies deux fois de suite en
moins de dix (10) ans. Le lieu qui abrite le Forum des Marchés d’Adjamé
abritait le grand marché d'Adjamé. La volonté de reconstruire ce marché est
venue des suites des incendies à répétition que connaissait le grand marché. En
effet, en 1989 et en 1993, le grand marché d'Adjamé a connu des incendies qui
ont fait le malheur des vendeurs. Les constructions s'étant dégradées, et pour
éviter de telles catastrophes, Monsieur Dembélé Lacina, alors maire prend
l'initiative de le reconstruire. A cela s’ajoute de façon particulière la position
géographique du Forum des Marchés d’Adjamé. Ce dernier se situe à moins de
500 mètres de la plus grande caserne des Sapeurs-pompiers Militaires de Côte
d’Ivoire en l’occurrence la compagnie de l’indénié. Cette unité, à elle seule,
dispose de 40% du matériel des soldats du feu. En plus de cet état de fait, ce
Forum des marchés est à moins de 200 mètres du commissariat du 3ème
arrondissement qui par l’action de la police nationale peut alerter rapidement les
Sapeurs-pompiers. Il est important d’y adjoindre la mairie qui se situe à moins
de 50 mètres qui par ses abords intègre même le marché. A cela s’ajoute le
Camp GALILIENI qui reste l’espace abritant l’Etat-major des Forces Armées de
Côte d’Ivoire. Ce camp peut fournir des ressources humaines et matérielles pour
aider à l’extinction d’un incendie.
Malgré cela, les incendies sont persistants. Pour pallier ces incendies, des
dispositions préventives et sécuritaires sont prises par l’autorité compétente, à
savoir le maire de ladite commune, notamment la formation en sécurité incendie
des commerçants. Des campagnes de sensibilisation, d’information et
d’éducation sont menées principalement à destination des usagers
(commerçants) contre toutes actions productrices d’incendies. Les agents de la
police municipale sont déployés dans toutes les contrées du Forum des Marchés
pour mener une lutte rigoureuse et cordonnée contre tout comportement
incivique des commerçants. La Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE)
s’implique à travers une opération de contrôle au sein du Forum des Marchés

18
afin d’éradiquer tous branchements anarchiques, sauvages et même frauduleux
pouvant provoquer les incendies.

Malgré toutes les actions entreprises par les acteurs susmentionnés, avec l’appui
de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité, l’on remarque que les incendies sont
récurrents au Forum des Marchés de cette commune. Devant cet état de fait,
l’on est tenté de se poser la question suivante :

Pourquoi les incendies sont-ils récurrents au Forum des Marchés d’Adjamé ?

Avant toute réponse à cette préoccupation qui guidera pour l’essentiel la


présente réflexion, il est à relever qu’un certain nombre de questions méritent
d’être posées pour éclairer la démarche suivante :

1-Quelles sont les stratégies de gestion du Forum des Marchés d’Adjamé ?

2-Quelles sont les attitudes des acteurs impliqués dans l’exploitation du Forum
des Marchés d’Adjamé ?

3-Quels sont les enjeux rattachés aux pratiques des usagers du Forum des
Marchés d’Adjamé ?

Voici, ci-dessus arborées, les principales questions auxquelles le présent travail


s’attachera à répondre. Pour ce faire, il sera judicieux de parcourir la littérature
disponible, afin de passer en revue l’état des connaissances des problèmes
relatifs aux incendies dans les zones urbaines.

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I-3-REVUE DE LITTERATURE

Pour tout travail se voulant scientifique, il est important de relever les apports
et/ou les limites des travaux déjà entrepris sur le sujet de recherche. la gestion
des marchés publics urbains est un vaste champ d’étude qui a fait l’objet de
plusieurs investigations. C’est en ce sens que les lectures des ouvrages, des
mémoires et thèses ont permis de découvrir que des études ont porté sur les
marchés publics en milieu urbain. De ce fait, la revue est organisée autour des
thèmes suivants :

1-Stratégies de gestion des marchés publics urbains ;

2-Attitudes des acteurs de gestion des marchés publics urbains ;

3-Enjeux des attitudes des gestionnaires des marchés publics urbains.

I-3-1-Stratégies de gestion des marchés publics urbains

Ce sous chapitre est relatif aux analyses sur des cadres règlementaires qui
structurent et encadrent l’action publique et des structures, des acteurs sociaux
en dans l’exploitation du marché de détail.

Lautier (1991), dans une analyse sur le rapport entre l’Etat et le marché de
travail informel, notamment dans le cadre des commerçants des marchés de
détails, évoquent les contraintes juridiques comme une des principales causes de
la récurrence de l’informalité, qui sous ce rapport, suppose un contrôle moins
maitrisé de la densité des activités en rapport avec l’exploitation des marchés.
Selon lui, « c’est dans les pays où l’arsenal règlementaire et juridique est le
plus contraignant que les activités informelles sont les plus florissantes, au point
de devenir une véritable institution économique et sociale ».

Cet argument est partagé par Niango (1994). Dans une étude diligentée par le
Bureau International du Travail sur les contraintes légales et institutionnelles de

20
l’économie en Côte d’ivoire, il met en évidence le caractère contraignant des
régimes fiscaux, la longueur et la lourdeur des procédures administratives pour
le montage d’une entreprise formelle en Côte d’Ivoire. Et selon lui, ce facteur a
un effet décourageant pour la formalisation des unités informelles. Ce qui peut
expliquer par ricochet le foisonnement des activités économiques informelles
autour des marchés.

Cette position est également celle de Fauré et Labiée (2000). Ces derniers, dans
une étude sur l’efficacité des dispositifs d’appui aux entreprises privées en Côte
d’Ivoire et au Burkina Faso, et analysant précisément l’attitude des pouvoirs à
l’égard de ceux qu’ils appellent les « petits patrons » évoquent les régimes
fiscaux comme un facteur générateur du secteur informel et comme un obstacle
à son évolution vers le secteur formel. Outre l’argument du « trop d’Etat »,
plusieurs autres auteurs, toujours dans une perspective juridico-politique
(relative au pouvoir régulateur de l’Etat), renversent le raisonnement pour faire
cas de la faiblesse de l’Etat.

Oudin (1998) soutient que la part grandissante que tiennent les activités
informelles dans les pays africains s’explique essentiellement par le pouvoir
faible de l’Etat, incapable, du fait du manque de moyens économiques,
physiques, de régir l’ensemble de l’activité économique nationale.

Somme toute, à la lumière de ces différentes approches politiques, sociales,


relationnelles, la difficulté, à prévoir et protéger les marchés de biens et de
services, est liée aux pouvoirs de régulateur de l’Etat et aux actions des acteurs
sociaux impliqués dans la gestion et l’exploitation de ces marchés. Toutefois ces
analyses font attraction des déterminants, enjeux et logiques économiques (aussi
bien au niveau macroéconomique que microéconomique) qui sous-tendent les
incendies de marché, sa récurrence et son expansion.

21
Cette question constitue l’objet des analyses économiques de la question des
incendies de marché.

Alla (2018), cette revue met en évidence la gestion durable des incendies de
marchés survenus dans les villes de Yamoussoukro et d’Abengourou. Le conseil
des ministres met en exergue un certain nombre de mesures idoines.
il s’agit premièrement de l’organisation avec les services techniques publics de
l’audit des principaux marchés en vue d’identifier justement les risques réels
d’insécurité et anticiper les mesures à prendre et les équipements à mettre en
place pour réduire le risque. Enfin, organiser avec l’implication des ministères
concernés, des organismes publics et privés concernés des états généraux.
Par ailleurs, en ce qui concerne les incendies registrés dernièrement sur les
marchés d’Abengourou et de Yamoussoukro, une délégation du gouvernement
conduite par le ministre du commerce s’est rendue dans ces localités
respectivement les 29 et 30 décembre dernier à l’effet de constater les faits,
d’évaluer l’ampleur des dégâts, à l’effet également d’exprimer la compassion du
gouvernement aux commerçants sinistrés et d’envisager les mesures nécessaires
pour la reprise de leurs activités.

Dans cette même veine, Manen V. (2014) met en évidence l’émergence de la


science de l’assurance incendie et l’adoption de nouvelles techniques
d’évaluation du risque incluant les plans d’assurance incendie. Ces derniers
advinrent ainsi simultanément, en Occident et en Europe. Selon ces travaux, ce
fut autour de 1900 que la prévention des incendies et l’assurance incendie ont
acquis un fondement scientifique grâce aux efforts collectifs des compagnies
d’assurances pour gérer le coût faramineux des incendies. Des efforts similaires
furent réalisés en Grande-Bretagne : le British Fire Prévention Committee
(Comité britannique de prévention incendie, BFPC), fondé en 1897, lança une
série de tests et proposa des normes de sécurité incendie pour le secteur du
bâtiment, présentées lors de l’exposition internationale sur les incendies de

22
1903. En outre, au vu du succès que Charles Goad, affilié au BFPC, remporta
alors, il est possible que les plans d’assurance incendie aient joué un rôle
d’innovation en Grande-Bretagne et dans les autres pays notamment dans les
pays en voie de développement où le comité exerçait son influence.

I-3-2-Attitudes des acteurs de gestion des marchés publics urbains

Ce sous-chapitre est relatif aux analyses sur les cadres idéologiques, les logiques
explicatives, les actions ou rôles des acteurs sociaux en rapport avec la
production sociale de l’incendie.

Karine Clément (2003) qui s’appuyant sur une approche ethnographique du


politique et s’inspirant de la sociologie pragmatique relève des vagues
d’incendies d’origines criminelles. Il met ainsi en évidence des mobiles
« extérieurs » des incendies en l’occurrence des raisons « individualisées et
intéressées » et le caractère criminel qui en découle. En effet, les causes de bon
nombre d'incendies répertoriés sont « provoquées par un esprit conscient » dont
les intérêts et les mobiles particuliers relèvent de la criminalité. C’est « une
confusion qui règne autour des causes d’incendies » volontaires ou accidentels.
Dans les pays en voie de développement la suspicion est grande et entretenue
par une certaine lourdeur dans les procédures d’enquêtes déléguées par les
autorités à charge.

Cet argument est partagé par Félix Bété (2015), sociologue tchadien, figure de
proue de la sociologie pragmatique africaine, qui souligne qu’il y’a des
incendies volontaires qui parfois sont commandités par des acteurs politiques,
pour des raisons qui leur sont propres : « ces manquements graves causent des
pertes en milliards et parfois en vies humaines. Généralement, c’est l’esprit
d’anarchie. Mais il y’a une deuxième raison. C’est qu’il y’a aussi l’esprit de
vandalisme. Il y’a certains court-circuits ou certains incendies qui sont
volontaires. Qui sont des actes criminels et sont liés à ceux qui veulent tirer les

23
ficelles. Certains responsables qui veulent gagner un autre marché ou indiquer
un autre. Et souvent ; ce sont des gens bien placés, des intouchables proches du
pouvoir ou qui ont des relations qui commettent des crimes ». Felix Mbété,
évoque ici une tendance qu’ont certaines personnes, connues ou non du grand
public, à résoudre des problèmes socio-économiques et politiques par le
déclenchement d’un incendie. Son analyse tend à démontrer qu’en la matière, un
incendie de marché est doté de sens et de significations : il peut, sous ce rapport,
traduire une interaction de pouvoir entre des parties en conflits d’intérêts, une
affirmation de pouvoir ou une violence symbolique dans une certaine
gouvernance.

Dans une perspective différente, Clément, V. (2005) dans une analyse sur les
origines des incendies, évoque les contraintes liées aux changements
climatiques. Pour lui, « en substance, les excès climatiques et l’inflammabilité
sont responsables du retour périodique des incendies ». Il émet aussi une
réflexion sur les responsabilités humaines et les errances de la politique de
prévention. En effet, pour Vincent Clément, « la prévention est une prérogative
du politique ». Elle suppose une analyse et une saine appréciation des risques
d’incendies et de prendre en conséquence des dispositions, des mesures dont
l’objectif est d’éviter ou de minimiser les conséquences du fait social incendie.

De plus, pour l’Office nationale de la protection civile (2017), les cas


d’incendies peuvent être provoqués par l’encombrement du marché,
l’inexistence d’isolements, présence de câbles non fixés correctement, surcharge
des prises électriques et branchements anarchiques. A côté de cela, il faut
reconnaitre que les marchés aujourd’hui, sont surpeuplés et les voies
encombrées. Car l’estimation moyenne de la population des marchés modernes
doit équivaloir à 12.000 places. Pourtant cette dimension numérique importante
impose des dispositions à caractère préventif qui, sont souvent pour l’essentiel
absents ou inopérants dans ces structures sociales. De plus, dans l’exploitation

24
des marchés dans les pays en voies de développement et en Côte d’Ivoire
particulièrement, les cas de désertion c’est-à-dire le nombre de marchands, qui
quittent les étales prévues par les promoteurs, est deux à trois fois plus
important ; donnant ainsi à observer un spectacle de surpeuplement.

Quant à François J. et Bénédicte R. (2014), ils font une sorte de synthèse de


deux tendances des réflexions sur les causes des incendies, de l’approche des
historiens anglo-américains du fait urbain ou de la conflictualité politique et
ceux de l’époque moderne. La question des « incendies offre un excellent
laboratoire pour penser les risques et menaces croissantes qui accompagnent le
développement » des infrastructures notamment des usines de textiles et de
marchés. En effet pour eux dans les pays en voie de développement, un contexte
politique et social agités qui s’appréhende en de « nombreuses secousses
sociales et politiques » favorisent « un risque omniprésent » d’incendie. Les
deux approches historiennes ont en point commun de mesurer le risque
d’incendie en tenant compte du contexte socio-économique et, surtout politique.
Leurs divergences prennent formes dans la manifestation de ces troubles
sociaux : les premiers basent leur réflexion sur la conflictualité politique en
rapport avec l’urbanisation comme source d’incendies, alors que les seconds
apprécient, les possibilités d’incendie dans le développement des structures
symbolisant la force du capitalisme.

Enfin, sur la question même du risque incendie la sociologue Bruzzone S.


(2014) fait une analyse dualiste. Elle questionne les configurations de savoir et
de pouvoir qui s’établissent dans les pratiques de travail de gestion du risque
relatif incendies. En effet, elle a la façon dont les prévisions reconfigurent
l’organisation de la prise en charge des risques naturels ou pas, en s’appuyant
sur le cas particulier de la lutte contre les incendies. La relation qu’il y a entre la
précision demandée et les contraintes techniques et bureaucratiques. À travers
l’approche des Science and Technology Studies, elle montre que la prévision

25
prend forme dans un processus de désalignement entre la mise en forme du
savoir scientifique, les exigences opérationnelles pour la mise en place du
service de prévision et le maintien du contrôle qui définit les modalités de la
lutte contre les incendies. Elle montre comment la politique de prévention prend
forme comme une reconfiguration des compétences et de la « gouvernance des
savoirs » relatives à la lutte contre les incendies. Cette approche scientifique de
la prévision et de la lutte contre le phénomène de l’incendie permet d’éclairer
sur l’état des avancées en termes de technologie préventive. Toutefois, cette
étude ne s’inscrit pas assez dans un contexte d’incendie dans un espace tel que le
marché de détail.

I-3-3-Enjeux des attitudes des gestionnaires des marchés publics urbains.

Ce sous chapitre traite du mode d'exploitation ou de fonctionnement en rapport


avec le marché de détails. En 2004-6, dans un rapport sur « la création d'un
cadre plus dynamique pour les entreprises et l'amélioration du fonctionnement
du marché du travail et du marché des produits », l’Organisation de
Coopération et de Développement Economiques (OCDE) fait un examen des
réformes structurelles, sur les marchés de produits et sur le marché du travail,
qui peuvent aider à accroître les gains de productivité et faciliter l’adaptation au
nouvel environnement international, plus concurrentiel.

Le secteur des entreprises tire avantage d’un allégement plus sensible des
charges réglementaires et administratives, qui favoriserait l’entrée d’entreprises
innovantes et la sortie de celles qui ne sont pas rentables tout en attirant
l’investissement direct étranger. De nouvelles initiatives en faveur de la
concurrence dans l’ensemble de l’économie contribuent aussi à renforcer la
croissance de la productivité en assurant une meilleure affectation des
ressources, en encourageant les efforts dans le domaine de la gestion et en
stimulant l’innovation. Les industries de réseau, et plus particulièrement

26
l’électricité et les télécommunications, ont besoin de mesures en faveur de la
concurrence afin d’améliorer l’efficience et de faire pression à la baisse sur les
prix. Enfin, des mesures qui facilitent la mobilité de la main-d’œuvre et la
création d’emplois sont indispensables pour rediriger la main-d’œuvre vers son
utilisation la plus productive et assurer un rendement approprié de la formation
de capital humain.

Ce rapport fait l'état des lieux du marché de travail en Europe et, aux politiques
d’innovation et de la concurrence qui stimulent le rabais des prix vis-à-vis du
consommateur. Toutefois, on note que cette étude ne s'intéresse pas
suffisamment à la situation du marché de biens et de services pour en analyser
des relations ou des influences mutuelles. Comment par exemple, la concurrence
dans l'ensemble de l'économie influe sur la réalité des centres commerciaux tels
que les marchés et comment cela modifie les rapports dans l'exploitation de
ceux-ci.

M. Hubaud (2011), analyse le recours au marché comme un « processus


politique ». En effet, dans sa description et son commentaire d'une expérience
associative au sein d’un Système d’Echange Local (SEL) comme les marchés de
produits, elle montre comment les marché et les réseaux qu'ils créent,
entretiennent et participent à créer des liens politiques. Ainsi, dans leur
fonctionnement, les SEL participent à la vie politique. Aussi, ces derniers
s’inscrivent dans une logique de transformation des échanges et
d’expérimentation de modes de gouvernement collectif. L’exploration des
normes et valeurs ainsi que le fonctionnement des groupes servent de repères
dans l’analyse proposée. Ces valeurs concernent le SEL, le fonctionnement
démocratique et la vision du changement. Les connaissances scientifiques
produites par Marie Hubaud, permet de saisir de plus près les réseaux et les liens
sociaux que construisent les marchés, les SEL. Aussi, la méthodologie qui est
l'observation participante a permis de cerner au mieux la nature et les

27
dynamiques des liens sociaux qui sous-tendent ces échanges. Cette recherche,
cependant, est limitée par une approche théorique peu évidente à comprendre.

Olivier N. (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne), sous ce rapport, s’intéresse


aux relations entre gouvernement et marché dans les politiques de
développement. Il montre que l’essor des mécanismes marchands dans la mise
en œuvre de l’aide internationale est un phénomène institutionnel lié aux
nouvelles stratégies d’intervention des États bailleurs du développement.

Il avance tout d’abord, l’idée que l’intégration des arènes de gouvernement et


des espaces du marché a été largement encouragée par les réformes de
gouvernance impulsées par les États au nom d’une meilleure efficacité de l’aide.

Il montre ensuite que la prolifération des normes privées internationales utilisées


dans les pratiques de développement renvoie, pour une partie, à un processus de
délégation d’autorité par lequel des États confient à des organismes privés un
pouvoir d’édicter des normes, tout en conservant des moyens d’en contrôler la
pleine effectivité.

Au final, le marché constitue, pour les États bailleurs, une nouvelle modalité de
conduite de leur politique internationale, transférant une partie de la charge de
l’aide au développement aux acteurs privés, tout en leur offrant, en retour,
l’ouverture de nouveaux marchés rémunérateurs.

Matthieu A. et Andy S. du centre Emile Durkheim de l'Université de Bordeaux,


évoquent la problématique des marchés au service de l'Etat. Cette étude prend
pour objet une modalité de régulation politique centrale, celle par laquelle les
agents de l’État, pour prendre en charge un problème public, initient un marché.
La réflexion s’organise autour de deux questions : la première traite de la
généralisation, à partir des années 1980, de cette pratique gouvernementale ; la
seconde porte sur ses effets, notamment la contribution des agents de l’État à
peser sur les régulations économiques et sociales. Prenant pour appui les études

28
de cas que regroupe ce dossier, cette recherche suggère deux lignes d’analyse :
la première est que cette modalité de régulation, qui puise principalement dans
les phénomènes traditionnels de délégation (privé et public), présente une faible
innovation instrumentale. Son essor résulte non pas tant d’un grand dessein
politique, mais davantage d’une série d’expérimentations qui ont gagné des
secteurs toujours plus nombreux notamment les marchés. Rejetant le débat clivé
entre gouvernement à distance versus désengagement de l’État, la seconde ligne
d’analyse est que la capacité de cette modalité de régulation politique à orienter
les comportements des individus dépend de l’autonomie du segment
administratif qui la porte, ainsi que des instruments que leurs agents
développent. Cette étude permet de saisir comment les marchés peuvent se
mettre au service de la politique de l'Etat. Toutefois, la méthodologie des études
de cas réalisées n'est pas clairement définie. Aussi, l'usage du concept de marché
dans cette étude est flou.

En outre, en Côte d'Ivoire, la gestion des marchés est essentiellement basée sur
une politique communale. L'Etat fixe des prix des denrées de premières
nécessités et initie un mécanisme de contrôle de ces taux fixes. On note qu'il
existe une disparité au niveau des prix fixés selon les communes du district
d'Abidjan.

Au regard de tout ce qui précède, on peut retenir que dans un premier temps, ces
auteurs ont étudié les stratégies de gestion des marchés publics en milieu urbain.
Et dans un second temps, ils ont abordé la question d’attitudes et comportements
des acteurs dans la gestion des marchés publics urbains. En dernier ressort, ces
différents auteurs ont montré les enjeux rattachés aux attitudes et comportements
des acteurs dans la gestion des marchés publics dans les zones urbaines. Il
apparaît en résumé que les problèmes environnementaux en milieu urbain sont
toujours d’actualité.

29
En somme, il convient de retenir que du point de vue de la recherche
scientifique, la problématique de gestion des risques d’incendies au sein des
marchés publics urbains fait l’objet d’un intérêt permanent et sans cesse relevé.
Egalement, quelques travaux en sociologie et géographie ont permis de mieux
cerner la présente étude.
Ces travaux bien que pertinents et assez critiques sur la problématique
susmentionnée ne suffisent pas à comprendre les logiques de la récurrence des
incendies des marchés publics dans les zones urbaines. Une des raisons que ces
travaux n’abordent pas le problème d’instauration de structure de contrôle et de
suivi afin d’apporter les compétences nécessaires à une gestion efficace des
risques d’incendies dans les marchés publics en milieu urbain.

I-4-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

I-4-1-Objectif général

Cette étude vise à analyser les logiques qui fondent la récurrence des incendies
au sein du Forum des Marchés d’Adjamé.

I-4-2-Objectifs spécifiques

Conformément aux orientations définies dans la problématique de la recherche,


l’analyse des logiques de la récurrence des incendies du Forum des Marchés
d’Adjamé poursuit trois (3) objectifs spécifiques :

1-Identifier les stratégies de gestion du Forum des Marchés d’Adjamé ;

2-Mettre en exergue les attitudes et comportements des acteurs en charge de la


gestion du Forum des Marchés d’Adjamé ;

3-Décrire les enjeux rattachés aux attitudes et comportements des acteurs du


Forum des Marchés d’Adjamé.
30
I-5-HYPOTHESE DE RECHERCHE

L’hypothèse qui sous-tend les grandes articulations de la présente étude est


formulée comme suit :

La récurrence des incendies du Forum des Marchés d’Adjamé s’explique par la


divergence des rapports sociaux entre les acteurs dans l’exploitation du
marché.

I-6-CONSTRUCTION DU MODELE D’ANALYSE

Cette partie nous permet d’opérationnaliser et concrétiser l’hypothèse de


recherche pour une appréhension plus directe, réaliste et pertinente des faits. Ici,
il s’agit pour nous de déterminer les variables qui la compose. Aussi est-il
question d’argumenter les concepts qui constituent ces variables et au-delà,
donner les dimensions et les indicateurs qu’ils prennent afin de mieux expliquer
l’objet de notre étude. Pour répondre à cette préoccupation, nous tenterons de
définir ces variables.

I-6-1-Définition des variables de l’étude

Les variables structurant de l’hypothèse de recherche sont de deux ordres : une


variable contextuelle et une variable exogène. La variable contextuelle qualifiée
encore dépendante est comme suit : «récurrence des incendies du Forum des
Marchés » quant à la Variable indépendante est formulée comme
suit: « divergence des rapports sociaux entre les acteurs ».

I-6-2-Cadre de vérification de l’hypothèse de recherche

Notre hypothèse est constituée d’une variable dépendante et d’une variable


indépendante. Nous procédons d’abord à la traduction de la variable dépendante

31
et celle de la variable indépendante. Ensuite, nous résumons toutes ces
traductions dans un tableau. Enfin, nous schématisons la réalité sociale étudiée.

 La variable dépendante qui est la récurrence des incendies du


marché d’Adjamé comporte deux (2) dimensions : symbolique et
cognitive. Chaque dimension comporte des indicateurs, que sont :

 Dimension Symbolique : prolifération d’activités productrices


d’incendies, branchements sauvages et anarchiques de câbles
électriques, marché en flammes.

 Dimension Cognitive : statistique d’incendies par ans.

 La variable indépendante qui est la divergence des rapports sociaux


entre les acteurs comporte trois (3) dimensions : institutionnelle,
relationnelle et organisationnelle. Chaque dimension comporte des
indicateurs, que sont :

 Dimension Institutionnelle : intervention du Ministère de la


construction et de l’urbanisme, de la Mairie, et du promoteur.

 Dimension Relationnelle : rapports antagonistes et conflictuels,


contestation, refus d’obéir aux règles.

 Dimension Organisationnelle : absence de coordination, absence de


suivi et évaluation des activités.

32
I-6-3-Tableau récapitulatif des variables, dimensions et indicateurs

VARIABLES DIMENSIONS INDICATEURS

Hypothèse de recherche de l’étude

Variable dépendante -proliférations


d’activités productrices
Concept d’incendies
Récurrence d’incendie Symbolique -branchements sauvages
et anarchiques de câbles
électriques
-marché en flamme
Cognitive -statistiques d’incendies
/ ans
Variable indépendante -intervention du
ministère de la
Concept construction et de
Divergence des rapports Institutionnelle l’urbanisme
sociaux -intervention de la
mairie d’Adjamé
-intervention du
promoteur (SICG).
-rapports antagonistes,
conflictuels
-contestations
Relationnelle
-refus d’obéir aux règles
-absence de
coordination
Organisationnelle
-absence de suivi et
évaluation
Source : notre enquête - 2019

33
I-6-3-Schéma explicatif de la réalité sociale étudiée

Forum des Marchés Incendie à répétition


d’Adjamé

Divergence
des rapports
de gestion

Source : notre étude-2019

I-7-APPROCHE CONCEPTUELLE

Dans la présente étude, nous allons essayer de clarifier les concepts qui
composent notre hypothèse de recherche ainsi que ceux de notre sujet de
recherche : politique environnementale ; stratégie ; gestion ; divergence de
rapports sociaux ; logique sociale ; incendie ; marché.

34
I-7-1-Politique environnementale

Ces expressions étant composées, il va sans dire que les définir requiert au
préalable une explication de chacun des termes qui les composent.
Le terme « politique » vient du terme grec « politikos », de « polis », qui signifie
« cité ». En langue Française, il est utilisé, comme substantif, au masculin et au
féminin. L’usage masculin, d’intérêt phénoménologique, s’entend de ce qui
relève de l’exercice du pouvoir dans l’Etat. L’usage féminin renvoie, d’une
façon sommaire, à l’ensemble des options prises, des actions menées et des
méthodes liées à l’environnement par les gouvernants d’une société politique,
ensemble destiné à avoir un impact sur tout ou partie des composantes de la
société politique.
L’adjectif « environnemental » vient bien entendu du terme « environnement ».
Le concept d’environnement est particulièrement complexe. Il n’a pas toujours
eu le même sens pour tous ceux qui l’utilisent et varie en fonction des contextes.
Dans cette section, nous chercherons à lui donner une définition opérationnelle
pour notre recherche.
Sauve (1997, p. 42) observe que l’environnement correspond à une réalité
générale : il s’agit de l’ensemble des composantes du milieu, en interaction avec
l’environné (ou groupe d’environnés) qui ne se définit qu’en contexte. Il n’existe
pas un environnement, mais des environnements. L’environnement n’est donc
plus approché comme un cadre extérieur, ni comme une simple enveloppe qui
entoure les personnes. L’accent est de plus en plus mis sur la dynamique
relationnelle modulée entre autres par les différentes configurations spatiales de
l’habitat, de l’aménagement urbain, des espaces de loisirs etc, et aussi par ses
différentes composantes biophysiques telles que la qualité de l’air, la
contamination des sols, l’humidité, etc. l’environnement est approché comme un
lieu de vie, un lieu d’action, un lieu d’adaptation. Nous nous trouvons alors dans
un système d’interaction où l’environnement influence les conduites des

35
individus et à son tour, l’individu agit lui aussi sur l’environnement (Bonardi et
Coll., 2002).
Fischer (2002, 1997), aborde la notion d’environnement sous l’angle de la
psychologie sociale. Il fait entre autres référence à la notion d’espace et de
territoire pour cerner le concept d’environnement : « ce rapport dialectique entre
le milieu tel que nous le rencontrons et l’activité humaine qui s’y manifeste »
(Fischer, 1997, p. 10). L’environnement est ainsi appréhendé selon plusieurs
niveaux inter-reliés. Il correspond à l’ensemble des lieux biophysiques
aménagés, comprenant à la fois des espaces et des équipements, à l’intérieur
desquels peuvent s’exprimer des conduites humaines.
Dans le cadre de notre étude, la politique environnementale est une stratégie
effectuée par le ministère de la construction et de l’urbanisme sur ses intentions
et principes par rapport à son comportement en matière de construction en
général, qui offre un cadre à son action et établir ses objectifs et but en matière
d’urbanisation.

I-7-2-Stratégie

Le mot stratégie est dérivé du latin stratégia, emprunté aux deux termes grec :
stratos (« armée ») et agein (« conduire »). Ceci dit, la première signification de
stratégie est l’art de conduire les opérations militaires.
Le concept est également employé pour désigner le plan conçu / imaginé pour
conduire une affaire et pour désigner l’ensemble des règles assurant une
décision optimale à n’importe quel moment.
En d’autres termes, une stratégie est le processus choisi par le biais duquel on
prévoit d’atteindre un certain état futur.
D’après le dictionnaire de sociologie, l’analyse stratégique s’est développée en
France, principalement à travers les travaux de Michel Crozier.
Selon Michel Crozier, la stratégie est une organisation, l’action collective, des

36
mouvements sociaux. C’est l’importance des relations de pouvoir, principe de
rationalité limité.
Dans le cadre de notre étude, nous entendons par stratégie de gestion, la
planification et la coordination de l’action des acteurs dans l’organisation, le
contrôle du Forum des Marchés d’Adjamé.

I-7-3-Gestion

Gestion vient du nom latin « gestio » qui se définit comme l'action de gérer,
exécuter issu du verbe « gerere » signifie exécuter, accomplir : au départ pour le
compte d'autrui, d’où le gérant d'affaires qui est un mandataire.
Cette référence à la notion d'exécution et l'expression compte de gestion
montrent que la gestion s'applique a priori à l'activité courante et à un horizon
décisionnel relativement court. Cependant le mot a pris un sens plus ambitieux
en devenant carrément le synonyme des termes de l'administration, de
gouvernement, de direction. Il leur même préféré puisque l'on parle d'étude de
gestion (C. Bialès 2014).
Valérie B. (2008) définit la gestion comme un phénomène au croisement de
deux niveaux, à savoir le Logos gestionnaire (principe idéal définissant le
fonctionnement des organisations sur la base de trois principes :
La maîtrise (contrôle des organisations), la performance (objectif des
organisations) et la rationalité (manière de procéder des organisations) et les
techniques de gestion propres à un contexte local.
La notion de gestion d’entreprise est bien plus complexe qu’il n’y paraît, à
première vue.
En effet, la gestion d’entreprise est un concept qui renferme tout un ensemble
d’éléments qui tendent à définir le mécanisme de mise en marche du projet,
devenu entreprise. De façon générale, la gestion d’entreprise signifie de mettre
en application la stratégie commerciale que l’on s’est fixée, lors de l’élaboration

37
du plan d’action de l’entreprise, en s’appuyant sur tous les moyens dont celle-ci
dispose, afin de réaliser les objectifs préalablement établis. Pour ce faire, la
notion de gestion d’entreprise repose sur trois idées principales qui doivent être
rigoureusement appliquées :
-Prévoir les objectifs à atteindre et définir les actions à entreprendre ;

-Assurer le suivi de la stratégie adoptée et contrôler sa mise en œuvre ;

-Réagir face aux imprévus et prendre les mesures correctives nécessaires pour
maintenir le cap et atteindre les objectifs fixés.
On en déduit que la gestion d’entreprise ne comprend pas uniquement les
actions commerciales qui doivent être mises en œuvre pour assurer la réussite
de l’entreprise mais doit, également, tenir compte du facteur humain, très
important dans la bonne marche de l’entreprise et donc, dans la réalisation des
objectifs financiers (Mikael H. 2014).
Dans le cadre de notre étude, la gestion est de se donner tous les moyens,
mécanismes dans le but d’améliorer les conditions des commerçants du Forum
des Marchés d’Adjamé victimes de façon persistante les incendies

I-7-4-Divergence

Le concept de « divergence » selon François P. (1974), est une désintégration


d’activités, une séparation d’activités. C’est aussi une incohérence dans le travail
accompli par un ensemble d’individus. Ce qui amène à voir sous un autre angle,
la divergence est aussi une forme de rapport antagoniste, une forme d’interaction
sociale sans subordination ni suprématie. C’est aussi le processus de
complication des activités qui n’ont pas de liens entre elles.
Pour Van de van (1976), diverger signifie désintégrer ou séparer différentes
parties dans une organisation pour aboutir aux conflits.
Dans le cadre de notre étude, la divergence dans les rapports entre les acteurs
peut être perçue comme une absence de coordination, une dysharmonie, un

38
dysfonctionnement, voire une désorganisation des politiques et activités liées à
la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé.

I-7-5-Logique sociale

Nom féminin du grec Logo, parole, raisonnement, raison.


La logique est la conscience des conditions formelles ou non de la cohérence
intellectuelle. C’est aussi la disposition naturelle à raisonner juste. C’est la façon
particulière de raisonner. Ici, nous entendons par logique, tout système de
pensée induisant des comportements ou des attitudes propres à un groupe donné
de personnes et relatif à une mentalité qui renvoie à des normes ou à des valeurs
sociales admises par ce groupe, cette communauté ou cette société.
Pour connaître la logique d’un individu ou d’un groupe d’individu, il faut soit
l’observer ou l’écouter s’exprimer. De là, on peut faire la différence entre ce
qu’il dit et ce qu’il fait.
Ainsi donc, les logiques sociales sont pour nous, ce système de pensée, cette
mentalité des ivoiriens qui sous-tend leur comportement et attitude face à la
gestion des risques d’incendies au sein du forum des marchés d’Adjamé.

I-7-6- Incendie

Ce terme, étymologiquement, est du latin « incendium » qui signifie


embrasement.
Dans la langue française au 17e siècle c’est-à-dire en 1605, l’incendie désignait
un « grand feu qui se propage en causant des dégâts » (LE LOYER, Histoire des
Spectres, VI, 15).

Il désigne aussi une réaction de combustion, un feu non maitrisé dans le temps et
l’espace conduisant à l’embrasement d’un édifice, d’une maison, d’une forêt etc.
(Définition juridique, éditions Tissot)

39
L’incendie est aussi, en général, un feu violent et destructeur pour les activités
humaines ou la nature.

Caroline Oudin-Bastide le définit comme étant une fabrique sociale de la somme


des interactions sociales. Il suppose que l’incendie est inséparable à des plans
d’assurances des parties.

I-7-7- Le marché de biens et services

En ce qui concerne le marché de biens et services, en sociologie, selon Viviana


Zelizer, les marchés sont « des ensembles de relations sociales dans lesquelles
les acteurs transfèrent des biens et des services en établissant des listes prix-
quantité-qualité qui gouvernent ces transferts ». Bourdieu quant à lui met en
place les notions de champ et d’habitus pour permettre une meilleure
compréhension du marché. Il affirme donc que le marché ne peut être considéré
comme la résultante d’une simple rencontre rationnelle entre offre et demande
basée exclusivement sur un calcul économique, car les agents mis en jeu se
trouvent dotés de capitaux culturels et économiques distincts selon leur histoire.
Ces derniers définissent autant de rapports de force et de relation de pouvoir.

Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on désigne par marché de biens et services, le lieu


où des commerçants vendent des marchandises (produits d’usage courant,
produits vestimentaires, cosmétiques, denrées alimentaires, etc.).
Il désigne également l’ensemble des provisions qu’une personne achète pour la
confection d’un repas. C’est aussi les tractations quelconques entre des
personnes.
Dans notre étude, nous désignons par marché, le lieu où des commerçants
vendent des produits d’usage courant, les denrées alimentaires, etc. le terme
« espaces commerciaux » que nous employons dans notre sujet spécifie le type
de marché que nous étudions. Il s’agit pour nous, de nous intéresser aux marchés
légaux (dont l’espace a été offert par les autorités administratives, et souvent

40
construit par celle-ci). Ce genre de marché, généralement construit de façon
moderne met en relation cinq (05) types d’acteurs : les vendeurs, les
consommateurs, les autorités administratives, le promoteur et les services de
secours publics.

I-8-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE

Pour pouvoir analyser sociologiquement cette étude, il est important de traduire


la réalité sociale en réalité sociologique. Ce processus de conversion n’est
possible qu’à travers les théories. C’est donc à juste titre que Bourdieu écrivait :
« sans théorie, il n’est pas possible de régler un seul instrument, d’interpréter
une seule lecture » (Bourdieu, P., 1973). Pour ce faire, nous avons fait appel à la
théorie structuro-fonctionnaliste de Talcott Parsons (1902-1979).

I-8-1-La théorie structuro-fonctionnaliste de Parsons

Cette théorie ambitionne d’aboutir à une théorie générale de l’action. Elle


permet d’interroger les fonctions essentielles qui doivent être remplies pour que
la société existe, se maintienne et se perpétue.

Ainsi, comme l’indique son nom, le structuro-fonctionnalisme est la réunion du


structuralisme et du fonctionnalisme. Le fonctionnalisme est une méthode qui
permet de saisir la réalité sociale par rapport à la fonction que remplit un
phénomène social ou par rapport à son utilité. Plus explicitement, le
fonctionnalisme permet d’expliquer la manière dont les individus contribuent à
la gestion de l’environnement et partant, de déceler le rôle joué par chaque
acteur dans cette organisation autour de l’environnement voire du cadre de vie
commun. Quant au structuralisme, il est une démarche qui consiste à élucider les
éléments d’une structure sociale, à découvrir les structures sous-jacentes.

41
Dans le cadre de cette étude, il importe de considérer que le système social
directement impliqué dans la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé est
composé d’un certain nombre d’acteurs (promoteur des politiques
d’aménagement, gestionnaires et les usagers) qui objectivement sont mues par le
même objectif, celui de protéger le Forum des Marchés d’Adjamé contre les
incendies. Ainsi, la méthode structuro-fonctionnaliste nous offre de faire
ressortir les acteurs d’une part, et d’autre part, elle nous permet d’expliquer le
rôle de ces acteurs dans leur rapport avec la quête d’une sauvegarde du Forum
des Marchés d’Adjamé. La méthode structurale nous permet de mettre en
rapport les composantes du système social à Adjamé et qui ont une influence sur
l’environnement des marchés et le cadre de vie des populations. En d’autres
termes, comment les acteurs sociaux participent-ils à la gestion du Forum des
Marchés d’Adjamé ?

Ainsi, cette gestion est fonctionnelle lorsque tous les acteurs assument
pleinement leur tâche et responsabilité. Dans le cas contraire, il y a
dysfonctionnement. Ce dysfonctionnement se traduit par la crise
environnementale c’est-à-dire les incendies au Forum des Marchés d’Adjamé.

42
I-8-2-Voici le schéma qui explique cette réalité sociale

Figure1 : Schéma explicatif du fonctionnement du système dans la gestion


du Forum des Marchés d’Adjamé

MINISTERE DE LA
CONSTRUCTION ET DE
L’URBANISME

INSTITUTIONS GESTION DU FORUM MAIRIE


TECHNIQUES DES MARCHES
D’ADJAME
(GSPM, ONPC) D’ADJAME

COMMERÇANTS DU
FORUM DES MARCHES
D’ADJAME

Source : notre enquête-2019

43
Ce schéma montre qu’il a eu des structures d’aide et d’encadrement sur la
gestion du Forum des Marchés d’Adjamé. Cependant, l’on constate que les
incendies sur les marchés persistent toujours à bien d’endroits. Cela s’explique
qu’au niveau institutionnel, l’Etat ou la municipalité ne mène pas des actions
concrètes dans le processus de gestion des marchés. Quant à la population, elle
dispose de stratégies traditionnelles pour la gestion des marchés. Tous ces
dysfonctionnements au niveau institutionnel et au niveau des collectivités
locales rendent compte de la persistance des incendies au Forum des Marchés
d’Adjamé.

La théorie structuro-fonctionnaliste permet d’approcher le phénomène étudié


avec un regard scientifique qui a fait défaut dans les écrits antérieurs sur la
gestion des marchés publics en milieu urbain.

Pour finir, rappelons que ce travail vise à faire le bilan des actions entreprises au
sein du Forum des Marchés d’Adjamé par les pouvoirs publics et comprendre la
logique de conservation et de protection du domaine public.

Nous ne saurions atteindre l’objectif en occultant un aspect essentiel de tout


travail à caractère scientifique : le cadre réservé à la méthodologie.

Ainsi, dans le chapitre suivant, exposons-nous toute la démarche


méthodologique qui a présidé à la réalisation de la présente étude.

44
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIGUE DE L’ETUDE

Ce deuxième chapitre a donc pour objet de spécifier et de déduire notre


méthodologie de recherche. Nous exposerons maintenant la méthodologie que
nous avons adoptée pour mener notre recherche empirique. En premier lieu,
nous présenterons le champ de l’étude. En deuxième lieu, nous montrerons la
méthode d’analyse. En troisième lieu, nous exposerons le dispositif empirique
auquel nous avons eu recours pour collecter les données. En quatrième lieu,
nous passerons au traitement des données recueillies lors de l’enquête. Enfin en
cinquième lieu, nous relèverons les conditions sociales de la recherche.

II-1-DELIMITATION DU CHAMP DE L’ETUDE

Le champ d’étude comprend à la fois le champ géographique qui fait allusion à


l’espace physique sur lequel porte l’étude, le champ social qui spécifie les
personnes concernées à prendre en compte dans l’étude pour aboutir au discours
social des acteurs sociaux et champ sociologique qui précise le champ
spécifique de la connaissance ou l’option sociologique.

II-1-1-Champ géographique

Les données qui forment l’ossature de cette étude proviennent d’enquêtes


conduites dans une zone géographique spécifique. Notre investigation a pour
zone d’étude le Forum des Marchés d’Adjamé. Ce marché se situe dans une
commune faisant partie du district d’Abidjan. Le choix de cette zone s’explique
par le fait qu’en trois ans, le bureau opérations du Groupement de Sapeurs-
Pompiers Militaires a dénombré quatre incendies. Ainsi, la figure n°1 ci-dessous
indique la situation géographique du Forum des Marchés d’Adjamé .

45
Figure no1 : localisation du Forum des Marchés d’Adjamé

46
La commune d’Adjamé est au centre du district, et sa position géographique lui
donne le statut de commune des gares. En effet, c'est la commune où se trouvent
toutes les gares routières des villes de l'intérieur du pays ainsi que des pays de la
sous-région. C'est également la commune qui abrite les produits vivriers. A
partir d'Adjamé se fait la distribution de la grande partie des denrées
alimentaires : plantains, légumes, fruits, etc. Cette réalité fait de cette commune,
un centre commercial. Ainsi, de l'Institut National de la Santé Publique (INSP)
jusqu'à Williamsville en passant par les 220 logements tous les trottoirs sont
occupés par les vendeurs. Adjamé compte dix-neuf quartiers. Le Forum des
Marchés est situé dans le quartier mairie 1, en bordure du boulevard Nangui
Abrogoua, à cent mètres de la mairie. Cet espace est le plus pratiqué en matière
de commerce, par conséquent, la position géographique de ce marché ne cause
aucun problème d'accès aux consommateurs.

Le Forum des Marchés d’Adjamé a une superficie d'un hectare et demie soit
seize mille onze mètres carré, et une capacité de treize mille places. C'est un
marché à deux niveaux. Le rez-de-chaussée abrite les magasins et les tables pour
denrées alimentaires. Le premier et le deuxième étage sont occupés par les box
(espace moins vaste qu'un magasin) réservés à la vente de chaussures,
vêtements, bijoux, produits cosmétiques, pagnes, etc. Il y a aussi les pourtours
du Forum des Marchés d’Adjamé ainsi que les trottoirs du boulevard Nangui-
Abrogoua qui interviennent dans notre champ géographique d'étude. Ce sont les
trottoirs situés de part et d'autre des chaussées du boulevard Nangui Abrogoua,
l'espace entre le centre commercial et la mairie d'Adjamé.

II-1-2-champ sociologique

Cette étape consiste à préciser les personnes que nous avons interrogé, afin de
saisir le phénomène d’incendie. Cette étude s’inscrivant dans le paradigme

47
interactionniste, nous interrogeons des personnes qui sont en rapport avec la
réalité sociale que nous étudions.
Le Forum des Marchés d’Adjamé est consacré à la vente de plusieurs types de
marchandises. En outre, il comprend trois types de places : les magasins ou
galeries, les box et les tables. Nous portons notre choix sur les magasins parce
que c’est l’endroit où il y’a des chambres froides qui sont alimentées par le
courant électrique.
En ce qui concerne les différents types de vendeurs, nous nous intéressons aux
vendeurs de tout genre mais surtout aux magasiniers à cause des branchements
électriques qui peuvent être source des incendies.
Nous interrogeons donc des vendeurs de chaussures, des vêtements, des
vendeurs grossistes de poissons et viandes installés à l’intérieur du Forum des
Marchés d’Adjamé. Ces derniers doivent avoir pratiqué le commerce dans
l’ancien marché ou depuis l’inauguration du Forum des Marchés d’Adjamé en
2000, donc avoir au moins huit années d’expérience de vente au Forum des
Marchés. Ils doivent aussi être des propriétaires des articles qu’ils vendent. En
effet, c’est auprès de ces personnes que nous pouvons savoir comment le feu
surgit de façon récurrente au Forum des Marchés d’Adjamé. Ils aident
également à comprendre les conditions d’attribution des places puisqu’ils
seraient souscripteurs depuis le début.
Les caractéristiques biologiques telles que l’âge et le sexe ne sont pas prises en
compte. Car tous les vendeurs poursuivent le même but quelque soit l’âge et le
sexe. Par conséquent, ils adoptent les mêmes stratégies pour conquérir le client.
Cependant, nous nous intéressons à la religion ainsi qu’à la nationalité de
chacun des enquêtés pour comprendre la corrélation qui peut exister entre la
religion, la nationalité et les pesanteurs sociales comme le respect des
institutions, la recherche de biens matériels ou le train de vie.
Nous négligeons également les variables sociologiques telles que la situation
matrimoniale, le niveau d’instruction, le lieu de résidence, etc. Car quelques

48
soient les caractéristiques sociologiques, l’être humain est caractérisé par la
recherche effrénée d’un mieux-être, seule la religion peut freiner son élan.
Nous interrogeons alors tout vendeur installé à l’intérieur du Forum des Marchés
d’Adjamé comme à l’extérieur, de sexe féminin ou masculin, propriétaire des
étalages, vendant au Forum des Marchés d’Adjamé depuis au moins huit ans, et
acceptant de se prêter à notre entretien.
En dehors des vendeurs, nous interrogeons les consommateurs du Forum des
Marchés d’Adjamé, afin de comprendre leur habitude d’approvisionnement et
nous permettre ainsi une meilleure compréhension des attitudes et
comportements des vendeurs. Nous interrogeons toute personne étant de passage
ou faisant des courses au Forum des Marchés d’Adjamé, sans y être vendeurs.
Nous interrogeons par ailleurs le personnel des services de la Mairie d’Adjamé
qui sont intervenus directement dans la construction et ceux qui interviennent
dans la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé. Nous interrogeons également
le promoteur pour comprendre sa politique de construction et d’attribution des
places, afin de saisir le lien que cela a avec les attitudes et comportements des
vendeurs.

II-2-TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES

Les techniques font donc appel à plusieurs mécanismes pour aboutir aux
résultats attendus. Les techniques auxquelles on a eu recours dans le cas précis
de cette étude portent sur la recherche documentaire, l’observation directe et
l’entretien.

II-2-1-La recherche documentaire

Notre champ d'étude n'étant pas vierge, nous avons eu recours aux travaux
antérieurs afin de nous imprégner de l'état d'avancement scientifique de celui- ci.
Cette phase a permis d'avoir des connaissances générales sur le sujet. Elle nous a
49
permis de mieux poser notre problématique et les hypothèses de recherche. Vu
l'intérêt de cette étape, nous nous sommes inscrit dans certaines bibliothèques,
notamment la bibliothèque de l'Institut d’Ethno-Sociologie (IES) et au Centre
Culturel Français (CCF). La bibliothèque de l'IES et la Bibliothèque Centrale de
l’Université (BCU) nous ont permis d'avoir accès aux mémoires et aux thèses
qui ont été réalisés dans le domaine du marché. L’exploitation de ces différents
ouvrages a permis d’approfondir nos connaissances sur la méthodologie de la
recherche en sciences sociales, les paradigmes, les méthodes d’analyse et ainsi,
de choisir les plus appropriés à la réalisation de notre travail.
Nous y avons aussi consulté les encyclopédies et dictionnaires des sciences
sociales pour la définition du concept de marché.
Nous avons de même effectué des recherches électroniques via internet. Après la
documentation, nous avons mené un travail de terrain pour une approche globale
de notre objet d’étude.

II-2-2-L'observation directe

La seconde technique que nous avons utilisée dans le cadre de la collecte des
données est l’observation directe. En effet, l’observation directe permet de saisir
« les comportements au moment où ils se produisent, sans l’intermédiaire d’un
document ou d’un témoignage »(Quivy, R. 1995). Elle fait appel au sens de
l’observation du chercheur. Ainsi, cette méthode a permis d’observer les
comportements et attitudes des acteurs au cours des échanges effectués.

Nous avons cherché notre insertion sociale dans cette zone en prenant part aux
différentes activités de différentes organisations pour avoir certaines
informations. Nous avons procédé par une immersion participante :

50
o En étant un commerçant dans le Forum des Marchés d’Adjamé

o En discutant de temps en temps les problèmes que rencontre le Forum des


Marchés d’Adjamé

o En organisant des rencontres de gestion entre commerçants et en


confrontant souvent les structures d’aide et d’encadrement du marché.

Tous ces moyens participatifs pourraient être bénéfiques à notre insertion dans
le milieu.

II-2-3-L’Entretien

La technique d’entretien semi directif permet : « d’analyser le sens que les


acteurs donnent à leurs pratiques, aux évènements dont ils ont pu être les
témoins actifs ; lorsque l’on veut mettre en évidence les systèmes de valeurs et
les repères normatifs à partir desquels ils s’orientent et se déterminent»
(Blanchet, A.1992). En tant que technique qualitative de recueil d’informations,
elle permet au chercheur de centrer le discours des personnes interrogées autour
de différents thèmes définis au préalable et consignés dans un guide d’entretien.
En général, le chercheur dispose d’un certain nombre de thèmes ou de questions
relativement ouvertes, sur lesquels il souhaite que l’enquêté réponde.

Ainsi, l’étude dans sa phase de collecte des données, a mobilisé cette technique
d’entretien semi directif, car elle permet au chercheur de déceler chez l’enquêté
ses perceptions, ses représentations idéologiques d’une situation ou d’un
phénomène donné (Kampenhout et Quivy 1995). Mieux, le choix de cette
technique est lié au fait qu’elle cadre avec la perspective qualitative dans
laquelle s’inscrit la présente étude, et aussi parce qu’elle permet de rendre au
mieux les opinions, les perceptions, en vue de restituer les significations, les
idéologies que les acteurs sociaux donnent à leurs pratiques et comportements
dans leurs rapports à l’exploitation du Forum des Marchés d’Adjamé.

51
II-2-3-1-Conditions de production des données

Pour comprendre les déterminants sociaux expliquant la récurrence des


incendies du Forum des Marchés d’Adjamé, la démarche adoptée a été celle de
l’analyse de contenu. Toutefois lors de la collecte des données d’enquête, nous
avons procédé au préalable à l’enregistrement et la prise de notes, suivie de la
retranscription des données, avant de procéder à l’analyse de contenu
proprement dit.

II-2-3-2-L’Enregistrement, la Prise de Notes, et la Retranscription

 L’Enregistrement des données


Dans le souci de recueillir l’intégralité des données au cours de l’entretien en
vue d’une retranscription ultérieure, les propos des enquêtés ont été enregistrés à
l’aide d’un téléphone doté d’un magnétophone et d’une carte mémoire à grande
capacité. Bien avant, l’autorisation d’être enregistré a été demandée
explicitement à chaque enquêté, pour des questions d’objectivité au niveau des
résultats de la recherche. Ainsi, nous mettions le magnétophone en marche à
l’entame de l’entretien, et nous en marquions l’arrêt plusieurs minutes après la
fin de l’entrevue étant donné que certains enquêtés lâchaient par moment en cet
instant là sans forcément s’en rendre compte, des informations utiles à la
compréhension de la réalité étudiée.

 La Prise de Notes
Muni d’un stylo et d’un calepin, la prise de note consistait à marquer voire
consigner les éventuelles thématiques et pistes d’interprétations qui émanaient
des propos des enquêtés. Cette option a permis de relever certaines informations
utiles à l’analyse des données.

52
 La Retranscription des données

La retranscription est un processus qui consiste à reporter à l’écrit le discours


des enquêtés. C’est un premier moyen d’analyse puisqu’en écoutant
l’enregistrement de manière attentive et en la retranscrivant le plus fidèlement
possible l’on s’imprègne du discours de ceux-ci.

Dans le cas de l’étude, la retranscription ou encore la préparation des données


s’est faite durant les semaines qui ont suivies les entretiens. A cet effet, pour un
entretien de 15 minutes en moyenne il fallait 2h de temps environs pour la
retranscription. Quant aux entrevues qui excédaient les 15 minutes, il fallait
composer entre 2h30 et 4h de temps maximum pour retranscrire. Toutefois les
données ont été retranscrites l’une après l’autre, soit entretien après entretien,
via un ordinateur doté du logiciel de traitement de texte Word 2013, et d’un
casque audio.

II-3-L’ECHANTILLONNAGE

L’échantillonnage en sciences sociales est un procédé d’élaboration d’une


population type selon des techniques scientifiques.

On appelle échantillon, un groupe représentatif qui devra traduire en miniature,


l’ensemble plus vaste concerné par le problème de recherche. Autrement dit,
l’échantillonnage est la phase qui consiste à sélectionner les individus que l’on
souhaite interroger au sein de la population de base.

L’échantillonnage comprendra donc toujours trois questions clés :

Quelle est la population étudiée ? , quel est l’échantillon qui la représente ?

Comment le choisir ?

La constitution d’un échantillon peut obéir à différentes démarches. Cependant,


elles peuvent être rattachées à deux démarches génériques. Ce sont la

53
« démarche traditionnelle », caractéristique des échantillonnages probabilistes,
et la « démarche raisonnée », caractéristique des échantillonnages non
probabilistes.

Dans le cadre de cette étude, nous avons opté pour l’échantillonnage non
probabiliste, c’est-à-dire le choix raisonné. En effet, il consiste à choisir les
sujets sur la base d’une ou plusieurs caractéristiques fixées d’avance. Ce type
d’échantillon permet au chercheur de choisir délibérément ses sujets en se
remettant à son propre jugement, et aussi en tenant compte des caractéristiques
fixées. Pour cette étude, le choix des sujets s’est fait selon les caractéristiques
suivantes :

- Les gestionnaires du Forum des Marchés d’Adjamé

- La société promotrice de construction et d’aménagement

- Les usagers (vendeurs, consommateurs)

Ces sujets détiennent des connaissances approfondies sur le Forum des Marchés
d’Adjamé, alors sont mieux placés pour fournir des informations enrichissantes
qui aideront à mener à bien notre recherche.

Ainsi, nous avons interrogé les responsables du ministère de construction et de


l’urbanisme, le directeur du service technique de la mairie d’Adjamé, le
responsable de la protection civile, le chef du bureau prévention du GSPM
(Groupement des Sapeurs-pompiers Militaires), le secrétaire général de la
FENACCI, la présidente et l’adjointe de l’Union des Commerçantes du Forum
des Marchés d’Adjamé (UCFA), un ingénieur conseil en bâtiment et
urbanisation et le promoteur du Forum des Marchés d’Adjamé, comme
récapitulé dans le tableau ci-dessous :

54
Tableau récapitulatif du nombre de participants

Caractéristiques de chaque groupe Effectif


Ingénieur Conseil Bâtiment et Urbanisation 1
Directeur du service Technique de la Mairie 1
Responsables protection civile 2
Le Chef du Bureau Prévention GSPM 1
Secrétaire Général de la FENACCI 1
Présidente de l’UCFA 1
Adjointe UCFA 1
Total 8
Source : notre enquête-2019

II-4-LE DEPOUILLEMENT DES DONNEES RECUEILLIES

Le dépouillement est cette étape de la recherche au cours de laquelle l’on


procède à l’inventaire des résultats de l’enquête afin de répertorier les
différentes informations. C’est un examen minutieux qui permet de prendre des
notes et de faire par la suite des décomptes. Dans cette logique, dépouiller
signifie d’abord compter, distribuer les réponses en fonction d’une série de
critères choisis et, les repartir en fonction des objectifs et de l’hypothèse émise
au cours du processus de la recherche.

De façon pratique, ce volet du travail a consisté à faire le rapprochement des


différentes notes recueillies au cours de l’enquête. Ainsi, ayant opté pour une
étude qualitative, nous avons eu recours à l’analyse de contenu thématique pour
le dépouillement des données issues du guide d’entretien.

Que recouvre ce traitement des données d’enquête ?

C’est ce à quoi nous allons à présent nous atteler.

55
Dans la présente étude, les données issues du guide d’entretien sont traitées
essentiellement sur la base du contenu des propos des différents enquêtés. Ceci a
consisté à partir d’un examen systématique d’identifier et regrouper des thèmes,
coder, classer et développer des catégories pour établir des correspondances
entre eux.

De façon concrète, nous avons traité les fiches de lectures, transcription


d’entrevues, notes de terrain, à l’aide d’une grille d’analyse et de fiches
thématiques élaborées en fonction des grandes thématiques de notre recherche.
Ce procédé nous a permis de regrouper nos données en fonction des principaux
objets abordés par les questions que nous avions d’abord posées pour baliser
notre réflexion et de rassembler les réponses à ces questions.

II-5-METHODE D’ANALYSE DES DONNEES : L’Analyse de contenu


thématique

Afin de comprendre les logiques qui fondent la récurrence des incendies du


Forum des Marchés d’Adjamé, la méthode de l’analyse de contenu a été adoptée
comme démarche. L’analyse de contenu est une méthode qualitative ou encore
une technique d’étude détaillée des contenus utilisée dans les sciences sociales,
et qui a pour rôle de dégager les significations, les intentions non directement
perceptibles à la simple lecture des documents.

Dans le cadre de l’étude nous avons opté parmi entre autres techniques
d’analyse de contenus, pour l’analyse par thématique. C’est un procédé qui
consiste en un découpage transversal du corpus à partir duquel le thème est
utilisé comme unité de découpage. Cette méthode a permis de faire ressortir les
perceptions des enquêtés sur chaque thème relatif aux objectifs de l’étude. Il a
été question à cet effet de :

56
- Repérer les unités de sens ou idées significatives contenues dans le
discours des enquêtés : c’est le lieu de dégager les segments de discours en
relation avec l’objet d’étude
- Catégoriser les idées recensées : c’est la catégorisation des segments de
discours afin de les analyser.

L’analyse par thématique, a permis de ressortir les aspects idéologiques,


symboliques et relationnels, qui renvoient à la récurrence des incendies du
Forum des Marchés d’Adjamé.

Mieux, elle a rendu possible de dégager ces différentes dimensions du


phénomène à l’étude et qui légitiment les rapports des acteurs sociaux du Forum
des Marchés d’Adjamé.

II-6-CONDITIONS SOCIALES DE L’ENQUETE

Une difficulté majeure a été l'accès aux ouvrages. Malgré notre abonnement
dans les bibliothèques des sciences sociales, nous n'avons pu obtenir tous les
ouvrages nécessaires pour construire notre problématique, en particulier les
ouvrages sur les marchés traditionnels de l'Europe. Nous avons même consulté
les ouvrages de la bibliothèque Centrale de l’Université, mais nous n'avons pu
trouver de document portant sur les marchés traditionnels de l'Europe (cela nous
aurait permis de faire une comparaison des marchés traditionnels de l'Europe
avec ceux de l'Afrique). Nous nous sommes alors contentés d'un documentaire
sur le marché de Paris, présenté par France 24 pour donner un aperçu de celui-ci.
Ce même problème nous a amenée à avoir régulièrement recours à l'internet.
Aussi, une difficulté s'est située au niveau de l'entretien avec les commerçants
du Forum des Marchés d’Adjamé. Nous avons été confrontés à la réticence de
ceux- ci. Pour ce faire, nous nous sommes par moment constitué en client. Mais
nous nous sommes armé de courage pour aller jusqu'au terme de notre entretien.

57
DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION DE LA
COMMUNE D’ADJAME
ET DU FORUM DES MARCHES

58
CHAPITRE I : LA COMMUNE D’ADJAME

Pour mieux cerner la réaction sociale des commerçants et la criminalité à


Adjamé, une présentation générale de cette commune s’avère nécessaire.

I-1-PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ADJAME

Photo no1 : le rond-point d’Adjamé liberté vers les 220 logements

Source : notre enquête-2019

Adjamé est un quartier d’Abidjan nord, en Côte d’Ivoire. Adjamé, dont le nom
signifie « la rencontre » ou « le centre » en Tchaman, est situé au nord du
quartier du plateau. Adjamé est la commune abritant la plus ancienne souche
abidjanaise, devant Treichville et juste après Bassam. C’est le lieu de la plus
importante gare routière du pays à partir de laquelle les lignes de bus irriguent
l’ensemble de la Côte d’Ivoire ainsi que la sous-région.
Adjamé a une superficie de 1210 hectares et une population de 372 978 mille
habitants. Chaque jour, la commune abrite 2 millions de personnes en raison de
son Forum des Marchés d’Adjamé et de sa situation géographique.

59
I-2-HISTORIQUE DE LA COMMUNE D’ADJAME

Adjamé est un quartier du District d'Abidjan, et le nom signifie "la rencontre" ou


"le centre" en tchaman. Adjamé est la capitale des Bidjan peuple originaire
d'Abidjan composé de : Adjamé, Attécoubé, Agban, Anoumanbo (actuellement
dans la commune de Marcory), Locodjro, Bidjan Santè et Bidjan Cocoly (actuel
Cocody). La signification Bidjan tire son origine du fait que ce peuple installé
dans une zone verdoyante pratiquait la cueillette des plantes qu'on appelle
"m'bi". Nangui Abrogoua était l'un des chefs Ebrié (Tchaman - peuple ivoirien
autochtone vivant au bord de la lagune du même nom). Né vers 1848 et mort
vers 1938 à Abidjan, Nangui Abrogoua était un chef terrien vivant sur la
presqu'île de Boulay, mais originaire du village d'Adjamé. Il a joué un rôle
important dans les négociations avec les colons français pour les droits terriens
du peuple Djemian. Les djemian (aussi appelé Agbou djemian, Koutoukou
djemian) sont un peuple valeureux, travailleur, guerrier. Ils se sont déplacés
successivement de l'actuel Zoo d'Abidjan, aux rives de l'actuelle commune du
Plateau en passant par l'emplacement actuel du stade Félix Houphouët-Boigny
enfin à s'établir définitivement au cœur de la commune d'Adjamé jusqu'à ce jour.
Nangui Abrogoua était un chef de famille, père d'une vingtaine d'enfants et
membre de la génération Dougbo. Aujourd'hui encore l'un de ses petits-enfants
assure la fonction de chef de la communauté djemian. L'un des grands
boulevards du District d'Abidjan porte son nom.
Par ailleurs, c'est à Adjamé que se situe la plus vieille souche abidjanaise.
Tandis que les colons s'installaient au plateau, les premiers migrants, venus
travailler sur le chantier de la voie ferrée, construisirent leurs cases à proximité
du village d'Adjamé. Cette commune est aujourd'hui un centre de négoce intense
où les commerçants malinké, libanais, mauritaniens, etc…, se sont rapidement
installés. Elle est également le lieu de la plus importante gare routière du pays à

60
partir de laquelle les lignes des autocars irriguent tout le pays ainsi que les pays
voisins.
I-3-LES FONDEMENTS PHYSIQUES

I-3-1-Situation géographique de la commune d'Adjamé

Comme à l'origine, ce qui explique son nom, la commune d'Adjamé est située au
centre du district d'Abidjan. Elle est limitée par les communes du plateau,
Attécoubé, Cocody et Abobo. Elle a une superficie de mille deux cent dix
hectares, et une population de 372 978 habitants la nuit. Mais la journée, elle
abrite plus de deux millions de personnes, en raison de sa vocation commerciale
et de sa situation géographique. Aussi, elle abrite la majorité des gares de
l'intérieur et de la sous-région. Elle compte officiellement neuf marchés dont le
plus grand est le Forum des Marchés d’Adjamé. Cependant, le commerce s'est
développé dans toutes les contrées sans exception.
Cette commune abrite généralement les personnes à faible revenu, car les prix
des habitations y sont très abordables, en raison de leur construction (des « cours
communes », généralement).
I-3-2-Le relief

Situé entre le 5ème et le 6ème degré nord, le relief d’Adjamé est assez accidenté
avec la présence de plateaux relativement élevés pouvant atteindre 200 mètres
d’altitude. Deux principales formes de relief se distinguent dans cette commune.
Sur la pointe nord des lagunes, les plateaux avec un vallonnement important dû
à l’érosion. Du côté des lagunes, la plaine fait partie des bassins sédimentaires
côtiers. Ces deux formes sont séparées par un talus.
Le sol est de type ferralitique profond fortement dénaturé. Il est constitué
essentiellement de sable du côté de la plaine côtière et au niveau du plateau, de
sable à la surface et l’argile en profondeur. Ce sol subit fortement l’action du
climat.
61
I-3-3-le climat

Adjamé bénéficie d’un climat de type subéquatorial à régime bimodal


caractérisé par quatre saisons :
-une grande saison sèche allant de décembre à mars
-une grande saison de pluie allant d’avril à mi-juillet
-une petite saison sèche allant de mi-juillet à mi-septembre
-une petite saison de pluie allant de mi-septembre à novembre
Les précipitations sont abondantes et varient entre 1500 et 2500 mm/an reparties
sur 90 à 180 jours avec une température uniforme de 25 30oc. Le climat est donc
chaud et humide. La végétation est marquée par une rareté d’herbes en sous-
bois.
I-4-LES FONDEMENTS HUMAINS

I-4-1- la population et sa structure

La population de notre champ d’étude est estimée à 372 978 habitants la nuit, et
dans la journée à plus de 2000000 d’habitants. Elle a un taux de croissance
annuel de 3,1%. Elle est caractérisée par une diversité ethnique. Selon notre
enquête sur le terrain, elle est constituée en majorité de communauté étrangère.
En effet, avec le processus urbain provoqué par la colonisation et la fonction
résidentielle à lui assigner après les indépendances, Adjamé recevra des
immigrants de divers horizons. Les allogènes ont une forte représentation dans
la population. Les allogènes constituent une mosaïque d’ethnies venues des
autres régions du pays. En fonction de leur origine, ils s’installent différemment
et mènent différentes activités. Les Dioulas ressortissants du nord, les Libanais
et autres s’adonnent le plus souvent aux activités du commerce et du transport.
Les autochtones sont les Ebrié issus du groupe Akan. Nous notons aussi la
présence d’une forte population étrangère issue notamment de la sous-région
Ouest Africaine.
62
Pour ce qui relève de l’organisation sociale et culturelle, le peuple Atchan
d’Adjamé comprend sept (7) grandes familles :

 Locoman
 Kouedoman
 Godouman
 Fiedouman
 Tchadouman
 Douman-abromando
 Gbadoman

La société Atchan est organisée autour de quatre (04) générations selon la classe
d’âge :

 Djehou
 Dogba
 Agban
 Assoukro

Les Ebriés pratiquent le culte des ancêtres. Ils croient en la vie de l’au-delà. Ils
ont un grand respect pour les morts car ceux-ci constituent un medium entre les
vivants et les morts. Chaque année, ils se retrouvent pour les prières rituelles et
l’offrande de la boisson au maître des ancêtres. La fête de génération demeure
l'activité culturelle principale des Tchaman d’Adjamé. Ils pratiquent dans des
proportions variées les religions chrétiennes suivantes : catholicisme, harrisme et
le protestantisme.

63
I-4-2-Les dirigeants de la commune d’Adjamé

A l’instar de toutes les communes, la commune d’Adjamé est sous l’autorité


d’un maire. Plusieurs maires se sont succédé à la tête de celle-ci depuis 1980, et
l’actuel est Monsieur Soumahoro Farikou. Celui qui l’a précédé était Monsieur
Youssouf Sylla qui fut aussi précédé par Monsieur Amondji Pierre.
I-4-3-les réalisations de la commune d’Adjamé

D’importantes infrastructures ont été réalisées au sein de cette commune, malgré


les nombreuses difficultés qu’elle connaît. Elle comprend :

- Une Université

L’Université d’Abobo-Adjamé est issue des trois centres universitaires, qui


étaient affilés à l’Université nationale de Côte d’Ivoire (1971), dont l’origine
remonte à la création du Centre d’enseignement supérieur d’Abidjan en 1958.

- L’Institut National de la Santé Publique

L’INSP est situé à environ cinquante mètres de la mairie d’Adjamé, à proximité


de la commune du Plateau. Il constitue l’un des instituts de santé de dernier
recours du District d’Abidjan.

- Des établissements scolaires

Au nombre des établissements scolaires de la commune d’Adjamé, nous notons


le lycée moderne d’Adjamé, au départ collège moderne. Il y a aussi le lycée
moderne Harris et le lycée moderne Nangui Abrogoua. Les élèves affectés dans
ces différents établissements sont issus de diverses communes. En dehors des
établissements secondaires publics de l’enseignement, il y a des établissements
privés les que , l’IST, le collège Victor Hugo, le collège Victor Schoelcher,
ISCA, etc. Notons également les écoles primaires publiques et privées.

64
I-5-LES DIFFICULTES DE LA COMMUNE D’ADJAME

Les problèmes majeurs que l’on rencontre dans la commune d’Adjamé sont :
l’occupation anarchique des trottoirs par les vendeurs, l’insécurité et
l’insalubrité.

I-5-1-l’occupation anarchique des trottoirs

La circulation est pénible dans la commune d’Adjamé, quel que soit la voie
empruntée. Cela est dû à l’insuffisance d’infrastructure routière, mais aussi au
fait que les trottoirs et les pourtours soient occupés de façon anarchique par les
vendeurs. Le boulevard Nangui Abrogoua compte quatre chaussées et deux
trottoirs. Deux chaussées au centre sont réservées à la circulation des autobus et
une chaussée à chaque extrémité réservée à la circulation des autres véhicules.
Cependant, la circulation est presqu’impossible sur les deux chaussées de
l’extrémité, tant les vendeurs les ont assaillies. Ils sont installés de part et d’autre
des chaussées, gênant souvent la circulation des autobus et empêchant celle des
autres véhicules comme annonce la photo no2 :
Photo no2 : le tronçon du boulevard Nangui Abrogoua

Source : notre enquête-2019


65
A la Renault, en plus de l’occupation anarchique des trottoirs par les vendeurs, il
y a la circulation imprudente des chauffeurs de mini car communément appelés
« gbaka ». Ces deux phénomènes associés peuvent conduire le voyageur ou
l’automobiliste à y passer une heure, au lieu de cinq minutes environ. Ce
scénario est similaire sur toutes les voies de la commune d’Adjamé.

I-5-2-l’insécurité

Des personnes sont souvent agressées et dépouillées de leurs biens à Adjamé.


Cela amène les personnes à haut revenu à ne pas la fréquenter. Cependant, à
cause du fait que les prix des articles y sont très abordables par rapport aux
autres communes du District, et à cause du niveau de vie généralement faible de
la population, les marchés d’Adjamé connaissent un grand engouement.

I-5-3-L’insalubrité

L’autre mal dont souffre la commune d’Adjamé est l’insalubrité. Adjamé est
l’une des communes du district d’Abidjan réputée pour son état d’insalubrité, en
raison de son statut commercial.

Abidjan est une ville qui détient de nombreux marchés. Chaque commune a en
son sein, un endroit où tout le monde peut se réunir pour vendre ou acheter.
Plusieurs sont plus grands par contre, d’autres communes ont juste de petits
espaces. En effet, faisons un tour à Adjamé pour visiter le Forum des Marchés
dans toutes ses caractéristiques.

66
CHAPITRE II : LE FORUM DES MARCHES D’ADJAME

II-1-PRESENTATION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME

Le Forum des Marchés d’Adjamé présente une belle allure de l’extérieur et a


une structure architecturale imposante. C’est le plus grand marché de l’Afrique
de l’ouest, hormis celui du Nigéria. Il est connu à travers la sous-région. Il est
situé dans le quartier « mairie 1 » de la commune d'Adjamé. Il a une superficie
de seize mille onze mètres carré. Il est situé en face du commissariat du
troisième arrondissement, à cinquante mètres de la mairie d'Adjamé en venant
de la commune du Plateau, en bordure du boulevard Nangui Abrogoua comme
annonce la photo no3 :

Photo no3 : le Forum des Marchés d’Adjamé

Source : notre enquête-2019


Le marché est composé de 210 box avec un prix fixé à 10 millions l’unité et
2200 étalages établis à 35 mille francs le prix Toutes Taxes Comprises, deux
rez-de-chaussée et 8 voies isolantes. Il regorge au total plus de 15 mille

67
personnes. Il a en son sein deux grands supers marchés avec des prix vraiment
abordables. Toutes sortes de vente sont possibles dans ce marché. Les uns
vendent des produits cosmétiques, les bijoux, des vêtements. Les autres se
spécialisent dans le commerce de pagnes et de chaussures. Si vous êtes un
vendeur, il existe de nombreux marchands de gros qui sont pour n’importe quel
produit comme les mèches par exemple. Il est même possible de retrouver des
articles en vogue en France, en Angleterre, et à Dubaï. Le Forum des Marchés
d’Adjamé détient une ruelle exceptionnellement réservée à la vente de tissu et de
matériaux de couture. Là-bas, vous y trouverez des tissus de plusieurs qualités à
de bon prix.
Le Forum des Marchés d’Adjamé est le seul marché d’Abidjan où plus de 30
millions de francs circulent chaque jour entre clients et vendeurs. Cet édifice fait
la fierté de la ville car sa renommée dépasse les frontières du pays. La plupart
des habitants des pays de l’Afrique rêvent de pouvoir visiter ce si grand marché
à cause de la diversité des ventes et leur prix bon marché.

II-2-HISTORIQUE DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME

Crée depuis plus de dix (10) ans, le Forum des Marchés d’Adjamé avait été
construit dans le but d’implanter un grand centre commercial pour toute la ville
d’Abidjan. C’est de ce fait que les populations de toutes les communes
accouraient vers cette commune dans l’optique de vendre des produits de tous
genres. De cet engouement est né le marché Gouro, le plus grand marché de
produits vivriers d’Abidjan. Le Forum des Marchés d’Adjamé a été sujet
d’incendies deux fois de suite en moins de dix (10) ans. Le lieu qui abrite le
Forum des Marchés d’Adjamé abritait le grand marché d'Adjamé. La volonté de
reconstruire ce marché est venue des suites des incendies à répétition que
connaissait le grand marché. En effet, en 1989 et en 1993, le grand marché
d'Adjamé a connu des incendies qui ont fait le malheur des vendeurs. Les

68
constructions s'étant dégradées, et pour éviter de telles catastrophes, Monsieur
Dembélé Lacina, alors maire prend l'initiative de le reconstruire. Les travaux de
construction ont commencé après son mandat, en 1997 sous le mandat de
Monsieur Amondji Pierre, qui signa le contrat de construction avec la SICG.

II-3-SITUATION GEOGRAPHIQUE DU FORUM DES MARCHES

Le territoire qui abrite notre étude est le Forum des Marchés d’Adjamé. Il est
situé dans le quartier « mairie 1 » de la commune d'Adjamé. Il a une superficie
de seize mille onze mètres carré. Il est situé en face du commissariat du
troisième arrondissement, à cinquante mètres de la mairie d'Adjamé en venant
de la commune du Plateau, en bordure du boulevard Nangui Abrogoua comme
l’indique la figure n°1 cité plus haut.
De façon particulière, ce Forum des Marchés d’Adjamé se situe à moins de 500
mètres de la plus grande caserne des Sapeurs-pompiers Militaires de Côte
d’Ivoire en l’occurrence la compagnie de l’indénié. Cette unité, à elle seule,
dispose de 40% du matériel des soldats du feu. En plus de cet état de fait, ce
Forum des marchés est à moins de 200 mètres du commissariat du 3ème
arrondissement qui par l’action de la police nationale peut alerter rapidement les
Sapeurs-pompiers. Il est important d’y adjoindre la mairie qui se situe à moins
de 50 mètres qui par ses abords intègre même le marché. A cela s’ajoute le
Camp GALILIENI qui reste l’espace abritant l’Etat-major des Forces Armées de
Côte d’Ivoire. Ce camp peut fournir des ressources humaines et matérielles pour
aider à l’extinction d’un incendie.

II-4-DESCRIPTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME

Le Forum des Marchés d’Adjamé constitue le plus important des neuf marchés
de la commune d'Adjamé. Il est construit en deux étages avec une capacité de
treize mille places. Il est composé de trois types de places : les magasins ou

69
galeries, les boxes et les tables des denrées alimentaires. Le premier et le
deuxième étage sont divisés en quartier, au nombre de neuf. Chaque quartier est
divisé en parcelle, au nombre de quatorze, comprenant en moyenne quatre-
vingt-cinq box. Le premier étage a une superficie totale d'environ seize mille
mètre carré. Il comprend cinq quartiers occupés en moyenne à soixante pour
cent. Le deuxième étage quant à lui a quatorze mille mètre carré de superficie, et
comprend quatre quartiers entièrement déserts.
Au rez-de-chaussée, nous avons une aire de vente de seize mille mètres carré qui
abrite les magasins et les tables de denrées alimentaires comme annonce la
photo no4 :
Photo no4 : le rez-de-chaussée du Forum des Marchés d’Adjamé

Source : notre enquête-2019


Cet espace abrite également des locaux poubelles, des bureaux de la SICG,
quatre banques, une pharmacie.
Le Forum des Marchés d’Adjamé présente huit entrées au niveau du premier
étage, celles- ci font une ouverture sur le deuxième étage.

70
L'effectif du public susceptible d'être admis étant estimé à quinze mille
personnes, l'établissement est à classer en première catégorie de type M,
conformément à l'article 19 du décret n° 79-12 du 10 Janvier 1979, relatif à la
protection contre les risques d'incendie et de panique dans les établissements
recevant du public et de l'article GN1 de l'arrêté n° 292/ SAPC du 10 Décembre
1985, portant règlement de sécurité dans les établissements recevant du public
(dispositions générales).

II-5-LE FONCTIONNEMENT DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME

Le premier responsable du forum des marchés d’Adjamé est le maire


Soumahoro Farikou. Il est aidé dans sa tâche par son Secrétaire Général. Afin de
mener à bien la création et la gestion de cette importante infrastructure, plusieurs
services ont été mobilisés et crées. Il y a ainsi les services techniques qui
regroupent divers services : la régie des taxes, le service qui veille à l’occupation
des places et au règlement des litiges (relatifs aux acquéreurs des places du
forum des marchés), et un cabinet juridique. Le service qui s’occupe de
l’occupation des places et du règlement des litiges a été créé après le retrait de la
gestion du marché au promoteur. La régie des taxes également a commencé à
encaisser les taxes du Forum des Marchés après constatation du non reversement
de la cote part de la mairie. Ces deux services sont donc circonstanciels.

II-5-1-Le département des services techniques

C'est un département qui regroupe en son sein sept services. Il a à sa tête le


Directeur Technique, dont les attributions (au nombre de dix) sont déterminées
sous l'autorité du Secrétaire Général. Les différents services ont chacun un
responsable et des collaborateurs. Nous avons ainsi :

71
- Le Service de la gestion du personnel et matériel des services
techniques

Il a pour missions essentielles, l'identification de tout le personnel, le


mouvement du personnel (congé et permutation), ainsi que le contrôle de
présence. Par ailleurs, il contrôle les rapports d'activités de tous les services, il
sanctionne ; mais aussi récompense le personnel. En outre, il gère le secrétariat,
les fournitures de bureaux, les courriers, le gardiennage, l'entretien des locaux.

- Le service parc-autos et abris

Il comprend deux cellules que sont la cellule parc- autos et la cellule abris.

Elle a pour fonctions essentielles le recensement de tous les véhicules. Elle


s'occupe aussi de leur situation administrative et de leur affectation. Elle
contrôle également l'utilisation des véhicules, ainsi que leur suivi et leur
entretien. Elle se charge par ailleurs de la location du car de la commune.

Cette dernière se charge de la programmation de la location des abris, de


l'entretien et de la pose.

- Le service du domaine et construction

Ce service est également divisé en deux cellules notamment, la cellule du


domaine et la cellule de la construction.

 La cellule du domaine

Elle se charge de la recherche et de la mise à jour des plans (urbanisme,


cadastre,). Elle contrôle les lotissements et les occupations illicites. Elle recense
et confectionne les dossiers des terrains de la commune. Elle s'occupe également
de la documentation et de la relation avec le ministère de tutelle.

72
 La cellule construction

Elle s'occupe de l'étude des projets avec établissement de dossiers techniques.


Elle établit la relation avec le ministère de tutelle, suit et contrôle les travaux de
construction de la mairie. Pour les travaux des tiers, elle vérifie l'autorisation de
construire et délivre les visas. Elle assure aussi les pénalités (mise en demeure,
démolition, etc.), ainsi que la protection civile.

- Le service voirie réseaux divers et transport

Ce service comprend aussi deux cellules que sont la cellule voirie réseaux divers
et la cellule transport.

 La cellule voirie réseaux divers

Elle comprend douze agents. Son rôle est d'identifier et de recenser les voies
(plans de voirie). Elle étudie les projets, suit et contrôle les travaux. Par ailleurs,
elle assure l'entretien routier et le désencombrement des voies. Elle entretient
également les réseaux d'assainissement (eaux usées) en relation avec la Société
de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire, et est aussi en relation avec la CIE pour
l'éclairage public.

 La cellule transport

Elle comprend en son sein six agents, délivre l'autorisation des titres ; créé, gère
et contrôle les gares. Elle est aussi en relation avec le ministère du transport et
les syndicats des transporteurs.

- Le service d’hygiène

Le service d’hygiène est subdivisé en quatre cellules : Nord, Sud, Est, Ouest ;
ayant toutes le même rôle. Elles ont chacune pour mission l'information, la
sensibilisation et l'éducation de la population. Elles contrôlent l'hygiène du
73
milieu suivent l'hygiène alimentaire et établissent des fichiers. Elles contrôlent
également les hôtels et les infirmeries. Elles effectuent des opérations de
désinsectisation et de dératisation.

- Le service des marchés

Le service des marchés a pour rôle l'identification, le recensement, l'entretien et


le contrôle sanitaires des marchés.

- Le service parcs et jardins

Le service parcs et jardins est chargé de la création et de l'entretien des jardins.


Chacun de ces services et cellules rédige un rapport d'activités chaque mois.

Parmi ceux- ci, il y a trois qui interviennent directement dans le fonctionnement


du forum des marchés, et qui ont fait l'objet de nos visites. Ce sont : le service
du domaine et construction, le service de la voirie réseaux divers et transport, et
le service des marchés.

I-5-2-Le service qui veille à l’occupation des places et règlement des conflits

Il a pour responsable l'attaché du cabinet du maire. Sa mission essentielle est de


veiller à l'occupation des places et du règlement des litiges entre les acquéreurs.
Le contrat signé entre la mairie et les souscripteurs stipule que les acquéreurs
qui ne mettront pas leur place en exploitation se les verront retirer. Ce service
est sous l'autorité de l'attaché du cabinet du maire qui travaille avec des
collaborateurs au nombre de quatre.

I-5-3-La régie des taxes

C’est une cellule des services financiers de la mairie d’Adjamé. Elle est sous
l’autorité de la direction financière, cette dernière est elle-même sous l’autorité
du Secrétaire Général. La cellule régie des taxes a pour responsable le régisseur

74
qui travaille avec des collaborateurs qui sont les collecteurs et les contrôleurs ou
indicateurs.
Les contrôleurs et les collecteurs ont chacun à leur tête un chef qui est en
collaboration directe avec le régisseur. Il existe deux types de collecteurs : les
collecteurs de bureau et ceux de terrain. Les collecteurs de bureau se chargent de
la vente des timbres communaux ; tandis que les collecteurs de terrain placent
les tickets de droit de place sur les étables. Chaque collecteur de terrain a une
zone où il travaille. Cette zone n’est pas figée, le collecteur peut être muté du
jour au lendemain dans une autre zone.
Quant aux contrôleurs, ils ont la charge d’aller sur le terrain, rencontrer les
vendeurs pour les inciter à payer les taxes et les impôts.
Les occupants des magasins paient l’impôt forfaitaire mensuel allant de 6500 à
19000 francs de communauté financière africaine, en fonction de l’importance
de l’activité. Cette somme est versée directement à la mairie. Au-delà de 19000
francs de communauté financière africaine, le vendeur paye la somme aux
impôts.

Les vendeurs des légumes paient des taxes journalières de 150 francs de
communauté financière africaine par table. Les occupants des box paient 200
francs de communauté financière africaine par box. Au-delà de cette somme,
ceux qui ont érigé plusieurs box en magasin sont soumis à l’impôt forfaitaire
comme les occupants des magasins, avec les mêmes modalités de paiement.

Les vendeurs des trottoirs et pourtours paient des taxes journalières de 150
francs de communauté financière africaine par table d’un mètre. Cette somme
également varie en fonction de l’importance de l’activité.
Pendant les semaines de foire organisées par le district d’Abidjan, les vendeurs
des trottoirs paient quotidiennement 500 francs de communauté financière
africaine ou 1000 francs de communauté financière africaine comme taxe au
district, selon l’importance de l’activité. Au niveau de la mairie, ils versent la
75
somme qu’elle gagne chaque jour grâce à l’activité commerciale sur les trottoirs.
Ainsi, ils ne lui paient plus la taxe journalière.

I-5-4-le service juridique

Il a pour rôle le règlement des conflits entre la mairie et les tierces personnes
(morales ou physiques). Il s’occupe de tout ce qui est juridique telle la
conclusion des contrats de la mairie avec les tiers.

Au-delà de ces différents services, il y a la commission nationale qui veille à la


sécurité du Forum des Marchés d’Adjamé à cause de son importance structurale.

76
TROISIEME PARTIE :

LES LOGIQUES DE
RECURRENCE DES INCENDIES
AU FORUM DES MARCHES
D’ADJAME

77
CHAPITRE I : LES STRATEGIES DE GESTION DU FORUM DES
MARCHES D’ADJAME

I-1-LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA GESTION DU FORUM DES


MARCHES D’ADJAME

Dans cette partie, il s’agit d’identifier les différents acteurs impliqués dans le
processus de gestion du Forum des Marchés de la commune d’Adjamé.
L’analyse des données de l’enquête de terrain a permis d’identifier trois
catégories d’acteurs à l’œuvre et s’inscrivant dans les logiques d’actions
contradictoires. La structuration des rapports met en lumière des conflits latents
et manifestes qui ont pour conséquence l’inefficacité dans ledit processus, ce qui
engendre des incendies à répétition au sein du Forum des Marchés d’Adjamé.
Dans le processus de gestion du Forum des Marchés d’Adjamé se trouve les
différents acteurs qui interviennent. Ce sont entre autres :
 La mairie d’Adjamé

 Le ministère de la construction et de l’urbanisme

 La Société Ivoirienne de Concept et de Gestion (SICG)

 La Fédération Nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire

Ainsi, il importe que nous présentions le rôle de ces acteurs.

I-2-LE RÔLE DES ACTEURS DANS LA GESTION DU FORUM DES


MARCHES D’ADJAME

I-2-1- LA MAIRIE DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES


D’ADJAME

Le premier responsable du Forum des Marchés d’Adjamé est le maire. Il est aidé
dans sa tâche par son Secrétaire Général. Voici la photo no5 qui annonce cet
édifice :

78
Photo no5 : la mairie de la commune d’Adjamé

Source : notre enquête-2019


Le rôle de l’élu local est celui d’un intermédiaire ou d’un médiateur qui établit
une communication dans son sens le plus large, entre différents segments ou
réseaux de la société locale (Garraud, P. 1994). La direction technique
fonctionne sous les ordres d’un chef de service qui procède à la répartition des
fonctions. Il détermine les endroits stratégiques du Forum des Marchés
d’Adjamé qui nécessitent d’être sous protection et haute surveillance. Il travaille
en étroite collaboration avec le ministère du commerce ainsi que le ministère de
la construction et de l’urbanisme.
Afin de mener à bien la création et la gestion de cette importante infrastructure,
plusieurs services ont été mobilisés et créés. Ainsi les services techniques qui
regroupent divers services : la Régie des Taxes, service qui veille à l'occupation
des places et au règlement des litiges (relatifs aux acquéreurs des places du
Forum des Marchés), et un cabinet juridique. Le service qui s'occupe de

79
l'occupation des places et du règlement des litiges a été créé après le retrait de la
gestion du marché au promoteur. La régie des taxes également a commencé à
encaisser les taxes du Forum des Marchés après constatation du non reversement
de la cote part de la mairie.
L’implication de la mairie dans la gestion du Forum des Marchés se perçoit à
travers sa direction technique. La section hygiène et environnement de ce
service a pour principale mission la gestion des ordures ménagères, la lutte
contre toute forme de pollution, l’hygiène alimentaire et les risques d’incendies.
Ce service a pour rôle de sensibiliser les usagers (commerçants) sur les
questions d’assainissement du cadre de vie ainsi que les risques d’incendies au
sein du Forum des Marchés d’Adjamé. La mairie encourage toujours les agents
de la direction technique dans l’exercice de leur travail. Explicitement, les
moyens matériels et humains dont le service technique dispose doivent croître
en qualité et en nombre. Suivant ce qui s’observe, la compétence humaine doit
être améliorée à travers des formations et même des séminaires. Comme le disait
le chef du service technique : « la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé est
un travail qui se planifie sous la base de connaissances acquises et solides.
Car ce site demeure le seul marché d’Abidjan où plus de trente millions de
francs (30 000 000f) circulent chaque jour entre clients et vendeurs. C’est
d’ailleurs un édifice qui fait la fierté de la ville en ce sens que sa renommée
dépasse les frontières du pays ». Affirme le Directeur du Service Technique de
la Mairie.
Conscient de la pleine responsabilité qui revient à la mairie, le maire tente de se
donner le privilège de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les risques
d’incendies. Cependant, il reste handicapé par une insuffisance criarde de
moyens matériels qu’humains. Pour cela, voici les propos tenus selon
lesquels : « le maire est aujourd’hui dépassé de par ses capacités financières,
matérielles et humaines. Il doit songer à renforcer l’effectif des agents de la
police municipale au nombre de 317 sur le terrain, les équiper en matériels de

80
travail puis revoir les taxes, les conditions d’acquisition de magasins, les
installations et branchements électriques afin de l’aider à mieux gérer ce site
puis éviter d’éventuel incendie ». Affirme un ressortissant de la commune. En
effet, la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé est devenue une tâche
extrêmement complexe eu égard la pression des activités commerciales que
connaît cette commune. Ce qui signifie que les moyens financiers, matériels et
humains dont dispose la mairie ne sont plus en adéquation avec les tâches à
réaliser. Explicitement, les moyens financiers doivent s’augmenter tout comme
le matériel de travail doit croître en qualité et en nombre.
En un mot, les compétences humaines doivent s’améliorer qualitativement et
quantitativement afin de donner une dynamique à la gestion de ce site.
Par contre, il est arrivé de voir dans le Forum des Marchés d’Adjamé, des
branchements anarchiques et même frauduleux de câbles électriques dans toutes
les contrées de l’établissement, ce qui crée le plus souvent des incendies comme
annonce la photo no6 suivante :
Photo no6 : le Forum des Marchés d’Adjamé en feu le 22/06/2017

Source : Notre enquête-2019

81
Des flammes qui amènent toujours à se poser des questions dont les réponses ne
viendront jamais, en tout cas pour l’instant. Et, cette série noire continue
d’endeuiller les populations n’ayant aucune garantie ou moyen de prévention
pour mettre fin à ce fléau qui ruine indirectement l’économie du pays. A ce
sujet, voici les propos tenus par un commerçant de riz au Forum des Marchés
d’Adjamé: « je ne sais pas quel mot employer. Mais, je suis plus que déçu de
cette situation. J’ai perdu plus de cinq millions de francs (5 000 000f) de
marchandises que je venais de retirer du port ». Affirme un commerçant du
Forum des Marchés d’Adjamé.
Pour lui, ce phénomène ressemble de près à un acte prémédité. Car « c’est
toujours la même cause de court-circuit, pourtant les soirs, tout le monde
rentre chez soi ». Ce dernier a tout perdu, même les marchandises des clients
qu’il avait réservées dans son magasin.
La mairie accuse le promoteur d’être le premier responsable des catastrophes
d’incendies causés au Forum des Marchés d’Adjamé suite à des défaillances au
moment de la réalisation des travaux, notamment des câbles non fixés
correctement et l’exploitation abusive de l’espace.

I-2-2-LA SICG DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES

La SICG est la société promotrice qui a construit le Forum des Marchés


d’Adjamé. Elle dispose des locaux annexes au sein de cette infrastructure.
Selon le contrat, la SICG devrait gérer le Forum des Marchés d’Adjamé pendant
trente-cinq ans avant de le restituer à la mairie. Elle devait faire la collecte des
taxes et reverser à la mairie la quote part qui devrait lui revenir. Mais, on
constate une négligence au niveau de la gestion. Il y a des compartiments qui
sont dans l’obscurité totale, d’où sans éclairage et l’insécurité règne suite aux
risques d’incendies que cela peut engendrer. Les faits sont innombrables à ces
niveaux. On note la défectuosité des bouches d’incendie et leur inaccessibilité
82
aux engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie. Les
robinets d’incendie armés ne sont plus fonctionnels, et les deux suppresseurs
sont en panne. Notons également l’absence de moyens d’extinction de premiers
secours (extincteurs), et l’absence de dispositifs sonores permettant de prévenir
le personnel de sécurité incendie.
L’action de la SICG ne reposerait-elle pas sur un intérêt économique ?
En effet, la mairie ne s’est limitée qu’à l’offre de l’espace pour la construction
du forum des marchés. La recherche du financement incombait au promoteur.
En exploitant les espaces vierges prévus et en divisant la longueur de chaque
box par deux, cela lui a permis d’avoir des bénéfices, et lui permettant ainsi la
réalisation du marché. Car le promoteur a demandé aux souscripteurs de lui
verser l’argent pendant la réalisation des travaux. La somme initialement fixée
était de 350.000f par box. Par la suite, la SICG a réclamé 100.000f de plus aux
souscripteurs. Au regard d’un tel changement au cours de la réalisation du
marché, on peut dire que le promoteur était confronté à un problème de
financement.
Le conflit qui règne autour de la gestion du Forum des Marchés entre la mairie
et la SICG n’est pas en faveur des vendeurs. Il empêche toute rénovation
pouvant améliorer la structure du marché ; chacun étant préoccupé à défendre
ses intérêts.

I-2-3- LA FENACCI DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES

La Fédération Nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire (FENACCI)


compte en son sein 300.000 commerçants repartis en 135 sections sur le
territoire national et 36 syndicats sont affiliés à cette fédération. Elle a été
créée conformément à la loi N° 60-315 du 21 septembre 1960 portant création
des Associations en Côte d’Ivoire. Autorisée par les Agréments N°
0044/MVA/SGI du 20 Octobre 1997 et N° 12 DA/D6AD du 27 Février 2003,

83
elle regroupe plusieurs nationalités à savoir les Ivoiriens, les Libanais, les
Maliens, les Burkinabés qui sont majoritaires, les Nigériens, les Nigérians, les
Guinéens, les Marocains, les Sénégalais…
La FENACCI, selon ses responsables, est aujourd’hui, un outil de
développement incontournable du commerce et des commerçants de Côte
d’Ivoire. Ainsi, l’objectif visé est entre autres, le positionnement de la Côte
d’Ivoire au rang des premières destinations des Investissements Directs
Etrangers (IDE) dans le monde. Auprès des commerçants, la FENACCI se
charge de la formation, la formalisation, la défense des intérêts des
commerçants et est l’interlocuteur des commerçants vis-à-vis de l’Etat. Elle
s’occupe également de l’organisation des marchés et des commerçants et sert
d’intermédiaire entre les commerçants et les bureaux des marchés.
En constatant l’impact du commerce, ce secteur occupe une place de choix
dans l’économie de la Côte d’Ivoire. Il regorge des potentialités encore mal
exploitées qu’on se doit d’identifier et de conquérir au-delà des contraintes
structurelles. Le poids économique des commerçants et des opérateurs
économiques en Côte d’Ivoire se traduit par le maintien d’un taux de
croissance de 1,8%, ce qui correspond à un mouvement de 20 millions de
tonnes de marchandises en Import-export par an, et une alimentation du
budget de l’Etat à hauteur de 1650 milliards en moyenne annuellement

I-3-LES DIFFICULTES RELATIVES A LA GESTION DU FORUM DES


MARCHES D’ADJAME

Les difficultés sont nombreuses et de plusieurs ordres. Cependant, nous


évoquons ici les plus importantes :

84
- Au niveau de l’occupation

Le Forum des Marchés d’Adjamé est surexploité par les vendeurs. Le deuxième
étage est entièrement désert. En effet, les commerçants de ce niveau vu le
manque de clients ont installé des personnels au rez-de-chaussée et le long du
boulevard Nangui Abrogoua pour avoir des clients. Quant au premier étage, il
est occupé à environ soixante pour cent (60%). Paradoxalement, on assiste à une
occupation anarchique des vendeurs partout autour du marché et des trottoirs du
boulevard Nangui Abrogoua, au point où la circulation devient difficile, voire
impossible à certains endroits.

- Au niveau de l’insalubrité

L’on constate un état d’insalubrité totale (puanteur, présence de lixiviat issu de


la décomposition des tas d’ordures). La terrasse du rez-de-chaussée est
dégradée, à telle enseigne que les consommateurs se retrouvent dans la boue
lorsqu’ils font leurs emplettes, pendant la saison pluvieuse.

Il y a aussi la mauvaise conservation des produits de pêche due au manque de


chambres froides. L’insuffisance des blocs latrines entraine une surexploitation.
Notons aussi le mauvais entretien de ces latrines et l’absence de poste de lavage
de main et de distributeurs de savons dans les toilettes. Cela expose le public à
des risques sanitaires (dermatoses, diarrhée, fièvre typhoïde, choléra, etc).

Les canalisations qui doivent permettre de drainer les eaux de ruissellement vers
les réseaux souterrains d’eaux pluviales sont inexistants ; ainsi que les
canalisations d’évacuation des eaux usées. Le plancher est toujours humide et
glissant, surtout dans les zones de poissonneries et boucheries. Par ailleurs, les
box du deuxième étage, inoccupés depuis l’ouverture du marché servent de
toilette. L’on y respire des odeurs nauséabondes résultant de l’urine, des
excréments d’homme et de souris. Ce lieu est toujours jonché de dépôts

85
insalubres. Le service d’hygiène est quasiment impuissant face à ce fait. En
effet, ce service manque de moyens de coercition face à l’incivisme des usagers.

- Au niveau de l’insécurité

Le surpeuplement du marché facilite les agressions des personnes. Aussi, le


mauvais éclairage du marché est un facteur aggravant pour la sécurité des
personnes. A cela nous pouvons ajouter la défaillance du système d’alarme et de
certains moyens de secours. Cet état de fait impacte négativement sur la
sauvegarde des vies et des biens.

- Au niveau de l’accès

Les quatre voies isolant le marché des constructions voisines sont encombrées.
Elles sont obstruées par l’occupation anarchique des vendeurs et des dépôts
d’ordures ménagères. Le rez-de-chaussée et toutes les allées de circulation sont
également encombrés par les vendeurs. Les escaliers sont insuffisants en nombre
et en largeur. Des revêtements horizontaux (chape et carrelage) posés par les
commerçants réduisent les circulations. Le rez-de-chaussée est surpeuplé
pendant que le deuxième étage est laissé à l’abandon.

- Au niveau de l’état du bâtiment

Les planchers qui n’ont pas reçu de revêtement fini se dégradent. La terrasse du
rez-de-chaussée et des deux étages sont dans un état de dégradation avancée.

En somme, on retient que les acteurs intéressés par la gestion du Forum des
Marchés d’Adjamé ne manquent pas à Adjamé. Car, l’on n’ignore pas l’intérêt
que cet établissement comporte pour la survie et même le bien-être des
populations. Cependant, les rôles sont disparates et non coordonnés. Chaque
groupe d’acteurs, pour l’importance qu’il accorde à ce Forum des Marchés,
s’engage comme il le peut pour le protéger contre les incendies. De telles formes

86
d’actions amènent à s’interroger sur la nature des rapports des acteurs dans la
gestion de ce forum des marchés.

I-4-RAPPORTS ENTRE LES ACTEURS DANS LA GESTION DU


FORUM DES MARCHES D’ADJAME

L’interactionnisme symbolique permettra d’analyser la relation qui se développe


entre les différents acteurs. L’aspect théâtral est important car le jeu de rôle
participe également à la symbolique et contribue à attirer la sympathie des
populations. Elle explique également la dimension relationnelle du ministère de
tutelle. Mais, surtout, l’interactionnisme servira à mesurer l’impact que peut
avoir la relation sur l’adhésion des populations à l’action publique locale.

La grande majorité des enquêtés affirment qu’il n’existe aucune relation entre
les commerçants (acteurs locaux) et le ministère de construction, puis la mairie
(acteurs institutionnels). En effet, selon leur dire, le maire de la commune
d’Adjamé ne les associe pas aux différentes réunions et prises de décisions dans
la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé. Bien qu’ils sachent, puis
reconnaissent qu’il existe effectivement des associations de commerçants au
sein du Forum des Marchés d’Adjamé. Mais, ils estiment que, nous association
de commerçants, sommes à la base des incendies provoqués dans le Forum des
Marchés. Alors, ils préfèrent nous exclure des réunions et prises de décisions.
C’est ainsi qu’affirme un chef d’association des commerçants du forum :
« quand tu es devant les faits accomplis, que peux-tu dire d’autre ?
Tout compte fait, j’ai donné mon point de vu au directeur du service technique
de la mairie en tant que responsable d’association, il m’a dit ok, c’est pris en
compte, mais dans la pratique, je voie que nos perceptions et nos intérêts ne
sont pas pris en compte ». C’est sûrement ce qui a entraîné les contestations, les
conflits et le désintéressement des commerçants.
Ce point de vue sera appuyé par une femme, responsable d’association des
femmes commerçantes du marché en ces termes : « si c’est notre présence aux
87
différentes réunions et prises de décisions qu’on appelle nous impliquer, je
suis désolé. Notre implication est bien plus qu’une simple présence. Dans la
pratique, il faut consulter les commerçants et prendre en compte leurs intérêts
avant toute application ».

Dans l’ensemble, les rapports entre les acteurs dans la gestion du forum des
marchés d’Adjamé ne sont pas solides. Ils sont même parfois conflictuels parce
que d’une part la mairie de la commune d’Adjamé accuse les commerçants du
forum d’être responsables des incendies de ce site, et d’autre part, ce sont eux
encore qui pensent que les deux ministères de tutelle (ministère du commerce,
ministère de la construction et de l’urbanisme) ne prennent pas leurs
responsabilités au profit de la protection de ce site contre les incendies.

Toute somme, on retient que les rapports entre les acteurs ne sont pas
complémentaires. Ce qui s’explique par le fait que la mairie en tant qu’acteur
principal n’implique pas véritablement les commerçants à la gestion du Forum
des Marchés d’Adjamé. Il veut tout faire tout seul. Et pourtant, il ne dispose pas
de toutes les capacités pour y arriver. En outre, on ne perçoit surtout pas de
communication entre les supposés acteurs. C’est tout cela qui peut constituer les
limites dans la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé.

I-5-LE DYSFONCTIONNEMENT AU NIVEAU DES ACTIONS MENEES

Les discours produits par les différents acteurs s’inscrivent dans le processus de
légitimation des actions tout en disqualifiant les autres acteurs engagés dans les
mêmes logiques d’actions. Au lieu de s’inscrire dans la synergie d’action des
différents acteurs impliqués dans la gestion de ce site, on assiste sur le terrain à
une autonomie des différents acteurs engagés. L’autorité publique qu’exerce la
mairie n’est qu’une autorité de fait. Pour le sociologue Erving GOFFMAN « la
vie sociale est une sorte de théâtre, où les individus sont des acteurs qui
endossent des rôles différents selon les lieux où ils se trouvent. Le but du jeu est

88
de faire bonne figure et de permettre à chacun de garder la face » (GOFFMAN
E. 1973, p. 25-49).
La communication est alors, d’après lui, faite d’un ensemble de « rituels
d’interaction », de geste, de mimiques et d’expressions verbales.

I-5-1-Au niveau symbolique

La grande majorité des commerçants enquêtés confirme la récurrence d’incendie


au sein du Forum des Marchés d’Adjamé. En réalité, l’on n’a jamais vu
comment se déclenche le feu dans ces marchés. Donc difficile de savoir les
mobiles réels ou les causes. L’incendie a ruiné et continue de ruiner de
nombreux commerçants.
Pour l’Office Nationale de la Protection Civile (ONPC), les cas d’incendies
peuvent être provoqués par l’encombrement du marché, l’inexistence
d’isolements, présence de câbles non fixés correctement, surcharges des prises
électriques et branchement anarchiques. A côté de cela, il faut reconnaître que
les marchés aujourd’hui sont surpeuplés et les voies encombrées. Car
l’estimation moyenne des marchés modernes doit équivaloir à 12000 places.
Malheureusement, au Forum des Marchés d’Adjamé, l’on assiste à des
installations anarchiques des fils électriques. Des situations qui favorisent des
cas d’incendies. Par exemple, lors d’une ronde dans le forum des marchés
d’Adjamé, nous avons été stupéfaits de constater qu’il n’y avait aucun
désenfumage. Ce qui rend difficile le travail des Sapeurs-pompiers en cas
d’incendie. Aussi, l’inexistence de Comité de distribution de courant électrique
pose un véritable problème au sein du forum des marchés. Ceci signifie que la
campagne de sensibilisation n’atteint pas son objectif, qui est non seulement
d’informer avec l’aide des structures (FENACCI, ONPC) mises en place afin de
provoquer un changement de comportement et même éradiquer les incendies.
Alors, dans ces conditions, l’on peut s’interroger sur l’impact réel et la

89
rentabilité sociale de ces campagnes de sensibilisation. Les actions menées
auprès des commerçants se révèlent inefficaces dans la mesure où ceux-ci
affichent une indifférence face aux différentes campagnes de proximité et
médiatiques. Aussi, faudrait-il noter que la participation des commerçants reste
insuffisante à cause de l’inexistence des structures d’éducation et d’encadrement
sur la sensibilisation au Forum des Marchés d’Adjamé. Les rares campagnes
d’information et de sensibilisation menées jusqu’ici sont trop partielles,
formelles et bureaucratiques, sans réelles actions sur le terrain. Sur cette
question, les principaux acteurs se jettent mutuellement la responsabilité de la
récurrence des incendies au Forum des Marchés d’Adjamé.
A travers cette partie, l’on a pu constater comment les commerçants de ce
Forum des Marchés sont victimes des incendies de façon récurrente. Il n’est
cependant pas évident pour le maire d’Adjamé de tenir compte de certaines
revendications des commerçants et l’affirmation de son autorité. C’est sans
doute cette situation que Patrice DURAN évoquait lorsqu’il parlait du
« gestionnaire confronté à une situation de choix difficile ». Toutefois, pour que
le Maire d’Adjamé arrive à gérer ce genre de situation, il faudrait qu’au
préalable, il existe un cadre réel de communication entre les gestionnaires et les
populations. Les relations entre ces deux entités s’avèrent donc déterminantes et
intéressantes.

I-5-2-Au niveau institutionnel

A côté de la mairie d’Adjamé, d’autres structures furent instaurées pour faire


face à la gestion de ce site. On enregistre entre autres : la SICG (Société
Ivoirienne de Concept et de Gestion), la FENACCI (Fédération Nationale des
Commerçants de Côte d’Ivoire) et l’ONPC (Office Nationale de la Protection
Civile). Cependant, lorsqu’on analyse les actions menées par la mairie, on
remarque une négligence de sa part dans la gestion du Forum des Marchés
d’Adjamé. Les problèmes auxquels le maire devait apporter des solutions
90
(l’insalubrité, l’insécurité, les bousculades, etc) demeurent. Ils se sont même
accentués. En effet, les espaces réservés pour la circulation des sapeurs-
pompiers sont exploités. L’insécurité y règne parce que le marché n’est pas
éclairé. A ce sujet, voici les propos tenus par une usagée : « j’ai peur de
m’approvisionner à l’intérieur du Forum des Marchés parce qu’on peut être
agressé aisément, à cause de certains endroits obscurs ». Les allées restreintes
ne facilitent pas la circulation à l’intérieur du Forum des Marchés d’Adjamé.
Nous avons connu beaucoup de difficultés dans ce sens lors de notre enquête
avec les vendeurs. Il y a aussi l’insécurité qui règne à tous les niveaux ; au
niveau de la conservation des produits, en l’occurrence les produits de pêche ; au
niveau du drainage des eaux usées, etc. Cet état d’insalubrité repousse certains
consommateurs. Lors de notre visite du marché, nous avons été repoussés par
l’état piteux de l’espace de vente des produits de pêche. Nous avons osé y
pénétrer lorsque nous nous sommes rappelé notre statut de sociologue. Les
agents de la mairie accusent les vendeurs d’être responsable de ce fait.
Cependant, lorsqu’on examine le déroulement des actions depuis la conception
jusqu’à la gestion du marché, on constate que c’est plutôt une négligence de la
part de la mairie. Quant à la SICG, elle a signé un contrat avec la mairie
d’Adjamé. Selon le contrat, il était question qu’elle gère le Forum des Marchés
d’Adjamé pendant trente-cinq ans (35 ans) avant de le restituer à la mairie. Elle
devait faire la collecte des taxes et reverser à la mairie la cote part qui devait lui
revenir. Mais, la mairie a constaté le non versement de sa cote part des taxes,
d’où décide d’encaisser les taxes des box et les taxes des places de légumes en
guise de redevance. Alors, depuis un certain temps, la SICG se charge
d’encaisser les loyers des magasins. Le conflit qui règne autour de la gestion du
marché entre la mairie et la SICG n’est pas en faveur des vendeurs. Ce conflit
empêche toute rénovation pouvant améliorer la structure du marché. Chacun
étant préoccupé à défendre ses intérêts. En outre, il y a des insuffisances au
niveau du mode de gestion du Forum des Marchés d’Adjamé.

91
I-5-3-Au niveau relationnel
L’enquête de terrain a révélé qu’il existe des contestations, des conflits entre les
gestionnaires du Forum des Marchés et les commerçants, sous prétexte que leurs
intérêts et leurs perceptions ne soient pas pris en compte. Donc, ils refusent
d’obéir aux règles qui leur sont imposées. Ces rapports antagonistes et
conflictuels se traduisent par la non-implication des commerçants dans la
gestion de ce site. Cela se manifeste par leur absence aux différentes réunions
ainsi qu’aux prises de décisions touchant leurs activités commerciales et même à
leurs vies. Par ailleurs, cette implication doit résider dans les difficultés que
rencontre le Forum des Marchés d’Adjamé, à savoir : l’occupation, l’insalubrité,
l’insécurité, l’accès au site et l’état du bâtiment.
Cette approche consiste à promouvoir des initiatives collectives à l’échelle de ce
Forum des Marchés dont l’objectif est de développer les capacités locales pour
une planification et une gestion rationnelle à même d’améliorer le site et les
conditions de vie des commerçants de ce marché. Ainsi, une approche
participative avec les gestionnaires devrait être basée sur des relations de
communication solides. Il ressort que les commerçants ne se sentent pas
impliqués dans la gestion de ce site, ce qui augmente les perceptions négatives
qu’ils ont du Forum des Marchés d’Adjamé et même entraine des
comportements qui causent des incendies puis dégradent le forum, voire
constituent un frein à la réalisation des objectifs escomptés.
Au regard de ces problèmes, nous affirmons que la participation des acteurs a
été un échec. Il n’y a pas d’engagement véritable pour l’intérieur du bâtiment, ni
même pour l’usage du marché.
Il ressort de ce qui précède que la gestion du Forum des Marchés d’Adjamé
donne lieu à des antagonismes entre les différents acteurs. Selon les enquêtés, la
responsabilité de gestion de ce site est imputée à des catégories d’acteurs:
Ministère de la construction et de l’urbanisme, Mairie d’Adjamé, SICG,
FENACCI et l’ONPC. En d’autres termes, les différents acteurs s’accusent
92
mutuellement de la récurrence d’incendie au Forum des Marchés d’Adjamé.
Non seulement les commerçants se plaignent de ne pas être associés à la gestion
et ne sont point informés des décisions prises, mais aussi, ils accusent la mairie
d’être incompétente. Ces derniers justifient également leur contestation, leur
indiscipline et conflit par le fait que leurs perceptions, opinions ainsi que leurs
intérêts ne soient pas pris en compte par les décideurs. Les conflits notés sont
source d’incompréhension entre les décideurs et les commerçants du Forum des
Marchés d’Adjamé.

CHAPITRE II : LES ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES


ACTEURS DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME

II-1-Les défaillances dans la construction du Forum des Marchés d’Adjamé

L’observation directe effectuée lors de l’enquête permet de signaler des


défaillances au moment de la réalisation des travaux de construction, notamment
l’exploitation abusive de l’espace. En effet, selon les données du plan
d’architecture, des espaces vierges étaient réservés au premier et au deuxième
étage pour faciliter la circulation des sapeurs-pompiers en cas d’incendie. Mais
ces espaces ont été utilisés pour la construction des box. Un poste de police et
une infirmerie avaient été prévus, cependant ils n’existent que de nom. La
longueur prévue pour un box (trois mètres) a été divisée par deux (un mètre et
demi). Cela a permis de répondre certes aux besoins accrus des demandeurs,
mais ces actions vont accentuer le problème que posait déjà l’accessibilité.

En effet, les vendeurs sont désormais dans l’obligation de payer deux fois plus
que prévu pour obtenir une place satisfaisante. Les plus nantis y sont parvenus
tandis que ceux dont le capital économique est faible se trouvent dans
l’obligation de se contenter du peu d’espace d’un mètre et demi de longueur, ou
ils quittent le champ économique pour se replier sur les trottoirs. Quelques fois,

93
ils deviennent des vendeurs ambulants. Au niveau des consommateurs, cette
exploitation abusive de l’espace rend le marché peu aéré, et la circulation
difficile à l’intérieur du marché en plus des escaliers pointus.

Par ailleurs, un entretien a été réalisé avec un des responsables de la mairie sur
les failles du Forum des Marchés d’Adjamé. A ce sujet, voici ses propos : « la
construction du Forum des Marchés n’a fait l’objet d’aucun appel d’offre. Le
maire sortant du district d’Abidjan a signé un contrat de gré à gré avec la
SICG. Cela signifie que le côté financier devait prévaloir. Cet acte a donné
beaucoup de pouvoir au promoteur sur l’infrastructure puisqu’il a acheté le
contrat. Il se donne le droit d’en disposer comme bon lui semble ; ce qui
explique toutes les défaillances constatées au moment de la construction ».
Ces failles ont une conséquence grave sur le marché et sur la vie des usagés. Il y
a encore des défauts tels que la présence de câbles électriques non fixés
correctement comme indique la photo no7 :

Photo no7 : des câbles électriques non fixés correctement au sein du Forum
des Marchés d’Adjamé

Source : notre enquête-2019

94
Tout ceci constitue autant de dangers auxquels les usagers du Forum des
Marchés sont exposés.

Au regard de ce qui précède, nous affirmons que si la mairie et le ministère de la


construction ont suivi le déroulement des travaux, leur participation a été un
échec. Car ces failles ont une conséquence sur le marché et sur la vie des
usagers. Les consommateurs sont exposés à des risques sanitaires à cause du
manque de chambres froides. Cela est à l’origine d’une mauvaise conservation
des produits de pêche, ainsi que d’autres problèmes sanitaires. En cas
d’incendie, l’on ne pourra rien sauver du marché parce que l’encombrement des
voies par les vendeurs limite l’accès des sapeurs-pompiers au rez-de-chaussée.
Cependant, très peu de vendeurs sont conscients de ce danger.

II-2 les attitudes, comportements des commerçants et conséquences sur le


Forum des Marchés d’Adjamé

Les commerçants du Forum des Marchés d’Adjamé sont issus de diverses


communes du District d’Abidjan : Attécoubé, Adjamé, Abobo, Treichville, etc.
Ils sont en majorité des ‘’Dioula’’, en général d’origine étrangère (Mali, Niger,
Guinée Conakry). Ils sont majoritairement analphabètes, et vendent les tenues
vestimentaires, les denrées alimentaires, les ustensiles de cuisine, les produits
cosmétiques, etc. Ils sont présents aussi bien à l’intérieur du Forum des Marchés
d’Adjamé que sur les pourtours et les trottoirs du boulevard Nangui Abrogoua.
Notons que les vendeurs des tenues vestimentaires sont plus nombreux au
niveau des trottoirs et pourtours.

Toutefois, le Forum des Marchés d’Adjamé connaît déjà des difficultés eu égard
la pression des activités commerciales que connaît cette commune. Cette
situation aurait pu entrainer la fermeture de cette infrastructure par les
gestionnaires et même les autorités communale en soutien aux commerçants
dudit marché, afin de les résoudre. Parmi ces difficultés, celle qui touche le plus

95
aux commerçants est celle de l’insécurité. L’insécurité y règne parce que le
marché n’est pas éclairé. Cette situation amène les occupants du marché à
s’adonner aux branchements sauvages et anarchiques dans toutes les zones de
cette infrastructure, ce qui provoque très souvent des courts circuits et causent
des incendies. Voici donc la photo no8 qui annone ce drame :
Photo no8 : le feu dans le Forum des Marchés d’Adjamé du 12/09/2019

Source : Notre enquête-2019


L’incendie a ruiné de nombreux commerçants, en particulier ceux qui avaient
pris l’habitude d’y garder leur argent dans le marché.
A preuve, lors de l’incendie, l’on a été surpris de voir des billets de banques
brûlés, éparpillés à même le sol. Des situations qui ont fini par inciter les
banques commerciales et micro finances à s’implanter aux abords des marchés
pour capter des épargnants. A ce sujet, voici ce que dit une vendeuse : « Ce
fléau laisse des séquelles dans la vie des commerçants, pour la plupart chefs
de famille. Ces derniers devront encore tout reprendre à zéro » .Affirme une
victime. Des flammes jaillissent de tous côtés et suscitent l’intervention des
sapeurs-pompiers, comme annonce la photo no9 :

96
Photo no9 : l’intervention des sapeurs-pompiers au Forum des Marchés
d’Adjamé du 14/06/2019

Source : Notre enquête-2019


Désormais, en cas d’incendie, l’on ne pourra rien sauver du marché parce que
l’encombrement des voies par les vendeurs limite l’accès des sapeurs-pompiers
au rez-de-chaussée. Cependant, très peu de vendeurs sont conscients de ce
danger.
En somme, l’étude des failles dans la construction ainsi que les comportements
et attitudes des commerçants aux risques d’incendies au sein du Forum des
Marchés d’Adjamé, se dégage chez la majorité des enquêtés une certaine
conscience collective de l’importance de cette infrastructure et des dangers qui
le menacent. Cette question s’explique pour les uns par un amour et un respect
pour ce site, et pour les autres, par les effets des campagnes de sensibilisation
organisées par les instances gouvernementales qui n’ont cessé d’éveiller chez
eux le sens de la responsabilité et de développer leur implication.
La politique de gestion du Forum des Marchés d’Adjamé s’analyse autour de
son cahier de charge, ses missions en rapport avec la ville d’Abidjan de façon
générale et singulièrement avec la commune d’Adjamé qu’à son impact sur

97
l’économie ivoirienne. La mission du Forum des Marchés d’Adjamé est
d’apporter un mieux-être social à ses populations en leur offrant de meilleures
conditions de vie. De ce fait, cette commune aménage cette infrastructure et lutte
de même contre toutes les formes d’insécurités et d’incendies.

CHAPITRE III : LES ENJEUX RATTACHES AUX ATTITUDES ET


COMPORTEMENTS DES ACTEURS DU FORUM DES MARCHES
D’ADJAME

Par enjeux, il faut entendre les intérêts rattachés aux comportements et attitudes
des principaux acteurs qui concourent à la dégradation du Forum des Marchés
d’Adjamé suite aux incendies à n’en point finir. En effet, les vendeurs du Forum
des Marchés s’adonnent aux pratiques dont les enjeux sont d’ordre social,
économique et politique.

III-1-Enjeu social et économique

Le vêtement, bien qu’ayant intégré la vie normale des sociétés, il y a un degré de


satisfaction qui n’est pas le même que celui de l’alimentation. Une personne
peut se passer d’acheter des vêtements les jours de fêtes ou pendant plusieurs
mois, mais elle ne peut se passer de s’alimenter pendant plusieurs jours. Alors,
l’alimentation est une préoccupation majeure et un souci constant des
populations. En effet, étant préoccupés par les activités commerciales, et pour
satisfaire leurs besoins alimentaires, les vendeurs du Forum des Marchés
s’adonnent surplace à des activités culinaires, peu importe les conditions dans
lesquelles ils sont ainsi que les risques d’incendies auxquels ils sont exposées.
Ainsi, ils sont conscients des conséquences que cette attitude pourrait engendrer.
Ce comportement amène à croire que les vendeurs n’obéissent pas aux règles
établies, donc indisciplinés. Car, comme le dirait un adage populaire, « le temps,
c’est de l’argent ». Toujours dans ce même volet, d’autres personnes notamment

98
des femmes s’adonnent aux activités de restauration au sein du Forum des
Marchés. Voici la photo no10 qui illustre bien cette analyse :

Photo no10 : pratiques d’activités culinaires au Forum des Marchés


d’Adjamé

Source : Notre enquête-2019

Des ustensiles de cuisine, du feu de charbon de bois, des bouteilles de gaz en


exécution à proximité des câbles électrique et qui sont provocateurs d’incendie.
A ce sujet, voici les propos tenus par une restauratrice au sein du forum : « le
maire ne fait rien pour nous. C’est l’argent seulement qui l’intéresse. Nous
aussi, nous sommes venus chercher notre argent ici, et c’est la nourriture que
nous vendons. Quand on dit au maire d’aménager un coin dans le forum pour
nous, il ne s’occupe pas. C’est pourquoi nous faisons notre restaurant dans
ces conditions que vous voyez ». Ces propos révèlent qu’elles ne se préoccupent
pas du danger et les conséquences que cela peut engendrer, mais se contentent

99
de vaquer à leurs occupations. Pourvu qu’elles obtiennent la clientèle peu
importe les conditions dans lesquelles elles sont exposées.

III-2-Enjeu politique

Les autorités administratives se construisent pour chacune une image de père


attentif aux besoins des commerçants en leur accordant des espaces où
s’effectuent des transactions entre les vendeurs et les consommateurs. Il revêt de
ces faits un intérêt capital dans les structures d’échanges. En effet, étant
considéré comme les premiers magistrats des différentes communes, ils sont
perçus comme responsables des désagréments que subissent les vendeurs au sein
des marchés de façon générale. Par ailleurs, dans le district d’Abidjan, la
commune d’Adjamé a une population très élevée en raison de sa vocation
commerciale et sa situation géographique. Elle compte officiellement neuf
marchés dont le plus grand est le Forum des Marchés d’Adjamé. Toutefois, ce
marché se trouve confronté à des incendies de façon récurrente. En réalité, l’on
n’a jamais vu comment se déclenche le feu dans ces marchés. Donc difficile de
savoir les mobiles réels ou les causes. L’incendie a ruiné de nombreux
commerçants, comme annonce la photo no11 :

100
Photo no11 : incendie pendant la nuit au Forum des Marchés d’Adjamé
14/06/2019

Source : Notre enquête - 2019

A ce sujet, voici les propos tenus par cette jeune fille sur le terrain : « Est-ce un
acte de pyromane guidé par des intérêts égoïstes. Au-delà de ce mystère, ce
fléau laisse des séquelles dans la vie des commerçants, pour la plupart chefs
de famille. A qui la faute des incendies qui se déclarent la plupart du temps la
nuit ? ». Affirme une victime.
Or, le maire de cette localité se donne les moyens de satisfaire à la demande des
vendeurs. Il prête alors une oreille attentive et un cœur compatissant pour sauver
leur activité commerciale, activité qui leur permet de subvenir à leur besoin ainsi
qu’à ceux de leur famille. Il se saisit alors de ces incendies pour pérenniser son
mandat ou pour s’ériger en défenseur des commerçants.
Vu les enjeux importants qui sont rattachés aux attitudes et comportements des
acteurs du Forum des Marchés, le plus important est l’enjeu politique. En effet,
les travaux de construction ayant été confiés à un promoteur, il serait aisé pour
le maire qui serait présent à la conception de décliner sa responsabilité et
101
d’accuser à tort et à raison celui-ci pour sa défense vis-à-vis des vendeurs. Alors,
le Forum des Marchés d’Adjamé, de par sa contribution à l’économie ivoirienne
ainsi que dans la sécurité alimentaire, connaît de façon récurrente des incendies
qui mettent en péril les activités commerciales des vendeurs.

102
CONCLUSION

En abordant le thème de notre étude, nous ambitionnons de déterminer, les


logiques qui fondent la récurrence des incendies au Forum des Marchés
d’Adjamé. En effet, vue les catastrophes des incendies ainsi que les difficultés
rencontrées par cette infrastructure, il a été question de savoir ce qui explique les
attitudes et comportements des commerçants vis-à-vis de ce forum des marchés.
Ainsi, à travers cette étude, nous voudrions d’une part identifier les acteurs et
leur rôle afin de connaître le processus de gestion de ce forum de marchés.
D’autre part, analyser les rapports existants entre ces acteurs.

Pour mener à bien cette étude, nous avons utilisé la méthode dialectique. Cette
méthode nous a permis de mettre en évidence les rôles, les rapports et les
dysfonctionnements entre les différents acteurs impliqués dans la gestion du
forum des marchés. Par rapport aux différents objectifs énumérés, nous avons
émis une seule hypothèse selon laquelle : la récurrence des incendies au Forum
des Marchés d’Adjamé est liée aux divergences des rapports de gestion des
acteurs.

L’étude a permis de confronter notre hypothèse de recherche à la réalité du


terrain et de tirer des leçons. En effet, au vu de nos enquêtes, il ressort que dans
le Forum des Marchés d’Adjamé, la mairie est l’acteur principal dans la gestion
de ce site. Par ailleurs, on note quelques volontés manifestes à travers le
ministère de la construction et de l’urbanisme, et le promoteur (SICG).

Cependant, les rapports entre les acteurs dans la gestion du Forum des Marchés
d’Adjamé ne sont pas solides voire même conflictuels. Des relations
conflictuelles manifestes par des contestations, des refus de soumission aux
règles, aux consignes etc.

103
Il incombe au ministère de la sécurité et de la protection civile en tant que
structure représentant l’Etat, de veiller à la consolidation des relations entre les
différentes parties prenantes et l’organisation puis la coordination des différentes
actions menées au sein du Forum des Marchés d’Adjamé par les parties
prenantes.

En outre, il n’existe pas de concertation entre les acteurs dans le processus de


gestion de ce Forum des Marchés d’Adjamé. Chaque acteur élabore son
programme, et le met en œuvre selon ses possibilités. Il n’existe pas de
coordination, de planification, de suivi et de contrôle dans les différentes
activités. Cet état de fait fragilise la gestion de cette infrastructure et impacte
négativement les actions entreprises par les différents acteurs. Car, les
catastrophes des incendies de ce site sont la preuve de divergence des rapports
de gestion au niveau des acteurs. Le rôle de la mairie d’Adjamé serait donc de
planifier, superviser et suivre les différentes actions, qu’il s’agisse de
l’insécurité, l’insalubrité, l’accès au site, l’état du bâtiment etc. Autrement, il
s’agit de veiller à la définition des rôles de chaque acteur. Qui doit faire quoi, à
quel moment doit-il le faire, où et quand, comment doit-il le faire etc.

De tout ce qui précède, il faut noter que notre hypothèse qui stipule que la
récurrence des incendies au Forum des Marchés d’Adjamé est liée aux
divergences des rapports de gestion des acteurs est vérifiée.

A la suite de ces données, nous pouvons faire quelques propositions afin d’éviter
les incendies au Forum des Marchés d’Adjamé :

 Le maire doit réorganiser les vendeurs du Forum des Marchés d’Adjamé


en les formant, les sensibilisant, les éduquant à adopter des règles
d’incendies. Ceux-ci à leur tour doivent collaborer avec les services de
secours publics afin de s’impliquer davantage dans les décisions élaborées
pour leur bien-être ;

104
 La mairie doit revaloriser le Forum des Marchés d’Adjamé afin d’inciter
les vendeurs à s’intéresser aux activités et préserver le site contre les
catastrophes des incendies ;

 La mairie doit inciter les vendeurs à libérer toutes les entrées et couloirs
du Forum des Marchés d’Adjamé afin de rendre fluide la circulation ainsi
que l’accès des sapeurs-pompiers au rez-de-chaussée.

Cependant, ce travail scientifique est loin d’avoir abordé tous les aspects du
phénomène étudié. Dès lors, nous préconisons que cette problématique soit
abordée sous d’autres aspects pour ceux qui voudrions continuer dans le même
sens que nous.

105
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WEBOGRAPHIE

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3- Erudit20 « Sociologie et sociétés » www.erudit.org consulté 02 juillet 2019

4- Librairie DROZ « revue européenne des sciences sociales »

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5- Olivier, Carine (2011) « Carrière du capital social et segmentation du


Marché » http://journals .openedition.org. Consulté le 20 août 2019

6- Philippe Steiner « le marché selon la sociologie économique »

http://journals.openedition.org consulté le 15 aout 2018.

7- Site officiel ONPC en Côte d’Ivoire. http : www.onpc-ci.org, Consulté le 20


août 2018.

8- www.fenacci-ci/org consulté le 11 août 2018

109
ANNEXES

110
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE ............................................................................................................................................ I

RESUME ................................................................................................................................................. II

DEDICACE ............................................................................................................................................ III

AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS ......................................................................................... IV

LISTE DES PHOTOS ............................................................................................................................ VI

LISTE DES FIGURES ........................................................................................................................... VI

LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................................... VI

SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................................................. VII

INTRODUCTION ................................................................................................................................... 8

PREMIERE PARTIE : .......................................................................................................................... 10

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE................................................................................................. 11

I-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET ................................................................................... 11

I-1-1- Motivation personnelle ............................................................................................................... 11

I-1-2-Intérêt social ................................................................................................................................. 12

I-1-3-La pertinence scientifique ............................................................................................................ 13

I-2-PROBLEMATIQUE ....................................................................................................................... 15

I-3-REVUE DE LITTERATURE ......................................................................................................... 20

I-3-1-Stratégies de gestion des marchés publics urbains ....................................................................... 20

I-3-2-Attitudes des acteurs de gestion des marchés publics urbains ..................................................... 23

I-3-3-Enjeux des attitudes des gestionnaires des marchés publics urbains. .......................................... 26

I-4-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ............................................................................................... 30

I-4-1-Objectif général ............................................................................................................................ 30

I-4-2-Objectifs spécifiques .................................................................................................................... 30

I-5-HYPOTHESE DE RECHERCHE................................................................................................... 31

I-6-CONSTRUCTION DU MODELE D’ANALYSE .......................................................................... 31

I-6-1-Définition des variables de l’étude............................................................................................... 31

111
I-6-2-Cadre de vérification de l’hypothèse de recherche ...................................................................... 31

I-6-3-Tableau récapitulatif des variables, dimensions et indicateurs .................................................... 33

I-6-3-Schéma explicatif de la réalité sociale étudiée ............................................................................. 34

I-7-APPROCHE CONCEPTUELLE .................................................................................................... 34

I-7-1-Politique environnementale.......................................................................................................... 35

I-7-2-Stratégie ....................................................................................................................................... 36

I-7-3-Gestion ......................................................................................................................................... 37

I-7-4-Divergence ................................................................................................................................... 38

I-7-5-Logique sociale ............................................................................................................................ 39

I-7-6- Incendie ....................................................................................................................................... 39

I-7-7- Le marché de biens et services .................................................................................................... 40

I-8-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE ..................................................................................... 41

I-8-1-La théorie structuro-fonctionnaliste de Parsons ........................................................................... 41

I-8-2-Voici le schéma qui explique cette réalité sociale........................................................................ 43

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE ........................................................ 45

II-1-DELIMITATION DU CHAMP DE L’ETUDE ............................................................................. 45

II-1-1-Champ géographique .................................................................................................................. 45

II-1-2-champ sociologique .................................................................................................................... 47

II-2-TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES ....................................................................... 49

II-2-1-La recherche documentaire ......................................................................................................... 49

II-2-2-L'observation directe................................................................................................................... 50

II-2-3-L’Entretien .................................................................................................................................. 51

II-2-3-1-Conditions de production des données .................................................................................... 52

II-2-3-2-L’Enregistrement, la Prise de Notes, et la Retranscription...................................................... 52

II-3-L’ECHANTILLONNAGE............................................................................................................. 53

II-4-LE DEPOUILLEMENT DES DONNEES RECUEILLIES .......................................................... 55

II-5-METHODE D’ANALYSE DES DONNEES : L’Analyse de contenu thématique ....................... 56

112
II-6-CONDITIONS SOCIALES DE L’ENQUETE .............................................................................. 57

DEUXIEME PARTIE : ......................................................................................................................... 58

PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ADJAME ......................................................................... 58

CHAPITRE I : LA COMMUNE D’ADJAME ..................................................................................... 59

I-1-PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ADJAME ................................................................... 59

I-2-HISTORIQUE DE LA COMMUNE D’ADJAME ......................................................................... 60

I-3-LES FONDEMENTS PHYSIQUES ............................................................................................... 61

I-3-1-Situation géographique de la commune d'Adjamé ....................................................................... 61

I-3-2-Le relief ........................................................................................................................................ 61

I-3-3-le climat ........................................................................................................................................ 62

I-4-LES FONDEMENTS HUMAINS .................................................................................................. 62

I-4-1- la population et sa structure ........................................................................................................ 62

I-4-2-Les dirigeants de la commune d’Adjamé ..................................................................................... 64

I-4-3-les réalisations de la commune d’Adjamé .................................................................................... 64

I-5-LES DIFFICULTES DE LA COMMUNE D’ADJAME ................................................................ 65

I-5-1-l’occupation anarchique des trottoirs ........................................................................................... 65

I-5-2-l’insécurité.................................................................................................................................... 66

I-5-3-L’insalubrité ................................................................................................................................. 66

CHAPITRE II : LE FORUM DES MARCHES D’ADJAME .............................................................. 67

II-1-PRESENTATION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME .................................................. 67

II-2-HISTORIQUE DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME........................................................ 68

II-3-SITUATION GEOGRAPHIQUE DU FORUM DES MARCHES ............................................... 69

II-4-DESCRIPTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME...................................................... 69

II-5-LE FONCTIONNEMENT DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME ..................................... 71

II-5-1-Le département des services techniques ..................................................................................... 71

I-5-2-Le service qui veille à l’occupation des places et règlement des conflits .................................... 74

I-5-3-La régie des taxes ......................................................................................................................... 74

113
I-5-4-le service juridique ....................................................................................................................... 76

TROISIEME PARTIE :......................................................................................................................... 77

CHAPITRE I : LES STRATEGIES DE GESTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME...... 78

I-1-LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME


............................................................................................................................................................... 78

I-2-LE ROLE DES ACTEURS DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME. 78

I-2-1- La mairie dans la gestion du forum des marches d’adjame ....................................................... 78

I-2-2-La SICG dans la gestion du forum des marches .......................................................................... 82

I-2-3- La FENACCI dans la gestion du forum des marches ................................................................. 83

I-3-LES DIFFICULTES RELATIVES A LA GESTION DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME


............................................................................................................................................................... 84

I-4-RAPPORTS ENTRE LES ACTEURS DANS LA GESTION DU FORUM DES MARCHES


D’ADJAME .......................................................................................................................................... 87

I-5-LE DYSFONCTIONNEMENT AU NIVEAU DES ACTIONS MENEES.................................... 88

I-5-1-Au niveau symbolique ................................................................................................................. 89

I-5-2-Au niveau institutionnel ............................................................................................................... 90

I-5-3-Au niveau relationnel ................................................................................................................... 92

CHAPITRE II : LES ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES ACTEURS DU FORUM DES


MARCHES D’ADJAME ...................................................................................................................... 93

II-1-LES DEFAILLANCES DANS LA CONSTRUCTION DU FORUM DES MARCHES


D’ADJAME .......................................................................................................................................... 93

II-2-LES ATTITUDES, COMPORTEMENTS DES COMMERÇANTS ET CONSEQUENCES SUR


LE FORUM DES MARCHES D’ADJAME......................................................................................... 95

CHAPITRE III : LES ENJEUX RATTACHES AUX ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES


ACTEURS DU FORUM DES MARCHES D’ADJAME..................................................................... 98

III-1-ENJEU SOCIAL ET ECONOMIQUE ......................................................................................... 98

III-2-ENJEU POLITIQUE .................................................................................................................. 100

CONCLUSION ................................................................................................................................... 103

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 106

WEBOGRAPHIE ................................................................................................................................ 109

114
ANNEXES .......................................................................................................................................... 110

TABLE DES MATIERES................................................................................................................... 111

115
1

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