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la revue gestion et organisation 10 (2018) 119–126

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Conference Title

La responsabilité environnementale des groupes


bancaires en Afrique : quel apport de l'éco-féminisme ?

Paul Dominique Zanga Ongbwa


Département de management, université de Buea, BP 63, Buea, Cameroun

article info sume


re 

Article history: Le paradigme éco-féministe stipule que les femmes ont une propension naturelle à pré-
Received 14 June 2018 server l'environnement. En vue de vérifier ce précepte, cette étude analyse l'influence du
Accepted 8 September 2018 genre féminin sur le niveau de responsabilité environnementale de 42 groupes bancaires,
Available online 19 September 2018 observés entre 2005 et 2014. Ainsi, les données utilisées sont issues des rapports annuels et
sont traitées grâce à une régression par les moindres carrés généralisés. Au final, on conclut
Mots clés: que la diversité de genre au sein de la banque et le nombre d'administratrices affectent
Responsabilité environnementale positivement et significativement la responsabilité environnementale en Afrique. Bien plus,
Eco féminisme le nombre de dirigeantes affecte négativement et fortement le niveau de préservation de la
RSE nature par les banques multinationales. Ces conclusions mettent en avant les vertus de la
Groupe bancaire diversité de genre et les capacités de préservation de l'environnement des administratrices.
© 2018 Holy Spirit University of Kaslik. Publishing services provided by Elsevier B.V. This
is an open access article under the CC BY-NC-ND license (http://creativecommons.org/
licenses/by-nc-nd/4.0/).

1. Introduction

Depuis quelques décennies, l'Afrique fait face à des enjeux environnementaux notoires (déforestation, changement climatique,
sécheresse, etc.). En effet, les activités de l'homme sur la nature impliquent des externalités négatives qui menacent sa propre
existence. À cet effet, Sperling et al. (2012) notent que l'empreinte écologique du continent a augmenté de 240 % entre 1961 et 2008.
La déforestation ainsi que les mauvaises pratiques agricoles représentent environ 65 % des émissions et le continent est désormais
parmi les régions du monde les plus vulnérables au changement climatique. Dans la même lignée, Megevand (2013) constate que,
l'Afrique a perdu 4 067 000 hectares de forêts chaque année entre 1990 et 2000. Ce chiffre est de 1 057 000 hectares pour l'Afrique
Australe, 961 000 hectares pour l'Afrique de l'Ouest, 784 000 hectares pour l'Afrique de l'Est, 676 000 hectares pour l'Afrique
Centrale et 590 000 hectares pour le Maghreb. Le taux annuel de déforestation dans la forêt du bassin du Congo était estimé à 0,09 %
pour la période 1990–2000. Au cours de la période 2000–2005, ce taux a quasiment doublé et avoisine désormais 300 000 kilomètres
carrés/an.
Si l'homme est à l'origine de la destruction de l'environnement, il n'en demeure pas moins que les établissements financiers
ont une responsabilité certaine, en ce sens qu'ils financent la pollution et les changements climatiques en Afrique. En effet, la

E-mail address: zangapaul@gmail.com.


https://doi.org/10.1016/j.rgo.2018.09.002
2214-4234/© 2018 Holy Spirit University of Kaslik. Publishing services provided by Elsevier B.V. This is an open access article under the CC
BY-NC-ND license (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/).
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banque est la principale source de financement des activités humaines sur le continent, faute de marchés financiers développés.
Ce secteur est largement dominé par les groupes bancaires qui contrôlent plus de 70 % des parts de marché et réalisent plus de
bénéfices que dans le reste du monde (NEPAD-OCDE, 2009). À travers leurs implantations transnationales et trans-sectorielles, ils
contrôlent l'essentiel du marché de la finance (banque, assurance, micro-finance, crédit-bail et métier de bourses).
Conscientes de la responsabilité croissante des banques dans la destruction de la nature, certaines organisations internationales
en collaboration avec des banques multinationales ont mis sur pied des initiatives en faveur de la préservation des écosystèmes. Il
s'agit : du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), du Global Reporting Initiative (GRI), les Equator Principles et
l'initiative du Réseau Banktrack. Ces initiatives consacrent donc la responsabilité environnementale des banques. Il s'agit en réalité
d'un démembrement de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Cette notion émane du concept anglais de Corporate
Environmental Responsibility. Selon Davis & Blomstrom (1975), elle désigne l'obligation des managers de prendre des mesures qui
protègent et améliorent l'environnement dans son ensemble, ainsi que leurs propres intérêts.
Toutefois, les théories éco-féministes nous enseignent que les femmes, contrairement aux hommes, ont des prédispositions
naturelles à préserver la nature. En effet, de par leurs capacités génitrices, elles sont plus proches de l'environnement que le genre
masculin (éco-féminisme biologique). Bien plus, elles ont tendance à développer des modèles économiques plus respectueux des
écosystèmes que les hommes (éco-féminisme sociale et du Sud). Enfin, leur militantisme politique est plus favorable à la
responsabilité environnementale (nouvelles théories éco-féministes). Cependant, les recherches empiriques sur la question sont
en proie à des controverses. De même, peu de travaux à vocation managériale s'intéressent à cette relation en contexte africain et
notamment les groupes bancaires contrôlent le marché de la finance.
De la sorte, cette recherche se propose d'analyser l'influence du genre féminin sur le niveau de responsabilité
environnementale des groupes bancaires en Afrique. Afin de répondre à cette préoccupation, cette étude présente la
responsabilité environnementale des banques en Afrique (2), le cadre théorique (3), une revue des travaux empiriques (4), la
méthodologie de la recherche (5), les résultats obtenus (6) et la conclusion générale (7).

2. Les groupes bancaires et la préservation de l'environnement en Afrique

Le continent africain connaît un fort déploiement des institutions financières et notamment les groupes bancaires qui dominent le
paysage bancaire. Faute de marchés financiers développés, ces organisations bancaires sont au centre de l'activité économique.
Elles constituent d'ailleurs la principale source de financement des entreprises, des Etats, des ménages et représentent près de
80 % des actifs du continent africain (NEPAD-OCDE, 2009). Cette situation est favorisée par la structure organisationnelle de ces
banques (filiales, bureaux de représentations, banques affiliées et succursales) qui permet une meilleure représentativité à
l'échelle du continent. Dans cette perspective, Beck et al. (2014) notent qu'entre 1995 et 2009, le nombre de succursales ou de filiales
bancaires transfrontalières a pratiquement doublé en passant de 120 à 227. Au plan individuel, ces auteurs notent que la présence
du groupe bancaire togolais Ecobank est passée de 11 à 32 pays africains entre 2000 et 2013. La banque nigériane United Bank for
Africa a renforcé sa présence en passant de 1 à 19 pays. Le groupe marocain Attijariwafa Bank est passé de 1 à 12 pays, après
acquisition des succursales de la banque française Crédit Agricole en Afrique. Enfin, la banque marocaine BMCE est passée de 2 à
18 pays sur la même période, grâce à l'acquisition stratégique de Bank of Africa.
En Afrique, le développement de la finance durable est palpable. Barmaki et Aitcheikh (2014) remarquent à ce propos que le
continent a réalisé des avancées considérables. Cette expansion est impulsée par une réelle volonté politique. En effet, plusieurs pays
africains, dont l'Afrique du Sud, l'Ethiopie, le Kenya et le Ghana ont mis sur pied des initiatives visant à promouvoir des modes de
développement durable. Plus de 30 pays africains ont adopté en 2010, la déclaration de la conférence panafricaine sur la biodiversité
de Libreville, dont le thème portait sur : « Biodiversité et lutte contre la pauvreté : quelles opportunités pour l'Afrique ? ». Le Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) dispose plusieurs initiatives en faveur de l'environnement. Enfin, la Banque
Africaine de Développement (BAD) a mis sur pied plusieurs programmes, visant à assurer une croissance durable sur le continent.
En plus de cette ferveur politique, le secteur bancaire africain s'est engagé à émettre des Green Bonds, à hauteur d'un 1 milliard
de Dirhams à la suite de la Conférence COP 22. Le continent connaît un fort développement des services financiers verts (Guichets à
billets, Banque en ligne, banque mobile, etc.) au sens du Canadian Bankers Association (2014). Plusieurs initiatives témoignent
l'engagement des établissements financiers au développement durable (Morocco Sustainable Energy Financing Facility, Climate
Finance Day in Africa, etc.). La banque sud-africaine Standard Bank est représentée dans le classement Global 100 Most
Sustainable Corporations in the World en 2013. La banque béninoise Ecobank a adopté les Equator Principles en 2012. Elle est
membre du PNUE et a adhéré au Global Reporting Initiative (GRI) en 2011. Enfin, l'Agence française de développement (2010) a par
exemple ouvert une ligne de financement vert à la Standard Bank Mauritius, la Banque des Mascareignes, la Mauritius Commercial
Bank et la State Bank of Mauritius. Toutefois, certains courants théoriques estiment que cette tendance environnementaliste a des
sources féministes.

3. L'éco-féminisme : le genre au cœur des stratégies environnementales

L'éco-féminisme est un paradigme né des travaux d'Eaubonne (1974). Ce courant regroupe les éco-féministes sociales, biologiques,
du Sud ainsi que les nouvelles théories. Ainsi, les éco-féministes sociales ont une vision marxiste, elles estiment que le système
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capitaliste essentiellement patriarcal a tendance à détruire ou dominer les femmes et l'environnement. En effet, le capitalisme
considère la nature comme un réservoir de ressources naturelles exploitables et ignore le travail invisible des femmes sur les
écosystèmes. Ainsi, la destruction de l'environnement et le genre féminin sont des éléments négligeables dans ce système,
puisque le calcul des indicateurs de croissance économique ne tient pas compte de ces deux éléments.
Les éco-féministes biologiques ou radicales estiment que les femmes par leur capacité reproductrice ou génitrices sont plus
proches ou protectrices de l'environnement que les hommes. Les éco-féministes du Sud ajoutent la dimension postcoloniale aux
dominations de la nature et des femmes. Ils dénoncent par exemple le modèle de développement imposé aux pays sous-
développés à travers les programmes d'ajustement structurel. Ce modèle a progressivement remplacé les économies locales de
subsistance (majoritairement soutenues par les femmes), par des marchés d'exportation qui induisent l'industrialisation de
l'agriculture. Cette nouvelle forme d'économie est plus destructrice de la nature, utilise plus de produits nocifs à l'environnement
et emploie davantage des hommes. Enfin, les nouvelles théories éco-féministes remettent en cause la relation établie entre le
genre et la nature fondée sur l'identité de femme et prônent plutôt une action politique et citoyenne.
Au final, ce paradigme estime qu'une plus grande participation des femmes au management des organisations bancaires
permettrait une plus grande protection de l'environnement par les institutions financières. Toutefois, les travaux empiriques en la
matière sont discutés.

4. L'éco-féminisme et ses vertus empiriquement controversées

La protection de l'environnement par les femmes est consacrée par les théories éco-féministes. Toutefois, très peu de travaux
empiriques sont consacrés à l'éco-féminisme dans les entreprises en général et les banques en particulier.
Dans une perspective empirique, Josée et al. (2013) ont analysé l'influence du genre dans la mise en place d'une politique de
développement durable par les petites et moyennes entreprises (PME) au Canada. De la sorte, ils mènent une enquête auprès de
433 dirigeants de PME québécoises, dont 132 femmes. Les résultats de cette étude montrent que les femmes favorisent davantage
que les hommes les dimensions liées au développement durable dans leur management (favoriser la protection de
l'environnement par l'élaboration de politiques internes, choisir des fournisseurs en fonction de leurs bonnes pratiques
environnementales, etc.). Dans une posture similaire, Li et al. (2016) démontrent à partir d'un échantillon de 865 entreprises
américaines observées en 2010, que la diversité de genre au sein du conseil d'administration affecte positivement et
significativement la performance environnementale. Un résultat similaire est établi par Kassinis et al. (2016) dans le même
contexte, avec 296 firmes observées entre 2008 et 2012.
Dans cette perspective, Drion (2006) et Johnsson-Latham (2006) démontrent la moindre empreinte écologique des femmes sur
la planète. En effet, les femmes utilisent une surface inférieure aux hommes pour produire ce qu'elles consomment et absorbent ce
qu'elles rejettent. Cela peut avoir une influence forte sur les choix de management et les orientations environnementales.
Dans une logique opposée, Paradas et al. (2013) ont étudié les pratiques de RSE propres aux femmes dirigeantes des PME en France.
Pour cela, ils s'appuient sur un échantillon de 46 dirigeants dont 23 femmes. La collecte des données s'est faite sur la base des
questionnaires en 2012. Au terme de cette enquête, ils concluent que les pratiques environnementales ne sont pas influencées par le sexe
de l'entrepreneur, dans la grande majorité des pratiques étudiées. Dans une optique similaire, Fredell (1996) conclut que l'éco-féminisme
n'améliore pas le niveau de développement durable au Nord de l'Inde. Enfin, Galbreath (2009) montre que la présence des femmes au sein
des conseils d'administration impacte négativement les activités des entreprises visant à atténuer les changements climatiques.
Partant des postulats éco-féministes, des travaux de Kassinis et al. (2016), Li et al. (2016), Josée et al. (2013), Drion (2006) ainsi que
Johnsson-Latham (2006), les trois hypothèses suivantes sont formulées :

H1. Plus il y a diversité de genre, plus le groupe bancaire est écologiquement responsable.

H2. Plus la banque multinationale dispose de dirigeantes, mieux elle protège la nature.

H3. Plus il y a des administratrices, plus la banque transfrontalière préserve les écosystèmes.

5. Méthodologie de la recherche

Cette recherche porte sur un échantillon de 42 groupes bancaires (africains et étrangers) disposant d'implantations en Afrique
(bureau de représentation, filiale, succursale et/ou banque affiliée). Il s'agit des institutions financières transfrontalières recensées
par Beck et al. (2014, p. 66). Afin de constituer cet échantillon, la méthode d'échantillonnage par choix raisonné a été privilégiée. En
effet, partant d'une centaine de holdings bancaires recensés, un échantillon de 42 banques transfrontalières a été retenu sur la
base de la disponibilité des informations. Le choix de ces organisations bancaires se justifie par leur importance dans la finance
africaine. En effet, ces entreprises contrôlent plus de 70 % du marché bancaire et représentent près de 80 % des actifs financiers sur
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le continent (NEPAD-OCDE, 2009). Bien plus, ils dominent le marché de la finance à travers leurs investissements trans-sectoriels,
(banque, assurance, micro-finance, crédit-bail et métier de bourses).
Afin de mieux cerner les spécificités managériales locales, cet échantillon est subdivisé en 6 sous-groupes, suivant la région
d'origine de l'institution financière (Beck et al., 2014) et les travaux de Nyantaky et Sy (2015) sur la convergence des réglementations
et des pratiques bancaires en Afrique. Ainsi, on distingue 5 banques originaires de l'Afrique francophone (zone franc), 7 banques
maghrébines, 8 banques nigérianes, 7 banques d'Afrique de l'Est et Australe, 7 banques sud-africaines et 8 banques occidentales
ou étrangères. Le choix de considérer les banques occidentales se justifie par leur présence indéniable dans le paysage bancaire
africain (Beck et al., 2014).
Les données relatives aux banques multinationales émanent des rapports annuels préalablement téléchargés sur leurs sites
web respectifs. La période d'étude porte sur la décennie 2005–2014. L'année 2005 cadre avec le lancement des principaux
programmes en matière de responsabilité environnementale (PNUE, GRI, Equator Principles et l'initiative du Réseau Banktrack),
tandis que l'année 2014 se réfère au dernier rapport annuel disponible.
La variable principale de cette étude est la responsabilité environnementale du groupe bancaire (Y) ou l'ensemble des mesures
mises en place par la banque pour une meilleure préservation de la nature (Davis & Blomstrom, 1975). Ainsi, cette variable est
appréciée par la proportion de « mesures vertes » établie par une banque multinationale au cours d'une période considérée. Une
opérationnalisation similaire est proposée par Li et al. (2016). Dans cette optique, une liste de 20 items a été utilisée comme
référentiel. Ces éléments sont inspirés de Canadian Bankers Association (2014), Sali Sheikh (2014) au Kenya et Azad et Samanlou
(2016) en Inde. Cette échelle de mesure est fiable d'un point de vue de l'alpha de Crombach à hauteur de 0,874. Les items y relatifs
sont contenus dans le Tableau 1 suivant.
Les variables secondaires concernent :

 la diversité de genre (X1) : cette variable est mesurée par le ratio nombre de femmes employées par le groupe bancaire/effectif
total ;
 les dirigeantes (X2) : cette variable désigne le nombre de femmes occupant un poste de direction au sein de la banque ;
 les administratrices (X3) : cette variable indique le nombre de femmes siégeant au sein du conseil d'administration.

Le Tableau 2 suivant donne une synthèse des variables de cette étude.


Une fois les données collectées, elles ont été analysées par le biais d'une régression en données de panel. Pour cela les tests de
Fisher, Hausman et Breusch-Pagan ont permis de déceler respectivement d'éventuels effets communs, fixes et ou aléatoires. Ainsi,
sept régressions ont été effectuées afin d'analyser respectivement l'influence du genre sur le niveau de responsabilité
environnementale des groupes bancaires originaires d'Afrique, de l'Afrique francophone, du Maghreb, du Nigéria, de l'Afrique de
l'Est et Australe, de l'Afrique du Sud et les banques étrangères. Le modèle général s'écrit comme suit :
Yit ¼ a0 þ bi Xit þ eit avec :

Yit = Responsabilité environnementale du groupe bancaire i à la période t ;


Xit représente la variable explicative du groupe bancaire i à la période t ;
a et b indiquent les coefficients de corrélation ;
e est le résidu.

Tableau 1 – Items relatifs à la responsabilité environnementale.


1. L'usage des téléconférences
2. Le recyclage des déchets
3. La réduction de la consommation d'eau
4. La réduction de la consommation d'énergie
5. La réduction de la consommation du papier
6. La mise en place de la banque en ligne
7. La mise en place de la banque mobile
8. La mise en place des guichets à billets
9. La réalisation des investissements socialement responsables
10. La mise en place d'un plan d'épargne verte
11. La lutte contre la pollution
12. La recherche et/ou le développement en matière environnementale
13. L'évaluation de l'empreinte carbone de la banque
14. La formation des employés à la protection de la nature
15. La désignation d'un responsable en charge des questions environnementales
16. La définition des standards environnementaux adoptés
17. L'évaluation de l'impact environnemental des projets financés
18. La catégorisation des projets financés
19. Les visites sur le terrain avant de financer certains projets
20. La consultation des rapports des tiers sur proposition
Source : auteur.
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Tableau 2 – Synthèse des variables de l'étude.


Variables Désignations Mesures Signes Sources
prévus
Y Responsabilité Proportion de mesures vertes mise en place parmi les Auteur, inspiré de Li et al. (2016)
environnementale 20 listées dans le Tableau 1
X1 Diversité de genre Nombre de femmes dans la banque/par l'effectif total + Reniert et al. (2015)
X2 Dirigeantes Nombre de femmes au sein de l'équipe dirigeante + Sarkar et Selarka (2015)
X3 Administratrices Nombre de femmes siégeant au conseil d'administration + Sarkar et Selarka (2015)
Source : auteur.

6. Analyse et présentation des résultats

Pour une meilleure illustration de cette partie, il est tour à tour présenté l'analyse des statistiques descriptives (1), de la
multicolinéarité entre les variables indépendantes (2), de l'hétéroscédasticité des résidus et l'autocorrélation des erreurs (3) ainsi
que les résultats de l'étude (4).

6.1. D'une moindre responsabilité environnementale à une discrimination féminine

Le Tableau 3 suivant fait une synthèse des statistiques descriptives.


Au regard du Tableau 3, on constate que les banques occidentales ont un niveau de protection de l'environnement (Y) meilleur
que les organisations bancaires originaires de l'Afrique. Ce constat est davantage consolidé par la concentration de l'écart-type de
cette variable dans toutes les régions observées. On déduit donc d'une forte appropriation des valeurs vertes par les banques

Tableau 3 – Synthèse des statistiques descriptives.


Y X1 X2 X3
Afrique
Moyenne 0,351 0,484 1,875 1,819
Écart-type 0,264 0,069 2,144 1,572
Minimum 0 0,33 0 0
Maximum 0,95 0,618 13 6
Afrique francophone
Moyenne 0,344 0,448 2,325 0,93
Écart-type 0,236 0,045 1,623 0,986
Minimum 0 0,35 0 0
Maximum 0,75 0,51 7 4
Maghreb
Moyenne 0,215 0,384 0,667 0,543
Écart-type 0,142 0,058 1,385 0,735
Minimum 0 0,33 0 0
Maximum 0,6 0,47 5 2
Nigéria
Moyenne 0,219 0,422 3,623 2,428
Écart-type 0,142 0,033 3,183 1,525
Minimum 0 0,36 0 0
Maximum 0,75 0,48 13 5
Afrique de l'Est et Australe
Moyenne 0,225 2 1,132
Écart-type 0,156 1,562 0,933
Minimum 0 0 0
Maximum 0,6 6 6
Afrique du Sud
Moyenne 0,441 0,479 1,683 2,371
Écart-type 0,272 0,043 1,523 1,194
Minimum 0,05 0,44 0 0
Maximum 0,9 0,57 5 5
Banques occidentales
Moyenne 0,637 0,541 0,912 3,012
Écart-type 0,260 0,044 0,957 1,796
Minimum 0,05 0,45 0 0
Maximum 0,95 0,618 5 6
Source : auteur ; avec Y = Responsabilité environnementale ; X1 = Diversité de genre au sein de la banque ; X2 = Dirigeantes ;
X 3 = Administratrices.
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étrangères qui peut traduire un cadre réglementaire développé (dans ces pays) et des parties prenantes plus exigeantes d'un
management vert. Par ailleurs, les établissements financiers sud-africains présentent la meilleure performance environne-
mentale sur le continent. Ce résultat n'est pas surprenant, dans la mesure où la banque sud-africaine Standard Bank est classée
parmi les 100 firmes les plus écologiques au monde et ce pays dispose d'une bourse des valeurs mobilières en matière de RSE.
Relativement à la diversité de genre au sein de l'échantillon, on peut dire que la moyenne est satisfaisante dans l'ensemble
(X1 = 48,4 %), puisqu'elle est proche de la parité. Cette tendance est d'ailleurs confortée par des écart-types concentrés. Une
exception est tout de même faite au Maghreb (X1 = 38,4 %). Cette modalité reflète les valeurs culturelles de cette région qui tendent
à discriminer les femmes.
Toutefois, on note une faible représentation des femmes au sein des instances dirigeantes et de contrôle (direction générale et
conseil d'administration). Un constat similaire a été établi par Wachudi et Mboya (2011) au Kenya. Cette situation traduit la
discrimination des femmes au sein des banques. Toutefois, on observe que cette pratique est très disparate au regard des écart-
types moins concentrés. Ceci démontre que la ségrégation des femmes n'est pas absolue au sein des banques, car certaines
organisations bancaires se singularisent par des comportements éthiques.

6.2. Analyse de la multi colinéarité entre les variables indépendantes

La littérature retient généralement la valeur 0,7 comme le seuil d'alerte indiquant l'existence de colinéarité. Au regard du Tableau 4
ci-dessous, aucune valeur n'excède ce plafond. Ainsi, on conclut qu'il n'existe pas de relation de colinéarité entre les variables
indépendantes.

6.3. Analyse de l'hétéroscédasticité et de l'auto corrélation

Le Tableau 5 ci-dessous indique la présence d'hétéroscédasticité des résidus et d'autocorrélation des erreurs susceptibles
d'entraver la qualité des résultats. Afin de corriger ces éléments, des estimations par les Moindres Carrés Généralisés (MCG) ont été
effectuées.

6.4. Les vertus mitigées de l'éco-féminisme au sein des groupes bancaires

Au terme des analyses économétriques par grâce au logiciel Stata 12, le Tableau 6 a été constitué. Ce dernier est une synthèse des
résultats relatifs à l'Afrique ainsi que les régions de l'Afrique francophone, du Nigéria, de l'Afrique du Sud et des banques
étrangères ou occidentales1.
À la lecture du Tableau 6, on constate que le genre féminin impacte significativement le niveau de responsabilité
environnementale des groupes bancaires en Afrique ainsi que les établissements financiers originaires du Nigéria, de l'Afrique du
Sud et de l'occident. Ceci manifeste la présence l'éco-féminisme dans les stratégies environnementales de ces banques. Toutefois,

Tableau 4 – Analyse de la multi colinéarité entre les variables indépendantes.


X1 X2 X3
X1 j 1,0000
X2 j 0,5452 1,0000
X2 j 0,3348 0,1261 1,0000
Source : auteur.

Tableau 5 – Résultats des tests hétéroscédasticité et d'auto corrélation.


Modèles Chi2 de Présence Chi2 de Présence Méthode
Breusch-Pagan d'hétéroscédasticité Breusch-Godfrey d'auto d'estimation en
corrélation cas de correction
Afrique 79,58 *** Oui 31,363 *** Oui MCG
Afrique Francophone 1,95 Non 3,913 ** Oui MCG
Nigéria 1,99 Non 2,873 * Oui MCG
Afrique du Sud 11,40 *** Oui 0,006 Non MCG
Banques occidentales 14,40 *** Oui 18,762 *** Oui MCG
*, **, *** différence significative respectivement au seuil de 10 %, 5 % et 1 %. Source : auteur.

1
Il est important de noter que les régressions effectuées au Maghreb ainsi qu'en Afrique de l'Est et Australe n'ont pas abouti à des
résultats concluants du fait des données manquantes.
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Tableau 6 – Synthèse des analyses économétriques.


Afrique Afrique Maghreb Nigeria Afrique de l'Est Afrique Banques
Francophone et Australe du Sud étrangères
R2 0,796 0,024 16,52 0,114 0,144
(21,60)*** (17,25) (9,18) *** (1,86)*** (19,78)***
Constante 0,175 0,360 0,176 3,379 0,198
(1,01) (1,63) (0,38) (2,43)** (0,63)
X1 1,513 0,423 0,965 6,082 2,181
(4,38)*** (0,83) (0,92) (2,72)*** (2,57)**
X2 S0,025 0,024 S0,026 0,093 0,038
(S2,67)*** (1,15) (S2,44)** (1,24) (1,45)
X3 0,032 0,016 (0,84) 0,360 0,041
(3,56)** (0,32) (2,53)** (2,39)** (3,34)***
Fisher (21, 81) (2, 12) (7, 14) (3, 8)* (5, 38)
(5,39) *** (0,61) (1,31) (2,53) (6,84) ***
Hausman (0,01) (7,81) (5,35)
Breusch-Pagan (52,59)*** (0,00) (17,64)***
*, **, *** différence significative respectivement au seuil de 10 %, 5 % et 1 %. X1 = Diversité de genre au sein de la banque ; X2 = Dirigeantes ;
X3 = Administratrices. Les caractères en gras indiquent la significativité d'une variable ou d'un élément. Source : auteur.

on observe que le genre n'affecte pas considérablement le niveau de responsabilité environnementale des groupes bancaires
originaires de l'Afrique francophone, car le R2 de ce modèle n'est pas significatif. Ceci remet en cause les postulats éco-féministes
dans cette région. Dans cette posture, certains féministes accusent la discrimination des femmes qui ne favorise pas l'éco-
féminisme. En effet, la sous-représentation du genre féminin ne permet pas aux organisations bancaires de bénéficier des
présumés bienfaits de l'éco-féminisme. Au final, on conclut des vertus mitigées de l'éco-féminisme, car le genre n'affecte pas
significativement l'ensemble des modèles étudiés.
Relativement aux variables, les analyses économétriques montrent que la diversité de genre influence positivement le niveau
de responsabilité environnementale dans l'ensemble des modèles. Cette relation d'influence est d'ailleurs significative en Afrique
en général et particulièrement au sein des banques sud-africaines et occidentales. Cette conclusion conforte globalement notre
première hypothèse dans ces régions ainsi que les travaux empiriques de Josée et al. (2013) au Canada. Conformément aux
postulats éco-féministes, on conclut qu'une plus grande diversité de genre au sein des groupes bancaires favorise le
développement de la responsabilité environnementale.
Toutefois, les analyses montrent que le nombre de dirigeantes est négativement corrélé au niveau de protection de la nature
par les groupes bancaires en Afrique, au Nigéria et en Afrique du Sud. Ce résultat est contraire à la deuxième hypothèse ainsi que
les préceptes éco-féministes. La littérature démontre que Paradas et al. (2013) ont abouti à une conclusion similaire en France ainsi
que Fredell (1996) au Nord de l'Inde. Par ailleurs, cette étude démontre que le nombre de dirigeantes au sein des banques
multinationales occidentales et d'Afrique francophone est positivement et non significativement associé au niveau de
responsabilité environnementale. Ce résultat mitigé manifeste d'un côté les vertus éco-féministes et de l'autre côté la
discrimination des femmes qui inhibe cette aptitude.
Enfin, on note que le nombre de femmes siégeant au sein des conseils d'administration affecte positivement et
significativement le niveau de responsabilité environnementale des groupes bancaires d'Afrique, du Nigéria, de l'Afrique du
Sud et de l'occident. Ce résultat corrobore les postulats éco-féministes et notre troisième hypothèse dans ces contextes. Un
parallèle peut être fait avec les recherches de Li et al. (2016) ainsi que Kassinis et al. (2016) aux États-Unis. Le conseil
d'administration étant en partie un organe de contrôle et de définition de stratégie d'entreprise, on conclut que les
administratrices favorisent la préservation de la nature par les banques et la mise sur pied des politiques environnementales
(nouvelles théories éco-féministes). Par ailleurs, on constate que le nombre de femmes siégeant au conseil d'administration
influence négativement le niveau de protection de la nature par les holdings bancaires en Afrique francophone. Ce résultat est
contraire à nos prédictions et confirme la réfutation de l'éco-féminisme dans cette région.

7. Conclusion générale

Partant des postulats éco-féministes, cette recherche se propose de vérifier l'influence du genre féminin sur le niveau de
responsabilité environnementale des groupes bancaires en Afrique. Pour cela, cette étude s'appuie sur un échantillon de
42 banques multinationales observées sur la période allant de 2005 à 2014. Les données employées émanent des rapports annuels
des banques et sont traitées grâce à une régression par les moindres carrés généralisés. Au terme de cette enquête, on conclut
d'une négation de l'éco-féminisme au sein des groupes bancaires originaires d'Afrique francophone (absence de significativité des
R2). A contrario, ces préceptes expliquent l'engagement environnemental des holdings bancaires d'Afrique, du Nigéria, de
l'Afrique du Sud et des banques occidentales (car les R2 sont significatifs). Au final, on conclut des vertus mitigées de l'éco-
féminisme au sien des groupes bancaires en Afrique.
126 la revue gestion et organisation 10 (2018) 119–126

De même, il en ressort que la diversité de genre ainsi que le nombre de femmes siégeant au sein des conseils d'administration
affectent positivement et significativement le niveau de responsabilité environnementale des groupes bancaires en Afrique. Par
ailleurs, le nombre de femmes dirigeantes est négativement et considérablement corrélé au niveau de protection de la nature par les
holdings bancaires installés sur le continent africain.
Même si cette recherche ne permet pas une certaine consécration des préceptes éco-féministes au sein des groupes bancaires
en Afrique, elle met en avant les vertus de la diversité de genre et les capacités de préservation de l'environnement des
administratrices. Tout de même deux défis à surmonter. D'abord, face aux enjeux environnementaux actuels, l'engagement des
organisations bancaires devrait davantage être promu. Dans cette optique, le développement d'un cadre réglementaire, favorable
à la préservation de l'environnement par les institutions financières, est une initiative louable. Enfin, la promotion de l'égalité des
genres serait d'un apport certain au regard des présumées vertus éco-féministes. Pour les travaux futurs, l'intégration des
variables modératrices ou médiatrices en serait une contribution majeure. De même, des analyses qualitatives seraient d'un
apport certain.

Déclaration de liens d'intérêts

L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.

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re  rences

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