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Résumé
La réflexion générale de cet article a pour objet les moyens potentiels dont dispose l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour encourager la prise en compte des
préoccupations environnementales en son sein. Le développement durable est devenu
aujourd'hui la référence obligée des politiques de développement dans les pays du Sud. C'est
ainsi que l'UEMOA accroit progressivement la place des questions environnementales dans ses
programmes et projets. Sur cette lancée, des mesures relatives aux instruments de politique
environnementale pourraient être adoptées pour y promouvoir la diffusion de la culture
environnementale. Ces mesures contribueraient à l'adoption du management environnemental
par les entreprises et plus particulièrement les industries. Toutefois, elles demandent à être
analysées au regard du contexte de la zone. Basé sur une analyse documentaire, cet article se
donne un triple objectif : présenter les notions de culture environnementale et de management
environnemental, présenter les instruments de politique environnementale et proposer des
mesures relatives à ces instruments, que l'UEMOA pourrait déployer en son sein.
Introduction
Dans la perspective actuelle du développement durable, le caractère stratégique de
l'environnement ne cesse de se confirmer. Ces dernières années, la prise en compte de son
importance s'est largement développée sous la pression croissante de groupes sociaux et
économiques. Le monde des entreprises n'est pas du reste par rapport à cette prise de
conscience. Ainsi, face à l'ampleur des diverses pressions, nombreuses sont les entreprises
des pays développés à s'impliquer dans le développement durable à travers l'adoption et la
promotion d'une culture environnementale dans leur fonctionnement quotidien.
Evoluant dans un cadre très différent, les entreprises de l'Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA) sont loin d'une telle démarche. Cependant, dans le contexte mondial
actuel, leur meilleur gage de survie voire d’existence est de faire de l’environnement un des
enjeux clefs de leur stratégie. Grâce aux instruments de politique environnementale, les
pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans l’adhésion des entreprises à cette vision. Ce rôle est
d’autant plus important que les Etats forment un regroupement régional à l'instar de l'UEMOA.
Il est à constater que l'UEMOA accroit progressivement la place des questions
environnementales dans ses programmes et projets. Sur cette lancée, des mesures spécifiques
pourraient être adoptées pour inciter les entreprises à s’engager dans une démarche de
préservation du capital écologique. L'instauration de telles mesures exige l'adoption,
échelonnée dans le temps, d'instruments de politique environnementale. Les actions à mener
dans ce sens peuvent être des actions nouvelles ou porter sur une consolidation d'actions
existantes. Il peut s'agir de mesures technologiques, comportementales ou mixtes. Elles
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Colloque Eau, Déchets et Développement Durable, 21 – 24 mars 2012, Agadir, Maroc
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organization must adopt an environmental culture where the entire organization must reorient its
attitudes and behaviours to be committed to achieving new goals".
2.1 La réglementation
La règlementation permet d’interdire, autoriser, contrôler ou surveiller des activités
dommageables à l’environnement. Elle peut avoir trois sources : internationale (conventions,
accords, traités), communautaire (règlements et directives) et interne (lois, décrets et arrêtés) ;
les textes internationaux représentant les cadres juridiques sur lesquels chaque Etat signataire
devra s’engager pour légiférer au plan national.
Cette catégorie d’instruments permet de définir les obligations et responsabilités réciproques de
chacune des parties concernées par la protection de l'environnement. Grace à ses outils que
sont les normes matérielles et procédurales, la réglementation environnementale s'intéresse
essentiellement aux produits et aux risques technologiques. Elle fixe, par exemple, les
concentrations maximales d’un polluant donné dans les différents milieux (air, eau, sol).
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Colloque Eau, Déchets et Développement Durable, 21 – 24 mars 2012, Agadir, Maroc
• par les prix. Ils assurent une maîtrise de l'impact économique par fixation ex ante d'un prix
des atteintes sans garantir un niveau global d'atteintes à l'environnement (aides ou
exonérations fiscales, subventions directes, tarifs différenciés, taxes, redevances, etc.) et
• par les quantités. Ces outils récents (permis et quotas négociables ou échangeables)
découlent du Protocole de Kyoto. Ils visent à assurer le respect d'un niveau maximal
d'atteinte à l'environnement en le fixant à l'avance grâce à une répartition de droits aux
agents économiques de sorte qu'ils puissent les échanger sur un marché qui en détermine
le prix. L'incertitude de leur utilisation porte sur l'impact économique.
En plus de ces deux types, il existe entre autres IEF, l'octroi de droits d'utilisation de ressources
naturelles, le recours à des critères écologiques (écologisation) en matière d'achats publics et
d'appels d'offres, le cautionnement des garanties de bonne exécution environnementale, le
financement à des taux préférentiels des projets respectueux de l'environnement, etc.
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3.1 Bref état des lieux de la mise en application des instruments au sein de l'UEMOA
Un diagnostic sommaire a été fait pour caractériser les pratiques actuelles relatives aux
différents instruments. Il a permis de préciser les composantes de la dynamique institutionnelle
de préservation de l'environnement aux niveaux national et communautaire.
Concernant la réglementation, les Etats membres regroupent progressivement l'ensemble de
leurs textes juridiques environnementaux dans un "code de l'environnement". Mais ces textes
souffrent d'ineffectivité pour des raisons d'inefficacité voire d'inexistence des mécanismes de
leur mise en œuvre. Les progrès des pays en termes de protection environnementale sont
inégaux et l'harmonisation des règlementations nationales permettrait d'éviter ce déséquilibre.
Au niveau communautaire, la perception de l'importance de l'environnement est assez récente.
Néanmoins, l'UEMOA s'est dotée de textes sectoriels et d'autres sont en projet.
Compte tenu du caractère récent de la prise en compte de l'environnement dans les pays
membres, il y est globalement constaté une libéralisation économique sans un véritable garde-
fou environnemental. Il y est très faiblement fait recours aux IEF et les plus couramment utilisés
sont les subventions, les aides financières ou les exonérations douanières. Leur application est
limitée par les ressources financières des Etats. Au niveau communautaire, dans le cadre de la
Politique Commune d'Amélioration de l'Environnement (PCAE), les IEF utilisés sont
essentiellement les financements de projets environnementaux (projet de suivi du trait de côte
et schéma directeur du littoral ouest-africain depuis la Mauritanie jusqu'au Bénin, programme
régional de biosécurité, etc.). De plus, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD),
institution commune de financement, projette d’être le bras financier de l'UEMOA pour les
projets écologiques et surtout de promouvoir un marché du carbone dans l'UEMOA. Toutefois il
est à déplorer l'absence d'instruments communautaires fiscaux relatifs à la protection de
l'environnement qui, s'ils existaient, serviraient à soutenir le Fonds d'Aide à l'Intégration
Régionale (FAIR) dans le financement des projets.
Malgré le retard accusé par les Etats Africains, tout comme la plupart des pays en
développement, dans l'adoption des instruments volontaires, l'importance grandissante de ces
instruments incitent à des efforts. Dans les pays de l'UEMOA, le principal instrument volontaire
de portée internationale rencontré est la certification ISO 14001. Sa répartition dans l'UEMOA
est en corrélation avec le tissu industriel et la richesse des pays. Dans la perspective de la
diffusion de la "démarche Qualité" dans la sous-région, tous les pays sont dans un processus
de création d'organismes chargés de concevoir et d'implémenter un système de normalisation,
de certification et d'accréditation. Il y existe également des associations de défense des
consommateurs et des ONG de protection de l'environnement. Au niveau communautaire la
dynamique d'amélioration des systèmes de management des entreprises engendrée par le
"Programme Qualité" pourrait être mise à profit pour promouvoir les instruments volontaires.
Dans le cadre de ce programme, l'UEMOA a adopté en 2010 un règlement qui officialise la
création d'un organisme régional d’accréditation (Système Ouest Africain d’Accréditation), un
organisme régional de normalisation, de certification et de promotion de la qualité dénommé
NORMCERQ et un organisme régional de métrologie (Système Ouest Africain de Métrologie).
Les activités d'information et de sensibilisation dans les pays membres de l'UEMOA sont
menées de façon parcellaire à travers des programmes/projets ponctuels. Chaque pays
développe des projets d'Education Relative à l'Environnement (ERE) et organise des
campagnes de communication sur des problèmes environnementaux spécifiques en cas de
besoin. Mais ces actions n'ont pas toujours des impacts perceptibles. Au niveau
communautaire, l'axe stratégique n° 3 de la PCAE prévoit le Projet Régional Education Relative
à l'Environnement (PRERE) et le Programme Média Développement de l'Information
Environnementale qui visent à promouvoir l'écocitoyenneté.
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3.2.1 Réglementation
Pour atteindre l’objectif de diffusion de la culture environnementale dans les entreprises, les
mesures règlementaires qui s’offrent à l’UEMOA sont variées. Elle pourrait :
• Intégrer des objectifs environnementaux dans la définition des autres politiques sectorielles
et de tout nouveau programme de développement : L'intégration de tels objectifs pourrait en
faire une véritable préoccupation communautaire et permettrait de rendre la question
environnementale transversale. Les Etats seraient ainsi incités à intégrer dorénavant et
systématiquement l'environnement à tous leurs programmes de développement.
• Adopter une règlementation environnementale harmonisée : Le cadre juridique
communautaire, actuellement en construction, devrait s'intéresser le plus tôt possible à tous
les aspects relatifs à l'environnement tout en veillant à promulguer les textes d'application
nécessaires. Les règles communautaires devraient être régulièrement révisées en tenant
compte de l'évolution des problèmes pour éviter le déphasage avec la réalité mondiale.
Toutefois, leur introduction devrait être graduelle pour une meilleure appropriation par la
société. Cette dernière, régie par le droit coutumier, considère l'environnement comme un
bien commun et ne comprend pas qu'il puisse être contrôlé par des lois.
• Adapter au mieux les règles et mécanismes de protection environnementale au contexte
socioculturel local : La mise en application d'un droit communautaire de l'environnement
duquel la population ne se serait pas appropriée serait difficile. Il serait souhaitable que les
projets de textes communautaires soient élaborés dans une approche participative,
collective et interdisciplinaire pour des textes en cohérence avec les règles coutumières
existantes et pour éviter des heurts entre le droit moderne et le droit coutumier ainsi que les
divergences entre pays.
Bien d’autres actions peuvent être envisagées pour la mise en place d’un arsenal règlementaire
efficace et effectif susceptible d’être un des piliers de l’orientation des entreprises dans leurs
initiatives pro-environnementales.
3.2.2 Instruments économiques et financiers
Dans l'UEMOA, où les pays ont des ressources financières limitées et où le mécanisme sous-
régional de financement des projets environnementaux n'est pas encore effectif, les IEF
devraient être encouragés. Dans le contexte actuel de diminution du financement extérieur,
suite à la crise financière mondiale, il serait avantageux de :
• Encourager dans un premier temps l'instauration d'IEF dans chaque pays membre : Ceci
permettrait de préparer les agents économiques à intégrer des instruments de marché à
leurs préoccupations environnementales. L'UEMOA pourrait ensuite s'inspirer des
expériences nationales pour déterminer un cadre communautaire adéquat aux IEF.
• Définir un cadre juridique et institutionnel adéquat de mise en place des IEF au niveau
sous-régional : A partir de la réglementation environnementale harmonisée et de la fiscalité
communautaire, l'UEMOA devrait définir le cadre juridique (textes de loi et d'application)
instituant l'utilisation des IEF. A cet égard, il faudrait une collaboration entre tous les acteurs
des secteurs "Environnement" et "Finances" tant au niveau de l’UEMOA que des Etats.
• Elaborer, en concertation avec les pays membres, et mettre en application des IEF
appropriés au contexte général de l'UEMOA : Cette dernière pourrait construire des IEF
uniformisés et équitables à l'échelle communautaire en tenant compte de leur réelle
nécessité. Les IEF retenus devraient être aussi simples et claires que possible tant dans
leur conception que dans leur nombre en vue d'en faciliter l'acceptation par les agents. Il
serait aussi bénéfique d’introduire graduellement et de façon coordonnée ces IEF.
Outre ces actions, d’autres dispositions relatives aux instruments économiques et financiers
peuvent servir à créer les conditions nécessaires à la stimulation de la volonté des entreprises à
développer une culture environnementale propre.
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Conclusion
Les entreprises contemporaines sont obligées de s'approprier des leviers de performance.
Dans ce cadre, la promotion de politiques environnementales efficaces aux niveaux local,
national, régional et global est source de développement d'outils d'intégration de
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l'environnement dans les décisions. Ces politiques peuvent s'appuyer sur quatre types
d'instruments qui diffèrent par leur fonctionnement. Chacun d'eux possède ses avantages et
ses inconvénients. Le choix entre ces instruments peut découler d'une comparaison basée sur
des critères comme : l'efficacité dans l'atteinte des objectifs environnementaux, l'efficience
économique, le coût institutionnel de la mise en œuvre et les effets sur l'évolution de
l'innovation et de la compétitivité.
Les choix de stratégie environnementale des agents économiques dépendent des forces et
faiblesses des instruments auxquels ils sont soumis. L'obtention de résultats optimaux des
politiques environnementales publiques nécessite l'application d'un mix d'instruments.
L’utilisation simultanée, mais à des degrés adéquats, de tous ces instruments pourrait
contribuer à la diffusion de la culture environnementale au sein des entreprises de l'UEMOA. En
effet, en influant sur le niveau de contrainte des entreprises par le biais de la réglementation et
en jouant sur leur adhésion volontaire aux préoccupations environnementales par la
sensibilisation et l'offre d'opportunités de profit, les pouvoirs publics créeront les conditions
idéales pour la prise en compte de l'environnement dans les entreprises.
Toutefois le contexte général de l'UEMOA nécessiterait une hiérarchisation dans l’introduction
des divers instruments afin que la prise de conscience puisse se transformer en programmes et
plans d'action. En vue d'une diffusion progressive et non brutale de la culture environnementale,
il serait souhaitable d'utiliser premièrement l'instrument informationnel qui sera suivi
simultanément des instruments règlementaire et économique et enfin l'instrument volontaire.
L'insertion systématique des préoccupations environnementales dans la gestion des entreprises
de l'UEMOA, découlant de la diffusion de la culture environnementale, aboutirait certainement à
une amélioration de la compétitivité de celles-ci et par ricochet à un essor économique tout en
stabilisant le niveau actuel de l'environnement ou, au mieux, en l'améliorant.
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UEMOA (2008). Grandes orientations de la politique commune d'amélioration de l'environnement (PCAE)
– Annexes 2 : Informations sur les pays. Ouagadougou. 353 p.
UEMOA (2008). Grandes orientations de la politique commune d'amélioration de l'environnement (PCAE)
– Rapport définitif. Ouagadougou. 162 p.