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Les instruments de politique environnementale comme moteur de la diffusion


de la culture environnementale au sein des entreprises de l'UEMOA

Conference Paper · March 2012

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Abla Mimi Edjossan-Sossou


Université de Lorraine, Nancy, France
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Colloque Eau, Déchets et Développement Durable, 21 – 24 mars 2012, Agadir, Maroc

Les instruments de politique environnementale comme moteur


de la diffusion de la culture environnementale au sein des
entreprises de l'UEMOA
Abla Mimi Edjossan-Sossou a, Martin Yelkouni b
a
LAEGO, Ecole de Mines – INPL (Nancy – France)
b
Université Senghor (Alexandrie – Egypte)

Résumé
La réflexion générale de cet article a pour objet les moyens potentiels dont dispose l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour encourager la prise en compte des
préoccupations environnementales en son sein. Le développement durable est devenu
aujourd'hui la référence obligée des politiques de développement dans les pays du Sud. C'est
ainsi que l'UEMOA accroit progressivement la place des questions environnementales dans ses
programmes et projets. Sur cette lancée, des mesures relatives aux instruments de politique
environnementale pourraient être adoptées pour y promouvoir la diffusion de la culture
environnementale. Ces mesures contribueraient à l'adoption du management environnemental
par les entreprises et plus particulièrement les industries. Toutefois, elles demandent à être
analysées au regard du contexte de la zone. Basé sur une analyse documentaire, cet article se
donne un triple objectif : présenter les notions de culture environnementale et de management
environnemental, présenter les instruments de politique environnementale et proposer des
mesures relatives à ces instruments, que l'UEMOA pourrait déployer en son sein.

Mots-clés : Culture environnementale, Management environnemental ; Instruments de politique


environnementale, UEMOA.

Introduction
Dans la perspective actuelle du développement durable, le caractère stratégique de
l'environnement ne cesse de se confirmer. Ces dernières années, la prise en compte de son
importance s'est largement développée sous la pression croissante de groupes sociaux et
économiques. Le monde des entreprises n'est pas du reste par rapport à cette prise de
conscience. Ainsi, face à l'ampleur des diverses pressions, nombreuses sont les entreprises
des pays développés à s'impliquer dans le développement durable à travers l'adoption et la
promotion d'une culture environnementale dans leur fonctionnement quotidien.
Evoluant dans un cadre très différent, les entreprises de l'Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA) sont loin d'une telle démarche. Cependant, dans le contexte mondial
actuel, leur meilleur gage de survie voire d’existence est de faire de l’environnement un des
enjeux clefs de leur stratégie. Grâce aux instruments de politique environnementale, les
pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans l’adhésion des entreprises à cette vision. Ce rôle est
d’autant plus important que les Etats forment un regroupement régional à l'instar de l'UEMOA.
Il est à constater que l'UEMOA accroit progressivement la place des questions
environnementales dans ses programmes et projets. Sur cette lancée, des mesures spécifiques
pourraient être adoptées pour inciter les entreprises à s’engager dans une démarche de
préservation du capital écologique. L'instauration de telles mesures exige l'adoption,
échelonnée dans le temps, d'instruments de politique environnementale. Les actions à mener
dans ce sens peuvent être des actions nouvelles ou porter sur une consolidation d'actions
existantes. Il peut s'agir de mesures technologiques, comportementales ou mixtes. Elles

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serviraient de tremplin à l'adoption du management environnemental par les entreprises. C’est


dans ce cadre que se placent les présentes réflexions sur comment la mise en œuvre des
instruments de politique environnementale pourrait inciter les entreprises de l'UEMOA à la prise
en compte de l'environnement dans leur gestion quotidienne.
Cet article se compose de trois sections. La première section s'attachera à présenter les
notions de management environnemental et de culture environnementale. La deuxième section
permettra de présenter les différents instruments de politique environnementale et la troisième
fera un tour d'horizon des actions potentielles relatives à ces instruments.

1. Management environnemental et culture environnementale


Au-delà de la contrainte que semble représenter le respect de l'environnement, se situe une
série de bénéfices de plusieurs ordres qui en font une opportunité : "la nécessité faite aux
entreprises de se comporter de manière environnementalement responsable est désormais
largement établie" (Baret, 2009, p. 242). L’intégration de l'environnement dans le système de
gestion d’une organisation, au même titre que les autres aspects (financiers, techniques, etc.),
constitue une option avantageuse. Elle se matérialise par le management environnemental,
mode managérial qui induit "un élargissement de la rationalité substantive en intégrant dans les
critères décisionnels de l’entreprise la prise en compte de ses impacts environnementaux"
(Brodhag et al., 2004, § 29).
Les avantages compétitifs procurés par l'adoption du management environnemental "peuvent
être significatifs" (Baracchini, 2007, p. 4) et sont d’ordre :
• environnemental (réduction de l’impact négatif des activités sur l’environnement, limitation
des risques d’épuisement des ressources naturelles non substituables, etc.) ;
• économique (optimisation des processus, moyen de persuasion des partenaires
économiques, accessibilité à certains marchés par le respect de leurs exigences, etc.) ;
• institutionnel (conformité aux exigences règlementaires, diminution des risques pénaux et
meilleure sécurité juridique, transparence dans les échanges administratifs, etc.) et
• organisationnel (meilleure structuration, accroissement des valeurs éthiques, fédération de
tous les acteurs autour d’un idéal commun, etc.).
Toutefois, il est illusoire d'escompter des résultats du management environnemental si les
parties impliquées dans sa mise en œuvre n'ont pas acquis une "culture environnementale" ; la
culture pouvant être définie comme l'ensemble des éléments particuliers qui caractérisent des
modes d'existence ou de fonctionnement partagés par une entité donnée. La culture
environnementale comprend l’ensemble des conceptions, valeurs et codes de comportement
partagés par des citoyens et qui portent tant sur ce que représente le capital naturel pour leur
société que sur la meilleure façon de le préserver. Elle est la base sur laquelle se construisent
les interventions spécifiques à la prise en compte des questions écologiques dans cette société.
La "culture environnementale" au sens de culture d’entreprise est une vision commune des
perspectives environnementales, partagée par tous les acteurs et qui assure la pertinence des
initiatives et actions engagées. Elle peut être appréhendée comme un catalyseur "pour
promouvoir des organisations modèles" (Boiral, 2007, p. 75). Pour la réussite du management
environnemental dans une entreprise, il est donc important de construire une culture
environnementale entre les entités concernées et d'en assurer l'ancrage dans leurs
comportements pour permettre un renforcement de leurs capacités de jugement critique face
aux préoccupations environnementales en vue de l'émergence d'une attitude éco-citoyenne.
La diffusion de la culture environnementale au sein d’une entreprise est plus qu’une nécessité ;
c’est une obligation stratégique car le développement durable de l’entreprise en dépend. En
effet, comme l’affirment Perron et al. (2006, p. 552), "to become more sustainable, the

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organization must adopt an environmental culture where the entire organization must reorient its
attitudes and behaviours to be committed to achieving new goals".

2. Les instruments de politique environnementale


Contrairement à l'idéal économique de concurrence pure et parfaite, les marchés présentent
des défaillances qui résultent des externalités négatives des activités et de l'inexistence de
droits de propriété sur l'environnement. Selon la théorie d’internalisation des externalités, les
pouvoirs publics interviennent pour réguler les marchés par des mesures destinées à éviter que
ces défaillances n'aboutissent à des résultats sous-optimaux.
Le concept d’instrument de politique publique étant au cœur de cet article, il convient d’en saisir
le sens. Il peut être défini comme un moyen d’action par lequel un gouvernement "conduit des
acteurs individuels et collectifs à prendre des décisions et à mener des actions qui sont
compatibles avec les objectifs de la politique publique qu’il poursuit" (Varone, 2000, p. 168).
Au regard de la littérature portant sur les instruments de politique environnementale, l'Etat
dispose d'une large palette d'instruments qui peuvent être regroupés en trois générations qui
diffèrent par la chronologie de leur apparition. Ainsi, par ordre d’apparition, on distingue la
réglementation suivie des instruments économiques et financiers. Les instruments volontaires et
informationnels forment la troisième génération. Cependant, dans leur mise en œuvre, ces
générations coexistent dans la réalité (Bougherara et al., 2004). Les instruments de politique
environnementale peuvent être contraignants ou volontaires, immuablement définis ou
modifiables. Ils diffèrent par leur mode d'opération mais sont liés par une certaine
complémentarité : chaque instrument a une relation avec un ou plusieurs autres ; les forces des
uns équilibrant les faiblesses des autres.

2.1 La réglementation
La règlementation permet d’interdire, autoriser, contrôler ou surveiller des activités
dommageables à l’environnement. Elle peut avoir trois sources : internationale (conventions,
accords, traités), communautaire (règlements et directives) et interne (lois, décrets et arrêtés) ;
les textes internationaux représentant les cadres juridiques sur lesquels chaque Etat signataire
devra s’engager pour légiférer au plan national.
Cette catégorie d’instruments permet de définir les obligations et responsabilités réciproques de
chacune des parties concernées par la protection de l'environnement. Grace à ses outils que
sont les normes matérielles et procédurales, la réglementation environnementale s'intéresse
essentiellement aux produits et aux risques technologiques. Elle fixe, par exemple, les
concentrations maximales d’un polluant donné dans les différents milieux (air, eau, sol).

2.2 Les instruments économiques et financiers (IEF)


Recommandés par le principe 16 de la Déclaration de Rio, les instruments économiques et
financiers constituent l'approche la plus directe d'une politique environnementale. Les IEF sont
basés sur l'hypothèse que les marchés sont plus à même de traiter efficacement les
informations guidant les décisions des agents. Ils visent à inclure le coût des répercutions
négatives des activités dans le calcul de leur coût global. Ils permettent de donner un statut de
biens économiques aux ressources naturelles et aux atteintes à l'environnement en leur
attribuant un prix. En y recourant, l'Etat se donne en réalité des droits de propriété sur ces
éléments, qui sont normalement des biens communs, et en concède des droits d'usage aux
agents économiques.
Les IEF diffèrent de la réglementation par le fait que leur caractère contraignant porte sur
l'obligation de s'acquitter "d'un prix" et non sur le respect d'un niveau de performance. On
distingue les IEF de régulation :

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• par les prix. Ils assurent une maîtrise de l'impact économique par fixation ex ante d'un prix
des atteintes sans garantir un niveau global d'atteintes à l'environnement (aides ou
exonérations fiscales, subventions directes, tarifs différenciés, taxes, redevances, etc.) et
• par les quantités. Ces outils récents (permis et quotas négociables ou échangeables)
découlent du Protocole de Kyoto. Ils visent à assurer le respect d'un niveau maximal
d'atteinte à l'environnement en le fixant à l'avance grâce à une répartition de droits aux
agents économiques de sorte qu'ils puissent les échanger sur un marché qui en détermine
le prix. L'incertitude de leur utilisation porte sur l'impact économique.
En plus de ces deux types, il existe entre autres IEF, l'octroi de droits d'utilisation de ressources
naturelles, le recours à des critères écologiques (écologisation) en matière d'achats publics et
d'appels d'offres, le cautionnement des garanties de bonne exécution environnementale, le
financement à des taux préférentiels des projets respectueux de l'environnement, etc.

2.3 Les instruments volontaires


Apparus sous l'impulsion de la société civile, ces instruments ont été repris par le législateur
pour leur donner une base juridique et organiser leur utilisation. Cette catégorie regroupe :
• les rapports environnementaux ;
• les certifications environnementales : ISO 14001 et EMAS pour les processus et les
écolabels pour les produits (Forest Stewardship Council ou FSC pour le bois, etc.) ;
• les autorégulations par branche professionnelle ;
• les codes de bonne conduite environnementale des associations professionnelles et
• les accords volontaires individuels ou collectifs.
Comme leur nom l’indique, l’adoption de ces instruments est volontaire. Toutefois, elle est en
réalité téléguidée car ils véhiculent des informations sur les agents pouvant être diffusées tant à
l'attention des entreprises que des individus. Leur adoption permet d’éviter un boycott de leurs
activités, une éventuelle soumission à une réglementation plus contraignante et/ou aux IEF ou
des effets néfastes d'une campagne médiatique défavorable.

2.4 Les instruments cognitifs et émotionnels : information, sensibilisation et éducation


Ce type d’instruments peut être proposé tant par les pouvoirs publics que par d'autres
organisations (société civile, ONG, associations des consommateurs, etc.). En transmettant aux
agents une connaissance réelle du milieu naturel et de ses problèmes, ces instruments leur
permettent de faire des choix en étant bien informés des conséquences que ceux-ci pourraient
avoir sur la qualité environnementale. Les agents se sentent alors responsables des
externalités négatives de leurs activités et adoptent des attitudes responsables vis-à-vis de
l'environnement. Ils pourraient à long terme changer de comportement et ceci durablement.
Ces instruments servent à préparer le terrain aux trois autres catégories et à les accompagner,
ceux-ci ayant besoin d'une campagne d'information, de vulgarisation et de sensibilisation
adaptée pour gagner en popularité.

3. Orientations stratégiques pour la création des conditions favorables à


la diffusion de la culture environnementale
Une analyse des mécanismes actuels de protection de l'environnement au sein de l'UEMOA a
permis de vérifier si tous les instruments sus-présentés sont utilisés et de quelle manière ils le
sont. Elle a permis de dégager des perspectives d'amélioration pouvant offrir une opportunité
adéquate de prise de conscience des enjeux environnementaux au sein de l'UEMOA,
particulièrement dans les entreprises. Dans le cadre de l’inventaire des actions stratégiques à
mener, il convient d’observer que les priorités correspondent à quatre grands ensembles reliés
chacun à un type d'instrument.

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3.1 Bref état des lieux de la mise en application des instruments au sein de l'UEMOA
Un diagnostic sommaire a été fait pour caractériser les pratiques actuelles relatives aux
différents instruments. Il a permis de préciser les composantes de la dynamique institutionnelle
de préservation de l'environnement aux niveaux national et communautaire.
Concernant la réglementation, les Etats membres regroupent progressivement l'ensemble de
leurs textes juridiques environnementaux dans un "code de l'environnement". Mais ces textes
souffrent d'ineffectivité pour des raisons d'inefficacité voire d'inexistence des mécanismes de
leur mise en œuvre. Les progrès des pays en termes de protection environnementale sont
inégaux et l'harmonisation des règlementations nationales permettrait d'éviter ce déséquilibre.
Au niveau communautaire, la perception de l'importance de l'environnement est assez récente.
Néanmoins, l'UEMOA s'est dotée de textes sectoriels et d'autres sont en projet.
Compte tenu du caractère récent de la prise en compte de l'environnement dans les pays
membres, il y est globalement constaté une libéralisation économique sans un véritable garde-
fou environnemental. Il y est très faiblement fait recours aux IEF et les plus couramment utilisés
sont les subventions, les aides financières ou les exonérations douanières. Leur application est
limitée par les ressources financières des Etats. Au niveau communautaire, dans le cadre de la
Politique Commune d'Amélioration de l'Environnement (PCAE), les IEF utilisés sont
essentiellement les financements de projets environnementaux (projet de suivi du trait de côte
et schéma directeur du littoral ouest-africain depuis la Mauritanie jusqu'au Bénin, programme
régional de biosécurité, etc.). De plus, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD),
institution commune de financement, projette d’être le bras financier de l'UEMOA pour les
projets écologiques et surtout de promouvoir un marché du carbone dans l'UEMOA. Toutefois il
est à déplorer l'absence d'instruments communautaires fiscaux relatifs à la protection de
l'environnement qui, s'ils existaient, serviraient à soutenir le Fonds d'Aide à l'Intégration
Régionale (FAIR) dans le financement des projets.
Malgré le retard accusé par les Etats Africains, tout comme la plupart des pays en
développement, dans l'adoption des instruments volontaires, l'importance grandissante de ces
instruments incitent à des efforts. Dans les pays de l'UEMOA, le principal instrument volontaire
de portée internationale rencontré est la certification ISO 14001. Sa répartition dans l'UEMOA
est en corrélation avec le tissu industriel et la richesse des pays. Dans la perspective de la
diffusion de la "démarche Qualité" dans la sous-région, tous les pays sont dans un processus
de création d'organismes chargés de concevoir et d'implémenter un système de normalisation,
de certification et d'accréditation. Il y existe également des associations de défense des
consommateurs et des ONG de protection de l'environnement. Au niveau communautaire la
dynamique d'amélioration des systèmes de management des entreprises engendrée par le
"Programme Qualité" pourrait être mise à profit pour promouvoir les instruments volontaires.
Dans le cadre de ce programme, l'UEMOA a adopté en 2010 un règlement qui officialise la
création d'un organisme régional d’accréditation (Système Ouest Africain d’Accréditation), un
organisme régional de normalisation, de certification et de promotion de la qualité dénommé
NORMCERQ et un organisme régional de métrologie (Système Ouest Africain de Métrologie).
Les activités d'information et de sensibilisation dans les pays membres de l'UEMOA sont
menées de façon parcellaire à travers des programmes/projets ponctuels. Chaque pays
développe des projets d'Education Relative à l'Environnement (ERE) et organise des
campagnes de communication sur des problèmes environnementaux spécifiques en cas de
besoin. Mais ces actions n'ont pas toujours des impacts perceptibles. Au niveau
communautaire, l'axe stratégique n° 3 de la PCAE prévoit le Projet Régional Education Relative
à l'Environnement (PRERE) et le Programme Média Développement de l'Information
Environnementale qui visent à promouvoir l'écocitoyenneté.

3.2 Actions prioritaires potentielles à la portée de l'UEMOA


Sur la base de l'identification des spécificités de l'UEMOA, révélées par l'état des lieux ci-
dessus, plusieurs perspectives stratégiques pertinentes peuvent être explorées.

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3.2.1 Réglementation
Pour atteindre l’objectif de diffusion de la culture environnementale dans les entreprises, les
mesures règlementaires qui s’offrent à l’UEMOA sont variées. Elle pourrait :
• Intégrer des objectifs environnementaux dans la définition des autres politiques sectorielles
et de tout nouveau programme de développement : L'intégration de tels objectifs pourrait en
faire une véritable préoccupation communautaire et permettrait de rendre la question
environnementale transversale. Les Etats seraient ainsi incités à intégrer dorénavant et
systématiquement l'environnement à tous leurs programmes de développement.
• Adopter une règlementation environnementale harmonisée : Le cadre juridique
communautaire, actuellement en construction, devrait s'intéresser le plus tôt possible à tous
les aspects relatifs à l'environnement tout en veillant à promulguer les textes d'application
nécessaires. Les règles communautaires devraient être régulièrement révisées en tenant
compte de l'évolution des problèmes pour éviter le déphasage avec la réalité mondiale.
Toutefois, leur introduction devrait être graduelle pour une meilleure appropriation par la
société. Cette dernière, régie par le droit coutumier, considère l'environnement comme un
bien commun et ne comprend pas qu'il puisse être contrôlé par des lois.
• Adapter au mieux les règles et mécanismes de protection environnementale au contexte
socioculturel local : La mise en application d'un droit communautaire de l'environnement
duquel la population ne se serait pas appropriée serait difficile. Il serait souhaitable que les
projets de textes communautaires soient élaborés dans une approche participative,
collective et interdisciplinaire pour des textes en cohérence avec les règles coutumières
existantes et pour éviter des heurts entre le droit moderne et le droit coutumier ainsi que les
divergences entre pays.
Bien d’autres actions peuvent être envisagées pour la mise en place d’un arsenal règlementaire
efficace et effectif susceptible d’être un des piliers de l’orientation des entreprises dans leurs
initiatives pro-environnementales.
3.2.2 Instruments économiques et financiers
Dans l'UEMOA, où les pays ont des ressources financières limitées et où le mécanisme sous-
régional de financement des projets environnementaux n'est pas encore effectif, les IEF
devraient être encouragés. Dans le contexte actuel de diminution du financement extérieur,
suite à la crise financière mondiale, il serait avantageux de :
• Encourager dans un premier temps l'instauration d'IEF dans chaque pays membre : Ceci
permettrait de préparer les agents économiques à intégrer des instruments de marché à
leurs préoccupations environnementales. L'UEMOA pourrait ensuite s'inspirer des
expériences nationales pour déterminer un cadre communautaire adéquat aux IEF.
• Définir un cadre juridique et institutionnel adéquat de mise en place des IEF au niveau
sous-régional : A partir de la réglementation environnementale harmonisée et de la fiscalité
communautaire, l'UEMOA devrait définir le cadre juridique (textes de loi et d'application)
instituant l'utilisation des IEF. A cet égard, il faudrait une collaboration entre tous les acteurs
des secteurs "Environnement" et "Finances" tant au niveau de l’UEMOA que des Etats.
• Elaborer, en concertation avec les pays membres, et mettre en application des IEF
appropriés au contexte général de l'UEMOA : Cette dernière pourrait construire des IEF
uniformisés et équitables à l'échelle communautaire en tenant compte de leur réelle
nécessité. Les IEF retenus devraient être aussi simples et claires que possible tant dans
leur conception que dans leur nombre en vue d'en faciliter l'acceptation par les agents. Il
serait aussi bénéfique d’introduire graduellement et de façon coordonnée ces IEF.
Outre ces actions, d’autres dispositions relatives aux instruments économiques et financiers
peuvent servir à créer les conditions nécessaires à la stimulation de la volonté des entreprises à
développer une culture environnementale propre.

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3.2.3 Instruments volontaires


L'intérêt des entreprises de l'UEMOA pour ces instruments de plus en plus incontournables de
conquête des marchés extérieurs doit être stimulé. Dans cette optique, il serait judicieux de :
• Encourager le regroupement des entreprises en associations professionnelles : Cette action
permettrait de faciliter les échanges d'information sur les bonnes pratiques, de favoriser
l'émulation entre les entreprises et d’aboutir à l'adoption de codes de bonne conduite.
• Se doter d'un cadre institutionnel de conception desdits instruments : Les structures
techniques de mise en place de la "démarche Qualité" aux plans national et communautaire
pourraient être mises à contribution pour relayer la diffusion de cette catégorie
d’instruments dans l'UEMOA. Leurs compétences seront alors généralisées par un
programme d'intégration progressive de considérations environnementales voire de
considérations sanitaires et sécuritaires dans les entreprises.
• Instaurer des mesures de promotion de tels instruments auprès des entreprises : La culture
environnementale étant une nouveauté pour les entreprises de l'UEMOA, des mesures de
soutien aux démarches de développement durable aideraient ces entreprises à gérer
efficacement leurs ressources et rejets (énergie, matières premières, eau, déchets). Elles
pourraient porter sur leur accompagnement technique voire financier.
Ces mesures, non exhaustives, en exploitant la souplesse d’utilisation de ce type d’instruments
peuvent servir de tremplin à l’éclosion d’une culture environnementale au sein des entreprises.
3.2.4 Instruments cognitifs et émotionnels
La diffusion de l'information de même que la sensibilisation et l'éducation à l'environnement
participent au développement d'attitudes plus responsables et plus respectueuses de
l'environnement, bref à la diffusion de la culture environnementale. Pour profiter des apports
bénéfiques des autres instruments, l'UEMOA pourrait envisager la formulation d'une stratégie
communautaire d'Information, Education et Communication (IEC) sur l'environnement. Le plan
d'actions d'une telle stratégie pourrait se décliner comme suit :
• Mettre effectivement en œuvre, et le plus tôt possible, les projets relatifs à l'éducation
environnementale prévus par la PCAE : La diffusion des notions de développement durable
à travers tous les canaux où se forgent les comportements humains permettrait de réveiller
l'opinion sur les enjeux environnementaux. Pour une meilleure maîtrise des questions
écologiques, il serait judicieux que, dès la petite enfance, les acteurs soient amenés à
construire des relations avec l'environnement ou à prendre conscience de celles
existantes ; tout en prenant soin d'intégrer les conceptions ancestrale et moderne de
l'environnement. Leur culture environnementale sera ainsi stimulée.
• Améliorer le niveau d'accès des entreprises à l'information : Les entreprises ont besoin de
connaissances pour mieux agir sur la réduction de leurs impacts environnementaux. Les
informations sur les tendances internationales d’amélioration de la compétitivité ou sur les
procédures d'accès aux appuis financiers et techniques nationaux/internationaux leurs
permettraient d'évoluer vers un développement durable.
Ces quelques actions illustrent les opportunités qu’offrent les instruments communicationnels à
l’UEMOA dans la promotion d’une culture environnementale partagée par tous les acteurs.
Les diverses mesures sus-proposées font preuve d’un certain réalisme afin de donner à
l'UEMOA toutes les chances de développer de façon effective et optimale une stratégie axée
sur le management environnemental avec les moyens dont elle dispose.

Conclusion
Les entreprises contemporaines sont obligées de s'approprier des leviers de performance.
Dans ce cadre, la promotion de politiques environnementales efficaces aux niveaux local,
national, régional et global est source de développement d'outils d'intégration de

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l'environnement dans les décisions. Ces politiques peuvent s'appuyer sur quatre types
d'instruments qui diffèrent par leur fonctionnement. Chacun d'eux possède ses avantages et
ses inconvénients. Le choix entre ces instruments peut découler d'une comparaison basée sur
des critères comme : l'efficacité dans l'atteinte des objectifs environnementaux, l'efficience
économique, le coût institutionnel de la mise en œuvre et les effets sur l'évolution de
l'innovation et de la compétitivité.
Les choix de stratégie environnementale des agents économiques dépendent des forces et
faiblesses des instruments auxquels ils sont soumis. L'obtention de résultats optimaux des
politiques environnementales publiques nécessite l'application d'un mix d'instruments.
L’utilisation simultanée, mais à des degrés adéquats, de tous ces instruments pourrait
contribuer à la diffusion de la culture environnementale au sein des entreprises de l'UEMOA. En
effet, en influant sur le niveau de contrainte des entreprises par le biais de la réglementation et
en jouant sur leur adhésion volontaire aux préoccupations environnementales par la
sensibilisation et l'offre d'opportunités de profit, les pouvoirs publics créeront les conditions
idéales pour la prise en compte de l'environnement dans les entreprises.
Toutefois le contexte général de l'UEMOA nécessiterait une hiérarchisation dans l’introduction
des divers instruments afin que la prise de conscience puisse se transformer en programmes et
plans d'action. En vue d'une diffusion progressive et non brutale de la culture environnementale,
il serait souhaitable d'utiliser premièrement l'instrument informationnel qui sera suivi
simultanément des instruments règlementaire et économique et enfin l'instrument volontaire.
L'insertion systématique des préoccupations environnementales dans la gestion des entreprises
de l'UEMOA, découlant de la diffusion de la culture environnementale, aboutirait certainement à
une amélioration de la compétitivité de celles-ci et par ricochet à un essor économique tout en
stabilisant le niveau actuel de l'environnement ou, au mieux, en l'améliorant.

Références bibliographiques
Baracchini, P. (2007). Guide à la mise en place du management environnemental en entreprise selon ISO
14001. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes. Lausanne. 187 p.
Baret, P. (2009). Quatre temps pour implémenter une stratégie environnementale. Revue Management et
Avenir, n° 29, pp. 242-257.
Boiral, O. (2007). Environnement et gestion : de la prévention à la mobilisation. Les Presses de l’Université
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Bougherara, D., Grolleau, G. et Thiebaut, L. (2004) Gestion et environnement : anatomie d'une relation.
Innovations, vol. 2, n° 20. pp 217-234.
Brodhag, C., Gondran, N. et Delchet, K. (2004). Du concept à la mise en œuvre du développement
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(http://vertigo.revues.org/3482)
De Beir, J., Deschanet, E. et Fodha, M. (2003). La politique environnementale française : une analyse
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Ouattara, B. (2008). Le rôle des organisations sous régionales dans le développement du droit de
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Perron, G., Côté, R. P. et Duffy, J. F. (2006). Improving environmental awareness training in business.
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Varone, F. (2000). Les choix des instruments de l’action publique : analyse comparée des politiques
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UEMOA (2008). Grandes orientations de la politique commune d'amélioration de l'environnement (PCAE)
– Rapport définitif. Ouagadougou. 162 p.

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