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Le Peuple juif : revue

hebdomadaire... / éditée par


la Fédération sioniste de
France

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Fédération sioniste de France. Auteur du texte. Le Peuple juif :
revue hebdomadaire... / éditée par la Fédération sioniste de
France. 1919-03-07.

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Treizième Année VENDREDI, 7 mars 1919 (5 Adar II) N* 10

Circulaire adressée par VF. S. F. à ses membres :

AUX SIONISTES DE FRANCE

Le jour du 27 Adar 5679 (27 Février 1919) marquera une date mémorable dans les annales
de l'Histoire Juive depuis notre dispersion. En ce jour, les chefs responsables de l'Organisation
Sioniste, MM. Sokolow, Weizman et Ussichkine, ont exposé avec intelligence, ardeur et énergie
devant la Conférence de la Paix, les aspirations séculaires du Peuple Juif. Ils étaient accompagnés
de M. André Spire, Sioniste français notoire, convoqué par le Secrétariat de la Conférence, et qui a
déclaré que les Sionistes français se ralliaient de tout leur coeur aux revendications du peuple juif.
Gloire à nos chefs! Ils ont bien mérité d'Israël.
Nous tenons à déclarer que M. Sylvain Lévi, qui n'appartient pas à l'Organisation Sioniste,
n'a reçu aucun mandat pour défendre notre cause. On peut même se demander au nom de qui il
s'est présenté devant la Conférence, Ceux qui l'ont fait convoquer ont certainement désiré qu'un
Juif français parlât à la Conférence des droits historiques de la France en Palestine et aussi apportât
la bienvenue de la France à la Palestine Juive que la Ligue des Nations allait créer. Or, au lieu de
penser à la France, M. Sylvain Lévi n'a pensé qu'à faire plaisir aux préjugés antisionistes d'une
poignée de Juifs français.
SIONISTES !
Nous avons appris qu'un accueil très favorable a été fait aux représentants du Peuple Juif
et à ses justes revendications. De plus, à l'issue de la Conférence, M. Tardieu, Commissaire général
des Affaires Franco-Américaines et l'un des délégués de la France à la Conférence de la Paix, a
déclaré à la Presse que la France ne faisait aucune objection à ce qu'un Etat Palestinien soit créé et
que la Grande-Bretagne reçoive le mandat de l'administrer.
SIONISTES !
Cette fois-ci la roue de l'Histoire a tourné en notre faveur. Notre cause nationale
,
pour laquelle de nombreuses générations ont vécu, lutté et souffert, est en train de triompher.
Que le succès redouble nos efforts. Que chacun fasse son devoir en cette heure suprême de notre
salut I
LE PEUPLE JUIF
Ce que nous voulons Le peuple juif a exprime récemment sa foi dans
la Société des Nations. a discuté des articles di-
11
vers du projet proposé par le Président Wiison
avant son départ pour l'Amérique. La discussion des
Le Sionisme a eu aa semaine historique. détails implique qu'il s'en tient strictement aux
Les représentants ue 1 urganisatiun sioniste ont grandes lignes du projet.
comparu uevani le Lonseii uos Dix; MIVJ. vVoiz- Le projet de la Société des Nations pose le prin-
niann, bowoiow, Ussiseiihin, ont appuyé les reven- cipe de la répartition des territoires divers de l'An-
dications cm, peuple juil : us ont» simplement réclamé "cien Lmpirc Turc. Nous voulons, selon ce principe,
pour ce peupje je pays ues ancêtres. que la Palestine appartienne, à l'avenir, a la So-
La J-russe uionuiaie a enumere les opinions des ciété des Nations.
hommes au sujet, cie notre mouvement national. Les *i
arguments se sont heurtes, les nuances les pais suJ> Nous voulons aussi que la Puissance chargée du
lui'f ont apparu. Les messages leiegrapluques ont mandat de gouverner Ja Palestine soit choisie par
jiurie ni bonne nouvelle cl hurope en Amérique, d'Oc- l'Organisation Sioniste ; l'unanimité est faite par les
cident ou Orient. Car tout implique, en eilet, que tes Sionistes ; cette puissance sera la Urande-Hretagne.
justes revendications des Sionistes seront prises on tën second lieu, on aurait pu proposer les htats-Unis
considération. J\UUS onlin, les signatures ne sont pas
ou la France. — Le systèmo politique français est
apposées encore sur Je traité de paix ; le jeu des po- trop centralisé pour donner à une Palestine juive
litiques ne s arrêtera pas. 11 nous faut dire, redire, des opportunités suffisantes pour y développer une
atlirmer ce qu'est notre espérance et notre A'oJonté. culture, une autononne propres ; et, ce qui est plus,
* la culture française est trop séduisante, trop assimi-
**
Nous voulons d'abord rappeler a un monde ou- latrice - les Juifs et les Grecs ne se sont jamais par-
blieux, qu un des peuples tes plus opprimes de celte faitement mêlés, n'ont jamais su travailler ensem-
planète, n a pas perdu, maigre des Siècles d'exil, la ble : or, la France contemporaine est, de tous les
conscience de son intégrité. La majorité do ce peu- pays latins, celui qui a le plus de rapports avec la
ple vivait, avant, la guerre de JLUJVI, dans les pays le* (îreco ancienne.
plus arriéres d hurope, en Russie, en Pologne, en L'Angleterre a été préférée parce que son système
Ualicie, en Houmanie. Les droits élémentaires de SU est plus lâche et plus tolérant à certains égards,
lui étant refusés, il soutirait ; et son union profonde parce que son système de colonisation a toujours cn-
était faite de sa -soullranco ; la nostalgie de Ja Pales- eouiag'é le développement varié des civilisations lo-
tine u'élail pas, pour lui, seulement uwo nostalgie cales et des formes politiques particulières.
religieuse. L'Angleterre a plus d'expérience que l'Amérique
Si la guerre de 11H4 a bien été une guerre de li- dans la question d'Orient. La connection historique
bellé, de délivrance, la paix qui-la terminera recon- de la Palestine avec l'Lgypte d'uni 1 part, et la Mé-
naîtra définitivenunl les titres historiques du peuple sopotamie de l'autre, n'a jamais cessé.
juif sur la Palestine. t
Mais la Palestine n'est pas capable de recevoir **
Les Sioniste,-, qui recrutent dans les pays les
.se
plus que quelques millions d'habitants. 11 ne s'agit plus divers savent trop bien apprécier la valeur
donc point de dénationaliser les divers Juifs dissé- des civilisations différentes pour ne pas tenir essen-
minés dan* le Monde, mais de donner à ceux qui tiellement à ce que chacune rie ces civilisations soit
Rétabli!uni en Palestine îles facilités telles, qu'ils représentée le mieux et le plus, dans la future Pa-
pourront s1 régénérer d'abord, et redonner au monde lestine juive.
ensuite une civilisation spécifiquement juive ou pa- La grande liberté que l'Angleterre a toujours
lestinienne. Qui ne \oit que les bénéfices d'une Pa-
lestine florissante, revivifiée par l'immigration, ra- donnée à ses Dominions, a poussé les Sionistes à, lui
jeunie par les travaux de toutes sortes, ne seront pas
demander.appui dans leurs débuts; niais les Sio-
destinés aux seuls habitants du pays, mais à tous nistes auront, à coeur de s'assimiler toutes les litté-
les Juifs du monde et à tous les membres de la So- ratures de rPiUropc, les classiques français, les
ciété fies Nations ?.,. grands auteurs russes et polonais ; la technique
américaine, etc.
Mnfin, et par-dessus tout, les Sionisles ayant dé-
(Je que nous voulons encore, après (pie nos droits veloppé le pays, l'ayant assaini, reboisé, cultivé, in-
historiques sur le pays auron! été reconnus par la tli.ueronl à l'Humanité, comme punition suprême
bienfaisante Société des Nations, c'est que les fron- îles souffrances endurées par vux h travers des siè-
tières historiques, géographiques, de la Palestine cles d'exil, Ui punition lu plus chrétienne, -- ils
soient reconnues, lies frontières historiques et feront un pays libre, un pays où toutes les fois se-
géographiques se confondent.; elles bornent un ront représentées, ofi totiles les civilisations auront
pays homogène, entre la Méditerranée et le désert, accès, un pays où les Lieux Saints seront scrupuleu-
entre les derniers contreforts du Liban et la frontière semenl snuvcgardés ; les chrétiens n'nuront pas d'ob-
d'Lgyple dans la presqu'île du Sinaï. jections a ce que le pays soi! entre les mains .des
LE PEUPLE JUIF
Juifs, qui leur répondront en tout état de cause, que avec Je même éhniueiiionl que Jes, populations palesti-
le Sionisme libéral ne s'immiscera pas dans les af-
niennes lors du voyage, uc J'un dernier.
faires qui ne sont pas les siennes, par exemple, dans Que M. .Sylvain Levi se soit présenté pour
les vieilles rivalités des Eglises latines et ortho- exposer
doxes ! l'état d'esprit, Jes idées, 'les
désirs des Juus assimiles,
Alors s'exercera, de Palestine à travers le monde, qui nont puis rien, absolument plus nen de juif,
le rayonnement d'une civilisation nouvelle. qu'ils Je veuillent ou non, que le lien de la race
— et
il se trouvera toujours quelque antisémite pour'le leur
--
Le cas de M. Sylvain Lévi
- -
/ rappeler - nous l'aurions partaitetnent compris et
son exposé, sous cette forme et sous ce patronage, se
justifierai! dans une certaine mcsuie. Mais
au sein
de la délégation sioniste, admise a luire entendre de-
Ainsi, au moment où tout un peuple est .suspendu vant Ja Conierence de la Paix, l'es revendications du
dans J'attente, regardant anxieusement vers cette Con- peuple juii, nous ne pouvons comprendre et justifier
férence de Ja Paix qui doit redresser les torts, réparer une pareille intervention.
dos injustices séculaires, accueillir Jes revendications et -M, Sylvain Lévi a beau
recevoir les coups d encen-
L'.s aspirations des opprimés et, soir de Mgr Uaudriiiurt, de l'Académie française, qui
pour tout dire, faire
un monde nouveau, a celte heure historique où, après 1.' qitiilihe «d'homme très distingué, tiès
sage et ties
les Ai niellions, un autre peuple martyr, les Juifs, été JjienveiJJant », le recteur de l'Institut Catholique beau
a a
admis A son lour à faire entendre sa voix, il s'est le dcclaiei vu communauté d'opinion avec d'emineiits
«
trouvé un homme, introduit, Piqu sait comment, dans rabbins» (Voir l'interview dans le Matin du 2 mai\,
celle délégiiiiou dite sioniste, pour tenir un langage de it reste qu'il n'y a nulle bienveillance ù décevoir, à
une
nullité à décevoir nos espérances, à blesser nos senti- heure historique comme celle-ci, Jes espérances de tout
ments et à choquer péniblement tous ceux qui ont le un peuple et nulle sagesse à en revenir à Ja mesquine
sens de l'opportunité et des convenances. conception de donner aux Juils simplement des possi-
Comment cela esl-il possible ? Comment expliquer, Jiililés de colonisation. Car ces possibilités,
après le clair et inéfutable exposé de nos chefs, celte après Je
départ des Turcs, nul ne songe a les leur reluser. Mais
note .soudainement discordante, cette méconnaissance ce n'est pas assez. La sagesse exige encore que l'on
des devoirs du moment et ce manque de tact, contre le- oilre aux Juifs un motit déterminant du courant d'émi-
quel tout homme de gofit en France protestera, qui est gration et seules, les conditions favorables réclamées
allé jusqu'à parier de loi Delbruck à propos des récla- par Je sionisme, peuvent le créer.
mations nationales Juives ? Cependant, l'intervention de M. Sylvain Le\ i
ne se
M, Sylvain Lévi e-t un pail'ait honnête homme. Nous comprend que tiop si, comme tout semble l'indiquer,
le jugeons absolument incapable de mal agir .sciem- on a voulu opposer au plaidoyer des sionistes, les
ment. Nous rendons hommage a ses qualités de sa- objections des anlisioliistes, Alors tout naturellement
vant, aux- mérites qui font de lui un Français distin- l'untisioniste, porto-paroJe do tous les autres, a été cet
gué, éininent, représentant honorablement) son pu) s honorable savant qui, en sa qualité de membre de la
dans les missions doiil il est chargé. Mais c'est tout. Commission, délégué d'un Comité lrunçais d'études
Nous contestons absolument son droit à parJer non sio-
nistes puieiueiit liefif, se trouvait intentionnellement
seulement au nom du peuple juif, mais même du introduit dans Ja place.
judaïsme que jusqu'à ces dernières années, il a cons- Mais par qui ? Voilà la question, lit qui lui
a sug-
tamment et systématiquement ignoré. Çmund il s'^sl géré ce qu'il avait à dire? Car cet honnête homme, qui,
agi d'adjoindre un Français, Israélite d'origine, ans a ce inoinent-là comme toujours a agi de bonne foi,
membies de la Commission sioniste, on n'en a pas sans se rendre compte de la portée de son acte et de
trouvé d'autre que lui et la population juive de Pnlcs- ses paroles, n'a fait que répéter ce qui lui avait été
line, qui est ou strictemenl conservatrice en religwm dicte comme étant la lionne doctrine assimilalionisto.
ou al déminent nationaliste, a contemplé avec curio- Nous savons parfaitement à quoi nous en tenir à ce
sité ce Juif d'un genre nouveau, étranger à la religion sujet. Nous n'ignorons pas que le discours de M, Syl-
juive, (pii ne savait pas un mot d'hébreu et qui di- vain Lévi immédiatement communiqué au îcw/i.v,
sait de plus, ne pouvoir admettre le peint de vue du a (inque le public soit informé de la thèse par lui sou.
nationalisme juif, en sorte que, de son propre aveu, tenue, alors qu'un est muet sur celle de MM. W'eizmann
on ne savait pas trop ce qui lui restait pour en faire o( SokoJovv, a été discuté, confectionné, arrêté dans
un Juif, Aehielfloinonl, pour cette mémorable séance quelque ténébreux conciliabule. D'ailleurs, puisque
du 27 février à la Conférence de la Paix, c'est encore M, Sylvain Lévi a parlé de l'Alliance Israélite dans
à ses lumières, à son exceptionnelle compétence,
que sa déclaration, il n'y a pas du raison pour qu'on se
l'on a cru devoir faire appel et nous avons quelque fasse • un scrupule de la nommer, car il apparaît
idée que Jes délégués Joptmais l'ont considéré ei écouté mnnifesinment que c'est sous l'influence délibéré-
LE PEUPLE JUIF
ment anlisiordsle de* l'Alliance elle-même, que cette
— Vous étiez à la tête de cotte belle institution sio
déclaration a été conçue et rédigée. C'est là un fait que niste qu'est le Comité palestinien d'Odessa. Quoi serd,
nos frères des différents pays ne devront pas oublier. à votre avis, le rôle de ce Comité dans l'avenir pro-
Mais ces hommes néfastes, quels qu'ils soient,
chain pour régler l'immigration en Palestine ?
— Je vois que vous devinez le rôle que jouera la ville
que le moment viendra sans doute de clouer au d'Odessa dans l'immigration. En effet, c'est par Odessa
pilori, en seront pour leur honte, car c'est à leur con- que passeront tous les émigrés, non seulement de la
fusion'que tourneront leurs machinations quand elles Russie, mais aussi de la Galicie et de la Roumanie.
seront dévoilées. Notre Comité prendra de ce fait une importance consi-
dérable. Nous nous y préparons. '

—-
Encore une question : les Lieux Saints ?
Interview de M. Ussichkine J'ai lu aujourd'hui l'article de M. Sylvain Lévi
dans le Petit Parisien... Les Sionistes ont dit qu'ils
admettent l'exterritorialité des Lieux Saints, Cela doit
être compris dans le même sens que l'exterritorialité des
Menahem Ussichkine, grand Juif et grand chef, celui ambassades, Quant à Jérusalem, il y a des Lieux Saints
qui incarne le mieux l'énergie et Ja ténacité du peuple qui doivent jouir de mêmes prérogatives. Mais le reste
juif, est notre hôte depuis une huitaine. C'est depuis do la ville doit rester aux Juifs.
;15 ans qu'on le voit dans les premiers
rangs du mouve- « Nous avons demandé, a terminé mon interlocuteur,
ment de Ja renaissance juive. Haute stature, mâchoire à la Conférence de reconnaître nos droits historiques sur
volontaire, regard impératif, il «est le type rare du Juif lu Palestine et de nous laisser y travailler. Pour le
intégral. Sa devise est : Rien ne résiste à la volonté. Et reste nous nous entendrons.,.
il sait vouloir.
M, Ussichkine nous a dit son opinion sur l'état actuel
de notre mouvement et sur Jes possibilités d'une proche JHJIN MARGIH]
réalisation de notre idéal national.
- - Vous connaissez mes opinions. Les
déclarations des Jeudi matin, te 21 lévrier, les Juifs, qui en général
gouvernements alliés en faveur d'une Palestine juive, si lisent beaucoup do journaux ont vite fait de trouver
indispensables qu'elles soient à notre travail, ne font J'annonce de l'audition de la délégation sioniste pour
qu'ouvrir devant nous, de larges possibilités. Ce nous
qui auront à aceompilir la grande tâche de Ja recons- Je même après-midi. Ce fut un coup de foudre. Enfin,
truction nationale que nous recherchons depuis si long- les Juifs aussi ? se demandait-on de toutes paris. Et on
temps. tremblait. Nous avons vu des Juifs qui n'ont pu tra-
-- Notre peuple a-ldl assez de force pour réussir? vailler ce jour-là. « J'ai la sensation d'un kipour.. » m'a
— J'y crois. Je viens de Russie et je vous déclare que dit quelqu'un. Des Juifs pieux sont allés à la syna-
nous avons tout ce qu'il nous faut pour justifier la con-
fiance qu'on met en nous. Nous avons des capitaux, gogue : t( Que leurs langues ne s'égarent pas, et que
nous avons des hommes. Ce qu'il nous manquera peut- Dieu fléchisse le coeur «les autres ».
être Jes premiers temps, ce sont Jes forces organisatri- ')heures. C'est le moment.,. A heures. On passe à Ja
ces... En matière d'endurance et do ténacité nationales,
notre peuple a passé brillamment son examen. Pour- Fédération sioniste, en quête de nouvelles, On serait
ra-t-il montrer également cette discipline consentit1, allé plus loin, rue Edouurd-VlJ, Hôtel Meuiïce, mais
inférieure, qui est essentielle ù lu réalisation de notre on n'osait pas. Et comme on fouillait dans les journaux
tâche? Le début de notre travail en Palestine dans des du soir ! Pas grand'chose.
conditions extrêmement, difficiles m'autorise à y don-
Le lendemain., Toute la presse en parle. Interview
ner une réponse positive.
» En général, je dois vous dire que Je travail de
de M, Sokolovv dans le MaUn) dans le Petit Journal'
propagande sioniste est terminé. Le peuple est entière- Son portrait. Le coeur bat de joie.
ment et consciencieusementavec nous. La Révolution en Ussichkine, notre Ussichkine, il est arrivé juste à
délivrant les Juifs russes leur a permis d'organiser
mieux leur vie nationale. Compare/ les déclarations temps pour placer son mot... et en hébreu,,. Bravo !,..
faites par nos assemblées nationales et par celle du Il y a des renseignés t
fameux « Sanhédrin » en France, et vous comprendre;
- -
Ils étaient brefs nos Chefs, essentiels., L'atmosphère
la différence. était accueillante,.,
~- Vous avez -parlé en hébreu devant la Conférence de Lorsque Ussichkine eut commencé à parler dans
la Paix ? ,- -
-- Mais eu quelle langue vouliez-votis que je parle? un hébreu sonore et tranchant, il y eut un mouvement
Un Juif parlant dans une heure si solennelle au nom «le de curiosité de toutes parts,,. Les machines à écrire
son peuple et de la Palestine, pouvait-il employer une s'arrêtèrent. Tout le monde écouta,
autre langue ? Du reste, je l'emploie chaque fois que je Mais aussitôt on semble tout oublier pour ne parler
parle au nom de mon peuple... Lors de mon passage à
Cotistantinople j'ai été invité à une soirée grecque, L'ar- que id'c Sylvain Lévi. Quelle indignation, quelle douleur..
chevêque gre<\ à qui on m'avait présenté, m'a béni en Au nom de qui a-t-il parlé ?
grec, Je lui ai répondu en hébreu. Et c'était tout, na- Après la Conférence, inconscient jusqu'au bout de la
ture). portée de l'acte inqualillable qu'il venait de commettre,
Et le Conseil des Dix, comnvent vous a-t-i)

compris ? on dit qu'il alla tendre la main à nos chefs, Mais sa
-- 11 m'a écoulé avec une attention soutenue. On main ne rencontra que le vide,,, C'est la seule réponse
a fait ensuite traduire mon discours en français, que méritait sa trahison.
LE PEUPLE JUIF

SAtoBALLAT
ou
// n'y a rien de nouveau sous le Soleil
(Conte court, mais clair)

Du Livre d Ezra.

Chup. I, v. 2. Ainsi a dit Cyrus, roi de Perse


— :
L'Etemel, le Dieu des cietix, m'a donné tous les De la Déclaration de
royau- .M. Halfour (2 novembre 1917)
mes de Ja terre, et lui-même m'a ordonné de lui bâtir :

une'maison à Jérusalem, qui est en Judée. Le Gouvernement de Sa Majesté envisage


« favorable-
V. il. Qui est-ce d'entre vous, de tout ment l'établissement en Palestine d'un foyer national
son peuple,
qui s'y veuille employer? Que son Dieu soit
avec lui, pour Je Peuple juif et emploiera tous ses efforts
et qu'il monte à Jérusalem qui est faciliter Ja réalisation de cet objectif... pour
en Judée, et qu'il
rebâtisse la maison de l'Eternel, Je Dieu d'Israël. »

Du Livre de Néhémie.

Cluip. ]],. v. HJ. Ce que SanibailJuf Horonite et To-


bija officier Hammonite, ayant appris, ils eurent Extrait d'un article paru dans Eclair, du
un fort Jill'J, sous le
Y '6 mars
grand dépit de ce qu'il était yenu quelqu'un pour : titre
Sylvain Lévi nous expose com-
,1/.
pro- ment il jii(/e le sionisme :
curer du bien aux enfants d'Israël, .

V. Ht — ...SainbaMat Horonite « ...Comment faire vivie des millions d'hommes


et Tobija, officier sur un
si polit espace ? La Palestine est grande (passez-moi
Il ammonite, et Guescem Araire,
l'ayant appris, se mo-
quèrent de nous, et nous méprisèrent,' disant Qu'est-ce l'expression) comme un mouchoir de poche !,,.
: »
(pic vous faites ? Ne vous révoltez-vous pas contre le
roi ?
Chup. III, v. ,8.
-- El ils
liguèrent entre eux, lotis
se
ensemble, pour venir faire la guerre, contre Jérusalem, Extrait du Temps », lrt mars 1919 :
«
et pour faire échouer notre dessein.
M, Sylvain Lévi, professeur au Collège de France,
Chup. VI, v. 5, nous a fait les déclarations suivantes :
- Alors Samballul envoya vers moi Dans l'exposé que j'ai fait hier devant le Conseil des
son serviteur, pour nie tenir le même discours pour
la cinquième fois ; et il avait puissances, j'ai tenté de montrer ce qui, dans le
une lettre ouverte en sa pro-
main ; gramme sioniste, est raisonnable et ce qui ne l'est point.
V. fi. Dans laquelle il était écrit i^On entend dire Le mémorandum soumis par les Sionistes à
- la Confé-
parmi l'es nations, et Guscniu 'le dit, que vous pensez, rence propose de conférer aux Juifs une sorte de double
toi et les Juifs, à vous révolter, et nationalité, l'une en Palestine, l'autre dans leur
que c'est, pour cela pays
«pic tu rebâtis la muraille, et que tu vas être leur roi, actuel : ceci évoque le fâcheux .souvenir de la loi Del-
comme le montre ce que vous faites ; iiruck. 11 est également fâcheux de vouloir créer,
au
bénéfice, des Juifs, un véritable privilège d'immigration
en Palestine.,,

Extrait d'un article paru dans VLclair, du 3 mars 1919,


V. 7. ...El maintenant on fera entendre au roi ces
mêmes choses ;,,, sous le titre : M. Sylvain Lévi nous expose comment il
juae le sionisme :
<t Kl il est bien
certain qu'à un certain moment, lu
.,,
mouvement sioniste parut inspiré de sentiments germa-
V. S. El je renvoyai vers lui, pour lui dire Ce nophiles.., »,
-- :
que lu dis n'est point : mais tu l'inventes de toi-même,
LE PEUPLE JUIF
Néliémie, cJiap. VJ, v, 9. — Car ils noas épouvan-
taient tous, disant: Leurs mains seront fatiguées du
travail, de sorte qu'il ne se féru point...
Nôbémie, chup. IL v, 20. — Et je leur répondis, et,
leur dis : Le Dieu des deux est celui qui nous fera
prospérer, Nous donc, ses serviteurs, nous nous lève-
rons et bâtirons ; mais fous n'avez ni pari, ni droit, ni mé-
morial à Jérusalem.
Néhémie, chap. VJ, v. lô. - Néanmoins, la inu.raiHe
fui achevée au vingt-cinquième jour d'Klul, en cin-
quante-deux jours.

La muraille fut achevée, et son achèvement consacra


la gloire éternelle de ceux qui furent les artisans do la
renaissance nationale de Juda.
Mais le nom de Samballat est resté jusqu'à vv jour,
c'esl-à-dito apiès vingt-cinq siècles, un nom honni, un
nom maudit, stigmate d'infamie et suprême flétrissure
qir dvuis le langage de tous les' peuples civilisés on
inflige à ceux qui trahissent leur peuple à l'heure où
se jouent sa vie et sa mort.
Jean TAHI.V

La Presse et la journée du 27 Février


Lu presse tiuuçaise a abondamment commenté le Le Sionisme
sionisme, celte dernière huitaine. « L'opinion l'envi-
sage dans son ensemble, avec intérêt et sympathie »,
constate « La Politique ». La matière étant peu fami- M. Alboit Thomas public sur le sionisme, duns L'In-
lière a nos journalMos, ils s'en sont tirés pas mal. formation du ('' mars, un excellent article ou, entre
Nous tenons cependant à indiquer .ici brièvement les autre, il fait ressortir la valeur morale de ce mouve-
011 oui s ci les inexactitudes, pour n-o pas dire plus,
ment. En voici quelques passages :
qu'uni exprimées cctîains journaux en parlant du sio- ...A la vérité, si quelques petits groupes actifs'et intel-
nisme en gonéiul et do la délégation sioniste on parti- ligents on France se sont préoccupés de l'établissement
culier. dm Juifs on Palestine, si notre gouvernement a pris
La plupart dos journaux ont parlé de l'existence de position et fait quelques ipromosses, notre opinion est
demeurée souvent ignorante do ce problème, et elle a
deux tendances parmi les sionistes, dont l'une a été méconnu ce curieux mouvement, fl mérite cependant
piésenléo par M. Syaviu Lévi. C'est une erreur que attention et sympathie,
nous tenons M corriger, M. Svlvain Lévi n'est pas sio- ...Lu guerre est venue donnci à la revendication sio-
niste du tout, connue il n'est pus héhruisuiif... L'orga- niste une force nouvelle, L'entrée en lutte de In Tur-
nisation sioniste, et nous l'avons assez dit plus haut, quie, on même temps que le mouvement général de
ne lui a donné aucun mandat pour défendre sa cause. foutes les nationalités, justifiait les espérances, Et les
C'est on uiiti-sionisie qu'il a parlé et l'histoire portera Sionistes, dès lu première heure, multiplièrent les
démarches, auprès des gouvernements de [''Entente.
sur lui son jugement, Sans doute, les Juifs dispersés ù travers le monde,
Certains journaux ont eonlundii les déclarations de n'ont pas subi, connue d'autres, sur un territoire aux
M. Spire avec colles do M. Sylvain Lévi, La Lanterne frontières définies, l'oppression étrangère,
a rapporte : « Los deux délégués Israélites français ont
Sans doute aussi, tous ceux qui se sont assimilés n
lu vie de lu nation où, souvent depuis des générations,
tait do grandes réserves », C'est inexact. M, Spire ils sont établis, ceux qui sont» devenus Français ou
appartient à J'tnguiiisation sioniste et n'a pu que se Anglnis, non pus seulement pur leurs moeurs, niais par
l'alliol do tout eouir aux déclarations di^ nos chefs, leur Intelligence ou par leur coeur, tous ceux qui ont
Qiiiind au <
Delbnickisnie *
dont certains journaux se pris les urines pour leur patrie se sentent peu disposés
à soutenir le projet d'une pairie nouvelle où quelque
sont emparés avec empressement, nous y reviendrons
renaissance d'antisémitisme pourrait un jour petil-
prochainement,.. èlre donner l'iitée de les exiler,
LE PEUPLE JUfF
Sans doute encore les hommes d'Etat ou les sociolo-
gues pouvaient élever de graves objections contre cette rique ont sollicité que ce mandat fût confié
•création artificielle d'un Etat nouveau, constitué terre. La Palestine est proche de l'Egypte à PAnglô-
par de protection de l'établissement anglais ; le souci
une race sur des terres où domine une population d'au- en Egypte a
tre race et d'autre religion. joué pendant la guerre un
assez grand rôle pour que
l'Angleterre souhaite ce mandat.
Mais sles faits apportés /par les Sionistes ont été L'envisager favora-
/ si blement, l'admettre, ne sera-ce point
probants ; la description qu'ils ont faite de la coloni- préparer
salion juive en Palestine depuis 1882 a été si forte et nous, pour nos amis syriens, pour la constitution pour har-
leurs arguments si pressants que les gouvernements monieuse de leur pays, des accords lesquels
pour
gleterre se montrerait, sans cela, peut-être l'An-
de l'Entente se sont ranrlus a leurs demandes.
Le 2 novembre 1917, M. Balfour faisait, disposée ? C'est une considération qu'il moins bien
nom du ne faudrait
gouvernement britannique, une déclaration.au favorable pas négliger.
à l'établissement en Palestine d'un Et, enfin, quelque dédain certains de nos com-
pour le peuple juif.
« Foyer National » patriotes puissent, avoir de cetque
argument, oublions-nous
Quelques mois plus lard, le 10 février 1918, M. Pichon que ce fut toujours le rôle de la France
que de sou-
tenir Jes causes idéalistes et les plus généreuses
confirmait officiellement ù M. Sokolov que l'entente ( ? C'esl
était complète entre les gouvernements français « vers la France que tous les opprimés ont toujours
britannique on ce cpii concerne la question d'un éta- et tourné leur regard, C'est eUo qui
tons ceux qui souffrent de persécutions.a été l'espoir do-
blissement juif on Palestine ». 11 l'assurait même, Il y a, de
le monde, en Russie, en Pologne, en Galicie, par
par une lettre rendue publique, des sentiments de sym- rique, près de quinze millions de Juifs en Amé-
pathie que l'effort des Sionistes éveillait dons les qui attendent
de l'Entente, el notamment en France. pays sou appui. Le Gouvernement ne remplira pas seule-
Depuis lors, si le Gouvernement anglais manifesté ment sa promesse il demeurera fidèle à
a une de nos plus
nobles traditions en le leur donnant. Si la
à plusieurs reprises son attachement
niste, le Gouvernement français n'a plus an projet sio- Etat souverain lui paraît actuellement création d'un
manifesté bilité, qu'il aide, du moins, à la créationune impossi-
son opinion. de libres et
Dans hi séance du 29 décembre 1918, à l'heure où fortes communautés. Mais qu'il
ne repousse pas, au
il parlait dos jusles aspirations syriennes,
M. Pichon
nom do la France, un effort où s'expriment toutes les
n'a pus jugé utile de rappeler les promesses anté- souffrances et les espérances d'une
opprimée. race longtemps
rieures relatives à la Palestine juive. Aussi, les mani-
festations ardentes qui se produisent en faveur de La Victoire consaoïe au sionisme
amis syériens éveillent-elles quelque anxiété nos un article de M. G.
au coeur Hervé (28 février) o\, une chronique de M. Liehtcnbergor
dos Sionistes. Ils se demandent si un certain irréden-
tisme syrien no viendrait pas ébranler la sympathie •\l'r mars), M, Gustave Hervé écrit
:
anciennement manifestée par le Gouvernement fran- ...C'est un tait que parmi ces Juifs russes,
çais, polonais ou américains un réveil national roumains,
juif s'est
Je no crois pas, pour ma part, qu'il soit impossible produit depuis une vingtaine d'années, et
de concilier les ambitions syriennes avec les espé- que des apô-
tres se sont levés au milieu de ces persécutés
rances dos communautés juives. Il suffira ("Pun peu et de ces
proscrits, qui leur ont montré le retour en Palestine
de bonne volonté pour que l'accord s'établisse. comme la fin de tous leurs maux. La guerre mondiale
Mais ce que je souhaiterais, c'est que dans les termes n'a fait qu'enflammer les espérances de tous les Sio-
précis des déclarations, la France réponde d'un nistes. Les Alliés veulent libérer toutes les nations
résolu et en pleine sympathie, aux espérances descoeur
Sio- opprimées, Ils ressuscitent la Pologne. Pourquoi
nistes. ressusciteraient-ils pas, autour do Jérusalem, la nation ne
Bien que le Traité de paix doive prévoir la martyre entre toutes les nations, que Titus a dispersée,
naissance de droits égaux ei le respect légal des recon-
mino- il y a vingt siècles, mais qui
rités dans les différents pays qui adhéreront à la So- a fait le tour de force,
tellement, elle avait de foi eu elle-même, de survivre à
ciété dos Nations, peut-être les moeurs et les idées vingt siècles de dispersion et d'affreuse persécution ?
allant un peu plus lentement que les "règles de la légis- Que les Alliés disent la parole qu'on attend, et des
lation, sora-Hl bon d'offrir aux Juifs qui souffrent millions do Juifs quitteront la Pologne, la Roumanie
ou
que menaceront les pogroms, un refuge en Palestine, et la Russie
En second lieu, ce sera faire oeuvre de -civilisation — ou l'anfiséminislo ne s'éteindra certai-
nement pas du jour an lendemain, malgré toutes les
(pie d'offrir au monde, hébraïque le centre flu groupe- belles promesses
ment, du développement et d'enrichissement, d'idées, — ils quitteront la libre Amérique
même, où beaucoup ne sont que campés,
nue seront les communautés qui s'établiront en Pales- pour venir
se Pwer sur la terre de leurs pères, et goûter efln, après
fine. vingt siècles d'exil la douceur d'un foyer national,
Enfin, s'il est vraj que celte race a souvent mani- Qu'importe que les Arabes musulmans ou chrétiens
festé d'étonnantes dispositions) financières et indus- do Palestine soient 600.009, contre 190 000 Juifs,
trielles, s'il est vrai qu'elle a su mettre en 75,000 sont rentrés récemment depuis vingt
dont
oeuvre de
fécondes initiatives, il sera d'un utile exemple, ans seule-
tant ment dans le pays ! Qu'importe que Jérusalem soit
pour les pays méditerranéens que pour le développe- aussi une cité sainte pour les chrétiens et pour les
ment do lu Palestine, que b's grandes entreprises do musulmans ! Les Sionistes sont assez tolérants
Ira vaux publics et lu mise PU valeur des terrains n'attenter ù la liberté de personne et, pour garantir pour
tuellement conçues, soient réalisées, ac-
aux chrétiens.el aux musulmans le respect de leurs
Oseruis-je ajouter un mol ; l'Angleterre été Lieux Saints. Los Colonies agricoles sionistes qui
a spon-
tanément désignée comme la mandataire des
commu- pèrent depuis vingt alis on Palestine ne sont-ellespros-
nautés juives on Palestine. D'immenses réunions la preuve qu'après vingt siècles de vie pas
bliques, de grands congrès dans les Etats-Unis d'Amé- pu- nomade, lo
peuple juif peut redevenir un peuple sédentaire et
agricole, comme il était dans l'antiquité ?
V ' LE PEUPLE JUIF
Telle est, en quelques mots, la requête que les délé- nation. Elle en demeure séparée par de fortes tradi-
gués des Sionistes sont allés présenter hier à la Con- tions. Et il n'a.ppa,raît pas que ce fossé doive se com-
férence des Alliés. bler de si tôt pour des raisons qui tiennent à la struc-*
Si vraiment il exisle un fort courant sioniste, comme tare même et à l'état do civilisation de ces nations.
le proclament les apôtres du retour a Jérusalem, si Dans ces conditions, la vie des Juifs y est précaire ;
vraiment plusieurs millions de Juifs do Russie, de Rou- ils vivent à pari, exposés à toutes sortes de sévices.
manie, de Pologne et de New-York réclament la res- Pourquoi refuser à, ces populations juives dont l'indi-
tauration du foyer national juif autour de Jérusalem, vidualité ethnique est une des plus caractérisées qu'il
avec l'idée d'aller s'y fixer — s'il ne s'agit pas là du y ait sur ,1e globe, pourquoi refuser à ces populations,
rêve d'une simple poignée de mystiques, qui n'expri- ou du moins aux éléments qui en auraient le désir, le
ment pas l'opinion dos masses juives des pays de droit de se constituer quelque part flans le monde^en
l'Europe orientale ou de New-York, — on ne voit vrai- personnalité indépendante ?
ment pas quelle bonne raison l'Entente pourrait leur La conception de l'Etat sioniste est légitimée à mes
objecter. yeux par la situation de fait très pénible où se trou-
Mais les apôtres du sionisme ne vivent-ils pas dans vent un grand nombre de communautés juives. 11 est
un rêve, et sont-ils bien sûrs que surtout après l'obten- bien entendu que n'en useront que les Juifs qui n'ont
tion de l'égalité civile et politique promise solennelle- pas, aujourd'hui, le sentiment de vivre dans une pa-
ment aux Juifs de l'Europe orientale par les gouver- trie, On peut entrevoir de manières assez diverses
nements polonais, roumain, ainsi que par la révolu- avenir. Pour le moment, il no constitue qu'un moyen son
tion russe, il y aura beaucoup de Sionistes qui émi- de 'corriger de douloureuses iniquités,
greront de ces pays à Jérusalem ?
...
Le sionisme qui rêve de restaurer a Jérusalem,
sur la ferre natale des juifs, un foyer national juif, est
une pieuse et légitime entreprise, qui ne devrait ren- Déclarations de M. Sokoloti>
contrer l'opposition d'aucun patriote appartenant aux Ce n'est pus là un mouvement récent, né d'op-
grandes nations de l'Entente.,. portunités suscitées par la guerre, mais bien l'expres-
sion moderne d'une nostalgie qui ne s'est jamais éteinte
Et voici les réflexions de M. André Lichtcnlierger : malgré dix-huit siècles d'exil,
« Le passage de cette nostalgie ù une action prati-
Je lis périodiquement ia revue « la Palestine nou- que a été hâté par Jes souffrances morales qu'a impo-
velle » et parcours avec plaisir d'autres brochures sio- sées aux grandes masses juives établies dans les
nistes, do l'Europe un régime d'exception dont le pays
Des amis Juifs et dos amis plus ou moins chrétiens caractère
oppressif s'accentua pendant les quarante dernières
me reprochent cette sympathie. année*.
Dos Juifs français voient dans le mouvement sio- « L'ovoanisnfion sioniste demande à la Conférence
niste une sorte de régression, une. entreprise artificielle do la Paix de reconnaître les titres historiques du
et compromettante do séparatisme. Ils sont frappés de ple juif sur la Palestine, et le droit des Juifs à peu-
l'identité, du langage de certains extrémistes du sio- tituer leur foyer national dans ce <pays. La Palestine,recons-
nisme avec celui dos antisémites 11 leur paraît que la pour eux. est la Palestine de jadis, dans l'intégrité de
création d'un Etat juif implique la méconnaissance de ses frontières historiques. La souveraineté de la Pales-
tour attachement à Ja patrie qu'ils ont élue et ne sont fine doit appartenir à la Société des Nations,
et celle-
pas loin de tenir colle conception pour injurieuse ail- ci en confiera le gouvernement à l'une
lant (pie dangereuse, puissances, qui agira comme mandataire. des grandes
Certains milieux « chrétiens » dénoncent d'autre part « L'organisation sioniste demande que la Palestine
dans le sionisme un mouvement dont l'origine est alle- soit placée dans les conditions politiques, administra-
mande et dont le développement cosmopolite a sinon tives, économiques, qui assureront l'établissement
pour but au moins pour résultat do contrecarrer dans foyer national juif on rendant possible, du
le monde l'influence française et, par conséquent, de lieu, la création d'un commomvealth on dernier
faire Je jeu de nos ennemis. Ils lui opposent avec insis- «
esl noflemonl entendu que rien » autonome. Il
lunco les tendances ardeinnienl francophiles de l'Al- ne devra être fait qui
puisse porter atteinte aux droits civils et religieux
liance Israélite. collectivités non juives établies actuellement des
Je comprends parfaitement ces deux sentiments. Us tine non plus qu'aux droits et statuts politiques en Pales-
ont leur source dans un patriotisme français qui nous jouissent les Juifs ohms tout autre pays. donf
est cher, et les excès de langage ou les manoeuvres de <t Parmi les mesures jugées essentielles
certains partisans nmladioiis ou suspects de l'Etat juif mettre la réalisation du programme sionistepour trou- per-
sont faits pour les stimuler. vent : l'organisation méthodique de l'immigration se
Ce qui n'empêche quo je crois non seulement Jégi- do la colonisation juives en Palestine ainsi
et
limo mais désirable, la création do cet Etat juif pour large autonomie possible dans l'adininisfrution que la plus
les misons suivanles qui sont fort simples, affaires communales et de l'enseignement. des
Si dans les Etals de l'Europe occidentale et en Amé-
« Ces mesures pcrniolfroM aux sionistes de
riquo l'hnniensp majorité dos Juifs sont aussi assimi- lopper en Palestine et d'y faire refleurir se déve-
civilisa-
lés aux patries modernes que tous les autres éléments tion (pti ne fora que continuer l'ancienneune civilisation
filmiques qui les constituent, il n'en va pas de même juive. On niira.it fort do no voir dans
dans certaines régions plus arriérées du monde, comme ce projet qu'un
rêve généreux ; les bases, pleines de promesses, exis-
pur exemple on Russie ou dans Jes pays musulmans, tent déjfi dans Je pays sous la forme des cinquante
Là, le judaïsme constitue encore mie sorte de caste colonies -- prospères
hép-urèc dont, h part naturellement des exceptions, la — que les Juifs y ont créées au
mentalité ne s'est pas fondue avec celle du reste de la op sjuui 'bunuqjn uo xnu.uu: «juouiodno.tJd soplnus op
sud ÎTSU^ ou il 'S'OJUUU b'o.itjfu.iop bmo-ojtto.i?
b\ip s.inoj
LE PEUPLE JUIF
véritables centres d'une vie nationale propre, qui soleil, de droit et d'affection. Je dis affection et peux le
s'exjprime dans les nombreuses écoles très bien orga- dire, car si nous avions le temps, je pourrais vous
nisées où l'hébreu est la langue de l'enseignement. montrer quelle contribution magnifique, depuis le gros
<( Des millions de Juifs regardent vers pays ; des banquier de New-York jusqu'au plus humble des dé-
centaines de mille sont prêts à, se mettre ceen route. La laissés de Galicie, le Juif a apportée en argent (puis-
difficulté sera de retenir et de canaliser un pareil élan,
et aussi de pourvoir, dès le début, aux besoins des arri- que on ne lui a laissé que ce seul appoint) au soula-
gement de la France saignante, ainsi qu'en notre lan-
vants. Logement, alimentation, travail, voilà ce qu'il gue s'exprimaient nos listes de souscriptions. Laissons
faudra leur procurer, Nous ne doutons pas qu'avec cela d'ailleurs. L'argent n'a rien à faire en la circons-
l'aide des grandes puissances qui sont favorables à tance. Ce que nous réclamons... le soupçonnez-vous?
notre mouvement, nous trouverons malgré la_ crise Nullement.
économique actuelle les matériaux nécessaires l'ar- —
gent ne nous manquera pas. » : — Nous réclamons H9. Seulement.
—-
Vous retarde/, vraiment.
« Le Matin », 38 février 1919. Ignorez-vous donc qu'en Russie spécialement,
-—
— Nous revendiquons la Palestine, car nous avons
nos coreligionnaires sont encore traités comme escla-
sur elle des droits historiques irrécusables, ves, sans droit de posséder, d'habiter même dans les
« Depuis le jour où le pays d'Israël nous a été enlevé
villages? Nous demandons à devenir des hommes, nous
pur la violence, nous souffrons dans les diverses par- qui avons cru le Vrai (ou soi-disant tel), comme l'im- >
ties du monde où nous nous sommes disséminés. mortelle Grèce a cru le lieau... Deux petits peuples,
« La Conférence de la Paix travaille aujourd'hui à
cependant, qui furent les éducateurs du monde,
réorganiser le monde sur les bases de la justice, de — J'y consens. Mais, dans cette affaire-là, qu'allez-
l'histoire et de l'idée ethnique, Le moment nous a vous faire des Lieux-Saints ?
paru opportun de faire aippel aux représentants du —-
Mon avis est net et limpide. Les Juifs, à qui la
monde civilisé pour qu'on permette Palestine revient de droit comme patrie ne doivent pas
Juifs persé-
cutés de retourner en Palestine pouraux y vivre comme
occuper les Lieux-Saints. Ni Nazareth, ni Bethléem, ni
une nationalité libre, L'Association sioniste avait déjà, Jérusalem ne devront leur retourner. Cotte patrie-là
pendant la guerre, fait une première demande auprès leur échappe ; elle est le refuge d'autres esprits.
do la France, de l'Italie, do l'Angleterre et, des Etats- —
A qui les Lieux-Saints ?
Unis. »
Alors cet Israélite, honnête homme, avec un reflet
Polit Journal do scepticisme dans son sourire, me répondit nette-
<t », 28 février 1919. ment •
— Les Lieux-Saints ? Bethléem, Nazareth, Jérusa-
lem... à qui ? Au pape. C'est là sa Colonie. Mais la
Déclarations de M. Sylvain Lévi nôtre, c'est cciie Palestine. La Palestine où retentit,
Oui... M, Sylvain Lévi a fait beaucoup de déclara- dit-on, la voix, depuis modifiée de l'au-delà... la Pales-
tions : il impliquait, il précisait, il réfutait. M. Jean tine, notre terre à nous, Juifs. La Palestine, pauvre
terre en vérité, où prospèrent seulement l'oranger et
Tarin a donné plus hauj la déclination publiée par l'olivier, terre sèche ef aride dont seuls ceux qui sont
Le Temps, du J 01' mars. Interviewé par un collabora- nés d'elle pourront sinon tirer profit, tout au moins
teur «le L'I'Jelaif ('3 mars), M. Lévi a exposé comment réclamer la ehétive assistance. Tous doivent avoir un
il juge Je sionisme. Voici son entretien avec un colla-
home dans te monde : qu'on nous rende celui
jusqu'à présent, les siècles nous ont refusé, C'estque, la
borateur du Petit Parisien (2 mars) : justice.
Vous n'ignorez pas, monsieur, que le peuple juif —
Est-ce l'habileté ? Ne pensez-vous pas, monsieur,
fut, dès l'origine, qui est ancienne, voué, par que sous couleur de favoriser le droit des petits peuples
une pré-
dilection spéciale dont la science esf inhabile à scruter fof Israël est le plus grand parmi les grands et les
les motifs, à une persécution tenace. Mais souffrez que petits), l'Angleterre, par exemple, servie par la France
je m'interrompe pour une déclaration de principe... trop ronflante, l'Italie et l'Amérique, ne cherche, par
Je suis juif... mais je no crois pas.,, Je n'ai aucune l'attribution de la Palestine aux Juifs, à ruiner pour
ailuche de foi à ma religion, que je suis cependant l'avenir l'influence séculaire de la Franco aux Echelles
loin de répudier... Je ne crois pas eonfessionnellemenl, où le catholicisme autant que l'alliance Israélite, d'ail-
car il y a juif et juif, Mais passons, Le sionisme que leurs, contribua pour une part si glorieuse à notre
'fonda llerzl tend à rendre un pays, un territoire ù suprématie ?
une agglomération d'individus depuis trop longtemps —
J'en ignore.
errants ù travers le monde, qui forment une nation bien — Croyez-vous, comme témoin au Comité des Dix,
plus qu'une confession religieuse, Le judaïsme est une ù lu constitution d'un Etat juif séant en Palestine?
nation et non pas une croyance. Le Juif Irop longtemps C'est fait.
sans patrie n'a eu que celles des autres et réclame la C'est fait... Et pourtant ce n'est pas parce que M. Levi
sienne • la Palestine, son berceau, lui revient de l'ail voulu. Voici sa lettre au Petit Parisien (3 mars)
droit. C'est le sionisme, On le comprendrait mal si :
l-> no suis pas sioniste et je
l'on n'avait soin de mpll.ro, on relief le caractère tout no partage aucune
spécial de ses exigences légitimes, Le Juif réclame une façon lés aspirations dit sionisme ; j'ai parléondevant le
patrie et à l'heure où les revendications do chacun Comité dos Dix, non connue avocat, mais comme témoin,
se développent ù l'aise, sous le. bénéfice des hautes "oinme un témoin qui s'efforce d'être impartial. Au
conceptions de M, Wilson, vous m'avouerez «pie l'on cours do IVntMlen trop rapide (je m'en accuse) que
ne saurait s'émouvoir de constater qu'un peuple nous avons en, |e vous ai, par souci de loyauté, montré
seul encore persécuté {la Russie est là pour justifier— le ' le point de vue des sionistes, Mais, Français avant, tout,
ie n'aspire pour ma part qu'à voir étendre à tous les
l'expression si exacte). réclame enfin sa part ue Juifs encore persécutés ou opprimés les bienfaits do la'
-
10 LE PEUPLE JUIF
Révolution française; l'égalilé des droits esi pour moi Nous avons plaisir d'annoncer à nos lecteurs que
1?
un idéal suffisant. S'il plaît à des Juifs malheureux, nous allons publier dans notre prochain numéro, un
inéconfenfs ou pieux, d'aller chercher Tin «foyer» en
Palestine, je souhaite qu'ils en aient le droit comme ailielo de .1/. Maurice Ventes, au sujet des déclaiations
((biles les autres confessions ;.s'ils parviennent ù ravi- défavorables au sionisme faites pur Mgr Baudrillart et
ver, sous 'e soleil tlo Palestine, les étincelles du génie outies.
hébraïquf, l'esprit humain n'aura point à y perdre.
Mais je "" uis pas du tout de ceux qui ci oient, néces-
saire, i.liie ou possible, de constituer « un Etat juif sioniste Néhémiu nous communique
Le gioupontoiil
séant ( • Palestine. » J'ordt.' du jour volé par son Assemblée générale, où il
.
Comment ont-ils exposé ? lient à affirmer, entre autre, que « le point de vue de
Nom- lisons dans L'(Fuvrc du 28 février : M. Svlvain Lévi n'a rien do commun avec les associa-
L'c rêve des sionistes de relover les ruines du Temple tions du sionisme universel ».
<lo Jérusalem et do faire renaître l'Etat juif
on Pales- Ce groupe a également envoyé la dépêche -M,:,auto à
tine va-t-il se réalisoi ?.,, 11 a été exposé hier devant M. Sokolow
le Conseil dos Dix, avec une grande éloquence, par des :
1/As.semblèe générale du groupe « .\ehémia
hommes aussi savants que convaincus. », réunie
le 2 mars, à la salle tic la F, S, /•',, envoie son salut
Qui triomphera ?
respectueux et ses chaleureuses félicitations à ses
Lu Lanterne le présume :
g tut ntl.\ chefs, Soholotv, l'ssiclikine et W'eilzman, qui
Le Comité dos « Dix n'a marqué on rien sa prédilec-
tion on faveur d'aucune dos doux thèses. Ce-pendant ont digne/lient défendu la cause d'Israël devant la Con-
nu peut souligner qu'il est vraisemblable que la thèse, férence de la Paix.
du tiionismc intégral remportera, car il ne faut pas
oublier (pie les Juifs d'Angleterre cl d'Amérique sont Los einliaiiles sionistes annoncent, poui le dimanche
extrêmement puissants. mars, a H heures el demie du soir, K), rue do Rivoli,
'.I

une réunion do protestation « Mêlez votre cri d'indi-


Nous reviendrons aux notes el uitielox publies par gnation, disent-elles, a celui dos millions de nos frères
lox MUlros journaux sur le sionisme. dispersés à travers le monde. »

JUIFS ET ARABES
Document important
l."lti do l'Emir Feisui a\I- Felh Franklurior, Pro- ies Juifs, en retour de leur bienveillance, Nous travail-
fesseui do Dioit International a ITuivorsjté d'Harvard. lons ensemble pour un Orient nouveau, réformé et revi-
Ancien Sous-Secrétaire d'Etat a la Guerre, Ancien Sous- vifié cl nos deux mouvimeuts se complètent Vnn Van-
Soorcfaiie d'Etal au Ministère du Travail des Etats-
.
Ire. Le mouvement juif est national, mais non impéria-
t'ius. liste. Notre mouvement est national el non impérialiste,
Délégation Hedjazienne et il g a place pour nous deux en Syrie. Je pense, en
Paris, P' murs 1919. rérite, qu'il ne peut y avoir de mai succès pour lUtn sans
Chei Moiisieui Frankfurter. l'autre.
Je veux profiler de ma première rencontre avec des Des gens moins informés el moins responsables que
Sionistes Américains pour vous dire ce que y ai dit sou- nos chefs et. les vôtres, des gens qui ignorent la néces-
vent au D' Weizinann en Arabie et en Europe. sité pour tes Arabes el les Sionistes de coopérer, ont
Sous sentons que les Arabes el les Juifs sont cousins essayé d'exploiter les difficultés locales qui doivent né-
pur le sang, qu'ils ont souffert pareillement . opprimés cessairement se produire en Palestine, au& débuts de
par des puissances plus fortes qu'eux - et que par une nos mouvements, Quelques-uns ont dénaturé, je le
heureuse coïncidence, ils ont pu luire ensemble les pre- cruinsi vos buts aux yeux des paysans arabes, el nos
miers pas vers la réalisation de leur idéal national- buts aux yeux des paysans juifs, te résultat a été que
Nous autres Arabes, particulièrement ceux (Ventre tes parties intéressées ont pu tirer parti de ce qu'ils
nous qui sont cultivés, considérons le mouvement sio- appellent nos différences.
niste avec la filus profonde sympathie. Notre délégation Je tiens à vous exprimer ma ferme conviction que ces
d Paris cannait parfaitement les revendications qui ont différences ne concernent pas des questions de prin-
été soumises hier par l'Organisation sioniste, à la Con- cipe, mais des c/mves de détail, comme il. y en a tou-
férence de la Paix, et nous les considérons comme mo- jours inévitablement dans les contacts de peuples voi-
dérées el justes, Nous ferons de notre mieux, en ce qui sins : elles seront aisément aplanies par les bonnes vo-
•nous concerne, pour les faire aboutir ,• nous souhaite- lontés réciproques, Presque toutes ces différences dis-
rons de toul noire co'ur In bienvenue aux Juifs, d leur paraîtront certainement quand on sera mieux renseigné.
rentrée chez eux, Je tirerais un avenir el mon peuple avec moi, étns
Nous tirons el nous continuerons tl'ttvuir les plus lequel nous vous aiderons et vous nous aiderez, de ma-
él voiles relations avec les eh cl s de votre mou veinent, nière t) ce que les pays gui nous intéressent mutuelle-
particulièrement avec te /)•' Wuizmunn. Il a été un grand ment puissent reprendre leur place dans la communauté
soutien de noire cause, je sonltaile que lès Arabes puis- des peuples civilisés du monde.
sent cire bientôt en mesure de faire quelque chose poul- Croyez-moi votre sincèrement (Signé) ; FKINAI.,
LE PEUPLE JUIF 11

Un entretien avec M. Rosenbaum qu'il est facile avec un peu de savoir-faire d'adapter
l'hébreu à l'enseignement le plus moderne.
Sous-Secrétaire d'Etat Malheureusementl'Université Juive fut bientôt fermée
aux Affaires étrangères dans le gouvernement par les Allemands et notre activité ne put se poursui-
Lithuanien vre désormais que sous forme de conférences isolées.
On ne saurait oublier J'enthousiasme de la masse, sur-
lo de la niasse pauvre, pour nos conférences. Ainsi je
M. Rosenbaum. qui est un ardent sioniste et niemtbre un rappelle la Conférence sur ce sujet : « nos deux
du Comité d'action sioniste, a bien voulu dire aux langues » (hébreu et yddisch), qui malgré le droit d'en-
lecteurs du Peuple Juif la situation des Juifs en Li- trée assez élevé (c'était lui profit des oeuvres de bien-
Ihuanie. faisance) a attiré une foule considérable,
Dès les premiers jours do l'occupation allemande, Inactivité sioniste qui les premiers temps s'appliqua
cotte situation osl devenue extrêmement 'difficile La plutôt à l'instruction el à la bienfaisance, a pris un
misère dans le pays, et tout particulièrement à Vilna, nouvel essor depuis la déclaration britannique et il
était, inimaginable. A Vilna, il y avait, le jour de l'ar- fui désormais impossible do trouver à Vilna une salle
rivée des Allemands, plusieurs dizaines de mille de assez grande pour contenir la foule qui accourait à
réfugiés el do déportés, sans asile, ni vêtement, ni nos meetings.
Actuellement le programme sioniste est. soutenu, non
pain. Le commerce et l'industrie se sont complètement seulement par les sionistes organisés, mais par fous
arrêtés du jour au lendemain. Comme personne ne
pouvait songer non seulement à construire, mais même les groupements juifs, sauf le- Buud, Ainsi le Rabbinol
à s'habiller ou à acheter des chaussures, les artisans, do Vilna, celui do Kovno, etc., ont inscrit dans leur
pro-
les ouvriers et les employés se trouvèrent littéralement gramme, la revendication d'un foyer national en Pa-
jetés dans la rue. Bientôt commencèrent les réquisi- lestine. Or. ces Rabbinats représentent aussi bien la
tions, les punitions et les amendes qui n'avaient qu'un Synagogue, que la plus grande partie dos classes
seul but : extorquer de la population absolument tout bourgeoise el ouvrière.
Ces derniers temps le Sionisme a développé sa prin-
ce qu'elle pouvait encore posséder. Ces réquisitions no cipale activité en vue de notre organisation nationale
se distinguaient du vol armé que par leur importance
bien plus considérable. au sein de notre libre pays, et la reconnuis-ance rie
Comme toujours, les souffrances les plus terribles nos droits de minorité nationale,
furent endurées par les Juifs. Cela s'explique en partie Cotte partie do son activité est si complexe qu'il est
impossible d'en parler dans le cadre de notre entre-
par l'antisémitisme dos Allemands et en partie par lion. Je dirai seulement que, grâce aux conditions ex-
le l'ail que les Juifs n'avaient presque po*s do biens
inunobilioivs. moins facilement enlevés. térieures el grâce aussi à la sage politique de nos
En ces jours si difficiles, la population juive s'esf chefs sionistes, nos revendications sont admises
le Parlement Lithuanien. Ainsi l'Etat nous reconnaît
par
trouvée à la hauteur do la situation tragique cpii lui l'autonomie dans la direction des affaires juives, pour
était faite et elle a su prouver son degré élevé d'édu- lesquelles un ministère spécial a été créé. Nous
cation sociale el la noblesse de ses sentiments huma- également obtenu le droit de participation proportion-avons
nitaires, Ou a fait tout ce qu'il était possible de faire, nelle dans le gouvernement el la législation du Pays.
surtout pour sauver les enfants, On a créé toute une Nous ne devons pourtant pas nous endormir sur nos
série d'institutions, toiles que cuisines populaires dans
les écoles, asiles pour enfants, garderies pour les succès, et nous devons travailler sans relâche à affer-
onfaiils d'ouvriers, hôpitaux, ambulances et colonies mir ol à assurer nos conquêtes, politique? et nationales.
enfantines,' Il est. remarquable que malgré les souf- C'est un dc^ Jmts que je défendrai devant la Confé-
frances du froid et do la faim, on n'n pas Jaissé s'ac- rence do la Paix.
complir les pliH grands efforts pour réorganiser l'édu-
cation. Lu « Société pour propager l'instruction dont
les membres sont pour la plupart idonistes, a». inau-
guré dès les premiers jours de l'occupation plusieurs L'Eclaii, du A mars, a îepiodutl l'article de N. IL,
écoles juives où la langue d'enseignement est l'hébreu. « Dan-- l'attente ». paru daiu- /.'' Peuple Juif du 23 fé-
Dans toutes ces écoles, renseignement est gratuit, et vrioi.
les élèves recevaient de plus les vêlements et la nour- i
riture. A cette même époque, les sionistes de Vilna
oui fondé un Iqcée hébraïque, le pi entier de la dias-
porah. Pou après, ou a également ouvert plusieurs
écoles techniques. C'est, avec plaisii qu non- constatons (pic l'édition
C'est également à celle époque qu'on a créé nue parisienne « Di Z.u't », de Lundi es, prend un essor de
l'uivei'sité Populaire Juive. Il était extrêmement tou- [dus en plus remarquable. On v trouve des articles,
chant do voir ces pauvres gens, hâves, affamés, on feiiilLMons et chroniques de Morris Myor, et de N.
Impies, venir on musse écouter attentivement no«
conférenciers. Les cours les plus suivis étaient celui Ei'ink, ipi' nous reeoinniuiiderioiis à ceux de nos lec-
d'histoire unoiontio juive, par l'avocat lîosonbauin. et teurs qui lisent le u Yddisch ». nu peut s'abonner à
de littérature juive, par M, Citron, et surtout celui do colle édition de Paris indépendamment du « Di Xoif »'
Mme Rubinsfoin. Ces cours se faisaient le plus souvent d ' Londres.
eu hébreu. L'LniVersilc a ainsi prouvé que, même Piix d'abonnement : 5 fr. au par trimestre. S'adresser
dans les conditions les plus tragiques le peuple juif
reste le peuple du Livre ; que le sentiment national au îéduetcur parisien de la fouille, M. Fiank. 29, r. dos
reste profond chez les Juifs do foides les classes ; enfin llosiors.
12 LE PEUPLE JUIF
A TRAVERS LE MONDE JUIF
Lettre de Roumanie le pays et notre refus d'une intervention de la Con*
»
féronce de la Paix, Bien entendu nous nous sommes ca-
Bucarest, Janvier 1919, tégoriquement opposés à cefto suggestion. Pour nous
première occasion qui nous osf pfferte punir ou nous intimider et nous démoraliser, on orga-
Nous utilisons Ja
nise dos massacres, ou simplement des sévices, des hu-
depuis l'occupation allemande, pour exprimer notre miliations
reconnaissance aux grands chefs sionistes, qui ont su une véritable Inquisition.
En dehors de ces tristesses, notre fièro. merveilleuse
rapprocher do nous la réalisation do nos aspirations population a manqué totalement d'orientation politique:
millénaires les journaux nous ont bien apporté dos nouvelles con-
Nous expihuons on môme temps noire gratitude im- cernant les frontières de Palestine, la constilnl'on d'un
mense aux gouvernements do Ja Crande-Bretagne, de Couvernonionf palestinien, oie. Ces nouvelles ont trouvé
la Erunco ol do l'Entente, pour leurs déclarations, pour ici un lorrain propice ; elles ont suscité un enthousiasme
leur générosité envers le plus malheureux dos peuples. extraordinaire, et môme un courant d'émigration en
Nous nous inclinons devant les troupes de l'Entente, Palestine si puissant quo nous ne croyons pas exagérer
devant les légions juives qui ont participé à la libération
do la Terre Sainte ou évaluant aux doux lier*- de Ja population totale le
nombre dos gens qui sont décidés à partir. Les un H
El maintenant, \> 't'incllez-nous do vous dire les soucis
ouf déjà commencé à liquider leurs affaires; les autres
et les espérances, les pensées et les inquiétudes d'une
sont impatients ù mettre le plus tôt possible leurs ca-
population qui passe par Unîtes les émotions qu'im- pitaux dans des entreprises palestiniennes. Nous
plique la veille do la rédemption,
Dès la publication de l'importante déclaration de sommes assaillis de demandes de renseignements, d'ex-
plieuiions, oie,
M. Hulfoiir. une joie intense s'empara de toutes les
C'ort pourquoi nous nous permettons de faire office
âmes ; grands et petits, forts et faibles, riches et pau- d'interprètes et de vous prier, de vous implorer de nous
vres, croyanfs et sceptiques entonnèrent Phosanna faire savoir tout ce que vous jugerez propre à tranquil-
do la libération, Nous serrâmes les rangs ; nos groupes liser el à guider le peuple, fe'il y a des instructions,
se multiplièrent. --- non seulement dos hommes de la donnez-les : nous tâcherons de les exécuter ponctuelle-
masse Ja niasse avait toujours élé de notrn côté,
mais dos hommes autrefois hostiles entrèrent dans nos ment. Nous voudrions particulièrement savoir quelle
attitude adopter au sujet de l'émigration. Faut-il la
rangs, se rangèrent avec enthousiasme sous l'étendard stimuler ou l'enrayer? Vos nouvelles et vos rensei-
blanc et bleu, gnement» mvus serviront ainsi pour Pémancipation
Le soutfle printanier qui vient do Sion a changé politique, mise à l'ordre du jour par le gouvernement
nos esprits : la pour, les souffrances, la pauvreté sont roumain.
du domaine du passé. Nous avons aujourd'hui une En résumé : le peuple- attend avec impatience et
conscience parfaite de nos droits et do nos devoirs, et anxiété un mol de rédemption, Si vous croyez qu'un
la volonté do sauvegarder les intérêts menacés de notre contact personnel est nécessaire, nous sommes prêts
peuple. Ainsi, lors dos derniers excès antisémites une à vous envoyer des représentants,, mais il faudrait quo
organisation d'aulo-défonse. improvisée'à la hâte, com-
prenant dos intellectuels et des ouvriers, a su étouffer vous rendiez possible, par les moyens dont vous dis-
posez, le déplacement do ces représentants,
un progroin préparé depuis longtemps. Ce progrom Pour votre gouverne, le Cercle « Palestine » compte
élail connu dos autorités ol attendu impatiemment par mille membres actifs ; autour de lui sont groupés la
\i population inféodée à une oligarchie qui est la plus finance, l'industrie et les intellectuels de Bucarest.,.
réactionnaire de toute l'Europe, qui veuf faire dévier
toujours l'attention de l'opinion publique des crimes
ol dos méfaits qu'elle a commis contre la population
Entre l'enciume et le marteau
juive. La lin de la guerre mondiale n'a. pas arrêté, hélas II
IM. Bratiano qui. depuis a fait déclarer à l'étran-
191 fi. toutes les luttes armées, et l'exaspération des appétits
ger quo la solution la plu« large sera donnée à notre incite encore certaines natiomialifés à continuer la,
question ; M, Bratiano qui a du miel sur les lèvres guerre. Hongrois et Roumains, Tchéco-Slovaques et
qua.nd il parle do nous a l'étranger, n'est que fiel quand Italiens, Polonais et Ukrainiens, Polonais et Allemands
il n'agit d'exécuter ce à quoi il sVd engagé, de sorte 'se dressent encore en ennemis farouches..
quo non seulement noire situation ne s'est pas amé- Vu l'importance de Ja population juive dans ces
liorée, mais la terreur n'a jamais été aussi grande et divers pays, l'issue de ces luttes'nous intéresse parti-
aussi cruelle qu'aujourd'hui. Nos représentants ont eu culièrement. Nos frères de là-bas sont d'ailleurs forcés
un entrelien avec M. Bratiano qui nous a fait savoir de prendre une part active à ces luttes et une position
ou comprendre (pie si pu.r hasard les Puissances alliées nettement définie pour tel ou loi parti, cela surtout
lui imposaient une solution, elle resterait lettre morte ; dans les provinces de la Prusse Orientale. Il semble-
Jes arrestations arbitraires, les sévices — jusqu'à, la rait, à première vue, qu'ayant à souffrir de si terribles
mort (et ceci n'est pas nue exagération) — sont à l'ordre progroms et persécutions de la. part des Polonais, les
du jour. Que veut donc M. Bratiano ? 11 l'a déclaré a ' Juifs n'aient qu'à favoriser le parti ennemi de ces
plusieurs reprises : il veut purement et simplement une derniers.
déclaration de nos représentants autorisés adressée aux Mais la question est pour eux infiniment plus com-
représentants diplomatiques des Alliés, déclaration par plexe, D'abord, les Allemands si chauvins do la Pos-
laquelle nous exprimerons nôtre volonté de ne recevoir nanie ne sont guère plus phiiosémites,
do solution à la question juive que « dans le po.ys et par La situation neutre des Juifs ne leur inspire point
LE PEUPLE JUIF l.'i

Une confiance exagérée, Lorsque Jes derniers événe- Ce centre est particulièrement indispensable aux
ments ont fait naître eliey, les Polonais l'espoir do classes ouvrières juives, qui forment partout des pâ-
créer un Etat puissant qui engloberait môme des po- lîtes minorités et dont la participation au mouvement
pulations étrangères (comme Jes Masuriens, Lithua- ouvrier universel ne peut avoir une expression sociale
niens, Rutliènes, etc.), des groupements polonais se véridiquo et normale. C'est seulement en donnant un
sont formés un pou partout, cherchant à prendre dès asiJe national à tout le peuple juif que tout notre
maintenant le pouvoir, même par la violence. La tac- travail pourra se développer sainement.
tique polonaise consistait à combattre non seulement Ce n'est point au détriment d'autres peuples que
les Allemands, mais aussi les Juifs, élément économi-
quement trop puissant ù leur gré. Les Juifs furent nous demandons nos droits nationaux en Palestine.
donc éloignés (je toute participation dans les affaires Nous avons trop longtemps souffert de persécutions
politiques et municipales, mais ce qui les impressionna nationales et religieuses pour songer un instant à per-
le plus douloureusement, c'était l'obligation de sou- sécuter nous-mêmes un peuple qui vit depuis des cen-
mettre leurs propres écoles ù la surveillance du clergé taines d'années dans notre patrie historique, Mais la
polonais, dont l'intolérance est extrême, Cette question Palestine est en grande partie incultivée et inhabitée,
d'éducation scolaire dont les Allemands oht eu égale- L'immigration juive apportera avec elle des forces
ment à souffrir incita donc ces derniers à voir dans productives qui développeront dans ce pays une vie
les Juifs dos victimes comme ils l'étaient eux-mêmes, nouvelle. C'est dans une entente politique intime et
et la résistance s'organisa parfois on commun, Beau- une collaboration économique amicale, avec nos voisins
coup de Juifs do ces provinces ont donc adhéré aux les Arabes, pour leur bien et pour Je nôtre, que nous
Conseils nationaux allemands, voulons ressusciter notre terre antique.
Pourtant la plus grande partie a préféré une orga- Dans la nouvelle patrie juive, il n'y aura jamais de
nisation indépendante, et c'est ainsi que furent créés place pour aucune persécution nationale ou sociale,
les conseils nationaux juifs, qui cherchent à suivre car ce n'est pas pour accepter une servitude nouvelle,
une politique personnelle el neutre entre les deux ad- que l'ouvrier juil ira en Palestine, Nous voulons réa-
versaires, liser enfin la nationalisation de la terre, qui est une
Pour que cette politique n'ait pas pour seul résultat dos plus belles conceptions de notre Bible. Nous vou-
d'exaspérer .l'antisémitisme des deux côtés, il faut lons donner une législation socialiste au travail et
qu'elle soit très clairement et exclusivement juive. aidant que possible au commerce et à l'industrie.
Certains milieux de Juifs allemands aimeraient de Nous nous efforcerons de réaliser le droit au travail
la part des Juifs une attitude plus sympathique envers et l'obligation de travailler,
le parti allemand qui sera dorénavant le parti persé- Nous savons qu'une grande partie de nos frères res-
cuté. Bien que las Juifs puissent d'ores et déjà entre- teront dans les pays qu'ils habitent. Pour eux, nous
voir ce que signifie pour eux la domination polonaise, revendiquons la pleine égalité politique et chilc, et les
!a simple dignité nationale ne leur permettra point droits nationaux dans les pays où ils forment des
(ette attitude envers Jes antisémites allemands. La groupements importants, Nous demandons la garan-
domination polonaise incitera probablement une très tie de ces droits par l'admission du peuple juif dans
grande partie des Juifs à quitter le pays, mais ceux la Société des Nations.
qui seront forcés d'y rester devront exiger les droits do
minorité nationale juive pour n'avoir à défendre quo Mais oous poursuivons également l'évolution sociale
leurs propres intérêts, sans se pincer encore entre et l'affranchissement progressif à l'intérieur de notre
l'enclume et le marteau. nation. Nous demandons que les communautés reli-
gieuses deviennent des organisations nationaJes, dont
Je but serait l'instruction publique et l'aide sociale.
L'Union de ces communautés deviendra l'organe qui
aura le droit et la possibilité de parler au nom du
DANS LE MOUVEMENT Peuple Juif.
En même temps, nous répudions tous ceux qui, sans
mandat ol sans responsabilité aucune, parlent en notre
nom. contre notre volonté et contre nos intérêts. Le
Manifeste des Poalé-Sion Peuple Juif veut prendre en mains et diriger désormais
lui-même, ses affaires, repoussant toute politique de
Le Parti Poalé-Sion a présenté à la Conférence So- coulisses. »
cialiste Internationale, un exposé de nos revendica-
tions dont nous extrayons ici quelques passages : Le manifeste parle ensuite de la nécessité d'orga-
« A l'aurore d'une nouvelle époque mondiale, où se
niser l'émigration formidable qui va se déclencher,
fixe la destinée de tant de peuples, notre voix doit être d'organiser même ceux qui ne peuvent pas aller s'ins-
entendue. Au moment où le droit de liberté nationale taller en Palestine. Sûr d'exprimer les voeux de toute
est reconnu à toutes les nations, on peut et on doit Ja Nation, le Parti Poalé-Sion, préconise pourtant de
réaliser également nos revendications. toutes ses forces la convocation d'un Congrès Juif Uni-
Nous demandons librement et publiquement nos versel, où In classe ouvrière juive soit véritablement
droits à la Démocratie Universelle, Nous demandons représentée.
notre droit de vivre en peuple libre, sur son propre Il faut pour cela organiser et instruire le prolétariat
territoire. Nous demandons en Palestine, un foyer juif. Pour la réalisation de tous ces voeux le Parti,
national, un centre d'immigration et d'organisation demande l'aide de la Démocratie Universelle. Le peu-
économique, culturel et politique pour tous ceux de nos ple Juif qui a apporté tant de sacrifices à la libération
frères qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rester des autres peuples, en attend aujourd'hui une aide
dans les différents pays do la Diasporah. fraternelle pour sa propre liberté.
,4 LE PEUPLE JUIF
Préparation de Vimmigration en Palestine que Ionien les ionisons juives ont arboré lo drapoiiu
bien et blanc comme l'a fait d'ailleurs le cuirassé
Ledocteur Arthur Rupin vient d'écrire sous eu titre américain. Hou dépari fut salué pur des coups de
un article fort remarquable, publié dans ladont revuo
.( Der
Judo » dirigée par M, Rubor, L'uulour, la canons t\o? aiilres bfitinjonls du port.
compétence est indiscutable, déclare que plus nous Kn Hollande, on signale un mouvement prépara-
approchons de la réalisation de noire idéal, plus il toire pour l'émigration juive en Palestine, A Devon-
uovienf nécessaire d'avoir une politique bien définie et
des Buts immédiats, rationnellement établis pour orga- ler cl à Marum, près (Ironingen, deux groupes de
niser l'immigration. Jl faut diriger raflluence de cette pionniers sont organisés, (les groupes se consacrent
immigraiion juive avec la plus grande prudence pos- .aux éludes et aux pratiques des travaux agricoles,
sible, La Palestine pourra employer 50 0,0 des arri- qui ieitr perniollnuenl de s'installer en Palestine
vants pour l'agriculture ; ,'ib 0/0 pour les divers métiers connue colon»,
el l'industrie ; 10 0/0, tout au plus, pour le commerce
et 10 0/0, au maximum également, pour les professions Mouvement national en Italie
libérales (lellos que médecins, juristes, professeurs,
etc., etc.). Le 8 février a ou Jiou ù l'Institut Colonial une réu-
Pour diriger l'émigration rationnellement et on ac- nion organisée par l'Association non-israélite « Pro-
cord avec ces données, d est nécessaire de l'organiser Isruol » pour y traiter la question juive et entendre un
par groupements. rapport de M, le D1 Arthur Rosenberg membre du Con-
Ce système permet l'émigration pur groupes de voi- seil national juif do Vienne, sur les conditions où se
sinage, de relations amicales ou do communauté d'in- trouvent les Juifs de l'Europe Centrale et Orientale,
térêts professionnels. Lo Due Giovanni Colonna Di Cosarô, député au Par-
Obi évitera aux membres de ces groupes de se trou- lement italien, présidait. Parmi les assistants, on
ver dépaysés en débarquant on Palestine, tout en leur a pu romuiquor : M. lo Sénateur Cavasola, Paul
permettant une installation économique plus ration- \lantica,'Proi, Scadnto, Prof. Mo ri, Prof, Pantaleoni,
nelle pour eux. on Sociétés, coopératives, etc.. Prof, E, Momigliano, Rabbin Dante Laites, Av. Ra-
L'organisation dans chaque ville de groupements vonna. Av, Pacifici, D1 Sacerdoti, Prof, Canti, Mr, le
d'émigration permettra à leurs membres de se con- Connu. Sereni le Cav Milano, D> Beilinson, Mlle Ohl-
naître mutuellement et d'étudier ensemble les possi- son, le Prof. Morlara, etc., S,E. Luigi Luz/.atti avait
bilités que la Palestine peut leur présenter et, pur con- envoyé sou salut et son adhésion, Après le rapport du
séquent, l'élimination des candidats insuffisamment D1 Rosenberg, qui, on ce qui concerne les conditions
préparés. Les buis de ces groupements seront plus sû- des Juifs polonais, provoqua une profonde impression,
rement atteints si chaque groupe ne compte pus plus une discussion animée suivit sur tout le problème juif,
de 20 à 30 adhérents. La résolution suivante proposée par M. le Prof. Canti,
Le D1 Rupin propose 5 types différents de groupe- a été ensuite votée ;
ments : Les auditeurs réunis le 8 février 1010, à l'institut
1) Jeunes gens et jeunes filles de 14 à 18 ans, qui se Colonial Italien, sur l'invitation de la « Pro-IsraoJ »,
destineraient à l'agriculture. Ils devraient déjà pos- Société non-i«raélile pour la défense des droits du peu-
séder certaines connaissances agricoles et pouvoir dis- ple juif, rappellent au inonde civilisé et à la diplo-
poser d'un fonds de 400 francs pour payer le transport matie alliée, les conditions tragiques faites aux Juifs
et les irais de début de séjour. de la Galicie, qui depuis plusieurs semaines sont en
2) Hommes el femmes jusqu'à 30 ans (Je mieux par proie aux massacres et aux persécutions :
couples mariés et sans entants) qui veulent s'installer Affirment qu'une telle situation des masses juives de
comme colons. 11 faudrait exiger d'eux une préparation l'Europe Centrale et Orientale ne pourra pas être cor-
pratique de deux ans au travail de la terre et un capi- rigée si on n'assure pas aux millions de Juifs qui vivent '
tal d'environ 7,000 francs. en Pologne, en Ukraine, on Lithuanie, en Hongrie, en
3) Groupement « Achusah ». Ses adhérents, hommes Roumanie le droit de minorité nationale qui comprenne
et femmes de 40 à 50 ans, qui se destinent aux entre- une autonomie des Communautés juives la reconnais*
prises do plantations. Us devront être on parfait état sauce par l'Etat dos Instituts juifs d'instruction et
de santé pour bien supporter le nouveau climat, et une juste représentation desdites minorités juives ;
disposer chacun d'un capital de 25.000 francs qu'ils Affirment (pie le problème hébraïque dans son en-
verseront en 5 ans. C'est seulement au bout de ce laps semble ne pourra pas être résolu, comme la justice
de temps, lorsque les plantations achetées commence- et Ja paix du monde le réclament, si ce n'est en oc-
ront à rapporter un certain revenu qu'ils s'installeront troyant, au peuple juif la. Palestine dans des conditions
on Palestine. qui assureront à la nation israélile un développement
4) Groupe d'artisans, autant que possible, de même libre et indépendant.
profession, avec un avoir de 3 à 5,000 francs. Enfin lo
5e type de groupement est celui des artisans et ouvriers Nos amis de Bruxelles éditent un journal hebdomn-,
de différentes branches. duiro usse;: intéressant, sons le nom de « Kadimah ».
Depuis quoique temps, des groupes de jeunes Les numéros que nous en avons, reçu témoignent d'un
gens juifs essayaient d'arriver jusqu'à Fiume pour effort constant de Ja part de la rédaction pour tenir
partir en Palestine, mais cela leur était jusqu'ici s'os lecteurs au courant do tous les problèmes et évé-
impossible. Pourtant, grâce à un officier juif d'un
cuirassé américain, un groupe do cinquante Juifs nements juifs.
réussit à s'embarquer sur ce cuirassé pour la Pales- Adresse: 57, rue Van- Lint. Bruxelles. Prix d'abon-
tine. La jofe dans la population juive fut si grande nement ; 4 numéros, 2 fr. 50.
I.B PK l'OLE JUIF 15
DANS LA FÉDÉRATION REVUES ET JOURNAUX

RAPPORT DE LA COMMISSION CENTRALE M, PUMTO Albin publie dans L'Eclair du 17 février, un


DU FONDS NATIONAL JUJF EN FRANCE arlicle intéiessanl, sous le, tilre : « Le retour à la terre
POUR L'ANNEE PUS promise. Comment se constituera, en Palestine, Je
« loyer juif ». Eu voici la reproduction :
Dan.-, le courant de l'année, 1918 la Commission
a envoyé
à hi lianque Sionisle do Londres, Ja somme do 23,127 h\s 05, (."est an fait (pie jusqu'à la guerre, lu question juive n'a
se léparlissant comme suit : joué qu'un rolo négligeable dans la politique extérieure do
Dons divers la France, ha diplomatie ne lui accordait qu'au coolficient
»
3,971 » politique presque égal à «oro. Non par dédain ou ignorance,
Troncs 474 75
Livre d'Or 3,320 comme on pourrait le croire, mais plutôt par cette sorte
GO de craint « instinctive qui no lui est pas spéciale, de mettre
Forêt Jler/,1 1,670
Fondation foncière (Nalndali) „ d la main dans un guêpier » ou simplement dans un engre-
430 »
(Euvms d'Urgence 053 15 nage trop compliqué.
Pour le Jlaohnl des Lieux Saints Mais à « ignorer » olh'ciellemonl une question, on ne
995 25 la supprime pas. La guerre, ou, plus exactement le réta-
Colonie Tohlémnv -1,089 95 blissement de la paix, ont donné au problème juif une
Dons d'Anniversaire 700 » actualité nouvelle,
Maisons Ouvrières 332 75 La France n'a pas seulement,, du tait de ses possessions
Vente do Timbres du F, N, J ,
135 ?u africaines, où vivent des cent aines de milliers d'israélites,
de Calendriers 4£ »
n
do Brochures 48 » un intérêt concret et tangible à ce qu'une solution satis1
» taisante intervienne, Toute sa tradition libérale lui com-
7 tilros français d'Fnipruiit National 700 » mande de coopérer à l'élaboration d'une formule qui con-
Par les anciens bureaux du F, N.-J, dirigés par cilie les exigences de ^a politique orientale avec les droits
MAL BrucJi cl Sal/.manti, du l 01' janvier au d'un peuple dont la tragique histoire mérite le respect et
31 juin 1918 '.
5,655 50
,. la sympathie,
Total 23,127 05

Voici les, envois pur mois * *


:

Du ]'' janvier au 30 juin, par les anciens'bu- C'est en effet en Orient que, diplomatiquement, se pose
reaux 5,055 51) aujourd'hui le problème juif.
Mois de juillet 1.306 »
l'a peu avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, il y
» » août 342 15 avait ù Conslantinople un ambassadeur américain, M. Mor-
» » septembre 3.668 75 gentbau, qui était israélite de confession, et sioniste
» » octobre ..'. ,
1,968 05 convaincu.
» » novembre 6.042 70 Le Sionisme? Personne n'ignore aujourd'hui cette doc-
» décembre ,
4.244 90 trine, non inventée certes, mais formulée avec précision
,) ,.... pour la première fois par le docteur H end, et professée
Total 23.127 05 depuis vingt ans avec enthousiasme par les millions de
Juifs dont les persécutions auxquelles ils étaient soumis
Proportionnellement au nombre dos Juiis résidant ou dans presque tous les pays do l'Europe orientale faisaient
Franco, c'est notre pays «pu a le plus fourni au Fond* de véritables martyrs. Dans leurs souffrances, comment
National Juif, en comparaison des autres pays. n'auraient-ils pas, à l'appel de leur nouveau prophète,
Je lions à remercier tons les collaborateurs de la Commis- tourné leur regard vers cette terre de Judée où ils for-
sion, noluniment : maient, il y a deux mille ans, une nation et un Etat ? Quel
rêve! Apres deux millénaires d'absence, reprendre le chemin
M. S. Kagan, qui est actuellement à Casablanca, où il de la terre promise, y reconstituer une « Jsraéha » ou une
cpiitimie à travailler on coinpagnic de M. Schulmann, pour Ibria », refuge (les persécutés, organisme do protection
le Fonds National ; <<
pour les Israélites encore dispersés parmi les autres nations!
M. S. Feltnnn, qui doit prochainement partir pour la Donc, M. Morgenthau, étant sioniste, c'est-à-dire idéaliste,
Palestine, où, nous l'espérons, il s» ru encore utile à notre mais Américain aussi, c'est-à-dire pratique, soutenu en
cause nationale ; outre par les nombreux coreligionnaires qu'il compte aux
Mjine Ri v lune ; Ftats-Unis, avait entamé avec la Porte des négociations qui
MM. Hivkine, Cbramov, Brauner, Vinitsdcy, Ledervarger, avaient la Palestine pour objet. On a dit qu'il entendait/ pat-
Hirnbauin, Farbmann et Itabotnik, ainsi que M, Judcovici io moyen d'une combinaison financière offerte au gouver-
qui travaille activement en dehors do la Commission. nement ottoman, obtenir une cession de souveraineté, de
manière à pouvoir construire un véritable Etat juif. Cela
MM. Méeroff, Joseph H. Lévy, (Fez), Josué Cohen n'est pas tout à fait exact. Des déclarations qu'il a faîtes
(Lyon), Mme Bnuderly (Marseille).
aux Etats-Unis, après son rappel, il semble résulter cepen-
Le Directeur du F. N. J. de France : dant que son plan, par le moyen de « rapatriements » suffi-
SKQÀLIi. samment nombreux et. d'une colonisation méthodique, visait
à restituer à l'élément juif en Palestine une prépondérance
susceptible de lui donner figure de véritable nation.
Quoi qu'il en soit, la durée imprévue de la guerre, l'in-
tervention des Etats-Unis, les défaillances de la Russie, vin-v
Nous apprenons quo la société sioniste Kadimah, -i
a —*
rent donner à la question un aspect tout différent. D'amé-
remis la somme de deux mille francs à la caisse de la ricaine, elle devint interalliée.
Société récemment constituée et dont le but est de Tandis que M. Morgenthau négociait "avec la Porte, la
venir en aide aux prisonniers Juifs, de retour de l'Al- France, la Grande-Bretagne et la Russie, pour réduire au
lemagne, et originaires de l'Europe orientale. * minimum,
comme M. Briand l'a expliqué, les risques d'oppo-
16 LE PEUPLE JUIF
sitious auteur du lapis vert, s'ofloi'oaiunt eu ufl'uL do pré- a fait, dès le début, Juiusser lus salaire^ «les ouvrier* a^ri
ciser, dans une sério d'accords échelonnés do J910 à mars 191F, cotes, A mesure que la colonisation juive se développait
leurs futurofa positions respectives en Turquie d'Asie, le /.tunthiul uf lijv des travailleurs arabes, en vertu de h
A la France, une zone d'influence directe était reconnue loi Uo 1 nieiuenco économique, tendait a s'améliorer, Loi
au nord de Cailla jusqu'à Alexandretle. Mais pour la Pa- villages aruljos, groupés autour des colonies israélites ont
lestine, un régime international était prévu, qu'il y aurait un air de Inun-eire ut de propreté qui contraste singuliè-
lieu de met Ire au point, plus tard, quand l'Empire ottoman rement avec les nuséiabks agglomérations des alentours.
serait vaincu. Do toutes manières, l'éventualité de la créa- ,\e pouvant plus omimiiohor à vit prix les ouvriers agri-
tion d'un JClat juif disparaissait. La souveraineté serait coles, je,s ullcmiis voient d'un mauvais uùl les progros di
exercée au nom des puissances alliées ot au bénéfice égal de la colonisation juive, Comme ils représentent un élément
tous les groupes ethniques vivant sur Ja vieille terre de ue régression sociale, Us sont bien vus par les coloniaux
Judée, anglais, dont les .sentiments uUraroomsurvaleurs no sont
En fait, cependant, Ja cohésion ci l'activité des démontr an seciel pour personne,
israélites répandus dans le monde, et spécialement des Israé- Au lund, travailleur* arabes et juiis ne demandent pa,-:
lites américains et anglais, aboutirent à dos résultats qui mieux que de vivre et de travailler eu paix, Arabes ot
déborderont lo cadre étroit dos accords de 1910, .1 tuts peuvent cohabiter ou Palestine comme les F'Janiaïub
La prise de Jérusalem et l'occupation de la Syrie par les ot les Wallons en Belgique, La dualité dos langues doit et n
troupes du général Alienby, un commencement do l'année respectée el I enseignement do l'hébreu et de 1 arabe devra
dernière, avaient réveillé tous les espoirs, Avec un sens ••ire obligatoire dans les écoles, Cola aidera las deux peu-
politique au-dessus de tout éloge, les israélites anglais ples à se coiupieudre et à s'apprécier mutuellement. 11 y a
avaient acquiescé à la déclaration de M. Hallour a lord place en Palestine pour des millions de cultivateurs' et.
Itethsohiid : ouvriers, alors qu'à présent ils ne se comptent que pai
« Le gouvernement bi itannique envisage arec javeui réta- centaines de mille.
blissement en Palestine du peuple, juif, sous réserve nue neu L'énur Faioal, dont les scnliinonUs ne sauraient être sus-
ne soi! fait qui puisse léser les dioits civils ei religieux des pects, a reconnu (pie la Palestine ne pourra quo bénéficier
(ttllcttivitvs non isuuhies iésidant en Palestine, ni les dioits itu lait du la constitution d'un Etat juif, Pour que cet
et statuts put Hique s dont les isutélUes jouissent dans lout Fiat devienne une réalité, il tant peu de chose, et d'abord
uutie jHii/s, » Les assurances conformes données par M, Sle- luléhté aux promesses do la part des hommes politiques
phen Pichon n M. Nokolow, représentant des organisations anglais, Le peuple, qui aime la Bible et qui a, d'autre
sionistes, ava.iont raffermi cette bonne impression ol ces pari, dois intllionn de kilumities cairés tic colonies uo devra
dispositions conciliantes. « Les sionistes ne. désirent pas point marchander son antique domaine, quelques dix mille
jaiie un Etat », déclara expressément le bureau de Londres. Kilomètres carrés, au pouplu.de la Bible. S'il en était autre-
L'entente, dès lors, apparaissait possible, On entrait dans ment, le triomphe cynique de l'impérialisme sans scru-
la voie des réalisations, pules, incapable 'du moindre geste de générosité, sonnerait
* lu glas du libéralisme anglais, Ce serait la banqueroute de
l'élémentaire honnêteté politique dans le pays do Glad-
A l'inauguration, le 20 juillet dernier, de l'Université stone,..
israélite de Jérusalem, cérémonie à laquelle prirent part les (Le Pupulaire, 23 février.)
autorités françaises, la formule était trouvée,
C'est un « foyei n juif qu'on allait rceonsiruirc. i)n loyer LeDouar d'Ail el de JAttéiature, o bis, rue d'Italie,
moral, religieux, dont les rayons iraient réchauffer Jes 12 ou à Tunis, va prendre place dans la mêlée et tachera d'oeu-
13 millions d'israélites répandus dans le monde, et qu'il vrer là on son action est nécessaire, Revue d'avant-garde,
était ulopique de vouloir ramener sur la terre exiguë et elle groupera fraternellement des poètes ardents et sin-
épuisée de Judée, cères, des artistes, des écrivains généreux, une jeunesse,
Au foyer, les Juifs auront des droits politiques ot civils vibrante et active qui veut « vivre » sa vie, intensément,
définis, des droits en tant que nation, mais égaux à ceux dans « l'Indépendance harmonieuse de soi-mêmo »; elle
des autres « nations » vivant comme eux en Palestine. Sans lait appel à tous les « vivants », à ceux qui — hier —
s'immiscer dans la politique inférieure dos autres Etats, à tonnaient des groupes distincts : Unanimistes, Paroxystos,
l'abri de la Ligue des Nations, la nouvelle » lbria » contri- Itéalistes, Néo-Symbolistes, etc.
buera à élever progressivement le niveau moral et la con- Le 1)011AU se publiera luxueusement tous les deux mois,
dition de tous les dispersés. M\ forme de cahier, sur 24 à 32 pages, avec couverture en
Il ne restera plus à la Conférence quJàishii doty^' une ouleurs, ornée d'illustrations des excellents artistes.
solennelle consécration internationale. ^hv.»^»^ Directeur : Jean lîoblet; Rédacteur en chef : Léon
Pierre AT.HIN. YladJyn.
Lo 1" numéro de cotte belle publication paraîtra vers le
lébut du mois de mars, daté seulement de Janvier-Février,
La question Arabe en Palestine l'rix du numéro : 1 fr. 50, Abonnoment : 5 francs l'an.
Adresser toute correspondance (loitrès, mandats, revues,
La question arabe en Palestine est une question sociale journaux, livres,,,) au siège du DOUA H: o bis, rue d'fta-
au premier chef. io, à Tunis (Tunisie).
,La population arabe de la Palestine est divisée en deux
camps : les effendis et les fellahs, Nous avons reçu :
Los premiers sont peu nombreux, mais disposent d'argent Haésrah (hébreu), n° 1. Jaffa.
et d'influence. Notons la famille Sursoie et llock, proprié- Michtai) laeol, par M. Disongof, Jaffa.
taires de vastes domaines dans la Galilée et aux abords de Holetin de la Comisian Provincial de Moiuunentos histô-
Jaffa; Aboukatlsa, dont les immenses propriétés entourent •icos y artisticos de Orenze. I. VJ, N°» 120, 121, 122, 123,
Gaza; Aboudjeben, le plus grand minotier de la Palestine, Jewish Helief "Work in Palestine (octobre 1918),
et Dejlnd, le plus grand producteur de froment dans le Jean Ijtirmeraux : L'Allemagne, morcelée (Plon-Nourrit).
pays. 7>'' S. Katzcnelboyen : L'Emigration juive (Bruxelles,
Ces effendis, qui traitent les pauvres fellahs en bêtes de Vva Ford. Laroier, éditeur, 1918.)
somme ot les accablent pour un salaire dérisoire d'un tra- MEMENTO :
vail écrasant, sont les ennemis jurée de l'immigration et de L'Humanité (1G février) : « L'Asie devant la Oonfé-
la colonisation juives,
Ils redoutent l'immigration juive parce qu'elle menace •ence »,
leur dominationtjBur le fellah, tailtnble et corvéable à merci. Le Gérant FRIEDUVND
:
D'autre part, ils se sont toujours opposés à la colonisation Imp. BERESNIAK et FILS, 12, rue Logrange, Parte
juive en Palestine, L'arrivée des COIOUB juifs dans le pays

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