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Revue d'histoire des colonies

Pinot (Virgile). — La Chine et la formation de l'esprit philosophique


en France (1640-1740) ; — Documents inédits relatifs à la
connaissance de la Chine en France de 1685 à 1740
J. Tramond

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Tramond J. Pinot (Virgile). — La Chine et la formation de l'esprit philosophique en France (1640-1740) ; — Documents inédits
relatifs à la connaissance de la Chine en France de 1685 à 1740. In: Revue d'histoire des colonies, tome 20, n°89, Septembre-
octobre 1932. pp. 154-155;

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cain, en dépit de certaines manifestations bruyantes, des
des gens de couleur de ce pays ; les questions extérieures
ne les intéressent manifestement pas plus que le commun des
Américains : ils savent seulement que le préjudice de race est
presqu'inconnu des Français ; pourtant la bibliographie, très
incomplète, de ce volume indique qu'un livre d'Albert Londres
dénonce l'inhumanité des Français à l'égard des nègres d'Afrique.

O'Reilly (Patrick). — Essai de bibliographie des Missions


Maristes en Oeéanie Occidentale. — Paris, Geuthner,
iq32 ; un vol. (17 X 25) de 3a p.
Cette publication, conçue à l'exemple de celle du P. Alazard
sur l'œuvre des Picputiens en Oeéanie Occidentale, ne vise qu'un
objet de pure missiologie : répartie en sections dont chacune
l'un des six vicariats confiés aux Maristes, elle présente,
après un choix d'ouvrages généraux nécessaires à l'intelligence
de la question, un dépouillement complet des travaux consacrés
à l'histoire des missions particulières, puis une liste des écrits
d'ethnologie et de linguistique composés par les missionnaires et
un inventaire des publications faites par eux en langues
(à l'exclusion de celles des missions protestantes) ; les
articles de revues sont mentionnés, mais non les cartes, ni les
documents manuscrits.

Pinot (Virgile). — La Chine et la formation de l'esprit


philosophique en France (1 640-1 740) ; — Documents
inédits relatifs à la connaissance de la Chine en
France de 1685 à 1740. — Paris, Geuthner, i3, rue Jacob,
1932 ; deux vol. (16 X a5) de 480 et i3o pp.
La découverte de la Chine par l'intelligence européenne, à la
fin du xvne siècle, est un événement aussi considérable pour
de l'esprit humain que celle de l'Amérique : la lecture de
Voltaire suffit à nous en faire mesurer les conséquences. Il est
donc essentiel de savoir dans quelles conditions s'est faite cette
révélation ; M. Pinot nous montre par le détail qu'elle a été pour
ainsi dire uniquement le fait des Jésuites, et que ceux-ci, dans
l'intérêt de la religion, et aussi dans celui de leur Compagnie,
— i55 —

ont présenté systématiquement les Chinois tout en beau : vertueux


et spiritualistes ! Si la Chine et son gouvernement ont été donnés
en modèles à l'univers par les philosophes, c'est beaucoup à cette
déformation méthodique que cela est dû.
Mais ce livre n'est pas seulement intéressant pour l'histoire des
idées, et si nous avons à en parler ici, c'est qu'il apporte aussi
des lumières sur les circonstances dans lesquelles l'influence
française a commencé à se répandre et à s'organiser pour se
répandre dans les pays d'Extrême-Orient : il nous montre
le gouvernement de Louis XIV fut conduit à s'intéresser à
ces questions et à soutenir l'entreprise des Missions Etrangères,
puis à se trouver mêlé aux querelles entre les prêtres de cette
Compagnie et la Société de Jésus, qui devinrent une des grandes
questions morales de cette époque.
En Chine, il est vrai, il ne put jamais être question de quoi que
ce fût qui ressemblât à une colonisation : l'immensité de cet
empire et son prestige de grande puissance interdisaient d'en
concevoir même la pensée ; mais l'affaire de Siam, plus près,
un caractère assez différent. M. Pinot, qui l'analyse en
détail, montre qu'elle est née, à l'origine, de soucis entièrement
personnels du fameux Constance, désireux tout au plus d'assurer
sa puissance et sa sécurité ; les Pères de la Mission, saintes gens,
s'y trompèrent et trompèrent avec eux Louis XIV, qui crut
d'abord à la possibilité d'une conversion en masse du peuple
; mais les très fins diplomates que l'on envoya pour
la situation ne persévérèrent pas dans cette erreur et aboutirent
vite à des conclusions beaucoup plus pratiques, se rapprochant
singulièrement de notre conception moderne du protectorat, avec
cette différence cependant que les Jésuites entendaient la faire
uniquement au profit de leur puissance, tandis que le
de Colbert, M. de Chaumont, pensait davantage aux
du roi, et au commerce ; ces divergences, et surtout la rivalité
acharnée qui opposait, dès ce moment, les Jésuites et les
furent pour beaucoup dans l'avortement final de cette
aventure.
Les documents que M. Pinot a joints à sa thèse proviennent en
grande partie des papiers de Fréret et concernent surtout la
chronologie chinoise.
J. Tramond.

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