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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

Université Abdou Moumouni

Revue Nigérienne des Sciences Sociales, revue internationale francophone


reniss.niger@gmail.com

No 003
ISSN :1859-5154

1
Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

Janvier 2022

Presses Universitaires de l’Université Abdou Moumouni

Directeur de publication

Dr OUMAROU Amadou, Maître de Conférences

Comité de rédaction

Rédacteur en chef : Dr ABDOURAHAMANE Mohamed Moctar, Maître de Conférences


Membres de l’équipe de rédaction : Dr HAMIT Abdoulhadi, Dr SEIDOU Abdoulaye, Dr ADJI
Souley, Dr TIEKOURA Ouassa, Dr MAGA ISSAKA Hamidou, Dr ELH DAGOBI Abdoua, Dr
HAMANI Oumarou, Dr IBRAHIM MALAM Maman Sani, Dr MOUSSA Zangaou
Secrétariat de rédaction : Dr IBRAHIM MALAM Mamane Sani et M. HAROUNA OUSMANE
Ibrahim

Publication Assistée par Ordinateur (PAO) : Dr. DAMBO Lawali, Maître de Conférences
Adresse : Laboratoire d’Études et de Recherches en Sociologie et en Anthropologie (LERSA)
École doctorale Lettres Arts, Sciences de l’Homme et de la Société, Université Abdou Moumouni de
Niamey BP 418 Niamey, mail : reniss.niger@gmail.com

Comité scientifique

Pr BOUREIMA Amadou (Université Abdou Moumouni de Niamey), Pr MOTCHO Henri Kokou


(Université Abdou Moumouni de Niamey), Pr LAOUALY Mahaman Abdoulaye (Niamey), Pr ISSA
DAOUDA Abdoul Aziz (Université Abdou Moumouni de Niamey), Pr TIDJANI ALOU Mahaman
(Niamey), Pr ABDO LAOUALI Serki (Université Abdou Moumouni de Niamey), Pr VALLEAN
Tindaogo (Université Norbert Zongo de Koudougou), Pr KABORE-PARE Afsata (Université Norbert
Zongo de Koudougou), Pr VANGA Adja Ferdinand, (Université Peleforo Gon Koulibaly de Korhogo),
Pr HETCHELI Kokou Folly L., Université de Lomé ; Dr MOUNKAILA Harouna, MC, (Université
Abdou Moumouni de Niamey), Dr Alio Mahaman, MC (Université Abdou Moumouni de Niamey), Dr
SOUNAYE Aboulaye, MC (ZMO, Berlin), Dr BATIONO Fernand, MC, (Université Joseph Ki-Zerbo)

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Comité de lecture

Kokou Folly Lolowou HETCHELI, Professeur titulaire, Université de Lomé ; N'koue Emmanuel
SAMBIENI, Maitre de Conférences, université de Parakou ; Clarisse TAMA-IMOROU, Maitre de
Conférences, Université de Parakou ; Mohamed Moctar ABDOURAHAMANE, Maitre de conférences
Université Abdou Moumouni ; Maman WAZIRI MATO, Professeur titulaire, Université Abdou
Moumouni ; Amadou OUMAROU, Maitre de conférences université Abdou Moumouni de Niamey ;
Fernand BATIONO, Maitre de conférences, Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou ; Bode
SAMBO, Maitre de conférences, Université Abdou Moumouni de Niamey ; N'gna TRAORE, PhD,
Enseignant-Chercheur, Institut des Sciences Humaines (ISH); Daouda Boubacar DIALLO, Maitre de
conférences, Université Abdou Moumouni de Niamey ; Adja Ferdinand VANGA, Professeur titulaire,
Université Peleforo Gon Koulibaly de Korhogo ; Moussa MOHAMED SAGAYAR, Maître-assistant,
Université Abdou Moumouni ; Boulama Kaoum, Professeur Titulaire Université Abdou Moumouni ;
ABDO LAOUALI Serki, Professeur titulaire, Université Abdou Moumouni de Niamey ; ISSA
DAOUDA Abdoul Aziz, Professeur titulaire, Université Abdou Moumouni de Niamey;
DICKO Abdourahamane, Maîre de Conférences Université de Zinder.

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) revue internationale francophone


reniss.niger@gmail.com

Consignes aux auteurs

La Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) s’aligne aux normes CAMES de rédaction des
articles scientifiques

Consignes aux contributeurs

La Revue Nigérienne des Sciences Sociales demande aux auteurs de respecter strictement les consignes
recommandées par le CAMES dans le cadre de la rédaction d’un article scientifique.
L’article proposé doit être saisis sous logiciel Word, police Times New Roman, taille 12. Le texte ne
doit pas dépasser 50.000 signes espaces compris, y compris les notes infra-paginales, références,
graphiques et tableaux (entre 10 et 18 pages).
1. Titre de l’article
Minuscule caractère Times New Roman 16, gras, espace après 18 points.
2. Résumé
Times New Roman 12, 10 lignes maximum (en français et en anglais) suivi respectivement des mots
clés (max.5 mots) dans les deux langues. Traduction de l’intitulé du titre de l’article comprise.
3. Corps du texte
Times New Roman 12, interligne simple, espace avant et après 6 points sans alinéa.
3.1 Titres

3.1.1. Chapitre (1.), espace avant 12 pts, minuscules, gras, Times New Roman 14.
3.1.2. Sous-titres (1.1.), espace avant 6 pts, minuscules, gras, Times New Roman 12.

3.1.3. Autres sous-titres (1.1.1.), espace avant 6 pts, minuscules, gras, Times New Roman 12.
4. La structure d’un article, doit être conforme aux règles de rédaction scientifique, selon que l’article
est une contribution théorique ou émane d’une recherche de terrain. La structure d’un article scientifique
en sciences sociales se présente comme suit :
• Pour un article qui est une contribution théorique et fondamentale : Titre, Nom et
Prénom de l’auteur, Institution d’attache, adresse électronique, résumé en français, Mots
clés, Abstract, Key words, Introduction (contexte général du sujet, problématique,
hypothèses, objectifs scientifiques, approche), Développement articulé, Conclusion,
Références bibliographiques.
• Pour un article qui résulte d’une recherche de terrain : Titre, Nom et Prénom de l’auteur,
Institution d’attache, adresse électronique, Résumé en français, Mots clés, Abstract, Key
words, Introduction, Méthodologie, Résultats et Discussion, Conclusion, Références
bibliographiques.

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5. Les articulations d’un article, à l’exception de l’introduction, de la conclusion, de la bibliographie,


doivent être titrées, et numérotées par des chiffres.
Exemples : 1. ; 1.1. ; 1.2. ; 2. ; 2.2. ; 2.2.1 ; 2.2.2. ; 3. ; etc.
6. Les passages cités sont présentés en times new romain et entre guillemets. Lorsque la phrase citant et
la citation dépassent trois lignes, il est recommandé d’aller à la ligne, pour présenter la citation
(interligne 1) en times new romain et en retrait (1cm), et réduire la taille de police d’un point.

7. Les références de citation sont intégrées au texte citant, selon les cas, de la façon suivante :
• (Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms de l’auteur. Nom de l’Auteur, année de publication,
pages citées) ;
• Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms de l’auteur. Nom de l’Auteur (année de publication,
pages citées).
• Exemples :
- Parlant de la réforme LMD dans l’enseignement supérieur africain, autant dire que
« nous avons ici à faire à un cas de transfert intégral de modèle d’organisation de
l’enseignement supérieur. Conçue au départ dans les pays anglo-saxons, cette réforme
s’étend aux pays membres de l’Union européenne, avant d’être transférée dans certains
pays africains » (M. Tidjani Alou, 2010, p.88).
- Dans ses travaux sur l’éducation environnementale au Niger, M.M. Abdourahamane
(2013, p.32) insiste sur le fait que « L’environnement est un objet de connaissance, donc
susceptible d’interprétation diverses selon les réalités culturelles. C’est pourquoi, les
comportements des individus face l’environnement sont, en général, déterminés par
leur conception de ce dernier ».

Références bibliographiques
Article dans une revue
OUMAROU Amadou, 2016, « La prévention des inondations à Niamey, une entrée pour une analyse
de la gouvernance urbaine » in Revue Dezan no 011, Laboratoire de Sociologie, d’Anthropologie et
d’Études Africaines (LASANEA), Université Abomey Calavi, pp. 295-31

Chapitre d’ouvrage
ALARY Véronique, 2012, « le concept d’insécurité alimentaire : quelques enseignements pour les
recherches à venir » in SEMEU KANDEM Mokadem, Pour une géographie du développement. Autour
de la recherche de Georges Courade, Paris, Karthala, pp. 119-128
Ouvrage
DURU-BELLAT Marie et MINGAT Alain, 1993, Pour une approche analytique du fonctionnement du
système éducatif, Paris, PUF

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Table des matières


SOCIOLOGIE DU DEVELOPPEMENT ................................................................................................................. 9
DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET ACCESSIBILITE ALIMENTAIRE DANS LA SOUS-PREFECTURE D’AZAGUIE....................................... 11
ADONI Kpélé Hervé ....................................................................................................................................... 11
DE LA CONCILIATION DES ROLES SOCIAUX DES AIDANTS FAMILIAUX PROFESSIONNELS RESIDANT A BONOUMIN (COCODY-ABIDJAN
COTE D’IVOIRE) ..................................................................................................................................................... 25
DAYORO Zoguehi Arnaud Kevin.................................................................................................................... 25
L’AMPLEUR DE L’INSECURITE DANS LA VILLE DE TIASSALE (COTE D’IVOIRE) ........................................................................ 35
1
Yah Edwige Bénédicte N’GUETTA, 2Matthieu Ettien Afforo GUY, 3Brou Émile KOFFI ................................. 35
LA PARENTALITE A L’EPREUVE DES MUTATIONS SOCIOECONOMIQUES ET CULTURELLES DANS LA COMMUNE DE KOZAH 1 AU TOGO 49
Tamégnon YAOU .......................................................................................................................................... 49
LES FEMMES DANS LE SECTEUR INFORMEL A OUAGADOUGOU : LES STRATEGIES D’ADAPTATION DES PETITES COMMERÇANTES ET
CHANGEMENTS DE ROLES FAMILIAUX ......................................................................................................................... 63
MILOUNGOU BAMOGO Touwindé ............................................................................................................... 63
LE FONCTIONNEMENT DU PARLEMENT MALIEN SOUS LA DEUXIEME LEGISLATURE DE LA 3EME REPUBLIQUE ................................ 81
BAGAYOKO Siriki........................................................................................................................................... 81
COMMUNICATION VIRTUELLE ET RESILIENCE FACE A LA PANDEMIE A COVID-19 EN CONTEXTE IVOIRIEN : ENTRE CONCRETUDE,
CREDIBILITE ET IMPLICATION ..................................................................................................................................... 97
KAHI Oulaï Honoré........................................................................................................................................ 97
AUDIT D’UN CADRE COLLABORATIF ET RESPONSABILITE SOCIETALE DES SERVICES ETATIQUES AU MALI : ETUDE DU CAS DE
L’UNIVERSITE DE SEGOU ........................................................................................................................................ 113
Amadou TRAORE ........................................................................................................................................ 113
PERCEPTIONS ET GESTION DE L’EXTRACONJUGALITE AU SEIN DES COUPLES DANS L’ARRONDISSEMENT DE GODOMEY AU BENIN .. 125
(1)Tata Jean TOSSOU, (2)Codjo Fidèle HADJIHOUNDE ............................................................................... 125
LA PLACE DE L’HISTOIRE DANS LE DEVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DE LA RENAISSANCE CULTURELLE ................................ 141
Abdou IDRISSA ............................................................................................................................................ 141
DE LA VILLE JUSTE A LA VILLE DURABLE DANS LE CONTEXTE AFRICAIN : CONTRADICTION OU COMPLEMENTARITE ? ................... 153
Coffi Cyprien AHOLOU ................................................................................................................................ 153
CORRELATIONS ENTRE LA PRATIQUE MUSICALE ET LE PEUPLE KOULANGO : CAS DE LA COMMUNAUTE VILLAGEOISE DE
TOROSSANGUEHI EN REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE .................................................................................................. 173
Mossou Hyacinthe DJOTTOUAN ................................................................................................................. 173
SYSTEME DE CONSERVATION TRADITIONNELLE DES SEMENCES DE L’OIGNON (ALLIUM CEPA L.) DANS LA ZONE DE LA VALLEE DE
KOROMA DU NIGER ............................................................................................................................................. 187
1
OUMAROU Issoufou, 2ABDOU Rabiou, 3KROU Awa, ................................................................................. 187
VILLAGES RELIQUES EN COTE D’IVOIRE A L’EPREUVE DE L’AUTONOMISATION : ETUDE DE CAS DANS LA COMMUNE DE COCODY-
ABIDJAN ............................................................................................................................................................ 197
1
Gnangon Georgette BROU, 2Barnabé Cossi HOUEDIN .............................................................................. 197
REPRESENTATION DU THEME DE LA DIGNITE DANS LE ROMAN AFRICAIN : ENTRE LIBERTE INDIVIDUELLE ET CONTRAINTE SOCIALE . 219
Abdoul Karim CAMARA .............................................................................................................................. 219
LES CONFIGURATIONS ETHNIQUES ET REGIONALES ET LA FORMATION DES GOUVERNEMENTS AU TCHAD DE 1960 A 2008 ........ 229
(1)
Mey Mahamat Mahamat, (2)Malloum Mbodou Brahim.......................................................................... 229
LES ESPACES DU RELIGIEUX SUR LE CAMPUS UNIVERSITAIRE DE BADALABOUGOU A BAMAKO (MALI) : EMERGENCE ET ANIMATION
........................................................................................................................................................................ 247
Sekou Sala TIMBELY ................................................................................................................................... 247
FINANCEMENT DES PROJETS A IMPACT RAPIDE DES NATIONS UNIES : QUEL IMPACT SUR LES ECOLES PRIMAIRES DES REGIONS
SEPTENTRIONALES ET DU CENTRE DU MALI ? ............................................................................................................. 261
(1)
Abdoulaye KEITA, (2)Mohamed TRAORE, (3)Baber Basidy HAIDARA ......................................................... 261

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ÉTUDES DE CAS ETHNOGRAPHIQUES D’UNE FORME DE BOYCOTT PEUL AU NIGER ORIENTAL : LE DAANGOL PULAAKU, ENTRE
MYSTICISME ET ACTION COLLECTIVE ......................................................................................................................... 273
Nana Aichatou ISSALEY .............................................................................................................................. 273
LA PLACE ET LE ROLE DES FEMMES DANS LES CONFLITS ARMES AU SAHEL ......................................................................... 287
TIEKOURA Ouassa ...................................................................................................................................... 287
RESISTANCE DES PEINTRES DE COTE D’IVOIRE A L’USAGE DES OUTILS NUMERIQUES DE CREATION ......................................... 297
N’TAYE Adjé Blaise ..................................................................................................................................... 297
ANALYSE DES ECHELLES LOCALES DE REGULATION DES CONFLITS TRANSFRONTALIERS ENTRE ELEVEURS TRANSHUMANTS ET
PRODUCTEURS AGRICOLES DANS LA COMMUNE DE KARIMAMA ..................................................................................... 313
VODOUNNON TOTIN K. Marius .................................................................................................................. 313
COMPRENDRE LA FRAGILITE DU MALI: ANALYSE SOCIOHISTORIQUE DES FACTEURS DES CONFLITS ET DU TERRORISME ............... 333
Bréma Ely DICKO ........................................................................................................................................ 333
FORMATION ARTISTIQUE ET EMPLOIS AUX METIERS DE LA MUSIQUE EN COTE D’IVOIRE ...................................................... 345
ATTOUNGBRE Kouadio Félix ....................................................................................................................... 345
IMPACTS DE L’INTELLIGENCE CULTURELLE SUR LE BIEN ETRE PSYCHOLOGIQUE DU TRAVAILLEUR ET PERFORMANCE AU TRAVAIL .... 357
1
Mamadel Bassirou ISSA, 2Fatchima MAYAKI ............................................................................................ 357
SOCIOLOGIE DE L’EDUCATION .................................................................................................................... 369
ANALYSE DE L’INFLUENCE DU BEGAIEMENT SUR LES PRATIQUES PEDAGOGIQUES EN MILIEU ORDINAIRE DANS LE CIRCONSCRIPTION
D’EDUCATION DE OUAGA XIII ................................................................................................................................ 371
Gninneyo Sylvestre-Pierre NIYA .................................................................................................................. 371
LES TRANSFORMATIONS ACTUELLES DE LA PROFESSION ENSEIGNANTE EN AFRIQUE : LE CAS DU NIGER................................... 385
1
MOHAMED SAGAYAR Moussa, 2ABDELJALIL Akkari ................................................................................. 385
SOCIO-ANTHROPOLOGIE DE LA SANTE ....................................................................................................... 399
ADDICTION AUX JEUX CHEZ DES ADOLESCENTS A ABIDJAN (COTE D’IVOIRE) : ETUDE DIFFERENTIELLE DU SEXE, TYPE DE JEUX ET
MILIEU SOCIOECONOMIQUE ................................................................................................................................... 401
Yao Eugène N’DRI ....................................................................................................................................... 401
LES TRAVAILLEUSES DE SEXE A L’EPREUVE DE L’EPIDEMIE DE LA COVID-19 ....................................................................... 415
(1)
Clément Gbêhi, (2)Albert Tingbé-Azalou ................................................................................................... 415
LA SANTE MENTALE DES ENFANTS AGES DE 6 A 11 ANS PLACES DANS LES VILLAGES SOS DU TOGO. ...................................... 427
KALINA Kaka ............................................................................................................................................... 427

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Les espaces du religieux sur le campus universitaire de


Badalabougou à Bamako (Mali) : émergence et animation

Sekou Sala TIMBELY


Doctorant à l’Ecole Doctorale des Lettres, Arts, Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université
Abdou Moumouni de Niamey (Niger) et Assistant à la Faculté des Sciences Sociales/Université de
Ségou (Mali) . E-mail : timbelysekousala@gmail.com

Résumé

À la faveur de la démocratie, les années 1990 au Mali ont vu naître un système universitaire en lieu et
place de celui priorisant les grandes écoles, la période témoigne aussi de l’implication d’organisations
religieuses dans les affaires publiques. La présente recherche menée selon une méthode qualitative socio
anthropologique, vise à comprendre comment des espaces religieux émergent sur le campus de
Badalabougou et comment ces espaces sont animés. Les enquêtes révèlent l’existence d’un espace de
culte et d’apprentissage religieux, un espace de promotion de la femme et de la famille et un espace de
développement personnel sur le campus. Ces espaces qui sont animés par des acteurs musulmans et
chrétiens répondent à un besoin de continuité dans les pratiques religieuses, mais aussi à un besoin de
construction de l’individu d’un point de vue religieux, pratique et intellectuel.
Mots clés : campus universitaire de Badalabougou, espace de culte et d’apprentissage religieux, espace
de promotion de la femme et de la famille, espace de développement personnel, Mali.

Abstract

Religious spaces on the Badalabougou university campus in Bamako (Mali): emergence and animation.
Thanks to democracy, the 1990s in Mali saw the birth of a university system instead of that prioritizing
the high education schools, the period also testifies to the involvement of religious organizations in
public affairs. The present research carried out according to a qualitative socio-anthropological method,
aims to understand how religious spaces emerge on the Badalabougou campus? And how are these
spaces animated? The surveys reveal the existence of a space for worship and religious learning, a space
for the advancement of women and the family and a space for personal development on campus. These
spaces, which are animated by Muslim and Christian actors, respond to a need for continuity in religious
practices, but also to a need for the construction of the individual from a religious, practical and
intellectual point of view.
Keywords: Badalabougou university campus, space for worship and religious learning, space for the
promotion of women and the family, space for personal development, Mali.

Introduction
Visibilité du religieux, permanence du religieux, prolifération du religieux, « réveil » du religieux, «
retour de Dieu » ou encore émergence du religieux sont des expressions courantes dans la littérature
pour qualifier les manifestations du phénomène religieux dans l’espace public. Toutes les sphères de la

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vie publique (la sphère politique, sanitaire, médiatique, éducative etc.) sont plus ou moins concernées
par ces manifestations, alors même que ces domaines sont censés prendre leur autonomie vis à vis du
religieux depuis la sécularisation. Des études témoignent de cette omniprésence du religieux en Afrique.
Alors que J.-P. Dozon (2015) analyse les proliférations du religieux dans les sphères publiques
africaines, A. Sounaye (2009) et M. Zakari (2013) mettent l’accent sur le cas nigérien, en indexant la
difficile séparation entre les domaines du religieux islamique et ceux relevant de la compétence étatique.
S’intéressant à d’autres espaces, M. Harang & B.Varenne (2008) de même que M.-E. Gruénais (2004)
font remarquer la délivrance des soins de santé publique par les religieux en Afrique. Quant à I. Binaté
(2017), A. Sounaye (2011) et N. Keita (2011), ils traitent de l’appropriation que les religieux font des
mass media en Côte d’Ivoire, au Niger et au Mali. H. Dia & al. (2016) de même que L. Villalón & al.
(2012) s’intéressent plutôt à l’insertion des medersas dans le système éducatif malien.
Les travaux ainsi passés en revue participent au débat sur l’émergence du religieux dans l’espace public
notamment dans les sphères politique, sanitaire, médiatique et éducatif. Dans la même logique, l’espace
universitaire en Afrique a été investigué par des chercheurs pour y analyser son rapport au religieux.
C’est ainsi que Y. Lebeau (1997) s’intéresse au religieux islamique mais aussi chrétien dans le campus
d’Ibadan au Nigéria en y décrivant des activités éducatives menées par différentes associations
religieuses. À sa suite, E.M.S. Camara & M. Bodian (2016) font remarquer l’intérêt des étudiants pour
des formations islamiques à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar que ces derniers intègrent à leur
formation universitaire en vue de devenir des citoyens sénégalais. Dans la même veine les travaux de S.
Camara (2016) en milieu universitaire de Bamako retiennent que des associations religieuses mènent
des activités de formation islamique sur les campus. Au Niger A. Sounaye (2017) évoque la question du
salafisme sur le campus de Niamey en mettant en exergue des activités d’apprentissages islamiques à
l’intention des jeunes étudiants salafi.
Ces travaux évoquent l’émergence religieuse en milieu universitaire avec comme problématique sous-
jacente celle de la laïcité et celle relative à l’éducation inclusive. En effet, lorsque les différents auteurs
décrivent des activités éducatives religieuses en milieu universitaire, ils contribuent ainsi au débat sur la
laïcité dans la mesure où ces activités ont lieu dans l’enceinte de l’institution universitaire censée être
séparée du religieux.
La question de l’éducation inclusive tient du fait que les actions éducatives religieuses islamiques et
chrétiennes mentionnées par les auteurs rentrent dans le cadre de l’éducation informelle et non formelle
intégrée à une formation académique universitaire plus formelle. L’inclusivité recherchée par
l’intégration d’actions éducatives informelles et non formelles nous rappelle les travaux de A-B. Imorou
& C.B. Tama (2019) au Benin qui évoquent la survivance et la résurgence d’espaces éducatifs informels
et non formels en dépit des efforts consentis par les décideurs afin d’obtenir un système unique
d’enseignement formel. Dans le cas des universités évoquées, l’émergence et la permanence des actions
éducatives religieuses sur les campus s’expliquent par la capacité des organisations et associations
estudiantines religieuses à offrir aux étudiants un espace d’intégration et d’expression religieuse.
Les résultats des travaux de terrain sur le campus de Badalabougou nous révèlent, l’existence d’espaces
de culte et d’apprentissage religieux, d’espaces de promotion de la femme et la famille et d’espaces de
développement personnel. Ces espaces représentent autant de lieux de socialisation que de formes
d’actions éducatives relevant de l’informel et du non formel. L’émergence de ces espaces sur le campus
de Badalabougou alimente le débat sur la laïcité, tout comme les travaux antérieurs analysés. En effet,
les espaces concernés surtout ceux réservés aux cultes et aux apprentissages religieux sont tantôt vus

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comme une expression de la laïcité et tantôt comme contraires à cette laïcité (réf. pp 7-11). Nous
émettons donc l’hypothèse que l’émergence d’espaces religieux sur le campus de Badalabougou
s’explique par le désenchantement de l’enseignement universitaire et le souci d’intégration de
l’éducation formelle à celles non formelle et informelle.
L’objectif visé par l’article est justement d’analyser les facteurs favorisant l’émergence d’espaces
religieux sur le campus de Badalabougou ainsi que les interactions pouvant découler de l’animation de
ces espaces. Il s’agit d’identifier les espaces religieux sur ce campus ainsi que les différentes associations
qui les animent. Il importe aussi de savoir comment et pourquoi les espaces identifiés y ont émergé et
comment ces espaces sont animés par différentes associations religieuses évoluant sur ce campus.
Les pages qui vont suivre préciseront d’une part la démarche méthodologique adoptée et d’autre part les
résultats des travaux. Ces résultats se regroupent sous deux rubriques, la première développe le contexte
de l’étude, la seconde analyse les espaces religieux identifiés sur le campus.

1. Démarche méthodologique
La présente étude a été menée selon une approche qualitative de type socio anthropologique. Cela s’est
concrétisé sur le terrain par quatorze (14) entretiens semi directifs menés en français avec des groupes
stratégiques constitués (militants d’associations estudiantines musulmanes et chrétiennes et enseignants-
chercheurs de différentes facultés). Les enquêtés ont été choisis de façon inductive en fonction de leur
statut dans l’association et en fonction de leur intérêt pour la chose religieuse et du poste occupé en ce
qui concerne le groupe des enseignants-chercheurs et celui des autorités rectorales. Le choix du terrain
s’explique par le fait que le campus de Badalabougou en plus d’être l’un des premiers du Mali, abrite
une mosquée de vendredi gérée par des étudiants. La prise de notes et l’enregistrement audio ont servi
à consigner les données d’entretien. Des observations directes sur le déroulement des activités de culte,
de prêche et de formation religieuse ont complété les entretiens. Les observations ont été aussi
informelles portant sur le quotidien des acteurs. Le nombre d’entretiens et d’observations a été fonction
de la saturation à propos des données produites sur les différentes thématiques abordées. Les enquêtes
se sont étalées sur une période de 45 jours en discontinu, tenant compte de la disponibilité des enquêtés.
Les entretiens et les observations réalisés ont eu l’avantage d’identifier des espaces religieux sur le
campus et ont permis d’en savoir davantage sur les facteurs d’émergence des espaces religieux et sur les
interactions que l’animation de ces espaces occasionne. Quant aux observations, elles ont été utiles pour
capter des propos d’acteurs en rapport avec la thématique traitée. Elles nous ont en même temps offert
l’occasion d’être témoin ou de prendre part à des activités religieuses.
Les données d’entretien et d’observation, une fois dépouillées et transcrites ont été soumises à une
analyse thématique en les triangulant avec les données issues de l’exploitation documentaire. De cette
opération sont sortis des résultats qui sont présentés dans les pages suivantes.

2. Résultats et discussions

2.1. Le Mali des années 1990, un contexte de réforme universitaire et


d’émergence religieuse
C’est à la suite d’une série de mouvements de contestation que le Mali a connu la démocratie en 1992.
Des réformes institutionnelles ont été dès lors enclenchées touchant plusieurs secteurs dont celui de

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l’éducation. À la même période, des organisations de la société civile se font plus visibles dans l’espace
public parmi elles, celles relevant du religieux.

2.1.1. L’enseignement supérieur au Mali, un système en pleine mutation


Le système d’enseignement supérieur du Mali indépendant a priorisé la formation dans les grandes
écoles au détriment des facultés. L’université de Bamako n’a ouvert ses portes qu’en 1996 avec quatre
facultés : la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto-Stomatologie (FMPOS) ; la Faculté des
Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLASH) ; la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) ;
la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques (FSJE). À ces structures s’ajoutent des instituts et
grandes écoles : l’Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée (ISFRA) devenu l’Institut
Pédagogique Universitaire (UPU) ; l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche
Appliquée (IPR/IFRA) ; l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) ; l’École Nationale d'Ingénieurs
(ENI) ; l’École Normale Supérieure (EN Sup).
Sur recommandation du forum sur l’éducation tenu en 2008, quatre universités ont été créées sur les
cendres de l’Université de Bamako pour une meilleure gestion administrative. Il s’agit de l’Université
des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB) ; l’Université des Sciences
Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB) ; l’Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako
(ULSHB) ; l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB) qui ont ouvert en
2011. Ces structures ont été suivies de l’Université régionale de Ségou, créée en 2009 et ouverte en en
2012. Les régions de Kayes et de Sikasso ainsi que celle de Bandiagara sont plus ou moins avancées
dans le processus de création de leurs Universités.
Cette réorganisation qui est censée améliorer la gestion des flux a tout de même accentué les contraintes
liées au manque d’infrastructures universitaires. Les nouvelles universités créées se sont contentées
d’occuper les infrastructures existantes déjà insuffisantes. Pour pallier ces manques, des structures
universitaires sont logées dans des bâtiments en bail inadaptés. La construction en cours du pôle
universitaire de Kabala dans les environs de Bamako est censée limiter la parcellisation des structures
universitaires. Mais en attendant, une partie des étudiants des quatre universités de Bamako abritent les
locaux des campus universitaires de Badalabougou.

2.1.2. Badalabougou, un campus investi par diverses associations religieuses


Le campus de Badalabougou est perché sur les hauteurs du quartier du même nom sur la rive droite du
fleuve Niger scindant Bamako en deux. Jadis appelé colline du savoir par analogie à la colline du pouvoir
qui abrite le palais présidentiel, le lieu a accueilli l’un des premiers lycées publics du pays, le « Lycée
de Badala ». Sur la colline du savoir sont érigés des blocs pédagogiques (amphithéâtres, salles de classe,
laboratoires), des blocs administratifs, deux blocs de résidence pour étudiants dont l’un à la Faculté des
Sciences et Techniques (FST) et l’autre à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG). L’environnement
immédiat de ces infrastructures est occupé par d’autres services publics relevant du ministère de
l’énergie en plus des particuliers qui y ont élu domicile en élevant des établissements d’enseignement
supérieur comme des bâtiments à usage d’habitation.
Cette complexité qui caractérise l’espace universitaire de Badalabougou n’est pas seulement d’ordre
spatial. En effet, le campus de Badalabougou de par sa composition et son peuplement devient un espace
complexe. Il renferme des facultés et des instituts relevant d’universités différentes, ce qui fait de lui un
lieu de brassage entre étudiants de diverses filières. Sans oublier que ces étudiants sont de cultures et
d’appartenances religieuses différentes.

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

La vie au campus nécessite des prestations et services offerts par le Centre National des Œuvres
Universitaires, CENOU (restauration, logement, transport…). D’autres besoins comme l’intégration
sociale peuvent trouver leur satisfaction dans le militantisme associatif. L’Association des Elèves et
Etudiants du Mali (AEEM) est la principale association estudiantine créée en 1992. L’association fait
partie des forces qui ont lutté pour l’avènement de la démocratie. Mais l’AEEM est aujourd’hui accusée
d’être à la base de la déstabilisation dont souffre l’espace scolaire et universitaire se manifestant par des
sorties intempestives et des actes de violence. À côté de l’AEEM d’autres regroupements estudiantins
animent le milieu scolaire et universitaire : Clubs UNESCO (Organisation des Nations Unies pour la
Culture et l’Education), associations de lutte contre les IST/SIDA (Infections Sexuellement
Transmissibles/Syndrome Immuno Déficience Acquis), clubs littéraires et de promotion de la lecture
etc.
Sur le plan religieux, la Ligue Islamique des Elèves et Etudiants du Mali (LIEEMA) s’est érigée en
1994. Il reste encore la principale association religieuse en milieu scolaire et universitaire. Les
différentes structures universitaires relevant du campus de Badalabougou sont représentées dans le
bureau national de la LIEEMA. L’association partage le champ religieux avec d’autres regroupements
à savoir : L’Association des Jeunes Musulmans pour le Développement Islamique (AJMDI-DINE), le
Collectif des Ançars128 en Milieu Universitaire et Scolaire (CAMUS) et le Groupe Biblique des Elèves
et Etudiants du Mali (GBEEM). Ces associations présentent des spécificités par rapport à la LIEEMA.
Si l’AJMDI-DINE et le CAMUS sont des structures autonomes, il importe de signaler que nombres des
membres de ces associations ont d’abord milité au sein de la LIEEMA. Alors la question se pose de
savoir comment et pourquoi ces associations ont émergé à côté de la LIEEMA ? La réponse pourrait se
trouver dans la théorie psychologique selon laquelle un groupe à une étape de sa vie (étape conflictuelle)
est exposé à un risque d’éclatement s’il n’arrive pas à contenir les tensions découlant du désir de
différenciation qui caractérise cette phase de son existence (B.W. Tuckman & M.A.C. Jensens, 1977 :
425). L’AJMDI-DINE et le CAMUS présentent des spécificités en ce sens qu’ils sont dirigés par des
guides spirituels, alors que la LIEEMA ne relève pas d’un guide en particulier. Cependant l’on note
l’absence de conflits ouverts entre les différentes associations dans l’animation des espaces religieux
universitaires. Le conflit est sûrement latent si l’on s’en tient aux propos de cette militante qui, parlant
de la LIEEMA, souhaiterait :

« Qu’elle avance, qu’elle progresse plus que cela et qu’aussi qu’elle combatte cette
divergence qui existe entre les groupes, les associations islamiques. Donc qu’elle combatte
cela, tant que tu es musulman, tu es un frère, une sœur, peu importe que tu sois ançar ou que
tu sois quoi que ça soit ».

Quant au Groupe Biblique des Elèves et Etudiants du Mali (GBEEM), il reste la seule structure
représentant les chrétiens sur le campus de Badalabougou. Si la structure relève des protestants, elle
regroupe aussi bien les étudiants catholiques et protestants lors des études bibliques et des prières
collectives selon les dires de son président.

L’existence et la cohabitation de mouvements religieux sur le campus de Badalabougou


soulèvent le débat sur la question de la laïcité qui se prête à diverses interprétations.

128
Les ançars représentent les membres de l’association Ançar Dine dirigée par le guide spirituel Cherif
Ousmane Madani Haïdara.

251
Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

2.2. La laïcité à l’épreuve des interprétations

2.2.1. La laïcité en France et dans des Etats ouest africains


Le concept de laïcité a évolué dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi en France, J. Bauberot
(2003) invite à aborder le concept selon une approche historique non linéaire afin de permettre une
analyse tenant compte de sa relativité. L’auteur retient quatre dimensions à partir desquelles le processus
de laïcisation peut être observé à savoir (1) la laïcité et l’Etat ; (2) les instances de socialisation ; (3) la
nation ; (4) l’individu. Les limites des institutions séculières appelées à remplacer les institutions
religieuses dans la socialisation apparaissent en toile de fond de ses analyses. Dans une démarche
similaire, J-P. Martin (2016) se prononce sur quatre moments de l’histoire de la laïcité en lien avec le
combat de la Ligue de l’enseignement en France. Les quatre moments se caractérisent selon lui par : (1)
les débuts de la Ligue et du concept de laïcité en 1866 ; (2) la loi de 1905 sur la laïcité qui proclame la
séparation entre les sphères publique et religieuse ; (3) la guerre scolaire entre 1907- 1984 se manifestant
par la prise de lois confiant l’enseignement à deux autorités différentes et promouvant la privatisation
du secteur et (4) l’aggiornamento ou la mise à jour de la laïcité depuis les années 1980 par un
rapprochement avec les milieux religieux. Les origines communes de la laïcité en Europe ne doivent pas
faire perdre de vue la question de leur application dans des contextes nationaux différents. C’est dans
cette logique que S. Urbanski (2017) soutien que malgré une conception « inclusiviste » de la laïcité
basée sur une convergence historique entre pays européens, la mise en œuvre des principes différera
d’un pays à l’autre. Pour le cas de la France, C.Valasik (2010) témoigne que le pays a opté pour une
sécularisation étatique en même temps qu’une sécularisation individuelle restreignant du coup la place
de la religion dans l’espace public et dans la société civile.
Cependant, les Etats ouest africains qui ont hérité de cette forme de laïcité dès leur accession à
l’indépendance ont du mal à l’appliquer comme telle. En l’absence de texte d’application explicitant les
conditions de sa mise en œuvre, la laïcité demeure un concept ambigu au Niger (A. Sounaye, 2009) et
souvent même contesté (M. Zakari, 2013) dans sa conception selon laquelle le religieux doit être séparé
de l’Etat. Au Burkina, au Sénégal et au Mali, cette conception de la laïcité demeure encore moins
partagée (Y. Ouédraogo, 2018 ; M. N’Diaye, 2012 et T. Sommerfelt & K. Jesnes, 2015).
L’ambigüité du concept de laïcité l’expose à toute sorte d’interprétation d’où son
appropriation par les acteurs.

2.2.2. Appropriation de la notion de laïcité par les acteurs du campus de


Badalabougou
Les propos d’acteurs sur le campus de Badalabougou montrent à quel point la notion de laïcité est floue
et polysémique et est par conséquent constamment réinterprétée.
En effet, la laïcité est définie par les acteurs associatifs comme la liberté accordée à chacun de pratiquer
sa religion sans nuire à autrui. C’est dans cette logique que ce militant de l’AJMDI-DINE affirme :
« Pour moi la laïcité […] c’est de laisser chacun pratiquer sa croyance sans déranger les autres […] et
puis en respectant la constitution d’un pays ». Il est plus ou moins rejoint par ce lieemiste pour qui « La
laïcité c’est une liberté qu’on donne aux uns et aux autres de pratiquer leurs religions ». Cette définition
de la laïcité est encore plus proche de celle proposée par le militant du groupement chrétien GBEEM
selon qui « La laïcité montre que chacun peut avoir la liberté d’intégrer une religion qu’il veut »
Quant à cet enseignant de la FST, la laïcité sous-tend la neutralité de l’Etat, donc de l’institution
universitaire vis-à-vis du religieux. Il la définit comme la non-ingérence de l’Etat dans les affaires
religieuses. Pour cet autre enseignant relevant de la même faculté, la laïcité fait appel à la diversité des

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

religions. Ces dernières conceptions de la laïcité quoique détenues par des enseignants ne s’écartent pas
de la logique des militants d’associations en la matière.
Avec ces diverses conceptions de la laïcité, il y aurait non pas une laïcité mais des laïcités sur le campus
de Badalabougou, comme le mentionnent si bien G. Holder & M. Sow dir. (2014) à propos de multiples
interprétations de la laïcité en Afrique. La confusion autour de la notion de laïcité sur le campus est
alimentée par l’absence de normes officielles régissant le religieux, même si l’autorisation des activités
religieuses reste soumise à l’appréciation de l’administration universitaire concernée.
L’équivocité qui caractérise ce concept de laïcité ne favorise-t-elle pas l’émergence d’espaces religieux
sur le campus de Badalabougou, même si d’autres paramètres sont à considérer ?

2.3. Le campus de Badalabougou et ses espaces religieux


Le religieux sur le campus de Badalabougou se manifeste à travers un certain nombre d’activités : (1)
des activités liées au culte et à l’apprentissage religieux ; (2) des activités de promotion de la femme et
de la famille ; (3) des activités concourant au développement personnel des acteurs associatifs. Ces
activités qui sont structurées autour d’espaces spécifiques, participent à la socialisation religieuse des
acteurs estudiantins. Ce qui fait du campus un espace de pluri-socialisation à la fois religieuse et
« laïque ».

2.3.1. Un espace de culte et d’apprentissage religieux sur le campus de


Badalabougou
Les locaux du campus de Badalabougou abritent des espaces dédiés au culte religieux (mosquée de
vendredi, mosquées secondaires dans différentes facultés et instituts, salles de classe servant de lieux de
prière pour les chrétiens). La mosquée de vendredi sise à la Faculté des Sciences et Techniques est de
fait gérée par la LIEEMA, seule association existante lors de sa création. Si l’accès à cette mosquée reste
libre aux autres associations selon les dires de la LIEEMA, l’association garde néanmoins une position
stratégique pour le contrôle des lieux. Les propos de ce lieemiste129 concernant une activité des étudiants
chiites dans l’enceinte de la mosquée sont assez évocateurs :

« Une fois il y a une association des étudiants chiites […] qui était venue, on les a reçus une
fois. Ils ont fait leurs activités dans la mosquée mais par leur manière de faire, le bureau
supérieur nous ont dit de ne pas les accepter encore parce que réellement ils ont des cas
particuliers différents de ce que les autres musulmans font[…]toutefois, ils peuvent prier
dans la mosquée individuellement mais organiser des manifestations dans la mosquée on ne
les autorise plus.»

Contrairement à la mosquée de vendredi, la gestion des mosquées secondaires reviendrait à l’ensemble


des associations fréquentant ces mosquées. Si les mosquées secondaires ne représentent pas autant
d’enjeux que la mosquée de vendredi, elles ont l’avantage d’occuper géographiquement des espaces qui
leurs sont dédiés à la différence des lieux de culte chrétiens.
En effet, les membres du Groupe Biblique des Elèves et Etudiants du Mali (GBEEM) mènent leurs
activités (prières et lectures bibliques, préparation de messes) dans des salles de classe sur autorisation
de l’administration universitaire. L’absence de lieu de culte pour chrétiens sur le campus de
Badalabougou est diversement appréciée par les acteurs. Si des étudiants musulmans expliquent cet état

129
Lieemiste désigne un militant de la LIEEMA

253
Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

de fait par la fréquence des pratiques cultuelles moins importantes chez les chrétiens, certains étudiants
chrétiens pensent au contraire que l’absence d’églises au campus de Badalabougou s’expliquerait par le
statut laïc de l’institution universitaire. D’autres étudiants chrétiens émettent le souhait d’acquérir un
lieu de culte digne de ce nom, même si selon eux, aucune demande n’est faite dans ce sens. L’argument
selon lequel l’absence d’église serait due au statut laïc de l’université ne tient pas dans la mesure où des
mosquées sont déjà érigées sur le campus de Badalabougou. En plus, le campus de Point-G sur la rive
gauche du fleuve Niger a son église animée par le comité GBEEM de la structure.
La pratique de culte religieux suppose que les fidèles aient une formation religieuse adéquate. Le campus
de Badalabougou, lieu d’apprentissage académique concilie formation universitaire et formation
religieuse. Les associations religieuses y organisent des séances de formation et de lecture du Coran, de
lecture de la Bible à l’intention des étudiants. La LIEEMA programme annuellement le Séminaire
National de Formation Islamique (SNAFI) ; des séances de formation coranique sont aussi organisées
par l’association. La même activité de formation coranique est initiée par l’AJMDI-DINE. À l’occasion
d’évènements spécifiques (Maouloud, Achoura, la nuit du destin) et sur invitation des associations
islamiques, des prêches et des conférences sont animés par des conférenciers et prêcheurs nationaux et
internationaux.
Quant au GBEEM, il organise quotidiennement sur le campus des séances de prière et de lecture
biblique. Des journées d’évangélisation sont l’occasion pour les membres de ce mouvement de passer
dans les résidences universitaires pour y prêcher la « parole de Dieu ». À ces activités, s’ajoutent des
conférences et séminaires organisés par le groupe.
En définitive, les lieux de culte et d’apprentissage religieux ont émergé sur le campus à la faveur du flou
autour de la notion de laïcité et en l’absence de texte règlementant le religieux en milieu universitaire.
Cela n’évoque-t-elle pas la nécessité d’élucider le concept de laïcité et d’en délimiter son champ
d’application en tenant surtout compte des interprétations des acteurs à la base. D’autres facteurs liés
aux fonctions jouées par ces espaces sont déterminants dans cette émergence. Nous évoquons en premier
lieu le rôle intégrateur de ces lieux qui attirent les nouveaux étudiants religieusement dépaysés.
L’émergence des espaces de culte et d’apprentissage religieux sur le campus et l’intérêt qu’ils suscitent
s’expliquent par la position géographique de ces lieux qui sont proches non seulement des blocs
pédagogiques mais aussi des dortoirs. C’est le cas notamment de la mosquée de vendredi de la FST. Ce
besoin d’être proche des lieux de culte expliquerait-il le non aboutissement du projet de construction
d’une mosquée plus vaste mais loin des structures pédagogiques.

2.3.2. Le campus de Badalabougou et son espace religieux de promotion de la


femme et de la famille
Promotion de la femme, émancipation de la femme, égalité des sexes ou du genre ou encore
autonomisation de la femme sont des termes qui supposent que la femme a un statut inférieur à celui de
l’homme. L’Organisation des Nations Unies (ONU) à travers ses organismes spécialisés comme le
Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), l’ONU femmes, développe des stratégies pour
promouvoir l’égalité des sexes ou du genre. La plupart des pays ouest africains dont le Mali ont ratifié
des textes internationaux reconnaissant l’égalité des sexes ou du genre alors même que les populations
de ces pays sont à majorité musulmanes. Les questions d’égalité des sexes dans certains de ses aspects
suscitent de vifs débats dans ces pays parce que contraires à des valeurs religieuses surtout islamiques.
Les religions révélées comme le christianisme et l’islam fonctionnent comme des systèmes. Ils régissent
à cet effet tous les domaines de la vie humaine dont le rapport homme-femme. La Bible et le Coran

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

donnent des orientations pour l’organisation de la famille et précisent donc les droits et devoirs dévolus
à chacun dans le couple. Cependant les prescriptions religieuses en la matière ne sont pas toujours
conformes à celles édictées par les Nations Unies et donc par les Etats.
Au Mali les prescriptions religieuses islamiques régissant les rapports homme-femme ne vont pas
toujours dans le sens de l’égalité des sexes ou du genre telle que vue par les Nations Unies. Le droit
religieux islamique n’accorde pas les mêmes avantages aux deux sexes en matière d’héritage selon les
cas. La part de l’enfant masculin qui hérite de son père équivaut au double de la part revenant à sa sœur.
L’islam restreint les allers et retours de la femme mariée qui sont soumis à l’autorisation de son époux.
La tenue vestimentaire de la femme musulmane en public doit respecter les conditions de décence et
d’humilité.
À l’analyse, cette situation renvoie à la superposition de deux systèmes de valeurs qui s’ignorent, l’un
laïc et l’autre religieux. Ce qui est vu par l’un comme une violation des droits humains représente un
code de conduite sociale pour l’autre. La promotion des droits humains de même que la promotion du
code de conduite sociale religieuse de la femme au Mali est l’œuvre surtout d’associations intervenant
à un niveau national et local. L’Union Nationale des Femmes Musulmanes du Mali (UNAFEM) œuvre
dans ce sens à une échelle nationale. D’autres associations plus spécifiques ont des champs d’action plus
restreints, c’est le cas des associations évoluant dans des établissements d’enseignement scolaire et
universitaire. La LIEEMA, L’AJMDI-DINE, le CAMUS et le GBEEM sont de cet ordre. Ce sont des
structures qui font la promotion du code de conduite sociale religieuse sur le campus universitaire de
Badalabougou.
La LIEEMA forme les étudiantes dans le domaine de l’économie familiale : des journées de cuisine sont
dans le programme d’activités de l’association ; la LIEEMA anime des causeries-débats sur des thèmes
portant sur la gestion du foyer ; des séminaires sont organisés exclusivement à l’intention des étudiantes,
occasion de promouvoir le port du voile et le mode vestimentaire de la femme musulmane en général.
Les propos de cette lieemiste montrent l’intérêt accordé à ces formations :

« Tout ce que je savais faire c’est d’aller à l’école, les travaux des femmes, les grosses
marmites, la cuisine, bon pratiquement moi je ne savais pas,[…]c’est ici j’ai appris,
nettoyage, les travaux mêmes que je ne fais pas à la maison c’est grâce à la ligue donc je
peux faire […] ça m’a formé même côté ménage […] les travaux des femmes […] j’ai appris
beaucoup même grâce à la ligue.»

En vue de promouvoir le mariage, la LIEEMA facilite des rencontres entre étudiants musulmans désirant
s’unir. L’association n’est pas en marge des activités nationales et internationales de promotion de la
femme. Le 08 mars journée commémorative de la promotion des droits de la femme est saisie par la
LIEEMA pour rappeler les droits de la femme musulmane à travers des conférences.
L’AJMDI-DINE et le CAMUS mènent aussi des activités allant dans le sens de la promotion de la
femme et de la famille mais avec moins d’intensité que la LIEEMA. À l’image des religieux investissant
le réseau social Facebook en Côte d’Ivoire (I. Binaté, 2017), L’AJMDIDI-DINE est beaucoup plus
active sur le réseau Whats App. Ce canal lui offre un espace international de débats sur des thématiques
aussi diverses que variées dont celle relative aux conduites sociales de la femme et à la gestion de la
famille.
Le CAMUS à la différence de l’AJMDI-DINE est une association exclusivement destinée au milieu
scolaire et universitaire tout comme d’ailleurs la LIEEMA. Si la faible présence de l’AJMDI-DINE par
rapport à la LIEEMA sur le campus pourrait s’expliquer par le fait que l’AJMDI-DINE n’est pas une

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

association exclusivement scolaire et universitaire, ceci n’est pas le cas du CAMUS. En effet le
CAMUS, quoique affilié à l’Association Ançar Dine Internationale (ADI) du guide spirituel chérif
Ousmane Madani Haïdara, n’est pas aussi actif que la LIEEMA quant aux activités menées au campus
de Badalabougou. L’activité relative à la promotion de la femme et de famille au compte du CAMUS
se résume à des séances de prêches et à des causeries débats sur l’importance du mariage et la gestion
du foyer conjugal.
Quant au GBEEM, seul groupement chrétien au campus de Badalabougou, il ne mène pas d’activités
spécifiques relatives à la promotion de la femme et de la famille.
La visibilité des activités de la LIEEMA par rapport à celles de l’AJMDI-DINE et du CAMUS pourrait
s’expliquer en partie par la position stratégique que la LIEEMA occupe en tant que première association
religieuse au campus. La faible visibilité des activités du GBEEM serait due à la faible représentativité
des chrétiens sur le campus.
L’émergence des activités de promotion de la femme sur le campus et l’intérêt qu’elles suscitent
témoignent d’un besoin de combler les attentes vis-à-vis de la construction de l’individu selon les vertus
de l’islam. Ces activités se présentent donc comme une offre éducative religieuse en supplément de
l’offre éducative académique. L’engouement suscité autour des activités de formation pratique à la vie
de femme et de famille ne soulève-t-il pas la question de l’intégration de ces formations dans le
programme d’enseignement universitaire ? Ne faisons-nous pas face au processus de glissement des
lieux de socialisation de la cellule familiale vers une institution plus formelle comme l’école qui est
appelée à intégrer les attentes des acteurs ?
À l’analyse, la question d’intégration de modules d’enseignement pratique au programme universitaire
nous rappelle les travaux de R. Rogers (2017). Ces travaux révèlent que la politique éducative féminine
coloniale française était orientée vers des considérations socio-économiques, en ce sens que l’accent
était beaucoup plus mis sur la formation pratique des filles dans des tâches ménagères au détriment
d’une formation académique classique. L’objectif recherché était d’inculquer à ces filles des valeurs
religieuses chrétiennes pour en faire de bonnes épouses. La politique post coloniale d’enseignement a
pris le contre-pied de l’enseignement proposé par le colonisateur en privilégiant une formation
universitaire plus académique. Les initiatives religieuses de formation pratique au campus ne sont-elles
pas des tentatives de concilier les deux types de formation ?

2.3.3. Le développement personnel, un domaine du religieux universitaire


Des chercheurs ont fait le lien entre le développement personnel et la religion. Si pour certains, le
développement personnel vient suppléer la « religion traditionnelle » et devient une forme de religion
contemporaine (Marquis cité par V. Beaulieu 2016), d’autres voient dans le développement personnel,
la religion en mutation c’est-à-dire une forme contemporaine de religion mais qui serait invisible (T.
Luckmann, 1967). À la suite de T. Luckmann (Ibid.), V. Beaulieu (2016) recense les points communs
entre la religion et le développement personnel qu’elle qualifie de passerelles. Ce faisant, elle tente de
rendre visible ce que T. Luckmann (ibid.) pense être invisible c’est-à-dire les manifestations du
développement personnel.
Loin d’avoir la prétention de prouver que le développement personnel est une nouvelle forme d’islam
ou de christianisme, et loin de nous l’idée d’identifier les passerelles entre le développement personnel
et les religions musulmane et chrétienne deux, nous nous contentons de décrire les activités des
associations religieuses sur le campus de Badalabougou allant dans le sens du développent personnel.

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

En effet, comme pour compléter le tableau de la formation de l’homme en société d’un point de vue
religieux, les associations religieuses au campus mènent des activités relatives au développement
personnel. La LIEEMA, l’AJMDI-DINE, le CAMUS et le GBEEM offrent à leurs membres un cadre
d’épanouissement et d’affirmation de soi.
La LIEEMA a un programme de formation en gestion associative à l’intention de ses membres,
programme qui développe des modules sur l’animation de la vie associative comme le témoignent ces
propos :

« Il est écrit dans les statuts et règlement de la ligue, de l’association […] après chaque
renouvellement du bureau,[…]la première activité que le bureau doit faire ça c’est[…] un
SFOGA, Séminaire de Formation en Gestion Associative[…] c’est pour les mettre dans le
bain,[…] il y aura les différents thèmes, les différentes formations qui va les aider beaucoup
pour la gestion du comité.» (Militant de la LIEEMA)

Ce témoignage sur l’effectivité d’un programme de formation développé par la LIEEMA est confirmé
par les propos de cette militante :

« Avec le SFOGA […] la ligue m’a appris à être une modératrice […] devant le public ça
m’a appris aussi à bien m’exprimer et ça me donne le courage toujours apprendre et d’être
toujours motivée pour la cause d’Allah. »

À défaut de mentionner le SFOGA, cet autre lieemiste reconnait tout de même avoir amélioré ses
compétences en prise de parole grâce à l’association :

« J’étais trop timide[…]actuellement la timidité[…]ça diminuer vraiment[….]dans les


différentes réunions généralement c’est treize personnes, moi je pouvais même pas parler si
la masse dépasse deux personnes, trois personnes[…]donc c’est petit à petit, j’étais le
secrétaire à la communication aussi, on me donnait souvent les informations à passer dans
la mosquée ici, j’écrivais les informations pour lire, petit à petit, petit à petit jusqu’ à ce que
je ne prends plus de papiers. »

Tout comme le militant de la LIEEMA, cet étudiant chrétien du GBEEM améliore sa prise de parole
sans pour autant bénéficier de formation spécifique à cet effet :

« Je peux dire que après avoir intégré le groupe biblique, je vois que je peux vraiment
m’exprimer devant la masse parce que bien avant cela j’avais un petit problème par rapport
à cela mais avec le fait que je dirigeais certaines études bibliques ça m’a vraiment permis
de pouvoir parler […] devant les gens.»

Contrairement à la LIEEMA, L’AJMDI-DINE, le CAMUS et le GBEEM n’offrent pas de formations


spécifiques sur la prise de parole en public. Malgré tout, la vie associative offre aux acteurs l’occasion
de renforcer leurs compétences en matière d’animation de groupe.
Le développement personnel sur le campus de Badalabougou ne se limite pas à la formation sur la prise
de parole en public ; c’est aussi l’organisation des cours de soutien dans des disciplines académiques.
La LIEEMA qui prône l’excellence dans la formation universitaire de ses militants initie des cours de
renforcement à l’intention des étudiants. L’activité en question motive en même temps les non lieemistes
à intégrer les rangs si l’on s’en tient à ce témoignage :

« J’avais des problèmes en maths, ainsi je n’ai pas validé ma matière en maths, elle, je l’a
voyait tous les jours dans l’amphi aller répondre en maths. Donc je suis allée faire sa
rencontre pour la demander de me dépanner au niveau de certains exercices ainsi nous avons
fait connaissance et elle m’a présenté la LIEEMA […] si je veux bien y intégrer donc j’ai dit
d’accord et j’ai été nommée comme cela SAF, Secrétaire aux Affaires Féminines.»
(Militante de la LIEEMA)

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Revue Nigérienne des Sciences Sociales (RENISS) N°003 janvier 2022

En définitive les associations religieuses sur le terrain du développement personnel participent à


l’épanouissement de leurs adhérents. Les acquis en termes de compétences en communication et de
culture associative sont des ressources qui peuvent servir ces derniers en dehors du campus. Ceci
expliquerait en partie l’intérêt porté aux activités de développement personnel sur le campus de
Badalabougou. A. Sounaye (2017) souligne à juste titre que des étudiants militant au sein d’une
association religieuse sur le campus de Niamey préparent leurs vies professionnelles à partir de la vie
associative. Cette conclusion à laquelle A. Sounaye est parvenue au Niger est confirmée par ce lieemiste
au Mali qui ambitionne de devenir un conférencier à la hauteur d’un Tareq Ramadan et pour ce faire il
sait qu’il doit parfaire sa prise de parole en public que le militantisme au sein de la LIEEMA lui aurait
permis d’améliorer.

Conclusion
Au terme de ce travail sur les espaces religieux en milieu universitaire de Badalabougou à Bamako, la
question du comment et du pourquoi de l’émergence d’espaces religieux au campus trouve sa réponse,
ainsi que celle du comment de l’animation de ces espaces par différentes associations religieuses.
En effet, il résulte de nos enquêtes que le religieux sur le campus de Badalabougou se manifeste à travers
l’animation de trois espaces de socialisation religieuse : un espace de culte et d’apprentissage religieux,
un espace de promotion de la femme et de la famille et un espace de formation en développement
personnel. L’Université dans ces conditions apparait officiellement comme un espace de socialisation
formelle mais qui abrite en son sein des mini-espaces d’éducation religieuse non formelle et informelle.
L’émergence de ces espaces s’explique entre autres par l’interprétation que les acteurs font de la laïcité
et par le besoin de compléter une formation académique universitaire par un apprentissage religieux et
par une formation pratique préparant à la vie future. Ces interprétations et attentes des acteurs ne posent-
elles pas la question de la redéfinition du concept de laïcité et celle de la révision des programmes
universitaires en vue de les adapter au contexte malien ? Envisager une telle réforme ne constitue-t-elle
pas une palliative au désenchantement de l’enseignement laïc, le boko tant décrié par certains milieux
et sectes religieux dont Boko haram dans la région du Lac Tchad et les groupes présumés djihadistes
dans le Sahel et précisément au Mali qui s’attaquent à « l’école du blanc » ?
L’animation des espaces religieux identifiés donne lieu à des interactions. En effet nos travaux révèlent
que ces espaces sont animés par la LIEEMA, l’AJMDI-DINE, le CAMUS et le GBEEM. L’animation
de l’espace de culte soulève la question de l’accès à la mosquée de vendredi dont la gestion revient de
fait à la LIEEMA en tant que première association musulmane au campus. Cette position stratégique de
la LIEEMA par rapport aux autres associations lui accorde une prééminence quant à la gestion de la
mosquée. Les autres espaces sont animés par les associations en fonction de leur dynamisme, mais là
encore la LIEEMA est beaucoup plus active que l’AJMDI-DINE et le CAMUS.
En ce qui concerne le GBEEM, seul regroupement chrétien au campus, l’essentiel des activités se tient
dans des églises en dehors du campus, même si quelques séances de prière et de lecture biblique sont
organisées dans les locaux du campus. Au constat, le religieux musulman est plus visible que le religieux
chrétien sur le campus de Badalabougou, ceci est certes dû à la faible représentativité des chrétiens par
rapport aux musulmans. Mais il serait intéressant d’investiguer en plus, le campus de Point-G qui
pourrait présenter plus d’interactions autour de la gestion de son église. Une analyse comparative du
fonctionnement du GBEEM au niveau des deux campus serait pertinente pour mieux comprendre les
manifestations du religieux chrétien en milieu universitaire.

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