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Directeur de thèse
Professeur Imad ABOUT
Composition du jury
Professeur Brigitte ALLIOT-LICHT (Nantes) Rapporteur
Professeur Jean-Christophe FARGES (Lyon) Rapporteur
Professeur José LUIS (Marseille) Examinateur
Professeur Imad ABOUT (Marseille) Directeur
Résumé
Deep pulp physical injuries or carious lesions often lead to fibroblast cell injury and
destruction of the dentin-secreting odontoblasts, and lead to the Complement
activation. Its involvement in dentin-pulp regeneration has been shown with C5a
fragment, known to induce specific recruitment of DPSC. We show that C3a, is also
involved in dentin-pulp regeneration. After cell sorting, we highlighted C3a Receptor
expression on pulp fibroblasts and STRO-1-sorted DSPC as well as on human tooth
sections in vivo. The effect of C3a on proliferation of DPSCs and pulp fibroblasts was
shown with an increased proliferation for both cell types. Cell migration was evaluated
using microfluidic chemotaxis chambers. We showed that DPSCs were mobilized but
not specifically recruited, while pulp fibroblasts were specifically recruited following a
C3a gradient. We demonstrated that pulp fibroblasts can synthesize functional
membrane attack complex (MAC) and kill cariogenic bacteria S. mutans and S.
sanguinis. To simulate bacterial infection in vitro, pulp fibroblasts were incubated with
lipoteichoïc acid (LTA). Agar well diffusion assay showed that bacteria exposed to LTA-
conditioned media were highly sensitive, showing lethal effect of MAC. Coculture of
pulp fibroblasts and bacteria showed that MAC synthesized by pulp fibroblasts can be
directly fixed on cariogenic bacteria, after direct contact with fibroblasts. These results
underline unexpected roles of Complement system activation in early events of dentin-
pulp regeneration and pulp defense. Our findings suggest new therapeutic strategies,
where new agents can deliver specific Complement molecules to enhance dentin-pulp
regeneration.
Keywords : pulp biology, Complement, stem cells, chemotaxis, cariogenic bacteria,
MAC
SOMMAIRE
1
SOMMAIRE........................................................................................................................... 1
FIGURES ...............................................................................................................................................7
TABLEAUX ............................................................................................................................................9
AVANT-PROPOS ................................................................................................................. 10
INTRODUCTION.................................................................................................................. 13
2
B. Le récepteur au C3a (C3aR) humain............................................................................................. 41
1. Structure ................................................................................................................................. 41
2. Site de fixation du fragment C3a ............................................................................................. 43
3. Signalisation ............................................................................................................................ 44
4. Expression ............................................................................................................................... 45
C. L’axe C3a/C3aR dans le contexte de la régénération tissulaire ................................................... 47
I. Matériels .............................................................................................................................. 64
V. RT-PCR .................................................................................................................................. 69
3
A. Procédure de démasquage antigénique ou « antigene retrieval » .............................................. 74
B. Marquage immunofluorescent des coupes ................................................................................. 75
RESULTATS ......................................................................................................................... 81
I. Expression in vivo du Récepteur au C3a (C3aR) par les cellules de pulpe dentaire humaine. .. 82
III. Les cellules souches et les fibroblastes pulpaires expriment le C3aR in vitro ......................... 87
V. Le C3a mobilise les cellules souches et déclenche une migration spécifique des fibroblastes
pulpaires dépendante d’un gradient ................................................................................................... 91
II. La stimulation au LTA de fibroblastes pulpaires humains conduit à la formation du CAM sur
les bactéries cariogénènes à Gram positif S. mutans et S. sanguis ...................................................... 98
4
III. Les CAM produits par les fibroblastes pulpaires stimulés au LTA sont fonctionnels et peuvent
tuer S. mutans et S. sanguis .............................................................................................................. 100
IV. S. mutans et S. sanguis induisent directement la production du CAM par les fibroblastes
pulpaires. ......................................................................................................................................... 102
La phagocytose médiée par le système du Complément : l’arme fatale pulpaire ? .............. 119
5
TABLE DES ILLUSTRATIONS
6
FIGURES
7
Figure 29. S. mutans et S. sanguis induisent directement la formation du CAM produits par les
fibroblastes pulpaires.________________________________________________________________ 103
Figure 30. Récapitulatif des étapes précoces de la régénération pulpo-dentinaire par l’activation locale
du Complément. ____________________________________________________________________ 114
Figure 31. Sécrétion du C5a par les fibroblastes pulpaires lésés au contact des extraits de biomatériaux.
__________________________________________________________________________________ 117
8
TABLEAUX
Tableau 1. Types cellulaires exprimant le C3aR (adapté de Schraufstatter et al., 2015). _____________ 46
Tableau 2. Conditions expérimentales des anticorps primaires et secondaires en immunocytochimie. __ 68
Tableau 3. Listes des amorces utilisées en PCR. _____________________________________________ 69
Tableau 4. Procédures de coloration à l'Hématoxyline/Eosine et de Gram. _______________________ 74
Tableau 5. Conditions de saturation des marquages immunofluorescents. _______________________ 75
Tableau 6. Conditions du marquage avec l'anticoprs primaire. _________________________________ 76
9
AVANT-PROPOS
10
Même si la dureté minérale de l’émail et de la dentine laisse penser que la
pulpe dentaire est protégée durablement de l’environnement buccal, les lésions
carieuses ou traumatiques profondes laissent entrer des bactéries cariogènes au sein
de la pulpe. La dissolution acide des structures minérales initiée par les bactéries
cariogènes compromet l’intégrité physique du complexe pulpo-dentinaire, formé par
la pulpe et la dentine. C’est alors que les mécanismes d’inflammation et de
régénération tissulaire se mettent place. La pulpe dentaire possède des cellules
souches capables de régénérer ce complexe. Déterminer par quels mécanismes les
cellules souches pulpaires sont recrutées sur le site lésionnel, tel est le principal
objectif de mes travaux de thèse.
11
d’attaque membranaire dans les étapes précoces de la régénération du complexe
pulpo-dentinaire.
12
INTRODUCTION
13
Première Partie : Le système du Complément
C’est Georges Nuttall en 1888 qui posa la première pierre de la découverte. Il fit
le constat que le sang normal de chèvre possédait une légère activité bactéricide sur le
bacille anthracite, et qu’une fois le sang chauffé à 55°C, l’activité bactéricide était
perdue. Il nomma « alnexines » les facteurs responsables de l’activité bactéricide
(Nuttall, 1888). Jules Bordet vint compléter les recherches sur ces alnexines. En 1895,
en travaillant sur le sérum d’animaux immunisés, il mit en évidence le rôle de deux
composants. Il s’aperçut que le sérum d’un animal immunisé perdait ses capacités
bactéricides après un chauffage à 55°C ; mais aussi, qu’après ajout de sérum frais
normal, l’activité bactéricide était récupérée. Il en conclut qu’il se trouvait en présence
d’un composant thermostable pouvant conférer une immunité spécifique, et
également d’un composant thermolabile pouvant conférer une immunité non-
spécifique et être présent dans tous les sérums (Bordet, 1895).
La recherche sur ces facteurs présents dans le sérum fut éclairée par
l’intervention de Paul Ehrlich, en 1899. Il proposa de nommer « Ambocepteurs »
(reconnus plus tard comme les anticorps) les facteurs thermostables capables de se
lier aux bactéries et d’induire leur lyse. Il proposa également de renommer les facteurs
thermolabiles alnexines par « Complément », de par leur rôle complémentaire aux
ambocepteurs dans la lyse des bactéries. Et c’est ainsi que fut introduit pour la
première fois le terme de Complément. Ces résultats d’activités bactéricides par la
14
fixation conjointe d’anticorps et de facteur du Complément a également permis de
pointer du doigt les premiers mécanismes d’activation d’une des 3 voies du système
du Complément : la voie classique (Ehrlich and Morgenroth, 1899).
A. La voie classique
15
têtes globulaires qui contiennent des sites de fixation à l’ion Ca2+. Ces derniers
assurent notamment la stabilité des têtes globulaires lors de la reconnaissance directe
des pathogènes (Roumenina et al., 2008).
Queue collagénique
Molécule C1q
(Hexamère)
Tête globulaire
Molécules C1s
Organisées en tétramère
Molécules C1r
16
Les molécules C1s vont ensuite pouvoir cliver deux autres fragments : le C4 et le
C2 (Figure 2). Le clivage s’effectue en deux temps, où le fragment C4 est d’abord clivé
en C4a et C4b. Le fragment C4b se dépose ensuite sur la membrane du pathogène.
Puis, le fragment C2 s’attache au fragment C4b, et est clivé en C2a et C2b par la
molécule C1s. Les fragments C4b et C2a s’organisent ensemble pour former la C3-
convertase à la membrane du pathogène (Ehrnthaller et al., 2011).
C4
C4a C2
3
2 6
5
4
1 C1 7
C4b C4b
Membrane
pathogène
Anticorps
C4bC2a
Antigène
membranaire
17
des phosphatidylsérines, ou encore des cellules nécrotiques (Gaboriaud et al., 2011;
Nauta et al., 2002; Païdassi et al., 2008a). Il semblerait également que l’ADN double
brin de cellule apoptotique puisse être reconnu par la molécule C1q, et ainsi induire
l’activation de la voie classique (Païdassi et al., 2008b; Tissot et al., 2003). De plus, la
molécule C1q serait en mesure de se lier à des protéines de micro-organismes ou
humaines telle que la GAPDH (glycéraldéhyde-3-phosphate-déshydrogénase) (Terrasse
et al., 2012).
Homodimère de
MASPs (1 ou 2)
Domaine
globulaire CRD
Ficolines
Queue de collagène
Homodimère de
MASPs (1 ou 2)
Domaine
fibrinogène-like
18
La molécule MBL possède une structure homologue au complexe C1 de la voie
classique (Figure 3). Il s’agit d’un oligomère de six queues collagéniques riches en
cystéine sur la portion N-terminale, et qui sont terminées par des domaines
globulaires. Ces derniers diffèrent cependant par la possession d’un domaine de
reconnaissance des carbohydrates, appelé domaine CRD (Carbohydrate Recognition
Domain). La présence de ces domaines CRD permet la fixation de la MBL sur les
groupes hydroxyles (-OH) des monosaccharides de pathogènes, tels que le glucose, le
mannose et la N-acétyl-glucosamine. Cette reconnaissance des sucres sur les
membranes des agents infectieux se déroule de manière calcium-dépendante
(Matsushita et al., 2013).
Les autres acteurs de la voie des lectines sont les ficolines (Figure 3). Il existe 3
types de ficolines : H, L, et M. Ce sont des complexes de 4 queues de collagènes ayant
peu de résidus cystéine en N-terminal. Chacune des sous-unités de collagène possède
des structures en C-terminal qui sont composées de domaines fibrinogène-like. Ceux-ci
ont la capacité de lier les carbohydrates portant des groupes acétyl et N-acétyl-
glucosamine présents à la surface des bactéries (Frederiksen et al., 2005; Garlatti et al.,
2007; Krarup et al., 2008).
C4 C4a C2
1 2
MASP-1 MASP-2
C4b
Carbohydrates à la membrane
des pathogènes
19
Que ce soit la MBL ou les ficolines, chacun de ces complexes protéiques possède
des sites de fixation pour des sérines protéases homologues à C1r et C1s, appelées
MBL-associated serine protease 1 (MASP-1) et MASP-2 (Kjaer et al., 2013). Outre leur
similarité structurelle avec la voie classique, l’activation des MASPs de la voie des
lectines est un peu différente. Les oligomères (MBL ou ficolines) sont associés dans le
plasma soit avec un homodimère MASP-1, soit avec un homodimère MASP-2. Or,
MASP-1 est nécessaire pour l’activation de MASP-2. De plus, MASP-2 peut cliver le
fragment C4 alors que MASP-1 ne possède pas cette activité. C’est pourquoi la
juxtaposition d’oligomères (Figure 4), liés à MASP-1 et à MASP-2 également, est
requise pour l’activation de MASP-2 et le clivage efficace des fragment C2 et C4 (Degn
et al., 2014; Gál et al., 2005; Héja et al., 2012; Kidmose et al., 2012).
C2b
3 4
C2a C4bC2a
MASP-1 MASP-2
C2a
C4b
C4b
Ainsi, une fois la MBL ou les ficolines liées à leurs propres motifs sucrés sur les
membranes des pathogènes, MASP-1 s’auto-active et va pourvoir cliver son
homologue MASP-2 (Figure 4). Après leur activation, MASP-1 et MASP-2 vont alors
cliver les fragments C4 et C2, et il pourra se former une C3-convertase (Figure 5). Cette
dernière est composée des sous-unités C4bC2a, identiques à la voie classique
(Matsushita et al., 2013).
20
C. La voie alterne
21
Mg2+
C3 1 C3(H2O) 2
4
3
5
C3(H2O)
C3(H20)Bb
C3a
FD
FB FD Ba C3bBb
C3b
C3b
6 7 8
Membrane pathogène
Figure 6. Etapes d'activation de la voie alterne.
1 & 2 L’hydrolyse spontanée du C3 (C3(H2O)) permet le recrutement des Facteurs D et B (FD,
FB) de manière Mg2+-dépendante ; 3 Le FD coupe le FB en Ba et Bb. Le fragment Ba est
relargué alors que le fragment Bb resté fixé au C3(H2O) et forme la C3-convertase C3(H2O)Bb
de la boucle d’amplification ; 4 & 5 La C3-convertase C3(H2O)Bb clive les fragment C3 en C3a et
C3b. Le C3b se fixe sur la membrane du pathogène ; 6 & 7 Les facteurs B et D sont recrutés sur
le C3b ; 8 FD clive FB en Ba et Bb. Le fragment Bb fixé au C3b forme la C3-convertase de la voie
alterne C3bBb.
22
fragment bioactif libre dans le plasma, tandis que le C3b se fixe aux membranes pour
agir en tant qu’opsonine, ou bien s’associe aux C3-convertases membranaires (C4bC2a
et C3bBb) pour former les C5-convertases C4bC2aC3b et C3bBbC3b (Figure 7)
(Janeway et al., 2001).
Les 3 voies d’activations passent ainsi à l’étape suivante qui implique le fragment
C5. La liaison covalente du C3b sur le complexe C4bC2a (C3-convertases de la voie
classique et des lectines) change l’affinité du complexe en faveur du fragment C5 et
permet d’augmenter d’un facteur 1000 l’activité enzymatique (Pangburn and Rawal,
2002). Concernant la fixation du C3b sur le complexe C3bBb (C3-convertase de la voie
alterne), l’affinité en faveur des molécules C5 n’est pas modifiée, et est même 6 à 9
fois plus faible (Rawal and Pangburn, 2003), par comparaison avec la voie classique.
Cependant, la Properdine stabilise la C3-convertase de la voie alterne. Par conséquent,
l’efficacité du clivage du C5, après fixation du fragment C3b sur le complexe C3bBb
(formation de la C5-convertase C3bBbC3b), est compensé par l’augmentation de sa
demi-vie (jusqu’à 30 minutes) par la Properdine (Fischer and Kazatchkine, 1983;
Medicus et al., 1976).
Les C5-convertases vont cliver le fragment C5 en C5a et C5b. Tout comme le C3a,
le fragment bio-actif C5a est libéré dans le plasma. Quant au fragment C5b, il a la
capacité de se fixer aux membranes pour permettre l’ultime étape de la cascade du
Complément. En effet, la fixation du C5b engendre la formation du complexe
d’attaque membranaire (Janeway et al., 2001).
Après sa fixation sur les membranes, le fragment C5b est le premier élément du
CAM où vont pouvoir s’associer le C6, le C7, le C8 et le C9 (Figure 7). La formation du
CAM ne requiert pas de clivage enzymatique après l’étape du C5. Cette association de
molécules C5b-9 conduit à la formation de pores à travers les membranes de 10 nm de
diamètre (Bubeck, 2014).
23
La séquence d’association de protéine commence par la fixation du fragment C6
au C5b, formant un complexe hydrophile. Il s’ensuit la fixation de la molécule C7 au
C5b-6. Cette fixation induit des changements de conformations permettant
l’exposition de groupes lipophiles, ce qui assure une stabilité relative au complexe C5b-
7 à la surface des membranes (Preissner et al., 1985). Le fragment C8 se lie ensuite au
C5b-7. C’est le premier composant du CAM qui pénètre la bicouche lipidique. C’est un
hétérotrimère composé des sous-unités C8α, ß et y. Le C8α possède une homologie de
séquence avec la perforine sécrété par les lymphocytes T cytotoxiques et NK (Hadders
et al., 2007). Après la pénétration du composant C8, le complexe se complète
progressivement par la liaison de 12 à 18 molécules C9 pour former des pores
transmembranaires.
24
Voie Classique
Voie Alterne
Voie des Lectines
1 2 2 1
C3 C5 C5 C3
Membrane
C4bC2a C4bC2aC3b pathogène C3bBbC3b C3bBb
C5-convertase C5-convertase
Echanges d’ions =
choc osmotique
C6 C7 C8 C9
3 5
4
25
C. Clivages « non-conventionnels » du C3 et du C5
A propos du fragment C3, le clivage hors de la cascade est réalisé notamment par
la thrombine et la plasmine. Il s’est avéré qu’en présence de C3, la thrombine et la
plasmine sont capables de générer le fragment C3a. Ce dernier possède des propriétés
biologiques car, une fois libéré du fragment C3, il induit une activité chimiotactique sur
des cellules de la lignée HMC-1 (monocytes humains) (Amara et al., 2010). Le clivage
par la plasmine, la thrombine ou même par le Facteur Xa du fragment C3 génère le
C3a-, le C3b-, l’iC3b-, le C3c- et le C3dg-like. Ces fragments possèdent des similarités
avec ceux produits au cours de la cascade mais ne sont pas identiques (Amara et al.,
2008; Tornetta et al., 1997). La présence de ces voies parallèles d’activation démontre
un lien étroit entre deux puissants systèmes plasmatiques : le Complément et la
coagulation. De façon identique au système du Complément, les clivages des
fragments du Complément ont lieu au site d’activation de la coagulation.
26
pour la survie et la différentiation des cellules T de type Th1 (Liszewski et al., 2013).
Ces clivages intracellulaires sont la démonstration d’une activation des fragments C3 et
C5 indépendante du plasma.
27
d’empêcher la fixation de C2a pour former la C3-convertase. L’action de C4BP
nécessite un cofacteur : le facteur I. La C4BP est aussi capable de cliver le fragment C3b
en fragment inactif iC3b, ce qui empêche la formation à la fois des C3- et également
des C5-convertases de la voie classique (Blom et al., 1999, 2001; Hessing et al., 1990;
Ziccardi et al., 1984).
Le Facteur I : est le facteur soluble le plus sollicité pour l’inactivation des C3-
convertases de la voie alterne, et plus particulièrement dans la phase fluide. En effet,
le Facteur I possède un cofacteur soluble, le Facteur H, impliqué dans la dégradation
du C3b. Le Facteur I est une protéine à activité sérine protéase qui est sous une forme
inactive dans le plasma. Quand s’effectue une rencontre avec le Facteur H, le Facteur I
est immédiatement activé. Ainsi, la fixation des deux facteurs sur le C3b induit son
clivage en iC3b. Ce dernier est incapable de se lier au Facteur B et empêche donc la
formation des C3-convertases (Roversi et al., 2011). Son alliance pour désamorcer le
système du Complément ne se limite pas au Facteur H et implique notamment la C4BP
(voir paragraphe précédent), et bien d’autres encore.
28
Le fragment C8 : est un membre de la cascade qui serait ambivalent dans ses
fonctions effectrices. En effet, autant son rôle dans la composition du CAM est établi,
tant son rôle de régulateur de ce même complexe doit aussi être décrite. Lorsque la
formation du CAM est au stade du C5b-7, la fixation du C8 induit des changements de
conformation qui peuvent bloquer par la suite toutes possibilités pour une insertion
membranaire (Nemerow et al., 1979).
L’action de ces facteurs solubles est renforcée par une coalition de facteurs
membranaires :
Le Decay Accelerating Factor (DAF) : est une protéine fortement glycosylée qui
possède un ancre GPI (Glycosyl-Phosphatidyl-Inositol). Le DAF, ou CD55, est exprimé
par la plupart des cellules (sauf les Natural Killers). Le DAF permet la dissociation des
C3- et C5-convertases par son action synergique avec le Facteur I. DAF a la capacité de
lier le fragment Bb et le fragment C3b, ayant pour conséquence une diminution
drastique de l’activité des convertases (Harris et al., 2005; Hourcade et al., 2002;
Nicholson-Weller and Wang, 1994).
29
La Protectine (CD59) : présente également une ancre GPI insérée dans les
membranes de la majorité des types cellulaires. Le CD59 régule la formation des CAM
sur les membranes cellulaires. Le CD59 inhibe la formation des pores lytiques en
empêchant la fixation des molécules C9 sur les chaînes α des fragments C8 insérés
dans la membrane (Leath et al., 2007; Meri et al., 1990).
C’est le cas de la protéine soluble FHL-1 (Factor H-Like protein 1), nommée
également Reconectine. Celle-ci agit à deux niveaux dans la voie alterne
essentiellement. La FHL-1 est le co-facteur du Facteur I et permet la dégradation du
fragment C3b. De plus, la FHL-1 altère les C3- et C5-convertases en favorisant leur
dissociation, en agissant à chaque étapes de la formation de ces enzymes (Zipfel and
Skerka, 1999).
30
d’inhiber, indépendamment de l’activité des convertases, l’assemblage du complexe
C5b-C6-C7 sur une surface d’attachement. Ce qui permet de prévenir la formation du
CAM et la lyse par choc osmotique (Heinen et al., 2009).
31
Voie Classique Voie des Lectines Voie Alterne
C1
C3
MBL Ficoline
C1 Inh
C3b CRIg,
C3a CFHR1
C4bC2aC3b C3bBbC3b
C5-convertase C5 C5-convertase
CFHR1
CFHR1
C5b
C6 C7
C8
C9
C5a
CD59, Clusterine,
Vitronectine
Complexe d’Attaque
Membranaire (CAM)
C5b-9 C8
32
C. Physiopathologie du système du Complément
Un autre type d’altération de la voie alterne du Complément est décrit dans le cas
de Syndrome Urémique Hémolytique atypique (aHUS). Cette pathologie est
caractérisée par des micro-angiopathies thrombotiques rénales (Noris and Remuzzi,
2009). Ici, la perte de régulation du Complément est la conséquence de mutations
principalement sur le gène codant le Facteur H, mais aussi le Facteur I. Ainsi, le facteur
H ne peut plus lier le C3b, ni les glycosaminoglycanes des membranes cellulaires.
Quant au Facteur I, celui-ci perd son activité catalytique. Au niveau des glomérules
rénaux, ces altérations provoquent un dépôt de CAM à la surface des cellules
endothéliales entraînant par la suite la formation de micro-thrombi et une hémolyse
mécanique. Plus de 200 autres mutations ont été caractérisées à ce jour dans les cas
33
d’aHUS, soulignant des prédispositions pour le développement de cette maladie
(Roumenina et al., 2011). Le traitement par Eculizumab permet de diminuer fortement
l’activité lytique du Complément et de récupérer une fonction rénale correcte (Nester
and Brophy, 2013).
34
synthétiser les Facteur I, H et Properdine (Lappin et al., 1992; Peake et al., 1997; Reis
et al., 2006).
Le CR1 est exprimé par les érythrocytes, les phagocytes et les podocytes
glomérulaires rénaux, et est impliqué dans la régulation des C3-convertases. Le C3b, et
le C4b dans une moindre mesure, sont capables de fixer le CR1 (CD35). Sur les
érythrocytes, le CR1 permet l’élimination des complexes immuns solubles, après
transport dans le foie et la rate par les macrophages résidents. Cette phagocytose par
les macrophages suite à l’interaction du C3b et du CR1 est rendue plus efficace par la
fixation conjointe d’IgG et de C3b sur les membranes cibles. L’opsonisation ne saurait
être optimale sans l’intervention d’autres facteurs tels que la fibronectine ou le
lipopolysaccharide (LPS) (Bohnsack et al., 1985; Griffin and Mullinax, 1990).
35
Le CR3 et le CR4 sont des récepteurs spécifiques pour le fragment iC3b. Ces deux
récepteurs appartiennent à la famille des intégrines, et possèdent 2 chaînes a et b
importantes dans le processus d’adhésion cellulaire, par interaction avec les protéines
ICAM-1. Le CR3 (CD11b CD18) et le CR4 (CD11c CD18) partagent la même chaîne b2
(CD18). Chacune des deux chaînes possède des sites de fixation au Mg2+ essentiels
pour le fonctionnement des deux récepteurs. Le CR3 possède également un site de
fixation pour les lectines, ce qui rend plus efficace la phagocytose. Le CR3 et le CR4
sont exprimés par les monocytes, les macrophages, les cellules dendritiques et les
neutrophiles. Leur niveau d’expression varie selon l’état de différenciation et
d’activation des cellules. Ainsi, les macrophages, les cellules dendritiques et les
neutrophiles activés expriment un fort taux de CR3 et CR4 (Dupuy and Caron, 2008;
Ross and Vĕtvicka, 1993; Uotila et al., 2013).
D’une manière générale la phagocytose médiée par le CR3 est une réaction
lente. Les pathogènes sont internalisés par la polymérisation des fibres d’actine
induites par les petites GTPase Rho (Dupuy and Caron, 2008). Cependant, la
phagocytose des pathogènes est fortement améliorée lorsque ceux-ci sont opsonisés
par les IgG, en complément des fragments iC3b. La phagocytose devient alors plus
efficace, plus rapide notamment par l’activation d’autres petites GTPases Rac et
Cdc42. De plus, l’opsonisation des pathogènes par l’interaction CR3/iC3b peut être
améliorée par l’activation des Toll Like Receptors (TLRs), suite à la reconnaissance de
motifs pathogéniques. La phagocytose médiée par les CR3 et CR4 implique également
des stimuli pro-inflammatoires (cytokines) qui activent les cellules phagocytaires. Par
exemple, certaines cytokines inflammatoires vont pouvoir augmenter l’affinité du CR3
et CR4 pour l’iC3b et l’ICAM-1, par un changement de conformation (forme active des
intégrines) (Aderem and Underhill, 1999).
Une fois phagocytés, les pathogènes seront détruits par tout un arsenal
intracellulaire, tels que les espèces réactives de l’oxygène, lysozymes, protéases et
granules microbicides. Suite à la phagocytose par opsonisation, la fusion des
phagosomes contenant les pathogènes avec les lysosomes conduit à la lyse
36
intracellulaire de ceux-ci. L’opsonisation se termine par l’induction de l’apoptose des
cellules phagocytaires, menant ainsi l’inflammation à sa phase de résolution.
37
monocytes des protéines qui inhibent leur migration, le rôle du fragment C4a dans
l’inflammation reste certainement incompris. Aucune caractérisation de récepteur au
C4a n’est répertoriée à ce jour et ne permet pas de savoir si le C4a agit comme une
anaphylatoxine telles que sont le C3a et le C5a (Barnum, 2015). Les anaphylatoxines
C3a et C5a participent à toutes les phases de l’inflammation en stimulant des cellules
immunitaires et des cellules non-myéloïdes également, qui expriment les récepteurs
au C3a (C3aR) et au C5a (C5aR).
38
selectines sur les leucocytes), provoquant leur « rolling » sur l’endothélium (Daffern et
al., 1995; Fernandez et al., 1978). Les fragments C5a et C3a régulent également
l’expression d’intégrines, par les leucocytes, très affines pour les InterCellular Adhesion
Molecule (ICAM) endothéliales (DiScipio et al., 1999). Une fois l’adhésion des
leucocytes effectuée, l’extravasation cellulaire peut s’opérer par une migration trans-
endothéliale en direction du compartiment tissulaire.
A. Structure du C3a
39
and Erickson, 1977; Lambris, 1988). Un important degré de similarité existe entre le
C3a et les autres anaphylatoxines (C5a et C4a) après alignement des séquences. Il
existe en effet 18% d’acides aminés identiques entre le C3a, le C4a et le C5a ; de plus,
36 % d’homologie existe entre le C3a et le C5a. Le fragment C3a possède, tout comme
le C5a, une structure secondaire composée de 4 hélices a antiparallèles stabilisées
entre elles par 3 ponts disulfures (Bajic et al., 2013; Chazin et al., 1988; Klos et al.,
2009; Nettesheim et al., 1988).
13
α1
20 α4
α2 Cys22
Cys23 Hélices α
4 26
Boucles peptidiques
C-terminal α3
Comme décrit dans la figure 9, les résidus 4 à 13 forment l’hélice a1, les résidus
20 à 26 forment l’hélice a2, les résidus 36 à 40 forment l’hélice a3 et les résidus 47 à
72 forment l’hélice a4. Les hélices a sont reliées entre elles par des boucles
peptidiques, et contiennent les points d’ancrage des ponts disulfures au niveau des
Cys22-Cys49 (entre a2-a4), des Cys23-Cys56 (entre a2-a4), et des Cys36-Cys57 (entre
a3-a4) (Bajic et al., 2013). La présence de nombreux résidus Lysine et Arginine confère
une charge cationique à l’ensemble du fragment C3a, rentrant en ligne de compte lors
de la fixation du C3a sur le C3aR. Cette fixation est dépendante de la partie C-
terminale du fragment C3a où est présente une séquence de cinq peptides Leu-Gly-
Leu-Ala-Arg très conservée entre toutes les anaphylatoxines (Caporale et al., 1980).
40
Suite au clivage enzymatique de la protéine C3, le fragment bioactif C3a est
rapidement désactivé. Des carboxypeptidases sériques de type N vont cliver l’arginine
77 sur la partie carboxy-terminale de la protéine, et former ainsi le fragment C3a-
desArg (Bokisch and Müller-Eberhard, 1970). Le clivage de l’arginine 77 est un
événement critique pour l’activité agoniste du C3a, qui n’est plus en mesure de se
fixer sur son récepteur (Wilken et al., 1999).
1. Structure
41
Extracellulaire
S
N-terminal S
ECL2
S S
S
Membrane
M M M M M cellulaire
P
Protéine G P
P P
α β P P
γ
Intracellulaire C-terminal β-arrestine
42
Après la fixation de son ligand, les sérines et thréonines (Ser/Thr) de la partie C-
terminale du récepteur subissent de multiples phosphorylations (Langkabel et al.,
1999), médiées par des kinases couplées aux RCPG appelées GRK (G protein-coupled
kinases). Ces phosphorylations ouvrent la voie de la désensibilisation du récepteur,
permettant une diminution de son activité et favorisant son internalisation. La
mutation des 10 derniers résidus Ser/Thr en alanine, notamment les Ser 459, 465 et
470, ainsi que les Thr 463 et 466, perturbe la phosphorylation par les GRK de ces
résidus, et empêche donc l’internalisation du récepteur (Gupta et al., 2012;
Settmacher et al., 2003).
43
al., 2003). Et c’est sans compter certains résidus (arginine (Arg) 161, Arg 340, Acide
aspartique 417, Histidine 81 et Lysine 96) des domaines transmembranaires du
récepteur qui posséderaient également un rôle dans cette fixation (Sun et al., 1999).
Ainsi, l’ensemble de ces études montrent que la boucle ECL2 possède un rôle
incontournable dans la fixation du C3a, où un cluster extracellulaire d’acides aminés
accueille le fragment C3a.
3. Signalisation
44
Outre son activation, le C3aR subit également une désensibilisation qui est
médiée par les b-arrestines. Ces molécules sont des adaptateurs protéiques qui ont un
rôle essentiel dans la désensibilisation des RCPG, permettant ainsi son internalisation
(Jalink and Moolenaar, 2010; Lohse et al., 1990; Wilden et al., 1986). La
désensibilisation du C3aR a été explorée dans les mastocytes notamment. Après
mutation des sites de phosphorylations sur la partie C-terminale intracellulaire du
C3aR, la fixation des b-arrestines était réduite voire complètement perdue, et
l’internalisation bloquée (Gupta et al., 2012). De même, le silencing de la b-arrestine 2
empêche l’internalisation du C3aR (Vibhuti et al., 2011). Ces résultats montrent que la
désensibilisation du C3aR implique la phosphorylation de la partie C-terminale du
C3aR, permettant la fixation des b-arrestines et donc son internalisation.
4. Expression
Au niveau génique, le récepteur au C3a humain est codé par une séquence sur le
bras court du chromosome 12 en position 13.2-3 (12p13.2-3) (Paral et al., 1998).
L’expression du gène C3ar semble être conditionnée par la fixation synergique des
facteurs de transcription c-Jun/c-Fos (AP-1) et Ets-1 sur le promoteur du gène dans les
monocytes humains, sur la portion nucléotidique - 18 à - 285 en amont du gène
(Schaefer et al., 2005).
Au niveau tissulaire, le C3aR est exprimé par de nombreux types cellulaires dans
différents tissus, tant par les cellules myéloïdes que par les cellules non-myéloïdes
comme indiqué dans le Tableau 1. L’expression du C3aR par les cellules myéloïdes
révèle encore une fois l’importance de l’axe C3a/C3aR dans les réponses
inflammatoires. De plus, son expression par des cellules de types « souches » comme
les cellules souches mésenchymateuses et neurales, montrent un rôle important de
l’axe C3a/C3aR pendant la formation et/ou la régénération d’un tissu. Les diverses
expressions du C3aR, par des tissus qui ont ou non la même origine embryologique,
démontrent que ce récepteur joue un rôle primordial dans divers processus
biologiques au sein d’un organisme humain.
45
Cellules exprimant le Fonction du C3aR Bibliographie
C3aR
Neutrophiles Métabolisme oxydatif ; (Elsner et al., 1994b;
Rétention dans la moëlle osseuse Klos et al., 1992; Wu
et al., 2013)
Eosinophiles Chimiotactisme (Daffern et al., 1995;
DiScipio et al., 1999)
Monocytes/Macrophages Chimiotactisme ; Production de (Pan, 1998; Zwirner et
cytokines et chimiokines al., 1997, 1998)
Mastocytes Sécrétion de médiateurs (Ali et al., 2000;
inflammatoires ; Chimiotactisme Hartmann et al., 1997;
Johnson et al., 1975;
Nilsson et al., 1996)
Ostéoblastes Chimiotactisme, accélération de (Billiard et al., 2003;
l’ostéogénèse, et amélioration Ehrnthaller et al.,
de la cicatrisation osseuse in vivo 2013; Ignatius et al.,
2011a; Matsuoka et
al., 2014)
Chondrocytes Différenciation ostéogénique (Andrades et al.,
1996)
Cellules musculaires lisses Augmentation de la sécrétion de (Drouin et al., 2001;
médiateurs inflammatoires par Thangam et al., 2005)
les mastocytes
Cellules endothéliales Activation transitoire de Erk et (Monsinjon et al.,
Rho ; Production de cytokines 2003; Schraufstatter
et al., 2002)
Hépatocytes Protection contre l’apoptose ; (Markiewski et al.,
Régénération hépatique in vivo 2004; Strey et al.,
2003)
Cellules épithéliales Production de chimiokines ; (Braun et al., 2004;
rénales Transition épithélio- Thurman et al., 2007;
mésenchymateuse Wan et al., 2013)
Neurones Protection contre la mort (Bénard et al., 2004)
cellulaire
Cellules souches Chimiotactisme ; Protection (Moll et al., 2011;
mésenchymateuses contre l’apoptose ; Production Schraufstatter et al.,
(MSC) de facteurs angiogéniques 2009)
Cellules souches neurales Augmentation de la (Rahpeymai et al.,
(NSC) neurogenèse ; Augmentation du 2006)
chimiotactisme et de la
différenciation
Tableau 1. Types cellulaires exprimant le C3aR (adapté de Schraufstatter et al., 2015).
46
C. L’axe C3a/C3aR dans le contexte de la régénération tissulaire
47
D’autres tissus sont concernés par l’implication du facteur C3a dans le
recrutement de cellules souches. Chez l’embryon de poulet, le fragment C3a a la
capacité d’induire la régénération de la rétine. Haynes et collaborateurs ont souligné le
rôle du C3a dans le recrutement des cellules souches/progénitrices résidentes de l’œil
permettant la régénération complète de la rétine dans un contexte inflammatoire.
Cette stimulation des cellules souches/progénitrices de l’œil par le C3a est dépendante
de l’activation de la voie STAT3 (Haynes et al., 2013). Les cellules souches
mésenchymatteuses (CSM), d’origine mésodermique, sont également mobilisées par le
fragment C3a. Des études sur la migration cellulaire collective ont permis de
démontrer qu’un gradient de C3a était en mesure de co-attirer des clusters cohésifs de
CSM, pendant la formation de la crête neurale (Carmona-Fontaine et al., 2011).
48
Deuxième partie : Régénération pulpo-dentinaire
49
est étroitement intriquée dans la dentine, car ceux-ci ont leurs prolongements qui
parcourent les tubuli dentinaires (Figure 11C). La dentine est composée à 70 % de
structures inorganiques, 20 % de molécules organiques et de 10 % d’eau. La partie
inorganique est composée de cristaux d’hydroxyapatite. La partie organique est
composée en majorité par des molécules de collagène (type 1 principalement, avec
une faible quantité de type III et V), mais aussi par des protéines non collagéniques
telles que : DPP (Dentin Phosphoprotein/Phosphophoryn), DSP (Dentin SialoProtein),
DGP (Dentin GlycoProtein), Ostéonectine, Ostéocalcine, Ostéopontine, BSP (Bone
SialoProtein) (Nanci, 2013).
A B
C
Dentine
Complexe
Odontoblastes pulpo-
dentinaire
Pulpe
Figure 11. Illustration des différents tissus dentaires (d’après Nanci, 2013).
Coupe transversale (A) et radiographie aux rayons X (B) d’une dent entière humaine. (C)
Microscopie optique d’une coupe histologique de dent humaine (coloration
Hématoxyline/Eosine), focalisée sur le complexe pulpo-dentinaire.
50
Outre la présence de ces protéines, la dentine renferme également de
nombreuses molécules biologiquement actives telles que les facteurs de croissances,
de type Transforming Growth Factor (TGF)-b1 et 3, ou même le Bone Morphogenic
Protein (BMP)-7. Ces facteurs de croissance sont impliqués dans la régénération
pulpaire, la différenciation des odontoblastes et l’angiogenèse (Cassidy et al., 1997;
Finkelman et al., 1990; Vaahtokari et al., 1991). D’autres facteurs emprisonnés dans la
dentine ont été identifiés comme l’Insuline-like Growth Factor (IGF)-1, le Skeletal
Growth Factor (SGF/IGF)-II, le Platelet-Derived Growth Factor (PDGF)-AB, le basic
Fibroblast Growth Factor (FGF)-2 et Vascular Endothelial Growth Factor (VEGF)
(Finkelman et al., 1990; Roberts-Clark and Smith, 2000).
De par leur proximité histologique et leur lien étroit sur le plan biologique, la
pulpe et la dentine sont plus communément regroupées sous le terme de complexe
pulpo-dentinaire (Figure 11C). Lorsque l’intégrité physique et biologique de ce
complexe est compromise, par une lésion carieuse ou traumatique, ou encore par une
procédure de restauration clinique, les mécanismes de régénération pulpo-dentinaire
se mettent en place. Cette régénération a pour but de remplacer le plus rapidement
possible la couche d’odontoblastes sécréteurs de dentine, faisant appel à une nouvelle
population de cellules appelées cellules odontoblast-like.
51
bactéries cariogènes ont la capacité de sécréter des protéases et des molécules acides
qui vont dissoudre l’émail puis la partie minérale de la dentine. De cette manière, les
bactéries vont pouvoir aisément infiltrer la dent à travers les tubuli dentinaires, grâce à
l’expression de protéines d’adhésion au collagène. Lorsque l’infiltrat bactérien atteint
la pulpe, celui-ci peut aboutir à des dommages tissulaires profonds, jusqu’à la nécrose
complète de la pulpe (Love and Jenkinson, 2002).
C’est pourquoi on peut distinguer deux types de lésions qui font suite à une
pathologie carieuse. Dans certains cas, les lésions carieuses sont faibles voire
modérées (Figure 12A). La dentine est une structure vulnérable face à des bactéries
cariogènes qui sécrètent des acides à haut pouvoir de dissolution. Ici, les bactéries
n’ont pas atteint la pulpe, mais l’acidification qu’elles engendrent dans la dentine
provoque une réactivation et une augmentation de l’activité sécrétoire des
odontoblastes. De cette manière, les odontoblastes vont sécréter une dentine appelée
réactionnelle ou tertiaire, à une vitesse plus importante que celle de la formation de la
dentine primaire ou secondaire (Smith et al., 1995a). Cette sécrétion de dentine
réactionnelle par les odontoblastes est soutenue par la présence locale de TGF-b1
(Kalyva et al., 2010; Sloan and Smith, 1999). Cette synthèse de la dentine permet de
ralentir la progression des bactéries cariogènes et d’isoler le tissu pulpaire des toxines
bactériennes.
A B
d
d
52
Cependant les effets de cette imperméabilisation sont temporaires, car
l’infiltration bactérienne est capable de gagner du terrain. Dans ce cas, la lésion
carieuse devient sévère et très profonde (Figure 12B). Les bactéries sont à l’origine de
la destruction du complexe pulpo-dentinaire. Les odontoblastes détruits ne sont plus
en mesure de protéger la pulpe par la sécrétion de dentine réactionnelle. Ce qui
expose la pulpe à l’environnement buccal très hostile, en raison de sa population
microbienne très variée. Lors d’une infiltration bactérienne profonde, les dommages
cellulaires concernent également les fibroblastes pulpaires, les réseaux vasculaires et
nerveux (Goldberg et al., 2008; Smith et al., 1995b; Tziafas, 1995).
Les pertes cellulaires subies par une infiltration bactérienne massive déclenchent
une réponse inflammatoire locale sur le site de la lésion. Classiquement, cette
inflammation passe par 3 phases : vasculaire, cellulaire et de résolution. C’est au cours
de la phase de résolution que les mécanismes de régénération tissulaire s’organisent.
La régénération est dépendante de la mise en place d’une réponse inflammatoire.
Cependant si la réponse inflammatoire est trop forte, et ne parvient pas à s’équilibrer
pour s’orienter vers une phase de résolution, le tissu enflammé entre alors dans une
phase néfaste de nécrose.
53
B. Mécanismes de la régénération pulpo-dentinaire
Les cellules souches ont été identifiées au sein de la pulpe humaine. Ce sont des
cellules mésenchymateuses multipotentes, c’est-à-dire capables de se différencier en
plusieurs types cellulaires issus du même feuillet embryonnaire. Suite à une division
asymétrique, ces cellules ont également la possibilité de s’auto-renouveler, assurant
un pool basal de cellules souches (Gronthos et al., 2000). Les cellules souches pulpaires
adultes ont un potentiel de différenciation important, tout de même inférieur à celui
des cellules souches embryonnaires pluripotentes. Les cellule souches pulpaires sont
capables de se différencier en adipocytes, en chondrocytes, en cellules neuronales et
en odontoblastes en présence de milieux de différenciation appropriés in vitro,
suggérant la nécessité de signaux permettant la différenciation des cellules souches en
cellules différenciées (d’Aquino et al., 2007; Gronthos et al., 2002; Huang et al., 2009;
Laino et al., 2005; Zhang et al., 2006)
L’état souche des cellules présentes en périphérie des vaisseaux dans la pulpe
est conditionné par un matériel génétique composé des facteurs de transcription tels
que OCT4, NANOG et Sox2. Ces facteurs de transcription identifiés comme des facteurs
de pluripotentialité garantissent un état indifférencié aux cellules souches. Des
marqueurs de surfaces spécifique des CSM sont exprimés par les cellules souches
pulpaires comme STRO-1, CD146, CD105, CD44, 3G5, CD29, Nestin ou encore Flk1
54
(About et al., 2000b; Huang et al., 2009; Shi and Gronthos, 2003b). Plusieurs études in
vivo ont confirmé la capacité des cellules souches pulpaires à se différencier en
odontoblastes sécréteur de dentine. Des expériences de transplantation d’un mélange
de cellules souches pulpaires STRO-1+ et d’hydoxyapatite/phosphate tricalcique
(HA/TCP) dans des souris immunodéprimées, ont montré une synthèse d’une structure
rappelant le complexe pulpo-dentinaire, avec des tubuli dentinaire similaires à ceux
observé in vivo (Batouli et al., 2003; Gronthos et al., 2000).
Lors d’une lésion tissulaire importante dans un tissu conjonctif tel que la pulpe
dentaire, les mécanismes de régénération engendrent la mobilisation, la migration, la
prolifération et la différenciation cellulaire, mais aussi une réaction inflammatoire qui
permet la sécrétion de molécules par les cellules immunitaires et d’autres types
cellulaires. Ces signaux sont également importants pour l’étape précoce de la
régénération pulpo-dentinaire pour le recrutement des cellules souches, et leur
différenciation en odontoblast-like cells.
55
a. Signaux séquestrés dans la dentine
Le FGF-2 (basic Fibroblast Growth Factor) est une protéine qui se lie également à la
matrice dentinaire. Une fois secrété le FGF-2 se lie aux héparanes sulfates et se
retrouve piégé dans la dentine, et peut être libéré par des héparanases ou la plasmine
du système de coagulation (Ornitz, 2000). Le FGF-2 possède un rôle de facteur pro-
angiogénique et de facteur de croissance pour les fibroblastes de tissus conjonctifs,
comme la pulpe dentaire (Gerwins et al., 2000; Mutsaers et al., 1997).
Ces facteurs de croissances ont été identifiés comme étant des facteurs
chimiotactiques, capables de mobiliser et d’induire la migration des cellules souches
pulpaires des niches périvasculaires sur le site lésionnel (Howard et al., 2010). L’étude
de l’encapsulation du TGF-b1 et FGF-2 a permis de démontrer que la libération
prolongée et contrôlée de ces deux facteurs induisait la migration des cellules souches
pulpaires STRO-1+ (TGF-b1), ainsi que la prolifération des fibroblastes pulpaires (FGF-
56
2) (Mathieu et al., 2013). Ces résultats soulignent l’importance des deux facteurs dans
les étapes précoces de la régénération pulpo-dentinaire.
Il est intéressant de noter que la dentine n’est pas le seul réservoir de facteur de
croissance. En effet, les fibroblastes pulpaires, cellules de soutien et majoritaire de la
pulpe, sécrètent in vitro les facteurs FGF-2, VEGF et PDGF après une lésion
traumatique. De la même manière, les cellules endothéliales avoisinantes sécrètent les
facteurs VEGF et FGF-2, après une lésion traumatique (About, 2011; Tran-Hung et al.,
2008a). Ces sécrétions de facteurs de croissances et pro-angiogéniques constituent un
environnement local propice à la régénération pulpo-dentinaire.
57
exprimés sur les odontoblastes situés en face de cette même lésion (Farges et al.,
2009).
Les TLRs activés vont ensuite via leurs voies de signalisation permettre la
sécrétion de molécules antimicrobiennes par les odontoblastesn (Figure 13). Ceux-ci
sont capables de synthétiser des beta-défensines (BD) et également de l’oxyde nitrique
(NO). La BD-2, inductible, possède un rôle antibactérien contre Streptococcus mutans
et également un rôle pro-inflammatoire en induisant la sécrétion d’IL-6 et d’IL-8 par les
odontoblast-like cells (Dommisch et al., 2007; Lee and Baek, 2012; Shiba et al., 2003;
Song et al., 2009). Le NO est quant à lui synthétisé par les NO Synthases (NOS). Il a été
montré que la NOS 2 inductible était rapidement exprimé dans les tissus pulpaires
enflammés (Di Nardo Di Maio et al., 2004; Kawanishi et al., 2004; Kawashima et al.,
2005; Korkmaz et al., 2011; Law et al., 1999). Le NO stimule la production de CXCL8 par
les cellules pulpaires in vitro, ce qui a été corrélé à une accumulation de cellules
immunitaires dans la pulpe, comme les neutrophiles et les macrophages (Kawanishi et
al., 2004; Kawashima et al., 2005; Min et al., 2008). Enfin, le NO a été démontré
comme un élément important dans l’inhibition de la croissance de S. mutans, ce qui
pourrait limiter la progression des bactéries cariogènes dans les canalicules dentinaires
(Farges et al., 2015a).
58
Figure 13. Rôles des odontoblastes dans la défense immunitaire de la pulpe dentaire (Farges
et al., 2015b).
L’infiltration des bactéries cariogènes dans les tubuli dentinaires déclenche la sécrétion de
molécules anti-bactériennes (points bleus) par les odontoblastes en regard de la lésion
carieuse. En même temps, cette stimulation bactérienne provoque la sécrétion de médiatieurs
pro-inflammatoires (points verts) par le versant pulpaire des cellules.
Pour résumer (Figure 13), les odontoblastes font office de barrière lors d’une
lésion carieuse modérée, se limitant à la dentine. De plus les odontoblates vont initier
la réparation de la dentine par la sécrétion d’une dentine réactionnelle. Si la lésion est
plus profonde, d’autres cellules et d’autres signaux vont prendre le relais.
La pulpe dentaire possède tout un réseau de cellules immunitaires qui lui permet
d’être dans un état permanent de vigilance, afin de prévenir une éventuelle invasion
de bactéries cariogènes. De récentes études ont permis de quantifier la proportion des
cellules immunocompétentes dans des pulpes dentaires humaines saines, estimée à
1% du nombre total, et tous les compartiments (innée et adpatatif) semblent être
représentés (Gaudin et al., 2015). Les pulpes dentaires saines possèdent des
Lymphocytes T (CD4, CD8, Tregs, NKT), des monocytes, des natural killer, des
59
lymphocytes B et des cellules dendritiques. Lors d’une inflammation aigüe, déclenchée
par une invasion de bactéries cariogènes, les proportions de ces cellules varient en
fonction du temps (Renard et al., 2016). Des modèles expérimentaux de pulpites
induites dans des pulpes d’incisives de rat par du lipopolysaccharide (LPS) ont permis
de démontrer que les pourcentages de granulocytes et de cellules dendritiques sont
augmentés après 9 heures d’exposition au LPS, jusqu’à revenir à leur niveau de base 3
jours après. Pas d’augmentation de cellules T, ni de cellules NK n’a été constatée, mais
une population mixte de cellules myèloïdes (R7/3- 3.2.3low) à différents stades de
différenciation a considérablement augmenté en nombre. La présence de ces
précurseurs de granulocytes, de macrophages et de cellules dendritiques indique la
mise en place d’une régulation de la réponse inflammatoire. De plus, les mêmes
auteurs ont montré l’augmentation d’expression de gènes tels que IL6, IL1-b, TNF-a,
CCL2, ou encore iNOS et même IL-10 par les leucocytes après stimulation au LPS. En
conclusion, l’initiation de la réponse inflammatoire ainsi que sa résolution sont mises
en place par les cellules immunocompétentes de la pulpe dentaire.
60
démontré que l’activation du Complément était requise pour induire le recrutement
des cellules souches pulpaires.
Ces travaux ont mis en lumière le rôle clef des cellules de soutien de la pulpe, à
savoir les fibroblastes pulpaires. Après stimulation avec des motifs bactériens comme
l’acide lipotéichoïque (LTA) et le lipopolysaccharide (LPS), ces travaux ont montré que
les fibroblastes pulpaires sont capables de synthétiser toutes les molécules du
Complément in vitro. La production de C5a a été quantifiée par test ELISA et confirmée
par immunofluorescence. Une augmentation significative de C5a après 20 minutes de
stimulation par LTA et LPS a été détectée. Par marquage immunofluorescent, la
présence de la molécule C5a, puissant médiateur de l’inflammation et facteur
chimiotactique, a été confirmée in vivo dans la pulpe et au niveau des odontoblastes.
De plus, le complexe d’attaque membranaire (molécules C5b-9) est également
synthétisé par les fibroblastes pulpaires après stimulation au LTA et LPS (Chmilewsky
et al., 2014a, 2015). Ces résultats ont, pour la première fois, montré que des cellules
non immunitaires de la pulpe, sont aptes à synthétiser des molécules du Complément
en réponse à des stimuli bactériens.
61
vers le site de la lésion, où ces cellules pourront se différencier en odontoblast-like
cells et proliférer, afin de remplacer les odontoblastes détruits par l’invasion
bactérienne.
Un autre point mérite notre attention. Lors d’une lésion carieuse profonde,
l’infiltrat bactérien provoque de nombreux dommages cellulaires. Or, la régénération
pulpo-dentinaire ne peut se faire en l’absence d’un contrôle de l’inflammation due à
l’infiltration des bactéries cariogènes. La cascade du Complément produit un complexe
terminal sous forme de pores lytiques (CAM) capable de s’insérer dans les membranes
de pathogènes, et d’induire leur lyse par choc osmotique. Comme souligné
précédemment, la majorité des bactéries cariogènes sont Gram-positives et le CAM
semble ne pas pouvoir s’insérer efficacement dans les parois épaisses de ces bactéries
pour induire leur lyse. Ce qui soulève une autre question : le complexe d’attaque
membranaire synthétisé par les fibroblastes pulpaires peut-il détruire les bactéries
cariogènes ?
62
MATERIELS ET METHODES
63
I. Matériels
Les dents sont récupérées en bloc opératoire chez des adolescents nécessitants
une extraction des troisièmes molaires pour des raisons orthodontiques. Les dents
sont placées dans un milieu MEM (minimal essential medium) complet enrichi en
antibiotiques (Pénicilline 200 UI/ml, streptomycine 200 UI/ml, fungizone 100 µg/ml), L-
gutamine 2 mM et 10% SVF (sérum de veau fœtal). Les dents sont transportées du bloc
opératoire au laboratoire dans un délai de temps très court. Les pulpes dentaires sont
ensuite récupérées pour la culture d’explants tissulaire.
Pour cela, les dents sont manipulées dans des conditions d’asepsie optimales.
Les dents sont nettoyées et coupées à l’aide d’une fraise boule montée sur un contre-
angle rouge à très grande vitesse, sous irrigation de liquide physiologique stérile
(Figure 14). La découpe est réalisée au niveau du collet de la dent permettant de
séparer la couronne des racines. À l’aide d’une sonde dentaire et d’une précelle, la
64
pulpe dentaire est prélevée et immédiatement placées dans un milieu enrichi en
antibiotiques, comme décrit précédemment.
A B
C D
La culture d’explants de pulpe est réalisée sous hotte à flux laminaire. Les
pulpes sont émincées sous forme de très fins morceaux à l’aide de lames de scalpels.
Les fins morceaux de pulpes sont ensuite dispersés dans des boîtes de pétri. Les
explants sont ensuite cultivés dans un milieu de culture complet (MEM, 10% SVF,
Pénicilline 100 UI/ml, streptomycine 100 UI/ml, fungizone 100 µg/ml, L-gutamine
1mM) pendant 7 jours dans un incubateur humide à 37°C et 5% de C02. Durant cette
période, les cellules prolifèrent autour des explants de pulpes pour atteindre une très
forte densité. Au terme de cette période, les cellules pulpaires sont ensuite décollées
avec une solution de trypsine/EDTA 0,25% et placées dans des flasques T75 cm2 pour
promouvoir leur prolifération. Le décollement des cellules et l’ensemencement dans
de nouvelles flasques sont des procédures qui font partie d’un protocole de routine
pour permettre d’accroître le nombre de cellules. Chaque passage cellulaire est réalisé
en incubant les cellules avec la trypsine/EDTA pendant 5 minutes à 37°C. Ensuite, du
milieu complet est ajouté, et les cellules sont centrifugées à 1200 tours/minute
65
pendant 5 minutes. Puis, les culots cellulaires sont resuspendus dans un milieu
complet, et les cellules sont réparties équitablement dans des flasques T75.
Cellules
Complexes pulpaires
d’anticorps 10x106 cellules/ml
dans tampon
Dynal
3
Cellules souches
STRO-1 positives
Cellules STRO-1
négatives (Fibroblastes)
Mélange Cellules/
Complexes
66
Dans un premier temps, les complexes anticorps anti-STRO-1/anticorps couplés à
des billes magnétiques sont réalisés. Pour cela, un mélange de 1 µg d’anticorps (IgM
de souris anti-STRO1 humain) pour 25 µl d’anticorps de rat anti-IgM de souris couplés
aux billes magnétiques (4x108 billes/ml) est réalisé à 4°C sous agitation pendant 30
minutes. Les complexes ainsi formés sont ensuite lavés 3 fois pour éliminer l’excédent
d’anticorps avec un tampon Dynal (PBS / 0,1% BSA / 2mM EDTA) pH=7,4. Les
complexes sont ensuite resuspendus dans le tampon Dynal (25µl de tampon pour 1 µg
d’IgM anti-STRO-1).
Ensuite, les cellules pulpaires sont préparées pour le tri. Les cellules pulpaires
sont décollées avec de la trypsine/EDTA 0,25% (1 ml/ 75 cm2) pendant 5 minutes à
37°C. Les cellules sont reprises dans du milieu complet et centrifugées à 1200
tours/minutes. Après centrifugation, les culots cellulaires sont repris dans un tampon
Dynal à 10x106/cellules par ml.
Les complexes et les cellules étant prêts, l’ultime étape du tri peut alors se faire.
Les complexes anticorps anti-STRO-1/ anticorps couplés aux billes et les cellules
pulpaires sont mélangés ensemble à une concentration de 10x106 cellules pour 25 µl
de complexe, à 4°C sous agitation pendant 30 minutes dans un tube de 15 ml. La
séparation des cellules souches pulpaires exprimant STRO-1 du reste des cellules
s’effectue à l’aide d’un support magnétique DynaMagTM 15. De cette manière, les
complexes d’anticorps fixés sur les cellules souches pulpaires vont piéger celles-ci au
contact du support magnétique ; les cellules souches vont se retrouver collées au paroi
du tube, formant ainsi la fraction positive. Les autres cellules, majoritairement des
fibroblastes, vont se retrouver dans le surnageant non-retenu (fraction négative). Ce
surnageant est récupéré et les cellules STRO-1 négatives sont remises en cultures dans
des flaques avec un milieu complet. Quant à elles, les cellules souches STRO-1 sont
lavées 4 fois avec un tampon Dynal puis sont remises en culture dans un milieu
complet.
67
IV. Immunocytochimie
Les cellules souches et les fibroblastes pulpaires sont ensemencés dans des
lames de culture en verre 8 puits, et placées dans un incubateur à 37°C et 5% de CO2
pendant 24 heures. Les cellules sont ensuite lavées 3 fois au PBS, puis sont fixées 20
minutes avec de la PFA (paraformaldéhyde) à 4%, à une température de 4°C. Les sites
de fixation non-spécifiques sont par la suite saturés pendant 1 heure avec un tampon
PBS / BSA 0,5% ; puis après 3 lavages au PBS, l’anticorps primaire ou un isotype
contrôle est incubé 2 heures avec les cellules. Après lavages au PBS, les cellules sont
incubées avec 5 µg/ml d’anticorps secondaire pendant 45 minutes et 1 µg/ml de DAPI.
Pour effectuer les doubles marquages STRO-1 / C3aR et FSP / C3aR, les anticorps
primaires, puis secondaires sont incubés simultanément. Les lames de culture des
cellules sont lavées 3 fois au PBS et sont montées avec une lamelle à l’aide d’un liquide
de montage aqueux (Glycergel Mounting Medium, Dako, Carpinteria, USA).
68
V. RT-PCR
Les ARNs totaux sont isolés à partir des cultures de cellules souches et de
fibroblastes pulpaires, en utilisant le mini Kit ARN PureLink (Life Technologies, Oslo,
Norvège). Chaque échantillon d’ARNs (2 µg) sont rétro-transcrits avec un système de
rétro-transcription AMV (Promega, Madison, WI, USA). Ensuite, l’amplification des
fragments de cDNA est effectuée grâce au kit Platinium PCR Supermix (Life
Technologies, Oslo, Norvège) en suivant les recommandations d’utilisation. Les PCR
sont effectuées avec les cycles suivants : 95 °C 5 minutes, 30 x (95°C 30 secondes, 55°C
30 secondes, 72°C 45 secondes), 72°C 12 minutes. Enfin, les produits PCR sont séparés
sur un gel d’agarose à 1%, et visualisés avec un E-gel Imager (Life technologies, Oslo,
Norvège). Les séquences des amorces sont listées dans le tableau 3 :
AMORCES SEQUENCES
C3aR-1 5’-CGCGAAATCTTCACTACAGACAACC-3’
C3aR-2 5’-TCACCTAGTGATCGTTATTGCCACGA-3’
OCT3/4-1 5’-CAGTGCCCGAAACCCACAC-3’
OCT3/4-2 5’-GGAGACCCAGCAGCCTCAAA-3’
KFL4-1 5’-GGGAGAAGACACTGCGTCAA-3’
KLF4-2 5’-TCCAGGTCCAGGAGATCGTT-3’
SOX2-1 5’-GTTGCCTGGCTTCTCTTTTG-3’
SOX2-2 5’-GCTGATTGGTCGCTAGAAAC-3’
NANOG-1 5’-AAGGTCCCGGTCAAGAAACAG-3’
NANOG-2 5’-CTTCTGCGTCACACCATTGC-3’
GAPDH-1 5’-GAAGGTGAAGTTCGGAGTC-3’
GAPDH-2 5’-GAAGATGGTGATGGGATTTC-3’
Tableau 3. Listes des amorces utilisées en PCR.
69
VI. Tests de prolifération
Au terme des stimulations, les cellules sont lavées au PBS puis incubées 2 heures
(37 °C 5% de CO2) avec 100 µl de MEM contenant 5 mg/ml de MTT (3-(4,5-
dimethylthiazol-2-yl)-2,5-diphenyl tetrazolium bromide). Les succinates
déhydrogénases mitochnodirales des cellules vivantes vont alors réduire les anneaux
de tétrazolium en cristaux de formazan de couleur violette. Ces cristaux sont ensuite
dissous par l’ajout de 100 µl de DMSO pur dans chaque puits. De cette manière la
quantité relative de cellules vivantes est déterminée par l’analyse des densités
optiques à l’aide d’un spectrophotomètre (Metertech S960, Bioblock, Strasbourg,
France). Les résultats sont exprimés en pourcentage de cellules vivantes par rapport à
la condition contrôle (cellules stimulées au MEM seul).
70
Les cellules souches ou les fibroblastes pulpaires sont ensemencés dans le canal
central à raison de 2,5.106 cellules/ml dans 6 µl de MEM contenant 6% de Matrigel (BD
Biosciences, Rungis, France). Les chambres de migration sont ensuite incubées 3
heures (37°C, 5% CO2) pour permettre l’adhésion cellulaire et la prise du gel. Puis, le
réservoir de droite est rempli avec 60 µl d’une solution de MEM contenant 200 ng/ml
de protéine recombinante humaine C3a. Le gradient va s’établir naturellement dans le
canal central. Les conditions contrôles vont correspondre au remplissage du réservoir
de droite par 60 µl de MEM seul. De plus, la spécificité de la migration sera contrôlée
par l’addition de 1 µM de l’antagoniste spécifique du C3a (SB290157) (Ames et al.,
2001) dans le canal central.
71
calculé en moyenne, pour toutes les cellules, et correspond aux coordonées cellulaires
qui sont parallèles (FMIx) et perpendiculaire (FMIy). Un FMIx supérieur à un FMIy
suggère que les cellules migrent selon un gradient et non pas de manière aléatoire.
Les tissus biologiques sont en majorité composés d’eau, et doivent donc être
déshydratés pour permettre une meilleure imprégnation des tissus par la paraffine.
Les dents et les pulpes sont déshydratées par des passages successifs dans des bains
d’alcool croissants à 70, 95 et 100%, par tranche de 24 heures chacun. Puis les dents et
les pulpes sont ensuite plongées dans un bain de xylène pour permettre la clarification
des structures restantes. Les dents et les pulpes sont ensuite immergées dans deux
bains de paraffine liquide chauffée à 60°C, de 24 heures chacun. La mise en bloc de
paraffine est réalisée dans des moules où les dents et les pulpes sont orientées pour
faciliter la lecture des coupes histologiques.
72
Les échantillons sont ensuite découpés à l’aide d’un microtome (Minot Leitz
1512, Leica Microsystèmes, Rueil-Malmaison, France). Les rubans de coupes (4 ou 5
coupes) de 7 µm d’épaisseur sont déposés avec une goutte d’eau distillée sur des
lames en verre SuperfrostTM Ultra Plus (Dominique Dutscher, Brumath, France). Les
lames sont placées sur une plaque chauffante à 46°C pendant 20 minutes, puis 30
minutes dans une soufflerie à 60°C pour permettre l’évaporation de l’eau et donc un
séchage complet des lames. Les lames sont coupées en séries et référencées selon
l’ordre de la découpe du bloc.
73
Hématoxyline / Eosine Coloration de Gram
Hématoxyline de Harris, 2 minutes Crystal violet, 1 minute
Bain d’eau distillée, 5 minutes Lavage à l’eau distillée
Eosine, 2 minutes Solution iodée de Gram, 5 minutes
Bain d’eau distillée, 5 minutes Lavage à l’eau distillée
Alcool 70%, 5 minutes Différentiation dans l’alcool 100%
Alcool 95%, 5 minutes Lavage à l’eau distillée
Alcool 100%, 5 minutes Safranine, 30-60 secondes
Xylène, 2 minutes Lavage à l’eau distillée
Tartrazine, 5-10 secondes
Lavage alcool 100%
Xylène
Après coloration, les lames sont montées avec une lamelle à l’aide d’un liquide de
montage Lemonvitrex (Carlo Erba) et laissées 24 heures à température ambiante.
Tableau 4. Procédures de coloration à l'Hématoxyline/Eosine et de Gram.
IX. Immunohistochimie
Des immunomarquages sur coupe sont réalisés, après réhydratation des coupes
comme vu précédemment au paragraphe « Coloration des coupes histologiques ».
74
10 minutes. Un retour à température ambiante est ensuite atteint en laissant les
coupes dans la solution de démasquage pendant 20 minutes.
Dans un premier temps, les sites de fixation non spécifique sont bloqués à l’aide
d’un tampon de saturation PBS / Caséine 0,25% ou PBS / BSA 0,5%, à température
ambiante, comme résumé dans le tableau suivant :
Ensuite, les coupes de dents et de pulpes sont incubées avec l’anticorps primaire,
dilué dans une solution de PBS / BSA 0,1%, comme décrit dans le tableau 6.
75
Cibles antigéniques Concentration (µg/ml) Incubation
Pour les doubles marquages STRO-1 / C3aR ou FSP / C3aR, les anticorps
primaires sont incubés simultanément sur les coupes histologiques. Les coupes sont
lavées 3 fois au PBS et l’incubation avec les anticorps secondaires correspondants est
réalisée. Ceux-ci sont dilués dans une solution de PBS / BSA 0,1%, et sont déposés sur
les lames dans les conditions décrites au paragraphe « Immunocytochimie ». Dans
chaque dilution d’anticorps, 1µg/ml de DAPI est ajouté, et l’ensemble est incubé 45
minutes sur les coupes à température ambiante. Les lames sont montées et observées
par microscopie à fluorescence.
76
X. Culture bactérienne et expérimentations
Les fibroblastes pulpaires humains sont cultivés dans des plaques 12 puits. Une
fois les fibroblastes pulpaires à confluence, les cellules sont lavées 3 fois avec du PBS.
La stimulation consiste à incuber les cellules avec 500 µl/puits d’un milieu dépourvu de
sérum, contenant ou non du LTA à 1µg/ml (InvivoGen, San Diego, USA), pendant 20
minutes. Les surnageants de stimulation sont ensuite collectés et sont utilisés pour la
culture avec les bactéries. Dans la suite de ce travail, les milieux seront nommés milieu
stimulé ou milieu non-stimulé au LTA. Les conditions expérimentales sont résumées
dans la figure 16.
77
± LTA
Milieux conditionnés
Fibroblastes pulpaires humains
Bactéries cariogènes
Figure 16. Conditions expérimentales pour les cultures bactériennes et les fibroblastes
pulpaires.
78
3. Quantification de la viabilité bactérienne par test MTT
C. Détection du CAM
Les fibroblastes pulpaires sont cultivés dans des chambres de cultures 8 puits en
verre jusqu’à atteindre 50% de confluence. Les cellules sont lavées avec du PBS, et
cultivées avec 106 bactéries par millilitre, dans un milieu MEM sans sérum, pendant 0
ou 30 minutes à 37 °C. Les cellules et les bactéries sont ensuite fixées avec de la PFA à
4% pendant 20 minutes à 4°C. Les sites de fixation non spécifiques sont par la suite
bloqués avec un tampon PBS/BSA 1% pendant 45 minutes à température ambiante.
Les cellules et les bactéries sont co-incubées pendant 1 heure avec une IgG de lapin
anti-CAM humain (5µg/ml) et une IgM de souris anti-FSP humain (2,5µg/ml) ou leurs
isotypes contrôles. Enfin, après lavages, les cellules et bactéries sont incubées pendant
45 minutes avec des IgG de chèvre anti-IgG de lapin couplées à l’Alexa Fluor 594 (2
µg/ml) ; et des IgM de chèvre anti-IgM de souris couplées à l’Alexa Fluor 488 (2 µg/ml)
79
et avec 1 µg/ml DAPI. Les lames sont ensuite montées et observées par microscopie à
fluorescence.
Les bactéries sont cultivées dans des plaques 96 puits dans 25 µl d’un milieu LB à
une concentration de 106 cellules /ml. Puis sont ajoutés à ce milieu, 25 µl de milieux
stimulés ou non au LTA, en présence ou non d’inhibiteur de la formation du CAM, le
CD59 (6 µg/ml). Après 30 minutes d’incubation à 37 °C, les bactéries sont lavées avec
du PBS et sont fixées avec de la PFA à 4%, pendant 30 minutes à 4°C. A température
ambiante, les sites de fixations non-spécifiques sont ensuite bloqués avec du PBS/BSA
1% pendant 45 minutes. Puis, les bactéries sont co-incubées pendant 1 heure avec une
IgG de lapin anti-CAM humain (50 µg/ml). Après lavage, les bactéries sont incubées
avec une anti-IgG de lapin biotinylée (2 µg/ml) pendant 2 heures. Après lavage, la
visualisation de la réaction s’effectue par l’ajout de la peroxydase de Raifort (HRP)
couplée à la streptavidine (20 minutes) et de son substrat le TMB (20 minutes). Enfin,
les densités optiques sont mesurées avec un lecteur de micro-plaque (∑960 ;
Metertech, Taipei, Taïwan)
XI. Statistiques
80
RESULTATS
81
Première partie : Etude sur le fragment C3a et la régénération pulpo-
dentinaire
82
Figure 17. Le récepteur au C3a est très largement distribué dans la pulpe in vivo.
Coloration Hématoxyline/Eosine (A) et doubles marquages immunofluorescents sur coupes de
tissus pulpaires humains (B à I). Des images représentatives de coupes de pulpes sont choisies
pour les doubles marquages FSP (B, vert), C3aR (E, rouge) et leur superposition (H). De la
même manière, des images représentatives sont choisies pour les doubles marquages STRO-1
(C, vert), C3aR (F, rouge), et leur superposition (I). Les têtes de flèches indiquent la localisation
périvasculaire des cellules STRO-1 positives. Aucun marquage n’est observé dans les coupes
contrôles (D & G). Les noyaux sont colorés avec du DAPI (bleu). Echelles : A = 200 µm ; B-I = 20
µm.
83
II. Caractérisation des cultures de fibroblastes et de cellules souches
pulpaires
Pour étudier l’expression du récepteur sur les fibroblastes et les cellules souches
pulpaires séparément, nous avons effectué un tri cellulaire à l’aide de billes
magnétiques pour isoler les deux populations. Le tri magnétique est réalisé en utilisant
des anticorps anti-STRO-1. Après le tri, les populations de cellules triées STRO-1-
positives et négatives sont cultivées en milieu complet. Les deux populations
cellulaires sont alors caractérisées in vitro (Figure 18 et 19). Après 4 jours de culture,
les cellules isolées STRO-1-positives s’organisent en colonies cellulaires (Figure 18Aa et
18Ab), appelées CFU (Colony Forming Unit). Nous avons caractérisé l’expression du
marqueur de cellules souches mésenchymateuses STRO-1 par marquage
immunofluorescent. Les cellules triées positivement expriment le marqueur STRO-1
(Figure 18Ac). Ce marquage est spécifique, comme l’indique notre contrôle négatif
(Figure 18Ad). Nous avons aussi caractérisé les cellules triées de la fraction négative.
Après 4 jours de culture, les cellules STRO-1-négatives possèdent un aspect
fibroblastiques (Figure 18Ba et 18Bc). Nous avons marqué ces cellules avec le
marqueur de fibroblastes FSP (Fibroblast Surface Protein). Toutes les cellules STRO-1-
négatives expriment le marquer FSP, suggérant ainsi que ces cellules sont des
fibroblastes (Figures 18Bc et 18Bd).
84
A
a b
CFU CFU
c d
B
a b
c d
85
Les résultats des immunomarquages ont été par la suite confirmés par l’analyse
de l’expression des ARNm de gènes de pluripotentialité (Figure 19). Les deux types
cellulaires ont des profils d’expression opposés d’ARNm de KFL4, NANOG, OCT3/4 et
SOX2. Les cellules souches pulpaires ayant la capacité d’être pluripotentes expriment
tous les ARNm des gènes cités précédemment (Figure 19A). Cependant, les
fibroblastes pulpaires, étant des cellules différenciées, n’expriment pas d’ARNm de
KFL4, NANOG, OCT3/4 et SOX2 (Figure 19B).
A Cellules Souches B
Fibroblastes Pulpaires
Pulpaires
Figure 19. Expression des ARNm de gènes de pluripotentialité des cellules souches et des
fibroblastes pulpaires.
(A) Les produits de RT-PCR (ARNm) obtenus à partir des cellules STRO-1-positives concernant
les gênes de pluripotentialité KFL4, NANOG, OCT3/4 et SOX2 confirment qu’elles sont des
cellules souches pulpaires. (B) De la même manière, les produits de RT-PCR obtenus à partir
des cellules STRO-1-négatives confirment qu’elles sont des fibroblastes. Les sondes du gêne
GAPDH sont utilisées comme contrôle d’expression interne.
86
III. Les cellules souches et les fibroblastes pulpaires expriment le C3aR in
vitro
Nous avons confirmé l’expression de récepteur au C3a sur chacun des deux types
cellulaires. Un double marquage immunofluorescent STRO-1/C3aR et FSP/C3aR est
réalisé respectivement sur les cellules souches et les fibroblastes pulpaires (Figure 20).
Les cellules souches pulpaires, exprimant le marqueur STRO-1 (Figure 20a), expriment
le récepteur au C3a (Figures 20c et 20e). Les fibroblastes pulpaires, exprimant le
marqueur FSP (Figure 20b), montrent également une expression de C3aR (Figures 20d
et 20f). Les marquages immunofluorescents sur les cultures de cellules souches et de
fibroblastes pulpaires sont spécifiques comme l’indique l’absence de signal dans les
conditions contrôles (Figures 20g et 20h, respectivement).
87
Cellules souches Fibroblastes
pulpaires pulpaires
a b
c d
e f
g h
Figure 20. Expressions du C3aR par les cultures de cellules souches et de fibroblastes
pulpaires.
Des doubles marquages immunofluorescents ont été réalisés sur les cellules souches et
fibroblastes pulpaires en culture. Les cellules souches pulpaires expriment le marqueur STRO-1
(a) ainsi que le C3aR (c), comme le confirme la superposition d’image (e) et le contrôle négatif
(g). De plus, les fibroblastes pulpaires expriment le marqueur FSP (b) et le C3aR (d), et
confirmé par la superposition d’image (f) et le contrôle négatif (h). Les noyaux sont colorés au
DAPI (bleu). Echelles : 40 µm (a, c, e, g) ; 20 µm (b, d, f, h).
88
Nous avons ensuite confirmé ces résultats par l’analyse des niveaux d’expression
d’ARNm du C3aR dans chacun des deux types cellulaires, par RT-PCR. Ainsi, les cellules
souches et les fibroblastes pulpaires expriment le C3aR (Figure 21).
C3aR
GAPDH
Figure 21. Analyse de l'expression de l'ARNm du C3aR dans les cellules souches et les
fibroblastes pulpaires.
Le niveau d’expression des ARNm du C3aR est analysé par RT-PCR dans les cultures de cellules
souches (gauche) et les fibroblastes pulpaires (droite). La GADPH est utilisée comme contrôle
interne du niveau d’expression des ARNm.
Les résultats observés in vivo sur coupe de pulpe humaines, et ceux observés in
vitro sur les deux populations de cellules soulignent leur cohérence, et par conséquent
l’expression commune du C3aR sur les cellules souches et les fibroblastes pulpaires.
89
test MTT sont présentés en pourcentage du contrôle, qui est une condition où les
cellules sont incubées en absence de C3a.
A
Cellules Souches Pulpaires
150
Exprimée en % du contrôle
Prolifération Cellulaire
* *
100
50
C3a
0
200 1000 2000
ng/ml
B
Fibroblastes Pulpaires
150
*
Exprimée en % du contrôle
Prolifération Cellulaire
100
50
0
C3a
200 1000 2000
ng/ml
Figure 22. Le C3a induit la prolifération des cellules souches et des fibroblastes pulpaires.
Les cellules souches et les fibroblastes pulpaires sont incubés avec des concentrations
croissantes de C3a pendant 3 jours, avant que les tests MTT ne soient réalisés. Les cellules
souches (A) et les fibroblastes pulpaires (B) ne prolifèrent pas avec du C3a à 200 ng/ml. Les
deux types cellulaires prolifèrent à 1000 ng/ml et 2000 ng/ml de C3a, hormis pour les
fibroblastes pulpaires à 2000 ng/ml de C3a. Les résultats sont exprimés en moyennes +/-
Standard Error of the Mean (SEM) (n=3) (* = p-value < 0,05).
90
V. Le C3a mobilise les cellules souches et déclenche une migration
spécifique des fibroblastes pulpaires dépendante d’un gradient
91
observé (rond rouge). Cependant, une augementation de mouvements aléatoires a été
observée. Les fibroblastes pulpaires se sont fortement déplacés vers le réservoir
contenant le C3a, comme souligné par le déplacement du COM (Figure 24E, rond
rouge).
A B C
Cellules
souches
pulpaires
D E F
Fibroblastes
pulpaires
Figure 24. Le C3a mobilise les cellules souches pulpaires et induit la migration spécifique des
fibroblastes pulpaires selon un gradient.
La migration a été analysée dans les chambres microfluidiques en opérant un suivi par
imagerie cellulaire en microscopie optique. Plots représentatifs des migrations cellulaires
soumises à un gradient de C3a. Les moyennes des positions spatiales (coordonnées x et y) sont
utilisées pour calculer le COM pour chaque expérience (rond rouge). (A-C) Plots représentatifs
des cellules souches pulpaires. Les cellules souches pulpaires exprimant le C3aR sont
mobilisées et montrent des mouvements aléatoires, mais ne migrent pas en fonction d’un
gradient de C3a (B), comme décrit par la position centrale du COM. (D-F) Plots représentatifs
des fibroblastes pulpaires. Les fibroblastes pulpaires exprimant aussi le C3aR migrent
spécifiquement vers le réservoir contenant le C3a (E). Le COM se déplace sur le côté droit (sur
l’axe des x), dans la direction du gradient de C3a. En l’absence de gradient de C3a (D), le COM
reste dans le centre du plot, ce qui n’indique aucun déplacement cellulaire. (C, F) La présence
de l’inhibiteur SB290157 dans le CS réduit nettement les mouvements aléatoires des cellules
souches pulpaires (C) et la migration des fibroblastes pulpaires (F), ce qui suggère un effet
spécifique du C3a.
92
Afin de confirmer le déplacement des fibroblastes pulpaires, nous avons analysé
graphiquement et statistiquement les déplacements cellulaires (Figure 25). L’analyse
graphique des cellules souches pulpaires ne montre aucun déplacement significatif du
COM (Figure 25A). En revanche, nous avons observé une différence statistiquement
significative concernant le déplacement du COM des fibroblastes pulpaires vers le
réservoir contenant le C3a (Figure 25B).
A + C3a B + C3a
MEM + C3a MEM + C3a
+ SB290157 + SB290157
Displacements COM (µm)
x y x y x y x y x y x y
C D
*
FMI
x y x y x y x y x y x y
93
cellules migrent selon un gradient. Alors qu’aucune différence statistiquement
significative n’est observée entre le FMIx et le FMIy des cellules souches pulpaires
(Figure 25C), le FMIx des fibroblastes pulpaires (Figure 25D) est statistiquement
supérieur au FMIy (x = 0.21 ± 0.03; y = -0.02 ± 0.01; p < 0,05).
94
Résumé première partie :
• Les fibroblastes pulpaires expriment le FSP, et expriment aussi le C3aR sur des coupes de
pulpes de dents humaines. D’après nos connaissances, c’est la première fois que
l’expression du C3aR est démontrée dans le tissu pulpaire. Cette expression du C3aR a été
confirmée in vitro par RT-PCR et par un double marquage immunofluorescent sur les
cellules souches STRO-1 positives et sur les fibroblastes exprimant le FSP.
• Mes résultats démontrent que le fragment bioactif C3a est impliqué dans la prolifération
des cellules souches et des fibroblastes pulpaires.
• Lorsque les deux types cellulaires ont été soumis à un gradient de C3a dans les
expériences de migration, les cellules souches pulpaires ont été mobilisées de façon
aléatoire, tandis que les fibroblastes pulpaires ont suivi spécifiquement le gradient de C3a.
La migration ainsi observée est très clairement due à la fixation du C3a sur son récepteur.
Après addition de l’antagoniste spécifique du C3a (SB290157) dans le canal central, la
migration des fibroblastes pulpaires a été inhibée.
95
Deuxième partie : Etude sur la capacité du CAM à inhiber la
croissance bactérienne
96
A B
d
d
*
*
p p
C D
d d
* *
p p
E F
G H
Figure 26. Détection des bactéries Streptoccocus mutans sur des coupes de dents cariées
humaines.
Images représentatives des colorations hématoxyline/éosine (A) et de Gram (B) sur coupe de
dents cariées. La coupe montre une dentine partiellement détruite par la lésion carieuse une
infiltration bactérienne dans la dentine, une synthèse de dentine réparatrice et une pulpe
encore saine. Un marquage violet intense a été observé dans la coupe de dents cariée,
indiquant la présence de bactéries à Gram positif (B). (C-H) Marquage immunofluorescent de
S. mutans (rouge) et du Complexe d’Attaque Membranaire (CAM) (vert) sur la dent cariée (C,
E, F, G) et leurs isotypes contrôles (D, H). Les noyaux sont colorés au DAPI (bleu). Un marquage
intense de S. mutans a été observé sur le site de la lésion de la dent cariée (C), qui est
clairement visible à plus fort grossissement dans les tubuli dentinaires (E) et qui est également
corrélé avec un marquage intense du CAM (F, G). (G) Superposition de (E) et (F). Les têtes de
flèches indiquent les lésions carieuses ; les astérisques montrent la dentine réparatrice ; d,
dentine ; p, pulpe. Echelles : 500 µm (A, B, C, D), 50 µm (E, F, G, H).
97
II. La stimulation au LTA de fibroblastes pulpaires humains conduit à la
formation du CAM sur les bactéries cariogénènes à Gram positif S.
mutans et S. sanguis
Dans un travail antérieur, il a été démontré que les fibroblastes pulpaires étaient
capables de synthétiser toutes les molécules du Complément, y compris les molécules
C5b-9 composant le CAM (Chmilewsky et al., 2014a). C’est pourquoi, nous voulions
éclaircir la question suivante : Est-ce que les molécules du CAM sont capables de se
former sur les bactéries cariogènes S. mutans et S. sanguis ?
98
0,7
0,5 * *
0,4
0,3
0,2
0,1
0
Milieux LTA - + + - + +
conditionnés CD59 - - + - - +
S. mutans S. sanguis
Figure 27. Détection enzymatique du complexe d'attaque membranaire (CAM) sur les
bactéries cariogènes à GRAM positif Streptoccocus mutans et sanguis.
Après un contact des bactéries cariogènes avec les milieux conditionnés au LTA, une
augmentation significative de la fixation des CAM sur les bactéries a été observée, par
comparaison à la condition des milieux conditionnés sans LTA (n=3) (* = p < 0,05). Cette
fixation a été complètement inhibée après l’ajout simultané de l’inhibiteur CD59.
99
III. Les CAM produits par les fibroblastes pulpaires stimulés au LTA sont
fonctionnels et peuvent tuer S. mutans et S. sanguis
Nous avons ensuite exploré l’hypothèse selon laquelle les CAM produits par les
fibroblastes pulpaires stimulés au LTA, sont fonctionnels et ont la capacité de tuer les
bactéries cariogènes Gram-positif S. mutans et S. sanguis.
100
Milieux Conditionnés
A
LTA-free LTA LTA + CD59
S. mutans
S. sanguis
B 120
Viabilité bactérienne (exprimée comme %
de la viabilité bactérienne dans un milieu
100
* *
80
LB)
60 * *
40
20
0
LTA - + + - + +
Milieux
conditionnés CD59 - - + - - +
S. mutans S. sanguis
101
IV. S. mutans et S. sanguis induisent directement la production du CAM
par les fibroblastes pulpaires.
L’acide lipotéichoïque utilisé dans cette étude pour stimuler les fibroblastes
pulpaires et permettre la production de CAM est un motif de bactéries à Gram positif.
Nous avons clairement montré la formation fonctionnelle du CAM sur les bactéries
cariogènes à Gram positif. C’est pourquoi, nous avons cherché à savoir si S. mutans et
S. sanguis pouvaient directement stimuler la production de CAM.
Ces résultats montrent que les bactéries cariogènes à Gram positif S. mutans et
S. sanguis stimulent directement la production du CAM par les fibroblastes pulpaires.
102
0 min 30 min
E F G H
I J K L
S. sanguis
M N O P
Figure 29. S. mutans et S. sanguis induisent directement la formation du CAM produits par
les fibroblastes pulpaires.
Des doubles marquages immunofluorescents ont été utilisés pour visualiser le marqueur FSP
en vert et le CAM en rouge à 0 minute (A, E, I, M) et à 30 minutes (B-D, F-H, J-L, N-P) des co-
cultures de fibroblastes humains et de S. mutans et S. sanguis en l’absence (A, B, E, F, I, J, L, M)
ou en présence (C, G, K, O) de CD59. Les co-cultures de fibroblastes et des bactéries peuvent
être observées dans toutes les conditions en images par contraste de phase (E-H, M-P). Aucun
immunomarquage n’a été observé dans les conditions contrôles (A, E, I, M) ou avec un isotype
(D, H, L, P). Un marquage de CAM intense en rouge a été observé sur les bactéries après 30
minutes de co-culture (B, J). La formation du CAM sur les bactéries a été confirmée par une
diminution significative de marquage après l’addition de CD59 dans les co-cultures (C, K).
Echelles : 500 µm.
103
Résumé résultats : Deuxième partie
• In vivo, sur coupe de dents cariées, la présence de S. mutans est corrélée à une
synthèse des CAM au niveau de la lésion carieuse par marquages immunofluorescents.
• Les CAM produits par les fibroblastes stimulés au LTA sont fonctionnels, car ils peuvent
inhiber la croissance de S. mutans et S. sanguis, démontré par un test MTT et un test
de diffusion en puit d’agar.
• Les modèles de co-cultures entre les fibroblastes pulpaires et les bactéries cariogènes
montrent que S. mutans et S. sanguis peuvent induire directement la production des
CAM par les fibroblastes pulpaires.
104
DISCUSSION
105
Ces travaux de thèse ont mis en évidence l’implication de l’activation locale du
système du Complément dans la régénération pulpo-dentinaire d’une part, et dans la
défense contre les bactéries cariogènes d’autre part.
106
Les protéines du Complément comme le C3 sont connues pour être synthétisées
dans le foie et par les cellules immunitaires. Ces protéines sont libérées dans le plasma
où leur activation conduit généralement à la formation du fragment bioactif C3a. De
manière intéressante, des travaux récents ont démontré que les fibroblastes pulpaires
sont l’unique type cellulaire non-immunitaire et non-hépatique capable de synthétiser
toutes les molécules du Complément et leur activation, produisant ainsi des fragments
bioactifs tels que le C5a et le C5b-9 (Chmilewsky et al., 2014a, 2014b, 2015; Jeanneau
et al., 2015). Étant donné que les fibroblastes pulpaires synthétisent le C5a, et sachant
que le C3a est le premier fragment produit par l’activation du Complément, nous
avons émis l’hypothèse que le C3a peut être produit par les fibroblastes et peut jouer
un rôle dans la régénération pulpo-dentinaire.
Dans mon travail de thèse, le C3a a été ajouté aux cellules souches et
fibroblastes pulpaires pour étudier leur possible rôle dans les étapes précoces de la
régénération pulpo-dentinaire. La prolifération des cellules souches et des fibroblastes
pulpaires en réponse au C3a a été analysée dans un premier temps. Nous avons
montré que les cellules souches et les fibroblastes pulpaires prolifèrent en réponse à
une stimulation de 1000 ng/ml de C3a. Cette prolifération est une étape indispensable
à la régénération pulpo-dentinaire. Le fait que la prolifération des fibroblastes
augmente significativement à 1000 ng/ml, et non à des concentrations plus élevées,
est probablement du à l’inhibition de contact parmi les cellules quand elles atteignent
une forte densité. Quand nous avons ensuite étudié le recrutement cellulaire, nos
résultats ont montré que les cellules souches sont mobilisées, mais ne migrent pas en
fonction d’un gradient de C3a. Nous avons émis l’hypothèse que cette mobilisation
était nécessaire, car une mobilisation des cellules souches est indispensable à leur
migration.
Enfin, la valeur ajoutée de cette première partie de mon travail de thèse est de
montrer que les fibroblastes pulpaires sont un autre type cellulaire qui peut être
mobilisé par un fragment bioactif du Complément. Ces résultats montrent que les
fibroblastes pulpaires exprimant le C3aR in vitro et in vivo, migrent selon un gradient
107
de C3a, souligné notamment par l’inhibition de la migration après blocage de
l’interaction entre le C3a et son récepteur sur ces cellules.
En conclusion, ces résultats montrent que le C3a augmente significativement la
prolifération des fibroblastes et des cellules souches pulpaires. Ils montrent également
que le C3a mobilise les cellules souches pulpaires et induit la migration spécifique des
fibroblastes pulpaires selon un gradient de C3a. L’ensemble de ces données souligne
un rôle significatif du fragment C3a dans les étapes précoces de la régénération pulpo-
dentinaire.
Cette observation de la formation des CAM sur les bactéries cariogènes in vivo
peut être due à la production locale du Complément, connaissant la propension des
108
fibroblastes pulpaires à activer le Complément après stimulation bactérienne et
l’apport plasmatique du Complément dans d’autres tissus (Brodsky, 2015; Chmilewsky
et al., 2014a). Pour confirmer que les fibroblastes pulpaires produisent eux-mêmes
tous les éléments requis pour la formation de CAM fonctionnels, les cellules sont
incubées dans un milieu sans sérum avec du LTA, motif bactérien des bactéries Gram-
positives. Nous avons spécialement développé un test enzymatique de détection in
vitro pour quantifier la formation directe des CAM sur les bactéries cariogènes, qui
sont cultivées dans des milieux conditionnés obtenus des fibroblastes pulpaires
stimulés. De cette manière, nous avons démontré la fixation directe des CAM sur S.
mutans et S. sanguis. Quand les bactéries cariogènes ont été incubées avec le CD59
(inhibiteur de la formation des CAM) dans les milieux conditionnés au LTA, la fixation
des CAM a été réduite de façon significative, ce qui indique la fixation spécifique des
CAM sur ces bactéries.
Nous avons ensuite examiné les effets de la fixation des CAM sur la viabilité de S.
mutans et S. sanguis en utilisant une méthode de diffusion en puit d’agar (qualitative)
et un test MTT (quantitatif). Avec la méthode qualitative, nous avons montré que la
fixation des CAM sur S. mutans et S. sanguis inhibe leur croissance. Ces résultats sont
corrélés au test quantitatif MTT qui a démontré une diminution significative de la
viabilité bactérienne. L’utilisation de l’inhibiteur de la formation des CAM (CD59), dans
les milieux conditionnés au LTA, a permis de confirmer que l’inhibition de croissance et
la diminution de la viabilité bactérienne sont dues à la fixation spécifique des MAC sur
les parois des bactéries cariogènes.
Afin de compléter l’investigation des liens directs entre la fixation des CAM
produits par les fibroblastes pulpaires et la destruction des parois bactériennes, nous
avons réalisé des co-cultures de bactéries cariogènes et de fibroblastes pulpaires. Les
fibroblastes ont été ensemencés dans un milieu sans sérum ; les bactéries cariogènes
ont ensuite été ajoutées et des doubles marquages FSP et CAM immunofluorescents
ont été réalisés. Ainsi, nous avons établi que la formation des CAM était clairement
visible après 30 minutes d’incubation avec S. mutans et S. sanguis. L’ajout de CD59
dans les co-cultures a permis d’inhiber la formation des CAM sur les parois des
109
bactéries. Ce système de co-culture nous a montré que lorsque les fibroblastes
pulpaires sont mis en présence de bactéries cariogènes, ces cellules produisent tous
les composants du Complément requis pour la formation du CAM sur les parois des
bactéries. Même si ce point n’a pas été abordé dans mon travail de thèse, il est
intéressant de noter qu’une partie des bactéries cariogènes sont Gram-négatives
(Martin et al., 2002). De ce fait, nous pouvons supposer que la fixation et la
fonctionnalité des CAM sur ces bactéries seraient similaires à ce que l’on peut trouver
dans d’autres études (Berends et al., 2015; Tomlinson et al., 1989). En tout état de
causes, ces résultats mettent en avant les fibroblastes pulpaires, comme le type
cellulaire de la pulpe capable de contrôler directement l’évolution du processus
inflammatoire et la progression bactérienne.
110
bactérienne (Smith et al., 1995a). De plus, les odontoblastes vont également sécréter
des chimiokines pro-inflammatoires par l’activation de leur Toll-like Receptor (TLR) 2
(Farges et al., 2011). Ces chimiokines, comme le CCL2, le CXCL1, CXCL2, CXCL8, et
CXCL10 induisent l’activation et le recrutement des cellules dendritiques immatures et
l’élimination des pathogènes (Farges et al., 2011, 2013; Keller et al., 2010). Dès lors
que les bactéries progressent profondément au contact du complexe pulpo-dentinaire,
l’intégrité de ce dernier est fortement compromise. La masse bactérienne s’installe et
aboutit à des dommages tissulaires importants, mais cette invasion peut être
contrôlée par les fibroblastes pulpaires. Les bactéries cariogènes vont stimuler
l’activation du Complément et permettre la synthèse des complexes d’attaque
membranaire (CAM) par les fibroblastes. Ces complexes ont la capacité de détruire les
bactéries cariogènes S. mutans et S. sanguis par exemple. De cette manière,
l’inflammation qui en découle peut-être relativement maitrisée pour permettre
l’initiation des étapes de régénération pulpo-dentinaire.
En même temps que les fibroblastes pulpaires luttent contre les bactéries
cariogènes via la production des CAM, les odontoblastes, les fibroblastes pulpaires et
le paquet vasculo-nerveux sous-jacent, qui ont été détruits, peuvent être remplacés.
Plusieurs événements vont suivre pour combler et régénérer un tissu fonctionnel. Une
nouvelle génération d’odontoblastes est requise pour protéger la pulpe des bactéries
par la synthèse d’une dentine réparatrice (Massler, 1967; Silverstone, 1973). Pour cela,
les fibroblastes pulpaires vont produire les fragments C3a puis C5a, et vont s’établir
des gradients à partir des sites de la lésion carieuse. Le C3a va mobiliser les cellules
souches pulpaires périvasculaires, et le C5a va les attirer selon un gradient spécifique
vers le site carieux. De plus, le C3a va également attirer les fibroblastes avoisinants par
un gradient spécifique, pour combler le site carieux. Le fragment C3a induira la
prolifération des cellules souches et des fibroblastes pulpaires sur le site de la lésion.
Ces migrations et proliférations cellulaires représentent le point de départ de la
régénération pulpo-dentinaire. Une fois arrivées en regard de la carie, les cellules
souches pulpaires vont pouvoir se différencier en odontoblast-like cells, et vont ainsi
produire de la dentine réparatrice. Cette protection minérale de la pulpe dentaire est
111
alors assurée dans un environnement débarrassé des bactéries par l’activation locale
du système du Complément.
Enfin, le système vaso-moteur et sensitif de la dent peut être altéré lors d’une
lésion carieuse ou d’un traumatisme profond. Les fibroblastes pulpaires seront en ligne
de mire pour induire la régénération nerveuse au niveau pulpaire. En effet, des travaux
récents ont montré que les fibroblastes pulpaires expriment le C5aR après stimulation
par des bactéries cariogènes in vivo et in vitro, et l’interaction directe entre le C5a
(produit par les fibroblastes également) et son récepteur induit la production de BDNF
(Brain-Derived Neurotrophic Factor). De cette manière, ce facteur neurotrophique
induit la croissance nerveuse, notamment par la formation de neurites (Chmilewsky et
al., 2016).
112
A E
1
D
CAM
2
C3aC5a
C3aC5a
C3a 3
C5a
C3a
C5a
C3a C5a
C5a C3a
C3a
C3a
C3a
C5a
C5a
113
Figure 30. Récapitulatif des étapes précoces de la régénération pulpo-dentinaire par
l’activation locale du Complément.
(Schémas d’une coupe de couronne dentaire). (A) 1 Une lésion (carieuse, traumatique) (noir)
ouvre une brèche dans l’émail, et laisse entrer des bactéries cariogènes (vert). Ces dernières
vont dissoudre l’émail et la dentine, et provoquer une perte des odontoblastes et des
fibroblastes pulpaires. 2 L’entrée des bactéries dans la pulpe entraîne une stimulation des
fibroblastes en regard de la lésion. Ceux-ci vont pouvoir sécréter toutes les molécules du
Complément, dont les complexes d’attaque membranaire (CAM). Ces derniers entraînent
l’inhibition de la croissance des bactéries cariogènes et permettent un contrôle de l’infection.
3 De manière concomitante, les fragments C3a et C5a sont sécrétés. (B) 4 Le C3a va mobiliser
les cellules souches des niches périvasculaires et induire leur prolifération (cellues bleues),
ainsi que celle des fibroblastes pulpaires (cellules bleues). Les gradients de C3a (bleu) et C5a
(jaune) vont s’établir à partir du site de la lésion. Le gradient de C3a est responsable de la
migration des fibroblastes pulpaires ; le gradient de C5a est responsable de la migration des
cellules souches pulpaires. 5 Les fibroblastes et les cellules souches, une fois sur le site de la
lésion, ont le potentiel de combler le tissu détruit par l’infection bactérienne, et de régénérer
la couche d’odontoblastes par la différenciation des cellules souches en odontoblast-like cells.
Ainsi, cette nouvelle génération d’odontoblastes va pouvoir sécréter la dentine « réparatrice »
(rose vif). E : émail ; D : dentine ; P : pulpe.
114
PERSPECTIVES
115
Effets des biomatériaux de coiffage sur la
balance inflammation/régénération
116
**
120 *
100%
100
* Contrôle
80
60
40
20
0
Non injured
Intacts Injured
Lésés Biodentine™ TheraCal® Xeno®III
Figure 31. Sécrétion du C5a par les fibroblastes pulpaires lésés au contact des extraits de
biomatériaux.
Les fibroblastes pulpaires lésés sont incubés avec les extraits de biomatériaux (0,05 cm2/ml)
pendant 30 minutes. Les fibroblastes pulpaires intacts et lésés sont cultivés dans du milieu
MEM. Les données sont exprimées en pourcentage des cellules lésées. Les lésions augmentent
la sécrétion de C5a. Quand les fibroblastes sont lésés et incubés avec les extraits de
biomatériaux, la sécrétion de C5a augmente significativement sauf avec le Biodentine. La
sécrétion de C5a est le plus fortement augmentée avec le XénoIII, suivi de près par le Théracal
(n=3, p < 0,05).
Ces résultats soulèvent alors une autre question : la sécrétion de C5a observée
influence-t-elle la régénération ou plutôt l’inflammation pulpaire ? Des
expérimentations sont en cours au sein de notre laboratoire pour tenter d’y répondre.
Après avoir caractérisé l’expression du récepteur au C5a par immunofluorescence,
nous avons mis au point des expériences de migration cellulaire en chambre de
Boyden avec des cellules inflammatoires THP-1 (Monocytes/Macrophages) d’une part,
et des cellules souches pulpaires d’autre part. Nos résultats préliminaires montrent
que l’incubation des fibroblastes lésées avec les extraits du Théracal et de XénoIII, mais
pas le Biodentine, provoquent une diminution de la migration des cellules souches
pulpaires. De plus, le Biodentine et le Théracal, placés au contact des fibroblastes,
diminuent la migration des cellules inflammatoires THP-1.
117
Cette étude complémentaire à mon travail de thèse, démontre que l’activation
du système du Complément par les différents biomatériaux est impliquée dans la
migration de cellules de l’inflammation (THP-1) et des cellules souches pulpaires,
confirmant ainsi un lien étroit entre les deux processus. Cette activation du système du
Complément est directement liée aux fibroblastes pulpaires lésés qui produisent
toutes les molécules du Complément. De plus, ces résultats montrent combien le choix
des matériaux peut être déterminant dans la balance inflammation/régénération du
complexe pulpo-dentinaire. Ces résultats seront complétés par une étude de la
sécrétion du C3a par les fibroblastes pulpaires lésés, en fonction des différents types
de biomatériaux, à l’aide d’un dosage ELISA.
L’effet du C3a sécreté sur la migration des fibroblastes pulpaires, qui expriment
le C3aR, sera également étudié en chambre de Boyden. Des fibroblastes pulpaires
pourront être ensemencés dans la partie inférieure de la chambre, en plaque 12 puits,
puis lésés mécaniquement. Des extraits de biomatériaux seront ensuites ajoutés sur
les fibroblastes. Ensuite, d’autres fibroblastes seront ensemencés dans la partie
supérieure. La migration sera ensuite évaluée après 24 heures, grâce à une coloration
Hématoxyline/Eosine et à une observation par microscopie optique.
118
La phagocytose médiée par le système du
Complément : l’arme fatale pulpaire ?
De plus, les liens étroits qui existent entre la régénération et l’inflammation sont
entretenus par l’activité des fibroblastes pulpaires. Ces derniers sont capables de
synthétiser les molécules du CAM et ainsi induire la lyse des bactéries cariogènes. C’est
pourquoi, nous pourrions investiguer sur un possible rôle de phagocytose des
bactéries par les fibroblastes pulpaires. Nous pourrions dans un premier temps
caractériser le CR1 (ou CD35), qui est un récepteur du C3b, sur les fibroblastes. Comme
décrit dans l’introduction, le C3b est un fragment relargué après le clivage du fragment
C3. Le C3b est aussi appelé opsonine, car il est impliqué dans phagocytose médiée par
le Complément, autrement dit l’opsonisation. Le dépôt de C3b sur les pathogènes
permet, via le CR1, de déclencher la phagocytose. Une des caractéristiques principales
de ce phénomène est l’internalisation des pathogènes par des phagocytes
professionnels dans des phagosomes. Le pH à l’intérieur de ces vésicules va
119
progressivement diminuer au fur et à mesure que des lysosomes vont fusionner avec
celles-ci. L’acidité interne des phago-lysosomes va permettre l’élimnation efficace des
pathogènes.
De cette manière, nous pourrions étudier la fixation du C3b sur les bactéries
cariogènes S. mutans et S. sanguis par immunofluorescence, ou par cytométrie de flux.
Afin d’étudier le phénomène de phagocytose par les fibroblastes pulpaires, nous
pourrions utiliser un marqueur de pH (pHRodoTM) qui devient fluorescent quand
l’acidité augmente. Ainsi, nous souhaiterions proposer un modèle de phagocytose de
bactéries cariogènes, marquées au pHRodoTM, par les fibroblastes pulpaires
préalablement ensemencés. L’origine du C3b, permettant la phagocytose, pourra être
une protéine recombinante, ou alors provenant de la sécrétion des fibroblastes
pulpaires eux-mêmes, suite à la stimulation des bactéries cariogènes. La phagocytose
pourra ensuite être suivie par microscopie à fluorescence.
120
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611074
research-article2015
JDRXXX10.1177/0022034515611074Journal of Dental ResearchCan Pulp Fibroblasts Kill Cariogenic Bacteria?
Abstract
Complement system activation has been shown to be involved in inflammation and regeneration processes that can be observed
within the dental pulp after moderate carious decay. Studies simulating carious injuries in vitro have shown that when human pulp
fibroblasts are stimulated by lipoteichoic acid (LTA), they synthetize all complement components. Complement activation leads to the
formation of the membrane attack complex (MAC), which is known for its bacterial lytic effect. This work was designed to find out
whether human pulp fibroblasts can kill Streptococcus mutans and Streptococcus sanguinis via complement activation. First, histological
staining of carious tooth sections showed that the presence of S. mutans correlated with an intense MAC staining. Next, to simulate
bacterial infection in vitro, human pulp fibroblasts were incubated in serum-free medium with LTA. Quantification by an enzymatic assay
showed a significant increase of MAC formation on bacteria grown in this LTA-conditioned medium. To determine whether the MAC
produced by pulp fibroblasts was functional, bacteria sensitivity to LTA-conditioned medium was evaluated using agar well diffusion
assay and succinyl dehydrogenase (3-(4,5-dimethylthiazol-2-yl)-2,5-diphenyl tetrazolium bromide [MTT]) assay. Both assays showed that
S. mutans and S. sanguinis were sensitive to LTA-conditioned medium. Finally, to evaluate whether MAC formation on cariogenic bacteria,
by pulp fibroblasts, can be directly induced by the presence of these bacteria, a specific coculture model of human pulp fibroblasts and
bacteria was developed. Immunofluorescence revealed an intense MAC labeling on bacteria after direct contact with pulp fibroblasts.
The observed MAC formation and its lethal effects were significantly reduced when CD59, an inhibitor of MAC formation, was added.
Our findings demonstrate that the MAC produced by LTA-stimulated pulp fibroblasts is functional and can kill S. mutans and S. sanguinis.
Taken together, these data clearly highlight the function of pulp fibroblasts in destroying cariogenic bacteria.
Keywords: carious decay, inflammation, membrane attack complex, dental pulp, Streptococcus mutans, microbial viability
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2 Journal of Dental Research
fragment C5a (Chmilewsky et al. 2013; Chmilewsky, Jeanneau, immunoglobulin G (IgG) anti-human MAC (50 µg/mL) or con-
Dejou, et al. 2014) from their niches to the injured site (Shi and trol IgG, followed by secondary antibody Alexa Fluor 488 goat
Gronthos 2003; Téclès et al. 2005). anti-rabbit IgG (2 mg/mL) for 45 min. After washing steps in
Investigation of complement system activation has demon- PBS, the same tooth sections from carious teeth were incubated
strated human pulp fibroblasts to be the first nonimmune cells for 1 h at room temperature with rabbit IgG anti–S. mutans
capable of producing all components required for efficient (50 µg/mL) or control IgG, followed by secondary antibody
complement system activation (Chmilewsky, Jeanneau, Alexa Fluor 594 goat anti-rabbit IgG (2 mg/mL), and with
Laurent, et al. 2014). Reverse transcription–polymerase chain 1 mg/mL 4′,6-diamidino-2-phenylindole (DAPI) counterstain
reaction analyses have demonstrated that under serum-free for 45 min. Some sections were stained with hematoxylin-eosin
condition, primary cultures of human pulp fibroblasts express (H&E) or a tissue Gram stain kit (Sigma-Aldrich, St. Louis,
all complement proteins. Stimulation of human pulp fibro- MO, USA) according to the manufacturer’s instructions.
blasts with lipoteichoic acid (LTA), a complex component of
Gram-positive bacteria cell wall, leads to the release of C5a
fragment and the formation of MAC (Chmilewsky, Jeanneau, Primary Pulp Cell Cultures
Dejou, et al. 2014). Taken together, these data indicate that Human pulp cells were prepared from immature third molars,
complement activation can be simultaneously involved both in freshly extracted for orthodontics reasons in compliance with
the initiation of dentin-pulp regeneration process via C5a pro- French legislation, by the explant outgrowth method (About
duction and in the control of inflammation via the cytolytic et al. 2000). Cells were cultured in minimum essential medium
MAC formation. These studies suggest that Gram-positive car- (MEM) supplemented with 10% FBS, L-glutamine 2 mM,
iogenic bacteria, such as Streptococcus mutans (Loesche 1986; gentamycin 50 µg/mL, and amphotericin B 0.25 µg/mL at
Martin et al. 2002) and Streptococcus sanguinis (Kidd and 37°C in a 95% air:5% CO2 atmosphere.
Beighton 1996; Bourbia et al. 2013), could activate the com-
plement produced by pulp fibroblasts (Chmilewsky, Jeanneau,
Dejou, et al. 2014). Our hypothesis was that Gram-positive Pulp Fibroblast Isolation and Characterization
cariogenic bacteria may induce complement activation by pulp by Immunofluorescence
fibroblasts and that the produced MAC is able to directly kill
Pulp fibroblasts were isolated from primary pulp cell cultures as
these cariogenic bacteria.
previously described (Chmilewsky, Jeanneau, Dejou, et al.
2014). For detection by fluorescence microscopy, cells were
Materials and Methods grown in 8-well glass culture chambers to 70% confluence. For
detection by flow cytometry, 106 cells were washed in PBS,
Reagents trypsinized, and resuspended in 1 mL of PBS. For both, cells
Cell culture materials and reagents were obtained from were fixed with 4% paraformaldehyde (PFA) for 15 min at 4°C,
Dominique Dutscher (Brumath, France). Fetal bovine serum and nonspecific binding sites were blocked with 1% bovine
(FBS) was from Life Technologies (Saint-Aubin, France). serum albumin (BSA) for 1 h. Then cells were incubated for 1 h
MAC antibody, fibroblast surface protein 1 (Fsp-1) antibody, with 2 mg/mL mouse IgM anti-human Fsp-1 or the control IgM
S. mutans antibody, and all isotype controls were obtained isotype. After washing, the cells were incubated 45 min with
from Abcam (Paris, France). Secondary antibodies were Alexa Fluor 488 anti-mouse IgM (2 mg/mL) and with 1 mg/mL
obtained from Life Technologies (Saint-Aubin, France). DAPI counterstain for fluorescence microscopy.
Chemicals were from Carlo-Erba (Val-de-Reuil, France).
LTA Stimulation of Human Pulp Fibroblasts
Molar Teeth Collection Human pulp fibroblasts were grown in 12-well plates. At sub-
confluence, cells were washed 3 times with PBS and then incu-
Human immature third molars, freshly extracted for orthodon- bated in 500 µL of serum-free medium per well with or without
tics reasons, and carious teeth were obtained in compliance LTA (Invitrogen, San Diego, CA, USA) (1 µg/mL). After
with French legislation (informed patient consent and institu- 20 min, the supernatants were harvested and used for the fol-
tional review board approval of the protocol used). Teeth were lowing experiments. This supernatant is called LTA or LTA-free
fixed and routinely processed as described (Téclès et al. 2005). conditioned medium in the next steps (Fig. 1).
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Can Pulp Fibroblasts Kill Cariogenic Bacteria? 3
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4 Journal of Dental Research
This increase was 5-fold higher than that obtained with LTA-
free conditioned medium. When CD59 was added to the LTA-
conditioned medium, MAC fixation on both S. mutans and S.
sanguinis was significantly inhibited. Addition of CD59 to
LTA-free medium had no effect on MAC synthesis or fixation
on S. mutans and S. sanguinis (data not shown).
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Can Pulp Fibroblasts Kill Cariogenic Bacteria? 5
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6 Journal of Dental Research
Figure 5. Streptococcus mutans and Streptococcus sanguinis directly induce membrane attack complex (MAC) production by human pulp fibroblasts.
Immunofluorescence double staining was used to visualize fibroblast surface protein 1 (Fsp-1) in green and MAC in red at 0 min (A, E, I, M) and
30 min (B–D, F–H, J–L, N–P) of cocultures of human pulp fibroblast and S. mutans or S. sanguinis in the absence (A, B, E, F, I, J, M, N) or presence (C,
G, K, O) of CD59. Cocultures of fibroblasts and bacteria can be observed in all conditions on phase-contrast images (E–H, M–P). No immunostaining
was observed in control conditions (A, E, I, M) or with an isotype (D, H, L, P). An intense MAC red labeling was observed on bacteria after 30 min of
coculture (B, J). The formation of MAC on bacteria was confirmed by a signiicant decrease in staining upon addition of CD59 in the cocultures (C, K).
Scale bars: 500 µm.
MAC localization was investigated only on S. mutans in cari- LTA-conditioned medium, MAC fixation was drastically
ous teeth because antibodies to S. sanguinis are not commer- reduced indicating the specificity of MAC fixation on these
cially available. cariogenic bacteria.
The observed MAC fixation on cariogenic bacteria in our Next, we evaluated the effect of MAC fixation on S. mutans
work in vivo could be due to complement activation from and S. sanguinis viability in a qualitative and quantitative man-
plasma as observed in all other tissues (Brodsky 2015). To ner using the agar well diffusion method and the MTT assay,
check whether pulp fibroblasts themselves produce all ele- respectively. With the first method, we demonstrated that MAC
ments required for the formation of a functional MAC, the fixation on both S. mutans and S. sanguinis led to growth inhi-
cells were incubated in serum-free medium with LTA, a motif bition. This qualitative finding correlates with the quantitative
of Gram-positive bacteria. An enzymatic detection assay was MTT assay, which showed a significant decrease in bacterial
specifically developed to quantify MAC formation directly on viability. LTA-conditioned medium containing CD59, an
cariogenic bacteria, which were cultured in conditioned inhibitor of MAC formation used as control in both assays,
medium obtained from LTA-stimulated pulp fibroblasts. This confirmed that the observed growth inhibition and decreased
assay demonstrated the direct fixation of MAC on S. mutans bacterial viability are indeed directly linked to a specific MAC
and S. sanguinis in vitro. When these cariogenic bacteria were fixation on cariogenic bacteria walls. To further demonstrate
coincubated with CD59, a MAC formation inhibitor, in this direct MAC fixation on bacteria walls and subsequent
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Can Pulp Fibroblasts Kill Cariogenic Bacteria? 7
destruction of bacteria directly by pulp fibroblasts via comple- work implies that in cases of reversible pulpitis, clinical out-
ment activation, a specific eukaryote/prokaryote culture tech- come can be improved by maintaining the vitality of the resid-
nique was developed. For this purpose, pulp fibroblasts were ual pulp tissue. Indeed, we demonstrate that in addition to its
plated in serum-free medium, and cariogenic bacteria were capacity to synthesize reparative dentin, the remaining pulp
then added to these cells followed by immunofluorescence tissue has the potential to protect the pulp by directly inhibiting
labeling of Fsp-1 and MAC. Our data show that MAC forma- cariogenic bacterial growth. As a consequence, pulp inflamma-
tion was clearly visible after 30 min on bacteria in the cocul- tion will decrease, and this is a prerequisite to dentin-pulp
tures on both S. mutans and S. sanguinis. Adding CD59 to this regeneration.
coculture inhibited MAC formation on these bacteria. Although
the production levels of all complement components were not Author Contributions
determined directly, this coculture system indicates that when C. Jeanneau, contributed to conception, design, data acquisition,
pulp fibroblasts are subjected to cariogenic bacteria, they pro- analysis, and interpretation, drafted and critically revised the man-
duce the complement components required for direct MAC uscript; P. Rufas, contributed to data acquisition, analysis, and
fixation on cariogenic bacteria. In this work, we tested MAC interpretation, drafted the manuscript; C. Rombouts, contributed
fixation and functional activity on Gram-positive cariogenic to data analysis and interpretation, drafted and critically revised
bacteria. It should be noted that some Gram-negative bacteria the manuscript; T. Giraud, contributed to data acquisition, drafted
(Martin et al. 2002) are also cariogenic. Although Gram- the manuscript; J. Dejou, contributed to data interpretation, criti-
negative cariogenic bacteria were not included in our work, we cally revised the manuscript; I. About, contributed to conception,
speculate that MAC fixation and function would be similar to design, data analysis, and interpretation, drafted and critically
what has been reported in other studies (Tomlinson et al. 1989; revised the manuscript. All authors gave final approval and agree
Berends et al. 2015). Overall, our work clearly shows that pulp to be accountable for all aspects of the work.
fibroblasts play a significant role in the control of the bacterial
progression and the inflammatory process. As such, it partly Acknowledgments
elucidates why dentin regeneration can be observed directly The authors thank Dr. Jean-Charles Gardon for providing the third
under carious lesions and how arrested caries can be frequently molars used in this work. This work was supported by institutional
observed in vivo. funding from Aix-Marseille University and CNRS. The authors
Many studies have been devoted to understanding the mech- declare no potential conflicts of interest with respect to the author-
anisms underlying the pulp/dentin inflammation/regeneration ship and/or publication of this article.
relationships, and many of these studies focused on the role
played by the odontoblasts. These cells are able to synthesize
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153
Regenerative Endodontics
Abstract
Introduction: Complement activation is considered a
major mechanism in innate immunity. Although it is
mainly involved in initiating inflammation, recent data
D eep pulp traumatic
injuries and carious
lesions often lead to odon-
Significance
Knowledge from this work could contribute in the
development of therapeutic agents to target pulp
reported its involvement in other processes such as tis- toblast destruction and
fibroblasts to locally synthetize C3a. This could
sue regeneration. In the dental pulp, complement C5a fibroblast injury. After an
be used in future tissue engineering strategies for
fragment has been shown to be involved in the recruit- inflammatory stage, a new
enhancing dentin-pulp regeneration.
ment of dental pulp stem cells (DPSCs). This study generation of odontoblast-
sought to investigate the possible role of C3a, another like cells is required to
complement fragment, in the early steps of dentin- initiate pulp/dentin complex regeneration (1). This process requires the presence of
pulp regeneration. Methods: Expression of C3a recep- dental pulp stem cells (DPSCs) and their proliferation and migration from the perivas-
tor (C3aR) was investigated by immunofluorescence cular niche to the injury site (2, 3). This also requires proliferation of pulp fibroblasts at
and reverse transcriptase polymerase chain reaction the injured site or their recruitment from adjacent sites to replace the missing pulp. These
on cultured pulp fibroblasts, STRO-1–sorted DPSCs, as initial steps are critical in dentin/pulp regeneration. In a final step, the damaged dentin is
well as on human tooth sections in vivo. The effect then replaced by a reparative dentin secreted by newly differentiated odontoblast-like
of C3a on proliferation of both DPSCs and pulp fibro- cells from DPSCs.
blasts was investigated by MTT assay. Cell migration Complement system belongs to the innate immune system and plays a major role
under a C3a gradient was investigated by using in inflammation and immunity (4, 5). More than 40 proteins orchestrate versatile
microfluidic chemotaxis chambers. Results: C3aR was functions of the complement system. They notably allow clearance of immune
expressed in vivo as well as in cultured pulp fibroblasts complexes and damaged cells, trigger destruction of pathogens, and induce the
co-expressing fibroblast surface protein and in DPSCs recruitment of immune cells (6). This proteolytic cascade rapidly releases various
co-expressing STRO-1. Addition of recombinant C3a inflammatory mediators such as anaphylatoxins (C3a, C4a, and C5a) and leads to
induced a significant proliferation of both cell types. the formation of membrane attack complex C5b-9 on the pathogen surface (6, 7). It
When subjected to a C3a gradient, DPSCs were mobi- has been demonstrated that carious injury, which is the most common human
lized but not specifically recruited, whereas pulp fibro- pathologic condition, activates the complement system. In addition, under bacterial
blasts were specifically recruited following a C3a stimulation, pulp fibroblasts have been shown as the first non-immune cells that secrete
gradient. Conclusions: These results provide the first all functional complement proteins (8). After complement activation, recent data have
demonstration of C3aR expression in the dental pulp shown that cariogenic bacterial growth is inhibited by membrane attack complex for-
and demonstrate that C3a is involved in increasing mation. Furthermore, C5a secretion induces DPSC migration in a gradient-dependent
DPSCs and fibroblast proliferation, in mobilizing DPSCs, manner (9, 10).
and in specifically guiding fibroblast recruitment. This C3a is another complement component released at the early beginning of the com-
provides an additional link to the tight correlation be- plement activation cascade. C3a is a small peptide of 77 amino acids that binds its
tween inflammation and tissue regeneration. (J Endod cognate receptor, the C3a receptor (C3aR) (11, 12). C3a is known to induce
2016;42:1377–1384) migration and activation of leukocytes, trigger smooth muscle cell contraction, and
increase endothelial permeability (13–16). C3aR belongs to the G-protein coupled
Key Words receptor family. It has been clearly established that C3aR is widely expressed by
Chemotaxis, complement, dentin-pulp, microfluidics, many immune and non-immune cells (17). The large distribution of C3aR within
regeneration most tissues allows C3a to act efficiently during tissue development and regeneration.
It has been shown that C3a fragment is involved in embryonic chick retina regeneration
From the *Aix Marseille Universit!e, CNRS, ISM, Institute of Movement Sciences; and †APHM, Service d’Odontologie, H^opital Timone, Marseille, France.
Address requests for reprints to Prof Imad About, Institut des Sciences du Mouvement (ISM), UMR 7287 CNRS and Universit!e d’Aix-Marseille, Facult!e d’Odontologie,
27 BD Jean Moulin, 13385 Marseille, France. E-mail address: imad.about@univ-amu.fr
0099-2399/$ - see front matter
Copyright ª 2016 Published by Elsevier Inc, on behalf of American Association of Endodontists.
http://dx.doi.org/10.1016/j.joen.2016.06.011
JOE — Volume 42, Number 9, September 2016 Complement C3a Initiates Dentin/Pulp Regeneration 1377
154
Regenerative Endodontics
(18) by stimulating resident stem/progenitor cells. Furthermore, a processed as described (3). Before pulp sections were stained, antigen
study on collective cell migration showed that complement C3a gradient retrieval was performed as described (9). Sections were incubated for
can co-attract cohesive clusters of migrating mesenchymal stem cells 2 hours at room temperature with mouse immunoglobulin Ig M anti-
(MSCs) during neural crest formation (19). Similarly, it has been human FSP (5 mg/mL) and rabbit IgG anti-human C3aR (2 mg/mL)
reported that human MSCs are chemoattracted by C3a and C5a to injury or control isotypes. This was followed by 45-minute incubation with
sites, where mobilization and recruitment of MSCs are required for secondary antibody Alexa Fluor 488 goat anti-rabbit IgG (2 mg/mL)
wound healing (20). Thus, C3a/C3aR interactions represent one of and Alexa Fluor 594 goat anti-rabbit IgG (1.25 mg/mL) and counter-
the major pathways involved in tissue regeneration. However, little is stained with 1 mg/mL 40 ,6-diamidino-2-phenylindole (DAPI). Some
known about its involvement during pulp/dentin complex regeneration. sections were stained with hematoxylin-eosin.
This study was sought to check whether C3a could be involved in the
initial steps of dentin-pulp regeneration.
Primary Pulp Cell Cultures
Materials and Methods Primary pulp cells were prepared from immature third molars
Reagent by the explant outgrowth method (21). The teeth were obtained
Cell culture materials and reagents were from Dominique from 3 different donors for each experiment (4 molars/donor).
Dutscher (Brumath, France). C3aR, fibroblast surface protein (FSP) Pulp cells were cultured in minimal essential medium (MEM) as
antibodies, and all isotype controls were from Abcam (Paris, France). described (9).
STRO-1 antibodies and recombinant human C3a were from R&D Sys-
tems (Lille, France). Secondary antibodies were obtained from Life
Technologies (Saint-Aubin, France). Chemicals were from Carlo-Erba Magnetic Cell Sorting
(Val-de-Reuil, France). STRO-1 pulp stem cells were sorted from cell cultures with mouse
anti-human STRO-1 IgM antibodies and immune magnetic beads
Immunohistochemistry according to the manufacturer’s protocol (Dynal, Oslo, Norway). Cell
Pulps were extracted from human immature third molars that sorting was performed in triplicate on cell cultures at passages 1–5.
were freshly extracted for orthodontic reasons in compliance with STRO-1–sorted cells are referred to as DPSCs. Each of the following
French legislation (informed patients’ consent and institutional review experiments was performed in triplicate on the same passage (2–6)
board approval of the protocol used). Pulps were fixed and routinely on DPSCs versus STRO-1–negative cells.
Figure 1. Expression of C3aR is a common feature of the pulp in vivo. Hematoxylin/eosin (A) and immunofluorescence (B–I) double staining of human pulp
tissue section. Blue and green boxes indicate selected areas for FSP and STRO-1 immunofluorescence double staining. Representative images are given for pulp
tissue sections double stained for FSP (B, green) and C3aR (E, red) and their merge (H). Double staining was performed as well for STRO-1 (C, green) and C3aR
(F, red) and their merge (I). Arrowheads indicate STRO-1–positive cells located in the perivascular region. No immunostaining was observed in controls (D and
G). (A) Scale bar = 200 mm. (B–I) Scale bars = 20 mm.
Figure 2. Expression of C3aR on DPSCs and pulp fibroblasts. (A) DPSCs were isolated from human pulp tissue by magnetic positive isolation using STRO-1
antibodies. (a and b) Phase-contrast images of STRO-1–positive fractions. STRO-1–sorted cells formed a characteristic CFU organization in vitro (arrows).
Efficient cell isolation was confirmed by immunofluorescence staining. All STRO-1–sorted cells expressed STRO-1 marker (c, green), compared with the negative
control (d). RT-PCR (e) products from STRO-1–sorted cells for KFL4, NANOG, OCT3/4, and SOX2 confirmed that these were DPSCs. (B) Cells from the STRO-1–
negative fraction were expanded (a and b) and immunostained. These negative cell fractions exhibited intense FSP staining (c, green), compared with the nega-
tive control (d). This indicated that STRO-1–negative cells were mainly fibroblastic. RT-PCR (e) confirmed that STRO-1–negative cells do not express stem cell
markers. (Aa and Ba) Scale bars = 200 mm. (Ab and Bb) Scale bars = 50 mm. (Ac, Ad, Bc, and Bd) Scale bars = 40 mm. Nuclei were stained with DAPI (blue).
GAPDH was used as housekeeping control (continued).
Immunofluorescence Double Staining Fluor 594 goat anti-rabbit IgG (1.25 mg/mL) and counterstained with
Cells were grown in 8-well glass culture chambers. Subconfluent 1 mg/mL DAPI.
cells were fixed (4% paraformaldehyde) for 20 minutes at 4! C, and
nonspecific binding sites were blocked with 0.5% bovine serum albu- Microfluidic Chemotaxis Assays
min for 1 hour. Then cells were incubated for 2 hours simultaneously Migration of pulp fibroblasts and DPSCs was analyzed by using live-
with mouse IgM anti-human STRO-1 (5 mg/mL) or mouse IgM anti- cell tracking in 3-dimensional microfluidic chemotaxis chambers
human FSP (5 mg/mL) and rabbit IgG anti-human C3aR (2 mg/mL) (IBIDI, Marne-la-Vall!ee, France) as described (9, 22). Cells (2.5 "
or control isotypes. After washing, the cells were incubated 45 minutes 106/mL) were seeded in the connecting slit (CS) with or without
with Alexa Fluor 488 goat anti-mouse IgM (1.25 mg/mL) and Alexa 1 mmol/L C3aR specific antagonist SB290157 (Merck Millipore,
JOE — Volume 42, Number 9, September 2016 Complement C3a Initiates Dentin/Pulp Regeneration 1379
156
Regenerative Endodontics
Figure 2. (Continued). (C) Immunofluorescence double staining was performed on DPSCs and pulp fibroblasts. DPSCs (a) and pulp fibroblasts (b) showed
high expression of STRO-1 and FSP (green), respectively. Both DPSCs (c) and pulp fibroblasts (d) expressed C3aR (red). Merged pictures show expression of C3aR
on DPSCs (e) and pulp fibroblasts (f), respectively, as compared with negative controls (g and h). Nuclei were counterstained with DAPI (blue). (a, c, e, and g)
Scale bars = 40 mm. (b, d, f, and h) Scale bars = 20 mm. (D) RT-PCR products confirmed C3aR expression in DPSCs (left) and pulp fibroblasts (right). GAPDH
was used as housekeeping control.
Proliferation Tests
DPSCs and pulp fibroblasts were seeded separately into 96-well
plates at 9000 cells/cm2 and incubated overnight to allow cell attach-
ment and recovery. After washing with phosphate-buffered saline, cells
were stimulated with MEM containing increasing C3a concentrations
(200, 1000, and 2000 ng/mL). After incubation for 3 days, MTT assay
was performed as described (23). Results were expressed as percent-
age of controls (untreated cells).
Statistical Analysis Figure 3. C3a induced DPSC and pulp fibroblast proliferation. DSPCs and
All experiments were repeated 3 times to compare the different pulp fibroblasts were incubated with increasing C3a concentrations for
treatments and their respective controls. Data are expressed as 3 days before MTT assays were performed. Data are expressed as percentage
means ! standard error of the mean. Statistical significance was set of control. (A and B) DPSCs and pulp fibroblasts did not show any prolifera-
at P < .05. tion with C3a at 200 ng/mL. However, C3a significantly increased DPSC prolif-
eration at 1000 and 2000 ng/mL. Pulp fibroblast proliferation significantly
increased in C3a medium at 1000 ng/mL. No increase was observed at
Results 2000 ng/mL. Bars represent mean values ! standard error of the mean
C3aR Expression in the Human Dental Pulp (n = 3) (*P < .05).
Two random areas of the dental pulp were selected from
hematoxylin-eosin sections (Fig. 1A) for immunofluorescence analysis.
Fluorescence images show FSP expression on pulp fibroblasts and FSP/C3aR (Fig. 2Cb, d, f) double immunostaining images as
(Fig. 1B), whereas STRO-1 is expressed in the perivascular area compared with control isotypes (Fig. 2Cg and h). C3aR was also de-
(Fig. 1C) as compared with control isotypes (Fig. 1D). C3aR is widely tected by RT-PCR analysis on both DPSCs and pulp fibroblasts (Fig. 2D).
expressed in the dental pulp cells (Fig. 1E and F) as compared with con-
trol isotypes (Fig. 1G). Merge images show that C3aR is co-expressed
both in fibroblasts (Fig. 1H) and in DPSCs (Fig. 1I). C3a Induces Fibroblasts and DPSC Proliferation
No increase in cell proliferation was observed when DPSCs and
C3aR Is Expressed in Cultured DPSCs pulp fibroblasts were incubated with C3a at 200 ng/mL. However, a sig-
nificant increase in DPSC proliferation was observed after 3 days in
and Pulp Fibroblasts
response to C3a at 1000 and 2000 ng/mL (P < .05, n = 3) as compared
After 4 days of culture, STRO-1–sorted cells established colony-
with the control. C3a induced a significant increase in pulp fibroblast
forming units (CFUs) characteristic of stem cells (Fig. 2Aa and b). After
proliferation at 1000 ng/mL (Fig. 3).
expansion, all expressed STRO-1 marker (Fig. 2Ac) as compared with
negative control (Fig. 2Ad). Reverse transcriptase (RT)-PCR analysis re-
vealed that STRO-1–sorted cells expressed 4 stem cell transcription fac- C3a Mobilizes DPSCs and Triggers a Gradient-dependent
tors: KLF4, NANOG, OCT3/4, and SOX2 (Fig. 2Ae). The STRO-1–negative Specific Migration of Pulp Fibroblasts
cell population had a fibroblastic appearance (Fig. 2Ba and b). Immu- The ability of DPSCs and pulp fibroblasts to migrate following a
nofluorescence showed that they express FSP (Fig. 2Bc) as compared gradient of C3a was investigated by using a microfluidic chemotaxis
with the negative control (Fig. 2Bd). Moreover, RT-PCR did not show chamber (Fig. 4A). The spatial averages of all cell positions (x and y
expression of stem cell transcription factors (Fig. 2Be). Therefore, coordinates) correspond to the center of mass (COM) of all cells.
the STRO-1–sorted cells will be designated as DPSCs and the The displacement of COM was the difference between the initial
STRO-1–negative cells as pulp fibroblasts. All DPSCs and pulp fibro- and the end COM values. For each condition, 1 representative exper-
blasts expressed C3aR as confirmed on STRO-1/C3aR (Fig. 2Ca, c, e) iment is presented in cell trajectory plots (Fig. 4B). When both
JOE — Volume 42, Number 9, September 2016 Complement C3a Initiates Dentin/Pulp Regeneration 1381
158
Regenerative Endodontics
Figure 4. C3a mobilized DPSCs and provided a specific gradient for pulp fibroblast migration. Cell migration was studied by using 3-dimensional microfluidic
chemotaxis chambers and was recorded by using live-cell tracking microscopy. (A) Schematic (left) and microscopic (right) views of a chemotaxis chamber.
Seeding of pulp fibroblasts into CS is followed by C3a-MEM filling of the right-side reservoir (green). (B) Representative plots of cell migrations submitted to
a C3a gradient. Spatial average positions (x and y coordinates) of cells were used to calculate the COM for each experiment (red dots). (a–c) Representative
plots of DPSCs. Although DPSCs express C3aR, they were mobilized and show random movements but did not migrate under a C3a gradient (b), as illustrated
by the COM central position. (d–f) Representative plots of pulp fibroblasts. C3aR-expressing pulp fibroblasts specifically migrate toward the C3a-filled reservoir
(e). COM shifts on the right side (x axis) in the direction of C3a gradient. In the absence of a C3a gradient (d), COM remains in the plot center, indicating no cell
displacement. (c and f) Presence of the inhibitor SB290157 in the CS clearly reduces random movements of DPSCs (c) and migration of pulp fibroblasts (f),
suggesting a specific effect of C3a. (C) Graphical and statistical analyses of cell migration. When C3a gradient is generated, only the COM of pulp fibroblasts
(b) shows a statistically significant displacement toward the x axis, compared with DPSCs (a). Although no significant displacement was obtained with DPSCs
(c), the FMIx of pulp fibroblast displacements (d) is significantly higher than FMIy, indicating that pulp fibroblasts migrate according to a C3a gradient. Bars
represent mean values ! standard error of the mean (n = 3) (*P < .05).
159
1382 Rufas et al. JOE — Volume 42, Number 9, September 2016
Regenerative Endodontics
reservoirs were filled with MEM (gray), a random movement of The pulp tissue has a particular conformational architecture.
DPSCs (Fig. 4Ba) and pulp fibroblasts (Fig. 4Bd) was observed; Because the pulp is located within an inextensible environment, the bal-
the COM remained in a central position (red dots). Surprisingly, ance between inflammatory and regeneration signals reviewed in the
when C3a gradient was applied (green), DPSCs showed random Journal of Endodontics (33) is crucial in the regeneration process.
movements but did not migrate (Fig. 4Bb); no COM displacement Although regeneration can be hindered by severe inflammation, mild
was observed (red dot). However, pulp fibroblasts promptly moved inflammatory reactions might be beneficial for the regeneration process
toward C3a filled reservoir as demonstrated by the COM displace- (33). During deep carious decay or traumatic injuries, the odonto-
ment (Fig. 4Be, red dot). Graphical analyses (Fig. 4Ca) of DPSCs blastic layer and pulp tissue can be partially destroyed. New generation
did not reveal any significant COM displacement. However, a signif- of odontoblasts and proliferation of pulp fibroblasts are then needed to
icant statistical difference was clearly observed for pulp fibroblast replace the destroyed tissue. Previous studies have shown that after
COM displacement toward C3a (Fig. 4Cb). complement activation, DPSCs migrate responding to a specific C5a
To determine whether DPSCs and pulp fibroblasts migrate accord- gradient (8, 9), legitimizing the study of the role of another
ing to a C3a gradient, forward migration indexes parallel (FMIx) and complement component, the C3a fragment. This study first checked
perpendicular (FMIy) to the gradient, corresponding to x and y direc- whether C3a could induce DPSC and pulp fibroblast proliferation.
tions, respectively, were investigated. An FMIx higher than FMIy suggests Results show that both DSPCs and pulp fibroblasts proliferate in
that cells migrate following a gradient. Although no statistical signifi- response to C3a stimulation at 1000 ng/mL. This represents a major
cance was observed between FMIx and FMIy for DPSCs (Fig. 4Cc), requirement for dentin-pulp regeneration because proliferation of
FMIx of pulp fibroblasts (Fig. 4Cd) was significantly higher than FMIy both cell types is required to regenerate the destroyed pulp tissue.
(P < .05). The fact that fibroblast proliferation significantly increased with C3a
Moreover, we examined whether the interaction between C3a and at 1000 ng/mL but not at a higher concentration may be due to contact
its cognate receptor was specific. For this purpose, we added C3aR inhibition among these cells when they reach a high density.
specific antagonist (SB290157) (24) within the CS (blue). Under this Complement proteins including C3 are known to be synthesized in
condition, pulp fibroblast migration was completely inhibited the liver and immune cells (34). They are released into the plasma
(Fig. 4Bf, Cb, and Cd), and the random movements of DPSCs decreased where their activation leads to the formation of the bioactive C3a frag-
(Fig. 4Bc, Ca, and Cc). Thus, DPSCs were mobilized by C3a, whereas ment. In this experimental work, C3a was added to DPSCs and pulp
only pulp fibroblasts migrated following a specific C3a gradient. fibroblasts to investigate its possible role in the initial steps of dentin-
pulp regeneration. Interestingly, recent studies demonstrated that
pulp fibroblasts represent the only non-immune and non-hepatic cell
type capable of synthesizing all complement proteins and their activa-
Discussion tion leading to the release of active fragments such as C5a and C5b-9
Data from this study clearly indicate that the complement-derived (8, 10, 35, 36). Because pulp fibroblasts have been shown to
C3a is involved in both DPSCs and fibroblast proliferation and in pulp produce C5a (8) and because C3a is the first fragment to be released
fibroblast recruitment following a C3a gradient. This is demonstrated on after complement activation, this fragment might be produced locally,
pulp sections where pulp fibroblasts expressing FSP also express C3aR. in addition to its release from plasma, by the fibroblasts to regulate
To our knowledge, this is the first time that expression of C3aR is the dentin-pulp regeneration process.
demonstrated within the pulp tissue. This is confirmed in vitro by Finally, the added value of this study is to demonstrate the pulp
RT-PCR and immunofluorescence double staining, which show DPSCs fibroblast as another cell type that could be mobilized by a complement
co-expressing STRO-1 and C3aR and fibroblasts co-expressing FSP and active fragment. Indeed, this study shows that pulp fibroblasts that
C3aR. Surprisingly, when both cell types were submitted to a C3a express C3aR both in vitro and in vivo follow a C3a gradient, as
gradient, random cellular movement was observed for DPSCs that did demonstrated by inhibiting this migration on blocking the interaction
not follow the C3a gradient, whereas pulp fibroblasts specifically between C3a and its receptor on these cells. These results also clearly
migrated following the C3a gradient. This mobilization of stem cells demonstrate that C3a significantly increased pulp fibroblast and DPSC
from their environment may be required as an initial step for them to proliferation. Overall, this study underlines a significant role for
subsequently follow a C5a gradient. During complement activation, the complement C3a fragment in the initial steps of dentin-pulp regen-
C3a is the first active fragment to be produced, and this is followed eration.
by C5a. Thus, although C3a first mobilizes stem cells, C5a provides
the chemotactic gradient for their migration (9).
The observed migration was clearly due to C3a fixation on its
receptor. When C3aR specific antagonist (SB290157) was applied in
the CS, the pulp fibroblast migration was inhibited.
Acknowledgments
Complement system has been largely reported as a mechanism The authors thank Dr Jean-Charles Gardon for providing the
of innate immunity. However, recent data reported on the implication teeth.
of complement activation during tissue regeneration processes This work was supported by Aix-Marseille Universit!e and
(25–31). Moreover, involvement of complement activation in dentin CNRS.
pulp regeneration has also been described by the recruitment of The authors deny any conflicts of interest related to this study.
DPSCs by a C5a gradient (9). Many studies focused on the ability of
C5a and C3a to induce stem cell migration to injured sites and the ability
to induce their proliferation and differentiation. Stem cells derived from
embryonic mesoderm appear to be relevant targets of C3a and C5a. This Supplementary Material
is the case for adult mouse neural stem cells, expressing a functional Supplementary material associated with this article can be
C3aR (32), where the specific binding of C3a triggered their migration found in the online version at www.jendodon.com (http://dx.doi.
and differentiation. org/10.1016/j.joen.2016.06.011).
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