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Plongée dans ses rêveries, Séraphina en oubliait presque

l'absence de client dans sa boutique, les mains posées sur


le comptoir, le regard dans le vide, elle repensait à son
voyage très reposant en Toscane. Rassembler ses
économies pour se payer ce voyage tenait d'un miracle,
mais elle avait réussi et elle avait pu se ressourcer pour
affronter bien des problèmes de son quotidien.
— Mademoiselle que faite vous ici sortez !
Rapidement revenu à la réalité, Séraphina s'était redressée
en regardant son interlocuteur âgé d'une cinquantaine
d'années, casque d'ouvrier à la main.
— Je vous demande pardon ? C'est mon magasin ici.
Visiblement surpris, il était rentré en regardant l'extérieur
inquiet. Vous n'êtes pas au courant ?
— Au courant de quoi ? Fit-elle sans comprendre. — Ce
bâtiment est sur le point d'être démoli personne ne vous a
prévenu ?
Le sol se dérobait sous ses pieds, avant de serrer ses doigts
sur le comptoir fraîchement repeint à ses soins.
— Je vous demande pardon ?
— Cet immeuble vient d'être racheté pour en faire un
building, tout le monde est partit sauf vous. Remarqua
l'homme mal à l'aise.
— Mais je ne suis pas au courant de ça ! Vous n'allez pas
démolir ma boutique ! S'écria Séraphina en plongeant dans
un cauchemar bien réel.
— Ce sont les ordres je regrette mademoiselle.
Les poings serrés contre sa robe, Séraphina sentait la
colère monter.
— Et bien je n'ai pas l'intention de vous laisser détruire ma
boutique !
Serrant son casque contre son bras, il lui avait lancé un
regard désolé.
Alors que le ciel s'écroulait sur sa tête le son de sa petite
clochette avait retenti.
— Qu'est-ce qui se passe, gronda une voix grave comme le
bruit d'un tonnerre. Vous allez le démolir cet immeuble,
je n'ai pas toute la journée !
Face à face avec sûrement l'homme à l'origine du
problème, Séraphina s'était engoncée un peu plus dans le
sol en le détaillant.
Un étranger !
Le teint bronzé, son corps avait dépassé de trois bonnes
têtes l'ouvrier, le regard noir aussi sombre qu'une nuit sans
lune, son visage marqué par des traits sévères n'avaient
pas manqué de la faire fléchir avant de se reprendre.
— c'est vous l'auteur de toute cette mascarade ! Demanda-
t-elle en le pointant du doigt.
Si grand qu'il était, il s'était rapproché d'elle, en la
regardant, songeur.
— A qui ai-je l'honneur ?
— A votre pire cauchemar si vous n'arrêtez pas ce cinéma
toute suite !
Levant le menton en signe de défiance, Séraphina avait
l'impression que ça tête allait se décrocher.
Les yeux plissés en laissant ses sourcils épais et noirs
assombrir son regard, il s'était avancé un peu plus.
— Et si vous m'expliquiez le problème ?
— J'habite ici c'est mon magasin et je n'ai pas moindre
intention de partir c'est suffisant comme explication !
Détournant son regard vers l'homme d'une cinquantaine
d'années, l'étranger l'avait foudroyé du regard.
— Je n'étais pas au courant, je vous assure. Se justifia
l'ouvrier.
— vous m'aviez dit que ce magasin était condamné. Siffla-t-
il avec un accent sensuel.
— Ah parce que quand on part en vacance ça signifie que
notre boutique n'a plus aucune importance
? S’interposa Séraphina.
Tournant sa tête vers elle, Séraphina avait juré qu'il l'a
déshabillé du regard.
— Il y a un terrible malentendu mademoiselle, les
occupants ont étaient prévenus, je vais vous dédommagez
comme les autres.
— Comment ça vous allez me dédommager ?
— Et bien vous logez autre part en attendant que....
— Je crois, qu'il y a effectivement un affreux
malentendu. Coupa-t-elle. Je n'ai pas l'intention de bouger
d'ici.
D'une posture agacée, sous les yeux de l'ouvrier, il s'était
rapproché si près qu'elle s'était reculé le souffle coupé.
— Ecoutez cet immeuble va être détruit dans quelques
minutes, monter chercher vos affaires je suis sûr qu'on
peut trouver un arrangement.
— pour qui vous, vous prenez je ne vous laisserais pas
détruire ma boutique !
Les yeux dans les yeux, Séraphina tenait bon devant son
regarde de glace. Il avait glissé ses yeux le long de son
corps sans aucune gêne et elle réprima un léger frisson.
— Ai-je le droit de savoir comment vous, vous nommez ?
— Non, allez-vous en d'ici ! Aller construire vos buildings
ailleurs dans votre pays par exemple !
Alors que le son d'une machine venait de se mettre en
route, il avait serré les poings.
— Allez-leur dire de couper toute suite, laissez-moi cinq
minutes. Ordonna-t-il.
Cinq minutes !
Passant derrière le comptoir Séraphina n'avait pas
l'intention d'en découdre.

D'abord en colère, Haydar s'était vu un instant se laisser


perturber par la jeune femme aux cheveux ambrés, ses
yeux bleus l'avaient saisi à tel point qu'il avait réussi à
contrôler ses nerfs pour la première fois.
— Ecoutez mademoiselle je pense que......mais bon sang
que faite vous ! Gronda Haydar en la voyant sauter sur sa
chaise, ruban adhésif à la main.
— Je vais m'attacher à cette chaise si vous voulez abattre
cet immeuble, il va falloir m'abattre
avec. Déclara Séraphina fermement. J'espère que vous
trouverez le sommeil après ça. Ajouta-t-elle.
D'un pas furibond, il avait serré les accoudoirs un sourire
mi agacé mi arrogant.
— J'ai tué plus d'un homme mademoiselle en période de
guerre et mon sommeil était paisible. Dit-il d'une voix
grinçante.
Battant ses longs cils d'orée devant son
visage, Haydar pensait lui avoir fait peur avant qu'elle ne
tire le ruban devant ses yeux.
— Vous pensez avoir le droit d'expulser des gens comme ça
à votre bon plaisir ! Rétorqua la jeune femme d'une voix si
douce qu'il avait du mal à savoir si elle voulait l'attendrir ou
si c'était naturel.
— et puis vous êtes qui d'abord ?
D'un sourire dévastateur, il s'était redressé le corps
parfaitement allongé.
— Haydar Soltan, sultan de Saharazan.
Sous la surprise, Séraphina avait décollé ses doigts
emmêlés en battant des cils.
Les sultans existaient que dans les livres pensa Séraphina.
— Maintenant que je vous ai dit qui j'étais, c'est à votre
tour. Ordonna-t-il d’une voix brusque
— Johanna ! Mentis la jeune femme avec la ferme intention
de garder son identité secrète.
Si elle n'aimait pas mentir, Séraphina préférait garder une
certaine sécurité.
— Ça suffit arrêtez de vous scotcher comme ça ! Je cesse
les travaux.
Relevant la tête, elle s'était perdue dans ses yeux noirs un
instant avant de se libérer.
— Mais je n'ai pas l'intention de céder
mademoiselle. Ajouta l'homme en ouvrant la porte
sèchement.
Tirant les rideaux en fermant la porte, elle avait écarté le
tissu en le voyant faire demi-tour, avant de reprendre son
chemin pour faire de grands gestes à la foule
de personne autour de l'immeuble. Grimpant dans une
voiture qui ne pouvait pas passé inaperçu, la femme qui
l'accompagnait, marquée d'une élégance trop extravagante,
l'avait suivi en soulevant ses talons.
Lâchant toute l'air qu'elle avait bloqué dans sa
poitrine, Séraphina avait regardé sa boutique tristement en
sachant qu'elle ne pourrait la garder. Il avait sûrement une
bonne partie d'hommes puissants de son côté, et elle toute
seule, ne ferait pas le
poids. Agacée, Séraphina commençait déjà à assurer ses
arrières en regardant les ouvriers au loin. Sacrifier sa
boutique pour reprendre tout à zéro était de la folie
mais que lui restait-il comme choix ?

— Mademoiselle vous êtes sûre ? Demanda le même


homme de tout à l'heure une pointe de regret dans la
voix. Carton à la main après avoir rassemblé ses
affaires, Séraphina avait regardé sa boutique le cœur
serré.
— Je n'ai pas le choix et vous le savez tout autant que moi.
Après les avoir retenues, Séraphina ne pouvait plus
retourner en arrière, ses hommes n'allaient pas attendre
toute la journée.
— Vous avez de quoi vous logez ?
Ne montrant aucune émotion alors qu'elle en était
submergée, elle avait répondu péniblement.
— Oui bien sûr. Avait-elle menti en sortant, valise à la
main.
Passant les barrières de sécurité, elle s'était retournée pour
voir l'affreux spectacle du bâtiment qui commençait à
s'effondrer. Dans un dernier regard de compassion avec
l'ouvrier, elle était partie à pieds, une larme à l'œil.
De ruelle en ruelle de plus en plus sombre, elle avait fini
par trouver son chemin les pieds douloureux à force de
marcher depuis une heure.
— Séraphina ! Que fais-tu ici ? S'écria Jonas.
— Très longue histoire....

— Muraht va plus vite s'il te plaît.


Une main sur son visage, pensif, Haydar n'avait presque
pas fermé l'œil de la nuit. Pour la première fois de sa vie,
une femme lui avait tenu tête, ne cédant jamais, il s'était
plié comme un vulgaire salarié. Mais il avait décidé de lui
montrer à qui elle avait à faire, même si pour ça, il fallait la
jeter sur son épaule pour la forcer à sortir. Et à cette
idée, Haydar en était déjà content d'avance. Montrer à
cette jeune femme l'autorité qu'il avait, ne l'empêchait pas
de profiter de toucher ses courbes alléchantes. Essayant de
percer à lui tout seuls les mystères de
cette Johanna, Haydar se demandait avant toute chose,
quel était son âge, pour détenir si jeune son propre
magasin.
— Pourquoi tu t'es laissé faire par une idiote ? Lança sa
maîtresse en retirant ses talons.
— Il me semblait t'avoir dit de te taire. Tu n'es pas en
mesure de donner ton avis tu m’as compris et ce n'est pas
une idiote. Tonna Haydar sévèrement en ne lui laissant
aucune chance de répliquer.
Si d'habitude, il aimait l'avoir comme maîtresse, il aimait
surtout quand elle se taisait.
— Quand tu essayes d'être hautaine avec moi, regarde ton
poignet ça t'aidera à réfléchir. Rajouta Haydar en
désignant le bijou.
— Votre altesse c'est vous qui avez donné l'ordre
? Lança Muraht en ralentissant la voiture.
— Quel ordre ? Fit-il agacé.
— Celui-là. Dit-il avec prudence en pointant l'horizon.
Sautant de la voiture en marche, Haydar avait couru en
direction des tas de gravats et poussa un juron entre ses
dents.
— Qu’avez-vous fait ! Hurla-t-il en approchant des
pelleteuses puis il agrippa un homme par le col. Qui vous a
donné l'ordre !
— La jeune femme de la boutique ! S'écria l'homme d'hier
affolé.
Relâchant sa victime, Haydar voyait à présent rouge.
— Quoi ?
— Elle a récupéré ses affaires et nous a donné le feu vert.
Si normalement il aurait dû être satisfait, Haydar était en
colère que cette jeune femme ait pris une longueur
d'avance sur ses projets. Et voir le bâtiment devenir
poussière ne l'avait pas rendu gagnant, mais inquiet qu'elle
soit sans toit sur la tête.
— Vous savez où elle est partie ?
— Non elle m'a simplement dit qu'elle savait où dormir.
— Dormir ? Répéta Haydar vous n'êtes pas sûr de
vous. Siffla-t-il en le considérant froidement.
Il se mit à regarder un peu partout
désabusé, Haydar s'était précipité dans la voiture pour
rentrer au plus vite.
Le temps était compté.

— Séraphina je suis si désolé. Lança Jonas après leur nuit


de confidence.
Attrapant sa dernière affichette dans son imprimante, elle
s'était mise à sangloter avant de se reprendre.
— Merci de me permettre de rester.
Posant ses mains sur sa taille, Séraphina s'était levée d'un
bond pour se caler contre le mur.
— Jonas. Dit-elle en signe d'avertissement.
— Quoi je ne peux plus te toucher ? Avança ce dernier en
claquant ses hanches, agacé.
— Notre relation était une erreur et tu le sais.
— Non, c'est toi, qui as pensé ça toute seule. Rectifia-t-il.
Jonas était un bel homme, mais Séraphina n'avait pas
réussi à se plonger dans l'avenir avec lui. Sans doute à
cause de son comportement maladroit.
— Tu n'avais de cesse de m'exhiber comme un trophée
Jonas.
— Et alors où est le problème ?
— C'est mal et puis tu avais dit que l'on resterait ami.
Se grattant la tête nerveusement, il avait hoché de la
tête, déçu.
— Tu as raison oublie ça.
Elle se gratta le bras nerveusement, Séraphina avait du mal
à le trouver sincère.
— Tu veux du café ?
— Oui merci.
Prenant place sur le tabouret, elle rassemblait ses
affichettes nerveusement. Si sa vie semblait prendre un
tournant cauchemardesque, rester avec son ex compagnon
était une très mauvaise idée.
— Tu comptes coller ça où ? Demanda-t-il en déposant une
tasse devant elle.
— Oh un peu partout, je suppose, il va bien falloir que je
trouve un autre logement et un travail.
— Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le
souhaites Séraphina.
Si cette proposition semblait innocente, elle savait aussi
qu’elle cachait bien des choses.
Sans un mot, seulement un léger sourire, elle avait porté sa
tasse brûlante à ses lèvres.

Les yeux droit sur sa horde d'hommes, Haydar avait


ramené ses deux mains devant lui en les considérant un à
un.
— Nous avons lancé des recherches. Glissa Amad en
dépassant ses hommes pour se mettre devant lui.
— Bien vous pouvez disposer. Déclara-t-il en les regardant
partir, toujours aussi bouillonnant de colère d’avoir était
devancé par cette jeune femme.
Seul avec Clarissa et Amad, il la regardait se limer les
ongles déjà bien assez manucurés comme ça en sentant
qu’elle voulait parler.
— Je sens que quelque chose te brûle les lèvres, très chère.
Relevant les yeux en souriant, elle avait posé ses
instruments sur la table.
— Et bien pourquoi retrouver cette fille, elle a fait ce que tu
voulais non ?
— Oui mais ça n'empêche pas qu'il faut que je fasse le
nécessaire pour la dédommager.
— Elle n'en veut pas crois-moi. Rétorqua-t-elle d'une voix
assurée.
Agacé un peu plus chaque minute, Haydar avait lancé un
regard à Amad avant de reprendre.
— Comment peux-tu le savoir ? Tu penses que je suis assez
monstrueux pour laisser une jeune femme sans ressource
par ma faute sans ressentir aucun remords c'est ça
? Avança Haydar, la mâchoire crispée.
C'était pourtant comme ça qu'il fonctionnait pensa-t-il. Qu'il
ait fait ça à une femme changé peut-être les choses. Depuis
la guerre sans merci qu'il avait gagné, Haydar s'était forgé
un caractère sans sentiment, il s'était renforcé et régnait
sur Saharazan comme un sultan considéré avec
respect. Éprouver des remords était sans doute la dernière
chose qui pourrait lui arriver.
— C'est exactement ça ! Affirma cette dernière en
souriant.
Sous le regard avisé de son conseiller, Haydar s'était levé
sur le point de faire éclater sa colère.
— Votre grâce, il y a un malentendu, il n'y a aucune
Johanna dans cet immeuble.
Les traits tirés, il s'était rapproché en trouvant là, sa
première victime afin de lâcher toute cette tension qui
assaillait son corps.
— Comment ça !
— On a repassé la liste en revue, il n'y a pas de Johanna, la
seule femme qui n'a pas reçu un dédommagement
se nomme Séraphina Casit.
Ainsi donc cette jeune femme l'avait non seulement pris
de court mais il lui avait aussi menti.
—Séraphina. Se répéta Haydar à demi-voix.

Agrippant ses tas d'affiches, Séraphina avait respiré


longuement, prête à passer son après-midi à chercher un
nouvel emploi. Passant la porte d'entrée en prenant le soin
de la renfermer avec le double des clefs, Séraphina sentait
une présence lourde derrière elle.
— Bonjour Séraphina. Articula une voix loin de lui être
inconnue.
Se retournant brusquement, elle avait déposé un regard
surpris sur l'homme qui avait fait de sa vie en enfer.
— Vous ne reculez devant rien, laissez-moi tranquille
vous avez eu ce que vous vouliez non ?
— Ce n’est pas beau de mentir
mademoiselle Casit. Répondit ce dernier un sourire aux
lèvres.
Passant devant lui sans répondre, elle serrait ses
affichettes en espérant qu'il s'en aille au plus vite.
— Pourquoi m'avoir caché votre identité ? Lança-t-il en
marchant à côté d'elle.
— Vous n'êtes rien de plus qu'un inconnu et je ne donne
pas mon prénom aux inconnus.
— Ce n'était pas à vous de donner l'ordre de détruire cet
immeuble. Gronda ce dernier d'un accent si dur et
prononcé que Séraphina en perdait son chemin.
— J'ai préféré avoir une longueur d'avance, je ne souhaitai
pas être humiliée.
Marchant d'un pas pressé, ses longues jambes n’avaient
pas eu de mal à la dépasser pour se mettre devant elle.
— Ce building va servir à donner du travail, c'est tombé sur
vous et j'en suis désolé mais ainsi va le monde.
Levant sa tête pour atteindre son visage, Séraphina l'avait
foudroyé du regard.
— Laissez-moi vous attendrir à mon tour. Commença-t-elle
en élevant la voix. Vingt-trois c'est le nombre d'enfants qui
habitaient dans cet immeuble et vous n'avez eu aucun
scrupule à les expulser, vous ne pouviez pas faire ça chez
vous ! Non bien sûr, vous n'avez pas assez de pouvoir
comme ça, il vous faut l'étendre un peu partout dans le
monde, au lieu d'enfourcher votre cheval avec
vos cavaliers et creuser dans le désert je suis sûr
qu'implanter votre building entre deux oasis aurait fait plus
jolie. Avait-elle débité avant de passer devant lui.
Si Haydar avait eu des doutes sur sa voix douce, il était
maintenant sûr que c'était naturel.
Touché dans son orgueil il l'avait regardé un instant partir
avant de la rattraper par le bras.
— J'aimerai mieux l'enfourcher pour vous laisser dans le
désert au milieu de nul part pour vous aider à apprendre le
respect.
— Lâchez-moi vous me faites mal !
Séraphina s'était fait violence toute seule, en essayant de
maîtriser sa voix, car si ces mots semblaient être une façon
de lui faire peur, ça avait marché. Son souffle chaud se
déposer comme une caresse sur son visage cramoisie.
— Écoutez, laisser-moi maintenant, vous avez gagné et moi
je perds du temps pour retrouver un emploi.
— Un emploi ? Répéta l'homme un riant
sèchement. Certainement pas ici mademoiselle, ce quartier
regorge de danger.
Séraphina avait tressailli.
— Comment pouvez-vous le savoir,
vous dites n'importe quoi, je vous sommes de me laisser
tranquille !
Empruntant une ruelle étroite, elle avait commencé à
placarder ses curriculums un peu partout.
— Pas avant que vous sortiez d'ici ! Gronda le sultan qu'elle
croyait partit.
Levant ses pieds pour coller son affiche sur une vitrine avec
l'accord du gérant, Séraphina avait senti sa présence qui
émanait la dangerosité, tout en se concentrant sur sa
mission.
— La seule personne qui me semble dangereuse ici c'est
vous. Rétorqua-t-elle en s'éloignant d'un pas rapide.
Où peut-être que non, pensa Séraphina en balayant les rues
avec un peu plus d'attention.
Se retournant tout en marchant, elle le regardait marcher à
grandes enjambées, vêtu de noir, ses yeux opaques
foudroyant l'avaient obligé à retenir son souffle.
Elle fut collée contre le mur, elle pouvait sentir qu’il perdait
son calme, il l’a considéré les lèvres scellées.
— Je vais vous dédommager alors maintenant venez
mademoiselle.
— J'ai la nette impression que vous avez des
remords. Lança Séraphina le cœur battant.
Impassible, il avait posé sa main à côté de sa tête en
abaissant son corps d’une façon impérieuse.
— J'ignore encore lequel, de vous laisser en danger et
partir là toute suite où de m'être laissé avoir par une petite
fille.
Face à son ton sarcastique, Séraphine avait hoqueté.
— Ton sac, toute suite !
Perturbée par la voix derrière le sultan, Séraphina s'était
décalée pour voir un homme armé d'un couteau.
Sans avoir le temps d'avoir peur, elle avait laissé tomber
ses affiches par terre, quand le sultan l'avait presque
étouffé en la protégeant.
— Lâche ça petit avant de te blesser. Conseilla Haydar en
serrant la jeune femme par la taille.
Habitué à ce genre de situation, Haydar n'était pas habitué
à avoir une femme à protéger.
— Donne-moi ton sac !
Serrant la veste noire de l'homme en se cachant le visage,
elle avait balancé son sac dans sa direction avant de voir la
scène prendre une tournure qu'elle ne voulait pas. Tirant la
veste du sultan pour qu'il n'y aille pas, elle s'était retrouvée
sur les fesses en se cachant le visage, effrayée. Appelant au
secours, elle avait vu son agresseur se faire projeter en l'air
avant qu'il ne prenne la fuite.
Le visage durci par la colère, Haydar avait soulevé la jeune
femme.
— Vous saignez ! Déposez-moi par terre ! Il faut appeler
quelqu'un !
— Taisez-vous petite idiote !

Laissant un sourire se dessiner sur ses lèvres, alors qu'on


s'occupait de sa blessure, Haydar suivait les allers-retours
de la jeune femme visiblement affolée. — Ça va, je vais bien
laisser nous maintenant, ordonna-t-il.
Comme un frisson interminable, Séraphina ne pouvait
s'empêcher d'être gênée en regardant le bandage qui
entourait ses biceps en se demandant si le tissu censé le
soutenir, n'allait pas céder. Puissamment musclé, il s'était
levé torse nu et le bandage blanc faisait ressortir sa
peau bronzé sans le moindre mal. Elle posa ses yeux un peu
partout dans la pièce luxueuse, pour fuir son regard, il
s'était approché sans un mot.
— Tout est de ma faute alors....
— En effet je ne vous le fais pas dire. Affirma l'homme en
plissant les yeux.
Abandonnant ses yeux une fois de plus sur son torse qui
avait doublé de virilité à son avancé, Séraphina avait reculé
en voyant une brûlure sur son flanc.
— Inutile de me regarder comme un monstre.
— Oh je... Non je.....
— Ne vous confondez pas en excuse, vous allez être plus
ridicule que nous l'êtes déjà.
— Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton !
Un sourire narquois aux lèvres, il avait repris.
— J'ai tous les droits mademoiselle Casit n'oublier pas que
je viens de vous sauver la vie.
Que serait-elle devenue s'il n'était pas intervenu ? Elle
l'ignorait mais elle n'en oubliait pas pour autant à qui elle
avait à faire.
— Merci de m'avoir sauvé je suis touchée mais.....
— Mais quoi, coupa-t-il en saisissant ses épaules pour
l'obliger à s'asseoir sur le fauteuil. J'ai pris un coup de
couteau dans le bras et vous n'avez même pas la décence
de me demander si je vais bien. Fit-il d’un ton accusateur.
Écarlate, Séraphina s'était laissé tomber dans le
fauteuil, honteuse.
— Vous avez l'air d'être un homme solide. Dit-elle en se
redressant.
— Mes cicatrices vous égarent n'est-ce pas ?
— Non pas du tout !
Glissant sa main bronzée dans la sienne en souriant, il
l'avait forcé à poser ses doigts sur l'une d'entre elles.
Effrayée mais en gardant un certain calme, elle avait retiré
sa main de la sienne si brutalement qu'elle avait senti sa
peau brûler.
— A quoi vous jouez ! Ça suffit je m'en vais.
Se levant, les jambes lourdes, elle avait sauté sur ses pieds
en reculant.
— Merci de m'avoir sauvé et surtout merci d'avoir détruit
ma seule ressource financière. Dit-elle en prononçant les
deux derniers mots avec ironie.
— Pas si vite j'ai un travail pour vous.
S'arrêtant à mi-chemin, elle s'était fossilisée sur place.
— Je ne veux pas de votre pitié.
Serrant son bras contre son ventre, il avait grimacé, assez
pour qu'elle se précipite vers lui, prise de remords.
— Cessez de jouer le plus fort, il faut
vous allongez. Ordonna-t-elle en pointant le lit du doigt.
Il porta sur elle un regard sombre, il avait émis un faible
son de désaccord.
— Je serais ravi de jouer l’homme dominé par la femme
mais je n'ai pas le temps pour ça.
Blessée, Séraphina avait baissé la tête en refoulant ses
larmes qui n'avaient pas lieu d'être.
— Vous allez devenir ma secrétaire. Lâcha-t-il posément.
— Hors de question ! Refusa Séraphina en sachant qu'il se
jouait encore d'elle.
— J'ai un bras en moins par votre faute ! J'ai besoin de
quelqu'un pour m'aider et c'est à vous que revient cette
tâche. Gronda-t-il.
Posant ses mains sur son ventre retourné, elle
s'était forcée à lui tenir tête quelques instants, avant de
regarder le sang de ses inconsciences coulait contre le
bandage. Que lui restait-il comme choix ? Avoir un travail
bien payé tout en réparant ses erreurs, était la solution
idéale, si le blessé ne se montrait pas si effrayant.
— Je dois rentrer, il se fait tard et....
— Dormez ici. Coupa-t-il.
Si le sens de cette phrase semblait
dérisoire, Séraphina aurait voulu rejeter cette proposition
d'un geste de la main, si le visage fermé de l'homme, tiré
par la douleur ne l'avait pas attendri.
Subir la douleur était devenus une routine pour Haydar,
mais cette douleur faisait ressortir toutes les
autres. Regardant la douce et fragile
jeune femme, Haydar sentait la douleur de la lame qui avait
percé sa peau, devenir moi douloureuse, en étant sûr d'une
chose, cette cicatrice porterait le nom de cette inconsciente
jeune femme au charme délicat.
— Il y a assez de chambre ici pour loger toute une famille,
il se fait tard et j'ai nullement envie de vous laisser rentrer
seule, vous êtes visiblement inconsciente du danger.
— L'un de vos hommes pourrait me raccompagner.
— Non ! Ils ne sont pas là pour faire le taxi. Dit-il d'une voix
tranchante.
Si elle ne le voyait pas souffrir, Séraphina l'aurait sans
doute giflé.
Se pinçant les lèvres pour s'interdire de rétorquer, elle le
regardait s'allonger sur son lit la mine grave.
— Je peux au moins prévenir mon absence à mon ami.
— Faite donc et aller dormir. Ordonna-t-il d'un geste évasif
de la main.
Étendu comme un Prince majestueux, même allongé, il
s'imposait comme un maître.
Partant en direction de son sac à l'origine de cette situation
fâcheuse, elle avait prévenu Jonas en enchaînant une
discussion presque tendue avec lui.
— Mademoiselle ?
Sursautant en portant son téléphone sur sa
poitrine, Séraphina avait regardé l'homme âgé derrière elle
le cœur battant.
— Vous m'avez fait peur !
— Pardonnez-moi je suis Amad fidèle ami du Sultan.
Fidèle ? Séraphina se demandait comment il tenait le coup
face au caractère fort du sultan.
— Séraphina, enchantée.
Elle serra sa main, elle se sentait extrêmement mal à
l'aise.
— Je vais vous montrez votre chambre.
Le suivant d'un pas hésitant, elle n'avait pas mis longtemps
à comprendre que le sultan l'avait prévenu.
— Je ne devrais pas être ici. Confia-t-elle à l'homme.
Souriant en signe de compassion, il avait joint ses mains
devant lui.
— Si vous refusez l'hospitalité du Sultan, je crains qu'il le
prenne mal.
Elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les
événements, et l'avait fait savoir en grimaçant. Alors qu'il
était partit en la laissant sur ses mots qui ressemblaient à
un avertissement, Séraphina avait remarqué des vêtements
de nuit sur le lit, comme si tout était déjà préparé à
l'avance. Consciente qu'elle était en partie fautive de son
destin qui l'avait emmené dans cette
chambre, Séraphina n'en oubliait pas pour autant ce qu'il
avait fait. Sa blessure était peut-être un geste héroïque,
mais tout était de sa faute à lui. Respirant péniblement
adossée contre le mur, elle avait détaché ses cheveux en
les laissant retomber sur ses hanches, bien décidée à
refuser son offre et partir d'ici au plus vite.

Après une nuit désagréable malgré des conditions de


confort royalistes, Séraphina avait passé sa nuit à réfléchir
et à chaque solution trouvée, elle en revenait toujours à la
même conclusion.
Partir.
— Quel âge avez-vous Séraphina demanda le sultan les
yeux noirs.
Soignant la plaie renfermée, les yeux brûlant de
fatigue, Séraphina l'avait dévisagé un instant.
— Vingt-trois ans.
— Vous êtes très jeune pour tenir un magasin seule. Fit-il
remarquer sérieusement.
Sous son regard perçant, elle s'était concentrée à nouveau
sur sa blessure.
— Je n'ai plus de magasin voilà cette question réglé.
Observant la jeune femme sous toutes les coutures, il
essayait de la déchiffrer sans y parvenir.
Le teint de son visage innocent l'avait forcé à se dire qu'elle
était une petite chose fragile, ainsi donc il devait pour la
première fois, tenter de soigner son ton dur.
— Vous ne me demandez pas le mien ? Laissez-moi deviner,
vous pensiez que les sultans étaient tous des vieillards
aigris ?
— Rassurez-vous le côté aigri vous le détenez haut la
main. Rétorqua-t-elle la voix blanche.
Aveuglant cette remarque en fixant
ses prunelles bleues, Haydar faisait preuve d'un self-
control qu'il ne soupçonnait pas.
— J'ai trente-deux ans pour répondre à la question que vous
ne me poser pas. Déclara-t-il agacé.
Enroulant ses muscles bronzés dans la
bande, Séraphina restait silencieuse. Trente-deux ans,
Sultan et affreusement beau, il tenait là toutes les
descriptions que toutes femmes rêveraient.
— Vous souffrez toujours ? Demanda Séraphina pour tenter
de faire renaître le dialogue.
— Un peu, merci de demander. Tout ça et pleinement de
votre faute mademoiselle, j'espère que vous êtes prête à
travailler pour moi le temps va
vous semblez rude. Déclara Haydar avec amusement.
— Je n'ai pas l'intention de travailler pour vous. Protesta-t-
elle. Si vous n'aviez pas détruit mon immeuble on n'en
serait pas là.
— Techniquement c'est vous qui l'avez détruit pas moi.
Épuisée par sa mauvaise foi, Séraphina avait soufflé comme
abattue.
— Vous aviez pris votre décision, vous aviez l'intention de
le détruire quoi qu'il arrive alors n'essayer pas de me faire
croire que c'est de ma faute.
— Si vous m'aviez écouté quand je vous ai demandé de
sortir de ce quartier malfamé on n’en serait pas là
! Se borna-t-il en élevant sa voix.
Attachant l'épingle en effleurant sa peau, elle s'était levée
d'un bon.
— Si vous étiez resté chez vous au fin fond du désert
on n’en serait pas là ! Articula Séraphina en levant le
menton.
— Ce jeu peut continuer longtemps miss Casit et c'est moi
qui en serai le gagnant.
Effarée par une telle assurance, elle s'était laissé troubler
un instant.
— Sauf que.....
— Haydar je suis là !
Interrompue par la femme qu'elle avait reconnue par
l'extravagance de sa tenue, Séraphina avait détourné la
tête devant leur baiser fougueux.
— J'ai eu si peur ! S'écria-t-elle, Amad m'a tous raconté.
Sentant un étau se refermer sur elle, Séraphina avait
profité qu'elle lui dévore la bouche pour s'éclipser.
Un peu plus éloignée de la chambre, Séraphina s'était
rapidement glissée hors de cette suite, sous les yeux d'une
dizaine de personnes attablés au côté d'Amad qui l’avait
dévisagé dans l'incompréhension de la voir sortir.
— Laissez-moi tranquille. Conseilla la jeune femme
honteuse d'être dévisagé de la sorte en refermant la porte.

— Pour qui il se prend ! S'écria Jonas dans la voiture.


— Il m'a tout de même sauvé la vie. Souligna Séraphina.
— Et alors ça ne lui donne pas le droit de faire ce genre de
chose. En plus il sait où j'habite. Rétorqua-t-il.
— Jonas je suis désolée.
Il posa sa main sur sa cuisse, Séraphina essayait de se
concentrer sur la route en espérant qu'il la retire.
— Heureusement c'était un appartement de
fonction. Reprit-il.
Ecarquillant ses grands yeux bleus, Séraphina avait tourné
sa tête dans sa direction.
— Mais alors tu as un autre appartement ?
— Oui bien sûr j'ai pris tes affaires je vais t'y emmener.
Si elle n'était pas assise, elle serait sans doute tombée.
— Jonas tu n'es pas obligé de faire ça, il voulait simplement
avoir de la pitié pour moi, rassure-toi.
De la pitié ? Séraphina n'était même pas sûre de ce qu'elle
avançait. L'homme ne lui avait pas donné l'impression
d'avoir une quelconque pitié.
— Peu importe Séraphina je préfère te savoir à l’abri.
Retirant sa main déjà trop longtemps sur sa cuisse, il avait
pris une autre route.
Même si l'idée de passé encore de long jour avec Jonas, elle
préférait être avec lui que de devoir subir encore
l'humiliation de ses deux derniers jours.
— C'est très masculin. fit-elle remarquer en retirant son
manteau.
— Oui et il n'y a qu'un lit.
Elle se figea sur place, puis elle s'était lentement
retournée.
— Ne fait pas cette tête Séraphina je ne vais pas te
toucher. Marmonna-t-il.
Déposant son manteau en souriant, elle sentait un piège se
resserrer sur elle, car si Jonas était toujours bien
intentionné, il savait y faire pour séduire.
— Je fais la tête de quelqu'un qui sens de mauvaises
intentions de ta part.
Déposant le sac en la fixant, Séraphina était partie, le corps
tendu, visiter l'appartement.
Frottant ses épaules pour effacer ses frissons, elle s'était
retournée tout en marchant.
— Dîne avec moi ce soir. Lança-t-il en l'obligeant à s'arrêter
sous la surprise.
Un dîner ? Depuis quand n'avait-elle pas dîné en sa
compagnie.
— D'accord.
Après tout elle avait besoin de se sentir belle et oublier ses
problèmes.
Le jeune homme visiblement heureux avait frotté ses
mains.
— Bien alors je retourne travailler et je t'envoie l'adresse
par message.
— Très bien.
Déposant un baiser sur sa joue en partant, Séraphina avait
fermé la porte à clef pour se mettre à l’abri. Comme le
sentiment d'être épiée, elle avait tiré le rideau pour
observer l'extérieur, le quartier semblait calme et les
vieilles voitures l'aidaient à pouvoir détecter la trace du
Sultan. En espérant qu'il la laisse tranquille.
Lâchant ses cheveux, Séraphina avait commencé à fouiller
dans ses affaires à la recherche d'une robe. Si le temps
semblait bien lent et qu'il n'était que midi, Séraphina se
sentait nerveuse.

— Je ne pense pas que ce soit


raisonnable. Déclara Amad inquiet.
— Vous l'avez laissé partir, vous m'avez dit d'attendre
quelques heures qu’elle revienne, or ce n’est pas le cas !
Enfilant sa chemise en retirant son bandage, Haydar avait
fixé son ami froidement.
— Je l'ai fait suivre par prudence.
— Et tu m'as rapporté beaucoup trop d'élément qui me
laisse furieusement penser qu'elle n'a pas l'intention de
pointer le bout de son nez ! Gronda Haydar. Je vais aller la
chercher moi-même maintenant que je détiens sa nouvelle
adresse.
Jamais on avait osé le défier de la sorte et Haydar ne le
supporter pas, elle avait touché son orgueil assez pour
oublier la douleur de sa blessure.

Retrouvant la voiture qui l'avait suivi à ses soins, l'un de


ses hommes avait pointé un restaurant.
Marchant d'un pas bien décidé, en cohérence avec sa
colère bouillonnante, il était rentré en balayant les
gens attablé avec attention, la cherchant des
yeux, Haydar s'était arrêté sur une chevelure d'orée,
longue, beaucoup trop longue pour appartenir à la jeune
femme. Cherchant un peu plus avec un critère bien précis,
il tentait de trouver un chignon en désordre se détacher
des autres ? Avant de se concentrait une nouvelle fois sur
la chevelure blonde.
Avançant les sourcils froncés, Haydar s'était stoppée en
voyant le visage la jeune femme se retourner vers
la baie vitrée. Perturbé Haydar contemplait la jeune femme
différente de ce qu'il avait rencontré deux jours avant,
passer avec tristesse la salle de yeux.
Trempant son doigt dans son verre pour le faire glisser sur
le cercle, Séraphina était déçu d'elle-même de se retrouver
seule après le coup de téléphone de Jonas qui avait annulé
leur dîner. Navrée pour elle-même d'avoir pensé avoir de la
chance ce soir, elle avait relevé les yeux sur le serveur.
— Vous voulez quand même commander mademoiselle ?
— Oh je.....
— Pardonnez mon retard laissez-nous un instant. Déclara
une voix qu'elle connaissait que trop bien.
Le cœur battant à tout rompre, elle avait fixé le sultan qui
n'avait pas manqué de combler l'espace de la solitude qui
s'était emparée d'elle.
Ayant une vue imprenable sur la jeune
femme, Haydar en fut retourné par la vague de beauté qui
l'avait giflé sur l'instant. Ses paupières fraîchement
marquées par une couleur marron claire faisaient ressortir
ses yeux bleus. Il en avait le souffle coupé. Ses longs
cheveux ondulés descendaient sur sa poitrine galbée par
cette robe rouge au corsage saisissant.
— Le harcèlement est puni dans mon pays vous savez ?
Déposant ses yeux plissés sur ses lèvres rouges d'un
sang pur, Haydar en oubliait presque ce qu'il devait faire.
— Qui vous a abandonné ?
— Ça ne vous regarde pas et puis qui vous dit que je ne suis
pas seule pour dîner.
— Si je parle au nom des hommes, je dirai que votre beauté
saisissante et pour plaire à un
homme. Rétorqua Haydar prit d'un sentiment de jalousie.
— Il n'a pas pût venir à cause du travail. Murmura-t-elle en
dépliant sa serviette.
— Quel idiot il rate quelque chose. Dit-il d'une voix rauque.
Relevant ses yeux vers lui Séraphina se demandait
comment avait-il fait pour la retrouver.
— Vous m'avez fait suivre ?
— Oui. Affirma ce dernier en se retournant pour appeler le
serveur.
Rouge, face à son assurance débordante, Séraphina sentait
la colère la saisir.
— Nous allons commander, annonça-t-il au serveur comme
si tout était normal.
— Non personnes ne va commander, je n'ai pas les moyens
de manger ici, sans vouloir vous offensez
monsieur. Protesta Séraphina en regardant le serveur.
— Ne l'écoutez pas, elle est folle. Lança Haydar sourire aux
lèvres. Apporter nous une bouteille de champagne
semblable à cette folle créature monsieur, je vais
commander pour nous. Ordonna Haydar sous les yeux
ronds de la jeune femme.
— Bien monsieur.
— Mais enfin à quoi vous jouez !
— Et bien je joue à votre jeu mademoiselle Casit.
Séraphina croyait un instant être dans un cauchemar, que
voulait-il lui faire peur ? C'était déjà fait.
— Laissez-moi tranquille à la fin qu'avez-vous ? Vous
souffrez ? Vous êtes fou ?
Éclatant de rire, Haydar avait basculé sa tête en arrière
sous le regard consterné de la jeune femme.
— Je souffre de vous avoir sauvé la vie. Répondit-il
sèchement en reprenant son sérieux.
— Vous m'avez dit avoir fait la guerre. Rétorqua-t-elle
c'est pa.....
Levant une main pour qu'elle se taise, Haydar sentait ses
muscles devenir douloureux autant que ses souvenirs
l'étaient.
— Vous m'avez fait front mademoiselle à plusieurs reprises,
d'abord en donnant un ordre que je devais donner moi-
même, vous avez refusé mon dédommagement, vous avez
refusé mon offre de travail. Tonna l'homme.
— Cette offre n'est rien de plus que de la pitié.
Affrontant son regard énigmatique, Séraphina demeurait
silencieuse quand le serveur était revenu pour déposer les
plats, croisant les bras contre sa poitrine, elle avait
remercié le serveur avant d'entamer son repas.
Plus vite terminé, plus vite elle pourrait repartir.
— Inutile de vous étouffer, si c'est une tactique pour
m'échapper dites-vous qu'elle ne marchera pas.
Se redressant la bouche fermée, Séraphina sentait un
étrange sentiment naître en elle.
— Pourquoi faites-vous tout ça ? Pour soulager votre
conscience ?
— Ma conscience va très bien je n'aime simplement pas
être défié.
— Je ne vous ai pas défié ! S'emporta Séraphina.
D'un sourire dévastateur, il ne l'avait pas quitté du regard.
Une vague de chaleur avait envahi son corps.
— Mademoiselle Casit, acceptez le poste que je vous offre
et je vous promets de ne plus vous suivre.
— Je ne veux pas travailler pour vous !
Ne cillant pas face à son ton brusque
et hautain, Séraphina avait vu en lui une lueur
indéchiffrable passée dans son regard.
— Dans ce cas attendez-vous à être suivi où que vous
soyez. Dit-il en se reculant contre le dossier de sa chaise.
— Vous n'oseriez pas !
Il lui avait répondu d'un simple regard noir.
— Je vous laisse une nuit pour réfléchir si demain votre
réponse et non je crains devenir votre pire cauchemar.
Haydar avait vu son visage se peindre de peur.
Et il avait bien l'intention de devenir son pire cauchemar
et Haydar ignorait pourquoi elle devenait importante.
— Je.....
— Séraphina bon sang je t'attends depuis plus d'une heure
! Coupa la voix de Jonas furibond.
A la fois soulagé de le voir et catastrophée, elle se
demandait qu'est-ce qui pourrait lui arriver de pire.
— Et vous êtes ? Demanda Jonas.
Oh non Jonas pas sur ce ton ! Pensa Séraphina.
— L'homme qui va vous fracassez la tête si vous continuez
d'employer ce ton ! Siffla-t-il en se levant.
Avec sa prédiction bien pensée, elle s'était levée pour
se mettre en eux.
— S'il vous plaît arrêter ! Tout le monde nous regarde.
Ne pouvant voir l'expression de Jonas, elle s'était
concentrée sur le sultan en fixant ses
poings serrés. Haletant quand il avait saisi sa main, ses
doigts écrasés de son emprise, l'avaient fait grimacer, alors
qu’il regardait Jonas avec animosité.
— Venez avec moi maintenant. Ordonna-t-il d'une voix
grave.
Alors qu'elle soutenait son regard, elle avait senti son corps
et son esprit se battre pour revenir à la raison, ses traits
tirés n’annonçaient rien d'autre qu'une foudre imminente,
mais Jonas qui avait posé une main sur son dos nue, l'avait
giflé intérieurement.
— Je vous donnerai ma réponse demain, rentrez à votre
hôtel, votre comportement n'est pas raisonnable. Déclara-t-
elle en regardant son épaule.
Serrant la mâchoire, irrité, Haydar avait juré entre ses
dents quand la main du jeune homme c'était logé sur sa
taille. Malgré qu'elle bloquait son passage, il s'était avancé
en le foudroyant du regard.
— Soyez prudent jeune homme soyez très
prudent. Conseilla Haydar en jetant des billets sur la
table. Déposant un regard sur la jeune femme, il
était parti en colère, en se rendant compte qu'elle venait de
déclencher un lui le sentiment de vouloir la protéger.

— Tu n'aurais jamais du parler comme ça Jonas


! Gronda Séraphina dans la salle de bains.
— C'est lui qui a voulu me frapper pas moi !
Finissant sa natte, elle était revenue dans le salon qui
faisait office de chambre les poings serrés.
— Tu n'es qu'un idiot immature Jonas, tu lui as mal parlé et
j'ai eu honte d'être dévisagée de la sorte par tous les clients
du restaurant.
— Pourquoi es-tu resté là-bas ? Pourquoi avoir dîné avec un
homme colérique et que tu détestes.
Battant des cils gêné de ne pas avoir la réponse à sa
question, Séraphina ignorait pourquoi elle avait fait une
telle chose, elle n'avait pas eu le choix dans un sens pensa-
t-elle en essayant de se convaincre qu'elle n'avait rien fait
de mal.
— Oublions ça souffla Séraphina en fuyant sa question.
Sautant sur le lit pour se mettre dans les couvertures
il l'avait suivi.
— Tu as raison Sera.
Fermant les yeux un instant en l'écoutant l'appeler par ce
surnom de l'époque, Séraphina avait senti sa jambe se
jouait de la sienne.
— On ne fera pas l'amour Jones oublie ça toute suite !
Étouffant un râle en marmonnant, il avait tapoté son
oreiller.
— Tu es vraiment trop porté sur les principes Séraphina.
— En effet oui ! S'écria-t-elle en se redressant les sourcils
froncés. Si par principe tu parles de ne pas faire l'amour
avec son ex oui j'aime les principes Jonas.
— On a fait l'amour qu'une fois ! S'écria-t-il.
— Parfaitement affirma Séraphina en levant la tête.
— Tu ne m'as même pas dit que j'étais le
premier. Répliqua-t-il.
Repartant des mois en arrière, elle avait rougi sous la
consternation qu'il utilise ça pour sa défense.
— Parce que je pensais avoir était clair et puis je ne veux
pas parler de ça Jonas, ça suffit il se fait tard.
Reposant sa tête sur l'oreiller, il avait fini par éteindre la
lumière en la laissant dans l'obscurité. Faire l'amour avec
lui était sa première expérience en matière de sexe
et Séraphina s'était retrouvée déçu qu'il ne soit pas
différent, il avait sans nul doute pensé à lui en premier
tellement qu'elle n'avait rien ressenti sauf submergée par
le remords d'avoir passé ce moment presque dans la
solitude si sa présence au-dessus d'elle ne l'avait pas
ramené à la réalité.
Mais ce n'était pas son principal problème, le sultan en
était un.
Il lui faisait peur par sa grandeur, son imposante carrure,
ses cheveux noirs semblables à cette barbe naissante, un
peu plus chaque jour. Et il gagnait cette partie haut la
main, car elle était à deux doigts de céder et accepter son
offre.

Ne manquant pas d'être réveillée par Jonas en partant au


travail, Séraphina massait ses tempes énergiquement pour
se réveiller. Et les coups saisissants à la porte l'avaient fait
sursauter, elle fut un brin alertée en se demandant si c'était
un oubli de la part de Jonas.
Elle ouvrit la porte en serrant l'ouverture de son kimono,
elle s'était retrouvée face à son maître chanteur de la
veille.
— Alors mademoiselle Casit ? Fit-il d'un ton rogue.
Reculant ébahie, Séraphina n'en croyait pas ses yeux, en
voulant se pincer la peau pour se forcer à y croire.
— Vous allez me donner du répit un jour !
Un éclat de colère dansait dans ses yeux noirs.
Passant à côté d'elle, il était rentré en fixant le lit.
— Je vous avais prévenu......
— Je vous ai dit que j'allais réfléchir. Protesta Séraphina en
cherchant son regard.
— Vous avez couché avec lui ? Demanda-t-il du même ton
rogue qu'il y a deux minutes, en pointant le lit du doigt.
Consternée et désorientée, Séraphine avait cillé.
— Mais enfin pour qui vous vous prenez !
Le bras tendu en pointant toujours la même chose, il s'était
avancé la mâchoire bleutée par la force de la contraction.
— Répondez, vous avez couché avec ce type.
— Ma vie ne vous regarde pas !
Dans un affrontement silencieux et pénible, elle avait
craqué la première en allant faire le lit, tout en sentant sa
présence l'étouffer.
— Vous dépassez les limites monsieur je.....
— Votre majesté, altesse peu importe ! Employer ce qui
doit être dit mademoiselle, n'oublier pas à qui vous vous
adressez.
Elle le foudroya du regard et alla jusqu'à la salle de bain en
claquant la porte, elle avait tremblé de peur avant de se
ressaisir.

Ecœuré en refoulant un sentiment


haineux, Haydar cherchait maladivement un indice autour
du lit, qui pourrait confirmer ses doutes… que ce jeune
homme ait possédé la jeune femme. Dans une nuit
catastrophique, il se revoyait dans son fauteuil fixer par sa
fenêtre quelque chose qui aurait pu l'aider à se
contenir. Elle hantait ses pensées jour et nuit en effaçant ce
qui le hantait depuis des années, cette guerre qu'il
avait menée au côté du roi, cette guerre qui l'avait coupé
du monde qui s'était empreinte de son corps. Satisfait
d'avoir rassemblé des millions de personnes en donnant la
paix à son pays et la stabilité, Haydar avait gardé une trace
de cette guerre, en laissant la méfiance devenir
maître. Mais cette jeune femme l'intriguait jusqu'à
l'épuisement et pour découvrir pourquoi, il fallait l'avoir au
quotidien sous le coude, hélas, elle le haïssait. Ramassant
l'étole rouge sur le lit, il avait froissé le tissu en essayant de
se convaincre qu'il ne s'était rien passé.
— J'ai une question. Lança la jeune femme en récupérant le
tissu rouge. Vous, vous êtes montré aussi collant avec le
reste de l'immeuble où c'est seulement avec moi ?
Regardant son corps fin ce basculé en arrière pour passer
l'étole sous ses longs cheveux, Haydar tournait autour de
sa proie les yeux plissés.
— Seulement avec vous mademoiselle Casit, seulement
avec vous…..
— Alors vous allez travailler pour moi ?
— En quoi ça consiste ?
— Ecrire...
— Ecrire. Répéta la jeune femme d'un ton surpris.
Tournant autour d'elle d'un pas lent, Haydar cherchait un
moyen de la convaincre.
— Ma secrétaire pour être plus exacte, je vous l'ai déjà dit.
— Vous n'avez pas besoin de
secrétaire. Protesta Séraphina en ayant le tournis à force
de le voir tourner autour d'elle comme un fauve.
— Bien sûr que si, j'ai toujours rêvé d'en avoir une. Dit-il
avec un sourire narquois aux lèvres.
Sur l'instant, elle avait tressaillit quand il s'était approché
d'elle avec fluidité. Séraphina réprima un frisson en
s’efforçant de garder la tête levé.
— Vous serez payé bien plus que vous ne l'étiez
auparavant. Rajouta l'homme les yeux plissés.
C'était un argument qui tenait la route Séraphina le
concevait. Mais était-ce suffisant pour accepter ?
— Soyez plus précis ?
— Et bien... Voyons voir, vous devez être présente tout le
temps cela va de soi m'accompagner où le vent
m'emportera. Expliqua-t-il en levant ses mains
théâtralement.
Portant à son visage une main tremblante, elle avait secoué
de la tête avant de chercher de quoi s'occuper l'esprit.
— Vous pensez sérieusement que je vais partir avec vous ?
— Oui je pense sérieusement que vous allez venir avec
moi. Déclara-t-il si rapidement que Séraphina avait pâli.
Quel toupet ! Pensa Séraphina.
— Vous allez arrêter de me coller ! S'écria-t-elle à bout
de nerfs de le voir si près. Vous m'empêchez de réfléchir !
S'efforçant de ne pas sourire avec moquerie, Haydar s'était
reculé en inclinant sa tête.
— Et puis d'abord pourquoi vous n'êtes pas avec votre
femme ?
— Ma femme ? Répéta Haydar sans comprendre l’air
incrédule.
— La femme qui était là hier.
— Ce n'est pas ma femme, c'est ma maîtresse. Rectifia-t-il
en levant un doigt.
— Elle est amoureuse faite attention.
Frémissant sous ses mots, Haydar était resté impassible
mais tout de même en proie d'une colère.
— Elle n'est pas amoureuse, elle se contente de prendre
mes cadeaux et de se taire.
Haydar avait vu la jeune femme papillonner des cils en
grimaçant.
— Vous êtes monstrueux....
Refoulant cette envie de se mettre à gronder, il s'était
contenté de demeurer silencieux en voyant dans son regard
qu'elle était à deux doigts de craquer.
— C'est d'accord dîtes moi ce que je dois faire.
Séraphina avait vu une lueur de satisfaction traverser ses
yeux noirs, son cœur c’était mis à battre fort jusqu’à
raisonner contre ses tempes, elle ignorait qu’elle étrange
sentiment l’avait poussé à accepter.
Éteignant cette petite voix qui lui disait de prendre ses
jambes à son cou. Séraphina dépliait quelques affaires de
sa valise qu'elle avait faite dans la précipitation, le cœur
affolé d'avoir accepté une telle folie.
— Séraphina n'allait pas vous aventurer à défaire toute vos
affaires demain, nous prenons un vol très tôt.
Détournant son corps avec une
lenteur incroyable, Séraphina pensait avoir mal entendu.
— Je ne pars pas avec vous, nulle part que ce soit bien
clair.
Refermant la porte, Haydar savait à l'avance qu'elle
refuserait.
— Vous avez accepté et.....
— Sous la contrainte, sous votre lourdeur
incroyable. Coupa-t-elle sans le regarder.
— Ne me couper pas la parole s'il vous plaît, je déteste ça.
Sans le regarder, elle continuait à déplier ses affaires.
— Ne commencer pas. Conseilla Haydar.
— Je ne commence pas, vous m'avez dit de venir dans votre
hôtel pas que nous partirons loin d'ici et je n'irai nul part
avec vous.
Gagnant une première bataille, Haydar avait bien
l'attention de gagner la suivante.
— Ça fait partie de votre travail voyagé avec moi
mademoiselle Casit.
Serrant l'un de ses poings il s'était approché d'elle
lentement en attente d'une réponse.
— Et où allez-vous comme ça ? En quête d'un nouvel
immeuble à détruire ? Avança la jeune femme en arquant
un sourcil et en daignant enfin le regarder
—Saharazan en réalité. Lâcha Haydar en scrutant sa
réaction, prêt à braver une rafale de vent.
— Nous repartirons à Londres deux semaines après je vous
ramènerais chez vous n'ayez aucune
crainte. Rajouta Haydar en percevant dans ses yeux de
l'inquiétude.
Poussant un souffle de résignation, elle avait replié ses
affaires sous la surprise de Haydar persuadé de mettre plus
de temps à la convaincre.
— Je pense pouvoir tenir deux semaines.
Raidit face à son ton déjà lacé, Haydar avait préféré sortir
de la chambre pour retrouver Amad. Marchant dans le
salon les mains jointes, contre son visage, qui se durcissait
en implorant l'aide de son ami qui le regardait, il s'était
levé sur l'instant en fronçant des sourcils. Levant une main
pour l’interrompre, Haydar avait plongé ses yeux dans le
siens en respirant difficilement. Peut-être à cause de la
colère grandissante qui était sur le point d'éclater où son
incapacité à comprendre ce qu'il ne tournait pas rond chez
lui.
— Cette jeune femme va me rendre fou si elle n'arrête pas
de parler sur ce ton ! Lâcha Haydar en relâchant sa colère
sur Amad.
— Elle est jeune. Répondit-il prudemment.
Prêt à rétorquer, Haydar s'était stoppé en se
retournant. Jeune oui mais dotée d'assez de charme pour le
fasciner, par son innocence et les délicats traits de son
visage effrayé.
Enfonçant ses poings fermés dans ses poches, il avait sorti
assez de jurons dans une seule phrase en se contentant de
s'excuser auprès d'Amad.

— Je peux m'attacher toute seule vous savez, je suis une


grande fille. Dit-elle une fois dans l'avion, nerveuse de le
voir frôler son ventre en s'acharnant sur la ceinture.
— Taisez-vous ! Ordonna-t-il si rudement qu'elle avait
préféré ne pas rétorquer.
Dans des secondes interminables, Séraphina avait reculé sa
tête au maximum contre le siège moelleux.
Il tira sur la ceinture une dernière fois, elle avait toussoté
en regardant la froideur de son visage une fois
redressé. Tournant sa tête vers Amad, il lui avait adressé
un sourire de compassion. Allait-elle devoir subir ça
pendant deux semaines ? Retenant son souffle à
cette question, elle avait glissé deux doigts autour de la
boucle de la ceinture qui broyait sa taille, en regardant la
maîtresse du sultan parfaitement décontractée. Comme
humiliée et comme une petite fille qui prenait l'avion pour
la première fois, elle voulait s'enfuir de là au plus vite. Le
décollage n'avait pas manqué de la faire grimacer et
d'accélérer son rythme cardiaque. Serrant son livre dans
ses mains, elle sentait l'odeur de l'homme à côté d'elle
devenir presque trop forte, car si sur terre elle arrivait à le
fuir ici s'en était impossible. Jetant un œil sur sa main
bronzé sur l'accoudoir, elle avait vite remarqué qu'il
refermant son poing à plusieurs reprise, si fort que les
veines en ressortaient. Avalant douloureusement à chaque
turbulence, elle survolait les pages de son livre en silence.
Soudainement appelée à tendre l'oreille quand il avait
débuté une conversation en arabe avec ses
hommes, Séraphina se forçait à garder les yeux sur son
livre quand la voix grave et virile du sultan avait grondé à
côté d'elle. N'y comprenant rien, elle s'était redressée sur
son siège la tête lourde sans pour autant relever les yeux
avant de le voir se lever en emportant sa maîtresse au
passage. Refoulant un sentiment d'être de trop, elle avait
enfin fini par regarder Amad qui la fixait
sérieusement. Qu'avait-elle fait encore ! pensa-t-elle en
baissant la tête.

— J'espère pour toi que ta présence dans mon Pays est


importante parce que tu ne devrais pas être là
! Gronda Haydar à l’abri des regards.
— Bien sûr ! S'écria-t-elle une main sur sa
poitrine. Allons, ainsi tu n'es pas content que je
t'accompagne ?
Non, pensa Haydar en fixant ses yeux marron essayaient de
se jouer de lui.
— Tu as intérêt de te montrer sage Clarissa, si tu me fais
honte comme l'autre fois je ne mettrai pas longtemps à te
jeter dans un avion.
Agrippant sa veste noire, sourire aux lèvres, elle avait
glissé ses mains sur son torse.
— Qu'ai-je fais l'autre fois ?
Saisissant ses poignets en lui arrachant un
hoquet, Haydar l'avait tiré à lui de façon à ce qu'elle écoute
bien.
— Tu as rendu mon pays fou avec tes suppositions, une
photo dans la presse et j'ai dû me battre pour qu'il ne pense
pas que tu étais la sultane de Saharazan ! Gronda Haydar.
Il se revoyait encore sur cette photo qui lui avait fait défaut
lors d'une sortie où elle avait pris plaisir de l'embrasser
devant tout le monde.
— Contrôle-toi Clarissa ou je ne donne pas cher de ta
peau. Ajouta-t-il en partant.
De retour à côté d'elle, l'ombre de son corps
s'était déposée sur le siège sans un mot. Séraphina avait
poussé un léger soupir silencieux en reprenant sa
lecture. Le temps lui avait paru bien long. Se pourrait-il
qu'il lui ait fait l'amour ? Fouettant son esprit pour effacer
cette idée qui ne la regarder pas, elle avait vu un doigt se
glisser entre une page de son livre.
— Je peux jeter un œil ?
— Non. Murmura Séraphina en le refermant pour le coller
à sa poitrine.
— Imaginez que vous soyez pris d'une soude colère au
moment où vous le tenez, quelles sont les chances à la
seule chose qu'il me reste de mes parents, de s'en sortir
sans être broyé sous vos mains ?
Haydar avait remercié dieu de ne pas avoir entre ses mains
le bien précieux de la jeune femme, car une sourde colère
avait pris possession de son corps et ça depuis le début de
la matinée, mais elle s'était immédiatement dissipée en
voyant de la tristesse dans ses yeux bleus où un voile
brillant s'était déposé dessus.
— Je vous fais la promesse solennelle d'en prendre soin.
Sans savoir pourquoi Séraphina lui avait tendu.
— Un recueil de poèmes ? Demanda-t-il surprit.
— Ils étaient fin connaisseur des poètes oubliés.
Le cœur serré d'en parler, Séraphina avait refoulé ses
larmes, il n'était pas question de se montrer plus faible
qu'elle ne l'était déjà.
— Ça peut paraître bizarre, mais j'aime en lire quand j'ai
me sens nostalgique.
Refermant le livre délicatement, Haydar préférait lui
rendre avant de lui poser sa question.
— Vous êtes mélancolique, je peux en savoir la raison ?
Refermant ses doigts sur son livre en le
récupérant Séraphina hésitait à lui dire.
— Sans vouloir vous offenser j'ai hâte de rentrer chez moi
j'ai l'habitude de mettre des fleurs sur leur tombe tous les
jours et je vais devoir m'en dispenser à contre cœur.
— Qui s'en est chargé lors de vos vacances ?
Les yeux rivés sur sa mâchoire, Séraphina avait répondu en
battant des cils, non sans rougir.
— Moi, par le biais de la fleuriste, j'ai dépensé la fin de mes
économies pour qu'elle le fasse à ma place. Terminant sa
phrase en levant les yeux sur sa
maîtresse, Séraphina s'était plongée dans le silence en
rouvrant son livre en s'interdisant de parler en sa
présence.
— Je ferais le nécessaire pour qu'il y en ait
chaque jours Séraphina je vous en fais la promesse. Fit la
voix du sultan doucereusement.
Enveloppée par son regard puissant, Séraphina n'avait pas
répondu en laissant sa tête le faire à sa place
Après des heures pénible de vol, l'arrivé s'approcher un
peu plus chaque minute en voyant par le hublot le paysage
changer. Optant pour sa cape rouge Séraphina l'avait mise
sur ses épaules en faisant un nœud parfait avant de relevé
la tête vers lui.
— Un chapeau ne sera pas suffisant pour mes épaules
fragiles commença Séraphina. J'en ai fait l'expérience en
Toscane, il m'a fallu trois jours pour m'habituer, inutile de
vous dire que chez vous le risque est élevé.
Alors qu'il l'étudiait sérieusement, Séraphina avait
détourné la tête, empourprée d'être dévisagée de la sorte.
Et elle n'avait pas envie de creuser plus.
A la descente de l'avion, elle avait pris le soin de mettre sa
capuche.

Insensible aux personnes qui l'avaient accueilli une fois le


pied posé dans son pays, Haydar fixait le petit chaperon
rouge donnait au paysage une autre teinte. Levant ses
pieds pour vérifier les semelles de ses chaussures, elle
avait glissé une main sur son visage pour dégager des
mèches qui la taquiner à cause du vent chaud
de Saharazan.
Réuni avec ses hommes, Haydar avait reporté son attention
sur eux en retirant sa veste noire qui ne lui servait plus à
rien à présent. Les manches retroussées, il n'avait pas mis
longtemps à mettre son plan en action à l'aide précieuse
d'Amad pour pouvoir passer les travaux qui les
empêchaient de passer.
— Mais enfin que font-ils ! S'écria la femme à côté d'elle en
allant vers eux.
Immobile en soulevant sa cape, Séraphina avait soufflé en
vérifiant ses chaussures pour les énième fois, le goudron
brûlant brillait sous le soleil et Séraphina craignait que
ses semelles fondent.
Relevant les yeux, elle avait joint ses mains en grattant sa
paume quand elle avait croisé le regard du sultan qui lui
faisait signe d'avancer.
Marchant dans sa direction elle le trouvait changé avec
l'absence de sa veste noire.
— La route ne peut être emprunté il n'y a qu'une voiture
pour les bagages.
— Alors qu'allons-nous faire ! Cria sa maîtresse en perçant
son tympan.
Silencieuse, elle avait compris ce qui les attendaient la
mort dans l'âme en voyant un rassemblement de chevaux
prendre possession du désert.
N'ayant même pas la force de reporter son attention sur
lui, Séraphina préférait se retourner pour lâcher toute
l'angoisse qui la submergé.
— Il reste une place dans la voiture votre grâce
déclara Amad.
Le visage illuminé par l'espoir d'échapper à cette
traversée sur le dos d'un cheval, Séraphina s'était
retournée en perdant son léger sourire en voyant son
affriolante maîtresse accourir dans l'habitacle. Démunie,
elle traçait la voiture des yeux qui s'éloignait au loin.
— J'ai accepté beaucoup de chose jusque-là mais je ne peux
pas faire ça. Annonça Séraphina en reculant quand l'un de
chevaux avait secoué sa crinière.
Sous son regard perçant d'éclat de noir, il était monté sur
un étalon le visage fermé avant de la saisir pour la déposer
sur la croupe du cheval aussi noir que son propriétaire.
Étouffant un cri de frayeur, elle avait saisi sa chemise pour
se redresser en fermant les yeux sous cette hauteur
vertigineuse.
Soulevant l'une de ses paupières, elle retenait son souffle
quand il s'était mis à donner des ordres pour qu'il avance,
tout en tenant les rênes de l'autre cheval qui lui était
sûrement destiné.
Obligé de lever la tête pour y voir la hauteur de l'homme
dos à elle, Séraphina empreint d'un frisson, n'avait pas eu
le temps de s'attarder en regardant tous ses hommes faires
du désert un souffle de poussières en galopant au loin.
— Pourquoi s'en vont-ils aussi vite ?
— Sans doute parce qu'ils n'ont pas de jeune femme effrayé
sur leur cheval pour s'interdire d'aller plus
vite. Eluda Haydar en tournant sa tête sur le côté et elle y
avait vu un léger sourire moqueur.
Se mordant la lèvre, elle préférait ne pas répondre.
Il avait raison.
Se risquant à poser une main sur le pur-
sang, Séraphina avait senti ses muscles frémir.
— Il vous appartient ?
— Ils m'appartiennent tous.
Sans s'y attendre, il avait encerclé sa taille en la passant
par-dessus lui sans difficulté.
— Mais qu’est-ce que vous faites !
— Vous allez tenir les rênes. Ordonna-t-il sérieusement.
Presque allongée sur le cheval, Séraphina cherchait une
prise désespérément avant qu'elle sente les mains du
sultan la guider, en refermant ses mains sur les siennes.
Grisée par des émotions fortes, Séraphina fixait ses
mains viriles faire disparaître les siennes.
Serrant les rennes le souffle coupé, elle regardait l'horizon
sans pour autant avancer.
— Dites-lui d'avancer maintenant.
— Oh votre altesse vous ne me piégerez pas. Débuta
Séraphine en tournant la tête, sans pour autant le voir,
les yeux plongés dans l'intérieur de sa cape. Malgré mon
état catastrophé de tout à l'heure, j'ai bien vu quatre de vos
hommes remuer ciel et terre pour faire bouger ce cheval, il
n'a obéi qu'a votre voix, est-ce là encore une autre façon de
vous amuser de moi ?
Dans un rire perçant, il avait pressé ses doigts contre les
siens.
— Bien étudié mademoiselle Catis. Souffla-t-il contre sa
joue.
Ordonnant à son étalon d'avancer, il avait repris leur
chemin et Séraphina s'était décontractée, jusqu'à se
redresser contre le large corps de l'homme. Fascinée,
elle regardait les dunes faire son effet sur elle en ayant
l'impression de rentrer dans un livre des mille et une nuits.
— Je retire mes moqueries de l'autre jour c'est vraiment
très joli.
— Je suis ravis de vous entendre avouer votre faute.
Laissant un sourire se dessiner sur ses lèvres à l’abri de
son regard, Séraphina de sentait devenir petite fille en
regardant l'oasis vêtue de plantes exotiques apparaître,
sous ses yeux élargis par la beauté qui prenait forme grâce
au soleil couchant, avant de voir deux hommes au loin.
— Ce sont des hommes qui travaillent pour vous ?
— Je vous demande pardon ?
Pointant ce qu'il aurait dû voir depuis longtemps, s'il n'était
pas occupé à fixer cette cape qui le fascinait, il avait par
prudence encerclé sa main pour qu'elle l'abaisse, en
poussant un juron.
Haydar avait fixé les deux hommes avant de s'approchait
un peu plus, en leur ordonnant d'avancer sous la discrétion
de sa langue arabe. Inutile de laisser la jeune femme
participer à ça, il ne désirait pas qu’elle l’entendre
être tranchant, voir violent.
Face aux deux jeunes hommes, Haydar avait tourné son
cheval de façon à ne leur laisser aucune chance de
continuer de regarder la jeune femme avec insistance.
— Prosternez-vous au lieu de faire une chose regrettable
! Gronda Haydar le sang chaud.
Regardant l'autre côté des dunes, Séraphina frémissait à
chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour s'adresser à ces
deux hommes. Elle n'y comprenait rien. Elle sentait
seulement la force de ses doigts encercler les siens autour
des rennes machinalement.
— Buvez Séraphina. Exigea-t-il d'une voix qui ne lui laissait
aucun autre choix que de se plier, en buvant l'eau de la
gourde, incrédule.
Essuyant sa bouche, les yeux lourds de fatigue, elle avait
jeté un coup d'œil à ce qu'il se passait en voyant les deux
hommes montaient sur le second cheval pour partir au
galop.
— J'ai le droit de savoir ? Se risqua de
demander Séraphina en sentant le cheval reprendre son
chemin.
— Ils se sont perdus, je leur ai donné de quoi rentrer chez
eux. Expliqua-t-il sans se fondre dans le sujet.
— C'est très gentil de votre part.
— N'allez pas trop vite en compliment mademoiselle Casit,
le désert et lourd, mon cheval s'efforce d’avancer d'un pas
lent et si je vois votre bouche se dessécher avant notre but
atteint, je crains avoir un jugement sévère une fois ses deux
voyous retrouvés.
Frissonnant à cette confidence pour le moins glaçante, elle
avait sorti sa langue pour humecter ses lèvres.
— Si vous me laissiez repasser derrière peut-être que....
— Trop tard, la route et presque là et puis vous n'êtes pas
prête pour le grand galop.
Les paupières lourdes, bercée par les sabots du cheval qui
soulevaient le sable, Séraphina n'avait plus la force de
répondre. Elle éprouvait une légère excitation à force
d’être contre lui, cette force intérieure qu’il dégageait lui
donnait la sensation d’être protégée, presque unique.
— Je crois que je suis en train de m'endormir honteusement
sur votre cheval. Avait-elle prévenu en baillant.
Une main avait encerclé sa gorge délicatement pour
l'obliger avec autorité à basculer son corps contre le
siens. La capuche légèrement écartée, elle avait rougi en
sentant sa tête se déposer contre son torse dur.
Sans en dire plus et malgré la position délicate, elle avait
fermé les yeux, trop impuissante pour résister à la fatigue.

Levant les yeux sur son palais au loin, Haydar avait reporté
son attention sur la jeune femme endormie dans ses bras,
ses cils allongés avaient plongé son visage dans l'innocence
la plus pure et il avait profité de ce moment pour poser un
pouce sur ses lèvres rouge, en lissant du bout du doigt les
contours voluptueux. Arrivé après une bonne heure
de traversé qui aurait dû lui prendre une bonne dizaine de
minutes, Haydar avait retrouvé Amad devant les marches.
— Sa chambre prête ?
— Tout est prêt. Assura ce dernier en tenant les
jambes fragiles de la jeune femme de façon à ce qu'il puisse
descendre en soutenant sa tête.
Reposant délicatement son corps dans ses bras, il avait
gravi les marches rapidement, son corps frêle collé contre
lui était une sensation unique qu’il était ravi de reproduire
une seconde fois, sa beauté saisissant ne faisait que
s’accroître délicieusement, au fur et à mesure qu’elle
dormait.
— Où est Amina ?
— Dans sa chambre je suppose.
— Dit-lui de venir la déshabiller s'il te plaît.
Surpris d'entendre sa propre voix être un
murmure, Haydar avait froncé des sourcils, étonné par les
efforts dont il faisait preuve.
La déposant sur le lit en serrant les poings contre le
matelas, Haydar sentait la présence d'Amina prête à faire
ce qu'il venait d'ordonner. Tirant sur le nœud de sa
cape, Haydar avait emporté le tissu rouge avec lui en
s'éloignant dans le couloir.
Étirant son corps dans tous les sens, Séraphina avait ouvert
les yeux en croisant un rayon du soleil qui traversait un
rideau bordeaux. Se remémorant la veille, elle s'était
redressée en regardant autour d'elle. Frottant ses yeux
pour être sûre qu'elle ne rêvait pas, elle s'était levée pour
tourner sur elle-même et pour admirer la chambre en
poussant un souffle de stupéfaction.
Baissant ses yeux sur la robe blanche qu'elle portait, elle
avait marché jusqu'à la grande glace au contour d'or pour
se regarder. Serrant ses mains, elle se rappelait s'être
endormie sur l'étalon noir. Une boule au ventre, elle
cherchait des yeux sa valise pour réaliser qu'elle n'était pas
ouverte et que ce qu'elle portait ne lui appartenait pas.
Les joues en feu, elle avait tourné sa tête vers la porte en
écoutant les coups délicats à la porte.
— Entrez.
Penchant sa tête en espérant que ce soit tout sauf le sultan,
elle en fut soulagée quand une femme aux cheveux opaque
avait souri en entrant.
— Bonjour je suis Amina c'est moi qui vous ai déshabillé
hier soir.
Fermant les yeux, soulagée, Séraphina avait esquissé un
sourire gêné.
— Bonjour madame.
— Le sultan souhaite votre présence dans son bureau au
plus vite après votre déjeuner.
Décidément, il ne perdait pas temps.
Hochant de la tête, Séraphina avait soufflé une fois la
porte fermée. Le revoir lui déclenchait une tornade de
frissons les plus froids les uns que les autres, et pourtant
son corps tout entier s’embrasait d’un feu brûlant à son
contact.
<< Reprend toi enfin ! >> Se maugréa Séraphina.

— Avez-vous bien dormi ?


Enfonçant son postérieur dans le fauteuil moelleux en
regardant autour d'elle, Séraphina en oubliait presque de
répondre.
— Oui merci, je suis prête à travailler. Dit-il d’un
ton détaché
— Oubliez un instant de travailler, j'ai quelque chose à vous
montrer.
Sa voix impérieuse l'avait un instant troublé.
Le souffle coupé quand il s'était levé, sa tenue noire
associant ses cheveux de jais noir l'avait fait frémir.
— Regarder j'ai trouvé ce site non loin de votre quartier
choisissez les fleurs que vous désirez elles y seront
déposés.
Non sans comprendre de quoi il parlait, Séraphina peinait à
se concentrer.
— Ça sera déduit de ma paye ?
— Bien sûr que non !
— inutile de gronder je demande simplement !
Le foudroyant du regard, elle avait reporté ses yeux sur son
ordinateur en choisissant rapidement. Une fois fait, il avait
repris son ordinateur en passant derrière son bureau.
— alors par où je commence ?
D'un sourire machiavélique il s'était carré dans son fauteuil
en laissant son corps vibrer sous son regard annonciateur.

— Moins vite ! Implora Séraphina en écrivant.


— Allons, je n'ai pas toute la journée. Déclara l'homme en
souriant.
Relevant les yeux, elle percevait de la moquerie dans son
regard.
— Oh j'ai compris ! S'écria-t-elle en se levant. Vous essayez
de me faire craquer !
— Craquer ? Répéta Haydar en tournant autour d'elle.
— Ce que vous me faite écrire n'a aucun sens !
— Doucement mademoiselle Casit, vous bafouillez.
Outrée, Séraphina avait poussé un cri de stupéfaction.
— Je bafouille parce que vous vous jouez de moi ! Protesta
la jeune femme en repoussant une mèche qui
était tombé sur son visage.
Ne cillant pas, il s'était approché de toute sa hauteur sans
bouger.
— Vous étiez plus agréable endormie dans mes bras. Fit-il
remarquer en baissant seulement les yeux.
Rouge en serrant son calepin contre elle, Séraphina se
voyait perdre pied à cette révélation.
— Je suis agréable en règle général sauf avec vous parce
que vous avez le don de m'agacer !
Le visage fermé il était passé derrière son bureau en
attrapant un dossier.
— Cette pile de dossiers n'est pas de votre ressort je n'ai
pas besoin de vous. Lâcha-t-il durement.
— Comment ça pas de mon ressort ?
Levant les yeux vers elle, il s'était assis lentement.
— Ce sont des dossiers strictement
confidentiels, imaginé que je vous laisse fouiner dedans
et.....
— Vous m'accusez bien vite je trouve vous savez quoi ? Je
pense que j'ai fait une grosse erreur en venant
jusqu'ici. Coupa Séraphina blessée de le voir ainsi se jouer
d'elle.
— C'est la dernière fois que vous me coupez la parole
! Siffla-t-il.
— En effet car je m'en vais. Annonça Séraphina en partant
décidé à partir d'ici sans se retourner.
Ouvrant la porte en partant d’un pas vif, Séraphina avait
pris une direction inconnue dans le couloir en regrettant de
ne pas avoir mémorisé le trajet de sa chambre à son
bureau.
— Mademoiselle Casit c'est de l'autre côté. Lança l’homme
lacé.
Comme une voix qui n'avait de cesse d'habiter son
esprit, Séraphina s'était retournée en passant devant lui les
poings serrés.
— Et vous n'irez nullement quelque part sans mon
autorisation ! Rajouta-t-il en faisant écho dans le couloir
vaste.
— Je vous demande pardon ! Vous n'êtes pas mon père,
je fais ce que je veux ! S'écria Séraphina en se retournant
sans pour autant bouger.
— Vous oubliez notre accord.
— Quel accord ? Vous l'avez pris tout seul cet accord !
— Non, vous avez accepté et vous voilà coincée ici que vous
le vouliez ou non !
De loin, son ton paraissait moins effrayant
mais Séraphina s'était quand même reculée.
Répondre ne servirait à rien pensa Séraphina en lui
tournant le dos pour reprendre son chemin.
— Revenez immédiatement !
Sous un tremblement semblable à sa voix, elle avait
continué à marcher en espérant rejoindre sa chambre au
plus vite et grâce au ciel elle n'était plus très loin.
Sous le soleil brûlant qui traversaient les rideaux, elle avait
claqué la porte avant qu'elle ne s'ouvre sèchement.
— Vous êtes de loin la première personne à me faire affront
de la sorte ! Gronda le sultan en attrapant son bras.
Le dévisageant la bouche sèche et les yeux
piquant, Séraphina se retrouva troublée quand son regard
s'était approché du sien.
— Il y a un début à tout.
Se refusant à laisser son désir empiéter sur sa sourde
colère, Haydar se voyait déjà céder à force de laisser les
yeux bleus de la jeune femme caressaient sa peau.
— Ecoutez, il y a un malentendu, j'ai besoin de vous
mais plus tard, le dossier sur lequel je travaille ne vous
regarde en rien !
Haydar avait pu voir son visage s'indigner.
— Alors à quoi je sers ? Demanda-t-elle si doucement qu'il
l'avait relâché désorienté.
À quoi elle allait lui servir ? Haydar n'arrivait même pas à
se répondre à lui-même. Dessinant une moue sur son visage
sans le vouloir, elle avait marché jusqu'au lit pour
s'asseoir. Claquant la porte en la
laissant seule, Haydar s'était confiné dans son bureau en
essayant de reprendre ses esprits. Il était sultan personne
n'avait le droit de se permettre de lui parler comme ça,
surtout pas une femme !
Mais n'avait-elle pas raison sur un point ? Cette histoire de
secrétaire n'était qu'un leurre. Il voulait découvrir pourquoi
cette intrigante jeune femme exerçait sur lui quelque chose
qu'il n'arrivait pas à déterminer. Ce désir violent qu’elle
exerçait sur lui ne faisait qu’accroitre de jour en jour.
Étudiant un dossier pour faire taire
ses pensées, Haydar avait posé ses mains derrière sa nuque
en soufflant.

Après mûres réflexions, elle avait décidé de prendre son


mal en patience, en attente de lui voir confier une tâche,
car elle avait grandement besoin de cet argent pour
débuter une nouvelle vie, d'ici deux semaines le sultan sera
si fière d'elle, qu'il ne voudrait plus en être séparé songea-
t-elle. Mais il y avait un obstacle dangereux qui l'empêchait
d'être totalement sûr d'elle. Le sultan en question.
Si dominateur que terriblement beau, son charme
énigmatique et féroce ne manquait pas de la faire frémir
sans comprendre pourquoi. Habituée à ne fréquenter que
des étudiants ou des clients pour vendre son pain frais, elle
ne pensait pas un jour faire face à la férocité d'un homme
aussi puissant.
Tapotant dans ses mains, les papilles en ébullition, elle
avait dévoré des yeux, toutes les bonnes choses posées sur
la table.
— Méritez-vous de manger mademoiselle Casit ? Demanda-
t-il en abordant un sourire machiavélique.
— Bien-sûr que je le mérite ! S'indigna Séraphina. J'ai eu
faim toute la journée, j'ai pratiquement rien mangé ce midi
en êtes-vous l'auteur ?
Son visage durci l'avait fait soudainement réfléchir à ses
derniers conseils qu'elle s'était donné à elle-même.
— Jamais je ne ferais une chose pareille, interdire une
femme de manger est loin d'être dans mes habitudes, je
pensais que votre collation était satisfaisante. Rétorqua
l'homme d'un ton sec.
— J'ai dû me confronter à une salade verte et
des croûtons. Je ne suis pas l'une de ses filles qui font
attention à leurs lignes figurez-vous !
Au même moment son ventre avait fait un bruit tel
que Séraphina avait rougi.
— Alors veuillez me pardonner, mon jugement était faussé.
Récupérant son assiette au vol précieusement, elle n'avait
ouvert que la bouche pour y insérer ce qui lui faisait envie
depuis des minutes.
— Où sont passés les autres ? Demanda-t-elle en avalant le
goût épicé dans sa gorge.
— Soyez plus précise. Dit-il d'une voix troublante.
— Et bien votre maîtresse, Amad, ils ne mangent pas avec
nous ?
Souriant, il s'était levé pour aller se poser près de la
fenêtre, visiblement songeur.
— Amad et avec sa femme quant à Clarissa je ne l'ai pas vu
depuis hier.
Avalant une gorgée de jus
de fruit, Séraphina s'était arrêté de boire en ne voyant
aucune réaction de sa part aucune réplique tranchante.
— Je peux vous laissez si.....
— Pourquoi dite vous encore des inepties. Trancha ce
dernier en s'avançant brusquement.
— Parce que j'ai bien l'impression...
— Cessez vos impressions, vous me fatiguez Séraphina.
Si son prénom dans sa bouche avait roulé dans un accent
séduisant, Séraphina était fatiguée elle aussi de sa
bipolarité.
— Mangez maintenant ça va refroidir.
Ravalant sa contrariété de ne pas pouvoir se défendre,
elle avait préféré manger au plus vite.
— Bien alors je vais aller me coucher. Déclara-t-elle une
fois le ventre plein.
— Je ne vous ai pas donné l'ordre de partir. Fit-il un sourire
cynique aux lèvres.
Séraphine réprima un frisson tout en demeurant
silencieuse, car si jusque-là elle avait dépassé sa timidité
pour lui répondre, elle n'avait plus de cartes en main et son
avenir était en jeu. Ne la quittant pas du regard, elle avait
expressément levé les yeux au ciel pour admirer le plafond
bien décidé à tenir bon.
— Vous voyez mademoiselle quand vous voulez vous savez
vous montrer.... Docile.
Cillant sous cette voix jusque-
là insoupçonnée, Séraphina ne s'était pas fait prier en se
levant à la hâte pour déguerpir sur le champ.
Car une chaleur s'était logée tout près de sa nuque
avant dans s’en saisir complètement.
Fermant la porte de sa chambre le
souffle court, Séraphina ne se voyait pas rester deux
semaines ici à supporter la froideur de l'homme et son
amusement à la rendre folle.
Se glissant dans les draps nappés d'une sensation agréable,
elle avait l'impression que l'odeur du sultan était partout
autour d'elle.
Laissant son livre quelques minutes avant, attirée par les
bruits de dehors, Séraphina avait appuyé ses mains contre
la barrière en regardant au loin avec fascination, ce qu'elle
pouvait percevoir tout en rougissant jusqu'à la racine de
ses cheveux. Un nouveau venu dans la collection
impressionnante de chevaux que l'homme détenait déjà. La
bouche entre ouverte, elle voyait le sultan prendre d'assaut
l'animal avec fermeté. Les joues en éruption, elle fixait le
dos nu et puissant en faire le dominateur gagnant. Vêtu
d'un pantalon noir, il fixait le cheval avec attention en
laissant son torse athlétique faire son effet.
Sur elle.
Tournant sa tête vers Amad il lui avait souri en posant une
main fraternelle sur son épaule.
Mais elle avait réprimandé un mouvement de recul quand
la scène devenait plus durement exécuté en voyant le
cheval s'agitait.
— Il ne va pas lui faire du mal ?
— La personne en danger pour le moment c'est le sultan
déclara Amad sur ses gardes en fixant la scène. Ce cheval à
subit un mauvais traitement, il faut le mettre en confiance.
Déglutissant péniblement, Séraphina était prise
d'inquiétude de la voir ainsi tout proche du cheval.
Échappant un cri quand il s'était aventuré sur le dos de
l'animal, Séraphina écoutait les applaudissements éteindre
ses peurs en déduisant qu'il avait gagné, puis elle se
délecta inlassablement du spectacle
vivement impressionnée.
— Amad ai-je le droit de vous demander
d'où viennent toutes ses blessures ? Demanda Séraphina en
se risquant à un refus.
— Quand la succession du trône du roi était en suspens,
des rebelles ont profité ce bref égard du prince pour faire
régner la terreur, mais une fois le prince monté sur le trône
en devenant roi, il a repris les choses en main et le Sultan
n'a pas hésité un instant à venir à ses côté pour mener
cette guerre. Expliqua Amad en la laissant frissonner de
peur d'entendre la suite. Inutile de vous dire qui a gagné
reprit—il en souriant légèrement. Malheureusement ça n'a
pas laissé le sultan sans blessures. Mais la pire et
sans doute sa brûlure, une petite fille était coincée dans sa
maison incendié, il n'a pas hésité à y aller.
Laissant couler une larme, sensible à
ses révélations, Séraphina avait reporté son attention sur
l'homme en question qui était descendu de sa monture.
— Il était gravement brûlé au flanc les chirurgiens
on commençait un travail exemplaire mais il a décidé d'en
garder une partie.
— Pourquoi ? Souffla Séraphina la voix emplie de tristesse.
— Pour les garder telle qu’elles sont et se rappeler ce que
cela signifie pour lui.
Le regard triste vers Amad, elle l'avait vu se retirer en
inclinant sa tête.
— Alors mademoiselle le spectacle vous a plus ? Lança une
voix de velours.
Frottant sa joue pour essuyer son visage, elle avait pris les
côtés de son chapeau pour l'enfoncer sur sa tête de façon à
dissimuler son visage morose.
Faisant volt face, elle s'était violemment empourprée en
détaillant son corps de plus près, si virile et présomptueux
il arborait un sourire de fierté sur son visage en laissant
apparaître ses dents blanches.
— J'ai eu un instant peur pour le cheval, mais Amad m'a
expliqué. Répondit Séraphina en montant sur l'un des
tronçons de la barrière.
— Vous n'avez même pas eu peur pour moi ? Demanda ce
dernier en baissant son corps viril de façon à pénétrer sous
son chapeau.
Tout près de son visage, le souffle du vent mélangé au sien
avait caressé ses lèvres tièdes ce qui n’avait pas manqué de
la faire glisser sur le tronçon en descendant d'un étage le
chapeau de travers.
Sous un éclat de rire perçant du sultan amusé, elle avait
joint ses mains, rouge de honte, avant retenter le coup en
réprimant un frisson.
— Pourquoi en avoir racheté un autre ? Demanda-t-elle en
remontant.
— J'aime ça, dit-il simplement.
Affreusement éprit d'un sentiment
mystérieux, Haydar regardait la jeune femme monter sur la
barrière en faisant sans s'en apercevoir, faire pression sur
sa poitrine laiteuse. Serrant la mâchoire, il ne quittait pas
la scène des yeux en remettant sa chemise. Son teint
transparent caché sous son chapeau, laissait tout de même
faire son effet grâce à ses yeux bleus et ses lèvres qui se
distinguaient.
Sans pouvoir lutter de la voir ainsi grimper sans relâche
sur la barrière en fixant l'horizon, il avait saisi son menton
en se frayant un passage.
— Séraphina, vous devriez descendre avant de glisser.
Frôlant sa joue, elle avait basculé pour descendre
maladroitement et il voyait son corps innocent disparaître
pour poser ses pieds par terre.
— J'ai tendance à redevenir enfant quand je vois de
nouvelle chose. Murmura-t-elle.
La retrouvant de l'autre côté, elle s'était mise à marcher
à contre-sens du palais.
— Ce n'est pas par là. Lança Haydar par-dessus son
épaule.
— Bien sûr que ce n'est pas par là je le savais. Dit-elle en
passant devant lui.
— Au faites avez-vous vu ma cape rouge je la cherche
partout ?
Pliant les sangles soigneusement Haydar avait souri
lentement.
— C'est moi qui l'ai.
Une expression interloquée était passée sur son visage.
— je peux savoir pourquoi ?
— Elle m'intriguait. Confia-t-il en approchant. J'ignorais
qu'un vêtement aussi mystérieux existé je voulais l'étudier.
— Ce n'est qu'une cape. Dit-elle sur un ton faussement
détaché.
— Vous vous rendez compte miss Casit des années
d'existence et jamais je n'avais vu une telle
chose. Souffla Haydar taquin.
Croisant les bras sur son ventre, elle avait levé la tête.
— Pensez-vous me la rendre bientôt ?
— je l'ignore encore. Répondit Haydar à la hâte.
— J'en ai d'autre de toute manière dit-elle en haussant les
épaules.
Intrigué d'avantage, Haydar imaginait à quoi elle pouvait
ressembler dans un tissu semblable à celui qui avait pris
sans avoir aucunement l'intention de lui rendre.
— J'en oublie de vous dire que j'ai besoin de vous dans
quinze minutes j'ai une réunion importante. Allez chercher
votre calepin.
Sûr qu'elle allait rétorquer, elle l'avait pris de court en s'en
allant pour gravir les marches.

Rejoignant la salle de réunion, Haydar avait pris le soin


d'expliquer à ses conseillers en arabe la présence de la
jeune femme à leur côté. Car il n'avait pas besoin de
secrétaire et ils n'avaient pas manqué de rire discrètement
en la voyant prête à tout noter. Remerciant ses hommes de
maîtriser l'anglais, il avait débuté la réunion tout en ayant
un œil sur la jeune femme tête dans son calepin.
— Vous suivez mademoiselle Casit ?
— Oui j'ai tout noté ! s’écria-t-elle en relevant la tête fière
d'elle. Dois-je retirer le juron proféré à vos soins entre
souveraineté et politiques ?
Éclatant de rire en même temps que
ses conseillers, Séraphina s'était décomposé en plusieurs
morceaux en baissant la tête sur sa feuille.
— Non je pense qu'on va le retirer murmura-t-il près de son
oreille.
Relevant la tête, elle avait plissé les yeux.
Si proche de son visage, Séraphina pouvait voir sa bouche
âcre se serrer sourire en coin.
Baissant les yeux pour gribouiller le mot en trop,
tout le monde c'était levé en harmonie en la laissant une
fois de plus terriblement gênée.
Seule avec lui Séraphina avait senti ses mains s'appuyer
sur le rebord de sa chaise.
— Vous avez fait un travail soigné. Lança-t-il d'un ton
neutre.
— Merci mais j'en fais quoi maintenant ?
— Donner le moi.
Basculant sa main en arrière, elle lui avait tendu le calepin
sans se donner la peine de se retourner.
— Levez-vous s'il vous plaît.
Se levant d'un bond, Séraphina s'était retourné vivement.
Levant la tête pour déchiffrer son expression en regardant
son travail Séraphina s'était surprise à le dévisager
beaucoup trop longtemps, en remerciant le ciel qu'il ne
l'ait pas vu.
Passant une mèche derrière son oreille, elle l'avait vu
sourire avant de balancer le calepin sur sa table.
— Ce soir il y aura une réception au palais. Débuta l'homme
en approchant d’un pas lent.
— Inutile de vous dire que votre présence et indispensable.
Elle ? À une réception ? Impossible ! Songea Séraphina le
cœur battant à tout rompre.
— Les réceptions ce n’est pas pour moi, je préfère rester au
lit avec un bon bouquin et.....
— C'est un ordre pas une invitation !
Redoutant encore qu'il aboie comme un chien
enragé, Séraphina avait levé ses mains en signe
d'apaisement.
— Si c'est un ordre... Commença-t-elle. À votre guise...
Les yeux mi-clos, il s'était rapproché dangereusement.
— Seriez- vous en train de vous moquer de moi ?
— Moi ? No... Non bien sûr que non. Bégaya-t-elle.
Bafouillant des souffles de mots, elle s'était décalée pour
atteindre la porte.
— Je n'ai rien comme robe je...
— J'en ai déjà sous le coude coupa rudement le sultan en
posant ses mains sur la porte. A l'heure où nous parlons,
elles doivent être disposées sur votre lit.
Imprégnée par son regard Séraphina avait papillonné des
cils.
— Oh et bien merci.... C'est très généreux de votre part.
D'un sourire machiavélique et un regard ombrageux, il
avait basculé son torse puissant vers
elle. Séraphina pouvait sentir l’odeur de sa peau virile, par
prudence, elle s’était légèrement décalée contre la porte en
s’efforçant de garder le menton bien levé sans ciller
— Attendons de voir ce que ça va donner avant de parler de
générosité.
Ouvrant la porte en passant devant elle, Séraphina l'avait
suivi d'un pas lent en le regardant marcher rapidement
grâce à ses longues jambes.
— Vous êtes plus que magnifique s'écria Amina en joignant
ses mains sur sa bouche.
Les doigts portés à sa bouche stupéfaite d'avoir sur elle
une telle robe, Séraphina sentait sa force ne plus la tenir.
— Amina je ne peux pas !
— Bien sûr que si !
Se retournant les yeux écarquillés par la
peur, Séraphina l'avait regardé en tapant ses hanches en
regrettant inopinément son geste, de peur d'avoir froissé le
tissu.
Sous le regard autoritaire de la femme, Séraphina était
sorti en tenant les voiles de la robe nerveusement.
Suivant le brouhaha au loin pour la
guider, Séraphina marchait à reculons en aspirant de
grandes bouffés d'air. Pourquoi se rendre malade pour une
simple réception ? Elle avait eu sa réponse en basculant
son corps contre les épaisses pierres blanches, pour avoir
une vue aérienne sur la grande salle. Survolant les invités
le pouls accéléré, Séraphina avait vu le sultan en pleine
discussion au côté de sa maîtresse. En quoi sa présence
était importante pensa-t-elle en portant nerveusement un
doigt à sa bouche. Marchant dans le sens inverse, les joues
chaudes, elle se demandait si c'était l'angoisse de
descendre où l'angoisse de retrouver le sultan qui
l’empêchait de respirer, car son profil saisissant ne la
laissait pas indifférente.
Séraphina s'était mise à arpenter le vaste couloir la tête
baissée.
Avançant d'un pas pour mieux reculer, elle cherchait la
force suffisante pour marcher vers les escaliers.
— Coucou !
Se retournant vers les deux voix douces, Séraphina avait
souri aux deux petites filles.
— Coucou.
— Toi aussi ta pas le droit d'y aller ? Demanda l'une
d'entre elles de sa petite voix.
Baissant son corps en s’approchant, elle s'était baissée en
admirant les deux fillettes qui ne dépassaient pas trois ans,
dont la plus petite en taille arborait un sourire timide.
— Et bien si mais je n'ai pas très envie d'y aller. Confia-t-
elle en souriant.
— C'est ta vraie couleur ? Demanda la plus grande en
posant une main sur sa joue.
— Oui.
— La chance ! S'écria-t-elle en souriant.
Les cheveux peignés en tresse, elles avaient toutes les deux
pris d'assaut les siens.
— Ils sont vrai aussi ?
— Vrai de vrai affirma Séraphina amusée.
— Tu veux bien venir jouer avec nous je vais te faire du
thé. S'exclama la plus petite en passant sa petite main sur
sa frange en désordre.
Incapable de résister, Séraphina s'était laissé guider dans
une chambre. A choisir entre ses deux merveilles et
une réception elle n'avait pas mis longtemps à faire son
choix.
— Il faut rien dire chuchota la plus grande ils pensent tous
qu'on dort ! Je m'appelle Laila et voici Lana.
— Enchanté moi c'est Séraphina.
Le visage illuminé, la fillette avait tapé ses mains en
sautant.
— Vien assoir toi ! Cria Lana d'un anglais mélangé mais
adorable.
Soulevant sa robe elle s'était assise en tailleur.
Accaparée des deux côtés, elles touchaient ses cheveux en
tirant légèrement dessus.

Serrant une foule innombrable de mains, Haydar en


devenait bien vite agacé avec pour seule envie, voir la
jeune femme apparaître mais elle n'en fit rien. Passant
entre ses invités la mâchoire serrée, il avait
rejoint Amad qui regardait en haut des marches.
— Trente-cinq minutes ! Elle va descendre quand avant que
ce soit moi qui aille la chercher !
— Une femme aime se faire désirer.
— Pas elle Amad ! Crois-moi ce n'est pas son
genre. Gronda Haydar à l’abri des regards. Je parie une
demi-douzaine de mes chevaux qu'elle est sagement
allongée sur son lit en train de bouquiner son recueil !
Affirmant cette probabilité d'une grimace, Amad avait posé
une main sur son épaule avant de relever les yeux sur les
grands escaliers.
Sifflant entre ses dents, il était monté à l'étage avec la
ferme intention de la faire sortir de son lit.
Ouvrant la porte de sa chambre à toute volée, il n'avait pas
vu l'ombre de la jeune femme. Croyant
d'abord qu'elle s'était perdue, à force de la voir se tromper
de chemin depuis son arrivé, Haydar fut attiré par des voix
au loin, il s'était laissé conduire jusqu'à la chambre
où provenaient les rires.
Ouvrant la porte légèrement, il en était resté immobile en
découvrant la jeune femme entourée par les enfants de son
ami proche. Sa beauté fracassante mettait la robe en valeur
et Haydar en avait la gorge serrée de la voir ainsi
vêtue. Car même sans cette robe, elle était dotée d'une
beauté renversante, Haydar avait la sensation de faire face
à une hallucination. Si souriante et trop occupée à jouer
avec les petites filles, elle n'avait pas du tout fait attention
à lui, mais Haydar avait l'intention d'intervenir quand Lana
brossait énergiquement la jeune femme, à deux doigts de
faire tomber le feuillage qui ornait ses cheveux blond en
risquant d'abimer ce chef d'œuvre.
— Mesdemoiselles vous ne devriez pas être au lit. Lança-t-il
en attirant leurs attentions.
Les yeux plongé dans ceux de la jeune femme, il pouvait
maintenant voir sa beauté naturelle lui bloquer la gorge
d'un désir impliquant de se gifler lui-même intérieurement
pour cesser toute tentation.
— Tu ne dois pas être ici tonton, c'est réservé aux
filles. Dit Laila en levant son doigt vers lui.
— Oui tonton va-t’en à ta fête à toi ! S'écria Lana en se
faufilant entre ses jambes pour le tirer vers l'extérieur.
Attrapant la trépidante enfant, elle avait crié de joie.
— Vous m'avez enlevé mademoiselle Casit ce n'est pas
bien, je l'ai invité en premier à ma fête. Déclara Haydar en
entrant dans le jeu des enfants.
— Elle ne veut pas venir à ta fête. Répliqua Laila en
fronçant du nez.
Posant ses yeux sur Séraphina qui
s'était levée, Haydar avait instinctivement baissé les yeux
sur sa silhouette innocente aussi magnifique que l'autre
jour au restaurant.
— Et bien mademoiselle est-ce vrai
? Demanda Haydar d'une voix rauque qu'il n'avait pu
maîtriser.
Un instant gênée, elle avait soulevé sa robe en baissant les
yeux sur Laila en lui décrochant un clin d'œil.
— Oui c'est vrai. Affirma-t-elle en levant le menton.
— Tu vois ! S'écria Lana accrochée à son cou.
— Il faut dormir maintenant, que vont dire vos parents si je
leur dis que vous jouez aussi tard.
Posant Lana sur son lit, Séraphina voyait en lui un
changement brutal de comportement et de voix. Il était
doux.
— On veut jouer encore avec elle. Protesta Laila en tirant
ses couvertures.
— voilà ce qu'on va faire. Débuta le sultan en
incitant Séraphina à s'approcher des lits, impatiente de
savoir ce qu'il allait dire. Je vais demander à vos parents
l'autorisation de vous garder demain, ainsi vous aurez le
loisir de jouer avec Séraphina que dites-vous de ça ?
Pressant leurs petites mains contre leur poitrine en chœur,
leurs visage emplis de joie avait fait sourire Séraphina.
— Oh oui !
— Seulement si vous dormez rajouta l'homme d'une voix si
douce qu'elle croyait rêver.
Des étoiles plein les yeux, elles s'étaient mises sous les
couvertures en échappant des rires de joies.
— Bonne nuit les enfants ! Déclara Séraphina en reculant.
— Bonne nuit !
Saisi par le poignet, Séraphina savait que la suite serait
moins enfantine.
— Elles m'ont gentiment proposé le thé, je ne pouvais pas
refuser une telle invitation. Expliqua Séraphina une fois
dehors.
— Alors vous avez refusé la mienne éluda l'homme d'une
voix rauque.
— Non pas du tout, je suis habillée il me semble
! Protesta la jeune femme sur la défensive. Et puis en quoi
ma présence est utile ?
Savourant de plus près la jeune femme, Haydar avait saisi
sa main pour l'emporter avec lui.

— vous êtes incroyablement magnifique, lança Haydar une


fois les grandes marches descendues.
— merci. Murmura-t-elle.
Haydar avait vu une lueur d'inquiétude danser dans ses
yeux.
— la seule personne ayant l'envie de vous dévorer
c'est moi, alors cessez de faire cette
tête. Lança Haydar une pointe d'humour dans la voix.
Ayant toute l'attention de la jeune, il avait vu son visage se
colorer. Baissant les yeux sur ses formes ravissantes, il
avait glissé une main dans son dos en l'obligeant à
avancer.
Fixant le sol en esquivant les pieds des
invités, Séraphina avait fini par relever la tête, les poils
hérissés sur sa nuque.
— Pourquoi on me regarde ainsi ?
— Je vous l'ai dit il y a cinq minutes vous êtes à tomber par
terre. Dit-il d'une voix grave.
— Vous savez ce que je pense là toute suite ?
— J'ai hâte !
— J'aurais préféré continuer à jouer à la dînette.
D'un sourire ténébreux, il avait penché son corps sur le
côté aux yeux de tous.
— Alors vous allez pouvoir faire cette confidence à leur
parent. Murmura-t-il en laissant une tiède chaleur toucher
son oreille.
À peine remise de sa voix de velours, Séraphina faisait
maintenant face à un couple.
— Voici la fameuse mademoiselle Casit. Débuta un homme
en souriant.
Fameuse ? Pourquoi fameuse ?
— Séraphina je vous présente le cheikh Tarik et sa femme
Cara.
Détaillant le couple sans trop s'attarder, Séraphina voyait
une nette distance les séparer.
— Pardonnez mademoiselle Casit elle était en compagnie
de vos filles.
— Je croyais qu'elles dormaient déclara Cara en riant
nerveusement.
— Oh ça ne fait rien. Assura Séraphina elles ont juste voulu
jouer un peu.
— A la dînette. Rajouta le sultan en la laissant rouge de
confusion, en ne sachant pas s'il se jouer d'elle avant de le
voir sourire en la défiant du regard.
Loin de vouloir se laissé prendre à son jeu, Séraphina avait
esquissé un sourire.
— Même si ce thé était sans nul doute, imaginaire, il était
délicieux, je m'en suis délectée.
— Et c'est pour ça que les filles on demandait l'autorisation
de rester jusqu'à demain après-midi de façon à laisser
mademoiselle Casit se délecter d'avantages de ce breuvage
imaginaire. Répliqua-t-il en pressant ses doigts contre son
dos.
Laissant tomber les armes, Séraphina était bien plus
occupée à ne laisser rien afficher sur son visage, car sa
main de fer s'était logée plus bas.
— Et bien j'ai des affaires à régler demain, ça ne me gêne
pas au contraire, elles aiment être chez toi Haydar c'est
bien pour ça que tu es leur parrain. Déclara l'homme en
souriant.
Si Séraphina avait du mal à se concentrer avec cette
main agrippée à son dos, elle avait bien entendu l'homme
désigné le sultan aussi autoritaire que ténébreux être le
parrain des deux fillettes.
— Merci et vous Cara ça vous dérange ?
— non au contraire. Assura-t-elle en passant sa main en
face de visage.
Gênée de ressentir une colère s'engageait dans tout son
corps, de la voir ainsi balayer ses enfants d'un revers de
la main, Séraphina s'était écartée légèrement d'eux tout en
se forçant à sourire.
— Allons manger maintenant. Déclara Haydar en les
invitant à rejoindre le salon.

Attablée à une table si lumineuse qu'elle en avait perdu le


souffle, Séraphina était soulagée de voir Amad à côté
d'elle. Car la carrure athlétique du sultan s'imposait à côté
d'elle, jusqu'à l'empêcher de respirer.
Tournant la tête avec précaution vers lui, elle avait eu le
droit à un spectacle pour le moins surprenant, sa maîtresse
s'extasiant de rire à sa gauche en posant ses mains sur son
épaule. Reportant son attention sur Amad Séraphina avait
fait glisser sa chaise près de lui.
— Cela va-t-il durer encore longtemps Amad ? Chuchota-t-
elle.
— Oui mon enfant nous en sommes qu'au début prenez
votre mal en patience.
Se redressant les yeux ronds, Séraphina avait cru mal
entendre.
Les yeux soulevés lentement vers
le sultan, Séraphina cherchait à attirer son attention. Une
fois le regard sur elle, Séraphina avait simulé un bâillement
dans l'espoir qu'il la congédie de ce dîner qui n'en finissait
pas. Ses espoirs retombés en grimaçant, il avait seulement
tiré sa chaise vers lui pour la remettre à sa place. Optant
pour de nombreuses autres solutions, elle avait par en
trouver une seulement pour se dégourdir les jambes.
— Où allez-vous comme ça ? Demanda ce dernier en
encerclant son poignet. Séraphina ne manqua pas de
tressaillir quand ses doigts brûlant sur sa peau s’étaient
refermés comme pour se saisir complètement de son corps.
— Aux toilettes. Dit-elle simplement le poignet électrifié par
cette sensation qui c'était éprise d'elle.
— Ne vous y attarder pas s'il vous plaît.
D'un simple regard, il lui avait fait clairement comprendre
de se méfier si tel était l'inverse.
Marchant à travers les foules de tables, Séraphina avait
touché son poignet empreint de cette poigne puissante.
Ses pieds devenaient douloureux, Séraphina cherchait les
toilettes les plus proches avant de s'arrêter sur le seuil.
— Cette réception est rien d'autre qu'un moyen de prendre
femme. Lança une voix.
— Tu dis n'importes quoi ! Gronda une voix qu'elle
connaissait bien.
La maîtresse du sultan.
— tu n'as pas vu le nombre de femme courant après lui
toute la soirée en lui arborant leurs plus beaux sourires ?
— Je mérite ce titre, il me revient !
Portant une main à son cœur, Séraphina avait reculé sous
la dureté des mots.
— C'est le plus grand sultan que Saharazan aurait pu
souhaiter un jour, s’il te revient de droit, je te conseil de te
dépêcher.
— Tu crois que je suis ici pour quoi !
— Et la fille qui n'arrête pas de coller ?
S'écartant le long du mur, Séraphina avait tendu l'oreille.
— Elle ! C'est sa secrétaire, il la colle sûrement pour lui
donner des ordres.
Ne voulant en écouter plus Séraphina était à contre-
sens avec un sentiment d'humiliation.
Remontant dans sa chambre pour accéder à la salle
de bains, elle s'y était enfermée en regardant son reflet.
Appuyé contre le rebord en marbre, Séraphina reprenait
son souffle en essuyant d'un revers de la main une larme
apparente.
Après de longues minutes à se regarder, Séraphina s'était
armé de courage en ouvrant sa porte. Mais son courage
était retombé face au sultan le visage durci.
— Je croyais vous avoir dit de ne pas vous attarder.
— Les toilettes étaient occupées, j'ai dû monter. Se
justifia Séraphina en effleurant son corps pour passer à
côté de lui.
Sans un mot, il marchait à côté d'elle en la laissant presque
vexée de ne pas en entendre plus. Tirant sa chaise une fois
de retour, Séraphina espérait que la fin soit proche pour en
terminer au plus vite.

Observant les dunes s'associer à la lune en laissant ce qui


lui appartenait devenir unique, Haydar n'arrêtait pas de
réfléchir, si bien qu'il pensât devenir fou. Cette jeune
femme n'avait pas conscience de son charme envoûtant,
surpris de jour en jour il se demandait pourquoi il avait
besoin tant l'avoir près de lui. Après de nombreuses
maîtresses collectionnées, Haydar n'avait jamais était plus
loin qu'une simple discussion sur l'oreiller. Mais avec elle,
il voulait s'ouvrir et laisser son cœur parler. Secouant de la
tête en marchant comme un lion en cage, Haydar n'avait
pas fait attention de la présence de Khalil près de son
bureau.
— Je te dérange, tu as l'air anxieux.
Anxieux ? Plus que ça ! Pensa Haydar en cessant de
marcher.
— Et toi tu as l'air plus en colère que moi est-ce normal ?
Les yeux noirs il s'était laissé tomber dans le fauteuil.
— Je n'aurais jamais dû l'épouser.
Si Haydar semblait en détresse, il avait réussi à la balayer
pour se concentrer sur lui.
— Cara ? Pourquoi ?
— Elle n'est rien d'autre qu'une arriviste elle m'a
piégé. Gronda-t-il les poings serrés.
— N'y va pas trop fort Khalil. Conseilla Haydar.
— Je t'expose la vérité, Laila et Lana est la meilleure
chose qu'il me soit arrivé mais leur mère est une grave
erreur.
Que pouvait-il répondre à ça ? Haydar l'ignorait il n'avait
jamais porté cette femme dans son cœur mais il n'avait
jamais donné son avis.
— N'épouse jamais une maîtresse qui en a qu'après le titre
reprit Khalil. J'ai pensé qu'en épousant Cara je ferais taire
les rumeurs mais je n'ai fait qu'empirer les choses. Le
peuple la déteste, je t'ai raconté la fois où nous sommes
partis à l'assaut du centre—ville et que des hommes m'on
demander de la tuer ?
Éclatant de rire Haydar s'était arrêté la seconde suivante
au regard sérieux de son ami.
— J'y ai pensé Haydar. Avoua l'homme les traits tirés.
Levant une main vers lui en reprenant tout sérieux, son ami
avait grimacé d'agacement.
— Rassure-toi, je ne vais pas la tuer ! J'ai perdu trois ans de
ma vie Haydar j'ai le droit d'être haineux envers elle.
— Je suis sûr que tu vas te sortir de cette mauvaise passe
Khalil. Assura Haydar en se levant pour tapoter son
épaule. Tu trouveras l'amour j'en suis persuadé.
Riant nerveusement, il avait dessiné sur ses lèvres un demi-
sourire.
— Et toi Haydar cela semble être chose faite.
Considérant son ami sérieusement, Haydar avait repris sa
place dans son fauteuil.
— N'as-tu pas vu ce qui ce tramé ce soir ? Toutes ses
étrangères au bras de leurs pères en cherchant ton
attention. Et pourtant tu n'as rien vu.
— Elles cherchaient quoi exactement ! Gronda Haydar que
j'en prenne une au hasard pour femme !
Furieux de n'avoir rien vu Haydar voyait soudainement
rouge.
— Sûrement, acquiesça Khalil. Mais ton attention était
portée sur mademoiselle Casit.
Fixant Khalil les yeux plissés Haydar pensé avoir joué la
discrétion sur ce coup-là.
— Je ne l'ai regardé que deux ou trois fois.
— Tu rigole j'espère ! S'écria-t-il en riant. Tu n'as pas
arrêté de la dévorer de regard, de la coller.
— J'ai fait ça ? Demanda Haydar en ne se reconnaissant
pas.
— Tu as même planté tes invités pour
la raccompagner dans sa chambre.
Frottant sa barbe songeur, Haydar s'était callé dans son
fauteuil.
— Faut dire que cette demoiselle était de loin la plus belle
jusqu'à me laisser....
— Fait très attention à ce que tu vas dire Khalil
nous sommes.....
Portant son poing à sa bouche, Haydar s'était arrêté
conscient qu'il venait de le piéger.
— Nous y voilà... Haydar c'est bien ce qu'il me semblait.
Sur ses paroles, il s'était retiré en le laissant à ses
réflexions.
— T'en veux d'autre ! S'écria Lana en soufflant contre sa
joue pour faire refroidir le thé imaginaire.
— Non mademoiselle je vous remercie.
Criant de joie au même moment que sa sœur, elle avait
saisi une mèche de ses cheveux.
Depuis bientôt deux heures Séraphina jouait avec les deux
petites filles en sentant son cœur se gonfler de joies en
savourant chaque instant, mais l'heure du départ avait
sonné pour elle quand Laila s'était endormie contre sa
jambe.
— Séraphina une voiture les attend. Déclara Amad.
— Elles vont rentrer seules ? Demanda-t-elle inquiète.
— Ce n'est pas très loin n'ayez crainte.
— Dans ce cas je vais les accompagner.
Un refus s'était affiché sur le visage d'Amad.
— Je crains que ce soit possible le sultan n'est pas là.
— Et alors je n'ai pas besoin de son autorisation pour
sortir. Répliqua Séraphina en passant devant lui.
Guidant Lana par la main en serrant le corps
de Laila contre elle, Séraphina devenait sourde à la
protestation d'Amad en allant s'installer dans la voiture.
Il était hors de question de laisser ses petites filles
rentrer seules, même si le chauffeur agissait à l’ordre de
leur père.
Sous le regard inquiet d’Amad, Séraphina avait fait
basculer sa cape blanche en le regardant une dernière
fois.
Bravant l'interdit Séraphina, avait passé les grilles en
sachant qu'elle ne passerait pas à côté de la colère
du sultan mais tant pis. Berçant la petite fille endormie, sa
sœur s'était laissé tomber dans le sommeil en basculant sa
tête en arrière avant de se frotter les yeux à l'aide de son
doudou. Après une traversée assez longue, la voiture
arrêtée une femme d'une cinquantaine d'année avait pris le
soin de la remercier en s'emparant des petites filles. Trop
fatiguée pour répondre, Lana avait secoué sa main pour lui
dire en revoir.
Les yeux fixés sur ses mains, Séraphina attendait de
recevoir les foudres du sultan en relevant la tête pour
apercevoir au loin les grandes palissades. Mais
trop intriguée par l'oasis sur sa gauche, elle avait
demandait à l'homme de s'arrêter en espérant qu'il
comprenne. Une fois fait, Séraphina était sortie en
regardant la voiture s'éloigner.
Seule dans les dunes du désert, elle s'était mise à courir
jusqu'à l'oasis en se faufilant entre les plantes
exotiques. Face à tant de beauté, Séraphina avait laissé
échapper des souffles de stupéfactions. Regardant autour
d'elle en n'y voyant pas l'ombre d'une personne, seulement
un long et grand silence, Séraphina avait retiré sa cape en
se jetant à l'eau, avec la robe collée à son corps sous la
sensation de l'eau tiède. Séraphina avait souri en fermant
les yeux pour entreprendre de nager lentement en
savourant le silence paisible.
Basculant son corps sur le dos pour regarder
le ciel, Séraphina avait juré entendre le hennissement d'un
cheval, relevant la tête, elle s'était redressée d'un bond en
s'éclaboussant elle-même. Un homme habillé de noir en
laissant que ses yeux de visible l'a regardé au loin en
descendant de son cheval. Le peur au
ventre, Séraphina s'était obligée à réfléchir vite en battant
des pieds, effrayée, nageant à contre sens maladroitement,
elle avait bu la tasse à plusieurs reprises.
— Où allez-vous comme ça mademoiselle Casit !
A la reconnaissance de cette voix étouffée, mais toujours
aussi dure, Séraphina avait cessé tout mouvement.
— Vous ! S'écria-t-elle en se retournant.
— Moi. Assura le sultan en dévoilant son visage.
— Vous m'avez fait peur ! S'écria Séraphina en agitant ses
mains au-dessus de l'eau pour les faire retomber.
— Cela vous apprendra à ne pas vous enfuir ! Gronda ce
dernier en écartant une plante pour s'accroupir.
— Vous l'avez fait volontairement
! Souffla Séraphina effarée.
— Oui, pour vous donner une bonne leçon, le désert peut
regorger de danger et vous ne trouvez rien de mieux que
vous échappez !
— Je ne me suis pas échappée, j'ai raccompagné les
fillettes. Rétorqua Séraphina le souffle court.
— C'est pareille !
Sa voix virile s'était propagée dans les dunes du désert en
la laissant faire écho.
Avalant sa salive avec un léger goût
acide, Séraphina continuait de battre des mains tout en
soutenant son regard.
— Venez maintenant sortez de l'eau.
— Non j'aimerais en profiter encore un peu s'il vous plaît.
Se levant en laissant le ciel s'assombrir d'un simple regard,
il avait disparu entre les feuillages.
Un instant perturbée, Séraphina le cherchait des yeux en
nageant vers lui, avant d'entendre un bruit faire remuer
l'eau. Se retournant le cœur battant, Séraphina avait
reculé, à l’aide de ses jambes engourdis en étouffant un cri
quand il était apparu hors de l'eau devant elle.
Touchant pieds grâce à sa hauteur, il s'était posté devant
elle en viking dominant le monde.
— Seriez-vous en difficulté ? Avança le sultan amusé.
Buvant la tasse une seconde fois, il s'était saisi de ses bras
pour la soulever. Affolée, elle agita ses jambes, et elles
s'étaient cognées contre les siennes à plusieurs reprises.
Soulevant un peu plus la jeune femme hors de
l'eau, Haydar savourait la vision pleine sur elle, les cheveux
collés contre son visage, la lumière de ses yeux devenait
transparente et si Haydar ne touchait l'épais sable sous
l'eau, il aurait juré rêver. Sa robe blanche montrait la forme
de ses seins collés contre sa peau et Haydar avait étouffé
plusieurs grondements rauques.
— Je suis désolée murmura-t-elle.
— Désolé d'avoir contesté mes ordres ?
— Non, pour la cicatrice, je suis désolée c'est de ma
faute. Déclara Séraphina en posant un doigt sur la trace
visible de sa bêtise. Si elle l'avait écouté jamais il n'aurait
eu à couvrir son corps d’une nouvelle cicatrice.
Malgré la poigne de fer qui tenait ses bras, Séraphina avait
réussi à écarter son bras pour lever sa main un peu plus
haut vers la plaie.
— Et moi je tiens à m'excuser pour ce que je m'apprête à
faire. Glissa l'homme dans son oreille.
Les yeux plissés en regardant furtivement sur
sa gauche, Séraphina se demandait bien ce qu'il allait lui
arriver encore, avant de sentir sa bouche s'écraser contre
la sienne.
Sous la surprise, Séraphina avait tenté de reculer mais une
main logée dans sa nuque avait fait pression pour la tenir
bien fermement. Écrasée contre son
torse, Séraphina sentait un brûlant désir naître entre eux
incapable de le repousser, elle s'était retenue à son épaule
en lui offrant sa bouche.
Rien qu'un baiser. Pensa-t-elle.
Ne venait-il pas de dire qu'il s'excusait d'avance ?
Sa barbe frottait contre ses joues
surement rouges, Séraphina avait senti une pression
approfondir leur baiser.
Embrassée par un " homme " pour la première
fois, Séraphina peinait à le suivre si tant qu'elle avait
préféré se laisser faire.
Basculant la tête de la jeune femme en arrière pour
mouiller sa tête soigneusement, de peur qu'elle
s'évanouisse sous la chaleur, Haydar savourait ses lèvres
sucrées sans pouvoir s'arrêter. Si Haydar avait juré qu'elle
manquait d'expérience, cela n'empêchait pas le pouvoir
qu'elle exerçait sur lui étreindre tout son corps, le désir le
gagnait peu à peu en la serrant contre lui, ses lèvres
chaudes et sensuelles étaient un délice.

Soulevée comme une mariée, Séraphina l'avait senti


presser le pas pour rejoindre le sable fin, en la déposant
délicatement, encore sous le feu de la passion, elle savait
que s'était mieux ainsi. Même si elle avait la furieuse envie
de recommencer. Elle le regardait ramasser ses affaires,
elle avait essuyé son visage déjà presque séché. Entourant
son corps avec sa cape, elle avait hoqueté quand elle s'était
retrouvée sur son cheval en lui provoquant les mêmes
vertiges que l'autre jour. Sans un mot, il s'enfonçait dans le
désert en tenant l'une de ses main contre lui les doigts
entremêlés dans les siens, Séraphina se sentait pour la
première fois aimée et protégée au point qu'elle était prête
à le laissé l'embrasser encore une fois.
Rien qu'une fois.
Sous l'œil soulagé D'Amad, Séraphina s'était laissé tomber
dans ses bras en posant une main dans son dos. Gardant
les yeux fermés dans le couloir, elle avait relevé les
paupières en distinguant sa chambre.
— Laisser-moi vous embrasser une dernière fois et je vous
laisserai tranquille Séraphina.
Les jambes autour de sa taille, Séraphina l'avait contemplé
un instant en écartant sa capuche qu'il avait pris soin de lui
mettre quelque minutes avant.
— Votre virilité grandissante me laisse dire le
contraire. Murmura-t-elle.
Elle l'avait cherché, elle en était consciente, mais elle ne
voulait pas quitter ses bras et son érection saisissante
n'avait pas manqué de la faire rougir un bon nombre de
fois.
Saisi délicatement par la gorge, il effleurait de son pouce
sa mâchoire et Séraphina pouvait voir du désir dans son
regard.
Capturant ses lèvres d'un simple mouvement impérieux,
elle s'était accrochée à son cou pour le laisser faire les yeux
clos.

Écartant les pans de sa cape, Haydar cherchait à dénouer


le nœud taquin de son cou délicat. Une fois le tissu à
terre, Haydar avait vite remarqué que sa robe n'avait pas
eu le temps de sécher, assez pour entrevoir ses seins sous
le tissu blanc. Dénudant son épaule en la posant sur le sol,
il la tenait contre lui de façon à ce qu'elle ne lui échappe
pas. L'instant était trop fort pour la laisser faire marche
arrière.
Échappant un son rauque quand il avait fait glisser les deux
bretelles, sa robe avait glissé sur le tapis sans effort en le
laissant déstabilisé par tant de beauté.
Reculant timidement, Séraphina avait posé une main sur
ses cheveux encore mouillés pour les ramener contre sa
poitrine de façon à se cacher.
— tu es encore plus belle ainsi. Souffla-t-il en étirant la
longueur de ses cheveux jusqu'à ses hanches d'un regard
sérieux.
Le cœur battant à tout
rompre, Séraphina s'était laissée tomber sur le lit pour
reprendre ne serait-ce qu'une demi seconde ses
esprits. Mais une ombre imposante c'était positionnée au-
dessus d'elle pour capturer ses lèvres, passant une main
dans ses cheveux de j’aie, Séraphina sentait sa virilité
effleurer son intimité à plusieurs reprise, avant de le sentir
la pénétrer d'un mouvement lent assez pour avoir le
souffle coupé, enveloppée dans un tourbillon de sensations
nouvelles, Séraphina avait fermé les yeux au moment où
son corps de marbre l'avait poussé au milieu du lit en
s'enfonçant un peu plus en elle. Glissant une main sur son
flanc blessé, Séraphina s'était sentie soulevée en écoutant
le sultan émettre des sourds grondements de plaisir contre
son visage.
Serrant son corps entièrement nu étroitement contre
lui, Haydar cherchait à faire durer le plaisir qui n'avait de
cesse de croître, en s'interdisant de faire éclater sa
jouissance maintenant, embrassant sa peau laiteuse jusqu'à
ses seins, Haydar avait repris un rythme soutenu avant de
ne plus tenir, serrant les dents en fixant la nuance de bleue
turquoise dans les yeux de la jeune femme, il tombait dans
une spirale de jouissance inouïe, en capturant ses lèvres
avant de la faire basculer sur lui.
Haletant de plaisir, Séraphina sentait une main faire
pression sur sa nuque pour l'empêcher de
bouger. Ramenant le bout du drap contre son visage pour
étouffer sa respiration saccadée, elle avait fermé les yeux
en perdant conscience peu à peu.
Les yeux ronds, la tête contre son torse, elle se voyait
soulevée à chacune de ses respirations en réalisant ce qu'il
venait de se passer. Si cet instant était d'un pur bonheur,
elle savait qu'elle n'était rien de plus qu'une conquête de
plus. Les yeux presque larmoyant de
tristesse, Séraphina avait soulevé sa tête de façon à vérifier
qu'il dormait. Poussant les bouts de ses pieds, elle avait
basculé son corps sur le côté en posant les pieds par terre
d'une façon maladroite.
Enroulant sa cape en serviette pour cacher sa
nudité, Séraphina marchait lentement vers la porte de sa
propre chambre en n’ayant aucune idée où aller.
Actionnant la poignée, la porte n'avait pas bougé, elle se
mordilla la lèvre en tirant dessus elle semblait bloquée.
— Quelle belle vision me donnes-tu là.
Tournant sa tête pour le voir sourire la tête soutenue par sa
main, elle avait laissé échapper un son de surprise.
— La porte est coincée.
Ce n'était sûrement pas la première chose à dire après
avoir fait l'amour, pensa Séraphina la gorge nouée.
— C'est tout à fait normal puisque c'est moi qui l'ai
verrouillé.
— On peut savoir pourquoi ?
— Pour éviter une fuite, déclara-t-il en se levant pour la
rejoindre.
Nu.
— Où comptes-tu aller comme ça ? Demanda ce dernier en
posant une main sur la porte.
— Vous. Rectifia Séraphina. Il vaut mieux s'en tenir au
vous ce... Ce qu'il s’est passé est.....
— Magnifique fantastique ? Coupa-t-il. Si belle es-tu que j'ai
dû fermer cette porte pour éviter que tu m'échappes.
— Oh par pitié ne faites pas ça, mon petit cœur de jeune
fille est trop fragile pour entendre ce genre de
chose. Murmura-t-elle en serrant ses mains contre le
tissu. Je travaille pour vous et c'est très embarrassant.
— Réfléchi bien à ce que tu viens de dire ! Je viens de boire
tes paroles amèrement. Dit-il en la foudroyant du regard.
— Vos paroles, le vouvoiement est.... Mais enfin vous n'allez
tout de même sortir nu ! S'exclama-t-elle en le voyant
ouvrir la porte.
— Je suis chez moi ici ! J'agis à ma guise ma
tendre Séraphina ! Gronda ce dernier en la laissant sur ses
froides paroles.
Basculant sa tête pour le regarder partir nu, imposant au
couloir la souffrance de ses pas, Séraphina s'était jeté sur
le lit froissé.
Si elle pensait devoir se battre avec lui, elle n'avait pas
songé à devoir subir sa colère. Posant une main moite sur
son visage en subissant une crise
d'angoisse, Séraphina espérait que les quelques jours qui
lui restaient auprès de cet homme se passent le plus vite
possible, avant que son cœur ne se serre plus qu'il ne l'était
déjà.

Si elle pensait devoir passer ses derniers jours dans la


pénibilité d'être à ses côtés et d'en
souffrir, Séraphina s'était retrouvée emplie d'un sentiment
de déception de ne pas l'avoir revu. Espérant maintenant le
voir pour lui faire ses adieux, Séraphina pliait ses affaires
le cœur serré en redoutant qu'il ait profité d'elle et de sa
naïveté.
— Vous êtes toujours là ! S'écria une voix féminine.
— Oh je fais ma valise.
Si elle n'avait vu que très peu Clarissa Whitney cette
femme prétentieuse avait le don de souligner ses
entrées brutal.
— Le sultan n'est pas de retour avant quatre jours, il m'a
chargé de vous remettre ça.
Récupérant l'enveloppe, elle avait pressé ses doigts dessus
le cœur serré en confirmant ses craintes.
— Attendez ! Vous avez vu Amad et Amina je souhaitais
leur dire au revoir.
— Amad et avec Haydar quant à Amina, je regrette elle est
chez sa famille.
Partant en claquant ses talons sur le sol, Séraphina avait
ouvert l'enveloppe avec en regrettant chaque moment ici,
cette histoire de secrétaire n'était qu'un piège. Et cette
liasse de billets confirmait tout ce qu'elle avait redouté,
reposant l'enveloppe sur le lit elle avait bouclé sa valise
pour répartir à la réalité.
Quelle idiote pensa-t-elle une fois dans l'avion.
Tournant la tête vers le vieillard assis à côté
d'elle, Séraphina regrettait de ne pas avoir glissé
quelques billet de l'enveloppe dans sa poche pour au moins
évité de se retrouver dans la pire des classes économiques
de toute sa vie, à moins qu'elle ait choisi le mauvais vol
pensa-t-elle en grimaçant quand il avait toussé à s'en
époumoner à côté d'elle.
Esquissant un sourire forcé, elle s'était retournée vers le
hublot en regardant les lumières de la piste s'éloigner.
La fin de son rêve prenait fin maintenant se dit-elle en
essayant ses larmes. Après tout c'est mieux ainsi
pensa Séraphina en cherchant à se convaincre.

Refusant l'aide catégorique de Jonas à


son retour, Séraphina n'avait pas la moindre envie de le
voir, elle ne voulait voir personne. Elle voulait seulement
être tranquille, en s'abandonnant à son chagrin en
cumulant deux nuits d'insomnie à réfléchir comment elle
allait s'en sortir et surtout tentait vainement de faire sortir
tout son chagrin qu'elle ressentait en pensant au sultan.
Marchant en décrépitude sur le trottoir
sans vie, Séraphina n'avait de cesse de chercher une
explication au comportement du sultan, en l'ayant toute
trouvée, après de nombreuses réflexions.
C'était un homme puissant, c'était un sultan rien de plus
que pourrait-on dire de lui s'il s'attribuait plus de temps à
batifoler avec une.... Roturière ?
La conversation qu'elle avait surprise qui laisser entendre
qu'il allait prendre femme était pourtant simple à
comprendre. Toutes ces femmes
hautement surélevées dans la société, n'étaient là que pour
un seul but et la première candidate n'était autre que
Clarissa Whitney.
Plongée dans ses pensées obscures, Séraphina avait senti
quelque chose de dure claquer contre son corps. Reculant
après cet entrechoc, elle avait distingué des chaussures en
cuir noir.
— Oh pardon qu'elle maladroite je fais je ne vous....
Clignant des yeux plusieurs fois, elle pensait rêver.
— Haydar enfin je veux dire....bonsoir que faite vous là ?
Il était là à quelques centimètres d'elle, avec une intensité
dans le regard aussi froide que le vent glacial de Londres
et Séraphina avait vacillé sous la surprise. Les jambes
tremblantes, elle s'était reculée un peu plus en le regardant
vêtu de se noir implacable, soutenir la nuit noire.
— Pourquoi faite-vous une tête pareil ? Demanda-t-elle avec
innocence.
— Cette tête n'est rien comparé à celle que j'avais quand on
m'a dit que tu t'étais enfuit !
Basculant son corps en avant en croyant avoir mal
entendu, Séraphina avait cillé.
— Etes-vous en perte de raison ou de mémoire c'est
vous.....
Saisie par les épaules elle avait poussé un cri de peur en
sentant son corps se coller mur froid de la rue sombre.
— Vous quoi ! J’ai dû détourner mon avion pour venir ici j'ai
écourté mon voyage d'affaires, j'espère que tu as une
bonne explication !
Perdant les mots qui voulaient sortir, Séraphina était aussi
perdue qu'il ne semblait l'être.
Etait-il fou ?
— Les deux semaines sont écoulées c'est ainsi que ça
se finit et puis Clarissa m'a donné l'enveloppe que vous lui
avez dit de me donner ! Une enveloppe au passage
détenant une somme d'argent qui me laisse furieusement
penser que j'ai été récompensé de vous avoir donné mon
corps !
Les mots lâchés, Séraphina avait grimacé de douleur sous
la pression de ses mains.
— Lâchez-moi vous me faites mal !
Sèchement relâchée, elle avait massé ses épaules en se
mordant la lèvre.
— Il y a un énorme malentendu et j'en ferais payer
l'auteur. Commença-t-il sans élever la voix. Je n'ai pas
donné l'ordre de te donner quoi que ce soit et ton jugement
altéré par ce quiproquo et justifié mais prend garde à ce
que tu dis Séraphina.
— Peu importe malentendu ou non, gardez votre argent et
laisser-moi, retourner chez vous.
Le revoir était trop douloureux, le cœur serré d'avoir été
utilisé comme une marionnette par bons nombres de
personnes, Séraphina s'était avancée vers la ruelle de son
hôtel en avalant douloureusement.
— Tu ne vas nulle part tu vas venir avec moi. Dit-il en la
retenant par le bras.
Croisant son regard noir, Séraphina sentait un étau se
resserrer autour d'elle.
— Comment osez-vous souffla-t-elle. Vous pensez que je
suis idiote au point de ne pas avoir compris que cette
histoire de secrétaire était fausse ? Vous avez ruiné mon
immeuble et vous pensiez que me faire passer dans votre lit
me ferait oublier ce que vous avez fait vous auriez dû
ajouter des formules de politesse au lieu de partir sans un
mot ça aurait été sans doute plus
convaincant. Déblatéra Séraphina les larmes sur le point de
se dévoiler.
Elle voyait sa mâchoire trembler avant qu'il ne respire
bruyamment.
— Tu m'avais mis en colère et j'ai dû partir pour des
affaires urgentes. Se justifia l'homme d'une sombre voix.
— ce que j'ai dit était pourtant la vérité je ne suis pas de
ces femmes qui aime qu'on les attendrisse assez pour
ravaler leur égo à la hauteur de leur
accoutrement. Rétorqua Séraphina en peinant à soutenir
son regard.
— Tu vas venir avec moi, assez parlementé !
— Mais non ! S'indigna Séraphina en dégageant son bras et
en manquant de tomber.
— Monte dans la voiture Séraphina, ou je t'y emmène par la
peau des fesses !
Si une force inconnue l'a poussé le suivre, une petite voix
dans sa tête lui disait de prendre ses jambes à son cou.
— Votre statut ne vous donne pas le droit d'agir en tout
impunité. Rétorqua Séraphina en essayant de se frayer un
chemin.
Saisi par la taille, ses pieds ne touchaient plus le sol, elle
fut emportée vers la voiture sans pouvoir se
débattre. Séraphina cherchait à ce qu'il la relâche.
Feignant un évanouissement théâtral, elle avait ramolli ses
jambes de façon à être crédible en fermant les yeux, mais
elle avait regretté aussitôt ce faux malaise, quand son
corps s'était retrouvé dans ses bras.
— Ce n'est pas très intelligent de feindre un malaise
imagine qu'un jour cela soit vrai.
Soulevant ses paupières sur l'instant, Séraphina avait posé
ses pieds sur la voiture pour faire barrage.
— Lâchez-moi ou je crie !
— Pour ameuter qui ? Les chats du quartier ?
Ses mains pressées sur son corps l'avaient tellement
troublé, qu'elle avait abandonné ses forces, assez pour qu'il
la pousse dans la voiture.
— Je vais appeler la police. Déclara Séraphina les bras
croisés contre sa poitrine.
Si Haydar avait dû maîtriser sa colère une fois la jeune
femme retrouvée, son teint froncé par cette mine boudeuse
l'avait contraint à s'efforcer de ne pas rire.
— Et je ne mettrais pas longtemps à te faire passer pour
une folle.
Si son tutoiement avait un effet indéniable sur elle,
Séraphina avait réprimandé une angoisse.
— C'est un enlèvement. Fit-elle remarquer.
Sous le rire grave de l'homme, Séraphina avait rougi quand
dans le sombre habitacle, son corps c'était approché d'elle.
— Trois cent sept personnes t'ont vu à ma réception, nous
avons fait l'amour, mes nièces ont joués avec toi, le
chauffeur du cheikh t'a vu, il y a, en deux semaines, des
centaines de personnes qui pourront affirmer t'avoir vu
dans mon pays, d'après toi ma douce Séraphina qui va-t-on
croire ? Moi ou toi ?
Face à cette fière arrogance portée sur
son visage, Séraphina s'était résigné à se battre.
S'il espérait pouvoir la ramener chez lui et faire comme bon
lui semble il se trompait. Les battements de son cœur
tapaient contre ses tempes et même si le sentiment éveillé
en elle lui disait de se blottir dans ses
bras, Séraphina savait ce que tout ça prendrait fin une fois
son intérêt pour elle éteint. Le seul moyen de le faire se
lasser d'elle était de jouer l'indifférence une fois
à Saharazan.

— Je suis resté très calme jusque-là mais tu vas cesser ça


toute suite !
Les lèvres scellées, Séraphina avait soupiré en fixant ses
étincelles de rage traverser son visage.
— Je suis là sous la contrainte alors j'ai pleinement le droit
de rester sous silence. Déclara-t-elle après des heures à se
contraindre de rester muette.
Traversant la pièce à toutes enjambées, il avait rejoint son
lit.
— J'ai d'autre moyen de te faire plier Séraphina.
— Je ne serais pas votre divertissement !
— Tu dis n'importe quoi et tu vas cesser ce vouvoiement
ridicule. Somma l'homme en posant une main derrière sa
nuque.
— Je te déteste !
Capturant ses lèvres ardemment, Séraphina avait tentait de
le repoussé avant qu'elle ne succombe à son étreinte.
— Tu viens de prouver le contraire. Lâcha-t-il contre ses
lèvres.
Détournant la tête en le fuyant du regard, Séraphina s'était
redressée sur le lit.
— Tu devrais dormir Séraphina on discutera
demain. Murmura-t-il en glissant ses cheveux sur le côté de
sa nuque.
Priant pour qu'il s'en aille, elle avait pu relâcher
l'air bloqué dans sa poitrine, une fois sa prière exaucée.
Portant ses doigts à ses lèvres encore sous l'emprise des
siennes, elle s'était levée pour regarder le paysage qu'elle
avait brièvement quitté.
Se pourrait-il que cet homme émanant aucun sentiment
depuis leur rencontre puisse en avoir pour elle ?
Balayant cette idée d'un mouvement
de tête, Séraphina perdait tous sens des réalités.
Et le lendemain arrivait trop vite à son goût, le déjeuner en
devenait pénible sous son regard de feu.
— Depuis notre rencontre je cherche quel est mon
problème et j'ai trouvé.
— Moi aussi. Déclara Séraphina en étalant le beurre sur
son pain. Tu es complètement malade et il existe des
spécialistes pour ça.
— Prend garde Séraphina ma patience jusque-là
insoupçonné commence à ne plus tenir. Gronda-t-il d’une
voix perçante.
— Je m'en moque, je préfère finir en prison pour injure
envers toi que de rester enfermé ici jusqu'à ce que tu te
lasses de moi.
La chaise tomba à terre, il avait brisé l'espace entre eux
pour l'obliger à se lever.
— Je ne me lasserais jamais de toi, il va y avoir un gros
problème.
La bouche ouvert sur le point de rétorquer, Séraphina avait
papillonné des cils en respirant l'odeur qu'il dégageait,
muette et sans reparti, elle avait serré les poings pour se
contenter du silence.
— Que veux-tu exactement ? Que veux-tu de moi ?
— Toi seulement toi.
Séraphina avait rigolé nerveusement.
— Ça ne fonctionne pas comme ça. Ce que je pense c’est
que tu essayes de réparer une faute pour soulager ta
conscience ou j’ai mieux ! Tu n’as pas supporté que
quelqu’un te tienne tête et tu veux te venger !
Relâchant sa prise sur elle, il s’était reculé les yeux noirs,
mais elle n’avait pas l’intention de baisser les siens pour
autant.
— Tu te trompes Séraphina, tu as tout faux, je ne suis pas
un monstre et j’ai bien l’intention de te prouver le
contraire, maintenant je te conseille de changer de ton
avec moi c’est la dernière fois que je te le dis.
Sous un dernier regard d’avertissement, il s’était éloigné
d’un pas décidé en la laissant planter
là. Et Séraphina commençait à se demander s’il n’était pas
sincère et si son jugement n’était pas trop sévère, il avait
quand même risqué sa vie pour elle, il avait détourné son
avion.
Pour elle.
Empli de regret d’avoir était trop dure avec lui et même si
elle se risquait à souffrir par la suite, Séraphina lui avait
couru après en le cherchant des yeux avant de le voir
ouvrir une porte au loin.
— Attend !
Il s’arrêta devant la porte, elle avait continué à se
rapprocher pour briser la distance.
— Pardon je regrette je n’aurais pas dû dire des choses
pareilles.
Le visage radouci, il avait écarté les deux grandes portes
avant de se saisir de sa main pour la faire pénétrer à
l’intérieur. Si elle n’avait pu que voir la beauté des
murs, Séraphina s’était abandonnée à lui en encerclant ses
mains autour de son cou et se mit sur la pointe des pieds.
Sa main enfouie dans ses cheveux, il s’était penché pour
capturer ses lèvres si tendrement qu’elle ne le
reconnaissait plus.
— Ne t'enfuis plus jamais tu m'as compris ? Souffla-t-il en
déposant ses ordres contre ses lèvres.
Pouvait-elle lui promettre ça ? Le cœur serré
Séraphina avait hoché de la tête pour toute réponse, car
elle ne pouvait promettre une telle chose.
Saisi par la passion, il lui avait fait l'amour dans son grand
lit en cherchant à la garder auprès de lui le plus longtemps
possible. L'émotion ressenti lors de son départ avait
confirmé ce qu'il ressentait ou du moins ce qu'il cherchait à
comprendre.
De l'amour.
Les doigts dans ses cheveux, Haydar fixait le plafond et
essayant de trouver comment lui dire sans qu'elle ne doute
de sa sincérité.
Allongée sur son torse, il pensait qu'elle dormait avant de
la voir relever la tête en éternuant.
— Oh oh ! Voilà ce qu'il se passe quand on change de
climat. Ironisa Haydar en écoutant
les successions d'éternuement de la jeune femme.
D'un rire fin et délicat, elle avait frotté son nez en
basculant son corps sur le côté.
— Où tu vas ?
— Nulle part. Murmura-t-elle ramenant les draps sur elle.
Aidé de son coude pour se surélever, Haydar la contemplait
en ne perdant pas une miette de cette forte
image. Aucune femme n'avait eu l'honneur de partager son
lit et cela faisait d'elle quelque chose d'unique.
— Tu es terriblement belle. Lança-t-il avant d'enfouir sa
tête dans son cou.
— Haydar c'est quoi la suite ?
Ouvrant les yeux en fixant son épaule, il s'était redressé.
— Ne fait pas ça s'il te plaît.
— Faire quoi ? Demanda-t-elle en se redressant.
— Laisse-moi du temps Séraphina pour faire les....
— Du temps ? Répéta la jeune femme en fronçant les
sourcils. Tu n'as pas le temps Haydar et tu le sais.
L'invitant à poursuivre d'un simple geste, elle avait poussé
un soupir.
— Toutes ses femmes l'autre fois n'étaient pas là pour rien,
j'ai bien compris qu'il était temps pour toi de te marier avec
une femme de ton rang. Clarissa se languit d'avoir....
— Tait toi Séraphina tu ne sais pas de quoi tu parles !
— Bien sûr que si je sais ! C'est toi qui fuis ce que tu avais
sûrement prévu de faire depuis longtemps.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles ! C’est moi qui décide de
qui j'épouse, pas toi, ni personne d'ailleurs !
— Inutile de te mettre en colère.
— Je ne suis pas en colère ? Je suis
froissé. Rectifia Haydar et enfilant son pantalon. Tu as
peut-être vu toutes ses femmes se pavaner devant moi pour
attirer mes faveurs mais ça ne te donne pas le droit de dire
de pareille chose, c'est à moi qu'en revient cette tâche c'est
moi qui dira qui, mon ange. Insista Haydar en sachant que
celle qui sera était assise dans son lit en ce moment précis
en train de mordre ses doigts nerveusement.
Encerclant son poignet pour cesser ce
massacre, Haydar avait posé son index sur son menton.
— Laisse-moi du temps. Répéta Haydar en redoutant
qu'elle prenne la fuite.
D'un simple mouvement de tête, elle avait acquiescé en
retombant sur le lit pour se recroqueviller.

Du temps ? Le temps s'écoulait et Séraphina était heureuse


assez pour attendre mais attendre quoi ? Il pensait peut-
être profiter d'elle jusqu'à son mariage.
Les mains moites, Séraphina savait que la situation lui
échappait chaque jours un peu plus.
Prise d'un mal de ventre en craignant souffrir, elle s'était
tenue à la barrière de son balcon en fixant l'horizon.
Son peuple comptait sur lui pour allier ses forces au roi et
où était sa place entre tous ses engagements ? Redoutant à
la fois le pire et le meilleur elle avait pressé une main sur
son ventre.
— Mon enfant ?
— Amad je ne vous ai pas entendu.
— Le sultan m'a demandé de vous faire savoir qu'il sera en
réunion toute l'après-midi.
Déçu, elle s'était efforcée de ne pas le montrer.
— Très bien Amad je crois que je vais faire un tour en ville,
n'ayez crainte, je vais demander à Muraht de m'y
emmener.
Inclinant sa tête en se montrant satisfait, il s'était retiré
d'un pas pressé.
Descendant les grandes marches, elle se demandait
si Muraht n'avait pas lu dans ses pensées en voyant la
voiture déjà disposée à partir.
— Pouvez-vous m'emmener ?
— bien sûr !
Ouvrant la portière, elle s'était glissée sur le siège en
sursautant.
— Clarissa ! Vous m'avez fait peur.
Hautaine et d'un violent regard, elle avait ordonné
à Muraht de se dépêcher.
— Où allez-vous comme ça miss Casit ?
— Au centre commercial et vous ?
— Juste à côté ! Quel pur hasard s'écria-t-elle en souriant.
Se forçant à rire, Séraphina avait tourné sa tête contre la
vitre en espérant arriver au plus vite.
Séparant son chemin d'elle, Séraphina l'a regardé partir en
se rendant compte soudainement qu'elle était la maîtresse
d'Haydar et qu'elle était toujours là dans le but d'être sa
femme à son plus grand désespoir.

Enfermée dans les toilettes en écoutant les allé et venu,


ainsi que chaque conversation d'un écho
éloigné, Séraphina avait serré le petit bâtonnet dans ses
mains, incapable de le retourner, avant de s'y résigner,
autant découvrir toute suite, c'est bien pour ça qu'elle
l'avait déballé toute suite sans attendre d'être rentrée.
Perdue en lisant la notice, seule et désemparée sous les
insistances des passants qui tentaient d’ouvrir sa cabine,
elle avait plongé le test dans son sac.
— Pardonnez-moi. Murmura-t-elle en s'en allant des
toilettes pour rejoindre la voiture.
Les jambes difficilement soutenues, elle s'était assise dans
la voiture en plongeant sa main dans son sac sous le regard
de Clarissa qui semblait tout heureuse.
Sous la discrétion la plus transparente, elle fixait
le test sans nul doute positif. Dissimulant son visage sur le
côté, Séraphina avait laissé couler des larmes de bonheur
et de tristesse en ne sachant pas quoi faire.
Passant une main tremblante sur sa joue, elle s'était
retrouvée projeté en avant quand la voiture avait
pilé. Relevant sa tête engourdie par le choc elle avait vu
des centaines de personnes prendre d'assaut la voiture.
— Qu'avez-vous fait ! Gronda Muraht en fixant Clarissa.
Perdue et effrayée, Séraphina avait posé une main sur son
ventre de peur de perdre son bébé.
— Que se passe-t-il Muraht ?
Sans réponse de celui-ci, elle avait tourné sa tête vers
Clarissa qui avait baissé son corps. La vision troublée par le
choc, elle pouvait distinguer des pancartes se brandir
contre la voiture sans comprendre un mot marqué dessus.
Peinant à faire avancer la voiture, Muraht cherchait à les
faire fuir en simulant de les écraser sans succès. Bouchant
ses oreilles en fermant les yeux Séraphina suppliait que
tout s'arrête.
— Je ne te remercierai jamais assez Muraht. Déclara le
sultan.
Encore sous le choc, Séraphina avait l'impression d'être
encore dans la voiture, mais les doigts pressés
d'Haydar sur ses joues pour essuyer sa lèvre blessée
l'avaient ramené à la réalité.
— Tu as mal ?
— Ça va je t'assure Haydar tu me fais mal !
Desserrant son emprise sur ses joues, il avait embrasé ses
lèvres meurtries.
— Je vais appeler un médecin.
— Non arrête je vais bien arrête je t'en prie !
Glissant un sourire devant son visage crispé pour le
rassurer, Séraphina pouvait voir de l'inquiétude dans son
regard.
— Pourquoi ces gens étaient énervés ? Demanda-t-elle pour
faire redescendre la tension.
— Je l'ignore et je t'assure que je vais le découvrir gronda
ce dernier en se relevant pour exiger à Muraht et Amad de
le suivre.
Frottant ses bras pour se cesser les frissons d'inquiétude
parcourir sa peau, Séraphina s'était levée pour atteindre
son sac.
Fouillant dans chaque recoin, elle sentait la panique
l'envahir.
— oh non. Murmura-t-elle en cherchant son test partout.
— c'est ça que vous cherchez ?
Se retournant pour voir Clarissa agiter le bâtonnet dans sa
main, Séraphina s'était avancée pour le récupérer.
— Rendez-le-moi !
— Vous pensez qu'il va apprécier un enfant illégitime
? Alors vous le connaissez mal. Cracha la femme en serrant
le teste dans sa main. Haydar ne mettra pas longtemps à
vous faire avorter.
Si Séraphina essayait de voir dans ses yeux si elle disait
vrai, elle s'était reculée, pétrifiée.
— Vous n'êtes pas ce que son peuple attend, vous êtes rien
qu'un petit divertissement. Ajouta-t-elle en pénétrant dans
la chambre.
— C'est faux vous dite n'importe quoi !
— Croyez-moi mademoiselle que vous a-t-il promis, quel
cadeau vous a-t-il promis ?
Si on enlevait la promesse de lui acheter un cheval en lui
promettant de lui apprendre à monter, rien d'autre,
pensa Séraphina les yeux larmoyant.
— Vous n'imaginez pas le nombre de cadeaux qu'il m'a fait
pour me garder près de lui. Il ne voudra pas de cet
enfant croyez-moi. Dit-elle d'une voix forte.
Serrant ses mains contre sa poitrine, Séraphina tentait de
se convaincre du contraire.
— Ses engagements envers son peuple ne lui permet pas
d'avoir un enfant hors mariage surtout pas avec une fille
vivant dans la précarité.
— Taisez-vous ! Ça suffit !
Les larmes coulant sur ses joues l'avaient obligé à
s'asseoir. Haydar serait-il capable de faire ça
? Séraphina avait posé ses mains sur son visage
désespérément. Jamais elle ne le laisserait faire ça. Son
cœur se serra avec douleur.
— Mais je peux vous aider. Lança-t-elle.
Relevant la tête vers elle en essuyant
ses larmes, Séraphina avait grimacé de douleur, une
douleur interminable.
— Comment ? Murmura-t-elle
— Partez d'ici avec votre bébé et je vous donnerais
une somme d'argent, assez pour vous mettre à l’abri.
— Pourquoi vous feriez ça ?
Submergée par le chagrin, cette femme en rajoutait une
couche en l'enfonçant un peu plus.
— Considérez ça comme un petit arrangement. Déclara-t-
elle en haussant les épaules.
— Il ne me laissera pas partir.
— Alors il faut vous montrer persuasif toucher son orgueil
et ne mettra pas longtemps à vous balayer d'un revers de la
main.
Face à la dureté de ses mots, elle avait touché son ventre.
Elle ne voulait pas le quitter, mais s'il était l'homme qu'elle
décrivait jamais elle pourrait faire face à un avortement,
s'éloignant d'un pas lent vers la porte Séraphina avait
attendu qu'elle la franchisse pour déverser un flot de
larmes incontrôlables.
Les mains plaquées sur son bureau, Haydar considérait
l’auteur de cette rébellion froidement, en regrettant
amèrement d'avoir fait d'elle sa maîtresse et surtout de ne
pas avoir rencontré Séraphina avant.
— Comment as-tu osé faire ça ! Dire au journal local que tu
allais devenir ma femme est la dernière chose que tu aurais
dû faire ! Hurla Haydar en fermant les poings.
— N'as-tu pas remarqué qu’ils te détestent tous
? Rajouta Haydar
— Il va bien falloir qu'ils apprennent à m'aimer puisque je
porte ton héritier.
Éclatant de rire la seconde suivant
ce mensonge, Haydar avait repris son sérieux en la
foudroyant du regard.
— Et en voici la preuve. Dit-elle en souriant.
Lui arrachant la chose qu'elle tenait dans sa
main, Haydar avait froncé des sourcils.
— C'est quoi ça !
— Un test. Lâcha-t-elle en soupirant. Et il est positif.
Au lieu de se comporter comme un homme
heureux, Haydar s’était reculé en sachant ce que cela
impliqué.
— Non ! Cracha-t-il
— Crois-moi j'étais aussi surprise que toi mais c'est
pourtant la vérité. Et grâce au statut que porte mon père
en tant qu'entrepreneur, cela fait de moi l'épouse idéale.
— tait toi avant que....
Fermant le poing en jetant le teste à travers
la pièce, Haydar sentait son sang bouillir.
— Va-t’en laisse-moi !
Passant ses mains dans ses cheveux, Haydar pensait être
en plein cauchemar tous ses plans s'écroulaient un à un.
Marchant dans son bureau à grandes enjambées, il essayait
de ne pas y croire, mais ce teste était pourtant bien
réel. Cet enfant non désiré le mettait au pied du mur, mais
des solutions existaient pour éviter ce mariage.
S'arrêtant au milieu de la pièce, il avait pensé à Séraphina.
Il fallait la mettre au courant pour qu'il puisse avoir le
temps de rectifier son erreur sans qu'elle ne le condamne à
ce qu'il redoutait le plus.
Il n'était pas heureux de cette grossesse, il était en colère
que cette femme joue avec les principes de son pays.
Reprenant ses esprits pour rejoindre celle
qu'il voulait, Haydar se sentait nerveux pour la première
fois de sa vie.
— Séraphina il faut que je te parle de quelque chose
qui..... Qu’est-ce que tu fais ?
— Je fais ma valise c'est terminé, je rentre chez moi.
Les yeux élargis par une colère sourde, il s'était saisi de sa
valise.
— Non !
— Si ! Laisse-moi partir, c'est terminé et tu le
sais Haydar ça s'arrête là. S'écria-t-elle le teint si pâle qu'il
avait tenté de se saisir de sa joue.
— Séraphina on ne peut pas faire ça et tu le sais ne
m'oblige pas à faire des choses que je pourrais
regretter. Nos sentiments sont....
— Il n'y a pas de sentiments. Coupa-t-elle.

Il avait relâché la poignée de sa valise pour la faire tomber


au sol, Séraphina espérait que ses mots douloureux à sortir
seraient suffisants pour percer son orgueil, car elle n’avait
pas la force de dire autre chose qui pourrait lui faire du
mal.
A elle.
— Quoi ? Siffla-t-il entre ses dents
— Haydar écoute je….
— Je n’ai pas la moindre envie de t’écouter ! Regarde-moi
dans les yeux et dit moi que tu ne ressens rien pour moi.
Frappée de constater que ça n’allait pas
être facile, Séraphina avalait dans la pénibilité de sortir les
mots. Elle avait dégluti péniblement, les mains moites, elle
avait réussi à lever la tête.
— Je ne ressens rien….
Fermant les yeux en les ouvrants aussitôt pour le regarder,
elle avait reculé en voyant ses traits se durcir.
— Je suis jeune et toi tu as des responsabilités, tu savais
qu’un jour ça aurait dû se finir. Avait-elle tenté de se
justifier. Mais sa réponse ne faisait qu’amplifier la lueur
sombre dans ses yeux.
— Alors tu as fait semblant d’être heureuse avec moi
? C’est ça que tu es en train de me dire Séraphina ? Gronda
l’homme amèrement.
Bien sûr que non, pensa-t-elle en retenant ses larmes.
— Non c’est faux mais…….
— Mais tu ne m’aimes pas ? Avança l’homme en étouffant
un rire.
— Toi non plus Haydar tu me l’as dit toi-même. Se
justifia Séraphina en essayant de feindre des mots qu’il
n’avait même pas dits.
Il l’avait observé pendant de longues minutes.
— Je n’ai jamais dit ça. Articula-t-il dans un sombre bruit.
— Peu importe Haydar il….
— Haydar ? Ne m’appelle plus comme ça tu n’as plus le
droit de……
s’en allant vers la porte le poing contre sa bouche il l’avait
regardé avec mépris et Séraphina ne s’était pas imaginée
qu’il soit si cruel.
— Ne t’en va pas comme ça s’il te plaît ! Implora-t-elle
d’une voix brisée.
— Ce n’est pas moi qui m’en vais…..c’est toi, je vais
demander à Muraht de t’escorter jusqu’à l’aéroport je te
souhaite d’être heureuse.
Sur ses mots la porte s’était claquée.
Le cœur en mille morceaux par sa froideur, Séraphina avait
posé une main tremblante sur sa bouche pour étouffer le
bruit de ses sanglots.
Au fond Clarissa avait raison, il savait se montrer dure et
sans sentiment, mais elle avait espéré le toucher une
dernière fois avant de ne plus le revoir.
— Ne faites pas ça Séraphina. Supplia Amad en
l'empêchant de monter dans la voiture.
— C'est fini Amad ça devait se finir comme ça.
— Non c'est faux, vous devez rester. Insista l'homme sage.
— Il m'a congédié avec fermeté Amad et c'est mieux
ainsi. Murmura Séraphina en levant les yeux vers
l'immense balcon en espérant le voir une dernière fois.
— Il ne voulait pas j'en suis sûr, tout ça est ridicule dites-
moi ce qu'il se passe. Implora-t-il en posant ses mains sur
ses épaules.
— Il a des obligations auxquelles je ne fais pas
partie, Amad, il est temps pour moi de revenir à la réalité et
penser à moi. Expliqua Séraphina avec difficulté. Cet
incident avec Muraht n'a fait que ramener tout le monde à
la raison.
Il secoua de la tête, il ne semblait pas de cet avis.
— Vous n'y êtes pour rien écouter venez chez moi le temps
que tout ça....
— Non je regrette je dois partir je n'ai plus rien à faire ici.
Grimpant dans la voiture en serrant ses mains contre son
ventre, elle avait quand même baissé la vitre pour faire ses
adieux.
— J'ai été heureuse de faire votre connaissance Amad et
dite lui... Dites-lui que je lui souhaite d'être
heureux. Dépité, il lui avait étiré un sourire avant que la
voiture s'engage vers les grilles.
Si elle voulait pleurer, elle ne pouvait pas le faire,
car Muraht tentait vainement de la faire changer d'avis
dans le rétroviseur.
Pressée d'être dans l'avion pour
pouvoir pleurer, Séraphina n'avait pas mis longtemps à se
recroqueviller sur elle-même pour éclater en sanglots.
Triste et désemparée, seule avec son bébé, Séraphina se
demandait lequel des évènements étaient le plus triste.
D'être enceinte de lui.
D'avoir été chassé de la plus froide des manières ?
Ou d'avoir fait le choix le plus difficile de toute sa vie.
Les trois indéniablement.

— Que vas-tu faire Séraphina ? Demanda Jonas.


Les yeux dans le vide, elle avait peiné à les
relever. L’infime douleur qu’elle ressentait ne l’aidait pas
pour réfléchir.
— Elever mon bébé seule. Dit-elle enfin.
— Je peux t'aider si tu veux. Déclara-t-il en posant une main
sur son épaule.
— Non !
Se dégageant de son emprise, elle avait marché jusqu'à la
fenêtre, les paupières lourdes de fatigue.
— J'ai besoin de m'en sortir moi-même je n’ai pas besoin de
pitié.
Un silence avait traversé la pièce.
— Cet homme est......
— Trop beau pour être vrai Jonas. Coupa Séraphina en
ayant que lui en tête. Je n'aurai pas dû continuer cette
histoire, j'ai le cœur brisé maintenant et j'en paye les
conséquences.
— Ça va faire trois semaines que tu es rentrée, il aurait
quand même pu te téléphoner pour savoir si toi et le
bébé....
— Il n'est pas au courant.
Face à la tête confuse de Jonas, Séraphina était passée
devant lui pour fermer le volet de sa chambre d'hôtel.
— Sois je continuai à être heureuse jusqu'à ce que ce soit
fini en me séparant de mon bébé, sois je partais, j'ai choisi
le deuxième choix Jonas, cet homme ne peux pas se
permettre d'avoir un enfant illégitime.
Elle venait de répéter les mots que Clarissa lui avaient dits,
à force de se les répéter inlassablement dans sa tête
elle avait fini par les apprendre par cœur.
— Oh Séraphina il faut lui dire. Conseilla-t-il.
— Pour qu'il me demande d'avorter ? Jamais !
— C'est trop tard Séraphina, il ne peut plus exiger ça.
Jonas avait raison son bébé était trop développé pour faire
quoi que ce soit, mais lui dire impliquer tellement de chose
qu'elle préférait ne pas le revoir….. Ne rien dire.
— N'insiste pas Jonas.
— Tu ne peux pas affronter ça toute seule dans une
chambre d'hôtel !
Relâchant la tasse dans le lavabo de la salle de bain étroite,
elle sentait les larmes lui monter aux yeux avant de serrer
les poings.
— Tu es venu pour me faire la morale ! Cria-t-elle en
pleurant. Je ne veux pas de ta morale, j'ai peur je suis
effrayée et là toute suite, je veux que tu te taises ! Tu peux
faire ça juste te taire !
Portant une main tremblante sur
son visage, Séraphina respirait difficilement en regrettant
d’avoir crié.
— Pardonne-moi... Je j'ai juste besoin de rester seule. Dit-
elle en posant ses mains sur son ventre arrondis pour
reprendre de l'air.
— Ce n'est rien, je comprends, je vais te laisser. Déclara-t-il
en souriant l'air désolé avant de partir.
Se conseillant à elle-même de pas bouger ni même de faire
le moindre effort, elle s'était allongée sur le lit au matelas
dure pour tentait de se calmer, ses yeux ne supportaient
plus de pleurer ses forces lui manquaient.
Haydar lui manquait.
— Qu'allons-nous faire Amad ? Demanda
désespérément Muraht.
Fixant son souverain assis dans le noir les rideaux
fermés, Amad cherchait quoi lui répondre.
— Il ne bouge presque pas d'ici rajouta-t-il.
— Elle est parti sous la contrainte de quelque chose, il faut
découvrir quoi ordonna Amad en regardant le sultan les
traits tirés par la fatigue.
— Cette petite est partie et le sultan et en souffrance,
il faut agir au plus vite. Rajouta Amad.
Si Amad avait l'habitude de voir le sultan en pleine forme et
ne baissant jamais les bras, cette fois-ci il lui donnait une
image de lui sombre, plus sombre que quand il était en
proie à une colère sourde.
Les grands rideaux fermés alors que des reflets du soleil
brûlant les traversés, annonçaient rien de bon pour la
suite.
Assez pour qu'il prenne les choses en main.
— Il faut trouver des preuves, des indices n'importe quoi on
ne peut pas le laisser comme ça Muraht.
— Son mariage est dans quelques jours fit remarquer le
jeune chauffeur.
— Il n'y aura pas de mariage ! Gronda Amad, rassemble les
conseillers et demande leurs de commencer un long périple
pour découvrir ce qu'il a pu se passer fil Muraht !
Le regardant partir à grandes enjambées, Amad s'était
avancé dans le grand salon à l'esprit sombre.

Il ne voulait plus bouger ni même penser, si ses


blessures physique lui avaient arraché des cris de douleur,
les blessures qu'il ressentait en ce moment étaient une
torture. Grinçant des dents quand la lumière du jour avait
transpercé la pièce, Haydar avait fermé les yeux sensibles
au soleil.
— Ferme ça Amad !
— Non ! J'ai laissé trop de jours passer ça suffit.
— Ce n'est pas toi qui donne les ordres ici !
— Vous m'avez donné l'ordre de donner des ordres dès
l'instant où vous étiez invalide de vos blessures, vous
m'avez dit et je cite…. ordonne ce que je ne peux pas
ordonner à chaque fois que j'en serais incapable.
Relevant ses yeux vers lui Haydar avait serré les poings.
— Je resterai comme ça aussi longtemps que ce sera
nécessaire Amad.
— C'est-à-dire toute une vie rétorqua l'homme. Vous avez
baissé les bras trop vite, vous auriez dû la garder ici au lieu
de la renvoyer sévèrement. Dit-il d'un ton blâme.
Si Haydar était trop faible pour se lever, il avait quand
même réussi à se redresser.
— Je l'aime trop pour la séquestrer et elle ne m'aime pas à
quoi cela aurait-il servi ?
— Cette pauvre petite ne savait pas ce qu'elle disait
! S'emporta ce dernier à tapant ses hanches. Je suis sûr
qu'elle n'en pensait pas un mot, elle était heureuse avec
vous.
Le visage de Séraphina lui était apparu.
— Alors elle faisait semblant. Dit-il d'une sombre voix.
— Et quel intérêt elle aurait eu à faire ça? Elle ne vous a
jamais demandé quoi que ce soit elle n'a même pas pris
l'argent que cette femme lui avait donné en faisant croire
que c'était vous !
Se levant avec difficulté, Haydar ne voulait pas en entendre
plus.
— C'est terminé Amad.
— Vous ne voulez même pas savoir si elle va bien ?
— Surtout pas ! Je n'ai pas la force de découvrir ce qu'elle
fait surtout si elle a trouvé quelqu'un ! Gronda Haydar en le
foudroyant du regard.
— Le peuple s'inquiète pour vous et je ne vous laisserai pas
souffrir ainsi.
— C'est pourtant comme ça que l'histoire
se finit Amad ! Siffla-t-il. Une fois mon mariage fait je ne
veux plus rien entendre tu m'a bien compris !
— vous n'allez pas épouser cette femme ? S'indigna-t-il. Le
peuple la déteste !
Haydar s'était aventuré vers les grandes fenêtres pour
regarder la vue.
— Ils apprendront, elle porte mon enfant.
— Elle aussi enceinte que si ma femme l'était ! Gronda-t-il.
Si Haydar connaissait Amad depuis de nombreuses années,
c'était bien la première fois qu'il lui parlait comme ça.
— Tu insinues quoi ? Qu'elle m'a menti ?
— Ma femme m'a donné deux beaux enfants et je sais
reconnaître une femme enceinte.
— Elle m'a montré le test Amad, elle ne l'a pas inventé.
— Cette femme serait prête à tout pour devenir votre
épouse !
Sur le point de répondre, l'intéressée était rentrée dans la
pièce, il l’observa d'un œil suspicieux. Haydar avait
grimacé de dégoût en se demandant comment il avait pu
être attiré par elle.
— Voici l'échographie c'est un peu tard je sais au bout de
trois moi, mais la voilà. Il Foudroya Amad du regard qui
s'était passé une main sur le visage,
désespéré. Haydar s'était saisie de la photo en jetant un œil
furtif dessus.
— Très bien, laisse-nous. Exigea Haydar en la regardant
tourner les talons.
Écrasant la photo dans sa main en fermant son poing,
il avait levé le menton.
— Ça te suffit comme preuve Amad ? Déclara-t-il d'une voix
saisie par l'émotion d'avoir un instant cru qu'il disait
vrai. Dès que cet enfant sera né, tu lanceras un
communiqué en annonçant le sexe de mon héritier et
précise bien qu'ils devront se contenter d'un seul ! Je
n'aurai pas d'autre enfant.
S'en allant vers la porte en jetant la photo
par terre, Haydar s'était juré d'aimer cet enfant seulement
lui et l'amour éteint pour Séraphina dans ses
doux souvenirs d'elle.
— Votre majesté ?
S'arrêtant à la l'encadrement de la porte la mâchoire
crispée, Haydar ne s'était que brièvement retourné.
— Si jamais je découvre que cette femme a menti et vous a
piégé, je vous demanderai qu'une seule chose..... D’avoir un
jugement aussi sévère que vous avez eu pour Séraphina.
Face à tant d'obstination de sa part, Haydar avait préféré
partir en claquant la porte.
— Séraphina il n'y a rien. Annonça Jack un vieil ami de ses
défunts parents devant son ordinateur.
Craignant ce qu'elle redoutait Séraphina ne voulait pas y
croire.
— Tu es sûr vérifie s'il te plaît.
— Séraphina je viens de vérifier il n'y a pas de transactions
au nom de Whitney.
— Vérifie encore ! Supplia-t-elle en fermant les yeux sous
les regards posés sur elle.
— Pardon excuse-moi...Tu peux regarder sur le compte de
papa peut-être que je me suis trompée.
— J'ai vérifié aussi…
Refermant les yeux Séraphina hochait de la tête consciente
de ce qu'il était en train de lui arriver.
— Si on attend demain je suis....
— Ça va faire des jours que je viens ici Jack il n'y aura rien
demain. Coupa-t-elle en commençant à pleurer de nouveau.
Glissant son siège grâce aux roulettes, il s'était approché
d'elle pour l'éteindre.
— Je vais te faire un prêt.
— Jack pas de favoritisme au risque de perdre ta place
je t'en supplie. Quel banquier accepterait un prêt à
quelqu'un qui n'a pas de travail pas de logement et à
découvert ?
— Moi.
D'un faible sourire, elle avait pris le mouchoir qu'il lui avait
tendu.
Plus grand choix s'imposaient à elle pensa-t-elle en
rejoignant son hôtel. La solitude et le désespoir étaient
devenus ses amis du quotidien, un quotidien qui se
ressemblait. Entourer les emplois sur le journal, essuyant
les refus et regarder les gros titres qui annonçaient le
mariage de l'homme qu'elle aimait en ne cessant de
pleurer. Deux mois sans lui et elle n'arrivait pas à l'oublier
et lui… l'avait fait, il allait avoir une belle vie au côté de
cette femme qui lui avait fait croire qu'elle allait lui
apporter de l'aide et Séraphina était tombée dans son piège
la tête la première.
Reposant le magasine à côté d'elle, Séraphina avait
entrepris une conversation avec son bébé dans l'espoir de
se rassurer sur sa situation.
Il ne fallait perdre espoir se dit-elle en caressant son
ventre.
Déversant un flot de larmes, Séraphina n'était pas sûre de
ce qu'elle avançait. Levant sa main pour prendre son
téléphone, elle avait serré la laine de sa robe au niveau de
son ventre en décidant d'appeler Clarissa Whitney, pour
avoir une explication même si elle savait qu'en faisant
ce geste elle subirait en énième humiliation.

Considérant ses conseillers autour de la grande table qui


lui servait pour les grandes réunions, Haydar avait repris
tous ses esprits assez pour transformer son chagrin en
colère, en hargne. Oublier cette jeune femme ? Jamais
! Se dit-il en serrant les poings c'était impossible son cœur
saignait chaque jours, il voyait son visage il se torturait à
retourner au pied de l'oasis où il l'avait embrassé la
première fois chaque jour. Mais Amad avait soulevé un
point qui le ronger intérieurement.
Comment allait-elle ?
Était-elle heureuse ? À l’abri ? Il voulait le découvrir il avait
besoin de savoir si elle était heureuse.
Sans lui.
C'est bien pour ça qu'il avait ordonné cette réunion. Il
devait rassembler assez de détectives pour la suivre
partout chaque fois qu'il en aurait le désir.
La suivre dans sa vie dans l'ombre était tout ce qu'il lui
rester à présent.
Observant ses conseillers le visage fermé, il se rendait
compte, qu'ils s'étaient tous donné du mal pour lui ces
jours-ci.
— Où est Amad ?
— Il a un peu de retard votre altesse.
— Bien alors nous allons commencer sur un point que je
dois soulever en espérant qu'il ne tarde pas trop.
Aspirant assez d'air pour reprendre un certain
calme, Haydar s'était lancé.
— Le mariage qui aura lieu demain me contraint à subir un
revers de mon peuple, j'en ai conscience mais ils l’aimeront
quand j'aurai fait d'elle une parfaite petite épouse vous
m'avez compris ?
S'il avait peiné à faire sortir ses mots, eux avaient tous
baissé la tête.
— Quant à mon héritier fille ou garçon peut m'importe, je
n'aurai pas d'autre enfant il faudra se contenter de ça et de
rien d'autre. Déclara Haydar fermement.
Car s’il devait vivre à jamais dans la douleur, il était hors
de question de donner plus qu'il ne pourrait donner.
La porte s’ouvrit à toute volée, Amad était entré ordinateur
portable à la main.
— Pardonnez mon retard votre altesse.
— Ça ne fait rien. Amad dit-il en l'invitant à s'asseoir.
Tapant ses papiers sur la table, Haydar avait serré
la mâchoire car la suite serait sans doute très
douloureuse.
— J'ai besoin de vos talents de rapidité pour mettre sous
surveillance accru... Mademoiselle Casit.
Dire son prénom était trop douloureux.
— Ça ne sera pas nécessaire votre majesté puisque je l'ai
déjà fait. Annonça Amad en se levant.
Relevant la tête vers lui, Haydar avait grondé
intérieurement.
— Vous êtes de loin le meilleur sultan après votre père,
vous avez toute mon amitié, alors si vous voulez me crier
dessus faite-le mais laissez-moi m'expliquer avant.
— Amad pour l'amour du ciel ne recommence pas
je t'en prie, je sens que....
— Que vous allez être énervé ? En proie à une source de
danger ? Telle qu'il faudra s'écarter de votre passage
? Quand je vous aurais dévoilé tout ce que je me suis
efforcé de trouver, croyez-moi votre majesté, c'est sans
doute le pire de votre personne qui s'en
dégagera. Interrompit ce dernier si sérieusement
que Haydar s'était redressé.
— Parle... Ordonna Haydar terriblement inquiet qu'il soit
arrivé quelque chose à Séraphina.
— Tout d'abord une voiture vous attend en bas prêt à vous
emmener à votre jet privé prêt lui aussi à décoller
commença l'homme en ouvrant son ordinateur. J'ai fait
suivre cette sombre femme clarisse jusqu'à tomber sur ce
message....
Tapant sur le clavier il avait tourné l'ordinateur de façon à
ce qu'il entende.
— Madame Whitney je vous appelle parce que je j'ai fait
tout ce que vous m'aviez dit de faire mais je n'ai rien reçu.
Face à la petite voix brisée de Séraphina pourtant à
l'intérieur de l'appareil, Haydar s'était levé en renversant
sa chaise.
— Amad ne me dit pas qu'elle lui a donné de l'argent
pour....me quitter ?
Désignant l'ordinateur d'une main tremblante
de colère, Haydar était anéanti d'avoir entendu sa voix et il
essayait de se persuader qu'elle n'est pas acceptée cet
argent.
— C'est bien pire. Déclara Amad en fermant le clapet. Le
plan de Clarissa est parfait quoi de mieux pour
devenir sultana que de feindre une grossesse
débuta Amad. Ainsi une fois le mariage fait elle aurait sans
doute fait semblant d'avoir perdu le bébé.
Pour la première fois de sa vie Haydar était perdu si perdu
qu'il n'en avait que faire de savoir ce que Clarissa Whitney
avait l'intention de faire.
— Très bien Amad mais où ce place Séraphina dans cette
histoire ? Dit-il agacer.
D'un simple regard, Amad venait de lui foudroyer ce qu'il
refusait de croire le cœur battant.
— Non... Souffla Haydar en reculant.
— J'ai retracé tous les déplacements de Clarissa et j'ai
retracé le seul parcours de Séraphina, c'était le jour où elle
est partie, elle s'est rendue au centre commercial dans une
pharmacie pour être plus exacte.
Haydar avait besoin de s'asseoir, tant son cœur qui battait
si vite raisonné dans tout son être.
— Et après vive recherche sur les communications de cette
femme, j'ai découvert ce qui aurait du tous nous sauter aux
yeux ! Gronda Amad en balayant la table d'un regard noir.
— Le test de grossesse était celui
de Séraphina. Lâcha Amad.
Se levant violemment, Haydar avait posé une main fermée
en poing sur sa bouche avant de l'abattre contre le mur.
— Elle a effrayé cette enfant en lui faisant croire de la plus
cruelle des manières que vous ne vouliez pas d'enfant, j'ai
pu l'entendre grâce à leur dernière conversation où elle
demande expressément de lui envoyer une échographie en
échange d'une somme d'argent, la fameuse photo qu'elle
vous a montré. Rajouta Amad, sous les échos de
stupéfaction de ses hommes. Écartant ses doigts contre le
mur, la douleur de ses phalanges s'était dissipée, pour
laisser place à une colère sans nom. Le souffle coupé,
Haydar se remémorait maintenant la froideur de ses mots
contre Séraphina qui sans qu'il le sache, était la victime de
ce piège.
— Que lui a-t-elle fait croire ? Que contient cette
conversation ? Demanda Haydar en se retournant pour le
voir tous levé.
— Que c'était mieux pour elle, que vous n'auriez pas donné
une chance à cet enfant illégitime de voir le jour et qu'elle
souhaitait avoir une preuve qu'elle ne s'était pas
débarrassé de l'enfant, d'où cette échographie et celle que
je viens de vous fait écouter date de deux jours.
Sans en entendre plus Haydar avait fait le tour de la table
d'un pas précipité avant qu'Amad se mette devant lui.
— Vous avez tout le temps pour vous venger Séraphina dois
être votre priorité, allez la chercher.
Devant celui qui s'était battu à sa place pour découvrir la
vérité, Haydar avait saisi sa nuque en abaissant sa tête
près de son oreille.
— Fait en sorte que cette garce ne s'échappe pas jusqu'à
mon retour ! Siffla Haydar les dents serrées.
— Comptez sur moi.

Torturé tout le long de voyage, Haydar regrettait de l'avoir


blessé et de n'avoir rien vu, d'habitude il savait percer les
problèmes jusqu'à en saisir le cœur, mais l'amour l'avait
aveuglé et il avait baissé les bras trop vite. Submergé par la
douleur qu'elle puisse être effrayée, seule, Haydar avait
fermé les yeux avant que Muraht s'arrête à
l'adresse indiquée. Pressant la poignée Haydar confirmait
ses craintes en regardant l'hôtel en piteux état. Entrant
d'un pas rapide dans l'immeuble, il s'était approché du
comptoir sans même marquer son entrée par les formules
de politesses.
— Je cherche mademoiselle Casit.
— Ah enfin ! S'écria la vielle dame. Enfin quelqu'un qui
daigne prendre de ses nouvelles, son seul ami est
à new York il n'a pas pu rentrer.
Agrippant le comptoir au bois fendu, Haydar voyait déjà
rouge.
— Cette demoiselle a voulu m'aider dans le grenier elle est
tombée dans l’escalier, heureusement son bébé va bien, sa
pauvre cheville a souffert. Expliqua la vieille dame en lui
tendant une clef.
La mâchoire crispée, Haydar sentait ses muscles se tordre
de douleur.
— Entrez doucement, le médecin lui a donné un traitement
qui la fait dormir, si vous aviez l'intention de lui parler,
vous devrez vous contenter d'être à son chevet.
Sans en écouter plus, Haydar avait monté les marches
grinçantes pour pénétrer dans sa chambre le cœur battant
à tout rompre.
Détaillant d'un œil furtif la pièce sombre
et silencieuse, Haydar avait cessé d'avancer en observant
la jeune femme blessée.
Enceinte de lui.
Portant son bébé.
D'un pas furibond, il avait saisi sa nuque pour blottir sa tête
contre lui. Creusée par la fatigue, ses yeux clos portaient
tout le poids de ses erreurs.
À lui.
Caressant le visage qu'il lui avait tant
manqué, Haydar avait glissé sa main le long de son bras en
continuant sa traversé avant de sentir ses yeux le piquaient
quand sa main avait senti son ventre arrondi. Si arrondis
qu'il sentait un peu plus la colère se fondre en lui, tel qu'il
avait regardé sa cheville bandée une dernière fois avant de
la soulever pour la faire sortir d'ici au plus vite.
— je suis là c'est fini. Murmura-t-il contre son front chaud.
Glissant son pouce sur sa joue Haydar commençait à
s'inquiéter son sommeil.
Cela faisait des heures qu’ils étaient à bord de son avion et
pourtant même avec le bruit des réacteurs, du moteur ou
bien même de lui au téléphone avec Amad pour lui
expliquer l’état de la jeune femme.
Elle ne bougeait pas.
Et Haydar s’était adjuré de rester calme.
Elle dormait seulement se dit-il en regardant ses longs
cils immobiles. Mais l’inquiétude l’avait obligé à vérifier
son pouls à plusieurs reprises, pour s’assurer qu’elle était
seulement inconsciente. Tournant dans sa main la boite de
pilules qui lui avait été prescrit, Haydar espérait que ne se
soit rien d’autre que des antidouleurs. En cadeau de ses
réflexions causé par la peur, la jeune femme avait bougé
légèrement pour frotter son nez avant de serrer dans
l’inconscience sa chemise. Soulagé, il s’était redressé en la
serrant dans ses bras. Calée contre lui, Haydar cherchait à
atteindre son ventre pour le caresser. Comment avait-il pu
la laisser partir ? Étouffant sa colère en fermant les yeux
il espérait qu’elle ouvre les siens une fois à Saharazan.

Incapable d’ouvrir ses pauvres yeux


trop lourds, Séraphina avait étiré une grimace en remuant
sa cheville sous des couvertures douce, trop douce pour
être vrai. Et la chaleur envahissait son corps en se
demandant si Londres avait subi une forte hausse de
température pendant qu’elle dormait, mais il y avait pire
pensa-t-elle en respirant une odeur familière avait enivré
ses narines au point de retenir ses larmes.
Décidément il était partout se dit-elle en ouvrant les yeux
légèrement. Dans un brouillard flou de fatigue, elle avait
réussi à apercevoir le tableau du dix-neuvième siècle
qu’elle avait aimé étudier à Saharazan dans la chambre de
son amour perdu. Subissant un choc à cause des
médicaments Séraphina pensait devenir folle.
L’était-elle ? Ou rêvait-elle encore ?
Ou bien elle était morte songea la jeune femme emplie de
désespoir.
Mais une main logée contre la sienne jusqu’à s’en saisir
complètement, l’avait obligé à ouvrir les yeux.
— J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais. Murmura une
voix profonde contre sa joue.
Croyant rêver, elle avait tourné sa tête pour se retrouver à
quelques centimètres du sien. Une violente bouffée de
chaleur avait traversé ses joues alors qu’elle tenter de
reprendre ses esprits. Elle eut un mouvement
de recul jusqu’à enfoncer sa tête profondément dans
l’oreiller. Se trouvait-elle à Saharazan ! Si elle en était sûre
après avoir levé les yeux sur le plafond à la frasque de
conte des mille et une nuits, elle se demandait comment
elle avait atterri ici.
Sans s’en rendre compte !
— Parle-moi je t’en prie. Implora l’homme changé, si
changé qu’elle avait peine à le reconnaitre, sa barbe avait
poussé, ses yeux semblaient étiré d’une longue fatigue.
— Pourquoi je suis ici ? Lança Séraphina douloureusement
en craignant le pire, même si le revoir avait rempli son
cœur de bonheur.
— Parce que je n’aurai jamais dû te laisser partir je suis si
désolé.
Si le cœur de Séraphina avait fait un bond dans sa poitrine,
elle avait tremblé de peur.
— Haydar je…..
— Non laisse-moi parler, c’est à moi de me faire pardonner
d’avoir était stupide. Coupa-t-il. J’aurai dû comprendre qu’il
y avait quelque chose au lieu de…..
N’allant pas plus loin, il semblait si triste
que Séraphina voulait toucher sa peau pour le consoler.
— Clarissa est…..
— Clarissa m’a expliqué que tu ne pourrais jamais te
permettre d’avoir un bébé hors mariage et surtout pas
avec moi j’ai pensé que…
— Tu as mal pensé Séraphina. Siffla l’homme dans un
murmure. Comment as-tu pu croire une chose pareille
? N’as-tu pas vu qu’elle te piégeait ? Demanda-t-il en
secouant légèrement sa tête qu’il avait encerclée dans ses
mains.
La bouche tremblante, Séraphina avait cligné des yeux
plusieurs fois.
— Mais non ! Je...elle m’a dit que tu
je…..Bafouilla Séraphina sans savoir quoi dire en fixant ses
yeux noirs qui reflétaient une étrange lueur de
désespoir, Séraphina ne pouvait aller plus loin…
— Elle s’est servi de tout ce que tu lui as donné pour me
piéger moi expliqua l’homme en dégageant une mèche de
son visage. Elle m’a fait croire qu’elle était enceinte avec
ton test et ton échographie….
Relevant la tête en se refusant d’y croire, elle avait senti
des larmes se loger au creux de ses yeux.
— Pourquoi ? Souffla-t-elle
— Quand tu m’as dit que tu ne ressentais rien pour moi,
elle venait juste de sortir de mon bureau en m’annonçant
sa grossesse avec l’aide de ton test, pour paraitre plus
crédible.
Reposant sa tête contre l’oreiller, Séraphina avait réussi à
dégager l’une de ses mains bloquées par Haydar pour la
porter à sa bouche. Cette révélation tenait la route car
son test….elle ne lui avait jamais rendu. Piètrement
piégée, Séraphina avait laissé glisser des larmes contre son
visage, honteuse de l’avoir cru au lieu de tenter d’en parler
avec lui.
— Oh non seigneur je suis désolé je……
— Ne dit pas ça tu y es pour rien mon amour, c’est moi qui
n’a pas compris, c’est moi qui n’a rien fait pour te retenir et
par ma faute je t’ai perdu pendant trop longtemps toi et
notre bébé.
— Oh Haydar ! Je… elle m’a dit de me montrer méchante
envers toi pour que tu me laisses partir, je ne pensais pas
tout ce que j’ai dit. Pleurnicha Séraphina
Agrippant ses lèvres d’un baiser doux, elle ne pensait pas
un jour le retrouver.
—peut m’importe mon ange nous sommes réunis grâce
à Amad, sans lui jamais je n’aurai découvert tout ça.
Comme dans un rêve qu’elle s’était imaginé à plusieurs
reprises, il avait glissé une main sur son ventre.
— Je t’aime Séraphina et je te promets de rattraper tous
ses longs jours sans toi.
Complètement submergée par l’émotion, elle avait senti
son corps se soulever pour être déposée tout contre lui
malgré, et la douleur de sa cheville, Séraphina ne voulait
pas que ça s’arrête.
— Je ne peux rien faire contre cet homme, je suis
navré. Déclara l’avocat en rajustant sa cravate le front en
sueur.
Face à Clarissa et son père venu à sa rescousse, Haydar se
demandait s’il devait être clément comme sa femme lui
avait demandé, sa femme à la bonté fascinante.
Il n’en avait pas envie.
—Que souhaitez-vous faire ? Demanda Amad à côté de lui.
—Je l’ignore j’ai tellement de moyen en tête de me
venger. Gronda Haydar en reculant contre le dossier de sa
chaise, le menton levé.
Pour la première fois elle était muette jusqu’à en perdre la
voix. Son petit séjour en prison de deux mois était-
ce suffisant ? La voir, le visage empreint par la peur ou
bien même la voir souillé par la froideur des lieux
? Haydar en avait assez de la voir.
— Tu n’auras plus jamais le droit de revenir ici, tu es
interdit de territoire, si jamais j’apprends que tu as franchi
le seuil de mon pays tu retourneras en prison pour plus
longtemps que tu ne l’as déjà été. Déclara Haydar en la
fixant si froidement qu’elle avait reculé. Et pour le reste……
je n’ai pas besoin de lever le petit doigt, tu es placardé sur
tous les magasine susceptible d’atterrir dans les mains de
ton patron ainsi quand il sera submergé par la honte, ta
carrière sera fini. Rajouta Haydar en se levant.
Sans même un regard, il était sorti du poste de police
pressé de rentrer.
— Merci Amad pour tout ce que tu as
fait. Déclara Haydar une fois dans la voiture.
Amad s'était mis à rire.
— Par pitié si vous continuez à me remercier tous les jours,
je démissionne. Menaça Amad en souriant. Séraphina m'a
déjà remercié sept fois ce matin en pleurant submergé par
les hormones, pour l'amour du ciel arrêté.
— Tu as raison assez parlé. S'exclama Haydar en lui
tendant des clefs.
— J'ai déjà une voiture grâce à vous. Fit-il remarquer en
hésitant à les prendre.
— Je t'offre bien plus...voici les clefs de mon yacht prend ta
famille pour quelque semaines en vacance. Et je ne veux
pas que tu protestes, si ne veux pas m'entendre te
remercier jusqu'à ma mort accepte.
S'emparant de son bien, il avait souri.
— Sans toi j'aurai perdu l'amour de ma
vie. Rajouta Haydar le cœur serré.
— Mais vous pensez vous en sortir sans moi ?
— Tout va bien... Le pays va bien j'ai bien l'intention de
faire passer Séraphina en priorité alors ne t'en fait pas
je pense pouvoir m'en sortir.
— Vous êtes sûr ? Lança Amad en pointant son doigt vers le
palais.
Fronçant des sourcils, Haydar avait avancé sa tête pour
voir des tas d'enfants courir dans tous les sens en
comprenant rapidement ce qu’il y avait eu en son absence.
— C'est décidé Amad je vais l'attacher à notre
lit. Déclara Haydar en ne cessant de sourire.
Sous les moqueries D'Amad, les deux hommes avaient fini
par entamer avec Muraht une succession de rires.

Alors que les enfants partaient en petit groupe en la


remerciant, Séraphina en avait le cœur serré par tant
d'amour. Dorénavant seule, elle repensait à toutes les
belles choses qui s'étaient succédées depuis son retour
à Saharazan, en comprenant mieux le dénouement de cette
phrase " donne-moi du temps " si elle avait pensé qu'il
s'agissait de leur mariage, Séraphina aurait
sûrement crû rêver. D'un dîner romantique auprès de
l'oasis en passant par un mariage à la fois simple et
incroyable, elle se revoyait se cacher
derrière Haydar terrifiée quand les acclamations avait saisi
ses oreilles de sons qu'elle ne pensait jamais entendre.
Perdu dans ses pensées, elle avait tout de même entendu le
plat d'une chaussure taper contre le sol.
— J'avais pourtant dit....
— Tu as dit ! Exactement ! Je me sens parfaitement capable
de faire des gâteaux avec des enfants. Cette journée était
prévue depuis des mois, il n'y avait pas de raison de
l'annuler. Coupa Séraphina en tournant sa louche dans la
crème pâtissière en souriant. Et puis je doute que
tu aurais été capable de faire des gâteaux. Reprit-elle
moqueuse.
Passant dernier elle en encerclant son ventre, sa bouche
c'était logé contre sa joue.
— Tu as raison.... Abdiqua Haydar en caressant son ventre
à la recherche d'un coup de pied de son précieux bébé.
— Haydar ?
— Oui je t'écoute mais je sais déjà ce qu'il va sortir de sa
bouche.
Surprise, elle avait penché la tête en soulevant un sourcil.
— Tu te demandes quelle sera la suite ? Si tu vas être
obligé de t'associer à ton titre ? Changer.. La réponse est
non chérie.
Fermant les yeux, soulagée, elle avait fait retomber la
pression qui la submergeait depuis des jours.
— Ils t'aiment ainsi n'essaye surtout pas de
changer. Rajouta ce dernier en l'obligeant à le regarder.
Posant son index sur son menton il avait déposé un baiser à
la fois doux et prononcé avant d'essuyer sa joue en
ramenant la crème à son doigt l'air moqueur.
— Goûte au lieu de te moquer !
Portant son doigt à sa bouche, il avait fait semblant de
réfléchir.
— Je plaisante, c'est délicieux souffla-t-il contre son visage.
Malgré les coups assez forts de leur
bébé Séraphina s'était hissé pour attraper son cou en
posant ses pieds sur les siens, maintenant soutenu
elle avait plongé ses yeux dans les siens.
— J'ai une faveur à te demander.
— Dit-moi tout. Dit-il en la tenant fermement contre lui.
— Avant de te rencontrer j'ai eu une relation avec....
— Jonas. Coupa-t-il en grimaçant.
— Ne fait pas cette tête je t'en prie Jonas ce n'était
rien maintenant c'est un ami. Un ami qui m'a aidé quand
j'étais seule alors.... Je me suis dit.....
— Tu t'es dit... Chuchota-t-il près de son visage en faisant
semblant de regarder autour de lui. Ce pourrait—il
que mon mari lui face gravir quelques échelons ?
Émettant un petit rire amusé de le voir
si taquin, Séraphina avait esquissé une moue.
— Tu veux bien ? Tu peux le faire ?
— Je vais m'arranger mon amour....
— Merci ! Tu sais je ne veux pas me sentir égoïste ça ne me
ressemble pas.
Serrant ses joues avec une pression délicate, il l'avait
embrassé avec passion avant de se reculer à quelques
millimètres de ses lèvres.
— Tu es la personne la plus pure que j'ai jamais
rencontrée.
Les larmes aux yeux, Séraphina avait sautillé sur les
chaussures noires de l'homme.
— Pose tes mains? C'est l'heure. Murmura-t-elle.
Encerclant son ventre d'une main, elle était descendue de
ses pieds pour pencher son ventre.
— Oh celui-là est annonciateur d'une force incroyable ! Fit
remarquer Haydar en voyant sa femme grimacer en
souriant, les lèvres pincées.
— Ce bébé est une tempête de sable à lui tout
seul. Répondit-elle en posant ses mains sur ses reins.
Soulevée à la seconde suivante Séraphina avait rigolé sous
la mine inquiète de son mari.
— Je vais te rapporter au lit sans plus tarder.

EPILOGUE

— Regarde Jalina quel beau


cheval. Murmura Séraphina contre la joue de sa fille.
Si sa grossesse s'était bien passée, la naissance avait
entrainé l'inquiétude du peuple entier. Son bébé si beau lui
avait donné des heures de travail au point de se battre
contre son amour qui avait refusé qu'elle continue à se tuer
à pousser.
Jusqu'à l'accomplissement de son travail acharné.
La si belle petite fille, avait dessiné une bulle contre sa
petite bouche.
— Ta surprise est loin d'être à la hauteur de la
mienne. Déclara Haydar en sautant du cheval.
— Il est beau Haydar il est parfait.
— Pas autant que tu ne l'es toi et notre fille.
Remontant les grandes marches pour se mettre à
l’abri, Séraphina berçait leur enfant en le regardant les
yeux étincelants.
— Je t'aime Haydar.
— Et le mien déborde. Souffla-t-il contre son visage le corps
luisant de sueur et d'effort.
— Le mien m'obliger à te faire un massage dans
l'heure. Taquina Séraphina en souriant.
Étirant ses muscles froissés, il avait acquiescé cette idée
d'un simple mouvement de tête.
Déposant un baiser sur le front de sa fille endormi dans ses
mains, Haydar l'avait déposé dans son berceau.
— Si ma sultãna veut bien me suivre j'aimerais lui monter à
quel point je l'aime. Lança Haydar en la tirant vers leur
chambre.
— A vos ordres !
Une fois dans leur chambre, Séraphina s’était collée contre
son corps avant qu’il ne l'embrasse passionnément.
— J’ai quelque chose à te redonner. Lança Haydar.
Abandonnée sur le grand lit, elle l’avait regardé partir les
sourcils froncés.
— Ma cape ! S’écria Séraphina. Je l'avais presque oublié.
Entourant celle-ci contre son corps, il l’avait soulevé hors
de lit de façon à l'admirer dans ce rouge qui l'avait tant
perturbé.
— Maintenant que je t'ai toi, je n’ai plus aucune raison de
la garder. Souffla Haydar toujours aussi époustouflé par
tant de beauté.
Rougissant en s'associant au tissu, elle s’était débarrassée
de sa robe.
— Tu es sûr de ça ? Demanda-t-elle sourire aux lèvres en
faisant mine de partir avec le précieux tissu glissant sur sa
peau nue.
— Pas si vite mon amour ! Dit-il en la soulevant. Je n’en ai
pas fini avec toi et cette cape ! Gronda ce dernier en
capturant ses lèvres.

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